mediamerica juillet 2011

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mediamerica juillet 2011
Newsletter N°84 – JUILLET 2011
Redbox met en place son offre de jeux vidéo
Date: 11/07/2011
Redbox propose désormais la location de jeux vidéo dans la plupart de ses kiosques à travers tout le pays. En plus
des DVD et Blu-ray qu’elle propose respectivement pour 1$ et 1,50$ par jour, l’entreprise loue désormais des jeux
vidéo, adaptés à la majorité des consoles, pour 2$ par jour. Ces jeux sont proposés dans 21 000 appareils Redbox,
sur un total de 27 000 que la société possède à travers le pays.
Les jeux sont disponibles le jour-même de leur sortie en magasin. Les premiers titres lancés sont : “Call of Duty:
Black Ops” et “Transformers: La Face Cachée de La Lune” d’Activision, “InFamous 2” de Sony, “Duke Nukem
Forever” de Take-Two, “L.A Noire” de Rock Star, “Brink” de Bethesda, “Lego Pirates des Caraïbes: le Jeu Vidéo” de
Disney, “Red Faction: Armageddon”, “Rio” et “You don’t know Jack” de THQ, ainsi que “Just Dance 2” et “Michael
Jackson: The Experience”.
Redbox étend donc son offre après avoir testé la location de jeux vidéo sur 5 000 kiosques au sein de marchés
américains sélectionnés depuis août 2009 (Lire Redbox développe son offre de jeux vidéo). Au cours de cette phase
de tests, l’entreprise a remarqué que les loueurs gardaient le jeu, en moyenne, pendant deux à trois jours. Elle a
également noté que 33% des loueurs décident d’acheter le jeu au prix fort, suivant l’option proposée par Redbox.
Selon le cabinet d’analyse Interpret, presque 64% de la population des Etats-Unis possède une console de jeux
vidéo.
“Redbox a loué plus d’un million de jeux vidéo en moins de deux ans, ce qui montre la popularité du jeu vidéo aux
Etats-Unis”, a déclaré Mitch Lowe, président de Redbox.
L’entreprise, propriété de Coinstar, a pris la décision de proposer des jeux vidéo dans ses kiosques pour deux
raisons. D’une part, cela permet d’offrir des titres de haute qualité à des prix de location assez élevés. Et d’autre part,
les supermarchés ne proposent généralement pas de jeux vidéo, lieu où la plupart des kiosques sont localisés. Cela
permet à Redbox d’entrer sur un marché encore inexploité.
Redbox offrira aux consommateurs les mêmes conditions de location que pour des films, c’est-à-dire que l’entreprise
permettra aux loueurs de repérer les titres dans les kiosques à proximité de chez eux et de les réserver en ligne.
Kiosks ready to play, de Marc Graser, Daily Variety, 20 juin 2011
Alexandra Kurkdjian
Protection des mineurs : les jeux vidéo violents protégés par le 1er Amendement
Date: 07/07/2011
La Cour Suprême des Etats-Unis a invalidé une loi californienne qui aurait limité la vente de jeux vidéo violents aux
mineurs, en arguant que celle-ci allait à l’encontre du Premier Amendement de la constitution américaine.
Le cas porté devant la Cour Suprême, Brown vs the Entertainment Merchants Association, était lié à un texte de loi
voté en 2005 en Californie, visant à rendre illégale la vente de jeux vidéo violents aux moins de 18 ans dans l’Etat.
Les commerçants contrevenants à la loi auraient risqué une amende de 1 000$. Les jeux vidéo visés étaient ceux
dans lesquels les joueurs ont la possibilité de « tuer, mutiler, démembrer, ou attaquer sexuellement l’image d’un être
humain », faisant ainsi appel « aux impulsions morbides ou déviantes des mineurs » et qui n’ont « pas de valeur
littéraire, artistique, politique ou scientifique ».
Au moment du vote de la loi, Arnold Schwarzenegger, alors gouverneur de l’Etat de Californie, avait souligné que les
jeux vidéo violents étaient assimilables à un contenu sexuellement explicite. Or, les autorités publiques américaines
ont légitimité à restreindre la vente d’un tel contenu.
Peu après la signature de la loi par Arnold Schwarzenegger, celle-ci avait été contestée devant les tribunaux par un
groupe connu sous l’appellation Entertainment Merchants Association, qui avait obtenu que la loi ne soit pas
appliquée tant que durerait la procédure judiciaire.
Selon le jugement de la Cour, rendu le 27 juin 2011 et rédigé par le Juge Antonin Scalia, « les jeux vidéo sont
protégés par le Premier Amendement. Comme les livres, les pièces de théâtre et les films, ils véhiculent des idées
par le biais d’éléments appartenant au monde de la création (les personnages, les dialogues, le scénario, la musique)
et grâce à des formes qui lui sont propres (comme l’interaction du joueur avec un monde virtuel). Cela est suffisant
pour justifier la protection du Premier Amendement. Les principes de base de la liberté d’expression ne changent pas,
même avec un mode de communication nouveau et différent ». Les Juges de la Cour Suprême ont jugé que le
Premier Amendement s’appliquait à toutes les formes que peut prendre le divertissement et que la représentation de
la violence n’était pas sujette à la régulation des autorités publiques.
Le Juge Scalia a également réfuté l’idée selon laquelle la violence était assimilable à l’obscénité. Il a ajouté que
seules quelques formes de discours, comme l’incitation à la haine et à la violence et l’obscénité, ne sont pas
protégées par le Premier Amendement et que la Cour n’envisageait pas d’ajouter de nouvelles catégories à cette
liste.
L’industrie du cinéma a suivi de près ce dossier, craignant qu’une approbation de la loi californienne par la Cour
Suprême ne crée une exception au Premier Amendement qui aurait pu, par la suite, être appliquée aux films et
programmes télévisés violents. Selon Christopher Dodd, Chairman et CEO de la Motion Picture Association of
America, « l’industrie du cinéma a déjà souffert de l’intervention des autorités publiques en matière de liberté
d’expression. Nous applaudissons la décision de la Cour Suprême qui reconnaît que la loi californienne aurait porté
atteinte au respect du Premier Amendement ».
« La Cour Suprême a réaffirmé la protection du Premier Amendement pour les créateurs, les distributeurs et les
vendeurs de contenu », a ajouté le Président Exécutif de la National Association of Theater Owners, John Fithian.
« Nous sommes reconnaissants à la Cour d’avoir mis en avant l’importance du système de classification des jeux
volontaire et nous encourageons les parents à utiliser l’information qui leur est fournie », a-t-il ajouté.
Pour les chaînes de télévision, l’interprétation étendue du Premier Amendement par la Cour leur laisse espérer que
celle-ci leur donnera raison dans leurs efforts pour limiter la régulation de la Federal Communications Commission
(FCC) en matière d’indécence (FCC’s indecency regime). La Cour a en effet accepté de considérer les arguments
des chaînes de télévision qui contestent les restrictions de la FCC en matière de fleeting expletive ou « grossièreté
fugace » à la télévision. Si la Cour donnait raison aux chaînes, la capacité de la FCC à restreindre le contenu explicite
à la télévision pourrait être amoindrie.
Environ 25% des jeux vidéo vendus en 2010 aux Etats-Unis ont reçu la qualification « M » pour mature (attribuée aux
jeux jugés extrêmement violents) : ce sont aussi les jeux qui sont les mieux vendus (Call of Duty : Black Ops a été
vendu à près d’un milliard d’exemplaires en 6 semaines).
Bien que les éditeurs de jeux vidéo célèbrent leur victoire, les avocats spécialistes du secteur de l’entertainment
soulignent que la décision de la Cour ne met pas le secteur des jeux vidéo définitivement à l’abri. Selon Dan Offner,
avocat au sein du cabinet Loeb & Loeb, spécialisé dans le secteur du jeu vidéo : « Cette décision va peut-être calmer
le débat pendant un moment. Mais la régulation du contenu en vue de protéger les mineurs semble être un sujet cher
à la FCC et aux gouvernements des différents Etats américains ». Cela s’explique notamment par la hausse de la
distribution des jeux en format numérique, avec les jeux sur réseaux sociaux et sur mobiles.
Le groupe Playdom, éditeur de jeux vidéo spécialisé dans les jeux sur réseaux sociaux racheté par Disney au mois
d’août 2010 pour 563 millions de dollars, a accepté, au mois de mai 2011, de payer 3 millions de dollars en
dommages et intérêts suite à des accusations portées par la Federal Trade Commission qui accusait la société
d’avoir violé le Children’s Online Protection Act de 2000. En effet, Playdom aurait collecté et dévoilé des informations
personnelles au sujet de centaines de milliers d’enfants âgés de 13 ans et moins, sans l’autorisation de leurs parents.
Pour Greg Boyd du cabinet d’avocat Davis & Gilbert, « le prochain sujet brûlant d’un point de vue réglementaire, dans
le secteur des médias, sera le respect de la vie privée et la sécurité ».
Biz relieved over Court’s vidgame ruling, de Chris Morris, Variety, 28 juin 2011
Justices Reject Ban on Violent Video Games for Children, d’Adam Liptak, New York Times, 27 juin 2011
Géraldine Durand
Microsoft courtise la télévision avec sa Xbox 360
Date: 07/07/2011
Microsoft est sur le point de transformer sa Xbox en un boîtier à tout faire !
Conformément à sa stratégie marketing présentant la Xbox 360 autrement que comme une simple console de jeu,
Microsoft a profité du Salon E3 pour annoncer que la nouvelle Xbox, qui sera lancée à l’automne prochain,
proposerait la télévision en direct aux Etats-Unis, en commençant par la chaîne sportive ESPN, et intégrerait Youtube
et le moteur de recherche Bing.
Ces nouveautés se rajoutent à d’autres services qui ont enrichi au fur et à mesure la Xbox Live, tels que Netflix, Hulu,
Facebook, Twitter, Last.com, etc. Microsoft espère ainsi concurrencer la Wii de Nintendo et la Playstation 3 de Sony.
Microsoft est en train de redessiner l’interface de Xbox Live pour inclure ces nouveaux services qui seront tous
contrôlables via Kinect, le système de commande par la voix que Microsoft a commencé à intégrer à ses appareils
l’année dernière.
Grâce à Bing, les utilisateurs seront capables de rechercher, en les nommant, les différentes plateformes sur
lesquelles un programme est accessible que ce soit sur Internet ou sur la Xbox. Ils pourront, par exemple, acheter ou
louer une série télévisée, un film, une web-série ou un jeu.
Un des inconvénients de la numérisation est le fait que les programmes sont distillés dans une offre très large,
impliquant donc que les distributeurs augmentent leur budget marketing.
Cependant, « l’intégration du moteur de recherche Bing permettra de localiser plus facilement ce que l’internaute
recherche ou ce qui pourrait l’intéresser », comme le souligne Marc Whitten, VP du département Xbox Live de
Microsoft.
Le retard de l’intégration de Bing (détenu par Microsoft) et de Youtube dans la Xbox Live s’explique par le fait que
l’entreprise voulait créer des versions du logiciel qui bénéficient de la fonction de contrôle à distance par la voix et qui
ne nécessitent plus de télécommande.
Le lancement de la télévision en direct était attendu depuis longtemps, surtout depuis que la Xbox avait testé des
services similaires en Grande-Bretagne, en Australie et en France avec Sky TV, Foxtel et Canal Plus.
Microsoft n’a pas expliqué en détails comment la télévision en direct serait offerte à l’automne. La société n’a pas
encore annoncé de partenariat avec un opérateur du câble ou du satellite.
Xbox factor, de Marc Graser & Chris Morris, Daily Variety, 7 Juin 2011
Alexandra Kurkdjian
Walmart prend le tournant numérique avec Vudu
Date: 11/07/2011
Les ventes de disques ne cessant de diminuer dans ses magasins, Walmart, le plus important vendeur de DVD aux
Etats-Unis, s’attache à convertir ses millions de consommateurs au numérique.
