SYNDROMES « REINS-OREILLES » : ASPECTS CLINIQUES
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SYNDROMES « REINS-OREILLES » : ASPECTS CLINIQUES
SYNDROMES « REINS-OREILLES » : ASPECTS CLINIQUES par N. BIEBUYCK, G. DE SCHOENMAKERE, R. SALOMON* L’atteinte auditive est fréquente dans de nombreuses néphropathies héréditaires : syndrome B.O.R., syndrome d’Alport, maladie de Fabry, cytopathie mitochondriale etc. Toutes les structures de l’oreille peuvent être impliquées. La sévérité de l’atteinte auditive est très variable, parfois discrète elle ne sera détectée que par la réalisation d’un audiogramme, ou au contraire évidente, responsable d’une surdité profonde. Nous mentionnerons dans ce chapitre quelques maladies au cours desquelles une néphropathie peut être associée à une atteinte auditive, en indiquant lorsqu’ils sont connus, les mécanismes pathogéniques qui permettent de comprendre de telles associations. Certaines tubulopathies peuvent être associées à une surdité notamment certaines acidoses tubulaires distales et une forme particulière de syndrome de Bartter avec insuffisance rénale. Ces pathologies sont traitées dans un autre chapitre, elles sont indiquées dans le tableau I. ANOMALIES DU DÉVELOPPEMENT DU REIN ET DE L’OREILLE L’atteinte simultanée du rein et de l’oreille suggère des similitudes structurelles ou fonctionnelles entre ces deux organes, ou encore des étapes communes au cours du développement embryonnaire. Ces dernières années ont été marquées par la découverte de nombreux gènes impliqués dans le développement de l’oreille d’une part, et dans celui du rein d’autre part. Certains de ces gènes participent à la fois au développement des deux organes. Nous citerons ici l’exemple des gènes EYA1, PAX2 et GATA3, d’autres exemples sont indiqués dans le tableau II. * Service de Néphrologie pédiatrique, Hôpital Necker Enfants-Malades, Paris. FLAMMARION MÉDECINE-SCIENCES — ACTUALITÉS NÉPHROLOGIQUES 2003 259 730 Plusieurs déficits de la chaîne respiratoire mitochondriale peuvent être responsables d’une tubulopathie et d’une atteinte auditive, le plus souvent en association avec l’atteinte d’autres organes (voir texte et chapitre précédents). Cytopathies mitochondriales Acidose tubulaire de type 1 Abaissement du TmPh, néphrocalcinose Surdité de perception Surdité de perception Retard mental possible, ostéosclérose, compression du nerf optique, retard de croissance Rachitisme, défaut d’absorption intestinale du phosphore Retard mental, dysmorphie faciale 8q22 Xp22 1p31 AR AR Carbonic anhydrase type II PHEX Barttin ATP6B1 Ostéopétrose avec acidose tubulaire GÈNE 307 810 Surdité de perception AR HÉRÉDITÉ Hypophosphatémie héréditaire Néphrocalcinose, hypokaliémie, perte de sel, trouble de concentration, insuffisance rénale 2q13 LOCUS 602 522 Surdité de perception ORGANES Bartter type IV Acidose distale, néphrocalcinose AUTRES 267 300 OREILLE Acidose distale type I REIN OMIM POUVANT ÊTRE ASSOCIÉES À UNE SURDITÉ (POUR PLUS DE DÉTAILS VOIR LE CHAPITRE PRÉCÉDENT) SYNDROME TABLEAU I. — TUBULOPATHIES 164 N. BIEBUYCK ET COLL. SYNDROMES « REINS-OREILLES » : ASPECTS CLINIQUES 165 Syndrome branchio-oto-rénal (BOR) L’association d’une surdité et de fistules branchio-cervicales est connue depuis plus d’un siècle. La description plus récente par Melnick et Fraser d’anomalies rénales chez certains patients caractérise le syndrome BOR (BranchioOto-Rénal). La surdité peut être de transmission (30 p. 100), de perception (20 p. 100) ou mixte (50 p. 100). Des anomalies de l’oreille externe et des pertuis pré-auriculaires sont fréquents, des fistules et des kystes cervicaux sont la conséquence d’une anomalie de fermeture des arcs branchiaux. Différentes anomalies rénales sont rencontrées, telles qu’une hypoplasie, une dysplasie ou une agénésie rénale mais également des anomalies de l’arbre urinaire telles qu’un reflux vésico-urétéral ou un syndrome de