Les facteurs psychosociaux reliés à la dysmorphie musculaire

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Les facteurs psychosociaux reliés à la dysmorphie musculaire
Les facteurs psychosociaux reliés à la dysmorphie
musculaire
Mémoire doctoral
Olivier Turcotte
Doctorat en psychologie
Docteur en psychologie (D.Psy.)
Québec, Canada
© Olivier Turcotte, 2016
Les facteurs psychosociaux reliés à la dysmorphie
musculaire
Mémoire doctoral
Olivier Turcotte
Sous la direction de :
Catherine Bégin, directrice de recherche
RÉSUMÉ
Les hommes sont de plus en plus exposés à une pression sociale les incitant à
présenter une silhouette mésomorphique, ce qui semble contribuer à les rendre plus
insatisfaits de leur musculature. Cette insatisfaction peut mener au développement d’une
dysmorphie musculaire (DM). Malgré que la DM soit classifiée comme un spécificateur du
trouble de dysmorphie corporelle dans le DSM-V, plusieurs auteurs persistent à croire qu’il
s’apparenterait davantage aux troubles des conduites alimentaires (TCA). La présente étude
vise à approfondir les processus sous-jacents menant à la DM en appliquant le modèle
socioculturel de Stice (1994), conçu pour les TCA, à la DM. Le modèle testé, adapté pour
rendre compte des spécificités de la DM, propose que les influences socioculturelles
mènent au désir d’être plus musclé, qui, lui, mène aux symptômes de la DM directement et
indirectement par deux voies, la voie des affects négatifs et la voie comportementale. Trois
cent quatre-vingt-six hommes ont été recrutés parmi les étudiants et employés de
l’Université Laval et ont rempli des questionnaires en ligne. Le modèle a été testé à l’aide
d’analyses acheminatoires. Bien que le modèle initial fasse preuve d’un bon ajustement, la
voie des affects négatifs n’est un médiateur valide de la relation entre le désir d’être musclé
et la DM que lorsque le lien entre le désir d’être plus musclé et les affects négatifs est
modéré par le narcissisme vulnérable. Les résultats indiquent que l’internalisation du corps
idéal influence le désir d’être plus musclé. Ce désir d’être plus musclé pousserait les
hommes à développer des symptômes de la DM via deux processus, soit l’adoption de
comportements visant à augmenter la musculature, et la présence d’affects négatifs, mais
seulement chez des hommes présentant une vulnérabilité narcissique. Ceci fait ressortir la
pertinence d’un modèle conçu pour les TCA afin d’expliquer les symptômes de la DM.
iii
Table des matières
RÉSUMÉ ........................................................................................................................................... III
TABLE DES MATIÈRES........................................................................................................................IV
LISTE DES TABLEAUX .........................................................................................................................VI
LISTE DES FIGURES ...........................................................................................................................VII
REMERCIEMENTS............................................................................................................................VIII
AVANT-PROPOS................................................................................................................................. X
INTRODUCTION GÉNÉRALE ................................................................................................................ 1
L’INSATISFACTION CORPORELLE, UN PHÉNOMÈNE QUI TOUCHE AUSSI LES HOMMES ..................... 1
IMAGE CORPORELLE DES HOMMES : LES PRESSIONS SOCIOCULTURELLES D’ATTEINDRE UN
IDÉAL ............................................................................................................................................ 2
LES CONSÉQUENCES DE L’INSATISFACTION CORPORELLE ............................................................. 6
Conséquences psychologiques. ................................................................................................ 6
Conséquences comportementales et physiques. ....................................................................... 7
DYSMORPHIE MUSCULAIRE : CONTINUUM DE L’INSATISFACTION CORPORELLE............................. 8
De la préoccupation non pathologique à pathologique. ........................................................... 8
La DM. ..................................................................................................................................... 8
MODÈLES ÉTIOLOGIQUES DE LA DM ........................................................................................... 13
Les modèles biopsychosociaux. ............................................................................................. 14
Le modèle étiologique de Grieve. .......................................................................................... 16
LA PERSONNALITÉ : UN NOUVEAU CHAMP D’INTÉRÊT. ................................................................ 17
OBJECTIF GÉNÉRAL ..................................................................................................................... 18
LES FACTEURS PSYCHOSOCIAUX RELIÉS À LA DYSMORPHIE MUSCULAIRE .......................................... 20
RÉSUMÉ ...................................................................................................................................... 21
INTRODUCTION ........................................................................................................................... 22
MÉTHODOLOGIE ......................................................................................................................... 25
Participants ............................................................................................................................ 25
Procédure ............................................................................................................................... 26
iv
Instruments de mesure ............................................................................................................ 26
Analyses statistiques............................................................................................................... 29
RÉSULTATS ................................................................................................................................. 30
DISCUSSION ................................................................................................................................ 34
CONCLUSION............................................................................................................................... 36
CONCLUSION GÉNÉRALE .................................................................................................................. 38
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................... 46
ANNEXE A ....................................................................................................................................... 59
v
Liste des tableaux
Tableau 1 Critères de la DM proposés par Pope en 1997 ............................................................. 12
Tableau 2 Moyennes et écart-types des variables du modèle ........................................................ 31
Tableau 3 Corrélations entre les variables du modèle ................................................................... 32
vi
Liste des figures
Figure 1. Modèle étiologique des comportements du développement musculaire à risque de
Cafri et al. (2005)........................................................................................................................... 15
Figure 2. Modèle étiologique de la DM de Grieve (2007) ............................................................ 16
Figure 3. Modèle socioculturel de Stice (2002). ........................................................................... 24
Figure 4. Modèle de Stice modifié visant à prédire la DM avec les coefficients standardisés. .... 33
vii
Remerciements
Le périple du doctoral tirant à sa fin, je peux enfin prendre le temps de constater les
efforts, le temps et toute l’aide que j’ai reçue pour enfin mettre un « check » sur cette partie
de ma vie. Un doctorat, ça ne se fait pas seul, mais avec le soutien de tous les gens autour
de soi et je tiens à le souligner!
Je voudrais tout d’abord remercier énormément ma superviseure de recherche et de
clinique, Catherine Bégin. Je te lève mon chapeau pour ta présence exceptionnelle, et
surtout dans les derniers droits. J’ai grandement apprécié ta patience, ton énergie et ta
capacité à dire les choses comme elles sont, sans trop de détour, mais toujours d’une façon
à me faire avancer. Je n’aurais pas pu demander meilleur encadrement que celui que j’ai
reçu. Tu as bien su me laisser l’autonomie dont j’avais besoin et je sentais la confiance que
tu avais envers moi. Tu sais être là pour tes étudiants et nous inspirer. Je ne peux pas passer
sous silence ton apport, Marie-Pierre Gagnon-Girouard. Même si tu n’as pas pu être là pour
la dernière partie, ta présence dans les débuts m’a tellement été précieuse. Tu m’as permis
de m’aider à établir de bonnes bases comme chercheur, mais aussi comme clinicien. Je ne
vous remercierai jamais assez toi et Catherine de m’avoir donné toutes ces opportunités et
d’avoir su cultiver mon intérêt pour la recherche. Grâce à vous, j’ai pu apprendre à mieux
me connaître et grandir à travers ce processus. J’aimerais aussi remercier tout le monde au
labo. Nous sommes une merveilleuse équipe et je souhaite une bonne continuité à toutes
celles et à celui à qui il reste encore un bout de chemin à faire. Un merci particulier à
Marilou, Katrine, Isabelle et Anne-Sophie pour votre accueil et votre rôle de quasi-grandes
sœurs. Merci également à Mélodie avec qui j’ai pu échanger à chacune des étapes.
Je remercie aussi énormément Monsieur Stéphane Sabourin pour avoir siéger sur
mon comité d’encadrement. Par vos commentaires et vos idées, vous m’avez donné
confiance en moi et en mon projet et vous avez su enrichir mes réflexions.
Tu finis quand? Ce n’est pas fini encore? Combien de fois vous me l’avez demandé.
Je crois que ça montre à quel point vous aviez hâte pour moi que je devienne enfin
psychologue. Le moment est enfin arrivé et je ne serais comment remercier tous mes amis
qui ont été là tout au long de mon parcours. François, Philippe, Pier-Olivier et Simon, merci
d’avoir été là depuis le tout début et de m’avoir fait confiance quand j’ai eu l’idée bizarre
viii
de faire un doctorat. Merci aussi à Stéphane, Stéphanie, Tonathiú et Véronica qui avez
aussi été là quand j’avais besoin de ventiler ou de tout simplement décrocher. Tout est plus
agréable et passe plus vite quand on est bien entouré. C’est pourquoi je n’oublie pas non
plus mes « partners » de travail François et Christopher. Grâce à votre présence, j’ai pu
avoir la chance de ne pas travailler dans la solitude. Malgré que l’efficacité en ait pris un
coup, vous m’avez motivé à être assidu et j’ai pu apprécier le travail sur mon mémoire.
Aussi, je crois que toutes ces études et ces accomplissements n’auraient pas pu se
faire sans ma famille. Je voudrais prendre le temps de remercier ma mère, mon beau-père et
ma grand-mère. Vos encouragements, votre support et votre intérêt constant par rapport à
ce que je fais ont su me garder motivé et fier de moi. Grâce à vous, j’ai eu l’impression que
mon chemin a été facile, chaque embuche n’était qu’un défi, et ce, parce que vous avez su
me donner les moyens pour aller aussi loin. Je vous remercie d’avoir cru en moi et m’avoir
toujours donné l’impression que j’avais les capacités d’atteindre mes rêves. Maman ton
bébé a enfin réussi et il est heureux, en grande partie grâce à toi. Je voudrais aussi souligner
l’intérêt, la présence et les encouragements de mes beaux-parents. Ça fait beaucoup de bien
de sentir qu’on croit en nous dès les premiers instants. Vous avez tout fait pour que je
réussisse, même jusqu’à obliger votre fille à me laisser tranquille parce que je travaillais.
Ce qui m’amène au fait que je ne peux pas passer à côté des remerciements pour
mon amoureuse. Barbara tu es à mes côtés depuis le tout début et je crois que ta rencontre à
elle seule vaut la peine de mettre lancé en psychologie. Mais bon…tant qu’à avoir
commencé vaut mieux continuer jusqu’au bout. Jour après jour, tu m’as donné le goût de
me dépasser et tu m’as rendu la vie plus belle. Je t’ai senti au diapason avec moi, à vivre
ensemblecette grande aventure. Je te sentais aussi impliquée dans ma réussite et mon bienêtre que je l’étais moi-même. Tu as su partager et souligner avec moi toutes les joies et les
déceptions que m’a amené mon parcours en psychologie. Merci d’avoir accepté mon
indisponibilité par moment et le fait que je n’aille pas été aussi présent que j’aurais dû.
Grâce à toi, j’ai pu garder un équilibre et tu fais partie intégrante de cette réussite.
Merci encore à tous!
ix
Avant-propos
La conception du projet de mémoire doctoral, l’écriture du document, les analyses
statistiques, ainsi que l’interprétation des analyses ont été réalisées par Olivier Turcotte,
candidat au doctorat en psychologie D.Psy. Il est à noter que soixante-trois participants de
l’échantillon total ont été recrutés dans le cadre du recrutement pour le mémoire d’Isabelle
Labrecque (2014). Le projet a été fait en étroite collaboration avec Catherine Bégin, Ph.D.,
directrice du présent mémoire et professeur titulaire de l’École de psychologie de
l’Université Laval, ainsi qu’avec la collaboration de Marie-Pierre Gagnon-Girouard, Ph.D.
Hélène Paradis a d’ailleurs contribué à la réalisation des analyses statistiques. Finalement,
l’article inséré à l’intérieur de ce mémoire n’est toujours pas en processus de publication,
mais le sera suite au dépôt final.
x
Introduction générale
L’exposition grandissante à des modèles masculins de plus en plus musclés
contribuerait à faire en sorte que les jeunes hommes sont de plus en plus préoccupés par
leur image corporelle, et particulièrement par leur muscularité. Cette préoccupation par
rapport à leur corps pourrait être associée chez certains à une faible estime de soi et à
l’adoption de comportements néfastes visant à modifier l’apparence physique (Barlett,
Vowels, & Saucier, 2008). Ultimement, la préoccupation par rapport à la musculature peut
mener à une pathologie encore peu étudiée : la dysmorphie musculaire (DM; Pope, Gruber,
Choi, Olivardia, & Phillips, 1997). Chez les hommes souffrant de cette pathologie, le désir
d’être plus musclé prend toute la place et s’accompagne d’un lot de conséquences
négatives. Le parallèle entre la DM et les troubles des conduites alimentaires (TCA) quant à
leur symptomatologie et leurs caractéristiques a été proposé par plusieurs auteurs. Plusieurs
facteurs étiologiques retrouvés chez les TCA ont été identifiés pour expliquer le
développement de la DM (Grieve, 2007; Olivardia, 2001). La présente étude vise donc à
approfondir l’étude des déterminants de la DM en vérifiant la validité empirique d’un
modèle des TCA pour expliquer cette pathologie.
L’insatisfaction corporelle, un phénomène qui touche aussi les hommes
Il est établi que l’insatisfaction corporelle constitue un des facteurs centraux reliés
au développement d’une pathologie alimentaire (Stice, 2002). Les problèmes liés à l’image
corporelle chez les femmes ont été amplement documentés au cours des 40 dernières
années (Cash & Pruzinski, 2002; Thompson & Cafri, 2007). Toutefois, l’étude de l’image
corporelle des hommes a reçu beaucoup moins d’attention de la part de la communauté
scientifique. Ce n’est que récemment que les chercheurs se sont attardés à la préoccupation
des hommes par rapport à leur corps. Des études suggèrent que les hommes pourraient être
aussi préoccupés par rapport à leur corps que les femmes (Frederick et al., 2007; Neighbors
& Sobal, 2007; Olivardia, Pope, Borowieki, & Cochrane, 2004; Ricciardelli & McCabe,
2004). Par exemple, Frederick et al. (2007) rapportent qu’aux États-Unis, entre 90 et 95 %
des hommes universitaires seraient insatisfaits de leur corps et désireraient être plus
musclés. Ce rapprochement entre les hommes et les femmes par rapport à l’insatisfaction
corporelle est également présent au Québec. En fait, une enquête sociale et de santé
1
effectuée par le gouvernement du Québec relève un désir de changer de poids chez 41,7 %
des hommes de 15 ans et plus comparativement à 55,8 % pour les femmes (Ledoux &
Rivard, 2000). En considérant que cette enquête a été effectuée il y a 15 ans et que cette
étude ne ciblait pas la musculature comme une source d’insatisfaction, il serait même
possible que ce pourcentage soit présentement plus élevé si on se fie aux résultats de nos
homologues américains qui ont observé une augmentation de l’insatisfaction corporelle
chez les jeunes hommes adultes, au cours des dernières années (McCabe & Ricciardelli,
2004, Neighbors & Sobal, 2007). Cependant, contrairement aux femmes qui cherchent à
atteindre un idéal de minceur, les hommes sont principalement préoccupés par leur
musculature. Cet idéal de beauté masculin se traduit par une silhouette mésomorphique,
c’est-à-dire caractérisée par une masse musculaire importante, peu ou pas de tissus adipeux
et des épaules plus larges que le bassin (McCreary & Sasse, 2000). Les hommes
aspireraient donc à développer une forte musculature, tout en restant minces pour améliorer
la définition des muscles et être plus athlétiques.
