Dossier communiquer, magazine Imagine du Réseau des

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Dossier communiquer, magazine Imagine du Réseau des
DOSSIER
COMMUNIQUER
PROFIL
LE RÉSEAU DES INGÉNIEURS
Pour un XXIe siècle
de génie !
VOL. 5 NO 1
AUTOMNE 2012
SOCIÉTÉ
TECHNO
SPORT
ÉVASION
AUTO
SANTÉ
10
FÊTE SES
ANS !
OPTEZ POUR
UN RÉSEAU
QUI ENRICHIT
VOTRE
QUALITÉ
DE VIE
Grâce au Réseau des ingénieurs du Québec, vous bénéficiez d’une vaste gamme de services et d’avantages
bâtis sur mesure pour répondre à vos besoins : outils
de gestion de carrière, programmes de formation,
babillard d’emploi, rabais, privilèges et bien plus.
reseauIQ.qc.ca
imagine
IMAGINE
3
Vol. 5 no 1
RÉDACTRICE EN CHEF
Monique Crépault
MOT DU PRÉSIDENT
COLLABORATEURS
Anne Fleischman
Bruno Geoffroy
Alexis de Gheldere
Maxime Johnson
Guillaume Jousset
Claudia Larochelle
Alexis Le Marec
Valérian Mazataud
Alain McKenna
Léonore Pion
PHOTOGRAPHE
Alexis de Gheldere
CARICATURISTE
Bado
ILLUSTRATRICE
Katy Lemay
RÉVISEURE
Johanne Hamel
CONCEPTION GRAPHIQUE
Magma design
IMPRIMEUR
Croze Inc.
INTERNET
reseauIQ.qc.ca
IMAGINE
Une publication du Réseau
des ingénieurs du Québec
1001, boul.
de Maisonneuve Ouest,
bureau 200
Montréal (QUÉBEC)
H3A 3C8
514 845-9664
1 866 845-9664
PRÉSIDENT
Etienne Couture, ing.
DIRECTEUR GÉNÉRAL
Guy Parent, CPA, CGA
DIRECTEUR SERVICE
COMMUNICATIONS ET
AFFAIRES PUBLIQUES
Francis Bourque
CONSEILLÈRE SERVICE
COMMUNICATIONS ET
AFFAIRES PUBLIQUES
Geneviève Gruffy
CONTACTEZ-NOUS
[email protected]
IMAGINE
est publié 4 fois par
année par le Réseau des
ingénieurs du Québec.
Tous droits réservés.
Toute reproduction
intégrale ou partielle
est interdite sans
le consentement
écrit de l’éditeur.
ISSN 1918-3933 IMAGINE
Dépôt légal : Bibliothèque
et Archives Canada, 2012
Chers lecteurs, chères lectrices,
Le Réseau des ingénieurs du Québec s’est fait une beauté pour fêter ses 10 ans ! Dans le cadre de cette
étape charnière, l’organisation a saisi cette occasion pour solidifier sa marque dans le monde du génie.
Nous avons ainsi le plaisir de vous présenter notre nouvel univers visuel. Épuré, dynamique et moderne,
le nouveau logo du Réseau des ingénieurs symbolise l’évolution de l’organisation à travers les années ainsi
que la force de notre effectif : les ingénieurs québécois.
Au fil des années, le Réseau des ingénieurs a peaufiné son offre de services, vouée au développement personnel de l’ingénieur. Notre organisation met à la disposition des membres une grande variété
de services bâtis sur mesure pour répondre à vos besoins. Notre objectif est de permettre aux ingénieurs
québécois d’améliorer leur qualité de vie sociale et professionnelle par de la formation adaptée, par la
valorisation de leur rôle et de leur statut professionnels, et par des services commerciaux avantageux. Vous
pourrez en lire davantage dans ce numéro d’IMAGINE !
Cette édition abordera aussi différents aspects d’une industrie en évolution constante, dont la
présence a une portée majeure dans la vie de tous : celle des communications. L’intervention du génie dans
ce domaine est très large et se déploie dans de nombreux secteurs. Nous allons en voir quelques-uns tels
que les télécommunications et la gestion de l’environnement, en passant par la fabrication numérique et
les tissus intelligents. Nous avons déjà développé une expertise locale bien connue à plusieurs niveaux,
mais il s’agit d’un domaine toujours en développement et riche de défis intéressants que les ingénieurs
québécois devront relever.
Bonne lecture à tous !
Etienne Couture, ing.
Président
Réseau des ingénieurs du Québec
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réseau des ingénieurs du québec
DOSSIER
COMMUNIQUER
PROFIL
LE RÉSEAU DES INGÉNIEURS
Pour un XXIe siècle
de génie !
Ses œuvres ont illustré le Time
Magazine, le New York Times
et le Globe & Mail, pour n’en
citer que quelques-uns. C’est
au tour d’IMAGINE de profiter
de l’immense et si original
talent de Katy Lemay. Avec son
style unique, cette diplômée en
design graphique de l’UQAM
a su créer une composition
quasi surréaliste où le familier
côtoie l’inattendu pour
illustrer le thème de ce numéro
d’automne, COMMUNIQUER.
VOL. 5 NO 1
AUTOMNE 2012
SOCIÉTÉ
TECHNO
SPORT
ÉVASION
AUTO
SANTÉ
10
FÊTE SES
> http://aiiq.qc.ca/illustrateur/
katylemay/illustrations/2128
ANS !
SOMMAIRE
VOL. 5 NO 1
6
3 | MOT DU PRÉSIDENT
DOSSIER - COMMUNIQUER
Communiquer : ce seul mot contient toute l’évolution de nos
sociétés. Du télégraphe au téléphone, en passant par la presse de
Gutenberg, le walkie-talkie et l’arrivée des villes/maisons/routes
intelligentes, le génie humain ne cesse d’innover pour pouvoir
communiquer. Mais encore faut-il savoir comment…
22 | DÉFI - les fab labs
Les Fab Labs, un concept né au MIT, mais vite devenu un réseau
mondialement actif, ce sont les nouveaux terrains de jeu des
ingénieurs qui veulent faire passer leurs idées de la planche
à dessin au prototype concret.
27 | PROFIL - le réseau des ingénieurs du québec
Le Réseau des ingénieurs fête cette année ses dix ans d’existence.
Déjà ! Petit tour d’horizon de son histoire et de ses aspirations.
30 | ENTREVUE - bruno guglielminetti
Rencontre avec le « gourou » québécois de l’internet et directeur
de la communication numérique au sein du cabinet de relations
publiques National.
32 | SOCIÉTÉ - les tissus intelligents
Fibres antiallergiques ou hydratantes, textile amincissant ou
chauffant, tissus 3D, thermorégulateurs, anti-UV… Tout ça grâce
aux nanomatériaux, aux microcapsules, aux puces et aux
capteurs intégrés dans des textiles innovants.
35 | TECHNO - le financement participatif
Ou comment faire appel aux internautes pour trouver les fonds
nécessaires à l’aboutissement de votre projet, grâce à des sites
comme Kickstarter ou Fundo.
38 | GADGETS - les montres intelligentes
Des ordis à votre poignet. Même Dick Tracy serait étonné !
40 | LECTURE - choix de lectures automnales
Une nouvelle chronique, des livres passionnants à découvrir.
42 | SPORT - la plongée sous-marine
Des mers du sud aux eaux du Saint-Laurent…
46 | ÉVASION - les canyons de l’utah… vertigineux
50 | DÉGUSTATION - les bières artisanales du québec
54 | SORTIR - à l’heure du 5 à 7
- agenda culturel de l’automne
58 | AUTOMOBILE - big brother dans notre auto
62 | SANTÉ - l’abc de l’avc
65 | BD
| QU’EN PENSEZ-VOUS ?
LA COMMISSION CHARBONNEAU :
POUR ALLER AU FOND DES CHOSES
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À LA RENCONTRE
DE VOTRE PROCHAIN
DÉFI PROFESSIONNEL
Salons carrières du
Réseau des ingénieurs du Québec
Hôtel Plaza Québec
jeudi 4 octobre, 11 h à 18 h
Palais des congrès de Montréal
mardi 23 octobre, 12 h à 19 h
mercredi 24 octobre, 10 h à 17 h
Pour information : reseauIQ.qc.ca/carriere
CARRIÈRE
DOSSIER
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réseau des ingénieurs du québec
DES INGÉNIEURS
QUI COMMUNIQUENT
PA R VA L É R I A N M A Z ATAU D
du télégraphe optique au modem, et du morse au message texte, nombre
d’inventeurs, ingénieux avant même d’être ingénieurs, ont contribué à
l’avancement des télécommunications. à l’heure où l’on clavarde plus
volontiers avec une lointaine connaissance qu’on ne discute avec son
voisin de palier. retour sur six siècles d’avancées technologiques pour
mieux communiquer.
Illustration publiée
en 1840, inspirée par
la statue de bronze
représentant
Gutenberg et
érigée à Strasbourg
(France).
Un miroir pour les pèlerins qui absorbe le pouvoir des saintes reliques. Voilà
qui aurait pu devenir une des plus incroyables inventions de l’humanité ! Hélas,
son inventeur, un certain Hans Gensfleisch, n’a jamais fait fortune avec sa trouvaille, car le pèlerinage en question fut annulé la même année. Notre inventeur,
également connu sous le nom de Gutenberg, s’est donc rabattu sur la presse à
imprimer, maigre lot de consolation comparé à son génial miroir…
Génie des matériaux, génie chimique, génie des procédés industriels.
Pour mener à bien son projet, Gutenberg a dû mettre au point un nouvel alliage
de métaux, une méthode pour fondre les caractères, une encre adaptée et, bien
sûr, le système de presse proprement dit. Brillant génie, mais piètre gestionnaire, l’inventeur ne fera fortune avec aucune de ses inventions. Ni la presse…
ni le miroir.
Ingénieur télégraphe
À l’inverse, l’ingénieur français Claude Chappe s’est basé sur une idée fort simple
pour construire le premier empire des télécommunications. Le principe de ce
premier télégraphe optique ? Deux bras articulés dressés en haut d’une tour, dont
le vocabulaire se compose d’une série d’angles. Les tours sont espacées d’une
dizaine de kilomètres et c’est un observateur armé d’une longue vue qui se charge
de retransmettre le message.
Le 12 juillet 1793, une première démonstration du système vaudra
à Chappe le titre « d’ingénieur télégraphe ». Alors que les armées ennemies
menacent le nord du pays, l’assemblée lui donne pleins pouvoirs pour installer
ses lignes. Ce quasi-monopole lui permettra de fonder une lucrative entreprise.
imagine
Cinquante ans plus tard, le pays compte 5000 kilomètres de lignes qui relient
plus de 500 stations. Avec le retour de la paix cependant, le système est délaissé par l’armée, et les lignes servent alors… à transmettre les résultats de la
loterie nationale.
Qu’importe, les télécommunications allaient transformer la société.
Bientôt, grâce à Ampère, Wheatstone et Morse, le télégraphe électrique allait
permettre de communiquer rapidement à travers les continents et les océans.
Deux heures
Certes, on était encore loin des transactions boursières à la microseconde,
mais le monde venait de passer à la vitesse supérieure. Désormais deux
heures, c’était quelque chose.
Pour Elisha Gray en tout cas, ça l’était. Le 14 février 1876, ce chercheur
américain déposait un avertissement officiel signifiant son intention imminente
de déposer un brevet exclusif. Hélas pour lui, deux heures plus tôt, un certain
Alexander Graham Bell avait déjà déposé un brevet pour la même invention.
Le téléphone.
Né en Écosse en 1837, Bell s’installe au Canada en 1870, avant de partir pour Boston où il enseigne la diction, tout comme son père, son grand-père
et son oncle. Comme c’est souvent le cas avec les grandes inventions, l’histoire
ne retient qu’un seul nom et oublie facilement les autres, en l’occurrence ceux
des nombreux concurrents de Bell. À partir de 1880, le scientifique traverse
plus d’une décennie de batailles juridiques. Il sortira au final vainqueur de près
de 600 affaires de brevets avec l’aide d’une pile de pas moins de trois mètres
de témoignages !
Loin d’en rester là, Bell est également à l’origine du gramophone
et a mis au point une des premières connexions sans fil via cellule photosensible.
Le gramophone,
l’une des inventions
du prolifique
Alexander
Graham Bell.
L’ingénieur Claude
Chappe, devant son
télégraphe optique.
Au Canada
Plusieurs Canadiens ont contribué à l’avènement des communications.
Frederick Creed, un télégraphiste de Nouvelle-Écosse, a inventé le téléscripteur
qui fut utilisé par les agences de presse du monde entier pour transmettre
de l’information jusqu’aux années 80. L’ingénieur québécois Joseph-Alphonse
Ouimet a mis au point le téléviseur canadien avant de devenir le premier président
de Radio-Canada. Quant à Donald Hings, on lui doit l’invention du walkie-talkie.
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DOSSIER
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réseau des ingénieurs du québec
Le messager de la reine
Cette dernière trouvaille allait déclencher une rumeur qui attribuerait à Bell
l’invention d’un procédé pour transmettre les images à distance. Rumeur infondée, mais qui allait pour le coup accélérer les recherches dans le domaine.
En 1915, un admirateur écrit au génial inventeur et l’invite à mettre au point
« une sorte de télévision ».
À l’époque, on entre de plain-pied dans l’ère de la « communication loisir ». Déjà. Le « théâtrophone » permet de retransmettre en direct concerts, pièces
de théâtre ou opéras. En 1895, le scientifique italien Guglielmo Marconi inaugure la première liaison par ondes hertziennes, et dès le début des années vingt,
les premières émissions de radio voient le jour avec la naissance de la BBC ou
de Radio Tour Eiffel.
En 1924, grâce à l’ingénieur écossais John Logie Baird, c’est la télévision qui fait sa spectaculaire apparition. Baird se contente d’abord de faire
apparaître l’image d’une croix, puis bientôt un visage humain. Bien entendu, son
travail fait suite à plusieurs décennies de découvertes, des cellules au sélénium au
tube cathodique, en passant par la découverte de l’effet photoélectrique.
En septembre 1928, la station américaine WGY diffuse la première
émission de télévision de l’histoire, « Le messager de la reine », un drame mettant
en vedette Izetta Jewel, première vedette de la télévision. Le nombre de spectateurs n’est pas connu.
L’ingénieur John
Logie Baird,
l’inventeur
de la télévision.
Crédit photo :
Strathclyde
University Archives.
Plus vite pour tous
« Les siècles ne se distinguent que par les capacités techniques de tuer et la diffusion de l’information. On ne fait pas mieux : seulement plus vite », a écrit
l’homme politique et romancier Jean-François Deniau.
L’arrivée de l’informatique allait effectivement accélérer les communications, mais pas seulement.
En 1965, à la suite des publications de ses collègues, l’ingénieur électrique du MIT Lawrence Roberts relie les ordinateurs de deux universités et
transmet des données au rythme de 2,4 Ko/s via une ligne téléphonique. Six ans
plus tard, il signe le premier courriel. Internet était né… Enfin, du moins est-ce
une version de l’histoire.
L’autre version attribue la paternité de la Toile à son collègue, l’ingénieur
Leonard Kleinrock, professeur à l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA).
En 1969, Kleinrock et son assistant ont tapé le premier message transmis d’un ordinateur à un autre via le réseau ARPANET. « Nous voulions taper LOG IN. Mais
nous avons juste eu le temps de taper L, puis O, avant que le système ne disjoncte »,
se souvient le professeur dans le journal de l’UCLA.
Devine d’où je t’appelle
LO, ou hello, un message on ne peut plus adapté pour les débuts de l’Internet.
En fait, les premiers mots sont toujours les plus marquants. C’est du moins ce
qu’a dû se dire Joel Engel, le chef de la division de recherche aux Laboratoires
Bell à New York. Le 3 avril 1973, il a reçu un appel historique de son ami et concurrent de Motorola, Martin Cooper, qui l’appelait, goguenard… de la rue en bas
de son bureau avec le premier téléphone « portable » de l’histoire.
Le bébé pesait alors un kilogramme et sa batterie offrait environ
20 minutes d’autonomie ! Aujourd’hui, n’importe quel cellulaire permet de transmettre une image, un concept qui n’aurait peut-être pas déplu à Gutenberg,
inventeur du premier « miroir intelligent ».
•
:
L’ingénieur Leonard Kleinrock, photographié
en 2007 devant un IMP (Interface Message
Processor), l’ancêtre de nos routeurs actuels,
qu’il a conçu en 1961, alors qu’il était encore
étudiant au MIT.
Martin Cooper et le premier
téléphone portable de l’histoire
(son poids : un kilogramme !).
« Les siècles ne se distinguent
que par les capacités
techniques de tuer et la
diffusion de l’information.
On ne fait pas mieux :
seulement plus vite. »
Jean-François Deniau,
homme politique et écrivain français.
imagine
Enigma, la «célèbre» machine
de codage conçue par les
Allemands. Ces machines sont
aujourd’hui une rareté et
presque tous les modèles
connus se trouvent dans
des musées.
La face cachée des communications
On raconte que Nabuchodonosor écrivait ses messages
sur le crâne rasé d’un esclave et attendait que ses cheveux
repoussent pour les transmettre. Une technique longue…
mais efficace.
Durant l’entre-deux-guerres, les Allemands ont
mis au point une machine de codage réputée inviolable,
Enigma. Malheureusement pour eux, le code était déjà
partiellement connu des Anglais avant le début de la guerre,
et la capture d’un sous-marin équipé d’une des machines
acheva le travail de traduction en 1942. Plusieurs historiens
reconnaissent aujourd’hui que la compréhension de ce code
s’est révélée décisive dans la victoire alliée.
iThink
La réalité augmentée fait peu à peu son apparition dans nos
vies. On peut pointer son téléphone vers le ciel et obtenir
le nom des étoiles qui s’y trouvent ou identifier une plante
grâce à une photo.
Des capteurs sur la langue pourront nous guider
vers le meilleur restaurant alentour, ou des lunettes
afficher le profil Facebook d’un interlocuteur. Sur les
blogues spécialisés, on spécule déjà sur les symbioses
à venir entre le corps, les sens et le nuage de données
virtuelles qui nous entoure.
Quant à la version 10 du iPhone, il se pourrait
bien qu’elle soit implantée directement dans le cerveau
et qu’elle affiche nos pensées, voire nos rêves,
à partager sur les réseaux sociaux bien sûr.
Les lunettes Google Glass,
qui offrent à ses utilisateurs
une assistance en réalité
augmentée.
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DOSSIER
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réseau des ingénieurs du québec
L’INTELLIGENCE
AU COIN DE
MA RUE
PAR BRUNO GEOFFROY
de son plein gré ou non, l’homme évolue dans un univers capable de le
voir, de le sentir ou de prédire ses comportements. qu’il soit en ville, sur
la route ou dans sa maison, l’intelligence artificielle n’est pas loin, prête
à intervenir, à l’épauler, à le domestiquer. Un jour. gros plan sur les « vrais »
cerveaux de notre environnement ! Du plus grand au plus petit.
imagine
11
Le district
de commerce
international de
Songdo, en Corée
du Sud, la ville la
plus intelligente
du monde.
Tentaculaire, la ville respire au rythme de ses habitants frénétiques et désordonnés. Dans le chaos urbain, un cortex
veille pourtant à l’harmonie de l’ensemble. En toute quiétude. Ses réseaux de neurones sont en place, souterrains et
discrets, parés à capter les palpitations du monde, à saisir
l’air du temps et à en extraire la quintessence en temps réel.
Rien qu’à Mexico, « le programme Angel Network
permet de retracer les déplacements des itinérants dans la
ville grâce à une carte à puce. En retour, elle leur donne accès à des soins médicaux, à des repas, à une douche et même
à un service de transfert d’argent », explique Sehl Mellouli,
professeur au département des systèmes d’information organisationnels de l’Université Laval.
D’après M. Mellouli, « le but des villes intelligentes est simple : utiliser les nouvelles technologies et en tirer
profit pour améliorer la vie des citoyens et répondre à leurs
besoins. Les villes n’auront pas le choix de devenir “smart”
si elles veulent attirer les entreprises et leurs futurs citoyens
dans leurs municipalités. Et les garder ! ».
La ville en mode écoute
Désormais à la mode, la ville à la sauce smart se décline
à profusion. Qui n’a pas entendu parler de compteurs
intelligents (smart meters pour l’eau par exemple) ?
Des outils technologiques qui permettent aux décideurs,
élus ou industriels de mieux gérer la charge des réseaux,
de réduire la surconsommation, de détecter les fuites ou
même d’appliquer une tarification différente en fonction
des heures de la journée ?
Ajoutez à cela les smart grids, ces réseaux intelligents destinés à la gestion de l’électricité, et vous aurez
compris que les smart cities visent carrément à optimiser
l’environnement urbain. Des déplacements à la gestion
des flux d’énergie en passant par celle des rejets. Un beau
défi d’ingénieur !
« La grande tendance des dernières années : c’est
rendre la technologie sans fil accessible n’importe où en
ville. Cette technologie une fois combinée à des applications
pour téléphones intelligents, vous pourriez vérifier, par
exemple, le prix d’une course de taxi et surveiller l’itinéraire
suivi par votre chauffeur », explique M. Mellouli.
Et le piéton ? À Québec, le système d’aide à
l’exploitation et à l’information des voyageurs mis en place
par le réseau de transport de la capitale permettra de suivre
en temps réel les autobus. Grâce au GPS, l’usager sera informé de l’horaire de passage du prochain bus et de sa situa­
tion géographique sur un écran installé à même l’arrêt.