la jonction pyélo-urétérale [1]. Le gène responsable est localisé sur le chromosome 8q13, il code pour une protéine EYA1 dont la fonction n’est pas encore élucidée (voir chapitre précédent). La transmission du syndrome BOR se fait selon un mode autosomique dominant avec une pénétrance incomplète et une expressivité variable. Certains patients n’ont qu’une surdité, d’autres des pertuis pré-auriculaires, chez d’autres enfin l’anomalie rénale apparaît isolée. Des mutations du gène EYA1 sont retrouvées dans 50 p. 100 des cas [2], mais il peut y avoir des remaniements plus complexes du gène plus difficiles à mettre en évidence [3]. Les mutations EYA1 sont présentes chez environ 2 p. 100 des sujets sourds. Leur fréquence, lorsque l’anomalie rénale apparaît isolée, n’est pas connue. L’examen clinique doit être méticuleux pour ne pas méconnaître des fistules cervicales ou des anomalies discrètes de l’oreille externe. Seule la réalisation d’un audiogramme permettra le dépistage d’une hypo-acousie modérée. L’échographie rénale chez les sujets malentendants pourrait également être justifiée. Dans tous les cas, l’enquête familiale est essentielle. Syndrome rein-colobome Le gène codant pour le facteur de transcription PAX2 est exprimé dès les stades les plus précoces du développement rénal au cours de la quatrième semaine de gestation, et au même moment dans les vésicules otique et optique et dans le cerveau postérieur. Les mutations du gène PAX2 chez la souris s’accompagnent d’une agénésie rénale et d’anomalies rétiniennes [4]. Ces souris ne présentent a priori pas d’anomalies cérébrales, ni auditives. Chez l’homme, le syndrome rein-colobome à transmission autosomique dominante, désigne l’association d’un colobome du nerf optique ou d’une dysplasie de la papille à une hypoplasie rénale et parfois à un reflux vésico-urétéréral [5]. Des mutations de PAX2 ont été mises en évidence dans la moitié des cas environ [6, 7]. Aucune surdité profonde n’a été rapportée, mais une hypo-acousie modérée a été décrite justifiant la réalisation d’un audiogramme chez ces patients [7]. Syndrome « hypoparathyroidism-deafness-renal anomalies » (HDR) La découverte récente du gène responsable du syndrome HDR découle de l’analyse de patients ayant un syndrome de Di George (MIM 188 400) [8]. Ces patients ont des anomalies du développement des organes dérivés des 3e et 4e arcs 166 N. BIEBUYCK ET COLL. branchiaux (glandes parathyroïdes, thymus, structures cardiaques conotroncales). La plupart des cas sont associés à des microdélétions du chromosome 22q11. Chez quelques patients une délétion du chromosome 10p a été mise en évidence. Les délétions terminales du chromosome 10 sont associées à une hypoparathyroïdie, une surdité et une dysplasie rénale (syndrome HDR), alors que des délétions interstitielles de la région 10p13-14 sont associées à des malformations cardiaques et à un déficit immunitaire. La recherche de mutations dans les gènes exprimés dans la région chromosomique délétée a permis d’identifier le gène responsable qui code pour un facteur de transcription GATA3 dont le rôle durant l’embryogenèse est connu [9]. L’anomalie rénale rencontrée dans le syndrome HDR peut être un reflux vésico-urétéral, une dysplasie rénale, une agénésie rénale. La transmission se fait de façon dominante, l’expression du phénotype pour une même mutation peut être différente. Syndrome d’Alström Le syndrome d’Alström à transmission autosomique récessive est caractérisé par une atteinte multiviscérale et des anomalies métaboliques et endocriniennes. Durant les premières années de la vie, apparaît une dégénérescence rétinienne, une surdité de perception, une obésité et un acanthosis nigricans. Au cours des deuxième et troisième décennies, un diabète peut apparaître ainsi qu’une néphropathie chronique, un hypogonadisme, une hypothyroïdie et une hépatopathie. Contrairement au syndrome de