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COMPTE RENDU DU VOYAGE EN UKRAINE 2007
Catherine Pouliguen
Jeudi 4 octobre
RV à Charles de Gaulle à 5h15 où nous retrouvons nos organisateurs Claude et Monique Ferré et J.P et
Geneviève Debayles. Nous avons quitté Paris à 7h20 avec 35 Poursuivants désireux d’aller à la rencontre d’un
jeune pays ignoré de la France et accompagnés par notre guide Olga, ayant la double nationalité et responsable
de l’Agence Vacanture.
Dès notre arrivée à Kyiv à l’aéroport Boryspil à 15h15, nous sommes pris en charge pour un tour de ville.
Nous apprenons lors d’un premier arrêt au monument des héros fondateurs de Kyiv que la ville a été fondée
par 3 frères slaves Kii, Stchek, Khoriv et leur sœur Libied en 482, en rassemblant les tribus slaves (comme
Clovis avec les Francs au VI°s).Selon la chronique de Nestor, la ville reçut le nom du frère aîné. La ville fut un
centre commercial actif. Les Varègues ont été attirés par ce carrefour et descendant le long du Dniepr et à leur
tour, en 988, se sont imposés.
Nous remontons par une très belle avenue bordée de bois « dite allée des Parcs » pour arriver sur la Place St
Michel. De nouveau rencontre avec l’Histoire de la ville devant le monument représentant la princesse Olga
devenu reine après la mort de son époux Igor assassiné par les tribus slaves révoltés par les tributs abusifs qu’il
prélevait. Elle va se faire baptiser à Byzance par le Basileus Basile Porphyrogénète qui l’a demandée en mariage.
Mais elle préféra garder l’autonomie de son pays tout en gardant l’alliance de cette grande puissance. Elle aurait
dit : « maintenant que vous êtes mon père par le baptême, je ne puis vous épouser ». La fine mouche !
Son petit fils Wladimir, Prince de ce nouvel Etat, baptisé et baptisant tous ses sujets dans le Dniepr va être
canonisé. Ainsi l’Etat Ukrainien trouve une double légitimité, laïque et spirituelle.
Le monument montre Olga entourée de Saint André, patron de la ville et des deux Saints Cyrille et
Méthode qui ont apporté l’écriture slave. Les racines de l’Ukraine sont résumées dans ces deux monuments.
Puis nous entamons la visite de la cathédrale Saint Michel aux Coupoles d’Or, protecteur de la ville et du pays
construit en 1108 par le Prince Sviatopolk Iziaslavitch. Détruit par les Soviétiques en 1935 et reconstruit en
1988. A l’entrée une fresque peinte représentant St Michel au ciel.
A l’intérieur un séminaire accueillant les étudiants à partir de 19 ans pour les études. C’est un concours difficile,
1 place pour 7 à 12 candidats. Les prêtres de Paroisse devront se marier, ils vivent des dons des paroissiens et de
leur patrimoine, ils ont de nombreux enfants, et un coup de patte, ils ont une bonne vie. Ceux qui visent les
sommets de la hiérarchie ne peuvent se marier. Le clergé noir qui vit dans les Monastères ne se marie pas. Sous
le régime soviétique leur formation se faisait en Grèce.
Le Métropolite correspond à Cardinal et le Patriarche à Pape. Il y a 16 ans, l’Ukraine a élu son Patriarche qui ne
fut pas reconnu par Moscou et fut déclaré schismatique. Ce fut un premier pas vers l’indépendance. Il y a
actuellement deux Patriarcats en Ukraine, celui dépendant de Moscou et celui de Kyiv. Les fidèles se partagent à
égalité entre les deux églises. Cette division n’entame pas la foi des fidèles trop heureux de bénéficier de la
liberté religieuse dont ils ont été privés si longtemps et collaborent à la base.
Au-dessus le Patriarcat Universel siège à Constantinople et son église est Saint André.
Puis nous passons devant l’Eglise Catholique « Saint Alexandre » en souvenir d’Alexandre I° qui a battu
Napoléon I° et qui est considéré comme le Sauveur. Notre guide nous fait remarquer que c’est dommage car la
France aurait remboursé les dégâts de son armée alors que les russes n’ont rien donné. Un coup de patte à l’exgrand frère.
Cette église construite de 1817 à 1842 a servi de planétarium (notre guide y avait été avec son école). Rouverte,
Jean Paul II y est venu.
Cathédrale Saint André, chef d’œuvre de l’art rococo. Elle fut bâtie en 1755 à la demande d’Elizabeth I° sur
une colline à l’emplacement d’un bastion militaire, par l’architecte Francesco Rastrelli (celui de l’Hermitage).
C’est la Cathédrale de l’Eglise Orthodoxe Universelle. C’est une église d’apparat, elle servait pour la cour. Le
décor intérieur avec ses bois sculptés et l’iconostase sont d’une grande valeur. On remarque face à l’iconostase
deux tableaux très intéressants : à gauche le tableau du choix de Vladimir et à droite le prêche de Saint André,
c’est le chef d’œuvre de l’art rococo. Il y a une chaire. L’église est en forme de croix aux branches inégales en
raison de la topographie. On retrouve l’influence catholique et orthodoxe témoignant l’ouverture de la Russie sur
l’Europe.
Enfin arrivée à l’hôtel, installation et de nouveau départ à pieds cette fois pour le restaurant « La joie des
Cosaques », où nous avons dégusté une cuisine ukrainienne traditionnelle et goûté la vodka, médication
excellente pour les maux de ventre et les infections de la gorge.
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Un représentant du Crédit Agricole est venu nous entretenir de son expérience. Il a trouvé un pays dynamique,
très ouvert ayant l’esprit d’entreprise. Il se charge d’aider les entreprises françaises à investir. Il s’est quant à lui
si bien implanté qu’il a épousé une Ukrainienne dont il vient d’avoir une petite fille il y a 8 mois.
Retour à l’hôtel pour un sommeil bien mérité après une journée de 16 à 18 h pour l’ensemble du groupe. Le
rythme dès le premier jour est soutenu, mais nous avons du tonus, de l’humour et la foi des néophytes.
Vendredi 5 Octobre : KYIV
Visite de la Laure de Petchersk, départ à 9h30.
La Laure est l’un des plus anciens monastères datant de l’époque de la Russie de Kiev. C’est le lieu saint de
l’orthodoxie, la seconde Jérusalem pour les chrétiens orthodoxes. C’est un lieu de pèlerinage des orthodoxes du
monde entier. La Laure de Kiyv est la première des quatre monastères ayant rang de Laure (Ternopyle, Moscou
et St Pétersbourg.
La Laure a été fondée sur la butte dite « aux cavernes », il y a mille ans.
Dans l’enceinte que nous avons franchi par la porte de la Trinité sur laquelle figurent les fondateurs du
monastère à savoir Saint Théodose et Saint Antoine, se trouve un ensemble de 26 hectares organisé comme une
ville qui comprenait 30 églises, la résidence des Princes de Kyiv avec leur sépulture et la tombe du fondateur de
la ville, Wladimir, les bâtiments pour les moines, les différents services économiques, financiers, religieux, les
magasins etc…
Nous sommes rentrés dans l’Eglise de la Sainte Trinité construite vers 1106-1108 par le Prince Sviatoslav
Davodovitch qui a pris l’habit sous le nom de Nicolas le Pieux.
Stèles données par les pays baltes pour 10 personnes du conseil supérieur du monastère car l’office était long et
ils pouvaient s’y appuyer. (c’est rare).Le parterre comme dans beaucoup d’églises est en fonte du XVII° siècle.
C’est le don d’un certain Demidov plus riche que le tsar qui ainsi a reçu la rémission de ses péchés pour lui et sa
famille.