Image corporelle des hommes : Les pressions socioculturelles d’atteindre un idéal
La prévalence grandissante de l’insatisfaction des hommes par rapport à leur
musculature semble être en partie en lien avec un idéal de beauté masculin de plus en plus
musclé mis en valeur par l’environnement socioculturel. En effet, on observe une
augmentation au cours des dernières années de la musculature des figurines pour les jeunes
garçons et des modèles masculins présentés dans les revues et dans les films (Frederick,
Fessler, Haselton, 2005; Pope, Olivardia, Gruber, & Boroweicki, 1999; Ricciardelli, Clow,
& White, 2010). À cet effet, Pope et al. (1999) ont étudié l’évolution des dimensions des
figurines pour enfants. En comparant les dimensions des figurines de personnages humains
les plus populaires de 1970 à 1990, ces auteurs ont observé une augmentation significative
des mesures de leur torse et de leur biceps, mais une absence de changement au niveau de
leur tour de taille. Le même phénomène semble se produire chez les modèles masculins
présentés dans les médias. Par exemple, au cours des 25 dernières années, la revue Playgirl
a présenté des hommes présentant un IMC plus élevé sur sa page centrale et propose
maintenant des modèles masculins très musclés (Leit, Pope, & Gray, 2001). Les modèles
masculins minces et musclés sont maintenant devenus la norme à travers les divers types de
2
revues. En effet, l’étude de Ricciardelli, Clow et White (2010) montre qu’à travers huit
revues populaires dont les hommes sont le lecteur cible (par ex., Gentlemen’s Quaterly et
Men’s Health), les modèles masculins présentent tous des corps minces et sculptés. On
remarque le même phénomène dans les télé-réalités. Le corps des hommes est de plus en
plus dévoilé dans les émissions de téléréalité et ceux ayant un corps idéalisé sont les plus
souvent montrés (Flynn, Park, Morin, & Stana, 2015). Les médias renvoient donc le
message que le corps mésomorphique est un symbole de bonheur, de désirabilité et de
succès et qu’il est impératif pour les hommes d’atteindre cet idéal (Tiggemann, 2011).
L’environnement proximal des hommes met aussi de la pression pour que ces
deniers soient plus minces et musclés. Une étude sur des adolescents à travers différentes
cultures montre que les jeunes hommes subissent la pression de la part de leurs parents et
de leurs pairs (McCabe et al., 2015). Cette influence aurait non seulement des répercussions
sur la perception qu’ont les jeunes hommes d’eux-mêmes, mais aussi sur leurs habitudes.
La pression perçue d’être plus musclé, les commentaires des parents et les comportements
du père prédisent à la fois le désir d’être plus musclé et l’adoption de stratégies pour
augmenter la musculature chez les jeunes garçons et les hommes universitaires (Galioto,
Karazsia, & Crowther, 2012; Rodgers, Paxton, & Chabrol, 2009; Smolak, Murnen, &
Thompson, 2005). Les pairs ont plusieurs façons d’influencer les jeunes hommes par
rapport à leur musculature et leur perception d’eux-mêmes. En effet, Webb et ZimmerGembeck (2013) proposent une revue de littérature du rôle des pairs en vue d’expliquer
l’insatisfaction corporelle des adolescents. Que ce soit par un processus d’apprentissage
social ou par un processus de conformité au groupe d’appartenance, les pairs semblent
prendre une place importante quant à l’insatisfaction corporelle des jeunes hommes. Cette
revue fait état d’une association constante entre les taquineries, la comparaison par rapport
à l’apparence et les conversations à propos de l’apparence et l’insatisfaction corporelle. De
plus, les jeunes hommes seraient davantage insatisfaits de leur corps en contexte où ils ont
été rejetés par leurs pairs.
Dans ce contexte, il est possible de constater une augmentation de l’investissement
des hommes face à leur corps depuis les dernières années. Les jeunes hommes cherchent à
se rapprocher du modèle de l’homme promu dans les revues et valorisé dans leur entourage
3
dans le but de se démarquer, mais aussi dans le but de plaire à une éventuelle partenaire
amoureuse. En effet, en plus de faire la promotion de cet idéal musclé, les médias semblent
également suggérer aux hommes que les femmes apprécient et recherchent davantage des
hommes qui correspondent à cette silhouette idéale. En effet, il ressort des quelques études
dans le domaine que les femmes, lorsqu’elles comparent le corps actuel des hommes en
général à celui d’un corps idéal, préfèrent le corps plus musclé et imposant, mais que
l’évaluation faite par les femmes quant au corps des hommes est moins sévère que celle que
les hommes s’imposent à eux-mêmes (Grossbard, Neighbors, & Larimer, 2011; Murnen et
al., 2015). Les hommes semblent surestimer le corps que les femmes désirent pour un
partenaire, puisqu’il existe un écart entre ce que les hommes pensent que les femmes
souhaiteraient et ce que ces dernières souhaitent réellement. Lorsque questionnées sur leurs
préférences par rapport au corps d’un partenaire sexuel, les femmes rapportent un corps
idéal significativement moins musclé que celui que les hommes estimaient être désiré par
les femmes (Grossbard, Neighbors, & Larimer, 2011; Frederick & Haselton, 2003). Par
ailleurs, les hommes semblent exposés à un idéal corporel masculin plus musclé que le
modèle masculin auquel les femmes sont elles-mêmes exposées. Frederick et al. (2005) ont
comparé le corps des modèles masculins entre 2001 à 2004 dans les revues pour hommes
(Men’s Health, Men’s Fitness, Muscle & Fitness) et pour femmes (Cosmopolitan). Les
représentations du corps masculin idéal dans les magazines pour hommes se sont avérées
significativement plus musclées que celles présentes dans le magazine des femmes. Il est
difficile de déterminer si ces trois revues pour hommes sont représentatives de l’ensemble
des revues qui ciblent le lectorat masculin, puisqu’elles se concentrent sur l’entrainement et
la nutrition, et donc pourraient proposer des modèles plus musclés que dans les revues pour
les hommes en général. Toutefois, ces revues sont parmi les plus lues par les hommes, ce
qui fait en sorte que beaucoup d’hommes sont exposés aux modèles masculins présentés
par celles-ci. En outre, même en ne tenant pas compte du magazine spécialisé sur le
culturisme (Muscle & Fitness), les modèles masculins restent significativement plus
musclés que dans la revue pour femme. Frederick et al. (2005) ont aussi comparé l’idéal
masculin des hommes et des femmes selon les représentations du corps masculin promues
par les revues. L’idéal des femmes du corps masculin avait tendance à se rapprocher des
représentations présentées dans la revue s’adressant aux femmes, tandis que l’idéal des
4
hommes se rapprochait de celui des représentations présentées dans les revues s’adressant
aux hommes. Ces résultats suggèrent que les hommes et les femmes ne sont pas exposés au
même idéal de beauté masculin et que cela favoriserait chez les hommes, l’impression que
pour intéresser le sexe opposé, il est nécessaire d’être plus musclé qu’en réalité.
Cette exposition à des modèles masculins de plus en plus musclés est associée à
plusieurs conséquences pour les hommes. À cet effet, plusieurs études ont évalué les effets
d’une exposition à des publicités (Barlett, Vowels, & Saucier, 2008; Farquhar & Wasylkiw,
2007; Galioto & Crowther, 2013). Il en ressort un impact direct sur la satisfaction
corporelle et l’estime de soi des hommes, et plus particulièrement chez les jeunes hommes.
Après avoir été exposés à des publicités représentant des hommes musclés, les participants
disaient être moins satisfaits de leur corps et rapportaient une moins bonne estime de soi
qu’avant l’exposition. Peu importe si le modèle présenté montrait une musculature extrême
ou s’il était simplement athlétique, l’effet négatif sur la perception du corps restait le même
(Barlett, Vowels & Saucier, 2008). Ceci suggère donc que cet impact négatif ne serait pas
spécifique aux modèles ayant une forte musculature, mais s’appliquerait également à
l’exposition au modèle musclé et athlétique en général. Ainsi, une grande partie des
publicités affichant le corps masculin musclé pourrait avoir un impact sur les hommes.
Qui plus est, il est possible d’observer une évolution dans la conceptualisation du
corps masculin. Franzoi (1995) propose que le corps puisse être conçu selon deux visions :
comme un objet ou un processus dynamique. Lorsque le corps est conceptualisé comme un
objet, il est évalué par son esthétisme, tandis que lorsqu’il est conceptualisé comme un
instrument ou un processus, il est évalué par rapport à ses capacités. Or, le corps masculin
aurait subi un processus d’objectification, c’est-à-dire, que le corps est davantage
conceptualisé comme un objet, plutôt que d’être reconnu pour ses capacités (Morrisson et
al., 2003), et que donc, les muscles deviennent de plus en plus un symbole de beauté plutôt
qu’un symbole de force physique. Ainsi, en plus d’une augmentation de la musculature au
sens des représentations masculines dans les magazines, l’emphase semble être de plus en
plus mise sur les attributs esthétiques que sur les performances. Par exemple, dans la revue
Sports Illustrated, on observe une augmentation de la nudité et de la fréquence de poses
dans les publicités comparativement à des images qui soulignent la participation à une
5
activité ou l’utilisation de produits que la publicité tente de vendre (Farquhar & Wasylkiw,
2007). Cette étude fait aussi ressortir l’impact sur l’image corporelle de l’exposition à des
publicités mettant l’esthétisme du corps masculin à l’avant-plan. Elle démontre que les
hommes seraient moins satisfaits de leur corps après avoir été exposés à des publicités et
des slogans mettant l’accent sur les parties du corps et la beauté plutôt que sur l’énergie et
les performances. Les hommes seraient donc de plus en plus vulnérables aux images
véhiculées par les médias.
Les conséquences de l’insatisfaction corporelle
L’idéal de beauté masculin mésomorphique est très difficile à atteindre et la
poursuite de cet idéal peut être associée à plusieurs conséquences sur différents plans de la
vie de certains hommes.
Conséquences psychologiques. L’insatisfaction par rapport aux muscles joue un
rôle important dans la façon dont les hommes évaluent leur valeur et leur état émotionnel.
En effet, plusieurs études ont montré, chez les hommes, une forte association entre une
insatisfaction par rapport aux muscles et une moins bonne estime de soi et une plus grande
présence de symptômes dépressifs et d’affects négatifs (Cafri, Strauss, & Thompson, 2002;
Olivardia et al., 2004; Nowell & Ricciardelli, 2008). Plus spécifiquement, Olivardia et al.
(2004) font la distinction entre l’insatisfaction par rapport aux muscles et par rapport à la
masse adipeuse. Le sentiment d’être trop petit et insuffisamment musclé est lié à l’estime
de soi, à la dépression et à six des sous-échelles de l’inventaire des troubles alimentaires
(Eating disorder inventory; EDI; désir d’être mince, boulimie, insatisfaction corporelle,
inefficacité, méfiance interpersonnelle), de même qu’à l’échelle totale, tandis que le
sentiment d’être trop gras n’est associé qu’à la sous-échelle « désir d’être plus mince ».
Ceci suggère donc que, chez les hommes, le concept de soi et l’évaluation de soi
reposeraient davantage sur l’évaluation de la musculature plutôt que sur l’impression d’être
trop gras. La poursuite de la muscularité, aussi associée à une plus grande comparaison de
son corps à celui des autres, peut générer de l’anxiété sociale par rapport à son physique
(McCreary & Saucier, 2009; Smolak & Stein, 2006). Cette forme d’anxiété sociale est
caractérisée par de l’anxiété et de l’inconfort associé à l'exposition de son corps en public,
l’impression que son corps est évalué par les autres et conséquemment que la personne sera
6
évaluée négativement (Hart, Leary, & Rejeski, 1989). Plusieurs études suggèrent une forte
association entre l’insatisfaction par rapport à ses muscles et l’anxiété sociale par rapport à
son physique (Duggan & McCreary, 2004; McCreary & Saucier, 2009; Brunet, Sabiston,
Dorsch, & McCreary, 2010).
Conséquences comportementales et physiques. Les recherches suggèrent que
dans le but de pallier à leur impression d’être trop petits et insuffisamment musclés,
certains hommes adopteraient des comportements délétères aux plans physique et
psychologique (Bahrke & Yesalis, 2002). L’insatisfaction par rapport à la musculature de
certains hommes est ainsi associée à la pratique de diètes restrictives ou à des patrons
d’alimentation rigides et envahissants (Neumark-Stainer, Wall, Haines, Story, Eisenberg,
2007; Mikkilä et al., 2007). Ultimement, ces pratiques alimentaires augmentent les risques
de développer un trouble du comportement alimentaire (Goldschmidt, Wall, Loth, Le
Grange, & Neumark-Stainer, 2012). Aussi, le désir d’être plus musclé peut mener certains
hommes à s’adonner à des séances d’entrainement intenses et sur une longue période sans
une récupération adéquate (Olivardia, 2001). Ceci les met donc à risque de plusieurs
blessures au niveau des os, des ligaments et des articulations. Ces manifestations font partie
du syndrome de surentrainement qui se caractérise comme un épuisement physique suite à
une grande quantité d’entrainement sans récupération adéquate (Halson & Jeukendrup,
2004; Parent, 2013). En plus du risque élevé de blessure, ces hommes qui s'entrainent à
outrance risquent de vivre une baisse de leur performance, de leur système immunitaire et
une altération de leur humeur (Halson & Jeukendrup, 2004).
Par ailleurs, l’utilisation de substances illicites ou non permettant d’améliorer les
performances physiques présente un risque important pour la santé de ceux qui les utilisent.
Parmi les substances les plus utilisées pour améliorer l’apparence, les stéroïdes
anabolisants, ainsi que ses dérivés sont les plus connus (Cafri, Thompson, Ricciardelli,
McCabe, Smolak, & Yesalis, 2005). Les stéroïdes anabolisants sont utilisés pour améliorer
les performances sportives, mais aussi principalement pour améliorer l’apparence. À ce
sujet, un sondage mené auprès de 500 utilisateurs de stéroïdes anabolisants montre que près
de quatre utilisateurs sur cinq (78,4 %) ne s’entraînent que de façon récréative et utilisent
les stéroïdes uniquement d’un point de vue esthétique (Parkinson & Evans, 2006).
7
Dysmorphie musculaire : continuum de l’insatisfaction corporelle
De la préoccupation non pathologique à pathologique. Il n’existe présentement
pas de données sur l’existence d’un continuum sur les conséquences comportementales de
la préoccupation par rapport à la muscularité comme c’est le cas pour la préoccupation par
rapport à la minceur allant d’une alimentation normale à un trouble des conduites
alimentaires (TCA; Ackard, Fulkerson, & Neumark-Sztainer, 2011; Shisslak, Crago, &
Estes, 1995), bien qu’il soit fort probable que ce phénomène soit présent aussi chez les
hommes (Ricciardelli & McCabe, 2004). En effet, l’insatisfaction musculaire est présente
chez une majorité des hommes, mais à des degrés différents. L’insatisfaction musculaire
peut pousser les hommes à adopter des stratégies pour augmenter la musculature, ces
dernières pouvant, à un certain point, faire partie d’un mode de vie sain, notamment, la
participation à des activités sportives et l’adoption d’une saine alimentation. Toutefois,
l’insatisfaction par rapport à la musculature est également un important facteur de risque de
l’adoption de conduites alimentaires problématiques et de l’utilisation de substances visant
à augmenter la musculature (Cafri et al., 2006; Grossbard, Atkins, Geisner, & Larimer,
2013; Litt & Dodge, 2008). Les hommes qui recherchent à améliorer leur apparence
adopteraient davantage de conduites alimentaires problématiques que ceux qui recherchent
à améliorer leur performance (Skemp, Mikat, Schenck, & Kramer, 2013). Dans ce contexte,
la préoccupation par rapport à la musculature serait un agent de changement qui inciterait
les hommes à s'investir dans des méthodes dites plus dommageables pour atteindre l’idéal
mésomorphique, telles que l’adoption de patrons alimentaires problématiques, l’utilisation
des suppléments de protéines ou bien l’utilisation de créatine. Notamment, l’étude de
Karazsia, Crowther et Galioto (2013) dresse un portrait de l’utilisation des substances qui
se veut progressif. En effet, les protéines semblent être le supplément d’initiation qui prédit
ensuite l’utilisation subséquente de la créatine qui mènerait ensuite à l’utilisation de
stéroïdes anabolisants, ces derniers représentant les substances les plus nocives pour la
santé. Les utilisateurs de stéroïdes anabolisants auraient un historique de consommation de
créatine et de protéines ede 84,6 % et 96,2 % respectivement.
