Le biographique

Transcription

Le biographique
Fiche Méthodologie
Nº : 09008
FRANÇAIS
Toutes séries
LE TALENT C’EST D’AVOIR ENVIE
Le biographique
Plan de la fiche
1. La biographie
2. L’autobiographie
Le terme biographique vient du grec bio, la vie, et graphein, écrire. Souvent comparé au portrait et à l’autoportrait en peinture,
le biographique est donc un récit de la vie d’une personne par une autre (biographie) ou de celle d’un auteur par lui-même
(autobiographie).
La biographie
La biographie est le récit de la vie d’une personne où le narrateur et l’auteur se confondent et se distinguent du personnage
principal. Il s’agit d’un récit mené à la troisième personne, qui relate une vie réelle, très souvent passée, achevée et qui relève d’un
discours narratif, d’une démarche chronologique.
La biographie est un genre historiquement ancien, qui remonte à l’Antiquité et qui connaît une évolution considérable au fil des
siècles. Ce genre était alors utilisé afin de relater, oralement ou par écrit, la vie de personnages illustres tels des politiques, des
philosophes. Plutarque, dans Vies parallèles écrit la vie des hommes du Ve siècle av. J.-C. dont il définit le caractère en fonction de
leurs actions.
Au Moyen Age, dans un souci religieux, la biographie sert essentiellement à faire connaître la vie des saints à travers leurs vertus,
tandis qu’à la Renaissance ce sont les artistes qui sont au centre du récit. Giorgio Vasari (1511-1574), peintre, architecte et auteur
italien, publie en 1550 le premier grand ouvrage biographique faisant aussi office de première étude critique sur l’art, intitulé Les
Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes ou Les Vies.
Progressivement, à partir du XVIIe siècle, tandis que le terme « biographie » fait son apparition dans les dictionnaires, les biographes
s’intéressent non plus seulement à la vie des grands mais de plus en plus aux vies privées et ordinaires, privilégiant le caractère
psychologique d’un personnage et de son évolution au sein de la société. L’individualité devient source d’inspiration.
A la fin du XXe siècle, les biographies se font de plus en plus fréquentes. Les biographes dirigent leurs écrits non plus forcément
de façon chronologique mais davantage pour tenter de répondre à des interrogations, à des mystères qui n’ont pas été élucidés.
Ainsi, en 1996, l’auteur suisse Myriam Anissimov, dans Primo Levi ou La Tragédie d’un optimiste, veut montrer comment l’Histoire, aussi
tragique soit-elle, peut influer sur la vie privée d’un auteur. De la même façon elle tente en 2004 de mettre en lumière le caractère
« mystique » d’un auteur aux facettes multiples dans Romain Gary le caméléon en élaborant un travail d’investigation considérable,
jusqu’à remonter aux ancêtres de l’écrivain.
La motivation d’un biographe peut aussi répondre à un besoin personnel, c’est-à-dire à une passion vouée à un personnage.
L’anglais Knowlson, en 1999, entreprend l’écriture de la vie de Beckett. Il parvient, tout en restant au plus proche de la réalité
dans sa description de la vie du dramaturge irlandais, à lui rendre hommage et à le faire connaître en apportant des éléments
complémentaires aux biographies déjà existantes.
De plus, les biographies ne sont plus essentiellement des récits de vies historiquement éloignées. Les contemporains suscitent un
intérêt croissant et une nouvelle façon de mener le récit d’une vie se dessine et devient de plus en plus récurrente. Les biographes
n’hésitent pas à mêler au récit leur propre vécu. Ole Wilel, dans Karen Blixen, un conflit irrésolu, enrichit la biographie de l’étonnante
femme de lettres danoise de documents inédits, d’entretiens et de conversations privés. Il réussit non seulement à donner plus
d’authenticité à son texte mais il permet une meilleure approche et une meilleure connaissance de Blixen et de son œuvre.
L’autobiographie
Du grec auto soi-même, l’autobiographie est par définition un genre qui a toujours été contesté. Genre très souvent qualifié de
« subjectif », la question d’authenticité est au centre des préoccupations des critiques. Il est tout de même reconnu en tant que
genre littéraire à partir du XVIIIe siècle avec Les Confessions de Rousseau.
L’autobiographie est le récit de la vie d’un auteur par lui-même. Mené à la première personne, c’est un récit rétrospectif qui est
souvent entrepris tardivement. Il alterne passé (évocation des souvenirs) et présent (bilan). L’auteur, le narrateur et le personnage
principal ne font qu’un.