Puis nous avons vu la Cathédrale de la Dormition de la Vierge. C’est le cœur de la Laure construite entre
1075 et 1077. Il existe une légende selon laquelle la Vierge aurait envoyé des bâtisseurs de Constantinople à
Kiev en disant « je veux me faire bâtir une église en Russie ». En 1240 les tatars de Batu Khan ont rasé les
murailles de la Laure et démoli la cathédrale de la Laure. Elle fut reconstruite par les Princes et en 1438, le
Prince Konstantin Ostrojvski y prend l’habit et fait un don au monastère. Plus tard l’hetman Ivan Mazepa au
XVII° entreprit de grands travaux dans l’église notamment les 7 coupoles piriformes. En 1718 un grand
incendie ravage la cathédrale. Reliques, iconostase, vases sacrés, bibliothèque disparaissent dans les flammes.
Les travaux de reconstruction recommencent en 1722 et l’édifice renaît de ses cendres avec des formes encore
plus audacieuses. La cathédrale garde cet aspect jusqu’en 1941 lorsqu’une puissante explosion l’a détruite de
fond en comble. Les résistants avaient voulu tuer les autorités allemandes. Aujourd’hui la Cathédrale présente un
édifice élégant de style baroque avec ses coupoles et ses croix dorées nécessitant 9kg d’or. La consécration
solennelle de la cathédrale ressuscitée a eu lieu le 28 août 2000, le jour de la Dormition de la Vierge.
Voilà encore un exemple de la foi des ukrainiens et de leur désir de retrouver leurs racines et à quel prix !
A l’intérieur nous découvrons une superbe iconostase dorée (la présence de l’iconostase date du XIV° siècle)
avec des icônes qui sont distribuées de façon canonique : Porte principale est celle du Ksar ou du Paradis. A
gauche la Vierge de l’incarnation portant son fils dans ses bras, à droite Jésus. Aux deux extrémités la dormition
de la Vierge et l’assomption de la Vierge. A l’étage supérieur des scènes de la vie du Christ .Au dessus, le Christ
Roi et de part et d’autre les Apôtres et les Saints titulaires. Enfin à l’étage supérieur Dieu entouré des anges et
des Evangélistes. Le décor avec les hampes et les raisins est typiquement ukrainien.
Puis nous avons été conduits dans l’ancienne boulangerie du XVII° siècle pour découvrir l’exposition de l’or de
Scythes.
C’est un peuple d’origine iranienne venu de l’Est au VII° siècle avant JC qui s’est mélangé aux slaves au I°
siècle ap JC. Hérodote a décrit leur rite funéraire. A la mort on ouvre le ventre du mort et on y place des
aromates, puis on l’expose pendant 1 an et la population emmène un morceau de chaire ou de nez ou des oreilles.
Puis il revient dans la capitale. Une femme de son Harem est tuée pour être enterrée avec lui ainsi que son
enfant. La première salle nous montre en effet un squelette de femme avec ses bijoux et celui d’un enfant avec
ses bracelets. On enterrait aussi le cheval et le valet du Prince à 15-20 m de fond ; la sépulture était au bout d’un
tunnel bloqué par des pierres et les gens pendant l’année apportaient de la terre de leur région pour former un
énorme tumulus. Cette tombe datée du IV° siècle av JC, fut découverte en 1971 et la jeune femme avait 29 ans.
Présentation d’un superbe pectoral que les Ukreniens refusent d’envoyer dans d’autres musées pour tout l’or du
monde.
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Il est intéressant par la finesse du travail de l’or et par ses décorations. On aperçoit une peau de mouton finement
ciselée, rappelant la toison d’or. Les Scythes étaient installés en Chersonèse et commerçaient avec les Grecs. Ils
leur commandaient le travail artisanal en échange du blé et du bois, de l’ambre et de la poix.
D’autres salles nous montrent le travail des Sarmates, peuple de l’époque des invasions barbares du IV° et V°
siècle ap JC. Ici les objets sont en argent décorés avec des pierres ou avec de l’émail cloisonné, datant du XIXII° siècle. Cette technique, exportée en Chine par les mongols qui ont emmené les artistes et a donc disparu
d’Ukraine. On y trouve des icônes d’origine géorgienne, une salle d’art russe, puis d’art religieux juif (tourne
page, porte Torah, candélabres).
En sortant nous tombons sur l’arrière de l’Eglise de l’Assomption, somptueuse avec ses peintures sur des
niches ornant l’édifice. Puis nous poursuivons sur la terrasse et nous nous arrêtons sur le balcon d’où nous
pouvons voir le Dniepr et en contre bas la Laure Inférieure. En 1926 lorsque le Monastère a été nationalisé par
les soviétiques, les moines sont restés puis en 1966 ils se sont installés dans la Laure inférieure. Il y a 150
moines.
Nous descendons par des escaliers, sortant de la clôture pour arriver dans les catacombes. C’est le lieu où sont
enterrés les moines, on y descend avec une bougie pour nous éclairer soit disant ; c’est plutôt une obole déguisée.
Dans les murs les moines reposent en paix, momifiés parait-il, mais je crains que le défilé des visiteurs et des
croyants avec leurs bougies ne transforment l’atmosphère ambiante qui avait permis jusque là la conservation
des corps. Mais déjà on sent le miracle !
Après avoir bien marché, puis déjeuné, nous partons à la rencontre de l’Association des femmes Ukrainiennes
présidées par Olga Teliga. (Nous avons eu les honneurs du journal local)
L’objectif est de lutter pour l’égalité entre les sexes, la promotion de la culture, l’aide aux handicapés.
L’association fait partie du Conseil Mondial des Femmes. Dans leur local exigu, elles nous ont accueillis pour
nous montrer les œuvres des handicapés et des membres dont elles assurent la promotion par des expositions et
des concours, à savoir, broderies, peintures, poteries et travail sur bois.
Elles avaient invité des jeunes gens pour chanter des chants ukrainiens, avec un jeune violoniste virtuose et une
jeune femme, sa mère, qui chantait en s’accompagnant du célèbre bandara, cithare à 8 cordes. On voit ce désir de
garder sa culture, de la transmettre aux nouvelles générations et d’encourager les jeunes à participer à la
renaissance de cette Nation.
Après ce concert nous avons repris nos affaires et sommes allés dîner dans un restaurant puis nous avons pris le
départ pour le train qui allait nous conduire à LVIV. Départ à 20h58 et arrivée à 6h30 heures du matin.
Samedi 6 Octobre LVIV
LVIV était la capitale d’un puissant Etat slave, puis devint la Principauté de la Galicie- Volhynie. appartenant à
l’Empire Austro- Hongrois ( Lemberg) jusqu’en 1918, puis à la Pologne ( Lvov) après le partage de l’Ukraine
entre la Pologne et l’URSS, à l’issue d’une effroyable guerre civile (1918-mars 1921, traité de Riga) jusqu’en
1939. Elle repasse aux soviétiques lors de l’attaque de la Pologne par les allemands le I° Sept 1939 en raison du
traité germano soviétique.
Délivrée par les Soviétiques en 1943, elle retourne dans le giron soviétique jusqu’en 1992 date de son
indépendance.
Avec tous ces passages de mains le meilleur comme le pire et l’horreur ont marqué l’histoire de cette ville et
nous le découvrirons peu à peu. Cette ville a gardé son « âme » ukrainienne et nos guides en sont fiers. Elle a été
épargnée par les Allemands car ils considéraient qu’elle faisait partie de leur patrimoine et qu’ils devaient la
repeupler d’allemands après avoir exterminé la population locale, juive d’abord puis slave.
Après une nuit agitée dans le train en résonance avec les bogies, les tressautements sur les rails et le froid, nous
avons été transférés dans un magnifique hôtel « Leopolis »**** au cœur de la ville. Un bonne douche, un repos
d’une heure et demie et nous nous rendons devant l’Opéra S. Krouchelytsa. Il a été construit en 1895 par Z.
