Dossier communiquer, magazine Imagine du Réseau des
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Dossier communiquer, magazine Imagine du Réseau des
DOSSIER COMMUNIQUER PROFIL LE RÉSEAU DES INGÉNIEURS Pour un XXIe siècle de génie ! VOL. 5 NO 1 AUTOMNE 2012 SOCIÉTÉ TECHNO SPORT ÉVASION AUTO SANTÉ 10 FÊTE SES ANS ! OPTEZ POUR UN RÉSEAU QUI ENRICHIT VOTRE QUALITÉ DE VIE Grâce au Réseau des ingénieurs du Québec, vous bénéficiez d’une vaste gamme de services et d’avantages bâtis sur mesure pour répondre à vos besoins : outils de gestion de carrière, programmes de formation, babillard d’emploi, rabais, privilèges et bien plus. reseauIQ.qc.ca imagine IMAGINE 3 Vol. 5 no 1 RÉDACTRICE EN CHEF Monique Crépault MOT DU PRÉSIDENT COLLABORATEURS Anne Fleischman Bruno Geoffroy Alexis de Gheldere Maxime Johnson Guillaume Jousset Claudia Larochelle Alexis Le Marec Valérian Mazataud Alain McKenna Léonore Pion PHOTOGRAPHE Alexis de Gheldere CARICATURISTE Bado ILLUSTRATRICE Katy Lemay RÉVISEURE Johanne Hamel CONCEPTION GRAPHIQUE Magma design IMPRIMEUR Croze Inc. INTERNET reseauIQ.qc.ca IMAGINE Une publication du Réseau des ingénieurs du Québec 1001, boul. de Maisonneuve Ouest, bureau 200 Montréal (QUÉBEC) H3A 3C8 514 845-9664 1 866 845-9664 PRÉSIDENT Etienne Couture, ing. DIRECTEUR GÉNÉRAL Guy Parent, CPA, CGA DIRECTEUR SERVICE COMMUNICATIONS ET AFFAIRES PUBLIQUES Francis Bourque CONSEILLÈRE SERVICE COMMUNICATIONS ET AFFAIRES PUBLIQUES Geneviève Gruffy CONTACTEZ-NOUS [email protected] IMAGINE est publié 4 fois par année par le Réseau des ingénieurs du Québec. Tous droits réservés. Toute reproduction intégrale ou partielle est interdite sans le consentement écrit de l’éditeur. ISSN 1918-3933 IMAGINE Dépôt légal : Bibliothèque et Archives Canada, 2012 Chers lecteurs, chères lectrices, Le Réseau des ingénieurs du Québec s’est fait une beauté pour fêter ses 10 ans ! Dans le cadre de cette étape charnière, l’organisation a saisi cette occasion pour solidifier sa marque dans le monde du génie. Nous avons ainsi le plaisir de vous présenter notre nouvel univers visuel. Épuré, dynamique et moderne, le nouveau logo du Réseau des ingénieurs symbolise l’évolution de l’organisation à travers les années ainsi que la force de notre effectif : les ingénieurs québécois. Au fil des années, le Réseau des ingénieurs a peaufiné son offre de services, vouée au développement personnel de l’ingénieur. Notre organisation met à la disposition des membres une grande variété de services bâtis sur mesure pour répondre à vos besoins. Notre objectif est de permettre aux ingénieurs québécois d’améliorer leur qualité de vie sociale et professionnelle par de la formation adaptée, par la valorisation de leur rôle et de leur statut professionnels, et par des services commerciaux avantageux. Vous pourrez en lire davantage dans ce numéro d’IMAGINE ! Cette édition abordera aussi différents aspects d’une industrie en évolution constante, dont la présence a une portée majeure dans la vie de tous : celle des communications. L’intervention du génie dans ce domaine est très large et se déploie dans de nombreux secteurs. Nous allons en voir quelques-uns tels que les télécommunications et la gestion de l’environnement, en passant par la fabrication numérique et les tissus intelligents. Nous avons déjà développé une expertise locale bien connue à plusieurs niveaux, mais il s’agit d’un domaine toujours en développement et riche de défis intéressants que les ingénieurs québécois devront relever. Bonne lecture à tous ! Etienne Couture, ing. Président Réseau des ingénieurs du Québec 4 réseau des ingénieurs du québec DOSSIER COMMUNIQUER PROFIL LE RÉSEAU DES INGÉNIEURS Pour un XXIe siècle de génie ! Ses œuvres ont illustré le Time Magazine, le New York Times et le Globe & Mail, pour n’en citer que quelques-uns. C’est au tour d’IMAGINE de profiter de l’immense et si original talent de Katy Lemay. Avec son style unique, cette diplômée en design graphique de l’UQAM a su créer une composition quasi surréaliste où le familier côtoie l’inattendu pour illustrer le thème de ce numéro d’automne, COMMUNIQUER. VOL. 5 NO 1 AUTOMNE 2012 SOCIÉTÉ TECHNO SPORT ÉVASION AUTO SANTÉ 10 FÊTE SES > http://aiiq.qc.ca/illustrateur/ katylemay/illustrations/2128 ANS ! SOMMAIRE VOL. 5 NO 1 6 3 | MOT DU PRÉSIDENT DOSSIER - COMMUNIQUER Communiquer : ce seul mot contient toute l’évolution de nos sociétés. Du télégraphe au téléphone, en passant par la presse de Gutenberg, le walkie-talkie et l’arrivée des villes/maisons/routes intelligentes, le génie humain ne cesse d’innover pour pouvoir communiquer. Mais encore faut-il savoir comment… 22 | DÉFI - les fab labs Les Fab Labs, un concept né au MIT, mais vite devenu un réseau mondialement actif, ce sont les nouveaux terrains de jeu des ingénieurs qui veulent faire passer leurs idées de la planche à dessin au prototype concret. 27 | PROFIL - le réseau des ingénieurs du québec Le Réseau des ingénieurs fête cette année ses dix ans d’existence. Déjà ! Petit tour d’horizon de son histoire et de ses aspirations. 30 | ENTREVUE - bruno guglielminetti Rencontre avec le « gourou » québécois de l’internet et directeur de la communication numérique au sein du cabinet de relations publiques National. 32 | SOCIÉTÉ - les tissus intelligents Fibres antiallergiques ou hydratantes, textile amincissant ou chauffant, tissus 3D, thermorégulateurs, anti-UV… Tout ça grâce aux nanomatériaux, aux microcapsules, aux puces et aux capteurs intégrés dans des textiles innovants. 35 | TECHNO - le financement participatif Ou comment faire appel aux internautes pour trouver les fonds nécessaires à l’aboutissement de votre projet, grâce à des sites comme Kickstarter ou Fundo. 38 | GADGETS - les montres intelligentes Des ordis à votre poignet. Même Dick Tracy serait étonné ! 40 | LECTURE - choix de lectures automnales Une nouvelle chronique, des livres passionnants à découvrir. 42 | SPORT - la plongée sous-marine Des mers du sud aux eaux du Saint-Laurent… 46 | ÉVASION - les canyons de l’utah… vertigineux 50 | DÉGUSTATION - les bières artisanales du québec 54 | SORTIR - à l’heure du 5 à 7 - agenda culturel de l’automne 58 | AUTOMOBILE - big brother dans notre auto 62 | SANTÉ - l’abc de l’avc 65 | BD | QU’EN PENSEZ-VOUS ? LA COMMISSION CHARBONNEAU : POUR ALLER AU FOND DES CHOSES 66 À LA RENCONTRE DE VOTRE PROCHAIN DÉFI PROFESSIONNEL Salons carrières du Réseau des ingénieurs du Québec Hôtel Plaza Québec jeudi 4 octobre, 11 h à 18 h Palais des congrès de Montréal mardi 23 octobre, 12 h à 19 h mercredi 24 octobre, 10 h à 17 h Pour information : reseauIQ.qc.ca/carriere CARRIÈRE DOSSIER 6 réseau des ingénieurs du québec DES INGÉNIEURS QUI COMMUNIQUENT PA R VA L É R I A N M A Z ATAU D du télégraphe optique au modem, et du morse au message texte, nombre d’inventeurs, ingénieux avant même d’être ingénieurs, ont contribué à l’avancement des télécommunications. à l’heure où l’on clavarde plus volontiers avec une lointaine connaissance qu’on ne discute avec son voisin de palier. retour sur six siècles d’avancées technologiques pour mieux communiquer. Illustration publiée en 1840, inspirée par la statue de bronze représentant Gutenberg et érigée à Strasbourg (France). Un miroir pour les pèlerins qui absorbe le pouvoir des saintes reliques. Voilà qui aurait pu devenir une des plus incroyables inventions de l’humanité ! Hélas, son inventeur, un certain Hans Gensfleisch, n’a jamais fait fortune avec sa trouvaille, car le pèlerinage en question fut annulé la même année. Notre inventeur, également connu sous le nom de Gutenberg, s’est donc rabattu sur la presse à imprimer, maigre lot de consolation comparé à son génial miroir… Génie des matériaux, génie chimique, génie des procédés industriels. Pour mener à bien son projet, Gutenberg a dû mettre au point un nouvel alliage de métaux, une méthode pour fondre les caractères, une encre adaptée et, bien sûr, le système de presse proprement dit. Brillant génie, mais piètre gestionnaire, l’inventeur ne fera fortune avec aucune de ses inventions. Ni la presse… ni le miroir. Ingénieur télégraphe À l’inverse, l’ingénieur français Claude Chappe s’est basé sur une idée fort simple pour construire le premier empire des télécommunications. Le principe de ce premier télégraphe optique ? Deux bras articulés dressés en haut d’une tour, dont le vocabulaire se compose d’une série d’angles. Les tours sont espacées d’une dizaine de kilomètres et c’est un observateur armé d’une longue vue qui se charge de retransmettre le message. Le 12 juillet 1793, une première démonstration du système vaudra à Chappe le titre « d’ingénieur télégraphe ». Alors que les armées ennemies menacent le nord du pays, l’assemblée lui donne pleins pouvoirs pour installer ses lignes. Ce quasi-monopole lui permettra de fonder une lucrative entreprise. imagine Cinquante ans plus tard, le pays compte 5000 kilomètres de lignes qui relient plus de 500 stations. Avec le retour de la paix cependant, le système est délaissé par l’armée, et les lignes servent alors… à transmettre les résultats de la loterie nationale. Qu’importe, les télécommunications allaient transformer la société. Bientôt, grâce à Ampère, Wheatstone et Morse, le télégraphe électrique allait permettre de communiquer rapidement à travers les continents et les océans. Deux heures Certes, on était encore loin des transactions boursières à la microseconde, mais le monde venait de passer à la vitesse supérieure. Désormais deux heures, c’était quelque chose. Pour Elisha Gray en tout cas, ça l’était. Le 14 février 1876, ce chercheur américain déposait un avertissement officiel signifiant son intention imminente de déposer un brevet exclusif. Hélas pour lui, deux heures plus tôt, un certain Alexander Graham Bell avait déjà déposé un brevet pour la même invention. Le téléphone. Né en Écosse en 1837, Bell s’installe au Canada en 1870, avant de partir pour Boston où il enseigne la diction, tout comme son père, son grand-père et son oncle. Comme c’est souvent le cas avec les grandes inventions, l’histoire ne retient qu’un seul nom et oublie facilement les autres, en l’occurrence ceux des nombreux concurrents de Bell. À partir de 1880, le scientifique traverse plus d’une décennie de batailles juridiques. Il sortira au final vainqueur de près de 600 affaires de brevets avec l’aide d’une pile de pas moins de trois mètres de témoignages ! Loin d’en rester là, Bell est également à l’origine du gramophone et a mis au point une des premières connexions sans fil via cellule photosensible. Le gramophone, l’une des inventions du prolifique Alexander Graham Bell. L’ingénieur Claude Chappe, devant son télégraphe optique. Au Canada Plusieurs Canadiens ont contribué à l’avènement des communications. Frederick Creed, un télégraphiste de Nouvelle-Écosse, a inventé le téléscripteur qui fut utilisé par les agences de presse du monde entier pour transmettre de l’information jusqu’aux années 80. L’ingénieur québécois Joseph-Alphonse Ouimet a mis au point le téléviseur canadien avant de devenir le premier président de Radio-Canada. Quant à Donald Hings, on lui doit l’invention du walkie-talkie. 7 DOSSIER 8 réseau des ingénieurs du québec Le messager de la reine Cette dernière trouvaille allait déclencher une rumeur qui attribuerait à Bell l’invention d’un procédé pour transmettre les images à distance. Rumeur infondée, mais qui allait pour le coup accélérer les recherches dans le domaine. En 1915, un admirateur écrit au génial inventeur et l’invite à mettre au point « une sorte de télévision ». À l’époque, on entre de plain-pied dans l’ère de la « communication loisir ». Déjà. Le « théâtrophone » permet de retransmettre en direct concerts, pièces de théâtre ou opéras. En 1895, le scientifique italien Guglielmo Marconi inaugure la première liaison par ondes hertziennes, et dès le début des années vingt, les premières émissions de radio voient le jour avec la naissance de la BBC ou de Radio Tour Eiffel. En 1924, grâce à l’ingénieur écossais John Logie Baird, c’est la télévision qui fait sa spectaculaire apparition. Baird se contente d’abord de faire apparaître l’image d’une croix, puis bientôt un visage humain. Bien entendu, son travail fait suite à plusieurs décennies de découvertes, des cellules au sélénium au tube cathodique, en passant par la découverte de l’effet photoélectrique. En septembre 1928, la station américaine WGY diffuse la première émission de télévision de l’histoire, « Le messager de la reine », un drame mettant en vedette Izetta Jewel, première vedette de la télévision. Le nombre de spectateurs n’est pas connu. L’ingénieur John Logie Baird, l’inventeur de la télévision. Crédit photo : Strathclyde University Archives. Plus vite pour tous « Les siècles ne se distinguent que par les capacités techniques de tuer et la diffusion de l’information. On ne fait pas mieux : seulement plus vite », a écrit l’homme politique et romancier Jean-François Deniau. L’arrivée de l’informatique allait effectivement accélérer les communications, mais pas seulement. En 1965, à la suite des publications de ses collègues, l’ingénieur électrique du MIT Lawrence Roberts relie les ordinateurs de deux universités et transmet des données au rythme de 2,4 Ko/s via une ligne téléphonique. Six ans plus tard, il signe le premier courriel. Internet était né… Enfin, du moins est-ce une version de l’histoire. L’autre version attribue la paternité de la Toile à son collègue, l’ingénieur Leonard Kleinrock, professeur à l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA). En 1969, Kleinrock et son assistant ont tapé le premier message transmis d’un ordinateur à un autre via le réseau ARPANET. « Nous voulions taper LOG IN. Mais nous avons juste eu le temps de taper L, puis O, avant que le système ne disjoncte », se souvient le professeur dans le journal de l’UCLA. Devine d’où je t’appelle LO, ou hello, un message on ne peut plus adapté pour les débuts de l’Internet. En fait, les premiers mots sont toujours les plus marquants. C’est du moins ce qu’a dû se dire Joel Engel, le chef de la division de recherche aux Laboratoires Bell à New York. Le 3 avril 1973, il a reçu un appel historique de son ami et concurrent de Motorola, Martin Cooper, qui l’appelait, goguenard… de la rue en bas de son bureau avec le premier téléphone « portable » de l’histoire. Le bébé pesait alors un kilogramme et sa batterie offrait environ 20 minutes d’autonomie ! Aujourd’hui, n’importe quel cellulaire permet de transmettre une image, un concept qui n’aurait peut-être pas déplu à Gutenberg, inventeur du premier « miroir intelligent ». • : L’ingénieur Leonard Kleinrock, photographié en 2007 devant un IMP (Interface Message Processor), l’ancêtre de nos routeurs actuels, qu’il a conçu en 1961, alors qu’il était encore étudiant au MIT. Martin Cooper et le premier téléphone portable de l’histoire (son poids : un kilogramme !). « Les siècles ne se distinguent que par les capacités techniques de tuer et la diffusion de l’information. On ne fait pas mieux : seulement plus vite. » Jean-François Deniau, homme politique et écrivain français. imagine Enigma, la «célèbre» machine de codage conçue par les Allemands. Ces machines sont aujourd’hui une rareté et presque tous les modèles connus se trouvent dans des musées. La face cachée des communications On raconte que Nabuchodonosor écrivait ses messages sur le crâne rasé d’un esclave et attendait que ses cheveux repoussent pour les transmettre. Une technique longue… mais efficace. Durant l’entre-deux-guerres, les Allemands ont mis au point une machine de codage réputée inviolable, Enigma. Malheureusement pour eux, le code était déjà partiellement connu des Anglais avant le début de la guerre, et la capture d’un sous-marin équipé d’une des machines acheva le travail de traduction en 1942. Plusieurs historiens reconnaissent aujourd’hui que la compréhension de ce code s’est révélée décisive dans la victoire alliée. iThink La réalité augmentée fait peu à peu son apparition dans nos vies. On peut pointer son téléphone vers le ciel et obtenir le nom des étoiles qui s’y trouvent ou identifier une plante grâce à une photo. Des capteurs sur la langue pourront nous guider vers le meilleur restaurant alentour, ou des lunettes afficher le profil Facebook d’un interlocuteur. Sur les blogues spécialisés, on spécule déjà sur les symbioses à venir entre le corps, les sens et le nuage de données virtuelles qui nous entoure. Quant à la version 10 du iPhone, il se pourrait bien qu’elle soit implantée directement dans le cerveau et qu’elle affiche nos pensées, voire nos rêves, à partager sur les réseaux sociaux bien sûr. Les lunettes Google Glass, qui offrent à ses utilisateurs une assistance en réalité augmentée. 9 DOSSIER 10 réseau des ingénieurs du québec L’INTELLIGENCE AU COIN DE MA RUE PAR BRUNO GEOFFROY de son plein gré ou non, l’homme évolue dans un univers capable de le voir, de le sentir ou de prédire ses comportements. qu’il soit en ville, sur la route ou dans sa maison, l’intelligence artificielle n’est pas loin, prête à intervenir, à l’épauler, à le domestiquer. Un jour. gros plan sur les « vrais » cerveaux de notre environnement ! Du plus grand au plus petit. imagine 11 Le district de commerce international de Songdo, en Corée du Sud, la ville la plus intelligente du monde. Tentaculaire, la ville respire au rythme de ses habitants frénétiques et désordonnés. Dans le chaos urbain, un cortex veille pourtant à l’harmonie de l’ensemble. En toute quiétude. Ses réseaux de neurones sont en place, souterrains et discrets, parés à capter les palpitations du monde, à saisir l’air du temps et à en extraire la quintessence en temps réel. Rien qu’à Mexico, « le programme Angel Network permet de retracer les déplacements des itinérants dans la ville grâce à une carte à puce. En retour, elle leur donne accès à des soins médicaux, à des repas, à une douche et même à un service de transfert d’argent », explique Sehl Mellouli, professeur au département des systèmes d’information organisationnels de l’Université Laval. D’après M. Mellouli, « le but des villes intelligentes est simple : utiliser les nouvelles technologies et en tirer profit pour améliorer la vie des citoyens et répondre à leurs besoins. Les villes n’auront pas le choix de devenir “smart” si elles veulent attirer les entreprises et leurs futurs citoyens dans leurs municipalités. Et les garder ! ». La ville en mode écoute Désormais à la mode, la ville à la sauce smart se décline à profusion. Qui n’a pas entendu parler de compteurs intelligents (smart meters pour l’eau par exemple) ? Des outils technologiques qui permettent aux décideurs, élus ou industriels de mieux gérer la charge des réseaux, de réduire la surconsommation, de détecter les fuites ou même d’appliquer une tarification différente en fonction des heures de la journée ? Ajoutez à cela les smart grids, ces réseaux intelligents destinés à la gestion de l’électricité, et vous aurez compris que les smart cities visent carrément à optimiser l’environnement urbain. Des déplacements à la gestion des flux d’énergie en passant par celle des rejets. Un beau défi d’ingénieur ! « La grande tendance des dernières années : c’est rendre la technologie sans fil accessible n’importe où en ville. Cette technologie une fois combinée à des applications pour téléphones intelligents, vous pourriez vérifier, par exemple, le prix d’une course de taxi et surveiller l’itinéraire suivi par votre chauffeur », explique M. Mellouli. Et le piéton ? À Québec, le système d’aide à l’exploitation et à l’information des voyageurs mis en place par le réseau de transport de la capitale permettra de suivre en temps réel les autobus. Grâce au GPS, l’usager sera informé de l’horaire de passage du prochain bus et de sa situa tion géographique sur un écran installé à même l’arrêt. Rien d’extraordinaire, me direz-vous, puisque ce genre d’infrastructure est en utilisation dans des centaines de villes américaines et européennes. Peut-être, mais les données transmises par le GPS se raffinent. Les gestionnaires de réseaux peuvent ainsi adapter les trajets pour optimiser les flux de passagers et les temps de passage. Mieux que la F1 ! Mais attention, la ville intelligente n’est pas forcément qu’un concentré de technologie informatique, elle peut être une invitation au dialogue. « Aux prises avec des quartiers malfamés, Philadelphie a mis en place un forum de discussion en ligne avec ses habitants pour trouver des solutions locales. Avec leur aide, la Ville a diminué le taux de criminalité de 20 % dans ces quartiers », indique Sehl Mellouli. Quant aux architectes de Songdo (Corée du Sud), la ville la plus intelligente du monde selon le magazine BBC Knowledge, ils ont misé sur un système automatique de ramassage des poubelles publiques directement relié à un réseau souterrain de tuyaux pressurisés. Fini les congestions dues aux camions de déchets. Et pour économiser de l’énergie, l’éclairage public s’adapte : les rues désertes sont moins éclairées que les plus achalandées. Sur la route Marre de chercher en vain une place de stationnement ? La ville de Nice, en France, a pensé à vous. En début d’année, elle a installé un réseau de capteurs communicants sur ses trottoirs. Grâce au GPS embarqué sur son téléphone intelligent, l’automobiliste sera orienté vers la place libre la plus proche. Mieux encore : les horodateurs permettront le paiement sans contact grâce au téléphone. Et si vous avez peur de prendre une amende, vous pourrez même régler à distance pour du temps supplémentaire de stationnement. Depuis la fin juin, cette option de paiement est disponible pour les automobilistes montréalais. Incroyable ? Pas tant que ça. Depuis les années 2000, le transport dit intelligent connaît un vrai essor. « Sur les autoroutes, l’utilisation du transpondeur pour payer son passage automatiquement au péage a permis de fluidifier la circulation. Mais depuis, on fait beaucoup mieux. Pensez seulement à la flotte de véhicules autonomes de Google, capables de communiquer entre eux et avec leur environnement », dit Nicolas Saunier, professeur adjoint au département des génies civil, géologique et des mines de l’École Polytechnique de Montréal. La beauté de la chose ? Ces automobiles sans pilote se déploieront sur des infrastructures routières existantes. Les constructeurs automobiles promettent déjà les premiers véhicules commerciaux dans 10 ans. Demain, quoi ! Sehl Mellouli, professeur au département des systèmes d’information organisationnels de l’Université Laval. Nicolas Saunier, professeur adjoint au département des génies civil, géologique et des mines de l’École Polytechnique de Montréal. 