bulletin - CERCLE franco

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bulletin - CERCLE franco
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Juillet 2003 N°35
C.E.R.C.L.E
FRANCO-HELLENIQUE
LE
BULLETIN
d’Information
Sommaire
Editorial
Page 1
Visite du Musée Saint Raymond
Page 2
Les baroudeurs du désert (2)
Page 2
La musique grecque et le concert du 14
mai au Musée d’art moderne et
contemporain des Abattoirs
Page 5
Conférence sur l’Atlantide par
M.Didier Laclau Barrère
Page 10
Réunion de Pâques
Page 6
Le Printemps des langues
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Ma mère disait…
Page 7
Musique byzantine à Toulouse
Page 12
La Grèce au fil des jours…
Page 7
Agenda du C.E.R.C.L.E
Page 12
Editorial
A l’heure où j’écris ces lignes nombre d’entre vous a
déjà rejoint les rivages ou les montagnes de la Grèce. Pour
ceux qui restent, seule demeure la canicule. Mais n’y voyez
aucune amertume, tout juste un peu d’envie !
Cette pause estivale est aussi l’occasion d’esquisser un
rapide bilan de l’année écoulée.
Celui de l’association en premier lieu. Un premier
constat : nous n’avons jamais été aussi nombreux ! C’est un
formidable encouragement pour tous ceux, membres du
Conseil d’administration ou non, qui, tout au long de
l’année, consacrent une partie, parfois importante, de leurs
loisirs à préparer et animer nos diverses manifestations.
Autre élément très encourageant : nos cours de grec
moderne connaissent un succès grandissant et plus d’une
quarantaine de personnes, réparties en quatre niveaux depuis cette année, assistent avec enthousiasme et assiduité
aux cours. Que les enseignants Hélène, Théo et Georges
trouvent ici l’expression de nos remerciements. Nous pouvons être légitimement fiers de notre action pour la défense
et la diffusion de la langue grecque et, si j’en crois les dernières nouvelles (voir plus loin l’article sur la manifestation
du printemps des langues), notre action en ce domaine devrait encore s’amplifier.
Nous avons, par ailleurs, réussi nos journées consacrées au cinéma grec. Riche de cette première expérience,
Club lecture « Terres de sang » de
Dido Sotiriou
Fête de fin d’année pour les cours
de grec
Page 9
Club lecture : « Le Peintre et le Pirate »
de Costas Haziaryris
Page 9
Page10
nous pouvons envisager, avec le soutien amical et compétent de la Cinémathèque, de renouveler cette manifestation,
pourquoi pas en 2005 ?
Cette année également, mieux connu et reconnu, le
C.E.R.C.L.E a été partenaire de prestigieuses institutions
culturelles comme l’association Piano aux Jacobins et le
musée d’art moderne et contemporain dans une soirée tableau-concert consacrée à la musique grecque.
Les manifestations festives ont connu une participation inégalée dans une ambiance très chaleureuse, témoignant du plaisir que nous avons à nous retrouver. La soirée
de Noël, avec orchestre grec, a été particulièrement réussie.
Les fidèles du club lecture ont continué l’exploration de la
littérature grecque, s’aventurant même dans des domaines
nouveaux tels ceux de la littérature de l’époque byzantine.
Nous avons poursuivi notre partenariat avec le Goethe
Institut et les relations nouées avec le nouveau directeur,
M.Franz, nous laissent espérer un approfondissement de
notre collaboration.
Mais ce tableau flatteur ne doit pas cacher aussi nos
défaillances. Notre programme de conférence n’a pas été
aussi étoffé que nous l’aurions souhaité. Seulement trois
conférences cette année, certes de qualité, avec en particulier le grand talent de jeunes conférenciers. Il faudra nous
attacher à un programme plus régulier.
Il y eut aussi l’échec de notre voyage vers l’Asie Mineure. Nous avions pourtant mis de notre côté toutes les
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chances de réussite. L’histoire, la grande, est venue, par
cette si contestable guerre en Irak, contrarier nos projets,
contrariété mineure au regard des grands malheurs qu’elle a
apportés.
Voilà une transition pour dire quelques mots de
l’année écoulée pour la Grèce. La Grèce a assuré pendant le
premier semestre 2003, la présidence de l’Union Européenne. Tous s’accordent à dire qu’elle a assumé ces responsabilités avec une grande compétence dans un contexte
rendu difficile par la guerre en Irak. Après avoir évité des
déchirures dangereuses, la Grèce a eu le privilège de sceller
l’élargissement de l’Europe à dix nouveaux pays à qui nous
souhaitons tous la bienvenue. Mais il nous sera permis de
saluer particulièrement l’arrivée de la République de Chypre, cet autre foyer de l’hellénisme si cher à nous tous. Gageons que cette adhésion aura des conséquences positives
sur l’évolution du dossier chypriote et sur la réunification
de l’île pour que la ligne Attila ne soit plus qu’un très mauvais souvenir.
Voilà, mes chers amis, ce petit bilan que je souhaitais
vous adresser avant les vacances et nos retrouvailles prochaines pour une nouvelle année d’activité.
J’ajouterai une dernière remarque : notre association
grandit et c’est bien, elle est toujours plus reconnue et c’est
très bien. Tout ceci nous crée des obligations et des responsabilités. Nous avons plus que jamais besoin de toutes
les compétences et toutes les bonnes volontés pour faire
vivre le C.E.R.C.L.E. Réfléchissez-y pour la prochaine assemblée générale.
Bonnes vacances à tous
rir de cet honneur pendant que ses corsaires, après quelques dérapages, mourront aussi dans l’amour de Dieu.
Mais le Mal est indissociable de la nature humaine et
ce sont les Bons qui s’entretueront dans un dernier paragraphe asséné comme une gifle.
Charge contre le conformisme, les institutions, les
idéologies, écrit dans un style très économe (sauf pour
l’hémoglobine…), ce récit nous a entraînés dans de multiples réflexions…sans toutefois nous empêcher de goûter le
délicieux menu du « Si Bémol ».
JOSETTE DELON
PIERRE FABRE
Club de lecture du 16 Avril 2003
Le Peintre et le Pirate de Costas
Hatziaryiris
Mais où était donc Simone , ce Mercredi 16 Avril où
un cénacle rétréci s’est trouvé réuni au « Si Bémol » pour
discuter du roman de Costas Hatziargiris « Le Peintre et le
Pirate » ? Toujours est-il que c’est Josette qui se trouve
chargée de l’honneur redoutable d’assurer la suppléance.
Comme toujours aussi éloquente, Cécile nous a présenté le romancier au nom imprononçable et, partant, sûr
de ne pas être lu, selon lui, par plus de deux ou trois audacieux. Il y en avait pourtant presque une vingtaine ce soirlà, et bavards !…et peut-être autant de lectures diverses
…gage de qualité de l’œuvre.
« C’est horrible tous ces massacres ! ». « C’est désopilant ces supplices brutaux ou raffinés ! » Et de citer Rabelais ou Koustourika. En tout cas une œuvre qui ne peut
laisser indifférent.
Au début du récit, l’auteur, sous forme de parabole,
nous conte, dans un rythme effréné, les pires horreurs d’un
flibustier déchaîné, Costandis. Changement de ton : touché
par la grâce, il va se transformer en pope vertueux et mou-
Les baroudeurs du désert
Grecs et Français, frères d’armes
Ksar-Khilane : un puit dans le désert, des abris miséreux en pisé entre le hamad (désert de pierres) et l’étendue
infinie du Grand Erg Oriental (désert de sable). A l’est, les
dunes de Matmata et Foum-Tataouine, le tristement célèbre bagne de la Légion. Une étendue tellement difficile
d’accès par le sud que l’Administration de la France
d’Outre-Mer n’a pas cru bon devoir fortifier la position.