Gorgolewski dans le style des opéras du XIX° siècle. Au sommet, la Gloire tenant une palme entre ses deux
bras s’élève légère dans le ciel pour attirer vers les cieux les talents. Aux deux extrémités deux génies s’associent
à elle. Au dessous de part et d’autre d’un fronton triangulaire, des statues représentent la tragédie à droite et la
comédie à gauche. Au quatre coins, en haut les muses représentant la poésie, la musique, la danse et le théâtre. A
l’intérieur du fronton, a gauche les peines et à droite la joie ; au centre un homme âgé qui rappelle à un jeune la
vie. Une panthère symbolise la domination de l’homme sur le monde et de l’autre côté l’aigle symbolise le
malheur et l’épée la guerre. Les lviviens sont fiers de leur théâtre et peuvent profiter de spectacles réguliers et
bon marché toute l’année. Nous même avons écouté la Traviata de Verdi le soir même de notre arrivée.
Nous passons devant le grand monument de TARASS CHEVTCHENKO (1814-1861) construit en 1981. Le
monument a un intérêt symbolique pour la population. Il a été permis par des dons et une collecte et par le fait
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que les ukrainiens ont apporté des fleurs chaque jour pour faire céder les autorités soviétiques. Il est le symbole
de la résistance des ukrainiens, pour les ukrainiens le « Prophète National », il joua un grand rôle spirituel pour
la renaissance de la nation. Il fut poète, peintre, membre de l’Académie des Beaux Arts à St Pétersbourg. Il est
aussi le symbole de la résistance, à l’époque, au pouvoir tsariste qui le déporta en 1847 au Kazakhstan comme
soldat de l’armée tsariste après la publication de son poème historique « Les Haïdamaks » où il célébra le
soulèvement en masse des paysans de l’Ukraine de l’Ouest contre les Seigneurs polonais et soutenus par le
Cosaques Zaporogues. Il exprimait sa protestation contre le tsarisme. Le poète défendait sa dignité nationale et la
démocratie. Lui-même avait été délivré du servage en 1837 grâce aux intellectuels qui ont payé 2500 roubles
pour l’affranchir.
Sur ce monument est racontée l’histoire douloureuse et turbulente de la ville et de l’Ukraine. C’est pour cela que
notre jeune guide s’y est attardée.
Dans le même esprit identitaire, nous faisons un arrêt devant la statue de PETRO SAHAÏDATCHNY. Issu
d’une famille noble appauvrie de Galicie, après s’être comporté avec bravoure à la bataille de Kaffa en 1616, il
devint l’hetman des cosaques, fit la paix avec la Pologne et lutta avec elle contre la Moscovie et l’Empire
Ottoman. Son grand mérite fut d’allier la force militaire des cosaques à celle de la noblesse et du clergé et de
défendre tous les intérêts culturels et religieux de l’Ukraine. Il invita à Kyiv le Patriarche de Jérusalem
Théophane pour nommer et confirmer une nouvelle hiérarchie ecclésiastique orthodoxe. Sa popularité fut si
grande qu’à ses funérailles en 1622, une foule immense vint se recueillir et à son oraison funèbre il fut dit « qu’il
avait été un chef très intelligent et un protecteur dévoué des orthodoxes ayant pris la relève des princes de
Kyiv ».
Nous passons devant le Collège des Jésuites achevé en 1630 avec la statue de saint Antoine avec l’enfant Jésus
dans ses bras encadrée par celles des apôtres St Paul et Saint.
Puis nous admirons la chapelle construite par la famille de l’ancien bourgmestre Boïme (1609-1615), avec
une façade latérale Renaissance et au sommet un Jésus christ pensif. Cette église, la seule restée intacte, a gardé
pour la ville quelque chose de très important, de mystérieux voir de miraculeux.
Nous passons place du marché (Rynok), où a été construit l’Hôtel de Ville en 1835 et une horloge de 3 mètres
de diamètre. A l’entrée deux lions avec le blason de la ville : « les murs rappellent que la ville est riche, la grille
de la porte est levée car la ville est accueillante et le lion protège la ville contre ses ennemis ».
Musée National : Maison de Kornyac, marchand grec en vin construite il y a 427 ans, elle fut rachetée par le
Roi de Pologne et de Lituanie IAN III SOBIEDSKY. Style renaissance avec une cour italienne entourée de
galeries à arcades unique en Ukraine rappelant les palais italiens. Dans les salles d’apparat on retrouve tous les
portraits de la famille royale et notamment celui de son épouse Marie Casimir française née de la Grange d’
Aquitaine et de son fils Constantin. A la mort de Marie, la maison est vendue à la famille polonaise Jevulski qui
l’a gardée cent ans puis à d’autres propriétaires et en 1993 le palais devient Musée.
On y trouve des portraits de l’école hollandaise, celui de Maria Leczinska. La salle du trône, un lustre avec
l’aigle, les armoiries de la Pologne. On nous montre les entrées secrètes d’un salon. Tout le mobilier est du
XVIII° siècle, les parquets sont somptueux. L’art de vie est européen, celui de l’Europe des lumières, de l’esprit
universel. Ces familles ukrainiennes se sont polonisées et par là occidentalisées.
Nous entrons dans la pharmacie « Apteka », une des plus vieilles de l’Europe, elle date de 1735, encore un
moment de fierté. On a pu obtenir le vin de fer, aux vertus médicinales. Cela n’a pas empêché l’épidémie de
rhume.
Déjeuner au restaurant « Aphrodite ».
Musée des Beaux Arts fondé en 1905, c’est l’un des plus riches musées des beaux arts d’Ukraine rassemblant
plus de 53000 œuvres datant des XIV°- XX°s).
On peut y admirer les chefs d’œuvre d’artistes européens tels que Fileyvich ou Polejowski, Rubens, Breughel, le
Caravage, léonard de Vinci, Véronèse, Tiepolo. Les peintres français tels Greuze, La tour, JF de Troy, F
Clouet , le sculpteur Houdon et des tableaux espagnols de Goya, José de Ribera et Luis de Morales. Il y a une
importante collection d’icônes datant du XIV° XV°.
Ces oeuvres montrent la forte imprégnation de la culture européenne. L’Ukraine est vraiment un pays européen.
Le soir après l’opéra et le dîner au restaurant le « café de Vienne », nous retournons à l’hôtel Leopolis.
Dimanche 7 Octobre LVIV. Nous quittons LVIV tôt le matin.
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Nous partons pour la ferme agricole de Jovka et nous rencontrons le propriétaire dans un espace assez
marécageux et devant un bâtiment en construction qui rappelle les manoirs des junkers prussiens. Notre
agriculteur est un ancien directeur de kolkhoze de l’Ukraine orientale. Lors de l’effondrement du communisme
il a essayé de reprendre à son compte la ferme, mais la main d’oeuvre était peu motivée et les moyens de
production insuffisants, il est parti dans cette région, a repris un ancien kolkhoze en achetant une partie des
terres et en louant le reste. On a appris que sa femme était originaire de ce village, que sa belle famille avait des
postes dans l’administration, des relations pouvant l’aider et qu’elle a aidé au financement. Ils sont trois
permanents. Il élève des autruches dont il vend les œufs (50à 60 œufs par femelle/par saison × 12) et récolte des
fruits rouges, cassis et framboises. Il récolte 50 T dans l’année en faisant appel à une main d’œuvre saisonnière.
Il pense tripler sa production. Il loue ses terres pour la chasse aux sangliers et c’est pour cela qu’il est en train de
construire ce rendez-vous de chasse. Il pense avoir une croissance triple à l’avenir.
Il nous a dit qu’il avait par ailleurs des vaches et des veaux, des lapins. Ce qui explique peut être sa sérénité et
son assurance. Nous restons sur notre faim car cet agriculteur ne nous a pas fait comprendre l’agriculture
ukrainienne si ce n’est qu’il illustre les possibilités que certaines personnes entreprenantes peuvent réaliser dans
un contexte de pénurie avec des appuis politiques
L’invitation au chaud sera pour le prochain voyage ainsi que la visite approfondie de ses cultures. Nous étions
transis par le froid et par la pluie et nous n’avons pas insisté. Il n’y a pas de route carrossable, ni d’eau, ni
d’électricité.