12 réseau des ingénieurs du québec POUR ALLER PLUS LOIN À parcourir Sur les villes intelligentes > http://eu-smartcities.eu Sur le transport intelligent > www.ertico.com Sur la maison intelligente : Toward Useful Services for Elderly and People with Disabilities, publié chez Springer en 2011 À découvrir La ville la plus intelligente au monde > www.songdo.com À écouter Stories from the city, stories from the sea, de PJ Harvey « La communication intervéhicules permettra de vous informer en temps réel d’un accident, de vous proposer un itinéraire secondaire ou de faire entrer de façon fluide plus de véhicules sur l’autoroute. En toute sécurité, évidemment. Car aujourd’hui, c’est le temps de réaction humain qui limite la densité automobile sur les routes ou qui occasionne au contraire les congestions », explique M. Saunier. Les automobiles pourront aussi engager la conversation avec leur voisinage direct. Ainsi, le système eCall, lancé par la Commission européenne, s’occupe d’appeler automatiquement les services d’urgence lorsque votre véhicule est accidenté. Grâce à des capteurs installés dans la voiture, des données les informent de votre position et de la gravité de l’accident. Selon des études, ce type de système permettrait de réduire le délai d’arrivée des secours d’environ 50 % dans les zones rurales, et de 40 % dans les zones urbaines. À Songdo, l’infrastructure routière elle-même babille. Des capteurs y sont insérés pour détecter des contraintes inhabituelles et donner un bilan régulier de l’état des routes. De quoi engager des travaux de réfection en temps opportun et minimiser les congestions occasionnées par des réparations de plus grande envergure. Mais si la technologie permet de gérer la circulation en contrôlant les feux ou en donnant priorité au transport en commun, « l’une des problématiques les plus importantes reste la compatibilité des données. Sans elle, aucune communication n’est possible entre les différents acteurs automatisés de la route ou de la ville. Aujourd’hui, il n’existe pas de contrainte légale pour forcer l’adoption d’un standard », précise Nicolas Saunier. Compatibilité et standard, voilà deux premiers casse-tête pour les ingénieurs. Un autre défi les attend au coin de la rue : l’extraction de données en temps réel. Ces « big data » qu’il va falloir interpréter pour leur donner du sens. « Le transport intelligent, c’est prendre le moyen le plus adapté pour se déplacer. Cela suppose d’être informé en temps réel pour optimiser notre temps de parcours », confie Catherine Morency, professeur à l’École Polytechnique de Montréal et titulaire de la Chaire de recherche Mobilité sur la mise en œuvre de la durabilité en transport. À la Chaire, Mme Morency travaille avec son équipe à valoriser et à exploiter les données extraites des GPS de véhicules flottants, principalement des taxis et 400 voitures Communauto équipés du système de navigation. « Grâce à eux, nous connaissons en temps réel les conditions de circulation sur le réseau autoroutier montréalais. À terme, on souhaite développer l’aspect planification. De quoi aider le citoyen à prendre une décision en temps réel. » Un autre avantage d’extraire ce type de données ? Réduire la circulation automobile, améliorer la qualité de l’air ou taxer les automobilistes en fonction de l’heure de la journée. À Stockholm, en Suède, des caméras identifient les plaques d’immatriculation des voitures entrant ou sortant de la ville entre 6 h 30 et 18 h 30 avant d’envoyer une facture aux conducteurs. Cette taxe de congestion varie entre 10 et 20 couronnes suédoises (1,5 et 3 dollars) selon le moment de la journée. Home smart home Si, dès la fin des années 80, une déferlante « domotique » a frappé les esprits des architectes et des ingénieurs, le logement intelligent, lui, ne s’est jamais imposé sur le terrain. L’idée que votre maison puisse être gérée avec un minimum d’intervention humaine est certes séduisante. Mais au-delà de la régulation de température et de l’éclairage, il n’y a rien qu’un cerveau humain ne puisse résoudre dans votre habitat somme toute peu complexe. Encore faut-il posséder toutes ses facultés mentales ! « Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, elles, les perdent au compte-gouttes. Pour les maintenir à domicile le plus longtemps possible, nous mettons au point un appartement intelligent », dit Bruno Bouchard, professeur et responsable du laboratoire d’intelligence ambiante pour la reconnaissance d’activités de l’Université du Québec à Chicoutimi. Au cœur de cette « maison neuronale », des capteurs de pression ou électromagnétiques, des accéléromètres ou des étiquettes RFID (Radio Frequency Identification) permettent de suivre le déplacement des objets et de la personne en temps réel. « Grâce à eux, le cerveau serveur de l’appartement est capable de déterminer la routine de la personne, de détecter un comportement anormal ou une erreur cognitive, et d’intervenir s’il y a danger », explique M. Bouchard. Par exemple, si la personne oublie une casserole sur le feu, le cerveau serveur peut l’avertir par le biais de l’un de ses messagers disposés dans l’appartement. Que ce soit un écran tactile, un haut-parleur ou un système d’éclairage importe peu. Le système s’adapte constamment au profil du patient. S’il est sourd, l’avertissement sera donné par un message texte sur un écran de télévision vers lequel il sera dirigé par un jeu de lumière. Avec le vieillissement de la population et la pénurie de professionnels de la santé, ce type d’appartement est amené à se populariser. « Aujourd’hui, les prototypes fonctionnels sont capables d’aider un patient à préparer son repas ou à prendre ses médicaments. Dans un futur proche, le système pourra détecter vos erreurs cognitives à partir d’une de vos conversations téléphoniques, envoyer un bilan de suivi à votre médecin et s’adapter à mesure que vos facultés intellectuelles déclinent. Mais pour cela, il faudra développer une intelligence artificielle suffisamment fiable et puissante pour exploiter tout ce flux de données », précise M. Bouchard. Des données par-ci, des informations privées par-là. Stockées ou éliminées ? Pour M. Bouchard, il faudra limiter leur persistance et en conserver juste le minimum vital pour éviter tout piratage ou utilisation criminelle. Un point sensible qui questionne aussi la pertinence de toutes ces technologies censées dépasser l’intelligence humaine : jusqu’à quel point l’homme est-il prêt à se faire dicter sa vie ? • Catherine Morency, professeur à l’École Polytechnique de Montréal et titulaire de la Chaire de recherche Mobilité sur la mise en œuvre de la durabilité en transport. Bruno Bouchard, professeur et responsable du laboratoire d’intelligence ambiante pour la reconnaissance d’activités de l’Université du Québec à Chicoutimi. Offrez-vous la mobilité rêvée Deux forfaits exclusifs pour vous ! 20 $ /mois incluant 200 minutes* 28 $ /mois incluant 400 minutes* Rabais d’activation à partir de 150$ Ajoutez 6 Go de données pour 30 $/mois Plusieurs autres forfaits disponibles (minutes, données ou forfaits pour tablette) et divers appareils à 0 $. *reseauIQ.qc.ca/avantagescommerciaux détaillant autorisé MD DOSSIER 14 réseau des ingénieurs du québec imagine 14 COMMUNIQUER… TOUT UN ART ! PAR GUI LL AUME JOUSSET théâtre, coaching, ouvrages de développement personnel… il existe mille et une offres pour améliorer sa communication. encore faut-il être conscient de ses lacunes. Être ingénieur, c’est implicitement être un commu nicateur. En effet, les ingénieurs interagissent avec nombre de professionnels de toutes disciplines ou, encore, avec le public. La communication doit donc faire partie de leur bagage au même titre que leurs compétences techniques. Prise de conscience « L’importance de la communication est aujourd’hui acquise », affirme Solange Cormier, une consultante en communication qui fut membre d’un comité destiné à créer une formation en communication à Polytechnique il y a quinze ans. « À l’époque, c’était encore des histoires de “bonnes femmes”… » Les mentalités ont évolué, mais d’après elle, des obstacles demeurent : « Les ingénieurs ont sou- vent de la difficulté à s’adapter à leurs interlocuteurs, alors que c’est l’une des bases d’une communication efficace », regrette-t-elle. « Depuis 2005, l’École Polytechnique de Montréal a revu son programme de formation. Les futurs ingénieurs reçoivent désormais 45 heures de cours, notamment sur la communication interpersonnelle et celle du travail en équipe, ainsi qu’un “coaching d’équipes” pour toute la durée de leurs études », explique Renée-Pascale Laberge, professeure au département de mathématiques et de génie industriel de Polytechnique qui enseigne la communi cation auprès des élèves et agit aussi à titre de consultante imagine 15 Valérie Levée, communicatrice scientifique. PRÉSENTATION 101 +++ Pour briller face à des clients ou en congrès, mettez en valeur vos résultats et vos arguments grâce à une présentation de pro Dans la vie, il y a deux types de présentateurs : ceux dont on retient la présentation et les autres que l’on se dépêche d’oublier. Appartenir à la première catégorie ne relève pas du don divin, mais d’une préparation minutieuse, comme le confirme Valérie Levée, communicatrice scientifique et conceptrice d’ateliers de formation en communication pour l’Association des communicateurs scientifiques. « Une bonne présentation, c’est la coordination de l’oral, de l’attitude du présentateur et d’un bon support visuel. » À moins d’être un orateur exceptionnel, Mme Levée recommande de s’appuyer sur un support visuel, de type PowerPoint. Les clés du succès et coach en entreprise. « Évidemment, nos étudiants ne deviendront pas des spécialistes en communication, mais la formation leur permet de développer les réflexes de remise en question nécessaires au développement de ces compétences. » Mettre le doigt sur ses lacunes Pour améliorer ses talents de communicateur, il faut cibler ses défauts. Et c’est tout un défi, comme le rappelle Mme Cormier : « C’est peut-être l’obstacle majeur à une amélioration. Remettre en question ses aptitudes, c’est un peu se remettre en question soi-même. » Et pour les ingénieurs, cela ne va pas nécessairement de soi. « La difficulté, Répéter, répéter et… encore répéter Cela évite de chercher ses mots tout en étant synchro avec le défilement du support visuel. Une fois le discours maîtrisé, la personnalité de l’orateur se mettra naturellement en place. Ainsi, il sera moins figé, plus vivant. Attirer le regard La première diapo du support visuel doit capter l’attention de l’auditoire. Afficher un chiffre-choc, une image parlante ou décalée frappe l’attention d’un public souvent démangé par son téléphone intelligent. Partir sur une note mémorable Moment stratégique de la présentation : sa fin. Il s’agit d’utiliser la période des questions, qui suit toujours une présentation, pour imposer un court message que l’auditoire ramènera chez lui. Ne gaspillez pas une diapo pour remercier le public. Faites-le à l’oral. C’est une opportunité à ne pas manquer si l’on considère qu’en moyenne, les diapos subsistent une minute contre une dizaine de minutes pour la dernière ! Être économe Choisissez avec soin les idées que vous voulez faire passer afin de ne pas surcharger vos diapos ou votre discours. De même, gardez-vous une marge de temps. Sur scène, il y a toujours quelques digressions, mais il faut à tout prix respecter le temps alloué sans pour autant escamoter la conclusion. Ni une plante, ni un phare Le regard et la gestuelle sont importants, ne restez pas figé. Il ne s’agit pas de balayer la salle des yeux, mais plutôt de porter son attention ponctuellement sur différents groupes répartis dans la salle. POUR ALLER PLUS LOIN Les ateliers en communication de l’Association des communicateurs scientifiques (ACS) > www.acs.qc.ca 16 réseau des ingénieurs du québec c’est d’être capable de regarder sa manière de communiquer. Cela prend une certaine prise de conscience et de l’ouverture d’esprit pour ensuite s’engager dans des objectifs d’amélioration », soutient la Pr Laberge. Choisir la bonne formation Face à une offre pléthorique, et à l’abondance de littérature sur le sujet, l’apprenti communicateur a de quoi se sentir perdu. « Cela reste souvent théorique, sans lien direct avec leur quotidien, soutient Mme Cormier, pour qui les ouvrages ne sont pas non plus la panacée. C’est comme lire un livre sur la natation et croire que cela va améliorer sa pratique… » La Pr Laberge recommande de choisir, idéalement, un formateur qui connaît le milieu de l’ingé nierie et de se méfier des recettes miracles. « La communication, c’est un domaine par nature systémique », insiste-t-elle. Solange Cormier, consultante en communication. • Renée-Pascale Laberge, professeure au département de mathématiques et de génie industriel de Polytechnique, consultante et coach en entreprise. POUR ALLER PLUS LOIN Le site personnel de Solange Cormier > www.solangecormier.com Le site d’enseignement de la Pr Renée-Pascale Laberge > www.hpr.polymtl.ca ADOPTEZ LE BON TON AVEC LES MÉDIAS Télé, radio ou conférence de presse… Face aux médias, mieux vaut soigner la forme pour ne pas toucher le fond. Entrevue avec Jacques Marsan, coach privé en radio et en télévision qui aide depuis près de vingt ans à trouver la bonne voix. Avec le sourire ? Oui, à la radio comme à la télévision, il faut commencer une entrevue avec le sourire. On ne se trompe pas lorsque l’on parle de sourire dans la voix : cela s’entend ! C’est l’oc casion d’avoir un capital de sympathie en début d’entrevue. Comment réussir à passer son message particulier ? Servez-vous d’une de vos réponses pour aller plus loin et élaborer sur le point que vous souhaitez aborder. Quelle est la clé d’un passage en ondes ? L’intervieweur va vous suivre, du moins un certain temps. La livraison, c’est la clé. On peut parfaitement maîtriser L’important, c’est d’avoir à l’esprit les infos que l’on son sujet, si l’on n’a pas une bonne élocution, le débit veut transmettre. et l’expression corporelle, on risque fort de passer à côté. On ne réussira pas à capter l’attention des spectateurs Avez-vous un remède contre le trac ? et notre message perdra de sa force. Malheureusement, Le stress, c’est une question de perception. Dédramatisez ! cet aspect est relativement peu travaillé, contrairement au Il n’y a rien d’officiel. Une interview reste une conversation, message lui-même. pas un interrogatoire. Remettez les choses dans leur contexte et tout ira mieux. À quoi faut-il faire particulièrement attention ? À son débit. Et c’est d’autant plus compliqué que lorsque Comment se prépare-t-on ? l’on passe en ondes peu souvent, on est nerveux, ce qui C’est un entraînement qui passe beaucoup par de la répé tend à naturellement l’accélérer. Prenez le temps de dire tition. L’idéal, c’est d’effectuer des simulations afin de ce que vous avez à dire. Ralentissez pour que vos mots pouvoir s’écouter et prendre conscience de ses défauts aient de l’impact. Il ne faut surtout pas avoir peur des pour les ajuster. silences. Surtout, ne vous précipitez pas pour répondre à une question, attendez une ou deux secondes pour que > http://jacquesmarsan.com vos idées se mettent en place. Enfin, mordez dans les mots, il faut ar-ti-cu-ler. Jacques Marsan, coach privé en radio et télévision. DOSSIER imagine 19 COMMUNIQUER EN TEMPS DE CRISE PAR GUI LL AUME JOUSSET DOSSIER réseau des ingénieurs du québec 20 : « Sous une apparence technologique, les médias sociaux s’apparentent simplement à des relations publiques assez classiques. Il ne faut pas tenter d’imposer ses vues, car c’est avant tout une entreprise de médiation avec des gens qui s’intéressent à nous. » Guy Versailles des années sont nécessaires pour construire l’image d’une entreprise, quelques déclarations maladroites suffisent pour la ruiner. bref, en temps de crise, on pèse chacun de nos mots… Nathalie de MarcellisWarin, professeure à Polytechnique, spécialiste de la gestion des risques et de la prise de décision. Guy Versailles, spécialiste de la gestion de crise. L’erreur est humaine… Mais mal gérer une crise, c’est plus qu’une erreur. Que faire lorsque notre entreprise ou notre travail est mis en défaut ? Jouer la franchise ou faire l’autruche ? Aussi subtile que difficile, la communication de crise permet de se sortir la tête haute des pires situations. « Même si une crise entraîne toujours une perte, celle-ci peut être consolidée, voire dépassée. Ainsi, Johnson & Johnson a eu à faire face à une crise majeure lorsqu’un individu a mis du cyanure dans certaines bouteilles de Tylenol. Grâce à une communication empathique, très réactive, l’entreprise a retrouvé rapidement son niveau d’avant-crise et l’a même amélioré », rappelle Nathalie de Marcellis-Warin, professeure à Polytechnique Montréal dont l’une des spécialités est la gestion des risques et la prise de décision dans des contextes d’incertitude non mesurable. L’inverse, c’est-à-dire une mauvaise gestion de sa communication, provoque souvent un échec retentissant qui ne sera pas sans conséquences, souvent dramatiques, pour l’entreprise. « La catastrophe de l’Exxon Valdez, en 1989, est encore un boulet pour l’image de l’entreprise », note Guy Versailles, spécialiste de la gestion de crise et fondateur de Versaillescom.com1. En plus de cette préparation, un énorme atout pour qu’une entreprise ne soit pas prise au dépourvu est de communiquer régulièrement en temps normal. « Si l’entreprise est déjà en relation avec les médias, un capital de confiance existe, lui offrant ainsi le bénéfice du doute », assure M. Versailles. Les ingénieurs en première ligne Ne croyez pas que cela ne concerne que les autres. L’ingénieur est au cœur de la communication de crise, de par son statut tout d’abord, qui lui confère de nombreu ses obligations vis-à-vis d’un public qui ne manquera pas de lui demander des comptes. Surtout, nombre d’ingénieurs sont des gestionnaires ou des chefs d’entreprise qui se retrouvent en première ligne lorsque survient une crise. « Les ingénieurs auront en la matière un rôle plus important à Se préparer en amont jouer qu’auparavant, notamment parce En temps de crise, la tension et la confusion risquent fort de qu’avec les médias sociaux, chaque pousser l’entreprise à la faute. « L’objectif principal de la com- individu est potentiellement amené munication de crise, c’est de rassurer les gens, de leur mon- à se retrouver au cœur d’une commutrer que l’on contrôle la situation et que tout va rapidement nication », affirme Mme de Marcelliss’arranger », explique M. Versailles. Mieux vaut donc être Warin. Surtout, l’un des principaux prêt ! La communication de crise doit reposer sur des straté- secteurs d’intervention des ingénieurs gies définies à l’avance pour éviter d’avoir à réagir à chaud, est au cœur des préoccupations du public d’après le dernier baromètre Cirano2. « La dernière étude sur les risques perçus avec tous les risques que cela implique. « L’immense majorité des crises étaient prévisibles par les Québécois montre que, collectivement, ce sont les inet pouvaient donc être intégrées dans un plan d’urgence », frastructures de transport qui leur font le plus peur… Un sujet ajoute le spécialiste, pour qui cela présente aussi l’immense sur lequel les ingénieurs sont en pointe. » Et la Pr de Marcellisavantage de mobiliser efficacement les équipes, qu’elles soient Warin de regretter le manque de préparation des ingénieurs sur le terrain ou dans les bureaux. En effet, un plan d’urgence à faire face à une crise. En effet, les ingénieurs appelés à comrépertoriera tous les risques auxquels l’entreprise peut être muniquer dans un tel contexte risquent souvent de multiplier confrontée, même les plus inattendus, sans pour autant aller les explications techniques pour justifier leur position. Effort jusqu’à l’écrasement d’une météorite ! Ce document détaille louable, mais inefficace, voire contreproductif… précisément, pour chaque menace, la manière de réagir, tant « Il y a quelques années, un gaz avait été introduit sur le terrain qu’en matière de communication. Encore faut- dans certaines bouteilles de l’entreprise Perrier. Mandaté auil en conserver des copies dans plusieurs endroits sécurisés : près des médias, un de ses ingénieurs a développé une arguil risque de perdre de son utilité s’il se trouve uniquement mentation très technique pour expliquer qu’il n’y avait aucun dans le bureau du directeur et que ce bureau passe au feu… risque, au lieu de simplement dire qu’il faudrait en boire deux imagine camions-citernes pour être malade. Il était compétent, mais le public a commencé à douter de la marque, laissant Perrier avec une perte d’un tiers de son chiffre d’affaires et une place jamais retrouvée », rappelle-t-elle. À l’ère des TI Pour compliquer le tout, les TI font désormais partie intégrante du paysage. Certes, il existe des outils comme des sites de secours, des règles et des stratégies, une préparation, comme savoir qui sera le porte-parole… « Le problème, c’est que l’on ne