Désormais, le géant de la distribution offrira, de façon exclusive, des cartes proposant l’accès à un film en version
numérique sur son site Internet de vidéo à la demande, Vudu, également accessible directement sur 300 appareils,
téléviseurs, lecteurs de Blu-Ray, boîtiers et la Playstation 3 de Sony.
La carte, qui coûte $14.95, ressemble à une carte cadeau traditionnelle, et offre seulement l’accès à la version de
qualité standard. Cela permet à Walmart de promouvoir Vudu, tout en protégeant ses Blu-Ray, qui, malgré des prix
élevés, connaissent un regain d’intérêt de la part des consommateurs.
Quand Walmart a acheté le service de VOD Vudu, l’année dernière, pour environ 100 millions de dollars, le service
n’était accessible que par le biais de boîtiers (Lire Wal-Mart confirme l’acquisition de VUDU). Depuis le mois de mai
dernier, Vudu est désormais accessible sur Internet, ce qui le positionne en concurrence directe avec Netflix,
Amazon, Cinema Now de Best Buy et Blockbuster de Dish (Lire Lancement du service Vudu sur Internet : un
nouveau concurrent pour Netflix et Amazon). Depuis le lancement de cette nouvelle offre, Walmart a beaucoup investi
dans la stratégie marketing du site afin de renforcer sa visibilité auprès des consommateurs.
Vudu a un catalogue de plus de 20 000 titres et facture $14.99 pour l’achat de la version standard d’un film, et $19.99
pour la version HD. Le prix des locations va de 3$ pour les titres les plus anciens à $4 pour les plus récents.
Walmart fait notamment la promotion de Vudu en mettant en avant la possibilité d’y découvrir des titres le jour de leur
sortie en DVD. En effet, la plupart des studios n’impose pas à Vudu le délai de 28 jours entre la sortie d’un film en
DVD et sa mise en location en version numérique que Warner Bros., Universal et Fox imposent à Netflix (Voir sur le
sujet l’article Titres de Warner Bros. : Netflix devra attendre ! du 1er février 2010).
Le mois dernier, le fabricant de téléviseurs Vizio a accepté de rajouter un bouton Vudu sur ses télécommandes, qui
permet d’accéder au site sur ses téléviseurs HD, 3D et ses lecteurs de Blu-Ray. Vudu est le deuxième service de
streaming, après Netflix, à obtenir ce genre d’avantage.
Par le passé, l’activité de Walmart représentait 30% du marché du homevideo à Hollywood. Comme les studios,
Walmart a souffert du déclin des ventes de DVD (moins 16% l’année dernière, selon le Digital Entertainment Group),
ce qui a poussé le groupe à réfléchir à d’autres options. Même si la plupart des contenus audiovisuels est toujours
accessible en DVD et en Blu-Ray, le support numérique représente un quart du volume du marché vidéo, selon une
étude de marché établie par l’entreprise NPD. Au cours du mois de janvier et de février 2011, les films regardés sur
Netflix ont représenté 61% des films téléchargés et regardés en streaming sur le web aux Etats-Unis, explique NPD.
Les services à la demande sur Internet de l’opérateur du câble Comcast, comme Xfinity, représentent 8% de ce trafic.
Walmart cherche donc à étendre son emprise sur le marché en pleine croissance de la vidéo en ligne : selon le Digital
Entertainment Group, les ventes de films en numérique ont augmenté de 17% en 2010 et la location en VOD de 21%.
Mais Walmart est conscient qu’il est nécessaire d’éduquer davantage ses clients sur la manière dont fonctionne Vudu
et de les inciter à tester le service en rendant son accès le plus facile possible. C’est pourquoi Walmart a opté pour le
format de la carte cadeau, avec lequel les consommateurs sont familiers. Walmart souhaitait aussi procurer aux
utilisateurs un outil pour convertir un objet physique en un contenu numérique, que ce soit pour eux-mêmes ou pour
offrir à quelqu’un d’autre. Les cartes cadeaux sont extrêmement populaires aux Etats-Unis, et ce marché, qui
représentait 25 milliards de dollars en 2006, pourrait dépasser les 100 milliards de dollars cette année.
“Ces cartes permettront aux millions de clients Walmart de posséder et de regarder des films numériques, grâce au
service de Vudu” explique Edward Lichty, le manager général de Vudu. “Grâce au partenariat avec Sony Pictures
Home Entertainment sur cette nouvelle carte de cinéma exclusive, nous sommes en train de transformer un achat
physique en une expérience de propriété numérique, d’une manière simple et facile à comprendre“.
Les retombées pourraient être extrêmement bénéfiques pour Sony, ou pour les autres studios qui sortiront leurs
propres cartes. Il semble en effet que “Battle: Los Angeles” soit la première d’une longue série de cartes que Walmart
sortira cette année le même jour que la sortie en DVD et en Blu-Ray d’un film.
“Notre but n’est pas seulement d’éduquer les consommateurs qui n’ont pas encore franchi le pas du numérique, mais
de rendre également plus pratique le fait d’acheter et d’offrir des contenus numériques”, explique John Calkins, le vice
président exécutif chargé de l’innovation numérique et commerciale de Sony Pictures Home Entertainment.
Vudu Magic?, de Marc Graser, Daily Variety, le 14 juin 2011
Alexandra Kurkdjian
Le président de Netflix, Reed Hastings, siège désormais au conseil d’administration de Facebook
Date: 07/07/2011
En préparation de son entrée possible en bourse au printemps 2012, Facebook a annoncé au mois de juin que Reed
Hastings, Président de Netflix, faisait désormais partie de son conseil d’administration.
Reed Hastings, dont la compagnie est elle-même cotée en bourse depuis 2002, devrait être un atout de taille pour
Facebook. C’est aussi un pas important pour Netflix, qui a mis du temps à adopter les évolutions des réseaux
sociaux. Netflix travaille maintenant sur la possibilité d’une intégration de Facebook auprès de ses 23 millions
d’abonnés aux Etats-Unis et au Canada.
Facebook pourrait, de son côté, grâce à Reed Hastings, se familiariser avec Hollywood. Facebook a en effet lancé
son service de VOD en mars dernier en partenariat avec Warner Bros. L’application permet aux utilisateurs de louer
et de regarder directement des films sur Facebook (voir l’article du 24 mars 2011 Facebook s’associe à Warner Bros.
et se lance dans la vidéo à la demande).
Facebook adds Netflix CEO Reed Hastings to board in advance of IPO, de Jessica Guynn, Los Angeles Times –
Technology Blog, 23 juin 2011
Nathalie Charles
Netflix à la conquête du marché international : la société s’étend à 43 nouveaux pays
Date: 07/07/2011
Le service de location de DVD et de vidéo à la demande sur Internet, Netflix, jusqu’à présent accessible uniquement
aux Etats-Unis et au Canada, vient d’annoncer que son service serait bientôt disponible dans 43 pays d’Amérique
centrale, du Sud et des Caraïbes. Le lancement devrait se faire progressivement, d’ici la fin d’année 2011.
Cette nouvelle étape va permettre à Netflix de s’implanter dans des marchés en pleine expansion comme le Brésil,
l’Argentine et le Mexique. Grâce à des accords avec des groupes de télévision locaux, Grupo Televista et TV Azteca
au Mexique et TV Globo au Brésil, la société sera en mesure de proposer, en plus des programmes en anglais, des
séries télévisées et films produits localement, en espagnol et portugais.
Pour son offre à l’international, Netflix ne proposera que son service de vidéo en streaming : la société juge qu’il est
compliqué de lancer un service de location de DVD dans de nouveaux territoires et cela semble peu judicieux, vu que
la progression spectaculaire de Netflix ces derniers mois est essentiellement due au visionnage en ligne (Lire l’article
Résultats record pour Netflix. Prochaine étape : le marché international, 12 mai 2011). Pour le moment, aucun tarif
n’a été précisé, mais le service streaming only aux Etats-Unis est facturé 7,99$/mois.
Ce nouveau développement aura certainement un impact sur les fournisseurs d’accès Internet dans les pays
concernés. Ils vont devoir s’adapter au type de débit que ces services exigent. Selon une étude réalisée par la société
Sandvine, Netflix a généré 29,7% du trafic sur Internet aux Etats-Unis au mois de mars 2011. Selon le même cabinet,
en Amérique latine, et sur le même mois, le trafic sur Internet lié au divertissement, c’est-à-dire essentiellement au
visionnage de films et de séries télévisées, a généré 27,5% du trafic total.
Le Président de l’Association argentine de la télévision par câble (ATVC), Walter Burzaco, a déclaré à BBC Mundo
qu’il ne pensait pas que l’arrivée de Netflix aurait un impact sur les opérateurs de la télévision payante dans son pays.
Pour lui, les clients de Netflix seront parmi la tranche la plus jeune de la population et ce n’est pas celle qui s’abonne
le plus fréquemment au câble.
D’autres services existent déjà en Amérique latine dans le secteur de la vidéo à la demande sur Internet. L’entreprise
de télécommunications espagnole Telefonica a lancé le service On Video dans plusieurs pays de la région et le
service coûte l’équivalent de 10$/mois en Argentine. Ce type de services va se retrouver en concurrence directe avec
Netflix.
Cette nouvelle intervient alors que la concurrence s’intensifie entre les opérateurs américains de la vidéo en ligne.
Hulu, le site de vidéo à la demande propriété de NBC Universal, Walt Disney, News Corp. et Providence Equity
Partners, a été mis en vente et aurait attiré près d’une douzaine d’acheteurs potentiels, dont Google, Yahoo! et
Microsoft (Lire Le site de VOD Hulu mis en vente). Amazon (Lire la Fiche synthétique : Amazon) a également parié
sur la progression de ce marché avec l’acquisition de Lovefilm, le Netflix britannique, et le lancement de son service
de VOD sur abonnement (Lire l’article Amazon prend position sur le terrain de Netflix).
Pendant ce temps, Apple est en train de développer un service de films en streaming sur le cloud, et Walmart met
toutes ses forces dans la promotion de son propre service de streaming, Vudu (lire l’article Walmart prend le tournant
numérique avec Vudu).
Lo que implica la llegada de Netflix a América Latina, BBC Mundo, 6 juillet 2011
Netflix sets Latin American expansion, de Matthew Garrahan, The Financial Times, 5 juillet 2011
Géraldine Durand
Le site de VOD Hulu mis en vente
Date: 07/07/2011
Le très populaire site Internet de vidéo à la demande, Hulu, à retenu les banques d’investissement Guggenheim
Partners et Morgan Stanley pour gérer sa potentielle mise en vente. La procédure de mise en vente a commencé au
début du mois de juillet 2011.
L’information a été révélée après que Yahoo! a dévoilé son intérêt pour racheter ce qui était, encore récemment, le
troisième site de VOD aux Etats-Unis. Hulu se positionne aujourd’hui en lanterne rouge des 10 sites les plus regardés
aux Etats-Unis avec, tout de même, 27 millions de visionnages au mois de décembre 2010. La démarche des
propriétaires du site, News Corp., Walt Disney Co., Providence Equity et la société propriétaire de NBC Universal,
Comcast, souligne leur volonté de se défaire de la société.
En effet, dès sa création, en 2007, Hulu a eu du mal à trouver son équilibre, entre le désir des consommateurs de
regarder des programmes gratuitement en ligne, et les intérêts de ses propriétaires qui cherchent à préserver la
valeur de leurs programmes.
Au cours de l’année écoulée, les trois géants des médias qui contrôlent Hulu se sont trouvés en désaccord avec
Jason Kilar, le Directeur Exécutif de la compagnie, au sujet du succès du site et de son effet néfaste sur le marché de
la télévision traditionnelle. Les opérateurs du câble et de la télévision payante, qui doivent payer pour avoir le droit de
diffuser les programmes des networks, ont marqué leur mécontentement dû à la diffusion gratuite de ces mêmes
programmes sur Hulu.
Suite à l’annonce de la mise en vente du site, une douzaine d’acheteurs potentiels s’est déclarée dont Yahoo!,
Microsoft et Google. La question centrale, pour tout acheteur potentiel, sera la garantie qu’Hulu va continuer à
proposer des programmes diffusés par ceux qui sont encore, à l’heure actuelle, ses propriétaires. En cas contraire,
Hulu perdrait une grande partie de sa valeur.