Ensuite nous avons été accueillis par l’abbé du Monastère gréco catholique de Krékhiv fondé par Saint Basile.
Au XIII° siècle deux moines, Ivan et Sylvestre de la Laure fuyant les turcs s’installent dans le lieu sur la colline.
Puis un 3° moine aveugle, guidé par le Saint Esprit les rejoint et leur indique le lieu de la construction du
Monastère. L’Eglise est celle de Saint Nicolas, car ses reliques s’y trouvaient et on y a ajouté celles d’un petit
enfant Pacif. Ses parents ont été brûlés devant lui et il s’est converti. Puis le Monastère a reçu une icône de la
Vierge, miraculeuse offerte par une famille. Quand deux moines ont prié ils ont vu une lumière et la Vierge
pleurant des larmes de sang .Il y a eu 500 miracles depuis.
Maintenant c’est l’Eglise de la Transfiguration.
Nous avons assisté à la fin de la messe et le père nous a accueillis amicalement et présenté à ses paroissiens
comme des frères. Il nous a dit qu’il comptait sur les chrétiens de France et d’Europe pour parler de l’Ukraine
et pour l’aider à rentrer dans l’U.E. Il a ajouté « pour l’Eglise il n’y a pas de frontières ».
Déjeuner au restaurant « la maison capiteuse de Robert Doms » dans les caves d’une ancienne fabrique de
bière puis retour à Lviv. Repas somptueux avec un consommé servi dans une croûte. Saucisses, pomme de terre,
et légumes grillés. Roulé fourré de pommes caramélisées avec de la cannelle et des noisettes pilées.
Au retour nous passons par le Musée en plein air des traditions populaires.
Sur 50 ha des maisons des différentes régions d’Ukraine ont été reconstituées et permettent de voir les conditions
de vie des habitants, le mode d’habitat des plus aisés au plus modestes. On constate que le travail à domicile était
présent (tissage, travail du bois) associé à un peu d’agriculture. Les animaux sont gardés dans la maison.
Les maisons pauvres n’ont pas de cheminée. On imagine la fumée et la suie !
C’est toujours ce souci de montrer le passé et les origines du peuple ukrainien.
Retour à l’hôtel
Le soir nous allons lors d’un dîner rencontrer Olya Burova, Présidente de l’Association Soroptimist
International of Europe. Elles ont ciblé leur action sur un Hôpital d’enfants handicapés, délabré. Elles ont rénové
les locaux, les tuyauteries, les sanitaires, les cuisines, les salles de soin.
Elles ont aussi mené une action très précise pour guérir une maladie provoquée par l’eau contaminée en métaux
lourds et en fluor qui entraîne la chute des dents chez de jeunes enfants et des douleurs articulaires. Elles se sont
occupées de trouver des fonds pour refaire leurs dents et leur permettre de sourire.
Nous avons été aussi charmé par trois jeunes étudiantes en costume national qui sont venus chanter des chants
populaires sur l’amour accompagnées du bandara et d’un jeune homme avec son violon. Ce sont des amateurs
qui jouent et chantent depuis leur jeune âge. Cela fait plaisir de voir ces jeunes pleins d’alan et de talent
entretenir leur culture et d’en être fiers.
Lundi 8 Octobre
Nous quittons Lviv pour la visite du village historique de JOVKA, la ville aux mille églises.
Puis retour à Lviv pour un tour de ville en car avec un arrêt devant la cathédrale Saint Georges datant du
XVII° siècle construite par l’architecte Bernard Meretyn. On aperçoit deux statues celle du Pape de Rome et
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celle du Patriarche de Constantinople, symbole de la réconciliation avec Rome après plus de 400 ans de rupture.
C’est une église gréco- catholique dite uniate qui rassemble 60% des catholiques ukrainiens. En face les
appartements et l’hôtel du prélat
Une Vierge miraculeuse qui pleure des larmes de sang siège dans l’Eglise, elle était de la région de Ternopyl et a
été déplacée là.
Ensuite une surprise nous attend ; nous allons pouvoir visiter le musée des Icônes malgré sa fermeture. Création
en 1903 et ouverture en 1913. Il renferme une collection d’icônes allant du XIV au XVIII° siècle. Celles du XII
ET XIII° s ont été enlevées à Moscou.
Les premières salles présentent des icônes anciennes du XV° dans la tradition byzantino ukrainienne. Elles ont
des couleurs douces naturelles sans dorures. Certaines ont autour du personnage principal des illustrations de la
vie du personnage qui donnent à l’œuvre beaucoup de vie. Ex L’icône de la présentation de la Vierge par ses
parents est entourée de scènes de la vie de Marie. L’Annonciation aux parents de Marie, la Naissance de la
Vierge, la Présentation de la Vierge au temple. Le mariage de la Vierge et l’Annonciation par l’ange de la
naissance de Jésus.
Au fur et à mesure que l’on remonte dans le temps les dessins ont une certaine liberté il y a plus de profondeur et
de mouvement jusqu’ à présenter les caractères du baroque. Lorsque l’huile est utilisée, elle permet les ombres et
les lumières et les nuances des couleurs. Ex l’iconostase d’Ivan Routrevitch : les visages sont expressifs, les
vêtements décorés, les personnages sont en mouvement.
L’icône ukrainienne a sa spécificité. L’influence de l’art occidental a effacé celle de l’art byzantin. C’est encore
un exemple de cette ouverture de l’Ukraine sur l’occident.
Déjeuner au restaurant « Sept porcelets »
Rencontre à l’Université de l’Association franco-ukrainienne de la Faculté des langues étrangères de
l’Université où nous rencontrons le Directeur de la chaire de philologie française.
L’université fut fondée en 1664 par le roi polonais pour des étudiants polonais et quelques étudiants ukrainiens.
La chaire de philologie, la plus ancienne d’Europe orientale et centrale a été créée en 1897 ; elle est jumelée avec
la Sorbonne et a des contacts avec celles d’Angers, de Liverpool et d’Extremadure qui l’ont aidée pour les
équipements informatiques. Les aides de l’Europe ont diminué à leur grand regret. D’autres projets européens
ayant été retenus. Les étudiants payent leurs études et il y a des bourses pour les plus défavorisés. Il y a 5 ans
d’études. Ensuite, ceux qui veulent pousser leurs études passent un concours. A la sortie les étudiants se trouvent
sur le marché de l’emploi à la différence de l’époque soviétique où ils étaient affectés dans un bureau qui pouvait
être dans un petit village et qu’il était interdit de refuser. Du coup, il y a aujourd’hui des postes non occupés en
dehors des grandes villes. Ils partent à l’étranger le plus souvent en France faire une thèse ou pour être interprète
et d’autres en se mariant en France comme notre Olga qui sortait de cet Institut. Certains professeurs sont
ukrainiens nés en France.
Il y a des Olympiades chaque année pour la meilleure connaissance de la langue française et c’est leur université
qui chaque année gagne le concours. Pourquoi ne nous aide t-on pas ? Nous sommes performants !
L’Ambassade de France finance bien le centre de documentation et d’information, organise un festival du
cinéma, des expositions sur la littérature et fait venir des personnalités, mais les professeurs ont le sentiment de
ne pas être soutenus.
Une chaire de géographie doit être ouverte pour favoriser le développement du tourisme et former des cadres
compétents et entreprenants. Ils doivent être prêts pour le championnat de foot en 2012 qui se déroulera à Lviv,
Kyiv et Donetz.
Leur désir est de créer des liens avec les universités françaises et nous avons été sollicités par ces professeurs
pour servir d’intermédiaires.
Le soir dîner à la Coupole, dans une maison bourgeoise transformée en restaurant.
Nous avons eu droit à une chanteuse et nous avons rencontré le vice- Recteur de l’Université de théologie de
LVIV.
Il a eu une vie compliquée, il a connu la prison, les camps et persécuté pour sa religion.