maîtrise pas toute l’information avec l’internet, c’est un vrai défi », constate la Pr de Marcellis-Warin. Il y a toutefois un paradoxe, comme le souligne M. Versailles : « Sous une apparence technologique, les médias sociaux s’apparentent simplement à des relations publiques assez classiques. Il ne faut pas tenter d’imposer ses vues, car c’est avant tout une entreprise de médiation avec des gens qui s’intéressent à nous. » Encore une fois, la présence et l’habitude de l’entreprise à utiliser ces nouveaux moyens de communication s’avéreront fondamentales pour en faire un bon usage, le jour venu. 1 versaillescom.com 2 cirano.qc.ca • 21 LES ASTUCES D’UNE COMMUNICATION DE CRISE RÉUSSIE Loin des recettes toutes faites, la communication de crise est une démarche personnalisée. Toutefois, quelques grands principes s’imposent : Gardez la main Ne laissez pas à d’autres le soin de vous définir. Même si vous communiquez bien avec les médias ou les internautes, ne leur abdiquez pas votre devoir d’information auprès de vos différents publics en restant proactif. Attention aux médias La vraie crise commence dès qu’ils s’emparent de votre histoire. À moins qu’un météorite percute la Terre et ne détourne leur attention, vous n’y échapperez pas. Ils vont chercher des responsables et pointer du doigt toutes les mauvaises décisions de l’entreprise et de ses dirigeants. Tant qu’ils ne sont pas là, vous disposez d’une plus grande liberté de manœuvre. Mieux vaut donc être proactif et annoncer vous-même les couleurs ! Après tout, faute avouée est à demi pardonnée. Communiquez avec vos employés Ils sont vos meilleurs comme vos pires ambassadeurs. Il est donc très important de s’adresser à eux pour leur expliquer en détail la situation et leur donner quelques consignes élémentaires. « D’autant plus que c’est leur travail qui va permettre de régler la situation de crise à laquelle l’entreprise doit faire face », rappelle M. Versailles. Évitez le pire Ne défendez jamais l’indéfendable, sinon vous creuserez votre tombe. L’information finit toujours par sortir. « Ne verrouillez pas non plus toutes les écoutilles en espérant que l’orage va passer », recommande M. Versailles. Ce réflexe de repli sur soi, tout à fait normal, est à proscrire dans le cadre d’une communication de crise. L’attitude, ça compte Elle est aussi importante que le message que l’on veut faire passer dans les premiers temps de la crise, d’après M. Versailles. « Il faut absolument maîtriser son attitude et projeter du calme, car sinon les gens douteront de ce que vous affirmez. Et la crédibilité est l’une des clés de la résolution de crise. » POUR ALLER PLUS LOIN Pour en savoir plus sur les risques et leur perception : Perception des risques au Québec – Baromètre CIRANO 2012 de Nathalie de Marcellis-Warin et Ingrid Peignier > www.cirano.qc.ca/publications_detail. php?lang=fr&id=2012MO-02 Multipliez les canaux de communication Si le courant ne fonctionne plus, votre site Internet de secours ne vous servira à rien. Les moyens traditionnels comme les haut-parleurs ne doivent pas être sous-estimés pour s’adresser à ses employés. Surtout, n’oubliez pas de prévenir le standard et l’accueil de la situation et fournissez-leur des consignes sur ce qu’ils doivent répondre aux différents interlocuteurs. 22 réseau des ingénieurs du québec DÉFI POUR DONNER VIE À VOS IDÉES LES FAB LABS PAR GUI LL AUME JOUSSET ateliers communautaires et branchés, les fab labs combinent quelques machines numériques, beaucoup de débrouillardise et une philosophie héritée de l’open source. bienvenue sur le nouveau terrain de jeu des ingénieux. Des câbles, des outils de soudure, une imprimante 3D, des machines à découpe laser, des plans sur ordinateurs… Vous n’êtes pas dans la division R ET D d’une entreprise, mais dans un Fab Lab, un laboratoire de fabrication numérique partagé. D’ailleurs, How to make (almost) everything n’est pas la devise des Fab Labs, mais le titre d’un module de formation du MIT (Massachusetts Institute of Technology) offert en 2001 par Neil Gershenfeld. Considéré comme le père de ces ateliers, ce dernier propose à ses étudiants d’utiliser librement les différentes machines à commandes numériques du laboratoire du Center for Bits and Atoms. Depuis, le mouvement a pris de l’ampleur. Près d’une centaine de Fab Labs existent désormais à travers le monde, de l’Afghanistan à l’Afrique du Sud en passant par l’Europe. Bricoleurs du XXIe siècle Un Fab Lab est un atelier communautaire équipé de machines-outils à commandes numériques qui met à la disposition de tous des compétences et des ressources issues du Fab Lab ou du réseau virtuel des Fab Labs. Tout le monde y est le bienvenu : des étudiants aux desi gners, des artistes aux bricoleurs… « Ce sont, par définition, des lieux ouverts à tous ceux désireux d’utiliser leurs machines pour monter leurs projets ou enrichir leurs connaissances pratiques », explique Guillaume Coulombe, cofondateur de Fab Lab Québec, en gestation depuis 2010. « On y croise beaucoup d’ingénieurs. Ils rêvaient de faire de l’aéronautique et se retrouvent à travailler uniquement sur le boulon d’une aile. Le Lab leur offre l’occasion de porter un projet de A à Z et de retrouver du plaisir », imagine 23 LA REINE DES FAB LABS Presque un objet de science-fiction, l’imprimante 3D permet de créer sous vos yeux un objet réel à partir d’un fichier informatique. Si l’effet est magique, le principe est proche d’une imprimante classique : l’objet virtuel est découpé en tranches de colle plastique chauffée qui sont déposées et solidifiées, couche après couche. L’empilement crée le volume. Les buses qui déposent la colle sont d’ailleurs identiques à celles des imprimantes standards. Réservées jusqu’à présent à des ateliers spécialisés, les imprimantes 3D sont désormais accessibles au commun des mortels, puisqu’on en trouve sur le marché pour moins de 500 $. Le Net est également un trésor pour tous ceux qui souhai tent trouver gratuitement des plans d’objets à fabriquer1, des logiciels pour faire tourner ces imprimantes ou même des plans pour les monter en kit. 1 affirme le Français Fabien Eychenne, chef de projet à la Fondation Internet Nouvelle Génération (FING) qui suit de près cette tendance. Selon lui, les Fab Labs sont aussi une manière pour une génération baignée dans le virtuel de se remettre les mains dans le concret. « L’écran est devenu trop étroit pour leurs projets », résume-t-il. Neil Gershenfeld, l’un des scientifiques les plus innovateurs d’Amérique, cofon dateur et directeur du Center for Bits and Atoms du MIT. Guillaume Coulombe, confondateur de Fab Lab Québec, en gestation depuis 2010. Le partage pour principe Au-delà d’un simple atelier dédié au prototypage rapide, les Fab Labs sont avant tout des lieux consacrés à la créativité où règne l’esprit de partage, d’innovation et de gratuité que l’on trouve sur Internet. « Un Fab Lab, c’est plus qu’une place pour bidouiller, c’est un lieu de cohésion sociale qui valorise le partage de compétences », explique M. Coulombe, qui a ainsi appris le dessin vectoriel et la découpe laser pour effectuer un support de guitare en échange du partage en ligne de ses plans sous licence Creative Commons. Un partage qui s’étend bien au-delà des murs des Fab Labs, puisque l’un de leurs fondements est l’utilisation et la diffusion de contenus libres de droits. « La plupart exigent de leurs participants qu’ils documentent, voire diffusent, sous licence libre, les projets qui y sont réalisés afin d’être réutilisés et de favoriser l’échange de connaissances », affirme M. Eychenne, pour qui la pierre angulaire du Fab Lab réside dans son ouverture, sur le Net comme sur les gens. Derrière la fascination qu’exercent les Fab Labs pointe aussi ce refus de ces objets que l’on ne peut ni réparer ni modifier. « Plus on avance dans le temps et plus la technologie est fermée. Voyez comme il est compliqué d’ouvrir un iPhone… Cela génère un contrecourant qui veut démonter, comprendre, ouvrir », affirme Marc-Olivier Ducharme, agent de communication et animateur à l’échoFab à Montréal, le seul Fab Lab canadien (voir encadré). www.thingiverse.com Des lieux de créativité protéiformes Dessiner un prototype, réparer des objets, monter un projet artistique… Les applications issues des Fab Labs ne manquent pas, certaines plus spectaculaires que d’autres. « Prenez la Fab Lab House réalisée à Barcelone. À part les panneaux solaires, tout a été conçu dans l’atelier », se réjouit M. Eychenne. Dans les pays du Sud, où la récupération est déjà une culture, les Fab Labs offrent une solution de rechange au manque de moyens. Le Fab Lab du Ghana a ainsi créé des machines alimentées par des cellules solaires pour faire la cuisine sans bois, une denrée rare dans ce pays. « C’est ça qui est génial : il y a déjà une réappropriation des Fab Labs qui se développent en intégrant les problématiques locales des territoires qui les accueillent », constate M. Eychenne. Un enjeu industriel ? À ce jour, les Fab Labs sont encore incapables de vivre sans financement. « Certains proposent de la formation ou de l’accompagnement d’entreprises, comme c’est le cas du Fab Lab de Manchester, mais cela reste anecdotique », reconnaît M. Eychenne. Ils se cherchent encore un modèle d’affaires qui pourrait passer par des liens resserrés avec les PME et les industriels. Dans un rapport commandé par le NESTA (un centre de recherche britannique dédié à l’innovation), le chercheur Von Hippel a montré qu’il y aurait aujourd’hui deux à trois fois plus d’innovations de la part des consommateurs qu’il n’y en a dans l’industrie. Comptons sur cette dernière pour ne pas attendre longtemps avant d’exploiter les opportunités offertes par les Fab Labs. Le salut pourrait aussi venir de partenariats avec le monde de l’enseignement, comme le projet de Fab Lab qui se développe sur le campus de Saclay en France. Rien de plus naturel, après en être issue et avoir fait école, que l’initiative Fab Lab puisse y revenir. • réseau des ingénieurs du québec Photos Emiliano Bazan 24 L’échoFab, le premier et unique Fab Lab au Canada (pour l’instant du moins). Pour tout savoir sur l’échoFab et venir aux portes ouvertes > echofab.org ÉchoFab UN PROTOTYPE UNIQUE Seul exemplaire de Fab Lab au Canada, l’échoFab est une expérience vivante de ce à quoi pourrait ressembler un Fab Lab au Québec. Rencontre avec ses artisans. Marc-Olivier Ducharme, agent de communication et animateur de l’échoFab, un prototype de Fab Lab. Emmanuelle Raynauld, technicienne, artiste et animatrice de l’échoFab. À quelques pas de la station Crémazie, à Montréal, se trouve le premier et toujours unique Fab Lab canadien. Né au printemps 2011, l’échoFab est, comme aime à le définir Marc-Olivier Ducharme, agent de communication et animateur du Lab, un prototype de Fab Lab. « L’échoFab est né de nos discussions au sein de Communautique, un OBNL communautaire, pour avoir un Lab de quartier et voir comment il s’intégrerait dans une ville. » Une décision qui se situe dans la ligne droite des missions de Communautique, impliquée dans l’appropriation et l’apprentissage des TIC par les gens qui y ont peu ou pas accès. « Tout comme au début de l’internet, quand les gens se rendaient dans des Web cafés pour apprendre à utiliser un courriel, les Fab Labs aident les gens à s’approprier la technologie. » Je t’apprends, tu m’apprends… Actuellement, huit personnes viennent régulièrement travailler dans les locaux de l’échoFab, qui ont déjà doublé de taille. Programmeur, artiste médiatique, designer graphique, technicien en électronique… Leurs démarches sont aussi diverses que leurs formations générales. Le mélange des compétences est loin de n’être qu’un concept. « On échange des tutoriels, des listes de fournisseurs de matériel spécialisé et bien sûr des conseils et des compétences », explique Emmanuelle Raynauld, technicienne, artiste et animatrice du Lab. Elle prête volontiers ses compétences en mécanique en profitant du savoir-faire des participants en programmation. Leur atelier communautaire est ouvert, dans le quartier comme sur le Net. « Pas de Fab Lab sans Internet, indispensable pour échanger des informations. On diffuse tout en open source. Après, il appartient aux développeurs qui viennent travailler ici de choisir le type de licence qu’ils souhaitent accoler à leurs projets. La seule chose que nous leur demandons, c’est de les documenter, d’expliquer comment ils y sont arrivés et de le diffuser », affirme M. Ducharme. Nouveaux horizons Certains veulent prototyper leurs projets, d’autres cons truire leur propre imprimante 3D, comme l’échoFab, qui s’en construit une seconde en usinant une partie des pièces… avec leur imprimante 3D. En plus de réparer ou de réaliser leurs propres outils, les membres du Lab proposent des cours d’électronique de base quand ils ne montent pas leurs propres projets, comme un système d’irrigation de balcon. En 2013, l’échoFab va déménager. « Cela aura nécessairement un impact sur nos orientations. On se cherche un modèle d’affaires », reconnaît M. Ducharme, qui espère également que l’échoFab suscitera d’autres initiatives en ayant de l’écho dans le pays. LA COURSE AU RENDEMENT LES INGÉNIEURS SONT-ILS DE MEILLEURS PILOTES QUE LES AUTRES INVESTISSEURS ? Voyez, chiffres à l’appui, comment l’investisseur moyen des Fonds FÉRIQUE se démarque par rapport aux autres investisseurs dans la gestion de ses placements. Disponible en ligne à l’adresse suivante : www.ferique.com/courseaurendement Les Fonds FÉRIQUE : il y a un peu de génie là-dedans. 1-800-291-0337 * Note : un placement dans un organisme de placement collectif peut donner lieu à des frais de gestion et d’autres frais. Les ratios de frais de gestion varient d’une année à l’autre. Veuillez lire le prospectus avant d’effectuer un placement. Les organismes de placement collectif ne sont pas garantis, leur valeur fluctue souvent et leur rendement passé n’est pas indicatif de leur rendement futur. Les Fonds FÉRIQUE sont distribués par Placements Banque Nationale inc., à titre de Placeur principal, et par Services d’investissement FÉRIQUE. Les Fonds FÉRIQUE payent des frais de gestion à Gestion FÉRIQUE lui permettant d’assumer les frais de conseillers en valeurs, de mise en marché et de distribution des Fonds FÉRIQUE ainsi que les frais d’administration du gérant des Fonds FÉRIQUE. Chaque Fonds FÉRIQUE assume ses propres frais d’exploitation. Les Fonds FÉRIQUE sont sans commission lorsqu’un porteur de parts souscrit par l’entremise de Placements Banque Nationale inc. ou de Services d’investissement FÉRIQUE; certains frais de courtage pourraient toutefois être exigibles si la souscription se fait par l’entremise d’un courtier indépendant. PROFIL imagine 27 LE RÉSEAU DES INGÉNIEURS DU QUÉBEC POUR UN XXIE SIÈCLE DE GÉNIE ! PAR CL AUDIA L AROCH ELLE PROFIL 28 réseau des ingénieurs du québec tous les ingénieurs se souviennent bien du fameux bogue de l’an 2000, qui les a obligés à revérifier algorithmes et programmes, au cas où. on se souvient peut-être moins qu’au même moment, à la suite d’une décision de l’ordre des ingénieurs de se recentrer sur sa mission première d’assurer la protection du public, ces mêmes ingénieurs travaillaient également à la création d’une corporation professionnelle destinée à veiller sur leurs intérêts. Cette corporation a vu le jour en 2002, sous le nom de SERVIQ (Corporation de services des ingénieurs du Québec), nom qu’elle a porté jusqu’en 2006 pour devenir alors le Réseau des ingénieurs du Québec, comme ses quelque 62 000 membres répartis partout au Québec la connaissent aujourd’hui. Tous les ingénieurs québécois sont alors devenus automatiquement membres du Réseau. Mais ce changement de nom n’était pas qu’esthé tique. Il coïncidait avec un élargissement de la mission de la Corporation, qui ajoutait à la gamme de services déjà offerts la promotion des intérêts des ingénieurs et leurs représentations publiques sur des enjeux majeurs de la société. ETIENNE COUTURE, ING. C’est au collège Ahuntsic, dans un cours de physique mécanique donné par une passionnée en la matière, qu’Etienne Couture a eu envie de devenir ingénieur. Il étudiait alors en sciences pures et n’était certain que d’une chose : son futur devait concilier sa profession et la natation, une discipline sportive dans laquelle il excellait (à tel point qu’il a participé deux fois aux essais olympiques !). C’est ainsi que, quelques mois plus tard, son diplôme d’études collégiales en poche, l’étudiant-athlète originaire de l’Estrie amorce un baccalauréat en génie mécanique, avec une spécialité en aérospatiale, à l’Université Laval, tout en devenant capitaine du Rouge et Or en natation. Au même moment, l’étudiant participe au démarrage d’une vaste campagne de raccompagnement qui allait vite faire jaser dans toute la province : l’Opération Nez-rouge. S’impliquer dans des projets et se dépasser tout en encourageant la performance et le potentiel des autres : le leadership est déjà bien ancré en lui. Etienne Couture obtient son diplôme en 1993 et travaille d’abord comme ingénieur puis, comme c’est encore le cas, à titre de spécialiste reconnu de la performance à la tête de la firme EC3-Coach.com, qu’il a fondée en 1999. Déjà impliqué socialement, le jeune ingénieur a aussi envie de s’engager dans son milieu de travail, de prendre part aux changements et d’être au cœur de l’action. En 2003, il se porte volontaire pour s’impliquer dans le conseil d’administration de la SERVIQ, dont il a Quand on voit aujourd’hui tous les défis que connaissent les professionnels du génie quant à leur réputation, on comprend à quel point il était important de se doter d’une corporation pouvant contribuer directement à redonner ses lettres de noblesse au génie québécois. Une ingénieuse référence Les premières activités de la Corporation se sont concentrées sur l’établissement d’une gamme de services allant des avantages commerciaux aux programmes liés à la carrière. La conception et la négociation de programmes et de services avec de nombreux partenaires commerciaux se sont par la suite multipliées. été membre du comité exécutif pendant huit mandats, deux en tant que trésorier et deux autres en tant que viceprésident, avant de devenir président, de 2006 à 2009, puis de 2011 à aujourd’hui. Maintenant âgé de 44 ans, ce père de deux enfants est aussi le plus jeune membre élu président de la corporation. Faire consensus Etienne Couture traverse ce second mandat avec un désir : que tous les membres trouvent satisfaction au sein du Réseau des ingénieurs. « Mon travail consiste entre autres à soupeser et à promouvoir l’ensemble des intérêts des ingénieurs, même ceux qui n’évoluent pas du tout dans les mêmes spécialités. Le Réseau regroupe autant des ingénieurs en environnement que des ingénieurs en… nucléaire ! Il faut trouver ce qui les unit, dans leur intérêt commun. » Sa motivation, Etienne Couture la puise dans l’essor de la reconnaissance sociale des membres du Réseau. Il adore le contact avec les ingénieurs et il aime encore plus le fait que la profession se trouve à la croisée des chemins dans un monde façonné par les changements technologiques. Un défi des plus excitants pour des ingénieurs passionnés qui ont le vent dans les voiles ! imagine Le Réseau est alors devenu un incontournable pour tous les acteurs du monde du génie en matière d’emploi et de formation. Avant 2002, comme l’explique l’actuel président du Réseau, Etienne Couture, ing., les avantages étaient offerts par l’Ordre des ingénieurs, mais « rapidement, après le transfert, le Réseau s’est établi comme étant une référence indispensable pour les ingénieurs ». Entre 2003 et 2007, le développement des services pour les ingénieurs a pris de l’ampleur, à tel point que le Réseau a pu lancer son magazine IMAGINE, qui entre aujourd’hui dans sa cinquième année et que tous les ingénieurs apprécient, tant pour le dynamisme et la pertinence de son contenu que pour la qualité de sa présentation. Comme toute corporation, le Réseau a dû aussi faire face à des défis de taille, entre autres la fin prématurée d’un partenariat important sur le plan des services financiers. Ce type de soubresauts a néanmoins permis au Réseau de revoir son modèle d’affaires afin d’éviter que l’expérience ne se reproduise. Aujourd’hui, la corporation a retrouvé son équilibre budgétaire et la suite s’annonce brillante. Une équipe solide Réélu à la présidence du Réseau l’an dernier, alors qu’il avait déjà occupé cette fonction de 2006 à 2009, Etienne Couture est entouré cette année d’une solide équipe élue 29 par les membres selon le suffrage universel : Yves Lavoie, ing. (vice-président), David Rioux, ing. (trésorier), Louis Cloutier, ing. (secrétaire), Karine Bénazera, ing., Robert Carrière, ing., Nathalie Gannon, ing., Berg Hovsepyan, ing., Michèle Raymon, ing., et Isabelle Rivard, ing. La durée de leurs fonctions est de deux ans, mais la moitié des sièges reviennent chaque année en élection. « Un réseau ainsi organisé et doté d’une telle mission est un fait unique au sein des professionnels québécois et canadiens, explique M. Couture. On trouve en Ontario une organisation similaire pour les ingénieurs, mais ses réalisations et son fonctionnement sont bien différents. Même aux États-Unis, aucune organisation ne regroupe autant de membres avec autant de bénéfices tout en assurant la gratuité de la cotisation. » « D’un autre côté, dans plusieurs pays d’Europe, en France par exemple, les ingénieurs jouissent d’une réputation nettement supérieure, précise Etienne Couture. Là-bas, un ingénieur du même calibre qu’un ingénieur québécois a droit à une notoriété et à une reconnaissance plus importantes que chez nous. On a donc du travail à faire pour atteindre ce même niveau. » C’est pour cette raison que l’une des premières missions du Réseau est la valorisation de l’image publique