Herpès génital et zona
Transcription
Herpès génital et zona
CABINET Forum Med Suisse No 14 3 avril 2002 324 Herpès génital et zona W. Kempf, B. Coradi, St. Lautenschlager Préliminaire Les infections à virus herpétiques (HHV) et à papillomavirus humains (HPV) sont les pathologies virales cutanées les plus fréquentes. L’herpès génital est actuellement la cause la plus courante d’ulcères génitaux et touche essentiellement des personnes de 40 à 70 ans. Le zona (herpes zoster) se rencontre surtout chez des personnes âgées et des patients immunosupprimés. La prévalence de ces deux infections est en progression, ce qui fait que nous serons toujours plus souvent confrontés à ces infections à virus herpétiques. Herpès génital Epidémiologie et clinique Correspondance: Dr Werner Kempf Dermatologische Klinik Universitätsspital Zürich Gloriastrasse 31 CH-8091 Zurich [email protected] Dr S. Lautenschlager Dermatologisches Ambulatorium des Stadtspitals Triemli Herman Greulich-Strasse 70 CH-8004 Zürich [email protected] Figure 1. Herpès génital: manifestation peu marquée avec ulcères péniens isolés. L’herpès génital est la cause la plus importante des érosions et ulcérations génitales. L’incidence de l’herpès génital est en progression partout dans le monde. Bien que le virus Herpes simplex (HSV) de type 2 soit le plus fréquemment en cause dans l’herpès génital, il y a toujours plus de cas à HSV de type 1 [1]. Cette évolution est à mettre sur le compte des modifications dans les pratiques sexuelles entre autres, dont surtout l’augmentation des rapports orogénitaux. Chez 60–70% des séropositifs HSV-2, la primo-infection est asymptomatique. Mais comme l’herpès génital récidivant peut aussi être asymptomatique, on pense que les partenaires asymptomatiques sont la cause la plus importante de la dissémination des virus Herpes simplex [2]. Dans l’herpès génital symptomatique, environ 3–10 jours après le contact avec un partenaire infecté, de petites vésicules généralement en grappes, douloureuses, apparaissent sur une peau ou une muqueuse érythémateuse. Elles éclatent rapidement pour devenir érosions ou ulcérations (fig. 1) [3]. Chez la femme, en plus des lésions vulvaires, il peut y avoir des foyers périnéaux, vaginaux et cervicaux. La gravité de la primoinfection génitale semble être en corrélation avec la fréquence des récidives. Il ne faut enfin pas oublier que l’herpès génital peut se présenter cliniquement sous de multiples aspects [4]. Diagnostic Le diagnostic d’herpès génital se pose la plupart du temps au vu de son tableau clinique caractéristique. L’étalon-or est toujours la mise en évidence du virus herpétique sur culture de cellules, mais la sensibilité de la méthode n’est garantie que si le transport est rapide et soigneux (au frais et à l’abri de la lumière) [5]. Le résultat n’est donné qu’après 2–4 jours. Mais comme les virostatiques doivent être administrés le plus rapidement possible (48–72 heures après l’apparition des premières lésions cutanées), le traitement doit très souvent être mis en route avant d’avoir les résultats. Une méthode parfaitement adaptée à la pratique est la mise en évidence directe du virus par anticorps immunofluorescents spécifiques des virus Herpes simplex de types 1 et 2 (p.ex. systèmes Mikrotrak) sur frottis. Le matériel du fond des vésicules ou érosions prélevé par frottis est étalé sur un porte-objet, fixé à l’acétone ou séché à l’air avant d’être expédié au laboratoire, qui confirmera ou non la présence d’HSV-1 ou -2 en 2–3 heures. Cette méthode de détection d’antigènes est pratiquement aussi sensible que la culture de ces virus. Les autres méthodes diagnostiques, comme le test de Tzanck, la microscopie électronique ou la biologie moléculaire, recherchant les séquences d’ADN spécifiques des virus par PCR («polymerase chain reaction», ou réaction en chaîne de polymérase) sont très peu utilisées en dehors des milieux dermatovénéréologiques. Elles sont réservées aux laboratoires spécialisés et plus chéres que les cultures ou que la détection directe. Le dosage des anticorps anti-HSV ne