MARLEY de Kevin Mac Donald de Kevin Mac Donald – Gde Bretagne
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MARLEY de Kevin Mac Donald de Kevin Mac Donald – Gde Bretagne
Fiche n°1015 MARLEY Du 29 août au 4 sept 2012 http://cinemateur01.co MARLEY de Kevin Mac Donald – Gde Bretagne – 2h24 sortie 13.06.12 Le réalisateur Kevin MacDonald (Le Dernier Roi d’Écosse ), aguerri au genre documentaire (il obtint en 2000 l’Oscar dans cette catégorie) part à la recherche de l’homme derrière l’icône. Il s’en approche au cours d’une enquête qui suit le héros du reggae dans sa chronologie, constituée d’images rares, comme ce moment, lors d’un concert dans une Jamaïque à feu et à sang, où le chanteur, prophète de paix, fait monter sur scène, côte à côte, le leader de la droite dure et celui de la gauche castriste…Qui était-il ? MacDonald interroge les proches, écoute Bunny Wailer, dernier survivant de la formation avec laquelle Marley débuta en 1964, évoquer son sens de la carrière plus que du militantisme. Ou Chris Blackwell, fondateur du label Island Records, qui le propulsa, quitte à le prier de laisser ses amis de côté. Ou le producteur excentrique, Lee Scratch Perry, qui parle de Marley comme d’un « bienheureux » . Et encore ses enfants – onze, de sept femmes différentes –, ses compagnes (son épouse « officielle » Rita, ou la blanche Jamaïcaine Cindy Breakspeare, Miss Monde en 1976), mettant en avant son charisme autant que ses tourments, entre perfectionnisme et instabilité. Enfin, sa demisœur et son cousin, blancs, qui découvrirent tardivement leur lien avec lui. Ils écoutent Corner Stone, chanson dans laquelle Bob Marley se présente comme « la pierre dont ne veut pas le maçon, la pierre angulaire » … Suivent ces mots, en forme d’aveu : « C’est lui qui porte notre nom dans le monde. Les autres, nous n’existons pas… » La Croix Le terme d'icône, si galvaudé, convient bien à Bob Marley. Le physique ascétique du musicien jamaïcain, son mysticisme, la ferveur mondiale qui entoure son image - reproduite à l'infini de Delhi à Buenos Aires, de Stockholm à Lagos - le rapprochent des saints des religions chrétiennes, adorés et méconnus. Au long de ce film imposant et passionnant, le cinéaste britannique Kevin MacDonald donne une réalité humaine à Robert Nesta Marley, né en 1945 dans les collines au-dessus de Kingston, Jamaïque, mort en 1981 à Miami. MacDonald marche sur les traces de Martin Scorsese. Ce dernier a d'ailleurs été le premier réalisateur sollicité pour réaliser la biographie de Marley, avant de renoncer faute de temps. Le producteur Steve Bing, qui avait obtenu l'accord de la tribu Marley, a ensuite fait appel à Jonathan Demme, avant de se décider finalement pour MacDonald.Réalisateur de fictions (Le Dernier Roi d'Ecosse) comme de documentaires (Mon meilleur ennemi, sur Klaus Barbie), MacDonald a organisé son film autour de la confrontation entre les souvenirs des acteurs de l'histoire de Marley et les documents étonnamment laconiques que le musicien a laissés derrière lui. Bien sûr, on voit Bob Marley et les Wailers en concert et - dans une moindre mesure - en studio, mais on l'entend très peu parler. Tous les témoins évoquent son charisme, l'ascendant décisif qu'il prenait sur ses compagnons de musique, sur ses compagnes successives, imposant ses vues religieuses et politiques. Mais presque rien à l'écran n'indique la forme que prenait cette domination.Il faut donc s'en remettre aux récits pour se faire une idée de ce qui a fait de ce garçon né et élevé dans la pauvreté l'une des figures majeures de la seconde moitié du XXesiècle. Kevin MacDonald met en évidence l'importance du métissage dans la constitution de l'identité de Bob Marley. Fils d'un fonctionnaire colonial britannique dont on ne sait pratiquement rien et d'une jeune beauté jamaïcaine, Cedella Booker, le futur musicien ne trouve pas tout à fait sa place dans le ghetto de Kingston où sa famille s'installe. Chaque étape