Intermodalité fret - Région Urbaine de Lyon
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Intermodalité fret - Région Urbaine de Lyon
REVISION DU SCHEMA DE COHERENCE LOGISTIQUE Intermodalité fret : Quels enjeux et quel avenir en région lyonnaise ? Analyses, illustrations et propositions 5 priorités pour le développement du trafic multimodal en région lyonnaise 2014 - 2015 : Remerciements : AUX EXPERTS MOBILISES Cabinet JONCTION : Bernard Roche et Christian Morel Cabinet ADVISA : Laurence Texier AUX INTERVENANTS ET GRANDS TEMOINS VISITE DU CHANTIER DE DOURGES DU 24 JUIN 2014 DELTA 3 plate-forme multimodale – Anne Valérie Dufour/Emmanuel Favreuille, Lille Dourges Conteneur Terminal - Didier Lebrun, Novatrans – Gilles Delvigne. SEMINAIRE DU 14 MAI 2014 « INTERMODALITE FRET : QUELS ENJEUX ET QUEL AVENIR POUR LA REGION LYONNAISE ? » Fatton Transports – Bertrand Fort, Grand Port Maritime de Marseille – Fabienne Margail, Groupe Norbert Dentressangle – Eric Cochet, Lyon Terminal – Grégory Queniat, Nabilang Cargo – Christine Rosso, PO Scander – Christian Carbonnel, Port de Lyon Edouard Herriot – Julien Langerdorf, RFF – Denis Cuvillier/Pascal Ghesquières, Transports Lardon – Pierre Lardon, VNF – Nicolas Chartre. AUX PARTICIPANTS DU SEMINAIRE DU 14 MAI ET A LA VISITE DU CHANTIER DE DOURGES SEMINAIRE INTERMODALITE FRET DU 14 MAI 2014 2C COMBICONSEIL – Christian Carbonnel, ADEME Rhône-Alpes – Arnaud Mainsant, Aéroports de Lyon – Marie-Christine Bernier, Agence d’urbanisme de l’agglomération stéphanoise – Daniel Zobele, Agence d’urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise – Emmanuel Cellier, CESER RA – Michel Raffin, CCIR – Maxime Serfaty, CCI du Beaujolais – Florent Dupre, CCI Nord-Isère – Pascale Besch, CCI d l’Ain – Stéphanie Mazenod, CCI de Lyon – Barbara PROT/Jean-Roger Regnier, Cluster logistique Rhône-Alpes – Eric Bonnac, Cluster logistique Seine Normandie – Florence Guentcheff, Colas Rhône-Alpes – Manuel Dussurgey, Comité pour le Transalpine Lyon-Turin – Bruno Chiaverini, CAPI – Hugo Nivoix, communauté de communes du Pays de Saint-Galmier – Côme Molin, communauté de communes du pays roussillonnais – Medhi Hammouche, communauté urbaine de Lyon – Olivier Pillonel/Jean-Marc Valentin/Claire Wantz, CNR – Michel Cote, CNR Port de Lyon, Valentine Delphin/Julien Langendorf, conseil général de l’Ain – Cédir Bargot, conseil général de l’Isère – Philippe Vandepitte, DDT de l’Isère – Pierre Rajezakowski, DDT du Rhône – Maëwa Assemat/Aurélie Magnard/Jean-Louis Monet/Nicolas Reudet/Eric Sbrava, DP Granulats – Daniel Bourret, DREAL RA – Christian Maisonnier/Karine Rolas, ENTPE – Vincent Marchal, EPORA – Romain Grenier, Fatton Transports – Bertrand Fort, Grand port maritime de Marseille – Florence Margail, L’Antenne – Annick Beroud, LET – Laurent Guihery, Logirhone Drome – Alain Maliverney, Logistirail – Jean-Marc Laloy, Lyon Terminal – Grégory Queniat, Mairie de Corbas – Thierry Butin, Navilang cargo – Christian Rosso/Leatitia Aleyrangues, NOVACAP – Bruno Fougère, PIL’es – Laurent Lamatière, Pole métropolitain – Philippe Prud’homme, Port de Barcelona – Claire Perez, Prologis – Grégory Walker, Région Rhône-Alpes – Jean-Charles Kohlhaas/Eric Lardon/Sabine Loireau/Caroline Muscella/Michel WilsonRFF – Denis Cuvillier/Pascal Ghesquières, SAMAT RHONE-ALPES – Christian Rouchon, SEPAL – Laurine Colin, SGAR Rhône-Alpes – Laurent Michelin, SM BUCOPA – Olivier Premilieu, SOTRADEL Logistique – Nicolas Barrale/Noël Comte, Rhône Pluriel – Elisabeth Mouchot, Syndicat mixte zone industrialo-portuaire Salaise Sablons – Rémi Laporte/Daniel Rigaud, VFLI Agence SudEst – Vincent Schirmann, VNF – Nicolas Chartre/Franck Thollet, Volvo – Denis Caux, Yeswecom – Charly Cordenod. AUX PARTICIPANTS DE LA VISITE DU CHANTIER DE DOURGES DU 14 JUIN 2014 ADVISA – Laurence Texier, CCIR – Claude Chardon/Maxime Serfaty, CAPI – Stéphane Rabilloud, communauté urbaine de Lyon – Emmanuelle Boucheron/Jean-Marc Valentin/Claire Wantz, JONCTION – Christian Morel/Bernard Roche,LET – Laurent Guihery, Port de Barcelona – Claire Perez, RUL – Anne Dubromel/Vincent Marchal, RFF – Pascal Ghesquières/Jean-Philippe Magnin, SNCF Direction régionale – Jean-Claude Casella, SPL Isère aménagement – Jean-Christophe Rosselin, Syndicat mixte zone industrialo-portuaire SalaiseSablons – Vincent Daön/Daniel Rigaud. La RUL tient également à remercier : la CCI de Région Rhône-Alpes pour sa contribution et l’accueil du séminaire, la plateforme multimodale et logistique de Dourges pour la journée de visite, le cluster logistique Rhône-Alpes pour ses éclairages, le SGAR Rhône-Alpes qui a mobilisé des financements FNADT ayant permis cette réflexion collective. Sommaire Avant-propos p. 1 Cadre général de la réflexion : la révision du schéma de cohérence logistique Introduction p. 2 L’intermodalité fret : un défi pour la région lyonnaise Lyon en position clé dans les corridors prioritaires de la politique européenne du transport Les faits marquants du trafic intermodal en région lyonnaise Un contexte contraignant mais des perspectives encourageantes Intermodalité – Repères et définitions p. 6 Fret ferroviaire conventionnel Transport combiné Autoroute ferroviaire Autoroute ferroviaire grand gabarit Fret fluvial Les grands sites de l’intermodalité en région lyonnaise (fer et fleuve) 10 questions clés pour comprendre les perspectives de l’intermodalité-fret en région lyonnaise p. 13 Peut-on escompter un plus grand recours au report modal à l’avenir ? Le marché de l’intermodalité est-il ouvert à toutes les filières ? Comment accompagner la demande du marché ? Quels freins limitent la montée en puissance de la demande ? Que faire face au report annoncé pour la réalisation des nouvelles infrastructures ? Quels sont les investissements prioritaires à court terme ? Le port de Marseille va-t-il générer du trafic intermodal pour Lyon ? Faut-il spécialiser ou bien combiner les techniques et chantiers d’intermodalité ? Quel est le profil du futur grand chantier d’avenir ? Quelles orientations stratégiques faut-il anticiper dès maintenant ? Quels nouveaux sites faut-il envisager outre les grands chantiers existants ? Parangonnage - Dourges / Delta 3, un outil exemplaire à observer p. 27 Une plateforme trimodale associée à un parc logistique Delta 3, outil d’aménagement et de promotion du site LDCT, outil d’exploitation du terminal multimodal Modalités d’exploitation du site multimodal Recommandations pour développer l’intermodalité sous toutes ses formes en région lyonnaise p. 31 Partager une ambition Améliorer immédiatement les outils existants Préparer le dispositif intermodal d’avenir Accompagner les acteurs vers le report modal Conclusion p. 36 Annexe : glossaire p. 37 Avant-propos Cadre général de la réflexion : la révision du schéma de cohérence logistique Les présents travaux s’inscrivent dans le cadre de la révision du schéma de cohérence logistique de la Région Urbaine de Lyon. Le schéma de cohérence dont la première édition date de 1997, révisée une première fois en 2005, constitue un cadre de référence permettant de promouvoir une politique d’accueil et de développement de la fonction logistique. Cadre non réglementaire, sa force et sa pertinence résident dans le fait qu’il est coconstruit par les acteurs publics et privés afin de bâtir une vision partagée. Le schéma repose sur quelques principes fondamentaux : Reconnaître l’importance de la logistique pour le développement économique de la région urbaine lyonnaise ; Promouvoir un accueil structuré des activités logistiques dans des zones dédiées desservies par au moins deux modes afin de massifier les flux, de favoriser le report modal et d’éviter le mitage de l’espace ; Améliorer la performance des infrastructures et des équipements d’intermodalité rail-route-fleuve ; Encourager la structuration de la filière logistique. Tout en validant ces grands principes partagés, la révision décidée en 2012 répond à la nécessité de prendre en compte les évolutions et les nouveaux enjeux de la logistique et de son inscription dans les territoires, notamment : Le décalage important entre les demandes d’implantations et les offres qui permettent d’y répondre dans de bonnes conditions ; Les éléments d’une intermodalité performante tant en termes d’équipements que de services ; La prise en compte de nouveaux besoins pour la logistique urbaine. Après une première phase consacrée à des rencontres dans les différents territoires de la région urbaine lyonnaise afin de partager les éléments de diagnostic de la logistique (cf publication « La logistique à la rencontre des territoires » juin 2013), les travaux de révision se poursuivent par des approfondissements portant sur quatre thématiques : Les sites logistiques et leur évolution ; Les perspectives pour l’attractivité de la place logistique ; La performance et l’évolution de l’intermodalité (objet du présent dossier) ; La faisabilité d’une maîtrise publique du foncier logistique. 1 Séminaire RUL « Intermodalité fret : quels enjeux et quel avenir pour la région Lyonnaise ? » le 14 mai 2014 à la CCIR Introduction L’intermodalité fret : un défi pour la région lyonnaise Deuxième région économique de France, RhôneAlpes est un relai continental à la croisée des grands corridors de fret européens. Centre de production et de consommation de premier plan, elle accueille un important pôle logistique sur un axe intercontinental majeur doté d’une accessibilité multimodale performante, d’un axe fluvial à grand gabarit relié au Grand Port Maritime de Marseille et d’un réseau autoroutier maillé. Autant d’atouts qui en font un hub, c’est à dire un point de consolidation/déconsolidation des flux massifiés et un lieu d’articulation de premier ordre au sein d’un dispositif logistique à vocation européenne. Cette position est du reste permise par la présence de toutes les techniques, de tous les opérateurs ferroviaires et fluviaux au sein d’un ensemble de zones logistiques de dimensions exceptionnelles. Cette situation est aujourd’hui confortée par le développement et la montée en puissance du Grand Port Maritime de Marseille qui a retrouvé volume et fiabilité et pour lequel la place lyonnaise devient un débouché naturel de premier plan. La réalisation des grandes infrastructures ferroviaires autour de Lyon donnera à terme des possibilités de développement que n’offre pas un réseau ferré ancien et en grande partie saturé. Cependant, et en attendant l’arrivée de ces nouvelles infrastructures, il convient de donner aujourd’hui aux sites existants les moyens d’accompagner, dans de bonnes conditions d’accessibilité et de capacité, les chantiers du Port de Lyon Edouard Herriot et de Vénissieux qui ont vocation à rester longtemps encore des points incontournables au service de 1 l’intermodalité . Les enjeux pour l’aménagement du territoire et les enjeux environnementaux liés au développement de l’intermodalité fret, se complètent d’enjeux économiques tout autant fondamentaux pour la région lyonnaise. La recomposition des flux et leur organisation qui constituent aujourd’hui des leviers majeurs de la performance économique des entreprises, sont en évolution constante. Le rayonnement économique par la performance logistique et la capacité à maintenir des flux générateurs d’activité économique constituent à part entière un axe stratégique de l’attractivité territoriale dans un contexte d’économie mondialisée marqué par un renforcement des axes de corridors alternatifs dans l’Est européen. A l’exemple de la chimie, certaines filières stratégiques connaissent des besoins auxquels le développement de la trimodalité peut répondre. Les besoins prévisibles dans les années futures obligent à anticiper et prévoir dès maintenant les sites à équiper en techniques nouvelles, ferroviaires et fluviales, pour accompagner le développement de l’économie et des entreprises régionales. Pour partager ces enjeux et préparer l’avenir, la Région Urbaine de Lyon a organisé un séminaire le 14 mai 2014, complété par une visite du chantier trimodal de Dourges-Delta 3 le 22 juin. Le présent dossier est le fruit des analyses, des échanges et des propositions des organisateurs et des participants. Plusieurs témoignages sont cités ci-après (cf citations en italiques). 2 1 Les termes soulignés sont les mots clés de l’intermodalité expliqués dans un lexique en fin de document. Lyon en position clé sur les corridors prioritaires de la politique européenne du transport Depuis 2013, la politique du réseau transeuropéen de transport (RTE-T) recentre radicalement les priorités sur neuf corridors qui formeront la charpente des transports au sein du marché unique européen. Axe essentiel de la stratégie européenne, les grands corridors multimodaux doivent permettre la massification et l’allongement des chaînes logistiques, avec des interfaces modales performantes permettant l’interopérabilité d’un mode à l’autre et d’un pays vers l’autre. Lyon à la croisée de corridors se trouve dès lors en charge d’un rôle de hub d’importance continentale. En l’absence d’une stratégie nationale de transports et logistique telle qu’il en existe chez les pays voisins, beaucoup de retard a été accumulé en France, notamment face à la culture fluviale des pays d’Europe du Nord et au regard des freins à la réforme portuaire ou à la modernisation ferroviaire. Si la croissance économique a un impact sur les flux en volume, les territoires impactent directement les flux dans leur organisation (commandes, stocks, transports, ..). Force est de constater ainsi le glissement à l’Est européen des grands corridors de fret (trafic par la Suisse et par l’Autriche en première place sur l’axe nord-sud, et montée des Ports de l’Adriatique). Cette évolution constitue un véritable défi national pour la France face au risque d’éloignement dans une Europe dont la colonne vertébrale sera irrémédiablement à l’Est du massif alpin. Source : Translog-Eurosiris, extrait de la logistique en France : indicateurs territoriaux (Samarcande, 2009) Les faits marquants du trafic intermodal en région lyonnaise Malgré deux équipements majeurs pour le report modal idéalement situés en son cœur, l’agglomération lyonnaise peine à accompagner la demande, les chantiers étant proches de la saturation et/ou souffrant d’une accessibilité ferroviaire très contraignante. 