Les responsables du site Internet ont entamé des négociations à ce sujet avec News Corp. et Disney. Les détails de
ces accords n’ont pas encore été dévoilés, mais Hulu devrait notamment continuer à proposer des séries comme Les
Simpsons, Glee, et Family Guy, le plus gros succès du site. Les accords devraient également stipuler la possibilité,
pour Hulu, d’augmenter significativement le nombre de publicités diffusées au cours de chaque visionnage. En effet,
avec un chiffre d’affaires qui devrait atteindre les 500 millions de dollars en 2011 (contre 240 millions de dollars en
2010), Hulu programme moins de la moitié des 8 minutes de publicités diffusées habituellement, par demi-heure, à la
télévision américaine.
En ce qui concerne NBC Universal, son accord avec Hulu pourrait être automatiquement renouvelé. En effet,
l’approbation, par la Federal Communications Commission, du rachat de NBCU par Comcast imposait comme
condition que NBCU continue à proposer sur le site une quantité de programmes de NBC Universal comparable à
celle fournie par les autres partenaires de Hulu, Disney et News Corp. (Lire l’article La fusion de Comcast et NBC
Universal approuvée par les autorités américaines).
La mise en vente d’Hulu pourrait donner une seconde vie au site. Nombreux étaient ceux qui spéculaient sur sa
liquidation possible, dans le cas où la société ne serait pas parvenue à sécuriser la reprise des programmes de Fox.
Lors de sa création, Hulu avait pour mission de contrecarrer la piraterie grimpante et l’utilisation croissante du DVR,
qui, permettant aux utilisateurs de sauter la publicité, portait atteinte aux revenus publicitaires des chaînes de
télévision.
Bien qu’aucune de ces deux menaces n’aient disparu, Hulu est devenu une menace en soi (Lire l’article La piraterie
encouragée par des sites comme Hulu), et un concurrent pour les sites sur lesquels certaines chaînes mettent leurs
programmes, que ce soit Netflix ou leurs propres sites Internet.
Hulu renews deal with ABC, d’Andrew Wallenstein, Variety, 24 juin 2011
Fox renews Hulu licensing pact, d’Andrew Wallenstein, Variety, 23 juin 2011
Hulu puts itself up for sale, retains investment banks, de Dawn C. Chmielewski, Ben Fritz et Meg James, Los Angeles
Times, 22 juin 2011
Yahoo approaches Hulu about possible acquisition, de Dawn C. Chmielewski et Ben Fritz, Los Angeles Times, 21 juin
2011
Géraldine Durand
La FCC rend officielles ses règles sur la neutralité du net
Date: 05/07/2011
Jeudi 30 juin, la FCC a présenté ses règles sur la neutralité du net à l’Office of Management and Budget, dont
l’approbation est attendue. Ces règles pourraient être publiées par le Federal Register en septembre, et seraient alors
officiellement adoptées.
La FCC avait voté l’adoption de ces règles le 21 décembre dernier. Les fournisseurs d’accès Verizon et Metro PCS
ont déjà annoncé leur intention d’attaquer ces règles devant la justice après leur promulgation.
FCC’s net neutrality rules about to be official, and invite lawsuits, de Cecilia Kang, The Washington Post, 27 juin 2011
Service Economique Régional de Washington
Le pouvoir de la levée de fond participative s’intensifie sur les projets d’IndieGoGo
Date: 11/07/2011
Le site Internet spécialisé dans la levée de fond participative (crowdfunding), IndieGoGo, a réalisé une belle année à
SXSW (South by Southwest Music Conference and Festival) : trois films financé grâce au site ont été sélectionnés
par le festival, dont le populaire “My Sucky Teen Romance”, financé entièrement grâce à IndieGoGo. A croire qu’offrir
le titre de “producteur délégué” dans les crédits d’un film attire les dons !
Le Festival du Film de Los Angeles cherche à mieux faire connaître le site et la levée de fond participative en général.
Quatre films présentés au Festival du Film de Los Angeles ont été financés par IndieGoGo : “An Ordinary Family” de
Mike Akel, le documentaire “Wish me Away” sur la chanteuse lesbienne de country Chely Wright, le documentaire
“Salaam Dunk” sur le basketball féminin au nord de l’Irak, et le documentaire hors-compétition de Lee Hirsch “The
Bully Project” dont Weinstein Co. a déjà acquis les droits de distribution.
Comme Kickstarter et d’autres sites de levée de fonds participative, IndieGoGo prend un pourcentage sur ce que
récoltent les cinéastes – 4% s’ils atteignent leur objectif, 9% en cas contraire.
Mais à la différence de ces autres sites, IndieGoGo ne finance pas uniquement des films : “Une personne a récolté de
l’argent pour traiter ses canaux dentaires”, explique Slava Rubin, co-fondateur d’IndieGogo.
La levée de fond participative devient un véritable phénomène de société. “Les gens donnent de l’argent pour quatre
raisons essentielles”, explique Slava Rubin. “Ils s’intéressent au projet ou à la personne impliquée ; ils veulent obtenir
ce qui est offert en échange des fonds apportés ; ils veulent s’investir dans un projet qui les dépasse, ou ils sont à la
recherche d’un bénéfice financier – ce qu’ils n’obtiendront pas sur IndieGoGo ou sur n’importe quel site légal de levée
de fond participative”.
Sur Kickstarter, la documentariste Jennifer Fox affichait un objectif initial de $50 000 pour son documentaire “My
Reincarnation”. Elle a finalement levé plus de $150 000, un record pour Kickstarter pour un film terminé. “Je ne peux
pas vraiment l’expliquer“, commente-t-elle. “Une fois les $50 000 atteints, nous avons recadré la campagne. Nous
avions atteint notre objectif, mais nous avions vraiment besoin de plus. Le film était terminé, mais il n’était pas payé”.
La plupart des projets présentés sur IndieGoGo récoltent des sommes encore modestes, mais les résultats sont tout
de même impressionnants : “Salaam Dunk” s’était fixé l’objectif de $10 000 et a levé plus de $14 000. “An Ordinary
Family” a récolté approximativement $19 500 de plus de 250 investisseurs. “Nous sommes ouverts à toute sorte
d’idées et nous sommes présents dans 180 pays“, souligne Slava Rubin.
Power of crowdfunding grows on IndieGoGo projects,de John Anderson, Daily Variety, 14 juin 2011.
Alexandra Kurkdjian
25ème anniversaire de Pixar : la recette du succès
Date: 11/07/2011
Lorsque vous rentrez dans le quartier général des studios d’animation Pixar, la société co-créée par John Lasseter,
vous quittez la réalité. Les images et les personnages des films de Pixar sont omniprésents. C’est l’épicentre de
l’univers de Pixar, le cœur de l’entreprise, qui a réalisé 11 succès mondiaux coup sur coup et a défini une nouvelle
ère pour l’animation américaine. La société, qui célèbre cette année son 25ème anniversaire, a gagné, au total, plus
de 6.5 milliards de dollars au box-office.
Cependant, l’atmosphère, d’apparence laxiste, relève de l’illusion. La créativité a libre-cours, mais c’est la discipline
qui est le mot d’ordre. Dans les locaux, certaines parties sont fermées, avec des panneaux interdisant l’accès aux
visiteurs. Ce sont dans ces endroits que les futurs projets ultra-secrets de Pixar sont développés. La maison mère,
Disney, a récemment annoncé qu’un film Pixar sortirait le 27 novembre 2013, sans donner davantage de détails. Pas
une seule autre information n’a été divulguée.
A la tête de l’entreprise se trouve John Lasseter, âgé de 54 ans, un “geek” auto-proclamé, qui ne s’habille qu’avec
des chemises hawaïennes et des jeans, il a vendu Pixar à Disney pour 7.4 milliards de dollars, il y a cinq ans.
Désormais c’est une personne influente chez Disney, il y dirige le département animation, en même temps qu’il officie
en tant que directeur de la création chez Pixar. Il a assuré la production déléguée des 591 millions de dollars de
Raiponce et a été amené à conseiller sur les thèmes de nouvelles attractions des parcs Disney. En parallèle, il a joué
un rôle important dans des films qui ont gagné 29 Academy Awards.
Pour le président des Studios Disney, Rich Ross, l’importance de Lasseter est évidente. “Clairement, Bob Iger, le
président et CEO de Disney, a acheté cette entreprise avec l’idée qu’il achetait la meilleure”, explique-t-il. John
Lasseter a apposé sa marque sur les films, qui mélangent technologie futuriste et vision des Etats-Unis des années
1950. Avec Cars 2, sorti le 24 Juin, le premier film qu’il a réalisé depuis le précédent Cars en 2006, il a créé une des
ses plus ambitieuses aventures.
Le film arrive à un moment crucial pour l’animation. Pixar a connu plusieurs déceptions récemment, avec Milo sur
Mars et Le Royaume de Ga’Hoole – la légende des gardiens, sans parler de la 3D, que certains considéraient comme
une aubaine. D’autre part, presque tous les studios, de DreamWorks Animation à 20th Century Fox, se battent
désormais pour obtenir une part de ce qui, encore récemment, était l’apanage de Disney : les films pour enfants.
Malgré tout, l’expérience de Pixar est unique, notamment en raison du nombre de succès accumulés au box-office,
particulièrement sur le marché mondial, où les revenus de Toy Story 3 ont été de 648.2 millions de dollars, alors qu’ils
étaient de 415 millions de dollars pour les Etats-Unis. La franchise Cars a, elle aussi, généré 10 milliards de dollars
dans le monde entier, selon le directeur général du studio, Jim Morris.
Pour John Lasseter, tout commence avec une histoire. “L’histoire est reine” est la devise des “Pixariens”. A l’inverse
des films d’action, dont idéalement le scénario est finalisé avant que la pré-production commence, l’histoire, les
questions techniques et les images sont développés en même temps chez Pixar. Ainsi, lorsque John Lasseter
peaufine le scénario, le scénographe Harley Jessup créé les décors tandis que les artistes préparent les story-boards
avec les dialogues préliminaires. Ces premiers éléments seront disséqués par “l’état-major” de Pixar, ses directeurs
et producteurs les plus importants, jusqu’à ce qu’ils soient tous d’accord pour affirmer que l’histoire est bonne.
Ensuite, deux directeurs de la photographie s’occupent de l’agencement et de l’éclairage. Jeremy Lasky définira le
montage de chaque séquence. Sharon Calahan supervisera l’éclairage pour chaque image de couleur grise, fournie
ainsi par les dessinateurs, et s’occupera de la mise en couleur et en profondeur, aidée par une équipe de 58
personnes.
La recherche est primordiale dans le processus de Pixar, et pour Cars 2 cela a impliqué deux voyages. En 2007,
John Lasseter et trois de ses collaborateurs sont allés au Grand Prix Italien puis au Francfort Auto Show, et en 2008,
une équipe de huit personnes est allée dans des endroits clés susceptibles d’être utilisés dans le film, comme Tokyo,
Londres et la Riviera italienne.
L’équipe des effets spéciaux prend la suite du travail technique. En ce qui concerne Cars 2, il a fallu créer des images
d’eau les plus réalistes possibles pour la séquence d’ouverture. Cela a nécessité “des simulations de liquide” explique
le directeur technique supervisant les opérations, Apurva Shah et l’utilisation d’un logiciel mis en place par un
membre de Pixar ayant un doctorat sur la simulation de liquide. Apurva Shah remarque que ”Lasseter passe trois
mois sur chaque scène, qui dure peut-être six secondes”.
La mise en 3D du film a été relativement simple, une tâche plus simple pour un film d’animation que pour un film
d’action, et une tâche dans laquelle John Lasseter reste engagé avec passion.
Mais le plus important pour Pixar actuellement, c’est de se consacrer plus à des suites qu’à des films originaux.