La DM. La DM a tout d’abord été appelée « anorexie inverse » de par ses
similarités au plan cognitif et comportemental avec l’anorexie mentale (Pope, Katz, &
8
Hudson, 1993). Comme pour l’anorexie mentale, les hommes souffrants de DM ont une
perturbation de leur image corporelle accompagnée de comportements dysfonctionnels
visant à diminuer cette insatisfaction corporelle (Pope et al., 1997). Toutefois, dans le cas
de la DM, les préoccupations sont tournées vers l’impression d’être insuffisamment mince
et musclé, ce qui concorde avec l’idéal promu par les médias. Les hommes souffrant de
DM présenteraient une distorsion de l’image corporelle qui se traduirait par l’impression
envahissante d’être frêles et faibles, et ce, malgré la prise de masse musculaire (Olivardia,
2001; Pope et al., 1997). Une étude ayant catégorisé les hommes selon quatre niveaux de
préoccupation par rapport à leur musculature montre que les hommes ayant les
caractéristiques de la DM avait un indice de masse corporel (IMC) ajusté à la musculature
plus grand que les autres hommes, mais qu’ils se percevaient moins attirant physiquement,
moins fort et moins bon dans les sports que les autres hommes (Gonzáles-Martí, Fernándes
Bustos, Hernándes-Martínez, & Contreras Jordàn, 2014). Pour atteindre leur objectif
d’augmenter leur musculature tout en réduisant leur pourcentage de gras corporel, les
hommes présentant une DM se tourneraient vers des diètes et régimes rigides, ainsi que
vers la pratique d’exercice excessif. Certains vont porter des vêtements amples ou éviter
des situations afin de cacher leur corps ou vont vivre beaucoup d’anxiété s’ils ne peuvent
pas se cacher. Ces hommes vivraient une forte culpabilité et anxiété lorsqu’ils dérogent de
leurs habitudes et utilisent des comportements compensatoires afin de contrôler le poids.
L’étude de Thomas, Tod et Lavallé (2011), montre une variabilité dans les symptômes de la
DM selon l’horaire d’entrainement des hommes. En effet, ces derniers rapportaient des
symptômes plus élevés lors d’un jour de repos comparativement à un jour d’entrainement.
Ceci suggère que l’entrainement semble avoir un effet de réguler les affects générés par les
obsessions liées à l’apparence et aux habitudes alimentaires et d’activité physique. La
préoccupation par rapport à la musculature devient à ce point important qu’elle mène à un
dysfonctionnement social, professionnel ou récréatif, par exemple refuser d’invitations
sociales pour s’entrainer ou pour éviter d’exposer son corps perçu comme inadéquat, ou à
sentiment de détresse (Olivardia, Pope, & Hudson, 2000). La DM est d’ailleurs associée à
une plus faible qualité de vie (Lopez et al., 2015).
La DM a été associé à plusieurs pathologies et présente plusieurs comorbidités. Les
hommes souffrants de DM seraient plus à risque de présenter une dépendance à l’exercice,
9
une anxiété par rapport à l’apparence, une utilisation de substances illicites (Hildebrandt,
Schlundt, Langenbucher, & Chung, 2006; Lopez et al., 2015; Murray et al., 2012; Tod &
Edwards, 2014). La DM présente une forte comorbidité avec les troubles anxieux (29-43
%), les troubles de l’humeur (58-74 %) et les TCA (4-29 %) (Cafri, Olivardia, &
Thompson, 2008; Olivardia, Pope, & Hudson, 2000).
On estime à 10 % la présence de la DM chez les « body-builders » (Pope, Katz, &
Hudson, 1993) et l’âge d’apparition du trouble serait aux alentours de 19 ans (Olivardia et
al., 2001). Aucune prévalence de ce trouble dans la population générale n’est connue.
Toutefois, certains chercheurs estiment la prévalence de la DM en utilisant celle des
utilisateurs de stéroïdes (Parent, 2013), puisqu’elle est à la fois un indicateur d’un fort désir
d’augmenter sa musculature et un comportement très répandu chez les hommes souffrant de
DM. L’utilisation de stéroïdes par les hommes universitaires se situerait entre 1 % et 1,9 %
(Johnson, O’Malley, Bachman, Schulenberg, 2010; McCabe, Brower, West, Nelson, &
Wechsler, 2007). Bien que de plus en plus d’hommes demanderaient de l’aide
psychologique pour des problématiques liées à une insatisfaction par rapport à leur
musculature (Davey & Bishop, 2006; Morgan, 2002), très peu consultent spécifiquement
pour une DM (Olivardia, Pope, & Hudson, 2000). Cette population reste difficile à
rejoindre de par leur ambivalence entre continuer à s’approcher de leur idéal et nier les
conséquences inhérentes à leur condition et chercher de l’aide pour réduire leurs
préoccupations et leurs comportements dangereux impliquant toutefois de s’éloigner de leur
idéal corporel (Addis & Mahalik, 2003; Olivardia, 2001). En ce sens, cette problématique
semble égosyntonique au même titre que les TCA, ce qui peut rendre difficile la
reconnaissance d’une souffrance et d’une altération fonctionnelle. D’ailleurs plus le nombre
de symptômes de TCA ou de DM est élevé, plus le niveau de croyance positive par
rapport aux TCA ou à la DM est élevé (Griffiths, Mond, Murray, & Touyz, 2015). Il est
important aussi de considérer que les hommes présentant des conduites alimentaires
problématiques ne souffrent généralement pas de maigreur et ont plutôt un poids normal
comparativement aux femmes. Leurs problématiques alimentaires et leurs préoccupations
par rapport à l’apparence sont donc moins visibles et moins stigmatisantes. En effet, les
hommes qui présentent des conduites alimentaires problématiques subissent moins de
10
discrimination et leur condition est plus souvent vu positivement comparativement à des
femmes souffrant d’un TCA (Star, Hay, Quirk, & Mond, 2015).
Bien qu’il existe encore une certaine controverse par rapport à la conceptualisation
de la DM (Murray, Rieger, Touyz, & De la Garza Garcia, 2010), cette dernière a été
officiellement catégorisée comme un spécificateur de la dysmorphie corporelle dans le
Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 5ème édition (DSM-5), qui se
retrouve désormais dans la catégorie des troubles obsessionnels compulsifs (American
Psychiatric Association, 2013). Cette association entre la DM et le trouble de dysmorphie
corporelle a été appuyé par plusieurs auteurs (Chandler, Derryberry, Grieve, & Pegg, 2009;
Maida & Armstrong, 2005; Olivardia, 2001; Pope et al., 1997). Ces derniers décrivent
davantage la DM comme une préoccupation par rapport à un aspect spécifique du corps
(Olivardia, 2001). En effet, les muscles seraient l’objet d’une obsession menant à de
l’entrainement excessif et à des conduites alimentaires problématiques dans l’optique
d’augmenter la musculature. Les conduites alimentaires dysfonctionnelles ne seraient pas
au cœur du trouble, mais plutôt une conséquence de la DM. Pope et ses collaborateurs
(1997), qui ont formulé des critères diagnostiques (voir tableau 1), adhèrent davantage à
cette conceptualisation.
La classification de la DM dans les troubles de dysmorphie corporelle est bien
appuyée. La DM a une comorbidité importante avec le trouble de dysmorphie corporelle et
les troubles obsessionnels compulsifs (Maida & Armstrong, 2005; Olivardia, Pope, &
Hudson, 2000). Les hommes souffrant de DM, présentent des comportements compulsifs
comme les rituels de diètes, de l’exercice excessif et compulsif. De plus, la DM est associée
à une recherche importante de réassurance par rapport à la musculature. Les hommes
présentant cette problématique vérifient en moyenne jusqu’à dix fois par jour leur reflet
dans les miroirs et vont penser à leur musculature trois heures quotidiennement (Olivardia,
Pope, & Hudson, 2000). Toutefois, une étude de Pope et al. (2005) compare les
caractéristiques cliniques des hommes souffrant de DM et les hommes souffrant d’un
trouble de dysmorphie corporelle sans DM. Il en ressort que le portrait clinique des
hommes souffrant de DM est plus sévère que celui des hommes souffrant d’un trouble de
dysmorphie corporelle sans DM. En effet, hommes souffrant d’un trouble de dysmorphie
11
corporelle avec DM sont préoccupés par un plus grand nombre de parties de leur corps, ont
une moins bonne qualité de vie, font plus de tentatives de suicide et consomment plus de
substances que les autres troubles de dysmorphie corporelle. Récemment, une étude de
Nieuwoudt, Zhou,Coutts et Booker (2015) montre, chez des hommes universitaires, une
forte association entre les symptômes de la DM, de la dysmorphie corporelle et des TCA.
De plus, les participants à risque de présenter une DM étaient fréquemment à risque de
présenter une de ces deux pathologies. En effet, 5,6 % des participants présentait à la fois
une DM et une dysmorphie corporelle, tandis que 9,3 % des participants présentait une DM
et un TCA. Il existe donc une similarité des symptômes et une comorbidité tant avec le
trouble de dysmorphie corporelle qu’avec les TCA.
Tableau 1
Critères de la DM proposés par Pope en 1997
A. La préoccupation par rapport à l’idée que son corps est insuffisamment mince et
musclé. Les comportements caractéristiques associés à cette préoccupation inclus de
longues heures à lever des poids et une attention excessive à une diète.
B. La préoccupation est accompagnée d’au moins deux des manifestations suivantes :
1. L’individu rate ou abandonne fréquemment d’importantes activités
sociales, occupationnelles ou récréatives pour répondre à un besoin
compulsif de maintenir son horaire d’entrainement ou sa diète.
2. L’individu évite les situations dans lesquelles sont corps serait exposé
aux autres ou s’il ne les évite pas, ces situations sont vécues avec une
détresse marquée ou de l’anxiété intense.
3. La préoccupation par rapport à la musculature cause une souffrance ou
un dysfonctionnement cliniquement significatif dans au moins l’une des
sphères importantes de sa vie
4. l’individu continu de s’entrainer, de suivre sa diète ou d’utiliser des
substances pour augmenter ses performances malgré la connaissance
des effets néfastes physiques et psychologiques.
C. L’accent premier de la préoccupation et des comportements doit être par rapport à la
peur d’être trop petit ou de ne pas être assez musclé, qu’on distingue de la peur
d’être trop gros, comme pour l’anorexie, ou de la préoccupation par rapport un autre
aspect du corps, comme un trouble de dysmorphie corporel.
Note. Les critères de la DM sont tirés et traduits de Pope et al. (1997)
12
D’ailleurs, plusieurs auteurs persistent à conceptualiser la DM comme un TCA
(Grieve, 2007; Grieve, Truba, & Bowersox, 2009; Lamanna, Grieve, Derryberry, &
Hackman, 2010; Murray, Rieger, Touyz, & De la Garza García, 2010). Cette proposition
est aussi bien appuyée. Tout comme les TCA, la problématique de la DM se développe à
l’adolescence et l’objet de la préoccupation est conforme aux idéaux véhiculés dans
l’environnement socioculturel (Olivardia, 2001). Il existe une surreprésentation des femmes
dans les TCA étant donné que l’environnement socioculturel fait la promotion de la
minceur, alors qu’il y a une surreprésentation des hommes dans la DM compte tenu que
l’environnement socioculturel promeut la muscularité. Comme les TCA, la DM est centrée
sur un entrainement excessif et une diète rigide. Plusieurs études montrent que la DM
présente des symptômes similaires concernant l’alimentation et l’activité physique (Lopez,
Polak, Gonzales, Pona, & Lundgren, 2015; Murray et al., 2012; Tod & Edwards, 2014).
Une étude comparant des hommes souffrant d’anorexie et des hommes souffrant de DM
montre que ceux-ci présentent des niveaux de psychopathologie alimentaire et d’activité
physique similaires (Murray et al., 2012). En effet, ceux-ci ne se différenciaient pas par
rapport à la restriction alimentaire, aux préoccupations par rapport au poids et à la
silhouette et à l’exercice compulsif. D’ailleurs, une étude de Murray, Rieger, Karlov et
Touyz (2013) a exploré l’application du modèle transdiagnostique des TCA (Fairburn,
Cooper, & Shafran, 2003; Fairburn, 2008) à la DM. Ce modèle propose que tous les TCA
présentent le même « cœur pathologique », c’est-à-dire l’intolérance à la détresse, la faible
estime de soi, le perfectionnisme et les problèmes interpersonnels. Il en ressort que la DM
partage tous les facteurs centraux et communs des TCA à l’exception des problèmes
interpersonnels. Considérant qu’il y a une migration assez fréquente des diagnostics de
TCA au cours de la vie, (Ackard, Fulkerson, & Neumark-Sztainer, 2011; Peterson et al.,
2012), il est ainsi possible que la DM, qui présente aussi ce même « cœur pathologique »
soit une des formes vers laquelle le TCA puisse évoluer. D’ailleurs, afin de mieux
comprendre les processus sous-jacent, plusieurs modèles étiologiques de la DM ont été
inspirés de ceux faits pour les TCA.
Modèles étiologiques de la DM
13
Les modèles biopsychosociaux. La première conceptualisation étiologique de la
DM a été proposée par Olivardia (2001) qui suggérait que l’interrelation entre les
prédispositions génétiques, les facteurs biologiques (IMC et puberté), les facteurs
psychologiques (estime de soi et insatisfaction corporelle) et l’idéal de beauté véhiculé par
l’environnement socioculturel (médias, la famille et les pairs) expliqueraient le
développement de la DM. Ces facteurs étiologiques n’ont toutefois pas été représentés sous
la forme d’un modèle et consistaient en une liste de facteurs impliqués dans le
développement de la pathologie. D’autres auteurs se sont toutefois intéressés à certaines de
ces variables, prises isolément, en lien avec la DM. Pour ce qui est des facteurs biologiques
(IMC et puberté), par exemple, les études semblent démontrer que ces variables ont un rôle
restreint par rapport à l’insatisfaction corporelle des hommes et le développement de la DM
(Cafri et al., 2005; Leone et al., 2014). Au niveau génétique, une étude de jumeaux menée
dans le cadre de l’étude FinnTwin16 et portant sur 319 paires de jumeaux
monozygotes/dizygotes montre l’influence possible des gènes sur l’insatisfaction par
rapport aux muscles (Raevuori, Keski-Rahkonen, Rose, Rissanen, & Kaprio, 2006). Les
facteurs génétiques expliqueraient 40 % de la variance de l’insatisfaction musculaire
comparativement à 60 % pour l’environnement unique. L’environnement, quant à lui,
jouerait donc un rôle plus important que la génétique sur l’insatisfaction par rapport à la
musculature et, éventuellement, sur la DM. Par rapport à l’aspect psychologique, plusieurs
études ont établi que l’insatisfaction par rapport à la musculature et l’estime de soi sont des
prédicteurs des symptômes de DM chez les hommes (Ebbeck et al., 2009; Grieve &
Helmick, 2008; Lamanna et al., 2010). Enfin, plusieurs études appuient l’influence de
l’environnement socioculturel. En effet, les encouragements à devenir plus musclé et à
adopter des comportements pour atteindre cet objectif de la part des membres de
l’entourage (parents, pairs) et des médias sont associés à l’insatisfaction musculaire
(Karazsia & Crowther, 2009, Karazsia & Crowther, 2010; Tylka, 2011).