3 « La difficulté aujourd’hui est la situation urbaine des sites intermodaux. L’accessibilité pour les camions à Vénissieux et la restitution des conteneurs au PLEH font perdre beaucoup de temps. Notre modèle économique repose sur la compétition avec la route dont les prix restent assez bas. Si les opérateurs perdent du temps à accéder au site et à attendre les déchargements et les rechargements, il y a danger». Bertrand Fort, Fatton Transport Mots - - du séminaire Intermodalité fret du 14/05/2014 Le Port de Lyon Edouard Herriot se concentre sur sa véritable mission qui est de traiter le trafic fluvial et le combiné destiné à sa propre zone d’hinterland et ne peut assurer le développement d’une fonction de hub. Le chantier du PLEH traite journellement 4 à 5 trains du transport combiné. En 2013, Lyon Terminal a traité 214 000 EVP dont la moitié par route, 72 500 EVP par le fleuve et 36 500 EVP par le rail. Aujourd’hui les points faibles résident non pas dans la capacité de traitement du chantier mais principalement dans les conditions d’accès ferroviaire au site. « Actuellement, il faut appeler un tractionnaire ferroviaire en navette extérieure au port pour emmener les trains électrifiés sur le port. Cela induit des coûts et un manque de compétitivité du port liés à son entrée ferroviaire. Il s’agit d’un problème d’optimisation de l’infrastructure et non de capacité. Fin 2016, les travaux d’électrification du faisceau ferroviaire et de raccordement par le nord seront terminés. » Julien Langendorf, PLEH Mots du séminaire Intermodalité fret du 14/05/2014 les voies courtes tant pour la réception/expédition des trains que pour les voies sous portique, une situation qui sera aggravée avec le prolongement du Boulevard Urbain Sud qui enjambera le triage ; une accessibilité routière handicapante située en zone urbaine dense. La région lyonnaise ne dispose pas à ce jour d’un chantier de transbordement d’autoroute ferroviaire (à l’état de projet) alors que ce type d’équipement prometteur est en place sur la ligne Perpignan-Luxembourg qui passe par Lyon. « Lyon Terminal existe depuis 1993. En 2007, nous sommes passés de 10 ha à 20 ha exploités. La crise de 2008 est passée par là et les trafics n’ont pas été multipliés par deux. Un investissement supplémentaire sur le terminal lui-même n’est donc pas nécessaire aujourd’hui. » Grégory Queniat, Lyon Terminal Mots du séminaire Intermodalité fret du 14/05/2014 Lignes d’autoroute ferroviaire en France Le Chantier de Vénissieux atteint aujourd’hui ses limites de capacité et ne peut plus accueillir de nouveaux opérateurs. Bien que des améliorations soient possibles en modifiant les choix d’exploitation actuels, le site est au maximum de sa capacité. Le chantier de Vénissieux traite actuellement 10 à 12 trains quotidiens, soit annuellement plus de 200 000 EVP. Indépendamment des conditions d’exploitation, des investissements sont nécessaires : la longueur des voies ne permet que d’accueillir des trains de 630 mètres alors que la norme est aujourd’hui de 750 mètres et qu’elle sera dans les années futures de 1000 voire 1500 mètres. Les handicaps du chantier résident dans : la desserte ferroviaire difficile : absence d’accès ferroviaire direct via le raccordement de Saint-Fons (du sud vers Vénissieux) ; Julien Langendorf - PLEH 4 Un contexte contraignant mais des perspectives encourageantes Malgré la complexité technique et les contraintes de toute nature, réglementaires, concurrentielles, financières, etc. l’ambition de la région lyonnaise est légitime et nécessaire pour défendre sa performance intermodale et tenir sa position de hub continental. Un point remarquable du potentiel de la région lyonnaise est la concentration de nombreux acteurs du fluvial et du ferroviaire. L’ensemble des opérateurs du transport ferroviaire y sont d’ores et déjà présents et y ont tous déployé l’ensemble de leur offre. Les raisons d’espérer sont fortes pour relever le défi qui se présente aujourd’hui : après une longue phase de recul, le transport combiné repart sur des bases assainies et a progressé de 16% en 2013 au niveau national. Les opportunités existent pour engager un plan stratégique à court, moyen et long terme capable de conforter les atouts de pôle multimodal lyonnais et d’en faire un véritable outil de la performance économique et environnementale du territoire à l’avenir. 5 « Le parcours est semé d’embûches ce qui confère une instabilité à l’intermodalité. On constate une dégradation de la qualité de service, des changements forts dans la facturation des charges associées aux chantiers. La diminution des aides de l’Etat pour le transport combiné et l’augmentation des coûts de la traction ferroviaire contribuent aussi à un contexte contraignant. Mais il y a de fortes raisons d’espérer le développement de ces techniques. Pour preuve, le transport combiné repart aujourd’hui, il a fortement progressé en 2013. » Christian Morel, Cabinet Jonction Mots du séminaire Intermodalité fret du 14/05/2014 Christian Morel - JONCTION * * Intermodalité – repères et définitions Le transport routier demeure le mode de transport leader en raison de sa flexibilité et sa capacité à livrer les marchandises jusqu’au client final. Le volume des trafics et le poids du transport routier augmentent de façon continue, malgré un prix de transport de plus en plus onéreux lié au prix du gazole, avec une répartition actuelle de 87% pour le transport routier, 11% pour le transport ferroviaire, 2% pour le transport fluvial au plan national. La complémentarité des différents modes de transport -et non l’opposition des modesapparait aujourd’hui comme la véritable clé qui permettra de diminuer le coût économique et environnemental du transport de marchandises. Fret ferroviaire conventionnel Les marchandises voyagent dans des wagons adaptés à la nature du fret et par train complet (NB : le service de wagons isolés n’est plus aujourd’hui proposé par la SNCF). Les wagons sont chargés sur le lieu de production : en citernes pour les liquides, wagons spécifiques pour les céréales ou les minerais en granulats, wagons porte-autos, wagons plateaux pour les fers en long, etc. Ce type de fret est utilisé par des industries générant suffisamment de volume pour affréter des trains et qui ont organisé leur système de transport autour du mode ferroviaire. Il concerne les marchandises transportées dans les conditions réglementaires ordinaires, par opposition au fret exceptionnel ou au conteneur. Transport combiné Les marchandises utilisent plusieurs modes sur leur itinéraire. Les parcours principaux s’effectuent par train ou bateau et les parcours initiaux et/ou terminaux (pré ou post acheminements) sont effectués par route sur une distance la plus courte possible. On distingue combiné : deux types de transport non-accompagné (combiné traditionnel et autoroute ferroviaire) : les marchandises sont acheminées par caisses mobiles, conteneurs normalisés ou semi-remorques et ces unités de chargement sont transbordées sur le train ou le navire. 6 accompagné (combiné traditionnel accompagné et autoroute ferroviaire à grand gabarit) : le véhicule routier complet avec la cabine de traction prend place dans le wagon ou le bateau, le conducteur accompagne son véhicule pendant le trajet. La technique du transport combiné traditionnel est la solution la plus conventionnelle en rail/route, où le conteneur ou la caisse sont transbordés sur des châssis par préhension avec des portiques. Ce procédé utilisé depuis de nombreuses années n’est pas adapté au transport des remorques. Autoroute ferroviaire grand gabarit (AFGG) Elle permet le transport de camions complets par rail où le tracteur et le chauffeur accompagnent la semi-remorque. Les infrastructures de la ligne doivent permettre le passage des tracteurs d’où le terme de « grand gabarit ». On la nomme aussi AFGG et on parle de transport « combiné accompagné ». Eurotunnel® est un pionnier en la matière. L’AFGG est envisagée sur la future ligne Lyon-Turin. Source : www.lematin.ch/ www.lematin.ch L’opportunité du transport combiné s’évalue en fonction des caractéristiques du trajet et de l’accès de proximité aux équipements de report modal. Mode principal Fleuve/route Rail/route Distance totale Pertinent pour toute distance mais bord à voie d’eau nécessaire Pertinent au-delà de 200 km ou sous condition en dessous de 200 km Distance de pré/post acheminement Jusqu’à 150 ou 200 km pour une distance fluviale longue Jusqu’à 30 km pour caisses et conteneurs. Le coût du premier/dernier kilomètre est déterminant dans le coût global du transport Autoroute ferroviaire Elle permet le transport de remorques par rail et désigne le trajet sur les lignes ordinaires (dite autoroute ferroviaire sur ligne existante ou AFLE). On parle de transport combiné « non accompagné » où le tracteur et le chauffeur ne suivent pas. Les moyens de transbordement utilisés sont les techniques Modalhor® ou CargoBeamer®. L’autoroute ferroviaire permet également le transport de conteneurs. La ligne PerpignanLuxembourg passant par Lyon est un axe majeur d’autoroute ferroviaire en France. 7 Fret fluvial Le fluvial reste largement minoritaire malgré des atouts incontestables de coût et de qualités environnementales. Le transport fluvial national affiche néanmoins un taux de croissance important et le 1er schéma portuaire du bassin Rhône-Saône en 2010 prévoyait une augmentation de 94 à 128 % des tonnages en 10 ans. Repères chiffrés En Europe, plus de 50% des tonnages en transport se font sur des distances inférieures à 50 km. Un convoi fluvial de 10 000 tonnes et 150 m de long équivaut à 200 wagons de 50 tonnes ou à 333 camions de 30 tonnes, soit un convoi routier de 24 km de long. Un convoi fluvial parcourt Lyon-Fos en 24h et un camion en 4h30. Sur l’axe fluvial Rhône-Saône, les conteneurs représentent 12% du fret. On y voit davantage de produits de vrac ou « colis lourds » du type des convois exceptionnels routiers. Les grands sites du fret en région lyonnaise (fer et fleuve) 8 8 POUR LE TRANSPORT FERROVIAIRE DE FRET : - La plateforme de Sibelin : gare de triage utilisée pour la massification, l’éclatement, et la recomposition de trains multilotsmulticlients. SNCF GEODIS DFAC – novembre 2014 Le schéma du réseau de l’offre Fret SCNF montre que la plateforme de Sibelin compte parmi les trois principaux centres de l’offre de fret ferroviaire en France. A ce titre, elle représente un atout considérable dans la position de la région lyonnaise dans le transport de marchandises et elle constitue un enjeu majeur pour la performance et la compétitivité de l’offre régionale. 9 - Les chantiers d’intermodalité Ce sont des sites aménagés avec des équipements, où des portiques permettant le transbordement des marchandises d’un mode de transport à l’autre (équipements de report modal). A ce jour, les chantiers intermodaux présents en région lyonnaise sont ceux de Vénissieux et du Port de Lyon Edouard Herriot. ‒ le chantier Naviland Cargo à Vénissieux Fiche d’identité du chantier Naviland Cargo 60 employés 7 ha de superficie entre 83 et 84 000 UTI transportées en 2013 350 passages camions / jour (moyenne) 12 voies de manutention / longueur totale 2824 m capacité de 2250 EVP 5 grues / 5 portiques 65 circulations hebdomadaires par train régulier stockage permanent de conteneurs et activité de réparation 28 000 pré/post acheminements en 2013 http://www.wk-transport-logistique.fr/ LE CHANTIER DE VENISSIEUX Le site de Vénissieux accueille la présence de deux opérateurs du transport combiné, Naviland Cargo et Novatrans qui y gèrent chacun un chantier de report modal. Avec la gestion de 10 à 12 trains quotidiens (+ de 200 000 EVP en 2013), le site a atteint le maximum de sa capacité dans ses caractéristiques d’exploitation actuelles. Le site exerce des fonctions de tri pour les besoins de sa zone mais également une activité de tri en délestage du site de Sibelin, notamment pour former des trains complets à destination de l’Italie. Le site recèle de réelles possibilités de développement pour le transport combiné et son hinterland actuel n’est pas représentatif de ce qu’il pourrait être avec un développement. Il est étendu jusqu’à 100 km aujourd’hui en raison de la prédominance de la filière chimie fortement captive du transport ferroviaire ; l’ouverture à de nouveaux segments de marché le recentrerait sur les besoins de l’agglomération lyonnaise. ‒ Le chantier Novatrans à Vénissieux En 2007, le site a traité moins de 40.000 EVP. Ce trafic est dominé par le marché de la chimie situé à proximité et dans la région grenobloise : 1/3 du trafic s’effectue à moins de 50 km et un autre tiers à plus de 100 km. Les trains doivent être recomposés du fait de l’exiguïté de ce site. Les installations permettent d’accepter plus d’un doublement du trafic. Fiche d’identité du chantier Novatrans 40 employés 4,5 ha de superficie 33 932 UTI transportées en 2014 2 cours sous portique 5 voies de manutention / longueur totale 1 500 m 5 lignes de trafic régulier : Dourges, Duisbourg, Perpignan, Fos-sur-Mer, Miramas 10 LE CHANTIER DU PLEH / LYON TERMINAL Interface trimodale en zone urbaine, Lyon Terminal est le point spécialisé du Port de Lyon Edouard Herriot pour traiter les conteneurs maritimes. Il dispose de deux terminaux et d’un important réseau de voies ferrées en mesure d’assurer des trafics conteneurs et conventionnels avec des surfaces de stockage importantes. Le chantier connait une activité conteneurs très dynamique liée notamment au bassin RhôneSaône. Le trafic se répartit à 60% pour le Port de Marseille et 40% pour les ports du Havre et de la mer du Nord. L’activité du transport combiné s’élève à 4 à 5 trains au quotidien et 214 000 EVP traités en 2013 (cumul route, fer et fleuve). Du fait d’une desserte ferroviaire difficile les capacités de traitement ferroviaires sont encore limitées. La force de ce chantier réside dans sa proximité au marché. 