Vol. 15 No 3, 2004 - groupetraduction.ca

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Marcel Garnier et coll., Dictionnaire des termes de médecine, 25e éd., Paris, Maloine, 1999,
p. 697.
L. Manuila et coll., Dictionnaire médical, 9e éd., Paris, Masson, 2001, p. 424.
Marcel Garnier et coll., op. cit., p. 183.
M. Charif Chefchaouni et coll., « Rechute oculaire de leucémie aiguë lymphoblastique »,
Bulletin de la Société belge d’ophtalmologie, nº 286, 2002, p. 27-30.
G. Bondoifi, « Dépression récurrente et prévention de la rechute », Médecine et hygiène,
vol. 60, nº 2406, 2002.
Nadège Hilaire, « Intérêt thérapeutique de la rechute », Alcoologie et addictologie, vol. 23,
nº 4, 2001, p. 533-538.
Dictionnaire de médecine Flammarion, op. cit., p. 758.
Marcel Garnier et coll., op. cit., p. 698.
Amal Jammal, Robert Allard et Geneviève Loslier, op. cit., p. 120.
B. Lebrun-Vignes, « Valaciclovir », Annales de dermatologie et de vénéréologie, vol. 129,
nº 5, 2002, p. 708-715.
M. Lecame et coll., « Prise en charge d’une conjonctivite ligneuse à fausses membranes par un
glucocorticoïde, un anticoagulant et un immunosuppresseur », Journal de pharmacie clinique,
vol. 20, nº 1, 2001, p. 25-27.
Dictionnaire de médecine Flammarion, op. cit., p. 757.
Marcel Garnier et coll., op. cit., p. 697.
Amal Jammal, Robert Allard et Geneviève Loslier, op. cit., p. 119.
L. Manuila et coll., op. cit., p. 424.
T. Le Tiec et coll., « Étude prospective des facteurs de récidive après un premier épisode de
luxation antéro-interne de l’épaule », Annales orthopédiques de l’Ouest, nº 30, 1998, p. 87-90.
N. Regenet et coll., « Amputation abdominopérinéale pour récidives locales des cancers du
rectum après résection antérieure », Annales de chirurgie, vol. 126, nº 6, 2001, p. 541-548.
S. Causeret et coll., « Corticosurrénalome malin : facteurs pronostiques des récidives
locorégionales et indications des réinterventions. À propos d’une série de 22 patients », Annales
de chirurgie, vol. 127, nº 5, 2002, p. 370-377.
Dictionnaire de médecine Flammarion, op. cit., p. 758.
Amal Jammal, Robert Allard et Geneviève Loslier, op. cit., p. 120.
Marcel Garnier et coll., op. cit., p. 697.
Ibid., p. 698.
Ibid., p. 697.
Serge Quérin, Dictionnaire des difficultés du français médical, Saint-Hyacinthe, Edisem; Paris,
Maloine, 1998, p. 149.
Ibid., p. 150.
Mise en page et reproduction — Imprimerie Mackay Inc.
Dépôt légal — 1er trimestre 1990 ISSN 0847 513X
Copyright© 2004 Tous droits réservés.
Le contenu de cette publication ne peut être reproduit en tout ni en partie sans le consentement écrit
du Groupe traduction. Les opinions exprimées dans cette publication n’engagent en rien Les
compagnies de recherche pharmaceutique du Canada.
Ont collaboré à ce numéro de Pharmaterm :
Claudine Bertrand, Corporation de soins de la santé Hospira
Catherine Brunelle, Eli Lilly Canada Inc.
Marie Fortier, Aventis Pharma Inc.
Manon Genin, Pfizer Canada Inc.
Nous remercions également Louise LeBlanc, chargée de cours à l’Université de Montréal,
pour sa collaboration à la rédaction du bulletin Pharmaterm.
Abonnement : 25 $ par année (4 numéros). Pour l’abonnement, communiquer avec Josée Caron,
au (514) 693-4052 ou à l’adresse [email protected].
Groupe traduction
PHARMATERM
MC
Bulletin terminologique
de l’industrie pharmaceutique
Volume 15, n° 3, 2004
Rechute, récurrence ou récidive : un problème qui revient souvent
En français, les termes rechute, récurrence et récidive sont parfois utilisés de façon
interchangeablea, comme en témoigne la citation suivante : « Le phénomène de récurrence tardive
des mélanomes (première récidive après un intervalle de 10 ans sans rechute) est mal connu1. » Mais
ces trois termes ont-ils réellement le même sens?