Suite aux travaux d’Olivardia et ses collaborateurs, Cafri et al. (2005) ont proposé
un modèle intégratif (voir figure 1) différent de celui d’Olivardia, surtout par la promotion
de variables relatives à l’environnement social de l’homme. Ce modèle propose que les
facteurs biologiques aient une influence sur des facteurs sociaux (l’influence des médias,
des parents et des pairs), ces derniers mèneraient à une insatisfaction corporelle en passant
14
par un processus de comparaison sociale du corps qui favoriserait au final l’adoption de
comportements à risque pour augmenter sa musculature. De plus, le fonctionnement
psychologique, défini dans le modèle par l’estime de soi et les affects négatifs, aurait une
relation bidirectionnelle avec les comportements à risque pour augmenter la musculature. Il
importe toutefois de souligner que ce modèle vise à prédire l’adoption de comportements à
risque associés à la DM (l’utilisation d’épinéphrine, de stéroïdes ou ses précurseurs et des
diètes pour prendre de la masse musculaire ou perdre de la masse adipeuse) et non la DM
elle-même.
Cafri, van den Berg et Thompson (2006) ont évalué les différentes variables de leur
modèle à l’aide d’une série de régressions. Les affects négatifs, l’influence des médias et la
participation à des sports ressortent comme les meilleurs prédicteurs de l’adoption de
comportements à risque associés à la DM. Ceci suggère donc que ces variables soient les
plus signifiantes chez les adolescents. Toutefois, les résultats de l’étude de Cafri et al.
(2006) ne permettent pas de déterminer si le modèle de Cafri et al. (2005) est adéquat,
puisque Cafri et al. (2006) n’ont pas fait d’analyses qui tiennent compte de l’ensemble des
variables simultanément afin de valider le modèle dans son ensemble, mais plutôt une série
d’analyses pour vérifier chacun des liens pris isolément.
Figure 1. Modèle étiologique des comportements du développement musculaire à risque de
Cafri et al. (2005)
15
Le modèle étiologique de Grieve. Grieve (2007) a proposé un modèle qui s’inspire
de celui de Cafri et al. (2005), mais visant à expliquer le développement de la DM plutôt
que ses manifestations, telles que l’utilisation de substances pour améliorer la musculature
et de diètes (voir figure 2). Cette troisième conceptualisation étiologique incorpore
plusieurs variables impliquées dans le développement des TCA comme l’internalisation du
modèle de beauté, l’estime de soi et le perfectionnisme, compte tenu de la ressemblance
entre les manifestations des TCA et la DM (Lamanna et al., 2010; Murray et al., 2010).
Grieve propose que l’interaction entre l’IMC et la participation à des sports influencerait
l’internalisation des idéaux de beauté qui, en retour, serait associée à l’estime de soi et à
l’insatisfaction corporelle. L’insatisfaction corporelle mènerait directement à la DM, mais
aussi en passant par les affects négatifs et le perfectionnisme. La faible estime de soi
mènerait aussi à la DM en passant par les affects négatifs. Certains auteurs ont postulé que
les conduites alimentaires et d’activité physique pourraient être des moyens de gérer et
d’exprimer des émotions négatives (Chandler et al., 2009; Ebbeck et al., 2009; Leone et al.,
2014).
Figure 2. Modèle étiologique de la DM de Grieve (2007)
Plusieurs études récentes ont évalué les diverses composantes du modèle de Grieve
(Grammas & Schwartz, 2009; Lamanna, et al., 2010; Petrie, Greenleaf, & Martin, 2010).
Toutefois, une seule étude a testé l’ensemble des variables sur une population d’hommes
16
universitaires à l’intérieur d’un modèle interrelié (Lamanna, et al., 2010). Cette étude a
effectué des analyses acheminatoires et supporte partiellement le modèle de Grieve. Plus
spécifiquement, les résultats de ces études confirment que l’internalisation de l’information
socioculturelle serait significativement associée à l’estime de soi et à l’insatisfaction
corporelle, qui serait à son tour un prédicteur de la DM. Le rôle médiateur des affects
négatifs sur la relation entre l’insatisfaction corporelle n’a pas été obtenu contrairement à ce
qui est observé pour les femmes (Grossbard, Atkins, Geisner, & Larimer, 2013; Stice,
2002). De plus, contrairement au modèle original, le perfectionnisme ne semble pas avoir
une position claire dans le modèle. Ce trait de personnalité serait lié à la DM par son
influence sur le désir d’être plus musclé. Ces résultats proposent d’ailleurs que la DM et les
TCA partagent une étiologie commune et des processus sous-jacents communs.
La personnalité : un nouveau champ d’intérêt.
Plusieurs auteurs se sont penchés sur les corrélats personnologiques afin de mieux
comprendre la DM (Davis, Karvinen, & McCreary, 2005; Kuennen & Waldron, 2007;
Grammas & Schwartz, 2009; Gordon & Dombeck, 2010). Ces études se sont
principalement inspirées des profils de personnalités des femmes souffrant d’un TCA pour
orienter la recherche. Entre autres, Davis et Scott-Robertson (2000) ont comparé des
« body-builders » à des femmes souffrant d’anorexie sur différents traits de personnalité.
Les « body-builders » présentaient des niveaux comparables aux femmes souffrant
d’anorexie et supérieurs à un groupe contrôle quant à la personnalité obsessionnelle
compulsive, la personnalité narcissique et le perfectionnisme.
D’autres études se sont intéressées directement aux facteurs de la personnalité en
lien avec le désir d’être plus musclé et la DM. Parmi ceux-ci, le névrosisme a été associé au
désir d’être plus musclé (Davis, Karvinen, & McCreary, 2005).). Le névrosisme aurait un
rôle d’amplificateur émotionnel qui ferait en sorte que les affects négatifs seraient plus
intenses et mettraient à risque de développer des comportements plus extrêmes afin de les
gérer.
Le perfectionnisme a aussi été étudié en lien avec la DM. Une étude de Murray,
Rieger, Karlov, & Touyz (2013) montre que le perfectionnisme est un prédicteur de la DM.
17
Toutefois, d’autres études proposent que le perfectionnisme ne prédise pas directement la
DM. En effet, l’étude de Kuennen et Waldron (2007) montre que le perfectionnisme est
seulement associé au symptôme d’exercice compulsif, tandis que celle de Maida et
Armstrong (2005) montre que le perfectionnisme est faiblement associé à la DM et ne
contribue pas significativement à la prédiction de la DM. De plus, sa forte association avec
le désir d’être plus musclé et l’internalisation de l’idéal musclé suggère plutôt que ce trait
soit impliqué dans les facteurs en amont de la DM (Dakanalis et al., 2014; Davis, Karvinen
& McCreary, 2005; Grammas & Schwartz, 2009; Lamanna et al., 2010).
Le narcissisme est un autre trait de personnalité qui a été étudié par rapport à la DM.
Certaines études n’ont pas trouvé de lien entre le narcissisme et le désir d’être plus musclé
et la DM (Davis, Karvinen, & McCreary, 2005; Kuennen & Waldron, 2007). Toutefois, ces
études n’ont exploré que la dimension grandiose du narcissisme et ont mis de côté la
dimension vulnérable. La dimension grandiose du narcissisme qui correspond à un
sentiment de supériorité, une estime de soi élevée et de la dominance (Ronningstam, 2009)
est plutôt associée à une plus grande estime de soi et moins de détresse psychologique
(Miller et al., 2010; Miller et al., 2011). Quant à la dimension vulnérable, celle-ci
correspond à un sentiment sous-jacent de supériorité, une inhibition sociale et une
hypersensibilité à la critique (Ronningstam, 2009). Lorsque ces deux dimensions sont
prises séparément, différentes associations à la DM ont été observées. En effet, le
narcissisme grandiose prédit alors le désir d’être plus musclé, tandis que le narcissisme
vulnérable prédit la DM, ainsi que les TCA (Gordon & Dombeck, 2010; Maples, 2011).
D’ailleurs, le narcissisme global a été associé à plusieurs des symptômes de la DM, ce qui
suggère une conjonction entre ce trouble et le narcissisme (Bruno et al., 2014; Gezer, 2014;
Hill, 2015). En effet, l’exercice excessif, l’utilisation de substances et l’anxiété sociale par
rapport au physique ont tous été associés au narcissisme.
Objectif général
En résumé, il est de plus en plus clair que les hommes subissent une forte pression
d’atteindre un corps idéal, ce qui génère chez plusieurs d’entre eux de l’insatisfaction
corporelle reliée à la musculature. Cette insatisfaction par rapport à la musculature peut
mener à la DM, cette pathologie étant considérée comme un trouble de dysmorphie
18
corporelle depuis quelques années (APA, 2013). Toutefois, plusieurs études récentes
mettent encore de l’avant la similarité importante entre la DM et les TCA (Lopez et al.,
2015; Murray et al., 2012; Tod & Edwards, 2014). Ces études dressent un portrait similaire
quant à leur symptomatologie et leurs caractéristiques. Ceci suggère donc que la DM puisse
avoir une étiologie similaire aux TCA. Toutefois, aucune étude ne s’est penchée sur
l’application d’un modèle étiologique propre aux TCA à la symptomatologie de la DM.
L’objectif de ce mémoire est de mieux comprendre les processus sous-jacents à la DM et
d’explorer l’applicabilité des facteurs explicatifs des TCA à la DM. Ainsi, ce mémoire
explore le rôle des influences socioculturelles sur le désir d’être musclé et les variables
impliquées dans le passage d’un désir d’être plus musclé vers l’adoption des symptômes de
la DM.
19
LES FACTEURS PSYCHOSOCIAUX RELIÉS À LA DYSMORPHIE
MUSCULAIRE
20
Résumé
L’objectif de cette étude consiste à explorer les processus sous-jacents menant à la
dysmorphie musculaire (DM). Étant donné que la DM partage plusieurs similarités
symptomatologiques avec les troubles des conduites alimentaires (TCA), le modèle
socioculturel de Stice (1994), originalement conçu pour expliquer les crises de boulimie,
sera appliqué aux symptômes de la DM. Le modèle propose que les influences
socioculturelles mènent à l’insatisfaction corporelle (au désir d’être plus musclé) qui mène
aux crises de boulimie (dans ce cas-ci à la DM) directement et indirectement en passant par
deux voies : la voie des affects négatifs et la voie comportementale. Pour ce faire, trois cent
quatre-vingt-six hommes ont été recrutés parmi les étudiants et les employés de l’Université
Laval et ont rempli des questionnaires en ligne. Des analyses acheminatoires ont été
effectuées pour tester le modèle initial de Stice et un modèle modifié. Les résultats
indiquent que le modèle de Stice a un bon ajustement, mais la voie des affects négatifs n’est
pas significative. Un modèle proposant le rôle modérateur du narcissisme vulnérable sur le
lien entre le désir d’être plus musclé et les affects négatifs présente un bon ajustement et
représente un meilleur modèle que l’original. Les influences sociales mènent donc au désir
d’être plus musclé qui lui mène directement à la DM. En plus de l’effet direct, le désir
d’être plus musclé a des effets indirects en passant par les affects négatifs (lorsque le
narcissisme vulnérable est élevé) et les stratégies pour augmenter la musculature. Ceci
suggère que la DM partage plusieurs facteurs et processus similaires à ceux des TCA.
21
Introduction
Les hommes subissent de plus en plus de pressions sociales afin d’avoir un corps
mince et musclé. Ce corps idéal est, entre autres, mis de l’avant par les médias qui en font
grandement la promotion (Ricciardelli, Clow, & White, 2010). Il n’est donc pas surprenant,
dans ce contexte, que les hommes soient de plus en plus insatisfaits de leur corps,
n’atteignant pas les standards promus. D’ailleurs, certaines études montrent que
l’insatisfaction des hommes par rapport à leur corps atteindrait des niveaux similaires à
ceux des femmes, qui elles, ont été associées à plusieurs reprises à des problématiques liées
à l’image corporelle et à l’alimentation (Frederick et al., 2007; Neighbors & Sobal, 2007;
Ricciardelli & McCabe, 2004). Ce désir d’être plus musclé peut s’intensifier en sévérité et
ainsi, mener au trouble de la dysmorphie musculaire (DM). La DM a été définie par Pope et
al. (1997) comme étant une préoccupation excessive par rapport à la musculature et
l’adoption de comportements alimentaires et d’exercices physiques associés à la poursuite
de la muscularité.
Récemment, la DM a été officiellement catégorisé, dans le manuel diagnostic et
statistique des troubles mentaux, 5ème édition, comme un spécificateur de la dysmorphie
corporelle, cette dernière faisant partie du spectre du trouble obsessionnel compulsif (DSM5; American Psychiatric Association, 2013). D’ailleurs, il existe une forte comorbidité entre
la DM et les troubles obsessionnels compulsifs et les troubles de dysmorphie corporelle
(Chung, 2001; Maida & Armstrong, 2005; Olivardia, Pope, & Hudson, 2000). La DM serait
donc une forme de dysmorphie corporelle dont l’objet de préoccupation est les muscles. En
effet, l’une des caractéristiques clés des troubles de dysmorphie corporelle consiste en une
obsession envahissante concernant l’apparence physique et des comportements répétitifs en
rapport à cette préoccupation. Les muscles seraient l’objet d’une obsession menant à de
l’entrainement excessif et à des conduites alimentaires rigides. Les conduites alimentaires
dysfonctionnelles ne seraient pas au cœur du trouble, mais plutôt comme une conséquence
de la DM et un moyen de réduire l’anxiété associée à l’apparence physique.
Malgré que les perturbations alimentaires soient considérées secondaires dans le
diagnostic (Olivardia, 2001), encore plusieurs auteurs font le parallèle entre la DM et les
TCA (Grieve, 2007; Grieve, Truba, & Bowersox, 2009; Lopez et al., 2015; Mosley, 2009;
22
Murray et al., 2010; Murray et al., 2012; Murray et al., 2013). Par exemple, l’étude de
Murray et al. (2010) dresse un portrait bien similaire entre la DM et les TCA. Cette revue
critique de la littérature concernant la catégorisation de la DM soulève que l’âge
d’apparition se situe autour de l’adolescence pour les deux troubles et que la
surreprésentation d’un genre tant pour les TCA que la DM est directement en fonction de la
pression sociale ressentie. En effet, les hommes étant bombardés par un idéal
mésomorphique développeraient une pathologie alimentaire et corporelle qui vise à
augmenter la musculature alors que les femmes tenteraient de se soumettre à l’idéal de
minceur promu.