Lasseter insiste sur le fait que “La culture de Pixar est réellement une culture de pionnier”. Cependant, il y a des
chemins où Pixar a échoué : l’entreprise a été critiquée en raison du manque de femmes dans ses films et dans ses
postes à responsabilité. Un responsable de l’entreprise a rétorqué que les trois prochains films seraient produits par
une femme. Il est dur d’ignorer le fait que la seule femme ayant son nom à la tête d’un film Pixar, Brenda Chapman,
ait été virée l’année dernière de Rebelle, le premier film de Pixar ayant une femme à sa tête. Ce qui est arrivé à
Chapman reste assez flou. Catmull, le président actuel de Pixar, explique qu’ “elle travaille toujours pour l’entreprise”
et partagera les crédits de la réalisation mais “qu’ils avaient pris quelqu’un d’autre pour finir le film.” John Lasseter
refuse de commenter, si ce n’est pour indiquer des “différends créatifs”.
Darla K.Anderson, qui a produit Toy Story 3 et qui est un membre de “l’état-major” de Pixar explique que le problème
est dû, en partie, au fait que les femmes sont rentrées de manière assez lente dans le secteur de l’animation, et en
partie au fait que “c’est un cercle vicieux : dans le monde de la création de films, on a un problème à placer une
femme à la place du pilote, et je ne pense pas que ce soit spécifique à Pixar”.
John Lasseter lui-même a été guidé par une femme : sa mère, professeur d’art qui l’a encouragé lorsqu’il s’est inscrit
dans le programme d’animation en 1975 à l’Institut des Art de Californie.
Première personne à gagner deux Academy Awards pour des films courts d’animation étudiants, il décroche
rapidement un travail en tant qu’animateur chez Disney, mais il est licencié en 1984 après avoir remis en doute les
“procédures abrutissantes“. “J’ai toujours tout aimé chez Disney“, explique-t-il aujourd’hui, “c’est pour cela que je fais
ce que je fais“.
Heureusement, la réputation de John Lasseter le précède et Catmull, un informaticien qui travaille avec George Lucas
au sein de Lucasfilm, lui demande de les rejoindre. Lorsque George Lucas décide de se séparer de son département
d’infographie en 1986, le fondateur d’Apple, Steve Jobs, l’achète pour 5 millions de dollars. Il le renomme Pixar.
Ensemble, Jobs, Catmull et Lasseter dirigent la nouvelle entreprise.
Pendant des années, l’entreprise est à deux doigts de la faillite, sauvée uniquement par l’apport financier de Steve
Jobs, jusqu’à ce que Disney accepte de financer la première sortie de Toy Story en 1995. Quinze ans plus tard, Toy
Story 3 rapporte 1.06 milliards de dollars à travers le monde entier, a cinq nominations aux Oscars et en remporte
deux.
Le 18 juin, John Lasseter a foulé le tapis rouge pour Cars 2. Juste avant l’avant-première au El Capitan Theatre
d’Hollywood, il a montré la bande annonce de Rebelle et un court-métrage s’appuyant sur la franchise Toy Story qui
sera montré dans les cinémas juste avant Cars 2.
Les courts-métrage font partie du processus chez Pixar, c’est ainsi qu’est montré le travail des nouveaux réalisateurs
et que les nouvelles idées sont approfondies. Le propre court-métrage de John Lasseter, “Luxo Jr”, le premier film
produit par Pixar en 1986, n’a pas seulement été le point de départ de l’entreprise, mais il a aussi montré au monde
entier ce que l’animation informatisée pouvait réaliser.
Pixar a changé de rythme, avec trois sorties tous les deux ans au lieu d’une sortie annuelle. Toutefois, la société va
devoir définir clairement ce qu’elle fera au cours des vint-cinq prochaines années avec la présence réduite des
acteurs principaux. Steve Jobs, l’homme que John Lasseter appelle “mon frère” n’est plus autant impliqué
qu’auparavant, en raison de sa responsabilité au sein du conseil d’administration de Disney et de ses problèmes de
santé. Mais la mission de John Lasseter est claire.
“Steve est un visionnaire en affaires“, explique-t-il. “Il voit comment les choses peuvent s’organiser. Il a les mains sur
le gouvernail du navire. Il me demande une seule chose : de faire en sorte que tout fonctionne à merveille“.
What makes Pixar work?, de Stephen Galloway, Hollywood Reporter , 24 Juin- 15 Juillet
Alexandra Kurkdjian
Cinquième édition de “Romance in a Can” à Miami
Date: 11/07/2011
La cinquième édition du festival de films romantiques européens « Romance in a Can » a été présentée du 5 au 10
mai 2011 à Miami et a confirmé la fidélité d’un public de cinéphiles.
« Romance in a Can », produit par Red Chemistry Inc., est le seul festival américain consacré au cinéma romantique
européen. Il a pour but de faire connaître les meilleures productions européennes au public de Floride du Sud tout en
mettant en avant le cinéma indépendant.
Le festival a ouvert avec le film français « L’âge de raison » de Yann Samuell (2010) projeté en plein air dans un hôtel
prestigieux du quartier de Miami Beach.
Le festival s’est déroulé dans divers quartiers de la ville, dans des salles indépendantes, des salles commerciales, à
l’Alliance française et sur un campus universitaire.
Ce sont 17 films de 8 pays européens, dont 8 films francophones, qui ont été présentés répartis sur 30 séances. Au
total, le festival a mobilisé plus de 2700 spectateurs, soit une moyenne de 90 spectateurs par séance.
Cette année, la nouveauté du festival a été la présentation de 9 films de l’Association du Cinéma Indépendant pour sa
Diffusion (ACID), dont 5 films français et deux co-productions françaises, films montrés au Festival de Cannes 2010.
Au total ce sont donc 6 films français qui ont été présentés au festival cette année.
L’ACID soutient la diffusion en salle de films indépendants, souvent de jeunes réalisateurs, et œuvre à la rencontre
entre ces films, leurs auteurs et le public. Le festival a invité le réalisateur français du film « Donoma », Djinn
Carrenard, pour la présentation de son film. La directrice du festival a pris le risque de s’éloigner du thème principal
de son festival afin de pouvoir inclure la sélection de l’ACID dont les films traitent davantage de sujets à caractère
social.
On notera que les films de l’ACID, qui ont été présentés à la cinémathèque de Miami Beach, ont généré un nombre
d’entrées plus important que les autres films du festival.
Une des motivations principales de ce festival est de rendre le cinéma européen indépendant plus accessible aux
jeunes et aux étudiants. C’est dans ce but qu’une sélection de films du festival a été présentée sur le campus
d’université de « FIU ».
Pour la cinquième année consécutive, le département de cinéma d’un lycée de Miami Beach, a entrepris une
compétition de court-métrages réalisés par une vingtaine d’étudiants avec pour thème central ‘la romance‘. A cette
occasion le lycée a également programmé une compétition de courts-métrages européens (avec la participation de la
chaîne VOD Eurocinema) ; le court-métrage français : « Son esquisse » de Charlotte Michael figurait parmi les trois
films sélectionnés par les étudiants.
En dépit d’une période de l’année qui correspond à la fin de la saison culturelle, « Romance in a Can » trouve,
chaque année davantage, sa place dans le calendrier culturel de Floride du sud.
Dès l’année prochaine, le festival souhaite élargir sa thématique : l’édition 2012 sera constituée d’une sélection de
films européens indépendants qui ne se limitera pas au seul thème de la romance, le partenariat avec l’ACID étant
renforcé.
Kimberley Gaultier
Une forte présence française aux festivals de cinéma du printemps 2011 à Toronto
Date: 11/07/2011
Toronto est une des grandes villes mondiales du cinéma, via notamment de très nombreux festivals. Au-delà du
grand marché que constitue le festival international du film du mois de septembre, avec des délégations françaises
toujours de très haut niveau (acteurs, réalisateurs, producteurs, distributeurs, acheteurs, vendeurs), près d’une
centaine de festivals thématiques sont organisés chaque année. Le printemps constitue un temps fort du cinéma à
Toronto, avec pas moins de quatre festivals majeurs en trois mois, tous ayant présenté cette année, de nouveau, une
riche programmation française. Le Consulat de France à Toronto avec, dans certains cas, Ubifrance, a contribué à
valoriser la présence française.
1. Images Festival (31 mars–avril) : des modalités de coopération originales
Images est le plus grand festival d’Amérique du Nord pour l’image animée expérimentale et indépendante. En plus
des projections de films et vidéos, le festival présente également des performances, des installations, des discussions
et panels et rassemble plus de 30 000 personnes chaque année. Images cherche avant tout à mettre en avant le
travail d’artistes dont les œuvres ne rentrent pas dans le schéma classique de production et
distribution commerciales.
Cette année, le festival a invité le réalisateur et documentariste camerounais Jean-Marie Teno, spécialiste de l’Afrique
coloniale et post-coloniale, à venir présenter un programme en deux parties, Reframing Africa, qui réunissait la
diversité du cinéma africain des années 80 à aujourd’hui, en rassemblant et confrontant les différentes approches de
réalisateurs africains contemporains, dans un contexte de très forte fragilisation du cinéma africain. La qualité du
programme a été reconnue par les professionnels et le jury qui a décidé de le récompenser, en remettant à J-M. Teno
le Curatorial Vision Award, crée spécialement pour l’occasion.
Avec l’aide de la Cinémathèque Afrique de l’Institut français, le Consulat a largement contribué à l’élaboration et la
réussite de ce programme, ce qui a permis d’obtenir une forte visibilité pour l’action française en matière de soutien
au cinéma africain.
2. Hot Docs (28 avril–8 mai) : renouvellement de la collaboration avec Ubifrance
Hot docs est le plus grand festival de films documentaires d’Amérique du Nord. Il est ouvert au public et dispose d’un
marché, de plus en plus connu par les professionnels. La 19ème édition a été à ce jour la plus réussi en termes de
fréquentation avec un nouveau record de 150 000 spectateurs sur 11 jours, contre 136 000 en 2010, qui ont assisté
aux 360 projections publiques de 199 films.
Cette année, hormis des reprises de documentaires plus anciens et des coproductions, la France était représentée
par 2 titres, en avant-premières nord-américaines : The Advocate for Fagdom de Angélique Bosio et Somewhere to
disappear de Laure Flammarion (dont la venue a été soutenue par le Consulat) et Arnaud Uyttenhove.
Au delà de la programmation du festival, un grand nombre de sociétés et de professionnels français de l’audiovisuel
étaient présents à Hot Docs pour son marché du film documentaire, considéré comme l’un des plus dynamiques au
monde. Sur le même modèle que l’année dernière, une délégation officielle française de 10 sociétés de production
indépendantes était présente. Cette délégation, menée par le Pôle Image Alsace Iconoval et la Chambre de
Commerce et d’Industrie de Strasbourg, bénéficiait à nouveau d’une labellisation Ubifrance. Ubifrance Canada a
monté des programmes de rendez vous pour chacun des producteurs présents, avec l’aide du Consulat et organisé
des évènements de rencontres professionnelles, sous forme de petit déjeuner d’affaires et de réception.
3. Jewish Film Festival (7-15 mai) : une programmation française toujours importante
Parmi la centaine de festivals de films juifs partout dans le monde, le Toronto Jewish Film Festival, dont le but est de
célébrer l’identité juive à travers des thèmes universels, s’inscrit comme l’un des plus importants. Cette 19ème édition
a programmé plus de 100 films venus de 21 pays et, conformément à la volonté des organisateurs de toucher un
public plus large que la seule communauté juive de Toronto (la plus importante du Canada), les projections ont eu
lieu dans sept salles à travers toute la ville.
La France était une fois de plus à l’honneur avec un ensemble de 10 titres français au total (long et courts-métrages,
documentaires) dont Le Nom des gens de M. Leclerc; Comme Les Cinq Doigts de la main de A. Aracady; Le Concert
de R. Mihaileanu; Fracture de A. Tasma ou encore Einsatzgruppen : les brigades de la mort. Venu avec le soutien du
Consulat de France à Toronto, le réalisateur Michaël Prazan, auteur de ce documentaire de 3h en deux parties
qualifié d’« incontournable » par le magazine américain Variety (9 février 2010) et qui présente des images d’archives
et des entretiens inédits, a pu répondre aux nombreuses questions du public, à l’issue de la projection.