C’est le seul « talon d’Achille » de la protection du sud tunisien, elle permet en s’en emparant de « tourner » la Ligne
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Mareth et de foncer sur Gabès et Tunis. Mais encore faut-il
y arriver.
La ligne Mareth achevée en 1936 par les français est
constituée d’une série de blockhaus très bien dissimulés le
long d’un oued aux rives escarpées très difficile à franchir
par les blindés.
L’itinéraire de contournement de la Ligne Mareth va
de Nalout à Ksar-Khilane en passant par Remada (premier
hameau tunisien) et Bir-Amir. Si la « piste » est semée
d’obstacles naturels à répétition, les franco-grecs ne devraient pas rencontrer de résistance importante. L’antenne
de reconnaissance, premier corps de la Colonne Leclerc
commandée par les capitaines Farret et Kazacopoulos atteint Ksar-Khilane le 22 février 1943. Elle y précède de 24
heures l’avant-garde proprement dite de la colonne.
Devant Ksar-Khilane s’étendent 40 km de sable avec
quelques passages carrossables dont le repérage est particulièrement difficile. Farret et Kazacopoulos décident
d’explorer le terrain en lançant 3 unités de reconnaissance :
Au nord vers Bir-Soltane : Kazacopoulos
Au nord-est vers Ksar-Tarcine : Combes et Kaissaris
A l’est vers Ksar-Hallouf : Lavergne
Le capitaine Dimopoulos reste en couverture à KsarKhilane.
A l’entrée de Ksar-Tarcine, le groupe de Kaissaris est
stoppé par des blindés allemands qui ouvrent le feu. Une
contre-attaque du capitaine Kazacopoulos qui surveillait en
permanence l’ensemble des opérations des 3 unités sauve la
mise et réduit les pertes à 2 tués.
Dans la soirée une nouvelle reconnaissance est tentée
par Farret et Dimopoulos et de nouveau le « contact » est
établi avec l’Afrika-Korps.
Ce fait d’armes paraît peut-être modeste mais il se
produit le jour même où l’Afrika-Korps attaquait les américains près de Gafsa. L’équipée des franco-grecs fut interprétée par les allemands comme le début d’une action sur le
flanc gauche germano-italien. Deux unités de Panzers et
toutes les troupes italiennes furent alors déplacées vers
Ksar-Khilane et ceci soulagea les américains qui continrent
la poussée allemande.
Le 23 février, l’avant-garde de la colonne Leclerc arrive
à Ksar-Khilane. C’est le moment que choisissent les germano-italiens pour lancer une attaque aérienne sur la position faisant 13 morts parmi les franco-grecs. Le bombardement est effectué par 6 stukas, appareils relativement
lents mais auxquels les franco-grecs, manquant de matériel,
ne peuvent malheureusement pas opposer d’armes antiaériennes. Malgré ces pertes, le même jour, en véritables
« trompe-la-mort », ils parviennent néanmoins à installer
des avant-postes dans le Djebel Outid à 30 Kms plus au
nord.
Le 24 février, le gros de la colonne avec Leclerc et Gigantès quitte Bir-Amir. Direction : Ksar-Khilane.
Gigantès organise ce qu’il appelle une « Section de
fer » au Borj (Fort en arabe) « Le Bœuf » avec les souslieutenants Minotos et Kryorakis. Cette section est un peu
le « banc des remplaçants ». Elle doit pourvoir en combattants les unités engagées au front qui auront été décimées.
Le même jour, le général Von Arnim, qui a remplacé
Rommel, s’aperçoit à la fois de la tentative de contournement de la Ligne Mareth par la colonne Leclerc et de
l’éloignement de la colonne par rapport au gros des forces
britanniques plus à l’est. Von Arnim décide d’en finir avec
la colonne qui lui apparaît comme fragile et isolée.
5/ La bataille de Ksar-Khilane
Les défenses de Ksar-Khilane sont modestes mais
bien disposées par des chefs d’un grand professionnalisme
militaire.
Le général Ingold dans « Ceux de Leclerc en Tunisie »
décrit la position des 3 avant-postes armés de canons de
« 75 », situés sur le Djebel Outid et commandés respectivement par les capitaines Rogez, Combes et Troadec.
La colonne proprement dite est amassée au pied de la
falaise qui surplombe Ksar-Khilane.
Le 10 mars 1943 à 6 heures du matin, 40 panzers des
50e et 51e régiments blindés attaquent le Djebel Outid. Les
franco-grecs ripostent avec le peu de moyens dont ils disposent, à savoir deux canons de « 75 » !
Vers 7 heures, le repli des avant-postes est général vers
Khermessa, Foum-Tataouine et Bir-Amir. Le lieutenantcolonel Kallinsky et le commandant Courkoutis couvrent la
retraite par une série d’escarmouches.
8 heures : 25 chasseurs-bombardiers « Messerschmitt »
survolent la position de Ksar-Khilane. Camouflés dans le
sable, français et grecs ne bougent pas. Au nord-est, la progression des panzers et des troupes de panzergrenadiers est
telle qu’ils atteignent le nord de Ksar-Khilane.
8 heures 15 : c’est l’assaut allemand. Les franco-grecs
répliquent avec 3 canons et quelques mitrailleuses et stabilisent la progression de l’Afrika-Korps. Néanmoins la situation de l’ensemble de la colonne Leclerc est critique.
8 heures 30 : La Royal Air Force, en nombre, attaque
les Messerschmitt et dégage le ciel de la couverture aérienne allemande, soulageant momentanément la position
alliée.
Vers 11 heures : nouvelle attaque allemande mais cette
fois-ci sur les arrières de Ksar-Khilane avec l’appui de leur
aviation (40 Stukas et Messerschmitt). Harcelés par les
avions, submergés par le feu des blindés (50 panzers), les
franco-grecs maintiennent leur position avec énormément
de difficulté.
L’attaque principale a lieu à l’est de ksar-Khilane. C’est
un véritable chaudron.
Vers 16 heures, décimés, en dépit d’une résistance héroïque, les franco-grecs commencent à évacuer KsarKhilane.
C’est alors que l’aviation britannique utilise pour la
première fois dans l’Histoire les avions « tueurs de tanks »
ou « tank-busters », promis à un bel avenir. C’étaient tout
simplement des chasseurs armés de canons anti-chars pointés vers le sol. Ceci décida du sort de la bataille.
Mais comment se faisait-il que cette vague d’avions alliés ait pu intervenir à ce moment critique ? Tout simplement parce qu’un sous-officier français des transmissions,
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qui se trouvait aux avant-postes, ne s’était pas replié, mais
avait, au contraire, traversé les lignes allemandes et avait
averti le QG de Montgomery.
Au soir du 10 mars 1943, exténués et décimés, les
franco-grecs grâce à leur ténacité et le travail exceptionnel
du lieutenant-colonel Kallinsky pour sauvegarder les liaisons ont pu valoriser l’intervention des « tueurs de tanks »
et assurer une incontestable victoire aux alliés.
Désormais, grâce à eux, la Ligne Mareth peut être
contournée.
La proclamation (Ordre du jour) de Leclerc associe
l’ensemble des combattants unis dans l’effort : « Les troupes du Tchad, aidées par leurs camarades britanniques et
grecs ont infligé à l’ennemi un échec certain et lui ont fait
subir des pertes sérieuses. »
tant d’assaut, dans la nuit, les collines qui les séparent des
gorges d’El-Hamma.