Bardet-Biedl qui associe aussi une rétinopathie, une obésité et une atteinte rénale, il n’y a pas d’hypogénitalisme ni de polydactylie dans le syndrome d’Alstöm. Le gène responsable ALMS1 a été récemment identifié [10]. Anomalies de l’oreille externe et malformations rénales Les excroissances cutanées et les pertuis péri-auriculaires sont des anomalies mineures fréquentes (5 à 6 pour 1 000 naissances). De la même manière, des anomalies rénales le plus souvent mineures telles la duplicité urétérale et le reflux vésico-urétéral ont une fréquence élevée dans la population générale, estimée entre 1 et 3 p. 100 des naissances. Cette fréquence semble être sensiblement plus élevée lorsqu’il existe une anomalie de l’oreille externe. Ainsi, dans une étude récente l’échographie rénale réalisée chez 70 sujets ayant une anomalie de l’oreille externe isolée n’était pas normale dans 6 cas (8,6 p. 100) révélant l’existence d’un reflux vésico-urétéral ou d’un syndrome de la jonction pyélo-urétérale [11]. Le risque pour un enfant de mère diabétique d’avoir une malformation est directement lié aux effets tératogènes sur de nombreux organes de l’hyperglycémie. Le risque augmente lorsque le diabète maternel est mal équilibré. Des anomalies du développement des deux premiers arcs branchiaux sont notamment retrouvés avec une fréquence accrue chez les nouveau-nés de mères diabétiques [12]. Des anomalies de l’oreille externe doivent faire rechercher une surdité, des anomalies vertébrales, cardiaques ou rénales surtout si elles sont associées à une asymétrie faciale. Ce spectre de malformations est dénommé syndrome oculo-auriculo-vertébral ou syndrome de Goldenhar. SYNDROMES « REINS-OREILLES » : ASPECTS CLINIQUES 167 Autres syndromes Les syndromes malformatifs qui peuvent comporter une atteinte rénale et auditive sont très nombreux, le tableau II en donne quelques exemples en indiquant le gène responsable lorsqu’il est connu. Pour plus de renseignements, le lecteur est invité à consulter les bases de données accessibles sur Internet [13]. SYNDROME DE VON HIPPEL LINDAU Le syndrome de von Hippel Lindau (VHL) associe des tumeurs d’origine vasculaire du système nerveux central (hémangioblastome) et d’autres organes, des carcinomes et des kystes rénaux, des phéochromocytomes… Une hypo-acousie, des acouphènes ou un vertige doivent faire rechercher une tumeur du sac endolymphatique. Il s’agit d’un adénocarcinome de bas grade développé à partir du système vestibulaire endolymphatique très rare dans la population générale, mais présent dans environ 5 à 10 p. 100 des cas de VHL. Dans une étude rétrospective portant sur 374 IRM cérébrales de dépistage, une tumeur du sac endolymphatique était présente chez 13 sujets qui tous avaient un VHL. L’hypo-acousie était le premier symptôme du VHL dans 8 cas. Par ailleurs, 43 des 66 patients admis pour dépistage d’un VHL durant l’étude avaient une baisse du seuil auditif sur l’audiogramme, mais une tumeur du sac endolymphatique n’était présente que chez 3 patients [14]. SYNDROME D’ALPORT ET ANOMALIES PLAQUETTAIRES Syndrome d’Alport En 1927, Alport [15] rapporte pour la première fois l’association d’une surdité à une forme d’atteinte rénale avec hématurie survenant chez plusieurs générations d’une même famille. Un déficit auditif est observé chez la majorité des patients présentant un syndrome d’Alport (SA) lié à l’X. C’est l’atteinte extrarénale la plus fréquente. Cette perte d’audition n’est jamais congénitale et peut devenir apparente pendant la première décennie de vie ou pendant l’adolescence, surtout chez les garçons [16]. Au stade précoce de la maladie, l’atteinte auditive n’est détectable que par la réalisation d’un audiogramme. Les résultats des tests d’audiométrie mettent en évidence une atteinte neurosensorielle au niveau de la cochlée. Ils montrent une atteinte bilatérale en général symétrique, avec réduction de la sensibilité