joue qu’un rôle de second plan dans la confirmation du diagnostic, car la séroconversion après primo-infection peut être tardive, de nombreux patients ont déjà des anticorps (p.ex. s’ils ont un her- CABINET pès labial) et la recherche de ces anticorps spécifiques anti-HSV (types 1 et 2) n’est pas encore une méthode de routine. L’examen sérologique n’est indiqué que pour le dépistage des patients à risque, notamment les femmes enceintes séronégatives pour l’HSV dont le partenaire est atteint d’un herpès génital. Lorsque les tests sérologiques spécifiques (immunoassay enzymatique surtout) seront plus largement répandus et que les directives de leur utilisation seront bien définies, il se pourrait que le diagnostic soit encore amélioré par un nouvel instrument [6]. Traitement Le traitement médicamenteux de l’herpès génital consiste d’une part en un traitement virostatique et de l’autre en une analgésie et une désinfection. Le traitement virostatique est le plus efficace s’il est mis en route dans les 48 heures suivant l’apparition des premiers symptômes. Mais si la réplication virale se poursuit, avec apparition de nouvelles lésions (vésicules, érosions), il est également recommandé d’instaurer un traitement plus tardivement, car l’infection HSV est toujours en phase de réplication et elle peut encore être combattue par virostatiques. Le traitement virostatique systémique par aciclovir atténue les symptômes locaux et généraux, accélère la guérison des lésions et la dispersion des virus HSV. Malgré la meilleure biodisponibilité des derniers virostatiques (valaciclovir, famciclovir), ils n’améliorent pratiquement pas les effets ci-dessus, mais leur schéma posologique est plus agréable pour les patients (tabl. 1). Le traitement virostatique par voie orale dure généralement 5 jours et devrait être prescrit en cas de suspicion de primo-infection. Un traitement virostatique systémique ne permet pas d’empêcher l’évolution vers une infection latente dans les ganglions des racines postérieures, ni les récidives. Un traitement virostatique exclusivement topique ne fait pas disparaître plus rapidement les lésions de l’herpès génital, ni les douleurs. Herpès génital récidivant La fréquence des récidives dépend pour l’essentiel et entre autres du type de virus, les patients ayant des infections par l’HSV-2 ayant plus de récidives que ceux infectés par l’HSV-1 [7]. Elles se produisent le plus volontiers dans l’année suivant la primo-infection, et les hommes présentent plus souvent des récidives cliniquement manifestes que les femmes. Elles se caractérisent généralement par une évolution plus brève et moins sévère que la primoinfection. Environ 40% des récidives cutanées sont précédées de prodromes (douleurs, prurit ou dysesthésies). Les récidives peuvent également évoluer de manière asymptomatique, Forum Med Suisse No 14 3 avril 2002 325 sans aucune lésion, ce qui est appelé «excrétion virale asymptomatique» [8]. Pendant ces phases d’excrétion virale asymptomatiques, le virus peut se transmettre à un partenaire non encore infecté. Si ces récidives sont fréquentes (>6 par année) ou subjectivement fort gênantes, il vaut la peine d’envisager un traitement suppresseur médicamenteux, qui doit être poursuivi 6 à 12 mois au moins avant la première tentative d’interruption. Les doses sont données au tableau 1. Une diminution significative de la fréquence des récidives a été démontrée sous traitement suppresseur par les virostatiques aciclovir (Zovirax®), valaciclovir (Valtrex®) et famciclovir (Famvir®). Mais toute récidive ne peut être exclue sous traitement suppresseur. Ce traitement de plusieurs mois coûtant cher, il est recommandé d’avoir une confirmation du virus, ne serait-ce que pour répondre aux questions de l’assurance maladie. Bien que la vaccination soit une méthode idéale de prévention des infections virales, par HSV notamment, il n’existe encore aucun vaccin ayant fait la preuve de son efficacité. Il existe des vaccins HSV-1 et HSV-2 inactivés par la chaleur (marque déposée: Lupidon H® ou G®) occasionnellement administrés