Dans le présent article, nous verrons les définitions que donnent divers dictionnaires médicaux,
certains exemples d’usage, puis les distinctions entre les termes rechute, récurrence et récidive.
Définitions et exemples d’usage
Rechute
Le Flammarion définit rechute en ces termes : « Reprise évolutive d’une maladie qui était
apparemment en voie de guérison2. » On trouve des définitions semblables dans plusieurs autres
dictionnaires médicaux, notamment dans le Dictionnaire d’épidémiologie (« Réapparition des
manifestations d’une maladie chez un sujet en convalescence3 »), dans le Garnier-Delamare
(« Réapparition des signes d’une maladie au début de la convalescence4 ») et dans le Manuila
(« Retour des symptômes d’une maladie en voie de guérison5 »). Afin de mieux cerner le sens de
rechute, voyons également la définition de convalescence : « Période plus ou moins longue qui
succède à la fin de la maladie et pendant laquelle se rétablit progressivement le fonctionnement
normal des divers organes et appareils. La convalescence n’est terminée qu’après le retour complet à
la santé6. » Ainsi, la rechute survient bel et bien avant qu’une guérison complète soit atteinte.
Dans l’usage, le terme rechute semble s’employer fréquemment dans le domaine de
l’oncologie. Voici un bon exemple de l’emploi correct du terme : « L’hypopyon leucémique bilatéral
peut être inaugural dans la leucémie de l’enfant, comme il peut être révélateur d’une rechute. Les
auteurs présentent le cas d’un enfant âgé de 5 ans, suivi pour leucémie aiguë lymphoblastique qui a
présenté après 30 mois de traitement (12ème [sic] mois du traitement d’entretien) un hypopyon
bilatéral. Une ponction de chambre antérieure avec étude cytologique a révélé la présence de cellules
lymphoblastiques et a donc confirmé la rechute oculaire de leucémie aiguë lymphoblastique7. » En
effet, il est clair dans cet exemple que la réapparition du cancer initial a eu lieu durant la
convalescence : le patient recevait un traitement d’entretien et, par conséquent, n’était considéré ni
« malade » ni complètement guéri. Voici quelques exemples où l’emploi de rechute est critiquable :
« Après un premier épisode dépressif, plus d’un patient sur deux en fera un deuxième et le taux de
rechute augmente ultérieurement après chaque décompensation. Le meilleur prédicteur du risque de
rechute est d’ailleurs le nombre d’épisodes antérieurs8 » et « Le présent article rend compte d’une
étude portant sur l’éventuel intérêt thérapeutique de la rechute dans le cadre de l’alcoolisme
chronique9. » Dans ces exemples, il est difficile de dire si rechute est employé conformément aux
définitions citées précédemment, c’est-à-dire s’il s’agit de la réapparition des symptômes ou de l’état
a
Pour toute question, prière de communiquer avec Manon Genin, rédactrice en chef,
au (514) 426-7587 ou à l’adresse [email protected].
Il en est de même en anglais. En effet, les termes rechute, récidive et récurrence se traduisent par
relapse ou recurrence, et le Stedman’s Medical Dictionary (27th Edition, Baltimore, Lippincott
Williams & Wilkins, 2000, p. 1534 et 1547) donne ces deux termes comme synonymes.
pendant la convalescence. En effet, il est malaisé de déterminer si ces nouvelles manifestations
surviennent pendant que la personne est en voie de guérison ou une fois cette dernière atteinte (dans
les cas de dépression et de toxicomanie, il est difficile de trancher). Dans de tels cas, il serait alors
peut-être préférable d’éviter l’emploi du terme rechute et d’utiliser une formule telle que « la
survenue d’un nouvel épisode ».
Récurrence
Dans le Flammarion, la récurrence est définie comme la « Reprise évolutive d’une maladie
apparemment guérie, sans nouveau contact pathogène10. » Le Garnier-Delamare en donne une
définition semblable : « Réapparition tardive des signes d’une maladie succédant à une première
affection de même nature, sans qu’il y ait de cause nouvelle (p. ex. infectieuse)11. » Quant au
Dictionnaire d’épidémiologie, le terme récurrence y est défini en ces termes : « Réapparition des
manifestations d’une maladie infectieuse chez un sujet apparemment guéri, à la suite d’une réinfection
endogène. Dans un sens plus large, réapparition des manifestations d’une maladie – qu’elle soit
infectieuse ou non – chez un sujet apparemment guéri, sans qu’il y ait eu une nouvelle exposition à
l’agent causal12. » Enfin, récurrence ne fait pas l’objet d’une entrée dans le Manuila.