Plusieurs études font aussi état de symptômes alimentaires chez la DM tels que la
restriction alimentaire et les préoccupations par rapport au poids et la silhouette (Grieve,
Truba, & Bowersox, 2009; Lopez, Polak, Gonzales, Pona, & Lundgren, 2015; Murray et
al., 2012). À cet effet, une étude de Murray et al. (2012) compare des hommes ayant un
diagnostic de DM et des hommes ayant un diagnostic d’anorexie mentale sur la
symptomatologie alimentaire et l’exercice compulsif. Les hommes souffrant de DM ne se
distinguent pas des hommes souffrant d’anorexie mentale par rapport à la restriction
alimentaire, aux préoccupations par rapport au poids et à la silhouette et l’exercice
compulsif. Ces résultats soulèvent donc que, non seulement les hommes présentant une DM
ont des conduites et des préoccupations alimentaires problématiques similaires aux hommes
présentant une anorexie mentale, mais aussi que l’exercice physique est aussi
problématique pour ces deux troubles.
En plus d’une symptomatologie similaire, la DM partage aussi les facteurs centraux
et communs des TCA. Murray, Rieger, Karlov et Touyz (2013) ont vérifié si les
composantes du modèle transdiagnostique des TCA (Fairburn, 2003) étaient applicables à
la DM. Ce modèle propose des composantes universelles entre les différents TCA. Ces
auteurs ont vérifié si ces composantes (les problèmes interpersonnels, l’intolérance à la
détresse, la faible estime de soi et le perfectionnisme) pouvaient prédire la
symptomatologie de la DM. Il en ressort que la DM est prédit par tous les facteurs centraux
et communs des TCA à l’exception de la présence des problèmes interpersonnels. Ces deux
pathologies présentent donc un portrait commun.
23
Étant donné que la DM et les TCA partagent le même « cœur pathologique », il est
probable que les mêmes processus sous-jacents soient impliqués quant à leur étiologie. Un
des modèle conceptuel le plus répandu pour expliquer le développement des TCA est le
modèle socio-culturel proposé par Stice (1994; 2002; voir figure 3). Ce modèle implique
que l’internalisation des pressions sociales demandant d’atteindre un idéal de minceur mène
à l’insatisfaction corporelle et subséquemment aux TCA. L’insatisfaction corporelle mène
aux TCA en passant par deux voies. La première est la voie affective qui propose qu’il y ait
une gestion des affects négatifs par les conduites alimentaires. La seconde voie est
comportementale et propose que la restriction alimentaire mène au TCA. Malgré que le
modèle de Stice n’ait pas été testé directement sur la DM et les préoccupations par rapport à
la musculature, des résultats appuient en partie cette proposition.
Figure 3. Modèle socioculturel de Stice (2002).
Une étude de Lamanna et al. (2010) évalue un modèle qui se rapproche de celui de
Stice sur des hommes et des femmes universitaires. Le modèle propose que les influences
socio-culturelles mènent à l’insatisfaction corporelle qui, elle, prédit directement ou
indirectement par les affects négatifs la DM et les TCA. Tout comme le propose Stice, les
résultats de cette étude montrent que les influences socio-culturelles mènent à
l’insatisfaction corporelle qui mène ensuite aux symptômes de DM. Toutefois, les affects
négatifs n’étaient pas un médiateur significatif de la relation entre l’insatisfaction corporelle
et la DM et la voie comportementale, telle que proposée par Stice, n’a pas été explorée dans
cette étude. Il serait donc nécessaire de mieux comprendre l’ensemble des facteurs qui
relient l’insatisfaction corporelle à la DM. Le modèle de Stice a déjà fait l’objet de
modifications afin de vérifier, entre autres, le rôle de la personnalité sur la relation entre
24
l’insatisfaction corporelle et les affects négatifs (Gagnon-Girouard et al., 2009). Cette étude
met en lumière l’effet de modération du névrosisme sur la relation entre l’insatisfaction
corporelle et les affects négatifs. L’ajout d’un facteur de la personnalité pourrait donc
permettre de mieux comprendre le lien entre l’insatisfaction corporelle, les affects négatifs
et la DM. Le narcissisme a été étudié à plusieurs reprises en lien avec la DM. Entre autres,
le narcissisme est lié à l’exercice excessif, l’utilisation de substances et différents
comportements à risques (Bruno et al., 2014; Hill, 2015). Il semble toutefois que le
narcissisme vulnérable soit plus étroitement lié aux affects négatifs (Miller et al., 2010), les
hommes affichant un haut niveau de narcissisme vulnérable sembleraient donc prompts à
vivre des affects négatifs, ce qui pourrait jouer un rôle modérateur pour la voie passant par
les affects négatifs.
La phénoménologie très proche de celle des TCA et les résultats prometteurs par
rapport à une étiologie commune entre la DM et les TCA suggèrent l’application d’une
compréhension de la DM basée sur
les TCA. L’étude a pour objectif de tester
l’applicabilité d’un modèle socioculturel de Stice aux symptômes de la DM. Le modèle
testé, adapté pour rendre compte des spécificités de la DM, propose que les influences
socioculturelles mènent au désir d’être plus musclé, qui lui, mène aux symptômes de la DM
directement et indirectement en passant par deux voies, soit la voie des affects négatifs et la
voie comportementale. De plus, le rôle de la personnalité dans le modèle explicatif de la
DM sera exploré. Plus précisément, le rôle modérateur du narcissisme vulnérable sur la
voie des affects négatifs sera exploré. Il est donc attendu que le modèle de Stice présente un
bon ajustement et que celui-ci explique de façon adéquate les symptômes de la DM.
Méthodologie
Participants
Trois cent quatre-vingt-six hommes étudiants universitaires et employés de
l’Université Laval ont été recrutés. L’âge moyen des participants est de 24,22 ans
(ÉT=4,39). Les participants sont principalement caucasiens (91,8 %) et d’origine
canadienne (90,0 %). Ils sont étudiants à temps plein (71,3 %) ou travaillent à temps plein
(20,9 %) en majorité, tandis que certains travaillent à temps partiel (6,5 %) et 1,1 % sont
sans emploi ou en arrêt de travail. L’IMC des participants s’échelonne de 14,92 à 34,09
25
avec une moyenne de 24,70 kg/m2 (ÉT=4,36). Parmi les participants, 88,9 % rapportait être
préoccupés par leur apparence (48,1 %) par rapport à leur musculature, 15,1 % par rapport
à leur gras corporel et 36,8 % par rapport à leur musculature et leur gras corporel.
Procédure
Les participants ont été rejoints à l’aide de la liste de courriel des étudiants et des
employés de l’Université Laval. Le courriel faisait mention du but de l’étude qui était de
répondre à des questionnaires en ligne concernant les facteurs psychosociaux impliqués
dans le développement de la DM, et proposait un lien les redirigeant aux questionnaires en
ligne sur le site de sondage Surveymethods (www.surveymethods.com). Il était alors
demandé aux participants de remplir la batterie de questionnaires sur une base volontaire et
sans aucune compensation. Les participants ont répondu de façon anonyme aux
questionnaires et un numéro de participant leur a été attribué selon leur ordre de
participation. Les données étaient automatiquement saisies dans une base de données
informatisée.
Instruments de mesure
Les données sociodémographiques, incluant l’âge, l’IMC, l’ethnie, l’occupation, le
revenu brut annuel, ainsi que le niveau d’éducation des participants, ont été recueillies à
l’aide d’un questionnaire maison.
Pressions sociales. Une version traduite en français de la Perceived Sociocultural
Pressure Scale (PSPS; Stice, Ziemba, Margolis, & Flick, 1996) a été utilisée pour évaluer la
pression perçue par les hommes d’avoir une silhouette mésomorphique par rapport à quatre
différentes sources : leur parent, ami, conjointe et les médias. L’outil original consistait en
huit questions, deux pour chaque source d’influence qui demandaient aux participants : (1)
à quel point ils ont senti la pression de perdre du poids et (2) à quel point ils ont perçu un
message clair demandant d’avoir un corps mince de la part de ses sources. Cette version a
été validée auprès d’hommes universitaires. La version modifiée substitue les mots « perdre
du poids » du premier énoncé pour « être plus musclé et mince » et le mot « mince » du
deuxième énoncé pour « musclé et mince ». Les items sont sur une échelle de type Likert
de 1 (jamais) et 5 (toujours). Le score moyen des deux items par source d’influence permet
26
d’obtenir le score de la pression sentie d’être plus musclé. L’alpha de Cronbach rapportée
dans la littérature pour l’échelle totale est de 0,86 et pour les sous-échelles sont de 0,95
(amis), de 0,92 (parents), de 0,88 (médias) et de 0,89 (conjoint(e); Tylka, 2011). La
cohérence interne pour la présente étude est de 0,78 pour l’échelle totale (parents = 0,78;
amis = 0,75; médias = 0,84; conjointe = 0,90).
Internalisation de l’idéal musclé. Les deux sous-échelles d’internalisation
(internalisation générale et internalisation athlétique) de la version francophone du
Sociocultural Attitudes Toward Appearance Questionnaire (SATAQ-3; Thompson, van den
Berg, Roehrig, Guarda, & Heinberg, 2004) traduite et validée auprès d’adolescents par
Rousseau et Valls (2010) ont été utilisées pour mesurer l’internalisation de l’idéal
mésomorphique. L’internalisation générale contient neuf items et consiste à l’assimilation
des standards de beauté diffusés par les médias à travers les magazines et la télévision (par
ex., « J’aimerais que mon corps ressemble à celui des personnes qu’on voit à la
télévision »). L’internalisation athlétique contient cinq items et renvoie à l’intégration des
normes corporelles des figures sportives et athlétiques (par ex., « Je souhaite avoir l’air
aussi musclé que les sportifs célèbres »). Tous les items sont sur une échelle de type Likert
(où 1 = totalement en désaccord et 5 = totalement en accord) et la moyenne des items
permet d’obtenir le score de chaque échelle. Un score élevé indique une plus grande
acceptation de l’idéal de beauté véhiculé par la société. Les alphas de Cronbach sont de
0,83 pour l’internalisation générale et 0,81 pour l’internalisation athlétique (Rousseau &
Valls, 2010). La cohérence interne pour cette étude était de 0,95 pour l’échelle générale et
0,86 pour l’échelle athlétique.
Affects négatifs. La sous-échelle affect négatif de la version francophone du
Positive and Negative Affect Scale (PANAS; Watson, Clark, & Tellegren, 1988) traduite et
validée auprès d’athlètes par Gaudreau, Sanchez et Blondin (2006) a été utilisée pour
évaluer les affects négatifs au cours du dernier mois. Ce questionnaire autorapporté contient
dix items sur une échelle de type Likert (où 1 = Très peu ou pas du tout en accord et 5 =
Extrêmement en accord) et la sommation des items donne un score total. La version
originale a été validée auprès d’hommes universitaires. Un score total élevé indique une
27
affectivité négative élevée. L’alpha de Cronbach de cette sous-échelle est de 0,91 (Watson,
Clark, & Tellegren, 1988). Pour ce qui est de la présente étude, l’alpha est de 0,88.
Stratégies visant à augmenter la musculature. Une version traduite de la Muscle
Building Techniques Scale (MBTS; Smolak, Murnen, & Thompson, 2005) a été utilisée
pour évaluer la fréquence de l’implication dans des stratégies visant à augmenter sa
musculature. Cinq techniques utilisées au cours de la dernière année (l’exercice, la
musculation, manger plus, prendre des vitamines ou des suppléments et l’utilisation de
stéroïdes ou d’autres drogues de performance) sont mesurées sur une échelle de Likert
allant de 1 (jamais) à 5 (toujours). Un score total est obtenu en effectuant la somme de
chaque item et un score élevé correspond à une plus grande fréquence de l’utilisation de
stratégies visant à augmenter sa musculature. Cet outil présente une cohérence interne
adéquate (α = 0,75; Smolak, Murnen, & Thompson, 2005). La cohérence interne pour la
présente étude est de 0,75.
Narcissisme. La sous-échelle dimension vulnérable de la version francophone du
Pathological Narcissism Inventory (PNI; Pincus et al., 2009) traduite et validée auprès
d’étudiants universitaires par Da Silva Luis (2014) a été utilisé pour mesurer les traits de
personnalité narcissique (par ex., « Je suis le meilleur, car je me sacrifie pour les autres »).
Ce questionnaire autorapporté est constitué de 52 items sur une échelle de type Likert (où 1
= je ne suis vraiment pas comme cela et 6 = je suis vraiment comme cela) et la moyenne
des items permet d’obtenir un score de narcissisme pathologique. Les items sont répartis
selon deux dimensions du narcissisme : la dimension grandiose (tendance à exploiter les
autres, sacrifice de soi/amélioration de soi et fantaisies grandioses) et la dimension
vulnérable (estime de soi contingente, le soi caché, dévaluation et droit à la rage) (Wright,
Lukowitsky, Pincus & Conroy, 2010). Un score élevé indique un haut niveau de
narcissisme. Les alphas de Cronbach obtenu lors de la validation originale (Writh et al.
2010) est de 0,93 pour la dimension vulnérable et de 0,84 pour la dimension grandiose. La
cohérence interne pour la présente étude est de 0,93 pour la dimension vulnérable.
Désir d’être plus musclé. La version francophone de la Drive for Muscularity
Scale (DMS; McCreary & Sasse, 2000) a été utilisée pour mesurer les attitudes et les
comportements qui reflètent une préoccupation par rapport à l’augmentation de la
28
musculature (par ex., « Je crois que mes bras sont trop petits »). Ce questionnaire contient
15 items sur une échelle de type Likert (où 1 = Jamais et 6 = Toujours) et la moyenne des
items permet d’obtenir un score de désir d’être musclé. Les items sont répartis sur deux
sous-échelles : l’image corporelle orientée vers les muscles (attitudes) qui contient sept
items et les comportements orientés vers les muscles (comportements) qui contient huit
items. Un score élevé indique un plus grand désir d’être musclé. Cet outil a été validé
auprès d’adolescents et d’hommes universitaires. Les alphas de Cronbach sont les suivants :
0,87 (échelle totale), 0,88 (sous-échelle image corporelle) et 0,81 (sous-échelle
comportements) (McCreary & Sasse, 2000). La cohérence interne pour la présente étude est
de 0,90 pour l’échelle totale, de 0,91 pour l’échelle image corporelle et de 0,88 pour
l’échelle comportements.
Symptôme de DM. Une version francophone du Muscle Dysmorphic Disorder
Inventory (MDDI; Hildebrandt, Langenbucher, & Schlundt, 2004) a été utilisé pour évaluer
les symptômes de la DM. Ce questionnaire autorapporté est constitué de 13 items sur une
échelle de type Likert (où 1 = jamais et 5 = toujours) et permet d’évaluer les cognitions, les
émotions et les comportements liés à l’image corporelle. Cet outil comporte trois souséchelles : le désir d’avoir une silhouette plus musclée (préoccupation d’être trop petit et
insuffisamment musclé), l’anxiété par rapport à l’apparence et au dévoilement du corps
(croyances négatives par rapport à son corps) et l’altération du fonctionnement
(conséquences négatives de la routine d’entrainement). La moyenne des sous-échelles
permet d’obtenir un score global de la DM. La validation auprès d’hommes pratiquant la
musculation (Hildebrandt, Langenbucher, & Schlundt, 2004) montre une bonne cohérence
interne tant pour les sous échelles (α = 0,77 à 0,85) que pour le score global (α = 0,81). La
cohérence interne pour la présente étude est de 0,79 pour l’échelle totale et les souséchelles avaient une bonne cohérence interne (α = 0,76 à 0,86).