11 Fiche d’identité du chantier Lyon Terminal 20 ha de surface de stockage sous douane une capacité totale de 350 000 EVP 3 200 mètres de voies ferrées terminales navettes ferroviaires hebdomadaires vers l'Europe du Nord navettes fluviales hebdomadaires vers Fos sur Mer quais équipés d'une rampe roll on / roll off de 800 tonnes 1 portique fixe d'une capacité de 250 tonnes 1 portique fluvial mobile (longueur 87 m) pouvant se déplacer sur 200 mètres de quai. Performance : 25 manutentions de 40 tonnes à l'heure 5 Reach Stackers 1 grue mobile (33 tonnes à 18 m) POUR LE TRANSPORT FLUVIAL DE FRET : - - le Port de Lyon Edouard Herriot Principal port lyonnais et site majeur de centre urbain qui accueille notamment les activités liées à la filière hydrocarbures pour l’ensemble de la région et au-delà. Il accueille l’important chantier de report modal fleuve/fer/route de Lyon Terminal - - la ZIP de Salaise-Sablons Site portuaire engagé dans un projet d’ampleur porté par le syndicat mixte de la Zone Industrialo-Portuaire de Salaise-surSanne (développement de la multimodalité, modèle d’écologie industrielle), bien adapté pour la desserte sud du territoire métropolitain et situé dans un environnement industriel immédiat (plateforme chimique de Roussillon), il dispose de larges emprises disponibles et offre la possibilité de conforter les accès routier et ferré. la plateforme de Solaize-Sérézin-Ternay Cette plateforme est non embranchée fer. A proximité immédiate de Lyon et de l’A7 elle constitue une zone logistique intéressante pour les activités logistiques de l’industrie et de la distribution. la plateforme de Givors-Loire sur Rhône Le site portuaire de Givors-Loire/Rhône est à proximité d’un important site EDF et dispose d’une darse permettant l’accueil des activités de flotte de commerce et de paquebot fluviaux Il est handicapé dans ses choix de développement par son raccordement routier très difficile à l’autoroute A7. , - le port de Villefranche-sur-Saône Le port public de Villefranche-sur-Saône orienté sur le vrac est aussi attenant à une série de plateformes portuaires privées du Val de Saône historiquement associées aux activités d’extraction de granulats (Jassans, Anse, Saint-Germain au Mont d’Or, Genay). 12 10 questions clés pour comprendre les perspectives de l’intermodalité-fret en région lyonnaise Peut-on escompter un plus grand recours au report modal à l’avenir ? De nombreuses entreprises choisissent le marqueur environnemental et acceptent pour cela de perdre un jour dans l’acheminement par le rail de leurs envois. Même si certains transporteurs proposent systématiquement le multimodal, c’est toujours le client–chargeur qui fixe le choix. Les perspectives sont encourageantes par le fait de conditions économiques améliorées, notamment dans le domaine ferroviaire, et qui peuvent modifier l’attractivité du multimodal : arrivée de nouveaux opérateurs, ouverture de la traction des trains à toutes les entreprises ferroviaires, guichet unique européen pour la commercialisation des sillons ferroviaires, montée en puissance de nouvelles techniques comme l’Autoroute Ferroviaire, amélioration des performances techniques avec l’allongement des trains offrant la possibilité de réduire à terme les coûts de traction de 30% et, localement, amélioration des accès et de la capacité des chantiers lyonnais. « Nos clients sont les grands groupes qui sont informés sur le multimodal. IIs communiquent sur le développement durable et se sentent obligés d’utiliser ce mode de transport. Par contre, le service est très mal connu par les PME.» Bertrand Fort, Fatton Transport Mots du séminaire Intermodalité fret du 14/05/2014 13 Le marché de l’intermodalité est-il ouvert à toutes les filières ? Dans le transport intermodal, la nature du produit transporté n’a généralement pas d’incidence sur le mode de transport, dans la mesure où le produit est contenu dans une Unité de Transport Intermodale (UTI). Le choix de la technique de transport quant à lui est conditionné au système de préhension de l’UTI et aux conditions d’exécution du transport. Ainsi, une caisse mobile routière (remorque) non équipée de système de préhension ne peut être chargée que sur des wagons de l’Autoroute Ferroviaire. En définitive, le choix d’un mode et d’une technique de transport reste avant tout tributaire du service offert : coût de transport, délais d’acheminement, heures d’enlèvement ou de livraison, services annexes au transport. Bertrand Fort - Fatton Transport Comment accompagner la demande du marché ? L’effort prioritaire doit être fait en direction des PME qui s’intéressent encore trop peu au report modal, malgré une pertinence certaine. C’est un marché potentiellement prometteur pour le transport combiné qui exige d’exploiter des relations où existent non seulement des flux mais aussi des contre-flux qui permettent de rentabiliser le transport. L’opérateur intervient comme groupeur pour concentrer les flux et les massifier. Même pour des distances courtes, mais qui concentrent des flux importants, le multimodal offre des avantages si des services complémentaires lui sont associés. C’est en faisant bien connaître les avantages et inconvénients de chaque mode, et en associant un ensemble de services complémentaires au transport (dédouanement, suivi et traçabilité des flux, prestations logistiques sur site de transbordement, ..) que l’on pourra amener les PME à s’intéresser au multimodal. De même, le mode fluvial est insuffisamment pris en considération au regard de son potentiel pour les chargeurs. Des efforts importants sont mis en place par le Comité des Ports, une démarche qui pourrait inspirer les acteurs du ferroviaire. «Nous accompagnons nos clients, on identifie les flux éligibles au multimodal et il est systématiquement proposé. Outre les critères de qualité de service, il ne faut jamais oublier le critère économique, et c’est le client qui choisit au final.» Eric Cochet, Groupe Norbert Dentressangle Mots du séminaire Intermodalité fret du 14/05/2014 Projet de liaison rail-route Rhône-Alpes / Belgique Le projet de création d’une liaison multimodale entre la région Rhône-Alpes et la Belgique a été initié par l’entreprise P.O SCANDEX. Cette relation devrait porter sur trois trains par semaine dans chaque sens pour être en concurrence avec la route, et effectuer un report modal en reliant le Port de Lyon Edouard Herriot avec le port de Gand et ses terminaux maritimes qui embarquent pour la Scandinavie. Ce projet baptisé REFLEX (pour REport FLow EXcellence) a été labellisé par le Cluster Logistique Rhône-Alpes. Il est conduit au sein d’un consortium entre le Port de Gand, la CNR, et P.O SCANDEX. Le consortium œuvre activement à la mise en place d’un service test ferroviaire. L’enveloppe financière pour le service test et les pertes des premières années d’exploitation représente 1,8 millions d’€. La recherche de financements européens via le dispositif Marco Polo n’ayant pas abouti en 2014, cette somme est recherchée auprès de fonds privés. « Les risques financiers sont importants et il faut atteindre rapidement un taux de remplissage des trains conséquent pour ne pas perdre d’argent. Nous sommes dans le corridor prioritaire de la politique européenne, ce qui devrait faciliter les choses. » Christian Carbonell, consultant pour P.O SCANDEX Mots du séminaire Intermodalité fret du 14/05/2014 Eric Cochet, Groupe Norbert Dentressangle 14 Quels freins limitent la montée en puissance de la demande ? Les embuches les plus importantes trouvent leur origine notamment dans le cadre réglementaire : ‒ la redéfinition du projet d’application de l’écotaxe au transport routier, ‒ l’autorisation du 44 tonnes sans contreparties environnementales ‒ la stagnation puis la baisse, de l’aide au coup de pince, voire l’incertitude sur son maintien qui pourrait avoir des conséquences lourdes sur l’équilibre financier des entreprises (diminution annoncée de 30% et non-respect du délai de versement des aides). Les difficultés tiennent aussi à la concurrence du transport routier avec des prix tirés vers le bas notamment pour les grandes distances, en raison principalement de transporteurs des pays de l‘Est qui ne respectent pas la réglementation sociale européenne et les réglementations environnementales et offrent des prix très en dessous des prix de marché. Elles tiennent enfin aux conditions techniques d’exploitation : report dans le temps des grandes infrastructures (CFAL, accès français au Lyon – Turin….), absence de volonté de créer des chantiers uniques (un site = un gestionnaire) et la détérioration des temps de parcours des trains du combiné. Les entreprises ferroviaires régionales rencontrent des difficultés dans l’acheminement des trains du fait de très nombreux chantiers d’entretien sur le réseau. Tout cela se traduit par une détérioration de la compétitivité malgré l’ouverture du marché à la concurrence. Que faire face au report annoncé pour la réalisation des nouvelles infrastructures ? Le report des nouvelles infrastructures impose le recentrage sur l’existant et rend plus pertinent l’amélioration de certaines infrastructures qui n’étaient pas dans les priorités en raison du futur prévisible. 15 Aujourd’hui, une priorité s’impose dans le renforcement et la modernisation des sites et de leurs conditions d’accès. Toutefois, à court et moyen termes se posera inévitablement la nécessité de nouveaux équipements intermodaux adaptés aux enjeux du territoire et à la fonction de hub continental qu’il n’est pas en mesure de développer complètement aujourd’hui. La création de nouveaux équipements pour préparer l’avenir passera notamment par la prise en compte de sites à mobiliser comme Grenay, Sud Saint-Exupéry, Salaise sur Sanne, et Villefranche sur Saône. « Dans l’attente de nouvelles grandes infrastructures, c’est le renforcement et le recentrage des sites existants qui importe. Mais ils devront être suivis par la création de nouveaux équipements pour préparer l’avenir de l’intermodalité fret non seulement au niveau du territoire lyonnais mais à une échelle internationale et continentale. C’est l’ambition qu’il faut avoir. » Christian Morel, Cabinet Jonction Mots du séminaire Intermodalité fret du 14/05/2014 Quels sont les investissements prioritaires à court terme ? L’ACCES FERROVIAIRE VENISSIEUX : AU CHANTIER DE En absence d’accès direct du Sud vers Vénissieux, les trains procèdent à un retournement à Lyon Guillotière : l’automatisation du retournement permettrait un gain de temps (investissement de 6 M€ environ). A moyen terme, la banalisation des voies (sécurisation autorisant la circulation dans les 2 sens sur voie unique) du raccordement de SaintFons serait suffisante pour répondre aux besoins prévisibles tout en étant compatible avec le trafic voyageurs (coût des travaux de 6 M€ environ pour le raccordement banalisé à niveau et de 50 M€ si celui-ci devait être dénivelé). Le doublement intégral du raccordement coûterait plusieurs centaines de millions d’euros. Néanmoins, il convient de préserver l’hypothèse du CFAL sud (contournement ferroviaire de l’agglomération lyonnaise) qui demeure d’actualité, en réservant le foncier. « Les travaux concernant l’accès ferroviaire à Vénissieux vont être accélérés pour fluidifier le trafic du nœud ferroviaire lyonnais. C’est une priorité pour le gouvernement. L’enjeu du site de Vénissieux est le raccordement d’une ligne EstOuest à une ligne Nord-Sud. Aujourd’hui, entre le Sud et Vénissieux il n’y a qu’un raccordement à voie unique et circulable dans un seul sens. Il faut rétablir l’autre sens de circulation pour éviter une manœuvre supplémentaire de retournement.» Denis Cuvillier, RFF Mots du séminaire Intermodalité fret du 14/05/2014 L’ADAPTATION DES VOIES CHANTIER DE VENISSIEUX SUR LE Les voies ne permettent pas la réception de trains longs. L’aménagement du terminal actuel (infrastructure et entrées) rendrait possible de traiter 4 trains supplémentaires par jour à une échéance de 5 ans et le nombre d’emplois pourrait alors passer de 100 à 