El-Hamma et ses gorges sont défendus par le « Sahara
Gruppen ». Pour le déloger, la colonne Leclerc n’est pas assez puissante. L’ensemble des blindés de la 2e division néozélandaise est nécessaire.
6/ Le contournement de la Ligne Mareth
Sortis victorieux de la bataille de Ksar-Khilane, les
franco-grecs renforcent la position en vue de l’opération de
contournement de la Ligne Mareth. Des missions de reconnaissance sont dépêchées chaque jour, elles rassemblent
les français Grandguyot et Ménard et le grec Achillopoulos
qui ne tardent pas à dresser une carte détaillée des secteurs
de désert où les véhicules lourds peuvent s’engager sans
crainte.
Montgomery envisage à la fois
- d’attaquer la Ligne Mareth défendue par 5 divisons
allemandes frontalement à l’est ; il dispose pour cela de 4
divisions indo-britanniques, et de la faire contourner à
l’ouest par la colonne Leclerc et la 2e division néozélandaise du général Freyberg. Les cartes dressées par les 3
compères sont pour cela d’une importance capitale.
Parallèlement, les allemands renforcent leur artillerie
sur le Djebel Outid de façon à rendre le contournement de
la Ligne Mareth par Ksar-Tarcine et Bir-Soltane très périlleux.
Le contournement débute, appuyé par une couverture
aérienne britannique, le 19 mars à l’aube, par une offensive
de la totalité des forces franco-grecques sur les Djebel Outid et Malted défendus par les allemands, et Chia, défendu
par les italiens.
Le premier groupe attaque à l’est Ksar-Hallouf puis
oblique vers Matmata et le Djebel Chia au ras des blockhaus allemands
Le second groupe attaque à l’ouest Bir-Soltane et BirKhézène,
Le troisième groupe, comprenant la quasi totalité des
troupes grecques, attaquera au centre en direction de la
route d’El-Hamma.
Le lendemain, la 8e armée britannique attaque de front
la Ligne Mareth. Les pertes sont considérables : 5 000 tués,
les alliés sont repoussés.
Dans la nuit du 22 au 23 mars tandis que la colonne
Leclerc est bombardée de longues heures par l’aviation allemande et que les franco-grecs s’enfouissent dans le sable,
Leclerc et le lieutenant Callonaros, aidés d’un peloton de tirailleurs sénégalais, emportent d’un coup de main le Djebel
Malteb. Ils poursuivent leur avantage vers le nord empor-
Le 25 mars, l’attaque est déclenchée. La bataille est
d’une extrême violence, longtemps indécise. La victoire sera acquise grâce à la supériorité de l’aviation britannique.
Au soir du 25 mars alors que Leclerc et Gigantès observaient à la jumelle Gabès et la mer, le « Sahara Gruppen » avait été anéanti sans se rendre.
Mais tout n’est pas fini. Von Arnim, en commandant
avisé, augurant du contournement a fait évacuer la Ligne
Mareth et Gabès. Il s’est retranché avec l’Afrika-Korps sur
l’oued Akharit, au nord de Gabès.
Et là : pas de débordement possible. D’un côté : la
mer, de l’autre : les marais.
7/ Des destins différents
Après la prise de Gabès un redéploiement des forces a
lieu et les grecs de Christodoulos Gigantès sont affectés, le
5 avril, à la 2e division néo-zélandaise du général Freyberg.
Les Français Libres de Leclerc se séparent de leurs
compagnons d’armes grecs et se préparent à l’assaut contre
Tunis, prélude à la campagne de France.
Renouant l’amitié tissée entre néo-zélandais et grecs,
lors de l’invasion de la Crète, les hommes de Gigantès participeront activement aux combats de l’oued Akharit, à la
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libération de Sfax, puis de Sousse où le « Bataillon Sacré »
fit 2 000 prisonniers, dont le général commandant les forces italiennes en Afrique du Nord.
Ils ne participeront pas au siège de Tunis. Le 17 avril,
Gigantès et ses hommes sont rappelés en Egypte.
Churchill leur réserve une autre tâche pleine de périls :
s’emparer du Dodécanèse pour « sécuriser » dirait-on aujourd’hui, la Mer Egée, d’une importance stratégique capitale pour les liaisons en Méditerranée orientale. Il déclarera : « Ils soutiendront sur mer la réputation acquise dans les
sables ».
Effectivement, leurs pas les conduiront notamment à
Samos, Léros, Chios, Fourni, Ikaria, Psara, Lesbos et Rhodes jusqu’à la reddition du Dodécanèse. Ils inspireront le
réalisateur du film « Les canons de Navarone » : l’assaut de
la falaise dans une nuit de tempête, c’est eux, le 8 mars
1944, devant le Cap Blanc à Samos.
Christodoulos Gigantès, officier supérieur français et
général grec, titulaire de la Légion d’honneur et de la Croix
de guerre, sera l’un des représentants de la Grèce au Tribunal de Nuremberg. Il sera successivement gouverneur du
Dodécanèse, de l’Eubée et directeur général de la Radio.
EDOUARD THILLIEZ
Bibliographie
Le deuxième conflit mondial par les généraux Brégeault et Brossé et
Henri Le Masson. Edition G.P., 1946
La deuxième guerre mondiale (volume 8) de Sir Winston Churchill.
Edition Plon - Prix Nobel de littérature
Le Bataillon sacré de Costa de Loverdo, Préface du général Koenig.
Stock, 1968.
Ceux de Leclerc en Tunisie du Général Ingold, Office français
d’édition, 1945
Les campagnes d’Afrique : Libye-Egypte-Tunisie de Robert Jars,
Payot 1957.
La Musique Grecque et le concert
du 14 mai au musée des Abattoirs
La seule musique que connaissaient les grecs, jusqu’à la
révolution et leur libération (1827) de l’occupation Ottomane, est celle des chants folkloriques et le chant, toujours employé, de l’Eglise, le chant byzantin (Romanos le
Mélode Ve siècle, St J. DamascèneVIIIe).
Les chants folkloriques trouvent leurs racines dans
les représentations orchestrales et les pantomimes des
premiers temps de la chrétienté aussi bien à Byzance que
dans d’autres pays méditerranéens. Ils appartiennent à
deux cycles: Acritique (8e -10e siècle) qui exprime les
combats des acrites, défenseurs des frontières de l’empire
byzantin et le kleftiko qui fut créé un peu plus tard et qui
chante les combats pour la liberté, l’amour, la mort ou se
réfère à des us et coutumes. Ces chants ont un rythme libre
(chants de table) ou chants rythmés lorsqu’ils accompagnent des danseurs.
Le premier Gouverneur de la Grèce libérée (Kapodistria), reconnaissant la nécessité de la création d’un climat musical, organise un peu mieux la première bande philarmonique créée par le général français Favier , grand
philhellène, qui s’était chargé (au cours de la révolution) dès
1825, de l’organisation de l’armée grecque. Il nomma cette
bande “troupe musicale“ et mis à sa tête l’allemand Mangel. Avec des musiciens “non grecs“ et un répertoire de
marches allemandes et des arias italiennes cette troupe
fonctionnait aussi comme noyau d’enseignement musical.
Pendant que la Grèce continentale essayait de
s’habituer à cette musique venue d’ailleurs, dans les îles
Ioniennes il y avait déjà un climat musical bien structuré.