Voici un bon exemple d’utilisation du terme récurrence : « Au cours de la primo-manifestation
herpétique génitale, le valaciclovir [...] s’est avéré aussi efficace que l’aciclovir [...]. Dans la
récurrence herpétique génitale, [...] [le] valaciclovir est aussi efficace que [...] [l’]aciclovir. Le
valaciclovir permet de prévenir les récurrences herpétiques génitales avec un effet dose-dépendant
[...]13. » En effet, dans les cas d’herpès, la réapparition des manifestations est causée par le virus qui,
après une première infection, persiste dans l’organisme et peut réinfecter les tissus. Dans ce cas, le
terme récurrence est utilisé conformément aux définitions énoncées précédemment; il s’agit bel et
bien de la réapparition des manifestations après leur disparition, sans qu’il y ait eu de nouvelle
exposition à l’agent causal. L’emploi du terme récurrence serait donc à privilégier dans les cas
d’épisodes d’expression d’un agent causal chez une personne considérée comme « porteuse » de cet
agent. Enfin, voici un exemple d’utilisation critiquable du terme : « Cette pathologie rare et d’étiologie
inconnue se caractérise par la récurrence de lésions conjonctivales et la production de fausses
membranes blanches, épaisses et vascularisées. Dans le cas rapporté, des prélèvements de conjonctive
ont révélé la présence de Haemophilus influenzae14. » Ici, bien que l’étiologie de l’affection soit
inconnue, il est possible qu’un agent pathogène exogène soit en cause (H. influenzae). Il aurait donc
été préférable de ne pas utiliser le terme récurrence, mais plutôt une formulation telle que « la
réapparition de lésions conjonctivales ».
Récidive
Le Flammarion définit récidive comme la « Réapparition d’une maladie antérieurement
guérie15 », et le Garnier-Delamare, comme l’« Apparition d’une maladie chez un individu qui a déjà
souffert de cette même maladie, plus ou moins longtemps auparavant. La récidive diffère de la rechute
en ce qu’il y a une cause nouvelle, par exemple une nouvelle infection16. » Le Dictionnaire
d’épidémiologie précise qu’il s’agit de la « Réapparition des manifestations d’une maladie infectieuse
chez un sujet guéri, à la suite d’une réinfection exogène. Dans un sens plus large, réapparition des
manifestations d’une maladie – qu’elle soit infectieuse ou non – chez un sujet guéri, à la suite d’une
nouvelle exposition à l’agent causal17. » Le Manuila abonde dans le même sens : « Réapparition d’une
maladie, plus ou moins longtemps après sa guérison, en particulier par suite d’une nouvelle
infection18. »
La citation suivante illustre bien l’utilisation correcte du terme récidive : « Étude prospective des
facteurs de récidive après un premier épisode de luxation antéro-interne de l’épaule19. » En effet, dans ce
cas, « l’affection initiale » a bel et bien été corrigée (réduction de la luxation) avant que survienne le
second épisode. Le terme récidive est également parfois utilisé dans le domaine de l’oncologie.
Cependant, selon la définition qu’en donnent les dictionnaires médicaux consultés, récidive devrait
s’employer pour désigner la réapparition des manifestations d’une maladie guérie, à la suite d’une
exposition à un agent causal exogène. Dans les deux exemples suivants, il est impossible de savoir si ces
deux conditions sont respectées : « Le but de cette étude rétrospective était d’évaluer les résultats à court
et long terme de l’amputation abdominopérinéale dans le traitement des récidives locales survenues après
résection antérieure pour adénocarcinome rectal et de rechercher les facteurs pronostiques. [...]