aux sons d’une fréquence de 2 000 à 8 000 Hz. Chez les individus atteints, de sexe masculin, ce déficit est progressif et peut même s’étendre aux autres fréquences dont celles de la conversation avec une évolution vers la surdité. Chez les femmes avec un SA lié à l’X, le déficit auditif est moins marqué et apparaît de façon plus tardive [17]. Il a été montré des anomalies d’audition chez toutes les femmes porteuses obligatoires du SA lié à l’X lors de la réalisation de tests auditifs très sensibles et d’audioscanners [18]. Certains individus peuvent présenter des troubles de l’équilibre et des vertiges, signes d’une atteinte vestibulaire et des anomalies lors des tests d’équilibre peuvent êtres mises en évidence [19]. La véritable AUTRES ORGANES MOE, surdité mixte Colobome, ? cardiopathie, atrésie des choanes, retard de croissance, retard mental, hypoplasie génitale… Reins en fer à cheval, hydronéphrose (15-25 p. 100) CHARGE 214 800 Hypoplasie, dysplasie, anomalies Surdité de perception Fistules et kystes de l’arbre urinaire diverses et de transmission cervico-branchiaux 8q13 11p15 MOE Avance staturale, omphalocèle, macroglossie, hémihypertrophie… Xq22 18q11 2p13 Xq22, 2q36 spor. AD GÈNE Alphagalactosidase Transthyrétine ALMS1 Collagène de type IV ? EYA1 complexe ? X AD AR X, AR LOCUS HÉRÉDITÉ PLUS DE DÉTAILS SE REPORTER À LA Sudirté de perception Cœur, peau, système nerveux, intestin… Surdité de perception Amylose Surdité de perception Diabète, obésité, acanthosis, rétinite pigmentaire Surdité de perception Leuticône (œil) OREILLE Branchio113 650 otorenal dysplasia (BOR) 130 650 Néphromégalie, anomalies des tubes collecteurs, kystes, néphroblastome Amylose rénale BeckwithWiedemann 176 300 Amylose type 1 Néphropathie glomérulaire Accumulation de glycosphingolipides, insuff. rénale 203 800 Alström Anomalies de la membrane basale glomérulaire REIN Anderson-Fabry 301 500 301 050 203 780 OMIM* Alport SYNDROME TABLEAU II. — EXEMPLES DE SYNDROMES ASSOCIANT UNE ATTEINTE RÉNALE ET UNE ATTEINTE DE L’OREILLE. POUR BASE OMIM SUR INTERNET [13]*, SPOR. : SPORADIQUE , MOE : MALFORMATIONS DE L’OREILLE EXTERNE 168 N. BIEBUYCK ET COLL. 266 500 120 330 Refsum Rein-Colobome AUTRES ORGANES Asymétrie faciale, cardiopathie, vertèbres, retard mental Colobome Surdité de perception Rétinite pigmentaire, ataxie, ichtiose, dysplasie épiphysaire… Surdité de perception Urticaire Surdité de perception, Imperforation anale, MOE cardiopathie, hypospade, anomalies radiales… Surdité de perception Hypoparathyroïdie MOE, surdité de perception 10q24 10pter 1q44 16q12 10p15 14q32 AD AR AD AD AD spor. AD LOCUS HÉRÉDITÉ Surdité de perception Macrothrombocytopénie 22q11 OREILLE Hypoplasie rénale, reflux vésico- Hypo-acousie urétéral de perception Vacuolisation des cellules tubulaires, sclérose mésangiale Amylose rénale 191 900 Dysplasie rénale Muckle-Wells 146 255 HDR Ectopie ou agénésie rénale, kystes Dysplasie rénale, reflux vésicourétéral, valves de l’urètre (27 p. 100) 164 210 Oculoauriculovertébral (Goldenhar) Anomalies de la membrane basale glomérulaire REIN Townes-Brocks 153 640 OMIM* Fechtner SYNDROME TABLEAU II — (suite) PAX2 PHYH CIAS1 SALL1 GATA3 ? MYH9 GÈNE SYNDROMES « REINS-OREILLES » : ASPECTS CLINIQUES 169 170 N. BIEBUYCK ET COLL. prévalence de l’atteinte auditive dans les familles présentant un SA est difficile à établir en l’absence d’étude systématique de l’audition. Dans une étude portant sur 195 familles avec un SA lié à l’X [20], une atteinte auditive était notée chez 82,5 p. 100 des 189 familles testées, 79 p. 100 des patients de sexe masculin présentaient un déficit auditif. La probabilité de développer une atteinte auditive avant l’âge de 30 ans dépend du type de la mutation COL4A5. Le risque est de 60 p. 100 chez les patients présentant une mutation faux sens alors qu’il atteint 90 p. 100 pour toutes les autres mutations décrites. L’audition peut rester