Analyses statistiques
Les analyses ont été réalisées à l’aide des progiciels SPSS et MPlus (Muthén &
Muthén, 2012). Tout d'abord, des analyses corrélationnelles ont été effectuées pour vérifier
la présence de liens significatifs entre les variables du modèle. Pour répondre aux objectifs
de l’étude, le modèle explicatif de la DM a été testé à l’aide d’analyses acheminatoires
29
(path analysis) sur l’ensemble des participants. L’ajustement des modèles, c’est-à-dire leur
capacité de représenter adéquatement les données recueillies, a été testé à l’aide des indices
suivants : l’indice d’ajustement comparatif (Comparative Fit Index; CFI), l’indice de
Tucker Lewis (Tucker Lewis
Index; TLI), l’erreur quadratique moyenne de
l’approximation (Root Mean Square Error of Approximation; RMSEA), le résidu
quadratique moyen standardisé (Standardized Root Mean Square Residual; SRMR) et le χ2
normé. Des valeurs supérieures à 0,90 et 0,95 pour le CFI et le TLI indiquent un ajustement
satisfaisant et excellent (Hoyle, 1995), tandis que pour des valeurs de 0,80 et moins pour le
RMSEA et le SRMR sont acceptables (Browne & Cudeck, 1993). Le χ2 normé doit s’avérer
non significatif pour indiquer un bon ajustement. Les données manquantes ont été estimées
à l’aide de la méthode de maximum de vraisemblance à information complète (full
information maximum likelihood – FIML; Enders & Bandalos, 2001). Les procédures de
bootstrap ont été utilisées afin de tester les effets indirects. Pour ce faire, 1000 échantillons
aléatoires ont été générés afin d’obtenir un intervalle de confiance bootstrap à 95 %
(Edwards & Lambert, 2007).
Résultats
Les moyennes et écart-types des différentes variables sont présentés dans le tableau
2. Le tableau 3 fait état de la présence de relations significatives entre les variables
socioculturelles, le désir d’être plus musclé, le narcissisme, les affects négatifs, les
stratégies pour augmenter la musculature et les symptômes de la DM.
Des analyses acheminatoires ont été réalisées à l’aide de MPlus afin de tester le
modèle original de Stice. Les indices d’ajustement indiquent que le modèle a un bon
ajustement (CFI = 0,999, TLI = 0,992, RMSEA = 0,024, SRMR = 0,012). Le χ2 normé est
de 1,214 (1 dl), p = .271), ce qui suggère un bon ajustement. Toutefois, l’effet indirect du
désir d’être plus musclé sur la DM passant par les affects négatifs n’est pas significatif (β =
0,026, IC À 95 % [-0,002, 0,066]). Le modèle de Stice a ensuite été testé avec l’ajout du
narcissisme vulnérable comme modérateur de la relation entre le désir d’être plus musclé et
les affects négatifs. À nouveau, les indices d’ajustements indiquent que le modèle a un bon
ajustement (CFI = 0,984, TLI = 0,950, RMSEA = 0,048, SRMR = 0,034). Le χ2 normé est
de 15,158 (8 dl), p = .0561), ce qui suggère un bon ajustement. Afin de vérifier si l’ajout du
30
narcissisme vulnérable comme modérateur de la relation entre le désir d’être plus musclé et
les affects négatifs est significatif, une différence de χ2 normé a été calculée pour le modèle.
Pour ce faire, les paramètres ajoutés par la modification du modèle (le narcissisme
vulnérable et l’interaction du narcissisme vulnérable et le désir d’être plus musclé) ont été
fixés à zéro ce qui a permis de calculer un χ2 normé . Le modèle présente alors un χ2 normé
de 99,422 (14 dl), p < .0001. La différence de χ2 entre le modèle testé et le modèle où les
paramètres ajoutés ont été fixés à zéro a ensuite été normé calculée à l’aide de l’estimation
du maximum de vraisemblance robuste (Maximum Likelihood Estimator with robust
standard errors; MLR). La différence de χ2 normé est de 89,85 (6 dl), p < .0001. Ceci
suggère alors que le modèle final est supérieur au modèle initial et que l’ajout du
narcissisme est justifié par le fait que l’effet indirect passant par les affects négatifs devient
significatif.
Tableau 2
Moyennes et écarts-types des variables du modèle
N
M
ET
PSPS
271
1,81
0,657
SATAQ
272
46,31
14,206
DMS
311
3,96
1,266
PNI_V
273
2,10
0,778
PANAS
271
20,66
7,715
MBTS
366
13,77
4,276
MDDI_DSM
278
11,11
4,726
MDDI_AD
277
4,44
3,720
MDDI_AF
276
3,95
3,918
MDDI_Total
269
19,48
8,410
PSPS = Pression sociales; SATAQ = Internalisation; DMS = Désir d’être plus musclé;
PNI_V = Narcissisme vulnérable; PANAS = Affects négatifs; MBTS = Stratégie afin
d’augmenter la musculature; MDDI_DSM = DM Désir d’avoir une silhouette plus musclée;
MDDI_AD = DM Anxiété par rapport à l’apparence et au dévoilement du corps;
MDDI_AF = DM Altération du fonctionnement; MDDI_Total = DM échelle totale
31
Tableau 3
Corrélations entre les variables du modèle
PSPS SATAQ DMS PNI_V PANAS MBTS
PSPS
1
SATAQ
DMS
PNI_V
PANAS
MDDI_DSM MDDI_AD MDDI_AF MDDI_Total
0,282**
0,274** 0,286**
0,348**
0,032
0,248**
0,372**
0,079
0,347**
1
0,463** 0,350**
0,210**
0,351**
0,493**
0,257**
0,372**
0,565**
0,321**
0,232**
0,277**
0,773**
0,272**
0,251**
0,678**
1
0,493**
0,104
0,333**
0,353**
0,252**
0,464**
1
0,001
0,261**
0,379**
0,139*
0,385**
1
0,319**
-0,110
0,578**
0,403**
1
0,141*
0,357**
0,791**
1
0,022
0,534**
1
0,676**
1
MBTS
MDDI_DSM
MDDI_AD
MDDI_AF
MDDI_Total
1
* p < .05; ** p < .001.
32
Le modèle et les coefficients standardisés sont représentés à la figure 4. Les
analyses des effets indirects ont été réalisées à l’aide des procédures bootstrap. La pression
sociale d’être plus musclé prédit directement le désir d’être plus musclé (β = 0,157) et
indirectement en passant par l’internalisation de l’idéal promu (β = 0,129, IC À 95 %
[0,077, 0,201]). Plus les hommes sentent de la pression d’être plus musclé, plus ils vont
internaliser l’idéal de beauté promu et plus ils vont désirer être musclé. Le désir d’être plus
musclé est aussi directement lié à la DM (β = 0,472) et indirectement par la voie des
stratégies visant à augmenter la musculature (β = 0,031, IC À 95 % [0,003, 0,072]). Plus les
hommes désirent être musclé, plus ils vont intensifier leur recours à un ensemble de
stratégies et plus ils seront à risque de développer la DM. L’effet indirect passant par la
voie des affects négatifs n’est pas significatif (β = 0,026, IC À 95 % [-0,002, 0,06]), mais la
médiation modérée par le narcissisme vulnérable est significative (β = 0,037, IC À 95 %
[0,006, 0,082]). Donc les hommes qui désirent être plus musclés ne vivent pas
nécessairement plus d’affects négatifs. Toutefois, chez les hommes présentant un
narcissisme vulnérable élevé, plus ils désirent être musclés, plus ils vont vivre des affects
négatifs et plus ils seront à risque de développer la DM. L’effet indirect est conditionnel à
une valeur élevée de narcissisme vulnérable (1 écart-type de la moyenne) pour être
significatif. Le modèle explique 64 % de la variance de la DM. Ceci suggère que
l’ensemble des variables et leurs relations qui sont proposées dans le modèle expliquent une
grande partie de la variance des symptômes de la DM.
Figure 4. Modèle de Stice modifié visant à prédire la DM avec les coefficients standardisés.
33
Discussion
L’objectif de cette étude était de vérifier la validité empirique du modèle
socioculturel de Stice adapté afin de prédire la DM chez un échantillon d’hommes
universitaires. Il s’agit de la première étude qui a testé dans son ensemble un modèle
étiologique des TCA afin d’examiner les processus menant à la DM. En effet, les études
précédentes n’avaient examiné que des facteurs isolément ou des parties de modèle. Il était
attendu que les variables socio-culturelles mèneraient au désir d’être plus musclé qui
mènerait à la DM directement, mais aussi indirectement en passant par deux voies (les
affects négatifs et les stratégies pour augmenter la musculature). Les résultats vont dans le
sens de nos hypothèses et sont congruents avec la documentation actuelle (Franko et al.,
2015; Karazsia & Crowther, 2009). La relation entre la pression sociale d’être plus musclé
et l’insatisfaction corporelle (a.i. le désir d’être plus musclé) de même que la médiation de
ce lien par l’internalisation de l’idéal musclé montre bien l’importance de l’influence socioculturelle sur l’image corporelle des hommes. Les jeunes hommes subissent une pression
importante de la part de leur entourage afin d’avoir un corps plus musclé et mieux découpé
et les médias participent activement à la promotion de ce corps idéal (Frederick, Fessler,
Haselton, 2005; McCabe et al., 2015; Ricciardelli, Clow, & White, 2010). L’internalisation
de l’idéal musclé reflète bien le processus par lequel les hommes vont adopter ou intégrer la
représentation sociale du corps idéal musclé. En internalisant l’idéal musclé promu, ces
hommes vont désirer s’en rapprocher et seront à risque de ressentir de l’insatisfaction face à
leur propre corps.
Tel qu’attendu, les résultats confirment l’importance du désir d’être plus musclé
comme variable centrale de la DM. En effet, le désir d’être plus musclé présente un effet
direct et significatif sur la DM. Le désir d’être plus musclé semble pousser les hommes à
modifier leur corps et utiliser des moyens parfois extrêmes pour y parvenir. En plus de
l’effet direct, deux voies menant à la DM ont été observées. Une voie affective passant par
les affects négatifs et une voie comportementale passant par les stratégies visant à
augmenter la musculature.
Les résultats concernant la voie passant par les affects négatifs sont similaires à
ceux observés dans les études précédentes sur la DM (Lamanna et al., 2010). Les affects
34
négatifs ne ressortent pas comme un médiateur significatif de la relation entre le désir d’être
plus musclé et la DM. Ce n’est donc pas tous les hommes présentant un fort désir d’être
plus musclé qui auront une affectivité négative importante les menant à la DM. Lamanna et
ses collègues ont proposé (2010) que l’insatisfaction corporelle des hommes puisse ne pas
être associée à des affects négatifs globaux, mais plutôt à des affects négatifs spécifiques
liés au corps. En dépit de cette hypothèse qui porte plus spécifiquement sur la mesure du
construit, nos résultats montrent que la présence d’une vulnérabilité narcissique pourrait en
partie expliquer la présence du lien entre le désir d’être plus musclé et les affects négatifs.
Les hommes affichant un narcissisme vulnérable élevé et qui sont plus insatisfaits de leur
corps vont vivre plus d’affects négatifs, ce qui les met plus à risque de présenter la DM. Il a
déjà été démontré que les hommes présentant un niveau élevé de narcissisme vulnérable
tendent à ressentir un fort sentiment de honte face aux échecs personnels, aux critiques et
lorsque l’image de soi ne correspond pas à un idéal (Bessner & Priel, 2010). Cette
sensibilité quant à leur image de soi pourrait ainsi faire en sorte que leur apparence
physique soit plus importante dans la représentation qu’ils ont d’eux-mêmes. Ces hommes
pourraient ne pas avoir un éventail suffisant de stratégies permettant de gérer l’anxiété liée
à l’image et maintenir une bonne estime de soi. Ils pourraient ainsi se tourner vers des
stratégies non adaptatives telles que d’éviter de dévoiler son corps, de se comparer et de
mettre son corps en valeur afin de réguler les affects en lien avec une perception négative
d’eux-mêmes et ainsi les protéger des menaces à leur estime de soi (Amin, Strauss, &
Waller, 2014; Waller, Sines, Meyer, & Mountford, 2008). En ce sens, il est possible que la
fragilité narcissique de certains hommes les amèneraient à ressentir davantage d’affects
négatifs, mais aussi à faire usage de stratégies non adaptées pour gérer ces affects négatifs
et les menaces à leur estime de soi (Hill, 2015; Miller et al., 2010; Pincus, 2009).
La voie comportementale passant par l’utilisation de stratégies pour augmenter la
musculature est aussi supportée. Les hommes ayant un fort désir d’être plus musclés vont
s’investir dans des stratégies visant à augmenter la musculature comme augmenter le
nombre de séances d’entrainement, adopter une diète particulière ou consommer
des suppléments alimentaires. En effet, l’internalisation de l’idéal de beauté et une forte
insatisfaction corporelle prédisent l’adoption de pratiques d’exercice excessives et une
augmentation des comportements de diète (Homan, 2010). Les stratégies visant à
35
augmenter la musculature prendraient donc de plus en plus de place dans l’emploi du temps
et amèneraient ces hommes à se retirer de leur vie sociale et professionnelle (un critère
diagnostique de dysfonctionnement central pour la DM). Un plus grand investissement du
corps peut ainsi mener à une obsession grandissante vis-à-vis l’atteinte d’un corps idéal.
En terminant, bien que cette étude ait permis de faire un parallèle entre les processus
explicatifs des TCA et de la DM, elle présente toutefois certaines limites. Cette étude est
effectuée à l’aide d’un devis transversal. L’absence de données longitudinales ne permet
pas d’affirmer la présence d’une relation de cause à effet entre les variables, ni même de
pouvoir statuer sur le rôle étiologique de ces facteurs. Des études subséquentes conduites à
l’aide d’un devis longitudinal seraient donc nécessaires afin de pouvoir conclure à des
processus étiologiques. De plus, l’échantillon de l’étude est constitué en quasi-totalité
d’hommes universitaires caucasiens, ce qui rend difficile la généralisation à d’autres
groupes ethniques et à d’autres tranches d’âge. De même, bien qu’il s’agisse d’une étude
portant sur la DM, un trouble clinique répertorié dans le DSM-5, les hommes recrutés ne
proviennent pas du milieu clinique. Les hommes souffrant de DM consultent peu pour cette
problématique, d’où la difficulté de recruter directement au sein de cette population
clinique. Les résultats de l’étude permettent quand même de dresser un portrait des
préoccupations corporelles des hommes de la population générale et des processus menant
à la DM. Finalement, une réplication des résultats de cette étude auprès d’une population
plus jeune qui est à risque de développer la DM serait intéressante.
Conclusion
Les pressions sociétales incessantes en vue d’atteindre un corps idéal que l’on a longtemps
étudié chez les femmes semblent être de plus en plus présentes chez les hommes. La DM
semble être une problématique très proche des TCA de par ces facteurs communs. En effet,
le modèle socioculturel développé pour les TCA qui propose que l’influence socioculturelle mène à une insatisfaction corporelle qui prédispose à présenter une
problématique alimentaire semble applicable à la DM. Les stratégies visant à augmenter la
musculature et les affects négatifs qui découlent du désir d’être plus musclé sont des voies à
part entière qui mettent à risque de présenter la DM et soulèvent l’hypothèse de trajectoires
différentes qui peuvent mener à la DM. La personnalité peut rendre vulnérables certains
36
hommes à développer la DM. Des recherches subséquentes sont nécessaires afin
d'améliorer la compréhension de cette problématique et de développer des stratégies
préventives et de traitement efficaces pour cette clientèle.