est minutieusement retracée : les premiers pas dans les studios de Kingston, la formation des Wailers, la rencontre avec le producteur Chris Blackwell, jamaïcain comme Marley, mais né de l'autre côté des barrières de classe et de race, l'explosion du groupe lorsqu'il s'est agi de se lancer à la conquête du monde (Bunny Wailer, ultime survivant des Wailers, en fait une relation teintée d'amertume), et cette gloire qui n'en finit pas de s'étendre.Kevin MacDonald fait aussi une relation détaillée de la vie amoureuse et familiale de Bob Marley. Il ne s'agit pas tant de dévoiler des secrets d'alcôve que de constater l'incroyable et inébranlable loyauté que le musicien a suscitée chez ses compagnes qui se succèdent à l'écran, et surtout de définir une personnalité séduisante et rigide, entre prophète et chef de commando. Marley est un perpétuel exilé, qui entraîne sa tribu dans les brumes londoniennes ou au Zimbabwe, où le chanteur a joué pour les fêtes de l'indépendance. Le courage physique dont Marley a fait preuve au moment de la tentative d'assassinat dont il a été victime, sa naïveté face aux fractions qui mettaient la Jamaïque à feu et à sang à la fin des années 1970 sont aussi analysés.Le traitement de la musique peut susciter une certaine frustration. Ce n'est pas en allant voir Marley que l'on entendra ses compositions dans leur intégralité. Ces fragments musicaux suffisent à faire entendre la richesse de la musique, son évolution également, qui a mené Bob Marley aux portes de la dernière place qu'il lui restait à emporter, le public afro-américain. C'est à ce moment qu'un mélanome - une maladie de Blanc - l'a emporté. Le Monde C'est une des scènes fortes du film de Kevin MacDonald. On est en avril 1978. Bob Marley, sur une scène de Kingston, convoque les mânes de Hailé Sélassié, l'empereur d'Éthiopie, fondateur spirituel du mouvement rasta. Il psalmodie des paroles sur la paix, la nécessité de s'unir. Il entre en transe. Puis il appelle à le rejoindre Michael Manley, le Premier ministre de gauche de Jamaïque, proche de Fidel Castro ; puis Edward Seaga, l'homme de droite, proaméricain, d'une Jamaïque déchirée par la guerre civile. Marley prend leurs mains, tout en continuant à danser, les yeux fermés, adjurant la venue d'un monde meilleur. Scène sidérante. On touche là à la quintessence de Marley, figure quasi christique, dont MacDonald tente de percer le mystère. Pour cela, une seule solution : passer par la famille et les onze enfants de Marley, dont Ziggy, Ky-Mani, Junior Gong, qui possèdent tous à parts égales les droits sur l'héritage Marley (1945-1981). "J'ai pu ainsi me procurer beaucoup d'images. Des portes se sont ouvertes." MacDonald montre fort bien le mélange d'ambition, de discipline militaire et de pureté religieuse qui fit la légende de Bob Marley. Le Point Ce copieux documentaire de Kevin Macdonald retrace la vie et le parcours musical et spirituel de l’immortelle star mondiale du reggae, depuis son enfance dans un village rural de la Jamaïque jusqu’aux cancers qui auront le dernier mot contre lui à Miami. Bob Marley était le fils d’une Jamaïcaine et d’un Anglais issu d’une prestigieuse lignée de militaires qu’il connaîtra peu. Sans verser dans le freudisme de bistrot, le père absent et le métissage ethnique et social ont sans doute joué un rôle déterminant dans le futur musical du petit Bob, notamment dans cet alliage unique entre déhanchement sensuel créole pur et dur, esprit rebelle des opprimés et infaillible sixième sens pop. Le charisme physique et vocal de Marley ont emballé le tout, faisant de lui l’une des grandes icônes de la pop culture planétaire, sorte de croisement idéal entre Dylan et le Che. Mêlant images d’archives et entretiens avec tous ceux qui ont côtoyé Marley (musiciens, famille, copines), ce doc dense raconte tout, des débuts difficiles aux tournées triomphales, de l’attentat subi de la part de barbouzes de la droite jamaïcaine au grand concert