Les facteurs psychosociaux reliés à la dysmorphie musculaire
Transcription
Les facteurs psychosociaux reliés à la dysmorphie musculaire
Les facteurs psychosociaux reliés à la dysmorphie musculaire Mémoire doctoral Olivier Turcotte Doctorat en psychologie Docteur en psychologie (D.Psy.) Québec, Canada © Olivier Turcotte, 2016 Les facteurs psychosociaux reliés à la dysmorphie musculaire Mémoire doctoral Olivier Turcotte Sous la direction de : Catherine Bégin, directrice de recherche RÉSUMÉ Les hommes sont de plus en plus exposés à une pression sociale les incitant à présenter une silhouette mésomorphique, ce qui semble contribuer à les rendre plus insatisfaits de leur musculature. Cette insatisfaction peut mener au développement d’une dysmorphie musculaire (DM). Malgré que la DM soit classifiée comme un spécificateur du trouble de dysmorphie corporelle dans le DSM-V, plusieurs auteurs persistent à croire qu’il s’apparenterait davantage aux troubles des conduites alimentaires (TCA). La présente étude vise à approfondir les processus sous-jacents menant à la DM en appliquant le modèle socioculturel de Stice (1994), conçu pour les TCA, à la DM. Le modèle testé, adapté pour rendre compte des spécificités de la DM, propose que les influences socioculturelles mènent au désir d’être plus musclé, qui, lui, mène aux symptômes de la DM directement et indirectement par deux voies, la voie des affects négatifs et la voie comportementale. Trois cent quatre-vingt-six hommes ont été recrutés parmi les étudiants et employés de l’Université Laval et ont rempli des questionnaires en ligne. Le modèle a été testé à l’aide d’analyses acheminatoires. Bien que le modèle initial fasse preuve d’un bon ajustement, la voie des affects négatifs n’est un médiateur valide de la relation entre le désir d’être musclé et la DM que lorsque le lien entre le désir d’être plus musclé et les affects négatifs est modéré par le narcissisme vulnérable. Les résultats indiquent que l’internalisation du corps idéal influence le désir d’être plus musclé. Ce désir d’être plus musclé pousserait les hommes à développer des symptômes de la DM via deux processus, soit l’adoption de comportements visant à augmenter la musculature, et la présence d’affects négatifs, mais seulement chez des hommes présentant une vulnérabilité narcissique. Ceci fait ressortir la pertinence d’un modèle conçu pour les TCA afin d’expliquer les symptômes de la DM. iii Table des matières RÉSUMÉ ........................................................................................................................................... III TABLE DES MATIÈRES........................................................................................................................IV LISTE DES TABLEAUX .........................................................................................................................VI LISTE DES FIGURES ...........................................................................................................................VII REMERCIEMENTS............................................................................................................................VIII AVANT-PROPOS................................................................................................................................. X INTRODUCTION GÉNÉRALE ................................................................................................................ 1 L’INSATISFACTION CORPORELLE, UN PHÉNOMÈNE QUI TOUCHE AUSSI LES HOMMES ..................... 1 IMAGE CORPORELLE DES HOMMES : LES PRESSIONS SOCIOCULTURELLES D’ATTEINDRE UN IDÉAL ............................................................................................................................................ 2 LES CONSÉQUENCES DE L’INSATISFACTION CORPORELLE ............................................................. 6 Conséquences psychologiques. ................................................................................................ 6 Conséquences comportementales et physiques. ....................................................................... 7 DYSMORPHIE MUSCULAIRE : CONTINUUM DE L’INSATISFACTION CORPORELLE............................. 8 De la préoccupation non pathologique à pathologique. ........................................................... 8 La DM. ..................................................................................................................................... 8 MODÈLES ÉTIOLOGIQUES DE LA DM ........................................................................................... 13 Les modèles biopsychosociaux. ............................................................................................. 14 Le modèle étiologique de Grieve. .......................................................................................... 16 LA PERSONNALITÉ : UN NOUVEAU CHAMP D’INTÉRÊT. ................................................................ 17 OBJECTIF GÉNÉRAL ..................................................................................................................... 18 LES FACTEURS PSYCHOSOCIAUX RELIÉS À LA DYSMORPHIE MUSCULAIRE .......................................... 20 RÉSUMÉ ...................................................................................................................................... 21 INTRODUCTION ........................................................................................................................... 22 MÉTHODOLOGIE ......................................................................................................................... 25 Participants ............................................................................................................................ 25 Procédure ............................................................................................................................... 26 iv Instruments de mesure ............................................................................................................ 26 Analyses statistiques............................................................................................................... 29 RÉSULTATS ................................................................................................................................. 30 DISCUSSION ................................................................................................................................ 34 CONCLUSION............................................................................................................................... 36 CONCLUSION GÉNÉRALE .................................................................................................................. 38 BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................... 46 ANNEXE A ....................................................................................................................................... 59 v Liste des tableaux Tableau 1 Critères de la DM proposés par Pope en 1997 ............................................................. 12 Tableau 2 Moyennes et écart-types des variables du modèle ........................................................ 31 Tableau 3 Corrélations entre les variables du modèle ................................................................... 32 vi Liste des figures Figure 1. Modèle étiologique des comportements du développement musculaire à risque de Cafri et al. (2005)........................................................................................................................... 15 Figure 2. Modèle étiologique de la DM de Grieve (2007) ............................................................ 16 Figure 3. Modèle socioculturel de Stice (2002). ........................................................................... 24 Figure 4. Modèle de Stice modifié visant à prédire la DM avec les coefficients standardisés. .... 33 vii Remerciements Le périple du doctoral tirant à sa fin, je peux enfin prendre le temps de constater les efforts, le temps et toute l’aide que j’ai reçue pour enfin mettre un « check » sur cette partie de ma vie. Un doctorat, ça ne se fait pas seul, mais avec le soutien de tous les gens autour de soi et je tiens à le souligner! Je voudrais tout d’abord remercier énormément ma superviseure de recherche et de clinique, Catherine Bégin. Je te lève mon chapeau pour ta présence exceptionnelle, et surtout dans les derniers droits. J’ai grandement apprécié ta patience, ton énergie et ta capacité à dire les choses comme elles sont, sans trop de détour, mais toujours d’une façon à me faire avancer. Je n’aurais pas pu demander meilleur encadrement que celui que j’ai reçu. Tu as bien su me laisser l’autonomie dont j’avais besoin et je sentais la confiance que tu avais envers moi. Tu sais être là pour tes étudiants et nous inspirer. Je ne peux pas passer sous silence ton apport, Marie-Pierre Gagnon-Girouard. Même si tu n’as pas pu être là pour la dernière partie, ta présence dans les débuts m’a tellement été précieuse. Tu m’as permis de m’aider à établir de bonnes bases comme chercheur, mais aussi comme clinicien. Je ne vous remercierai jamais assez toi et Catherine de m’avoir donné toutes ces opportunités et d’avoir su cultiver mon intérêt pour la recherche. Grâce à vous, j’ai pu apprendre à mieux me connaître et grandir à travers ce processus. J’aimerais aussi remercier tout le monde au labo. Nous sommes une merveilleuse équipe et je souhaite une bonne continuité à toutes celles et à celui à qui il reste encore un bout de chemin à faire. Un merci particulier à Marilou, Katrine, Isabelle et Anne-Sophie pour votre accueil et votre rôle de quasi-grandes sœurs. Merci également à Mélodie avec qui j’ai pu échanger à chacune des étapes. Je remercie aussi énormément Monsieur Stéphane Sabourin pour avoir siéger sur mon comité d’encadrement. Par vos commentaires et vos idées, vous m’avez donné confiance en moi et en mon projet et vous avez su enrichir mes réflexions. Tu finis quand? Ce n’est pas fini encore? Combien de fois vous me l’avez demandé. Je crois que ça montre à quel point vous aviez hâte pour moi que je devienne enfin psychologue. Le moment est enfin arrivé et je ne serais comment remercier tous mes amis qui ont été là tout au long de mon parcours. François, Philippe, Pier-Olivier et Simon, merci d’avoir été là depuis le tout début et de m’avoir fait confiance quand j’ai eu l’idée bizarre viii de faire un doctorat. Merci aussi à Stéphane, Stéphanie, Tonathiú et Véronica qui avez aussi été là quand j’avais besoin de ventiler ou de tout simplement décrocher. Tout est plus agréable et passe plus vite quand on est bien entouré. C’est pourquoi je n’oublie pas non plus mes « partners » de travail François et Christopher. Grâce à votre présence, j’ai pu avoir la chance de ne pas travailler dans la solitude. Malgré que l’efficacité en ait pris un coup, vous m’avez motivé à être assidu et j’ai pu apprécier le travail sur mon mémoire. Aussi, je crois que toutes ces études et ces accomplissements n’auraient pas pu se faire sans ma famille. Je voudrais prendre le temps de remercier ma mère, mon beau-père et ma grand-mère. Vos encouragements, votre support et votre intérêt constant par rapport à ce que je fais ont su me garder motivé et fier de moi. Grâce à vous, j’ai eu l’impression que mon chemin a été facile, chaque embuche n’était qu’un défi, et ce, parce que vous avez su me donner les moyens pour aller aussi loin. Je vous remercie d’avoir cru en moi et m’avoir toujours donné l’impression que j’avais les capacités d’atteindre mes rêves. Maman ton bébé a enfin réussi et il est heureux, en grande partie grâce à toi. Je voudrais aussi souligner l’intérêt, la présence et les encouragements de mes beaux-parents. Ça fait beaucoup de bien de sentir qu’on croit en nous dès les premiers instants. Vous avez tout fait pour que je réussisse, même jusqu’à obliger votre fille à me laisser tranquille parce que je travaillais. Ce qui m’amène au fait que je ne peux pas passer à côté des remerciements pour mon amoureuse. Barbara tu es à mes côtés depuis le tout début et je crois que ta rencontre à elle seule vaut la peine de mettre lancé en psychologie. Mais bon…tant qu’à avoir commencé vaut mieux continuer jusqu’au bout. Jour après jour, tu m’as donné le goût de me dépasser et tu m’as rendu la vie plus belle. Je t’ai senti au diapason avec moi, à vivre ensemblecette grande aventure. Je te sentais aussi impliquée dans ma réussite et mon bienêtre que je l’étais moi-même. Tu as su partager et souligner avec moi toutes les joies et les déceptions que m’a amené mon parcours en psychologie. Merci d’avoir accepté mon indisponibilité par moment et le fait que je n’aille pas été aussi présent que j’aurais dû. Grâce à toi, j’ai pu garder un équilibre et tu fais partie intégrante de cette réussite. Merci encore à tous! ix Avant-propos La conception du projet de mémoire doctoral, l’écriture du document, les analyses statistiques, ainsi que l’interprétation des analyses ont été réalisées par Olivier Turcotte, candidat au doctorat en psychologie D.Psy. Il est à noter que soixante-trois participants de l’échantillon total ont été recrutés dans le cadre du recrutement pour le mémoire d’Isabelle Labrecque (2014). Le projet a été fait en étroite collaboration avec Catherine Bégin, Ph.D., directrice du présent mémoire et professeur titulaire de l’École de psychologie de l’Université Laval, ainsi qu’avec la collaboration de Marie-Pierre Gagnon-Girouard, Ph.D. Hélène Paradis a d’ailleurs contribué à la réalisation des analyses statistiques. Finalement, l’article inséré à l’intérieur de ce mémoire n’est toujours pas en processus de publication, mais le sera suite au dépôt final. x Introduction générale L’exposition grandissante à des modèles masculins de plus en plus musclés contribuerait à faire en sorte que les jeunes hommes sont de plus en plus préoccupés par leur image corporelle, et particulièrement par leur muscularité. Cette préoccupation par rapport à leur corps pourrait être associée chez certains à une faible estime de soi et à l’adoption de comportements néfastes visant à modifier l’apparence physique (Barlett, Vowels, & Saucier, 2008). Ultimement, la préoccupation par rapport à la musculature peut mener à une pathologie encore peu étudiée : la dysmorphie musculaire (DM; Pope, Gruber, Choi, Olivardia, & Phillips, 1997). Chez les hommes souffrant de cette pathologie, le désir d’être plus musclé prend toute la place et s’accompagne d’un lot de conséquences négatives. Le parallèle entre la DM et les troubles des conduites alimentaires (TCA) quant à leur symptomatologie et leurs caractéristiques a été proposé par plusieurs auteurs. Plusieurs facteurs étiologiques retrouvés chez les TCA ont été identifiés pour expliquer le développement de la DM (Grieve, 2007; Olivardia, 2001). La présente étude vise donc à approfondir l’étude des déterminants de la DM en vérifiant la validité empirique d’un modèle des TCA pour expliquer cette pathologie. L’insatisfaction corporelle, un phénomène qui touche aussi les hommes Il est établi que l’insatisfaction corporelle constitue un des facteurs centraux reliés au développement d’une pathologie alimentaire (Stice, 2002). Les problèmes liés à l’image corporelle chez les femmes ont été amplement documentés au cours des 40 dernières années (Cash & Pruzinski, 2002; Thompson & Cafri, 2007). Toutefois, l’étude de l’image corporelle des hommes a reçu beaucoup moins d’attention de la part de la communauté scientifique. Ce n’est que récemment que les chercheurs se sont attardés à la préoccupation des hommes par rapport à leur corps. Des études suggèrent que les hommes pourraient être aussi préoccupés par rapport à leur corps que les femmes (Frederick et al., 2007; Neighbors & Sobal, 2007; Olivardia, Pope, Borowieki, & Cochrane, 2004; Ricciardelli & McCabe, 2004). Par exemple, Frederick et al. (2007) rapportent qu’aux États-Unis, entre 90 et 95 % des hommes universitaires seraient insatisfaits de leur corps et désireraient être plus musclés. Ce rapprochement entre les hommes et les femmes par rapport à l’insatisfaction corporelle est également présent au Québec. En fait, une enquête sociale et de santé 1 effectuée par le gouvernement du Québec relève un désir de changer de poids chez 41,7 % des hommes de 15 ans et plus comparativement à 55,8 % pour les femmes (Ledoux & Rivard, 2000). En considérant que cette enquête a été effectuée il y a 15 ans et que cette étude ne ciblait pas la musculature comme une source d’insatisfaction, il serait même possible que ce pourcentage soit présentement plus élevé si on se fie aux résultats de nos homologues américains qui ont observé une augmentation de l’insatisfaction corporelle chez les jeunes hommes adultes, au cours des dernières années (McCabe & Ricciardelli, 2004, Neighbors & Sobal, 2007). Cependant, contrairement aux femmes qui cherchent à atteindre un idéal de minceur, les hommes sont principalement préoccupés par leur musculature. Cet idéal de beauté masculin se traduit par une silhouette mésomorphique, c’est-à-dire caractérisée par une masse musculaire importante, peu ou pas de tissus adipeux et des épaules plus larges que le bassin (McCreary & Sasse, 2000). Les hommes aspireraient donc à développer une forte musculature, tout en restant minces pour améliorer la définition des muscles et être plus athlétiques. Image corporelle des hommes : Les pressions socioculturelles d’atteindre un idéal La prévalence grandissante de l’insatisfaction des hommes par rapport à leur musculature semble être en partie en lien avec un idéal de beauté masculin de plus en plus musclé mis en valeur par l’environnement socioculturel. En effet, on observe une augmentation au cours des dernières années de la musculature des figurines pour les jeunes garçons et des modèles masculins présentés dans les revues et dans les films (Frederick, Fessler, Haselton, 2005; Pope, Olivardia, Gruber, & Boroweicki, 1999; Ricciardelli, Clow, & White, 2010). À cet effet, Pope et al. (1999) ont étudié l’évolution des dimensions des figurines pour enfants. En comparant les dimensions des figurines de personnages humains les plus populaires de 1970 à 1990, ces auteurs ont observé une augmentation significative des mesures de leur torse et de leur biceps, mais une absence de changement au niveau de leur tour de taille. Le même phénomène semble se produire chez les modèles masculins présentés dans les médias. Par exemple, au cours des 25 dernières années, la revue Playgirl a présenté des hommes présentant un IMC plus élevé sur sa page centrale et propose maintenant des modèles masculins très musclés (Leit, Pope, & Gray, 2001). Les modèles masculins minces et musclés sont maintenant devenus la norme à travers les divers types de 2 revues. En effet, l’étude de Ricciardelli, Clow et White (2010) montre qu’à travers huit revues populaires dont les hommes sont le lecteur cible (par ex., Gentlemen’s Quaterly et Men’s Health), les modèles masculins présentent tous des corps minces et sculptés. On remarque le même phénomène dans les télé-réalités. Le corps des hommes est de plus en plus dévoilé dans les émissions de téléréalité et