La récidive locorégionale est survenue en moyenne 16,4 mois après la chirurgie initiale20 » et « Les buts
de notre étude rétrospective étaient d’évaluer les facteurs pronostiques de récidive locorégionale chez les
patients opérés d’un corticosurrénalome malin et d’évaluer l’intérêt des réinterventions. [...] Sept patients
ont eu une récidive locorégionale après un recul médian de 25 mois et le taux de survie actuarielle sans
récidive locorégionale à cinq ans était de 50 %21. » Dans les cas de cancer, il est très difficile de savoir si
l’agent causal est bel et bien exogène et si une guérison complète avait été atteinte avant le retour
de l’affection. Il semble donc délicat d’utiliser récidive dans de tels cas. En effet, si l’on doit employer
l’un des termes qui nous intéresse, il s’agit fort probablement de la réapparition du « cancer initial »; par
conséquent, l’utilisation des termes rechute ou récurrence semble plus appropriée.
Comparaison des termes
Certains des dictionnaires médicaux consultés apportent des précisions permettant de distinguer
les termes rechute, récidive et récurrence. En effet, le Flammarion stipule que l’emploi de
récurrence « implique un délai beaucoup plus long (plusieurs semaines ou mois) que celui de la
rechute22 ». En outre, on peut lire dans le Dictionnaire d’épidémiologie que « La récurrence se
distingue de la récidive : le premier terme s’applique à une réinfection endogène; le second, à une
réinfection exogène. La récurrence se distingue également de la rechute par le fait que la première
se produit après une période de rémission relativement longue (plusieurs semaines ou plusieurs mois),
alors que la seconde intervient durant la période de convalescence23. » Quant au Garnier-Delamare, il
offre une bonne synthèse sous chacune des entrées : « La rechute est donc plus précoce que la
récurrence et elle diffère de la récidive car il n’y a pas de cause nouvelle24 », « La récurrence
apparaît après un délai plus long que la rechute, plusieurs semaines ou même plusieurs mois après la
première atteinte25 » et « La récidive diffère de la rechute en ce qu’il y a une cause nouvelle, par
exemple une nouvelle infection26. » Enfin, le Dictionnaire des difficultés du français médical de
Quérin résume la distinction entre ces termes de la façon suivante : « La réapparition des
manifestations d’une maladie est appelée rechute ou récidive selon la durée de la rémission. Une
rechute [...] survient durant la convalescence du malade, alors qu’une récidive [...] survient après une
période de rémission plus longue. Certains font aussi une distinction entre récidive et récurrence
[...]27 » et « Selon A. Jammal et coll. […], une récurrence diffère d’une récidive par le fait que la
première concerne une réinfection endogène et la seconde une réinfection exogène28. » Signalons que
Quérin ne compare pas les termes rechute et récurrence.
À la lumière de ces explications, trois éléments peuvent guider le traducteur dans le choix du
terme à utiliser : la source, le délai et le « stade » de guérison. D’abord, ce qui distingue la récidive
des deux autres termes est la source exogène, le contact avec un nouvel agent causal. Ensuite, selon
la plupart des ouvrages consultés, la différence entre la rechute et la récurrence repose sur le
délai d’apparition des manifestations. Or, ce concept est arbitraire : comment quantifier un délai?
Qu’est-ce qu’un délai court, qu’est-ce qu’un délai long? On peut cependant aborder le délai du point
de vue de la guérison : la rechute survient quand le malade est en voie de guérison (durant la
convalescence), et la récurrence, lorsqu’on le juge guéri alors qu’il ne l’est pas encore réellement.
Quant à la récidive, elle se manifeste après la guérison réelle de l’affection.
Sommaire
Pour employer le bon équivalent, le traducteur devrait donc se poser deux questions : « quelle
est la source du nouvel épisode? » et « à quel moment la nouvelle manifestation survient-elle (délai
ou « stade » de guérison)? » Ainsi, il sera certain d’employer les termes rechute, récurrence et
récidive conformément aux définitions qu’en donnent les dictionnaires médicaux.
Réapparition des manifestations
Source?
exogène
récidive
endogène
Moment?
délai court
délai long
guérison apparente
convalescence
guérison complète
rechute
récidive
récurrence
Sophie Perreault
Traductrice, Pfizer Canada Inc.
Références
1
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3
M. F. Avril et coll., « Récurrences tardives de mélanome : au-delà de 10 ans », Annales de
dermatologie et de vénéréologie, vol. 121, nos 6-7, 1994, p. 454-458.
Dictionnaire de médecine Flammarion, 7e éd., Paris, Médecine-Sciences Flammarion, 2001,
p. 757.