de l’ingénieur, afin qu’il puisse obtenir les lettres de noblesse qui lui reviennent. « C’est peut-être parce que les ingénieurs sont généralement discrets si leur travail est aussi méconnu de la population en général. Pourtant leur contribution rejaillit partout : dans la téléphonie, les routes, les systèmes électroniques, les bâtiments, jusque dans la production des bancs sur lesquels on s’assoit ! » Avec un Québec qui se trouve devant des choix déterminants pour son avenir, d’un point de vue environnemental par exemple, les ingénieurs doivent souvent expliquer aux citoyens les avantages que représentent les barrages hydroélectriques ou les éoliennes. L’une des missions du Réseau est de promouvoir la prise de parole des ingénieurs qui doivent s’exprimer sur la place publique et d’offrir le soutien nécessaire pour que les ingénieurs soient aux premières loges des enjeux du monde actuel. Une relève de taille « Nos professionnels sont déjà bien en place dans leur milieu, souligne le président du Réseau, mais la profession reçoit en plus entre trois et quatre mille nouveaux diplômés chaque année au Québec. Pour nous, il est important qu’ils se sentent épaulés par le Réseau lorsqu’ils embrassent leur nouvelle carrière. » Au fil des ans, il y a de plus en plus de femmes parmi ces jeunes diplômés, mais pas assez : 12 % seulement au sein de la corporation. « C’est bien trop peu pour un secteur d’emploi qui a besoin de relève, tous sexes confondus !, insiste M. Couture. C’est un immense défi de recrutement. Nous tentons d’attirer les jeunes filles par différents moyens, nous allons les rencontrer dans les écoles par exemple, nous leur présentons des modèles, comme Julie Payette. Les femmes cherchent souvent à faire une différence concrète dans la société, mais savent-elles qu’une bonne partie des progrès en médecine est reliée aux technologies conçues par des ingénieurs ? Cette relève est trop importante pour qu’on la néglige. Après tout, ce sont elles aussi qui feront le monde de demain. » • ENTREVUE 30 réseau des ingénieurs du québec BRUNO GUGLIELMINETTI ON A TANT À PARTAGER PA R VA L É R I A N M A Z ATAU D dans les réseaux sociaux, comme dans la vie, c’est le gros bon sens qui prime, assure notre gourou québécois de l’internet, le très médiatique bruno guglielminetti. les nouvelles technologies de l’information promettent d’améliorer le partage de savoir au sein d’une entreprise et de s’adapter de plus en plus à nos besoins. à la charge des gestionnaires de ne pas se laisser envahir. Sur son site Internet, Bruno Guglielminetti est présenté comme un « voyageur au long cours des cyberocéans », rien de moins. La plupart des gens l’ont connu à travers plus de vingt ans de chroniques et de reportages sur les nouvelles technologies, de La Presse à Radio-Canada, en passant par Le Devoir. Aujourd’hui directeur de la communication numérique au sein du cabinet de relations publiques NATIONAL, il est régulièrement appelé à intervenir pour parler des médias sociaux. IMAGINE n’allait pas manquer l’occasion pour son numéro sur la communication. Les réseaux sociaux en entreprise représentent-ils une perte de temps ou un gain en efficacité ? Bien des gestionnaires peuvent voir ça comme une perte de temps. Cependant, il y a également énormément d’information. Ça peut être intéressant au moins d’écouter ce qui se dit, car beaucoup d’intelligence sur le plan de son entreprise peut y circuler, que ce soit des commentaires de salariés, de fournisseurs ou de concurrents. Deuxièmement, c’est important de savoir ce qu’y disent ses employés, pour voir s’ils sont des ambassadeurs ou si, au contraire, ils représentent un risque. imagine L’apport des réseaux sociaux au sein de l’entreprise reste donc difficile à quantifier ? Oui. Pour chaque étude sur les aspects positifs, il y a une étude qui va dire le contraire. De même, quand le téléphone est arrivé dans les bureaux, il y a des gens qui trouvaient que les employés perdaient leur temps. Dans un autre domaine, pour bien des employeurs, le temps passé à fumer est une perte de temps. Pourtant, la pause cigarette, c’était un moment de partage d’informations non officiel et non traditionnel, mais qui jouait un rôle. Alors, les réseaux sociaux ont leur place au sein d’un groupe, qu’il soit social ou professionnel. Alors, quelles sont les prochaines étapes ? On a fait beaucoup de chemin en matière de miniaturisation et les appareils sont de plus en plus multitâches. Après, il faut voir comment on va les adapter de plus en plus à notre vie, comment ces appareils vont prédire de plus en plus nos besoins par rapport au lieu. Les fonctions vont dépendre de la géolocalisation. Vous n’utilisez pas votre téléphone de la même manière si vous êtes au bureau, en voyage ou à la maison. Même chose pour l’ordinateur ou la tablette. Si on en vient à les rendre beaucoup plus intelligents et instinctifs, ils vont nous permettre d’être beaucoup plus productifs par rapport à la situation où on est. Ce sont certainement de bons outils pour le brassage d’idées et la synergie, et moins nocifs que la cigarette ? Effectivement, certaines compagnies ont adopté le modèle « Wiki », où l’idée est que chacun amène de l’information pour compléter celle de l’entreprise. C’est une formule utilisée dans bon nombre d’entreprises qui veulent partager le savoir-faire et l’expertise de leurs salariés. Ces entreprises s’assurent que les gens, une fois leur tâche effectuée, partagent ce qu’ils ont fait, appris, et les problèmes qu’ils ont éprouvés. Ensuite, cette information est partagée à travers tous les membres d’une équipe et tout le monde peut en bénéficier. N’y a-t-il pas un risque de saturer, de recevoir trop d’informations ? Il n’y a pas si longtemps, on pouvait s’abonner à toutes sortes de journaux, à un club de lecture, ou un club de disques. Avait-on le temps de tout lire ? Non. C’est la même chose sur Internet. Il y a énormément de sources d’information qui répondent au même besoin. Il y a toujours des gens qui seront compulsifs et qui auront peur de passer à côté de L’INFORMATION qui aurait fait la différence, et puis il y aura les autres qui vont s’abonner aux principales sources selon leurs besoins. Il revient donc à l’utilisateur de faire appel à ces technologies pour répondre à ses besoins et non pas de se laisser envahir par un tsunami d’informations. Il y a également dans les réseaux sociaux l’idée de briser les barrières, hiérarchiques ou physiques. Je dirais que la barrière hiérarchique est vraiment tombée au moment de la révolution du courrier électronique. Là, on pouvait envoyer un courriel au président, au directeur ou à un collègue d’une autre division, et ce, très rapidement. Aujourd’hui, on arrive avec des outils qui sont beaucoup plus flexibles, accessibles de partout et qui rentrent dans notre vie de tous les jours. Alors effectivement, de nouvelles barrières tombent. Il est d’ailleurs important d’y penser quand on publie quelque chose. Une solution pour éviter la perte de temps pourrait être de développer un réseau social privé à l’échelle d’une entreprise ou d’un corps de métier ? Oui, il existe maintenant des entreprises qui offrent des outils similaires à Google+ ou LinkedIn. L’idée, c’est d’avoir un réseau interne, l’équivalent d’un intranet sous la forme d’un réseau social. Un des grands leaders là-dedans, c’est IBM, qui a créé très rapidement un réseau interne qui regroupait des dizaines de milliers de gens à travers la planète. Tous y partageaient leurs connaissances et leur savoir-faire. Plus simplement, certaines sociétés peuvent se contenter de créer un groupe Facebook privé qui va être réservé aux employés. Photo JF Gratton 31 Assiste-t-on à une révolution des communications qui est en train de changer la société en profondeur, comme l’a fait la révolution industrielle du XVIIIIe siècle ? Les 28 ans et moins n’ont pas connu un monde sans Internet. On parle de deux générations de gens qui ont vécu dans un monde où, quand on a une idée, on clique sur un bouton et on l’envoie à l’autre bout de la planète. Aujourd’hui, on peut créer une entreprise avec quatre ou cinq personnes sur différents continents, et avec Skype, elles peuvent travailler ensemble 24 heures sur 24. Les réseaux sociaux, eux, ont changé la façon de communiquer, puisque maintenant, même le public peut diffuser ses opinions et exercer une pression sur les entreprises. Alors là, on est vraiment en train de changer certains paradigmes dans la communication. Après les problèmes de « réunionite » dans les entreprises où l’on fait trop de réunions, va-t-on assister à des problèmes « d’informatite », où l’on passe plus de temps à récolter de l’information qu’à l’utiliser ? Tout à fait, et certains en sont déjà atteints ! C’est aux organisations de trouver le bon ratio. Il faut évaluer de quelle quantité d’informations un secteur a besoin et la lui fournir, à raison d’une quantité donnée par semaine. À la charge des organisations de planifier la distribution de l’information et de monter une hiérarchie de communication adaptée à leur fonctionnement. Quel conseil pourriez-vous donner aux gestionnaires frileux pour les lancer ? Au début, la meilleure chose à faire est d’écouter, pas de participer. Par exemple, c’est juste d’aller sur Twitter et de chercher ce qui se dit sur son sujet d’intérêt à partir de mots-clics. Là, ils pourront évaluer si c’est de l’information pertinente pour leurs besoins. Ensuite, peutêtre voudront-ils passer à la deuxième étape, qui est de participer. • Bruno Guglielminetti, le gourou de l'internet québécois. SOCIÉTÉ 32 réseau des ingénieurs du québec LES TEXTILES INTELLIGENTS QUAND MON T-SHIRT PARLERA… Photo : Alena Jascanka PAR BRUNO GEOFFROY imagine 33 oubliez les révolutionnaires gore-tex, lycra et autre nylon, les fibres d’aujourd’hui sont plus qu’élastiques ou antisudorifiques : elles sont intelligentes. comme vous et moi. enfin presque. immersion dans le monde enchanteur de la fibre à la sauce ingénierie. allez, suivez le fil ! Pouls OK. Pression artérielle OK. Signes vitaux normaux. À distance, votre médecin analyse vos dernières constantes biologiques tout juste transmises par votre… tee-shirt. Une simple pièce de tissu capable d’établir une cartographie précise de votre métabolisme, qui l’aurait cru ? Sous l’étoffe, la fibre se raffine, elle devient technologique. Pour notre bien à tous. Demain, ce type de vêtement sera l’un des outils les plus appréciés de la télémédecine, un secteur où le tissu intelligent est promis à un avenir florissant. Ce n’est pas le seul. Sur le théâtre chaud des opérations militaires, certains textiles gardent leur sang-froid en toute occasion. Déployée discrètement en milieu hostile, une veste de combat haute technologie permet au soldat d’évoluer dans le désert dans un relatif confort thermique. Grâce à quoi ? À un matériau qui change de phase, pardi ! Sous le soleil, il devient liquide et absorbe la chaleur. Une énergie emmagasinée qu’il relargue une fois solide pour maintenir le combattant au chaud la nuit. Deux exemples comme les porte-étendards d’une génération encore adolescente. Signe des temps, les laboratoires occidentaux fourmillent de ces projets ambitieux. Reste qu’il va falloir investir massivement pour qu’ils atteignent le marché un jour. « Les pays développés n’ont pas le choix pour concurrencer les géants asiatiques. Nos ingénieurs vont devoir rivaliser de créativité pour commercialiser des technologies innovantes et mettre au point des procédés de production encore inconnus », dit Toan VuKhanh, titulaire de la Chaire de recherche en matériaux et équipements de protection en santé et sécurité du travail à l’École de technologie supérieure. L’intelligence se décline Comme l’explique Joanna Berzowska, professeure agrégée et titulaire de la Chaire de design et d’arts numériques de l’Université Concordia, la famille des « smart textiles » est constituée de deux branches principales : électronique et chimique. « Les tissus électroniques, que l’on peut faire interagir ou fonctionnaliser à souhait en y insérant des composants électroniques, et les fibres issues de la science des matériaux. Depuis plus d’une cinquantaine d’années, la chimie permet d’agir au niveau moléculaire pour conférer à la fibre des propriétés spécifiques : chauffantes ou antibactériennes par exemple. » Du côté des textiles électroniques, trois générations se côtoient sous un même toit. « Tout dépend du niveau d’intégration des composants électroniques dans le textile », confie Olivier Vermeersch, titulaire de la Chaire industrielle textile technique innovant au groupe CTT, un joueur de premier plan dans le développement des entreprises textiles québécoises. « Pour la première génération, vieille d’une petite dizaine d’années, on parle d’insertion d’électronique après la fabrication du vêtement : un iPod, un bouton… Tout peut être désassemblé avant le lavage. Actuellement, la seconde génération fait beaucoup mieux. Le textile est fabriqué dès le départ avec des fils conducteurs par exemple. En le couplant avec des composants électroniques, cela permet de donner une fonction au tissu : transfert de données, capteurs… », indique M. Vermeersch. Quant à la troisième génération, elle est encore cantonnée au stade de recherche et développement. « À terme, le but est de fonctionnaliser les fibres, qu’elles soient électroluminescentes ou photovoltaïques. C’est beaucoup plus complexe d’un point de vue des matériaux polymères », ajoute-t-il. Des applications tous azimuts Néanmoins, « la miniaturisation de l’électronique a permis de gros progrès, et l’acceptabilité sociale de ces technologies a considérablement progressé ces dix dernières années. À un point tel que la demande commence à se faire sentir au niveau des grandes compagnies. Par exemple, Philips investit beaucoup dans les tissus électroniques. Un jour, elle pourrait bien proposer une télécommande électronique brodée sur votre pantalon ou votre sofa », affirme Mme Berzowska. Et quand on dit textile, on ne vise pas que le domaine vestimentaire. D’autres niches se voient courtisées. Des rideaux lumineux le soir, cela vous tente ? Avec la troisième génération de textile, cela sera possible : les fils photovoltaïques absorberont l’énergie du soleil dans POUR ALLER PLUS LOIN Un t-shirt qui réagit aux mouvements, de la collection CuteCircuit Twirkle. Les cristaux intégrés au tissu étincellent à la lumière du jour et le soir, de petites DEL colorées scintillent selon les mouvements du corps, grâce à des capteurs incrustés dans le tissu. À parcourir Xslabs.net pour découvrir l’étonnant projet Karma Chameleon entrepris par Joanna Berzowska (Concordia) et Maksim Skorobogatiy (Polytechnique Montréal) À faire Introduction aux textiles intelligents Formation donnée le 13 septembre par le groupe CTT (Saint-Hyacinthe > www.gcttg.com) À écouter Short Skirt/Long Jacket de Cake (album Comfort Eagle) SOCIÉTÉ 34 réseau des ingénieurs du québec : « Les gens ont peur de mettre des vêtements électroniques alors qu’ils mettent des smartphones dans leur poche à longueur de journée. Étonnant, non ?» Toan Vu-Khanh, titulaire de la Chaire de recherche en matériaux et équipements de protection en santé et sécurité du travail à l’École de technologie supérieure. Joanna Berzowska Les baquets et les accoudoirs de la voiture concept Smart Provision (électrique) utilisent un textile intelligent qui réchauffe certains points stratégiques du corps, ce qui permet d’économiser sur le chauffage et d’accroître l’autonomie. la journée avant d’illuminer votre salon la nuit tombée. Une utilisation anecdotique par rapport à celle qui pourrait révolutionner l’intérieur de votre véhicule. Une équipe scientifique de l’École Polytechnique de Montréal menée par le professeur Maksim Skorobogatiy a mis au point une fibre textile, lavable, capable de reproduire l’expérience du téléphone intelligent en réagissant électriquement au toucher. Un simple glissement de doigts sur le tissu de votre siège commandera le volume de la radio par exemple. De grands constructeurs automobiles comme BMW et Volvo sont persuadés que ce type de commandes à surface tactile représente l’avenir. Mais c’est le secteur médical qui, le premier, fera côtoyer en premier les textiles intelligents et le grand public dans un environnement encadré (hôpitaux, cliniques). « À long terme, avec le vieillissement de la population, c’est inévitable. À l’aide de capteurs intégrés, le vêtement surveillera l’état de santé de la personne et pourra lui dispenser ses médicaments par libération contrôlée grâce à des microcapsules », précise M. Vu-Khanh. Science-fiction ? Si vous le pensez, accrochez-vous : des scientifiques européens développent actuellement des pansements d’un genre très spécial. Dotés d’une puce, ils peuvent en permanence pronostiquer une plaie et délivrer les médicaments pour la cicatriser. « Et que dire de l’uniforme du soldat du futur imaginé par la DARPA (agence du ministère américain de la Défense) ? Antibactérien, il se solidifiera autour du membre cassé du combattant, délivrera les médicaments tout en transmettant les données vitales au médecin chargé de le traiter », dit Mme Berzowska. Dans le secteur militaire, « on parle même d’un uniforme autosuffisant en énergie, capable de charger les batteries et d’alimenter les équipements électroniques du soldat », ajoute M. Vermeersch. Sur le plan de la protection personnelle, certaines équipes de recherche comme celle de M. Vu-Khanh travaillent sur des équipements pour les pompiers afin d’offrir aux professionnels une veste plus confortable et capable de surveiller leurs signes vitaux en temps réel. Le tout relié à une centrale évidemment. De quoi repérer rapidement un pompier en difficulté lors d’une intervention. Du fil à retordre Reste que pour en arriver à ce niveau de performance, il va falloir « intégrer des circuits dans des tissus souples et penser dès le design au désassemblage et au recyclage de ces nouveaux textiles. Voilà tout un défi à relever pour les ingénieurs ! », confie Joanna Berzowska. Selon M. Vu-Khanh, « stabiliser les propriétés de ces matériaux poussés à l’extrême et les rendre durables est aussi une contrainte importante à prendre en compte dans les cahiers des charges ». Quant à « rendre des composants électroniques résistants aux conditions d’entretien actuelles, ce n’est pas une mince affaire », indique M. Vermeersch. Sans parler des nouveaux outils de production capables de déposer l’électronique sur des supports flexibles et des compétences de la main-d’œuvre qu’il va falloir développer, ajoute-t-il. Si les difficultés sont aujourd’hui majoritairement d’ordre technique, des réticences demeurent en ce qui concerne les utilisateurs. « Les gens ont peur de mettre des vêtements électroniques alors qu’ils mettent des smartphones dans leur poche à longueur de journée. Étonnant, non ? », conclut Mme Berzowska. • Joanna Berzowska, professeure agrégée et titulaire de la Chaire de design et d’arts numériques de l’Université Concordia. Olivier Vermeersch, titulaire de la Chaire industrielle textile technique innovant au groupe CTT. imagine L’ÈRE DU FINANCEMENT PARTICIPATIF PAR M AXIME JOH NSON TECHNO le financement participatif — crowdfunding, en anglais — est sur toutes les tribunes depuis l’explosion des sites comme kickstarter aux états-unis. après les médias, la musique et les communications, est-ce que le financement des entreprises en démarrage sera le prochain secteur transformé à jamais par internet ? 