ceux ayant un corps idéalisé sont les plus souvent montrés (Flynn, Park, Morin, & Stana, 2015). Les médias renvoient donc le message que le corps mésomorphique est un symbole de bonheur, de désirabilité et de succès et qu’il est impératif pour les hommes d’atteindre cet idéal (Tiggemann, 2011). L’environnement proximal des hommes met aussi de la pression pour que ces deniers soient plus minces et musclés. Une étude sur des adolescents à travers différentes cultures montre que les jeunes hommes subissent la pression de la part de leurs parents et de leurs pairs (McCabe et al., 2015). Cette influence aurait non seulement des répercussions sur la perception qu’ont les jeunes hommes d’eux-mêmes, mais aussi sur leurs habitudes. La pression perçue d’être plus musclé, les commentaires des parents et les comportements du père prédisent à la fois le désir d’être plus musclé et l’adoption de stratégies pour augmenter la musculature chez les jeunes garçons et les hommes universitaires (Galioto, Karazsia, & Crowther, 2012; Rodgers, Paxton, & Chabrol, 2009; Smolak, Murnen, & Thompson, 2005). Les pairs ont plusieurs façons d’influencer les jeunes hommes par rapport à leur musculature et leur perception d’eux-mêmes. En effet, Webb et ZimmerGembeck (2013) proposent une revue de littérature du rôle des pairs en vue d’expliquer l’insatisfaction corporelle des adolescents. Que ce soit par un processus d’apprentissage social ou par un processus de conformité au groupe d’appartenance, les pairs semblent prendre une place importante quant à l’insatisfaction corporelle des jeunes hommes. Cette revue fait état d’une association constante entre les taquineries, la comparaison par rapport à l’apparence et les conversations à propos de l’apparence et l’insatisfaction corporelle. De plus, les jeunes hommes seraient davantage insatisfaits de leur corps en contexte où ils ont été rejetés par leurs pairs. Dans ce contexte, il est possible de constater une augmentation de l’investissement des hommes face à leur corps depuis les dernières années. Les jeunes hommes cherchent à se rapprocher du modèle de l’homme promu dans les revues et valorisé dans leur entourage 3 dans le but de se démarquer, mais aussi dans le but de plaire à une éventuelle partenaire amoureuse. En effet, en plus de faire la promotion de cet idéal musclé, les médias semblent également suggérer aux hommes que les femmes apprécient et recherchent davantage des hommes qui correspondent à cette silhouette idéale. En effet, il ressort des quelques études dans le domaine que les femmes, lorsqu’elles comparent le corps actuel des hommes en général à celui d’un corps idéal, préfèrent le corps plus musclé et imposant, mais que l’évaluation faite par les femmes quant au corps des hommes est moins sévère que celle que les hommes s’imposent à eux-mêmes (Grossbard, Neighbors, & Larimer, 2011; Murnen et al., 2015). Les hommes semblent surestimer le corps que les femmes désirent pour un partenaire, puisqu’il existe un écart entre ce que les hommes pensent que les femmes souhaiteraient et ce que ces dernières souhaitent réellement. Lorsque questionnées sur leurs préférences par rapport au corps d’un partenaire sexuel, les femmes rapportent un corps idéal significativement moins musclé que celui que les hommes estimaient être désiré par les femmes (Grossbard, Neighbors, & Larimer, 2011; Frederick & Haselton, 2003). Par ailleurs, les hommes semblent exposés à un idéal corporel masculin plus musclé que le modèle masculin auquel les femmes sont elles-mêmes exposées. Frederick et al. (2005) ont comparé le corps des modèles masculins entre 2001 à 2004 dans les revues pour hommes (Men’s Health, Men’s Fitness, Muscle & Fitness) et pour femmes (Cosmopolitan). Les représentations du corps masculin idéal dans les magazines pour hommes se sont avérées significativement plus musclées que celles présentes dans le magazine des femmes. Il est difficile de déterminer si ces trois revues pour hommes sont représentatives de l’ensemble des revues qui ciblent le lectorat masculin, puisqu’elles se concentrent sur l’entrainement et la nutrition, et donc pourraient proposer des modèles plus musclés que dans les revues pour les hommes en général. Toutefois, ces revues sont parmi les plus lues par les hommes, ce qui fait en sorte que beaucoup d’hommes sont exposés aux modèles masculins présentés par celles-ci. En outre, même en ne tenant pas compte du magazine spécialisé sur le culturisme (Muscle & Fitness), les modèles masculins restent significativement plus musclés que dans la revue pour femme. Frederick et al. (2005) ont aussi comparé l’idéal masculin des hommes et des femmes selon les représentations du corps masculin promues par les revues. L’idéal des femmes du corps masculin avait tendance à se rapprocher des représentations présentées dans la revue s’adressant aux femmes, tandis que l’idéal des 4 hommes se rapprochait de celui des représentations présentées dans les revues s’adressant aux hommes. Ces résultats suggèrent que les hommes et les femmes ne sont pas exposés au même idéal de beauté masculin et que cela favoriserait chez les hommes, l’impression que pour intéresser le sexe opposé, il est nécessaire d’être plus musclé qu’en réalité. Cette exposition à des modèles masculins de plus en plus musclés est associée à plusieurs conséquences pour les hommes. À cet effet, plusieurs études ont évalué les effets d’une exposition à des publicités (Barlett, Vowels, & Saucier, 2008; Farquhar & Wasylkiw, 2007; Galioto & Crowther, 2013). Il en ressort un impact direct sur la satisfaction corporelle et l’estime de soi des hommes, et plus particulièrement chez les jeunes hommes. Après avoir été exposés à des publicités représentant des hommes musclés, les participants disaient être moins satisfaits de leur corps et rapportaient une moins bonne estime de soi qu’avant l’exposition. Peu importe si le modèle présenté montrait une musculature extrême ou s’il était simplement athlétique, l’effet négatif sur la perception du corps restait le même (Barlett, Vowels & Saucier, 2008). Ceci suggère donc que cet impact négatif ne serait pas spécifique aux modèles ayant une forte musculature, mais s’appliquerait également à l’exposition au modèle musclé et athlétique en général. Ainsi, une grande partie des publicités affichant le corps masculin musclé pourrait avoir un impact sur les hommes. Qui plus est, il est possible d’observer une évolution dans la conceptualisation du corps masculin. Franzoi (1995) propose que le corps puisse être conçu selon deux visions : comme un objet ou un processus dynamique. Lorsque le corps est conceptualisé comme un objet, il est évalué par son esthétisme, tandis que lorsqu’il est conceptualisé comme un instrument ou un processus, il est évalué par rapport à ses capacités. Or, le corps masculin aurait subi un processus d’objectification, c’est-à-dire, que le corps est davantage conceptualisé comme un objet, plutôt que d’être reconnu pour ses capacités (Morrisson et al., 2003), et que donc, les muscles deviennent de plus en plus un symbole de beauté plutôt qu’un symbole de force physique. Ainsi, en plus d’une augmentation de la musculature au sens des représentations masculines dans les magazines, l’emphase semble être de plus en plus mise sur les attributs esthétiques que sur les performances. Par exemple, dans la revue Sports Illustrated, on observe une augmentation de la nudité et de la fréquence de poses dans les publicités comparativement à des images qui soulignent la participation à une 5 activité ou l’utilisation de produits que la publicité tente de vendre (Farquhar & Wasylkiw, 2007). Cette étude fait aussi ressortir l’impact sur l’image corporelle de l’exposition à des publicités mettant l’esthétisme du corps masculin à l’avant-plan. Elle démontre que les hommes seraient moins satisfaits de leur corps après avoir été exposés à des publicités et des slogans mettant l’accent sur les parties du corps et la beauté plutôt que sur l’énergie et les performances. Les hommes seraient donc de plus en plus vulnérables aux images véhiculées par les médias. Les conséquences de l’insatisfaction corporelle L’idéal de beauté masculin mésomorphique est très difficile à atteindre et la poursuite de cet idéal peut être associée à plusieurs conséquences sur différents plans de la vie de certains hommes. Conséquences psychologiques. L’insatisfaction par rapport aux muscles joue un rôle important dans la façon dont les hommes évaluent leur valeur et leur état émotionnel. En effet, plusieurs études ont montré, chez les hommes, une forte association entre une insatisfaction par rapport aux muscles et une moins bonne estime de soi et une plus grande présence de symptômes dépressifs et d’affects négatifs (Cafri, Strauss, & Thompson, 2002; Olivardia et al., 2004; Nowell & Ricciardelli, 2008). Plus spécifiquement, Olivardia et al. (2004) font la distinction entre l’insatisfaction par rapport aux muscles et par rapport à la masse adipeuse. Le sentiment d’être trop petit et insuffisamment musclé est lié à l’estime de soi, à la dépression et à six des sous-échelles de l’inventaire des troubles alimentaires (Eating disorder inventory; EDI; désir d’être mince, boulimie, insatisfaction corporelle, inefficacité, méfiance interpersonnelle), de même qu’à l’échelle totale, tandis que le sentiment d’être trop gras n’est associé qu’à la sous-échelle « désir d’être plus mince ». Ceci suggère donc que, chez les hommes, le concept de soi et l’évaluation de soi reposeraient davantage sur l’évaluation de la musculature plutôt que sur l’impression d’être trop gras. La poursuite de la muscularité, aussi associée à une plus grande comparaison de son corps à celui des autres, peut générer de l’anxiété sociale par rapport à son physique (McCreary & Saucier, 2009; Smolak & Stein, 2006). Cette forme d’anxiété sociale est caractérisée par de l’anxiété et de l’inconfort associé à l'exposition de son corps en public, l’impression que son corps est évalué par les autres et conséquemment que la personne sera 6 évaluée négativement (Hart, Leary, & Rejeski, 1989). Plusieurs études suggèrent une forte association entre l’insatisfaction par rapport à ses muscles et l’anxiété sociale par rapport à son physique (Duggan & McCreary, 2004; McCreary & Saucier, 2009; Brunet, Sabiston, Dorsch, & McCreary, 2010). Conséquences comportementales et physiques. Les recherches suggèrent que dans le but de pallier à leur impression d’être trop petits et insuffisamment musclés, certains hommes adopteraient des comportements délétères aux plans physique et psychologique (Bahrke & Yesalis, 2002). L’insatisfaction par rapport à la musculature de certains hommes est ainsi associée à la pratique de diètes restrictives ou à des patrons d’alimentation rigides et envahissants (Neumark-Stainer, Wall, Haines, Story, Eisenberg, 2007; Mikkilä et al., 2007). Ultimement, ces pratiques alimentaires augmentent les risques de développer un trouble du comportement alimentaire (Goldschmidt, Wall, Loth, Le Grange, & Neumark-Stainer, 2012). Aussi, le désir d’être plus musclé peut mener certains hommes à s’adonner à des séances d’entrainement intenses et sur une longue période sans une récupération adéquate (Olivardia, 2001). Ceci les met donc à risque de plusieurs blessures au niveau des os, des ligaments et des articulations. Ces manifestations font partie du syndrome de surentrainement qui se caractérise comme un épuisement physique suite à une grande quantité d’entrainement sans récupération adéquate (Halson & Jeukendrup, 2004; Parent, 2013). En plus du risque élevé de blessure, ces hommes qui s'entrainent à outrance risquent de vivre une baisse de leur performance, de leur système immunitaire et une altération de leur humeur (Halson & Jeukendrup, 2004). Par ailleurs, l’utilisation de substances illicites ou non permettant d’améliorer les performances physiques présente un risque important pour la santé de ceux qui les utilisent. Parmi les substances les plus utilisées pour améliorer l’apparence, les stéroïdes anabolisants, ainsi que ses dérivés sont les plus connus (Cafri, Thompson, Ricciardelli, McCabe, Smolak, & Yesalis, 2005). Les stéroïdes anabolisants sont utilisés pour améliorer les performances sportives, mais aussi principalement pour améliorer l’apparence. À ce sujet, un sondage mené auprès de 500 utilisateurs de stéroïdes anabolisants montre que près de quatre utilisateurs sur cinq (78,4 %) ne s’entraînent que de façon récréative et utilisent les stéroïdes uniquement d’un point de vue esthétique (Parkinson & Evans, 2006). 7 Dysmorphie musculaire : continuum de l’insatisfaction corporelle De la préoccupation non pathologique à pathologique. Il n’existe présentement pas de données sur l’existence d’un continuum sur les conséquences comportementales de la préoccupation par rapport à la muscularité comme c’est le cas pour la préoccupation par rapport à la minceur allant d’une alimentation normale à un trouble des conduites alimentaires (TCA; Ackard, Fulkerson, & Neumark-Sztainer, 2011; Shisslak, Crago, & Estes, 1995), bien qu’il soit fort probable que ce phénomène soit présent aussi chez les hommes (Ricciardelli & McCabe, 2004). En effet, l’insatisfaction musculaire est présente chez une majorité des hommes, mais à des degrés différents. L’insatisfaction musculaire peut pousser les hommes à adopter des stratégies pour augmenter la musculature, ces dernières pouvant, à un certain point, faire partie d’un mode de vie sain, notamment, la participation à des activités sportives et l’adoption d’une saine alimentation. Toutefois, l’insatisfaction par rapport à la musculature est également un important facteur de risque de l’adoption de conduites alimentaires problématiques et de l’utilisation de substances visant à augmenter la musculature (Cafri et al., 2006; Grossbard, Atkins, Geisner, & Larimer, 2013; Litt & Dodge, 2008). Les hommes qui recherchent à améliorer leur apparence adopteraient davantage de conduites alimentaires problématiques que ceux qui recherchent à améliorer leur performance (Skemp, Mikat, Schenck, & Kramer, 2013). Dans ce contexte, la préoccupation par rapport à la musculature serait un agent de changement qui inciterait les hommes à s'investir dans des méthodes dites plus dommageables pour atteindre l’idéal mésomorphique, telles que l’adoption de patrons alimentaires problématiques, l’utilisation des suppléments de protéines ou bien l’utilisation de créatine. Notamment, l’étude de Karazsia, Crowther et Galioto (2013) dresse un portrait de l’utilisation des substances qui se veut progressif. En effet, les protéines semblent être le supplément d’initiation qui prédit ensuite l’utilisation subséquente de la créatine qui mènerait ensuite à l’utilisation de stéroïdes anabolisants, ces derniers représentant les substances les plus nocives pour la santé. Les utilisateurs de stéroïdes anabolisants auraient un historique de consommation de créatine et de protéines ede 84,6 % et 96,2 % respectivement. La DM. La DM a tout d’abord été appelée « anorexie inverse » de par ses similarités au plan cognitif et comportemental avec l’anorexie mentale (Pope, Katz, & 8 Hudson, 1993). Comme pour l’anorexie mentale, les hommes souffrants de DM ont une perturbation de leur image corporelle accompagnée de comportements dysfonctionnels visant à diminuer cette insatisfaction corporelle (Pope et al., 1997). Toutefois, dans le cas de la DM, les préoccupations sont tournées vers l’impression d’être insuffisamment mince et musclé, ce qui concorde avec l’idéal promu par les médias. Les hommes souffrant de DM présenteraient une distorsion de l’image corporelle qui se traduirait par l’impression envahissante d’être frêles et faibles, et ce, malgré la prise de masse musculaire (Olivardia, 2001; Pope et al., 1997). Une étude ayant catégorisé les hommes selon quatre niveaux de préoccupation par rapport à leur musculature montre que les hommes ayant les caractéristiques de la DM avait un indice de masse corporel (IMC) ajusté à la musculature plus grand que les autres hommes, mais qu’ils se percevaient moins attirant physiquement, moins fort et moins bon dans les sports que les autres hommes (Gonzáles-Martí, Fernándes Bustos, Hernándes-Martínez, & Contreras Jordàn, 2014). Pour atteindre leur objectif d’augmenter leur musculature tout en réduisant leur pourcentage de gras corporel, les hommes présentant une DM se tourneraient vers des diètes et régimes rigides, ainsi que vers la pratique d’exercice excessif. Certains vont porter des vêtements amples ou éviter des situations afin de cacher leur corps ou vont vivre beaucoup d’anxiété s’ils ne peuvent pas se cacher. Ces hommes vivraient une forte culpabilité et anxiété lorsqu’ils dérogent de leurs habitudes et utilisent des comportements compensatoires afin de contrôler le poids. L’étude de Thomas, Tod et Lavallé (2011), montre une variabilité dans les symptômes de la DM selon l’horaire d’entrainement des hommes. En effet, ces derniers rapportaient des symptômes plus élevés lors d’un jour de repos comparativement à un jour d’entrainement. Ceci suggère que l’entrainement semble avoir un effet de réguler les affects générés par les obsessions liées à l’apparence et aux habitudes alimentaires et d’activité physique. La préoccupation par rapport à la musculature devient à ce point important qu’elle mène à un dysfonctionnement social, professionnel ou récréatif, par exemple refuser d’invitations sociales pour s’entrainer ou pour éviter d’exposer son corps perçu comme inadéquat, ou à sentiment de détresse (Olivardia, Pope, & Hudson, 2000). La DM est d’ailleurs associée à une plus faible qualité de vie (Lopez et al., 2015). La DM a été associé à plusieurs pathologies et présente plusieurs comorbidités. Les hommes souffrants de DM seraient plus à risque de présenter une dépendance à l’exercice, 9 une anxiété par rapport à l’apparence, une utilisation de substances illicites (Hildebrandt, Schlundt, Langenbucher, & Chung, 2006; Lopez et al., 2015; Murray et al., 2012; Tod & Edwards, 2014). La DM présente une forte comorbidité avec les troubles anxieux (29-43 %), les troubles de l’humeur (58-74 %) et les TCA (4-29 %) (Cafri, Olivardia, & Thompson, 2008; Olivardia, Pope, & Hudson, 2000). On estime à 10 % la présence de la DM chez les « body-builders » (Pope, Katz, & Hudson, 1993) et l’âge d’apparition du trouble serait aux alentours de 19 ans (Olivardia et al., 2001). Aucune prévalence de ce trouble dans la population générale n’est connue. Toutefois, certains chercheurs estiment la prévalence de la DM en utilisant celle des utilisateurs de stéroïdes (Parent, 2013), puisqu’elle est à la fois un indicateur d’un fort désir d’augmenter sa musculature et un comportement très répandu chez les hommes souffrant de DM. L’utilisation de stéroïdes par les hommes universitaires se situerait entre 1 % et 1,9 % (Johnson, O’Malley, Bachman, Schulenberg, 2010; McCabe, Brower, West, Nelson, & Wechsler, 2007). Bien que de plus en plus d’hommes demanderaient de l’aide psychologique pour des problématiques liées à une insatisfaction par rapport à leur musculature (Davey & Bishop, 2006; Morgan, 2002), très peu consultent spécifiquement pour une DM (Olivardia, Pope, & Hudson, 2000). Cette population