Amal Jammeal, Robert Allard et Geneviève Loslier, Dictionnaire d’épidémiologie,
Saint-Hyacinthe, Edisem; Paris, Maloine, 1998, p. 119.
pendant la convalescence. En effet, il est malaisé de déterminer si ces nouvelles manifestations
surviennent pendant que la personne est en voie de guérison ou une fois cette dernière atteinte (dans
les cas de dépression et de toxicomanie, il est difficile de trancher). Dans de tels cas, il serait alors
peut-être préférable d’éviter l’emploi du terme rechute et d’utiliser une formule telle que « la
survenue d’un nouvel épisode ».
Récurrence
Dans le Flammarion, la récurrence est définie comme la « Reprise évolutive d’une maladie
apparemment guérie, sans nouveau contact pathogène10. » Le Garnier-Delamare en donne une
définition semblable : « Réapparition tardive des signes d’une maladie succédant à une première
affection de même nature, sans qu’il y ait de cause nouvelle (p. ex. infectieuse)11. » Quant au
Dictionnaire d’épidémiologie, le terme récurrence y est défini en ces termes : « Réapparition des
manifestations d’une maladie infectieuse chez un sujet apparemment guéri, à la suite d’une réinfection
endogène. Dans un sens plus large, réapparition des manifestations d’une maladie – qu’elle soit
infectieuse ou non – chez un sujet apparemment guéri, sans qu’il y ait eu une nouvelle exposition à
l’agent causal12. » Enfin, récurrence ne fait pas l’objet d’une entrée dans le Manuila.
Voici un bon exemple d’utilisation du terme récurrence : « Au cours de la primo-manifestation
herpétique génitale, le valaciclovir [...] s’est avéré aussi efficace que l’aciclovir [...]. Dans la
récurrence herpétique génitale, [...] [le] valaciclovir est aussi efficace que [...] [l’]aciclovir. Le
valaciclovir permet de prévenir les récurrences herpétiques génitales avec un effet dose-dépendant
[...]13. » En effet, dans les cas d’herpès, la réapparition des manifestations est causée par le virus qui,
après une première infection, persiste dans l’organisme et peut réinfecter les tissus. Dans ce cas, le
terme récurrence est utilisé conformément aux définitions énoncées précédemment; il s’agit bel et
bien de la réapparition des manifestations après leur disparition, sans qu’il y ait eu de nouvelle
exposition à l’agent causal. L’emploi du terme récurrence serait donc à privilégier dans les cas
d’épisodes d’expression d’un agent causal chez une personne considérée comme « porteuse » de cet
agent. Enfin, voici un exemple d’utilisation critiquable du terme : « Cette pathologie rare et d’étiologie
inconnue se caractérise par la récurrence de lésions conjonctivales et la production de fausses
membranes blanches, épaisses et vascularisées. Dans le cas rapporté, des prélèvements de conjonctive
ont révélé la présence de Haemophilus influenzae14. » Ici, bien que l’étiologie de l’affection soit
inconnue, il est possible qu’un agent pathogène exogène soit en cause (H. influenzae). Il aurait donc
été préférable de ne pas utiliser le terme récurrence, mais plutôt une formulation telle que « la
réapparition de lésions conjonctivales ».
Récidive
Le Flammarion définit récidive comme la « Réapparition d’une maladie antérieurement
guérie15 », et le Garnier-Delamare, comme l’« Apparition d’une maladie chez un individu qui a déjà
souffert de cette même maladie, plus ou moins longtemps auparavant. La récidive diffère de la rechute
en ce qu’il y a une cause nouvelle, par exemple une nouvelle infection16. » Le Dictionnaire
d’épidémiologie précise qu’il s’agit de la « Réapparition des manifestations d’une maladie infectieuse
chez un sujet guéri, à la suite d’une réinfection exogène. Dans un sens plus large, réapparition des
manifestations d’une maladie – qu’elle soit infectieuse ou non – chez un sujet guéri, à la suite d’une
nouvelle exposition à l’agent causal17. » Le Manuila abonde dans le même sens : « Réapparition d’une
maladie, plus ou moins longtemps après sa guérison, en particulier par suite d’une nouvelle
infection18. »
La citation suivante illustre bien l’utilisation correcte du terme récidive : « Étude prospective des
facteurs de récidive après un premier épisode de luxation antéro-interne de l’épaule19. » En effet, dans ce
cas, « l’affection initiale » a bel et bien été corrigée (réduction de la luxation) avant que survienne le
second épisode. Le terme récidive est également parfois utilisé dans le domaine de l’oncologie.