pour le traitement de l’herpès génital récidivant. L’efficacité de ce type de traitement a été documentée dans des cas isolés ou de très petites études, mais aucune étude randomisée et contrôlée contre placebo n’a jusqu’ici démontré l’utilité de Lupidon, qui n’est d’ailleurs plus admis dans certains pays. Les résistances à l’égard des virostatiques n’ont aucune importance clinique chez les patients immunocompétents, mais 3–9% des immunosupprimés (infection VIH, receveurs d’organes) présentent une résistance aux analogues nucléosidiques. Et comme cette résistance résulte la plupart du temps d’une absence de thymidine-kinase virale (souches virales négatives pour la thymidine-kinase), il est inutile de changer d’analogue nucléosidique. Il vaut mieux passer au foscarnet (Foscavir®), qui inhibe directement la polymérase de l’ADN viral, par voie intraveineuse et en milieu hospitalier. Herpès génital pendant la grossesse et herpès néonatal La complication la plus redoutée de l’herpès génital est la transmission de l’HSV à l’enfant à naître pendant la grossesse ou nouveau-né lors de l’accouchement. Des études séro-épidémiologiques montrent qu’environ 2–3% des femmes contractent un herpès génital en primo-infection pendant leur grossesse [9]. Le risque de transmission du virus et d’herpès néonatal est le plus marqué en cas de primo-in- CABINET Forum Med Suisse No 14 3 avril 2002 fection de la mère près de la date prévue pour l’accouchement. La transmission du virus se fait la plupart du temps lors de l’accouchement, par contact direct de l’enfant avec les lésions herpétiques des voies obstétricales. Aucune complication d’herpès génital récidivant n’est à craindre en cours de grossesse. Si une récidive survient peu avant l’accouchement, le risque de transmission virale à l’enfant est minime. Il n’y a actuellement aucune unanimité sur le traitement de l’herpès génital chez la femme enceinte, ni sur ses implications pour l’accouchement. Le tableau 2 en présente quelques éléments. 326 Zona Epidémiologie et clinique La réactivation du virus varicelle-zona peut se manifester par un zona, plus volontiers chez des vieillards ou des patients immunocompromis. L’incidence du zona est de 1–5/1000 personnes et par an, nettement plus élevée après 60 ans [10]. Une personne de 85 ans sur deux a déjà eu un zona. Le zona est caractérisé par des lésions cutanées typiques suivant un ou plusieurs dermatomes, et par des douleurs pouvant les précéder (fig. 2). Ces lésions sont maculopapuleuses au début, elles deviennent vésiculeuse et croûteuses. Les vésicules sont généralement présentes pendant Tableau 1. Traitement de l’herpès génital. Traitement de la primo-infection 1. Virostatiques 200 mg 5 par jour p.o. pendant 5 jours Aciclovir (Zovirax®) Valaciclovir (Valtrex ) 500 mg 2 par jour p.o. pendant 5 jours Famciclovir (Famvir®) 250 mg 3 par jour p.o. pendant 5 jours ® Patient immunosupprimé: 400 mg 5 par jour p.o. pendant 7–10 jours, évt. 10 mg/kg PC i.v. 3 par jour pendant 7–10 jours Aciclovir (Zovirax®) Valaciclovir (Valtrex®) 500 mg 2 par jour p.o. pendant 5–10 jours Famciclovir (Famvir®) 500 mg 2 par jour p.o. pendant 7 jours Si suspicion de résistance: culture avec examen de la résistance 40 mg i.v. 3 par jour pendant 14 jours Foscarnet (Foscavir®) 2. Analgésiques, antiphlogistiques Acide acétylsalicylique, anti-inflammatoires non stéroïdiens (p.ex. diclofénac [Voltarène®], indométacine [Indocid®]) 3. Topiques antiseptiques et antiphlogistiques a) Phase aiguë Bains de siège ou compresses avec solution iodée (p.ex. Betadine®/Braunol® sol., diluée 1:10), extraits d’écorce de chêne (Tannosynt® liquide), colorants (vert-brillant 0,5% aqueux, solution de pyoctanine) b) Stade cicatriciel Emollients externes (Bépanthène® onguent, Betadine® onguent, évt. pommades antibiotiques) Traitement de l’herpès génital récidivant Traitement épisodique (si < 6 récidives par an): Aciclovir (Zovirax®) 200 mg 5 /j p.o. 5 jours Valaciclovir (Valtrex®) 500 mg 2 /j p.o. 5 jours Famciclovir (Famvir®) 125 mg 3 /j p.o. 5 jours Traitement suppresseur (pendant 6–12 