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NEMO réalisé d’honnêtes pièces hors du commun, plaçant la barre toujours un peu plus haut que la plupart des groupes du même style. En effet, comme ils l’avaient si bien dit eux-mêmes, on pense toujours à Ange quand on découvre un nouveau groupe de rock progressif d’ici, sauf qu’avec eux, peine perdue, à force d’écouter, on sent bien que c’est autre chose, une autre voie. Des Nouveaux mondes au Prélude à la ruine, Nemo n’avait fait que peaufiner une autre exploration, un chemin légèrement divergeant de ses camarades de la scène progressive hexa- Quadriphonic Si partie II L’homme idéal Je crois bien, après écoutes répétées du présent album, que Nemo vient de réaliser son meilleur album. Non, je ne crois pas, j’en suis sûr ! Jusquelà, Nemo tout en s’écartant des sentiers battus et rebattus de la progressive à la française, avait NEMO LES ENFANTS ROIS Quadriphonic - Mini-CD 2006 Je ne pouvais passer sous silence, le CD trois titres qui a précédé de peu la sortie de L’homme idéal ! Si on y retrouve Les enfants rois, c’est surtout la reprise invraisemblable du Diary of a madman d’Ozzy Osbourne qui trouble… Que diable vient faire le loup-garou dans le répertoire de Nemo ? Une récréation qui, sur le fil du rasoir, se raccroche au monde musical de Nemo, rafistolé à la sauce auvergnate avec le son Nemo qui lui concocte toute sa saveur ! Dire que j’avais hésité à comparer certaines parties de guitare de Jean-Paul Louveton à celles de Tommy Iommi sur quelques inspira- HARMONIE Magazine n° 59 tions aiguisées de l’album !!! Je sais, Iommi n’a jamais fait parti du Ozzy Band mais la relation est facile… Voilà, c’est dit, fluidité et férocité vont de pair pour ce morceau « progressifié » par l’intelligence musicale de Nemo. Quand au troisième titre, c’est un pur inédit, Touché-coulé où là encore, le groupe s’amuse sur fond de claviers « vintage » à restituer un son seventies bien saignant et cuisant dans son jus. Récréation classic-rock instrumentale bienvenue pour évoquer une époque qui a bien marqué ses auteurs… Bruno Versmisse 16 gonale. Un live rutilant et très pêchu avait clôturé la trilogie, une Immersion publique incandescente de sacrée mémoire. Mais le frémissement perçu avec Si partie I n’était rien comparé à la seconde partie que voici sous la forme de L’homme idéal ! On avait appris à connaître un Nemo très mélodique ne dédaignant pas frapper quand il le fallait dans des proportions parfois quasiment hard-rock. Mais là encore, sans jamais aller chercher de futiles comparaisons habituelles avec un Dream Theater, étalon du genre, tout comme l’est Ange dans un autre, force est de dire que les gens du Puy nagent avec aisance dans un style qui leur est personnellement imputable. Et qu’ils ne doivent rien à personne, les circonstances de leur musique faisant malgré tout inévitablement penser à d’autres formations bien évidemment. Si je devais citer ne serait-ce qu’un seul groupe (inspiration ?, ça je ne pense pas !), je citerai encore une fois l’excellent et défunt Atoll de ma jeunesse. Celui, inventif, élaboré et festif de L’araignée-mal et Tertio, rien que ça ! Mais je n’irai guère plus loin dans une comparaison qui n’avantagera aucun des deux. C’était juste un essai comparatif pour allumer une étincelle sous vos paupières de lecteur habitué à l’emphase. Jean-Paul Louveton (guitares, chant), Guillaume Fontaine (claviers, voix), Lionel-B. Guichard (basse, voix) et J.-B. Itier (batterie, voix) auquel vient se joindre pour quelques envolées très lyriques, Sylvie Krauss, ont passé un cap et ce, au bout du quatrième album studio. Ajoutez à cela un livret des plus réussis avec une superbe pochette de Thierry Guilleminot et une production qui se situe au-dessus des canons habituels. La rondelle quasi parfaite ! Si partie II, c’est la suite de l’histoire des manipulations génétiques. L’homme idéal qui fait peur à certains et fait rêver d’autres comme l’excellente et inédite intro le démontre, conversation de comptoir captée sur le vif. Et si je vous parlais cinq minutes de l’excellence des compositions où chacun trouve sa place, preuve de la réelle cohésion d’un groupe en pleine possession de ses moyens d’expression, musical et textuel ? Tous les textes justement sont de J.-P. Louveton sauf Une question de prix où le claviériste G. Fontaine s’est joint au parolier quasi exclusif de Nemo. Les musiques sont signées soit Nemo au complet, soit J.-P. Louveton, G. Fontaine ou L.-B. Guichard et même d’un certain M. Defaÿ (!). Belle preuve de pluralité et de démocratie qui fleure bon le groupe soudé, condition idéale pour réussir un album et ça se sent, ça se perçoit au plus profond des montées guitare/claviers/batterie/basse qui poussent au cul de l’œuvre ! Serais-je convaincant si j’insiste sur les