Cependant, selon la définition qu’en donnent les dictionnaires médicaux consultés, récidive devrait
s’employer pour désigner la réapparition des manifestations d’une maladie guérie, à la suite d’une
exposition à un agent causal exogène. Dans les deux exemples suivants, il est impossible de savoir si ces
deux conditions sont respectées : « Le but de cette étude rétrospective était d’évaluer les résultats à court
et long terme de l’amputation abdominopérinéale dans le traitement des récidives locales survenues après
résection antérieure pour adénocarcinome rectal et de rechercher les facteurs pronostiques. [...]
La récidive locorégionale est survenue en moyenne 16,4 mois après la chirurgie initiale20 » et « Les buts
de notre étude rétrospective étaient d’évaluer les facteurs pronostiques de récidive locorégionale chez les
patients opérés d’un corticosurrénalome malin et d’évaluer l’intérêt des réinterventions. [...] Sept patients
ont eu une récidive locorégionale après un recul médian de 25 mois et le taux de survie actuarielle sans
récidive locorégionale à cinq ans était de 50 %21. » Dans les cas de cancer, il est très difficile de savoir si
l’agent causal est bel et bien exogène et si une guérison complète avait été atteinte avant le retour
de l’affection. Il semble donc délicat d’utiliser récidive dans de tels cas. En effet, si l’on doit employer
l’un des termes qui nous intéresse, il s’agit fort probablement de la réapparition du « cancer initial »; par
conséquent, l’utilisation des termes rechute ou récurrence semble plus appropriée.
Comparaison des termes
Certains des dictionnaires médicaux consultés apportent des précisions permettant de distinguer
les termes rechute, récidive et récurrence. En effet, le Flammarion stipule que l’emploi de
récurrence « implique un délai beaucoup plus long (plusieurs semaines ou mois) que celui de la
rechute22 ». En outre, on peut lire dans le Dictionnaire d’épidémiologie que « La récurrence se
distingue de la récidive : le premier terme s’applique à une réinfection endogène; le second, à une
réinfection exogène. La récurrence se distingue également de la rechute par le fait que la première
se produit après une période de rémission relativement longue (plusieurs semaines ou plusieurs mois),
alors que la seconde intervient durant la période de convalescence23. » Quant au Garnier-Delamare, il
offre une bonne synthèse sous chacune des entrées : « La rechute est donc plus précoce que la
récurrence et elle diffère de la récidive car il n’y a pas de cause nouvelle24 », « La récurrence
apparaît après un délai plus long que la rechute, plusieurs semaines ou même plusieurs mois après la
première atteinte25 » et « La récidive diffère de la rechute en ce qu’il y a une cause nouvelle, par
exemple une nouvelle infection26. » Enfin, le Dictionnaire des difficultés du français médical de
Quérin résume la distinction entre ces termes de la façon suivante : « La réapparition des
manifestations d’une maladie est appelée rechute ou récidive selon la durée de la rémission. Une
rechute [...] survient durant la convalescence du malade, alors qu’une récidive [...] survient après une
période de rémission plus longue. Certains font aussi une distinction entre récidive et récurrence
[...]27 » et « Selon A. Jammal et coll. […], une récurrence diffère d’une récidive par le fait que la
première concerne une réinfection endogène et la seconde une réinfection exogène28. » Signalons que
Quérin ne compare pas les termes rechute et récurrence.
À la lumière de ces explications, trois éléments peuvent guider le traducteur dans le choix du
terme à utiliser : la source, le délai et le « stade » de guérison. D’abord, ce qui distingue la récidive
des deux autres termes est la source exogène, le contact avec un nouvel agent causal. Ensuite, selon
la plupart des ouvrages consultés, la différence entre la rechute et la récurrence repose sur le
délai d’apparition des manifestations. Or, ce concept est arbitraire : comment quantifier un délai?
Qu’est-ce qu’un délai court, qu’est-ce qu’un délai long? On peut cependant aborder le délai du point
de vue de la guérison : la rechute survient quand le malade est en voie de guérison (durant la
convalescence), et la récurrence, lorsqu’on le juge guéri alors qu’il ne l’est pas encore réellement.