© Tous droits réservés Studyrama 2010
Fiche téléchargée sur www.studyrama.com
En partenariat avec :
1
Fiche Méthodologie
Nº : 09008
FRANÇAIS
Toutes séries
LE TALENT C’EST D’AVOIR ENVIE
L’autobiographie prend sa source dans un passé plus proche que ne l’a fait la biographie. On considère la naissance du genre aux
alentours du IVe siècle avec saint Augustin et ses Confessions. En effet, jusqu’alors, s’intéresser à soi-même apparaissait vide de sens
et dépourvu d’utilité mais, avec l’émergence du christianisme, ce sont l’introspection et l’examen de conscience qui s’imposent
comme les principales motivations des autobiographes. Plus tard, au XVIe siècle, l’autobiographie devient un moyen de s’interroger
sur l’humanité entière. Ainsi, dans ses Essais Montaigne se présente comme étant lui-même « la matière de (son) livre » et affirme
que « tout homme porte (en lui) la forme entière de l’humaine condition ». A partir du XVIIIe siècle et avec les Confessions de Rousseau,
l’autobiographie atteint son apogée. Depuis, presque tous les auteurs ont fait retour sur eux, sur leur passé, grâce à leurs écrits.
Cependant une question essentielle se pose concernant ce genre ; celle de l’authenticité. En effet, entreprendre le récit de sa vie
signifie faire un choix dans les épisodes et les événements relatés. Une vie entière ne peut être racontée et cela implique quelques
alternatives. La mémoire n’étant pas infaillible, le récit autobiographique peut souligner des omissions voulues ou non de la part des
auteurs. La réalité peut être « retravaillée » selon l’objectif que se fixe l’autobiographe et le point de vue qu’il adopte.
Ainsi, Philippe Lejeune s’interroge sur cette notion « d’entière » authenticité relative à l’écriture autobiographique qu’il appelle
« pacte autobiographique » ou « pacte de sincérité ». Ce pacte doit pouvoir unir l’auteur et son lecteur à travers l’évocation d’un
« contrat » qui indique, de façon implicite ou non, que les faits relatés sont authentiques et que la réalité n’a pas été transformée. De
plus il doit spécifier que l’auteur, le narrateur et le personnage ne font qu’un. L’auteur doit donc s’engager à ne dire que la vérité.
Le récit autobiographique revêt de nombreuses fonctions.Tout d’abord, l’autobiographie peut avoir une fonction éducative et morale
comme le montrent les Confessions de saint Augustin. Elle peut avoir un rôle historique et de ce fait permettre de comprendre,
de réfléchir sur soi-même et sur son temps, Chateaubriand et ses Mémoires d’outre-tombe en est l’exemple le plus probant.
L’autobiographie peut avoir une vocation psychologique ; par l’introspection et la rétrospection, elle permet de faire le bilan d’une
vie non encore achevée, comme c’est le cas pour Nathalie Sarraute qui, dans Enfance, fait preuve d’originalité en menant un dialogue
à deux voix de sorte à distinguer, dans le « je » autobiographique, l’auteur de la narratrice. L’autobiographie offre aussi la possibilité
à un auteur de s’expliquer et de se justifier, une fonction adoptée entre autre par Rousseau. Elle a la faculté, par le pouvoir des
mots, de faire revivre le passé et avec lui un être cher (Albert Cohen dans Le Livre de ma mère). Enfin, l’autobiographie est aussi un
témoignage, le plus souvent à caractère historique tel que le montre Primo Levi dans Si c’est un homme.
Aux limites du genre, l’autobiographie connaît quelques variantes :
• le journal intime, caractérisé par une écriture au jour le jour à travers laquelle l’auteur livre ses impressions (Ann Frank, Journal ;
V. Klemperer, Mes soldats de papier et Je veux témoigner jusqu’au bout) ;
• les carnets, proches du journal intime sous forme plus fragmentaire (Cohen, Carnets, 1978) ;
• les mémoires dont la principale vocation est d’ordre historique ;
• les souvenirs où l’auteur se limite à l’évocation de quelques événements ;
• les récits de voyage ou les récits exotiques (K. Blixen, La Ferme africaine) ;
• le récit témoignage qui s’attarde sur un événement historique le plus souvent tragique (P. Levi, Si c’est un homme ; E. Guinsbourg,
Le Vertige) ;
• la fiction autobiographique dont les similitudes entre la vie du personnage et celle de son auteur permettent de soupçonner un
lien entre auteur et narrateur (F. Uhlman, L’Ami retrouvé ou A. Solienitsyne, Une journée d’Ivan Denissovitch).