Au début du XX° siècle les Ukrainiens voulaient une université refusée par les Polonais. En 1926-1939 le
Métropolite Marinovsky a créé une Académie qui fut fermée par les Soviétiques mais qui poursuivit son action
dans la clandestinité. Il fut envoyé au Goulag pendant 18 ans, puis délivré en 1953 sous Khroutchev à la suite
d’une intervention du Vatican. Il put créer cette Université Catholique. En 1994 le séminaire de Lviv fut ouvert
et en 2002 ce fut la fac d’histoire et l’Université catholique d’Ukraine.
Quelles sont les relations avec le pouvoir ? L’Université a son autonomie pour les études et le contrôle du
Chancelier est discret. Ils ne veulent pas l’autonomie complète, car pour lui Foi et Raison doivent être unis. Il
tient cependant à son identité catholique. Cependant, si la liberté religieuse a été accordée, il y a encore des
fonctionnaires qui ont du mal à l’accepter et les tracasseries existent encore. Ex certains fonctionnaires font la
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confusion entre croyance et formation théologique car ils sont très ignorants. Depuis la Révolution Orange les
barrières sont tombées et le programme de théologie à l’université est admis. Les relations avec le ministère sont
actuellement meilleures.
Avec l’orthodoxie ?
Le problème venait du Patriarche de Moscou qui nous a critiqués et a refusé de reconnaître l’autonomie de Kyiv.
Pendant la révolution orange toutes les églises confondues ont défendu les libertés et les droits de l’homme, la
liberté du vote et dénoncé les manipulations électorales. Cette Université catholique, indépendante et tolérante a
été créée. Avec le Patriarcat de Moscou, la tension demeure, malgré le désir de rapprochement et de compromis.
Car il veut toujours rassembler sous sa houlette toute l’ancienne URSS et freine nos efforts de rapprochement.
Le problème religieux se double d’un problème politique.
EX : Cet été une 3° Assemblée œcuménique s’est tenue en Roumanie et la délégation allemande a voulu
présenter l’expérience œcuménique ukrainienne, ce qui a fâché Moscou qui a menacé de quitter la conférence si
on n’arrêtait pas.
Relation avec le Judaïsme. Un effort de mémoire est fait autour des camps de concentration pour rapprocher
juifs et chrétiens. Le cardinal Houzart et le rabbin ukrainien de la communauté juive se rencontrent.
Les juifs sauvés ont rendu hommage au Métropolite André Chetevsky pour son courage et ses efforts pour
protéger les juifs. Le sujet est lourd et nous n’avons pas eu le temps de l’aborder.
Les objectifs sont de donner des valeurs morales à nos étudiants comme la lutte contre la corruption et contre le
mensonge qui avait été une méthode de gouvernement sous le régime soviétique.
Malgré les persécutions et les poursuites, la Foi religieuse est restée ancrée dans la population, mais de façon
traditionnelle pour les baptêmes, les mariages et les enterrements. Il faut faire un gros effort pour la formation
des chrétiens car actuellement la pratique religieuse diminue.
400 étudiants sont des séminaristes qui se destinent à la prêtrise et 600 étudiants sont là pour une formation
théologique et pour la catéchèse. La moitié des séminaristes deviennent prêtres. Parmi les laïcs il y a beaucoup
de filles. Elles ont un emploi sur place ou sont chargées de la catéchèse ou se placent facilement car la faculté
leur permet d’avoir de bonnes références auprès des employeurs.
La Première année c’est philosophie et théologie. 2° année, Humanités et Histoire, 3° année, Pédagogie. A
chaque année les langues étrangères, mais le grec et le latin sont en option.
Il y a un cours intitulé « Ethique chrétienne » facultatif élaboré avec les orthodoxes et les protestants. Les sujets
sur la Famille, l’alcoolisme, la pornographie dans le monde, la pédophilie sont rassembleurs. Les Aumôniers
militaires, des prisons et des hôpitaux viennent des trois religions.
Retour à l’hôtel à pied.
Mardi 9 Octobre
Départ à 8h pour Chervnitsi capitale de la Bucovine du Nord, terre de passage du N.E des Carpates, dont la
position stratégique entraîna une histoire mouvementée.
Incorporée à l’Empire austro-hongrois, puis un temps à la Roumanie après la première guerre mondiale, cette
ville verte a pu préserver son caractère charmant et cosmopolite d’Europe centrale. De son passé riche et grâce
aux communautés juive arménienne et allemande …qui y vécurent, une grande variété de styles architecturaux y
est représentée : byzantin, baroque, arménien, ottoman, art nouveau…mais elle est très marquée par
l’architecture autrichienne du XIX° siècle.
On s’arrête d’abord à la mairie de Vynnyky, ville satellite de Lviv. C’est une ville dortoir, la ville se développe
vite, 13000 en 2002 à 15000 en 2007. On retrouve 3 catégories d’habitants : les villageois anciens, les polonais
déportés qui sont revenus au village et les gens de l’extérieur.
NB : les polonais déportés sont des polonais qui selon les accords de Yalta ont du rejoindre leur nouvelle patrie,
puisque l’URSS avait pris cette partie à la Pologne. Ceci pour éviter que « les minorités mal traitées »
n’organisent des mouvements de revendications comme cela s’était fait après la I° G.M ce qui avait permis à
Hitler d’occuper la Tchécoslovaquie pour défendre les Sudètes, puis la Pologne pour les allemands de Gdansk. .
La ville est en mutation car elle a perdu son usine de cigarettes et elle doit inventer des activités nouvelles.
La Mairie veut utiliser le potentiel récréatif pour les habitants de Lviv. Elle veut développer le tourisme vert. La
ville a des atouts : Présence d’un Parc National, de monuments historiques et d’un Musée d’Histoire portant sur
les déplacements et les déportations des populations (Staline a déporté 2 millions d’habitants pendant la période
de la guerre, d’abord en 1940, puis de nouveau de 1943 à 1945 avec la reconquête. La mairie veut faire un
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effort de mémoire car tout cela a été caché. « Ce musée doit nous permettre de retrouver nos racines, nos
ancêtres et notre identité nationale ».)
Il faut faire un effort pour les infrastructures (routes, égouts, eau potable, électricité, Internet et téléphone), pour
construire des logements et aménager des aires de loisirs.
Il faut des crédits : Les fonds propres : impôts locaux : patentes, taxes foncières, TVA), fonds spécial budgétaire
alimenté par la vente de terres collectives et la vente de logements. Ils attendent que la loi sur la taxe d’habitation
soit votée. Les ressources sont limitées car beaucoup d’habitants ont encore la gratuité de certains services et il
est difficile d’y toucher et certains ne sont pas imposables.
Ils ont reçu des fonds grâce au jumelage avec trois villes polonaises. Ils espèrent gagner le concours du
meilleur développement des villes frontalières organisé par Bruxelles et ils ont demandé une aide à Bruxelles
pour les égouts, les routes et l’environnement.
Inutile de poser la question sur les rivalités politiques, comme dans toute mairie, le but est de réussir pour
améliorer les conditions de vie des habitants sur quoi les édiles sont jugés .D’ailleurs tous les partis de cette ville
ont créé un collectif « Vinistsky, ville européenne », car ils sont aussi désireux de rejoindre l’Union Européenne.
Cette visite rapide fut des plus intéressantes et on aurait aimé y passer plus de temps.
Nous poursuivons notre route pour arriver à notre hôtel Teremoche à Tchernivitsy par une longue avenue de
12 km étroite encombrée de nombreuses voitures. L’hôtel est de facture soviétique, avec son grand Hall de
marbre froid et sombre, ses surveillants à tous les étages. Nous avalons notre repas au pas de course à 15h et
nous nous précipitons à l’Université pour y rencontrer un professeur d’économie, qui a beaucoup tourné en
France.
Cette université à l’origine allemande a été créée en 1875 et inaugurée par l’Empereur François Joseph
d‘Autriche. Les premiers professeurs étaient allemands ou d’origine autrichienne
Après la I° G.M, Tchernivitsy est devenue roumaine (Bucovine Nord), puis de nouveau russo-ukrainien. Ce qui
explique les influences variées et la diversité des mentalités (Pologne, Austro-hongrois et Russe). Il y a eu trois
tentatives de réforme, l’une sous les tsars avant la I°GM, puis en 1917 et enfin en 1991.