Ce festival continue donc de bénéficier d’une belle visibilité. Même si l’on peut regretter la faible représentation d’un
public jeune, au total le festival a rassemblé près de 40 000 spectateurs, preuve qu’il a su toucher les autres
communautés de la ville.
4. Inside Out LGBT Film Festival (19–29 mai): une montée en présence à la TIFF Bell Lightbox
La 21ème édition du festival gay et lesbien a battu tous les records puisqu’elle a vu son public augmenter de 15% par
rapport à 2010 (35 000 spectateurs), avec près de 300 titres venus de 33 pays différents
Inside out se range parmi les cinq plus grands festivals de films gay et lesbien du monde et a su acquérir une
réputation internationale, aussi bien auprès des spectateurs que des médias. Ce festival a également la particularité
d’être très fortement soutenu par la communauté homosexuelle de Toronto, l’une des plus importantes d’Amérique du
Nord. Mais comme les autres festivals au premier abord ‘communautaire’, Inside Out se veut aussi très largement
ouvert à l’ensemble du public torontois, ce qui est devenu une réalité si l’on considère la diversité des spectateurs.
Le cinéma français était, cette année encore, bien mis en valeur, avec 8 films français dont Homme au bain de C.
Honoré; L’Amour fou de P. Thoretton; Quelques jours de répit de A. Akkar ou encore La Robe du soir de M. Aziza,
dont le Consulat de France à Toronto a soutenu la venue à Toronto.
Inside out offre à ses partenaires une excellente visibilité puisqu’il bénéficie d’une renommée désormais certaine, en
tant que 3e festival le plus important de la ville (après le TIFF et Hot Docs). Surtout, avec son installation à la TIFF
Bell Lightbox, ouverte en septembre dernier, et qui bénéficie des meilleurs équipements techniques ainsi que d’une
vraie crédibilité auprès des professionnels et du public, le festival a su consolider et renforcer sa présence dans le
paysage audiovisuel de la ville.
Le nombre et la variété des festivals de cinéma du printemps témoignent avec netteté du schéma de consommation
des films étrangers et des films d’auteurs à Toronto : plus qu’une ville de cinéphiles, il s’agit avant tout d’une ville de
festivaliers qui sont bien plus prêts à se rendre dans un festival pour y voir un film étranger sous-titré qu’en salles. La
présence française dans ces festivals demeure donc déterminante pour promouvoir les films français à Toronto, ville
dont le circuit de distribution en salles reste très dominé par le monopole des multiplexes et la rareté des salles
indépendantes.
Marie Herault-Delanoe
La renaissance du cinéma indépendant à New York
Date: 07/07/2011
Les rumeurs diagnostiquant la fin du cinéma indépendant à New York ont été largement exagérées. En réalité, les
producteurs indépendants connaissent à l’heure actuelle une véritable renaissance de leur activité, grâce à des
investisseurs téméraires, des crédits d’impôt record, des budgets plus limités, un modèle économique repensé et des
distributeurs de nouveau à l’affut.
« L’ancien modèle de production des films indépendants a beaucoup changé et les nouveaux producteurs explorent
de nouveaux territoires », souligne Scott Macaulay, producteur et éditeur du magazine Filmmaker. « Faire un premier
film pour 2,5 millions de dollars semblait raisonnable auparavant, mais aujourd’hui, on vous dit que vous pouvez le
faire pour 600 000 ou même 300 000 dollars. Les nouvelles technologies et les projections en numérique dans les
festivals ont permis de réduire les budgets », ajoute-t-il.
Le dernier Festival de Toronto, en septembre 2010, avait mis en avant le cinéma indépendant (Voir l’article 35ème
édition du Festival International du Film de Toronto (09-19 septembre 2010)). Mais le véritable tournant a été le
Festival de Sundance (Voir l’article Le Festival de Sundance, laboratoire d’expérimentation des nouveaux modes de
distribution du cinéma indépendant), durant lequel des films à petit budget, sans tête d’affiche connue, ont été
achetés par des structures spécialisées comme Fox Searchlight (Another Earth, Martha Marcy May Marlene) et
Focus (Pariah). Combinée à des succès de niche, comme Winter’s Bone, la conclusion de ces accords a été un
encouragement supplémentaire pour des producteurs comme BCDF Pictures (Higher Ground), Maybach
Cunningham Entertainment (Martha) et Super Crispy Entertainment (Like Crazy), et également pour des investisseurs
indépendants qui ont désormais la possibilité d’endosser le rôle de mécène, à moindre coût. Des sociétés new
yorkaises comme Red Bucket Films (qui produit les films de Joshua et Ben Safdie) et l’association à but non lucratif
Artist Public Domain (Another Earth) sont tout de suite apparus comme des partenaires beaucoup plus sérieux.
« Il y a une place pour les films avec ce type de budget sur les plateformes de vidéo à la demande (VOD) et dans les
festivals », a souligné la productrice Alicia Van Couvering, dont le film, Tiny Furniture, produit avec 50 000 dollars, a
généré autant de revenus sur les plateformes à la demande que dans les salles de cinéma, soit environ 392 000
dollars.
Parmi les éléments qui poussent les producteurs à travailler à New York, figurent notamment les conditions
économiques avantageuses. La productrice de The kids are alright, Celine Rattray, de Maven Pictures, souligne à
quel point elle apprécie le plafond instauré en 2010 pour le crédit d’impôt à New York, soit 420 millions de dollars, et
le fait que celui-ci a été voté pour 4 ans, soit jusqu’en 2014. Trudie Styler, productrice de Moon et fondatrice de Xingu
Films, affirme que New York a des avantages financiers que Londres, comme d’autres villes, n’ont pas.
D’autre part, il est possible à New York de trouver de l’argent dans des endroits inattendus. Le co-fondateur de Paper
Street Films, Austin Stark, a un associé qui travaille au sein de la banque d’investissements Bear Sterns (Benji
Cohen) et un autre chez Goldman Sachs (Chris Papavasiliou).
Le co-fondateur de Parts and Labor, Jay Van Hoy (Beginners), met également en avant l’importance des producteurs
associés, des subventions de structures à but non lucratif comme Cinereach et de sites de levée de fonds en ligne
comme Kickstarter. « 25 000 dollars ne sont pas négligeables dans un film à 700 000 dollars », souligne-t-il.
Les structures indépendantes du secteur du cinéma s’adaptent et survivent principalement en se diversifiant et en
mettant l’accent sur des activités plus lucratives comme la production télévisée, la publicité, le branded entertainment
et les projets sur Internet. « Je pense qu’il faut être de plus en plus débrouillard de nos jours », avance Amy Kaufman,
fondatrice de Primary Prods (The Whistleblower).
Noah Harlan, producteur du film Return, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes cette année,
développe des applications pour téléphone portable au sein de sa société Two Bulls. La production de publicités et de
clips musicaux est également une part importante de l’activité de certaines sociétés. La société Borderline Films,
remarquée à Sundance, paie les techniciens travaillant sur les longs métrages qu’elle produit, grâce à son activité
dans le domaine de la publicité.
Pour les producteurs new yorkais, l’important pour eux est de travailler en communauté, de collaborer, de partager
l’information. Comme le souligne Ryan Silbert de la société Toy Closet, « Nous fonctionnons de la même manière que
les petites startups de la Sillicon Valley qui échangent beaucoup d’information. Nous sommes une sorte de grand
think tank. Et c’est là que réside l’avenir des producteurs new yorkais ».
New indies find fertile ground, de Gregg Goldstein, Variety, 28 mai 2011
Géraldine Durand
14ème édition du Festival de cinéma français à La Nouvelle-Orléans
Date: 27/06/2011
Le festival de cinéma français de La Nouvelle-Orléans, organisé chaque année par la New Orleans Film Society et le
Consulat Général de France à La Nouvelle-Orléans, aura lieu, cette année, pour sa 14ème édition, du 8 au 14 juillet
au Prytania Theater.
Le festival, dont la fréquentation ne cesse de croître, programmera sept longs-métrages français récents,
“Gainsbourg vie héroïque” de Joann Sfar, “L’amour fou” de Pierre Thoretton, “Crime d’amour” d’Alain Corneau, “Rapt”
de Lucas Belvaux, “Nannerl la sœur de Mozart” de René Féret, “Le Nom des gens” de Michel Leclerc, “Film
Socialisme” de Jean-Luc Godard et un film classique, “La règle du jeu” de Jean Renoir.
Comme chaque année depuis plus de 20 ans, cet événement cinématographique estival devrait rencontrer un réel
succès auprès du public francophone et francophile de Louisiane.
Etienne Dages-Desgranges
Dossier : Bilan sur la télévision connectée aux Etats-Unis
Date: 11/07/2011
La télévision connectée est en plein développement aux Etats-Unis. Si les régulateurs américains ne se sont pas
encore penchés sur les nombreuses questions que pose cette nouvelle technologie, elles sont au cœur des
préoccupations des professionnels de l’audiovisuel et des médias.
1/ L’ÉTAT D’AVANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT DE LA TÉLÉVISION CONNECTÉE AUX Etats-Unis
La Consumer Electronics Association, association professionnelle qui regroupe près de 2 000 entreprises du secteur
de l’électronique aux Etats-Unis, estime à 5,2 millions le nombre de téléviseurs connectés qui devraient être
vendus en 2011 aux Etats-Unis contre 1,2 million en 2009.
Selon une étude publiée au mois d’avril 2011 par le cabinet d’analyses Leichtman Research Group, Inc., spécialisé
dans le domaine de l’Internet et des nouveaux médias, 30% des foyers américains (contre 24% en 2010)
possèdent un téléviseur connecté à Internet, que ce soit grâce à une télévision connectée, une console de jeux
vidéo ou un lecteur Blu-ray.
Si elles sont généralement très positives, les prévisions des sociétés d’analyse divergent quant à l’avenir des
téléviseurs connectés aux Etats-Unis. Selon iSupply, le nombre de téléviseurs connectés présents dans les foyers
américains d’ici 2013 devrait être de 23 millions, alors que ce chiffre est de 31 millions pour DisplaySearch. Quant
au fabricant de téléviseurs Samsung, il prédit que 20 millions de téléviseurs connectés auront été vendus aux EtatsUnis en 2012.
La société a connu un succès commercial dans ce secteur en vendant 2 millions de smart TV dans les 3 mois
suivant le lancement de ses derniers modèles sur le marché mondial, en mars 2011. C’est aux Etats-Unis, le
1er marché mondial pour les téléviseurs, que la société a enregistré son meilleur chiffre avec 730 000 appareils
vendus.
Toutefois, cela ne signifie pas que l’usage réel de la télévision connectée progresse au même rythme. En effet,
selon une étude de Forrester Research publiée à l’été 2010, plus d’un tiers des utilisateurs ne connectent pas
leurs téléviseurs à Internet et n’utilisent donc pas leurs propriétés interactives.
2/ LE VOLET ÉCONOMIQUE ET TECHNIQUE
- Modèles de distribution utilisés :
La console de jeu vidéo est l’appareil permettant de connecter un téléviseur à Internet le plus répandu aux
Etats-Unis. Selon la société d’analyse NPD, Nintendo avait vendu au total 35,7 millions de consoles Wii au mois de
mai 2011, Microsoft 27,3 millions de Xbox 360 et Sony 16,9 millions de PlayStation 3.
Les postes de télévision ou smart TV viennent en deuxième position et la société DisplaySearch estime qu’un
cinquième des téléviseurs vendus aux Etats-Unis en 2010 pouvaient être connectés à Internet.
Ainsi, les fabricants de téléviseurs jouent un rôle important dans le développement de la télévision connectée aux
Etats-Unis. Cela leur permet d’endosser un nouveau rôle et de développer un autre type de relations
professionnelles, notamment avec les fournisseurs de contenu.