Quant à la récidive, elle se manifeste après la guérison réelle de l’affection.
Sommaire
Pour employer le bon équivalent, le traducteur devrait donc se poser deux questions : « quelle
est la source du nouvel épisode? » et « à quel moment la nouvelle manifestation survient-elle (délai
ou « stade » de guérison)? » Ainsi, il sera certain d’employer les termes rechute, récurrence et
récidive conformément aux définitions qu’en donnent les dictionnaires médicaux.
Réapparition des manifestations
Source?
exogène
récidive
endogène
Moment?
délai court
délai long
guérison apparente
convalescence
guérison complète
rechute
récidive
récurrence
Sophie Perreault
Traductrice, Pfizer Canada Inc.
Références
1
2
3
M. F. Avril et coll., « Récurrences tardives de mélanome : au-delà de 10 ans », Annales de
dermatologie et de vénéréologie, vol. 121, nos 6-7, 1994, p. 454-458.
Dictionnaire de médecine Flammarion, 7e éd., Paris, Médecine-Sciences Flammarion, 2001,
p. 757.
Amal Jammeal, Robert Allard et Geneviève Loslier, Dictionnaire d’épidémiologie,
Saint-Hyacinthe, Edisem; Paris, Maloine, 1998, p. 119.
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Marcel Garnier et coll., Dictionnaire des termes de médecine, 25e éd., Paris, Maloine, 1999,
p. 697.
L. Manuila et coll., Dictionnaire médical, 9e éd., Paris, Masson, 2001, p. 424.
Marcel Garnier et coll., op. cit., p. 183.
M. Charif Chefchaouni et coll., « Rechute oculaire de leucémie aiguë lymphoblastique »,
Bulletin de la Société belge d’ophtalmologie, nº 286, 2002, p. 27-30.
G. Bondoifi, « Dépression récurrente et prévention de la rechute », Médecine et hygiène,
vol. 60, nº 2406, 2002.
Nadège Hilaire, « Intérêt thérapeutique de la rechute », Alcoologie et addictologie, vol. 23,
nº 4, 2001, p. 533-538.
Dictionnaire de médecine Flammarion, op. cit., p. 758.
Marcel Garnier et coll., op. cit., p. 698.
Amal Jammal, Robert Allard et Geneviève Loslier, op. cit., p. 120.
B. Lebrun-Vignes, « Valaciclovir », Annales de dermatologie et de vénéréologie, vol. 129,
nº 5, 2002, p. 708-715.
M. Lecame et coll., « Prise en charge d’une conjonctivite ligneuse à fausses membranes par un
glucocorticoïde, un anticoagulant et un immunosuppresseur », Journal de pharmacie clinique,
vol. 20, nº 1, 2001, p. 25-27.
Dictionnaire de médecine Flammarion, op. cit., p. 757.
Marcel Garnier et coll., op. cit., p. 697.
Amal Jammal, Robert Allard et Geneviève Loslier, op. cit., p. 119.
L. Manuila et coll., op. cit., p. 424.
T. Le Tiec et coll., « Étude prospective des facteurs de récidive après un premier épisode de
luxation antéro-interne de l’épaule », Annales orthopédiques de l’Ouest, nº 30, 1998, p. 87-90.
N. Regenet et coll., « Amputation abdominopérinéale pour récidives locales des cancers du
rectum après résection antérieure », Annales de chirurgie, vol. 126, nº 6, 2001, p. 541-548.
S. Causeret et coll., « Corticosurrénalome malin : facteurs pronostiques des récidives
locorégionales et indications des réinterventions. À propos d’une série de 22 patients », Annales
de chirurgie, vol. 127, nº 5, 2002, p. 370-377.
Dictionnaire de médecine Flammarion, op. cit., p. 758.
Amal Jammal, Robert Allard et Geneviève Loslier, op. cit., p. 120.
Marcel Garnier et coll., op. cit., p. 697.
Ibid., p. 698.
Ibid., p. 697.
Serge Quérin, Dictionnaire des difficultés du français médical, Saint-Hyacinthe, Edisem; Paris,
Maloine, 1998, p. 149.
Ibid., p. 150.
Mise en page et reproduction — Imprimerie Mackay Inc.