120. Il existe par ailleurs un projet pour relier entre eux les terminaux de Novatrans et de Naviland Cargo et sa réalisation permettrait un partenariat encore plus étroit entre les 2 opérateurs. L’ACCESSIBILITE DE VENISSIEUX ROUTIERE AU CHANTIER L’accès routier est situé en zone urbaine dense et l’aménagement du Boulevard Urbain Est est l’occasion de créer une nouvelle entrée du site. Alors que la création du pont enjambeur viendra réduire la capacité des ponts roulants utilisés sur le chantier, des aménagements à l’intérieur du site permettraient de manutentionner des UTI sur des voies utilisées jusque-là au stationnement des rames. LA DESSERTE DU PLEH Les contraintes de desserte du port pourraient être levées en partie en électrifiant le faisceau de réception et la voie d’accès au port, voire levées en totalité en créant un raccordement ferroviaire au sud. Dans un premier temps, il importe d’améliorer l’utilisation du raccordement nord ainsi que l’électrification de la voie de desserte de Montagny et des 4 voies du faisceau d’échanges. Ces travaux pourraient être réalisés dès 2016. Dans un second temps, il conviendrait de créer un raccordement sud mais des acquisitions foncières sont nécessaires et ces travaux ne sont envisageables qu’à plus long terme (de l’ordre de 15M€). Enfin, au-delà de Lyon, la liaison fluviale avec Marseille peut tripler sa capacité sans investissements majeurs (dédoublement des écluses par exemple). Ces projets sont susceptibles d’être intégrés dans le futur Contrat de Projet Etat – Région (CPER) pour la période 2014-2020. Ces investissements modérés aideront à développer l’intermodalité dans un schéma beaucoup plus industrialisé qu’aujourd’hui. Denis Cuvillier -RFF 16 Le Port de Marseille va-t-il générer du trafic intermodal pour Lyon ? Lyon dispose d’une très bonne desserte (13 trains hebdomadaires et 8 barges fluviales aujourd’hui) depuis le Port de Marseille dont le trafic conteneurs connait un essor important (rythme annuel de + 10%). Le GPMM entend conforter et étendre son hinterland avec Lyon, c’est-à-dire en s’appuyant sur la fonction de hub continental que pourra jouer Lyon à moyen terme. La fonction de ‘prend-laisse’ qui consiste simplement à articuler des flux massifiés à Lyon fonction qui est constitutive du hub continentalest le socle d’une qualité indispensable dans le niveau de service offert par la place lyonnaise. Elle permet de conforter des relations de transport, d’améliorer des fréquences, d’offrir des services supplémentaires et de réduire les coûts de traitements. La complémentarité des techniques est un élément favorable à la compétitivité du trafic intermodal sur l’axe Lyon-Marseille. Ce développement de la fonction de hub nourrie par le Port de Marseille concernera principalement le trafic de longue distance. En ce qui concerne le fret destiné à Rhône Alpes depuis Marseille, plus d’un quart des conteneurs transitent déjà par le fleuve qui est plus lent (36 heures porte à porte), mais offre des avantages de services comme le dédouanement chez le client. Néanmoins, sur une distance courte comme Lyon-Marseille la route s’impose encore très souvent pour des questions de coûts et de délais et seul l’avantage environnemental peut inciter à adopter un mode alternatif. L’essor du fret ferroviaire à destination régionale se fera en synergie avec le trafic de transit continental qu’il viendra conforter, permettant d’améliorer la performance économique du trajet et des services complémentaires et renforçant ainsi l’attractivité du report modal sur la distance courte. A ce jour, le chantier de Vénissieux décline a minima une demande de 10 trains par semaine pour Marseille-Fos qui seraient pleins dans les 2 sens. 17 « La pertinence économique de la caisse mobile au départ de Fos ou de Saint Martin de Crau vers la région lyonnaise pose le problème du contre-flux. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de caisses mobiles qui circulent en aller-retour. » Pierre Lardon, Transports Lardon Mots du séminaire Intermodalité fret du 14/05/2014 Pierre Lardon - Transports Lardon Interview de Fabienne Margail Grand Port Maritime de Marseille - Chef du Département Hinterland Le Grand Port Maritime de Marseille a retrouvé une qualité de service qui le place au niveau des grands ports européens. Avec plus d’un million de conteneurs traités aujourd’hui vous fondez de gros espoirs sur le développement des transports massifiés. Pourriez-vous nous préciser vos projets dans ce domaine ? Le GPMM œuvre pour disposer de transports terrestres efficaces offrant la faculté d’alimenter ou d’évacuer massivement les boîtes des terminaux maritimes. Le Port agit à la fois en facilitateur de la chaîne logistique massifiée, porteur de projets et animateur de partenariats. Pour conforter le mode ferroviaire, qui offre déjà de nombreuses dessertes conteneurs en France et en Europe, le GPMM vient de créer avec Greenmodal, la CCI Marseille Provence, Projenor, la CEPAC et la CDC, la société d’investissement qui sera chargée de la réalisation du terminal de transport combiné de Mourepiane (Marseille). Avec RFF, l’Etat, la Région PACA et le CG13 (dans le cadre du CPER), le Port œuvre à l’amélioration de l’accessibilité aux bassins de Marseille et à l’augmentation de la capacité ferroviaire dans la zone industrialo-portuaire de Fos. Le GPMM projette aussi la création dans ce secteur d’un point de massification des trafics ferroviaires. Concernant le mode fluvial, le GPMM anime depuis 2008 le réseau Medlink réunissant 9 ports fluviaux de Rhône-Saône et le port de Sète, avec le soutien de VNF. Dans le cadre du Comité des ports créé en 2011 sous l’égide du Préfet de bassin, le Port a coordonné, avec VNF et la CNR, une mission visant à dynamiser les trafics fluviaux. Il participe activement à la préparation d’une agence de développement de ces flux, prolongement de ces deux initiatives. Parmi les actions auprès des chargeurs, on rappellera la mise à disposition gratuite du conseiller logistique fluvial du Comité des ports et la labellisation ouvrant droit à des avantages logistiques sur des plateformes. La région lyonnaise représente pour le GPMM un objectif prioritaire. Quelles mesures vous semblent les plus appropriées pour accompagner le développement des trafics de l’axe Lyon/Marseille ? La région lyonnaise constitue le cœur de l’hinterland naturel du port de Marseille-Fos avec plus du quart des trafics conteneurs. Le GPMM a pris dès 1999 des participations au capital de Lyon Terminal, plateforme multimodale du Port de Lyon Edouard Herriot. Dans le cadre du soutien à la diffusion du Cargo Community System AP+ - qui facilite et sécurise les échanges d’informations des acteurs de la chaîne - Lyon Terminal a acquis dès le début 2014 le module d’hinterland AP+ (« Inland + »), devenant ainsi la première plateforme équipée dans l’hinterland. Une étape importante a été franchie ! Autre vecteur de fluidification des trafics, la procédure ferro / fluvio-maritime (PFM) permet de simplifier les procédures douanières et leur apurement pendant le transport voire chez le client ; sa généralisation et sa dématérialisation pour la desserte de la région lyonnaise devra être recherchée avec les opérateurs fluviaux et ferroviaires. Enfin, les actions auprès des chargeurs pour bien connaître leurs besoins ? sont à poursuivre et élargir : le premier atelier thématique organisé en juin dernier sur le Port de Lyon Edouard Herriot en est un bon exemple. Il a permis de mettre le focus sur la problématique des marchandises dangereuses, un segment important en Rhône-Alpes, et a associé un expert de la Capitainerie du GPMM pour apporter directement aux clients les éclaircissements requis. Comment le GPMM voit–il les équipements, la desserte et le dispositif intermodal de la place lyonnaise? Considérez–vous que les perspectives de réalisation de trains longs soient à même de conforter significativement le fret ferroviaire sur l’axe rhodanien ? Chaque semaine ce sont 6 navettes fluviales et 16 services ferroviaires qui assurent des liaisons entre RhôneAlpes et le port de Marseille-Fos. Les modes massifiés sont très présents sur cet axe et un quart des conteneurs rhônalpins transitant par le GPMM sont par exemple acheminés par mode fluvial. Le GPMM, en lien avec les opérateurs de transport en particulier, s’active en vue de développer de la part de marché déjà élevée de ces trafics. A Lyon, les principaux lieux d’interface pour le transport combiné maritime sont actuellement le Port de Lyon Edouard Herriot et le terminal combiné de Vénissieux. Ce sont des points clés du dispositif, il convient de prêter la plus grande attention à leur fluidité et leur capacité. Le GPMM est aussi attentif au traitement du nœud ferroviaire lyonnais pour garantir sur la durée la meilleure accessibilité aux trafics avec le sud de la vallée du Rhône. Quant aux trains longs, ils assurent d’ores et déjà des liaisons entre Marseille et Paris ; ils sont des facteurs de productivité et de compétitivité du fret ferroviaire, et ce d’autant plus que l’axe concerné est chargé. La création du terminal combiné de Mourepiane s’accompagnera de l’allongement à 1000 m de voie du faisceau support sur le port par le GPMM ; le terminal lui-même prévoit la possibilité de départ direct sans découpage de trains électriques de 850 m. 18 Faut-il spécialiser ou bien combiner les techniques et chantiers d’intermodalité ? Un train attractif doit offrir de la fréquence et atteindre une charge optimisant son coût. La taille critique des trains du transport combiné est plus accessible en mixant les techniques (conteneurs, caisses mobiles, remorques) partout où cela est possible (notamment au départ de Marseille). La dispersion des chantiers ne favorise pas la massification et la mixité n’est possible que par des liaisons fluides entre les chantiers, problème posé par exemple dans le cas de Vénissieux pour les trafics maritimes (Naviland Cargo) et domestiques (Novatrans). Cette complémentarité des offres, qui est indispensable à la massification, peut se développer grâce aux choix d’équipement des sites et à la proximité entre eux, mais aussi grâce à des partenariats étroits entre opérateurs (exemple de Dourges Delta 3 ou des compagnies fluviales de la Seine). Ainsi, le succès de l’Autoroute Ferroviaire Le Boulou – Bettembourg tient à la mixité des trafics qui a permis de doubler les fréquences sur l’axe et son attractivité pour les transporteurs - critère indispensable au développement du trafic. De même, sur des sites comme sur le port de Marseille où coexistent plusieurs chantiers de transbordement, les projets actuellement en cours visent à la création d’un chantier unique en capacité de traiter les trafics maritimes et domestiques. Cette concentration en un même lieu favorise les coopérations des acteurs tout en conduisant significativement à une baisse des coûts de manœuvres et de manutention. Enfin, la tendance qui se développe aujourd’hui avec la création de trains longs ne peut s’envisager que dans la mesure où l’on concentre sur un même lieu des trafics nécessaires à la constitution de ces trains et bien souvent les seuils de volumes ne peuvent être atteints que par une coopération étroite entre les acteurs. Outre les grands ports comme Marseille ou Fos au sud, Le Havre et les ports de la mer du Nord, les hubs intermédiaires comme Lyon ont un rôle tout particulier à jouer dans la mesure où ils autorisent des reconfigurations de trains tout en offrant un espace de destinations beaucoup plus large (intrinsèque à la fonction de hub). 