reste difficile à rejoindre de par leur ambivalence entre continuer à s’approcher de leur idéal et nier les conséquences inhérentes à leur condition et chercher de l’aide pour réduire leurs préoccupations et leurs comportements dangereux impliquant toutefois de s’éloigner de leur idéal corporel (Addis & Mahalik, 2003; Olivardia, 2001). En ce sens, cette problématique semble égosyntonique au même titre que les TCA, ce qui peut rendre difficile la reconnaissance d’une souffrance et d’une altération fonctionnelle. D’ailleurs plus le nombre de symptômes de TCA ou de DM est élevé, plus le niveau de croyance positive par rapport aux TCA ou à la DM est élevé (Griffiths, Mond, Murray, & Touyz, 2015). Il est important aussi de considérer que les hommes présentant des conduites alimentaires problématiques ne souffrent généralement pas de maigreur et ont plutôt un poids normal comparativement aux femmes. Leurs problématiques alimentaires et leurs préoccupations par rapport à l’apparence sont donc moins visibles et moins stigmatisantes. En effet, les hommes qui présentent des conduites alimentaires problématiques subissent moins de 10 discrimination et leur condition est plus souvent vu positivement comparativement à des femmes souffrant d’un TCA (Star, Hay, Quirk, & Mond, 2015). Bien qu’il existe encore une certaine controverse par rapport à la conceptualisation de la DM (Murray, Rieger, Touyz, & De la Garza Garcia, 2010), cette dernière a été officiellement catégorisée comme un spécificateur de la dysmorphie corporelle dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 5ème édition (DSM-5), qui se retrouve désormais dans la catégorie des troubles obsessionnels compulsifs (American Psychiatric Association, 2013). Cette association entre la DM et le trouble de dysmorphie corporelle a été appuyé par plusieurs auteurs (Chandler, Derryberry, Grieve, & Pegg, 2009; Maida & Armstrong, 2005; Olivardia, 2001; Pope et al., 1997). Ces derniers décrivent davantage la DM comme une préoccupation par rapport à un aspect spécifique du corps (Olivardia, 2001). En effet, les muscles seraient l’objet d’une obsession menant à de l’entrainement excessif et à des conduites alimentaires problématiques dans l’optique d’augmenter la musculature. Les conduites alimentaires dysfonctionnelles ne seraient pas au cœur du trouble, mais plutôt une conséquence de la DM. Pope et ses collaborateurs (1997), qui ont formulé des critères diagnostiques (voir tableau 1), adhèrent davantage à cette conceptualisation. La classification de la DM dans les troubles de dysmorphie corporelle est bien appuyée. La DM a une comorbidité importante avec le trouble de dysmorphie corporelle et les troubles obsessionnels compulsifs (Maida & Armstrong, 2005; Olivardia, Pope, & Hudson, 2000). Les hommes souffrant de DM, présentent des comportements compulsifs comme les rituels de diètes, de l’exercice excessif et compulsif. De plus, la DM est associée à une recherche importante de réassurance par rapport à la musculature. Les hommes présentant cette problématique vérifient en moyenne jusqu’à dix fois par jour leur reflet dans les miroirs et vont penser à leur musculature trois heures quotidiennement (Olivardia, Pope, & Hudson, 2000). Toutefois, une étude de Pope et al. (2005) compare les caractéristiques cliniques des hommes souffrant de DM et les hommes souffrant d’un trouble de dysmorphie corporelle sans DM. Il en ressort que le portrait clinique des hommes souffrant de DM est plus sévère que celui des hommes souffrant d’un trouble de dysmorphie corporelle sans DM. En effet, hommes souffrant d’un trouble de dysmorphie 11 corporelle avec DM sont préoccupés par un plus grand nombre de parties de leur corps, ont une moins bonne qualité de vie, font plus de tentatives de suicide et consomment plus de substances que les autres troubles de dysmorphie corporelle. Récemment, une étude de Nieuwoudt, Zhou,Coutts et Booker (2015) montre, chez des hommes universitaires, une forte association entre les symptômes de la DM, de la dysmorphie corporelle et des TCA. De plus, les participants à risque de présenter une DM étaient fréquemment à risque de présenter une de ces deux pathologies. En effet, 5,6 % des participants présentait à la fois une DM et une dysmorphie corporelle, tandis que 9,3 % des participants présentait une DM et un TCA. Il existe donc une similarité des symptômes et une comorbidité tant avec le trouble de dysmorphie corporelle qu’avec les TCA. Tableau 1 Critères de la DM proposés par Pope en 1997 A. La préoccupation par rapport à l’idée que son corps est insuffisamment mince et musclé. Les comportements caractéristiques associés à cette préoccupation inclus de longues heures à lever des poids et une attention excessive à une diète. B. La préoccupation est accompagnée d’au moins deux des manifestations suivantes : 1. L’individu rate ou abandonne fréquemment d’importantes activités sociales, occupationnelles ou récréatives pour répondre à un besoin compulsif de maintenir son horaire d’entrainement ou sa diète. 2. L’individu évite les situations dans lesquelles sont corps serait exposé aux autres ou s’il ne les évite pas, ces situations sont vécues avec une détresse marquée ou de l’anxiété intense. 3. La préoccupation par rapport à la musculature cause une souffrance ou un dysfonctionnement cliniquement significatif dans au moins l’une des sphères importantes de sa vie 4. l’individu continu de s’entrainer, de suivre sa diète ou d’utiliser des substances pour augmenter ses performances malgré la connaissance des effets néfastes physiques et psychologiques. C. L’accent premier de la préoccupation et des comportements doit être par rapport à la peur d’être trop petit ou de ne pas être assez musclé, qu’on distingue de la peur d’être trop gros, comme pour l’anorexie, ou de la préoccupation par rapport un autre aspect du corps, comme un trouble de dysmorphie corporel. Note. Les critères de la DM sont tirés et traduits de Pope et al. (1997) 12 D’ailleurs, plusieurs auteurs persistent à conceptualiser la DM comme un TCA (Grieve, 2007; Grieve, Truba, & Bowersox, 2009; Lamanna, Grieve, Derryberry, & Hackman, 2010; Murray, Rieger, Touyz, & De la Garza García, 2010). Cette proposition est aussi bien appuyée. Tout comme les TCA, la problématique de la DM se développe à l’adolescence et l’objet de la préoccupation est conforme aux idéaux véhiculés dans l’environnement socioculturel (Olivardia, 2001). Il existe une surreprésentation des femmes dans les TCA étant donné que l’environnement socioculturel fait la promotion de la minceur, alors qu’il y a une surreprésentation des hommes dans la DM compte tenu que l’environnement socioculturel promeut la muscularité. Comme les TCA, la DM est centrée sur un entrainement excessif et une diète rigide. Plusieurs études montrent que la DM présente des symptômes similaires concernant l’alimentation et l’activité physique (Lopez, Polak, Gonzales, Pona, & Lundgren, 2015; Murray et al., 2012; Tod & Edwards, 2014). Une étude comparant des hommes souffrant d’anorexie et des hommes souffrant de DM montre que ceux-ci présentent des niveaux de psychopathologie alimentaire et d’activité physique similaires (Murray et al., 2012). En effet, ceux-ci ne se différenciaient pas par rapport à la restriction alimentaire, aux préoccupations par rapport au poids et à la silhouette et à l’exercice compulsif. D’ailleurs, une étude de Murray, Rieger, Karlov et Touyz (2013) a exploré l’application du modèle transdiagnostique des TCA (Fairburn, Cooper, & Shafran, 2003; Fairburn, 2008) à la DM. Ce modèle propose que tous les TCA présentent le même « cœur pathologique », c’est-à-dire l’intolérance à la détresse, la faible estime de soi, le perfectionnisme et les problèmes interpersonnels. Il en ressort que la DM partage tous les facteurs centraux et communs des TCA à l’exception des problèmes interpersonnels. Considérant qu’il y a une migration assez fréquente des diagnostics de TCA au cours de la vie, (Ackard, Fulkerson, & Neumark-Sztainer, 2011; Peterson et al., 2012), il est ainsi possible que la DM, qui présente aussi ce même « cœur pathologique » soit une des formes vers laquelle le TCA puisse évoluer. D’ailleurs, afin de mieux comprendre les processus sous-jacent, plusieurs modèles étiologiques de la DM ont été inspirés de ceux faits pour les TCA. Modèles étiologiques de la DM 13 Les modèles biopsychosociaux. La première conceptualisation étiologique de la DM a été proposée par Olivardia (2001) qui suggérait que l’interrelation entre les prédispositions génétiques, les facteurs biologiques (IMC et puberté), les facteurs psychologiques (estime de soi et insatisfaction corporelle) et l’idéal de beauté véhiculé par l’environnement socioculturel (médias, la famille et les pairs) expliqueraient le développement de la DM. Ces facteurs étiologiques n’ont toutefois pas été représentés sous la forme d’un modèle et consistaient en une liste de facteurs impliqués dans le développement de la pathologie. D’autres auteurs se sont toutefois intéressés à certaines de ces variables, prises isolément, en lien avec la DM. Pour ce qui est des facteurs biologiques (IMC et puberté), par exemple, les études semblent démontrer que ces variables ont un rôle restreint par rapport à l’insatisfaction corporelle des hommes et le développement de la DM (Cafri et al., 2005; Leone et al., 2014). Au niveau génétique, une étude de jumeaux menée dans le cadre de l’étude FinnTwin16 et portant sur 319 paires de jumeaux monozygotes/dizygotes montre l’influence possible des gènes sur l’insatisfaction par rapport aux muscles (Raevuori, Keski-Rahkonen, Rose, Rissanen, & Kaprio, 2006). Les facteurs génétiques expliqueraient 40 % de la variance de l’insatisfaction musculaire comparativement à 60 % pour l’environnement unique. L’environnement, quant à lui, jouerait donc un rôle plus important que la génétique sur l’insatisfaction par rapport à la musculature et, éventuellement, sur la DM. Par rapport à l’aspect psychologique, plusieurs études ont établi que l’insatisfaction par rapport à la musculature et l’estime de soi sont des prédicteurs des symptômes de DM chez les hommes (Ebbeck et al., 2009; Grieve & Helmick, 2008; Lamanna et al., 2010). Enfin, plusieurs études appuient l’influence de l’environnement socioculturel. En effet, les encouragements à devenir plus musclé et à adopter des comportements pour atteindre cet objectif de la part des membres de l’entourage (parents, pairs) et des médias sont associés à l’insatisfaction musculaire (Karazsia & Crowther, 2009, Karazsia & Crowther, 2010; Tylka, 2011). Suite aux travaux d’Olivardia et ses collaborateurs, Cafri et al. (2005) ont proposé un modèle intégratif (voir figure 1) différent de celui d’Olivardia, surtout par la promotion de variables relatives à l’environnement social de l’homme. Ce modèle propose que les facteurs biologiques aient une influence sur des facteurs sociaux (l’influence des médias, des parents et des pairs), ces derniers mèneraient à une insatisfaction corporelle en passant 14 par un processus de comparaison sociale du corps qui favoriserait au final l’adoption de comportements à risque pour augmenter sa musculature. De plus, le fonctionnement psychologique, défini dans le modèle par l’estime de soi et les affects négatifs, aurait une relation bidirectionnelle avec les comportements à risque pour augmenter la musculature. Il importe toutefois de souligner que ce modèle vise à prédire l’adoption de comportements à risque associés à la DM (l’utilisation d’épinéphrine, de stéroïdes ou ses précurseurs et des diètes pour prendre de la masse musculaire ou perdre de la masse adipeuse) et non la DM elle-même. Cafri, van den Berg et Thompson (2006) ont évalué les différentes variables de leur modèle à l’aide d’une série de régressions. Les affects négatifs, l’influence des médias et la participation à des sports ressortent comme les meilleurs prédicteurs de l’adoption de comportements à risque associés à la DM. Ceci suggère donc que ces variables soient les plus signifiantes chez les adolescents. Toutefois, les résultats de l’étude de Cafri et al. (2006) ne permettent pas de déterminer si le modèle de Cafri et al. (2005) est adéquat, puisque Cafri et al. (2006) n’ont pas fait d’analyses qui tiennent compte de l’ensemble des variables simultanément afin de valider le modèle dans son ensemble, mais plutôt une série d’analyses pour vérifier chacun des liens pris isolément. Figure 1. Modèle étiologique des comportements du développement musculaire à risque de Cafri et al. (2005) 15 Le modèle étiologique de Grieve. Grieve (2007) a proposé un modèle qui s’inspire de celui de Cafri et al. (2005), mais visant à expliquer le développement de la DM plutôt que ses manifestations, telles que l’utilisation de substances pour améliorer la musculature et de diètes (voir figure 2). Cette troisième conceptualisation étiologique incorpore plusieurs variables impliquées dans le développement des TCA comme l’internalisation du modèle de beauté, l’estime de soi et le perfectionnisme, compte tenu de la ressemblance entre les manifestations des TCA et la DM (Lamanna et al., 2010; Murray et al., 2010). Grieve propose que l’interaction entre l’IMC et la participation à des sports influencerait l’internalisation des idéaux de beauté qui, en retour, serait associée à l’estime de soi et à l’insatisfaction corporelle. L’insatisfaction corporelle mènerait directement à la DM, mais aussi en passant par les affects négatifs et le perfectionnisme. La faible estime de soi mènerait aussi à la DM en passant par les affects négatifs. Certains auteurs ont postulé que les conduites alimentaires et d’activité physique pourraient être des moyens de gérer et d’exprimer des émotions négatives (Chandler et al., 2009; Ebbeck et al., 2009; Leone et al., 2014). Figure 2. Modèle étiologique de la DM de Grieve (2007) Plusieurs études récentes ont évalué les diverses composantes du modèle de Grieve (Grammas & Schwartz, 2009; Lamanna, et al., 2010; Petrie, Greenleaf, & Martin, 2010). Toutefois, une seule étude a testé l’ensemble des variables sur une population d’hommes 16 universitaires à l’intérieur d’un modèle interrelié (Lamanna, et al., 2010). Cette étude a effectué des analyses acheminatoires et supporte partiellement le modèle de Grieve. Plus spécifiquement, les résultats de ces études confirment que l’internalisation de l’information socioculturelle serait significativement associée à l’estime de soi et à l’insatisfaction corporelle, qui serait à son tour un prédicteur de la DM. Le rôle médiateur des affects négatifs sur la relation entre l’insatisfaction corporelle n’a pas été obtenu contrairement à ce qui est observé pour les femmes (Grossbard, Atkins, Geisner, & Larimer, 2013; Stice, 2002). De plus, contrairement au modèle original, le perfectionnisme ne semble pas avoir une position claire dans le modèle. Ce trait de personnalité serait lié à la DM par son influence sur le désir d’être plus musclé. Ces résultats proposent d’ailleurs que la DM et les TCA partagent une étiologie commune et des processus sous-jacents communs. La personnalité : un nouveau champ d’intérêt. Plusieurs auteurs se sont penchés sur les corrélats personnologiques afin de mieux comprendre la DM (Davis, Karvinen, & McCreary, 2005; Kuennen & Waldron, 2007; Grammas & Schwartz, 2009; Gordon & Dombeck, 2010). Ces études se sont principalement inspirées des profils de personnalités des femmes souffrant d’un TCA pour orienter la recherche. Entre autres, Davis et Scott-Robertson (2000) ont comparé des « body-builders » à des femmes souffrant d’anorexie sur différents traits de personnalité. Les « body-builders » présentaient des niveaux comparables aux femmes souffrant d’anorexie et supérieurs à un groupe contrôle quant à la personnalité obsessionnelle compulsive, la personnalité narcissique et le perfectionnisme. D’autres études se sont intéressées directement aux facteurs de la personnalité en lien avec le désir d’être plus musclé et la DM. Parmi ceux-ci, le névrosisme a été associé au désir d’être plus musclé (Davis, Karvinen, & McCreary, 2005).). Le névrosisme aurait un rôle d’amplificateur émotionnel qui ferait en sorte que les affects négatifs seraient plus intenses et mettraient à risque de développer des comportements plus extrêmes afin de les gérer. Le perfectionnisme a aussi été étudié en lien avec la DM. Une étude de Murray, Rieger, Karlov, & Touyz (2013) montre que le perfectionnisme est un prédicteur de la DM. 17 Toutefois, d’autres études proposent que le perfectionnisme ne prédise pas directement la DM. En effet, l’étude de Kuennen et Waldron (2007) montre que le perfectionnisme est seulement associé au symptôme d’exercice compulsif, tandis que celle de Maida et Armstrong (2005) montre que le perfectionnisme est faiblement associé à la DM et ne contribue pas significativement à la prédiction de la DM. De plus, sa forte association avec le désir d’être plus musclé et l’internalisation de l’idéal musclé suggère plutôt que ce trait soit impliqué dans les facteurs en amont de la DM (Dakanalis et al., 2014; Davis, Karvinen & McCreary, 2005; Grammas & Schwartz, 2009; Lamanna et al., 2010). Le narcissisme est un autre trait de personnalité qui a été étudié par rapport à la DM. Certaines études n’ont pas trouvé de lien entre le narcissisme et le désir d’être plus musclé et la DM (Davis, Karvinen, & McCreary, 2005; Kuennen & Waldron, 2007). Toutefois, ces études n’ont exploré que la dimension grandiose du narcissisme et ont mis de côté la dimension vulnérable. La dimension grandiose du narcissisme qui correspond à un sentiment de supériorité, une estime de soi élevée et de la dominance (Ronningstam, 2009) est plutôt associée à une plus grande estime de soi et moins de détresse psychologique (Miller et al., 2010; Miller et al., 2011). Quant à la dimension vulnérable, celle-ci correspond à un sentiment sous-jacent de supériorité, une inhibition sociale et une hypersensibilité à la critique (Ronningstam, 2009). Lorsque ces deux dimensions sont prises séparément, différentes associations à la DM ont été observées. En effet, le narcissisme grandiose prédit alors le désir d’être plus musclé, tandis que le narcissisme vulnérable prédit la DM, ainsi que les TCA (Gordon & Dombeck, 2010; Maples, 2011). D’ailleurs, le narcissisme global a été associé à plusieurs des symptômes de la DM, ce qui suggère une conjonction entre ce trouble et le narcissisme (Bruno et al., 2014; Gezer, 2014; Hill, 2015). En effet, l’exercice excessif, l’utilisation de substances et l’anxiété sociale par rapport au physique ont tous été associés au narcissisme. Objectif général En résumé, il est de plus en plus clair que les hommes subissent une forte pression d’atteindre un corps idéal, ce qui génère chez plusieurs d’entre eux de l’insatisfaction corporelle reliée à la musculature. Cette insatisfaction par rapport à la musculature peut mener à la DM, cette pathologie étant considérée comme un trouble de dysmorphie 18 corporelle depuis quelques années (APA, 2013). Toutefois, plusieurs études récentes mettent encore de l’avant la similarité importante entre la DM et les TCA (Lopez et al., 2015; Murray et al., 2012; Tod & Edwards, 2014). Ces études dressent