Un sourire pour l`Afrique - Dental Tribune International

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I spécial _ projet d’aide en Zambie
Un sourire pour l’Afrique
Auteurs_ Dr Yassine Harichane, Dr Olivier Le Khac & Dr Maxime Ghighi, France
_Le métier de chirurgien dentiste est un métier
superbe. Bien que la profession doive faire face à une
image de marque négative, mercantile ou encore
source de peur, comme le fameux arracheur de dents,
il faut admettre que les soins prodigués sont source
de soulagement pour le patient. Le dentiste a le pouvoir de redonner le sourire au sens propre comme au
figuré. Cependant, les praticiens dentaires peuvent
éprouver une certaine lassitude dans leur exercice ou
encore un manque de reconnaissance de la part des
patients. Le volontariat dentaire est un aspect méconnu de la profession qui procure un dépaysement
et une dimension humaine incontestable. Il s'agit
tout simplement de donner un peu de son temps et
offrir ses compétences à des personnes dans le besoin. Il ne s'agit pas forcément de soigner des populations indigentes en France ou de participer à des
programmes de prévention dans des écoles primaires. Intégrer un programme de volontariat, c'est
une aventure humaine et clinique qui donne le sen-
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timent d'avoir aidé son prochain et de rentrer chez
soi avec des souvenirs plein la tête.
Dans cette optique, les Drs Harichane, Le Khac et
Ghighi ont mis en place un projet humanitaire grâce
au soutien indispensable de leur sponsor, la société
ProtiLab, avec pour objectif la dispense gratuite de
soins dentaires et une action de prévention au sein
d'un orphelinat. Cette mission a été effectuée en
Afrique dans la ville de Lusaka en Zambie.
La Zambie est un pays qui présente l’avantage
d’une stabilité politique et économique, de plus le
pays est ouvert au tourisme grâce notamment aux
réserves naturelles et aux parcs nationaux où l’on
peut découvrir les chutes Victoria au sud-ouest du
pays. Toutefois, la situation sanitaire dans le pays est
relativement critique et touche l’ensemble de la
population, enfant et adulte. Le pays bénéficie du
soutien de l’OMS et de nombreuses ONG, ce qui lui
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permet de construire des structures de soins afin
d’inscrire la politique de santé dans une optique de
développement durable.
Le programme humanitaire a consisté à prendre
en charge des patients de la « Living Hope Clinic » un
établissement offrant l'accès aux soins à tous.
L’équipe médicale, en plus de prodiguer des soins, délivre un message d’espoir à des hommes et des
femmes vivant dans des conditions souvent difficiles. Les trois confrères ont intégré cette équipe soignante composée de médecins et d’un dentiste, notamment le Dr Etoli, médecin généraliste, et le Dr Maluti, chirurgien dentiste. L’activité de soin du Dr Etoli
est principalement centrée sur la prévention et le
traitement de maladies comme le paludisme, le SIDA
et la tuberculose. Ces maladies touchent une majorité des patients venant en consultation mais régressent grâce à la politique de santé du gouvernement :
contrôle de la propagation de maladie contagieuse,
campagne de vaccination préventive, diminution de
la mortalité infantile, communication intense autour
des moyens de contraception et de prévention des
maladies sexuellement transmissibles, soutien de la
recherche dans le domaine de la santé... Le Dr Maluti,
chirurgien dentiste militaire, partage son activité de
soin entre l’hôpital militaire Maina Soko de Lusaka,
son cabinet d’exercice privé et la « Living Hope Clinic ».
La rigueur militaire du Dr Maluti va de pair avec son
altruisme et c’est ainsi qu’il a appuyé notre démarche
philanthropique. Au cours de notre présence dans la
clinique dentaire nous avons eu l'occasion d'examiner de nombreux patients, des hommes et des
femmes, des personnes en l'attente de soins et respectueuses du corps médical. Bien entendu, des extractions dentaires ont été nécessaires mais pas de
façon systématique. Certains individus présentaient
des atteintes carieuses sur plusieurs dents qui s'ex-
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pliquent par la consommation importante de boissons gazeuses sucrées. En effet, pour se désaltérer, les
travailleurs doivent faire face à des températures élevées et ont recours aux sodas car l'eau courante n'est
pas potable. Ces atteintes carieuses touchent donc
principalement les dents antérieures maxillaires, en
raison de la consommation de soda au goulot des
bouteilles, et ont nécessité un traitement conservateur accompagné de conseils d'hygiène buccale et
alimentaire. Pour les patients présentant des édentements, la solution la plus économique et la plus rapide à mettre en place est la réalisation de prothèses
amovibles en résine. Les moyens techniques nécessaires à la réalisation de tels dispositifs médicaux sont
disponibles même dans des pays défavorisés médicalement comme la Zambie. Les trois amis ont pu rencontrer un prothésiste et visiter un laboratoire de
prothèse au cours du voyage. Les compétences sont
largement à la hauteur des besoins de la population,
mais la main-d’œuvre qualifiée pour réaliser les soins
dentaires en amont, c’est-à-dire l'activité propre de
chirurgien dentiste, manque cruellement.