Le 1° décembre 1991 a lieu le referendum puis l’élection du Président de la République. Il est économiste et
professeur d’économie politique. Il a été membre du P.C.
A la chute du régime les bâtiments du P.C sont passés à l’Université et on a introduit la chaire d’histoire et
d’économie. Tout de suite on a engagé les premières réformes économiques : encouragement des entreprises
privées pour produire pour le marché et pour abolir l’économie soviétique de pénurie. (A l’époque quand il était
à Kyiv il y avait des tickets pour le sucre, les chaussettes, les chaussures…
La monnaie, le grivna est la monnaie nationale depuis le 2 septembre 1996 ie 5 ans après l’indépendance en
raison de l’inflation de 94-95. Inflation de 2000%, soit 1 million = 5$. « J’étais millionnaire à cette époque avec
mon salaire de 21 M de Carbon, nous dit-il avec humour ».
L’Ukraine nous dit-il a des atouts : C’était l’économie la plus grande et la plus riche de la Russie. Son potentiel
était bien réparti sur tout le territoire. La formation de la population a un bon niveau d’éducation, héritage
soviétique. Les citoyens ukrainiens étaient moins exploités que les citoyens russes.
L’Ukraine occidentale avait gardé des contacts avec l’Europe Pologne, Espagne, Portugal où beaucoup
d’Ukrainiens travaillent. Notre hôte insiste que ces liens remontent à 200 ans montrant par là que l’Ukraine est
une nation européenne.
Il note par ailleurs que le problème vient de la différence de mentalité entre l’Est et l’Ouest : ceux de l’Est ont
une mentalité d’assistés, ils attendent tout de l’Etat alors que ceux de l’ouest sont plus entreprenants. On retrouve
ce clivage sur le plan politique : à l’Ouest ils sont démocrates et libéraux, à l’Est ils demeurent communistes.
Il nous raconte une blague qui circulait en Ukraine : « Le socialiste fait les courses, le communiste et le
capitaliste attendent dehors et longtemps. Quand le socialiste sort ils lui demandent où étais-tu ? Le socialiste
répond, mais je faisais la queue. Le capitaliste lui dit c’est quoi la file d’attente ? Le communiste lui dit c’est
quoi le saucisson ?
Aspects négatifs : La persistance de la mentalité communiste rend difficile la prise d’initiatives. L’attachement
au paternalisme y est plus grand à l’Est (maladie infantile de l’est). A l’Est, l’industrie est très concentrée, avec
un seul type d’entreprise, peu d’offre de travail et du chômage, à l’ouest présence de petites entreprisesdonnant
plus de possibilités d’emploi.
Aujourd’hui le plus grand problème c’est d’établir l’égalité entre l’activité économique et sociale.
Malgré le désir de faire partie de l’UE, l’Ukraine n’est pas prête, car l’économie et les lois ne sont pas conformes
aux exigences de l’UE. Il ajoute que « pour l’UE c’est difficile d’envisager de recevoir 50 millions d’habitants
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en plus des nouveaux membres qui accusent un grand retard et il y a encore, aux yeux de beaucoup d’européens,
association de l’Ukraine à la Russie ».
La croissance économique de l’Ukraine est depuis 2 à 3ans est en hausse, mais ne prend pas en compte le travail
au noir. Cela prive l’Etat de ressources mais arrange le consommateur.
Dernier problème : Depuis 3 ans il y a eu une baisse de la population de 3 Ms d’habitants, en raison du déficit de
natalité et de la hausse de la mortalité et de l’émigration. Des établissements scolaires ont du fermer. Enfin il y a
le problème de santé dû à Tchernobyl et à la pollution par les grandes industries.
La conférence s’est interrompue car notre professeur avait des obligations et nous avions eu un retard d’1 heure.
Retour à l’hôtel et dîner en présence du groupe de chanteurs et de danseurs de Bukrovina de Lviv.
Mercredi 10 octobre : KOLOMYA
Départ en car pour une journée dans les Carpates. Dans cette région où bat le cœur de l’Ukraine, les reliefs
tourmentés, culminant à plus de 2000 mètres, et les vastes étendues de forêts sont propices au développement de
croyances et de légendes : c’est là que des sorciers aux forces mystérieuses habitant loin des villages, soignent
avec les plantes des forêts et des prières….
Après la visite du musée d’arts populaires, nous nous sommes rendus au Collège d’arts appliqués de Vyjnytsa.
Le but de ce collège fondé depuis plus de 100 ans est de conserver, retrouver et faire vivre les arts traditionnels
de l’Ukraine. Ce collège rassemble 600 élèves et 78 professeurs. (60% enseignement artistique et 40 %
enseignement général, histoire, littérature). Les élèves étudient et travaillent. Ils exposent leurs travaux dans le
pays ou à l’étranger.
Nous avons vu les élèves en cours de peinture, apprentissage puis création, d’autres au cours de tapisserie et de
broderies .Les cours de sculpture sur bois et d’incrustation du bois ainsi que la ferronnerie avaient lieu ailleurs.
Les chefs d’œuvre étaient exposés dans une maison et ne pouvaient être vendus. Cela nous a donné une idée plus
large de ce que pouvait faire et créer les élèves dans cet établissement. On y percevait beaucoup d’inventivité et
de savoir faire.
Déjeuner de cuisine montagnarde traditionnelle dans un parc.
L’après midi nous avons visité le musée de Pyssanka, de l’œuf. Chaque village a ses couleurs et ses formes. Tout
est symbolique et identitaire ; les motifs permettent de reconnaître un village, une famille, une histoire.
Retour à l’hôtel Tcheremoche et dîner de « kosak » en ville.
Jeudi 11 octobre : Khotyn, Khamyanets-Podilski
Khotyn (la barrière) connue pour sa forteresse monumentale au bord du Dniepr en pierre, érigée au 15° siècle,
était l’un des principaux points défensifs du pays .Sa situation permettait de contrôler le commerce en direction
de la Mer Noire et sa position la mettait à l’abri des pillages et des assauts des nomades des steppes. Aux XIV et
XV°s la forteresse est la résidence de seigneurs moldaves. Ce fut un centre commercial, culturel important. Les
plus grandes foires de Moldavie s’y trouvaient où les marchands des pays de l’Europe de l’Est et de l’Ouest
venaient faire leurs affaires. L’endroit était un lieu de contrôle douanier du commerce entre l’Europe et l’Asie.
Après la chute de la principauté de Moldavie, la ville passa aux mains des Turcs.
Les Cosaques puis plus tard les polonais firent tout pour déloger ces turcs.
En 1621, à l’issue d’une campagne de l’armée polonaise et des cosaques ukrainiens contre l’armée ottomane de
Osman II, la Turquie fut battue, elle abandonna la forteresse, mais continua à contrôler la région. Ce fut l’arrêt
de l’avancée turque. Nous retrouvons en ce lieu notre héros national, l’Hetman Petro Sahaïdatchny qui
rassembla autour de lui toutes les forces vives de l’Ukraine. Pour les Ukrainiens cette bataille est un grand motif
de fierté, même si par la suite, les occupations continuèrent avec les polonais, les turcs (1711-1718) et plus tard
les russes (1839-1919) qui en firent le centre du gouvernement de la Bessarabie au début du XIX°s, puis de
nouveau les roumains (1919-1939) et les soviétiques en 1939.
Depuis 2000 la forteresse, classée monument historique est en restauration.
Cette histoire autour de cette forteresse et de la ville illustre bien les combats de ce peuple pour affirmer avec
ténacité et courage son identité.