Les habitants de ces îles connaissaient déjà le mélodrame
(rappelons que les îles Ioniennes n’ont jamais été sous occupation turque, mais vénitienne depuis plusieurs siècles,
puis anglaise jusqu’en 1865) ; elles ont vu naître un grand
musicien MANTZAROS qui avait fait ses études en Italie
et qui avait déjà écrit 24 symphonies, des messes et des
chants divers; il avait refusé la direction de l’Ecole de Musique de Milan pour venir à Corfou et prendre la présidence de la société philarmonique de cette île où il enseignait gratuitement. Plusieurs musiciens et maîtres de
l’Ecole Philarmonique ont été ses élèves. C’est lui qui a
composé l’hymne à la liberté sur un poéme de Solomos,
qui constitue actuellement l’hymne national grec.
Ce qui caractérise son œuvre ainsi que celle des autres
compositeurs des îles Ioniennes (Liberalis, Carrère, TzanisMetaxas)(Ecole Ionienne) est leur attachement au modèle
italien. Cette influence est ressentie même dans le chant
folkrorique des îles ; par contre les sujets traités sont inspirés par les combats de la nation pour sa libération.
Vers la fin du 19e siècle le plus important compositeur
de l’école des îles est incontestablement SAMARAS (Spyros) ; dans ses recherches il navigue avec Leoncavalo et
Puccini. ( 9 opéras, des operettes, des chansons, des œuvres
pour piano) ; ses mélodrames ont connu un succès triomphal dans les théâtres lyriques de l’Italie. On raconte que
Puccini a « emprunté » à Samaras l’air « Riggi Pagliacco ».
Maleureusement on ne se souvient de lui aujourd’hui que
grâce à l’Hymne Olympique (composé sur un poème du
grand poète grec Costis PALAMAS).
Ce n’est qu’au début du vingtième siècle que les musiciens grecs commencent à créer une musique inspirée des
chants folkloriques.
Ainsi on voit éclore les fondateurs de l’Ecole grecque
de musique avec Lambelet, Kalomiris, Lavranga, Barvogli,
Riadi. L’œuvre de KALOMIRIS (Manolis) a été riche et
déterminante. Il s’est appuyé sur les rythmes et les modes
des chants folkloriques et a réalisé une œuvre originale,
personnelle, qui exprime l’homme, le grec. On peut dire
que les compositions de Kalomiris sont des histoires du
peuple grec.
On peut citer également PETRIDIS (Pétros) élève du
compositeur Roussel, SKALKOTAS (Nikos)(1904-1949)
élève de Schoenberg, profondément influencé par
l’enseignement de son maître, il a su toutefois intégrer des
éléments de la musique traditionnelle grecque dans un style
qui lui est propre ; on lui doit une excellente 2e suite sym-
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phonique, 14 concertos, des quators , de très beaux «sortilèges de mai», 36 dances grecques etc. et MITROPOULOS (Dimitris) (1896-1960) compositeur et celèbre chef
d’orchestre pendant douze années à l’Orchestre Symphonique de Minnéapolis, où il a eu l’occasion de faire connaître, aux Etats Unis, la musique de Skalkotas. Enfin
CONSTANTINIDIS Yannis (1903-1984) le dernier représentant de l’Ecole Nationale Grecque emprunte et
harmonise des airs populaires des îles de la mer Egée.
Il faut toutefois dire que, malgré l’existence de la matière (musiciens, compositeurs, chefs d’orchestre talentueux) et d’un palais de musique splendide, construit depuis
quelques années à Athènes, l’Etat, de l’avis des spécialistes,
n’aide pas comme il le devrait cette musique symphonique,
qui n’a rien à envier aux musiques des autres pays.
Ce sont certaines œuvres
de ces trois derniers compositeurs ainsi que « Pour
un petit coquillage blanc
op.1 » de Manos Hadzidakis (1925-1994) musicien mondialement connu
pour ses compositions surtout populaires (Les enfants du Pirée p.ex.) que
nous sommes allés écouter
au cours du récital donné,
le 14 Mai dernier, au Mu-sée des Abattoirs de Toulouse, par le pianiste Mathieu
PAPADIAMANTIS.
La soirée faisait partie de la série « Tableau-Concert »
organisé par la prestigieuse Association « Pianos aux Jacobins » et cette fois-ci en partenariat avec le CERCLE
Franco-Hellénique. Le récital avait lieu autour de la sculpture de Takis « SIGNAL» (dépôt du Centre Georges
Pompidou-Musée National d’Art Moderne).L’auditorium
Jean Cassou était plein. Heureuse initiative que celle qui
« mêle l’écoute musicale et le regard sur un œuvre ».
JEAN SOTIROPOULOS
Remarques : Un autre volet de la musique grecque, le
chant rébétique avait été amplement développé, au cours
d’une conférence, par notre ami L.Delon (voir Bulletin
N°17 du mois d’Octobre1996).
Il faut enfin ne pas oublier Yannis Xénakis et sa musique avant-gardiste composée à l’aide d’un ordinateur et
d’une structrure mathématique associée à la théorie des
probabilités. Il y a, aussi, beaucoup d’autres choses à dire à
propos de la musique grecque. Cela sera peut-être, une affaire de spécialiste.
Takis – Signal 1955 (photo Musée Les Abattoirs)
Réunion de Pâques – 18 mai 2003
En fin de compte, c’est une excellente idée de fêter
Pâques à la Trinité. Grâce à ce décalage nous avons eu la
chance de nous retrouver au Château de Mons, comme
d’habitude, mais par une magnifique journée de printemps,
ce qui nous a permis d’apprécier la grande terrasse où nous
avons pris l’apéritif.
Maintenant que l’itinéraire est familier à tous les chauffeurs, nous n’avons pas eu la « chance » d’errer pendant des
heures dans les coteaux gersois en traversant de ravissants
villages, ni de revoir les champs bleus de lin en fleurs. Mais
faut-il vraiment s’en plaindre ?
Cette année, nous avons battu quelques records. Celui
de la participation d’abord, nous étions quatre-vingt seize,
enfants compris (chiffre communiqué par le trésorier).
D’ailleurs le bus n’a pas suffi pour transporter tout le
monde, et une caravane de voitures a dû le suivre. Autre
record, celui de la qualité des repas ; les agneaux grillés ont
été, de l’avis général, les plus succulents que nous ayons
goûtés.
Parlons plus sérieusement, Mme Marinakis, Consul
Général de Grèce à Marseille, nous a fait l’honneur de venir partager nos agapes, ainsi que M. Franz, Directeur du
Goethe Institut Inter Nationes de Toulouse, accompagné
de ses deux filles. Nous avons eu aussi la joie de retrouver
Mme Chaumeton, très en forme après l’épreuve qu’elle
vient de subir.
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On pourrait presque regretter que le beau temps ait attiré tout le monde sur la terrasse dès le repas terminé : il est
plutôt difficile de danser sur un sol gravillonné, et les
chœurs grecs sont peu entraînés à chanter en plein air.
Ce fut tout de même une journée d’amitié, à marquer
d’une pierre blanche. A l’année prochaine.
SIMONE CARVAILLO
En apparence, parole très sage mais qui peut dénoter
aussi une certaine ruse : si tu ne peux pas faire la guerre,
fais la paix ; En somme, si on n’est pas en mesure de battre
son adversaire, soyons son ami, mais c’est peut-être une attente provisoire pour mieux arriver à ses fins.