un portrait similaire quant à leur symptomatologie et leurs caractéristiques. Ceci suggère donc que la DM puisse avoir une étiologie similaire aux TCA. Toutefois, aucune étude ne s’est penchée sur l’application d’un modèle étiologique propre aux TCA à la symptomatologie de la DM. L’objectif de ce mémoire est de mieux comprendre les processus sous-jacents à la DM et d’explorer l’applicabilité des facteurs explicatifs des TCA à la DM. Ainsi, ce mémoire explore le rôle des influences socioculturelles sur le désir d’être musclé et les variables impliquées dans le passage d’un désir d’être plus musclé vers l’adoption des symptômes de la DM. 19 LES FACTEURS PSYCHOSOCIAUX RELIÉS À LA DYSMORPHIE MUSCULAIRE 20 Résumé L’objectif de cette étude consiste à explorer les processus sous-jacents menant à la dysmorphie musculaire (DM). Étant donné que la DM partage plusieurs similarités symptomatologiques avec les troubles des conduites alimentaires (TCA), le modèle socioculturel de Stice (1994), originalement conçu pour expliquer les crises de boulimie, sera appliqué aux symptômes de la DM. Le modèle propose que les influences socioculturelles mènent à l’insatisfaction corporelle (au désir d’être plus musclé) qui mène aux crises de boulimie (dans ce cas-ci à la DM) directement et indirectement en passant par deux voies : la voie des affects négatifs et la voie comportementale. Pour ce faire, trois cent quatre-vingt-six hommes ont été recrutés parmi les étudiants et les employés de l’Université Laval et ont rempli des questionnaires en ligne. Des analyses acheminatoires ont été effectuées pour tester le modèle initial de Stice et un modèle modifié. Les résultats indiquent que le modèle de Stice a un bon ajustement, mais la voie des affects négatifs n’est pas significative. Un modèle proposant le rôle modérateur du narcissisme vulnérable sur le lien entre le désir d’être plus musclé et les affects négatifs présente un bon ajustement et représente un meilleur modèle que l’original. Les influences sociales mènent donc au désir d’être plus musclé qui lui mène directement à la DM. En plus de l’effet direct, le désir d’être plus musclé a des effets indirects en passant par les affects négatifs (lorsque le narcissisme vulnérable est élevé) et les stratégies pour augmenter la musculature. Ceci suggère que la DM partage plusieurs facteurs et processus similaires à ceux des TCA. 21 Introduction Les hommes subissent de plus en plus de pressions sociales afin d’avoir un corps mince et musclé. Ce corps idéal est, entre autres, mis de l’avant par les médias qui en font grandement la promotion (Ricciardelli, Clow, & White, 2010). Il n’est donc pas surprenant, dans ce contexte, que les hommes soient de plus en plus insatisfaits de leur corps, n’atteignant pas les standards promus. D’ailleurs, certaines études montrent que l’insatisfaction des hommes par rapport à leur corps atteindrait des niveaux similaires à ceux des femmes, qui elles, ont été associées à plusieurs reprises à des problématiques liées à l’image corporelle et à l’alimentation (Frederick et al., 2007; Neighbors & Sobal, 2007; Ricciardelli & McCabe, 2004). Ce désir d’être plus musclé peut s’intensifier en sévérité et ainsi, mener au trouble de la dysmorphie musculaire (DM). La DM a été définie par Pope et al. (1997) comme étant une préoccupation excessive par rapport à la musculature et l’adoption de comportements alimentaires et d’exercices physiques associés à la poursuite de la muscularité. Récemment, la DM a été officiellement catégorisé, dans le manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux, 5ème édition, comme un spécificateur de la dysmorphie corporelle, cette dernière faisant partie du spectre du trouble obsessionnel compulsif (DSM5; American Psychiatric Association, 2013). D’ailleurs, il existe une forte comorbidité entre la DM et les troubles obsessionnels compulsifs et les troubles de dysmorphie corporelle (Chung, 2001; Maida & Armstrong, 2005; Olivardia, Pope, & Hudson, 2000). La DM serait donc une forme de dysmorphie corporelle dont l’objet de préoccupation est les muscles. En effet, l’une des caractéristiques clés des troubles de dysmorphie corporelle consiste en une obsession envahissante concernant l’apparence physique et des comportements répétitifs en rapport à cette préoccupation. Les muscles seraient l’objet d’une obsession menant à de l’entrainement excessif et à des conduites alimentaires rigides. Les conduites alimentaires dysfonctionnelles ne seraient pas au cœur du trouble, mais plutôt comme une conséquence de la DM et un moyen de réduire l’anxiété associée à l’apparence physique. Malgré que les perturbations alimentaires soient considérées secondaires dans le diagnostic (Olivardia, 2001), encore plusieurs auteurs font le parallèle entre la DM et les TCA (Grieve, 2007; Grieve, Truba, & Bowersox, 2009; Lopez et al., 2015; Mosley, 2009; 22 Murray et al., 2010; Murray et al., 2012; Murray et al., 2013). Par exemple, l’étude de Murray et al. (2010) dresse un portrait bien similaire entre la DM et les TCA. Cette revue critique de la littérature concernant la catégorisation de la DM soulève que l’âge d’apparition se situe autour de l’adolescence pour les deux troubles et que la surreprésentation d’un genre tant pour les TCA que la DM est directement en fonction de la pression sociale ressentie. En effet, les hommes étant bombardés par un idéal mésomorphique développeraient une pathologie alimentaire et corporelle qui vise à augmenter la musculature alors que les femmes tenteraient de se soumettre à l’idéal de minceur promu. Plusieurs études font aussi état de symptômes alimentaires chez la DM tels que la restriction alimentaire et les préoccupations par rapport au poids et la silhouette (Grieve, Truba, & Bowersox, 2009; Lopez, Polak, Gonzales, Pona, & Lundgren, 2015; Murray et al., 2012). À cet effet, une étude de Murray et al. (2012) compare des hommes ayant un diagnostic de DM et des hommes ayant un diagnostic d’anorexie mentale sur la symptomatologie alimentaire et l’exercice compulsif. Les hommes souffrant de DM ne se distinguent pas des hommes souffrant d’anorexie mentale par rapport à la restriction alimentaire, aux préoccupations par rapport au poids et à la silhouette et l’exercice compulsif. Ces résultats soulèvent donc que, non seulement les hommes présentant une DM ont des conduites et des préoccupations alimentaires problématiques similaires aux hommes présentant une anorexie mentale, mais aussi que l’exercice physique est aussi problématique pour ces deux troubles. En plus d’une symptomatologie similaire, la DM partage aussi les facteurs centraux et communs des TCA. Murray, Rieger, Karlov et Touyz (2013) ont vérifié si les composantes du modèle transdiagnostique des TCA (Fairburn, 2003) étaient applicables à la DM. Ce modèle propose des composantes universelles entre les différents TCA. Ces auteurs ont vérifié si ces composantes (les problèmes interpersonnels, l’intolérance à la détresse, la faible estime de soi et le perfectionnisme) pouvaient prédire la symptomatologie de la DM. Il en ressort que la DM est prédit par tous les facteurs centraux et communs des TCA à l’exception de la présence des problèmes interpersonnels. Ces deux pathologies présentent donc un portrait commun. 23 Étant donné que la DM et les TCA partagent le même « cœur pathologique », il est probable que les mêmes processus sous-jacents soient impliqués quant à leur étiologie. Un des modèle conceptuel le plus répandu pour expliquer le développement des TCA est le modèle socio-culturel proposé par Stice (1994; 2002; voir figure 3). Ce modèle implique que l’internalisation des pressions sociales demandant d’atteindre un idéal de minceur mène à l’insatisfaction corporelle et subséquemment aux TCA. L’insatisfaction corporelle mène aux TCA en passant par deux voies. La première est la voie affective qui propose qu’il y ait une gestion des affects négatifs par les conduites alimentaires. La seconde voie est comportementale et propose que la restriction alimentaire mène au TCA. Malgré que le modèle de Stice n’ait pas été testé directement sur la DM et les préoccupations par rapport à la musculature, des résultats appuient en partie cette proposition. Figure 3. Modèle socioculturel de Stice (2002). Une étude de Lamanna et al. (2010) évalue un modèle qui se rapproche de celui de Stice sur des hommes et des femmes universitaires. Le modèle propose que les influences socio-culturelles mènent à l’insatisfaction corporelle qui, elle, prédit directement ou indirectement par les affects négatifs la DM et les TCA. Tout comme le propose Stice, les résultats de cette étude montrent que les influences socio-culturelles mènent à l’insatisfaction corporelle qui mène ensuite aux symptômes de DM. Toutefois, les affects négatifs n’étaient pas un médiateur significatif de la relation entre l’insatisfaction corporelle et la DM et la voie comportementale, telle que proposée par Stice, n’a pas été explorée dans cette étude. Il serait donc nécessaire de mieux comprendre l’ensemble des facteurs qui relient l’insatisfaction corporelle à la DM. Le modèle de Stice a déjà fait l’objet de modifications afin de vérifier, entre autres, le rôle de la personnalité sur la relation entre 24 l’insatisfaction corporelle et les affects négatifs (Gagnon-Girouard et al., 2009). Cette étude met en lumière l’effet de modération du névrosisme sur la relation entre l’insatisfaction corporelle et les affects négatifs. L’ajout d’un facteur de la personnalité pourrait donc permettre de mieux comprendre le lien entre l’insatisfaction corporelle, les affects négatifs et la DM. Le narcissisme a été étudié à plusieurs reprises en lien avec la DM. Entre autres, le narcissisme est lié à l’exercice excessif, l’utilisation de substances et différents comportements à risques (Bruno et al., 2014; Hill, 2015). Il semble toutefois que le narcissisme vulnérable soit plus étroitement lié aux affects négatifs (Miller et al., 2010), les hommes affichant un haut niveau de narcissisme vulnérable sembleraient donc prompts à vivre des affects négatifs, ce qui pourrait jouer un rôle modérateur pour la voie passant par les affects négatifs. La phénoménologie très proche de celle des TCA et les résultats prometteurs par rapport à une étiologie commune entre la DM et les TCA suggèrent l’application d’une compréhension de la DM basée sur les TCA. L’étude a pour objectif de tester l’applicabilité d’un modèle socioculturel de Stice aux symptômes de la DM. Le modèle testé, adapté pour rendre compte des spécificités de la DM, propose que les influences socioculturelles mènent au désir d’être plus musclé, qui lui, mène aux symptômes de la DM directement et indirectement en passant par deux voies, soit la voie des affects négatifs et la voie comportementale. De plus, le rôle de la personnalité dans le modèle explicatif de la DM sera exploré. Plus précisément, le rôle modérateur du narcissisme vulnérable sur la voie des affects négatifs sera exploré. Il est donc attendu que le modèle de Stice présente un bon ajustement et que celui-ci explique de façon adéquate les symptômes de la DM. Méthodologie Participants Trois cent quatre-vingt-six hommes étudiants universitaires et employés de l’Université Laval ont été recrutés. L’âge moyen des participants est de 24,22 ans (ÉT=4,39). Les participants sont principalement caucasiens (91,8 %) et d’origine canadienne (90,0 %). Ils sont étudiants à temps plein (71,3 %) ou travaillent à temps plein (20,9 %) en majorité, tandis que certains travaillent à temps partiel (6,5 %) et 1,1 % sont sans emploi ou en arrêt de travail. L’IMC des participants s’échelonne de 14,92 à 34,09 25 avec une moyenne de 24,70 kg/m2 (ÉT=4,36). Parmi les participants, 88,9 % rapportait être préoccupés par leur apparence (48,1 %) par rapport à leur musculature, 15,1 % par rapport à leur gras corporel et 36,8 % par rapport à leur musculature et leur gras corporel. Procédure Les participants ont été rejoints à l’aide de la liste de courriel des étudiants et des employés de l’Université Laval. Le courriel faisait mention du but de l’étude qui était de répondre à des questionnaires en ligne concernant les facteurs psychosociaux impliqués dans le développement de la DM, et proposait un lien les redirigeant aux questionnaires en ligne sur le site de sondage Surveymethods (www.surveymethods.com). Il était alors demandé aux participants de remplir la batterie de questionnaires sur une base volontaire et sans aucune compensation. Les participants ont répondu de façon anonyme aux questionnaires et un numéro de participant leur a été attribué selon leur ordre de participation. Les données étaient automatiquement saisies dans une base de données informatisée. Instruments de mesure Les données sociodémographiques, incluant l’âge, l’IMC, l’ethnie, l’occupation, le revenu brut annuel, ainsi que le niveau d’éducation des participants, ont été recueillies à l’aide d’un questionnaire maison. Pressions sociales. Une version traduite en français de la Perceived Sociocultural Pressure Scale (PSPS; Stice, Ziemba, Margolis, & Flick, 1996) a été utilisée pour évaluer la pression perçue par les hommes d’avoir une silhouette mésomorphique par rapport à quatre différentes sources : leur parent, ami, conjointe et les médias. L’outil original consistait en huit questions, deux pour chaque source d’influence qui demandaient aux participants : (1) à quel point ils ont senti la pression de perdre du poids et (2) à quel point ils ont perçu un message clair demandant d’avoir un corps mince de la part de ses sources. Cette version a été validée auprès d’hommes universitaires. La version modifiée substitue les mots « perdre du poids » du premier énoncé pour « être plus musclé et mince » et le mot « mince » du deuxième énoncé pour « musclé et mince ». Les items sont sur une échelle de type Likert de 1 (jamais) et 5 (toujours). Le score moyen des deux items par source d’influence permet 26 d’obtenir le score de la pression sentie d’être plus musclé. L’alpha de Cronbach rapportée dans la littérature pour l’échelle totale est de 0,86 et pour les sous-échelles sont de 0,95 (amis), de 0,92 (parents), de 0,88 (médias) et de 0,89 (conjoint(e); Tylka, 2011). La cohérence interne pour la présente étude est de 0,78 pour l’échelle totale (parents = 0,78; amis = 0,75; médias = 0,84; conjointe = 0,90). Internalisation de l’idéal musclé. Les deux sous-échelles d’internalisation (internalisation générale et internalisation athlétique) de la version francophone du Sociocultural Attitudes Toward Appearance Questionnaire (SATAQ-3; Thompson, van den Berg, Roehrig, Guarda, & Heinberg, 2004) traduite et validée auprès d’adolescents par Rousseau et Valls (2010) ont été utilisées pour mesurer l’internalisation de l’idéal mésomorphique. L’internalisation générale contient neuf items et consiste à l’assimilation des standards de beauté diffusés par les médias à travers les magazines et la télévision (par ex., « J’aimerais que mon corps ressemble à celui des personnes qu’on voit à la télévision »). L’internalisation athlétique contient cinq items et renvoie à l’intégration des normes corporelles des figures sportives et athlétiques (par ex., « Je souhaite avoir l’air aussi musclé que les sportifs célèbres »). Tous les items sont sur une échelle de type Likert (où 1 = totalement en désaccord et 5 = totalement en accord) et la moyenne des items permet d’obtenir le score de chaque échelle. Un score élevé indique une plus grande acceptation de l’idéal de beauté véhiculé par la société. Les alphas de Cronbach sont de 0,83 pour l’internalisation générale et 0,81 pour l’internalisation athlétique (Rousseau & Valls, 2010). La cohérence interne pour cette étude était de 0,95 pour l’échelle générale et 0,86 pour l’échelle athlétique. Affects négatifs. La sous-échelle affect négatif de la version francophone du Positive and Negative Affect Scale (PANAS; Watson, Clark, & Tellegren, 1988) traduite et validée auprès d’athlètes par Gaudreau, Sanchez et Blondin (2006) a été utilisée pour évaluer les affects négatifs au cours du dernier mois. Ce questionnaire autorapporté contient dix items sur une échelle de type Likert (où 1 = Très peu ou pas du tout en accord et 5 = Extrêmement en accord) et la sommation des items donne un score total. La version originale a été validée auprès d’hommes universitaires. Un score total élevé indique une 27 affectivité négative élevée. L’alpha de Cronbach de cette sous-échelle est de 0,91 (Watson, Clark, & Tellegren, 1988). Pour ce qui est de la présente étude, l’alpha est de 0,88. Stratégies visant à augmenter la musculature. Une version traduite de la Muscle Building Techniques Scale (MBTS; Smolak, Murnen, & Thompson, 2005) a été utilisée pour évaluer la fréquence de l’implication dans des stratégies visant à augmenter sa musculature. Cinq techniques utilisées au cours de la dernière année (l’exercice, la musculation, manger plus, prendre des vitamines ou des suppléments et l’utilisation de stéroïdes ou d’autres drogues de performance) sont mesurées sur une échelle de Likert allant de 1 (jamais) à 5 (toujours). Un score total est obtenu en effectuant la somme de chaque item et un score élevé correspond à une plus grande fréquence de l’utilisation de stratégies visant à augmenter sa musculature. Cet outil présente une cohérence interne adéquate (α = 0,75; Smolak, Murnen, & Thompson, 2005). La cohérence interne pour la présente étude est de 0,75. Narcissisme. La sous-échelle dimension vulnérable de la version francophone du Pathological Narcissism Inventory (PNI; Pincus et al., 2009) traduite et validée auprès d’étudiants universitaires par Da Silva Luis (2014) a été utilisé pour mesurer les traits de personnalité narcissique (par ex., « Je suis le meilleur, car je me sacrifie pour les autres »). Ce questionnaire autorapporté est constitué de 52 items sur une échelle de type Likert (où 1 = je ne suis vraiment pas comme cela et 6 = je suis vraiment comme cela) et la moyenne des items permet d’obtenir un score de narcissisme pathologique. Les items sont répartis selon deux dimensions du narcissisme : la dimension grandiose (tendance à exploiter les autres, sacrifice de soi/amélioration de soi et fantaisies grandioses) et la dimension vulnérable (estime de soi contingente, le soi caché, dévaluation et droit à la rage) (Wright, Lukowitsky, Pincus & Conroy, 2010). Un score élevé indique un haut niveau de narcissisme. Les alphas de Cronbach obtenu lors de la validation originale (Writh et al. 2010) est de 0,93 pour la dimension vulnérable et de 0,84 pour la dimension grandiose. La cohérence interne pour la présente étude est de 0,93 pour la dimension vulnérable. Désir d’être plus musclé. La version francophone de la Drive for Muscularity Scale (DMS; McCreary & Sasse, 2000) a été utilisée pour mesurer les attitudes et les comportements qui reflètent une préoccupation par rapport à l’augmentation de la 28 musculature (par ex., « Je crois que mes bras sont trop petits »). Ce questionnaire contient 15 items sur une échelle de type Likert (où 1 = Jamais et 6 = Toujours) et la moyenne des items permet d’obtenir un score de désir d’être musclé. Les items sont répartis sur deux sous-échelles : l’image