ÉTUDE COMPARÉE DE 2 TEXTES SUR LE MAL DU

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ÉTUDE COMPARÉE DE 2 TEXTES SUR LE MAL DU
ÉTUDE COMPARÉE DE 2 TEXTES
SUR LE MAL DU SIÈCLE (Musset et
Oberman)
Dans le texte A, Musset fait le portrait d’une génération incapable de trouver sa place
dans l’histoire. En vous appuyant sur des relevés précis du texte, montrez en quoi :
Les hommes de cette génération refusent le passé :
• citations :
“derrière eux un passé à jamais détruit” (ligne 2) signifie que revenir en arrière n’aurait
aucun intérêt.
“du passé ils n’en voulaient plus” (ligne 15)
• . figures de style :
“l’océan qui sépare le vieux continent de la jeune Amérique” (ligne 6) métaphore
comparant le vieux continent au passé
“Ils le trouvèrent assis sur un sac de chaux plein d’ossements, serré dans le manteau des
égoïstes, et grelottant d’un froid terrible.” métaphore mettant en scène les malheurs du
passé et la défaite de Waterloo.
• champs lexicaux :
De la vieillesse : ruines (l.3), fossiles (l.3), vieux (l.6), ossements (l.19), momie (l.20), vieux
(l.21), squelettes (l.22), tombe en poussière (l.23) et vieille (l.28). Ce champ lexical fait
référence au passé détruit sans envie de retour.
Du chaos et de la destruction,: détruit (l.2), naufrages (l.7), débris (l.12), chaos (l.13),
tempête (l.24), terreur (l.27), tremblé (l.28), lugubre (l.28). Ce champ lexical montre que le
passé n’était que souffrance et malheur.
Tout cela démontre que les hommes refusent le retour vers le passé sans valeur pour eux,
qu’ils jugent médiocre, sans intérêt, définitivement détruit, dépassé et néfaste. Ils ne s’y
retrouvent pas.
Ils ont du mal à envisager l’avenir :
• citations :
“l’avenir ils l’aimaient mais quoi” (l.15) Ils ont envie de l’avenir mais ne savent pas
comment l’atteindre. Ils ne peuvent pas l’imaginer.
Ils se demandent s’il faut faire comme Pygmalion (attendre un miracle) qui donne vie à
leur désir.
“ni la nuit, ni le jour” (l.18) Ils ne savent pas quoi penser. Est-ce bien, est-ce mal ?
“quelque blanche voile lointaine” (l.8) la voile blanche symbolise quelque chose d’agréable
et de beau mais elle est lointaine donc floue et difficile à atteindre.
• . figures de style :
“l’océan qui sépare le vieux continent de la jeune Amérique” (ligne 6) métaphore
comparant la Jeune Amérique à l’avenir.
• Champs lexicaux :
• la lumière : “l’aurore” “première clarté” (l.4)
• l’impression d’incertitude : “horizon” (l.4), “je ne sais quoi de vague et de flottant” (l.6-7),
“lointaine” (l.8)
L’avenir est une promesse, un rêve mais l’excès de rêverie amène à la déception
Ils sont dégoûtés par le présent :
• citations :
“un sentiment de malaise inexprimable” (l.30)
“condamnés au repos par les souverains du monde” (l.31)
“livrés aux cuistres de toutes espèces” (l.31)
“se résignèrent” (l.34)
• . figures de style :
“l’océan qui sépare le vieux continent de la jeune Amérique” (ligne 6) métaphore qui
compare l’océan au présent.
Le présent est lui aussi marqué par l'incertitude. Il est vu de manière hyperbolique : " une
mer houleuse et pleine de naufrage ".
Oxymore : " l'ange du crépuscule ".
• Champs lexicaux :
De la mort : “l’angoisse de la mort” , “l’âme”, “spectre”, “momie” (l.20), “embaumée”,
“squelette” (l.22), “livides”, “sa tête tombe en poussière” (l.23).
