Texte sur le Sud Soudan

Conseil des Eglises du Sud Soudan
Message des responsables d’Eglises du Sud Soudan
« Revenons à Dieu et confessons nos péchés »
« …Si vous revenez à moi et obéissez à mes commandements, voici ce que je ferai : même si tout votre
peuple a été forcé de quitter ses foyers et de fuir aux extrémités de la terre, je le rassemblerai et je le
ramènerai à l’endroit que j’ai choisi. » (Néhémie 1,9)
Nous, les responsables de l’Eglise du Sud Soudan, nous nous sommes réunis sous les auspices du
Conseil des Eglises du Sud Soudan (SSCC) à Juba, les 18 et 26 mars 2015 pour réfléchir à la situation
tragique de conflit dans notre nation et au récent échec des pourparlers de paix de l’IGAD1. Nous
nous réunissons, en tant qu’Eglise de Dieu dans le Sud Soudan et nous nous exprimons avec
l’autorité correspondante.
Nous apprécions tous ceux qui ont essayé d’apporter la paix à notre nation, à savoir l’IGAD, l’Union
Africaine, l’ONU, la troïka, ainsi que d’autres acteurs régionaux et internationaux. Nous sommes
profondément attristés par le conflit, les souffrances continues et par l’échec de toutes les parties au
conflit, des médiateurs et des Agences régionales et internationales qui n’ont pas pu mettre fin aux
maux de la guerre. Bien que nous appelions de nos vœux l’assistance de l’extérieur, nous croyons
qu’en fin de compte, c’est au peuple du Sud Soudan qu’incombe la responsabilité de résoudre ses
propres problèmes.
Nous sommes encouragés par le message que Son Excellence Hailemariam Dessalegn, Premier
Ministre de la République fédérale d’Ethiopie et Président de l’Assemblée de l’IGAD a adressé au
peuple du SS le 6 mars 2015, et nous souhaitons réfléchir sur certains des points de son message.
1. Former un gouvernement provisoire d’union nationale. Nous demandons instamment aux
parties (en conflit) de respecter l’accord de février 2015 et de former un tel gouvernement
aussi tôt que possible.
2. Proposer une solution raisonnable d’ensemble pour mettre fin à la crise du Sud Soudan.
Nous croyons que de nombreux leaders impliqués dans le conflit ne peuvent vraiment pas
voir comment faire la paix. Ils ne voient aucun chemin leur permettant de sortir du trou dans
lequel ils sont tombés. Si les parties sont incapables d’aboutir à un accord par elles-mêmes, il
faut alors les persuader d’accepter une solution que les éléments neutres, les amis du Sud
Soudan et surtout les citoyens ordinaires du SS considèrent comme raisonnable.
3. Terminer la guerre tout de suite… la paix est nécessaire, et elle est nécessaire
immédiatement. Nous, responsables des Eglises, avons constamment déclaré qu’il n’y a pas
de justification morale et pas d’excuse à continuer le combat et la tuerie. Dans les guerres
des années 1955-1972 et 1983-2005, nous nous battions pour notre libération. Et pourquoi
nous battons-nous aujourd’hui ? Il n’est pas acceptable de négocier sur des postes, sur des
répartitions de pouvoir, sur des systèmes de gouvernement et sur le partage des richesses et
sur d’autres sujets tant que des gens tuent et sont tués. Le combat doit cesser
immédiatement et seulement alors ces questions politiques pourront être valablement
1
Inter Governmental Authority on Development (Groupement régional créé en 1986, comprenant Djibouti,
l’Ethiopie, le Kenya, la Somalie, le Soudan, le Sud Soudan et l’Ouganda.)
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discutées. Les parties ont, dans le passé, signé bon nombre d’accords de cessation
d’hostilités et les ont ignorés. Nous insistons pour qu’ils les respectent désormais sans délai.
Faire les compromis éludés par les parties jusqu’à maintenant.
Les compromis sont difficiles quand il y a une absence totale de confiance entre les parties et
que chacun met en avant ses propres intérêts. L’Eglise a la confiance du peuple du SS et n’a
pas d’autres intérêts que ceux du peuple, cherchant la paix et la justice. Nous allons nousmêmes créer un forum pour aider les parties à construire la confiance et à découvrir les
compromis qui peuvent être faits.
Convaincre ceux qui restent intransigeants.