En troisième position viennent les lecteurs Blu-ray. Selon une étude publiée en mars 2011 par la société
d’analyse TDG, 13 millions de lecteurs Blu-ray avaient été vendus aux Etats-Unis au 1er janvier 2011 et 40%
d’entre eux seraient connectables à Internet, soit un peu plus de 5 millions.
Les boîtiers de type Apple TV et Google TV se développent aux Etats-Unis, mais leur taux de pénétration du
marché reste inférieur à celui des autres modes de distribution. Ainsi, selon la société d’analyse In-Stat,
spécialisée dans les nouvelles technologies, en 2010, près de 3,5 millions de ces boîtiers ont été vendus aux
Etats-Unis. En 1ère position, Apple a vendu un peu moins de 2 millions d’Apple TV, 1ère et 2ème génération
confondues, ce qui permet à la société de contrôler 55% de ce marché aux Etats-Unis. Le boîtier Roku a été vendu à
450 000 appareils et plusieurs autres produits, dont la Google TV de Logitech et les boîtiers de Sony, Western Digital,
etc. atteignent, au total, moins de 100 000 unités vendues sur l’année. Ainsi, les boîtiers ont du mal à trouver leur
public au sein du marché de la télévision connectée, à tel point que certains analystes se demandent si ce marché est
viable et si le boîtier n’est pas un appareil en voie de disparition. D’ailleurs, la plupart des acteurs, dont Google
avec Sony, tentent de proposer des téléviseurs directement connectables à Internet. Apple prendrait également ce
chemin.
Les chiffres mentionnés ci-dessus ne reflètent cependant pas l’usage de la télévision connectée aux EtatsUnis, puisque, par exemple, Nintendo reconnaissait, début 2011, que 85% de ses 35,7 millions de consoles Wii
présentes dans les foyers américains n’étaient pas connectées à Internet.
- Monétisation des services :
Les opérateurs de la télévision connectée sont actuellement en phase d’expérimentation s’agissant du
modèle économique. La grande majorité d’entre eux perçoivent des revenus liés à la publicité, avec le
développement des publicités ciblées, et ont adopté un système de partage des revenus avec les propriétaires de
contenu lorsqu’un programme est loué ou acheté sur leur plate-forme.
Rares sont ceux, cependant, qui tentent la formule de l’abonnement. L’abonnement est en effet plus compliqué.
Microsoft propose depuis quelques temps un service d’abonnement sur la Xbox 360 qui donne accès à un certain
nombre de services payants sur Internet, comme les plateformes musicales Lastfm et Zune. Toutefois, au début du
mois de juin 2011, la société de Bill Gates a franchi une nouvelle étape en annonçant le lancement d’un service de
télévision sur abonnement permettant, notamment, aux utilisateurs de la Xbox 360 d’accéder à la chaîne câblée
sportive ESPN en direct. La société envisage de signer des accords avec des câblo-opérateurs et avec des chaînes
de télévision payantes à l’étranger, ce qu’elle a déjà fait en France avec Canal + et en Grande Bretagne avec Sky TV.
Cependant, lorsque, début 2010, Apple avait tenté de mettre en place des abonnements afin de proposer à ses
utilisateurs un bouquet de chaînes de télévision accessibles sur tous ses appareils, dont l’Apple TV, pour 30$ par
mois, les groupes de médias américains, dont NBC Universal, Viacom et Discovery, n’avaient pas suivi.
En effet, les accords entre opérateurs de la télévision connectée et opérateurs de la télévision payante sont encore
rares aux Etats-Unis. Comme le soulignait Jay Bockhaus, SVP of Corporate Strategy and Development, NBC
Universal, au cours d’un entretien à l’été 2010, un modèle reste à définir pour le partage des revenus entre les
opérateurs de la télévision payante américaine et les nouvelles plates-formes de distribution du contenu, comme les
télévisions connectées.
- Principaux acteurs du marché
Les principaux acteurs du secteur sont les fabricants de consoles de jeux vidéo comme Microsoft, Sony et
Nintendo. Viennent ensuite les fabricants de téléviseurs et de lecteurs Blu-ray comme Samsung, Sony, LG
Electronics, etc. dont la grande majorité a déjà lancé sa smart TV. Les géants du multimédia comme Apple et
Google tentent également de s’imposer sur ce marché, qui connaît une véritable prolifération de boîtiers tels que
Roku, Boxee, Vudu, etc.
- Application des règles de concurrence :
Les autorités publiques ne se sont pas encore penchées sur les questions que pose le développement de la
télévision connectée aux Etats-Unis et il n’y a pas de législation qui soit propre à cette technologie.
Cependant, les « anti trust laws » s’appliquent à toute activité commerciale aux Etats-Unis, dont l’Internet et la
télévision. La Federal Trade Commission (FTC) et le Department of Justice sont chargés de veiller au respect de
ces règles qui sanctionnent, notamment, les pratiques anti-compétitives.
Au cours d’une audition au Congrès au mois de mai 2011, Julius Genachowski, Président de la Federal
Communications Commission (FCC), organisme chargé de la régulation des marchés de la communication aux Etats
Unis, a souligné que les lois anti trust ne garantissaient pas l’ouverture d’Internet et que les règles de
neutralité du réseau visaient à remédier à cela. Pour mémoire, ces règles ont été approuvées par les membres
de la FCC en décembre 2010, et pourraient être officiellement publiées dans le Federal Register, l’équivalent de
notre journal officiel, dès le mois de septembre 2011.
Cependant, ces règles seront sans aucun doute attaquées en justice après leur publication officielle, notamment
par le groupe de télécommunications Verizon, qui a déjà fait connaître ses intentions. D’autre part, certains membres
du Congrès estiment que la FCC a outrepassé le mandat qui lui a été confié et parlent de voter une motion
d’annulation ou de priver l’agence des fonds nécessaires à la mise en œuvre de ces règles.
3/ LE VOLET RÉGLEMENTAIRE
- Mode de régulation de la publicité sur la TV connectée :
Il n’existe pas de législation propre à la télévision connectée en matière de publicité aux Etats-Unis.
Cependant, l’autorité compétente en la matière, la Federal Trade Commission (FTC), a publié des Guidelines on
Internet Advertising qui confirment que la publicité sur Internet n’échappe pas aux règles qui s’appliquent à
d’autres médias, notamment en matière de publicité mensongère. La FTC précise également, dans ce document,
que ces règles concernent la publicité sur tous supports.
- Protection des mineurs :
Pour le moment, il n’existe pas, aux Etats-Unis, de réglementation spécifique en matière de protection des mineurs
sur les télévisions connectées.
La législation qui s’applique dans ce domaine sur Internet découle du Children’s Internet Protection Act (CIPA) de
2000. Celui-ci conditionne l’attribution de certains fonds fédéraux à la mise en place, par les bibliothèques et les
écoles primaires, collèges et lycées américains, communément appelés K-12 (Kindergarten through 12th grade), de
filtres permettant de protéger les mineurs de tout contenu pouvant heurter leur sensibilité. Les précédentes
tentatives du Congrès de réguler le contenu sur Internet, afin notamment de soustraire les mineurs au contenu
pornographique, avaient été jugées inconstitutionnelles par la Cour Suprême des Etats-Unis.
- Responsabilité vis-à-vis du contenu :
Pour le moment, il n’existe pas, aux Etats-Unis, de réglementation spécifique à la télévision connectée en matière de
responsabilité vis-à-vis du contenu diffusé ou de neutralité du réseau.
En ce qui concerne Internet, selon la section 230 du Communication Decency Act, un fournisseur d’accès,
comme un utilisateur, ne sont pas considérés comme responsables du contenu mis en ligne par une tierce
personne.
- Rôle des régulateurs nationaux indépendants dans la régulation des TV connectées :
La question du rôle des régulateurs nationaux indépendants dans la régulation des TV connectées n’a pas encore été
abordée aux Etats-Unis. Toutefois, la Federal Communications Commission (FCC) s’intéresse actuellement aux
boîtiers permettant la transmission de contenu télévisé. Ainsi, la proposition « AllVid », contenue dans le
National Broadband Plan de mars 2010, vise à créer un standard unique, un adaptateur universel, permettant
d‘accéder à tout type de plateformes payantes, la télévision par câble, satellite, l’IPTV, etc. Cette harmonisation a
pour objectif de desserrer l’emprise des opérateurs sur ce marché. A l’heure actuelle, les opérateurs de la
télévision payante louent leurs boîtiers aux usagers et ce marché leur est donc réservé. La FCC a demandé aux
professionnels de la télévision payante de proposer un prototype de portail Internet (IP gateway) unique d’ici
décembre 2012. Toutefois, certains d’entre eux, dont les responsables de Fox, estiment que les développements
actuels, notamment en matière de télévision connectée, rendent inutile toute réglementation de la FCC en la
matière. D’autre part, des opérateurs du câble, comme Time Warner Cable et Comcast, ont déjà entamé des
discussions avec des fabricants de télévision pour pouvoir, à moyen terme, proposer l’accès à leur offre directement
par le biais d’un téléviseur, sans boîtier.
4/ LES DROITS D’AUTEUR
- Dispositions spécifiques relatives à ces services :
Il n’existe pas, aux Etats-Unis, de dispositions spécifiques relatives aux services de télévision connectée en matière
de respect de la propriété intellectuelle.
Cependant, les professionnels américains s’interrogent sur la propriété des contenus télévisés et les
possibilités de diffusion qu’offrent les accords actuellement en place entre opérateurs du câble et chaînes de
télévision. Bien que Comcast, Cablevision et un certain nombre de câblo-opérateurs américains affirment que les
accords qui les lient aux chaînes du câble leur permettent de diffuser le contenu sur d’autres appareils que le
téléviseur au sein du foyer abonné, les propriétaires des chaînes concernées ne sont pas du même avis. Ainsi,
Viacom a attaqué Time Warner Cable en justice suite au lancement de la nouvelle application du câblo-opérateur,
qui permet de visionner les chaînes de son bouquet sur son iPad, chez soi.
La question centrale, dans ce débat, est de savoir si les câblo-opérateurs vont devoir payer des sommes
supplémentaires pour les droits de diffusion sur les services de visionnage alternatifs, de type téléviseurs
connectés, ou si les accords actuellement en place incluent ces droits.
La question de la propriété des contenus pour une diffusion sur télévision connectée se pose donc, mais elle n’a pas
encore été résolue et elle englobe également les autres appareils susceptibles de diffuser ce contenu (tablettes,
smart phones, etc.).
- Lutte contre le piratage :
Il n’existe pas, aux Etats-Unis, de dispositions spécifiques relatives aux services de télévision connectée en matière
de lutte contre le piratage. En revanche, les tribunaux américains s’intéressent à la diffusion du contenu
télévisé sur Internet et ils ont déjà fermé plusieurs sites qui retransmettaient des programmes télévisés en
streaming sur Internet, sans l’autorisation de leurs ayants droit, dont le site FilmOn, au mois de décembre 2010.
En ce qui concerne Internet, la législation qui s’applique en matière de lutte contre le piratage est principalement
issue du Copyright Act de 1976 et du Digital Millenium Copyright Act (DMCA) de 1998 (Voir TD Diplomatie 2010
043193).
CONCLUSION
Les régulateurs fédéraux américains ne se sont pas encore penchés sur les questions que pose le développement de
la télévision connectée. En revanche, le développement de la télévision connectée aux Etats-Unis est au centre des
préoccupations des professionnels américains du secteur des médias et du contenu. Comme le soulignait récemment
un article du magazine sur les médias Broadcasting & Cable, les Américains s’interrogent actuellement sur 4 points
essentiels : à quel rythme la population va-t-elle adopter la télévision connectée et commencer à en faire usage ;
comment les opérateurs de plateformes et les propriétaires de contenu vont-ils parvenir à se distinguer face à la
multiplication des acteurs ; comment résoudre la question du droit des programmes diffusés ; quels services et
appareils sortiront gagnants de cette évolution et lesquels disparaîtront.
Géraldine Durand
Facebook : la reconnaissance automatique des visages suscite des critiques du Congrès
Date: 05/07/2011
Plusieurs membres du Congrès américain se penchent sur le site Facebook, sur lequel une fonction de
reconnaissance automatique des visages sur les photos ajoutées par les utilisateurs vient d’être activée par défaut.