corporelle orientée vers les muscles (attitudes) qui contient sept items et les comportements orientés vers les muscles (comportements) qui contient huit items. Un score élevé indique un plus grand désir d’être musclé. Cet outil a été validé auprès d’adolescents et d’hommes universitaires. Les alphas de Cronbach sont les suivants : 0,87 (échelle totale), 0,88 (sous-échelle image corporelle) et 0,81 (sous-échelle comportements) (McCreary & Sasse, 2000). La cohérence interne pour la présente étude est de 0,90 pour l’échelle totale, de 0,91 pour l’échelle image corporelle et de 0,88 pour l’échelle comportements. Symptôme de DM. Une version francophone du Muscle Dysmorphic Disorder Inventory (MDDI; Hildebrandt, Langenbucher, & Schlundt, 2004) a été utilisé pour évaluer les symptômes de la DM. Ce questionnaire autorapporté est constitué de 13 items sur une échelle de type Likert (où 1 = jamais et 5 = toujours) et permet d’évaluer les cognitions, les émotions et les comportements liés à l’image corporelle. Cet outil comporte trois souséchelles : le désir d’avoir une silhouette plus musclée (préoccupation d’être trop petit et insuffisamment musclé), l’anxiété par rapport à l’apparence et au dévoilement du corps (croyances négatives par rapport à son corps) et l’altération du fonctionnement (conséquences négatives de la routine d’entrainement). La moyenne des sous-échelles permet d’obtenir un score global de la DM. La validation auprès d’hommes pratiquant la musculation (Hildebrandt, Langenbucher, & Schlundt, 2004) montre une bonne cohérence interne tant pour les sous échelles (α = 0,77 à 0,85) que pour le score global (α = 0,81). La cohérence interne pour la présente étude est de 0,79 pour l’échelle totale et les souséchelles avaient une bonne cohérence interne (α = 0,76 à 0,86). Analyses statistiques Les analyses ont été réalisées à l’aide des progiciels SPSS et MPlus (Muthén & Muthén, 2012). Tout d'abord, des analyses corrélationnelles ont été effectuées pour vérifier la présence de liens significatifs entre les variables du modèle. Pour répondre aux objectifs de l’étude, le modèle explicatif de la DM a été testé à l’aide d’analyses acheminatoires 29 (path analysis) sur l’ensemble des participants. L’ajustement des modèles, c’est-à-dire leur capacité de représenter adéquatement les données recueillies, a été testé à l’aide des indices suivants : l’indice d’ajustement comparatif (Comparative Fit Index; CFI), l’indice de Tucker Lewis (Tucker Lewis Index; TLI), l’erreur quadratique moyenne de l’approximation (Root Mean Square Error of Approximation; RMSEA), le résidu quadratique moyen standardisé (Standardized Root Mean Square Residual; SRMR) et le χ2 normé. Des valeurs supérieures à 0,90 et 0,95 pour le CFI et le TLI indiquent un ajustement satisfaisant et excellent (Hoyle, 1995), tandis que pour des valeurs de 0,80 et moins pour le RMSEA et le SRMR sont acceptables (Browne & Cudeck, 1993). Le χ2 normé doit s’avérer non significatif pour indiquer un bon ajustement. Les données manquantes ont été estimées à l’aide de la méthode de maximum de vraisemblance à information complète (full information maximum likelihood – FIML; Enders & Bandalos, 2001). Les procédures de bootstrap ont été utilisées afin de tester les effets indirects. Pour ce faire, 1000 échantillons aléatoires ont été générés afin d’obtenir un intervalle de confiance bootstrap à 95 % (Edwards & Lambert, 2007). Résultats Les moyennes et écart-types des différentes variables sont présentés dans le tableau 2. Le tableau 3 fait état de la présence de relations significatives entre les variables socioculturelles, le désir d’être plus musclé, le narcissisme, les affects négatifs, les stratégies pour augmenter la musculature et les symptômes de la DM. Des analyses acheminatoires ont été réalisées à l’aide de MPlus afin de tester le modèle original de Stice. Les indices d’ajustement indiquent que le modèle a un bon ajustement (CFI = 0,999, TLI = 0,992, RMSEA = 0,024, SRMR = 0,012). Le χ2 normé est de 1,214 (1 dl), p = .271), ce qui suggère un bon ajustement. Toutefois, l’effet indirect du désir d’être plus musclé sur la DM passant par les affects négatifs n’est pas significatif (β = 0,026, IC À 95 % [-0,002, 0,066]). Le modèle de Stice a ensuite été testé avec l’ajout du narcissisme vulnérable comme modérateur de la relation entre le désir d’être plus musclé et les affects négatifs. À nouveau, les indices d’ajustements indiquent que le modèle a un bon ajustement (CFI = 0,984, TLI = 0,950, RMSEA = 0,048, SRMR = 0,034). Le χ2 normé est de 15,158 (8 dl), p = .0561), ce qui suggère un bon ajustement. Afin de vérifier si l’ajout du 30 narcissisme vulnérable comme modérateur de la relation entre le désir d’être plus musclé et les affects négatifs est significatif, une différence de χ2 normé a été calculée pour le modèle. Pour ce faire, les paramètres ajoutés par la modification du modèle (le narcissisme vulnérable et l’interaction du narcissisme vulnérable et le désir d’être plus musclé) ont été fixés à zéro ce qui a permis de calculer un χ2 normé . Le modèle présente alors un χ2 normé de 99,422 (14 dl), p < .0001. La différence de χ2 entre le modèle testé et le modèle où les paramètres ajoutés ont été fixés à zéro a ensuite été normé calculée à l’aide de l’estimation du maximum de vraisemblance robuste (Maximum Likelihood Estimator with robust standard errors; MLR). La différence de χ2 normé est de 89,85 (6 dl), p < .0001. Ceci suggère alors que le modèle final est supérieur au modèle initial et que l’ajout du narcissisme est justifié par le fait que l’effet indirect passant par les affects négatifs devient significatif. Tableau 2 Moyennes et écarts-types des variables du modèle N M ET PSPS 271 1,81 0,657 SATAQ 272 46,31 14,206 DMS 311 3,96 1,266 PNI_V 273 2,10 0,778 PANAS 271 20,66 7,715 MBTS 366 13,77 4,276 MDDI_DSM 278 11,11 4,726 MDDI_AD 277 4,44 3,720 MDDI_AF 276 3,95 3,918 MDDI_Total 269 19,48 8,410 PSPS = Pression sociales; SATAQ = Internalisation; DMS = Désir d’être plus musclé; PNI_V = Narcissisme vulnérable; PANAS = Affects négatifs; MBTS = Stratégie afin d’augmenter la musculature; MDDI_DSM = DM Désir d’avoir une silhouette plus musclée; MDDI_AD = DM Anxiété par rapport à l’apparence et au dévoilement du corps; MDDI_AF = DM Altération du fonctionnement; MDDI_Total = DM échelle totale 31 Tableau 3 Corrélations entre les variables du modèle PSPS SATAQ DMS PNI_V PANAS MBTS PSPS 1 SATAQ DMS PNI_V PANAS MDDI_DSM MDDI_AD MDDI_AF MDDI_Total 0,282** 0,274** 0,286** 0,348** 0,032 0,248** 0,372** 0,079 0,347** 1 0,463** 0,350** 0,210** 0,351** 0,493** 0,257** 0,372** 0,565** 0,321** 0,232** 0,277** 0,773** 0,272** 0,251** 0,678** 1 0,493** 0,104 0,333** 0,353** 0,252** 0,464** 1 0,001 0,261** 0,379** 0,139* 0,385** 1 0,319** -0,110 0,578** 0,403** 1 0,141* 0,357** 0,791** 1 0,022 0,534** 1 0,676** 1 MBTS MDDI_DSM MDDI_AD MDDI_AF MDDI_Total 1 * p < .05; ** p < .001. 32 Le modèle et les coefficients standardisés sont représentés à la figure 4. Les analyses des effets indirects ont été réalisées à l’aide des procédures bootstrap. La pression sociale d’être plus musclé prédit directement le désir d’être plus musclé (β = 0,157) et indirectement en passant par l’internalisation de l’idéal promu (β = 0,129, IC À 95 % [0,077, 0,201]). Plus les hommes sentent de la pression d’être plus musclé, plus ils vont internaliser l’idéal de beauté promu et plus ils vont désirer être musclé. Le désir d’être plus musclé est aussi directement lié à la DM (β = 0,472) et indirectement par la voie des stratégies visant à augmenter la musculature (β = 0,031, IC À 95 % [0,003, 0,072]). Plus les hommes désirent être musclé, plus ils vont intensifier leur recours à un ensemble de stratégies et plus ils seront à risque de développer la DM. L’effet indirect passant par la voie des affects négatifs n’est pas significatif (β = 0,026, IC À 95 % [-0,002, 0,06]), mais la médiation modérée par le narcissisme vulnérable est significative (β = 0,037, IC À 95 % [0,006, 0,082]). Donc les hommes qui désirent être plus musclés ne vivent pas nécessairement plus d’affects négatifs. Toutefois, chez les hommes présentant un narcissisme vulnérable élevé, plus ils désirent être musclés, plus ils vont vivre des affects négatifs et plus ils seront à risque de développer la DM. L’effet indirect est conditionnel à une valeur élevée de narcissisme vulnérable (1 écart-type de la moyenne) pour être significatif. Le modèle explique 64 % de la variance de la DM. Ceci suggère que l’ensemble des variables et leurs relations qui sont proposées dans le modèle expliquent une grande partie de la variance des symptômes de la DM. Figure 4. Modèle de Stice modifié visant à prédire la DM avec les coefficients standardisés. 33 Discussion L’objectif de cette étude était de vérifier la validité empirique du modèle socioculturel de Stice adapté afin de prédire la DM chez un échantillon d’hommes universitaires. Il s’agit de la première étude qui a testé dans son ensemble un modèle étiologique des TCA afin d’examiner les processus menant à la DM. En effet, les études précédentes n’avaient examiné que des facteurs isolément ou des parties de modèle. Il était attendu que les variables socio-culturelles mèneraient au désir d’être plus musclé qui mènerait à la DM directement, mais aussi indirectement en passant par deux voies (les affects négatifs et les stratégies pour augmenter la musculature). Les résultats vont dans le sens de nos hypothèses et sont congruents avec la documentation actuelle (Franko et al., 2015; Karazsia & Crowther, 2009). La relation entre la pression sociale d’être plus musclé et l’insatisfaction corporelle (a.i. le désir d’être plus musclé) de même que la médiation de ce lien par l’internalisation de l’idéal musclé montre bien l’importance de l’influence socioculturelle sur l’image corporelle des hommes. Les jeunes hommes subissent une pression importante de la part de leur entourage afin d’avoir un corps plus musclé et mieux découpé et les médias participent activement à la promotion de ce corps idéal (Frederick, Fessler, Haselton, 2005; McCabe et al., 2015; Ricciardelli, Clow, & White, 2010). L’internalisation de l’idéal musclé reflète bien le processus par lequel les hommes vont adopter ou intégrer la représentation sociale du corps idéal musclé. En internalisant l’idéal musclé promu, ces hommes vont désirer s’en rapprocher et seront à risque de ressentir de l’insatisfaction face à leur propre corps. Tel qu’attendu, les résultats confirment l’importance du désir d’être plus musclé comme variable centrale de la DM. En effet, le désir d’être plus musclé présente un effet direct et significatif sur la DM. Le désir d’être plus musclé semble pousser les hommes à modifier leur corps et utiliser des moyens parfois extrêmes pour y parvenir. En plus de l’effet direct, deux voies menant à la DM ont été observées. Une voie affective passant par les affects négatifs et une voie comportementale passant par les stratégies visant à augmenter la musculature. Les résultats concernant la voie passant par les affects négatifs sont similaires à ceux observés dans les études précédentes sur la DM (Lamanna et al., 2010). Les affects 34 négatifs ne ressortent pas comme un médiateur significatif de la relation entre le désir d’être plus musclé et la DM. Ce n’est donc pas tous les hommes présentant un fort désir d’être plus musclé qui auront une affectivité négative importante les menant à la DM. Lamanna et ses collègues ont proposé (2010) que l’insatisfaction corporelle des hommes puisse ne pas être associée à des affects négatifs globaux, mais plutôt à des affects négatifs spécifiques liés au corps. En dépit de cette hypothèse qui porte plus spécifiquement sur la mesure du construit, nos résultats montrent que la présence d’une vulnérabilité narcissique pourrait en partie expliquer la présence du lien entre le désir d’être plus musclé et les affects négatifs. Les hommes affichant un narcissisme vulnérable élevé et qui sont plus insatisfaits de leur corps vont vivre plus d’affects négatifs, ce qui les met plus à risque de présenter la DM. Il a déjà été démontré que les hommes présentant un niveau élevé de narcissisme vulnérable tendent à ressentir un fort sentiment de honte face aux échecs personnels, aux critiques et lorsque l’image de soi ne correspond pas à un idéal (Bessner & Priel, 2010). Cette sensibilité quant à leur image de soi pourrait ainsi faire en sorte que leur apparence physique soit plus importante dans la représentation qu’ils ont d’eux-mêmes. Ces hommes pourraient ne pas avoir un éventail suffisant de stratégies permettant de gérer l’anxiété liée à l’image et maintenir une bonne estime de soi. Ils pourraient ainsi se tourner vers des stratégies non adaptatives telles que d’éviter de dévoiler son corps, de se comparer et de mettre son corps en valeur afin de réguler les affects en lien avec une perception négative d’eux-mêmes et ainsi les protéger des menaces à leur estime de soi (Amin, Strauss, & Waller, 2014; Waller, Sines, Meyer, & Mountford, 2008). En ce sens, il est possible que la fragilité narcissique de certains hommes les amèneraient à ressentir davantage d’affects négatifs, mais aussi à faire usage de stratégies non adaptées pour gérer ces affects négatifs et les menaces à leur estime de soi (Hill, 2015; Miller et al., 2010; Pincus, 2009). La voie comportementale passant par l’utilisation de stratégies pour augmenter la musculature est aussi supportée. Les hommes ayant un fort désir d’être plus musclés vont s’investir dans des stratégies visant à augmenter la musculature comme augmenter le nombre de séances d’entrainement, adopter une diète particulière ou consommer des suppléments alimentaires. En effet, l’internalisation de l’idéal de beauté et une forte insatisfaction corporelle prédisent l’adoption de pratiques d’exercice excessives et une augmentation des comportements de diète (Homan, 2010). Les stratégies visant à 35 augmenter la musculature prendraient donc de plus en plus de place dans l’emploi du temps et amèneraient ces hommes à se retirer de leur vie sociale et professionnelle (un critère diagnostique de dysfonctionnement central pour la DM). Un plus grand investissement du corps peut ainsi mener à une obsession grandissante vis-à-vis l’atteinte d’un corps idéal. En terminant, bien que cette étude ait permis de faire un parallèle entre les processus explicatifs des TCA et de la DM, elle présente toutefois certaines limites. Cette étude est effectuée à l’aide d’un devis transversal. L’absence de données longitudinales ne permet pas d’affirmer la présence d’une relation de cause à effet entre les variables, ni même de pouvoir statuer sur le rôle étiologique de ces facteurs. Des études subséquentes conduites à l’aide d’un devis longitudinal seraient donc nécessaires afin de pouvoir conclure à des processus étiologiques. De plus, l’échantillon de l’étude est constitué en quasi-totalité d’hommes universitaires caucasiens, ce qui rend difficile la généralisation à d’autres groupes ethniques et à d’autres tranches d’âge. De même, bien qu’il s’agisse d’une étude portant sur la DM, un trouble clinique répertorié dans le DSM-5, les hommes recrutés ne proviennent pas du milieu clinique. Les hommes souffrant de DM consultent peu pour cette problématique, d’où la difficulté de recruter directement au sein de cette population clinique. Les résultats de l’étude permettent quand même de dresser un portrait des préoccupations corporelles des hommes de la population générale et des processus menant à la DM. Finalement, une réplication des résultats de cette étude auprès d’une population plus jeune qui est à risque de développer la DM serait intéressante. Conclusion Les pressions sociétales incessantes en vue d’atteindre un corps idéal que l’on a longtemps étudié chez les femmes semblent être de plus en plus présentes chez les hommes. La DM semble être une problématique très proche des TCA de par ces facteurs communs. En effet, le modèle socioculturel développé pour les TCA qui propose que l’influence socioculturelle mène à une insatisfaction corporelle qui prédispose à présenter une problématique alimentaire semble applicable à la DM. Les stratégies visant à augmenter la musculature et les affects négatifs qui découlent du désir d’être plus musclé sont des voies à part entière qui mettent à risque de présenter la DM et soulèvent l’hypothèse de trajectoires différentes qui peuvent mener à la DM. La personnalité peut rendre vulnérables certains 36 hommes à développer la DM. Des recherches subséquentes sont nécessaires afin d'améliorer la compréhension de cette problématique et de développer des stratégies préventives et de traitement efficaces pour cette clientèle. 