Rien d’extraordinaire, me direz-vous, puisque ce
genre d’infrastructure est en utilisation dans des centaines
de villes américaines et européennes. Peut-être, mais les
données transmises par le GPS se raffinent. Les gestionnaires de réseaux peuvent ainsi adapter les trajets pour optimiser les flux de passagers et les temps de passage. Mieux
que la F1 !
Mais attention, la ville intelligente n’est pas forcément qu’un concentré de technologie informatique, elle
peut être une invitation au dialogue. « Aux prises avec des
quartiers malfamés, Philadelphie a mis en place un forum
de discussion en ligne avec ses habitants pour trouver
des solutions locales. Avec leur aide, la Ville a diminué le
taux de criminalité de 20 % dans ces quartiers », indique
Sehl Mellouli.
Quant aux architectes de Songdo (Corée du Sud),
la ville la plus intelligente du monde selon le magazine
BBC Knowledge, ils ont misé sur un système automatique
de ramassage des poubelles publiques directement relié à
un réseau souterrain de tuyaux pressurisés. Fini les congestions dues aux camions de déchets. Et pour économiser de
l’énergie, l’éclairage public s’adapte : les rues désertes sont
moins éclairées que les plus achalandées.
Sur la route
Marre de chercher en vain une place de stationnement ?
La ville de Nice, en France, a pensé à vous. En début d’année,
elle a installé un réseau de capteurs communicants sur
ses trottoirs. Grâce au GPS embarqué sur son téléphone
intelligent, l’automobiliste sera orienté vers la place libre la
plus proche. Mieux encore : les horodateurs permettront le
paiement sans contact grâce au téléphone. Et si vous avez
peur de prendre une amende, vous pourrez même régler à
distance pour du temps supplémentaire de stationnement.
Depuis la fin juin, cette option de paiement est disponible
pour les automobilistes montréalais.
Incroyable ? Pas tant que ça. Depuis les années
2000, le transport dit intelligent connaît un vrai essor.
« Sur les autoroutes, l’utilisation du transpondeur pour
payer son passage automatiquement au péage a permis
de fluidifier la circulation. Mais depuis, on fait beaucoup
mieux. Pensez seulement à la flotte de véhicules autonomes
de Google, capables de communiquer entre eux et avec leur
environnement », dit Nicolas Saunier, professeur adjoint au
département des génies civil, géologique et des mines de
l’École Polytechnique de Montréal.
La beauté de la chose ? Ces automobiles sans
pilote se déploieront sur des infrastructures routières
existantes. Les constructeurs automobiles promettent
déjà les premiers véhicules commerciaux dans 10 ans.
Demain, quoi !
Sehl Mellouli,
professeur au
département des
systèmes
d’information
organisationnels de
l’Université Laval.
Nicolas Saunier,
professeur adjoint au
département des
génies civil,
géologique et des
mines de l’École
Polytechnique
de Montréal.
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réseau des ingénieurs du québec
POUR ALLER PLUS LOIN
À parcourir
Sur les villes intelligentes
> http://eu-smartcities.eu
Sur le transport intelligent
> www.ertico.com
Sur la maison intelligente :
Toward Useful Services for Elderly and People
with Disabilities, publié chez Springer en 2011
À découvrir
La ville la plus intelligente au monde
> www.songdo.com
À écouter
Stories from the city, stories
from the sea, de PJ Harvey
« La communication intervéhicules permettra de
vous informer en temps réel d’un accident, de vous proposer un itinéraire secondaire ou de faire entrer de façon
fluide plus de véhicules sur l’autoroute. En toute sécurité,
évidemment. Car aujourd’hui, c’est le temps de réaction humain qui limite la densité automobile sur les routes ou qui
occasionne au contraire les congestions », explique M. Saunier.
Les automobiles pourront aussi engager la conversation avec leur voisinage direct. Ainsi, le système eCall,
lancé par la Commission européenne, s’occupe d’appeler
automatiquement les services d’urgence lorsque votre
véhicule est accidenté. Grâce à des capteurs installés dans
la voiture, des données les informent de votre position
et de la gravité de l’accident. Selon des études, ce type de
système permettrait de réduire le délai d’arrivée des secours
d’environ 50 % dans les zones rurales, et de 40 % dans les
zones urbaines.
À Songdo, l’infrastructure routière elle-même
babille. Des capteurs y sont insérés pour détecter des contraintes inhabituelles et donner un bilan régulier de l’état
des routes. De quoi engager des travaux de réfection en
temps opportun et minimiser les congestions occasionnées
par des réparations de plus grande envergure.
Mais si la technologie permet de gérer la circulation en contrôlant les feux ou en donnant priorité au
transport en commun, « l’une des problématiques les plus
importantes reste la compatibilité des données. Sans elle,
aucune communication n’est possible entre les différents
acteurs automatisés de la route ou de la ville. Aujourd’hui,
il n’existe pas de contrainte légale pour forcer l’adoption
d’un standard », précise Nicolas Saunier. Compatibilité et
standard, voilà deux premiers casse-tête pour les ingénieurs.
Un autre défi les attend au coin de la rue :
l’extraction de données en temps réel. Ces « big data »
qu’il va falloir interpréter pour leur donner du sens.
« Le transport intelligent, c’est prendre le moyen le plus
adapté pour se déplacer. Cela suppose d’être informé en
temps réel pour optimiser notre temps de parcours », confie
Catherine Morency, professeur à l’École Polytechnique de
Montréal et titulaire de la Chaire de recherche Mobilité sur
la mise en œuvre de la durabilité en transport.
À la Chaire, Mme Morency travaille avec son
équipe à valoriser et à exploiter les données extraites des GPS
de véhicules flottants, principalement des taxis et 400 voitures
Communauto équipés du système de navigation. « Grâce
à eux, nous connaissons en temps réel les conditions de circulation sur le réseau autoroutier montréalais. À terme, on souhaite développer l’aspect planification. De quoi aider le citoyen
à prendre une décision en temps réel. »
Un autre avantage d’extraire ce type de données ?
Réduire la circulation automobile, améliorer la qualité
de l’air ou taxer les automobilistes en fonction de l’heure de la
journée. À Stockholm, en Suède, des caméras identifient les
plaques d’immatriculation des voitures entrant ou sortant
de la ville entre 6 h 30 et 18 h 30 avant d’envoyer une
facture aux conducteurs. Cette taxe de congestion varie
entre 10 et 20 couronnes suédoises (1,5 et 3 dollars) selon
le moment de la journée.
Home smart home
Si, dès la fin des années 80, une déferlante « domotique »
a frappé les esprits des architectes et des ingénieurs, le logement intelligent, lui, ne s’est jamais imposé sur le terrain.
L’idée que votre maison puisse être gérée avec un minimum
d’intervention humaine est certes séduisante. Mais au-delà
de la régulation de température et de l’éclairage, il n’y a rien
qu’un cerveau humain ne puisse résoudre dans votre habitat somme toute peu complexe.
Encore faut-il posséder toutes ses facultés mentales ! « Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer,
elles, les perdent au compte-gouttes. Pour les maintenir
à domicile le plus longtemps possible, nous mettons au
point un appartement intelligent », dit Bruno Bouchard,
professeur et responsable du laboratoire d’intelligence
ambiante pour la reconnaissance d’activités de l’Université
du Québec à Chicoutimi.
Au cœur de cette « maison neuronale », des
capteurs de pression ou électromagnétiques, des accéléromètres ou des étiquettes RFID (Radio Frequency Identification) permettent de suivre le déplacement des objets
et de la personne en temps réel.
« Grâce à eux, le cerveau serveur de l’appartement
est capable de déterminer la routine de la personne, de détecter un comportement anormal ou une erreur cognitive,
et d’intervenir s’il y a danger », explique M. Bouchard.
Par exemple, si la personne oublie une casserole
sur le feu, le cerveau serveur peut l’avertir par le biais de l’un
de ses messagers disposés dans l’appartement. Que ce soit
un écran tactile, un haut-parleur ou un système d’éclairage
importe peu. Le système s’adapte constamment au profil
du patient. S’il est sourd, l’avertissement sera donné par un
message texte sur un écran de télévision vers lequel il sera
dirigé par un jeu de lumière.
Avec le vieillissement de la population et la
pénurie de professionnels de la santé, ce type d’appartement
est amené à se populariser. « Aujourd’hui, les prototypes
fonctionnels sont capables d’aider un patient à préparer son
repas ou à prendre ses médicaments. Dans un futur proche,
le système pourra détecter vos erreurs cognitives à partir
d’une de vos conversations téléphoniques, envoyer un bilan de suivi à votre médecin et s’adapter à mesure que vos
facultés intellectuelles déclinent. Mais pour cela, il faudra
développer une intelligence artificielle suffisamment fiable
et puissante pour exploiter tout ce flux de données », précise
M. Bouchard.
Des données par-ci, des informations privées
par-là. Stockées ou éliminées ? Pour M. Bouchard, il faudra
limiter leur persistance et en conserver juste le minimum
vital pour éviter tout piratage ou utilisation criminelle.
Un point sensible qui questionne aussi la pertinence de toutes ces technologies censées dépasser
l’intelligence humaine : jusqu’à quel point l’homme est-il
prêt à se faire dicter sa vie ?
•
Catherine Morency,
professeur à l’École
Polytechnique de
Montréal et titulaire de la Chaire de
recherche Mobilité
sur la mise en œuvre
de la durabilité en
transport.
Bruno Bouchard,
professeur et
responsable du laboratoire d’intelligence
ambiante pour la
reconnaissance
d’activités de
l’Université du
Québec à Chicoutimi.
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DOSSIER
14
réseau des ingénieurs du québec
imagine
14
COMMUNIQUER…
TOUT UN ART !
PAR GUI LL AUME JOUSSET
théâtre, coaching, ouvrages de développement personnel… il existe mille
et une offres pour améliorer sa communication. encore faut-il être
conscient de ses lacunes.
Être ingénieur, c’est implicitement être un commu­
nicateur. En effet, les ingénieurs interagissent avec nombre
de professionnels de toutes disciplines ou, encore, avec le
public. La communication doit donc faire partie de leur
bagage au même titre que leurs compétences techniques.
Prise de conscience
« L’importance de la communication est aujourd’hui acquise », affirme Solange Cormier, une consultante en communication qui fut membre d’un comité destiné à créer
une formation en communication à Polytechnique il y a
quinze ans. « À l’époque, c’était encore des histoires de
“bonnes femmes”… » Les mentalités ont évolué, mais d’après
elle, des obstacles demeurent : « Les ingénieurs ont sou-­
­vent de la difficulté à s’adapter à leurs interlocuteurs,
alors que c’est l’une des bases d’une communication
efficace », regrette-t-elle.
« Depuis 2005, l’École Polytechnique de Montréal
a revu son programme de formation. Les futurs ingénieurs
reçoivent désormais 45 heures de cours, notamment sur
la communication interpersonnelle et celle du travail en
équipe, ainsi qu’un “coaching d’équipes” pour toute la
durée de leurs études », explique Renée-Pascale Laberge,
professeure au département de mathématiques et de génie
industriel de Polytechnique qui enseigne la com­muni­
cation auprès des élèves et agit aussi à titre de consultante
imagine
15
Valérie Levée, communicatrice scientifique.
PRÉSENTATION 101 +++
Pour briller face à des clients ou en congrès,
mettez en valeur vos résultats et vos arguments
grâce à une présentation de pro
Dans la vie, il y a deux types de présentateurs : ceux dont
on retient la présentation et les autres que l’on se dépêche
d’oublier. Appartenir à la première catégorie ne relève
pas du don divin, mais d’une préparation minutieuse,
comme le confirme Valérie Levée, communicatrice
scienti­fique et conceptrice d’ateliers de formation en
communication pour l’Association des communicateurs
scientifiques. « Une bonne présentation, c’est la coordination de l’oral, de l’attitude du présentateur et d’un bon
support visuel. » À moins d’être un orateur exceptionnel,
Mme Levée recommande de s’appuyer sur un support
visuel, de type PowerPoint.
Les clés du succès
et coach en entreprise. « Évidemment, nos étudiants ne
deviendront pas des spécialistes en communication,
mais la formation leur permet de développer les réflexes
de remise en question nécessaires au développement de
ces compétences. »
Mettre le doigt sur ses lacunes
Pour améliorer ses talents de communicateur, il faut
cibler ses défauts. Et c’est tout un défi, comme le rappelle
Mme Cormier : « C’est peut-être l’obstacle majeur à une
amélioration. Remettre en question ses aptitudes, c’est un
peu se remettre en question soi-même. » Et pour les ingénieurs, cela ne va pas nécessairement de soi. « La difficulté,
Répéter, répéter et… encore répéter
Cela évite de chercher ses mots tout en étant synchro
avec le défilement du support visuel. Une fois le discours
maîtrisé, la personnalité de l’orateur se mettra naturellement en place. Ainsi, il sera moins figé, plus vivant.
Attirer le regard
La première diapo du support visuel doit capter
l’attention de l’auditoire. Afficher un chiffre-choc,
une image parlante ou décalée frappe l’attention d’un
public souvent démangé par son téléphone intelligent.
Partir sur une note mémorable
Moment stratégique de la présentation : sa fin. Il s’agit
d’utiliser la période des questions, qui suit toujours
une présentation, pour imposer un court message que
l’auditoire ramènera chez lui. Ne gaspillez pas une diapo
pour remercier le public. Faites-le à l’oral. C’est une
opportunité à ne pas manquer si l’on considère qu’en
moyenne, les diapos subsistent une minute contre une
dizaine de minutes pour la dernière !
Être économe
Choisissez avec soin les idées que vous voulez faire passer
afin de ne pas surcharger vos diapos ou votre discours.
De même, gardez-vous une marge de temps. Sur scène,
il y a toujours quelques digressions, mais il faut à tout
prix respecter le temps alloué sans pour autant escamoter la conclusion.
Ni une plante, ni un phare
Le regard et la gestuelle sont importants, ne restez
pas figé. Il ne s’agit pas de balayer la salle des yeux,
mais plutôt de porter son attention ponctuellement sur
différents groupes répartis dans la salle.
POUR ALLER PLUS LOIN
Les ateliers en communication de l’Association des communicateurs scientifiques (ACS) > www.acs.qc.ca
16
réseau des ingénieurs du québec
c’est d’être capable de regarder sa manière de communiquer. Cela prend une certaine prise de conscience et de
l’ouverture d’esprit pour ensuite s’engager dans des objectifs
d’amélioration », soutient la Pr Laberge.
Choisir la bonne formation
Face à une offre pléthorique, et à l’abondance de littérature
sur le sujet, l’apprenti communicateur a de quoi se sentir
perdu. « Cela reste souvent théorique, sans lien direct
avec leur quotidien, soutient Mme Cormier, pour qui
les ouvrages ne sont pas non plus la panacée. C’est comme
lire un livre sur la natation et croire que cela va améliorer
sa pratique… » La Pr Laberge recommande de choisir,
idéalement, un formateur qui connaît le milieu de l’ingé­
nierie et de se méfier des recettes miracles. « La communication, c’est un domaine par nature systémique », insiste-t-elle.
Solange Cormier,
consultante en
communication.
•
Renée-Pascale
Laberge, professeure
au département
de mathématiques
et de génie industriel
de Polytechnique,
consultante et coach
en entreprise.
POUR ALLER PLUS LOIN
Le site personnel de Solange Cormier
> www.solangecormier.com
Le site d’enseignement de la Pr Renée-Pascale Laberge
> www.hpr.polymtl.ca
ADOPTEZ LE BON TON
AVEC LES MÉDIAS
Télé, radio ou conférence de presse… Face aux médias,
mieux vaut soigner la forme pour ne pas toucher
le fond. Entrevue avec Jacques Marsan, coach privé
en radio et en télévision qui aide depuis près de vingt
ans à trouver la bonne voix.
Avec le sourire ?
Oui, à la radio comme à la télévision, il faut commencer
une entrevue avec le sourire. On ne se trompe pas lorsque
l’on parle de sourire dans la voix : cela s’entend ! C’est l’oc­
casion d’avoir un capital de sympathie en début d’entrevue.
Comment réussir à passer son message particulier ?
Servez-vous d’une de vos réponses pour aller plus loin
et élaborer sur le point que vous souhaitez aborder.
Quelle est la clé d’un passage en ondes ?
L’intervieweur va vous suivre, du moins un certain temps.
La livraison, c’est la clé. On peut parfaitement maîtriser L’important, c’est d’avoir à l’esprit les infos que l’on
son sujet, si l’on n’a pas une bonne élocution, le débit veut transmettre.
et l’expression corporelle, on risque fort de passer à côté.
On ne réussira pas à capter l’attention des spectateurs Avez-vous un remède contre le trac ?
et notre message perdra de sa force. Malheureusement, Le stress, c’est une question de perception. Dédramatisez !
cet aspect est relativement peu travaillé, contrairement au Il n’y a rien d’officiel. Une interview reste une conversation,
message lui-même.
pas un interrogatoire. Remettez les choses dans leur contexte et tout ira mieux.
À quoi faut-il faire particulièrement attention ?
À son débit. Et c’est d’autant plus compliqué que lorsque Comment se prépare-t-on ?
l’on passe en ondes peu souvent, on est nerveux, ce qui C’est un entraînement qui passe beaucoup par de la répé­
tend à naturellement l’accélérer. Prenez le temps de dire tition. L’idéal, c’est d’effectuer des simulations afin de
ce que vous avez à dire. Ralentissez pour que vos mots pouvoir s’écouter et prendre conscience de ses défauts
aient de l’impact. Il ne faut surtout pas avoir peur des pour les ajuster.
silences. Surtout, ne vous précipitez pas pour répondre
à une question, attendez une ou deux secondes pour que > http://jacquesmarsan.com
vos idées se mettent en place. Enfin, mordez dans les mots,
il faut ar-ti-cu-ler.
Jacques Marsan,
coach privé en radio
et télévision.
DOSSIER
imagine
19
COMMUNIQUER
EN TEMPS DE CRISE
PAR GUI LL AUME JOUSSET
DOSSIER
réseau des ingénieurs du québec
20
:
« Sous une apparence technologique,
les médias sociaux s’apparentent simplement
à des relations publiques assez classiques.
Il ne faut pas tenter d’imposer ses vues,
car c’est avant tout une entreprise de médiation avec des gens qui s’intéressent à nous. »
Guy Versailles
des années sont nécessaires pour construire l’image d’une entreprise,
quelques déclarations maladroites suffisent pour la ruiner. bref, en temps
de crise, on pèse chacun de nos mots…
Nathalie de MarcellisWarin, professeure
à Polytechnique,
spécialiste de la gestion des risques et de
la prise de décision.
Guy Versailles,
­spécialiste de
la gestion de crise.
L’erreur est humaine… Mais mal gérer une crise, c’est plus
qu’une erreur. Que faire lorsque notre entreprise ou notre travail est mis en défaut ? Jouer la franchise ou faire l’autruche ?
Aussi subtile que difficile, la communication de crise permet de
se sortir la tête haute des pires situations. « Même si une crise
entraîne toujours une perte, celle-ci peut être consolidée, voire
dépassée. Ainsi, Johnson & Johnson a eu à faire face à une crise
majeure lorsqu’un individu a mis du cyanure dans certaines
bouteilles de Tylenol. Grâce à une communication ­empathique,
très réactive, l’entreprise a retrouvé rapidement son niveau
d’avant-crise et l’a même amélioré », rappelle ­Nathalie de Marcellis-Warin, professeure à Polytechnique Montréal dont l’une
des spécialités est la gestion des risques et la prise de décision
dans des contextes d’incertitude non mesurable.
L’inverse, c’est-à-dire une mauvaise gestion de sa
communication, provoque souvent un échec retentissant qui
ne sera pas sans conséquences, souvent dramatiques, pour
l’entreprise. « La catastrophe de l’Exxon Valdez, en 1989, est
encore un boulet pour l’image de l’entreprise », note Guy
­Versailles, spécialiste de la gestion de crise et fondateur de
Versaillescom.com1.
En plus de cette préparation, un énorme
atout pour qu’une entreprise ne soit pas
prise au dépourvu est de communiquer
régulièrement en temps normal. « Si
l’entreprise est déjà en relation avec les
médias, un capital de confiance existe,
lui offrant ainsi le bénéfice du doute »,
assure M. Versailles.
Les ingénieurs en première ligne
Ne croyez pas que cela ne concerne que
les autres. L’ingénieur est au cœur de la
communication de crise, de par son statut
tout d’abord, qui lui confère de nombreu­
ses obligations vis-à-vis d’un public qui
ne manquera pas de lui demander des
comptes. Surtout, nombre d’ingénieurs
sont des gestionnaires ou des chefs
d’entreprise qui se retrouvent en première
ligne lorsque survient une crise.
« Les ingénieurs auront en
la matière un rôle plus important à
Se préparer en amont
jouer qu’auparavant, notamment parce
En temps de crise, la tension et la confusion risquent fort de qu’avec les médias sociaux, chaque
pousser l’entreprise à la faute. « L’objectif principal de la com- individu est potentiellement amené
munication de crise, c’est de rassurer les gens, de leur mon- à se retrouver au cœur d’une commutrer que l’on contrôle la situation et que tout va rapidement nication », affirme Mme de Marcelliss’arranger », explique M. Versailles. Mieux vaut donc être Warin. Surtout, l’un des principaux
prêt ! La communication de crise doit reposer sur des straté- secteurs d’intervention des ingénieurs
gies définies à l’avance pour éviter d’avoir à réagir à chaud, est au cœur des préoccupations du public d’après le dernier
baromètre Cirano2. « La dernière étude sur les risques perçus
avec tous les risques que cela implique.