Ce proverbe a une petite histoire : la légende dit, que
sous l’occupation turque, un Grec collaborait avec Ali Pacha- le fameux gouverneur de Jannina. A ses amis qui lui
reprochaient cette collaboration, il aurait dit : Χέρι που δεν
µπορείς να δαγκάσεις, προσκύνατο (προσκυνώ = se
soumettre, se prosterner.)
De nos jours on a remplacé προσκύνατο par φίλα το
(embrasse-la).
3°) Εφαγε η µύγα σίδερο και το κουνού̟ι ατσάλι.
La mouche a mangé du fer et le moustique de l’acier.
Bien sûr il s’agit là de choses impossibles. Aussi de façon ironique, emploie-t-on ce proverbe pour designer
quelqu’un qui a tendance à surestimer ses possibilités ou
pour designer quelque chose d’irréalisable.
NIKOLAOS
>LAOS ΦΑΜΗΛΙΆ∆ΗΣ
La Grèce au fil des jours
Dimanche 23-03-2003
Les médias grecs le répètent et il faut y revenir : faire
appel aux Américains pour écraser la Yougoslavie et mettre
fin au régime de Milosévitch était une faute majeure qui
donnait par anticipation à l’agresseur le droit d’intervenir de la
même façon partout ailleurs. Tel est le thème d’un éditorial
que publie aujourd’hui To Vima sous le titre très sévère : « Le
tueur en série est venu de Belgrade. » Les Etats-Unis ont beau
jeu de répliquer maintenant aux européens opposés à la guerre
en Irak : « Mais qu’est-ce qui vous prend et quelle mouche
vous a piqués puisqu’en fin de compte Saddam est plus
autocrate et plus dangereux que Milosèvitch et qu’il a
massacré mille fois plus de gens que lui ? »
Photo Château de Mons
Ma mère disait ……
Voici encore quelques proverbes souvent entendus
dans mon enfance et qui ont pour point commun de décrire le caractère d’un personnage.
1°) Λέει τα σύκα-σύκα και τα σκάφη-σκάφη.
Ce qui peut se traduire par : Il appelle une figue-figue
et un pétrin-pétrin et correspond au proverbe français : appeler un « chat » un chat.
Cela concerne tous ceux qui n’hésitent pas à dire les
choses par leur nom, même si ça ne fait pas plaisir à leur interlocuteur.
2°) Χέρι ̟ου δεν µ̟ορείς να δαγκάσεις, φίλα το.
La main que tu ne peux pas mordre, embrasse-la.
Cette réplique supposée relève d’une logique élémentaire, observe l’auteur de l’article, et montre l’incohérence
de la diplomatie mise en oeuvre lors de l’affaire Yougoslave. Les états qui participèrent à l’écrasement de la Yougoslavie sont maintenant disqualifiés pour protester contre
celui de l’Irak. Quant à la Grèce, l’un des rares pays à avoir
condamné les bombardements en Yougoslavie, son premier ministre, tenu à la discrétion par la présidence de
l’Europe, n’a tout de même pas caché son sentiment en déclarant, il y a quelques jours : « Ceux qui font la guerre affaiblissent l’Europe . » Selon les sondages, 94% des grecs
condamnent l’agression.
Mercredi 9 Avril 2003
S’en tenir à la logique ne satisfait pas les autres journalistes. Ils évoquent aussi le droit international et la morale.
Certains, qui ont sans doute gardé le goût des discussions
byzantines, se demandent s’il est légitime de s’appuyer sur
la sensibilité (sunai>sqhma) pour porter un jugement sur
la guerre en Irak. Il faut croire que la majorité des commentateurs répondent par l’affirmative, car ils ne cessent de
dénoncer « les dommages collatéraux » provoqués par les
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bombardements, en particulier les souffrances des civils
brandissant des bouteilles vides pour réclamer de l’eau.
Dans le dessin que publie aujourd’hui Ta Nèa, on peut distinguer de misérables irakiens qui crient : « Nous n’avons ni
nourriture, ni lumière, ni eau, ni remèdes. » Et, du haut de
son char, le soldat américain répond par la question : «
Vous n’avez même pas de fleurs à nous offrir ? ».
dessin de Kostas Mitropoulos Ta Néa 9 avril 2003
Une ironie cruelle perce à travers certains titres, par
exemple, hier, toujours dans Ta Nèa : « On distribue des
bonbons aux enfants qui ont encore une main. » Le même
journal publiait, il y a quelques jours, la photo d’une petite
victime amputée de ses membres, yeux secs, lèvres pincées,
momifiée de douleur et de détresse. Au dessus de la photo,
cette légende en forme d’alliance de mots audacieuse et
admirable : « le cri silencieux d’un enfant ».( H siwphlh>
kraugh> eno>v paidiou>.) Quant au journal « I Avgi », qui
exprime depuis des années le point de vue de la gauche intellectuelle, il rappelle ces vers prophétiques de Nikos Gatsos :
« Sth Mosou>lh, sth Basou>ra, sthn palia> th courmadia>,
Luphme>na klai>ne tw>ra thv erh>mou ta paidia> »
(A Mossoul, à Bassorah, dans le vieux palmier-dattier,
affligés, ils pleurent, maintenant, les enfants du désert.)
Dimanche 13 Avril 2003
La guerre est terminée puisque les puits de pétrole
sont sécurisés, et peu importe si l’anarchie règne partout
ailleurs. Mais où est donc passée l’armée de Saddam ? Ne
se manifestera-t-elle pas un peu plus tard par des coups de
main sporadiques contre les forces d’occupation ? Le titre
qui barrait il y a quelques jours la une du journal I Niki
pourrait bien se révéler exact : « La guerre est terminée : les
combats ont commencé. » (Te>leiwse o po>lemov,
a>rcisan oi ma>cev.)
Lundi 14 Avril 2003
Hier soir, au Nord de Larissa, s’est produit un terrible
accident de car qui a mis en émoi tout le pays car les victimes sont des élèves de seconde (on dit en Grèce : Ière classe
de Lycée) qui revenaient d’une sortie à Athènes. Un semiremorque venant en sens opposé a franchi soudain le terreplein et a percuté le car qui roulait sur la voie opposée. Le
camion, exagérément chargé, transportait des plaques de
« novoplan » qui ont été projetées sur le car « comme des
lames de rasoir », dit un journaliste. Le bilan est très lourd :
21 morts et 31 blessés.
Mercredi 23 Avril 2003
Pour la première fois depuis 29 ans, la ligne Attila qui
sépare chypriotes grecs et chypriotes turcs a cédé aux
coups de boutoir des deux communautés. Les réfugiés
chassés depuis 1974 de leurs maisons ou propriétés par les
troupes turques ont pu faire un pèlerinage vers les lieux où
ils ont passé leur jeunesse. Si leur église est encore debout,
ils ont pu y allumer un cierge. Quant aux chypriotes
d’origine turque, leur population a changé de nature par
suite d’émigrations dans les deux sens Chypre-Turquie et
Turquie-Chypre. Ils franchissent la ligne Attila pour le plaisir de braver un interdit, de respirer au sud de l’Ile l’air de la
liberté et de s’émerveiller de l’opulence occidentale. Espérons que ces va et vient contribueront, sur le plan diplomatique, à dégeler la situation. Sous la présidence grecque,
Chypre a obtenu son accès à l’Europe, mais les tractations
sur la Constitution de l’Etat restent au point mort.