37 Conclusion générale Les travaux du présent mémoire sont réalisés dans le cadre du laboratoire d’évaluation et d’intervention sur les problématiques du poids dont l’objectif est de parfaire les connaissances à propos des problématiques liées aux préoccupations corporelles et des conduites alimentaires qui s’y rattachent. Dans ce contexte, nous nous attardions au penchant masculin des préoccupations par rapport à l’apparence et nous tentions d’approfondir la compréhension de ce phénomène grandissant. Les résultats de la présente étude montrent un recoupement important entre les facteurs sous-jacents de la DM et ceux des TCA. En effet, ils font la démonstration que le modèle socioculturel de Stice (2002) est applicable à la DM et que ce dernier peut être utilisé afin de mieux comprendre les processus explicatifs sous-jacents à la DM. Ceci implique donc que, tout comme pour les femmes, les messages diffusés par les médias de même que les pressions environnementales semblent influencer l’image que les hommes ont d’eux-mêmes. En ce sens, l’internalisation du corps idéal promu par l’environnement socioculturel génère de l’insatisfaction corporelle et un désir d’être plus musclé. Cette insatisfaction est liée directement et indirectement à la DM, notamment via les affects négatifs lorsqu’il y a présence d’une vulnérabilité narcissique et via les stratégies compensatoires visant à augmenter la musculature. Au même titre que la restriction alimentaire pour les TCA, les différentes stratégies (p. ex., l’entrainement musculaire, la diète pour augmenter la musculature) alimentent l’obsession liée au corps et dicte le mode de vie de ces hommes surinvestis. Dans l’ensemble, les résultats du présent mémoire font ressortir l’importance de l’insatisfaction corporelle chez les hommes. Or, l’impact de cette insatisfaction corporelle est présentement sous-estimé par la société. Il est en effet significativement moins stigmatisant pour les hommes de s’entraîner excessivement et de suivre une diète pour favoriser la prise de muscles que pour les femmes de souffrir d’un TCA (Star et al., 2015). La maigreur que l’on peut observer chez les femmes souffrant d’un TCA est plus visible et plus alarmante que la musculature qui se développe chez les hommes. Il est socialement accepté et positif d’adopter un mode de vie sain, impliquant l’activité physique et une alimentation saine. Toutefois, lorsque le désir d’être musclé est excessif, ce dernier s’accompagne de conséquences négatives sur la santé physique et psychologique. En effet, 38 l’ensemble des préoccupations entourant le corps peut générer beaucoup de détresse, que ce soit des symptômes dépressifs ou bien de l’anxiété par rapport à l’apparence (McCreary & Saucier, 2009; Nowell & Ricciardelli, 2008). En ce sens, les hommes souffrant de DM peuvent vivre des difficultés importantes, mais demeurent peu enclins à en parler (Addis & Mahalik, 2003). Entre autres, en raison des normes sociales quant à la masculinité, cela peut faire en sorte que les hommes consultent moins et partagent moins leur détresse (Leone et al., 2014). L’influence sociale et médiatique n’est toutefois pas la seule source menant à la DM. Ce ne sont pas toutes les personnes exposées aux modèles musclés qui développent la DM. Il y a d’autres facteurs qui rendent les gens vulnérables à cette pathologie. Cette étude met d’ailleurs en lumière des indicateurs de risque qui peuvent être observés. La présence des affects négatifs est liée à la DM, plus spécifiquement chez un groupe d’hommes à risque, soit ceux présentant un narcissisme vulnérable plus élevé. Ceci vient donc bonifier le modèle original et propose que les hommes ayant une plus grande sensibilité à la honte et à l’échec sont plus à risque de vivre des affects de frustration, de déprime ou d’anxiété face à leur corps. On remarque aussi que les hommes qui utilisent un plus grand nombre et de façon plus fréquente les stratégies afin d’augmenter leur musculature sont plus à risque. Il est d’ailleurs alarmant d’observer une escalade dans les dernières années par rapport à l’utilisation de substances pour favoriser la prise de masse musculaire (McCabe & Ricciardelli, 2004; Karazsia et al., 2013). Les protéines sont une porte d’entrée pour la consommation de substances plus néfastes. Les hommes vont consommer davantage de protéines et éventuellement consommer des substances plus risquées comme les stéroïdes anabolisants. Il existe actuellement peu de données sur les effets secondaires des suppléments alimentaires sur la santé, entre autres, en raison de la grande diversité des produits sur le marché. Ceci n’est cependant pas le cas pour les substances plus néfastes telles que les stéroïdes anabolisants (Kanayama, Hudson, et Pope, 2008). En effet, une multitude de complications à long terme au niveau cardiovasculaire, neuroendocrinien et psychologique ont été constatées chez les consommateurs de stéroïdes anabolisants. Ainsi, il est important de favoriser un meilleur enseignement des bonnes pratiques d’activité physique et alimentaire, surtout auprès d’une population à risque de développer la pathologie. 39 D’un point de vue conceptuel, la présente étude soulève à nouveau la possibilité que la DM soit mieux représentée par un TCA que par un trouble de dysmorphie corporelle en dressant un important parallèle entre les TCA et la DM quant aux processus sous-jacents et aux facteurs explicatifs. Nos résultats appuient ceux de d’autres études allant dans le même sens. Par exemple, certains chercheurs font état de la présence de conduites alimentaires problématiques (p. ex., la restriction alimentaire et des épisodes de boulimie) chez les hommes souffrant de DM, et ce, à des niveaux comparables à ce qui est observé chez hommes souffrant de TCA (Grieve, Truba, & Bowersox, 2009; Lamanna et al., 2010; Murray et al., 2012; Murray et al., 2013; Mosley, 2009). Également, les cliniciens tendent à classifier la DM comme un TCA aux dépends de la classification actuelle lorsqu’ils sont confrontés aux manifestations du trouble. En effet, une étude de Murray et Touyz (2013), qui demandait à des cliniciens d’émettre une impression diagnostique sur une vignette concernant un homme souffrant de DM, montre que les cliniciens donnaient davantage un diagnostic de TCA à la vignette (dans 40% des cas) qu’un diagnostic de trouble de dysmorphie corporelle (dans 4% des cas). Aussi, récemment, une étude de cas montre même les effets positifs d’un traitement typique des TCA chez un jeune homme ayant les caractéristiques de la DM (Murray & Griffith, 2014). Les résultats de la présente étude jumelée à ces autres études soulèvent à nouveau un questionnement quant à la validité d’une catégorisation de la DM comme un trouble de dysmorphie corporelle. Les critères actuels de la DM mettent de l’avant les aspects obsessionnels et compulsifs présents dans cette problématique. Il est clair que, chez les hommes présentant une DM, des composantes obsessionnelles compulsives sont fortement présentes (Maida & Armstrong, 2005). Toutefois, celles-ci sont aussi présentes chez les TCA. Il existe une forte similarité entre les troubles de dysmorphie corporelle et les TCA (Hartmann, Greenberg, & Wilhem, 2013). Ces deux problématiques impliquent des niveaux élevés de préoccupations par rapport à l’apparence et une faible estime de soi. Tous deux présentent des obsessions importantes et des rituels concernant leur apparence physique. Malgré ces manifestations cliniques similaires, les critères des troubles de dysmorphie corporelle mettent l’accent sur les caractéristiques obsessionnelles liées à des éléments spécifiques du corps et sur le dysfonctionnement social, tandis que ceux des TCA, portent davantage sur les conduites alimentaires. Or, au niveau de la DM, les hommes adoptent une diète très stricte et sont très 40 rigides face à celle-ci afin de favoriser la prise de masse musculaire et modifier leur corps, ce qui est différent des autres troubles de dysmorphie corporelle. Cliniquement, on remarque que les rituels alimentaires et l’importance de la diète sont aussi centraux que les séances d’exercice chez les gens souffrant de DM (Murray et al., 2012). Ceci est congruent avec les résultats d’entrevues effectuées dans le cadre des travaux de notre laboratoire qui soulèvent l’importance de la diète pour ces hommes, mais aussi leur portait clinique très similaire à celui des femmes souffrant d’un TCA (Labrecque, 2014). Dans l’état actuel, l’accent est mis au niveau de la préoccupation par rapport à la musculature; l’ensemble des comportements alimentaires est relayé au second plan. Il serait donc nécessaire de mieux opérationnaliser les symptômes alimentaires caractéristiques à la DM. Il serait intéressant dans les études futures de s’intéresser davantage aux conduites et préoccupations alimentaires de ces individus, puisqu'une myriade de symptômes alimentaires n’est pas pris en compte dans la littérature actuelle et cela pourrait permettre de mieux cerner le portrait global de la DM. L’utilisation du terme DM peut avoir pour effet de maintenir ce biais catégoriel qui met de côté toute la symptomatologie alimentaire. Ainsi, en tenant compte des résultats du présent mémoire, il serait intéressant de considérer la possibilité que les manifestations de la DM s’apparentent à un trouble alimentaire non spécifié ou bien à un nouveau type de TCA orienté vers la musculature. Forces et limites de l’étude La principale force de cette étude est qu’elle se penche sur les facteurs sous-jacents à la DM en tenant compte des relations complexes entre l’ensemble des variables. Jusqu’à présent, les études qui s’intéressent aux facteurs sous-jacents à la DM ne les ont observés que de manière isolée ou dans un modèle étiologique partiel. Le recours à des analyses acheminatoires a permis de faire des inférences quant aux processus sous-jacents et de tester un modèle théorique en entier. De plus, le modèle étiologique choisi pour expliquer les facteurs sous-jacents à la DM est un modèle solide, maintes fois validé et bien établi dans le domaine des TCA. Ceci a ainsi permis de positionner le fait que non seulement la DM présente les mêmes facteurs sous-jacents que les TCA, mais que les relations entre les variables sont les mêmes. Ces résultats appuient le questionnement grandissant par rapport à la classification de ce trouble. D’autre part, une autre force de la présente étude consiste 41 en la taille de l’échantillon. En effet, la taille élevée de l’échantillon permet d’obtenir une représentation plus juste de la population à l’étude reflétant la diversité des participants. De plus, la taille élevée de l’échantillon nous a permis de conduire des analyses statistiques plus complexes, pour lesquelles un nombre élevé de participants était exigé. En ce sens, notre étude se distingue des autres études sur la DM qui généralement présente une taille d’échantillon plus faible. De plus, outre le sexe et l’âge, aucun critère d’exclusion n’a été appliqué afin d’être le plus inclusif possible. Les données ont alors été recueillies sur un large éventail d’homme âgé entre 18 et 35 ans. Malgré que cette étude présente plusieurs forces, on note aussi certaines limites qui nous obligent à garder certaines réserves quant aux conclusions que l’on peut tirer de celleci. Tout d’abord, l’échantillon est composé majoritairement d’étudiants caucasiens, ce qui limite la généralisation des conclusions à d’autres populations. Il serait alors intéressant de répliquer cette étude auprès d’homme d’un groupe d’âge différent, ou d’une culture différente afin de généraliser les résultats. Les hommes de cet échantillon n’ont d’ailleurs pas été recrutés à l’intérieur d’un milieu clinique. Dans un autre ordre d’idée, il est possible de croire que l’utilisation de questionnaires auto-rapportés peut limiter la portée des résultats obtenus. En effet, malgré que cette méthode soit rapide et efficace, elle peut présenter plusieurs biais. Entre autres, il est largement reconnu que cette méthode est sensible à un biais de désirabilité sociale, qui implique que les participants peuvent répondre aux questionnaires en se présentant de façon favorable. Les questionnaires autorapportés font aussi appel à la compréhension, à la capacité d’introspection et à la capacité de rappel des participants qui peuvent induire des biais dans les résultats. Finalement, le devis transversal utilisé dans le cadre de cette étude limite les conclusions que l’on peut poser. En effet, en l’absence d’un devis longitudinal, il n’est pas possible de statuer sur une relation de causalité entre les éléments du modèle, et par le fait même sur le caractère étiologique du modèle. Toutefois, l’utilisation des analyses acheminatoires permet de faire des inférences quant aux effets directs et indirects des différents éléments du modèle sur la DM. Ceci permet donc de tester des hypothèses causales selon un modèle théorique. Néanmoins, en l’absence de données longitudinales, les interprétations des résultats se limitent aux associations entre les éléments du modèle. 42 Perspectives scientifiques et cliniques futures Sur le plan de la recherche, les résultats de la présente étude soutiennent quelques pistes de recherche. D’abord, il serait très intéressant de pouvoir répliquer une telle étude chez une population plus jeune et voir si les processus identifiés dans cette étude sont aussi présents à l’adolescence. Les préoccupations commencent de plus en plus précocement et il semble que les adolescents soient aussi de plus en plus préoccupés par leur apparence et sensibles aux influences de leur environnement (McCabe & Ricciardelli, 2004; McCabe et al., 2015). Les adolescents sont très sensibles aux messages médiatiques, mais aussi aux pressions exercées par leurs parents et leurs pairs (Webb & Zimmer-Gembeck, 2013). En effet, le groupe de pairs influence fortement les adolescents dans la formation leur identité personnelle et sociale. Cette période développementale est d’ailleurs critique au point de vue de l’apprentissage social puisque ceux-ci apprennent de façon importante par les conduites et les attitudes des pairs. Les adolescents se retrouvent alors bombardés par différents messages sans avoir les outils ou les capacités nécessaires pour poser un regard critique sur ces derniers. Ils assimilent alors à la fois le message selon lequel il est impératif pour réussir et être heureux d’atteindre un idéal corporel, mais aussi que l’utilisation de suppléments alimentaires et l’investissement dans l’entraînement est adéquat afin d’atteindre un objectif de prise de masse. Ceci met ainsi ces jeunes à risque d’adopter des comportements rigides, envahissants et dysfonctionnels afin de répondre à ces standards promus. De plus, le fait de répliquer cette étude auprès d’adolescents ouvrirait la porte à la possibilité d’effectuer des études longitudinales. Il serait fort intéressant de recruter de jeunes garçons et de les suivre sur plusieurs années, comme il a été fait auprès des jeunes filles, et ainsi voir l’évolution dans le temps de l’effet de l’environnement socioculturel sur la DM. Ceci solidifierait le caractère étiologique du modèle chez les hommes (Bearman et al., 2006; Stice, 2002). Au plan clinique, cette étude permet d’identifier des jeunes hommes plus à risque de développer ou de souffrir de la DM et qui pourrait bénéficier d’éventuelles interventions préventives. En effet, il semble que les jeunes hommes qui sont davantage investis dans des stratégies visant à augmenter la musculature et qui présentent plus d’insatisfaction corporelle seraient plus à risque de développer la DM. Ainsi, l’adoption de nouveaux 43 comportements chez les jeunes hommes, tels que l’utilisation de suppléments protéinés ou le fait passer plus de temps en salle à faire un entrainement orienté exclusivement vers la prise de masse musculaire, représenterait un indicateur pour les membres de l’entourage et les intervenants. Ceci serait d’autant plus vrai, lorsque ces hommes seraient très préoccupés par leur apparence et vivraient des affects négatifs par rapport à leur apparence. Il serait alors intéressant, compte tenu aussi des influences socioculturelles importantes chez ces jeunes hommes, de reprendre auprès d’eux, les campagnes de sensibilisation s’adressant aux femmes, comme le « projet DOVE pour l’estime de soi » qui ont été mises sur pied pour tenter d’envoyer un message différent aux jeunes filles et jeunes femmes concernant l’idéal corporel (Bissel & Rask, 2010). Ces campagnes proposent des ateliers et publicités afin de soulever l’impossibilité d’atteindre les standards dépeints dans les médias et leurs caractères irréalistes. Celles-ci visent un changement d’ordre social quant à la représentation du corps. Elles permettent ainsi de briser la représentation habituelle très restrictive du corps à atteindre, c’est-à-dire en présentant des modèles de beauté variés et non seulement les modèles habituels de minceur que l’on voit dans les médias. De plus, les ateliers permettent de fournir des outils pour tous ceux qui interviennent dans la vie des jeunes filles, des parents aux intervenants en passant par les enseignants, et ainsi, favorisent une meilleure estime corporelle pour les jeunes filles. Cette campagne s’adresse en quasitotalité aux jeunes filles, même si plusieurs principes peuvent être appliqués aux jeunes garçons. Il semble que cette tentative de changer le message véhiculé chez les hommes commencent d’ailleurs à se faire sentir. Certaines publicités s’adressant aux hommes font la promotion d’une pluralité du corps masculin et un portrait plus réaliste de la masculinité. On remarque, dans ces publicités, que les attributs corporels sont relégués au second plan, tandis que le produit ou les qualités individuelles des hommes retrouvent une place centrale dans la publicité. Certaines ressources commencent à voir le jour au Québec pour les hommes. Par exemple, des organismes et programmes tels qu’ANEB et Équilibre s’intéressent de plus en plus au pendant masculin des préoccupations alimentaires et corporelles. Entre autres, un centre de référence québécois pour les professionnels intervenant auprès des hommes présentant des préoccupations corporelles et alimentaires a vu le jour en 2014. L’importante pression sociale que subissent les hommes suggère que ceux-ci bénéficieraient grandement qu’on intervienne aussi auprès d’eux. Des campagnes 44 de sensibilisation par rapport à l’idéal musclé démystifieraient davantage ce phénomène et rendrait les interventions accessibles pour eux. 45 Bibliographie Ackard, D. M., Fulkerson, J. a., & Neumark-Sztainer, D. (2011a). Psychological and behavioral risk profiles as they relate to eating disorder diagnoses and symptomatology among a school-based sample of youth. International Journal of Eating Disorders, 44(5), 440–446. http://doi.org/10.1002/eat.20846 Ackard, D. M., Fulkerson, J. a., & Neumark-Sztainer, D. (2011b). Stability of Eating Disorder Diagnostic Classifications in Adolescents: Five-Year Longitudinal Findings From a Population-Based Study. Eating Disorders, 19(4), 308–322. http://doi.org/10.1080/10640266.2011.584804 Addis, M. E., & Mahalik, J. R. (2003). Men, masculinity, and the contexts of help seeking. American Psychologist, 58(1), 5–14. http://doi.org/10.1037/0003-066X.58.1.5 Amin, R., Strauss, C., & Waller, G. (2014). Body-Related Behaviours and Cognitions in the Eating Disorders. Behavioural and Cognitive Psychotherapy, 42(1), 65–73. http://doi.org/10.1017/S1352465812000914 Bahrke, M. S., & Yesalis, C. E. (2004). Abuse of anabolic androgenic steroids and related substances in sport and exercise. Current Opinion in Pharmacology, 4(6), 614–620. http://doi.org/10.1016/j.coph.2004.05.006 Barlett, C. P., Vowels, C. L., & Saucier, D. a. (2008). Meta-Analyses of the Effects of Media Images on Men’s Body-image Concerns. Journal of Social and Clinical Psychology, 27(3), 279–310. http://doi.org/10.1521/jscp.2008.27.3.279 Bearman, S. K., Martinez, E., Stice, E., & Presnell, K. (2006). The Skinny on Body Dissatisfaction: A Longitudinal Study of Adolescent Girls and Boys. Journal of Youth and Adolescence, 35(2), 217–229. http://doi.org/10.1007/s10964-005-9010-9 Besser, A., & Priel, B. (2010). Grandiose Narcissism Versus Vulnerable Narcissism in Threatening Situations: Emotional Reactions to Achievement Failure and Interpersonal Rejection. Journal of Social and Clinical Psychology, 29(8), 874–902. http://doi.org/10.1521/jscp.2010.29.8.874 Bissell, K., & Rask, A. (2010). Real women on real beauty: Self-discrepancy, internalization of the thin ideal, and perceptions of attractiveness and thinness in Dove’s Campaign for Real Beauty. International Journal of Advertising, 29(4), 643– 668. http://doi.org/10.2501/s0265048710201385 Brunet, J., Sabiston, C. M., Dorsch, K. D., & McCreary, D. R. (2010). Exploring a model linking social physique anxiety, drive for muscularity, drive for thinness and selfesteem among adolescent boys and girls. Body Image, 7(2), 137–42. http://doi.org/10.1016/j.bodyim.2009.11.004 46 Bruno, A., Quattrone, D., Scimeca, G., Cicciarelli, C., Romeo, V. M., Pandolfo, G., … Muscatello, M. R. A. (2014). Unraveling Exercise Addiction : The Role of Narcissism and Self-Esteem. Journal of Addiction, 2014, 1–6. http://doi.org/http://dx.doi.org/10.1155/2014/987841 Cafri, G., Olivardia, R., & Thompson, J. K. (2008). Symptom characteristics and psychiatric comorbidity among males with muscle dysmorphia. Comprehensive Psychiatry, 49(4), 374–379. http://doi.org/10.1016/j.comppsych.2008.01.003 Cafri, G., Strauss, J., & Thompson, J. (2002). Male Body Image: Satisfaction and Its Relationship to Well-Being Using the Somatomorphic Matrix. International Journal of