37
Conclusion générale
Les travaux du présent mémoire sont réalisés dans le cadre du laboratoire
d’évaluation et d’intervention sur les problématiques du poids dont l’objectif est de parfaire
les connaissances à propos des problématiques liées aux préoccupations corporelles et des
conduites alimentaires qui s’y rattachent. Dans ce contexte, nous nous attardions au
penchant masculin des préoccupations par rapport à l’apparence et nous tentions
d’approfondir la compréhension de ce phénomène grandissant. Les résultats de la présente
étude montrent un recoupement important entre les facteurs sous-jacents de la DM et ceux
des TCA. En effet, ils font la démonstration que le modèle socioculturel de Stice (2002) est
applicable à la DM et que ce dernier peut être utilisé afin de mieux comprendre les
processus explicatifs sous-jacents à la DM. Ceci implique donc que, tout comme pour les
femmes, les messages diffusés par les médias de même que les pressions
environnementales semblent influencer l’image que les hommes ont d’eux-mêmes. En ce
sens, l’internalisation du corps idéal promu par l’environnement socioculturel génère de
l’insatisfaction corporelle et un désir d’être plus musclé. Cette insatisfaction est liée
directement et indirectement à la DM, notamment via les affects négatifs lorsqu’il y a
présence d’une vulnérabilité narcissique et via les stratégies compensatoires visant à
augmenter la musculature. Au même titre que la restriction alimentaire pour les TCA, les
différentes stratégies (p. ex., l’entrainement musculaire, la diète pour augmenter la
musculature) alimentent l’obsession liée au corps et dicte le mode de vie de ces hommes
surinvestis.
Dans l’ensemble, les résultats du présent mémoire font ressortir l’importance de
l’insatisfaction corporelle chez les hommes. Or, l’impact de cette insatisfaction corporelle
est présentement sous-estimé par la société. Il est en effet significativement moins
stigmatisant pour les hommes de s’entraîner excessivement et de suivre une diète pour
favoriser la prise de muscles que pour les femmes de souffrir d’un TCA (Star et al., 2015).
La maigreur que l’on peut observer chez les femmes souffrant d’un TCA est plus visible et
plus alarmante que la musculature qui se développe chez les hommes. Il est socialement
accepté et positif d’adopter un mode de vie sain, impliquant l’activité physique et une
alimentation saine. Toutefois, lorsque le désir d’être musclé est excessif, ce dernier
s’accompagne de conséquences négatives sur la santé physique et psychologique. En effet,
38
l’ensemble des préoccupations entourant le corps peut générer beaucoup de détresse, que ce
soit des symptômes dépressifs ou bien de l’anxiété par rapport à l’apparence (McCreary &
Saucier, 2009; Nowell & Ricciardelli, 2008). En ce sens, les hommes souffrant de DM
peuvent vivre des difficultés importantes, mais demeurent peu enclins à en parler (Addis &
Mahalik, 2003). Entre autres, en raison des normes sociales quant à la masculinité, cela
peut faire en sorte que les hommes consultent moins et partagent moins leur détresse
(Leone et al., 2014).
L’influence sociale et médiatique n’est toutefois pas la seule source menant à la
DM. Ce ne sont pas toutes les personnes exposées aux modèles musclés qui développent la
DM. Il y a d’autres facteurs qui rendent les gens vulnérables à cette pathologie. Cette étude
met d’ailleurs en lumière des indicateurs de risque qui peuvent être observés. La présence
des affects négatifs est liée à la DM, plus spécifiquement chez un groupe d’hommes à
risque, soit ceux présentant un narcissisme vulnérable plus élevé. Ceci vient donc bonifier
le modèle original et propose que les hommes ayant une plus grande sensibilité à la honte et
à l’échec sont plus à risque de vivre des affects de frustration, de déprime ou d’anxiété face
à leur corps. On remarque aussi que les hommes qui utilisent un plus grand nombre et de
façon plus fréquente les stratégies afin d’augmenter leur musculature sont plus à risque. Il
est d’ailleurs alarmant d’observer une escalade dans les dernières années par rapport à
l’utilisation de substances pour favoriser la prise de masse musculaire (McCabe &
Ricciardelli, 2004; Karazsia et al., 2013). Les protéines sont une porte d’entrée pour la
consommation de substances plus néfastes. Les hommes vont consommer davantage de
protéines et éventuellement consommer des substances plus risquées comme les stéroïdes
anabolisants. Il existe actuellement peu de données sur les effets secondaires des
suppléments alimentaires sur la santé, entre autres, en raison de la grande diversité des
produits sur le marché. Ceci n’est cependant pas le cas pour les substances plus néfastes
telles que les stéroïdes anabolisants (Kanayama, Hudson, et Pope, 2008). En effet, une
multitude de complications à long terme au niveau cardiovasculaire, neuroendocrinien et
psychologique ont été constatées chez les consommateurs de stéroïdes anabolisants. Ainsi,
il est important de favoriser un meilleur enseignement des bonnes pratiques d’activité
physique et alimentaire, surtout auprès d’une population à risque de développer la
pathologie.
39
D’un point de vue conceptuel, la présente étude soulève à nouveau la possibilité que
la DM soit mieux représentée par un TCA que par un trouble de dysmorphie corporelle en
dressant un important parallèle entre les TCA et la DM quant aux processus sous-jacents et
aux facteurs explicatifs. Nos résultats appuient ceux de d’autres études allant dans le même
sens. Par exemple, certains chercheurs font état de la présence de conduites alimentaires
problématiques (p. ex., la restriction alimentaire et des épisodes de boulimie) chez les
hommes souffrant de DM, et ce, à des niveaux comparables à ce qui est observé chez
hommes souffrant de TCA (Grieve, Truba, & Bowersox, 2009; Lamanna et al., 2010;
Murray et al., 2012; Murray et al., 2013; Mosley, 2009). Également, les cliniciens tendent à
classifier la DM comme un TCA aux dépends de la classification actuelle lorsqu’ils sont
confrontés aux manifestations du trouble. En effet, une étude de Murray et Touyz (2013),
qui demandait à des cliniciens d’émettre une impression diagnostique sur une vignette
concernant un homme souffrant de DM, montre que les cliniciens donnaient davantage un
diagnostic de TCA à la vignette (dans 40% des cas) qu’un diagnostic de trouble de
dysmorphie corporelle (dans 4% des cas). Aussi, récemment, une étude de cas montre
même les effets positifs d’un traitement typique des TCA chez un jeune homme ayant les
caractéristiques de la DM (Murray & Griffith, 2014). Les résultats de la présente étude
jumelée à ces autres études soulèvent à nouveau un questionnement quant à la validité
d’une catégorisation de la DM comme un trouble de dysmorphie corporelle. Les critères
actuels de la DM mettent de l’avant les aspects obsessionnels et compulsifs présents dans
cette problématique. Il est clair que, chez les hommes présentant une DM, des composantes
obsessionnelles compulsives sont fortement présentes (Maida & Armstrong, 2005).
Toutefois, celles-ci sont aussi présentes chez les TCA. Il existe une forte similarité entre les
troubles de dysmorphie corporelle et les TCA (Hartmann, Greenberg, & Wilhem, 2013).
Ces deux problématiques impliquent des niveaux élevés de préoccupations par rapport à
l’apparence et une faible estime de soi. Tous deux présentent des obsessions importantes et
des rituels concernant leur apparence physique. Malgré ces manifestations cliniques
similaires, les critères des troubles de dysmorphie corporelle mettent l’accent sur les
caractéristiques obsessionnelles liées à des éléments spécifiques du corps et sur le
dysfonctionnement social, tandis que ceux des TCA, portent davantage sur les conduites
alimentaires. Or, au niveau de la DM, les hommes adoptent une diète très stricte et sont très
40
rigides face à celle-ci afin de favoriser la prise de masse musculaire et modifier leur corps,
ce qui est différent des autres troubles de dysmorphie corporelle. Cliniquement, on
remarque que les rituels alimentaires et l’importance de la diète sont aussi centraux que les
séances d’exercice chez les gens souffrant de DM (Murray et al., 2012). Ceci est congruent
avec les résultats d’entrevues effectuées dans le cadre des travaux de notre laboratoire qui
soulèvent l’importance de la diète pour ces hommes, mais aussi leur portait clinique très
similaire à celui des femmes souffrant d’un TCA (Labrecque, 2014). Dans l’état actuel,
l’accent est mis au niveau de la préoccupation par rapport à la musculature; l’ensemble des
comportements alimentaires est relayé au second plan. Il serait donc nécessaire de mieux
opérationnaliser les symptômes alimentaires caractéristiques à la DM. Il serait intéressant
dans les études futures de s’intéresser davantage aux conduites et préoccupations
alimentaires de ces individus, puisqu'une myriade de symptômes alimentaires n’est pas pris
en compte dans la littérature actuelle et cela pourrait permettre de mieux cerner le portrait
global de la DM. L’utilisation du terme DM peut avoir pour effet de maintenir ce biais
catégoriel qui met de côté toute la symptomatologie alimentaire. Ainsi, en tenant compte
des résultats du présent mémoire, il serait intéressant de considérer la possibilité que les
manifestations de la DM s’apparentent à un trouble alimentaire non spécifié ou bien à un
nouveau type de TCA orienté vers la musculature.
Forces et limites de l’étude
La principale force de cette étude est qu’elle se penche sur les facteurs sous-jacents
à la DM en tenant compte des relations complexes entre l’ensemble des variables. Jusqu’à
présent, les études qui s’intéressent aux facteurs sous-jacents à la DM ne les ont observés
que de manière isolée ou dans un modèle étiologique partiel. Le recours à des analyses
acheminatoires a permis de faire des inférences quant aux processus sous-jacents et de
tester un modèle théorique en entier. De plus, le modèle étiologique choisi pour expliquer
les facteurs sous-jacents à la DM est un modèle solide, maintes fois validé et bien établi
dans le domaine des TCA. Ceci a ainsi permis de positionner le fait que non seulement la
DM présente les mêmes facteurs sous-jacents que les TCA, mais que les relations entre les
variables sont les mêmes. Ces résultats appuient le questionnement grandissant par rapport
à la classification de ce trouble. D’autre part, une autre force de la présente étude consiste
41
en la taille de l’échantillon. En effet, la taille élevée de l’échantillon permet d’obtenir une
représentation plus juste de la population à l’étude reflétant la diversité des participants. De
plus, la taille élevée de l’échantillon nous a permis de conduire des analyses statistiques
plus complexes, pour lesquelles un nombre élevé de participants était exigé. En ce sens,
notre étude se distingue des autres études sur la DM qui généralement présente une taille
d’échantillon plus faible. De plus, outre le sexe et l’âge, aucun critère d’exclusion n’a été
appliqué afin d’être le plus inclusif possible. Les données ont alors été recueillies sur un
large éventail d’homme âgé entre 18 et 35 ans.
Malgré que cette étude présente plusieurs forces, on note aussi certaines limites qui
nous obligent à garder certaines réserves quant aux conclusions que l’on peut tirer de celleci. Tout d’abord, l’échantillon est composé majoritairement d’étudiants caucasiens, ce qui
limite la généralisation des conclusions à d’autres populations. Il serait alors intéressant de
répliquer cette étude auprès d’homme d’un groupe d’âge différent, ou d’une culture
différente afin de généraliser les résultats. Les hommes de cet échantillon n’ont d’ailleurs
pas été recrutés à l’intérieur d’un milieu clinique. Dans un autre ordre d’idée, il est possible
de croire que l’utilisation de questionnaires auto-rapportés peut limiter la portée des
résultats obtenus. En effet, malgré que cette méthode soit rapide et efficace, elle peut
présenter plusieurs biais. Entre autres, il est largement reconnu que cette méthode est
sensible à un biais de désirabilité sociale, qui implique que les participants peuvent
répondre aux questionnaires en se présentant de façon favorable. Les questionnaires autorapportés font aussi appel à la compréhension, à la capacité d’introspection et à la capacité
de rappel des participants qui peuvent induire des biais dans les résultats. Finalement, le
devis transversal utilisé dans le cadre de cette étude limite les conclusions que l’on peut
poser. En effet, en l’absence d’un devis longitudinal, il n’est pas possible de statuer sur une
relation de causalité entre les éléments du modèle, et par le fait même sur le caractère
étiologique du modèle. Toutefois, l’utilisation des analyses acheminatoires permet de faire
des inférences quant aux effets directs et indirects des différents éléments du modèle sur la
DM. Ceci permet donc de tester des hypothèses causales selon un modèle théorique.
Néanmoins, en l’absence de données longitudinales, les interprétations des résultats se
limitent aux associations entre les éléments du modèle.
42
Perspectives scientifiques et cliniques futures
Sur le plan de la recherche, les résultats de la présente étude soutiennent quelques
pistes de recherche. D’abord, il serait très intéressant de pouvoir répliquer une telle étude
chez une population plus jeune et voir si les processus identifiés dans cette étude sont aussi
présents à l’adolescence. Les préoccupations commencent de plus en plus précocement et il
semble que les adolescents soient aussi de plus en plus préoccupés par leur apparence et
sensibles aux influences de leur environnement (McCabe & Ricciardelli, 2004; McCabe et
al., 2015). Les adolescents sont très sensibles aux messages médiatiques, mais aussi aux
pressions exercées par leurs parents et leurs pairs (Webb & Zimmer-Gembeck, 2013). En
effet, le groupe de pairs influence fortement les adolescents dans la formation leur identité
personnelle et sociale. Cette période développementale est d’ailleurs critique au point de
vue de l’apprentissage social puisque ceux-ci apprennent de façon importante par les
conduites et les attitudes des pairs. Les adolescents se retrouvent alors bombardés par
différents messages sans avoir les outils ou les capacités nécessaires pour poser un regard
critique sur ces derniers. Ils assimilent alors à la fois le message selon lequel il est impératif
pour réussir et être heureux d’atteindre un idéal corporel, mais aussi que l’utilisation de
suppléments alimentaires et l’investissement dans l’entraînement est adéquat afin
d’atteindre un objectif de prise de masse. Ceci met ainsi ces jeunes à risque d’adopter des
comportements rigides, envahissants et dysfonctionnels afin de répondre à ces standards
promus. De plus, le fait de répliquer cette étude auprès d’adolescents ouvrirait la porte à la
possibilité d’effectuer des études longitudinales. Il serait fort intéressant de recruter de
jeunes garçons et de les suivre sur plusieurs années, comme il a été fait auprès des jeunes
filles, et ainsi voir l’évolution dans le temps de l’effet de l’environnement socioculturel sur
la DM. Ceci solidifierait le caractère étiologique du modèle chez les hommes (Bearman et
al., 2006; Stice, 2002).
