Les fils de l`Homme

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Les fils de l`Homme
Les fils de l’Homme
Children of men
Réalisation : Alfonso Cuarón
Scénario : Alfonso Cuarón, Timothy J. Sexton
Photographie : Emmanuel Lubezki
Musique : John Tavener
Production : Marc Abraham, Eric Newman, Hilary
Shor, Tony Smith
Interprétation : Clive Owen (Theo), Julianne Moore
(Julian), Charlie Hunnam (Patrick), Chiwetel Ejiofor
(Luke), Michael Caine (Jasper), Peter Mullan (Syd)
États-Unis, Royaume-Uni, Japon – 2006 – couleur –
110 mnÉtats-Unis – 1997 – couleur – 106 mn
Synopsis
La ville est sous tension, proie d’attentats, soumise à la surveillance policière. Les trains y sont lapidés par de pauvres
errants. A peine franchie la barrière des faubourgs s’impose le spectacle d’une campagne désolée, où brûle un bétail
contaminé par des épidémies mortelles. Nous sommes à Londres, en 2027. La planète a cédé au chaos. Seule la Grande-Bretagne a pu résister à l’autodestruction en se repliant derrière un régime totalitaire, qui gère par la violence les
flux massifs de réfugiés de tous les pays, parqués dans des zones de non-droit. Et la survie de l’humanité est gravement
menacée par l’incapacité inexpliquée des femmes à donner la vie : la dernière naissance remonte à 18 ans et lorsque
l’homme le plus jeune de la planète est assassiné, la population tombe un peu plus encore dans la morosité. Théo, ancien
militant devenu bureaucrate résigné, va malgré lui jouer un rôle inattendu dans la survie de l’espèce humaine quand son
ex-femme, anarchiste convaincue, le met en contact avec Kee, enceinte de huit mois et dernier espoir pour la sauvegarde
du genre humain..
Pistes de travail
1 – Une mise en scène proche du reportage au service d’un réalisme terrifiant
Le propos de ces Fils de l’Homme est ambitieux : État totalitaire, catastrophe démographique, gestion inhumaine des
sans papiers et des réfugiés... Comme tout bon film du genre, les questions soulevées ici trouvent un écho quotidien dans
les journaux du monde entier. C’est caméra à l’épaule, dans un Londres reconstitué et tout à fait identifiable, où le futur
se montre de façon subtile (quelques gadgets high-tech par ci, deux ou trois bâtiments démesurés par là), que Cuarón
nous invite à entrer dans son monde apocalyptique, sur les pas d’un anti-héros fatigué qui se contente de survivre sans
se poser trop de questions. Un plan séquence magistral (il y en aura beaucoup d’autres dans cette mise en scène proche
du reportage) nous précipite dans le vif du sujet : ville en ruines où le quotidien mélange en quelques minutes café du
matin, informations moroses et attentat à la bombe. Du vrai Beyrouth de 2006 au faux Londres de 2027, Cuarón opère
un glissement fictionnel qui repose, tant sur le fond que sur la forme, sur un réalisme terrifiant, dont on ne peut que
constater la probabilité avec effroi.
2 – Maîtrise technique
Les Fils de l’Homme prend par la suite une tournure plus classique (la course poursuite), moins novatrice mais dont l’issue − un
camp de réfugiés − offre au film un « climax » résolument spectaculaire. La grande force de Cuarón est de ne jamais sacrifier son
discours au profit de sa mise en scène − au contraire, la forme
et le fond sont, comme rarement dans un film a priori « populaire », parfaitement cohérents. À tel point que l’on peut être impressionné par la maîtrise technique de scènes à grand spectacle
(fusillades, explosions...) qui, toujours filmées en plans séquences, dénuées de tout artifice tape-à-l’œil, évitent les écueils habituels, dans un film où le pessimisme n’est jamais complaisant,
sauvé par la foi du cinéaste en ses personnages et en son sujet.
3 – Un « thriller » de notre temps
Qu’est-ce qu’on attend aujourd’hui d’un thriller ? La reconduite
de quelques schémas ténébreux (un homme en cavale, une femme à protéger, guettés par des menaces, forces de l’ordre, agents
doubles, rebelles dissidents) et la modernisation de la recette. La
jouissance d’un renouveau dans le déjà-vu. Sur ce plan, Cuarón
remplit son contrat haut la main. Ancré dans les affres politicosociales contemporaines (le casse-tête du partage des richesses
et de l’immigration), son film haletant allie spectacle (infernale course-poursuite), humanisme, clins d’oeil et archétypes.
(Fiche réalisée à partir des critiques du Monde et de Critikat.com)

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