Cette option existe depuis décembre dernier, mais elle ne faisait jusqu’alors pas partie des réglages par défaut du
site. Pour Edward Markey (D-MA), les utilisateurs ne devraient pas avoir à désactiver eux-mêmes cette fonctionnalité,
s’ils ne souhaitent pas que le site identifie automatiquement leurs photos. « Si cette nouvelle fonction est aussi utile
que l’affirme Facebook, les utilisateurs l’adopteront d’eux-mêmes », a déclaré M. Markey. Plusieurs projets de loi
cherchent à empêcher que les informations personnelles des internautes puissent être collectées ou partagées sans
leur consentement.
Facebook facial recognition draws fire, de Gautham Nagesh, The Hill, 8 juin 2011
Service Economique Régional de Washington
Le point sur la fusion AT&T / T-Mobile
Date: 05/07/2011
Le 20 mars dernier, AT&T annonçait avoir négocié avec Deutsche Telekom le rachat de sa filiale T-Mobile USA. Le
montant de la transaction devrait avoisiner 39 milliards de dollars. Selon AT&T, qui en a fait la principale justification
de ce projet, la fusion permettrait de rassembler une quantité de fréquences suffisantes pour déployer la nouvelle
génération de réseau internet mobile à haut débit (norme 4G LTE) et couvrir 294 millions d’Américains. Ce thème a
fait l’objet d’une conférence organisée par l’Economic Policy Institute, le 28 juin.
1. Une fusion qui renforcerait la concentration du marché de la téléphonie mobile américain…
- Vers un quasi-duopole
Si la fusion était approuvée, le marché de la téléphonie mobile américain prendrait la forme d’un quasi-duopole
dominé à 80 % par AT&T et Verizon. Les 20 % restants seraient partagés entre Sprint et les opérateurs locaux. De
nombreuses voix, comme celle du Sénateur Al Franken (D-MN), craignent un retour au monopole qu’AT&T
détenait avec ses filiales régionales avant 1984.
Selon l’argument asséné par AT&T, le marché américain de la téléphonie mobile est particulièrement concurrentiel du
fait de la multiplicité des opérateurs locaux. Ainsi, 90 % de la population américaine a-t-elle accès à « cinq opérateurs
ou plus ». Les opérateurs locaux et nationaux ne sont cependant pas réellement en compétition. Même au niveau
local, AT&T et Verizon dominent, et malgré les prix avantageux offerts par les acteurs locaux, peu d’Américains se
satisfont de leur couverture réseau limitée. Les opérateurs nationaux le savent, et ont vigoureusement combattu les
nouvelles règles de la Federal Communications Commission (FCC) sur le roaming, lesquelles les obligent à louer
l’accès à leur réseau internet mobile aux compagnies locales. En outre, ces dernières font face à des difficultés
structurelles pour se développer sans profiter des économies d’échelle considérables réalisées par les grands
groupes.
- Pour les consommateurs, la crainte d’une hausse des prix et d’un moindre choix
Selon l’expression du Représentant Ed Markey (D-MI), le rachat de T-Mobile par AT&T pourrait se traduire par « un
retour à une ère marquée par des prix élevés et un choix limité ». La disparition de T-Mobile, réputé être le moins
cher des grands opérateurs, risque de mener à une indexation de ses tarifs actuels sur ceux d’AT&T. Cette différence
de tarif est aujourd’hui sensible, puisque les forfaits illimités « tout compris » (voix, SMS et Internet) sont facturés 115
dollars chez AT&T (et 120 chez Verizon) contre 80 dollars par mois chez T-Mobile. Le fait que T-Mobile n’ait pas
assez de poids pour entraîner une baisse des prix chez ses concurrents indique qu’en son état actuel le marché de la
téléphonie mobile américain souffre déjà d’un manque de concurrence. Le prix moyen de certains services, comme
l’envoi d’un message SMS, a d’ailleurs augmenté ces dernières années.
Cette fusion permettrait par ailleurs aux deux opérateurs « géants », AT&T et Verizon, de renforcer leur contrôle sur
la commercialisation des téléphones par le biais d’offres exclusives sur des appareils populaires, hors d’atteinte pour
Sprint ou les opérateurs locaux. A l’heure où les « smart phones » explosent, les consommateurs ont de plus en plus
tendance à laisser le choix d’un téléphone dicter celui de leur opérateur.
En outre, la fusion ferait d’AT&T le seul opérateur compatible GSM du marché américain, un critère de choix
important pour les clients soucieux de la compatibilité de leurs appareils à l’étranger.
- Les « retombées positives » de la fusion sont sujettes à controverse
AT&T a déclaré qu’il lui faudrait six ans pour déployer un réseau 4G basé sur la norme LTE couvrant 95 % des
Américains (et une moindre part du territoire). Il n’est pas certain que la fusion permette d’accélérer sensiblement ce
déploiement, ni même qu’elle lui soit indispensable. Selon certains experts, AT&T est déjà propriétaire de fréquences
non-utilisées qui pourraient suffire à la mise en place de ce réseau de nouvelle génération. Alors que Verizon détient
moins de fréquences par client qu’AT&T, l’entreprise affirme désormais ne pas en manquer. AT&T est parfois accusé
de n’avoir pas suffisamment investi dans son réseau pour utiliser efficacement ses ressources, voir même
d’accumuler délibérément des fréquences inutilisées à des fins spéculatives.
2. … mais trouve néanmoins de nombreux défenseurs dans un débat marqué par un vaste effort de lobbying
Source : Conférence “The Future of Wireless Network: AT&T’s proposed acquisition of T-Mobile”, 28 juin 2011 au
Economic Policy Institute
- Un duopole fortement concurrentiel ?
Les défenseurs du rachat d’AT&T par T-Mobile invoquent une foule d’éléments pour dépeindre un marché de la
téléphonie mobile qui resterait fortement concurrentiel, même s’il était dominé par deux grands opérateurs. Selon eux,
l’omniprésence des réseaux WiFi et la possibilité d’accéder à des applications comme Skype sur les smartphones ont
poussé à la baisse le prix des appels téléphoniques, et réduit la dépendance des consommateurs vis-à-vis des
opérateurs traditionnels. A ce jour, les opérateurs mobiles comme AT&T et Verizon ne permettent cependant pas à
leurs clients d’acheter un forfait mobile sans forfait voix (Comcast est seul à offrir un accès autonome à l’internet
mobile).
- Le duopole, un bienfait pour les consommateurs ?
Par ailleurs, certains défenseurs de la fusion, comme Nathan Newman (fondateur du site Tech-Progress.org) ou
Debbie Goldman (Policy Director, Communications Workers of America) développent un argumentaire paradoxal
selon lequel les bienfaits de la concurrence sont généralement surévalués, et seraient en l’espèce trop faibles pour
justifier de s’opposer au rachat de T-Mobile par AT&T.
Lors d’une conférence à l’Economic Policy Institute, un think tank progressiste, N. Newman (Tech-progress.org) et D.
Goldman (Communications Workers of America) ont tenté de dépeindre la consolidation du secteur comme un
phénomène positif, qui offrirait à la Federal Communications Commission l’occasion rêvée de réguler les
télécommunications mobiles, pour le plus grand bienfait des consommateurs jusqu’alors inégalement desservis par
des entreprises réticentes à investir là où les marges de profit sont faibles ou inexistantes.
Concédant qu’AT&T ne devait pas se voir remettre « un chèque en blanc » par les régulateurs fédéraux, ils ont cité
plusieurs exemples de conditions qui pourraient être associées à la fusion, comme le respect d’un calendrier
contraignant pour la mise en œuvre du très haut débit mobile, l’interdiction de conclure des contrats exclusifs avec un
fabricant de téléphones ou encore l’obligation d’offrir aux consommateurs les plus défavorisés un accès internet à
moindre coût. Pour M. Newman, de telles règles rendraient une situation de duopole ou même de monopole bien
préférable à un oligopole dérégulé aux conséquences incertaines. Ainsi les deux intervenants partisans de cette
fusion à 39 milliards de dollars se sont-ils amusés à reprocher à leur contradictrice Parul Desai, représentante de
l’association de consommateurs Consumers Union, sa « foi aveugle dans le bon fonctionnement du marché ». Piquée
au vif, cette dernière a répondu en soulignant l’incohérence des promoteurs du « duopole régulé », qui, malgré leur
scepticisme affiché quant aux bienfaits de la concurrence, soulignent à chaque occasion que le marché de la
téléphonie mobile conserverait son caractère concurrentiel malgré la fusion.
Curieusement, aucun intervenant n’a semblé considérer que le régulateur puisse légitimement intervenir en l’état
actuel du marché, pour protéger les consommateurs ou garantir le maintien d’un environnement concurrentiel. P.
Desai a néanmoins dénoncé le « chantage » que constitue, selon elle, l’approbation de la fusion en échange de la
mise en œuvre de règles que les opérateurs acceptent mais ne respectent pas toujours.
- D’intenses débats et un vaste effort de lobbying
Dans les think-tanks et de nombreuses enceintes, partisans et détracteurs de la fusion s’opposent sur fond d’effort de
lobbying intense. Ce débat pourrait durer plus d’une année, le temps du passage en revue de ce projet par les
régulateurs fédéraux. En matière de lobbying, les moyens sont inégaux : le comité d’action politique d’AT&T a
dépensé 3,26 millions de dollars en 2009 et 2010, contre 257 500 dollars pour Sprint, qui s’annonce comme le grand
perdant de la fusion si elle est approuvée. Think-tanks et cabinets de conseil sont parfois sensibles à cette influence.
Une étude produite par Compass Lexecon, un cabinet de conseil, qui va jusqu’à conclure que la fusion « renforcerait
la concurrence », a été financée par AT&T (Voir l’article With AT&T’s proposed takeover of T-Mobile, consumer and
market benefits are an illusion).
Au Congrès, des Démocrates mais aussi certains Républicains ont fait part de leur réserve. Les Représentants
Darrell Issa (R-CA) et Bob Goodlatte (R-VA) s’inquiètent en particulier des conséquences de la fusion sur le marché
secondaire du « backhaul » (Voir l’article House Republicans voice concerns on AT&T merger). La plupart des
membres du Congrès évitent cependant de prendre position pour ne pas interférer avec l’examen de l’opération en
cours à la FCC et au Département de la Justice.
Les autorités de régulation fédérées entendent aussi avoir leur mot à dire (voir l’article AT&T says merger on track for
March 2012 approval) : la California Public Utilities Commission a lancé une enquête sur les effets de la fusion sur les
consommateurs, tandis que son homologue new-yorkaise a déjà conclu que le projet ne permettait pas de maintenir
une concurrence suffisante.
Enfin, la société civile s’est elle aussi emparée de ce débat, et outre la Consumers Union, des organisations comme
Free Press ou Public Knowledge ont fait part de leur forte opposition dès l’annonce de la fusion.
Pour D. Goldman (Communications Workers of America), l’issue ne fait pas de doutes : T-Mobile sera revendu soit «
intégralement », soit « en partie ». Reste à savoir si c’est AT&T qui raflera la mise, malgré les effets redoutés de cette
opération sur le marché, et alors que, selon P. Desai (Consumers Union), « il existe d’autres candidats au rachat de
T-Mobile » au-delà d’AT&T et Verizon. Une chose est sûre : s’il est approuvé, comme AT&T espère qu’il le sera d’ici
mars 2012 (voir l’article du Washington Post AT&T says merger on track for March 2012 approval), le « deal » se
verra nécessairement associer des conditions par la FCC, qui pourrait à cette occasion étendre l’application de ses
règles sur la neutralité du net aux réseaux mobiles (voir l’article With AT&T/T-Mobile, wireless net neutrality should be
back on the table).