L’Eglise est politiquement neutre dans ce conflit. Cependant l’Eglise ne peut être neutre
devant l’injustice et la tuerie. Nous allons identifier ceux qui sont intransigeants et essayer de
les persuader de changer leur position.
S’assurer que la voix de la majorité silencieuse des Sud Soudanais est prépondérante.
L’Eglise s’est, depuis longtemps, attachée à renforcer la majorité silencieuse du SS. Nous
nous engageons à continuer à faire entendre la voix des sans-voix aux parties en conflit, aux
pouvoirs régionaux et à la communauté internationale. Nous sommes prêts à entreprendre
une plaidoirie auprès des instances internationales, comme nous l’avons fait, et avec quel
succès, pendant les conflits précédents et dans la période précédant le référendum.
Refuser d’appuyer ceux qui militent pour la guerre, la destruction et la tuerie.
Les chefs ne sont pas en première ligne du combat. La tuerie est réalisée par d’autres. Nous
appelons le peuple du Sud Soudan à refuser de combattre dans ce conflit stupide. Nous nous
engageons à informer les communautés de base sur ce qui se passe en réalité, car nous
croyons que beaucoup de leurs leaders les trompent en les excitant par des histoires de
conflits ethniques et de vengeances plutôt que de les inciter à se réconcilier et à ramener la
paix. Nous appelons les parties en conflit à permettre aux médiateurs de l’IGAD d’aller sur le
terrain pour expliquer aux gens où en sont les pourparlers de paix, car nous croyons que
beaucoup de nos communautés n’en sont pas informées, et risquent, encore une fois, d’être
égarées par leurs leaders.
Ne pas perdre espoir.
En tant que chrétiens, nous gardons espoir. Quand les temps sont sombres, nous nous
souvenons que le Christ a souffert, qu’il est mort, mais qu’il est ressuscité. Le Christ demeure
avec nous et l’Esprit Saint nous donne force et persévérance. Le peuple du Sud Soudan a
connu de nombreuses décennies de conflit, mais nous avons confiance qu’avec l’aide de
Dieu, nous surmonterons le mal qui est au milieu de nous et progresserons vers la paix et la
justice. De plus, nous pressons les parties au conflit de respecter l’accord sur la réunification
du Mouvement pour la Libération du Peuple du Soudan (SPLM) qu’elles ont signé récemment
à Arusha. Nous croyons que le processus d’Arusha pourrait compléter le processus de paix de
l’IGAD.
Ce moment est décisif dans la vie de notre Eglise et de notre nation. C’est un moment où
l’Eglise doit agir. Au moment où nous écrivons, notre Conseil des Eglises du Sud Soudan se
renouvelle pour faire face aux défis actuels. Cela renforcera l’appui aux Groupes
d’organisations religieuses à Addis Abeba et au Comité conduit par l’Eglise pour la Guérison,
la Paix et la Réconciliation. Nous allons chercher à rencontrer les leaders des différentes
parties, les médiateurs de l’IGAD, les responsables régionaux, les institutions d’Eglise
régionales et internationales et la communauté internationale pour les convaincre de
l’urgence d’arrêter le massacre. Nous expliquerons clairement à tous ceux qui sont impliqués
que l’attitude actuelle des parties qui sont en train de négocier est inacceptable, et que nous
ferons tout ce que nous pouvons pour empêcher l’impasse.
Nous appelons tous les Soudanais du Sud, mais particulièrement les chefs politiques et
militaires et ceux qui sont armés à ne pas rechercher leur intérêt personnel, mais celui des
autres (cf. Philippiens 2,4).
Mettez l’intérêt de nation au-dessus du vôtre
Que Dieu vous bénisse tous !
Signé à Juba le 26 mars 2015
Rev. Peter Gai Lual, Président du Conseil des Eglises du Sud Soudan
Archevêque Paulino Lukudu Loro, Archevêché Catholique de Juba
Archevêque Dr Daniel Deng Bul, Eglise Episcopale du Sud Soudan et du Soudan
Evêque Dr Arkangelo Wani Lemi, Eglise africaine Inland
Evêque Dr Isaiah Majok Dau, Eglise Pentecôtiste du Soudan
Rev. James Par Tap, Eglise Presbytérienne Evangélique du Sud Soudan
Rev ; James Koung Ninrew, Eglise Presbytérienne du Sud Soudan-Juba
Mr. Abraham Kwai Chengkou, Secrétaire général en fonction du Conseil des Eglises du Sud
soudan (SSCC)n