Men’s Health, 1(2), 215–231. http://doi.org/10.3149/jmh.0102.215 Cafri, G., Thompson, J. K., Ricciardelli, L., McCabe, M., Smolak, L., & Yesalis, C. (2005). Pursuit of the muscular ideal: Physical and psychological consequences and putative risk factors. Clinical Psychology Review, 25(2), 215–39. http://doi.org/10.1016/j.cpr.2004.09.003 Cafri, G., van den Berg, P., & Thompson, J. K. (2006). Pursuit of Muscularity in Adolescent Boys : Relations Among Biopsychosocial Variables and Clinical Outcomes. Journal of Clinical Child & Adolescent Psychology, 35(2), 283–291. http://doi.org/10.1207/s15374424jccp3502 Chandler, C. G., Derryberry, W. P., Grieve, F. G., & Pegg, P. O. (2009). Are Anxiety and Obsessive-Compulsive Symptoms Related to Muscle Dysmorphia? International Journal of Men’s Health, 8(2), 143–154. http://doi.org/10.3149/jmh.0802.143 Chung, B. (2001). Muscle dysmorphia: a critical review of the proposed criteria. Perspectives in Biology and Medicine, 44(4), 565–574. http://doi.org/10.1353/pbm.2001.0062 Da Silva Luis, R. (2014). Adaptation et validation du pathological narcissism inventory (PNI). Dakanalis, A., Timko, C. A., Clerici, M., Zanetti, M. A., & Riva, G. (2014). Comprehensive examination of the trans-diagnostic cognitive behavioral model of eating disorders in males. Eating Behaviors, 15(1), 63–67. http://doi.org/10.1016/j.eatbeh.2013.10.003 Daniels, E., & Leaper, C. (2006). A longitudinal investigation of sport participation, peer acceptance, and self-esteem among adolescent girls and boys. Sex Roles, 55(11-12), 875–880. http://doi.org/10.1007/s11199-006-9138-4 Davey, C. M., & Bishop, J. B. (2006). Muscle Dysmorphia Among College Men: An Emerging Gender-Related Counseling Concern. Journal of College Counseling, 9(2), 171–180. http://doi.org/10.1002/j.2161-1882.2006.tb00104.x 47 Davis, C., Karvinen, K., & McCreary, D. R. (2005). Personality correlates of a drive for muscularity in young men. Personality and Individual Differences, 39(2), 349–359. http://doi.org/10.1016/j.paid.2005.01.013 Davis, C., & Scott-Robertson, L. (2000). A psychological comparison of females with anorexia nervosa and competitive male bodybuilders: body shape ideals in the extreme. Eating Behaviors, 1(1), 33–46. http://doi.org/10.1016/S1471-0153(00)000076 Dodge, T. L., & Jaccard, J. J. (2006). The Effect of High School Sports Participation on the Use of Performance-Enhancing Substances in Young Adulthood. Journal of Adolescent Health, 39(3), 367–373. http://doi.org/10.1016/j.jadohealth.2005.12.025 Duggan, S. J., & McCreary, D. R. (2004). Body Image , Eating Disorders , and the Drive for Muscularity in Gay and Heterosexual Men. Journal of Homosexuality, 47(3-4), 45–58. http://doi.org/10.1300/J082v47n03 Ebbeck, V., Watkins, P. Lou, Concepcion, R. Y., Cardinal, B. J., & Hammermeister, J. (2009). Muscle Dysmorphia Symptoms and Their Relationships to Self-concept and Negative Affect Among College Recreational Exercisers. Journal of Applied Sport Psychology, 21(3), 262–275. http://doi.org/10.1080/10413200903019376 Edwards, J. R., & Lambert, L. S. (2007). Methods for integrating moderation and mediation: a general analytical framework using moderated path analysis. Psychological Methods, 12(1), 1–22. http://doi.org/10.1037/1082-989X.12.1.1 Enders, C. K., & Bandalos, D. L. (2009). The Relative Performance of Full Information Maximum Likelihood Estimation for Missing Data in Structural Equation Models. Structural Equation Modeling: A Multidisciplinary Journal, 8(3), 430–457. http://doi.org/http://dx.doi.org/10.1207/S15328007SEM0803_5 Farquhar, J. C., & Wasylkiw, L. (2007). Media images of men: Trends and consequences of body conceptualization. Psychology of Men & Masculinity, 8(3), 145–160. http://doi.org/10.1037/1524-9220.8.3.145 Flynn, M. a., Park, S.-Y., Morin, D. T., & Stana, A. (2015). Anything but Real: Body Idealization and Objectification of MTV Docusoap Characters. Sex Roles, 72(5-6), 173–182. http://doi.org/10.1007/s11199-015-0464-2 Franko, D. L., Fuller-Tyszkiewicz, M., Rodgers, R. F., Holmqvist Gattario, K., Frisén, A., Diedrichs, P. C., … Shingleton, R. M. (2015). Internalization as a mediator of the relationship between conformity to masculine norms and body image attitudes and behaviors among young men in Sweden, US, UK, and Australia. Body Image, 15, 54– 60. http://doi.org/10.1016/j.bodyim.2015.05.002 48 Franzoi, S. L. (1995). The body-as-object versus the body-as-process: Gender differences and gender considerations. Sex Roles, 33(5-6), 417–437. http://doi.org/10.1007/BF01954577 Frederick, D. a, Fessler, D. M. T., & Haselton, M. G. (2005). Do representations of male muscularity differ in men’s and women's magazines? Body Image, 2(1), 81–86. http://doi.org/10.1016/j.bodyim.2004.12.002 Frederick, D. a., Buchanan, G. M., Sadehgi-Azar, L., Peplau, L. A., Haselton, M. G., Berezovskaya, A., & Lipinski, R. E. (2007). Desiring the muscular ideal: Men’s body satisfaction in the United States, Ukraine, and Ghana. Psychology of Men & Masculinity, 8(2), 103–117. http://doi.org/10.1037/1524-9220.8.2.103 Gagnon-Girouard, M.-P., Bégin, C., Provencher, V., Tremblay, A., Boivin, S., & Lemieux, S. (2009). Can we apply the dual-pathway model of overeating to a population of weight-preoccupied overweight women? The International Journal of Eating Disorders, 42(3), 244–252. http://doi.org/10.1002/eat.20614 Galioto, R., & Crowther, J. H. (2013). The effects of exposure to slender and muscular images on male body dissatisfaction. Body Image, 10(4), 566–573. http://doi.org/10.1016/j.bodyim.2013.07.009 Galioto, R., Karazsia, B. T., & Crowther, J. H. (2012). Familial and peer modeling and verbal commentary: associations with muscularity-oriented body dissatisfaction and body change behaviors. Body Image, 9(2), 293–297. http://doi.org/10.1016/j.bodyim.2011.12.004 Gaudreau, P., Sanchez, X., & Blondin, J. P. (2006). Positive and negative affective states in a performance-related setting testing the factorial structure of the PANAS across two samples of French-Canadian participants. European Journal of Psychological Assessment, 22(4), 240–249. http://doi.org/10.1027/1015-5759.22.4.240 Gezer, E. (2014). The examination of the correlation between social physique anxiety levels and narcissism levels of the students who studied at the SPES. Educational Research and Reviews, 9(19), 857–865. http://doi.org/10.5897/ERR2014.1833 Goldschmidt, A. B., Wall, M., Loth, K. a, Le Grange, D., & Neumark-Sztainer, D. (2012). Which dieters are at risk for the onset of binge eating? A prospective study of adolescents and young adults. The Journal of Adolescent Health, 51(1), 86–92. http://doi.org/10.1016/j.jadohealth.2011.11.001 González-Martí, I., Fernández Bustos, J. G., Hernández-Martínez, A., & Contreras Jordán, O. R. (2014). Physical Perceptions and Self-Concept in Athletes with Muscle Dysmorphia Symptoms. The Spanish Journal of Psychology, 17(e43), 1–7. http://doi.org/10.1017/sjp.2014.45 49 Gordon, K. H., & Dombeck, J. J. (2010). The associations between two facets of narcissism and eating disorder symptoms. Eating Behaviors, 11(4), 288–292. http://doi.org/10.1016/j.eatbeh.2010.08.004 Grammas, D. L., & Schwartz, J. P. (2009). Internalization of messages from society and perfectionism as predictors of male body image. Body Image, 6(1), 31–36. http://doi.org/10.1016/j.bodyim.2008.10.002 Grieve, F. G. (2007). A conceptual model of factors contributing to the development of muscle dysmorphia. Eating Disorders, 15(1), 63–80. http://doi.org/10.1080/10640260601044535 Grieve, F. G., Truba, N., & Bowersox, S. (2009). Etiology, Assessment, and Treatment of Muscle Dysmorphia. Journal of Cognitive Psychotherapy: An International Quarterly, 23(4), 306–314. http://doi.org/10.1891/0889-8391.23.4.306 Grieve, R., & Helmick, A. (2008). The Influence of Men’s Self-Objectification on the Drive for Muscularity: Self-Esteem, Body Satisfaction and Muscle Dysmorphia. International Journal of Men’s Health, 7(3), 288–298. http://doi.org/10.3149/jmh.0703.288 Griffiths, S., Mond, J. M., Murray, S. B., & Touyz, S. (2015). Positive beliefs about anorexia nervosa and muscle dysmorphia are associated with eating disorder symptomatology. Australian & New Zealand Journal of Psychiatry, Feb 17, 1–9. http://doi.org/10.1177/0004867415572412 Grossbard, J. R., Atkins, D. C., Geisner, I. M., & Larimer, M. E. (2013). Does depressed mood moderate the influence of drive for thinness and muscularity on eating disorder symptoms among college men? Psychology of Men & Masculinity, 14(3), 281–287. http://doi.org/10.1037/a0028913 Grossbard, J. R., Neighbors, C., & Larimer, M. E. (2011). Perceived norms for thinness and muscularity among college students: what do men and women really want? Eating Behaviors, 12(3), 192–199. http://doi.org/10.1016/j.eatbeh.2011.04.005 Halson, S. L., & Jeukendrup, A. E. (2004). Does overtraining exist? An analysis of overreaching and overtraining research. Sports Medicine, 34(14), 967–981. http://doi.org/10.2165/00007256-200434140-00003 Harmer, P. a. (2010). Anabolic-androgenic steroid use among young male and female athletes: is the game to blame? British Journal of Sports Medicine, 44(1), 26–31. http://doi.org/10.1136/bjsm.2009.068924 Hart, E. A., Leary, M. R., & Rejeski, W. J. (1989). The Measurement of Social Physique Anxiety. Journal of Sport & Exercice Psychology, 11(1), 94–104. 50 Hartmann, A. S., Greenberg, J. L., & Wilhelm, S. (2013). The relationship between anorexia nervosa and body dysmorphic disorder. Clinical Psychology Review, 33(5), 675–685. http://doi.org/10.1016/j.cpr.2013.04.002 Haynes, S. N. (1978). Principles of behavioral assessment. New York: Gardner Press. Hildebrandt, T., Langenbucher, J., & Schlundt, D. G. (2004). Muscularity concerns among men: development of attitudinal and perceptual measures. Body Image, 1(2), 169–181. http://doi.org/10.1016/j.bodyim.2004.01.001 Hildebrandt, T., Schlundt, D., Langenbucher, J., & Chung, T. (2006). Presence of muscle dysmorphia symptomology among male weightlifters. Comprehensive Psychiatry, 47(2), 127–135. http://doi.org/10.1016/j.comppsych.2005.06.001 Hill, E. M. (2015). The role of narcissism in health-risk and health-protective behaviors. Journal of Health Psychology, 1–12. http://doi.org/10.1177/1359105315569858 Homan, K. (2010). Athletic-ideal and thin-ideal internalization as prospective predictors of body dissatisfaction, dieting, and compulsive exercise. Body Image, 7, 240–245. Johnston, L. D., O’Malley, P. M., Bachman, J. G., & Schulenberg, J. E. (2009). Monitoring the future national Results on Adolescent Drug Use: Overview of key findings. National Institute on Drug Abuse (NIH Publication). Kanayama, G., Hudson, J. I., & Pope Jr, H. G. (2008). Long-term psychiatric and medical consequences of anabolic-androgenic steroid abuse: a looming public health concern? Drug and Alcohol Dependence, 98(1-2), 1–12. http://doi.org/10.1016/j.drugalcdep.2008.05.004 Karazsia, B. T., & Crowther, J. H. (2009). Social body comparison and internalization: mediators of social influences on men’s muscularity-oriented body dissatisfaction. Body Image, 6(2), 105–112. http://doi.org/10.1016/j.bodyim.2008.12.003 Karazsia, B. T., & Crowther, J. H. (2010). Sociocultural and Psychological Links to Men’s Engagement in Risky Body Change Behaviors. Sex Roles, 63(9-10), 747–756. http://doi.org/10.1007/s11199-010-9802-6 Karazsia, B. T., Crowther, J. H., & Galioto, R. (2013). Undergraduate men’s use of performance- and appearance-enhancing substances: An examination of the gateway hypothesis. Psychology of Men & Masculinity, 14(2), 129–137. http://doi.org/10.1037/a0027810 Kuennen, M. R., & Waldron, J. J. (2007). Relationships Between Specific Personality Traits, Fat Free Mass Indices, and the Muscle Dysmorphia Inventory. Journal of Sport Behavior, 30(4), 453–470. 51 Lamanna, J., Grieve, F. G., Derryberry, W. P., Hakman, M., & Mcclure, A. (2010). Antecedents of eating disorders and muscle dysmorphia in a non-clinical sample. Eating Weight Disorders, 15(1-2), 23–33. http://doi.org/10.1007/BF03325277 Labrecque, I. (2014). Estime de soi et personnalité : dans quelle mesure la dysmorphie musculaire s’apparente-t-elle aux troubles des conduites alimentaires ? Université Laval. Ledoux, M., & Rivard, M. (2000). Poids corporel Institut de la statistique du Québec, Enquête sociale et de santé (pp. 642). Québec. Leit, R. a, Pope, H. G., & Gray, J. J. (2001). Cultural expectations of muscularity in men: the evolution of playgirl centerfolds. The International Journal of Eating Disorders, 29(1), 90–93. http://doi.org/10.1002/1098-108X(200101)29:1<90::AIDEAT15>3.0.CO;2-F Leone, J. E., Wise, K. a., Mullin, E. M., Harmon, W., Moreno, N., & Drewniany, J. (2014). The Effects of Pubertal Timing and Alexithymia on Symptoms of Muscle Dysmorphia and the Drive for Muscularity in Men. Psychology of Men & Masculinity, 16(1), 67– 77. http://doi.org/10.1037/a0035920 Litt, D., & Dodge, T. (2008). A longitudinal investigation of the Drive for Muscularity Scale: predicting use of performance enhancing substances and weightlifting among males. Body Image, 5(4), 346–351. http://doi.org/10.1016/j.bodyim.2008.04.002 Lopez, A., Pollack, L., Gonzales, S., Pona, A., & Lundgren, J. (2015). Psychosocial Correlates of Muscle Dysmorphia among Collegiate Males. Journal of Psychological Inquiry, 20(1), 58–66. http://doi.org/10.1080/10478400701512877 Maida, D., & Armstrong, S. (2005). The Classification of Muscle Dysmorphia. International Journal of Men’s Health, 4(1), 73–91. http://doi.org/10.3149/jmh.0401.73 Maples, J., Collins, B., Miller, J. D., Fischer, S., & Seibert, A. (2011). Differences between grandiose and vulnerable narcissism and bulimic symptoms in young women. Eating Behaviors, 12(1), 83–5. Retrieved from http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21184981 McCabe, M. P., Busija, L., Fuller-Tyszkiewicz, M., Ricciardelli, L., Mellor, D., & Mussap, A. (2015). Sociocultural influences on strategies to lose weight, gain weight, and increase muscles among ten cultural groups. Body Image, 12, 108–114. http://doi.org/10.1016/j.bodyim.2014.10.008 McCabe, M. P., & Ricciardelli, L. a. (2004). A Longitudinal Study of Pubertal Timing and Extreme Body Change Behavrios Among Adolescent Boys and Girls. Adolescence, 39(153), 145–166. 52 McCabe, S. E., Brower, K. J., West, B. T., Nelson, T. F., & Wechsler, H. (2007). Trends in non-medical use of anabolic steroids by U.S. college students: results from four national surveys. Drug and Alcohol Dependence, 90(2-3), 243–251. http://doi.org/10.1016/j.drugalcdep.2007.04.004 McCreary, D. R., & Sasse, D. K. (2000). An exploration of the drive for muscularity in adolescent boys and girls. Journal of American College Health, 48(6), 297–304. http://doi.org/10.1080/07448480009596271 McCreary, D. R., & Saucier, D. M. (2009). Drive for muscularity, body comparison, and social physique anxiety in men and women. Body Image, 6(1), 24–30. http://doi.org/10.1016/j.bodyim.2008.09.002 Mikkilä, V., Räsänen, L., Raitakari, O. T., Marniemi, J., Pietinen, P., Rönnemaa, T., & Viikari, J. (2007). Major dietary patterns and cardiovascular risk factors from childhood to adulthood. The Cardiovascular Risk in Young Finns Study. The British Journal of Nutrition, 98(1), 218–225. http://doi.org/10.1017/S0007114507691831 Miller, J. D., Dir, A., Gentile, B., Wilson, L., Pryor, L. R., & Campbell, W. K. (2010). Searching for a Vulnerable Dark Triad: Comparing Factor 2 Psychopathy, Vulnerable Narcissism, and Borderline Personality Disorder. Journal of Personality, 78(5), 1529– 1564. http://doi.org/10.1111/j.1467-6494.2010.00660.x Miller, J. D., Hoffman, B. J., Gaughan, E. T., Gentile, B., Maples, J., & Campbell, K. W. (2011). Grandiose and Vulnerable Narcissism. Journal of Personality, 79(5), 1014– 1042. http://doi.org/10.1111/j.1467-6494.2010.00711.x Morrison, T. G., Morrison, M. a., & Hopkins, C. (2003). Striving for bodily perfection? An exploration of the drive for muscularity in Canadian men. Psychology of Men & Masculinity, 4(2), 111–120. http://doi.org/10.1037/1524-9220.4.2.111 Mosley, P. E. (2009). Bigorexia: bodybuilding and muscle dysmorphia. European Eating Disorders Review, 17(3), 191–198. http://doi.org/10.1002/erv.897 Murnen, S. K., Poinsatte, K., Huntsman, K., Goldfarb, J., & Glaser, D. (2015). Body ideals for heterosexual romantic partners: Gender and sociocultural influences. Body Image, 12, 22–31. http://doi.org/10.1016/j.bodyim.2014.09.005 Murray, S. B., & Griffiths, S. (2014). Adolescent muscle dysmorphia and family-based treatment: A case report. Clinical Child Psychology and Psychiatry, 20(2), 324–330. http://doi.org/10.1177/1359104514521639 Murray, S. B., Maguire, S., Russell, J., & Touyz, S. W. (2012). The emotional regulatory features of bulimic episodes and compulsive exercise in muscle dysmorphia: A case report. European Eating Disorders Review, 20(1), 68–73. http://doi.org/10.1002/erv.1088 53 Murray, S. B., Rieger, E., Hildebrandt, T., Karlov, L., Russell, J., Boon, E., … Touyz, S. W. (2012). A comparison of eating, exercise, shape, and weight related symptomatology in males with muscle dysmorphia and anorexia nervosa. Body Image, 9(2), 193–200. http://doi.org/10.1016/j.bodyim.2012.01.008 Murray, S. B., Rieger, E., Karlov, L., & Touyz, S. W. (2013). An investigation of the transdiagnostic model of eating disorders in the context of muscle dysmorphia. European Eating Disorders Review, 21(2), 160–164. http://doi.org/10.1002/erv.2194 Murray, S. B., Rieger, E., Touyz, S. W., & De la Garza García, Y. (2010). Muscle dysmorphia and the DSM-V conundrum: where does it belong? A review paper. The International Journal of Eating Disorders, 43(6), 483–491. http://doi.org/10.1002/eat.20828 Murray, S. B., & Touyz, S. W. (2013). Muscle dysmorphia: Towards a diagnostic consensus. The Australian and New Zealand Journal of Psychiatry, 47(3), 206–207. http://doi.org/10.1177/0004867412452018 Neighbors, L. A., & Sobal, J. (2007). Prevalence and magnitude of body weight and shape dissatisfaction among university students. Eating Behaviors, 8, 429–439. Neumark-Sztainer, D., Wall, M., Haines, J., Story, M., & Eisenberg, M. E. (2007). Why does dieting predict weight gain in adolescents? Findings from project EAT-II: A 5year longitudinal study. Journal of the American Dietetic Association, 107(3), 448– 455. http://doi.org/10.1016/j.jada.2006.12.013 Nowell, C., & Ricciardelli, L. a. (2008). Appearance-based comments, body dissatisfaction and drive for muscularity in males. Body Image, 5(4), 337–345. http://doi.org/10.1016/j.bodyim.2008.06.002 Olivardia, R. (2001). Mirror, Mirror on the Wall, Who’s the Largest of Them All ? The Features and Phenomenology of Muscle Dysmorphia. Harvard Review of Psychiatry, 9(5), 254–259. http://doi.org/10.1080/10673220127900 Olivardia, R., Pope, H. G., & Hudson, J. I. (2000). Muscle dysmorphia in male weightlifters: A case-control study. The American Journal of Psychiatry, 157(8), 1291–1296. http://doi.org/10.1176/appi.ajp.157.8.1291 Olivardia, R., Pope Jr., H. G., Borowiecki, J. J., & Cohane, G. H. (2004). Biceps and Body Image: The Relationship Between Muscularity and Self-Esteem, Depression, and Eating Disorder Symptoms. Psychology of Men & Masculinity, 5(2), 112–120. http://doi.org/10.1037/1524-9220.5.2.112 Parent, M. C. (2013). Clinical considerations in etiology, assessment, and treatment of men’s muscularity-focused body image disturbance. Psychology of Men & Masculinity, 14(1), 88–100. http://doi.org/10.1037/a0025644 54 Parkinson, A. B., & Evans, N. a. (2006). Anabolic androgenic steroids: a survey of 500 users. Medicine and Science in Sports and Exercise, 38(4), 644–651. http://doi.org/10.1249/01.mss.0000210194.56834.5d Peterson, C. B., Swanson, S. a., Crow, S. J., Mitchell, J. E., Agras, W. S., Halmi, K. a., … Berg, K. C. (2012). Longitudinal stability of binge-eating type in eating disorders. International Journal of Eating Disorders, 45(5), 664–669. http://doi.org/10.1002/eat.22008 Petrie, T. a., Greenleaf, C., & Martin, S. (2010). Biopsychosocial and Physical Correlates of Middle School Boys’ and Girls’ Body Satisfaction. Sex Roles, 63(9-10), 631–644. http://doi.org/10.1007/s11199-010-9872-5 Petrie, T., Galli, N., Greenleaf, C., Reel, J., & Carter, J. (2013). Psychosocial correlates of bulimic symptomatology among male athletes. Psychology of Sport and Exercise, (SEPTEMBER). http://doi.org/10.1016/j.psychsport.2013.09.002 Pincus, A. L., Ansell, E. B., Pimentel, C. a, Cain, N. M., Wright, A. G. C., & Levy, K. N. (2009). Initial construction and validation of the Pathological Narcissism Inventory. Psychological Assessment, 21(3), 365–379. http://doi.org/10.1037/a0016530 Pope, C. G., Pope, H. G., Menard, W., Fay, C., Olivardia, R., & Phillips, K. a. (2005). Clinical features of muscle dysmorphia among males with body dysmorphic disorder. Body Image, 2(4), 395–400. http://doi.org/10.1016/j.bodyim.2005.09.001 Pope, H. G., Gruber, a J., Choi, P., Olivardia, R., & Phillips, K. a. (1997). Muscle dysmorphia. An underrecognized form of body dysmorphic disorder. Psychosomatics, 38(6), 548–557. http://doi.org/10.1016/S0033-3182(97)71400-2 Pope, H. G., Katz, D. L., & Hudson, J. I. (1993). Anorexia nervosa and “reverse anorexia” among 108 male bodybuilders. Comprehensive Psychiatry, 34(6), 406–409. http://doi.org/10.1016/0010-440X(93)90066-D Pope, H. G., Olivardia, R., Gruber, A., & Borowiecki, J. (1999). Evolving ideals of male body image as seen through action toys. The International Journal of Eating Disorders, 26(1), 65–72. http://doi.org/10.1002/(SICI)1098108X(199907)26:1<65::AID-EAT8>3.0.CO;2-D Raevuori, A., Keski-Rahkonen, A., Rose, R. J., Rissanen, A., & Kaprio, J. (2006). Muscle Dissatisfaction and Muscle-Enhancing Substance Use: a Population-Based Twin Study in Young Adult Men. Twin Research and Human Genetics, 9(3), 431–437. http://doi.org/10.1375/183242706777591236 Ricciardelli, L. a, & McCabe, M. P. (2004). A Biopsychosocial Model of Disordered Eating and the Pursuit of Muscularity in Adolescent Boys. Psychological Bulletin, 130(2), 179–205. http://doi.org/10.1037/0033-2909.130.2.179 55 Ricciardelli, L. A., & McCabe, M. P. (2003). A Longitudinal Analysis of the Role of Biopsychosocial Factors in Predicting Body Change Strategies Among Adolescent Boysa. Sex Roles, 48(7/8), 349–359. http://doi.org/10.1023/A:1022942614727 Ricciardelli, R., Clow, K. a., & White, P. (2010). Investigating Hegemonic Masculinity: Portrayals of Masculinity in Men’s Lifestyle Magazines. Sex Roles, 63(1-2), 64–78. http://doi.org/10.1007/s11199-010-9764-8 Rodgers, R., Chabrol, H., & Paxton, S. J. (2011). An exploration of the tripartite influence model of body dissatisfaction and disordered eating among Australian and French college women. Body Image, 8(3), 208–215. http://doi.org/10.1016/j.bodyim.2011.04.009 Ronningstam, E. (2009). Narcissistic Personality Disorder. In The Corsini Encyclopedia of Psychology (Vol. 39, pp. 111–121). Hoboken, NJ, USA: John Wiley & Sons, Inc. http://doi.org/10.1002/9780470479216.corpsy0577 Rousseau, A., Valls, M., & Chabrol, H. (2010). The Sociocultural Attitudes Towards Appearance Scale-3: étude de validation de la version française. L’Encéphale, 36(4), 270–276. http://doi.org/10.1016/j.encep.2008.03.013 Schieber, K., Kollei, I., de Zwaan, M., & Martin, A. (2015). Classification of body dysmorphic disorder — What is the advantage of the new DSM-5 criteria? Journal of Psychosomatic Research, 78(3), 223–227. http://doi.org/10.1016/j.jpsychores.2015.01.002 Shisslak, C. M., Crago, M., & Estes, L. S. (1995). The spectrum of eating disturbances. The International Journal of Eating Disorders, 18(3), 209–219. http://doi.org/10.1002/1098-108X(199511)18:3<209::AIDEAT2260180303>3.0.CO;2-E Skemp, K. M., Mikat, R. P., Schenck, K. P., & Kramer, N. A. (2013). Muscle Dysmorphia: Risk May be Influenced by Goals of the Weightlifter. The Journal of Strength …, 27(9), 2427–2432. http://doi.org/10.1519/JSC.0b013e3182825474 Slutzky, C. B., & Simpkins, S. D. (2009). The link between children’s sport participation and self-esteem: Exploring the mediating role of sport self-concept. Psychology of Sport and Exercise, 10(3), 381–389. http://doi.org/10.1016/j.psychsport.2008.09.006 Smolak, L., Murnen, S. K., & Thompson, J. K. (2005). Sociocultural Influences and Muscle Building in Adolescent Boys. Psychology of Men & Masculinity, 6(4), 227– 239. http://doi.org/10.1037/1524-9220.6.4.227 Smolak, L., & Stein, J. a. (2006). The relationship of drive for muscularity to sociocultural factors, self-esteem, physical attributes gender role, and social comparison in middle school boys. Body Image, 3(2), 121–129. http://doi.org/10.1016/j.bodyim.2006.03.002 56 Star, A., Hay, P., Quirk, F., & Mond, J. (2015). Perceived discrimination and favourable regard toward underweight, normal weight and obese eating disorder sufferers: implications for obesity and eating disorder population health campaigns. BMC Obesity, 2(1), 1–9. http://doi.org/10.1186/s40608-014-0032-2 Stice, E. (1994). Review of the evidence for a sociocultural model of bulimia nervosa and an exploration of the mechanisms of action. Clinical Psychology Review, 14(7), 633– 661. http://doi.org/10.1016/0272-7358(94)90002-7 Stice, E. (2002). Risk and Maintenance Factors for Eating Pathology: A Meta-Analytic Review. Psychological Bulletin, 128(5), 825–848. http://doi.org/10.1037//00332909.128.5.825 Stice, E., Ziemba, C., Margolis, J., & Flick, P. (1996). The dual pathway model differentiates bulimics, subclinical bulimics, and controls: Testing the continuity hypothesis. Behavior Therapy, 27(4), 531–549. http://doi.org/10.1016/S00057894(96)80042-6 Thomas, L. S., Tod, D. A., & Lavalle, D. E. (2011). Variability in Muscle Dysmorphia Symptoms: The Influence of Weight Training. Journal of Strengh and Conditioning Research, 25(3), 846–851. http://doi.org/10.1519/JSC.0b013e3181c70c17 Thompson, J. K., van den Berg, P., Roehrig, M., Guarda, A. S., & Heinberg, L. J. (2004). The sociocultural attitudes towards appearance scale-3 (SATAQ-3): development and validation. The International Journal of Eating Disorders, 35(3), 293–304. http://doi.org/10.1002/eat.10257 Tod, D., & Edwards, C. (2014). Relationships among muscle dysmorphia characteristics, body image quality of life, and coping in males. Journal of Science and Medicine in Sport. http://doi.org/10.1016/j.jsams.2014.07.015 Tylka, T. L. (2011). Refinement of the tripartite influence model for men: dual body image pathways to body change behaviors. Body Image, 8(3), 199–207. http://doi.org/10.1016/j.bodyim.2011.04.008 Waller, G., Sines, J., Meyer, C., & Mountford, V. (2008). Body checking in the eating disorders: Association with narcissistic characteristics. Eating Behaviors, 9(2), 163– 169. http://doi.org/10.1016/j.eatbeh.2007.07.004 Watson, D., Clark, L. a, & Tellegen, A. (1988). Development and Validation of Brief Measures of Positive and Negative Affect: the PANAS Scales. Journal of Personality and Social Psychology, 54(6), 1063–1070. http://doi.org/10.1037/00223514.54.6.1063 Webb, H. J., & Zimmer-Gembeck, M. J. (2013). The Role of Friends and Peers in Adolescent Body Dissatisfaction: A Review and Critique of 15 Years of Research. 57 Journal of Research http://doi.org/10.1111/jora.12084 on Adolescence, 24(4), 564–590. Wright, A. G. C., Lukowitsky, M. R., Pincus, A. L., & Conroy, D. E. (2010). The higher order factor structure and gender invariance of the Pathological Narcissism Inventory. Assessment, 17(4), 467–483. http://doi.org/10.1177/1073191110373227 58 ANNEXE A PSPS (Stice et al., 1996) Lisez chaque question et sélectionnez la case qui s’applique le mieux à votre situation. 1 = Jamais 2 = Rarement 3 = Parfois 4 = Souvent 5 = Toujours ___ 1. J’ai senti la pression de la part de mes parents pour être plus musclé et mince. ___ 2. J’ai senti la pression de la part de mes amis pour être plus musclé et mince. ___ 3. J’ai senti la pression de la part de ma conjointe pour être plus musclé et mince. ___ 4. J’ai senti la pression de la part des médias pour être plus musclé et mince. ___ 5. J’ai perçu un message clair de la part de mes parents me demandant d’avoir un corps musclé et mince. ___ 6. J’ai perçu un message clair de la part de mes amis me demandant d’avoir un corps musclé et mince. ___ 7. J’ai perçu un message clair de la part de ma conjoint me demandant d’avoir un corps musclé et mince. ___ 8. J’ai perçu un message clair de la part des médias me demandant d’avoir un corps musclé et mince. 59 SATAQ-3 (Thompson et al., 2004) Veuillez lire chacune des affirmations suivantes et indiquez jusqu’à quel point vous êtes en accord avec ces affirmations selon le barème suivant. 1 = Complètement en désaccord 2 = Plutôt en désaccord 3 = Ni en accord ni en désaccord 4 = Plutôt en accord 5 = Complètement d’accord ___ 1. J’aimerais que mon corps ressemble à celui des personnes qu'on voit à la télévision. ___ 2. Je compare mon corps à celui des vedettes qu'on voit à la télévision et dans les films ___ 3. J’aimerais que mon corps ressemble à celui des mannequins qu'on voit dans les magazines. ___ 4. Je compare mon apparence à celle des vedettes qu'on voit à la télévision et dans les films. ___ 5. J’aimerais que mon corps ressemble à celui des personnes qu'on voit dans les films ___ 6. Je compare mon corps à celui des personnes qu'on voit dans les magazines. ___ 7. Je souhaite ressembler aux mannequins qu'on voit dans les clips vidéo. ___ 8. Je compare mon apparence à celle des personnes qu'on voit dans les magazines. ___ 9. Je souhaite avoir l’air aussi musclé que les personnes qu'on voit dans les magazines. ___ 10. Je compare mon corps à celui des personnes qui sont en pleine forme. ___ 11. Je souhaite avoir l’air aussi musclé que les sportifs célèbres. ___ 12. Je compare mon corps à celui des personnes qui sont athlétiques. ___ 13. J’essaie de ressembler aux personnes qu'on voit à la télévision ___ 14. J’essaie de ressembler aux athlètes sportifs. 60 PANAS (Watson, Clark, & Tellegren, 1988) Les questions suivantes concernent les émotions que vous avez éprouvées au cours du dernier mois (y compris aujourd’hui). Encerclez le chiffre qui correspond le mieux à votre réponse. 1 = Très peu ou pas du tout 2 = Un peu 3 = Modérément 4 = Pas mal 5 = Extrêmement ___ 1. Angoissé ___ 2. Perturbé ___ 3. Coupable ___ 4. Hostile ___ 5. Effrayé ___ 6. Irritable ___ 7. Honteux ___ 8. Nerveux ___ 9. Froussard ___ 10. Craintif 61 MBTS (Smolak, Murnen, & Thompson, 2005) Sélectionnez le chiffre qui correspond à la fréquence avec laquelle vous avez utilisé les techniques suivantes pour augmenter votre musculature au cours de la dernière année. 1 2 3 4 5 Jamais Rarement Parfois Souvent Toujours 2 3 4 2 3 4 2 3 4 2 3 4 2 3 4 1. Faire de l’exercice 2. Faire de la musculation 3. Manger plus 4. Prendre des vitamines ou des suppléments alimentaires 5. Utiliser des stéroïdes ou d’autres drogues de performance 62 1 1 1 1 1 5 5 5 5 5 PNI (Pincus et al., 2009) Veuillez évaluer dans quelle mesure vous vous reconnaissez dans chacun des énoncés suivants. 1 2 3 4 5 6 Je ne suis Je ne suis pas Je ne suis pas Je suis un peu Je suis Je suis vraiment vraiment pas comme cela vraiment comme cela comme cela comme cela comme cela comme cela 1 Il m'arrive souvent d'imaginer qu'on m'admire et qu'on me respecte. 1 2 3 4 5 6 2 Mon estime de soi varie beaucoup 1 2 3 4 5 6 3 J'ai parfois honte d'avoir cru en des personnes qui finissent par me décevoir. 1 2 3 4 5 6 4 Je peux me sortir de toute situation en discutant avec les autres. 1 2 3 4 5 6 5 Quand je suis seul, j’ai de la difficulté à m'apprécier et à être content de moi. 1 2 3 4 5 6 6 Je me sens bien lorsque je m’occupe des autres. 1 2 3 4 5 6 7 Je déteste demander de l'aide. 1 2 3 4 5 6 8 Je ne me sens pas bien lorsque les autres ne me prêtent pas attention. 1 2 3 4 5 6 9 Je cache souvent mes besoins par peur que les autres pensent que je suis 1 2 3 4 5 6 dépendant et dans le besoin. 10 Je peux faire croire n'importe quoi à n'importe qui. 1 2 3 4 5 6 11 Je deviens furieux lorsque les autres ne remarquent pas tout ce que je fais pour 1 2 3 4 5 6 eux. 12 Cela me fâche quand les gens ne sont pas intéressés par ce que je dis ou ce que 1 2 3 4 5 6 je fais. 13 Je ne dévoilerais pas mes sentiments ou mes pensées intimes à quelqu'un que 1 2 3 4 5 6 je n'admire pas. 14 Je m'imagine souvent avoir une très grande influence sur le monde qui 1 2 3 4 5 6 m’entoure. 15 Je trouve qu’il est facile de manipuler les gens. 1 2 3 4 5 6 16 Lorsque les autres ne me remarquent pas, je me sens sans valeur. 1 2 3 4 5 6 17 Je mets parfois des personnes de côté quand j'ai peur qu'elles me déçoivent. 1 2 3 4 5 6 18 Je deviens habituellement très en colère lorsque je n'obtiens pas ce que je veux 1 2 3 4 5 6 des autres. 19 Souvent, afin de me rassurer sur ma valeur personnelle, je m'entoure de 1 2 3 4 5 6 personnes importantes. 20 Quand je rends service aux autres, je m’attends à ce qu’ils me rendent service 1 2 3 4 5 6 en retour. 21 Quand les autres n'arrivent pas à satisfaire mes attentes, j’ai souvent honte 1 2 3 4 5 6 d'avoir eu ces attentes. 22 Je me sens important lorsque les autres comptent sur moi. 1 2 3 4 5 6 23 Je peux lire dans les gens comme dans un livre. 1 2 3 4 5 6 24 Lorsque les autres me déçoivent, je me fâche souvent contre moi-même. 1 2 3 4 5 6 25 Je suis le meilleur car je me sacrifie pour les autres. 1 2 3 4 5 6 26 Je rêve souvent d’accomplir des choses qui sont probablement au-delà de mes 1 2 3 4 5 6 capacités ou de mes moyens. 63 27 Je mets parfois des personnes de côté parce que je crains qu'elles ne fassent 1 pas ce que je veux qu'elles fassent. 28 Il est difficile de montrer aux autres les faiblesses que je ressens l’intérieur de 1 moi. 29 Je me fâche lorsqu'on me critique. 1 30 Je trouve difficile de m'apprécier à moins de savoir que les autres m'admirent. 1 31 Je me plais souvent à m'imaginer que je suis récompensé pour mes efforts. 1 32 Je m'en fais parfois à l’idée que la plupart des gens ne s'intéressent pas à moi. 1 33 J'aime avoir des amis qui comptent sur moi, car cela me fait me sentir 1 important. 34 Parfois j’évite certaines personnes parce que je crains qu'elles ne se rendent 1 pas compte de tout ce que je fais pour elles. 35 Tout le monde aime entendre mes histoires. 1 36 Je trouve difficile de m'apprécier à moins de me sentir apprécié par les autres. 1 37 Cela m’irrite lorsque les gens ne remarquent pas à quel point je suis une bonne 1 personne. 38 Je ne serai jamais satisfait tant que je n'obtiendrai pas tout ce que je mérite. 1 39 À travers mes sacrifices, j’essaie de montrer à quel point je suis une bonne 1 personne. 40 Cela me déçoit lorsque les autres ne me remarquent pas. 1 41 J'envie souvent les réussites des autres. 1 42 Je m'imagine souvent accomplir des actes héroïques. 1 43 J’aide les autres afin de prouver que je suis une bonne personne. 1 44 Il est important de montrer aux autres que je peux me débrouiller tout seul, 1 même s'il m'arrive parfois de douter de moi. 45 J'imagine souvent des scénarios où je suis reconnu pour mes réalisations. 1 46 Je ne peux supporter l'idée d'avoir à compter sur les autres, parce que cela me 1 fait me sentir faible. 47 J'ai de la difficulté à être satisfait de moi lorsque les autres ne réagissent pas 1 comme je le souhaiterais. 48 J'ai besoin de la reconnaissance des autres. 1 49 J'aspire à être quelqu'un aux yeux du monde entier. 1 50 Lorsque les autres perçoivent mes besoins, j'ai honte et je me sens anxieux. 1 51 Parfois, j'aime mieux être seul que de ne pas obtenir tout ce que je veux des 1 autres. 52 Je peux devenir vraiment fâché lorsque les autres sont en désaccord avec moi. 1 64 2 3 4 5 6 2 3 4 5 6 2 2 2 2 2 3 3 3 3 3 4 4 4 4 4 5 5 5 5 5 6 6 6 6 6 2 3 4 5 6 2 3 4 5 6 2 3 4 5 6 2 3 4 5 6 2 3 4 5 6 2 3 4 5 6 2 2 2 2 2 3 3 3 3 3 4 4 4 4 4 5 5 5 5 5 6 6 6 6 6 2 3 4 5 6 2 3 4 5 6 2 3 4 5 6 2 2 2 2 3 3 3 3 4 4 4 4 5 5 5 5 6 6 6 6 2 3 4 5 6 DMS (McCreary & Sasse, 2000) 1. Veuillez évaluer dans quelle mesure vous vous reconnaissez dans chacun des énoncés suivants. 1 Toujours 2 Très souvent 3 Souvent 4 Parfois 5 Rarement 1. J’aimerais être plus musclé. 6 Jamais 1 2 3 4 5 6 2. Je soulève des poids pour développer mes muscles. 1 2 3 4 5 6 3. Je consomme des suppléments protéinés ou énergétiques. 1 2 3 4 5 6 4. Je bois des boissons visant à prendre du poids ou des boissons protéinées. 1 2 3 4 5 6 5. J’essaie de consommer le plus de calories possible dans une journée. 1 2 3 4 5 6 6. Je me sens coupable si je manque une séance de musculation. 1 2 3 4 5 6 7. Je crois que je me sentirais plus confiant si j’avais une plus grande masse 1 2 3 4 5 6 musculaire. 8. Les autres croient que je m’entraîne à lever des poids trop souvent. 1 2 3 4 5 6 9. Je crois que j’aurais une meilleure apparence si je gagnais dix livres en masse musculaire. 1 2 3 4 5 6 10. Je pense à prendre des stéroïdes anabolisants. 1 2 3 4 5 6 11. Je crois que je me sentirais plus fort si je gagnais un peu plus de masse musculaire. 1 2 3 4 5 6 12. Je crois que mon horaire de musculation interfère avec d’autres aspects de 1 2 3 4 5 6 ma vie. 13. Je crois que mes bras ne sont pas suffisamment musclés. 1 2 3 4 5 6 14. Je crois que mon torse n’est pas suffisamment musclé. 1 2 3 4 5 6 15. Je crois que mes jambes ne sont pas assez musclées. 1 2 3 4 5 6 65 MDDI (Hildebrandt, Langenbucher, & Schlundt, 2004) Lisez chaque question et sélectionnez la case qui s’applique le mieux à votre situation. 1 = Jamais 2 = Rarement 3 = Parfois 4 = Souvent 5 = Toujours ___ 1. J’aimerais pouvoir devenir plus gros (musclé). ___ 2. Je crois que mon corps est trop petit. ___ 3. Je crois que mes pectoraux sont trop petits. ___ 4. J’aimerais que mes bras soient plus gros (musclés). ___ 5. Je crois que mes jambes sont trop minces ___ 6. Je suis très gêné de me montrer torse nu. ___ 7. Je porte des vêtements amples pour empêcher les autres de voir mon corps. ___ 8. Je sens que je suis trop gras. ___ 9. Je déteste mon corps ___ 10. Je laisse tomber des opportunités de rencontrer de nouvelles personnes à cause de mon horaire d’entrainement. ___ 11. Je me sens déprimé quand je manque une ou plusieurs sessions d’entrainement. ___ 12. Je laisse tomber des activités sociales (par exemple, regarder des parties de football, participer à des soupers, aller voir un film, etc.) avec des amis à cause de mon horaire d’entrainement. ___ 13. Je me sens anxieux quand je manque une ou plusieurs sessions d’entrainement. 66