« L’immense majorité des crises étaient prévisibles par les Québécois montre que, collectivement, ce sont les inet pouvaient donc être intégrées dans un plan d’urgence », frastructures de transport qui leur font le plus peur… Un sujet
ajoute le spécialiste, pour qui cela présente aussi l’immense sur lequel les ingénieurs sont en pointe. » Et la Pr de Marcellisavantage de mobiliser efficacement les équipes, qu’elles soient Warin de regretter le manque de préparation des ingénieurs
sur le terrain ou dans les bureaux. En effet, un plan d’urgence à faire face à une crise. En effet, les ingénieurs appelés à comrépertoriera tous les risques auxquels l’entreprise peut être muniquer dans un tel contexte risquent souvent de multiplier
confrontée, même les plus inattendus, sans pour autant aller les explications techniques pour justifier leur position. Effort
jusqu’à l’écrasement d’une météorite ! Ce document détaille louable, mais inefficace, voire contreproductif…
précisément, pour chaque menace, la manière de réagir, tant
« Il y a quelques années, un gaz avait été introduit
sur le terrain qu’en matière de communication. Encore faut- dans certaines bouteilles de l’entreprise Perrier. Mandaté auil en conserver des copies dans plusieurs endroits sécurisés : près des médias, un de ses ingénieurs a développé une arguil risque de perdre de son utilité s’il se trouve uniquement mentation très technique pour expliquer qu’il n’y avait aucun
dans le bureau du directeur et que ce bureau passe au feu… risque, au lieu de simplement dire qu’il faudrait en boire deux
imagine
camions-citernes pour être malade. Il était compétent, mais
le public a commencé à douter de la marque, laissant Perrier
avec une perte d’un tiers de son chiffre d’affaires et une place
jamais retrouvée », rappelle-t-elle.
À l’ère des TI Pour compliquer le tout, les TI font désormais partie intégrante du paysage. Certes, il existe des outils comme des sites de
secours, des règles et des stratégies, une préparation, comme
savoir qui sera le porte-parole… « Le problème, c’est que l’on
ne maîtrise pas toute l’information avec l’internet, c’est un
vrai défi », constate la Pr de Marcellis-Warin. Il y a toutefois
un paradoxe, comme le souligne M. Versailles : « Sous une
apparence technologique, les médias sociaux s’apparentent
simplement à des relations publiques assez classiques. Il ne
faut pas tenter d’imposer ses vues, car c’est avant tout une entreprise de médiation avec des gens qui s’intéressent à nous. »
Encore une fois, la présence et l’habitude de l’entreprise à
utiliser ces nouveaux moyens de communication s’avéreront
fondamentales pour en faire un bon usage, le jour venu.
1 versaillescom.com
2 cirano.qc.ca
•
21
LES ASTUCES D’UNE
­COMMUNICATION
DE CRISE RÉUSSIE
Loin des recettes toutes faites, la communication
de crise est une démarche personnalisée. Toutefois,
quelques grands principes s’imposent :
Gardez la main
Ne laissez pas à d’autres le soin de vous définir.
Même si vous communiquez bien avec les médias
ou les internautes, ne leur abdiquez pas votre devoir
d’information auprès de vos différents publics en
restant proactif.
Attention aux médias
La vraie crise commence dès qu’ils s’emparent de
votre histoire. À moins qu’un météorite percute la
Terre et ne détourne leur attention, vous n’y échapperez pas. Ils vont chercher des responsables et
pointer du doigt toutes les mauvaises décisions de
l’entreprise et de ses dirigeants. Tant qu’ils ne sont
pas là, vous disposez d’une plus grande liberté de
manœuvre. Mieux vaut donc être proactif et annoncer vous-même les couleurs ! Après tout, faute
avouée est à demi pardonnée.
Communiquez avec vos employés
Ils sont vos meilleurs comme vos pires ambassadeurs. Il est donc très important de s’adresser à
eux pour leur expliquer en détail la situation et leur
donner quelques consignes élémentaires. « D’autant
plus que c’est leur travail qui va permettre de régler
la situation de crise à laquelle l’entreprise doit faire
face », rappelle M. Versailles.
Évitez le pire
Ne défendez jamais l’indéfendable, sinon vous
creuserez votre tombe. L’information finit toujours
par sortir. « Ne verrouillez pas non plus toutes les
écoutilles en espérant que l’orage va passer », recommande M. Versailles. Ce réflexe de repli sur soi, tout
à fait normal, est à proscrire dans le cadre d’une
communication de crise.
L’attitude, ça compte
Elle est aussi importante que le message que l’on
veut faire passer dans les premiers temps de la crise,
d’après M. Versailles. « Il faut absolument maîtriser
son attitude et projeter du calme, car sinon les gens
douteront de ce que vous affirmez. Et la crédibilité
est l’une des clés de la résolution de crise. »
POUR ALLER PLUS LOIN
Pour en savoir plus sur les risques et leur perception :
­Perception des risques au Québec – Baromètre CIRANO
2012 de ­Nathalie de Marcellis-Warin et Ingrid Peignier
> www.cirano.qc.ca/publications_detail.
php?lang=fr&id=2012MO-02
Multipliez les canaux de communication Si le courant ne fonctionne plus, votre site Internet de secours ne vous servira à rien. Les moyens
traditionnels comme les haut-parleurs ne doivent
pas être sous-estimés pour s’adresser à ses employés. Surtout, n’oubliez pas de prévenir le standard et l’accueil de la situation et fournissez-leur
des consignes sur ce qu’ils doivent répondre aux
différents interlocuteurs.
22
réseau des ingénieurs du québec
DÉFI
POUR DONNER VIE À VOS IDÉES
LES FAB LABS
PAR GUI LL AUME JOUSSET
ateliers communautaires et branchés, les fab labs combinent quelques
machines numériques, beaucoup de débrouillardise et une philosophie héritée
de l’open source. bienvenue sur le nouveau terrain de jeu des ingénieux.
Des câbles, des outils de soudure, une imprimante 3D,
des machines à découpe laser, des plans sur ordinateurs…
Vous n’êtes pas dans la division R ET D d’une entreprise,
mais dans un Fab Lab, un laboratoire de fabrication
numérique partagé. D’ailleurs, How to make (almost) everything n’est pas la devise des Fab Labs, mais le titre d’un
module de formation du MIT (Massachusetts Institute
of Technology) offert en 2001 par Neil Gershenfeld.
Considéré comme le père de ces ateliers, ce dernier propose à ses étudiants d’utiliser librement les différentes
machines à commandes numériques du laboratoire du
Center for Bits and Atoms. Depuis, le mouvement a pris
de l’ampleur. Près d’une centaine de Fab Labs existent
désormais à travers le monde, de l’Afghanistan à l’Afrique
du Sud en passant par l’Europe.
Bricoleurs du XXIe siècle
Un Fab Lab est un atelier communautaire équipé de
machines-outils à commandes numériques qui met à la
disposition de tous des compétences et des ressources
issues du Fab Lab ou du réseau virtuel des Fab Labs.
Tout le monde y est le bienvenu : des étudiants aux desi­
gners, des artistes aux bricoleurs… « Ce sont, par définition, des lieux ouverts à tous ceux désireux d’utiliser leurs
machines pour monter leurs projets ou enrichir leurs connaissances pratiques », explique Guillaume Coulombe,
cofondateur de Fab Lab Québec, en gestation depuis 2010.
« On y croise beaucoup d’ingénieurs. Ils rêvaient de faire
de l’aéronautique et se retrouvent à travailler uniquement
sur le boulon d’une aile. Le Lab leur offre l’occasion de
porter un projet de A à Z et de retrouver du plaisir »,
imagine
23
LA REINE DES FAB LABS
Presque un objet de science-fiction, l’imprimante 3D permet
de créer sous vos yeux un objet réel à partir d’un fichier
informatique. Si l’effet est magique, le principe est proche
d’une imprimante classique : l’objet virtuel est découpé
en tranches de colle plastique chauffée qui sont déposées
et solidifiées, couche après couche. L’empilement crée le
volume. Les buses qui déposent la colle sont d’ailleurs
identiques à celles des imprimantes standards. Réservées
jusqu’à présent à des ateliers spécialisés, les imprimantes
3D sont désormais accessibles au commun des mortels,
puisqu’on en trouve sur le marché pour moins de 500 $.
Le Net est également un trésor pour tous ceux qui souhai­
tent trouver gratuitement des plans d’objets à fabriquer1,
des logiciels pour faire tourner ces imprimantes ou même
des plans pour les monter en kit.
1
affirme le Français Fabien Eychenne, chef de projet à la
Fondation Internet Nouvelle Génération (FING) qui suit
de près cette tendance. Selon lui, les Fab Labs sont aussi
une manière pour une génération baignée dans le virtuel
de se remettre les mains dans le concret. « L’écran est devenu
trop étroit pour leurs projets », résume-t-il.
Neil Gershenfeld,
l’un des scientifiques
les plus innovateurs
d’Amérique, cofon­
dateur et directeur
du Center for Bits
and Atoms du MIT.
Guillaume Coulombe,
confondateur de
Fab Lab Québec, en
gestation depuis 2010.
Le partage pour principe
Au-delà d’un simple atelier dédié au prototypage rapide,
les Fab Labs sont avant tout des lieux consacrés à la créativité où règne l’esprit de partage, d’innovation et de gratuité que l’on trouve sur Internet. « Un Fab Lab, c’est plus
qu’une place pour bidouiller, c’est un lieu de cohésion
sociale qui valorise le partage de compétences », explique
M. Coulombe, qui a ainsi appris le dessin vectoriel et la
découpe laser pour effectuer un support de guitare en
échange du partage en ligne de ses plans sous licence
Creative Commons.
Un partage qui s’étend bien au-delà des murs des
Fab Labs, puisque l’un de leurs fondements est l’utilisation
et la diffusion de contenus libres de droits. « La plupart
exigent de leurs participants qu’ils documentent, voire
diffusent, sous licence libre, les projets qui y sont réalisés
afin d’être réutilisés et de favoriser l’échange de connaissances », affirme M. Eychenne, pour qui la pierre angulaire
du Fab Lab réside dans son ouverture, sur le Net comme
sur les gens. Derrière la fascination qu’exercent les Fab
Labs pointe aussi ce refus de ces objets que l’on ne peut
ni réparer ni modifier. « Plus on avance dans le temps
et plus la technologie est fermée. Voyez comme il est
compliqué d’ouvrir un iPhone… Cela génère un contrecourant qui veut démonter, comprendre, ouvrir », affirme
Marc-Olivier Ducharme, agent de communication et animateur à l’échoFab à Montréal, le seul Fab Lab canadien
(voir encadré).
www.thingiverse.com
Des lieux de créativité protéiformes
Dessiner un prototype, réparer des objets, monter un projet
artistique… Les applications issues des Fab Labs ne manquent pas, certaines plus spectaculaires que d’autres.
« Prenez la Fab Lab House réalisée à Barcelone. À part
les panneaux solaires, tout a été conçu dans l’atelier »,
se réjouit M. Eychenne. Dans les pays du Sud, où la récupération est déjà une culture, les Fab Labs offrent une
solution de rechange au manque de moyens. Le Fab Lab
du Ghana a ainsi créé des machines alimentées par des
cellules solaires pour faire la cuisine sans bois, une denrée
rare dans ce pays. « C’est ça qui est génial : il y a déjà une
réappropriation des Fab Labs qui se développent en
intégrant les problématiques locales des territoires qui
les accueillent », constate M. Eychenne.
Un enjeu industriel ?
À ce jour, les Fab Labs sont encore incapables de vivre
sans financement. « Certains proposent de la formation ou
de l’accompagnement d’entreprises, comme c’est le cas
du Fab Lab de Manchester, mais cela reste anecdotique »,
reconnaît M. Eychenne. Ils se cherchent encore un modèle
d’affaires qui pourrait passer par des liens resserrés avec
les PME et les industriels. Dans un rapport commandé
par le NESTA (un centre de recherche britannique dédié
à l’innovation), le chercheur Von Hippel a montré qu’il y
aurait aujourd’hui deux à trois fois plus d’innovations de
la part des consommateurs qu’il n’y en a dans l’industrie.
Comptons sur cette dernière pour ne pas attendre longtemps avant d’exploiter les opportunités offertes par les
Fab Labs. Le salut pourrait aussi venir de partenariats
avec le monde de l’enseignement, comme le projet de Fab
Lab qui se développe sur le campus de Saclay en France.
Rien de plus naturel, après en être issue et avoir fait école,
que l’initiative Fab Lab puisse y revenir.
•
réseau des ingénieurs du québec
Photos Emiliano Bazan
24
L’échoFab, le premier
et unique Fab Lab au
Canada (pour l’instant
du moins).
Pour tout savoir
sur l’échoFab
et venir aux
portes ouvertes
> echofab.org
ÉchoFab
UN PROTOTYPE UNIQUE
Seul exemplaire de Fab Lab au Canada,
l’échoFab est une expérience vivante
de ce à quoi pourrait ressembler un Fab Lab
au Québec. Rencontre avec ses artisans.
Marc-Olivier
Ducharme, agent
de communication
et animateur de
l’échoFab, un prototype de Fab Lab.
Emmanuelle Raynauld,
technicienne, artiste
et animatrice
de l’échoFab.
À quelques pas de la station Crémazie, à Montréal, se trouve
le premier et toujours unique Fab Lab canadien. Né au
printemps 2011, l’échoFab est, comme aime à le définir
Marc-Olivier Ducharme, agent de communication et animateur du Lab, un prototype de Fab Lab. « L’échoFab est né
de nos discussions au sein de Communautique, un OBNL
communautaire, pour avoir un Lab de quartier et voir comment il s’intégrerait dans une ville. » Une décision qui se
situe dans la ligne droite des missions de Communautique,
impliquée dans l’appropriation et l’apprentissage des TIC
par les gens qui y ont peu ou pas accès. « Tout comme au
début de l’internet, quand les gens se rendaient dans des
Web cafés pour apprendre à utiliser un courriel, les Fab
Labs aident les gens à s’approprier la technologie. »
Je t’apprends, tu m’apprends…
Actuellement, huit personnes viennent régulièrement
travailler dans les locaux de l’échoFab, qui ont déjà doublé de
taille. Programmeur, artiste médiatique, designer graphique,
technicien en électronique… Leurs démarches sont aussi
diverses que leurs formations générales. Le mélange des
compétences est loin de n’être qu’un concept. « On échange
des tutoriels, des listes de fournisseurs de matériel spécialisé et bien sûr des conseils et des compétences »,
explique Emmanuelle Raynauld, technicienne, artiste et
animatrice du Lab. Elle prête volontiers ses compétences
en mécanique en profitant du savoir-faire des participants
en programmation. Leur atelier communautaire est ouvert,
dans le quartier comme sur le Net. « Pas de Fab Lab sans
Internet, indispensable pour échan­ger des informations.
On diffuse tout en open source. Après, il appartient aux
développeurs qui viennent travailler ici de choisir le type
de licence qu’ils souhaitent accoler à leurs projets. La seule
chose que nous leur demandons, c’est de les documenter,
d’expliquer comment ils y sont arrivés et de le diffuser »,
affirme M. Ducharme.
Nouveaux horizons
Certains veulent prototyper leurs projets, d’autres cons­
truire leur propre imprimante 3D, comme l’échoFab, qui s’en
construit une seconde en usi­nant une partie des pièces…
avec leur imprimante 3D. En plus de réparer ou de réaliser
leurs propres outils, les membres du Lab proposent des
cours d’électronique de base quand ils ne montent pas
leurs propres projets, comme un système d’irrigation
de balcon. En 2013, l’échoFab va déménager. « Cela aura
nécessairement un impact sur nos orientations. On se cherche
un modèle d’affaires », reconnaît M. Ducharme, qui espère
également que l’échoFab suscitera d’autres initiatives en
ayant de l’écho dans le pays.
LA COURSE AU RENDEMENT
LES INGÉNIEURS SONT-ILS
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Voyez, chiffres à l’appui, comment l’investisseur moyen des Fonds FÉRIQUE se démarque
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prospectus avant d’effectuer un placement. Les organismes de placement collectif ne sont pas garantis, leur valeur fluctue souvent et leur rendement passé n’est pas indicatif de leur rendement
futur. Les Fonds FÉRIQUE sont distribués par Placements Banque Nationale inc., à titre de Placeur principal, et par Services d’investissement FÉRIQUE. Les Fonds FÉRIQUE payent des frais de
gestion à Gestion FÉRIQUE lui permettant d’assumer les frais de conseillers en valeurs, de mise en marché et de distribution des Fonds FÉRIQUE ainsi que les frais d’administration du gérant
des Fonds FÉRIQUE. Chaque Fonds FÉRIQUE assume ses propres frais d’exploitation. Les Fonds FÉRIQUE sont sans commission lorsqu’un porteur de parts souscrit par l’entremise de Placements
Banque Nationale inc. ou de Services d’investissement FÉRIQUE; certains frais de courtage pourraient toutefois être exigibles si la souscription se fait par l’entremise d’un courtier indépendant.
PROFIL
imagine
27
LE RÉSEAU DES INGÉNIEURS DU QUÉBEC
POUR UN XXIE SIÈCLE
DE GÉNIE !
PAR CL AUDIA L AROCH ELLE
PROFIL
28
réseau des ingénieurs du québec
tous les ingénieurs se souviennent bien du fameux bogue de l’an 2000,
qui les a obligés à revérifier algorithmes et programmes, au cas où.
on se souvient peut-être moins qu’au même moment, à la suite d’une décision
de l’ordre des ingénieurs de se recentrer sur sa mission première d’assurer
la protection du public, ces mêmes ingénieurs travaillaient également
à la création d’une corporation professionnelle destinée à veiller sur
leurs intérêts.
Cette corporation a vu le jour en 2002, sous le nom
de SERVIQ (Corporation de services des ingénieurs du
Québec), nom qu’elle a porté jusqu’en 2006 pour devenir alors le Réseau des ingénieurs du Québec, comme
ses quelque 62 000 membres répartis partout au Québec
la connaissent aujourd’hui. Tous les ingénieurs québécois
sont alors devenus automatiquement membres du Réseau.
Mais ce changement de nom n’était pas qu’esthé­
tique. Il coïncidait avec un élargissement de la mission
de la Corporation, qui ajoutait à la gamme de services
déjà offerts la promotion des intérêts des ingénieurs et
leurs représentations publiques sur des enjeux majeurs
de la société.
ETIENNE COUTURE, ING.
C’est au collège Ahuntsic, dans un cours de physique mécanique donné par une passionnée en la matière, qu’Etienne
Couture a eu envie de devenir ingénieur. Il étudiait ­alors
en sciences pures et n’était certain que d’une chose :
son futur devait concilier sa profession et la natation,
une discipline sportive dans laquelle il excellait (à tel point
qu’il a participé deux fois aux essais olympiques !).
C’est ainsi que, quelques mois plus tard, son
diplôme d’études collégiales en poche, l’étudiant-athlète
originaire de l’Estrie amorce un baccalauréat en génie mécanique, avec une spécialité en aérospatiale, à l’Université
Laval, tout en devenant capitaine du Rouge et Or en natation.
Au même moment, l’étudiant participe au
démarrage d’une vaste campagne de raccompagnement
qui allait vite faire jaser dans toute la province : l’Opération
Nez-rouge. S’impliquer dans des projets et se dépasser
tout en encourageant la performance et le potentiel
des autres : le leadership est déjà bien ancré en lui.
Etienne Couture obtient son diplôme en 1993
et travaille d’abord comme ingénieur puis, comme c’est
encore le cas, à titre de spécialiste reconnu de la performance à la tête de la firme EC3-Coach.com, qu’il a fondée
en 1999. Déjà impliqué socialement, le jeune ingénieur a aussi
envie de s’engager dans son milieu de travail, de prendre part
aux changements et d’être au cœur de l’action.
En 2003, il se porte volontaire pour s’impliquer
dans le conseil d’administration de la SERVIQ, dont il a
Quand on voit aujourd’hui tous les défis que
connaissent les professionnels du génie quant à leur réputation, on comprend à quel point il était important de se
doter d’une corporation pouvant contribuer directement à
redonner ses lettres de noblesse au génie québécois.
Une ingénieuse référence
Les premières activités de la Corporation se sont concentrées sur l’établissement d’une gamme de services allant des
avantages commerciaux aux programmes liés à la carrière.
La conception et la négociation de programmes et de services
avec de nombreux partenaires commerciaux se sont par la
suite multipliées.
été membre du comité exécutif pendant huit mandats,
deux en tant que trésorier et deux autres en tant que viceprésident, avant de devenir président, de 2006 à 2009,
puis de 2011 à aujourd’hui.
Maintenant âgé de 44 ans, ce père de deux
enfants est aussi le plus jeune membre élu président
de la corporation.
Faire consensus
Etienne Couture traverse ce second mandat avec un désir :
que tous les membres trouvent satisfaction au sein du
Réseau des ingénieurs. « Mon travail consiste entre autres
à soupeser et à promouvoir l’ensemble des intérêts des
ingénieurs, même ceux qui n’évoluent pas du tout dans
les mêmes spécialités. Le Réseau regroupe autant des
ingénieurs en environnement que des ingénieurs en…
nucléaire ! Il faut trouver ce qui les unit, dans leur
intérêt commun. »
Sa motivation, Etienne Couture la puise dans
l’essor de la reconnaissance sociale des membres du Réseau.
Il adore le contact avec les ingénieurs et il aime encore
plus le fait que la profession se trouve à la croisée des
chemins dans un monde façonné par les changements
technologiques. Un défi des plus excitants pour des ingénieurs passionnés qui ont le vent dans les voiles !
imagine
Le Réseau est alors devenu un incontournable
pour tous les acteurs du monde du génie en matière
d’emploi et de formation. Avant 2002, comme l’explique
l’actuel président du Réseau, Etienne Couture, ing.,
les avantages étaient offerts par l’Ordre des ingénieurs,
mais « rapidement, après le transfert, le Réseau s’est établi
comme étant une référence indispensable pour les ingénieurs ».