Au plan clinique, cette étude permet d’identifier des jeunes hommes plus à risque de
développer ou de souffrir de la DM et qui pourrait bénéficier d’éventuelles interventions
préventives. En effet, il semble que les jeunes hommes qui sont davantage investis dans des
stratégies visant à augmenter la musculature et qui présentent plus d’insatisfaction
corporelle seraient plus à risque de développer la DM. Ainsi, l’adoption de nouveaux
43
comportements chez les jeunes hommes, tels que l’utilisation de suppléments protéinés ou
le fait passer plus de temps en salle à faire un entrainement orienté exclusivement vers la
prise de masse musculaire, représenterait un indicateur pour les membres de l’entourage et
les intervenants. Ceci serait d’autant plus vrai, lorsque ces hommes seraient très préoccupés
par leur apparence et vivraient des affects négatifs par rapport à leur apparence. Il
serait alors intéressant, compte tenu aussi des influences socioculturelles importantes chez
ces jeunes hommes, de reprendre auprès d’eux, les campagnes de sensibilisation s’adressant
aux femmes, comme le « projet DOVE pour l’estime de soi » qui ont été mises sur pied
pour tenter d’envoyer un message différent aux jeunes filles et jeunes femmes concernant
l’idéal corporel (Bissel & Rask, 2010). Ces campagnes proposent des ateliers et publicités
afin de soulever l’impossibilité d’atteindre les standards dépeints dans les médias et leurs
caractères irréalistes. Celles-ci visent un changement d’ordre social quant à la
représentation du corps. Elles permettent ainsi de briser la représentation habituelle très
restrictive du corps à atteindre, c’est-à-dire en présentant des modèles de beauté variés et
non seulement les modèles habituels de minceur que l’on voit dans les médias. De plus, les
ateliers permettent de fournir des outils pour tous ceux qui interviennent dans la vie des
jeunes filles, des parents aux intervenants en passant par les enseignants, et ainsi, favorisent
une meilleure estime corporelle pour les jeunes filles. Cette campagne s’adresse en quasitotalité aux jeunes filles, même si plusieurs principes peuvent être appliqués aux jeunes
garçons. Il semble que cette tentative de changer le message véhiculé chez les hommes
commencent d’ailleurs à se faire sentir. Certaines publicités s’adressant aux hommes font la
promotion d’une pluralité du corps masculin et un portrait plus réaliste de la masculinité.
On remarque, dans ces publicités, que les attributs corporels sont relégués au second plan,
tandis que le produit ou les qualités individuelles des hommes retrouvent une place centrale
dans la publicité. Certaines ressources commencent à voir le jour au Québec pour les
hommes. Par exemple, des organismes et programmes tels qu’ANEB et Équilibre
s’intéressent de plus en plus au pendant masculin des préoccupations alimentaires et
corporelles. Entre autres, un centre de référence québécois pour les professionnels
intervenant auprès des hommes présentant des préoccupations corporelles et alimentaires a
vu le jour en 2014. L’importante pression sociale que subissent les hommes suggère que
ceux-ci bénéficieraient grandement qu’on intervienne aussi auprès d’eux. Des campagnes
44
de sensibilisation par rapport à l’idéal musclé démystifieraient davantage ce phénomène et
rendrait les interventions accessibles pour eux.
45
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58
ANNEXE A
PSPS (Stice et al., 1996)
Lisez chaque question et sélectionnez la case qui s’applique le mieux à votre situation.
1 = Jamais
2 = Rarement
3 = Parfois
4 = Souvent
5 = Toujours
___ 1. J’ai senti la pression de la part de mes parents pour être plus musclé et mince.
___ 2. J’ai senti la pression de la part de mes amis pour être plus musclé et mince.
___ 3. J’ai senti la pression de la part de ma conjointe pour être plus musclé et mince.
___ 4. J’ai senti la pression de la part des médias pour être plus musclé et mince.
___ 5. J’ai perçu un message clair de la part de mes parents me demandant d’avoir un corps
musclé et mince.
___ 6. J’ai perçu un message clair de la part de mes amis me demandant d’avoir un corps
musclé et mince.
___ 7. J’ai perçu un message clair de la part de ma conjoint me demandant d’avoir un corps
musclé et mince.
___ 8. J’ai perçu un message clair de la part des médias me demandant d’avoir un corps
musclé et mince.
59
SATAQ-3 (Thompson et al., 2004)
Veuillez lire chacune des affirmations suivantes et indiquez jusqu’à quel point vous
êtes en accord avec ces affirmations selon le barème suivant.
1 = Complètement en désaccord
2 = Plutôt en désaccord
3 = Ni en accord ni en désaccord
4 = Plutôt en accord
5 = Complètement d’accord
___ 1. J’aimerais que mon corps ressemble à celui des personnes qu'on voit à la télévision.
___ 2. Je compare mon corps à celui des vedettes qu'on voit à la télévision et dans les films
___ 3. J’aimerais que mon corps ressemble à celui des mannequins qu'on voit dans les
magazines.
___ 4. Je compare mon apparence à celle des vedettes qu'on voit à la télévision et dans les
films.
___ 5. J’aimerais que mon corps ressemble à celui des personnes qu'on voit dans les films
___ 6. Je compare mon corps à celui des personnes qu'on voit dans les magazines.
___ 7. Je souhaite ressembler aux mannequins qu'on voit dans les clips vidéo.
___ 8. Je compare mon apparence à celle des personnes qu'on voit dans les magazines.
___ 9. Je souhaite avoir l’air aussi musclé que les personnes qu'on voit dans les magazines.
___ 10. Je compare mon corps à celui des personnes qui sont en pleine forme.
___ 11. Je souhaite avoir l’air aussi musclé que les sportifs célèbres.
___ 12. Je compare mon corps à celui des personnes qui sont athlétiques.
___ 13. J’essaie de ressembler aux personnes qu'on voit à la télévision
___ 14. J’essaie de ressembler aux athlètes sportifs.
60
PANAS (Watson, Clark, & Tellegren, 1988)
Les questions suivantes concernent les émotions que vous avez éprouvées au cours du
dernier mois (y compris aujourd’hui). Encerclez le chiffre qui correspond le mieux à
votre réponse.
1 = Très peu ou pas du tout
2 = Un peu
3 = Modérément
4 = Pas mal
5 = Extrêmement
___ 1. Angoissé
___ 2. Perturbé
___ 3. Coupable
___ 4. Hostile
___ 5. Effrayé
___ 6. Irritable
___ 7. Honteux
___ 8. Nerveux
___ 9. Froussard
___ 10. Craintif
61
MBTS (Smolak, Murnen, & Thompson, 2005)
Sélectionnez le chiffre qui correspond à la fréquence avec laquelle vous avez utilisé les
techniques suivantes pour augmenter votre musculature au cours de la dernière
année.
1
2
3
4
5
Jamais
Rarement
Parfois
Souvent
Toujours
2 3 4
2 3 4
2 3 4
2 3 4
2 3 4
1. Faire de l’exercice
2. Faire de la musculation
3. Manger plus
4. Prendre des vitamines ou des suppléments alimentaires
5. Utiliser des stéroïdes ou d’autres drogues de performance
62
1
1
1
1
1
5
5
5
5
5
PNI (Pincus et al., 2009)
Veuillez évaluer dans quelle mesure vous vous reconnaissez dans chacun des énoncés
suivants.
1
2
3
4
5
6
Je ne suis
Je ne suis pas Je ne suis pas Je suis un peu
Je suis
Je suis vraiment
vraiment pas
comme cela
vraiment
comme cela comme cela
comme cela
comme cela
comme cela
1 Il m'arrive souvent d'imaginer qu'on m'admire et qu'on me respecte.
1 2 3 4 5 6
2 Mon estime de soi varie beaucoup
1 2 3 4 5 6
3 J'ai parfois honte d'avoir cru en des personnes qui finissent par me décevoir.
1 2 3 4 5 6
4 Je peux me sortir de toute situation en discutant avec les autres.
1 2 3 4 5 6
5 Quand je suis seul, j’ai de la difficulté à m'apprécier et à être content de moi. 1 2 3 4 5 6
6 Je me sens bien lorsque je m’occupe des autres.
1 2 3 4 5 6
7 Je déteste demander de l'aide.
1 2 3 4 5 6
8 Je ne me sens pas bien lorsque les autres ne me prêtent pas attention.
1 2 3 4 5 6
9 Je cache souvent mes besoins par peur que les autres pensent que je suis
1 2 3 4 5 6
dépendant et dans le besoin.
10 Je peux faire croire n'importe quoi à n'importe qui.
1 2 3 4 5 6
11 Je deviens furieux lorsque les autres ne remarquent pas tout ce que je fais pour 1 2 3 4 5 6
eux.
12 Cela me fâche quand les gens ne sont pas intéressés par ce que je dis ou ce que 1 2 3 4 5 6
je fais.
13 Je ne dévoilerais pas mes sentiments ou mes pensées intimes à quelqu'un que 1 2 3 4 5 6
je n'admire pas.
14 Je m'imagine souvent avoir une très grande influence sur le monde qui
1 2 3 4 5 6
m’entoure.
15 Je trouve qu’il est facile de manipuler les gens.
1 2 3 4 5 6
16 Lorsque les autres ne me remarquent pas, je me sens sans valeur.
1 2 3 4 5 6
17 Je mets parfois des personnes de côté quand j'ai peur qu'elles me déçoivent. 1 2 3 4 5 6
18 Je deviens habituellement très en colère lorsque je n'obtiens pas ce que je veux 1 2 3 4 5 6
des autres.
19 Souvent, afin de me rassurer sur ma valeur personnelle, je m'entoure de
1 2 3 4 5 6
personnes importantes.
20 Quand je rends service aux autres, je m’attends à ce qu’ils me rendent service 1 2 3 4 5 6
en retour.
21 Quand les autres n'arrivent pas à satisfaire mes attentes, j’ai souvent honte
1 2 3 4 5 6
d'avoir eu ces attentes.
22 Je me sens important lorsque les autres comptent sur moi.
1 2 3 4 5 6
23 Je peux lire dans les gens comme dans un livre.
1 2 3 4 5 6
24 Lorsque les autres me déçoivent, je me fâche souvent contre moi-même.
1 2 3 4 5 6
25 Je suis le meilleur car je me sacrifie pour les autres.
1 2 3 4 5 6
26 Je rêve souvent d’accomplir des choses qui sont probablement au-delà de mes 1 2 3 4 5 6
capacités ou de mes moyens.
63
27 Je mets parfois des personnes de côté parce que je crains qu'elles ne fassent
1
pas ce que je veux qu'elles fassent.
28 Il est difficile de montrer aux autres les faiblesses que je ressens l’intérieur de 1
moi.
29 Je me fâche lorsqu'on me critique.
1
30 Je trouve difficile de m'apprécier à moins de savoir que les autres m'admirent. 1
31 Je me plais souvent à m'imaginer que je suis récompensé pour mes efforts.
1
32 Je m'en fais parfois à l’idée que la plupart des gens ne s'intéressent pas à moi. 1
33 J'aime avoir des amis qui comptent sur moi, car cela me fait me sentir
1
important.
34 Parfois j’évite certaines personnes parce que je crains qu'elles ne se rendent 1
pas compte de tout ce que je fais pour elles.
35 Tout le monde aime entendre mes histoires.
1
36 Je trouve difficile de m'apprécier à moins de me sentir apprécié par les autres. 1
37 Cela m’irrite lorsque les gens ne remarquent pas à quel point je suis une bonne 1
personne.
38 Je ne serai jamais satisfait tant que je n'obtiendrai pas tout ce que je mérite.
1
39 À travers mes sacrifices, j’essaie de montrer à quel point je suis une bonne
1
personne.
40 Cela me déçoit lorsque les autres ne me remarquent pas.
1
41 J'envie souvent les réussites des autres.
1
42 Je m'imagine souvent accomplir des actes héroïques.
1
43 J’aide les autres afin de prouver que je suis une bonne personne.
1
44 Il est important de montrer aux autres que je peux me débrouiller tout seul,
1
même s'il m'arrive parfois de douter de moi.
45 J'imagine souvent des scénarios où je suis reconnu pour mes réalisations.
1
46 Je ne peux supporter l'idée d'avoir à compter sur les autres, parce que cela me 1
fait me sentir faible.
47 J'ai de la difficulté à être satisfait de moi lorsque les autres ne réagissent pas 1
comme je le souhaiterais.
48 J'ai besoin de la reconnaissance des autres.
1
49 J'aspire à être quelqu'un aux yeux du monde entier.
1
50 Lorsque les autres perçoivent mes besoins, j'ai honte et je me sens anxieux.
1
51 Parfois, j'aime mieux être seul que de ne pas obtenir tout ce que je veux des 1
autres.
52 Je peux devenir vraiment fâché lorsque les autres sont en désaccord avec moi. 1
64
2 3 4 5 6
2 3 4 5 6
2
2
2
2
2
3
3
3
3
3
4
4
4
4
4
5
5
5
5
5
6
6
6
6
6
2 3 4 5 6
2 3 4 5 6
2 3 4 5 6
2 3 4 5 6
2 3 4 5 6
2 3 4 5 6
2
2
2
2
2
3
3
3
3
3
4
4
4
4
4
5
5
5
5
5
6
6
6
6
6
2 3 4 5 6
2 3 4 5 6
2 3 4 5 6
2
2
2
2
3
3
3
3
4
4
4
4
5
5
5
5
6
6
6
6
2 3 4 5 6
DMS (McCreary & Sasse, 2000)
1. Veuillez évaluer dans quelle mesure vous vous reconnaissez dans chacun des
énoncés suivants.
1
Toujours
2
Très souvent
3
Souvent
4
Parfois
5
Rarement
1. J’aimerais être plus musclé.
6
Jamais
1 2 3 4 5 6
2. Je soulève des poids pour développer mes muscles.
1 2 3 4 5 6
3. Je consomme des suppléments protéinés ou énergétiques.
1 2 3 4 5 6
4. Je bois des boissons visant à prendre du poids ou des boissons protéinées.
1 2 3 4 5 6
5. J’essaie de consommer le plus de calories possible dans une journée.
1 2 3 4 5 6
6. Je me sens coupable si je manque une séance de musculation.
1 2 3 4 5 6
7. Je crois que je me sentirais plus confiant si j’avais une plus grande masse 1 2 3 4 5 6
musculaire.
8. Les autres croient que je m’entraîne à lever des poids trop souvent.
1 2 3 4 5 6
9. Je crois que j’aurais une meilleure apparence si je gagnais dix livres en masse
musculaire.
1 2 3 4 5 6
10. Je pense à prendre des stéroïdes anabolisants.
1 2 3 4 5 6
11. Je crois que je me sentirais plus fort si je gagnais un peu plus de masse
musculaire.
1 2 3 4 5 6
12. Je crois que mon horaire de musculation interfère avec d’autres aspects de 1 2 3 4 5 6
ma vie.
13. Je crois que mes bras ne sont pas suffisamment musclés.
1 2 3 4 5 6
14. Je crois que mon torse n’est pas suffisamment musclé.
1 2 3 4 5 6
15. Je crois que mes jambes ne sont pas assez musclées.
1 2 3 4 5 6
65
MDDI (Hildebrandt, Langenbucher, & Schlundt, 2004)
Lisez chaque question et sélectionnez la case qui s’applique le mieux à votre situation.
1 = Jamais
2 = Rarement
3 = Parfois
4 = Souvent
5 = Toujours
___ 1. J’aimerais pouvoir devenir plus gros (musclé).
___ 2. Je crois que mon corps est trop petit.
___ 3. Je crois que mes pectoraux sont trop petits.
___ 4. J’aimerais que mes bras soient plus gros (musclés).
___ 5. Je crois que mes jambes sont trop minces
___ 6. Je suis très gêné de me montrer torse nu.
___ 7. Je porte des vêtements amples pour empêcher les autres de voir mon corps.
___ 8. Je sens que je suis trop gras.
___ 9. Je déteste mon corps
___ 10. Je laisse tomber des opportunités de rencontrer de nouvelles personnes à cause de
mon horaire d’entrainement.
___ 11. Je me sens déprimé quand je manque une ou plusieurs sessions d’entrainement.
___ 12. Je laisse tomber des activités sociales (par exemple, regarder des parties de
football, participer à des soupers, aller voir un film, etc.) avec des amis à cause de mon
horaire d’entrainement.
___ 13. Je me sens anxieux quand je manque une ou plusieurs sessions d’entrainement.
66