Puis visite de Kayanets- Poldisky situé à 25 km au nord de la frontière entre l’Ukraine, la Roumanie et la
Moldavie. La ville se dresse depuis le XI°s dans un site exceptionnel, sur un promontoire rocheux cerné par la
rivière Smotrych. Très riche d’histoire, elle a laissé un précieux héritage architectural placé sous la protection de
l’UNESCO, en particulier la forteresse aux 9 tours, le quartier arménien regroupant- plusieurs églises du XV°s
autour de la place du marché, la cathédrale Saint Pierre, le monastère dominicain, l’hôtel de ville du XIV°s, le
plus ancien d’Ukraine. C’est encore une preuve de cette histoire tourmentée.
Dîner de Kosak en ville, puis Hôtel Tcheremoche à Tchernivtsi.
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Vendredi 12 octobre
Départ en car pour la découverte du pays des hutsuls. L’Hutsulschyna depuis toujours attiré l’attention de
voyageurs, d’écrivains, d’artistes et de chercheurs, mais les descriptions et les récits sur les Hutsuls n’ont
longtemps été qu’un mélange de fiction et de légendes. C’est aux XII et XVII° siècles que se cristallisèrent les
traits distinctifs attribués aux Hutsuls, considérés comme d’authentiques bergers mus par l’amour de leurs
montagnes, de leur liberté et de leur indépendance. Les Hutsuls ont longtemps été des montagnards dont le mode
de vie était basé sur la transhumance, ce qui leur a garanti une certaine liberté et les a préservés du servage alors
largement répandu chez les paysans des territoires voisins. La région s’est singularisée par la présence des
« oprysken », bandes organisées d’origine diverse qui pillaient les nobles, faisaient des incursions dans les
plaines et se réfugiaient ensuite dans les montagnes, dont certains de leurs chefs sont devenus par la suite des
héros légendaires. Cet isolement fit du pays hutsul un territoire fermé jusqu’au milieu du XIX°s. Puis, le
développement industriel et agricole initia une mutation sociale et culturelle. A la fin du XIX°s, la détérioration
de la situation économique et la famine donnèrent un coup d’envoi à une émigration en direction des pays
voisins et des Etats-Unis. La soviétisation forcée de la région après la seconde guerre mondiale acheva la
transformation du paysage socioculturel hutsul. Malgré tout, les valeurs des hutsuls ont résisté. Ils sont
spécialement réputés pour leur artisanat pourvoyeuse de revenus pour les familles.
A Yaremtche nous avons flâné dans le marché artisanal réputé et avons fait des achats d’objets variés ( travail
du bois de la laine de mouton, du cuir, broderies et vêtements). Avant, nous étions passés devant deux petites
églises tenues par des moines grecocatholiques. Sous le régime soviétique ces églises avaient été fermées et
transformées en musée de l’athéisme, les fresques de l’iconostase avaient été recouvertes de peinture verte.
Actuellement l’église est restaurée et une communauté studite est revenue. (Les studites sont un ordre dont la
mission est la prière et l’éducation des enfants). Il y a deux prêtres et un frère moine et deux religieuses qui
aident. L’église est dédiée à St Elie et on a pu admirer une belle icône d’Elie enlevé sur son char de feu avec
Elisée qui le regarde.
Yaremtche est une ville de vacances avec une station de sports d’hiver. Il y a de nombreuses colonies de
vacances et des centres de repos d’entreprises. C’est résidentiel.
Déjeuner au restaurant « Goutsoulchtchyna » animé par des danseurs, des chanteurs et des joueurs de violon, de
tambour, de flûte, de trombital,( cor de montagne) et de cithare. Spectacle folklorique d’un mariage de
Goutsoules : la jeune fille est amenée chez ses beaux parents. Les jeunes gens tirent sur une boule de pain qui est
coupée en deux et qui est ensuite partagée entre les invités. Cette troupe vient des montagnes et en a fait une
activité lucrative. Nous avons dansé avec eux pendant une bonne heure.
Départ et arrivée tardive à l’hôtel Nadya à Ivano Frankivsk
Samedi 13 octobre : Mukachevo-Uzhgorod
Une longue route nous attend et nous enfonçons dans les Carpates. Forêts de feuillus puis d’épicéa. Arrivés à un
col, nous retrouvons nos montagnards artisans qui ont installé leur production artisanale, la même qu’à
Yaremtche. Il fait froid et certains achètent une veste en peau de mouton.
Nous redescendons le col et arrivons dans une plaine où la température est plus clémente, le soleil de l’automne
réchauffe encore le sol et de légers nuages s’ébattent paresseusement dans un ciel bleu.
On aperçoit des villages le long de la route avec le petit lopin de terre devant la maison, planté de choux et de
betterave, de pommiers et de poiriers et de grosses courges, qui seront une réserve pour l’hiver et en arrière de
longues lanières cultivées ou en friche. Ce sont les terres kolkhoziennes. Ici, des paysans récoltent le maïs avec
peu de moyens mécaniques, là un couple âgé avec un cheval attelé à une charrette ramasse les pommes de terre,
plus loin un paysan commence les labours avec un vieux tracteur. Une campagne qui a un potentiel important
mais qui est dans le moment sous-utilisé.
Nous déjeunons à Rakhiv-Khoust. Ce restaurant se trouve au sommet du col Veretskyi. C’est le centre de
l’Europe. Une plaque en fait mention. Encore un clin d’œil pour nous rappeler que l’Ukraine est candidate pour
entrer dans l’Europe. Nous poursuivons ensuite vers la Transkassie et arrivons tard dans la nuit à Uzhgorod.
Nous allons goûter à la cuisine de Transcarpatie dans notre hôtel.
Dimanche 14 octobre : Uzhgorod
Participation à un office religieux de rite latin (communauté d’Hongrois) pour les uns et de rite orthodoxe pour
les autres.
Visite à pied de la ville avec un guide très cultivé et passionné. Les maisons et églises ont une architecture qui
rappelle celle de l’Autriche-Hongrie. C’est la plus grande ville de Transcarpatie de 125000 hab. située sur la
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rive droite du Uzh proche de la Hongrie et de la Slovaquie. Fondée au XI°s par le prince slave Laboretz qui a
construit le château sur le haut d’un colline (on est passé devant).
Visite au musée d’architecture traditionnelle et de la vie quotidienne où sont rassemblés plusieurs types de
maisons paysannes avec les instruments aratoires, les outils, le matériel pour fabriquer les fromages, les chariots,
les objets usuels de la vie quotidienne.
Départ pour la gare avec un panier repas car nous partons à 15h45 et nous devons arriver à Kyiv le lendemain.
Lundi 15 octobre : Kyiv.
Visite de la Cathédrale Saint Vladimir. Elle fut consacrée au Prince Vladimir qui a fait passer la Rous de Kiev
du paganisme au christianisme, édifiée entre 1862 et 1890, elle présente les traits caractéristiques du style
byzantin. Les raisons de cette conversion sont nombreuses : besoin d’un mariage avec la sœur des empereurs
byzantins, relations diplomatiques entre Byzance et la Rous de Kiev, besoin d’unifier l’Etat avec une religion.
Vladimir ayant conquis la Chersonèse va y recevoir le baptême en 988. A l’intérieur de l’Eglise, un tableau
d’Olga, la grand-mère de Vladimir qui s’était déjà convertie au christianisme et de son petit filsVladimir et deux
autres représentant le baptême de Vladimir, et celui des kiéviens dans les eaux du Dniepr.
Visite du MonastèreVydubytski. Sa construction date du XI°s et c’est un lieu saint important de l’église
ukrainienne. Les moines entretiennent un beau jardin de roses, ont des ruches peignent des icônes pour permettre
à la communauté d’avoir des ressources. L’origine du nom du monastère est surprenante : lors de la conversion
de Kiev au christianisme, Vladimir jetait les idoles dans les eaux du Dniepr, si bien que tous les habitants criaient
« Vydubaï, c'est-à-dire remonte ».
Tour de ville, on passe par la place de l’indépendance et la place de l’Europe, encore un lieu important pour le
pays, lieu de la révolution orange en 1994, où des milliers d’habitants sont venus réclamer la démocratie et des
élections libres. Sur cette place une colonne avec une femme symbole de l’indépendance portant une gerbe de
fleurs.