Entre 2003 et 2007, le développement des services
pour les ingénieurs a pris de l’ampleur, à tel point que le
Réseau a pu lancer son magazine IMAGINE, qui entre
aujourd’hui dans sa cinquième année et que tous les ingénieurs apprécient, tant pour le dynamisme et la pertinence
de son contenu que pour la qualité de sa présentation.
Comme toute corporation, le Réseau a dû aussi
faire face à des défis de taille, entre autres la fin prématurée d’un partenariat important sur le plan des services
financiers. Ce type de soubresauts a néanmoins permis
au Réseau de revoir son modèle d’affaires afin d’éviter
que l’expérience ne se reproduise. Aujourd’hui, la corporation a retrouvé son équilibre budgétaire et la suite
s’annonce brillante.
Une équipe solide
Réélu à la présidence du Réseau l’an dernier, alors qu’il
avait déjà occupé cette fonction de 2006 à 2009, Etienne
Couture est entouré cette année d’une solide équipe élue
29
par les membres selon le suffrage universel : Yves Lavoie,
ing. (vice-président), David Rioux, ing. (trésorier), Louis
Cloutier, ing. (secrétaire), Karine Bénazera, ing., Robert
Carrière, ing., Nathalie Gannon, ing., Berg Hovsepyan, ing.,
Michèle Raymon, ing., et Isabelle Rivard, ing. La durée de
leurs fonctions est de deux ans, mais la moitié des sièges
reviennent chaque année en élection.
« Un réseau ainsi organisé et doté d’une telle
mission est un fait unique au sein des professionnels
québécois et canadiens, explique M. Couture. On trouve
en Ontario une organisation similaire pour les ingénieurs,
mais ses réalisations et son fonctionnement sont bien
différents. Même aux États-Unis, aucune organisation ne
regroupe autant de membres avec autant de bénéfices tout
en assurant la gratuité de la cotisation. »
« D’un autre côté, dans plusieurs pays d’Europe,
en France par exemple, les ingénieurs jouissent d’une
réputation nettement supérieure, précise Etienne Couture.
Là-bas, un ingénieur du même calibre qu’un ingénieur
québécois a droit à une notoriété et à une reconnaissance
plus importantes que chez nous. On a donc du travail à
faire pour atteindre ce même niveau. »
C’est pour cette raison que l’une des premières
missions du Réseau est la valorisation de l’image publique
de l’ingénieur, afin qu’il puisse obtenir les lettres de noblesse qui lui reviennent. « C’est peut-être parce que les
ingénieurs sont généralement discrets si leur travail est
aussi méconnu de la population en général. Pourtant leur
contribution rejaillit partout : dans la téléphonie, les routes,
les systèmes électroniques, les bâtiments, jusque dans la
production des bancs sur lesquels on s’assoit ! »
Avec un Québec qui se trouve devant des choix
déterminants pour son avenir, d’un point de vue environnemental par exemple, les ingénieurs doivent souvent
expliquer aux citoyens les avantages que représentent
les barrages hydroélectriques ou les éoliennes. L’une des
missions du Réseau est de promouvoir la prise de parole
des ingénieurs qui doivent s’exprimer sur la place publique
et d’offrir le soutien nécessaire pour que les ingénieurs
soient aux premières loges des enjeux du monde actuel.
Une relève de taille
« Nos professionnels sont déjà bien en place dans leur
milieu, souligne le président du Réseau, mais la profession
reçoit en plus entre trois et quatre mille nouveaux diplômés
chaque année au Québec. Pour nous, il est important qu’ils
se sentent épaulés par le Réseau lorsqu’ils embrassent leur
nouvelle carrière. »
Au fil des ans, il y a de plus en plus de femmes
parmi ces jeunes diplômés, mais pas assez : 12 % seulement au sein de la corporation. « C’est bien trop peu pour
un secteur d’emploi qui a besoin de relève, tous sexes
confondus !, insiste M. Couture. C’est un immense défi
de recrutement. Nous tentons d’attirer les jeunes filles
par différents moyens, nous allons les rencontrer dans
les écoles par exemple, nous leur présentons des modèles,
comme Julie Payette. Les femmes cherchent souvent à faire
une différence concrète dans la société, mais savent-elles
qu’une bonne partie des progrès en médecine est reliée
aux technologies conçues par des ingénieurs ? Cette relève
est trop importante pour qu’on la néglige. Après tout,
ce sont elles aussi qui feront le monde de demain. »
•
ENTREVUE
30
réseau des ingénieurs du québec
BRUNO GUGLIELMINETTI
ON A TANT
À PARTAGER
PA R VA L É R I A N M A Z ATAU D
dans les réseaux sociaux, comme dans la vie, c’est le gros bon sens qui prime, assure
notre gourou québécois de l’internet, le très médiatique bruno guglielminetti.
les nouvelles technologies de l’information promettent d’améliorer le partage
de savoir au sein d’une entreprise et de s’adapter de plus en plus à nos besoins.
à la charge des gestionnaires de ne pas se laisser envahir.
Sur son site Internet, Bruno Guglielminetti est présenté
comme un « voyageur au long cours des cyberocéans »,
rien de moins. La plupart des gens l’ont connu à travers
plus de vingt ans de chroniques et de reportages sur les
nouvelles technologies, de La Presse à Radio-Canada,
en passant par Le Devoir. Aujourd’hui directeur de la communication numérique au sein du cabinet de relations
publiques NATIONAL, il est régulièrement appelé à intervenir pour parler des médias sociaux. IMAGINE n’allait pas
manquer l’occasion pour son numéro sur la communication.
Les réseaux sociaux en entreprise représentent-ils
une perte de temps ou un gain en efficacité ?
Bien des gestionnaires peuvent voir ça comme une
perte de temps. Cependant, il y a également énormément
d’information. Ça peut être intéressant au moins d’écouter
ce qui se dit, car beaucoup d’intelligence sur le plan de son
entreprise peut y circuler, que ce soit des commentaires
de salariés, de fournisseurs ou de concurrents. Deuxièmement, c’est important de savoir ce qu’y disent ses employés,
pour voir s’ils sont des ambassadeurs ou si, au contraire,
ils représentent un risque.
imagine
L’apport des réseaux sociaux au sein de l’entreprise
reste donc difficile à quantifier ?
Oui. Pour chaque étude sur les aspects positifs, il y a une
étude qui va dire le contraire. De même, quand le téléphone
est arrivé dans les bureaux, il y a des gens qui trouvaient que
les employés perdaient leur temps.
Dans un autre domaine, pour bien des employeurs,
le temps passé à fumer est une perte de temps. Pourtant,
la pause cigarette, c’était un moment de partage d’informations
non officiel et non traditionnel, mais qui jouait un rôle.
Alors, les réseaux sociaux ont leur place au sein d’un groupe,
qu’il soit social ou professionnel.
Alors, quelles sont les prochaines étapes ?
On a fait beaucoup de chemin en matière de miniaturisation
et les appareils sont de plus en plus multitâches. Après, il faut
voir comment on va les adapter de plus en plus à notre vie,
comment ces appareils vont prédire de plus en plus nos
besoins par rapport au lieu. Les fonctions vont dépendre
de la géolocalisation. Vous n’utilisez pas votre téléphone de
la même manière si vous êtes au bureau, en voyage ou à la
maison. Même chose pour l’ordinateur ou la tablette. Si on en
vient à les rendre beaucoup plus intelligents et instinctifs,
ils vont nous permettre d’être beaucoup plus productifs par
rapport à la situation où on est.
Ce sont certainement de bons outils pour le brassage
d’idées et la synergie, et moins nocifs que la cigarette ?
Effectivement, certaines compagnies ont adopté le modèle
« Wiki », où l’idée est que chacun amène de l’information pour
compléter celle de l’entreprise. C’est une formule utilisée dans
bon nombre d’entreprises qui veulent partager le savoir-faire
et l’expertise de leurs salariés. Ces entreprises s’assurent que
les gens, une fois leur tâche effectuée, partagent ce qu’ils ont
fait, appris, et les problèmes qu’ils ont éprouvés. Ensuite, cette
information est partagée à travers tous les membres d’une
équipe et tout le monde peut en bénéficier.
N’y a-t-il pas un risque de saturer, de recevoir
trop d’informations ?
Il n’y a pas si longtemps, on pouvait s’abonner à toutes
sortes de journaux, à un club de lecture, ou un club de
disques. Avait-on le temps de tout lire ? Non. C’est la
même chose sur Internet. Il y a énormément de sources
d’information qui répondent au même besoin. Il y a toujours des gens qui seront compulsifs et qui auront peur
de passer à côté de L’INFORMATION qui aurait fait la différence, et puis il y aura les autres qui vont s’abonner aux
principales sources selon leurs besoins. Il revient donc à
l’utilisateur de faire appel à ces technologies pour répondre à ses besoins et non pas de se laisser envahir par un
tsunami d’informations.
Il y a également dans les réseaux sociaux l’idée
de briser les barrières, hiérarchiques ou physiques.
Je dirais que la barrière hiérarchique est vraiment tombée
au moment de la révolution du courrier électronique. Là,
on pouvait envoyer un courriel au président, au directeur
ou à un collègue d’une autre division, et ce, très rapidement.
Aujourd’hui, on arrive avec des outils qui sont beaucoup plus
flexibles, accessibles de partout et qui rentrent dans notre vie
de tous les jours. Alors effectivement, de nouvelles bar­rières
tombent. Il est d’ailleurs important d’y penser quand on
publie quelque chose.
Une solution pour éviter la perte de temps pourrait
être de développer un réseau social privé à l’échelle
d’une entreprise ou d’un corps de métier ?
Oui, il existe maintenant des entreprises qui offrent des
outils similaires à Google+ ou LinkedIn. L’idée, c’est d’avoir
un réseau interne, l’équivalent d’un intranet sous la forme
d’un réseau social. Un des grands leaders là-dedans, c’est
IBM, qui a créé très rapidement un réseau interne qui
regroupait des dizaines de milliers de gens à travers la
planète. Tous y partageaient leurs connaissances et leur
savoir-faire. Plus simplement, certaines sociétés peuvent
se contenter de créer un groupe Facebook privé qui va être
réservé aux employés.
Photo JF Gratton
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Assiste-t-on à une révolution des communications
qui est en train de changer la société en profondeur,
comme l’a fait la révolution industrielle
du XVIIIIe siècle ?
Les 28 ans et moins n’ont pas connu un monde sans Internet.
On parle de deux générations de gens qui ont vécu dans un
monde où, quand on a une idée, on clique sur un bouton et
on l’envoie à l’autre bout de la planète.
Aujourd’hui, on peut créer une entreprise avec quatre ou cinq personnes sur différents continents, et avec Skype,
elles peuvent travailler ensemble 24 heures sur 24. Les réseaux
sociaux, eux, ont changé la façon de communiquer, puisque
maintenant, même le public peut diffuser ses opinions
et exercer une pression sur les entreprises. Alors là, on est
vraiment en train de changer certains paradigmes dans
la communication.
Après les problèmes de « réunionite » dans les entreprises où l’on fait trop de réunions, va-t-on assister
à des problèmes « d’informatite », où l’on passe plus
de temps à récolter de l’information qu’à l’utiliser ?
Tout à fait, et certains en sont déjà atteints ! C’est aux
organisations de trouver le bon ratio. Il faut évaluer de
quelle quantité d’informations un secteur a besoin et la
lui fournir, à raison d’une quantité donnée par semaine.
À la charge des organisations de planifier la distribution
de l’information et de monter une hiérarchie de communication adaptée à leur fonctionnement.
Quel conseil pourriez-vous donner aux gestionnaires
frileux pour les lancer ?
Au début, la meilleure chose à faire est d’écouter, pas
de participer. Par exemple, c’est juste d’aller sur Twitter et
de chercher ce qui se dit sur son sujet d’intérêt à partir
de mots-clics. Là, ils pourront évaluer si c’est de
l’information pertinente pour leurs besoins. Ensuite, peutêtre voudront-ils passer à la deuxième étape, qui est de participer.
•
Bruno Guglielminetti, le gourou
de l'internet québécois.
SOCIÉTÉ
32
réseau des ingénieurs du québec
LES TEXTILES INTELLIGENTS
QUAND MON
T-SHIRT PARLERA…
Photo : Alena Jascanka
PAR BRUNO GEOFFROY
imagine
33
oubliez les révolutionnaires gore-tex, lycra et autre nylon, les fibres
d’aujourd’hui sont plus qu’élastiques ou antisudorifiques : elles sont
intelligentes. comme vous et moi. enfin presque. immersion dans le monde
enchanteur de la fibre à la sauce ingénierie. allez, suivez le fil !
Pouls OK. Pression artérielle OK. Signes vitaux normaux.
À distance, votre médecin analyse vos dernières constantes biologiques tout juste transmises par votre… tee-shirt.
Une simple pièce de tissu capable d’établir une cartographie
précise de votre métabolisme, qui l’aurait cru ? Sous l’étoffe,
la fibre se raffine, elle devient technologique. Pour notre bien à
tous. Demain, ce type de vêtement sera l’un des outils les plus
appréciés de la télémédecine, un secteur où le tissu intelligent
est promis à un avenir florissant. Ce n’est pas le seul.
Sur le théâtre chaud des opérations militaires,
certains textiles gardent leur sang-froid en toute occasion.
Déployée discrètement en milieu hostile, une veste de combat haute technologie permet au soldat d’évoluer dans le
désert dans un relatif confort thermique. Grâce à quoi ?
À un matériau qui change de phase, pardi ! Sous le soleil,
il devient liquide et absorbe la chaleur. Une énergie emmagasinée qu’il relargue une fois solide pour maintenir le combattant au chaud la nuit.
Deux exemples comme les porte-étendards d’une
génération encore adolescente. Signe des temps, les laboratoires occidentaux fourmillent de ces projets ambitieux.
Reste qu’il va falloir investir massivement pour qu’ils atteignent le marché un jour. « Les pays développés n’ont
pas le choix pour concurrencer les géants asiatiques. Nos
ingénieurs vont devoir rivaliser de créativité pour commercialiser des technologies innovantes et mettre au point des
procédés de production encore inconnus », dit Toan VuKhanh, titulaire de la Chaire de recherche en matériaux et
équipements de protection en santé et sécurité du travail à
l’École de technologie supérieure.
L’intelligence se décline
Comme l’explique Joanna Berzowska, professeure agrégée et titulaire de la Chaire de design et d’arts numériques
de l’Université Concordia, la famille des « smart textiles »
est constituée de deux branches principales : électronique
et chimique. « Les tissus électroniques, que l’on peut faire
interagir ou fonctionnaliser à souhait en y insérant des
composants électroniques, et les fibres issues de la science
des matériaux. Depuis plus d’une cinquantaine d’années,
la chimie permet d’agir au niveau moléculaire pour conférer
à la fibre des propriétés spécifiques : chauffantes ou antibactériennes par exemple. »
Du côté des textiles électroniques, trois générations se côtoient sous un même toit. « Tout dépend du
niveau d’intégration des composants électroniques dans le
textile », confie Olivier Vermeersch, titulaire de la Chaire
industrielle textile technique innovant au groupe CTT,
un joueur de premier plan dans le développement des entreprises textiles québécoises.
« Pour la première génération, vieille d’une petite
dizaine d’années, on parle d’insertion d’électronique après
la fabrication du vêtement : un iPod, un bouton… Tout peut
être désassemblé avant le lavage. Actuellement, la seconde
génération fait beaucoup mieux. Le textile est fabriqué
dès le départ avec des fils conducteurs par exemple. En le
couplant avec des composants électroniques, cela permet
de donner une fonction au tissu : transfert de données,
capteurs… », indique M. Vermeersch.
Quant à la troisième génération, elle est encore cantonnée au stade de recherche et développement.
« À terme, le but est de fonctionnaliser les fibres, qu’elles
soient électroluminescentes ou photovoltaïques. C’est
beaucoup plus complexe d’un point de vue des matériaux
polymères », ajoute-t-il.
Des applications tous azimuts
Néanmoins, « la miniaturisation de l’électronique a permis
de gros progrès, et l’acceptabilité sociale de ces technologies a considérablement progressé ces dix dernières années.
À un point tel que la demande commence à se faire sentir
au niveau des grandes compagnies. Par exemple, Philips
investit beaucoup dans les tissus électroniques. Un jour, elle
pourrait bien proposer une télécommande électronique brodée
sur votre pantalon ou votre sofa », affirme Mme Berzowska.
Et quand on dit textile, on ne vise pas que
le domaine vestimentaire. D’autres niches se voient
courtisées. Des rideaux lumineux le soir, cela vous tente ?
Avec la troisième génération de textile, cela sera possible :
les fils photovoltaïques absorberont l’énergie du soleil dans
POUR ALLER PLUS LOIN
Un t-shirt qui réagit
aux mouvements,
de la collection
CuteCircuit Twirkle.
Les cristaux intégrés
au tissu étincellent
à la lumière du
jour et le soir, de
petites DEL colorées
scintillent selon les
mouvements du
corps, grâce à des
capteurs incrustés
dans le tissu.
À parcourir
Xslabs.net pour découvrir l’étonnant projet Karma Chameleon entrepris
par Joanna Berzowska (Concordia) et Maksim Skorobogatiy (Polytechnique Montréal)
À faire
Introduction aux textiles intelligents
Formation donnée le 13 septembre par le groupe
CTT (Saint-Hyacinthe > www.gcttg.com)
À écouter
Short Skirt/Long Jacket de Cake (album Comfort Eagle)
SOCIÉTÉ
34
réseau des ingénieurs du québec
:
« Les gens ont peur de mettre
des vêtements électroniques
alors qu’ils mettent des
smartphones dans leur poche à
longueur de journée.
Étonnant, non ?»
Toan Vu-Khanh,
titulaire de la Chaire
de recherche en
matériaux et équipements de protection
en santé et sécurité
du travail à l’École
de technologie
supérieure.
Joanna Berzowska
Les baquets et les
accoudoirs de la
voiture concept
Smart Provision
(électrique)
utilisent un textile
intelligent qui
réchauffe certains
points stratégiques
du corps, ce qui
permet d’économiser
sur le chauffage
et d’accroître
l’autonomie.
la journée avant d’illuminer votre salon la nuit tombée. Une utilisation anecdotique
par rapport à celle qui pourrait révolutionner l’intérieur de votre véhicule.
Une équipe scientifique de l’École Polytechnique de Montréal
menée par le professeur Maksim Skorobogatiy a mis au point une fibre textile,
lavable, capable de reproduire l’expérience du téléphone intelligent en réagissant
électriquement au toucher. Un simple glissement de doigts sur le tissu de votre
siège commandera le volume de la radio par exemple. De grands constructeurs
automobiles comme BMW et Volvo sont persuadés que ce type de commandes à
surface tactile représente l’avenir.
Mais c’est le secteur médical qui, le premier, fera côtoyer en premier les
textiles intelligents et le grand public dans un environnement encadré (hôpitaux,
cliniques). « À long terme, avec le vieillissement de la population, c’est inévitable.
À l’aide de capteurs intégrés, le vêtement surveillera l’état de santé de la personne
et pourra lui dispenser ses médicaments par libération contrôlée grâce à des microcapsules », précise M. Vu-Khanh.
Science-fiction ? Si vous le pensez, accrochez-vous : des scientifiques
européens développent actuellement des pansements d’un genre très spécial.
Dotés d’une puce, ils peuvent en permanence pronostiquer une plaie et délivrer
les médicaments pour la cicatriser.
« Et que dire de l’uniforme du soldat du futur imaginé par la
DARPA (agence du ministère américain de la Défense) ? Antibactérien, il se
solidifiera autour du membre cassé du combattant, délivrera les médicaments
tout en transmettant les données vitales au médecin chargé de le traiter »,
dit Mme Berzowska. Dans le secteur militaire, « on parle même d’un uniforme
autosuffisant en énergie, capable de charger les batteries et d’alimenter les équipements électroniques du soldat », ajoute M. Vermeersch.
Sur le plan de la protection personnelle, certaines équipes de recherche
comme celle de M. Vu-Khanh travaillent sur des équipements pour les pompiers
afin d’offrir aux professionnels une veste plus confortable et capable de surveiller leurs signes vitaux en temps réel. Le tout relié à une centrale évidemment.
De quoi repérer rapidement un pompier en difficulté lors d’une intervention.
Du fil à retordre
Reste que pour en arriver à ce niveau de performance, il va falloir « intégrer des
circuits dans des tissus souples et penser dès le design au désassemblage et au
recyclage de ces nouveaux textiles. Voilà tout un défi à relever pour les ingénieurs ! », confie Joanna Berzowska.
Selon M. Vu-Khanh, « stabiliser les propriétés de ces matériaux poussés
à l’extrême et les rendre durables est aussi une contrainte importante à prendre
en compte dans les cahiers des charges ». Quant à « rendre des composants électroniques résistants aux conditions d’entretien actuelles, ce n’est pas une mince
affaire », indique M. Vermeersch. Sans parler des nouveaux outils de production
capables de déposer l’électronique sur des supports flexibles et des compétences
de la main-d’œuvre qu’il va falloir développer, ajoute-t-il.
Si les difficultés sont aujourd’hui majoritairement d’ordre technique,
des réticences demeurent en ce qui concerne les utilisateurs. « Les gens ont peur
de mettre des vêtements électroniques alors qu’ils mettent des smartphones dans
leur poche à longueur de journée. Étonnant, non ? », conclut Mme Berzowska.
•
Joanna Berzowska,
professeure agrégée
et titulaire de la
Chaire de design
et d’arts numériques de l’Université
Concordia.