mois minimum; si > 6 récidives ou subjectivement mal ressenties): Aciclovir (Zovirax®) 400 mg 2 /j p.o. Valaciclovir (Valtrex®) 500 mg 1 /j p.o. si plus de 10 récidives 250 mg 2 /j p.o. ® Famciclovir (Famvir ) 250 mg 2 /j p.o. CABINET les 3 premiers jours. Les manifestations cutanées régressent généralement en 2–3 semaines. Traitement du zona Comme pour l’herpès génital, le traitement du zona est multiple, avec virostatique, analgésie suffisante et désinfectants topiques [11]. L’indication et les doses des virostatiques figurent au tableau 3. L’aciclovir accélère la formation des croûtes mieux que le placebo (7 jours pour l’aciclovir contre 10 pour le placebo), met un terme à la réplication virale et favorise donc la cicatrisation des lésions herpétiques. Les virostatiques de dernière génération, valciclovir et famciclovir, ne sont pas meilleurs que l’aciclovir sur le délai avant la disparition des lésions, mais leur schéma de traitement (3 par jour) est plus agréable pour les patients que le schéma de base de l’aciclovir (5 par jour). Le traitement virostatique n’est efficace que si ces médicaments sont administrés dans les 72 heures suivant l’apparition des premières lésions cutanées (papules, vésicules). Figure 2. Zona: disposition caractéristique en ceinture des efflorescences. Forum Med Suisse No 14 3 avril 2002 327 Complications Le zona risque particulièrement d’engendrer des complications chez les vieillards, chez lesquels les algies postherpétiques sont au premier plan et peuvent considérablement diminuer la qualité de vie [12]. Le zona nécrosant surtout peut laisser des cicatrices. Le zona de la première branche du trijumeau, soit au niveau de l’œil, peut donner des complications oculaires graves. Un zona ophtalmique peut occasionnellement s’accompagner d’une parésie faciale, de troubles auditifs et de l’équilibre, ce qui est appelé syndrome de Ramsay-Hunt. Un zona disséminé sur plusieurs segments, étendu, se rencontre surtout chez des patients immunocompromis et est grevé d’une mortalité non négligeable (jusqu’à 30% si atteinte viscérale). Névralgie post-zostérienne La complication la plus fréquente du zona, après la guérison des lésions cutanées, est une douleur persistante, ou névralgie postzostérienne (postherpétique), considérée comme partie des algies zostériennes. La névralgie postherpétique englobe plusieurs types de douleurs (lancinante, sourde) et de troubles de la sensibilité (paresthésies, hypoesthésies), ce qui a des conséquences psychiques souvent lourdes pour les patients et leur entourage. Jusqu’à 50% des patients de plus de 50 ans souffrent de névralgie postzostérienne, et 20–30% une année encore après la guérison des manifestations cutanées de leur zona [13]. Les principaux facteurs de risque de névralgie postherpétique ont pu être identifiés (tabl. 4): l’âge (plus de 50 ans), l’intensité des algies zostériennes lors de l’apparition de la première lésion cutanée et la présence de prodromes. Le zona ophtalmique est souvent prolongé par une névralgie postherpétique. Le status immuni- Tableau 2. Traitement de l’herpès génital pendant la grossesse. Primo-infection aux 1er et 2e trimestres: Selon l’importance de l’infection, aciclovir p.o. ou i.v. à dose standard. Pas d’indication à la césarienne si aucune lésion herpétique juste avant l’accouchement. Evtl. aciclovir en continu pour les 4 dernières semaines de la grossesse pour éviter une récidive. Primo-infection au 3e trimestre: Aciclovir p.o. ou i.v. à dose standard. Césarienne indiquée surtout si primo-infection dans les 6 semaines avant le terme prévu de la grossesse. Herpès génital récidivant: Césarienne indiquée si lésions herpétiques peu avant la date prévue pour l’accouchement; césarienne non indiquée si absence de lésions herpétiques – Dans certaines circonstances, si récidives fréquentes ou graves, traitement suppresseur par aciclovir 400 mg 2/jour p.o. CABINET taire par contre semble n’avoir aucune influence sur l’apparition d’une névralgie postherpétique. Traitement de la névralgie post-zostérienne et rôle des virostatiques