Nous sommes passés devant le Parlement et à côté dans un parc des petites tentes igloo abritaient des gens qui
veillaient au bon fonctionnement du dépouillement des votes et étaient prêts à intervenir en cas de malversation.
Le jour de notre départ les procès verbaux des élections étaient signés. Les deux partis majoritaires étaient élus
légalement et comptaient travailler ensemble pour faire avancer les réformes.
Visite de la Rotonde. C’est une église greco-catholique dédiée à St Nicolas, située dans un parc très ancien
(882) au temps où Kiev était une ville prospère et à l’emplacement du palais des princes Ascold et Dier. C’est
avant la dynastie des Rurikides où Kiev était la mère des villes russes.
Nous sommes passés le long du cimetière de la libération : rappel des combats acharnés d’abord contre les
allemands en 1940, la ville a tenu 83 jours et Hitler s’est vengé. Il a ordonné les massacres en masse de juifs, de
polonais et puis d’ukrainiens partisans. On a retrouvé les charniers notamment celui de Babi Yar, mais il y en a
eu d’autres (après avoir dépouillé les juifs de leurs biens, de leurs bijoux et de leurs vêtements on leur faisait
creuser les fosses et on les fusillait à la mitraillette ou au pistolet. On les mettait en couches. Cela a duré 2 ans. Il
y a eu 200000 morts).
Ensuite le 6 Nov. 1943 combats terribles entre les allemands sur la rive droite et les russes sur la rive gauche.
Le Dniepr a été franchi, il y eu une centaine de milliers de morts.
La ville a beaucoup souffert pendant la guerre et a perdu beaucoup d’habitants : en 1941 il y avait 850000
habitants, à la fin de la guerre il n’en restait plus que 160000 : 3% des jeunes nés avant 1923 ont survécu.
Beaucoup sont morts en déportation pour le travail.
Il faudrait ajouter les nombreuses victimes du communisme de guerre pendant la guerre civile de 1919-1921 de
la collectivisation de 1931-1933 organisée par Staline et les déportations massives dans des conditions atroces.
Ce fut un véritable génocide de la population civile ukrainienne.
Un monument se trouve à gauche de l’église St Michel.
Déjeuner au restaurant « Pervak » encore le folklore
Cathédrale Sainte Sophie à la façade vert et blanche est placé sous le patronage de l’UNESCO car les
bâtiments avaient été abandonnés.
La cathédrale fut fondée en 1037 par le Prince Iaroslav le Sage et remaniée à plusieurs reprises, elle constitue un
superbe témoignage de l’art baroque. Elle fut construite à l’emplacement de la bataille victorieuse de Iaroslav
contre les Petchenègues. On y créa la première bibliothèque avec 50000copistes et une école pour les garçons.
Elle fut le lieu du couronnement des princes et de réception des ambassadeurs. Le sarcophage de Iaroslav y est
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exposé dans le temple, car il est devenu le personnage incontournable de l’histoire de la ville et même de la
Russie. Kiev sous son règne était une ville prospère et brillante de 65000 habitants. (2 fois Paris et 3 fois
Londres). Il fut un grand diplomate, il parlait 9 langues étrangères. On le disait « beau père de l’Europe, car ses
enfants ont été mariés avec des princes ou des rois : sa fille Anna épousa le roi de France Henri I° en 1049, elle
donna naissance à un fils qu’elle appela Philippe et qui devint roi de France. Elle se retira à Senlis où elle a fondé
l’abbaye St Vincent et un grand monument lui a été élevé : « Anne de Kiev, reine de France ».Elle fit un
mariage morganatique avec Raoul Crépy de Valois avec lequel elle fut heureuse.
La cathédrale Ste Sophie fut sauvée par Maxime Gorki qui intervint auprès de Romain Rolland pour dissuader
Staline de la raser pour construire le bâtiment du comité central. Il a écrit : « Le peuple français s’indigne que
vous vouliez détruire le bâtiment construit par le Père de la reine de France.
Sur l’esplanade figure la statue équestre de Bogdan Khmelnitski devenu l’hetman de tous les cosaques en
février 1648. Il battit l’armée polonaise le 6 mai 1648. Cette victoire marqua libération du peuple de l’occupation
polonaise. Il lutta pour l’indépendance de son pays. Il réussit pendant 10 ans à maintenir une Ukraine libre et fut
accueilli par son peuple et par le clergé comme le « Moïse ukrainien » qui avait libéré son peuple du joug
polonais. A sa mort la domination étrangère revint.
Dîner au restaurant avec danse et chants. Nous étions par petites tables et nous avons remis la cérémonie des
adieux au lendemain au petit déjeuner.
Retour à l’hôtel.
Lundi 16 octobre Départ pour la France
Nous avons fait la cérémonie d’adieu et remercié nos responsables et nos guides. Le groupe du Nord avait
préparé un chant plein d’humour. André Suquet de Marseille a fait un récit humoristique de notre voyage et sur
le groupe car il avait noté certains aspects comiques et cocasses.
Puis nous nous sommes rendus sur la rive gauche du Dniepr dans un quartier neuf et moderne pour rencontrer le
vicaire général de l’Archevêque de Kiev dans sa future cathédrale commencée en 2002. Nous étions dans la
petite chapelle « Eglise de l’Annonciation », attenante à la future cathédrale.
Rappel de la situation des deux églises.
En 1596 Union de l’Eglise Uniate, greco-catholique avec Rome séparée depuis le schisme de 1054. En 1944 le
pouvoir soviétique a organisé une réunion à Lviv pour annuler cette entente. L’église orthodoxe a deux
patriarches, l’un dépendant de Moscou, l’autre ukrainien non reconnu par Moscou.
Pendant la période soviétique (1921-1941) les persécutions ont été fortes, atténuées à l’ouest dans la partie
dépendante de la Pologne où le Métropolite avait de l’autorité.
Quand les allemands sont arrivés en 1941 le pouvoir soviétique s’est déplacé vers l’Est et a déporté ou tué les
prêtres et les moines (un moine a même été crucifié).
Quand les soviétiques sont revenus en 1944, ils ont jeté en prison les évêques et les prêtres et ont réduit
l’activité des églises.
Nos églises gréco catholiques furent transmises à l’Eglise russe, les prêtres de nouveau furent mis en prison.
L’église rentra dans la clandestinité (séminaires, messes, instruction religieuse) jusqu’en 1987 date à laquelle un
groupe de prêtres et d’évêques ont commencé à agir à visage découvert. En 1988 1000 ans après le baptême de
Vladimir, la liberté religieuse s’affirmait, prélude au mouvement d’indépendance et de démocratisation du pays
qui allait s’amplifier de plus en plus. Gorbatchev lors de la visite au pape J.P II a promis l’égalité pour l’Eglise
catholique. Cependant l’application par les fonctionnaires a été difficile car ils ne le comprenaient pas.
Actuellement nous faisons tout pour l’entente des deux églises. A la base c’est plus facile qu’au niveau de la
hiérarchie (nous sommes un laboratoire d’œcuménisme), car nous trouvons un terrain d’entente sur les
problèmes sociaux, les aumôneries d’hôpitaux et de prisons, sur nos réflexions sur la famille, l’enseignement
dans les écoles et à l’université. Nous faisons des prières communes, nous participons ensemble aux fêtes
nationales.
Mais il y a encore un problème avec le Patriarche de Moscou qui ne veut pas lâcher ses prérogatives sur l’église
de Kiev et traite encore l’église orthodoxe d’Ukraine de schismatique. « Nous ne désespérons pas de faire
l’unité ».
Il y a un retour vers la Foi, on a tenu un forum de la jeunesse et 10000 jeunes ont prié et se sont réunis. Les
séminaires sont complets pour les paroisses. Par contre les vocations des moines sont moins importantes.
Après cette entrevue avec ce prêtre, nous avons fait route pour l’aéroport, clôturant ce voyage intéressant et
riche. Il manquait l’Ukraine orientale.
Décembre 2007
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