Olivier Vermeersch,
titulaire de la Chaire
industrielle textile
technique innovant
au groupe CTT.
imagine
L’ÈRE DU
FINANCEMENT
PARTICIPATIF
PAR M AXIME JOH NSON
TECHNO
le financement participatif — crowdfunding, en anglais —
est sur toutes les tribunes depuis l’explosion des sites comme
kickstarter aux états-unis. après les médias, la musique et les
communications, est-ce que le financement des entreprises
en démarrage sera le prochain secteur transformé à jamais
par internet ?
35
TECHNO
36
réseau des ingénieurs du québec
Le fonctionnement de Kickstarter est simple : une entreprise
en démarrage qui souhaite obtenir du financement offre la
possibilité aux internautes de lui faire des dons, en échange
d’un cadeau, souvent un produit qui sera plus tard mis en
marché grâce au financement obtenu.
Un fonctionnement simple, certes, mais aussi efficace. Aux États-Unis, l’entreprise Pebble a notamment obtenu
10 millions de dollars de cette façon pour financer la création
d’une montre intelligente.
Au Québec, le magazine Nouveau Projet a été
le premier projet financé sur Kickstarter, en échange
d’abonnements, de numéros gratuits et d’invitations à
son party de lancement.
« J’avais exploré plusieurs sources de financement,
et Kickstarter m’a semblé correspondre le mieux à nos besoins. C’était simple et ça pouvait être payant », explique
Nicolas Langelier, éditeur et rédacteur en chef du magazine
qui a publié son premier numéro plus tôt cette année.
Son intuition a visiblement été juste, puisqu’il
n’a fallu à Nouveau Projet que 24 heures pour atteindre son
objectif de financement initial de 10 000 $, et que le magazine
a finalement amassé plus de 25 000 $. « Ça a été fantastique
pour l’argent, mais aussi pour la visibilité que ça nous a donnée, notamment dans les médias », croit Nicolas Langelier.
« Si vous êtes une entreprise qui produit quelque
chose pour les consommateurs, il s’agit d’un moyen de
financement parfait. Il n’y a aucun véritable désavantage,
mais les avantages, eux, sont nombreux », opine également
Randy Smerik, un investisseur providentiel qui conseille souvent les entreprises en démarrage dans leur financement.
« Évidemment, ce ne sont pas toutes les compagnies
qui devraient profiter du financement participatif. Celles qui
ne touchent pas les consommateurs risquent par exemple de
ne pas atteindre leur objectif. Si vous travaillez sur quelque
chose de secret, en parler en public sur Internet avant que ce
soit prêt n’est probablement pas une bonne idée non plus »,
ajoute Randy Smerik.
Le financement participatif au Québec
Les exemples québécois de financement participatif sont
encore rares, notamment parce que la plateforme la plus
importante de crowdfunding, Kickstarter, exige entre autres
de détenir un compte bancaire américain pour s’inscrire.
Heureusement, des options locales existent, comme
Haricot.ca et Fundo.ca, un site lancé cet été.
« L’idée de Fundo.ca est venue il y a plus d’un
an et demi. J’ai beaucoup d’amis entrepreneurs pour qui le
financement de leur entreprise a été très difficile, et le financement participatif m’apparaissait comme une opportunité,
une façon de financer ses projets sans prendre de risque »,
se rappelle Maxime Lévesque, un des deux cofondateurs
de Fundo.ca.
Il est bien sûr plus facile pour un Québécois
de s’inscrire sur Fundo.ca que sur Kickstarter, mais selon
Maxime Lévesque, sa plateforme offre aussi plusieurs autres
avantages sur le géant américain.
« On offre une valeur ajoutée, soutient le cofondateur du site. On aide de près les entreprises qui collaborent avec nous, on les met en relation avec des ressources
complémentaires, on les aide sur le plan de la mise en
marché, etc. On offre un service personnalisé que les gros
joueurs ne pourraient pas offrir », souligne-t-il.
Même si les projets présentés sur Fundo.ca proviennent tous du Québec pour l’instant, Maxime Lévesque avoue
que sa compagnie a des visées plus grandes et qu’elle aimerait
bien éventuellement prendre de l’expansion dans le Canada
anglais. « Un projet peut être bilingue, tout le monde gagne
donc à ce qu’il y ait plus de trafic sur la plateforme provenant
d’ailleurs au Canada », souligne-t-il.
Le financement participatif d’équités :
une révolution à venir ?
Le financement participatif par cadeaux à la Kickstarter
diffère du financement traditionnel de plusieurs façons,
notamment parce qu’il est impossible d’obtenir un retour
sur son investissement ou encore des actions dans
l’entreprise financée.
Aux États-Unis, tout ceci devrait toutefois être
changé dès l’année prochaine, grâce à l’adoption du JOBS
Act au printemps dernier (Jumpstart Our Business Startups Act), qui devrait légaliser ce que certains appellent le
financement participatif d’équités. Pour plusieurs, il s’agit
d’une véritable révolution.
COMMENT RÉUSSIR SA CAMPAGNE DE FINANCEMENT PARTICIPATIF
Même si le financement participatif a le vent dans les voiles, le succès d’une campagne est loin d’être garanti.
Cinq conseils pour maximiser ses chances d’atteindre ses objectifs.
Soigner sa présentation
Une orthographe irréprochable et une allure soignée sont essentielles pour donner une impression de crédibilité. Bien rédiger
une demande de financement n’est pas donné à tout le monde, il ne faut donc pas hésiter à la confier à quelqu’un si ce n’est
pas notre force.
Miser sur sa famille et ses amis
La famille et les amis ont toujours été importants pour le financement d’une petite entreprise, et c’est toujours aussi vrai avec
le financement participatif. L’argent amassé auprès de ses connaissances pourrait donner l’impression d’un projet gagnant
dès les premiers jours de la campagne et provoquer ensuite un effet domino.
Offrir des cadeaux intéressants
À moins de proposer un projet de type caritatif, les internautes seront plus portés à financer une entreprise si les cadeaux
offerts valent la somme payée. À garder en tête au moment d’élaborer la liste des récompenses.
Être transparent
Pour augmenter ses chances de financement, publier son budget et indiquer à quoi l’argent amassé va servir est conseillé.
Si chaque dollar donné a son utilité, les « investisseurs » seront plus portés à faire confiance au projet.
Viser la viralité
Les projets les plus payants sont généralement ceux qui deviennent viraux et qui sont partagés sur les réseaux sociaux
et dans les médias. Avoir une vidéo efficace, un concept facile à comprendre et une bonne présence sur Facebook et Twitter sont
quelques-uns des éléments essentiels pour atteindre cette viralité.
imagine
37
Photo : Maxime Leduc
KICKSTARTER EN CHIFFRES
Nicolas Langelier,
éditeur et rédacteur
en chef du magazine
Nouveau Projet.
Randy Smerik,
investisseur et
conseiller financier
pour entreprises en
démarrage.
Gil Michel-Garcia,
avocat spécialisé
dans le financement
des entreprises aux
États-Unis chez la
firme blue HF.
Sylvain Théberge,
porte-parole de
l’Autorité des
marchés financiers.
7
44,02 %
27 031 10 266 846 $ 248 000 000 $ Le nombre de projets financés à plus d’un million de dollars.
Le taux de succès des projets présentés sur Kickstarter.
Le nombre de projets financés à ce jour sur Kickstarter (NDLR : depuis ses débuts,
en avril 2009).
L’argent amassé par Pebble Technology.
L’argent total amassé jusqu’ici via Kickstarter.
« Aux États-Unis, cela va changer toute l’industrie »,
affirme d’emblée Gil Michel-Garcia, un avocat spécialisé dans
le financement des entreprises aux États-Unis chez la firme
blue HF.
Pour lui, le financement des entreprises sera le
prochain domaine bouleversé par l’arrivée d’Internet. « Une
plateforme de financement participatif pourrait permettre de
réunir les investisseurs et les jeunes entreprises directement,
sans passer par les compagnies financières », explique-t-il.
Avec le financement participatif d’équités, il pourrait donc être plus facile de financer son entreprise, mais
aussi plus facile pour monsieur et madame Tout-le-Monde
d’investir dans des projets et des compagnies.
Tous les détails du financement participatif
d’équités aux États-Unis n’ont pas encore été dévoilés. Pour
l’instant, on sait notamment que les investissements maximaux devraient être limités (2000 $ dans la plupart des cas),
et que les plateformes de financement devront se soumettre
à des règles strictes.
Le financement participatif d’équités au Canada
Au Canada, les lois entourant les valeurs mobilières
sont provinciales, mais les différentes autorités du pays
devraient proposer prochainement une législation harmonisée sur le sujet.
« Il y a des réflexions qui sont enclenchées au
sein des Autorités canadiennes en valeurs mobilières.
Les lois n’avaient pas prévu le financement participatif,
nous voulons donc préciser ce qui est légal et ce qui ne
l’est pas », explique Sylvain Théberge, porte-parole de
l’Autorité des marchés financiers.
Malheureusement pour les amateurs du concept,
il semble que le financement participatif d’équités n’est pas
prêt d’être légalisé de ce côté-ci de la frontière.
Si le financement participatif contre des cadeaux
à la Kickstarter devrait être toléré, il en est, en effet, tout
autrement du financement d’équités tel que proposé aux
États-Unis. « Promettre un abonnement de six mois à un
magazine, ou promettre des bénéfices financiers contre
un investissement, ce n’est pas la même chose », juge
Sylvain Théberge.
« Le projet de loi américain ne nous convient pas
en matière de protection des épargnants, nous allons donc
probablement aller dans une autre direction », prévoit-il.
Dans tous les cas, le financement participatif,
d’équités ou non, semble être là pour rester. Et si les projets
financés de la sorte au Québec sont encore rares, de plus
en plus d’entrepreneurs devraient se tourner à l’avenir vers
l’Internet et leurs futurs consommateurs directement pour
aller chercher l’argent dont ils ont besoin.
•
Source : Kickstarter.com,
juillet 2012
5
SITES DE FINANCEMENT
PARTICIPATIF
Kickstarter.com
Le site de financement participatif le
plus populaire. Les Canadiens peuvent y financer les projets des autres,
mais il faut être un résident américain
et posséder un compte bancaire américain pour soumettre un projet.
Indiegogo.com
Une autre plateforme populaire, fondée
en 2008. Contrairement à Kickstarter,
Indiegogo.com accepte les projets canadiens, mais le financement se fait en
dollars US seulement.
Haricot.ca
La première plateforme québécoise de
financement participatif, créée en octobre 2011, nommé sociofinancement
sur haricot.ca, pour des projets créatifs, charitables et d’entreprise.
Fundo.ca
Une nouvelle plateforme québécoise
de financement participatif lancée
à l’été 2012. Les projets soumis sur
Fundo.ca doivent être financés en
30 jours seulement.
ArtistShare.com
Un pionnier du financement participatif, qui finance des projets musicaux
depuis 2003. Les disques financés
par ArtistShare ont remporté cinq
Grammy Awards jusqu’ici.
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réseau des ingénieurs du québec
GADGETS
QUAND L’HORLOGERIE DEVIENT
INTELLIGENTE
PAR ALEXIS LE M AREC
l’heure est grave ! vous vous souvenez de la joie de posséder votre première
montre ? indispensables, on les choisissait en fonction de nos goûts et
presque tout le monde en avait une, à tel point que Swatch en fit une mode.
pourtant, avec l’arrivée des téléphones et des gadgets électroniques,
quel intérêt d’acheter une montre qui ne donne que l’heure alors que
tous ces appareils le font ? si les montres de luxe ont encore la cote et
restent synonymes d’un statut social, elles sont de plus en plus remplacées
par les smartphones. mais tout n’est pas perdu : le salut de l’horlogerie
pourrait venir de l’avènement des montres intelligentes.
1 | I’m Watch
Victime de multiples retards qui ont même fait naître
de sérieuses questions sur son fabricant I’m Spa, les montres
I’m Watch sont également celles qui promettent beaucoup.
Tournant sous Android, elles bénéficient d’un écran couleur
pour une bien meilleure visibilité. Après leur synchronisation
avec un téléphone Android ou un iPhone, elles reçoivent
leurs informations, comme la météo, affichent la liste de nos
contacts et permettent même de visualiser nos photos.
Ceux qui désirent encore plus d’exclusivité pourront se
tourner vers les coûteux modèles Titanium. À partir de 349 $
2 | Pebble
Plus élémentaire que ses concurrentes, la Pebble, conçue par
le canadien Allerta, ne propose ni écran couleur ni inter­face
tactile. Son écran monochrome offre toutefois une résolution élevée. Comme les autres montres intelligentes, elle est
pourvue de plusieurs fonctions, comme l’affichage d’appel
et de la météo, et peut même être couplée au GPS de notre
téléphone afin de connaître, par exemple, la distance parcourue lors d’une sortie en vélo. Bien que la montre ne soit
pas tactile, ses boutons permettent de contrôler iTunes,
pratique si notre iPhone est placé sur un dock. Elle renferme
également d’autres technologies comme le Bluetooth,
un accéléromètre, ou encore un moteur de vibration.
Pourvue d’un design simple et élégant, elle est offerte dans
plusieurs coloris. Environ 115 $
3 | InPulse
Utilisateurs de BlackBerry, l’InPulse est pour vous ! Sœur de la
Pebble, elle est également produite par la société canadienne
Allerta. Elle se distingue par contre de la Pebble grâce
à son écran couleur. Côté fonctions, elle permet de consulter
notre calendrier, nos messages textes et même nos courriels
provenant de plusieurs messageries. Également compatible
avec Android, l’InPulse est par contre d’un usage limité,
puisqu’elle n’est pas reconnue par les téléphones Samsung
ou HTC. Mais qu’à cela ne tienne : après les avoir débloqués
et avoir installé le système d’exploitation modifié Cyanogenmod, la montre et les téléphones pourront communiquer
sans problème. 149 $
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4 | SmartWatch
Parmi les montres intelligentes, la SmartWatch de Sony est à
considérer de près, ne serait-ce que pour son prix abordable.
Elle offre un bel écran tactile tout en couleurs, mis en valeur
par un design simple et épuré. Compatible avec les cellulaires
sous Android de Sony, elle fonctionne également avec plusieurs autres modèles, comme ceux de Samsung ou HTC.
Côté fonctions, elle permet bien sûr de consulter nos messages,
mais aussi ceux provenant des réseaux sociaux Facebook
et Twitter grâce à des applications dédiées déjà installées.
Autre atout, elle peut envoyer des messages textes prédéfinis,
affiche qui nous appelle et nous donne le choix de diriger
l’appel vers notre répondeur. Personnalisable, elle s’agrafe
simplement à l’un des nombreux bracelets offerts en plusieurs
coloris. 149 $
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3
1
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6
5 | G-Shock GB-6900
Casio ne pouvait rester hors de la concurrence des montres
intelligentes. Ainsi, sa célèbre gamme de montres ultrasolides
G-Shock a elle aussi une version intelligente. Son premier
atout vient de sa pile dont la durée de vie annoncée est
d’environ deux ans, par comparaison avec celles des montres intelligentes qui n’excèdent pas une semaine ou qui
doivent être rechargées chaque jour en cas d’utilisation
intensive. Son écran n’est pas tout tactile comme celui
des concurrents, mais il permet de lire nos messages,
d’afficher les appels et même de passer le téléphone
en mode vibreur. G-Shock oblige, son écran est protégé
par une coque épaisse et un renforcement qui lui assurent
de ne jamais se rayer. On aurait aimé par contre une version
en métal, plus sérieuse et adulte que les versions en plastique
offertes. À partir de 300 $
6 | WIMM
Pas d’écran couleur, mais en un seul coup d’œil, la WIMM
indique qui nous appelle et permet même de transférer
notre correspondant sur notre messagerie. Tournant sous
Android, elle utilise un design très (trop) masculin qui
risque de faire fuir la gent féminine. Grâce au Bluetooth,
elle peut se synchroniser au Google Calendar de notre
cellulaire afin de nous rappeler nos rendez-vous. Également
dotée de 32 Go de stockage et même d’un GPS, elle se révèle
un peu plus épaisse que ses concurrentes. 300 $
7 | MOTOACTV
Pour les sportifs, la MOTOACTV de Motorola est à considérer
de près. On aime son lecteur MP3 intégré qui peut même
transmettre la musique sans fil dans notre casque d’écoute
grâce au Bluetooth. Pourvu de fonctions comme un moniteur
de fréquence cardiaque, son GPS permettra également de
suivre notre périple et d’indiquer les kilomètres parcourus.
Et si l’on est du genre à compter les calories perdues,
MOTOACTV nous l’indiquera aussi en prenant en compte
une quarantaine d’activités physiques, de la marche à pied
en passant par le hockey et même le kayak. 150 $-250 $
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8 | iPod Nano
Depuis sa dernière évolution esthétique, l’iPod Nano est tellement petit qu’il peut être accroché à l’un des nombreux
bracelets vendus par Apple. Pas question de le synchroniser
à notre iPhone pour afficher les courriels entrants, mais par
contre, en plus de donner l’heure, il peut aussi lire nos MP3.
Et si on ajoute Nike+, le kit de sport Nike destiné à Apple,
il devient le compagnon indispensable de ceux qui veulent
suivre leurs performances quotidiennes lors de la course
à pied et qui ne se séparent jamais de leurs produits Apple.
129 $-149 $
•
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réseau des ingénieurs du québec
PAR GUI LL AUME JOUSSET
les mythes entourant l’entraînement physique, l’histoire de l’empire bombardier, une nouvelle cartographie du monde, une fiction dont le héros est un
ingénieur et un survol des héros-ingénieurs qui peuplent le monde de la bd :
voilà l’ingénieux menu de cette nouvelle chronique. bonne lecture !
LECTURE
1 | Mythes et réalités sur l’entraînement physique
Pas toujours évident de discerner le vrai du faux en matière
d’entraînement. En effet, les idées préconçues sont lé­
gion, tout comme les produits « miracles » et les théories
­contradictoires. En partant à chaque fois d’une affirmation
couramment entendue dans le monde du sport ou du condi­
tionnement physique, l’entraîneur Pierre-Mary Toussaint
et le kinésiologue Martin Lussier analysent et démontrent
s’il s’agit d’un mythe, d’une demi-vérité ou d’un fait réel.
Le second souffle existe-t-il ? S’entraîner donne-t-il vrai­
ment de l’énergie ? Pour perdre du ventre, faites des abdos ?
Abondamment documenté, cet ouvrage passe au crible d’un
raisonnement scientifique une cinquantaine d’affirmations
sur l’entraînement musculaire ou l’aérobie, la perte de poids,
la performance sportive, etc. Sportifs curieux, aspirants cou­
reurs de fond ou athlètes passionnés y trouveront matière à
tirer le maximum de leurs entraînements, en toute sécurité.
De quoi briller dans les vestiaires.
Mythes et réalités sur l’entraînement physique, de Pierre-Mary
Toussaint et Martin Lussier, Éd. de l’Homme, 2012
2 | Genèse d’un fleuron québécois
D’un petit garage situé à Valcourt en 1926, l’entreprise
Bombardier est devenue un empire mondial des trans­
ports, fort d’un chiffre d’affaires de plus de 20 milliards
de dollars et de 75 000 employés dans le monde. Près d’un
siècle d’un success-story à l’américaine raconté par le journa­
liste économique Larry MacDonald, qui emmène le lecteur
dans la grande et la petite histoire de l’entreprise familiale
créée par Joseph-Armand Bombardier. En 1959, ce dernier
lance la première motoneige, le fameux Ski-Doo, qui sort
officiellement de ses ateliers pour glisser vers le succès. Ini­
tialement, c’est le nom Ski-Dog qui avait été choisi, mais la
lettre « g », mal imprimée dans le texte transmis à l’agence
de publicité chargée d’en faire la promotion, restera pour
toujours. Joseph-Armand Bombardier mourra, à l’âge de
56 ans, avant de voir son invention connaître son âge d’or.
C’est son gendre, Laurent Beaudoin, qui deviendra le président
de l’entreprise en 1966, après y avoir exercé les fonctions de
contrôleur. Ce dernier saura piloter l’entreprise. Surtout, il
réussira une formidable opération de diversification : le mé­
tro de Montréal, le tunnel sous la Manche, les tramways de
Bruxelles et de Berlin lui doivent leurs voitures. Entre l’étude
de cas et l’ouvrage historique, le journaliste suit l’irrésistible
ascension de l’entreprise familiale vers les sommets, sans
rien masquer des échecs et des controverses qui jalonnent
son histoire. Bombardier occupe, et pour longtemps, une
place à part, aux côtés d’Hydro-Québec ou de SNC-Lavalin,
dans l’histoire industrielle du Québec et dans le cœur de
ses habitants.
Bombardier. Un empire québécois, de Larry MacDonald,
Éd. de l’Homme, 2012
3 | Le monde est différent de ce que vous pensez
Vous avez la carte du monde en tête ? Eh bien, elle est fausse !
D’un point de vue scientifique, mettre à plat une sphère né­
cessite nécessairement des approximations, et notre carte
du monde n’y échappe pas. Celle qui vous vient immédiate­
ment à l’esprit est celle de Mercator, géographe flamand du
XVIe siècle. Or cette dernière, bien qu’elle fausse la taille et
la position des continents et des États, demeure toujours ma­
joritairement utilisée. Et si on choisissait d’autres approxi­
mations, comme la projection de Peters, plus respectueuse
des superficies, ou si l’on changeait le centre du monde pour
le déplacer en plein Pacifique, comme la projection aus­
tralocentrée de Miller (1983), plutôt qu’au beau milieu de
l’Atlantique ? En un clin d’œil, des pays s’allongent, d’autres
rétrécissent. Notre vision du monde en est bouleversée. C’est
ce que propose Michel Foucher, géographe et diplomate, dans
son livre La bataille des cartes, analyse critique des visions
du monde, qui a été réédité et augmenté l’an dernier. À partir
de cartes anciennes et d’autres inédites, l’auteur témoigne
de l’aspect subjectif de la représentation géographique. Fai­
sant tour à tour appel à l’histoire, l’économie ou les conflits,
il analyse l’impact des bouleversements sociopolitiques sur
la cartographie et sa représentation du monde. Une image
vaut souvent mille mots, et celles de Michel Foucher nous
aident à comprendre l’ampleur des bouleversements actuels
et passés. Car c’est bien une bataille géopolitique qui se joue.