35 TECHNO 36 réseau des ingénieurs du québec Le fonctionnement de Kickstarter est simple : une entreprise en démarrage qui souhaite obtenir du financement offre la possibilité aux internautes de lui faire des dons, en échange d’un cadeau, souvent un produit qui sera plus tard mis en marché grâce au financement obtenu. Un fonctionnement simple, certes, mais aussi efficace. Aux États-Unis, l’entreprise Pebble a notamment obtenu 10 millions de dollars de cette façon pour financer la création d’une montre intelligente. Au Québec, le magazine Nouveau Projet a été le premier projet financé sur Kickstarter, en échange d’abonnements, de numéros gratuits et d’invitations à son party de lancement. « J’avais exploré plusieurs sources de financement, et Kickstarter m’a semblé correspondre le mieux à nos besoins. C’était simple et ça pouvait être payant », explique Nicolas Langelier, éditeur et rédacteur en chef du magazine qui a publié son premier numéro plus tôt cette année. Son intuition a visiblement été juste, puisqu’il n’a fallu à Nouveau Projet que 24 heures pour atteindre son objectif de financement initial de 10 000 $, et que le magazine a finalement amassé plus de 25 000 $. « Ça a été fantastique pour l’argent, mais aussi pour la visibilité que ça nous a donnée, notamment dans les médias », croit Nicolas Langelier. « Si vous êtes une entreprise qui produit quelque chose pour les consommateurs, il s’agit d’un moyen de financement parfait. Il n’y a aucun véritable désavantage, mais les avantages, eux, sont nombreux », opine également Randy Smerik, un investisseur providentiel qui conseille souvent les entreprises en démarrage dans leur financement. « Évidemment, ce ne sont pas toutes les compagnies qui devraient profiter du financement participatif. Celles qui ne touchent pas les consommateurs risquent par exemple de ne pas atteindre leur objectif. Si vous travaillez sur quelque chose de secret, en parler en public sur Internet avant que ce soit prêt n’est probablement pas une bonne idée non plus », ajoute Randy Smerik. Le financement participatif au Québec Les exemples québécois de financement participatif sont encore rares, notamment parce que la plateforme la plus importante de crowdfunding, Kickstarter, exige entre autres de détenir un compte bancaire américain pour s’inscrire. Heureusement, des options locales existent, comme Haricot.ca et Fundo.ca, un site lancé cet été. « L’idée de Fundo.ca est venue il y a plus d’un an et demi. J’ai beaucoup d’amis entrepreneurs pour qui le financement de leur entreprise a été très difficile, et le financement participatif m’apparaissait comme une opportunité, une façon de financer ses projets sans prendre de risque », se rappelle Maxime Lévesque, un des deux cofondateurs de Fundo.ca. Il est bien sûr plus facile pour un Québécois de s’inscrire sur Fundo.ca que sur Kickstarter, mais selon Maxime Lévesque, sa plateforme offre aussi plusieurs autres avantages sur le géant américain. « On offre une valeur ajoutée, soutient le cofondateur du site. On aide de près les entreprises qui collaborent avec nous, on les met en relation avec des ressources complémentaires, on les aide sur le plan de la mise en marché, etc. On offre un service personnalisé que les gros joueurs ne pourraient pas offrir », souligne-t-il. Même si les projets présentés sur Fundo.ca proviennent tous du Québec pour l’instant, Maxime Lévesque avoue que sa compagnie a des visées plus grandes et qu’elle aimerait bien éventuellement prendre de l’expansion dans le Canada anglais. « Un projet peut être bilingue, tout le monde gagne donc à ce qu’il y ait plus de trafic sur la plateforme provenant d’ailleurs au Canada », souligne-t-il. Le financement participatif d’équités : une révolution à venir ? Le financement participatif par cadeaux à la Kickstarter diffère du financement traditionnel de plusieurs façons, notamment parce qu’il est impossible d’obtenir un retour sur son investissement ou encore des actions dans l’entreprise financée. Aux États-Unis, tout ceci devrait toutefois être changé dès l’année prochaine, grâce à l’adoption du JOBS Act au printemps dernier (Jumpstart Our Business Startups Act), qui devrait légaliser ce que certains appellent le financement participatif d’équités. Pour plusieurs, il s’agit d’une véritable révolution. COMMENT RÉUSSIR SA CAMPAGNE DE FINANCEMENT PARTICIPATIF Même si le financement participatif a le vent dans les voiles, le succès d’une campagne est loin d’être garanti. Cinq conseils pour maximiser ses chances d’atteindre ses objectifs. Soigner sa présentation Une orthographe irréprochable et une allure soignée sont essentielles pour donner une impression de crédibilité. Bien rédiger une demande de financement n’est pas donné à tout le monde, il ne faut donc pas hésiter à la confier à quelqu’un si ce n’est pas notre force. Miser sur sa famille et ses amis La famille et les amis ont toujours été importants pour le financement d’une petite entreprise, et c’est toujours aussi vrai avec le financement participatif. L’argent amassé auprès de ses connaissances pourrait donner l’impression d’un projet gagnant dès les premiers jours de la campagne et provoquer ensuite un effet domino. Offrir des cadeaux intéressants À moins de proposer un projet de type caritatif, les internautes seront plus portés à financer une entreprise si les cadeaux offerts valent la somme payée. À garder en tête au moment d’élaborer la liste des récompenses. Être transparent Pour augmenter ses chances de financement, publier son budget et indiquer à quoi l’argent amassé va servir est conseillé. Si chaque dollar donné a son utilité, les « investisseurs » seront plus portés à faire confiance au projet. Viser la viralité Les projets les plus payants sont généralement ceux qui deviennent viraux et qui sont partagés sur les réseaux sociaux et dans les médias. Avoir une vidéo efficace, un concept facile à comprendre et une bonne présence sur Facebook et Twitter sont quelques-uns des éléments essentiels pour atteindre cette viralité. imagine 37 Photo : Maxime Leduc KICKSTARTER EN CHIFFRES Nicolas Langelier, éditeur et rédacteur en chef du magazine Nouveau Projet. Randy Smerik, investisseur et conseiller financier pour entreprises en démarrage. Gil Michel-Garcia, avocat spécialisé dans le financement des entreprises aux États-Unis chez la firme blue HF. Sylvain Théberge, porte-parole de l’Autorité des marchés financiers. 7 44,02 % 27 031 10 266 846 $ 248 000 000 $ Le nombre de projets financés à plus d’un million de dollars. Le taux de succès des projets présentés sur Kickstarter. Le nombre de projets financés à ce jour sur Kickstarter (NDLR : depuis ses débuts, en avril 2009). L’argent amassé par Pebble Technology. L’argent total amassé jusqu’ici via Kickstarter. « Aux États-Unis, cela va changer toute l’industrie », affirme d’emblée Gil Michel-Garcia, un avocat spécialisé dans le financement des entreprises aux États-Unis chez la firme blue HF. Pour lui, le financement des entreprises sera le prochain domaine bouleversé par l’arrivée d’Internet. « Une plateforme de financement participatif pourrait permettre de réunir les investisseurs et les jeunes entreprises directement, sans passer par les compagnies financières », explique-t-il. Avec le financement participatif d’équités, il pourrait donc être plus facile de financer son entreprise, mais aussi plus facile pour monsieur et madame Tout-le-Monde d’investir dans des projets et des compagnies. Tous les détails du financement participatif d’équités aux États-Unis n’ont pas encore été dévoilés. Pour l’instant, on sait notamment que les investissements maximaux devraient être limités (2000 $ dans la plupart des cas), et que les plateformes de financement devront se soumettre à des règles strictes. Le financement participatif d’équités au Canada Au Canada, les lois entourant les valeurs mobilières sont provinciales, mais les différentes autorités du pays devraient proposer prochainement une législation harmonisée sur le sujet. « Il y a des réflexions qui sont enclenchées au sein des Autorités canadiennes en valeurs mobilières. Les lois n’avaient pas prévu le financement participatif, nous voulons donc préciser ce qui est légal et ce qui ne l’est pas », explique Sylvain Théberge, porte-parole de l’Autorité des marchés financiers. Malheureusement pour les amateurs du concept, il semble que le financement participatif d’équités n’est pas prêt d’être légalisé de ce côté-ci de la frontière. Si le financement participatif contre des cadeaux à la Kickstarter devrait être toléré, il en est, en effet, tout autrement du financement d’équités tel que proposé aux États-Unis. « Promettre un abonnement de six mois à un magazine, ou promettre des bénéfices financiers contre un investissement, ce n’est pas la même chose », juge Sylvain Théberge. « Le projet de loi américain ne nous convient pas en matière de protection des épargnants, nous allons donc probablement aller dans une autre direction », prévoit-il. Dans tous les cas, le financement participatif, d’équités ou non, semble être là pour rester. Et si les projets financés de la sorte au Québec sont encore rares, de plus en plus d’entrepreneurs devraient se tourner à l’avenir vers l’Internet et leurs futurs consommateurs directement pour aller chercher l’argent dont ils ont besoin. • Source : Kickstarter.com, juillet 2012 5 SITES DE FINANCEMENT PARTICIPATIF Kickstarter.com Le site de financement participatif le plus populaire. Les Canadiens peuvent y financer les projets des autres, mais il faut être un résident américain et posséder un compte bancaire américain pour soumettre un projet. Indiegogo.com Une autre plateforme populaire, fondée en 2008. Contrairement à Kickstarter, Indiegogo.com accepte les projets canadiens, mais le financement se fait en dollars US seulement. Haricot.ca La première plateforme québécoise de financement participatif, créée en octobre 2011, nommé sociofinancement sur haricot.ca, pour des projets créatifs, charitables et d’entreprise. Fundo.ca Une nouvelle plateforme québécoise de financement participatif lancée à l’été 2012. Les projets soumis sur Fundo.ca doivent être financés en 30 jours seulement. ArtistShare.com Un pionnier du financement participatif, qui finance des projets musicaux depuis 2003. Les disques financés par ArtistShare ont remporté cinq Grammy Awards jusqu’ici. 38 réseau des ingénieurs du québec GADGETS QUAND L’HORLOGERIE DEVIENT INTELLIGENTE PAR ALEXIS LE M AREC l’heure est grave ! vous vous souvenez de la joie de posséder votre première montre ? indispensables, on les choisissait en fonction de nos goûts et presque tout le monde en avait une, à tel point que Swatch en fit une mode. pourtant, avec l’arrivée des téléphones et des gadgets électroniques, quel intérêt d’acheter une montre qui ne donne que l’heure alors que tous ces appareils le font ? si les montres de luxe ont encore la cote et restent synonymes d’un statut social, elles sont de plus en plus remplacées par les smartphones. mais tout n’est pas perdu : le salut de l’horlogerie pourrait venir de l’avènement des montres intelligentes. 1 | I’m Watch Victime de multiples retards qui ont même fait naître de sérieuses questions sur son fabricant I’m Spa, les montres I’m Watch sont également celles qui promettent beaucoup. Tournant sous Android, elles bénéficient d’un écran couleur pour une bien meilleure visibilité. Après leur synchronisation avec un téléphone Android ou un iPhone, elles reçoivent leurs informations, comme la météo, affichent la liste de nos contacts et permettent même de visualiser nos photos. Ceux qui désirent encore plus d’exclusivité pourront se tourner vers les coûteux modèles Titanium. À partir de 349 $ 2 | Pebble Plus élémentaire que ses concurrentes, la Pebble, conçue par le canadien Allerta, ne propose ni écran couleur ni interface tactile. Son écran monochrome offre toutefois une résolution élevée. Comme les autres montres intelligentes, elle est pourvue de plusieurs fonctions, comme l’affichage d’appel et de la météo, et peut même être couplée au GPS de notre téléphone afin de connaître, par exemple, la distance parcourue lors d’une sortie en vélo. Bien que la montre ne soit pas tactile, ses boutons permettent de contrôler iTunes, pratique si notre iPhone est placé sur un dock. Elle renferme également d’autres technologies comme le Bluetooth, un accéléromètre, ou encore un moteur de vibration. Pourvue d’un design simple et élégant, elle est offerte dans plusieurs coloris. Environ 115 $ 3 | InPulse Utilisateurs de BlackBerry, l’InPulse est pour vous ! Sœur de la Pebble, elle est également produite par la société canadienne Allerta. Elle se distingue par contre de la Pebble grâce à son écran couleur. Côté fonctions, elle permet de consulter notre calendrier, nos messages textes et même nos courriels provenant de plusieurs messageries. Également compatible avec Android, l’InPulse est par contre d’un usage limité, puisqu’elle n’est pas reconnue par les téléphones Samsung ou HTC. Mais qu’à cela ne tienne : après les avoir débloqués et avoir installé le système d’exploitation modifié Cyanogenmod, la montre et les téléphones pourront communiquer sans problème. 149 $ imagine 39 4 | SmartWatch Parmi les montres intelligentes, la SmartWatch de Sony est à considérer de près, ne serait-ce que pour son prix abordable. Elle offre un bel écran tactile tout en couleurs, mis en valeur par un design simple et épuré. Compatible avec les cellulaires sous Android de Sony, elle fonctionne également avec plusieurs autres modèles, comme ceux de Samsung ou HTC. Côté fonctions, elle permet bien sûr de consulter nos messages, mais aussi ceux provenant des réseaux sociaux Facebook et Twitter grâce à des applications dédiées déjà installées. Autre atout, elle peut envoyer des messages textes prédéfinis, affiche qui nous appelle et nous donne le choix de diriger l’appel vers notre répondeur. Personnalisable, elle s’agrafe simplement à l’un des nombreux bracelets offerts en plusieurs coloris. 149 $ 2 3 1 4 5 6 5 | G-Shock GB-6900 Casio ne pouvait rester hors de la concurrence des montres intelligentes. Ainsi, sa célèbre gamme de montres ultrasolides G-Shock a elle aussi une version intelligente. Son premier atout vient de sa pile dont la durée de vie annoncée est d’environ deux ans, par comparaison avec celles des montres intelligentes qui n’excèdent pas une semaine ou qui doivent être rechargées chaque jour en cas d’utilisation intensive. Son écran n’est pas tout tactile comme celui des concurrents, mais il permet de lire nos messages, d’afficher les appels et même de passer le téléphone en mode vibreur. G-Shock oblige, son écran est protégé par une coque épaisse et un renforcement qui lui assurent de ne jamais se rayer. On aurait aimé par contre une version en métal, plus sérieuse et adulte que les versions en plastique offertes. À partir de 300 $ 6 | WIMM Pas d’écran couleur, mais en un seul coup d’œil, la WIMM indique qui nous appelle et permet même de transférer notre correspondant sur notre messagerie. Tournant sous Android, elle utilise un design très (trop) masculin qui risque de faire fuir la gent féminine. Grâce au Bluetooth, elle peut se synchroniser au Google Calendar de notre cellulaire afin de nous rappeler nos rendez-vous. Également dotée de 32 Go de stockage et même d’un GPS, elle se révèle un peu plus épaisse que ses concurrentes. 300 $ 7 | MOTOACTV Pour les sportifs, la MOTOACTV de Motorola est à considérer de près. On aime son lecteur MP3 intégré qui peut même transmettre la musique sans fil dans notre casque d’écoute grâce au Bluetooth. Pourvu de fonctions comme un moniteur de fréquence cardiaque, son GPS permettra également de suivre notre périple et d’indiquer les kilomètres parcourus. Et si l’on est du genre à compter les calories perdues, MOTOACTV nous l’indiquera aussi en prenant en compte une quarantaine d’activités physiques, de la marche à pied en passant par le hockey et même le kayak. 150 $-250 $ 7 8 8 | iPod Nano Depuis sa dernière évolution esthétique, l’iPod Nano est tellement petit qu’il peut être accroché à l’un des nombreux bracelets vendus par Apple. Pas question de le synchroniser à notre iPhone pour afficher les courriels entrants, mais par contre, en plus de donner l’heure, il peut aussi lire nos MP3. Et si on ajoute Nike+, le kit de sport Nike destiné à Apple, il devient le compagnon indispensable de ceux qui veulent suivre leurs performances quotidiennes lors de la course à pied et qui ne se séparent jamais de leurs produits Apple. 129 $-149 $ • 40 réseau des ingénieurs du québec PAR GUI LL AUME JOUSSET les mythes entourant l’entraînement physique, l’histoire de l’empire bombardier, une nouvelle cartographie du monde, une fiction dont le héros est un ingénieur et un survol des héros-ingénieurs qui peuplent le monde de la bd : voilà l’ingénieux menu de cette nouvelle chronique. bonne lecture ! LECTURE 1 | Mythes et réalités sur l’entraînement physique Pas toujours évident de discerner le vrai du faux en matière d’entraînement. En effet, les idées préconçues sont lé gion, tout comme les produits « miracles » et les théories contradictoires. En partant à chaque fois d’une affirmation couramment entendue dans le monde du sport ou du condi tionnement physique, l’entraîneur Pierre-Mary Toussaint et le kinésiologue Martin Lussier analysent et démontrent s’il s’agit d’un mythe, d’une demi-vérité ou d’un fait réel. Le second souffle existe-t-il ? S’entraîner donne-t-il vrai ment de l’énergie ? Pour perdre du ventre, faites des abdos ? Abondamment documenté, cet ouvrage passe au crible d’un raisonnement scientifique une cinquantaine d’affirmations sur l’entraînement musculaire ou l’aérobie, la perte de poids, la performance sportive, etc. Sportifs curieux, aspirants cou reurs de fond ou athlètes passionnés y trouveront matière à tirer le maximum de leurs entraînements, en toute sécurité. De quoi briller dans les vestiaires. Mythes et réalités sur l’entraînement physique, de Pierre-Mary Toussaint et Martin Lussier, Éd. de l’Homme, 2012 2 | Genèse d’un fleuron québécois D’un petit garage situé à Valcourt en 1926, l’entreprise Bombardier est devenue un empire mondial des trans ports, fort d’un chiffre d’affaires de plus de 20 milliards de dollars et de 75 000 employés dans le monde. Près d’un siècle d’un success-story à l’américaine raconté par le journa liste économique Larry MacDonald, qui emmène le lecteur dans la grande et la petite histoire de l’entreprise familiale créée par Joseph-Armand Bombardier. En 1959, ce dernier lance la première motoneige, le fameux Ski-Doo, qui sort officiellement de ses ateliers pour glisser vers le succès. Ini tialement, c’est le nom Ski-Dog qui avait été choisi, mais la lettre « g », mal imprimée dans le texte transmis à l’agence de publicité chargée d’en faire la promotion, restera pour toujours. Joseph-Armand Bombardier mourra, à l’âge de 56 ans, avant de voir son invention connaître son âge d’or. C’est son gendre, Laurent Beaudoin, qui deviendra le président de l’entreprise en 1966, après y avoir exercé les fonctions de contrôleur. Ce dernier saura piloter l’entreprise. Surtout, il réussira une formidable opération de diversification : le mé tro de Montréal, le tunnel sous la Manche, les tramways de Bruxelles et de Berlin lui doivent leurs voitures. Entre l’étude de cas et l’ouvrage historique, le journaliste suit l’irrésistible ascension de l’entreprise familiale vers les sommets, sans rien masquer des échecs et des controverses qui jalonnent son histoire. Bombardier occupe, et pour longtemps, une place à part, aux côtés d’Hydro-Québec ou de SNC-Lavalin, dans l’histoire industrielle du Québec et dans le cœur de ses habitants. Bombardier. Un empire québécois, de Larry MacDonald, Éd. de l’Homme, 2012 3 | Le monde est différent de ce que vous pensez Vous avez la carte du monde en tête ? Eh bien, elle est fausse ! D’un point de vue scientifique, mettre à plat une sphère né cessite nécessairement des approximations, et notre carte du monde n’y échappe pas. Celle qui vous vient immédiate ment à l’esprit est celle de Mercator, géographe flamand du XVIe siècle. Or cette dernière, bien qu’elle fausse la taille et la position des continents et des États, demeure toujours ma joritairement utilisée. Et si on choisissait d’autres approxi mations, comme la projection de Peters, plus respectueuse des superficies, ou si l’on changeait le centre du monde pour le déplacer en plein Pacifique, comme la projection aus tralocentrée de Miller (1983), plutôt qu’au beau milieu de l’Atlantique ? En un clin d’œil, des pays s’allongent, d’autres rétrécissent. Notre vision du monde en est bouleversée. C’est ce que propose Michel Foucher, géographe et diplomate, dans son livre La bataille des cartes, analyse critique des visions du monde, qui a été réédité et augmenté l’an dernier. À partir de cartes anciennes et d’autres inédites, l’auteur témoigne de l’aspect subjectif de la représentation géographique. Fai sant tour à tour appel à l’histoire, l’économie ou les conflits, il analyse l’impact des bouleversements sociopolitiques sur la cartographie et sa représentation du monde. Une image vaut souvent mille mots, et celles de Michel Foucher nous aident à comprendre l’ampleur des bouleversements actuels et passés. Car c’est bien une bataille géopolitique qui se joue. Une guerre de papier que se livrent des États, surtout ceux du Sud, pour reprendre le contrôle sur leur place dans la représentation du monde ainsi que leur image. La bataille des cartes, analyse critique des visions du monde (revu et augmenté), de Michel Foucher, Éd. F. Bourin, 2011 imagine 41 1 2 3 4 | La mécanique du bonheur Tout ingénieur mécanique vous le dira, une action en traîne une réaction. Nikolaï, ancien ingénieur ukrainien de 84 ans, immigré en Grande-Bretagne, aurait dû se douter qu’en tombant amoureux d’une vénus ukrainienne, plus jeune que lui d’un demi-siècle, avide de luxe occidental, les ennuis n’allaient pas tarder à arriver. Mais voilà, l’amour rend aveugle, le père et ses deux filles n’en sont que plus éberlués. Seul baume au cœur du vieil homme, caresser un rêve ancien, celui d’écrire un livre : Une brève histoire L’INGÉNIEUR, CE HÉROS 4 du tracteur en Ukraine pour mettre en lumière le génie humain. Cruel, vaudevillesque, tragicomique… Les adjec tifs ne manquent pas pour qualifier le premier roman de Marina Lewycka, Britannique d’origine ukrainienne, qui brosse un portrait à l’acide de cette société anglaise et de ses immigrants. Sans jamais tomber dans la caricature, cette histoire d’un tracteur en Ukraine est une vraie mois son de rires et d’émotions. Une brève histoire du tracteur en Ukraine, de Marina Lewycka, Éd. Alto, 2011 Peu de vocations en génie ont été suscitées par le huitième art. Du moins peut-on le supposer au regard de la place accordée aux ingénieurs dans l’univers de la BD. Personnage souvent secondaire, l’ingénieur est décrit comme un farfelu perdu dans sa science, à l’image du professeur Tournesol des aventures de Tintin d’Hergé. L’héroïsme de l’ingénieur imprime les planches dans les années 50 grâce à ses talents en mécanique, tout particulièrement en aéro nautique. Ainsi, Dan Cooper, d’Albert Weinberg, ou Buck Danny, de Jean-Michel Charnier, offrent une vision intrépide de l’ingénieur, qui atteindra son paroxysme, quelques années plus tard, avec la figure de Bob Morane créée par le romancier belge Henri Vernes. Polytechnicien et ingénieur, Bob Morane insuffle un peu de soufre à l’image bien lisse de l’ingénierie par son côté mercenaire. Les comics américains proposent une autre approche de l’ingénieur qui, par sa maîtrise des technologies, peut enfin prétendre au rang de superhéros, comme Tony Stark, alias Iron Man, ou le Dr Pym. Pour trouver des héros ingénieurs aussi complexes que passionnants, il faut porter son regard vers l’Orient. Au Japon, l’ingénieur est un héros, la thématique des robots faisant partie de l’imaginaire japonais depuis des dizaines d’années. Les ingénieurs y sont des personnages incontour nables, parfois élevés à un rang quasi divin, comme dans l’excellent Pluto, de Naoki Urasawa, un thriller futuriste plein d’humanité. SPORT 42 réseau des ingénieurs