Lundi 28 Avril 2003
On pouvait rencontrer aujourd’hui sur la colline des
muses, en face de l’Acropole, un groupe étrange
d’adolescents assis à même le sol. Chacun, à son tour, se
levait, venait se placer devant ses camarades et récitait dans
un silence religieux quelques phrases d’écrivains célèbres
exprimant leur émotion devant le Parthénon, ce symbole
même du « miracle grec ». Parmi ces textes, la fameuse
« Prière à Athèna » de Renan où l’on peut lire cet avertissement si actuel en ces temps où l’on foule aux pieds avec
impudence les valeurs fondatrices de notre civilisation: « Le
monde ne sera sauvé qu’en revenant à toi ».
Vendredi 20 Juin 2003
La Grèce a un tel respect de la vie que les autorités ont
bien du mal à freiner la prolifération des « adespota »,
c’est à dire des animaux sans maître, chats et chiens qui envahissent les rues. Une journaliste aujourd’hui se réjouit de
ce que les habitants s’accommodent fort bien de leur présence. Si un chien, par exemple, est couché sur un trottoir,
le passant fait un détour pour l’éviter et l’animal ne soulève
même pas une paupière tellement il est assuré qu’on ne lui
fera aucun mal.
Scène vue le soir du Samedi saint, veille de Pâques.
Vers onze heures, les premiers groupes de soldats viennent
se ranger autour de la Grande Métropole. Mais voici
qu’arrive, maître des lieux, un chien jaunâtre, genre faux labrador. Il se faufile en entrelacs désinvoltes parmi les jambes des soldats et les crosses de leur fusil. Il ne s’éclipsera
discrètement que lorsque le claquement des talons sur le
sol, avec le renfort d’autres soldats, sera devenu insupportable. Mais personne ne se sera donné le ridicule d’essayer
de chasser l’animal.
Le chat, lui, est plus audacieux : il cherche obstinément
à se faire adopter. Aussi, ne vous étonnez pas de le voir
confortablement installé sur un des fauteuils de votre hôtel,
près de la réception. Mais il est modeste et réaliste : il se
contente du confort petit-bourgeois des établissements de
catégorie B. Son origine très roturière, son simple label de
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« chat de gouttière » font qu’il sait limiter ses ambitions.
Calme et volupté, certes, mais pas de luxe superflu. Sa seule
obsession est de protéger son fauteuil contre la venue des
intrus. Il s’accommoderait fort bien d’un hôtel sans clients.
Dans les campagnes, c’est l’âne qui tient la vedette. Par
sa placidité qui est la marque extérieure de profondes méditations métaphysiques, il s’attire toutes les sympathies.
Un couple d’anglais, Caroline et Kévin, est établi à
Lesbos où il se livre depuis 7 ans à l’agriculture biologique
à l’entrée occidentale du golfe de Géras. Caroline avait reçu
en cadeau pour son anniversaire, un petit âne gris de 18
mois qu’elle avait appelé Dunlop. Il devait combler le vide
qu’avait laissé la perte subite d’une jument. Appelé en
Grande Bretagne pour des raisons familiales, le couple revint au bout de 15 jours, chercha Dunlop : il avait disparu.
On battit la campagne et on retrouva l’animal dans la propriété d’un dénommé Panagiotis Altiparmakis. Mais la joie
manifestée par Dunlop lorsqu’il retrouva ses maîtres n’était
pas un titre de propriété, pas plus que le fait que l’âne savait
nager, sport que lui avait appris Caroline. Il fallait mettre en
branle la machine judiciaire. Les policiers sollicités levèrent
les bras au ciel et déclarèrent forfait. C’est alors que le couple anglais eut l’idée de faire rechercher l’ADN de Dunlop
pour le comparer à celui de sa mère. Mais où trouver un
établissement susceptible de faire de telles analyses ? On
s’adressa aux laboratoires les plus spécialisés de Londres,
de Liverpool, de Paris, de Rome : tous les généticiens
contactés firent comme les policiers de Lesbos : ils levèrent
les bras au ciel en signe d’impuissance. Mais l’obstination
de Caroline trouva sa récompense : le département de génétique de l’Université de Berne, en Suisse, accepta de relever le défi. On préleva du sang sur Dunlop et les résultats
prouvèrent qu’il était bien le fils de l’ânesse voisine. Preuve
supplémentaire : l’auteur de l’enlèvement avait imprudemment avancé que Dunlop était châtré. Or, comme le dit
plaisamment le journaliste qui raconte l’aventure, le petit
âne n’avait pas abdiqué tout espoir de paternité. Par ailleurs, cette affaire permet d’enregistrer deux records : record de rapidité de la part de la justice (trois semaines seulement pour régler le litige), et record des dépenses nécessaires pour prouver la propriété d’un âne (7.500 euros).
LOUIS DELON
Visite de l'exposition Mémoire
Grecque au Musée Saint Raymond
Célèbre pour ses collections gallo-romaines, le Musée
Saint Raymond proposait du 14 février au 11 mai 2003, une
exposition autour de ses collections grecques. Une telle
manifestation ne pouvait laisser le C.E.R.C.L.E indifférent.
Aussi le dimanche 13 avril, en début d'après-midi, une
vingtaine d'amis se sont retrouvés pour suivre une visite
commentée.
Pour cette exposition, aux superbes répliques romaines
des sculpteurs grecs du Vème et IVème siècle, exposées de façon permanente, le musée avait ajouté de nombreux vases
grecs et italiotes puisés dans les réserves.
Ce fut également l'occasion pour le Musée Saint
Raymond de présenter sa dernière acquisition "Ganymède enlevé par Zeus métamorphosé", grande figure en terre cuite de
l'époque hellénistique.
La compétence et la gentillesse de notre guide conférencière ont rendu la visite particulièrement enrichissante.
Les échanges nombreux et les réponses aux questions des
amis nous ont entraînés bien au-delà de la durée prévue
pour la visite.
Nous ne doutons pas que nous aurons l'occasion de
nous retrouver pour la visite de nouvelles expositions dans
le cadre réaménagé du Musée Saint Raymond.
ANAPLHROSH
Club lecture 4 juin 2003
Terres de sang de Dido Sotiriou
Première surprise : ce roman si dur, si viril, écrit à la
première personne du singulier par un certain Manolis
Axiotis, à demi-illétré est en réalité l’œuvre d’une jeune
femme, née il est vrai, en 1909 en Asie Mineure, où elle vit
jusqu’à son émigration à Athènes à la suite des événements
de 1922. Précisons qu’elle sera journaliste et surtout militante très active sous l’occupation allemande et pendant la
guerre civile. Dernière touche au tableau, elle est aussi
membre fondateur de l’alliance gréco-turque.
Ces quelques précisions biographiques permettent de
mieux cerner l’éclairage si particulier de cet ouvrage,
l’amour et le regret du paradis perdu, la dureté et les injustices de la vie, même dans ces temps bénis, mais aussi cette
volonté de ne pas noircir systématiquement l’ennemi turc,
chez qui Manolis trouvera plusieurs fois une main secourable au sein de l’horreur qui l’entoure.
Deuxième surprise : cette épopée « au ras des pâquerettes » censée être racontée par un jeune paysan est quand
même aussi une des conséquences des imbroglios de la
« Grande Politique Internationale » dont l’ingérence dans le
destin politique de la Grèce amena grecs d’Asie Mineure et
Turcs à se déchirer et conduisit à l’expulsion et/ou traitement inhumain des grecs d’Anatolie.
Sur cette question, nos érudits ont pu largement nous
informer et leur véhémence nous faire comprendre que la
plaie n’était toujours pas cicatrisée.