Une guerre de papier que se livrent des États, surtout ceux
du Sud, pour reprendre le contrôle sur leur place dans la
représentation du monde ainsi que leur image.
La bataille des cartes, analyse critique des visions du monde
(revu et augmenté), de Michel Foucher, Éd. F. Bourin, 2011
imagine
41
1
2
3
4 | La mécanique du bonheur
Tout ingénieur mécanique vous le dira, une action en­
traîne une réaction. Nikolaï, ancien ingénieur ukrainien de
84 ans, immigré en Grande-Bretagne, aurait dû se douter
qu’en tombant amoureux d’une vénus ukrainienne, plus
jeune que lui d’un demi-siècle, avide de luxe occidental, les
ennuis n’allaient pas tarder à arriver. Mais voilà, l’amour
rend aveugle, le père et ses deux filles n’en sont que plus
éberlués. Seul baume au cœur du vieil homme, caresser
un rêve ancien, celui d’écrire un livre : Une brève histoire
L’INGÉNIEUR, CE HÉROS
4
du tracteur en Ukraine pour mettre en lumière le génie
humain. Cruel, vaudevillesque, tragicomique… Les adjec­
tifs ne manquent pas pour qualifier le premier roman de
Marina Lewycka, Britannique d’origine ukrainienne, qui
brosse un portrait à l’acide de cette société anglaise et de
ses immigrants. Sans jamais tomber dans la caricature,
cette histoire d’un tracteur en Ukraine est une vraie mois­
son de rires et d’émotions.
Une brève histoire du tracteur en Ukraine, de Marina
Lewycka, Éd. Alto, 2011
Peu de vocations en génie ont été suscitées par le huitième art.
Du moins peut-on le supposer au regard de la place accordée aux
ingénieurs dans l’univers de la BD. Personnage souvent secondaire,
l’ingénieur est décrit comme un farfelu perdu dans sa science,
à l’image du professeur Tournesol des aventures de Tintin d’Hergé.
L’héroïsme de l’ingénieur imprime les planches dans les années 50
grâce à ses talents en mécanique, tout particulièrement en aéro­
nautique. Ainsi, Dan Cooper, d’Albert Weinberg, ou Buck Danny,
de Jean-Michel Charnier, offrent une vision intrépide de l’ingénieur,
qui atteindra son paroxysme, quelques années plus tard, avec la
figure de Bob Morane créée par le romancier belge Henri Vernes.
Polytechnicien et ingénieur, Bob Morane insuffle un peu de soufre
à l’image bien lisse de l’ingénierie par son côté mercenaire. Les comics
américains proposent une autre approche de l’ingénieur qui, par sa
maîtrise des technologies, peut enfin prétendre au rang de superhéros, comme Tony Stark, alias Iron Man, ou le Dr Pym. Pour trouver
des héros ingénieurs aussi complexes que passionnants, il faut porter
son regard vers l’Orient. Au Japon, l’ingénieur est un héros, la thématique des robots faisant partie de l’imaginaire japonais depuis des
dizaines d’années. Les ingénieurs y sont des personnages incontour­
nables, parfois élevés à un rang quasi divin, comme dans l’excellent
Pluto, de Naoki Urasawa, un thriller futuriste plein d’humanité.
SPORT
42
réseau des ingénieurs du québec
L’AUTRE MONDE
PAR ALEXIS DE GH ELDERE
le plancher des vaches vous semble trop familier ? plongez dans les eaux du québec
et d’ailleurs, à la découverte d’un nouvel univers où l’on respire sous l’eau.
On enfile nos maillots de bain et nos combinaisons
isothermiques d’une épaisseur d’à peine quelques millimètres. Le bateau avance lentement jusqu’à une bouée où
il s’amarre. On vérifie l’équipement, on met les bonbonnes
d’oxygène sur notre dos, le masque-tuba sur le visage, les
palmes aux pieds et plouf, dans l’eau ! Un petit signe de la
main (le fameux « OK » des plongeurs sous la forme d’un
cercle entre l’index et le pouce d’une même main) et tranquillement, notre groupe de six plongeurs s’enfonce dans
les profondeurs du grand bleu. Nous suivons une grande
chaîne attachée à la bouée. Elle descend loin, loin, loin,
jusqu’à aboutir à une longue épave qui repose, immuable,
comme sur une autre planète : celle du monde sous-marin !
Paul Boissinot,
instructeur de plongée
et président de
la Fédération québécoise des activités
subaquatiques.
Québec, destination plongée
Des bancs de poissons circulent ici et là, frôlant les flancs
de l’épave longue d’une centaine de pieds. L’eau est transparente et d’agréable température. Nous ne sommes pourtant
pas dans les Caraïbes, mais bien à deux heures et demie
de route à l’ouest de Montréal, dans le fleuve Saint-Laurent,
plus précisément dans le secteur des Mille-Îles. Ici, des
dizaines d’épaves reposent à une profondeur idéale pour
les plongeurs.
« Dans mes dix plus belles plongées à vie, il y en
a trois ou quatre qui ont eu lieu au Québec », explique Paul
Boissinot, instructeur de plongée et président de la Fédération
québécoise des activités subaquatiques. Pour cet homme de
59 ans qui plonge depuis quatre décennies aux quatre coins
du globe, le Québec et ses environs regorgent de sites remarquables. « Les Escoumins et la richesse de sa vie sous-marine,
l’île Bonaventure à Percé où on peut plonger avec les phoques,
la Côte-Nord ou encore York Beach, au Maine, avec son entrée
à l’eau graduelle et facile, énumère celui qui a près de 9 000
plongées à son actif, sont autant d’endroits où je plonge et
replonge année après année. »
Au Québec, 100 000 plongeurs sont accrédités par
l’un des deux principaux organismes internationaux (PADI
et CMAS). De ceux-ci, environ 4 000 sont actifs. « Pour être
considéré comme actif, un plongeur doit effectuer dix plongées
par an minimum », précise Paul Boissinot.
Jacques-Yves Cousteau en 1945, avec sa femme
et leurs deux enfants : une photo
de famille peu commune à l’époque.
Les premières plongées
Deux émissions de télévision sur le monde sous-marin ont
capté l’attention des petits et grands au fil des ans. Dans les
années 1950, l’émission Remous avec Lloyd Bridges montrait des aventures sous-marines en Floride. Puis JacquesYves Cousteau a popularisé un cran plus loin la plongée sous-marine à son tour. Lui-même inspiré par Lloyd
Bridges, Paul Boissinot se rappelle clairement l’impact de
Cousteau. « Le lendemain des diffusions de Cousteau aux
Beaux Dimanches, mes cours se remplissaient le temps de
le dire », se souvient celui qui gagne sa vie avec la plongée
depuis 1972.
Jusqu’en 1970, la plongée sous-marine est réservée
à une élite. Les cours sont donnés par d’anciens militaires,
avec redressements assis, tractions et multiples longueurs de
natation au programme. « Depuis le début des années 1980,
c’est devenu beaucoup plus récréatif, ça s’est démocratisé et
tous ceux qui veulent découvrir le monde sous-marin peuvent
le faire », souligne Paul Boissinot.
Les formules sont variées. Certains suivent leurs
cours en piscine pendant l’hiver avant d’aller plonger dans
les plans d’eau naturels de la province au printemps et en
été. D’autres profitent d’un voyage dans le Sud pour s’initier à
cette activité. Peu importe l’endroit, les sensations des premières
plongées marquent l’imaginaire. Le seul fait de respirer sous
imagine
l’eau est déjà tout un changement. « C’est l’aspect d’être sous
l’eau et de découvrir un milieu qui n’est pas notre milieu, explique Louis Morin, ingénieur civil diplômé de l’Université
Laval (1969), qui a consacré sa vie à la plongée commerciale
(voir encadré). Il faut se fier à notre équipement et à l’air
qu’on respire .»
Plonger en sécurité
Sous l’eau, il est essentiel de connaître certains principes de
base. « C’est plus risqué que de jouer aux échecs, mais sûrement moins que de conduire une automobile », résume
Paul Boissinot. Sécuritaire, pour peu qu’on suive les règles,
la plongée sous-marine s’adresse à toute personne à l’aise
dans l’eau, exempte de problèmes cardiaques, d’épilepsie,
d’asthme sévère et de diabète sévère. « Si on regarde les
accidents des trente dernières années, 80 % sont liés à des
problèmes cardiaques, moins de 1 % sont liés à des problèmes
d’équipement et 19,5 % sont liés à des gens qui dépassent
leur niveau de compétence. »
Savoir vider son masque, apprendre à demander
de l’air à son compagnon de plongée à tout moment, comprendre comment effectuer les paliers de décompression,
respecter la profondeur maximale de la plongée (généralement 120 pieds) et toujours plonger accompagné, voilà les
règles de base pour une plongée sans anicroche.
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44
réseau des ingénieurs du québec
INGÉNIERIE SOUS-MARINE
Louis Morin, un ingénieur qui a su fusionner
ses deux passions, l’ingénierie et la plongée
sous-marine, en une seule : l’ingénierie
sous-marine.
Lorsqu’il commence son cours en génie des pêches à l’Université Laval, Louis
Morin est loin de se douter que l’option sera fermée un an plus tard, en 1966.
Une suite de hasards lui permet de côtoyer des membres de l’équipe de JacquesYves Cousteau et de s’initier à la plongée sous-marine. Finalement diplômé
en génie civil en 1969, il travaille d’abord comme ingénieur pour Transports
Canada à Rimouski. Son travail lui permet d’utiliser ses connaissances en
plongée sous-marine pour réaliser des inspections plus complètes de structures sousmarines. « C’était très amateur à l’époque », se rappelle celui qui a ensuite créé un
programme de plongée commerciale.
Quarante ans plus tard, toujours actif, Louis Morin a derrière lui une
carrière unique d’ingénierie sous-marine. « Je me suis créé une niche moi-même.
On a essayé d’amener l’ingénierie dans le monde sous-marin, précise-t-il, pour
mieux comprendre et corriger la corrosion sur les structures d’acier et la détérioration du béton et du bois. » Son entreprise, Services Subaquatiques BLM Inc.,
pour laquelle il agit désormais en tant que consultant, se spécialise dans la réfection et l’évaluation de quais, ponts, prises d’eau, réservoirs, barrages et turbines.
Elle est active au Québec comme à l’étranger.
Les Tropiques
Sûr que les mers du Sud attirent leur lot de plongeurs venus
de l’hémisphère Nord, enthousiastes à l’idée de troquer la
lourde combinaison isothermique et la couleur verte des eaux
douces du Saint-Laurent pour une combinaison légère, l’eau
turquoise, les bancs de coraux et les poissons multicolores.
Parmi ses destinations fétiches, Paul Boissinot recense
les Keys de la Floride et le magnifique parc sous-marin
Pennekamp State Park, la Riviera Maya mexicaine, sa barrière de corail et ses puits (cenotes) d’eau douce, mais aussi
l’archipel longtemps méconnu des îles ABC (Aruba, Bonaire et
POUR EN SAVOIR PLUS
Organismes de plongée
Fédération québécoise
des activités subaquatiques
> www.fqas.qc.ca
Association professionnelle
des instructeurs de plongée
> www.padi.com
Confédération mondiale
des activités subaquatiques
> www.cmas.org
Écoles de plongée à Montréal
> www.subaquatech.com
> www.nepteau.com
> www.plongee-cpas.com
À Québec
> www.plongeecapitale.com
> www.plongeenautilus.com
Curaçao) dans les Antilles néerlandaises. Louis Morin abonde
dans le même sens. « C’est estomaquant, ces îles. Sur une
distance de 500 pieds à partir du bord de la plage, décrit-il, la
profondeur augmente graduellement jusqu’à 40 pieds. Ensuite,
on atteint un cap qui descend verticalement jusqu’à 600 pieds
de profondeur. On longe cette falaise sous-marine, dans une
clarté inimaginable et en compagnie de nombreuses espèces. »
Évidemment, on peut aussi rêver de la mer Rouge
en Égypte et de la Grande Barrière de corail de l’Australie.
Le terrain de jeu n’a jamais été aussi vaste. Après tout, les mers
et les océans recouvrent près des trois quarts de la planète.
•
ÉVASION
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réseau des ingénieurs du québec
MARCHER
AU FAR WEST
TEXTE ET PHOTOS PAR ALEXIS DE GH ELDERE
terre de canyons et de formations rocheuses hors normes, l’utah propose
un voyage au cœur de paysages sculptés par le temps et les éléments.
La main sur la chaîne de sécurité solidement ancrée
dans le roc parallèlement au sentier, chacun progresse
à son rythme. De chaque côté de la file indienne, à quelques
mètres à peine des souliers, des falaises verticales dévoilent
la vertigineuse vallée au fond de laquelle coule une petite
rivière, responsable numéro un de l’érosion ambiante,
la Virgin River.
Le sentier Angels Landing est l’un des plus
difficiles du parc national Zion, lui-même situé à trois
heures de route de Las Vegas. C’est aussi l’un des plus
impressionnants avec ses 453 mètres de dénivelés pour
un aller-retour de neuf kilomètres en quatre heures
de marche environ. « C’est plus beau que tous les sentiers
que j’ai faits récemment pendant un mois en NouvelleZélande, lance Jean Marchaland, retraité actif de 58 ans
faisant partie du groupe de douze voyageurs auquel je
me suis joint. Regarde toutes ces couleurs, tout ce rouge… »
La marche se termine sur une portion de sentier
qui ressemble à la pointe d’un couteau, un perchoir où
(en plus des oiseaux) seuls les téméraires parviennent
à se rendre. Sur trois côtés, le sol se dérobe sur plusieurs
centaines de mètres autour de nous. D’ailleurs, des écriteaux
immanquables rappellent que six randonneurs ont perdu
la vie depuis 2004 à cet endroit.
imagine
Zion est l’un des plus jeunes parcs de la région,
formé par l’action érosive de la Virgin River au cours
des 4 000 derniers millénaires. Le résultat inachevé donne des canyons rougeâtres qui, parfois, se referment
presque entièrement avant de s’élargir à nouveau. On peut
d’ailleurs le constater en s’engouffrant dans le bien nommé
sentier The Narrows, lequel suit les méandres de la Virgin
River (prévoir se mouiller jusqu’aux cuisses) dans ses
retranchements les plus serrés.
47
eux en nous frottant souvent les yeux, tant l’œuvre d’art qui
nous est ici présentée défie l’imaginaire. D’après les croyances
amérindiennes, ce sont tous des animaux pétrifiés qui
sont coincés dans les hoodoos et qui regardent les randonneurs passer. Sur la Peekaboo Loop Trail, nous croisons un
groupe de visiteurs à cheval. Ils se fondent dans le paysage
comme des cowboys au Far West.
Arches
Dur de s’imaginer que tant de beauté (presque extraterrestre) peut encore nous attendre au détour d’un autre
De Zion à Bryce
Prochain arrêt : le parc national Bryce, à 150 kilomètres parc national limitrophe à Zion et Bryce. C’est pourtant
à l’est de Zion. Comme on a grimpé en altitude de 2 000 exactement ce qui se produit au parc national Arches.
à 2 500 mètres au-dessus du niveau de la mer, c’est une « Ça fait sûrement une quarantaine de voyages que je fais en
couche géologique différente qui a ici subi les assauts Utah, se rappelle Bernard Gendron, notre guide de Voyages
des éléments. Le gel, beaucoup plus cinglant à Bryce avec Gendron, et je suis toujours aussi impressionné que la première
200 jours de gel annuellement, la fonte des neiges et fois. C’est pour ça que je reviens année après année. »
les orages ont révélé des milliers de monolithes appelés ici hoodoos. Envoûtantes silhouettes géantes roses
et orangées, elles nous invitent à leur rencontre sur l’un
des multiples sentiers.
Comme la veille (et comme le lendemain),
on voudrait s’arrêter à chaque instant pour apprécier
Ces grandes tours aux formes diverses,
ce spectacle grandiose. Ces grandes tours aux formes
inachevées,
en perpétuel devenir, font penser
diverses, inachevées, en perpétuel devenir, font penser
aux
tableaux
surréalistes de Dali.
aux tableaux surréalistes de Dali. Nous sommes tous
ici des figurines miniatures, quasi invisibles dans cette nature majestueuse.
S’il a fallu rouler un peu plus (cinq heures de
Nous empruntons plusieurs courts sentiers et par-­ courons finalement une boucle d’une dizaine de kilomètres route et 450 km) entre Bryce et Arches, la découverte de ce
en quatre heures, de Sunset Point à la Peekaboo Loop Trail parc nous fait rapidement oublier le long trajet. Avec ses
puis à la Queens Garden Trail. Débutant sur le plateau, 2 000 arches naturelles éparpillées dans la région, résultat
nous descendons au cœur des hoodoos et zigzaguons entre de 100 millions d’années d’érosion, ce parc est un attrait
:
S’ORGANISER
Saison
Le sud de l’Utah a un climat désertique, donc très chaud
en été. Les mois les plus intéressants pour venir y marcher
sont octobre, novembre, mars et avril.
Transport
Air Canada propose des vols directs entre Montréal et
Las Vegas. De là, vous pouvez louer une auto pour 25 $/jour
et partir une semaine (on vous en souhaite deux !) à la découverte des parcs du sud de l’Utah.
Monument Valley, là où se tournent
tous les westerns d'Hollywood,
encore aujourd'hui.
ÉVASION
48
réseau des ingénieurs du québec
incontournable. Nombre d’arches sont accessibles via de courtes marches très peu sportives. On y voit des familles avec de
jeunes enfants et des groupes de touristes asiatiques débarquant de gros autobus climatisés.
Pour un défi à notre niveau, nous nous dirigeons vers le départ du sentier menant à Delicate Arch,
lieu emblématique du parc. Cinq kilomètres et 150 mètres
de dénivelés, ce n’est pas la mer à boire. Pourtant, sous le soleil
à son zénith, tapant sur le désert de l’Utah, c’est bien suffisant !
:
« J’ai l’impression d’être dans le film d’Indiana
Jones, Les aventuriers de l’arche perdue »,
s’exclame Sylvie Gibeault, quadragénaire,
à la vue de l’arche de 14 mètres de hauteur
et d’une dizaine de mètres de largeur.
Après un premier kilomètre dans la poussière
et le sable, nous atteignons le roc nu et incliné. Un kilomètre
complet sur l’énorme roche lisse (slick rock) nous fait prendre
de la hauteur, boire bien des gorgées d’eau en plus de révéler
le paysage environnant. Le sentier s’engage ensuite dans
des passages plus étroits et en surplomb (attention au vertige !)
pour déboucher sur la grande et majestueuse Delicate
Arch. « J’ai l’impression d’être dans le film d’Indiana Jones,
Les aventuriers de l’arche perdue », s’exclame Sylvie Gibeault,
quadragénaire, à la vue de l’arche de 14 mètres de hauteur
et d’une dizaine de mètres de largeur.
Déposée en haut d’une falaise et au pied
d’un amphithéâtre circulaire naturel, l’arche charme tout
le groupe illico. Au travers de son grand œil, on peut voir
les hauts sommets enneigés dépassant les 3 600 mètres
du massif La Sal, au Colorado voisin.
Des merveilles à n’en plus finir
Nous avons atteint le point le plus éloigné de notre séjour
et il faut retourner vers l’ouest et Las Vegas pour reprendre
l’avion dans quelques jours. Comme nous avons encore
trois jours devant nous, nous décidons de faire une boucle
pour atteindre d’autres merveilles de la région : des ruines
d’Amérindiens hopis, Monument Valley et le Grand Canyon.
Encore et toujours stupéfiante, la nature du sudouest des États-Unis nous laisse souvent la bouche entrouverte
devant tant de beauté. Aucun mot, aucune photo et aucune
vidéo ne peut arriver à la cheville de ce que deux yeux
bien ouverts peuvent contempler ici. Nous avons regardé
par le trou de la serrure, certes, en nous offrant un parcoursmarathon très dense d’une semaine. Qu’à cela ne tienne,
nous reviendrons, plus longtemps, plus calmement, nous hyp­
notiser encore et toujours de cette beauté insaisissable !
•
Une descente vertigineuse
dans le parc Zion.
POUR EN SAVOIR PLUS
> www.utah.com/nationalparks
Voyages Gendron organise
des séjours tout inclus en Utah
> www.voyagesgendron.com
imagine
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Les hoodoos du parc
Bryce : d'envoûtantes
silhouettes géantes
roses.
Deux des arches
stupéfiantes du parc
national Arches.
AUTOMOBILE
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réseau des ingénieurs du québec
UNE ROUTE PAVÉE
DE BONNES INTENTIONS
PAR AN N E FLEISCHM AN
imagine
51
:
« Les services d’assistance ou d’urgence ouvrent grande
la porte à une surveillance non seulement acceptée par
les automobilistes, mais aussi sollicitée. »
impossible de retrouver votre voiture ? pas de panique, une application
sur votre téléphone intelligent a été conçue pour cela. les clés de votre
véhicule se sont envolées ? un ange gardien virtuel déverrouille vos
portières à distance. souriez : on vous surveille !