Service Economique Régional de Washington
L’arrivée de Netflix sur le marché canadien au coeur des débats au BANFF World Media Festival
Date: 11/07/2011
A l’occasion du Banff World Media festival, les industries des télécommunications et de radiodiffusion canadiennes
font un état des lieux des grands bouleversements en cours et des perspectives d’avenir : concentration verticale,
convergence, évolution du cadre règlementaire, arrivée de grands conglomérats étrangers sur le marché canadien
dont le géant Netflix, protection de la diversité, identité et place des contenus canadiens.
1- Concentration verticale et convergence
Selon les données du CRTC en 2009, l’industrie des télécommunications représentait au Canada 41 milliards de
dollars alors que celle de la radiodiffusion représentait globalement 14,5 milliards de dollars (7,5 milliards – EDR
(Entreprise de distribution de radiodiffusion) et 7 milliards programmation radio et télé). Toutes les EDR et les
entreprises de télécommunication majeures se positionnent maintenant au Canada dans les deux secteurs et les
activités de télécommunications sont devenues leur source principale de revenus. Ces contrôleurs d’accès
accaparent 88% des revenus de l’industrie des communications au Canada.
Quatre grands groupes – Bell Canada Enterprises, SHAW, Rogers et Quebecor Media Inc (propriétaire notamment
de Vidéotron) – contrôlent 6 des 7 réseaux de télévision nationaux et régionaux conventionnels (CTV, Global, City
TV, A Channel, Omni et TVA) et accaparent 80% des revenus totaux des services facultatifs privés. Ce sont ces
mêmes entreprises qui contrôlent l’accès Internet, la télédistribution et la téléphonie.
Au Québec pour l’instant, un seul réseau régional privé de télévision conventionnelle demeurera non lié à un
contrôleur d’accès : V. Un seul grand groupe de propriété de licences multiples de services facultatifs n’est pas lié à
un contrôleur d’accès: Astral Média. Tous deux exercent exclusivement ou principalement leurs activités de
télédiffusion dans le marché de langue française qui se caractérise par une concentration très forte en ce qui a trait à
la distribution de radiodiffusion et à l’accès à l’internet. Vidéotron dessert 51% des abonnés à la télédistribution au
Québec alors que dans le reste du Canada aucune Entreprise de distribution de radiodiffusion (EDR) individuelle ne
dessert plus de 25% des abonnés.
Mais le marché canadien connait actuellement de profonds bouleversements avec l’apparition de grands
conglomérats étrangers en marge du réseau en tête desquels on trouve le géant Netflix et subit plus que jamais la
pression du marché américain.
La capitalisation boursière de Netflix est de 12,5 milliards de dollars, ce qui est supérieur à la valeur de l’ensemble
des entités de radiodiffusion canadiennes réunies. La majorité des entreprises américaines dans le domaine des jeux,
des logiciels et d’Internet ont des fournisseurs en marge du réseau, notamment Apple/iTunes, Google/Youtube,
Microsoft/Xbox et Amazon. Les studios américains hésitent entre leur intérêt à l’égard d’une plus grande concurrence
pour leurs produits (offerts en marge du réseau ou à la télévision généraliste) et leur préoccupation liée à la création
de nouveaux monopoles virtuels en ligne.
Étant donné que 90 % des foyers canadiens sont abonnés aux services de télévision d’une EDR et que les quatre
principales EDR de câblodistribution et les deux fournisseurs de télévision en direct regroupent 90 % de tous les
abonnés des EDR, les plus grandes EDR canadiennes disposent d’un pouvoir considérable de décision pour la
distribution de contenu -peu importe la plateforme, y compris auprès de nouveaux opérateurs étrangers comme
Netflix.
Par exemple, lorsque Netflix a lancé son offre au Canada, Rogers a abaissé la capacité de bande passante sur
certains forfaits Internet, rendant ainsi moins attrayant pour ses abonnés Internet l’abonnement à Netflix. Netflix a
répliqué en réduisant des deux tiers le volume de données normalement consommé pour le visionnement d’un film.
Par conséquent, les EDR pourraient se positionner de sorte à demeurer au cœur de la chaîne de valeur de la
distribution en ligne plutôt que de céder la distribution du contenu à des regroupeurs généralistes tiers « contourneurs
» pouvant être des radiodiffuseurs ou pas. Les EDR commencent à tenter d’exploiter leur expertise en qualité de
regroupeurs de contenu dans le domaine conventionnel de la radiodiffusion, leurs relations de longue haleine avec
les radiodiffuseurs (qui, d’ordinaire, détiennent les droits exclusifs sur le contenu vidéo le plus populaire) ainsi que
l’intégration verticale qui a doté nombre d’entre eux d’une capacité Internet considérable. Il est donc possible qu’au
lieu du modèle des É.-U. qui verrait des regroupeurs tels que YouTube ou Hulu livrer des émissions vidéo en continu
aux auditoires canadiens, les EDR offriront des portails combinant le contenu agrégé de tous les grands
radiodiffuseurs et conserveront ainsi le contrôle de la livraison du contenu tout en réduisant les possibilités de
concurrence. À l’automne 2009, Rogers Communications Inc. et Bell Canada ont toutes deux mis sur pied un tel
portail.
Reste à savoir si les EDR canadiennes s’associeront pour offrir un seul portail pancanadien, ou si chacune tentera
d’offrir un portail dans ses zones de desserte. La présente dynamique de la concurrence au Canada semble
défavorable à la création d’un portail unique, car les deux plus grandes EDR, Rogers Communications Inc. et
Vidéotron LTD., s’affrontent dans le domaine du 3G sans fil et l’évolution du sans-fil laisse entrevoir la possibilité
d’une concurrence à l’extérieur des territoires traditionnels de chacune.
2- La nécessaire évolution de la règlementation
Au Canada, une seule autorité, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) régule
les deux secteurs de l’audiovisuel et des télécommunications et contrairement à de nombreux pays anglo–saxons qui
ne disposent pas de législation sur les contenus audiovisuels, le Canada a conçu une régulation des contenus au
moins aussi importante qu’en France.
Établi par le Parlement en 1968, le CRTC est un organisme public autonome de nature quasi-judiciaire. En tant que
tribunal administratif, le CRTC, de par son mandat, a le pouvoir d’attribuer, de modifier, de renouveler, de suspendre
ou de révoquer les licences de radiodiffusion. De plus, la responsabilité lui revient d’établir des règlements et des
politiques pour régir tous les aspects du système canadien de radiodiffusion, et ce, par ses processus publics menant
aux prises de décision. Le CRTC rend compte au Parlement par l’entremise du ministre du Patrimoine canadien.
Depuis le début de la radiodiffusion, la démarche de réglementation a visé la réalisation des objectifs politiques de la
Loi sur la radiodiffusion et des lois antérieures.
Les mesures réglementaires actuelles et antérieures étaient fondées sur la dépendance à l’égard d’une infrastructure
physique pour la radiodiffusion. L’outil réglementaire principal pour atteindre les objectifs de la Loi sur la radiodiffusion
était l’attribution de licences. Grâce a son pouvoir de restreindre l’entrée, le CRTC a ainsi pu imposer des obligations
aux nouveaux venus relativement au contenu canadien et aux dépenses : contrôle canadien; avantages en cas de
fusions et d’acquisitions; règles de distribution; reflet des réalités locales, linguistiques et autres.
Alors que l’industrie est en train de se métamorphoser sur le plan de la technologie, des modèles de
commercialisation et des structures organisationnelles et que pour l’instant, le CRTC a fait le choix d’exempter de sa
réglementation tous les nouveaux services de communication, la question de la nécessité d’une modification profonde
de la règlementation canadienne est de plus en plus posée par les principaux acteurs du marché.
Alors que Netflix qui n’a été lancé au Canada qu’en septembre dernier et qui offre un abonnement mensuel au coût
de 7,99 $ qui permet l’accès illimité à des films et à des émissions de télévision par le biais d’Internet, représentait
déjà dès le mois de mars 13,5 % du trafic de téléchargement aux heures de grande écoute, la question de la
pertinence de l’outil actuel de règlementation se pose en effet de plus en plus.
Dans une lettre envoyée récemment au CRTC, un vaste regroupement de télédistributeurs, d’entreprises de
télécommunications, de diffuseurs, de producteurs et d’artistes presse l’organisme réglementaire de tenir des
consultations publiques concernant “l’émergence grandissante des entreprises de radiodiffusion non canadiennes
dans la nouvelle sphère numérique”.
3- Diversité et contenu canadien
Lors des audiences sur la « diversité d’opinions » du CRTC, dans lesquelles on examinait la consolidation des
médias au Canada, des voix se sont élevées pour alerter sur les menaces que constituent l’intégration verticale et la
concentration du marché envers la diversité et les productions culturelles locales. La Conférence canadienne des arts
(CCA), organisme de défense et de développement des politiques culturelles, a directement parlé des problèmes que
posent la concentration des médias, et tout particulièrement la distribution concentrée. Dans son rapport final lors des
audiences, la CCA déclare que « au fil des ans nous avons entendu plusieurs promesses concernant les bénéfices
potentiels qu’une plus grande concentration des médias aurait sur notre système de diffusion. Malheureusement, plus
d’un siècle après l’apparition de la radio au Canada, et après plus d’un demi-siècle de télévision, nous ne sommes
toujours pas plus proches d’un système de télédiffusion qui soit majoritairement canadien ».
Dans une récente consultation du CRTC (Examen du cadre réglementaire de l’intégration verticale), l’Association des
producteurs de films et de télévision du Québec (APFTQ) insiste elle sur le fait que quatre grands groupes de
communication contrôlaient six des sept réseaux nationaux et régionaux conventionnels. Ils accaparent 80 % des
revenus totaux des services facultatifs privés. Ce sont ces mêmes entreprises qui contrôlent l’accès Internet, la
télédistribution et la téléphonie mobile. L’APFTQ y souligne les pratiques abusives de certains télédiffuseurs lorsqu’ils
négocient des droits d’exploitation commerciale avec les producteurs. Des producteurs se font imposer des conditions
en vertu duquel ils ne peuvent tenir aucune discussion contractuelle avec d’autres télédiffuseurs pendant une période
déterminée. Par ailleurs, l’APFTQ demande au CRTC que les fournisseurs de services Internet soient considérés
comme faisant partie intégrante du système canadien de radiodiffusion. Ils auraient donc l’obligation de contribuer au
financement de la création de contenu canadien. Le gouvernement du Canada devrait selon eux également donner
au CRTC des pouvoirs de pénaliser les diffuseurs qui ne respectent pas leurs conditions de licence.
Le Fonds des médias du Canada a été créé et est financé par des entreprises canadiennes de câblodistribution et de
distribution par satellite ainsi que par le gouvernement du Canada et a pour mission d’encourager la création de
contenu télévisuel et numérique canadien. Les contributions des sociétés de câblo-diffusion et de télédiffusion au
FMC représentent un pourcentage de leurs recettes de diffusion. À mesure que les Canadiens passeront du secteur
réglementé au secteur déréglementé, ses recettes diminueront.
Aujourd’hui, les entreprises de radiodiffusion de nouveaux médias ne participent pas au financement du fonds et n’ont
aucune obligation d’investissement dans la production canadienne ni aucune obligation de diffusion.
Au Festival de Banff, les dirigeants de Netflix se sont voulu rassurants en faisant valoir qu’ils n’étaient pas opposés à
participer au système de financement de contenu canadien tout en précisant qu’ils se positionnaient d’ores et déjà
comme des acteurs importants du modèle économique des productions de contenu canadien en achetant pour leur
plateforme des droits de diffusion de programmes que n’achetaient plus les diffuseurs canadiens eux-mêmes et a
des prix très compétitifs.
Dans le contexte politique actuel canadien, le CRTC, qui a vu cette année à plusieurs reprises ses décisions remises
en cause par le gouvernement (notamment sur des questions touchant à la neutralité d’internet) n’est pas en position
de porter seul ces reformes de fond et fait appel à la mobilisation de l’industrie et aux différents organismes de
représentation des acteurs du marchés pour faire entendre le besoin de reforme. Dans ce sens, une consultation sur
les services de programmation alternatifs du système canadien de radiodiffusion est actuellement en cours.
Erika Denis