normale jusqu’à l’âge de 50 ans chez certains patients présentant une mutation faux sens. Dans les formes autosomiques récessives du SA liées à des mutations des gènes COL4A3 et COL4A4, l’atteinte auditive est également fréquente [21]. L’étude de 6 familles avec SA de transmission autosomique récessive montre 1a présence d’une surdité chez 10 des 11 individus atteints [22]. Par contre, aucun des 28 porteurs identifiés ne présentent de surdité. Enfin, dans les formes autosomiques dominantes du SA, il y a peu de données cliniques et un cas de surdité est rapporté dans une famille avec 7 individus atteints [23]. Les deux modèles canins, bull terriers et dalmatiens, atteints d’un SA à transmission autosomique dominante ne présentent pas de surdité [24, 25]. En contraste avec les progrès importants réalisés ces dernières années dans la compréhension de l’atteinte glomérulaire du SA, le mécanisme de la perte d’audition reste peu compris. La possibilité d’une ototoxicité des toxines urémiques avait été initialement évoquée [26, 27]. Une perte du réseau des chaînes α3, α4 et α5 du collagène IV au niveau de la cochlée analogue à celle observée dans la membrane basale glomérulaire semble être la meilleure hypothèse. Les seuls modèles animaux dont l’oreille interne a été examinée sont la souris invalidée pour le gène COL4A3 [28] et le chien samoyède avec glomérulonéphrite liée à l’X [29]. Curieusement ces animaux ne sont pas sourds même si quelques souris ont une légère augmentation du seuil d’audition en vieillissant. Les souris invalidées pour le gène COL4A3 présentent une glomérulonéphrite progressive très semblable à celle observée chez l’homme atteint d’un SA. L’étude en immunofluorescence de la cochlée de ces souris invalidées montre l’absence des chaînes α3, α4 et α5 normalement présentes dans la membrane basale qui s’étend du limbe au bourrelet en passant par le sillon spiral interne et externe via la membrane basilaire. En microscopie électronique la lamina densa est amincie. La membrane basale autour des vaisseaux de la strie vasculaire est épaissie alors qu’elle est amincie au niveau des vaisseaux du ligament spiral, à quelques microns de la strie vasculaire. Ces anomalies observées dans ces deux régions de la cochlée pourraient expliquer le déficit auditif observé dans le syndrome d’Alport [30]. L’étude de la cochlée du chien samoyède porteur d’une mutation du gène COL4A5 montre une absence des chaînes α3, α4 et α5 du collagène IV au niveau du ligament spiral sans modifications des chaînes α1 et α2 [29]. Cette région pourrait être impliquée dans le déficit auditif du syndrome d’Alport. Thrombocytopénies à plaquettes géantes Les syndromes de Fechtner, d’Epstein et ce qui était anciennement appelé le syndrome d’Alport avec plaquettes géantes à transmission autosomique dominante sont caractérisés par l’association à l’atteinte glomérulaire d’une thrombocyto- SYNDROMES « REINS-OREILLES » : ASPECTS CLINIQUES 171 pénie avec plaquettes géantes, d’inclusions leucocytaires dans certains cas, d’une surdité neurosensorielle et parfois d’une atteinte oculaire. Le syndrome de Sebastian et la maladie de May-Hegglin désignent les anomalies hématologiques lorsqu’elles sont isolées. Une mutation dans le gène MYH9 localisé sur le chromosome 22q et codant pour une chaîne lourde de la myosine non-musculaire de classe IIA a été mise en évidence pour tous ces syndromes [31]. Une mutation faux sens de MYH9 a également été mise en évidence dans des cas de surdité isolée [32]. MYH9 est exprimé dans le rein fœtal humain au niveau des podocytes mais aussi dans les cellules endothéliales des capillaires péritubulaires et tubulaires. Dans le rein adulte, l’expression de MYH9 est restreinte aux podocytes [33]. Au niveau de l’oreille interne, chez la souris et le chien samoyède, la myosine IIA est présente dans la région du ligament spiral de la cochlée confirmant