Avril 2012, une brise technologique souffle sur le monde
de l’assurance automobile. L’Industrielle Alliance lance un
programme dont le tarif fluctue, quasiment en temps réel,
en fonction du comportement routier des conducteurs.
L’initiative, appelée Mobiliz, repose sur un dispositif de surveillance muni d’un GPS installé dans le véhicule assuré.
« Chaque semaine, on envoie un rapport détaillé
sous forme de carte, dans lequel apparaissent le kilométrage
parcouru, les excès de vitesse, les freinages brusques et les accélérations forcées, résume Suzanne Michaud, vice-présidente
Expérience-Client à l’Industrielle Alliance. Depuis le lancement de Mobiliz, 58 % des clients ont obtenu un rabais pour
“bonne conduite”. Cela prouve que les conducteurs, parce
qu’ils se savent surveillés, adoptent d’eux-mêmes des comportements plus sécuritaires. »
La tarification du programme, conçu en priorité
pour les moins de 26 ans, tient aussi compte de l’âge du
conducteur, de son lieu de résidence, ou encore de l’heure
à laquelle se produisent les comportements déviants. « Par
exemple, quand les incidents ont lieu systématiquement
pendant la nuit, ça va attirer notre attention, poursuit-elle.
Et si une jeune fille sage prête son véhicule à son jeune frère
de 18 ans qui a le “pied pesant”, les accélérations de son frérot
se retrouveront sur son rapport à elle. »
Le rapport de conduite peut être consulté en ligne
à tout moment par l’assuré. « Dans le cas d’une enquête
judiciaire, la police pourra évidemment y accéder, de la même
manière qu’elle le ferait pour des dossiers traditionnels », note
Suzanne Michaud. La différence ? Des renseignements d’une
précision sans précédent…
À votre insu
Si Mobiliz surveille ses assurés de leur plein gré, d’autres technologies dites « embarquées » espionnent les automobilistes à
leur insu. « Depuis 10 ans, on assiste à une explosion de
l’électronique dans les véhicules pour le confort et la sécurité
des passagers, mais parfois les conducteurs n’en ont pas conscience », explique Sylvain Légaré, analyste en consommation
automobile au CAA-Québec.
Par exemple, plusieurs modèles sont équipés
d’enregistreurs de données d’accident, à l’image des boîtes
noires des avions, qui recueillent une pléthore de paramètres :
vitesse, accélération, décélération, direction, freinage, clignotants, éclairage. Un équipement qui sera bientôt une norme
aux États-Unis : le Sénat vient de voter une loi visant à en
généraliser l’installation sur tous les véhicules neufs.
À double sens
Même si l’on conduit une vieille « minoune » dépourvue
des dernières innovations, le simple fait d’avoir un téléphone cellulaire en poche constitue déjà un lien vers le
monde virtuel.
« Avec la téléphonie mobile, les automobilistes
sont connectés en permanence au reste du monde. Mais en
contrepartie, il est possible de savoir en tout temps où ils se
trouvent. La question de la surveillance et de la vie privée doit
être posée en plus de la question de la distraction au volant,
qui est d’ailleurs l’une des inquiétudes premières lorsqu’il est
question de sécurité routière », dit Sylvain Légaré.
La technologie Bluetooth expose désormais de plus
en plus de conducteurs à une surveillance non désirée ; elle
permet la communication sans fil entre son téléphone cellulaire et un casque d’écoute, un GPS ou encore avec la chaîne
stéréo d’une voiture. Les ondes émises entre les appareils
peuvent être facilement captées. En 2009, des scientifiques
ont même fait l’expérience d’épier les allées et venues de
milliers de participants à un festival rock en Belgique grâce à
des capteurs Bluetooth.
Or, comme l’explique le journaliste Marc Lachapelle,
l’un des auteurs du Guide de l’auto, « avec les lois restreignant
l’usage des téléphones cellulaires au volant, les kits mains libres reposant sur la technologie Bluetooth sont de plus en
plus populaires : les clients s’attendent à les trouver un peu
partout, même sur les modèles économiques ».
Quant aux systèmes de navigation spécialement
conçus pour les véhicules, d’autres grands émetteurs d’ondes
facilement retraçables, leur nombre devrait quadrupler en
Amérique du Nord d’ici 2019…
Me faire surveiller ? Oui, je le veux !
Les services d’assistance ou d’urgence ouvrent grande la porte
à une surveillance non seulement acceptée par les automobilistes, mais aussi sollicitée.
« Ces technologies sont très appréciées pour le
repérage et l’envoi de secours en cas de collision, lorsqu’il
y a déploiement de coussins gonflables, ainsi que pour le
repérage et même l’immobilisation de véhicules volés, ou
encore pour le déverrouillage à distance de portières », note
Marc Lachapelle.
« Mais toutes les interfaces de contrôle ne sont pas
encore totalement au point : il reste beaucoup à faire pour
les rendre conviviales et sécuritaires, prévient-il. Par contre,
les constructeurs progressent rapidement pour rendre les
AUTOMOBILE
réseau des ingénieurs du québec
52
Sylvain Légaré,
analyste en consommation automobile
au CAA-Québec.
Le journaliste Marc
Lachapelle, l’un des
auteurs du Guide
de l’auto.
voitures presque autonomes ! Plusieurs modèles sont par exemple déjà capables de
freiner seuls devant un obstacle, ou d’ajuster leur distance de sécurité avec le véhicule qui les précède. »
Philippe Gauthier,
sociologue et
directeur du groupe
Design et Société
de l’Université de
Montréal.
Diane Pacom,
sociologue à
l’Université
d’Ottawa.
Suréquipés
Régulateurs de vitesse intelligents, capteurs, caméras, communication avec des
bases de données cartographiques… Suréquipées, les voitures modernes ? Pour le
meilleur et pour le pire. « À force d’assister les conducteurs avec tant de dispositifs
de sécurité et de contrôle, on finit par standardiser complètement la conduite en
réduisant l’aspect humain à très peu de choses », dit Philippe Gauthier, sociologue et
directeur du groupe Design et Société de l’Université de Montréal.
Une question qui va au-delà d’enjeux strictement éthiques. « Ce n’est pas
parce que la conduite est standardisée qu’elle est plus sécuritaire. Le conducteur doit
pouvoir poser des gestes convenables au moment approprié en toute liberté. Par
exemple, sur une autoroute, la norme, c’est-à-dire ce que nous impose le Code de la
sécurité routière, est de ne pas accorder la priorité aux voitures qui s’engagent sur
la bretelle d’accès. Mais dans les faits, il est beaucoup plus sécuritaire de les laisser
passer en se plaçant dans la file de gauche. »
Liberté de jugement contre comportements standardisés imposés par la
technologie : un combat loin d’être gagné d’avance. « Le cas des GPS est intéressant,
continue Philippe Gauthier. Rares sont les automobilistes qui se laissent dicter leur
itinéraire à la lettre… La liberté de choix a bien souvent le dessus ! »
« Big Mother »
Certains modèles de véhicules vont pourtant très loin pour contrôler le comportement des conducteurs. Par exemple, le programme FAMILYLINK de Ford bloque
le volume de la chaîne stéréo tant que toutes les ceintures du véhicule ne sont pas
bouclées… Une mesure qui, comme l’assurance Mobiliz, vise spécifiquement les
jeunes conducteurs.
Pourtant, les questions éthiques liées à la surveillance embarquée ne semblent pas soulever les passions de la jeunesse. « Le rapport avec les technologies de
surveillance est bien différent d’une génération à l’autre. Les personnes nées après
les années 80 n’ont pas de regard critique sur ces questions parce qu’elles n’ont
tout simplement aucun recul, dit Diane Pacom, sociologue à l’Université d’Ottawa.
Pour elles, être connecté en permanence et exposer sa vie privée au monde virtuel
est tout à fait banal. Elles le font à la maison sur leur ordinateur, alors pourquoi pas
en voiture ? »
Le rapport même des jeunes à l’automobile a radicalement changé.
« La voiture n’est plus le synonyme d’émancipation et de liberté comme elle l’a
déjà été. Maintenant, elle est plutôt considérée comme un objet de consommation
peu écologique et coûteux », explique Diane Pacom. C’est dire si la menace d’un
« Big Brother » est loin des préoccupations.
Quant aux lecteurs d’Orwell, ils ont un nouveau terrain pour exprimer
leur crainte face à un univers où, même dans les chemins de traverse, ils sont surveillés en permanence pour leur confort et leur sécurité…
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Géo Plein Air
Mieux Être
Sentier Chasse-Pêche
Spiritualitésanté
Tennis Magazine
Velo Mag
Yoga Mondô
Backpacker
Golf Magazine
Sports Illustrated
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Animal
Coup de Pouce (avec version Internet)
Homme
La Terre de Chez Nous
Le Bel Âge
Le Bulletin des Agriculteurs
Le Guide Cuisine
Mixeur 100 Restaurants Récréatifs
Moi & Cie
Panorama
Psychologies
Reflet de Société
Relations
Signé M
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S O R T I R
54
réseau des ingénieurs du québec
BISTROS
C’EST L’HEURE
DU 5 À 7 !
PAR LÉONORE PION
il est 17 h, la journée commence ! à l’heure du 5 à 7 entre collègues, le plus difficile
est encore de choisir l’endroit où boire un verre et avaler une bouchée.
À MONTRÉAL
Buvette chez Simone
Koko restaurant + bar
[1]
Un endroit étonnant : ici, point d’am­
biance compassée où la dégustation de
vin se fait du bout des lèvres, mais du
monde (beaucoup) et du bruit (encore
plus) ! Agoraphobes, « jeunesse bran­
chée-ophobes » et sensibles de la feuille,
s’abstenir. Le menu, plutôt raffiné, va
des tapas à la table d’hôte. Le poulet aux
herbes de Simone a la cote.
4869, avenue du Parc
> buvettechezsimone.com
[1]
[2]
Pour un 5 à 7 tout en raffinement. Un
endroit « chic sans prétention », où le
complet trois-pièces n’est absolument
pas de rigueur. À BU, une référence
dans le petit monde montréalais des
bars à vin, on peut aussi bien déguster
un grand cru qu’une rareté dénichée
chez un petit producteur. À essayer : les
trios, trois vins choisis selon un thème
(« les grands d’Alsace », « trois régions…
trois cépages », etc.). Un menu de tapas
à l’italienne à faire saliver d’envie.
[2]
5245, boulevard Saint-Laurent
> www.bu-mtl.com
Endroit à la branchitude parfaite situé
sur le toit du luxueux hôtel OPUS, un
magnifique édifice à la façade art déco
à l’angle de la rue Sherbrooke et du bou­
levard Saint-Laurent. Vue saisissante et
décor grand luxe pour mieux apprécier
cocktails et bouchées raffinées. Une fois
le dernier service terminé, un DJ vient
animer la soirée. Prière de respecter le
code vestimentaire (« chic urbain »).
8, rue Sherbrooke Ouest
> www.kokomontreal.com
Le tire-bouchon
Situé dans l’arrondissement de Verdun,
un bistro-restaurant de quartier bien
sympathique, dans le plus pur esprit de
la brasserie à la française. On peut boire
un verre en terrasse en grignotant des
tapas ou des hors-d’œuvre (crevettes
Ying Yang, antipasti de légumes gril­
lés, bruschetta, croûtons au camembert,
etc.), enchaîner sur un tartare et finir en
beauté avec une marche sur les bords du
fleuve, à moins de 200 mètres.
5200, rue Wellington
> www.tirebouchonbistro.com
imagine
Resto-bar Zero8 [3]
Ici, pas de risque d’être victime d’un
choc anaphylactique : tout ce qui en­
tre dans la bouche est garanti sans
allergène – enfin, sans les huit princi­
paux allergènes : gluten, lactose, fruits
de mer, noix… Même la bière est sans
gluten ! Des cocktails excellents (dont
un délicieux mojito très citronné), des
bouchées appétissantes, et la possibilité
d’enchaîner sur un repas complet, dans
le décor design de la salle ou en terrasse.
1735, rue Saint-Denis
> www.zero8.com
À MONTRÉAL-NORD
Le Bistro des Moulins
Installé dans un bâtiment patrimonial
sur les bords de la rivière des Prairies,
à l’entrée du parc-nature de l’Île-de-laVisitation, ce bistro-restaurant sans but
lucratif offre deux magnifiques ter­
rasses extérieures, dont une, réservée
aux 5 à 7, dans les ruines d’un ancien
moulin. Le plus : les bénéfices générés
par le Bistro servent à financer le mu­
sée du Sault-au-Récollet, dont l’entrée
est libre.
10897, rue du Pont
> www.citehistoria.qc.ca/bistro
À QUÉBEC
La barberie [4]
Un classique à Québec, sinon du Qué­
bec. En plus du « salon de dégustation »,
cette microbrasserie et coopérative de
travail offre, à la belle saison, une ter­
rasse verdoyante équipée de hamacs et
de balançoires : rien que pour ça, elle
vaut le détour. Incroyable, mais vrai :
on peut apporter notre lunch et autres
grignotines !
310, rue Saint-Roch
> www.labarberie.com
MO resto bar [5]
MO n’est pas une brasserie à propre­
ment parler, mais l’endroit trouve sa
place dans cette catégorie, car certaines
de ses tables sont équipées d’un rare
accessoire sur lequel nombre d’entre
nous seraient ravis de poser une main
experte : des pompes à bière ! Une belle
sélection de tapas et de plats simples
(gravlax, chorizo grillé, bouchées Gé­
néral Tao, etc.) qui accompagnent par­
faitement un verre. Ou deux.
810, boulevard Charest Est
> www.moresto.ca
55
Le Moine Échanson [6]
Un bistro-restaurant-cave dont la for­
mule change selon l’heure du jour. Pour
le 5 à 7 ou la collation de l’après-midi,
on accompagne son verre de vin de bou­
chées (très) gourmandes, de fromage ou
de cochonnaille. À 18 h, on passe à table
– le menu et les vins proposés mettent
en valeur la région viticole à l’honneur,
et le vin peut s’acheter au poids. Puis, à
22 h, on revient pour un dernier verre –
les « coups de canon » sont offerts à des
prix très alléchants.
585, rue Saint-Jean
> www.lemoineechanson.com
À SHERBROOKE
[5]
Le Siboire [7]
On n’y vient pas pour son choix (élé­
mentaire) de grignotines, mais pour
son cadre (une immense salle haute de
plafond aux murs de briques apparen­
tes), son ambiance chaleureuse et son
exceptionnelle sélection de bières. Les
amateurs pourront en faire une présé­
lection éclairée grâce au site Web du
Siboire, un petit bijou dans son genre,
agrémenté de citations du style :
« Si boire te fait douter, penses-y bien. »
80, rue du Dépôt
> www.siboire.ca
[6]
À GATINEAU
L’Autre Œil
La plus grande sélection de bières au
Québec : on en trouve plus de 500, de
partout dans le monde et, bien sûr, du
Québec. La mission de cette entreprise
familiale : « éduquer et sensibiliser aux
multiples sensations que procure ce
nectar divin ». Côté bouffe, rien que du
très classique : nachos, assiettes de fro­
mage et de charcuterie ou salade César.
C’est simple, mais ça éponge.
[7]
55, rue Principale
> www.lautreoeil.com
[4]
[3]
S O R T I R
réseau des ingénieurs du québec
56
CULTURE
AGENDA
UN AUTOMNE
DÉPAYSANT
PAR LÉONORE PION
la cigale de la fable a bien dansé tout l’été. qu’elle se repose, maintenant,
afin de profiter des joies de la culture en automne.
[5]
Photo : Elisabeth Carecchio
[1]
Photo (Busk) © Don Lee, courtoisie du Banff
Centre. Interprète Aszure Barton.
[2]
VU AUX VUES
Les festivals de cinéma, en particulier
à l’automne, sont légion dans notre
belle province. Toute petite sélection
de ce que le Québec a de plus dépaysant à offrir en la matière.
SUR LES COULEURS
DE L’ARC-EN-CIEL
Au Festival international du film
black, le noir se décline en d’infinies
nuances, correspondant à des centaines
de cultures et de traditions différentes.
La différence, c’est le maître mot
d’Image + nation, le Festival internaVOYAGER SUR PLACE
tional de cinéma LGBT (lesbien,
Le cosmopolitisme de Montréal se
gai, bisexuel et transgenre).
reflète dans ses festivals de cinéma.
Pour un regard particulier sur le monde Dans les deux cas, une belle
invitation à l’ouverture d’esprit.
arabe, on ira, par exemple, au Festival
du film marocain (des expositions
Festival international du film
et des conférences en plus des films)
black de Montréal
et aux Rencontres internationales du
du 20 au 30 septembre
documentaire (avec ateliers et débats)
> www.montrealblackfilm.com
pour mieux comprendre comment
Image + nation,
tourne le monde.
le Festival international de cinéma
Festival du film marocain
LGBT de Montréal
à Montréal
fin novembre
du 13 au 23 septembre
> www.image-nation.org
> www.festivalfmm.com
Rencontres internationales
CULTURE CHAMPÊTRE
du documentaire de Montréal
Sans doute le festival de films
du 7 au 18 novembre
le plus original du Québec, celui
> www.ridm.qc.ca/fr
de Saint-Séverin-de-Beauce (ChaudièreAppalaches) présente des « œuvres
humanistes », en présence de leur
réalisateur, dans l’église du village.
Jeunes réalisateurs et cinéastes de
renommée internationale se retrouvent
aux Îles-de-la-Madeleine pour Images
en vues, un marathon de deux jours
de courts métrages.
Festival du film de Saint-Séverin
du 27 au 30 septembre
> www.festivalcineseverin.org
Festival de courts métrages Images
en vues, Îles-de-la-Madeleine
2 et 3 novembre
> www.imagesenvues.org/index.html
Photo : Nathalie Bujold
imagine
PARTOUT AU QUÉBEC
DRÔLES D’INFLUENCES
Seuls en scène, une pianiste et un
clarinettiste. Elle, Tina Chong, est
une Canadienne exilée aux États-Unis.
Lui, Dominic Desautels, est un Québécois
installé au Brésil. Duo improbable
et néanmoins parfaitement efficace
pour son Jeu d’influences, un
spectacle présenté en tournée par
les Jeunesses musicales du Canada.
« Tourmentes et révolutions » au
programme, nous promettent les JMC.
> www.jmcanada.ca/fr/
main_nav/accueil
> concerts
SHERBROOKE
ET MONTRÉAL
DANSE HYPNOTIQUE [1]
Des corps de noir vêtus, des têtes
encagoulées, des figures blêmes
défigurées par des rictus parfaitement
synchronisés : il ne manquerait
plus qu’une faux à ces personnages
tout droit sortis de l’imaginaire
de la chorégraphe canadienne
Aszure Barton pour incarner la Mort.
Dans Busk + Awáa, les morts sont
on ne peut plus vivants, tout comme
les émotions qu’ils suscitent…
Centre culturel de l’Université
de Sherbrooke, 13 novembre
Théâtre Maisonneuve, Montréal,
16 et 17 novembre
> www.dansedanse.net
MONTRÉAL
À VOILES ET SANS VAPEUR
Un événement pour titiller et notre
cœur d’enfant (celui qui rêve
d’aventures et de grands espaces)
et notre cœur d’ingénieur épris de
technique. Pour une troisième année
consécutive, les grands voiliers sont
de retour sur les quais du Vieux-Port,
accompagnés de leurs désormais
traditionnelles animations. Cette fois,
ils seront six, dont le deux-mâts Roter
Sand, le tout premier voilier-école
accrédité du Québec.
qu’en soit la forme. Un festival « avantgardiste et délinquant » qui présente
théâtre d’ombres, magie et autres arts
traditionnels mâtinés de technologies
modernes. Pour sortir en douceur
de sa zone de confort.
[4]
du 19 au 26 octobre
> www.festivalphenomena.ca
QUÉBEC
LUMINEUSES ENLUMINURES [3-4]
Le Moyen Âge a son musée à Paris,
dans un site doublement exceptionnel :
l’Hôtel de Cluny, un bâtiment finement ouvragé construit au XVe siècle,
et les thermes du même nom,
datant de l’époque gallo-romaine.
En un siècle et demi d’existence,
le musée a constitué l’une des
plus belles collections d’œuvres
de l’époque médiévale. L’exposition
Art et nature au Moyen Âge marque
la première collaboration entre
le MNBAQ et le musée parisien
dont, assurément, elle fera miroiter
la grandeur.
Musée national des beaux-arts du
Québec, du 4 octobre au 6 janvier
> www.mnba.qc.ca/expo_art_nature
GATINEAU
GRIGRIS ET BARON SAMEDI
Religion teintée de spiritisme et de
sorcellerie, le « vodou » est ce qu’on
appelle un syncrétisme, un joyeux
mélange de croyances et de pratiques
qui fascinent autant qu’elles inquiètent.
En 300 artefacts, l’exposition Vodou,
un art de vivre lève (un peu) le voile
sur la façon dont ce culte animiste
est vécu en Haïti.