Dépôt légal — 1er trimestre 1990 ISSN 0847 513X
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Ont collaboré à ce numéro de Pharmaterm :
Claudine Bertrand, Corporation de soins de la santé Hospira
Catherine Brunelle, Eli Lilly Canada Inc.
Marie Fortier, Aventis Pharma Inc.
Manon Genin, Pfizer Canada Inc.
Nous remercions également Louise LeBlanc, chargée de cours à l’Université de Montréal,
pour sa collaboration à la rédaction du bulletin Pharmaterm.
Abonnement : 25 $ par année (4 numéros). Pour l’abonnement, communiquer avec Josée Caron,
au (514) 693-4052 ou à l’adresse [email protected].
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MC
Bulletin terminologique
de l’industrie pharmaceutique
Volume 15, n° 3, 2004
Rechute, récurrence ou récidive : un problème qui revient souvent
En français, les termes rechute, récurrence et récidive sont parfois utilisés de façon
interchangeablea, comme en témoigne la citation suivante : « Le phénomène de récurrence tardive
des mélanomes (première récidive après un intervalle de 10 ans sans rechute) est mal connu1. » Mais
ces trois termes ont-ils réellement le même sens?
Dans le présent article, nous verrons les définitions que donnent divers dictionnaires médicaux,
certains exemples d’usage, puis les distinctions entre les termes rechute, récurrence et récidive.
Définitions et exemples d’usage
Rechute
Le Flammarion définit rechute en ces termes : « Reprise évolutive d’une maladie qui était
apparemment en voie de guérison2. » On trouve des définitions semblables dans plusieurs autres
dictionnaires médicaux, notamment dans le Dictionnaire d’épidémiologie (« Réapparition des
manifestations d’une maladie chez un sujet en convalescence3 »), dans le Garnier-Delamare
(« Réapparition des signes d’une maladie au début de la convalescence4 ») et dans le Manuila
(« Retour des symptômes d’une maladie en voie de guérison5 »). Afin de mieux cerner le sens de
rechute, voyons également la définition de convalescence : « Période plus ou moins longue qui
succède à la fin de la maladie et pendant laquelle se rétablit progressivement le fonctionnement
normal des divers organes et appareils. La convalescence n’est terminée qu’après le retour complet à
la santé6. » Ainsi, la rechute survient bel et bien avant qu’une guérison complète soit atteinte.
Dans l’usage, le terme rechute semble s’employer fréquemment dans le domaine de
l’oncologie. Voici un bon exemple de l’emploi correct du terme : « L’hypopyon leucémique bilatéral
peut être inaugural dans la leucémie de l’enfant, comme il peut être révélateur d’une rechute. Les
auteurs présentent le cas d’un enfant âgé de 5 ans, suivi pour leucémie aiguë lymphoblastique qui a
présenté après 30 mois de traitement (12ème [sic] mois du traitement d’entretien) un hypopyon
bilatéral. Une ponction de chambre antérieure avec étude cytologique a révélé la présence de cellules
lymphoblastiques et a donc confirmé la rechute oculaire de leucémie aiguë lymphoblastique7. » En
effet, il est clair dans cet exemple que la réapparition du cancer initial a eu lieu durant la
convalescence : le patient recevait un traitement d’entretien et, par conséquent, n’était considéré ni
« malade » ni complètement guéri. Voici quelques exemples où l’emploi de rechute est critiquable :
« Après un premier épisode dépressif, plus d’un patient sur deux en fera un deuxième et le taux de
rechute augmente ultérieurement après chaque décompensation. Le meilleur prédicteur du risque de
rechute est d’ailleurs le nombre d’épisodes antérieurs8 » et « Le présent article rend compte d’une
étude portant sur l’éventuel intérêt thérapeutique de la rechute dans le cadre de l’alcoolisme
chronique9. » Dans ces exemples, il est difficile de dire si rechute est employé conformément aux
définitions citées précédemment, c’est-à-dire s’il s’agit de la réapparition des symptômes ou de l’état
a
Pour toute question, prière de communiquer avec Manon Genin, rédactrice en chef,
au (514) 426-7587 ou à l’adresse [email protected].
Il en est de même en anglais. En effet, les termes rechute, récidive et récurrence se traduisent par
relapse ou recurrence, et le Stedman’s Medical Dictionary (27th Edition, Baltimore, Lippincott
Williams & Wilkins, 2000, p. 1534 et 1547) donne ces deux termes comme synonymes.

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