Des sentiments : “malaise” (l.30), “oisiveté”, “ennui” (l.31), “misère” (l.33) et faiblesse
(l.36).
Incapacité à être dans l'action. Ils sont contemplatifs, loin de l'action. La fin du texte est
marquée par le dégoût.
Le présent est source d'angoisse, c'est une société bourgeoise. La société exclus l'art, les
excès. C'est une société où les artistes n'ont par leur place. Epoque de l'ordre moral.
2- Reformuler avec vos propres mots ce que ressent Oberman, et qui est essentiellement
exprimé dans le passage souligné. Vous justifierez ensuite votre réponse en relevant puis
en analysant deux passages du texte, de votre choix.
Oberman pense que sa vie qui est un long fleuve tranquille et qui ressemble à “la petite
maison dans la prairie” est d’une platitude et d’une désespérance sans nom. Il a une
rapport masochiste à la vie. Il voudrait que sa vie soit plus tumultueuse, plus
mouvementée, plus risquée, plus inattendue et donc plus joyeuse !
“même ici (l.1)… monotones (l.6)”
“je n’aime que le soir” il y a déjà la moitié de la journée qu’il n’aime pas.
“l’aurore me plaît un moment” Le soir, il n’y a que l’aurore qui lui plaît et encore
qu’un moment.
“Je crois que je sentirais sa beauté” Il croit, il n’est pas sûr, que ce soit beau car il
est tellement obnubilé par le fait que “le jour qui va la suivre va être si long” et donc
tellement ennuyeux, qu’il n’arrive pas à voir la réelle beauté du soir.
“rien ne m’opprime ici (l.8)… pas assez (l.11)
“rien ne m’opprime ici, rien ne me satisfait” ce qui signifie que comme rien ne lui est
désagréable il ne peut pas jouir de la vie pleinement”
“je crois même que l’ennui augmente” sa vie est tellement monotone qu’il n’a aucun
espoir que ça s’arrange bien au contraire.
“c’est que je ne souffre pas assez” recherche de la souffrance comme d’un art de
vivre, ce qui signifie une manière mortifère de voir la vie.
3- A l’aide des deux textes, formulez en un paragraphe ce malaise ressenti par les
romantiques : essayez de définir de manière complète, avec vos propres mots, “le mal du
siècle” des romantiques. Donnez des exemples.
L'avènement de la Monarchie de juillet avec le roi Louis-Philippe, régime d'immobilisme
social, de conservatisme politique, et dont le dynamisme économique favorise la
bourgeoisie a laissé la jeunesse dans le désespoir. Désenchantée.
Le passé a été glorieux (les guerres napoléoniennes) le présent est terne et l’avenir est
obscur et angoissant. C’est une jeunesse frustrée, qui s’ennuie, qui n’a pas de destin.
Le mal du siècle est un désespoir moral, une sorte de crise de l’adolescence. La jeunesse
déborde d’énergie mais “il n’y a pas en général cette force, cette profusion qui m’est
nécessaire” (Senancour l.6) ne peut rien en faire . Ils n’ont pas leur place “le présent est
serré dans le manteau des égoïstes (Musset l.19) dans une société avide d’argent et
d’honneur “il n’en est pas un qui, en rentrant chez lui, ne sentît amèrement le vide de son
existence” (Musset l.40). Ils ont une soif d’absolu, des rêves de gloire qui les rendent
mélancoliques.
En fait, ils sont affligés par le mal de vivre, déjà Julie, l’héroïne de Rousseau s’était
exclamée “je suis trop heureuse, le bonheur m’ennuie. Malheur à qui n’a plus rien à
désirer”. Le sentiment d’être incompris domine. Ils ont le sentiment de subir leur destin
plutôt que de le diriger. Les poètes pleurent et font pleurer. Ils chantent les amours
impossibles. Ils cherchent leurs voies dans les excès et la pureté. “Les plus désespérés
sont les chants les plus beaux, et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots” Musset
dans la Nuit de mai. « Le classicisme, c'est la santé; le romantisme, c'est la maladie », dit
Goethe.