19 « La mixité sur les terminaux est possible sous condition des bons aménagements. Novatrans est spécialisé sur le continental et Naviland sur le maritime et notre complémentarité est fondamentale pour améliorer notre offre de service. Aujourd’hui sur Vénissieux, il n’y a pas de liaison ferrée interne, ce qui impose d’appeler un sous-traitant pour relier nos terminaux en camion....» Christine Rosso, Naviland Cargo Mots du séminaire intermodalité fret du 14/05/2014 « La problématique des trains longs est une problématique qui intéresse tout particulièrement RFF. Le train de 850 m est déjà une réalité sur l’axe Marseille-Vénissieux. Cela implique des contraintes d’exploitation. Il n’y a qu’une seule voie dans le nœud lyonnais pour le retournement des trains de 850 m, c’est la voie 31 du PLEH. On vient alors empiéter sur la capacité du port lorsque l’on veut emmener un train de 850 m en direction de Vénissieux.» Pascal Ghesquieres, RFF Mots du séminaire intermodalité fret du 14/05/2014 Christine Rosso – Navilang Cargo EuroCarex : un nouveau service pour le fret à grande vitesse EuroCarex est un service européen de transport de fret en cours de projet basé sur le réseau de lignes à grande vitesse. C’est un service multimodal avec interconnexion aérienne qui est orienté vers le transport de palettes et conteneurs aériens, et de colis express. Le marché du cargo aérien est le principal marché qui pourra se transférer vers le rail à grande vitesse, sous la pression des contraintes environnementales qui limitent le développement des vols de nuit et face à la congestion aéroportuaire. EuroCarex mise également sur la captation de fret express routier auquel il peut offrir une alternative lorsque la performance du transport routier viendra en diminution, avec le coût du carburant, les péages de transit, la congestion routière, etc. La première mise en service est prévue pour 2020. Le projet se déroule progressivement dans les différents sites européens : l’offre de service est organisée, les matériels roulants, les embranchements de terminaux, l’aménagement des railports (chantiers de transbordements sur les sites aéroportuaires) sont en cours d’étude. Le calcul des coûts s’affine plus précisément et les acteurs du réseau sont mobilisés pour la recherche de financements. Il s’agit d’un projet complexe en raison de la multitude de décisions d’investissement interdépendantes engageant des acteurs publics et privés dans un contexte de faible visibilité économique. Le soutien des pouvoirs publics nationaux et européens, l’implication forte de la SNCF en tant qu’opérateur clé du service, sont indispensables au lancement du service. Source : lyoncarex.com Quel est le profil du futur grand chantier d’avenir ? Le futur grand chantier multimodal de la région lyonnaise prend en compte la logique de massification et toutes les techniques qui y contribuent : trains longs, mixité des techniques, fluidité des accès, proximité des marchés générateurs de trafics et des sites d’activité. La contiguïté avec le futur chantier de transbordement de l’Autoroute Ferroviaire à Grand Gabarit prévu dans le projet Lyon - Turin n’est pas indispensable. Par contre, les chantiers traditionnels (autoroute ferroviaire classique et transport combiné) doivent, autant que faire se peut, être associés sur un même chantier. Le futur grand chantier s’appuie sur une politique foncière à la hauteur de ses enjeux qui préserve les espaces pour l’ensemble des équipements et des accès, ainsi que pour le développement progressif d’activités utilisatrices des infrastructures. « L’autoroute ferroviaire est un nouvel arrivant dans l’intermodalité. Elle embarque de plus en plus de conteneurs et pas seulement des semi-remorques. Il faut alors s’interroger pour rapprocher au plus près les terminaux d’autoroute ferroviaire et les terminaux de transport combiné rail/route, et assurer une massification plus forte » Christian Morel, Cabinet Jonction Mots du séminaire intermodalité fret du 14/05/2014 20 Quelles orientations stratégiques faut-il anticiper dès maintenant ? LA FONCTION DE HUB CONTINENTAL DE LA PLACE LYONNAISE La région lyonnaise est appelée à jouer un rôle stratégique de hub continental liée à sa position à la croisée de corridors prioritaires en Europe, à la montée du Port de Marseille, à la volonté nationale de renforcer les nœuds. Ce rôle passe par des évolutions nouvelles qu’il faut anticiper et accompagner dans l’intérêt du fonctionnement du territoire et de sa performance économique, et dans un contexte de concurrence avec le renforcement d’axes alternatifs performants plus à l’Est européen. Ce fonctionnement en hub est également une condition pour les opérateurs qui sont confrontés à la versatilité des chargeurs et des armateurs dans le choix d’un port maritime (abandon de Fos pour Anvers ou Rotterdam par exemple) et y répondent grâce à une offre complète et flexible. La mise en place du réseau P3 (mutualisation envisagée entre grands armateurs sur l’axe Asie-Europe) aurait pu changer la donne dans le transport maritime et induire des changements pour l’activité des opérateurs terrestres. La fonction de hub, les connexions performantes à l’ensemble des grands ports sont des éléments indispensables à l’exercice de leur activité. « Défendre le positionnement de la place lyonnaise, c’est simplement admettre son rôle de hub et d’hinterland du port de Marseille. Dans un contexte européen changeant, notamment avec le renforcement des corridors de l’est européen, si l’on ne fait rien, la France sera le Finistère de l’Europe. Pour assurer sa vitalité, il faut s’organiser et anticiper localement. » Noël Comte, Vice-Président CCIR Rhône-Alpes Mots du séminaire intermodalité fret du 14/05/2014 Opérateurs ferroviaires de proximité L’objectif de création d’opérateurs ferroviaires de proximité (OFP) sur l’ensemble du territoire national remonte à une dizaine d’années maintenant et constitue l’un des 8 volets de l’engagement national pour le fret ferroviaire de 2009. La création d’un OFP en Rhône-Alpes n’est pas une idée nouvelle, elle avait déjà été envisagée en 2011 après les engagements du Grenelle de l’Environnement. Les OFP sont des acteurs locaux du transport ferroviaire, petites entreprises autonomes combinant des activités logistique et ferroviaire, ayant d’abord vocation à faire circuler des trains sur une courte distance : desserte de territoires de trafic peu dense, circulation ferroviaire à l’intérieur des ports, et massification de flux pour la composition de trains multi-lots/multi-clients. Ils peuvent généralement être le gestionnaire de l’infrastructure exploitée pour leurs circulations. Les premiers OFP présents en France sont récents ; ils pérennisent le réseau capillaire fret, contribuent au report modal du transport routier vers le fer et participent à l’attractivité économique des territoires pour les filières historiquement utilisatrices du ferroviaire (bois, granulats, industries chimiques, boissons, etc.) et aussi pour tout type de marchandises avec la composition de trains mixtes conteneurs/vrac. La relance de services ferroviaires est donc un vecteur d’ancrage local des activités économiques. Notons que si la vocation première des OFP était d’assurer la desserte en wagons isolés des secteurs les moins denses du territoire, leur rôle s’est élargi au fil du temps. Ainsi aujourd’hui certains OFP assurent des trafics en trains complets sur des parcours de plusieurs centaines de kilomètres. Si Rhône-Alpes et plus particulièrement la région lyonnaise ne comptent pas parmi les territoires dans lesquels ont été créés les premiers OFP, l’intérêt d’un ou de tels opérateurs dans la région pourrait être de recréer une dynamique du report modal en faveur du rail. La région réunit en effet des caractéristiques favorables pour des services ferroviaires locaux et le potentiel parait important : densité d’activités utilisatrices du fret ferroviaire (carrières, chimie, métallurgie, eaux, conteneurs, céréales, etc.) ; réseau de voies privées des grandes zones d’activité ; nombreuses lignes capillaires délaissées. Ces caractéristiques invitent à évaluer l’opportunité. L’ORGANISATION DE LA MASSIFICATION DES TRAINS L’allongement des trains et le transit de volumes croissants depuis Marseille-Fos jusqu’à Lyon suppose la massification renforcée. La création d’un point de massification est préconisée pour le garage en ligne et la recomposition des trains où les opérations de massification / démassification pourront s’opérer. De même une rationalisation dans l’exploitation des sites frets (Sibelin, Vénissieux, Badan, St-Germain-au-Montd’Or) est recommandée afin de concentrer le chantier de Vénissieux sur sa vocation de site de transbordement. Le site de Sibelin se prête prioritairement à cette fonction de tri de wagons isolés. 21 Noël Comte, Vice-Pdt CCIR Rhône-Alpes L’ORGANISATION ET LE FONCTIONNEMENT FUTUR DES CHANTIERS Les performances de la position lyonnaise au cœur des grands courants d’échanges européens, portée par les évolutions liées aux nouvelles techniques (autoroute ferroviaire, allongement des trains), à l’ouverture du marché aux nouveaux opérateurs ferroviaires et à l’amélioration des conditions d’activité sur les chantiers lyonnais, supposent la prise en compte de nouvelles conditions d’organisation et de fonctionnement des futurs équipements. - L’implantation attenante des chantiers d’autoroute ferroviaire et du combiné traditionnel Pour connaitre un développement significatif, l’Autoroute Ferroviaire devrait fonctionner en réseau avec d’autres techniques et d’autres trafics en vue de mixer les trains pour renforcer sa compétitivité. Pour cela, les chantiers de l’Autoroute Ferroviaire devraient être contigus aux chantiers du combiné traditionnel. (NB : cette proximité est d’un intérêt moindre pour l’Autoroute Ferroviaire à Grand Gabarit). - L’adaptation des équipements aux trains longs La circulation de trains longs implique certaines contraintes techniques : voies adaptées pour la circulation et le stationnement des trains et des dispositifs de signalisation aménagés. Ces trains ne pourront circuler que sur des relations aménagées. - La complémentarité et le fonctionnement en réseau Les futurs chantiers et les nouvelles infrastructures de transport devront nécessairement être envisagés en tenant compte des besoins de complémentarité et de fonctionnement en réseau, condition essentielle de leur performance et de la performance globale de l’ensemble du nœud intermodal lyonnais. L’allongement des trains imposera d’aller vers une mutualisation des conditions d’exploitation (multi-techniques, multi-opérateurs) pour atteindre la taille critique de chargement. Elle nécessitera une coopération plus étroite entre les opérateurs. A l’exemple des rapprochements tentés entre compagnies maritimes ou encore réalisés entre compagnies fluviales sur la Seine, le transport combiné sur l’axe majeur Marseille/Fos – Lyon pourrait mettre en place une offre similaire mutualisée. LA POLITIQUE FONCIERE POUR LA PRESERVATION DES ESPACES Une vision d’ensemble des flux, des équipements, des infrastructures, des activités et des services connexes est indispensable pour le long terme. Elle se décline dans une politique foncière qui anticipe le développement futur et préserve le foncier nécessaire à l’ensemble des besoins à venir. «Le terminal de Naviland Cargo à Vénissieux a la capacité d’accueillir 4 trains supplémentaires par jour mais le terminal est limité par sa longueur. Il emploie 100 personnes, et aurait 20% d’emplois supplémentaires en rajoutant 4 trains par jour. De plus, ce ne serait pas démesuré en termes d’investissement» Christine Rosso, Naviland Cargo Mots du séminaire intermodalité fret du 14/05/2014 LA MULTIMODALITE DES SITES D’ACCUEIL DES ACTIVITES LOGISTIQUES Prescription du précédent schéma de cohérence logistique, la bimodalité fer-route constitue un critère pour l’identification des zones d’activités orientées vers l’accueil d’implantations logistiques. Les zones potentielles embranchées ou embranchables sont rares ; l’utilisation effective très limitée des embranchements existants montrent en outre la difficulté à donner une réalité à cette prescription. Il reste néanmoins indispensable de préserver les capacités d’embranchement quand elles existent dans l’éventualité d’une relance du wagon isolé qui créera de nouvelles conditions d’exploitation du service de desserte des zones d’activité. Le développement des sites logistiques devra également veiller à connecter correctement les sites logistiques à un équipement de report modal, c’est-à-dire en offrant la possibilité d’un préacheminement ou post-acheminement économiquement supportable vers un terminal de transport combiné et acceptable pour le territoire par des voies de circulation adaptées et aux nuisances maîtrisées. 22 Quels nouveaux sites faut-il envisager outre les grands chantiers existants ? Plusieurs hypothèses sont évoquées pour amener le nœud lyonnais du transport combiné à son niveau de hub continental, en renforçant son dispositif en équipements et en organisant la complémentarité entre eux dans un fonctionnement en réseau. Plusieurs sites sont susceptibles d’être mobilisés : BESOIN D’UN NOUVEAU CHANTIER DE REPORT MODAL FER/ROUTE : - - hypothèse Grenay : site envisagé pour le terminal d’Autoroute Ferroviaire mais sans vocation multi-techniques avec le combiné traditionnel. Ce chantier resterait néanmoins limité en fréquences assurées en particulier avec l’Italie. hypothèse Sud Saint-Exupery : site envisagé pour le combiné traditionnel mais qui peut idéalement recevoir également le terminal d’Autoroute Ferroviaire attenant, ce site autorisant les trains longs. A terme ce site pourrait aussi recevoir l’Autoroute Ferroviaire à Grand Gabarit dont la mise en œuvre est étroitement liée à la réalisation intégrale du Lyon – Turin. Le futur chantier de Grenay est en attente de la relance du marché public pour le choix de l’opérateur du chantier d’autoroute ferroviaire. Le site de Grenay ne serait néanmoins pas en mesure de mixer les trains selon le groupe VIIA SNCF, et resterait en tout état de cause d’une capacité limitée avec 4 à 5 aller–retour sur l’Italie (en complément d’Aiton) et 2 à 4 allerretour sur Dourges et la région parisienne depuis ce site. La technique de l’Autoroute Ferroviaire à Grand Gabarit permet des chantiers qui ne pourront être envisagés que dans le cadre de lignes nouvelles comme le futur Lyon – Turin et au prix d’aménagements importants sur les accès français. Les synergies de massification avec le combiné traditionnel n’existent pas. HYPOTHESES POUR UN NOUVEAU SITE TRIMODAL FLEUVE /FER/ROUTE : - 23 Salaise-Sablons : site offrant une opportunité unique de créer un site trimodal aux fonctionnalités comparables au PLEH et susceptible de soulager le Port de Lyon de la fonction de hub continental pour le resserrer sur les trafics de son hinterland. - - Villefranche sur Saône : une possibilité pour créer une entrée nord du transport combiné pour la région Rhône Alpes, sous couvert d’une amélioration des accès ferroviaires. Loire sur Rhône : l’accessibilité routière difficile limite fortement le potentiel du site. La place allouée au site de Salaise-sur-Sanne dans les