Alors que les manifestations cutanées du zona disparaissent généralement en 2–3 se- Forum Med Suisse No 14 3 avril 2002 328 maines, une névralgie postherpétique peut durer des mois, même des années, et s’accompagner d’une morbidité et d’une diminution de la qualité de vie non négligeables. L’aciclovir et les virostatiques de dernière génération, valciclovir et famciclovir, diminuent les algies zostériennes aiguës, cela a été prouvé. L’effet d’un traitement antiviral pré- Tableau 3. Zona (Herpes zoster). Indication à un traitement virostatique du zona: 1. Age: >50 ans 2. Douleurs: modérées à fortes avant ou au début 3. Localisation: zona ophtalmique, cervical (déficits moteurs) 4. Status immunitaire: patients immunosupprimés (quelle que soit la raison de l’immunosuppression) Posologie des virostatiques dans le traitement du zona: Patients immunocompétents Aciclovir (Zovirax®) 5 800 mg 5 /j p.o.; 7 jours Valaciclovir (Valtrex®) 3 1000 mg 3 /j p.o.; 7 jours Famciclovir (Famvir®) 2 500 mg 2 /j p.o. 7 jours (<50 ans) 3 500 mg 2 /j p.o. 7 jours (>50 ans) Patients immunosupprimés Aciclovir (Zovirax®) 3 10 mg/kg PC/j i.v.; 10 jours ou jusqu’à guérison Evt. si immunodéficience légère à modérée: Valaciclovir (Valtrex®) 1000 mg 3 /j 10 jours ou Famciclovir (Famvir®) 250 mg 3 /j 10 jours; brivudine (125 mg 4 /j) 5 jours Si pas de réponse (généralement témoin d’une résistance): Foscarnet (Foscavir®) 40 mg/kg PG 3 /j i.v. jusqu’à guérison Tableau 4. Névralgie post-zostérienne (postherpétique). Facteurs de risque: Age >50 ans Douleurs prodromales Douleurs modérées à violentes au stade initial du zona Zona ophtalmique Traitement de la névralgie post-zostérienne: 1. Analgésiques: paracétamol, analgésiques non stéroïdiens, opiacés 2. Antidépresseurs/antiépileptiques: antidépresseurs tricycliques (amitriptyline 25 mg/j, à augmenter en fonction de la tolérance et de l’effet), carbamazépine: si douleurs lancinantes et névralgie du trijumeau, sera probablement remplacée par la gabapentine 3. Virostatiques: dans les 48–72 heures suivant l’apparition des premières lésions cutanées 4. Evtl. stéroïdes: uniquement à la phase aiguë et en association aux virostatiques pendant les 7 premiers jours. Posologie recommandée: 60 mg/j pour la première semaine, 40 mg/j pour la deuxième et 20 mg/j pour la troisième (attention aux contre-indications) 5. Traitements topiques: capsaïcine (0,025%) crème, topique avec lidocaïne (p. ex. EMLA® crème ou patch) 6. Traitement physique: TENS, bloc nerveux 7. Médecines complémentaires: acupuncture 8. Si pas de réponse aux traitements ci-dessus, consultation d’un centre de la douleur CABINET coce sur l’évolution et l’éventuelle prévention d’une névralgie postherpétique est par contre discuté. Un traitement par aciclovir (Zovirax® 5 × 800 mg/j) donne certes une incidence plus faible de névralgie postherpétique à 3 mois. Mais il n’y a plus aucune différence par rapport au placebo à 6 mois. Le valaciclovir et le famciclovir atténuent plus efficacement les algies zostériennes. Et ils permettent d’obtenir une disparition significativement plus rapide de la névralgie postherpétique chez les patients à risque (de plus de 50 ans). Mais ceci à la condition que ces virostatiques soient utilisés dans les 72 heures suivant l’apparition des premières lésions cutanées du zona. L’intérêt des stéroïdes est controversé. L’association virostatiques et stéroïdes à la phase aiguë du zona peut atténuer l’intensité de la névralgie postherpétique et améliorer la qualité de vie globale, sans en diminuer l’incidence ni la durée. Mais chez les vieillards précisément, il s’agit de ne pas négliger les contre-indications et effets indésirables nombreux des stéroïdes systémiques. Quintessence Les infections à virus herpétiques humains font partie des dermatoses virales les plus courantes, l’herpès génital étant la principale cause d’érosions et d’ulcérations génitales. Des études épidémiologiques confirment que l’incidence de l’herpès génital et du zona est en augmentation dans le monde entier. Alors que l’herpès génital se caractérise