Sans entrer dans les détails, notons tout d’abord que
l’origine de la cohabitation entre grecs et turcs se perd dans
la nuit des temps. De plus, dans l’Empire Ottoman, aussi
bien dans sa partie européenne que dans sa partie asiatique,
les Grecs ont longtemps détenu une place importante, tant
dans le commerce que dans la culture ou même dans
l’administration, non sans frictions bien entendu.
Mais après l’émancipation de la Grèce « d’Europe »,
sous l’égide des puissances européennes, surtout anglais et
allemands, tout va empirer.
En 1913, Constantin 1er, germanophile et gendre du
Kaiser succède à Georges 1er après l’assassinat de ce dernier.
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Déjà, la guerre éclate entre les Alliées (Serbes, Grecs et
Bulgares) et les Turcs. Elle se termine en mai 1913 par la
victoire des Alliés et le recul des frontières de la Turquie.
En août la Grèce annexe la Macédoine du Sud avec Salonique, l’Epire avec Ionanina et la plupart des îles de la mer
Egée, par le traité de Bucarest.
Le déclenchement de la première guerre mondiale va
encore compliquer le problème. Le roi Constantin, germanophile, voudrait voir la Grèce se ranger aux côtés de
l’Allemagne, mais son premier ministre Vénizelos, libéral,
préfère soutenir l’Entente Cordiale (Grande Bretagne,
France). L’affrontement dure deux ans et Venizelos
l’emporte, au prix d’un coup d’état.
L’Empire Ottoman est l’allié de l’Allemagne. Mustapha Kemal prendra le pouvoir en 1922.
Les grecs ont échoué lamentablement dans leur tentative d’expédition en Asie Mineure en 1920, mais Mustapha
Kemal s’empare de Smyrne le 2 septembre 1922, l’incendie,
et massacre la population grecque. Les troupes grecques
abandonnent l’Asie Mineure le 18 septembre et signent
l’armistice le 11 octobre. Le bilan très lourd du désastre
grec se soldera par l’abdication du roi Constantin, sous la
pression des Vénizélistes.
Enfin en 1923, par le traité de Lausanne, la Grèce perd
la Thrace Orientale, Smyrne et sa Région et doit accueillir
un million et demi de réfugiés chassés de Turquie.
Finalement Terres de sang illustre d’une façon plus
que réaliste, le degré de haine, absurdement attisée par des
divergences d’ambitions qui peut amener des hommes
simples à se massacrer.
Malgré la vivacité des réactions de « nos grecs », qu’ils
soient d’origine chypriote, alexandrine ou autre, pouvonsnous espérer que l’Alliance Greco-Turque fondée par Dido
Sotiriou parviendra un jour à restaurer une relation humaine entre ces deux nations.
SIMONE CARVAILLO
La Fête de fin d’année pour les
cours de grec
Quelle meilleure occasion qu'une fête pouvait-on
trouver pour renforcer notre coopération avec le Goethe
Institut de Toulouse ?
Traditionnellement le Goethe Institut organisait une
petite manifestation rassemblant, dans un cadre bucolique
(La ferme de Cinquante à Ramonville), enseignants et élèves pour célébrer la fin des cours.
Cette année, M.Franz -Directeur du Goethe- et son
équipe, ont eu la gentillesse de nous associer à cette réunion, estimant qu'il s'agissait là d'une bonne occasion de
faire se rencontrer des gens qui s'étaient côtoyés tout au
long de l'année. Nous avons bien entendu répondu avec
enthousiasme à cette invitation.
Il convient de préciser qu'avant l'échange des pâtisseries et autres gourmandises, les différentes classes ou cours
étaient invités à présenter à l'assistance un petit spectacle en
allemand ou en grec. Nos élèves des cours de grecs ont eu
à cœur de relevé le défi et ont, en quelques séances, préparé
ce spectacle.
En alternant avec les cours d'allemand, nos élèves ont
fait très bonne figure dans leurs prestations.
Ce fut d'abord Mme KAN qui, avec une grande maîtrise, a lu à l'assemblée le poème de Constantin CAVAFY,
« Ithaque » d'abord en français puis en grec.
Ensuite, sous la direction musicale de notre instituteur
Georges Athanassiou et sa guitare, un groupe d'élèves, renforcé par la belle voix de Jean Sotiropoulos, a chanté trois
chansons, choisies par Georges Athanassiou.
Enfin, le groupe des débutants, sous la responsabilité
de Théodore Tzedakis, a présenté une version abrégée de la
pièce d'Aristophane les "Batraciens". Et là, je dois dire que
nous avons été "bluffés" comme dirait les jeunes ou "espantés" comme on dirait en vieux toulousain ! Nous avons
eu droit à des décors, des masques, des costumes et une
vraie mise en scène, tout cela préparé en deux ou trois
séances. Quel talent ! Et Théo n'avait pas hésité à demander à chacun des élèves d'apprendre un rôle aux répliques
copieuses...en grec! Tout le monde s'en tirait à merveille et
avec une bonne humeur communicative. L'assemblée ne s'y
est pas trompée qui a applaudi copieusement.
Il ne nous reste plus à espérer que ces acteurs se produiront tous à l'occasion d'une de nos réunions festives.
Les amateurs ont laissé ensuite la place à un comédien
humoriste allemand Keirut WENZEL qui nous a montré
une partie son one-man-show « Ich bin so happy ! », présenté la veille à Toulouse
Nous ne pouvons que nous réjouir de cette soirée
commune aux deux associations si bien organisée par nos
amis du Goethe que nous tenons à remercier encore une
fois.
PETROS SIDERAS
12 juin 2003 Conférence sur
l’Atlantide par M.Didier
Laclau-Barrère
Pour clore le cycle de conférence de l’année, le
C.E.R.C.L.E avait le privilège d’accueillir, dans la salle de
conférence du Goethe Institut de Toulouse, Didier LaclauBarrère, chercheur en histoire du droit. Il faut préciser qu’il
connaissait les lieux, puisqu’il avait déjà séduit les amis du
C.E.R.C.L.E dans un exercice bien différent, celui de l’art
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lyrique à l’occasion de l’inauguration de notre partenariat
avec le Goethe Institut.
Le sujet de la conférence du jour venait prolonger la
conférence prononcée le 30 janvier 2003 par son collègue
et ami Boris Barnabé sur la légende troyenne. Ces deux
conférences font partie d’un cycle de conférences sur les
civilisations légendaires présentées à l’Université des Sciences Sociales de Toulouse.
Il s’agissait pour M.Laclau-Barrère de nous faire plus
l’histoire de la légende que le récit de la légende elle-même :
histoire faite d’impostures, de fantasmagorie et
d’hypothèses plus farfelues les unes que les autres.
Afin de nous replonger dans l’ambiance de la découverte de Troie, M.Laclau-Barrère nous a fait le récit la mise
en scène élaborée, en 1912, par le petit-fils du grand
Schliemann, inventeur de Troie, exploitant sans vergogne
l’immense célébrité de son aïeul et le compromettant même
dans de pseudo découvertes.
Cette imposture de Schliemann le petit intervenait
dans un contexte où « l’atlantologie » connaissait un vigoureux essor (essor auquel la localisation de Troie n’était pas
étrangère).
L’Atlantide, continent disparu, civilisation brillante au
grand développement technique, punie par la colère divine
pour avoir outrepasser les limites, châtiée pour son péché
d’orgueil. Leçon à méditer, en ce début de siècle qui voyait
s’accélérer, particulièrement aux Etats-Unis, une civilisation
dominée par la technique.
L’Atlantide, comme l’a précisé le conférencier, est le
réceptacle des craintes des hommes mais elle présente aussi
tous les attraits du fruit défendu, de la cité idéale aux lois
harmonieuses.