du québec L’AUTRE MONDE PAR ALEXIS DE GH ELDERE le plancher des vaches vous semble trop familier ? plongez dans les eaux du québec et d’ailleurs, à la découverte d’un nouvel univers où l’on respire sous l’eau. On enfile nos maillots de bain et nos combinaisons isothermiques d’une épaisseur d’à peine quelques millimètres. Le bateau avance lentement jusqu’à une bouée où il s’amarre. On vérifie l’équipement, on met les bonbonnes d’oxygène sur notre dos, le masque-tuba sur le visage, les palmes aux pieds et plouf, dans l’eau ! Un petit signe de la main (le fameux « OK » des plongeurs sous la forme d’un cercle entre l’index et le pouce d’une même main) et tranquillement, notre groupe de six plongeurs s’enfonce dans les profondeurs du grand bleu. Nous suivons une grande chaîne attachée à la bouée. Elle descend loin, loin, loin, jusqu’à aboutir à une longue épave qui repose, immuable, comme sur une autre planète : celle du monde sous-marin ! Paul Boissinot, instructeur de plongée et président de la Fédération québécoise des activités subaquatiques. Québec, destination plongée Des bancs de poissons circulent ici et là, frôlant les flancs de l’épave longue d’une centaine de pieds. L’eau est transparente et d’agréable température. Nous ne sommes pourtant pas dans les Caraïbes, mais bien à deux heures et demie de route à l’ouest de Montréal, dans le fleuve Saint-Laurent, plus précisément dans le secteur des Mille-Îles. Ici, des dizaines d’épaves reposent à une profondeur idéale pour les plongeurs. « Dans mes dix plus belles plongées à vie, il y en a trois ou quatre qui ont eu lieu au Québec », explique Paul Boissinot, instructeur de plongée et président de la Fédération québécoise des activités subaquatiques. Pour cet homme de 59 ans qui plonge depuis quatre décennies aux quatre coins du globe, le Québec et ses environs regorgent de sites remarquables. « Les Escoumins et la richesse de sa vie sous-marine, l’île Bonaventure à Percé où on peut plonger avec les phoques, la Côte-Nord ou encore York Beach, au Maine, avec son entrée à l’eau graduelle et facile, énumère celui qui a près de 9 000 plongées à son actif, sont autant d’endroits où je plonge et replonge année après année. » Au Québec, 100 000 plongeurs sont accrédités par l’un des deux principaux organismes internationaux (PADI et CMAS). De ceux-ci, environ 4 000 sont actifs. « Pour être considéré comme actif, un plongeur doit effectuer dix plongées par an minimum », précise Paul Boissinot. Jacques-Yves Cousteau en 1945, avec sa femme et leurs deux enfants : une photo de famille peu commune à l’époque. Les premières plongées Deux émissions de télévision sur le monde sous-marin ont capté l’attention des petits et grands au fil des ans. Dans les années 1950, l’émission Remous avec Lloyd Bridges montrait des aventures sous-marines en Floride. Puis JacquesYves Cousteau a popularisé un cran plus loin la plongée sous-marine à son tour. Lui-même inspiré par Lloyd Bridges, Paul Boissinot se rappelle clairement l’impact de Cousteau. « Le lendemain des diffusions de Cousteau aux Beaux Dimanches, mes cours se remplissaient le temps de le dire », se souvient celui qui gagne sa vie avec la plongée depuis 1972. Jusqu’en 1970, la plongée sous-marine est réservée à une élite. Les cours sont donnés par d’anciens militaires, avec redressements assis, tractions et multiples longueurs de natation au programme. « Depuis le début des années 1980, c’est devenu beaucoup plus récréatif, ça s’est démocratisé et tous ceux qui veulent découvrir le monde sous-marin peuvent le faire », souligne Paul Boissinot. Les formules sont variées. Certains suivent leurs cours en piscine pendant l’hiver avant d’aller plonger dans les plans d’eau naturels de la province au printemps et en été. D’autres profitent d’un voyage dans le Sud pour s’initier à cette activité. Peu importe l’endroit, les sensations des premières plongées marquent l’imaginaire. Le seul fait de respirer sous imagine l’eau est déjà tout un changement. « C’est l’aspect d’être sous l’eau et de découvrir un milieu qui n’est pas notre milieu, explique Louis Morin, ingénieur civil diplômé de l’Université Laval (1969), qui a consacré sa vie à la plongée commerciale (voir encadré). Il faut se fier à notre équipement et à l’air qu’on respire .» Plonger en sécurité Sous l’eau, il est essentiel de connaître certains principes de base. « C’est plus risqué que de jouer aux échecs, mais sûrement moins que de conduire une automobile », résume Paul Boissinot. Sécuritaire, pour peu qu’on suive les règles, la plongée sous-marine s’adresse à toute personne à l’aise dans l’eau, exempte de problèmes cardiaques, d’épilepsie, d’asthme sévère et de diabète sévère. « Si on regarde les accidents des trente dernières années, 80 % sont liés à des problèmes cardiaques, moins de 1 % sont liés à des problèmes d’équipement et 19,5 % sont liés à des gens qui dépassent leur niveau de compétence. » Savoir vider son masque, apprendre à demander de l’air à son compagnon de plongée à tout moment, comprendre comment effectuer les paliers de décompression, respecter la profondeur maximale de la plongée (généralement 120 pieds) et toujours plonger accompagné, voilà les règles de base pour une plongée sans anicroche. 43 44 réseau des ingénieurs du québec INGÉNIERIE SOUS-MARINE Louis Morin, un ingénieur qui a su fusionner ses deux passions, l’ingénierie et la plongée sous-marine, en une seule : l’ingénierie sous-marine. Lorsqu’il commence son cours en génie des pêches à l’Université Laval, Louis Morin est loin de se douter que l’option sera fermée un an plus tard, en 1966. Une suite de hasards lui permet de côtoyer des membres de l’équipe de JacquesYves Cousteau et de s’initier à la plongée sous-marine. Finalement diplômé en génie civil en 1969, il travaille d’abord comme ingénieur pour Transports Canada à Rimouski. Son travail lui permet d’utiliser ses connaissances en plongée sous-marine pour réaliser des inspections plus complètes de structures sousmarines. « C’était très amateur à l’époque », se rappelle celui qui a ensuite créé un programme de plongée commerciale. Quarante ans plus tard, toujours actif, Louis Morin a derrière lui une carrière unique d’ingénierie sous-marine. « Je me suis créé une niche moi-même. On a essayé d’amener l’ingénierie dans le monde sous-marin, précise-t-il, pour mieux comprendre et corriger la corrosion sur les structures d’acier et la détérioration du béton et du bois. » Son entreprise, Services Subaquatiques BLM Inc., pour laquelle il agit désormais en tant que consultant, se spécialise dans la réfection et l’évaluation de quais, ponts, prises d’eau, réservoirs, barrages et turbines. Elle est active au Québec comme à l’étranger. Les Tropiques Sûr que les mers du Sud attirent leur lot de plongeurs venus de l’hémisphère Nord, enthousiastes à l’idée de troquer la lourde combinaison isothermique et la couleur verte des eaux douces du Saint-Laurent pour une combinaison légère, l’eau turquoise, les bancs de coraux et les poissons multicolores. Parmi ses destinations fétiches, Paul Boissinot recense les Keys de la Floride et le magnifique parc sous-marin Pennekamp State Park, la Riviera Maya mexicaine, sa barrière de corail et ses puits (cenotes) d’eau douce, mais aussi l’archipel longtemps méconnu des îles ABC (Aruba, Bonaire et POUR EN SAVOIR PLUS Organismes de plongée Fédération québécoise des activités subaquatiques > www.fqas.qc.ca Association professionnelle des instructeurs de plongée > www.padi.com Confédération mondiale des activités subaquatiques > www.cmas.org Écoles de plongée à Montréal > www.subaquatech.com > www.nepteau.com > www.plongee-cpas.com À Québec > www.plongeecapitale.com > www.plongeenautilus.com Curaçao) dans les Antilles néerlandaises. Louis Morin abonde dans le même sens. « C’est estomaquant, ces îles. Sur une distance de 500 pieds à partir du bord de la plage, décrit-il, la profondeur augmente graduellement jusqu’à 40 pieds. Ensuite, on atteint un cap qui descend verticalement jusqu’à 600 pieds de profondeur. On longe cette falaise sous-marine, dans une clarté inimaginable et en compagnie de nombreuses espèces. » Évidemment, on peut aussi rêver de la mer Rouge en Égypte et de la Grande Barrière de corail de l’Australie. Le terrain de jeu n’a jamais été aussi vaste. Après tout, les mers et les océans recouvrent près des trois quarts de la planète. • ÉVASION 46 réseau des ingénieurs du québec MARCHER AU FAR WEST TEXTE ET PHOTOS PAR ALEXIS DE GH ELDERE terre de canyons et de formations rocheuses hors normes, l’utah propose un voyage au cœur de paysages sculptés par le temps et les éléments. La main sur la chaîne de sécurité solidement ancrée dans le roc parallèlement au sentier, chacun progresse à son rythme. De chaque côté de la file indienne, à quelques mètres à peine des souliers, des falaises verticales dévoilent la vertigineuse vallée au fond de laquelle coule une petite rivière, responsable numéro un de l’érosion ambiante, la Virgin River. Le sentier Angels Landing est l’un des plus difficiles du parc national Zion, lui-même situé à trois heures de route de Las Vegas. C’est aussi l’un des plus impressionnants avec ses 453 mètres de dénivelés pour un aller-retour de neuf kilomètres en quatre heures de marche environ. « C’est plus beau que tous les sentiers que j’ai faits récemment pendant un mois en NouvelleZélande, lance Jean Marchaland, retraité actif de 58 ans faisant partie du groupe de douze voyageurs auquel je me suis joint. Regarde toutes ces couleurs, tout ce rouge… » La marche se termine sur une portion de sentier qui ressemble à la pointe d’un couteau, un perchoir où (en plus des oiseaux) seuls les téméraires parviennent à se rendre. Sur trois côtés, le sol se dérobe sur plusieurs centaines de mètres autour de nous. D’ailleurs, des écriteaux immanquables rappellent que six randonneurs ont perdu la vie depuis 2004 à cet endroit. imagine Zion est l’un des plus jeunes parcs de la région, formé par l’action érosive de la Virgin River au cours des 4 000 derniers millénaires. Le résultat inachevé donne des canyons rougeâtres qui, parfois, se referment presque entièrement avant de s’élargir à nouveau. On peut d’ailleurs le constater en s’engouffrant dans le bien nommé sentier The Narrows, lequel suit les méandres de la Virgin River (prévoir se mouiller jusqu’aux cuisses) dans ses retranchements les plus serrés. 47 eux en nous frottant souvent les yeux, tant l’œuvre d’art qui nous est ici présentée défie l’imaginaire. D’après les croyances amérindiennes, ce sont tous des animaux pétrifiés qui sont coincés dans les hoodoos et qui regardent les randonneurs passer. Sur la Peekaboo Loop Trail, nous croisons un groupe de visiteurs à cheval. Ils se fondent dans le paysage comme des cowboys au Far West. Arches Dur de s’imaginer que tant de beauté (presque extraterrestre) peut encore nous attendre au détour d’un autre De Zion à Bryce Prochain arrêt : le parc national Bryce, à 150 kilomètres parc national limitrophe à Zion et Bryce. C’est pourtant à l’est de Zion. Comme on a grimpé en altitude de 2 000 exactement ce qui se produit au parc national Arches. à 2 500 mètres au-dessus du niveau de la mer, c’est une « Ça fait sûrement une quarantaine de voyages que je fais en couche géologique différente qui a ici subi les assauts Utah, se rappelle Bernard Gendron, notre guide de Voyages des éléments. Le gel, beaucoup plus cinglant à Bryce avec Gendron, et je suis toujours aussi impressionné que la première 200 jours de gel annuellement, la fonte des neiges et fois. C’est pour ça que je reviens année après année. » les orages ont révélé des milliers de monolithes appelés ici hoodoos. Envoûtantes silhouettes géantes roses et orangées, elles nous invitent à leur rencontre sur l’un des multiples sentiers. Comme la veille (et comme le lendemain), on voudrait s’arrêter à chaque instant pour apprécier Ces grandes tours aux formes diverses, ce spectacle grandiose. Ces grandes tours aux formes inachevées, en perpétuel devenir, font penser diverses, inachevées, en perpétuel devenir, font penser aux tableaux surréalistes de Dali. aux tableaux surréalistes de Dali. Nous sommes tous ici des figurines miniatures, quasi invisibles dans cette nature majestueuse. S’il a fallu rouler un peu plus (cinq heures de Nous empruntons plusieurs courts sentiers et par- courons finalement une boucle d’une dizaine de kilomètres route et 450 km) entre Bryce et Arches, la découverte de ce en quatre heures, de Sunset Point à la Peekaboo Loop Trail parc nous fait rapidement oublier le long trajet. Avec ses puis à la Queens Garden Trail. Débutant sur le plateau, 2 000 arches naturelles éparpillées dans la région, résultat nous descendons au cœur des hoodoos et zigzaguons entre de 100 millions d’années d’érosion, ce parc est un attrait : S’ORGANISER Saison Le sud de l’Utah a un climat désertique, donc très chaud en été. Les mois les plus intéressants pour venir y marcher sont octobre, novembre, mars et avril. Transport Air Canada propose des vols directs entre Montréal et Las Vegas. De là, vous pouvez louer une auto pour 25 $/jour et partir une semaine (on vous en souhaite deux !) à la découverte des parcs du sud de l’Utah. Monument Valley, là où se tournent tous les westerns d'Hollywood, encore aujourd'hui. ÉVASION 48 réseau des ingénieurs du québec incontournable. Nombre d’arches sont accessibles via de courtes marches très peu sportives. On y voit des familles avec de jeunes enfants et des groupes de touristes asiatiques débarquant de gros autobus climatisés. Pour un défi à notre niveau, nous nous dirigeons vers le départ du sentier menant à Delicate Arch, lieu emblématique du parc. Cinq kilomètres et 150 mètres de dénivelés, ce n’est pas la mer à boire. Pourtant, sous le soleil à son zénith, tapant sur le désert de l’Utah, c’est bien suffisant ! : « J’ai l’impression d’être dans le film d’Indiana Jones, Les aventuriers de l’arche perdue », s’exclame Sylvie Gibeault, quadragénaire, à la vue de l’arche de 14 mètres de hauteur et d’une dizaine de mètres de largeur. Après un premier kilomètre dans la poussière et le sable, nous atteignons le roc nu et incliné. Un kilomètre complet sur l’énorme roche lisse (slick rock) nous fait prendre de la hauteur, boire bien des gorgées d’eau en plus de révéler le paysage environnant. Le sentier s’engage ensuite dans des passages plus étroits et en surplomb (attention au vertige !) pour déboucher sur la grande et majestueuse Delicate Arch. « J’ai l’impression d’être dans le film d’Indiana Jones, Les aventuriers de l’arche perdue », s’exclame Sylvie Gibeault, quadragénaire, à la vue de l’arche de 14 mètres de hauteur et d’une dizaine de mètres de largeur. Déposée en haut d’une falaise et au pied d’un amphithéâtre circulaire naturel, l’arche charme tout le groupe illico. Au travers de son grand œil, on peut voir les hauts sommets enneigés dépassant les 3 600 mètres du massif La Sal, au Colorado voisin. Des merveilles à n’en plus finir Nous avons atteint le point le plus éloigné de notre séjour et il faut retourner vers l’ouest et Las Vegas pour reprendre l’avion dans quelques jours. Comme nous avons encore trois jours devant nous, nous décidons de faire une boucle pour atteindre d’autres merveilles de la région : des ruines d’Amérindiens hopis, Monument Valley et le Grand Canyon. Encore et toujours stupéfiante, la nature du sudouest des États-Unis nous laisse souvent la bouche entrouverte devant tant de beauté. Aucun mot, aucune photo et aucune vidéo ne peut arriver à la cheville de ce que deux yeux bien ouverts peuvent contempler ici. Nous avons regardé par le trou de la serrure, certes, en nous offrant un parcoursmarathon très dense d’une semaine. Qu’à cela ne tienne, nous reviendrons, plus longtemps, plus calmement, nous hyp notiser encore et toujours de cette beauté insaisissable ! • Une descente vertigineuse dans le parc Zion. POUR EN SAVOIR PLUS > www.utah.com/nationalparks Voyages Gendron organise des séjours tout inclus en Utah > www.voyagesgendron.com imagine 49 Les hoodoos du parc Bryce : d'envoûtantes silhouettes géantes roses. Deux des arches stupéfiantes du parc national Arches. AUTOMOBILE 50 réseau des ingénieurs du québec UNE ROUTE PAVÉE DE BONNES INTENTIONS PAR AN N E FLEISCHM AN imagine 51 : « Les services d’assistance ou d’urgence ouvrent grande la porte à une surveillance non seulement acceptée par les automobilistes, mais aussi sollicitée. » impossible de retrouver votre voiture ? pas de panique, une application sur votre téléphone intelligent a été conçue pour cela. les clés de votre véhicule se sont envolées ? un ange gardien virtuel déverrouille vos portières à distance. souriez : on vous surveille ! Avril 2012, une brise technologique souffle sur le monde de l’assurance automobile. L’Industrielle Alliance lance un programme dont le tarif fluctue, quasiment en temps réel, en fonction du comportement routier des conducteurs. L’initiative, appelée Mobiliz, repose sur un dispositif de surveillance muni d’un GPS installé dans le véhicule assuré. « Chaque semaine, on envoie un rapport détaillé sous forme de carte, dans lequel apparaissent le kilométrage parcouru, les excès de vitesse, les freinages brusques et les accélérations forcées, résume Suzanne Michaud, vice-présidente Expérience-Client à l’Industrielle Alliance. Depuis le lancement de Mobiliz, 58 % des clients ont obtenu un rabais pour “bonne conduite”. Cela prouve que les conducteurs, parce qu’ils se savent surveillés, adoptent d’eux-mêmes des comportements plus sécuritaires. » La tarification du programme, conçu en priorité pour les moins de 26 ans, tient aussi compte de l’âge du conducteur, de son lieu de résidence, ou encore de l’heure à laquelle se produisent les comportements déviants. « Par exemple, quand les incidents ont lieu systématiquement pendant la nuit, ça va attirer notre attention, poursuit-elle. Et si une jeune fille sage prête son véhicule à son jeune frère de 18 ans qui a le “pied pesant”, les accélérations de son frérot se retrouveront sur son rapport à elle. » Le rapport de conduite peut être consulté en ligne à tout moment par l’assuré. « Dans le cas d’une enquête judiciaire, la police pourra évidemment y accéder, de la même manière qu’elle le ferait pour des dossiers traditionnels », note Suzanne Michaud. La différence ? Des renseignements d’une précision sans précédent… À votre insu Si Mobiliz surveille ses assurés de leur plein gré, d’autres technologies dites « embarquées » espionnent les automobilistes à leur insu. « Depuis 10 ans, on assiste à une explosion de l’électronique dans les véhicules pour le confort et la sécurité des passagers, mais parfois les conducteurs n’en ont pas conscience », explique Sylvain Légaré, analyste en consommation automobile au CAA-Québec. Par exemple, plusieurs modèles sont équipés d’enregistreurs de données d’accident, à l’image des boîtes noires des avions, qui recueillent une pléthore de paramètres : vitesse, accélération, décélération, direction, freinage, clignotants, éclairage. Un équipement qui sera bientôt une norme aux États-Unis : le Sénat vient de voter une loi visant à en généraliser l’installation sur tous les véhicules neufs. À double sens Même si l’on conduit une vieille « minoune » dépourvue des dernières innovations, le simple fait d’avoir un téléphone cellulaire en poche constitue déjà un lien vers le monde virtuel. « Avec la téléphonie mobile, les automobilistes sont connectés en permanence au reste du monde. Mais en contrepartie, il est possible de savoir en tout temps où ils se trouvent. La question de la surveillance et de la vie privée doit être posée en plus de la question de la distraction au volant, qui est d’ailleurs l’une des inquiétudes premières lorsqu’il est question de sécurité routière », dit Sylvain Légaré. La technologie Bluetooth expose désormais de plus en plus de conducteurs à une surveillance non désirée ; elle permet la communication sans fil entre son téléphone cellulaire et un casque d’écoute, un GPS ou encore avec la chaîne stéréo d’une voiture. Les ondes émises entre les appareils peuvent être facilement captées. En 2009, des scientifiques ont même fait l’expérience d’épier les allées et venues de milliers de participants à un festival rock en Belgique grâce à des capteurs Bluetooth. Or, comme l’explique le journaliste Marc Lachapelle, l’un des auteurs du Guide de l’auto, « avec les lois restreignant l’usage des téléphones cellulaires au volant, les kits mains libres reposant sur la technologie Bluetooth sont de plus en plus populaires : les clients s’attendent à les trouver un peu partout, même sur les modèles économiques ». Quant aux systèmes de navigation spécialement conçus pour les véhicules, d’autres grands émetteurs d’ondes facilement retraçables, leur nombre devrait quadrupler en Amérique du Nord d’ici 2019… Me faire surveiller ? Oui, je le veux ! Les services d’assistance ou d’urgence ouvrent grande la porte à une surveillance non seulement acceptée par les automobilistes, mais aussi sollicitée. « Ces technologies sont très appréciées pour le repérage et l’envoi de secours en cas de collision, lorsqu’il y a déploiement de coussins gonflables, ainsi que pour le repérage et même l’immobilisation de véhicules volés, ou encore pour le déverrouillage à distance de portières », note Marc Lachapelle. « Mais toutes les interfaces de contrôle ne sont pas encore totalement au point : il reste beaucoup à faire pour les rendre conviviales et sécuritaires, prévient-il. Par contre, les constructeurs progressent rapidement pour rendre les AUTOMOBILE réseau des ingénieurs du québec 52 Sylvain Légaré, analyste en consommation automobile au CAA-Québec. Le journaliste Marc Lachapelle, l’un des auteurs du Guide de l’auto. voitures presque autonomes ! Plusieurs modèles sont par exemple déjà capables de freiner seuls devant un obstacle, ou