La visite d'une structure de formation, la faculté de
chirurgie dentaire de Lusaka, a mis en évidence une
offre de formation inférieure aux besoins de la population. D'une part, les moyens offerts par le gouvernement ne permettent de former qu'une centaine de praticiens par an pour tout le pays. Le gouvernement étant
plus affairé à investir des sommes importantes pour
l'éradication de fléaux comme le SIDA et le paludisme.
D'autre part, le coût et la durée (7 ans) de la formation
ne permettent pas à tous les individus d'accomplir ce
parcours. Cependant, les conditions de travail pour ces
chirurgiens dentistes en devenir sont avantageuses
grâce à l’opiniâtreté du doyen qui a mis à disposition
des fauteuils et du matériel dentaire (legs de sociétés
scientifiques britanniques), un laboratoire de prothèse
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et un bâtiment pour héberger les étudiants. Le dynamisme du doyen ne s’arrête pas là car un bâtiment en
cours de construction intègrera une salle d’enseignement magistral et plusieurs salles de cours.
En parallèle aux soins prodigués dans la clinique
dentaire, les volontaires ont eu l'occasion de venir en
aide aux enfants d'un orphelinat situé dans la banlieue de Lusaka. La structure prend en charge les enfants abandonnés dans le district et leur propose une
prise en charge scolaire et un soutien humain. Le personnel est bénévole et mène une action sociale depuis de nombreuses années. Le participation des bénévoles français a porté sur deux axes principaux :
réaliser un dépistage bucco-dentaire et diffuser un
message de prévention, auprès d’une classe de 30
enfants. L'entretien et l’examen cliniques ont permis
d'enregistrer l’âge de l'enfant, les habitudes de brossage et l'indice CAO (dents Cariées, Absentes ou Obturées). L'entretien clinique a révélé qu'en majorité
ces enfants n'ont jamais vu un chirurgien dentiste.
L’intervention non invasive leur a donc permis de se
familiariser avec les professionnels dentaires et découvrir le matériel utilisé lors d'un examen (kits de
diagnostic à usage unique financés par le sponsor).
Le message de prévention s'est articulé sur trois
thèmes en utilisant bien sûr un vocabulaire acces-
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sible et en limitant les termes trop techniques. Les
trois dentistes français ont d'abord décrit l'anatomie
de la bouche, des dents et des tissus environnants.
Puis ils ont défini la carie dentaire, son étiologie et ses
conséquences. Enfin, les moyens de prévention
contre la carie ont été expliqué par l'importance du
brossage (technique, fréquence et matériel). Les enfants ont reçu des échantillons de produits buccodentaires et un t-shirt du sponsor.
Le bilan du projet est globalement positif, les objectifs majeurs ont été atteints : à savoir prodiguer
des soins dentaires consciencieux dans une structure
adaptée et prévenir la carie dentaire chez les personnes les plus vulnérables. Les perspectives restent
relativement vastes, il n'est pas envisageable de corriger l'indice CAO même dans une population cible
comme les enfants, cet objectif tient du ressort du
gouvernement. Cependant, une autre mission humanitaire, même ponctuelle, apporterait soulagement et satisfaction à des individus vulnérables.
D'un point de vue personnel et subjectif, le bilan
humain a été le plus important. Yassine, Olivier et
Maxime ont eu l'occasion de partager leurs connaissances avec des confrères passionnés par leur travail
malgré le besoin médical croissant dans leur pays.
Plus que tout, l’action auprès des orphelins a procuré
joie et satisfaction. Les enfants ont fait preuve de gratitude en offrant leur sourire lumineux.
Le but de cet article est également de montrer que
cette action est accessible à tous, aucune compétence particulière n'est requise, il n'est pas nécessaire
de s'absenter du cabinet pendant une longue période
et cette démarche n'est pas si coûteuse financièrement. Le praticien qui s'engage ponctuellement et
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temporairement dans un projet de volontariat dentaire trouvera au bout de cette aventure humaine une
expérience riche en souvenirs et en émotions._
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dentistry
_les auteurs
Les Drs Yassine Harichane,
Olivier Le Khac et Maxime
Ghighi sont diplômés de la
faculté de chirurgie dentaire de
l’Université Paris Descartes et
ont suivi un parcours de recherche. Yassine Harichane est
titulaire d’un PhD, Olivier Le
Khac est titulaire d’un Master 2
et Maxime Ghighi poursuit un
D.U. européen de parodontologie. Les trois confrères sont
membres du DCSG – Dentisterie Cosmétique Study Group –
rattaché à l’Université Paris
Descartes. Le DCSG organise
des projets humanitaires internationaux afin de fournir des
soins dentaires gratuits aux
populations défavorisées. Ensemble, ils ont monté ce programme humanitaire avec le
soutien de M. Frédéric
Samama de la société Protilab
qui a intégralement financé le
projet.
[email protected]
www.dentisterie-cosmetique.fr
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