La Côte d`Azur
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La Côte d`Azur
La Côte d’Azur d’hyères à menton Urbanisation et environnement Le regard des délégués VMF grands domaines du Hervé de Fontmichel 18, rue de l’Amiralde-Grasse 06130 Grasse Tél. : 04 93 36 37 14 et 06 81 26 22 67 Courriel : defontmichel. [email protected] Issu d’une vieille famille provençale, Hervé de Fontmichel a pris récemment la tête de la délégation des AlpesMaritimes. Élu durant trente-six ans, il a pu observer de près les mutations qui affectent son département. En matière d’urbanisme, quelles sont les évolutions qui caractérisent la Côte d’Azur ? La construction a explosé sur le littoral, de Menton à Théoule. Entre Nice et la frontière du département du Var, nous nous trouvons en présence d’une agglomération continue. Dans le moyen pays, où existaient encore de nombreuses réserves foncières, la construction s’est également massivement développée dans la zone transversale Vence/Grasse/ Peymeinade. Sur le littoral, l’urbanisation massive a pris son envol à partir de 1950. Elle a conduit à une surdensification qui a détruit la plupart des 66 mars 2011 • n° 236 Dans le moyen pays, le mouvement d’urbanisation qui s’accélère aujourd’hui provoque un affaiblissement dommageable de l’environnement et la disparition aberrante de l’activité horticole et maraîchère. En revanche, la zone montagneuse est correctement protégée par la réglementation publique et semble hors d’atteinte. Comment expliquer ce phénomène ? Le monde entier désire venir sur la Côte d’Azur, ce qui alimente une pression foncière puissante. Reconnaissons que ni l’État ni les collectivités territoriales n’ont su prendre le risque politique de protéger suffisamment les espaces naturels. Sauf exception, la constitution de réserves foncières publiques a été ignorée. Le bilan est-il entièrement négatif ? Non, car les centres historiques de villes et la plupart des villages ont été remarquablement protégés par les pouvoirs publics. Le département compte en outre deux secteurs sauvegardés, l’un à Nice, l’autre à Grasse, ce qui démontre que la dimension patrimoniale est prise en compte. Même s’il y a probablement des progrès à accomplir encore en ce domaine, les Michel Vialle xixe siècle et leurs parcs. autorités de la Drac et des Bâtiments de France, les responsables politiques, économiques et associatifs, sont aujourd’hui plus attentifs et motivés. L’action des VMF s’inscrit dans ce combat. Jean de Giraud d’Agay Domaine du château d’Agay 83530 Agay Tél. : 04 94 82 00 22 Courriel : vmf83@ vmfpatrimoine.org Jean de Giraud d’Agay, délégué du Var et ancien adjoint au maire de Saint-Raphaël, habite, à Agay, la propriété entrée dans sa famille au xvie siècle. Il porte un regard nuancé sur les métamorphoses d’un territoire qu’il a vu évoluer depuis son enfance. Comment s’est développée la côte varoise ? Avec l’arrivée du chemin de fer dans les années 1860, la région a accueilli des Anglais, des Russes et des personnes qui venaient se soigner sur la Côte. Il s’agissait d’un tourisme hivernal, mais, à partir de la guerre de 1914, la saison s’est orientée peu à peu vers l’été. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, on assiste à une urbanisation débridée qui concerne tout le littoral, de Toulon à Menton, mais qui gagne également les collines. Sur le littoral, la pression immobilière n’est pas due simplement au tourisme : désormais, elle est aussi le fait de l’installation d’une population de résidents permanents. Lorsque j’allais au collège à Saint-Raphaël, la ville comptait 9 000 habitants. On en dénombre 40 000 aujourd’hui, avec les problématiques, en termes d’équipements et d’aménagement, que l’on peut imaginer. Quel a été l’impact de cette urbanisation sur le patrimoine datant du xxe siècle ? Les grandes villas, entourées de parcs plantés de palmiers, qui contribuaient au charme de la Côte, n’ont pas nécessairement disparu, mais elles sont cernées de barres d’immeubles. Elles constituent de toute façon un patrimoine fragile, car leur taille implique de très lourdes charges d’entretien. De surcroît, le coût du foncier complique i Un programme immobilier intégrant la villa Maris-Stella (datée vers 1889) en cours de réalisation à Hyères. les successions, ce qui conduit dans un certain nombre de cas à détruire pour lotir. Êtes-vous optimiste pour l’avenir ? L’état d’esprit a changé, mais l’attention portée à l’environnement et au patrimoine dépend de la sensibilité des élus. Le bilan est donc assez contrasté : la municipalité de Fréjus a eu la bonne idée de racheter les terrains de la base aéronavale, qui représentent plusieurs centaines d’hectares, pour aménager une base de loisirs en bord de mer, empêchant ainsi l’urbanisation de tout un cordon littoral. Mais près de chez moi, à Agay même, où l’urbanisation était jusqu’à présent restée convenable, on vient de construire, près de la rivière, tout une série d’immeubles qui n’ont pas leur place dans ce contexte. Avec la loi Littoral, le classement de l’Estérel et les espaces boisés classés, l’urbanisation tous azimuts a quand même été freinée. p Propos recueillis par Jean-Baptiste Rendu