d’ajuster leur distance de sécurité avec le véhicule qui les précède. » Philippe Gauthier, sociologue et directeur du groupe Design et Société de l’Université de Montréal. Diane Pacom, sociologue à l’Université d’Ottawa. Suréquipés Régulateurs de vitesse intelligents, capteurs, caméras, communication avec des bases de données cartographiques… Suréquipées, les voitures modernes ? Pour le meilleur et pour le pire. « À force d’assister les conducteurs avec tant de dispositifs de sécurité et de contrôle, on finit par standardiser complètement la conduite en réduisant l’aspect humain à très peu de choses », dit Philippe Gauthier, sociologue et directeur du groupe Design et Société de l’Université de Montréal. Une question qui va au-delà d’enjeux strictement éthiques. « Ce n’est pas parce que la conduite est standardisée qu’elle est plus sécuritaire. Le conducteur doit pouvoir poser des gestes convenables au moment approprié en toute liberté. Par exemple, sur une autoroute, la norme, c’est-à-dire ce que nous impose le Code de la sécurité routière, est de ne pas accorder la priorité aux voitures qui s’engagent sur la bretelle d’accès. Mais dans les faits, il est beaucoup plus sécuritaire de les laisser passer en se plaçant dans la file de gauche. » Liberté de jugement contre comportements standardisés imposés par la technologie : un combat loin d’être gagné d’avance. « Le cas des GPS est intéressant, continue Philippe Gauthier. Rares sont les automobilistes qui se laissent dicter leur itinéraire à la lettre… La liberté de choix a bien souvent le dessus ! » « Big Mother » Certains modèles de véhicules vont pourtant très loin pour contrôler le comportement des conducteurs. Par exemple, le programme FAMILYLINK de Ford bloque le volume de la chaîne stéréo tant que toutes les ceintures du véhicule ne sont pas bouclées… Une mesure qui, comme l’assurance Mobiliz, vise spécifiquement les jeunes conducteurs. Pourtant, les questions éthiques liées à la surveillance embarquée ne semblent pas soulever les passions de la jeunesse. « Le rapport avec les technologies de surveillance est bien différent d’une génération à l’autre. Les personnes nées après les années 80 n’ont pas de regard critique sur ces questions parce qu’elles n’ont tout simplement aucun recul, dit Diane Pacom, sociologue à l’Université d’Ottawa. Pour elles, être connecté en permanence et exposer sa vie privée au monde virtuel est tout à fait banal. Elles le font à la maison sur leur ordinateur, alors pourquoi pas en voiture ? » Le rapport même des jeunes à l’automobile a radicalement changé. « La voiture n’est plus le synonyme d’émancipation et de liberté comme elle l’a déjà été. Maintenant, elle est plutôt considérée comme un objet de consommation peu écologique et coûteux », explique Diane Pacom. C’est dire si la menace d’un « Big Brother » est loin des préoccupations. Quant aux lecteurs d’Orwell, ils ont un nouveau terrain pour exprimer leur crainte face à un univers où, même dans les chemins de traverse, ils sont surveillés en permanence pour leur confort et leur sécurité… • Être branché en permanence, banal pour les jeunes... JUSQU’À 90% DE RABAIS SUR LE PRIX EN KIOSQUE POURQUOI PAYER PLUS CHER POUR VOS ABONNEMENTS ? SERVICE D’ABONNEMENTS AUX MEMBRES -150$ LITTÉRATURE JEUNESSE, ADO & FAMILLE ARTS, LETTRES, CULTURE & DESIGN AUTO, MOTO, BATEAU & AVION AFFAIRES, MARKETING & INFORMATIQUE ACTUALITÉ * Camelots motorisés ** Camelots réguliers *** Camelots réguliers et sans télé-horaires Courrier International L'actualité (avec renouv. autom.) Le Monde Diplomatique L'Express Paris Match Protégez-Vous (avec version Internet) 26 9 12 26 26 12 nos nos nos (1 an) nos nos nos (1 an) 119,00 $ 14,95 $ 79,00 $ 79,95 $ 99,00 $ 34,00 $ 154,70 $ 53,55 $ 81,00 $ 169,00 $ 143,00 $ 71,40 $ A+ (Affaires Plus) Guide Com Infopresse Les Affaires & A+ Premium Québec Franchise MacWorld The Economist Wired 8 1 10 108 6 4 12 51 12 nos (1 an) no (1 an) nos (1 an) nos (2 ans) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) 10,00 $ 14,95 $ 69,95 $ 74,95 $ 29,00 $ 14,95 $ 24,95 $ 129,95 $ 33,94 $ 23,92 $ 32,00 $ 181,50 $ 346,84 $ 77,70 $ 23,80 $ 95,88 $ 407,49 $ 71,88 $ Custom Tour Le Guide de l'Auto Moto Journal Pole Position Quadnet.ca VTT V8 Passion Road & Track Sail 4 5 10 8 6 6 12 12 nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) 19,95 $ 9,65 $ 17,55 $ 22,95 $ 9,65 $ 26,33 $ 18,99 $ 18,99 $ 31,80 $ 19,75 $ 49,50 $ 39,92 $ 29,70 $ 41,70 $ 59,88 $ 83,88 $ À Vos Pinceaux Cap-aux-Diamants Connaissance des Arts Coup de Pinceau CV (Ciel Variable) Entre Les Lignes ETC revue de l'art actuel Nuit Blanche Perles & Cetera Scrapbook Extra Spirale Urbania Vie des Arts 6 4 11 6 3 4 3 4 8 4 4 4 4 nos nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (2 ans) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) 35,23 $ 28,95 $ 84,00 $ 29,95 $ 19,95 $ 19,50 $ 17,55 $ 24,95 $ 19,95 $ 19,95 $ 34,00 $ 23,95 $ 20,00 $ 41,94 $ 34,00 $ 134,75 $ 41,70 $ 31,50 $ 27,80 $ 26,85 $ 35,80 $ 55,60 $ 27,80 $ 51,80 $ 39,80 $ 38,00 $ Astrapi Babar Bébé ! Cool! Délire DLire Enfants Québec Full Fille Géo Ado Grossesse I Love English + 9 CD I Love English for Kids + 9 CD Images Doc J'aime Lire J'apprends à Lire + 11 CD Julie Les Belles Histoires Les Débrouillards Les Explorateurs Manon Petites Mains Pomme d'Api Popi Safarir Wakou Wapiti Yoopa Youpi 11 12 4 12 12 12 12 12 12 4 10 10 12 10 11 12 12 11 11 11 8 10 12 5 12 12 8 12 nos nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (2 ans) nos (1 an) nos nos (2 ans) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (2 ans) nos (1 an) nos (1 an) nos nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) 51,95 $ 51,95 $ 14,95 $ 33,40 $ 27,95 $ 59,95 $ 15,95 $ 27,95 $ 69,95 $ 14,95 $ 54,95 $ 54,95 $ 54,95 $ 36,95 $ 69,95 $ 69,00 $ 56,95 $ 35,95 $ 32,95 $ 58,95 $ 36,95 $ 36,95 $ 44,95 $ 19,95 $ 69,00 $ 69,00 $ 15,66 $ 54,95 $ 87,45 $ 83,40 $ 23,80 $ 52,68 $ 51,00 $ 107,40 $ 47,40 $ 51,48 $ 122,40 $ 23,80 $ 89,50 $ 89,50 $ 95,40 $ 89,50 $ 109,45 $ 95,40 $ 95,40 $ 54,45 $ 54,45 $ 87,45 $ 63,60 $ 69,50 $ 83,40 $ 26,25 $ 99,60 $ 99,60 $ 39,92 $ 83,40 $ -40% -46% 12$ 14,95 $ -37% -78% 10$ -52% -37% -48% 12$ -28% Durée Votre bas prix Prix en kiosque Chez Soi Decormag Fleurs, Plantes et Jardins La Maison du 21ième Siècle Les Idées de ma Maison Les Idées de mon Jardin Maison & Demeure Rénovation Bricolage Vivre à la Campagne Country Living Dwell Elle Decor Style at Home 10 10 6 8 10 4 10 9 8 10 10 10 12 nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (2 ans) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) 14,95 $ 10,00 $ 12,00 $ 19,95 $ 14,95 $ 12,92 $ 19,96 $ 14,95 $ 16,00 $ 16,97 $ 29,99 $ 19,50 $ 20,90 $ Châtelaine (fr.) Clin d'Œil Elle Québec (avec version Internet) FA (Femme d'Aujourd'hui) Loulou (fr.) Vita (avec version Internet) Cosmopolitan Elle Canada In Style 11 12 12 8 8 7 12 12 12 nos nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) 14,97 $ 14,95 $ 12,00 $ 14,95 $ 13,95 $ 14,95 $ 27,98 $ 11,95 $ 26,99 $ 49,50 $ 35,88 $ 63,48 $ 37,52 $ 31,92 $ 31,50 $ 71,88 $ 47,88 $ 83,88 $ Biosphère Ça m'Intéresse Ciel & Espace Géo National Geographic (fr.) Nature Sauvage Québec Science Science & Vie Terre Sauvage Popular Mechanics Popular Science Travel + Leisure 6 12 14 12 12 4 8 12 12 10 12 12 nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) 21,95 $ 72,00 $ 95,00 $ 73,00 $ 59,95 $ 15,95 $ 29,00 $ 69,95 $ 59,95 $ 19,25 $ 19,99 $ 24,99 $ 45,00 $ 90,00 $ 111,30 $ 131,40 $ 83,40 $ 23,80 $ 47,60 $ 78,00 $ 119,40 $ 55,00 $ 71,88 $ 59,88 $ 7 Jours Le Lundi Photo Solution Point de Vue Positif Première Séquences Star Inc. TED Québec Audio Vidéo TV Hebdo Entertainment weekly Popular Photography Rolling Stone Us Weekly Magazine 52 51 6 52 12 12 6 10 6 52 52 12 26 52 nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) 192,40 $ 68,80 $ 21,95 $ 179,00 $ 99,00 $ 42,75 $ 23,95 $ 13,78 $ 24,95 $ 61,26 $ 27,15 $ 17,95 $ 26,98 $ 61,99 $ 228,28 $ 203,49 $ 35,70 $ 309,40 $ 192,00 $ 66,00 $ 35,70 $ 39,90 $ 39,00 $ 134,68 $ 259,48 $ 71,88 $ 129,74 $ 259,48 $ Géo Plein Air Mieux Être Sentier Chasse-Pêche Spiritualitésanté Tennis Magazine Velo Mag Yoga Mondô Backpacker Golf Magazine Sports Illustrated 6 6 11 3 11 6 8 9 12 56 nos (1 an) nos nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (2 ans) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) 24,95 $ 19,95 $ 29,95 $ 9,95 $ 72,50 $ 26,50 $ 36,95 $ 18,35 $ 18,95 $ 42,95 $ 35,70 $ 29,70 $ 57,75 $ 25,50 $ 104,50 $ 35,70 $ 47,92 $ 53,91 $ 71,88 $ 335,44 $ Animal Coup de Pouce (avec version Internet) Homme La Terre de Chez Nous Le Bel Âge Le Bulletin des Agriculteurs Le Guide Cuisine Mixeur 100 Restaurants Récréatifs Moi & Cie Panorama Psychologies Reflet de Société Relations Signé M 8 10 4 50 8 11 4 1 12 12 11 6 8 9 nos (1 an) nos nos (1 an) nos (1 an) nos nos (1 an) nos (1 an) no (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) 20,82 $ 14,95 $ 14,95 $ 49,95 $ 14,95 $ 49,00 $ 14,95 $ 9,95 $ 14,95 $ 59,95 $ 79,00 $ 24,95 $ 24,95 $ 30,78 $ 31,92 $ 45,00 $ 23,80 $ 112,50 $ 31,60 $ 76,45 $ 27,80 $ 14,95 $ 53,88 $ 72,00 $ 98,45 $ 41,70 $ 44,00 $ 44,91 $ nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (1 an) nos (2 ans) 49,90 $ 45,90 $ 25,74 $ 47,60 $ 49,90 $ 19,96 $ 49,50 $ 44,91 $ 39,92 $ 55,00 $ 69,90 $ 69,90 $ 71,88 $ • Super économies à 15 $ ou moins surlignées en jaune • LES PLUS BAS ÉPARGNEZ ENCORE PLUS ! -39% JUSQU’À ARCHITECTURE, DÉCORATION & JARDINAGE -171$ MODE & AU FÉMININ 107,64 $ 351,00 $ 418,60 $ 429,52 $ 326,56 $ 128,44 $ 313,04 $ 134,68 $ 329,68 $ 588,12 $ SCIENCE, NATURE & VOYAGE 94,12 $ 179,92 $ 227,50 $ 220,25 $ 194,48 $ 67,08 $ 162,76 $ 112,00 $ 209,00 $ 216,00 $ Pour une description complète des publications, consultez notre site Web ! CINÉMA, MUSIQUE, PHOTO & TÉLÉ 52 sem./samedi 52 sem./6 jrs. 52 sem./6 jrs. 56 sem./6 jrs. 52 sem./7 jrs. 52 sem./sam.&dim. 52 sem./7 jrs. 52 sem./sam.&dim. 52 sem./7 jrs. 52 sem./6 jrs. Prix en kiosque SPORT & SANTÉ La Presse* La Presse* Le Devoir Le Droit Le Journal de Montréal** Le Journal de Québec*** Le Journal de Québec*** Le Soleil Le Soleil National Post Votre bas prix Durée DIVERS JOURNAUX Pour une description complète des publications, consultez notre site Web ! 14,95$ PRIX GARANTIS ! DE RABAIS SUPPLÉMENTAIRE ! 3 $ DE RABAIS À L’ACHAT SIMULTANÉ DE 2 OU 3 ABONNEMENTS. PRENEZ 4 ABONNEMENTS OU PLUS ET DÉDUISEZ 10 $ DU TOTAL FINAL APRÈS TAXES. PLUS DE 265 TITRES DISPONIBLES ! 14,95 $ -76% 34 NOUVEAUX TITRES ! 51 TITRES À 15 $ OU MOINS ! POUR COMMANDER POUR COMMANDER Taxes applicables en sus / Autres publications et durées disponibles. Offre d’une durée limitée. Certaines conditions peuvent s’appliquer. Les prix et la disponibilité des produits peuvent changer sans préavis. Imprimé 08/2012 S O R T I R 54 réseau des ingénieurs du québec BISTROS C’EST L’HEURE DU 5 À 7 ! PAR LÉONORE PION il est 17 h, la journée commence ! à l’heure du 5 à 7 entre collègues, le plus difficile est encore de choisir l’endroit où boire un verre et avaler une bouchée. À MONTRÉAL Buvette chez Simone Koko restaurant + bar [1] Un endroit étonnant : ici, point d’am biance compassée où la dégustation de vin se fait du bout des lèvres, mais du monde (beaucoup) et du bruit (encore plus) ! Agoraphobes, « jeunesse bran chée-ophobes » et sensibles de la feuille, s’abstenir. Le menu, plutôt raffiné, va des tapas à la table d’hôte. Le poulet aux herbes de Simone a la cote. 4869, avenue du Parc > buvettechezsimone.com [1] [2] Pour un 5 à 7 tout en raffinement. Un endroit « chic sans prétention », où le complet trois-pièces n’est absolument pas de rigueur. À BU, une référence dans le petit monde montréalais des bars à vin, on peut aussi bien déguster un grand cru qu’une rareté dénichée chez un petit producteur. À essayer : les trios, trois vins choisis selon un thème (« les grands d’Alsace », « trois régions… trois cépages », etc.). Un menu de tapas à l’italienne à faire saliver d’envie. [2] 5245, boulevard Saint-Laurent > www.bu-mtl.com Endroit à la branchitude parfaite situé sur le toit du luxueux hôtel OPUS, un magnifique édifice à la façade art déco à l’angle de la rue Sherbrooke et du bou levard Saint-Laurent. Vue saisissante et décor grand luxe pour mieux apprécier cocktails et bouchées raffinées. Une fois le dernier service terminé, un DJ vient animer la soirée. Prière de respecter le code vestimentaire (« chic urbain »). 8, rue Sherbrooke Ouest > www.kokomontreal.com Le tire-bouchon Situé dans l’arrondissement de Verdun, un bistro-restaurant de quartier bien sympathique, dans le plus pur esprit de la brasserie à la française. On peut boire un verre en terrasse en grignotant des tapas ou des hors-d’œuvre (crevettes Ying Yang, antipasti de légumes gril lés, bruschetta, croûtons au camembert, etc.), enchaîner sur un tartare et finir en beauté avec une marche sur les bords du fleuve, à moins de 200 mètres. 5200, rue Wellington > www.tirebouchonbistro.com imagine Resto-bar Zero8 [3] Ici, pas de risque d’être victime d’un choc anaphylactique : tout ce qui en tre dans la bouche est garanti sans allergène – enfin, sans les huit princi paux allergènes : gluten, lactose, fruits de mer, noix… Même la bière est sans gluten ! Des cocktails excellents (dont un délicieux mojito très citronné), des bouchées appétissantes, et la possibilité d’enchaîner sur un repas complet, dans le décor design de la salle ou en terrasse. 1735, rue Saint-Denis > www.zero8.com À MONTRÉAL-NORD Le Bistro des Moulins Installé dans un bâtiment patrimonial sur les bords de la rivière des Prairies, à l’entrée du parc-nature de l’Île-de-laVisitation, ce bistro-restaurant sans but lucratif offre deux magnifiques ter rasses extérieures, dont une, réservée aux 5 à 7, dans les ruines d’un ancien moulin. Le plus : les bénéfices générés par le Bistro servent à financer le mu sée du Sault-au-Récollet, dont l’entrée est libre. 10897, rue du Pont > www.citehistoria.qc.ca/bistro À QUÉBEC La barberie [4] Un classique à Québec, sinon du Qué bec. En plus du « salon de dégustation », cette microbrasserie et coopérative de travail offre, à la belle saison, une ter rasse verdoyante équipée de hamacs et de balançoires : rien que pour ça, elle vaut le détour. Incroyable, mais vrai : on peut apporter notre lunch et autres grignotines ! 310, rue Saint-Roch > www.labarberie.com MO resto bar [5] MO n’est pas une brasserie à propre ment parler, mais l’endroit trouve sa place dans cette catégorie, car certaines de ses tables sont équipées d’un rare accessoire sur lequel nombre d’entre nous seraient ravis de poser une main experte : des pompes à bière ! Une belle sélection de tapas et de plats simples (gravlax, chorizo grillé, bouchées Gé néral Tao, etc.) qui accompagnent par faitement un verre. Ou deux. 810, boulevard Charest Est > www.moresto.ca 55 Le Moine Échanson [6] Un bistro-restaurant-cave dont la for mule change selon l’heure du jour. Pour le 5 à 7 ou la collation de l’après-midi, on accompagne son verre de vin de bou chées (très) gourmandes, de fromage ou de cochonnaille. À 18 h, on passe à table – le menu et les vins proposés mettent en valeur la région viticole à l’honneur, et le vin peut s’acheter au poids. Puis, à 22 h, on revient pour un dernier verre – les « coups de canon » sont offerts à des prix très alléchants. 585, rue Saint-Jean > www.lemoineechanson.com À SHERBROOKE [5] Le Siboire [7] On n’y vient pas pour son choix (élé mentaire) de grignotines, mais pour son cadre (une immense salle haute de plafond aux murs de briques apparen tes), son ambiance chaleureuse et son exceptionnelle sélection de bières. Les amateurs pourront en faire une présé lection éclairée grâce au site Web du Siboire, un petit bijou dans son genre, agrémenté de citations du style : « Si boire te fait douter, penses-y bien. » 80, rue du Dépôt > www.siboire.ca [6] À GATINEAU L’Autre Œil La plus grande sélection de bières au Québec : on en trouve plus de 500, de partout dans le monde et, bien sûr, du Québec. La mission de cette entreprise familiale : « éduquer et sensibiliser aux multiples sensations que procure ce nectar divin ». Côté bouffe, rien que du très classique : nachos, assiettes de fro mage et de charcuterie ou salade César. C’est simple, mais ça éponge. [7] 55, rue Principale > www.lautreoeil.com [4] [3] S O R T I R réseau des ingénieurs du québec 56 CULTURE AGENDA UN AUTOMNE DÉPAYSANT PAR LÉONORE PION la cigale de la fable a bien dansé tout l’été. qu’elle se repose, maintenant, afin de profiter des joies de la culture en automne. [5] Photo : Elisabeth Carecchio [1] Photo (Busk) © Don Lee, courtoisie du Banff Centre. Interprète Aszure Barton. [2] VU AUX VUES Les festivals de cinéma, en particulier à l’automne, sont légion dans notre belle province. Toute petite sélection de ce que le Québec a de plus dépaysant à offrir en la matière. SUR LES COULEURS DE L’ARC-EN-CIEL Au Festival international du film black, le noir se décline en d’infinies nuances, correspondant à des centaines de cultures et de traditions différentes. La différence, c’est le maître mot d’Image + nation, le Festival internaVOYAGER SUR PLACE tional de cinéma LGBT (lesbien, Le cosmopolitisme de Montréal se gai, bisexuel et transgenre). reflète dans ses festivals de cinéma. Pour un regard particulier sur le monde Dans les deux cas, une belle invitation à l’ouverture d’esprit. arabe, on ira, par exemple, au Festival du film marocain (des expositions Festival international du film et des conférences en plus des films) black de Montréal et aux Rencontres internationales du du 20 au 30 septembre documentaire (avec ateliers et débats) > www.montrealblackfilm.com pour mieux comprendre comment Image + nation, tourne le monde. le Festival international de cinéma Festival du film marocain LGBT de Montréal à Montréal fin novembre du 13 au 23 septembre > www.image-nation.org > www.festivalfmm.com Rencontres internationales CULTURE CHAMPÊTRE du documentaire de Montréal Sans doute le festival de films du 7 au 18 novembre le plus original du Québec, celui > www.ridm.qc.ca/fr de Saint-Séverin-de-Beauce (ChaudièreAppalaches) présente des « œuvres humanistes », en présence de leur réalisateur, dans l’église du village. Jeunes réalisateurs et cinéastes de renommée internationale se retrouvent aux Îles-de-la-Madeleine pour Images en vues, un marathon de deux jours de courts métrages. Festival du film de Saint-Séverin du 27 au 30 septembre > www.festivalcineseverin.org Festival de courts métrages Images en vues, Îles-de-la-Madeleine 2 et 3 novembre > www.imagesenvues.org/index.html Photo : Nathalie Bujold imagine PARTOUT AU QUÉBEC DRÔLES D’INFLUENCES Seuls en scène, une pianiste et un clarinettiste. Elle, Tina Chong, est une Canadienne exilée aux États-Unis. Lui, Dominic Desautels, est un Québécois installé au Brésil. Duo improbable et néanmoins parfaitement efficace pour son Jeu d’influences, un spectacle présenté en tournée par les Jeunesses musicales du Canada. « Tourmentes et révolutions » au programme, nous promettent les JMC. > www.jmcanada.ca/fr/ main_nav/accueil > concerts SHERBROOKE ET MONTRÉAL DANSE HYPNOTIQUE [1] Des corps de noir vêtus, des têtes encagoulées, des figures blêmes défigurées par des rictus parfaitement synchronisés : il ne manquerait plus qu’une faux à ces personnages tout droit sortis de l’imaginaire de la chorégraphe canadienne Aszure Barton pour incarner la Mort. Dans Busk + Awáa, les morts sont on ne peut plus vivants, tout comme les émotions qu’ils suscitent… Centre culturel de l’Université de Sherbrooke, 13 novembre Théâtre Maisonneuve, Montréal, 16 et 17 novembre > www.dansedanse.net MONTRÉAL À VOILES ET SANS VAPEUR Un événement pour titiller et notre cœur d’enfant (celui qui rêve d’aventures et de grands espaces) et notre cœur d’ingénieur épris de technique. Pour une troisième année consécutive, les grands voiliers sont de retour sur les quais du Vieux-Port, accompagnés de leurs désormais traditionnelles animations. Cette fois, ils seront six, dont le deux-mâts Roter Sand, le tout premier voilier-école accrédité du Québec. qu’en soit la forme. Un festival « avantgardiste et délinquant » qui présente théâtre d’ombres, magie et autres arts traditionnels mâtinés de technologies modernes. Pour sortir en douceur de sa zone de confort. [4] du 19 au 26 octobre > www.festivalphenomena.ca QUÉBEC LUMINEUSES ENLUMINURES [3-4] Le Moyen Âge a son musée à Paris, dans un site doublement exceptionnel : l’Hôtel de Cluny, un bâtiment finement ouvragé construit au XVe siècle, et les thermes du même nom, datant de l’époque gallo-romaine. En un siècle et demi d’existence, le musée a constitué l’une des plus belles collections d’œuvres de l’époque médiévale. L’exposition Art et nature au Moyen Âge marque la première collaboration entre le MNBAQ et le musée parisien dont, assurément, elle fera miroiter la grandeur. Musée national des beaux-arts du Québec, du 4 octobre au 6 janvier > www.mnba.qc.ca/expo_art_nature GATINEAU GRIGRIS ET BARON SAMEDI Religion teintée de spiritisme et de sorcellerie, le « vodou » est ce qu’on appelle un syncrétisme, un joyeux mélange de croyances et de pratiques qui fascinent autant qu’elles inquiètent. En 300 artefacts, l’exposition Vodou, un art de vivre lève (un peu) le voile sur la façon dont ce culte animiste est vécu en Haïti. Musée canadien des civilisations, à partir du 15 novembre > www.civilisations.ca/accueil [3] © RMN / Franck Raux [3][4] JONQUIÈRE PERSONNAGES ANIMÉS [5] ManiganSes n’est pas un nouveau venu dans le circuit des festivals de marionnettes : depuis 24 ans, Jonquière devient, pendant dix jours, le théâtre de ces personnages qui Vieux-Port de Montréal, prennent vie par la grâce de la techdu 13 au 16 septembre nique et la virtuosité de l’artiste qui > www.vieuxportdemontreal.com/ se cache derrière. Cette année, les troupes grands-voiliers viennent du Canada, de France, de Suisse, d’Espagne et