de réconciliation nationale, de l’esprit rastafari à la vie privée libre sinon libertine. Marley n’était pas non plus un saint, et de son expote Bunny Wailer à l’une de ses filles Cedella, le film laisse entrevoir les zones d’amertume que Marley a pu laisser dans son sillage, aussi bien côté business que sentiments. Les plus grands moments du film sont évidemment les extraits de concerts qui rappellent l’incroyable puissance tellurique des Wailers et le charisme chamanique d’un leader comme il en existe un par génération. Ces instants d’abandon sensuel font regretter le défaut du film qui est celui de beaucoup de docs anglo-saxons : le montage trop rapide, guidé par le principe de “l’efficacité”. Crainte d’ennuyer le spectateur ou volonté de tout caser en 2 h 24 ? Toujours est-il qu’on souhaiterait plus d’une fois que ce film respire plus amplement, adopte le fameux contre-temps du reggae ou les excroissances du dub, laisse certaines chansons aller jusqu’à leur terme et le spectateur planer avec. A cette réserve près, Mar ley dispense de bonnes “rastaman vibrations”. Les Inrocks Bob Marley est une grosse histoire de pognon, de son vivant mais surtout depuis sa mort, le 11 mai 1981. Tous les films qui ont tenté de retracer sa vie se sont donc cassé les dents sur les gardiens du temple : sa famille (sa femme, Rita, son fils Ziggy…) et Chris Blackwell, patron du label Island Records. La genèse du projet Marley résume bien ce foutoir. C’est Scorcese, dans la foulée de Shine a Light, qui a initié le film avant de l’abandonner sans explications dans les mains de Jonathan Demme, qui s’est finalement fâché avec le producteur pour «divergences artistiques». Comprendre : «Bob» n’y était pas assez sanctifié au goût de ses héritiers-rentiers. Kevin Macdonald (le Dernier Roi d’Ecosse) a donc récupéré début 2011 des séquences déjà tournées, avec pour mission de faire tenir le tout debout pour les trente ans de la mort de l’icône. C’est raté pour la date, mais l’année supplémentaire allouée à la production a permis de pousser plus loin la quête de témoignages. Si on entend peu le chanteur lui-même, on découvre ainsi des voix rares : celle de Neville Livingston, membre des premiers Wailers, qui permet de comprendre le basculement du mento et du ska vers le reggae, ou celle de Pascaline Bongo, sœur du président gabonais, Ali Bongo, et maîtresse de Bob Marley, qui raconte comment elle a organisé le premier concert africain de l’icône du tiers-monde, «destination» de toute sa musique. Pour le reste, Macdonald choisit un cheminement ultradidactique pour tracer la trajectoire de l’enfant pauvre du quartier de Trenchtown. Il y a la maison natale en tôles, la photo noir et blanc de son père blanc (un Anglais), les brimades dont a souffert le «mouflet métis» et qui ont fait naître son âme de militant «one love, one heart». Avec les Wailers, il finit par conquérir le monde au milieu des années 70, au fil de performances scéniques épiques auxquelles le film rend plutôt hommage, puis le mélanome au gros orteil droit, qui finira par se répandre en cancer généralisé. Le film vaut surtout pour quelques séquences rares : Rita Marley qui évacue avec un sourire crispé les aventures extraconjugales de Bob, le One Love Peace Concert de 1978 à Kingston, où le chanteur tente (sans succès) de réconcilier le pays en pleine guerre civile… Complet et informé, ce «documentaire définitif» laisse cependant des zones d’ombre de la vie du chanteur (ses relations avec les partis politiques, les pressions de son entourage artistique). Vivement la mort des protagonistes, qu’on sache enfin qui était véritablement Marley, hors sa légende à dreadlocks savamment tressée. Libération Cette même semaine et jusqu’au 11 septembre LAURENCE ANYWAYS de Xavier Dolan – Quebec - 2 h 39 ( regardez bien les horaires) A partir du 5 septembre A PERDRE LA RAISON de Joachim Lafosse – Belgique – 1 h 51 BONNE RENTREE et VOTRE FIDELITE AU CINEMATEUR !