par une tendance aux récidives, les complications du zona, et surtout la névralgie post-zostérienne, représentent un défi thérapeutique majeur. Forum Med Suisse No 14 3 avril 2002 329 Les analgésiques occupent bien sûr une place centrale dans le traitement de la névralgie post-zostérienne. Les antidépresseurs tricycliques amitriptyline ou désipramine ont fait leur preuve particulièrement chez les vieillards, et ils peuvent être administrés à la phase aiguë déjà. La carbamazépine (Tégrétol®), qui peut avoir des effets indésirables désagréables (vertiges avec risque de chute) chez les vieillards précisément, a sa place surtout dans le traitement des névralgies post-zostériennes lancinantes du trijumeau. Un progrès pharmacologique de la carbamazépine, la gabapentine (Neurontin®) a moins d’effets indésirables et devrait donc la remplacer progressivement. D’autres modalités de traitement comprennent l’application topique d’anesthésiques locaux (p.ex. lidocaïne en injections s.c. ou en application transdermique), sans oublier les traitements physiques et les médecines alternatives (p.ex. acupuncture). Vaccination des personnes âgées en prévention du zona La vaccination par le vaccin vivant du virus varicelle-zona atténué connu depuis 1974, le vaccin Oka, peut induire une réponse immunitaire de longue durée. La justification d’une vaccination des personnes âgées se base sur l’hypothèse qu’une baisse de l’immunité cellulaire sénile est responsable de l’incidence accrue du zona, et que la vaccination permet d’obtenir un effet de rappel. Les premières données préliminaires montrent qu’une vaccination Oka donne une incidence inférieure de zona (2% contre 15%) et une évolution plus bénigne chez les vaccinés que chez les non-vaccinés. D’importantes études sont en cours pour évaluer l’intérêt de ce vaccin chez les personnes âgées [14]. CABINET Forum Med Suisse No 14 3 avril 2002 330 Références 1 Corey L. The current trend in genital herpes. Progress in prevention. Sex Transm Dis 1994;21:S38-S44. 2 Pereira FA. Herpes simplex: evolving concepts. J Am Acad Dermatol 1996;35:503–20. 3 Corey L, Adams HG, Brown ZA, Holmes KK. Genital herpes simplex virus infections: clinical manifestations, course, and complications. Ann Intern Med 1983;98:958–72. 4 Lautenschlager S, Eichmann A. The heterogeneous clinical spectrum of genital herpes. Dermatology 2001; 202:211–9. 5 Whitley RJ, Kimberlin DW, Roizman B. Herpes simplex viruses. Clin Infect Dis 1998;26:541–55. 6 Ashley RL, Wald A. Genital herpes: review of th epidemic and potential use of type-specific serology. Clin Microbial Rev 1999;12:1–8. 7 Lafferty WE, Coombs RW, Benedetti J, Critchlow C, Corey L. Recur- 8 9 10 11 rences after oral and genital herpes simplex virus infection. Influence of site of infection and viral type. N Engl J Med 1987;316:1444–9. Wald A, Zeh J, Selke S, Ashley RL, Corey L. Virologic characteristics of subclinical and symptomatic genital herpes infections. N Engl J Med 1995;333:770–5. Brown ZA, Selke S, Zeh J, Kopelman J, Maslow A, Ashley RL, et al. The acquisition of herpes simplex virus during pregnancy. N Engl J Med 1997;337:509–15. Paul E, Thiel T. Zur Epidemiologie der Varizella-Zoster-Infektion. Ergebnisse einer prospektiven Erhebung im Landkreis Ansbach. Hautarzt 1996;47:604–9. Snoeck R, Andrei G, De Clercq E. Current pharmacological approaches to the therapy of varicella zoster virus infections: a guide to treatment. Drugs 1999;57:187–206. 12 Galil K, Choo PW, Donahue JG, Platt R. The sequelae of herpes zoster. Arch Intern Med 1997;157:1209–13. 13 Kost RG, Straus SE. Postherpetic neuralgia – pathogenesis, treatment, and prevention. N Engl J Med 1996; 335:32–42. 14 Oxman MN. Immunization to reduce the frequency and severity of herpes zoster and its complications. Neurology 1995;45:S41–S46. Une liste très complète des travaux sur le thème de l’herpès génital et du zona se trouve dans les travaux des auteurs: – Lautenschlager S, W. Kempf W. Herpes genitalis. Hautarzt 2000;51 (12):964–83. – Kempf W, Lautenschlager S. Herpes zoster. Hautarzt 2001;52:359–76.