années à venir suppose des investissements publics majeurs et il convient de bien identifier les besoins réels alors qu’on avance dans la conception du projet. Sur le site de Salaise qui fonctionne actuellement, la route réalise 55% des envois alors que le fer et la voie d’eau en assurent 45%. Les collectivités sont engagées sur ce projet. Il parait possible de porter de 7 à 13 millions de tonnes le trafic portuaire en 2020 pour l’ensemble lyonnais : Salaise est le site le mieux positionné pour conduire ce développement en étant adossé au PLEH et à la filière chimie (l’industrie chimique a besoin d’un nouvel outil intermodal en Rhône–Alpes ). L’avancement de ce projet est complexe et des validations sont attendues par les porteurs du projet. Il est encore nécessaire de bien expliquer les raisons pour lesquelles on appelle en même temps au développement des capacités multimodales au sud de Lyon tout en demandant le renforcement des capacités de l’agglomération centre. Mots du séminaire Intermodalité fret du 14/05/2014 « Le site de Salaise jouera un rôle important dans un proche avenir. On est pourtant toujours dans l’expectative pour savoir si c’est une priorité, comment cela va se passer. Compte tenu des investissements publics, il faut arrêter le rôle que jouera Salaise dans le temps, regarder les besoins pour prévoir le développement. » Daniel Rigaud, Zone industrialo-portuaire de Salaise-Sablons Mots du séminaire Intermodalité fret du 17/05/2014 dus « On pressent le site de Salaise comme étant le mieux positionné pour être, le moment venu, un relais au PLEH. On dit aussi que le PLEH doit être conforté dans sa fonction. Il faut alors absolument préserver le lien avec Salaise.» Nicolas Chartre, VNF Mots du séminaire Intermodalité fret du 17/05/2014 dus DanielRigaud, Rigaud,Zone Zoneindustrialo-portuaire industrialo-portuairede deSalaise-Sablons Salaise-Sablons Daniel Interview de Nicolas Chartre, VNF Direction Rhône Saône, Responsable de la Direction du Développement La reconquête du fluvial pour le fret en Vallée du Rhône est un objectif très important fixé par les lois Grenelle de l’environnement. Quels dispositifs ont été mis en place pour engager une politique fluviale offensive et quels sont les leviers principaux de leur action ? Tout d’abord, et c’est un point de méthode important, la politique de développement du mode fluvial a été conçue et mise en place à l’échelle territoriale du bassin Rhône-Saône. C’est la bonne échelle car c’est celle qui intègre tous les ports desservis par la navigation à grand gabarit et donc industrielle, y compris les ports maritimes de Fos-sur-Mer et de Sète. Sous l’impulsion du Préfet coordonnateur de bassin, Préfet de la Région Rhône-Alpes également, avec ses partenaires, les régions du bassin, la CNR et VNF, et enfin l’Europe, le plan Rhône, véritable outil de développement durable, a rendu possible 220 M€ d’investissements pour mettre à niveau l’offre fluviale : modernisation de la voie de transport fluvial gérée par VNF et la CNR, tant sur l’infrastructure qu’en intégrant les NTIC dans la gestion des trafics et des ouvrages, modernisation de la cale et formation des navigants, mise à niveau des équipements portuaires, etc. Aujourd’hui globalement, même si certains investissements sont encore nécessaires, un vrai saut qualitatif a été fait : la voie de transport offre un très bon niveau de service et l’offre portuaire est améliorée sensiblement. Il faut maintenant, et c’est une deuxième sujet à activer, renforcer la qualité de l’offre de service des ports, tant sur le coût de la manutention elle-même que sur le service offert aux chargeurs. Sur ce dernier point, il est fondamental de leur faciliter l’utilisation parfois jugée complexe du mode fluvial. A ce titre, l’identification d’une offre globale de bassin à travers le Comité des ports, qui fédère l’ensemble des ports sous le label MEDLINK PORTS, est en cours. Il s’agit d’être offensif et de travailler collectivement pour renforcer la puissance du réseau portuaire et de se doter de moyens solides en ingénierie des transports et de la logistique pour accompagner les chargeurs dans leurs projets de report modal vers la voie d’eau. A travers ces actions et la promotion du mode menée par MEDLINK PORTS, la demande sera également développée. Ces différents chantiers ont été guidés par les préconisations du schéma portuaire de bassin réalisé par VNF en 2010, qui estimait les développements possibles du trafic fluvial filière par filière (conteneurs, vrac, etc.) et proposait une série d’actions à mener. Parmi elles, la réalisation avec les collectivités et les acteurs économiques d’un schéma portuaire à l’échelle de la région lyonnaise, car elle génère, de part ses activités économiques et industrielles, une grande part des trafics fluviaux du bassin. Les ports de l’aire métropolitaine lyonnaise Les ports de l’aire métropolitaine lyonnaise 24 Interview de Nicolas Chartre, VNF Direction Rhône Saône, Responsable de la Direction du Développement Les différents ports de l’espace métropolitain connaissent chacun des enjeux diversifiés qui sont au cœur du futur schéma portuaire que vous préparez avec les élus. Pouvez-vous nous préciser ce qu’est le schéma portuaire ? Quels sont les grands enjeux propres à chaque port et quel est l’intérêt d’une stratégie concertée ? En premier lieu il est fondamental, même si chacun des ports a ses spécificités, de raisonner au niveau du système portuaire global de la région lyonnaise, de Villefranche-sur-Saône à Salaise-sur-Sanne, et non pas port par port. C’est l’esprit du schéma qui d’ailleurs, outre proposer des orientations stratégiques pour les ports coordonnées avec les projets de territoires et les réalités économiques à l’horizon 2030, a vocation à définir un plan d’actions à mettre en œuvre, au moins en partie, immédiatement. Je dirais que sur le champ portuaire comme sur d’autres il y a une métropolisation en cours ou en tout cas un destin commun des ports, des interactions à partager. Le développement des modes de transport alternatifs à la route que sont le fluvial mais aussi -les ports étant souvent des plateformes tri-modales- le fer, est un enjeu de la démarche. Ces deux modes consomment en effet sensiblement moins de pétrole et dégagent moins de carbone que la route. Le fleuve est par ailleurs loin d’être saturé et permet un accès facile et fiable, sans l’aléa des bouchons, au cœur des agglomérations. Evolution des trafics fluviaux et fluvio-maritimes sur le bassin Rhône Saône 2000 à 2013 (en M. tonnes) Evolution du trafic conteneurs en EVP sur le bassin Rhône Saône 2000 à 2013 Le développement économique est un deuxième enjeu. Il s’agit de faire des ports des « cœurs économiques » de la région lyonnaise et pour cela l’implication des collectivités est primordiale par exemple sur des sujets comme la stratégie foncière, l’urbanisme, le développement de zones d’activités en lien direct avec les ports du Rhône ou de la Saône favorisant ainsi l’utilisation du mode fluvial et plus largement des modes massifiés. Les ports sont des atouts majeurs pour la région lyonnaise qui dispose ainsi du bouquet complet de services de transport terrestre, dont celui apporté par le Rhône permettant l’accès direct au port maritime de Fos-sur-Mer et ses connexions vers le bassin méditerranéen et les grandes voies maritimes mondiales. Enfin, un troisième enjeu est d’intégrer les mutations en cours et à venir du fonctionnement de la métropole, par exemple sur des sujets comme la logistique urbaine (livraison de colis, transport des déchets et recyclage, approvisionnement des chantiers de BTP, …). A ce titre Lyon présente de bonnes configurations, avec la Saône et le Rhône qui innervent quasiment tous les quartiers et un port Edouard Herriot comme base arrière idéalement situé à seulement 5 km de la place Bellecour. Plus précisément, le port Edouard Herriot (1,5 MT par an) est le premier port de la région en termes d’activité. Port généraliste, il offre un panel très large de services. La prise en compte du plan de prévention des risques technologiques associé au stockage des hydrocarbures, le développement de la filière conteneurs et de l’intermodalité, les nouveaux services portuaires à apporter à l’agglomération associés à l’émergence de l’économie circulaire ou de la logistique urbaine ainsi qu’une nécessaire amélioration en continue de l’insertion urbaine du port impliquent de repenser ses vocations et son organisation. 25 Interview de Nicolas Chartre, VNF Direction Rhône Saône, Responsable de la Direction du Développement De même, le port de Salaise-sur-Sanne est un port généraliste puissant au Sud de Vienne (900 000 T) et est adossé à une zone industrielle importante et faisant l’objet d’un projet ambitieux de développement (200 ha environ) à l’échelle régionale. Les activités présentes utilisent déjà bien le transport fluvial et ce site possède de nombreux atouts pour envisager un développement de l’activité de transport de conteneurs pour desservir la région en complément du Port de Lyon Edouard Herriot. Enfin, le port de Villefranche-sur-Saône est un port généraliste vrac (800 000 T) au Nord de Lyon traditionnellement orienté sur les trafics de granulats et qui doit également pleinement participer au développement de l’économie circulaire et de l’utilisation du mode de transport fluvial pour les échanges associés. Les zones portuaires de Solaize-Serrezin-Ternay et de Loire-surRhône sont également bien positionnées pour participer au développement de l’économie circulaire. Une démarche concertée, tant entre les ports qu’avec les collectivités, pour la définition des orientations stratégiques à l’échelle du « système portuaire » est nécessaire pour que les enjeux soient effectivement partagés, que les investissements soient calibrés au plus juste sans redondance et que les solutions de transport proposées aux utilisateurs des ports, les chargeurs, soit soutenable économiquement. Enfin la stratégie de développement portuaire s’inscrit dans un projet territorial et de développement plus global qui doit convaincre tous les acteurs, habitants et riverains. Comment l’évolution des ports viendra-t-elle soutenir le déploiement de l’intermodalité en région lyonnaise ? Quelle est la place du schéma portuaire dans le schéma logistique du territoire ? Tout d’abord, le Port Lyon Edouard Herriot, avec la plate-forme de Vénissieux, est l’un des deux équipements intermodaux majeurs de la région lyonnaise pour les conteneurs. Véritable hub d’éclatement du trafic conteneurs de la région lyonnaise, il est le seul connecté aux trois modes, route, fer et fleuve et assure en outre la fonction essentielle de stockage et de gestion des conteneurs vides. Il est donc l’outil intermodal le plus complet. Il a traité en 2013 environ 73 000 EVP fluviaux, soir 85 % des EVP du bassin Rhône-Saône, et 37 000 EVP ferroviaires. La récente réforme de la manutention portuaire au port de Marseille et les actions menées sur le bassin ont entraîné un nouveau type de trafic fluvial, celui des conteneurs. Parti de zéro en 2000, il atteint 82 000 EVP en 2013 sur l’ensemble du bassin et contribue de façon plus générale à l’augmentation des flux ne transitant pas par la route et utilisant les modes massifiés dans la Vallée du Rhône. Cette évolution peut être appréciée comme encourageante car aujourd’hui les outils existent : Lyon Terminal, les lignes régulières de transports de conteneurs par bateau par exemple ; plus largement une compétence s’est développée sur le bassin et dans la région lyonnaise. Il est par ailleurs effectivement important de coordonner les actions menées sur le système portuaire avec celles concernant plus largement la logistique du territoire. A ce titre, la Région Urbaine de Lyon (RUL) est membre du Comité de pilotage du schéma portuaire et VNF participe aux réflexions du schéma logistique de la RUL et plusieurs propositions communes sont faites comme par exemple travailler sur l’opportunité de la mise en place d’un Opérateur Ferroviaire de Proximité desservant les plateformes. Répartition modale dans les principaux sites de tri-modalité en région lyonnaise Fleuve 26% Route 59% Rail 15% PLEH en 2012 Salaise-Sablons en 2011 26 WWW.delta-3.com www.delta-3.com Visite du chantier trimodal de Dourges-Delta 3 – 22 juin 2014 Parangonnage Dourges / Delta 3, un outil exemplaire à observer Une plateforme trimodale associée à un parc logistique Aménagé sur une zone d’environ 300 ha, le site DELTA 3 est d’abord un chantier de transport combiné rail-route sur le site d’un terminal trimodal (rail, route, voie d’eau). Il est associé à une zone logistique représentant environ 330 000 m² d’entrepôts. DELTA 3 a constitué à sa création un outil original dans son concept et ses dimensions, car innovant dans la combinaison de trois équipements : un terminal trimodal, des bâtiments logistiques de dernière génération (Classe A) et un centre de services logistiques. Le raccordement du site aux trois infrastructures de transport rail-route-fleuve établissait en soi un choix innovant qui s’avère aujourd’hui être la composante indispensable à la multimodalité. Delta 3, outil d’aménagement et de promotion du site Calais et du Nord, Lille Métropole Communauté Urbaine, et 4 Communautés d’Agglomération de Hénin-Carvin, Lens-Liévin, Douaisis et SudPévélois. UNE GOUVERNANCE ORIGINALE DELTA 3, société anonyme d’économie mixte (SAEM) fut créée par le syndicat mixte pour la réalisation de la plateforme multimodale de Dourges, puis transformée en 2011 en société publique locale d’aménagement (SPLA). L’actionnariat de la SPLA se compose du syndicat mixte à 83 % et de la Région Nord Pas-de-Calais à 17 %. Le syndicat mixte a confié à DELTA 3 la mission d’aménager et de développer les programmes de promotion immobilière de l’opération. Le format juridique choisit (SPLA) autorise une politique d’aménagement pérenne dans le temps et conforme aux objectifs initiaux de développement et de vocation du site. LES ACTEURS DU SITE En 1999, les collectivités locales se sont regroupées dans un syndicat mixte afin d’assurer la maîtrise d’ouvrage de l’opération, organisme qui permet la concertation politique et le portage des financements. Il a notamment pris en charge des investissements lourds liés aux infrastructures du terminal multimodal et à ses équipements d’accueil et de manutention : embranchements ferroviaires, quais, plateformes, portiques. La composition du comité syndical regroupe la Région Nord Pas-de- 27 LDCT, outil d’exploitation du terminal multimodal UN GESTIONNAIRE UNIQUE DU CHANTIER DELTA 3 ne souhaitant pas être gestionnaire du terminal multimodal, l’exploitation a été confiée à une société privée unique, Lille-Dourges Conteneurs Terminal (LDCT), dont le capital est ouvert à tout opérateur s’engageant à apporter du trafic sur la plateforme. LDCT a pour actionnaires : - Naviland Cargo (filiale de SNCF Géodis) ; Novatrans André) ; (filiale du Groupe Charles NCS (GIE des ports de Dunkerque et de Lille). Ceux-ci devraient être rejoints par d’autres opérateurs européens de transport combiné. Déchargement d’un train sous-portique Le choix d’un gestionnaire unique permet d’optimiser le fonctionnement du site tout en conservant la maîtrise d’une politique tarifaire favorable au développement du multimodal. C’est ainsi que le montant du loyer LDCT est établi en fonction du trafic opéré sur le terminal dans un mécanisme d’incitation au développement de l’activité. Le loyer est décomposé en une partie infrastructures ferroviaires et portiques (indexée au nombre d’UTI manutentionnées) et une partie bâtiment (indexée à l’indice de la construction). Delta 3 réfléchit à un loyer dégressif avec des seuils de trafics pour les opérateurs mais les chargeurs sont également concernés pour que cela fonctionne. (Source : LDCT) DELTA 3 accompagne en outre l’exploitant et les opérateurs de transport combiné actionnaires dans la promotion du terminal et la mise en relation avec les usagers potentiels, tels que chargeurs ou transporteurs. RELATIONS AVEC LES OPERATEURS PRESENTS Déchargement d’une barge La gestion du terminal multimodal est confiée à LDCT par un bail commercial de longue durée. En tant qu’opérateur, LDCT gère le terminal sous sa seule responsabilité : accueil, gestion des aménagements et installations techniques, circulation ferroviaire sur le terminal, manutention et stockage, politique tarifaire. Il investit dans les grues mobiles et matériel de traction ferroviaire afin d’assurer lui-même les opérations de manutention et de traction sur le terminal. Il gère et forme son propre personnel de manutention. 28 Les opérateurs sont présents sur le terminal, à l’exemple de Novatrans, actionnaire majoritaire de LDCT, et utilisateur des installations en tant que prestataire. LDCT facture des opérations de manœuvre pour l’utilisation des installations (plusieurs chantiers exploités en propre ou en prestataire par Novatrans fonctionnent dans ce modèle qui permet d’autonomiser les terminaux dans une organisation logistique locale propre). Novatrans opère 6 départs de Dourges par jour. De nombreuses activités commerciales sont proposées, ce qui permet de lisser la fréquentation des trains et d’assurer un taux de remplissage satisfaisant (40 places sur un train, soit jusqu’à 40 clients possibles). Les coûts de manutention et de frais de desserte sont relativement peu élevés à Dourges, grâce à la politique de développement menée dans le souci de la compétitivité du site par rapport aux acteurs du Benelux ; le coût de manutention est de l’ordre de 35€ avec des tarifs dégressifs, les frais de mise en place sont de 300€, la manœuvre est facturée 158€/demi-heure. CONFIGURATION : GAINS DE TEMPS A LA CLE - - - Modalités d’exploitation du site multimodal Le site de Dourges – Delta 3 est sans aucun doute l’exemple le plus abouti de ce qu’il est possible de faire en matière de chantier multimodal. DU SITE - Reprise en diesel depuis le faisceau d’échange pour une mise en place sans coupure d’une rame de 750 mètres d’un seul tenant ; Départ direct des trains avec une locomotive électrique en tête depuis les voies sous portiques vers le réseau ferré national, permettant ainsi de charger le train pratiquement jusqu’à son heure de départ ; Conception du chantier donnant la possibilité d’évacuer la locomotive d’apport en fond de cour ; Gestion en dynamique du chantier ; Proximité d’une vaste zone logistique utilisant fortement la technique railroutière, ce qui a pour effet de minorer très sensiblement le coût des dessertes terminales routières ; Configuration du site permettant des coopérations étroites entre les opérateurs. CARACTERISTIQUES DES ACCES : GARANTIE DE PERFORMANCE - - - Une vocation trimodale : même si le trafic fluvial n’atteint pas encore les objectifs espérés, il a l’avantage d’une offre depuis les ports du Nord : Zeebrugge, Anvers, Rotterdam, Hambourg. Une accessibilité ferroviaire performante : les infrastructures ferroviaires offertes en font un des chantiers français les plus accessibles avec un raccordement dans les deux sens sur la ligne Lens – Ostricourt et sur la ligne Paris – Lille. Un vaste faisceau de réception : constitué de 14 voies de 750 mètres, il permet des réceptions multiples en offrant une grande souplesse de recomposition de trains. LOCALISATION FAVORABLE AUX ACTEURS DU MARCHE Le positionnement de Dourges à des distances relativement courtes des ports de la mer du Nord (Belgique, Hollande, Allemagne) et de l’entrée du tunnel sous la Manche (Shuttle à Calais) fait de ce site un hub particulièrement bien placé pour de nombreux opérateurs. En outre, la création du terminal de l’Autoroute Ferroviaire Atlantique parallèle au chantier multimodal devrait encore ouvrir la voie à de nouvelles coopérations entre le combiné traditionnel et le ferroutage. Novatrans ayant un marché de transport combiné sur l’axe BayonneDourges entend cependant éviter la concurrence avec cette nouvelle autoroute ferroviaire dans le cadre d’accords existants 29 LE TRAFIC DU TERMINAL SERVICES COMPLEMENTAIRES La capacité nominale du chantier est de plus de 200 000 manutentions . En 2013 le trafic ferroviaire s’est élevé à 76 500 passages, correspondant à 260 000 manutentions, le fluvial représentant de l’ordre de 5% de l’activité. Le chantier de Dourges-Delta 3 a traité 2970 trains et 90 barges fluviales. Le trafic des matières dangereuses représente 14% de l’activité du terminal. L’objectif de LDCT est de retrouver au plus vite le niveau de 2008 où le trafic avait atteint 120 000 transbordements. Les facteurs pénalisant l’activité proviennent pourtant de l’environnement et notamment les congestions routières sur l’A1 qui peuvent obliger à adapter les départs de trains en fonction des difficultés rencontrées sur l’autoroute. Des opérations de maintenance sont assurées sur place et LDCT forme des techniciens pour faciliter l’intervention machines sur le site même. Le développement d’une activité en tant qu’opérateur ferroviaire de proximité autour de Dourges est un objectif à long terme. LDCT possède un pool de conducteurs très qualifiés propice à cette activité. Plan de transport du terminal de Dourges 30 SITE D’ACTIVITES LOGISTIQUES DELTA 3 entend favoriser le recours aux équipements de transport combiné des nouvelles entreprises implantées sur son site dédié aux activités logistiques. Les prévisions en transport combiné devraient à l’avenir précéder un contrat d’implantation, avec un bonus ou une pénalité de loyer si le trafic de report modal n’est pas réalisé. Les sociétés n’utilisant pas le report modal ne sont pas acceptées. Recommandations pour développer l’intermodalité fret sous toutes ses formes en région lyonnaise Partager une ambition ; Améliorer immédiatement les outils existants ; Préparer le dispositif intermodal d’avenir ; Accompagner les acteurs vers le report modal ; Mettre en place une instance de concertation. 31 Recommandations pour développer l’intermodalité sous toutes ses formes en région lyonnaise Partager une ambition Malgré l’incertitude des scenarios économiques à moyen et long termes, les activités logistiques continueront de regarder la région lyonnaise comme une zone d’implantation à très haut potentiel. Appelée à jouer un rôle stratégique de hub continental lié à la croisée de corridors prioritaires, à la montée du Port de Marseille, à la volonté nationale de renforcer les nœuds, la région lyonnaise fait face à des évolutions nouvelles qu’il faut anticiper et accompagner dans l’intérêt du fonctionnement du territoire et de sa performance économique, et dans un contexte de concurrence avec le renforcement d’axes alternatifs puissants. Pour maintenir son niveau de compétitivité élevée, la performance intermodale, indispensable pour l’avenir, est un sujet auquel il faut travailler sans renoncement devant les signes conjoncturels contraignants, dans l’intérêt de l’environnement comme de l’économie régionale. Les besoins prévisibles pour le futur obligent à prévoir dès maintenant les sites à équiper en techniques nouvelles, ferroviaires et fluviales, pour accompagner le développement de l’économie régionale et porter une ambition à la hauteur du potentiel et des enjeux. Améliorer immédiatement les outils existants La région lyonnaise dispose de deux équipements majeurs pour le report modal idéalement situés en son cœur, le chantier de Vénissieux et le Port Lyon Edouard Herriot. Les deux chantiers, qui sont aujourd’hui proches de la saturation ou souffrent d’une accessibilité très contraignante, peuvent voir leur fonctionnement amélioré rapidement. Le renforcement et le recentrage des sites existants est prioritaire pour maintenir la performance lyonnaise au niveau de son potentiel dans l’attente de nouvelles grandes infrastructures. Ces efforts sont également nécessaires pour le long terme, les deux sites ayant un rôle essentiel dans le temps pour servir durablement l’intermodalité : à l’avenir plus lointain, ils pourront concentrer leur mission au service de la desserte de l’agglomération lyonnaise et de son hinterland. Les priorités d’aujourd’hui sont : d’améliorer les capacités de traitement et les conditions d’accès aux chantiers. d’organiser un point de massification des trains. d’opter pour une gestion unique des chantiers. 32 Recommandations pour développer l’intermodalité sous toutes ses formes en région lyonnaise Préparer le dispositif intermodal d’avenir La constitution d’un hub continental apte à servir les besoins futurs en capacité de traitement nécessitera des chantiers nouveaux pour le report modal. Ces équipements sont tributaires de l’arrivée des nouvelles infrastructures ferroviaires, CFAL et LGV Lyon-Turin. Les orientations principales à prendre en compte pour le dispositif intermodal d’avenir sont de : CONFIRMER LE CHOIX DE LA TRIMODALITE La recherche de sites en capacité d’offrir la trimodalité est déterminante pour la région et indispensable à son développement, en raison de sa vocation logistique européenne et de sa situation au cœur d’une zone chimique très importante. SE PREPARER AUX CRITERES D’EXPLOITATION DE DEMAIN La taille critique des trains du transport combiné est plus accessible en mixant les techniques, conteneurs, caisses mobiles et remorques, partout où cela est possible. La complémentarité des équipements offerts à l’avenir et à la proximité entre eux est clé pour favoriser la massification et pour la compétitivité du trafic intermodal depuis Lyon. Elle suppose de combiner différentes évolutions dans le schéma intermodal futur : trains longs, mixité des techniques, fluidité des accès, hub d’autoroutes ferroviaires, proximité des marchés générateurs de trafics et des sites d’activité. Cette complémentarité des offres qui est indispensable à la massification peut se développer grâce aux choix d’équipement complémentaires sur des sites et grâce à la proximité entre eux, mais aussi grâce à des partenariats étroits entre opérateurs. PRECISER LES LOCALISATIONS ET BESOINS FONCIERS POUR LES CHANTIERS A DEVELOPPER OU A CREER L’ensemble des sites d’accueil pour les équipements futurs, leur complémentarité, leurs conditions d’accès et leur articulation avec les sites d’activité logistique doit faire l’objet d’une stratégie foncière volontariste. Plusieurs hypothèses restent à confirmer pour les chantiers ou sites trimodaux à créer : - - le futur grand chantier de Sud Saint-Exupéry dont la réalisation est liée au CFAL nord et le futur chantier de Grenay destiné au service de l’autoroute ferroviaire alpine (combiné traditionnel, autoroute ferroviaire classique). Ces deux équipements se trouveraient renforcés par la réalisation des accès français au Lyon-Turin qui autoriseraient alors l’autoroute ferroviaire grand gabarit. le terminal trimodal de Salaise-sur-Sanne qui aurait vocation à jouer