Le genre autobiographique est très controversé. Jugé trop subjectif, il est aussi qualifié par certains critiques du XXe siècle de
moyen de flatter l’ego de son auteur et de servir d’exutoire à son mal-être. Il est souvent limité alors à sa seule fonction d’écriture
libératrice, à sa fonction thérapeutique entraînée par les « nouveaux maux » d’ordre psychologique propres à cette fin de siècle.
De plus, à une époque où la question d’authenticité est d’actualité – dans la mesure où l’émergence des émissions de télé-réalité
demandent à voir et à montrer la part de réel qui est en chacun de nous, les défauts plus que les qualités – des pseudo-témoignages
s’apparentant à des récits autobiographiques et écrits par des personnalités en vogue rencontrent un succès considérable et
peuvent créer une sorte de confusion dans l’esprit des élèves. En effet, il est courant de constater que la plupart d’entre eux,
considérant cette « production paralittéraire », rattachent ces textes au genre autobiographique, ne faisant aucune distinction
entre un témoignage relatant un événement passé et parfois douloureux (appelant une démarche littéraire quant aux choix des
événements relatés) et une expérience de vie dans un monde superficiel, voire artificiel. C’est pourquoi l’étude qui suit est orientée
vers la notion de témoignage authentique, appartenant à l’histoire littéraire, afin de montrer que la frontière entre ces deux aspects
du témoignage est grande et qu’aucun lien ne peut les unir, aucun rapprochement ne peut être fait.
Grâce à de véritables témoignages de survivants, les lecteurs du monde entier ont pu se rendre compte du martyre qu’ont subi
les hommes et les femmes victimes du totalitarisme et déportés dans les camps nazis et staliniens. Ces témoignages ont donné
naissance à une nouvelle forme de récits autobiographiques que l’on pourrait appeler « la littérature des déportés ».
Cette littérature issue de la déportation répond avant tout à un besoin de dire, par les mots, les souffrances et les humiliations faites
aux hommes dans un contexte historique particulier et complexe. De plus, elle semble, aux yeux de certains auteurs, indispensable
dans la mission qu’ils se sont fixés, c’est-à-dire le devoir de mémoire. Ainsi, même si Primo Levi souligne la question d’authenticité,
affirmant, à propos de son œuvre Si c’est un homme, que « aucun des faits n’y est inventé », le but de ces ouvrages est de « transcrire
les choses les plus pénibles, les plus pesantes, les plus lourdes et les plus importantes » pour laisser une trace historique afin que l’horreur
ne se reproduise plus. Il s’agit tout à la fois d’un acte politique et moral, un véritable engagement.
A ce sujet, Tzvetan Todorov, dans Face à l’extrême (1994), s’interroge aussi sur le sens et la place que cette période occupe et
occupera dans l’Histoire. Pour lui, seuls les témoignages des survivants peuvent laisser une trace fiable. Il veut aussi « réfléchir à
© Tous droits réservés Studyrama 2010
Fiche téléchargée sur www.studyrama.com
En partenariat avec :
2
Fiche Méthodologie
Nº : 09008
FRANÇAIS
Toutes séries
LE TALENT C’EST D’AVOIR ENVIE
la morale à partir de l’expérience extrême des camps » et montrer que, malgré la démarche amorale des bourreaux, « une résistance
morale chez les détenus » a existé, ce qui transparaît dans ces récits autobiographiques. Ce qu’il nomme les « vertus quotidiennes »
permettent aussi de mieux comprendre le passé et de mieux cerner la difficulté de relater les événements.
Aussi, dans son essai Auschwitz en héritage, concernant le devoir de mémoire, Georges Bensoussan veut montrer la différence
entre commémorer et comprendre. Selon lui ce sont deux manières différentes de considérer ce qui a été, la commémoration
faisant appel aux sentiments, et la compréhension à la raison, seule capable de faire obstacle au négationnisme et d’éviter un nouvel
holocauste. « La commémoration, élément essentiel de la mémoire faite religion civile, porte plus au rite qu’à la compréhension du passé »
(G. Benssoussan, 1998).
© Tous droits réservés Studyrama 2010
Fiche téléchargée sur www.studyrama.com
En partenariat avec :
3

Documents pareils