l’idée que cette région joue un rôle important dans l’audition à haute fréquence [29]. MALADIES MÉTABOLIQUES AFFECTANT LE REIN ET L’OREILLE Maladie d’Anderson-Fabry La maladie d’Anderson-Fabry (OMIM 301 500) [34, 35] est une maladie liée à l’X due à un déficit en alpha-galactosidase. Il en résulte une accumulation de glycosphyngolipides essentiellement dans les cellules endothéliales mais aussi au niveau du rein dans les podocytes et dans les cellules myocardiques. Les hommes porteurs de la mutation sont malades, les femmes hémizygotes peuvent être totalement asymptomatiques ou présenter quelques signes de la maladie. D’un point de vue clinique, différents organes peuvent être concernés : le cœur, la peau, le système nerveux central ou périphérique, l’intestin, l’œil etc.… [36, 37]. L’atteinte rénale dans la maladie d’Anderson-Fabry (MAF) [38, 39] se caractérise par l’apparition d’une protéinurie en général modérée, puis par une évolution vers l’insuffisance rénale qui arrive au stade terminal en général durant la cinquième décade. L’accumulation de glycosphyngolipides dans les podocytes et les cellules endothéliales est vraisemblablement responsable de l’insuffisance rénale. L’observation d’infiltration massive des podocytes chez des femmes porteuses asymptomatiques suggère que l’insuffisance rénale est davantage liée à l’atteinte des cellules endothéliales. L’atteinte de l’audition dans la MAF a été peu étudiée. MacDermot [40] rapporte une perte de l’audition dans les hautes fréquences chez 78 p. 100 des patients. Une étude récente décrit bien l’atteinte auditive dans cette maladie : 52 p. 100 des patients hommes (n = 22) ont une plainte subjective (perte de l’audition, acouphènes, surdité brutale). 82 p. 100 des patients ont au moins deux seuils d’auditions au dessus du 95e percentile pour des fréquences variant entre 0,5 et 4 kHz [41]. Selon les deux seules études anatomo-pathologiques de l’appareil auditif publiées, l’origine de la perte de l’audition serait secondaire au dépôt de glycosphyngolipides dans l’oreille interne au niveau de la strie vascularis et des cellules ganglionnaires. Ainsi, il semble comme cela a été suggéré pour l’atteinte rénale que l’atteinte vasculaire jouerait un rôle important dans la perte de l’audition. Le traitement de la MAF par substitution enzymatique par voie veineuse est proposé depuis quelques mois [42, 43]. Les premiers résultats montrent un ralentissement 172 N. BIEBUYCK ET COLL. de la progression de l’insuffisance rénale et une réduction de l’hypertrophie myocardique [44 et données non publiées]. L’amélioration de l’audition sous ce traitement reste à prouver. Syndrome de Muckle-Wells Le syndrome de Muckle-Wells (OMIM 191 900) est une maladie inflammatoire en rapport avec des mutations dans le gène CIAS1 localisé sur le chromosome 1q44 codant une protéine impliquée dans la régulation de la réponse inflammatoire : la cryopyrine [45]. Le domaine pyrine de cette protéine en interagissant avec CAS contrôle l’apoptose et active le facteur de transcription NF-kappaB, élément clé des processus de l’inflammation. La maladie se caractérise par des accès de fièvre, un urticaire, une surdité de perception et une amylose. La transmission se fait selon un mode autosomique dominant [46]. L’atteinte rénale secondaire à l’amylose AA, se traduit par une protéinurie souvent néphrotique et par une évolution vers l’insuffisance rénale. L’atteinte auditive est caractérisée par une surdité de perception progressive. Les mécanismes de cette surdité n’ont pas été élucidés jusqu’à présent. Amylose et mutations de la transthyrétine La transthyrétine est une protéine de transport qui maintient les taux circulants de rétinol, de retinol-binding-protein et des hormones thyroïdiennes [47]. De nombreuses mutations responsables de différentes formes d’amyloses ont été décrites, le plus souvent transmises selon un mode