un rôle dans la desserte sud de l’agglomération lyonnaise (fluvial et ferroviaire) et qui soulagera le PLEH en le secondant un terminal trimodal à Villefranche sur Saône qui constituerait une nouvelle porte d’entrée de report modal au nord de Lyon. 33 Recommandations pour développer l’intermodalité sous toutes ses formes en région lyonnaise FAVORISER LA RELANCE DU FRET CONVENTIONNEL Malgré des conditions d’exploitation aujourd’hui contraignantes pour le fret ferroviaire conventionnel, des leviers de relance existent et méritent d’être accompagnés. - Sur la plateforme de Sibelin, atout considérable de la position de la région lyonnaise dans le transport de marchandises, améliorer le choix de fonctionnalités et de services offerts est un maillon essentiel du service ferroviaire, non seulement dans la fonction de hub mais également dans la fonction support de l’économie régionale ; - La création d’OFP, Opérateurs Ferroviaires de Proximité, est nécessaire pour l’accès des entreprises au mode ferroviaire. C’est un élément d’attractivité des territoires et un facteur d’entraînement décisif vers le report modal ; - Les embranchements ferroviaires raccordant des zones d’activité actuelles ou anciennes doivent être préservés pour être disponibles si le marché retrouve des conditions d’exploitation favorables. Accompagner les acteurs vers le report modal DEVELOPPEMENT DE LA DEMANDE - Par une politique de promotion du report modal et d’accompagnement des professionnels orientée vers les chargeurs et les transporteurs, y compris les PME ; Par la structuration et l’animation de la filière logistique lyonnaise, préconisée dans le précédent schéma de cohérence logistique de la Région Urbaine de Lyon, qui reste essentielle à poursuivre et à développer. SERVICES FACILITANT L’INTERMODALITE Les chaînes de transport sont complexes et constituent des réserves de compétitivité pour les acteurs économiques. Une politique d’animation/valorisation de la place logistique lyonnaise est nécessaire pour accélérer la prise de conscience des outils et des solutions disponibles et de leur performance économique. Une politique de services qui facilitent l’accès à l’intermodalité et rendent fluides le suivi de porte à porte des chaînes de transport (traçabilité, dédouanement, mise en complémentarité des offres et des techniques…) doit pouvoir compléter l’offre d’équipements pour transférer le plus possible de fret vers les modes alternatifs à la route. METTRE EN PLACE UNE INSTANCE DE CONCERTATION Les décisions à prendre quant à l’organisation du hub logistique continental supposent une vision globale qui fixe un cadre. Plusieurs sujets majeurs méritent d’être partagés en concertation entre les acteurs publics et avec les professionnels. Distribution urbaine, stratégie d’accueil, équipements de report modal, rayonnement économique par la performance logistique dans un contexte d’économie mondialisée sont autant d’enjeux d’avenir qui demandent des modes et des échelles de concertation adaptés. Dès à présent le report des infrastructures attendues change les priorités. Une instance de concertation est nécessaire pour partager et porter une stratégie collective et en accompagner des ajustements possibles dans le futur. 34 Conclusion La région lyonnaise a la chance d’être un carrefour majeur en Europe. En apportant de la valeur ajoutée aux flux, elle peut enrichir et accroître la performance économique de son territoire. Le Schéma de Cohérence Logistique de la RUL porte la volonté ambitieuse de renforcer la multimodalité et de préparer l’avenir malgré les difficultés et les aléas conjoncturels. Les priorités sont doubles : valoriser et investir dans les sites d’intermodalité existants, se projeter dans l’avenir et réserver les espaces pour les équipements futurs. Il faut anticiper les besoins dans le territoire de la Plaine Saint-Exupéry, faire vivre le Schéma Portuaire et maintenir une vision globale d’un système intermodal qui intègre l’ensemble des équipements, des sites, des infrastructures et le fonctionnement entre eux. La clarification se fera dans le cadre de discussions avec l’ensemble des sites. Pour améliorer la performance multimodale, l’évolution vers des trains longs et la mixité des techniques intermodales sont des axes prometteurs. Le schéma de cohérence logistique donne une occasion riche de débattre, d’analyser et de nourrir cette vision d’ensemble. Le dialogue doit cependant être continu pour partager l’évolution des marchés, des projets, et la programmation des infrastructures. Il faut une instance de dialogue et de concertation permanente pour travailler sur ces sujets et accompagner un changement culturel profond qui ne pourra s’opérer sans la mobilisation des chargeurs. 35 annexe : glossaire AUTOMOTEUR - Bateau de marchandises ayant une capacité de 2 000 ou de 3 000 tonnes qui n’a pas besoin d’être tractionné. AUTOROUTE FERROVIAIRE - Transport de remorques par rail, qui désigne le trajet sur les lignes ordinaires (dite autoroute ferroviaire sur ligne existante ou AFLE). On parle de transport combiné « non accompagné » puisque le tracteur et le chauffeur ne suivent pas. Les moyens de transbordement utilisés sont les techniques Modalhor® ou CargoBeamer®. L’autoroute ferroviaire permet également le transport de conteneurs. AUTOROUTE FERROVIAIRE GRAND GABARIT (AFGG) – Transport de remorques par rail où le tracteur et le chauffeur accompagnent la semiremorque. Les infrastructures de la ligne doivent permettre le passage des tracteurs d’où le terme de «Grand Gabarit ». On le nomme aussi AFGG et on parle de transport « combiné accompagné ». Eurotunnel est un pionnier en la matière. L’AFGG est envisagée sur la future ligne Lyon-Turin. CABOTAGE - Faculté d’un transporteur étranger à charger et décharger à plusieurs reprises sur le territoire national, avec un retour obligatoire à son pays d’origine. Cette faculté est réglementée et temporaire. Le cabotage maritime consiste en l'acheminement par mer entre ports rapprochés sans s’éloigner des côtes. CARGO FLUVIO-MARITIME – Navire de mer capable de naviguer sur les fleuves. Sa capacité varie entre 1 500 et 3 000 tonnes CHANTIER D’INTERMODALITE – Espace aménagé avec des portiques pour le transbordement de marchandises d’un mode de transport à l’autre. Chantier d’intermodalité de Dourges en 2014 CHARGEUR - Industriel ou distributeur à l’origine de la demande de transport. COMBINE TRADITIONNEL - Transport combiné route/rail le plus conventionnel où le conteneur ou la caisse sont transbordés sur des châssis par préhension avec des portiques. Procédé utilisé depuis de nombreuses années qui n’est pas adapté au transport des remorques. CONTENEUR - Caisse métallique en forme de parallélépipède qui peut être facilement arrimée en ses coins afin d’être transbordée et entreposée sur différents niveaux, toujours utilisée dans le transport maritime. CONTRE-FLUX - Pratique d’organisation du transport permettant d’éviter un retour à vide pour les transporteurs. CONVOI FLUVIAL POUSSE – Barge circulant par un « pousseur ». Ce convoi a une capacité d’environ 4 000 tonnes. COUP DE PINCE - Action de manutention d’une caisse ou d’un conteneur pour le transbordement. Le coup de pince est subventionné. En 2010, la subvention au coup de pince était de 15 euros par UTI, on évoque aujourd’hui sa suppression. Il y a eu 690 000 coups de pince (455 000 pour le rail-route et 220 000 pour le fleuve-route) d’après la Direction Générale de la Compétitivité, de l'Industrie et des Services (DGCIS). CAISSE CONTINENTALE (CAISSE MOBILE) UTI utilisée généralement en transport terrestre (rail-route). Elle peut être transférée d’un véhicule à un autre mais elle n’est pas conçue pour être saisie par le haut ou gerbée sur plusieurs niveaux et nécessite des outils adaptés. 36 GARE DE TRIAGE - Site ferroviaire où les wagons de fret sont triés et changent de locomotive en fonction de leur destination. Ce sont des centres de collection/distribution pour les opérateurs ferroviaires. La gare de Sibelin dans l’agglomération lyonnaise est l’un des 3 sites de triage au plan national. INTERMODALITE (OU REPORT MODAL) – Combinaison d’au moins deux modes de transport différents pour acheminer du fret, qui peuvent être routier, ferroviaire, fluvial ou aérien. MESSAGERIE - Prestation de transport de colis (par opposition au transport de palettes complètes). Les plateformes de messagerie sont proches des zones urbaines denses. Les expéditions se font en véhicules légers. MODALHOR® - Type de wagon ferroviaire à plancher surbaissé disposant d'un berceau pivotant pour accueillir une semi-remorque. Les chargements et déchargements sont indépendants et peuvent s’opérer simultanément pour plusieurs remorques, sans attente pour le tracteur. CROSS DOCKING – Organisation d’un transporteur sur une plateforme pour le groupage/éclatement des flux en direction de points de livraison. Les plateformes de crossdocking se situent dans la couronne logistique, extérieure à la ville. Les expéditions se font en camions. CARGOBEAMER® - Alternative au Modalhor présentée en 2010. La remorque vient sur une plate-forme qui est ensuite translatée sur un wagon. ENTREPOT - Bâtiment dans lequel les marchandises sont stockées plus de 24h. EVP (TEU) - Equivalent Vingt Pieds (Twenty feet Equivalent Unit) : référence pour l’unité de transport correspondant à un conteneur standard de 20 pieds (6,1m) de long. C’est-à-dire un volume de 38,5 m3 . FERROUTAGE - Le ferroutage est le mode de transport combiné de l’autoroute ferroviaire ou de l’autoroute ferroviaire à grand gabarit (transport des remorques par train, avec ou sans tracteur et chauffeur). FREIGHT FORWARDER (OU COMMISSIONNAIRE DE TRANSPORTS) - Prestataire en charge de l’organisation d’une chaîne de transport pour le compte d’un chargeur. Il recherche le meilleur service au meilleur coût avec plusieurs prestataires intermédiaires. Il est l’interlocuteur unique du chargeur pour le transport de sa marchandise. FREYCINET – Type de péniche ayant une capacité de 350 tonnes. Il représente 2% du trafic rhodanien. . NŒUD FERROVIAIRE - Lieu de croisement de plusieurs lignes ferroviaires. La bonne gestion de ces nœuds est cruciale pour l’efficience du transport de fret ou de voyageurs. OPERATEUR - Acteur en charge de l’organisation du service, de sa commercialisation et de sa gestion opérationnelle, pour l’exploitation d’infrastructures de transport tels que les chantiers d’intermodalité ou lignes régulières. On peut citer par exemple Naviland Cargo (SNCF Geodis) ou Novatrans (GCA). OPERATEUR FERROVIAIRE DE PROXIMITE (OFP) - Entreprise locale et autonome du transport ferroviaire dont l’activité est de faire circuler des trains sur une courte distance : desserte de territoires de trafic peu dense, circulation ferroviaire à l’intérieur des ports, et massification de flux pour la composition de trains multi-lots/multi-clients. L’OFP peut également être le gestionnaire de l’infrastructure exploitée pour ses circulations. Les OFP contribuent à la valorisation d’infrastructures existantes parfois délaissées. PLATE-FORME - Bâtiment dans lequel les marchandises sont stockées moins de 24h avant de repartir. Ce terme est aussi employé abusivement pour décrire des lieux d’échanges, de stockage ou des zones d’activité. PRESTATAIRE LOGISTIQUE (OU LOGISTICIEN) - Prestataire en charge de la gestion et de l’organisation du stockage et/ou du transport pour le chargeur. Les services peuvent comprendre étiquetage, emballage, SAV, assemblage personnalisé, gestion de stock, expéditions…. REMORQUE - Remorque routière qui repose sur les essieux d’un véhicule tracteur. Pour être transbordée sur un wagon, elle doit être adaptée à une préhension par grue ou passer par les systèmes Modalhor® ou CargoBeamer®. SILLON (HORAIRE) - Période pendant laquelle une ligne ferroviaire est octroyée à un train de marchandises pour relier deux points du réseau. RFF attribue les sillons. TRACTIONNAIRE FERROVIAIRE – Société chargée de tracter le matériel ferroviaire roulant. Ses prestations de service peuvent être louées par un opérateur ferroviaire. On peut citer VFLI comme exemple de tractionnaire ferroviaire. Sources photographiques : Chantier d’intermodalité de Dourges en 2014 Source : www.coteouest-selectal.com/ Source : www.linformaticien.com/ Source : www.post.ch/ Source : fr.123rf.com/ Source : www.conteneur-distribution.fr/ Source : www.sitlocation.fr/ Source : www.resotainer.fr/ Source : www.midilibre.fr/ Source : www.caissedesdepots.fr/ Source : www.lohr.fr/ Source : www.themover.co.uk/ Source : www.lematin.ch/ Source : www.etic13.eu/ Source : www.cheminots.net/ Source : malignec.transilien.com/ Source : www.nordpasdecalais.vnf.fr/ Source : projetbabel.org/ Source : geotourweb.com/ UNITE DE TRANSPORT INTERMODAL (UTI) - Le contenant des marchandises qui en est l’emballage et permet un transbordement aisé. Les principales UTI sont les conteneurs (dont les citernes), les caisses mobiles, les remorques préhensibles par pince, les palettes aériennes. Entrepôt VOIE BANALISEE - Voie équipée pour autoriser une circulation dans les 2 sens. Plate-forme 37 REVISION DU SCHEMA REVISIONDE DU SCHEMALOGISTIQUE COHERENCE DE COHERENCE LOGISTIQUE Région Urbaine de Lyon 52, avenue Maréchal Foch – 69006 Lyon Région Urbaine de Lyon www.regionurbainedelyon.fr 52,: avenue Maréchal Foch – 69006 Lyon tél 04-78-93-99-69 www.regionurbainedelyon.fr [email protected]