de Chine pour [2] EXPLORATIONS POÉTIQUES une cinquantaine de spectacles en salle C’est un événement bien singulier et de nombreuses activités gratuites. que ce PHENOMENA (anciennement du 13 au 23 septembre Voix d’Amérique), lieu de rencontre > www.maniganses.com d’artistes « interdisciplinaires ou indisciplinés » amoureux de poésie, quelle © RMN / Jean-Gilles Berizzi 57 58 réseau des ingénieurs du québec imagine 59 LA BIÈRE ARTISANALE DU QUÉBEC UNE AFFAIRE DE PATENTEUX PAR AL AI N MCKEN NA suivant un courant généralisé partout en amérique du nord et dans certaines régions d’europe, la bière artisanale fait lentement mais sûrement sa niche au québec. depuis le début des années 80, les petites brasseries se sont multipliées, explorant nos origines à travers le malt et le houblon et n’hésitant pas à jouer la carte de l’innovation et de la créativité. La bière existe au Québec depuis la Nouvelle-France. Au début, l’histoire raconte que c’était cependant de la bière d’épinette que brassaient les premiers colons. C’était une pratique courante en Europe à l’époque : la bière était faite à partir des ingrédients qu’on trouvait à proximité. Faute de houblon, les « brasseurs » de la Nouvelle-France utilisaient ce qu’ils pouvaient bien trouver. En 1668, l’intendant Jean Talon fonde finalement à Québec ce qui est connu aujourd’hui comme la première brasserie à vocation commerciale de l’histoire du Québec. Une aventure de courte durée : dix ans plus tard, elle fermait ses portes. Il faudra attendre un peu plus de 100 ans, et un passage sous le régime britannique, pour qu’une nouvelle brasserie plus durable fasse son apparition. Cellelà est encore bien connue aujourd’hui, puisqu’il s’agit de la brasserie Molson. De 1786 à 1982 Comme ailleurs au Canada, le brassage de la bière au Québec a vivoté pendant près de 200 ans, de petits brasseurs émergeant régulièrement, puis fusionnant, étant rachetés, ou s’éteignant. Durant cette longue période, la bière au Canada s’est en quelque sorte divisée en deux : les ales se trouvant à l’est de Toronto, les lagers, plus à l’ouest. Cette séparation s’explique simplement : les ales, des bières plus fortes et plus goûteuses populaires en Angleterre et dans les régions francophones d’Europe, étaient prisées des immigrants français et anglais, regroupés essentiellement dans la région représentée aujourd’hui par l’Ontario, le Québec et les Maritimes. Les lagers, un style de bière plus douce provenant de l’Europe centrale et de l’Allemagne, étaient naturellement les favorites des immigrants, principalement allemands, qui ont contribué à l’expansion du pays vers le Pacifique. Puis, en 1982, la brasserie Massawippi de North Hatley devient la première d’une série de brasseries artisanales qui vont révolutionner le petit monde de la bière au Québec. Aidés par un relâchement de la loi provinciale régissant la vente et la production de bière, des brasseurs comme le Cheval Blanc, les Brasseurs du Nord ou McAuslan ont emboîté le pas de la brasserie Massawippi (rachetée en 1991 par deux entrepreneurs pour devenir la brasserie Unibroue, à Chambly) et sont devenus les patriarches d’une nouvelle génération de brasseurs qui, année après année, renforce sa position tant sur les tablettes des épiceries que dans les goûts des amateurs de bière d’ici et d’ailleurs. Dans leur Atlas mondial de la bière, les auteurs Tim Webb et Stephen Beaumont dépeignent ainsi la réputation que les brasseurs artisanaux québécois se sont forgée au fil des 30 dernières années : « [Au] Québec, la gastronomie et la joie de vivre à la française, associées à une politique de taxation favorable aux petites brasseries, ont généré la culture brassicole sans conteste la plus innovante du pays. On conseille aux amateurs en quête de bières aux ingrédients originaux, issues de fermentations hybrides et vieillies dans des fûts fréquemment réemployés pour un résultat encore plus délicieux, de commencer par Montréal et de rayonner à partir de là. » 60 Peter McAuslan, fondateur de la brasserie portant son nom. réseau des ingénieurs du québec La bière québécoise à l’ère moderne C’est évidemment très flatteur pour la bière artisanale québécoise, mais ce n’est plus tout à fait exact, note Peter McAuslan. L’entrepreneur montréalais aux racines écossaises était membre de la direction d’un cégep lorsque la brasserie portant son nom a vu le jour, au milieu des années 80. Depuis, il a vu émerger plusieurs dizaines d’autres microbrasseries dans la belle province. On en compte plus d’une soixantaine à l’heure actuelle, produisant tout près de 500 bières différentes. Il a aussi vu le reste du Canada prendre la même tangente. « Il y a 10 ans, le Québec était en avance dans le développement des différents styles de bière, mais le reste du Canada nous a rattrapés. Les années 90 ont été difficiles pour la bière artisanale partout en Amérique du Nord, ça a aussi eu pour effet de resserrer l’offre. Aujourd’hui, la diversité des bières sur le continent est comparable à la nôtre, mais le niveau de qualité semble un peu supérieur ici. » S’il n’est pas rare de retrouver l’inspiration anglaise, belge et allemande dans les bières brassées au Québec, c’est un phénomène qui est désormais répandu à l’échelle de l’Amérique du Nord. Les concours internationaux témoignent non seulement de cette situation, mais ils prouvent aussi une chose : les bières québécoises figurent régulièrement parmi les lauréates, taillant lentement mais sûrement la réputation des bières de la belle province. Ce n’est pas fini, non plus. La bière artisanale, qui représente environ 8 % à 10 % du marché canadien de la bière, va continuer à prendre de l’expansion, pour atteindre les 30 % d’ici dix à quinze ans, croit Peter McAuslan. Ça signifie qu’on verra encore d’autres brasseries émerger, d’autres nouveaux produits sur les tablettes. « Les gens au Québec et au Canada ont pris goût à la diversité de la bière et la nouvelle génération de brasseurs a compris l’importance de s’intégrer à l’économie de leur région. Je pense que l’époque d’un marché exclusif à deux ou trois gros brasseurs est révolue. Pour une fois, on ne reviendra pas en arrière. » • CINQ BIÈRES « HISTORIQUES » Cuvée Boréale Brasseurs du Nord La Boréale se décline en plusieurs sortes, mais plus récemment, les Brasseurs du Nord ont lancé la Cuvée Boréale, deux bières aux fruits utilisant exclusivement des ingrédients cultivés au Québec. Le développement économique local Saint-Ambroise Blonde McAuslan est une autre caractéristique importante La Blonde Saint-Ambroise a été la predes brasseurs artisanaux. mière bière embouteillée par la brasserie McAuslan, à Montréal. Elle se distingue aisément des lagers et des au- Canon Brasseurs RJ La Canon est une bière de garde qui retres ales des très grands brasseurs par monte aux débuts de la Brasserie GMT, son goût houblonné et amer, ainsi que aujourd’hui fusionnée au sein des par un arrière-goût que tentent de fuir Brasseurs RJ. Une bière de garde est à tout prix les produits de plus grande une bière de dégustation particulièredistribution. ment corsée que le groupe montréalais a récemment relancée sur le marché. Blanche de Chambly Unibroue Vous voulez faire vivre l’expérience historique des bières artisanales québécoises à vos papilles ? Rien de plus simple. En voici cinq qu’on trouve facilement et qui illustrent bien la variété des produits créés au Québec depuis près de 30 ans. La Blanche de Chambly s’est avérée un immense succès pour Unibroue, qui a ainsi conquis un important marché d’amateurs de bières plus douces peu attirés par le caractère plus prononcé de ses Maudite et autres Fin du Monde. La Blanche de Chambly illustre l’importance de la tradition brassicole belge au Québec. Cheval Blanc Brasseurs RJ La Cheval Blanc est une blanche que la brasserie du même nom produit depuis les années 80. L’entreprise a cependant été rachetée par ce qui est devenu, aujourd’hui, les Brasseurs RJ. Le Cheval Blanc est aussi un bar de la rue Ontario, à Montréal, qui a été le premier à décrocher un permis auprès du gouvernement provincial en 1986. BABILLARD D’EMPLOI FAITES PROGRESSER VOTRE CARRIÈRE Grâce au Réseau des ingénieurs du Québec, vous bénéficiez d’une vaste gamme de services et d’avantages bâtis sur mesure pour répondre à vos besoins : outils de gestion de carrière, programmes de formation, babillard d’emploi, rabais, privilèges et bien plus. reseauIQ.qc.ca/babillard CARRIÈRE SANTÉ 62 réseau des ingénieurs du québec L'ABC DE L'AVC PA R M O N I Q U E C R É PAU LT les accidents vasculaires cérébraux, ou avc, sont la troisième cause de décès au Canada. Pourtant, bien des séquelles pourraient être évitées si on savait comment en reconnaître les symptômes et réagir vite, vite, vite. François a 82 ans. Il y a deux mois, il a fait un AVC. Malheureusement pour lui, l’accident est arrivé pendant la nuit, alors que Marie, sa compagne, dormait. Quand elle s’est réveillée ce matin-là, Marie s’est tout de suite aperçue que quelque chose clochait. Contre toute habitude, François n’était pas dans le lit, auprès d’elle. Elle s’est levée et l’a trouvé debout, devant la grande fenêtre du salon, à regarder au loin. Il s’est tourné vers elle et lui a parlé, d’un ton posé. Sauf que ce qu’il disait n’avait aucun sens. Puis il s’est mis à marcher fébrilement, tout en continuant à former des phrases sans queue ni tête. Affolée, Marie a saisi le téléphone et a appelé sa fille Julie, lui demandant si elle voulait bien parler à François au téléphone, question de voir si c’était elle, Marie, qui était folle ou si ce que disait François n’avait bel et bien aucun sens. C’est ainsi qu’une heure plus tard, François s’est retrouvé à l’urgence. Son état s’était aggravé, il était même devenu violent, à tel point qu’il a fallu l’attacher. Ses propos se faisaient de plus en plus incohérents, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus rien dire. Pendant des jours il est resté là, sur son lit d’hôpital, alimenté par intraveineuse, sans rien comprendre à ce qui l’entourait ou à ce qu’on lui disait. Depuis, l’état de François s’est amélioré. Il peut marcher, avec difficulté. Il parle, mais ne trouve pas les bons mots pour dire ce qu’il veut dire. « Il y a un crayon sur le gazon » peut vouloir dire qu’il y a une poussière sur le plancher ou son contraire. François souffre d’aphasie, l’une des séquelles les plus fréquentes d’un AVC. Sûrement que son état continuera de s’améliorer, mais retrouvera-t-il un jour toutes ses facultés ? Rien n’est moins certain. imagine Mais un AVC, c’est quoi au juste ? L’accident vasculaire cérébral est causé par l’interruption de la circulation sanguine vers le cerveau, une interruption qui peut être due à la présence d’un caillot qui bloque la circulation (accident ischémique, 80 % des cas), ou par la rupture d’un vaisseau sanguin (accident hémorragique, 20 % des cas). Quand survient un AVC, la partie du cerveau qui n’a pas été irriguée par le sang ne peut plus envoyer ses messages à la partie du corps qu’elle contrôle habituellement. Ça peut être par exemple la partie qui contrôle la capacité de bouger des membres, ou celle qui contrôle le langage ou la compréhension. Un AVC se produit habituellement dans un seul des deux hémisphères du cerveau, le droit ou le gauche. Comme chaque hémisphère a ses propres fonctions, les conséquences de l’AVC varient selon la région touchée et la gravité des lésions. 63 AVC, ACV ? Ce qu’on appelait autrefois une attaque d’apoplexie est devenu au fil du temps un accident cérébro-vasculaire (ACV), un terme calqué directement de l’anglais auquel on préfère dorénavant le terme accident vasculaire cérébral (AVC). Cerveau droit, cerveau gauche Si l’hémisphère gauche est atteint, la personne pourra avoir une faiblesse ou une paralysie du côté droit du corps, une difficulté à lire, à parler, à penser ou à calculer. Son com portement sera plus lent, plus hésitant que d’habitude, elle aura de la difficulté à acquérir de nouvelles connaissances ou à retenir de nouvelles informations et il lui faudra de fréquentes directives pour parvenir à terminer ce qu’elle entreprend. Pour votre assurance entreprise, mieux vaut être à la bonne place. Que vous soyez propriétaire d’une firme de génie-conseil ou d’immeubles à revenus, nous vous offrirons une assurance adaptée à vos besoins. Informez-vous également sur notre assurance pour véhicules à usage commercial et bénéficiez d’une protection des plus complètes. Profitez d’un rabais de groupe exclusif ! DEMANDEZ UNE SOUMISSION 1 800 268-3063 • lapersonnelle.com/reseauIQ Certaines conditions s’appliquent. 64 réseau des ingénieurs du québec Si c’est l’hémisphère droit, c’est au contraire le côté gauche du corps qui risque de s’affaiblir ou de paralyser. La personne aura des problèmes de vision, de la difficulté à saisir les notions d’espace, comme la distance, la profondeur, le haut et le bas, l’avant et l’arrière. Elle éprouvera de la difficulté à exécuter des gestes aussi simples que de ramasser un objet, boutonner sa chemise ou lacer ses souliers. Elle sera incapable de lire une carte et connaîtra des problèmes de mémoire à court terme (un peu à la manière des personnes souffrant d’Alzheimer). Il lui arrivera même d’oublier ou de tout simplement ignorer les objets ou les gens qui se trouvent à sa gauche, même son bras ou sa jambe gauche. De plus, la personne atteinte à l’hémi sphère gauche pourra présenter des problèmes de jugement qui la mèneront à agir de façon compulsive, sans reconnaître ses propres limites. imagine avant que l’AVC ne soit traité. Bref, à chaque heure passée sans traitement, le cerveau atteint perd autant de neurones qu’en 3,6 ans de vieillissement normal ! Dans le cas de François, comme l’accident s’est déclenché durant la nuit, il a été impossible de le traiter assez rapidement pour éviter trop de séquelles. Mais un AVC peut se produire à n’importe quel moment de la journée. Encore faut-il savoir le reconnaître ! Les signes avant-coureurs d’un AVC Faiblesse — une perte soudaine de force ou un engourdissement soudain au visage, à un bras ou à une jambe (même temporaire) Trouble de la parole — une difficulté à parler ou à comprendre, ou encore une confusion soudaine (même temporaire) Trouble de la vision — un problème soudain de vision (même temporaire) De l’importance d’agir vite Mal de tête — un mal de tête soudain, intense et inhabituel La personne atteinte d’un AVC perd en moyenne 1,9 million Étourdissement — une perte soudaine de l’équilibre, de cellules cérébrales, 13,8 millions de synapses et 12 kilomètres de fibres axonales à chaque minute qui s’écoule surtout si elle s’accompagne d’un des autres signes avant-coureurs Il existe par contre une technique très simple pour déterminer s’il s’agit ou non d’un AVC. On demande à la personne de sourire. On lui demande de lever les deux bras. On lui demande de prononcer une phrase très simple, du genre « Le soleil est magnifique aujourd’hui ». Si la personne ne réussit pas ou parvient difficilement à faire l’une ou l’autre de ces tâches, il y a bien des probabilités qu’elle soit victime d’un AVC. C’est à ce moment que, vite, vite, vite on se dirige vers l’hôpital le plus près ! Remerciements Merci au personnel de l’hôpital de Saint-Jérôme, aux phy siothérapeutes, ergothérapeutes, nutritionnistes et tout particulièrement au personnel médical des soins intensifs, pour leur patience et le partage d’informations. • L’AVC EN CHIFFRES L’AVC est la 3e plus grande cause de décès au Canada. 6 % de tous les décès au Canada sont attribuables à un AVC. 14 000 Canadiens et Canadiennes meurent chaque année des suites d’un AVC. Il y a plus de 50 000 AVC par année au Canada, soit un à toutes les dix minutes. 300 000 Canadiens vivent avec les séquelles d’un AVC. Après l’âge de 55 ans, les risquent doublent aux dix ans. Un survivant de l’AVC a un risque sur cinq d’en subir un autre au cours des deux années suivantes. Sur 100 personnes ayant subi un AVC, 15 en meurent, 10 récupèrent entièrement, 25 récupèrent tout en conser- vant une légère invalidité, 40 conservent une invalidité importante tandis que 10 conservent des séquelles si importantes qu’ils ont besoin de soins à long terme. 8,6 milliards de dollars : c’est ce que coûtent annuellement les AVC à l’économie canadienne. 3 millions : c’est le nombre de jours que passent chaque année les Canadiens à l’hôpital à la suite d’un AVC. ÊTES-VOUS À RISQUE ? N’importe qui peut subir un AVC au cours de sa vie (pour chaque 10 000 enfants canadiens âgés de moins de 19 ans, on compte 6,7 AVC), mais comme pour toute autre maladie, certaines personnes sont plus à risque que d’autres. Certains facteurs, comme l’âge (le risque augmente avec l’âge), le sexe (les hommes sont plus à risque), les antécédents familiaux de maladie du cœur ou d’AVC avant l’âge de 55 ans, et les AVC ou ICT (ischémie cérébrale transitoire*), sont incontrôlables. D’autres facteurs cependant sont des plus contrôlables, soit l’hypertension, un battement cardiaque irrégulier, un cholestérol élevé, le diabète, le tabagisme, l’obésité, la consommation excessive d’alcool (plus de deux verres par jour), l’inactivité physique et bien sûr le stress. Et plus on combine de facteurs, plus les risques sont élevés. Bien sûr, les AVC, c’est comme tout le reste, ça n’arrive qu’aux autres. C’est ce que croyait François. Lui qui cumulait à peu près tous les facteurs de risque contrôlables, sauf le tabagisme, ne cesse de répéter depuis que « jamais je n’aurais cru que ça m’arriverait »… * L’ICT, communément appelée miniAVC, survient quand un caillot sanguin obstrue la circulation sanguine dans le cerveau pendant un court moment. Les symptômes sont presque identiques à ceux d’un AVC, mais se résorbent au bout de quelques minutes ou quelques heures. C’est l’indicateur qu’un AVC est imminent… BD imagine PA R B A D O 65 Qu’en pensezvous ? Partagez votre opinion > imagine@ imaginemag.ca 66 réseau des ingénieurs du québec POUR ALLER AU FOND DES CHOSES Le 9 novembre 2011, le gouvernement du Québec a annoncé la création d’une commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction sous la présidence de l’honorable France Charbonneau, juge de la Cour supérieure du Québec. Cette date charnière représente une réponse concrète aux nombreuses sollicitations des citoyens et des groupes de pression (dont le Réseau des ingénieurs), qui demandaient une intervention ferme contre les pratiques illégales dans le milieu de la construction. Rappelons que les ingénieurs nous disaient déjà au début de 2010 qu’ils étaient très préoccupés par ces allégations et réclamaient de vive voix la tenue d’une commission d’enquête publique (Sondage sur les allégations de collusion dans le domaine de la construction, 20101). Les ingénieurs établissaient alors dans cette solution la possibilité de voir rétablir leur réputation, profondément entachée par les agissements d’une minorité de malfaiteurs. Par contre, la Commission Charbonneau, telle qu’on la connaît aujourd’hui, n’a pas toujours eu la même autorité : la formule proposée initialement par le Gouvernement (en date du 19 octobre 2011) ne prévoyait pas de pouvoirs de contrainte ni d’immunité pour les témoins, des conditions essentielles pour faire la lumière sur des pratiques occultes. Cela a produit une vague de mécontentement au sein de la société civile et des acteurs concernés, et c’est seulement un mois après que nous avons assisté à un élargissement des pouvoirs de la Commission Charbonneau, enfin dotée des moyens pour aller au fond des choses. Ce départ maladroit a cependant laissé des traces dans la perception du public, du moins dans celle des ingénieurs, qui avaient mis beaucoup d’espoir dans cette solution. Au Réseau des ingénieurs, nous nous en sommes aperçus clairement, et ce, lorsqu’on a analysé les résultats d’un deuxième sondage d’opinion mené au mois de mai 2012 auprès de nos membres et voué à prendre la température des ingénieurs deux ans après le premier sondage. En clair, le mandat de la Commission Charbonneau est conforme à l’article 1 de la Loi sur les commissions d’enquête et prévoit : 1 D’examiner l’existence de stratagèmes et, le cas échéant, de dresser un portrait de ceux-ci qui impliqueraient de possibles activités de collusion et de corruption dans l’octroi et la gestion de contrats publics dans l’industrie de la construction, incluant les organismes et les entreprises du Gouvernement, les municipalités, et des liens possibles avec le financement des partis politiques; 2 De dresser un portrait de possibles activités d’infiltration de l’industrie de la construction par le crime organisé; 3 D’examiner des pistes de solution et de faire des recommandations en vue d’établir des mesures permettant d’identifier, d’enrayer et de prévenir la collusion et la corruption dans l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction ainsi que l’infiltration de celle-ci par le crime organisé. Tout le monde peut contribuer activement, en toute confidentialité et sécurité, aux travaux de la Commission, en écrivant à l’adresse [email protected] ou encore en composant le 1 855 333-CEIC (2324). Nous croyons que la Commission Charbonneau pourra contribuer à rétablir la confiance du public envers notre profession et les institutions. • Visitez le site de la Commission ici > www.ceic.gouv.qc.ca 1 Pour lire le Sondage sur les allégations de collusion dans le domaine de la construction 2010 du Réseau des ingénieurs du Québec > www.reseauiq.qc.ca/fr/discussion/enquete_etudes/sondage_collusion.html Illustration : Katy Lemay qu’en pensezvous ? Pour votre assurance habitation, mieux vaut avoir la bonne combinaison ! Que vous habitiez une maison, une copropriété ou un appartement, notre assurance saura convenir à votre mode de vie. DEMANDEZ UNE SOUMISSION 1 888 476-8737 lapersonnelle.com/reseauIQ Certaines conditions s’appliquent.