autosomique dominant. La distribution et la caractérisation des dépôts amyloïdes dans le rein ont été récemment décrits : tous les patients étudiés (n = 14) avaient des dépôts prédominants dans la médullaire, seuls la moitié des patients avaient une micro-albuminurie ou une protéinurie [48]. La surdité de perception associée aux mutations de la transthyrétine est mal définie, et son origine n’est pas encore clarifiée [49, 50]. Maladie de Refsum La maladie de Refsum (OMIM 266 500) est caractérisée par l’accumulation dans les tissus d’acide phytanique qui n’est plus métabolisé chez les patients par la phytanoyl-CoA hydroxylase. Cet acide aminé branché est entièrement d’origine exogène. Des mutations dans le gène codant pour cette enzyme ont été identifiées chez les patients. Le tableau clinique est dominé par une rétinite pigmentaire, une polynévrite et un syndrome cérébelleux. Une ichtyose, une surdité neurosensorielle et des modifications de l’électrocardiogramme sont courantes. L’atteinte rénale est caractérisée sur le plan histologique par une vacuolisation des cellules tubulaires et des cellules épithéliales glomérulaires sur le versant viscéral et une sclérose mésangiale légère ou modérée [51]. L’examen en microscopie électronique révèle des inclusions de plusieurs types dans les cellules tubulaires : des corps denses, des vacuoles lipidiques simples ou complexes et des structures particulières composées de microtubules quandragulaires avec un côté mesurant 400 Angström, rarement rencontrés en pathologie rénale. Ces éléments denses, dépourvus de membranes sont souvent en contact avec les vacuoles lipidiques, ils sont essen- SYNDROMES « REINS-OREILLES » : ASPECTS CLINIQUES 173 tiellement retrouvés dans les cellules du tube contourné distal et dans l’anse de Henle [52, 53]. Bien que le mécanisme de la surdité dans la maladie de Refsum ne soit pas connu, on suppose qu’il existe une anomalie fonctionnelle de la cochlée. Maladies mitochondriales Un certain nombre de maladies liées à un défaut de fonctionnement de la chaîne respiratoire mitochondriale peuvent conduire à une hypo-acousie voire à une surdité, celle-ci peut-être isolée ou associée à l’atteinte d’autres organes en particulier du rein. Les mutations peuvent siéger sur l’ADN nucléaire ou sur l’ADN mitochondrial, avec dans ce dernier cas, une transmission maternelle du trait morbide. Chez l’enfant, une néphropathie peut être associée à différentes anomalies génétiques, alors que chez l’adulte, la mutation 3243A → G (mutation « MELAS ») sur l’ADN mitochondrial est le plus souvent en cause. Elle s’accompagne en général d’une surdité de perception précoce et d’un diabète [54]. L’atteinte auditive si elle est modérée peut être méconnue [55]. L’atteinte rénale peut être au début isolée, ou au contraire survenir plusieurs années après le diabète et la surdité. Sur 54 patients porteurs dune mutation 3243A → G associée à un diabète et une surdité, 28 p. 100 avaient aussi une néphropathie [56]. 21 cas de néphropathies ont été rapportés dans la littérature [57]. L’âge moyen au moment du diagnostic est de 32 ans, il existe une prédominance de femmes atteintes (17/21). Le plus souvent, la biopsie montre des lésions de hyalinose segmentaire et focale et des lésions des cellules musculaires lisses au niveau des artérioles afférentes qui peuvent être le siège par endroit de dépôts hyalins témoins d’une nécrose ou apoptose de ces cellules [58, 59]. Quelques cas de fibrose interstitielle ont été rapportés, de même que des kystes semblables à ceux de la polykystose dominante dans 4 cas [57]. Une atteinte neuromusculaire, une cardiomyopathie et une dystrophie maculaire peuvent être associés à des degrés variables. BIBLIOGRAPHIE 1. MELNICK M, BIXLER D, SILK K et al. Autosomal dominant branchio-otorenal dysplasia. Birth Defects, 1975, 11, 121-128. 2. 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