Musée canadien des civilisations,
à partir du 15 novembre
> www.civilisations.ca/accueil
[3] © RMN / Franck Raux
[3][4]
JONQUIÈRE
PERSONNAGES ANIMÉS [5]
ManiganSes n’est pas un nouveau
venu dans le circuit des festivals
de marionnettes : depuis 24 ans,
Jonquière devient, pendant dix jours,
le théâtre de ces personnages qui
Vieux-Port de Montréal,
prennent vie par la grâce de la techdu 13 au 16 septembre
nique et la virtuosité de l’artiste qui
> www.vieuxportdemontreal.com/ se cache derrière. Cette année, les troupes
grands-voiliers
viennent du Canada, de France,
de Suisse, d’Espagne et de Chine pour
[2]
EXPLORATIONS POÉTIQUES
une cinquantaine de spectacles en salle
C’est un événement bien singulier
et de nombreuses activités gratuites.
que ce PHENOMENA (anciennement
du 13 au 23 septembre
Voix d’Amérique), lieu de rencontre
> www.maniganses.com
d’artistes « interdisciplinaires ou indisciplinés » amoureux de poésie, quelle
© RMN / Jean-Gilles Berizzi
57
58
réseau des ingénieurs du québec
imagine
59
LA BIÈRE ARTISANALE DU QUÉBEC
UNE AFFAIRE
DE PATENTEUX
PAR AL AI N MCKEN NA
suivant un courant généralisé partout en amérique du nord et dans certaines
régions d’europe, la bière artisanale fait lentement mais sûrement sa niche
au québec. depuis le début des années 80, les petites brasseries se sont multipliées, explorant nos origines à travers le malt et le houblon et n’hésitant pas
à jouer la carte de l’innovation et de la créativité.
La bière existe au Québec depuis la Nouvelle-France. Au
début, l’histoire raconte que c’était cependant de la bière
d’épinette que brassaient les premiers colons. C’était une
pratique courante en Europe à l’époque : la bière était faite
à partir des ingrédients qu’on trouvait à proximité. Faute de
houblon, les « brasseurs » de la Nouvelle-France utilisaient
ce qu’ils pouvaient bien trouver.
En 1668, l’intendant Jean Talon fonde finalement
à Québec ce qui est connu aujourd’hui comme la première
brasserie à vocation commerciale de l’histoire du Québec.
Une aventure de courte durée : dix ans plus tard, elle fermait ses portes. Il faudra attendre un peu plus de 100 ans,
et un passage sous le régime britannique, pour qu’une
nouvelle brasserie plus durable fasse son apparition. Cellelà est encore bien connue aujourd’hui, puisqu’il s’agit de la
brasserie Molson.
De 1786 à 1982
Comme ailleurs au Canada, le brassage de la bière au Québec a
vivoté pendant près de 200 ans, de petits brasseurs émergeant régulièrement, puis fusionnant, étant rachetés,
ou s’éteignant. Durant cette longue période, la bière au
Canada s’est en quelque sorte divisée en deux : les ales se
trouvant à l’est de Toronto, les lagers, plus à l’ouest.
Cette séparation s’explique simplement : les ales,
des bières plus fortes et plus goûteuses populaires en Angleterre et dans les régions francophones d’Europe, étaient
prisées des immigrants français et anglais, regroupés essentiellement dans la région représentée aujourd’hui par
l’Ontario, le Québec et les Maritimes. Les lagers, un style
de bière plus douce provenant de l’Europe centrale et de
l’Allemagne, étaient naturellement les favorites des immigrants, principalement allemands, qui ont contribué à
l’expansion du pays vers le Pacifique.
Puis, en 1982, la brasserie Massawippi de North
Hatley devient la première d’une série de brasseries artisanales qui vont révolutionner le petit monde de la bière au
Québec. Aidés par un relâchement de la loi provinciale régissant la vente et la production de bière, des brasseurs comme
le Cheval Blanc, les Brasseurs du Nord ou McAuslan ont
emboîté le pas de la brasserie Massawippi (rachetée en 1991
par deux entrepreneurs pour devenir la brasserie Unibroue,
à Chambly) et sont devenus les patriarches d’une nouvelle
génération de brasseurs qui, année après année, renforce sa
position tant sur les tablettes des épiceries que dans les goûts
des amateurs de bière d’ici et d’ailleurs.
Dans leur Atlas mondial de la bière, les auteurs
Tim Webb et Stephen Beaumont dépeignent ainsi la réputation que les brasseurs artisanaux québécois se sont forgée
au fil des 30 dernières années : « [Au] Québec, la gastronomie
et la joie de vivre à la française, associées à une politique de
taxation favorable aux petites brasseries, ont généré la culture brassicole sans conteste la plus innovante du pays. On
conseille aux amateurs en quête de bières aux ingrédients
originaux, issues de fermentations hybrides et vieillies dans
des fûts fréquemment réemployés pour un résultat encore
plus délicieux, de commencer par Montréal et de rayonner à
partir de là. »
60
Peter McAuslan,
fondateur de
la brasserie portant
son nom.
réseau des ingénieurs du québec
La bière québécoise à l’ère moderne
C’est évidemment très flatteur pour la bière artisanale québécoise, mais ce n’est plus tout à fait exact, note Peter McAuslan.
L’entrepreneur montréalais aux racines écossaises était membre de la direction d’un cégep lorsque la brasserie portant son
nom a vu le jour, au milieu des années 80. Depuis, il a vu
émerger plusieurs dizaines d’autres microbrasseries dans la
belle province. On en compte plus d’une soixantaine à l’heure
actuelle, produisant tout près de 500 bières différentes.
Il a aussi vu le reste du Canada prendre la même
tangente. « Il y a 10 ans, le Québec était en avance dans le
développement des différents styles de bière, mais le reste
du Canada nous a rattrapés. Les années 90 ont été difficiles
pour la bière artisanale partout en Amérique du Nord, ça a
aussi eu pour effet de resserrer l’offre. Aujourd’hui, la diversité des bières sur le continent est comparable à la nôtre, mais
le niveau de qualité semble un peu supérieur ici. »
S’il n’est pas rare de retrouver l’inspiration anglaise, belge et allemande dans les bières brassées au Québec,
c’est un phénomène qui est désormais répandu à l’échelle de
l’Amérique du Nord. Les concours internationaux témoignent
non seulement de cette situation, mais ils prouvent aussi une
chose : les bières québécoises figurent régulièrement parmi
les lauréates, taillant lentement mais sûrement la réputation
des bières de la belle province.
Ce n’est pas fini, non plus. La bière artisanale, qui
représente environ 8 % à 10 % du marché canadien de la
bière, va continuer à prendre de l’expansion, pour atteindre les 30 % d’ici dix à quinze ans, croit Peter McAuslan.
Ça signifie qu’on verra encore d’autres brasseries émerger,
d’autres nouveaux produits sur les tablettes.
« Les gens au Québec et au Canada ont pris goût à
la diversité de la bière et la nouvelle génération de brasseurs
a compris l’importance de s’intégrer à l’économie de leur
région. Je pense que l’époque d’un marché exclusif à deux ou
trois gros brasseurs est révolue. Pour une fois, on ne reviendra
pas en arrière. »
•
CINQ BIÈRES « HISTORIQUES »
Cuvée Boréale Brasseurs du Nord
La Boréale se décline en plusieurs sortes,
mais plus récemment, les Brasseurs du
Nord ont lancé la Cuvée Boréale, deux
bières aux fruits utilisant exclusivement
des ingrédients cultivés au Québec.
Le développement économique local
Saint-Ambroise Blonde McAuslan
est une autre caractéristique importante
La Blonde Saint-Ambroise a été la predes brasseurs artisanaux.
mière bière embouteillée par la brasserie McAuslan, à Montréal. Elle se
distingue aisément des lagers et des au- Canon Brasseurs RJ
La Canon est une bière de garde qui retres ales des très grands brasseurs par
monte aux débuts de la Brasserie GMT,
son goût houblonné et amer, ainsi que
aujourd’hui fusionnée au sein des
par un arrière-goût que tentent de fuir
Brasseurs RJ. Une bière de garde est
à tout prix les produits de plus grande
une bière de dégustation particulièredistribution.
ment corsée que le groupe montréalais
a récemment relancée sur le marché.
Blanche de Chambly Unibroue
Vous voulez faire vivre l’expérience historique des bières
artisanales québécoises à vos papilles ? Rien de plus simple.
En voici cinq qu’on trouve facilement et qui illustrent bien
la variété des produits créés au Québec depuis près de 30 ans.
La Blanche de Chambly s’est avérée un
immense succès pour Unibroue, qui a
ainsi conquis un important marché
d’amateurs de bières plus douces
peu attirés par le caractère plus prononcé de ses Maudite et autres Fin du
Monde. La Blanche de Chambly illustre
l’importance de la tradition brassicole
belge au Québec.
Cheval Blanc Brasseurs RJ
La Cheval Blanc est une blanche que la
brasserie du même nom produit depuis
les années 80. L’entreprise a cependant
été rachetée par ce qui est devenu,
aujourd’hui, les Brasseurs RJ. Le Cheval
Blanc est aussi un bar de la rue Ontario,
à Montréal, qui a été le premier à décrocher un permis auprès
du gouvernement provincial en 1986.
BABILLARD
D’EMPLOI
FAITES
PROGRESSER
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CARRIÈRE
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CARRIÈRE
SANTÉ
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L'ABC DE L'AVC
PA R M O N I Q U E C R É PAU LT
les accidents vasculaires cérébraux, ou avc, sont la troisième cause de décès
au Canada. Pourtant, bien des séquelles pourraient être évitées si on savait
comment en reconnaître les symptômes et réagir vite, vite, vite.
François a 82 ans. Il y a deux mois, il a fait un AVC.
Malheureusement pour lui, l’accident est arrivé pendant
la nuit, alors que Marie, sa compagne, dormait. Quand elle
s’est réveillée ce matin-là, Marie s’est tout de suite aperçue que quelque chose clochait. Contre toute habitude,
François n’était pas dans le lit, auprès d’elle. Elle s’est levée
et l’a trouvé debout, devant la grande fenêtre du salon,
à regarder au loin. Il s’est tourné vers elle et lui a parlé,
d’un ton posé. Sauf que ce qu’il disait n’avait aucun sens.
Puis il s’est mis à marcher fébrilement, tout en continuant
à former des phrases sans queue ni tête.
Affolée, Marie a saisi le téléphone et a appelé sa
fille Julie, lui demandant si elle voulait bien parler à François
au téléphone, question de voir si c’était elle, Marie, qui était
folle ou si ce que disait François n’avait bel et bien aucun sens.
C’est ainsi qu’une heure plus tard, François s’est
retrouvé à l’urgence. Son état s’était aggravé, il était même
devenu violent, à tel point qu’il a fallu l’attacher. Ses propos
se faisaient de plus en plus incohérents, jusqu’à ce qu’il ne
puisse plus rien dire. Pendant des jours il est resté là, sur son
lit d’hôpital, alimenté par intraveineuse, sans rien comprendre
à ce qui l’entourait ou à ce qu’on lui disait.
Depuis, l’état de François s’est amélioré. Il peut
marcher, avec difficulté. Il parle, mais ne trouve pas les
bons mots pour dire ce qu’il veut dire. « Il y a un crayon
sur le gazon » peut vouloir dire qu’il y a une poussière sur
le plancher ou son contraire. François souffre d’aphasie,
l’une des séquelles les plus fréquentes d’un AVC. Sûrement
que son état continuera de s’améliorer, mais retrouvera-t-il
un jour toutes ses facultés ? Rien n’est moins certain.
imagine
Mais un AVC, c’est quoi au juste ?
L’accident vasculaire cérébral est causé par l’interruption
de la circulation sanguine vers le cerveau, une interruption
qui peut être due à la présence d’un caillot qui bloque la circulation (accident ischémique, 80 % des cas), ou par la rupture
d’un vaisseau sanguin (accident hémorragique, 20 % des cas).
Quand survient un AVC, la partie du cerveau qui
n’a pas été irriguée par le sang ne peut plus envoyer
ses messages à la partie du corps qu’elle contrôle habituellement. Ça peut être par exemple la partie qui contrôle
la capacité de bouger des membres, ou celle qui contrôle le
langage ou la compréhension.
Un AVC se produit habituellement dans un seul
des deux hémisphères du cerveau, le droit ou le gauche.
Comme chaque hémisphère a ses propres fonctions, les conséquences de l’AVC varient selon la région touchée et la gravité
des lésions.
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AVC, ACV ?
Ce qu’on appelait autrefois une attaque d’apoplexie est devenu
au fil du temps un accident cérébro-vasculaire (ACV), un terme
calqué directement de l’anglais auquel on préfère dorénavant
le terme accident vasculaire cérébral (AVC).
Cerveau droit, cerveau gauche
Si l’hémisphère gauche est atteint, la personne pourra
avoir une faiblesse ou une paralysie du côté droit du corps,
une difficulté à lire, à parler, à penser ou à calculer. Son com­
portement sera plus lent, plus hésitant que d’habitude,
elle aura de la difficulté à acquérir de nouvelles connaissances ou
à retenir de nouvelles informations et il lui faudra de fréquentes directives pour parvenir à terminer ce qu’elle entreprend.
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Si c’est l’hémisphère droit, c’est au contraire
le côté gauche du corps qui risque de s’affaiblir ou de paralyser.
La personne aura des problèmes de vision, de la difficulté
à saisir les notions d’espace, comme la distance, la profondeur,
le haut et le bas, l’avant et l’arrière. Elle éprouvera de la difficulté à exécuter des gestes aussi simples que de ramasser
un objet, boutonner sa chemise ou lacer ses souliers.
Elle sera incapable de lire une carte et connaîtra des problèmes de mémoire à court terme (un peu à la manière
des personnes souffrant d’Alzheimer). Il lui arrivera
même d’oublier ou de tout simplement ignorer les objets
ou les gens qui se trouvent à sa gauche, même son bras
ou sa jambe gauche. De plus, la personne atteinte à l’hémi­
sphère gauche pourra présenter des problèmes de jugement
qui la mèneront à agir de façon compulsive, sans reconnaître
ses propres limites.
imagine
avant que l’AVC ne soit traité. Bref, à chaque heure passée
sans traitement, le cerveau atteint perd autant de neurones
qu’en 3,6 ans de vieillissement normal !
Dans le cas de François, comme l’accident s’est
déclenché durant la nuit, il a été impossible de le traiter
assez rapidement pour éviter trop de séquelles. Mais un AVC
peut se produire à n’importe quel moment de la journée.
Encore faut-il savoir le reconnaître !
Les signes avant-coureurs d’un AVC
Faiblesse — une perte soudaine de force
ou un engourdissement soudain au visage,
à un bras ou à une jambe (même temporaire)
Trouble de la parole — une difficulté à parler ou
à comprendre, ou encore une confusion soudaine
(même temporaire)
Trouble de la vision — un problème soudain de vision
(même temporaire)
De l’importance d’agir vite
Mal de tête — un mal de tête soudain, intense et inhabituel
La personne atteinte d’un AVC perd en moyenne 1,9 million
Étourdissement — une perte soudaine de l’équilibre,
de cellules cérébrales, 13,8 millions de synapses et 12 kilomètres de fibres axonales à chaque minute qui s’écoule surtout si elle s’accompagne d’un des autres signes
avant-coureurs
Il existe par contre une technique très simple
pour déter­miner s’il s’agit ou non d’un AVC.
On demande à la personne de sourire.
On lui demande de lever les deux bras.
On lui demande de prononcer une phrase très simple,
du genre « Le soleil est magnifique aujourd’hui ».
Si la personne ne réussit pas ou parvient difficilement à faire
l’une ou l’autre de ces tâches, il y a bien des probabilités qu’elle
soit victime d’un AVC. C’est à ce moment que, vite, vite, vite on
se dirige vers l’hôpital le plus près !
Remerciements
Merci au personnel de l’hôpital de Saint-Jérôme, aux phy­
siothérapeutes, ergothérapeutes, nutritionnistes et tout
particulièrement au personnel médical des soins intensifs,
pour leur patience et le partage d’informations.
•
L’AVC EN CHIFFRES
L’AVC est la 3e plus grande cause de décès au Canada.
6 % de tous les décès au Canada sont attribuables à un AVC.
14 000 Canadiens et Canadiennes meurent chaque année
des suites d’un AVC.
Il y a plus de 50 000 AVC par année au Canada, soit un
à toutes les dix minutes.
300 000 Canadiens vivent avec les séquelles d’un AVC.
Après l’âge de 55 ans, les risquent doublent aux dix ans.
Un survivant de l’AVC a un risque sur cinq d’en subir
un autre au cours des deux années suivantes.
Sur 100 personnes ayant subi un AVC, 15 en meurent,
10 récupèrent entièrement, 25 récupèrent tout en conser-
vant une légère invalidité, 40 conservent une invalidité
importante tandis que 10 conservent des séquelles
si importantes qu’ils ont besoin de soins à long terme.
8,6 milliards de dollars : c’est ce que coûtent annuellement
les AVC à l’économie canadienne.
3 millions : c’est le nombre de jours que passent chaque
année les Canadiens à l’hôpital à la suite d’un AVC.
ÊTES-VOUS À RISQUE ?
N’importe qui peut subir un AVC au cours de sa vie
(pour chaque 10 000 enfants canadiens âgés de moins
de 19 ans, on compte 6,7 AVC), mais comme pour toute
autre maladie, certaines personnes sont plus à risque
que d’autres. Certains facteurs, comme l’âge (le risque
augmente avec l’âge), le sexe (les hommes sont plus
à risque), les antécédents familiaux de maladie du cœur
ou d’AVC avant l’âge de 55 ans, et les AVC ou ICT (ischémie cérébrale transitoire*), sont incontrôlables.
D’autres facteurs cependant sont des plus contrôlables, soit l’hypertension, un battement cardiaque
irrégulier, un cholestérol élevé, le diabète, le tabagisme,
l’obésité, la consommation excessive d’alcool (plus de deux
verres par jour), l’inactivité physique et bien sûr le stress.
Et plus on combine de facteurs, plus les risques sont élevés.
Bien sûr, les AVC, c’est comme tout le reste,
ça n’arrive qu’aux autres. C’est ce que croyait François.
Lui qui cumulait à peu près tous les facteurs de risque
contrôlables, sauf le tabagisme, ne cesse de répéter depuis
que « jamais je n’aurais cru que ça m’arriverait »…
* L’ICT, communément appelée miniAVC, survient quand un caillot sanguin obstrue
la circulation sanguine dans le cerveau pendant un court moment. Les symptômes
sont presque identiques à ceux d’un AVC, mais se résorbent au bout de quelques
minutes ou quelques heures. C’est l’indicateur qu’un AVC est imminent…
BD
imagine
PA R B A D O
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Qu’en pensezvous ? Partagez
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POUR ALLER AU FOND
DES CHOSES
Le 9 novembre 2011, le gouvernement du Québec a annoncé la
création d’une commission d’enquête sur l’octroi et la gestion
des contrats publics dans l’industrie de la construction sous la
présidence de l’honorable France Charbonneau, juge de la Cour
supérieure du Québec.
Cette date charnière représente une réponse concrète
aux nombreuses sollicitations des citoyens et des groupes de
pression (dont le Réseau des ingénieurs), qui demandaient une
intervention ferme contre les pratiques illégales dans le milieu
de la construction. Rappelons que les ingénieurs nous disaient
déjà au début de 2010 qu’ils étaient très préoccupés par ces
allégations et réclamaient de vive voix la tenue d’une commission d’enquête publique (Sondage sur les allégations de collusion dans le domaine de la construction, 20101). Les ingénieurs
établissaient alors dans cette solution la possibilité de voir
rétablir leur réputation, profondément entachée par les agissements d’une minorité de malfaiteurs.
Par contre, la Commission Charbonneau, telle qu’on
la connaît aujourd’hui, n’a pas toujours eu la même autorité : la
formule proposée initialement par le Gouvernement (en date
du 19 octobre 2011) ne prévoyait pas de pouvoirs de contrainte
ni d’immunité pour les témoins, des conditions essentielles
pour faire la lumière sur des pratiques occultes. Cela a produit
une vague de mécontentement au sein de la société civile et
des acteurs concernés, et c’est seulement un mois après que
nous avons assisté à un élargissement des pouvoirs de la Commission Charbonneau, enfin dotée des moyens pour aller au
fond des choses.
Ce départ maladroit a cependant laissé des traces dans
la perception du public, du moins dans celle des ingénieurs, qui
avaient mis beaucoup d’espoir dans cette solution. Au Réseau
des ingénieurs, nous nous en sommes aperçus clairement,
et ce, lorsqu’on a analysé les résultats d’un deuxième sondage
d’opinion mené au mois de mai 2012 auprès de nos membres et
voué à prendre la température des ingénieurs deux ans après le
premier sondage.
En clair, le mandat de la Commission Charbonneau
est conforme à l’article 1 de la Loi sur les commissions d’enquête
et prévoit :
1
D’examiner l’existence de stratagèmes et, le cas échéant,
de dresser un portrait de ceux-ci qui impliqueraient de
possibles activités de collusion et de corruption dans
l’octroi et la gestion de contrats publics dans l’industrie
de la construction, incluant les organismes et les entreprises du Gouvernement, les municipalités, et des liens
possibles avec le financement des partis politiques;
2
De dresser un portrait de possibles activités d’infiltration
de l’industrie de la construction par le crime organisé;
3
D’examiner des pistes de solution et de faire des recommandations en vue d’établir des mesures permettant
d’identifier, d’enrayer et de prévenir la collusion et la
corruption dans l’octroi et la gestion des contrats publics
dans l’industrie de la construction ainsi que l’infiltration
de celle-ci par le crime organisé.
Tout le monde peut contribuer activement, en toute
confidentialité et sécurité, aux travaux de la Commission, en
écrivant à l’adresse [email protected] ou encore en composant le 1 855 333-CEIC (2324).
Nous croyons que la Commission Charbonneau
pourra contribuer à rétablir la confiance du public envers notre
profession et les institutions.
•
Visitez le site de la Commission ici > www.ceic.gouv.qc.ca
1
Pour lire le Sondage sur les allégations de collusion dans le domaine de la construction 2010 du Réseau des ingénieurs du Québec > www.reseauiq.qc.ca/fr/discussion/enquete_etudes/sondage_collusion.html
Illustration : Katy Lemay
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