Mais à la différence de la légende de Troie, celle de
l’Atlantide ne repose sur aucun continuum de récits ou de
traditions orales. Le destin de l’Atlantide nous est parvenu
par le seul récit de Platon dans le Timée et dans le Critias.
A l’occasion Platon lui-même nous indique ses sources qui
remontent à Solon et au-delà à des prêtres égyptiens. Aristote restera prudent à l’égard du récit platonicien, suggérant
que Platon n’avait créé l’Atlantide que pour mieux la faire
couler à la fin de son récit. L’Atlantide n’aurait été inventée
que pour la plus grande gloire des vertus de l’Athènes archaïque !
Pourtant ce récit alimentera de nombreuses recherches
dans lesquelles se côtoieront imposteurs plus ou moins habiles et savants reconnus tels Thomas More, Francis Bacon, Kircher et Buffon.
Les hypothèses les plus variées quant à la localisation
de l’Atlantide auront été avancées : milieu de l’Atlantique
(Açores, Canaries, îles du Cap Vert), Mexique, Suède,
Continent nord-américain, Australie, Chine etc…
Le conférencier a dressé, ensuite, le catalogue des hypothèses les plus récentes, pour terminer par celle de Spiridon Marinatos qui situe l'Atlantide en Méditerranée orientale à la place de l'actuelle île de Santorin qui serait le vestige d'une île bien plus importante engloutie par une formidable éruption volcanique, éruption qui serait à l'origine du
déclin de la civilisation minoenne.
Le talent et l'aisance de M.Didier Laclau-Barrère ont
ravi l'assemblée qui lui a réservé une longue ovation à la
mesure du plaisir qu'il nous a procuré.
PETROS SIDERAS
Dimanche 25 mai 2003
Le printemps des langues
Chaque année mieux organisé, le C.E.R.C.L.E était
présent, pour la troisième année consécutive, à la manifestation du Printemps des Langues, place du Capitole. Le trésorier avait autorisé l'acquisition d'une tente susceptible de
nous abriter et de rayons trop ardents et de pluies importunes. Cette année nous eûmes les deux !
Dès potron-minet, Prwi>-Prwi>, diraient les grecs,
Luc, Maxime, Lucio et votre président ont dressé le camp,
non sans quelques perplexités devant le schéma de montage de la tente, mais avec l'aide des grecs anciens (c'est à
dire les amis du stand d'Artela) et quelques occitans, également assidus des cours de grecs modernes, dès 8h30, notre
stand était prêt. C'est qu'il ne fallait pas perdre de temps,
avertis que nous étions d'avoir à céder la place dès 16 heures pour permettre à la foule venue applaudir les équipes
du Stade Toulousain, vainqueur la veille de la coupe d'Europe de rugby et du T.F.C. champion de France de
deuxième division, de se rassembler.
Comme chaque année, cette manifestation nous a réservé son lot de surprises et de joies. Nous avons eu de
nombreux contacts et dû répondre aux demandes les plus
variées: à propos des périodes les plus favorables pour visiter la Grèce, des îles les plus pittoresques, sur la cuisine. Par
moments, nous pensions être un office de tourisme ! Mais
tout cela avec tant de gentillesse.
Plus en rapport avec l'objet de la manifestation, d'autres personnes sont venues nous interroger sur la difficulté
de la langue, sur les différences avec le grec ancien. Enfin,
plus d'une vingtaine de personnes ont manifesté le souhait
de rejoindre nos cours de grec moderne à la rentrée prochaine. Notre instituteur, Georges Athanassiou, présent
alors que soleil était déjà bien haut (mais il avait délégué un
jeune étudiant grec pour la partie trop matinale pour lui !) a
pu avec talent, faire briller tout le charme de la langue grec-
Bulletin d'information n°35 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique
4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-36-81-00
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que. Gyslaine Magoga avait préparé comme l'an dernier
quelques poésies - texte grec et traduction française- qui
ont connu un vif succès.
Surtout, beaucoup d'amis du C.E.R.C.L.E sont venus
nous rendre visite et faire partager un temps aux visiteurs et
curieux, leur enthousiasme pour la Grèce. Nous serons encore présent l'année prochaine. Il faudra encore mieux
nous préparer car nous commencerons nos jeux olympiques. Gageons que nous aurons beaucoup d'interrogations
à ce propos.
PETROS SIDERAS
La Musique Byzantine à Toulouse
La musique byzantine va-t-elle trouver sa place à Toulouse. Nous avons tout lieu de le croire avec les projets développés par M.Frédéric TAVERNIER-VELLAS. Ce dernier avait déjà pris contact avec le C.E.R.C.L.E dès l’an
dernier, mais ses contraintes professionnelles qui
l’obligeaient à partager son temps entre Toulouse et la région parisienne ne lui avaient pas permis de nous rencontrer.
Monsieur TAVERNIER est diplômé de musique byzantine du conservatoire Philippos Nakas à Athènes, diplôme préparé sous la direction de M.Lycourgos Angelopoulos.
Il est également homme de théâtre et a présenté à
Lyon un spectacle autour de Georges SEFERIS. Il a
d’ailleurs contribué à la réalisation d’un Compac Disc de
poèmes de Georges SEFERIS, dit en français par Jean Desailly et en grec par l’auteur.
Monsieur TAVERNIER a également enregistré un
disque consacré aux chansons de Manos Hadzidakis.
Pierre des Cuisines un concert de musique byzantine
dont nous aurons l’occasion de vous reparler.
PETROS SIDERAS
Cela nous donne l’occasion de vous proposer, pour les
vacances, un poème de Georges Séféris :
EURIPIDHS, AQHNAIOS
Ge>rase a<na>mesa sth< fwtia< thv Troi>av
Kai< sta< latomeia thv Sikeli>av.
Tou a>resan oi sphlie<v sth<n a<mmoudia<
Ki& oi zwgrafie<v thv qa>lassav.
Ei>de ti<v fle>bev twn anqrw>pwn
Sa<n e>na di>ctu twn Qewn, o>pou mav pia>noun
sa>n t/a<gri>mia
Prospa>qhse na< to< truph>sei.
Ei>tan strufno>v, oi< fi>loi tou ei>tan li>goi
h>rqe o< kairo<v kai to<n spara>xan ta> skulia>.
EURIPIDE L’ATHENIEN
Il vieillit entre l’incendie de Troie
et les carrières de sicile.
Il aimait les grottes sur le rivage et les dessins de la mer.
Il vit les veines des hommes
comme un filet des dieux, où ils nous prennent
comme les bêtes sauvages ;
il tenta de le trouer
Il était acerbe, rares étaient ses amis ;
l’heure vint et les chiens le déchirèrent
Georges SEFERIS, Poème tiré de Journal de bord I, II, III
Poème traduit du grec par Vincent Barras
Editions Melchior - Archipel
Agenda du C.E.R.C.L.E
Nous vous demandons de noter dès à présent quelques dates pour la rentrée :
Le chœur byzantin de Toulouse « Cor Palladia » qu’il
dirige donnera le 6 octobre 2003 à l’auditorium de Saint
Mercredi 24 Septembre 2003 à 20 heures au SIBEMOL réunion du club lecture au programme de la soirée
Oreste de Euripide
Fin septembre 2003 – réunion préparatoire des cours
de grec moderne (des précisions seront données ultérieurement)
Samedi 18 Octobre 2003 Assemblée Générale du
CERCLE
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Bulletin d'information n°35 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique
4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-36-81-00