BUDAPESTI GAZDASÁGI FŐISKOLA KÜLKERESKEDELMI
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BUDAPESTI GAZDASÁGI FŐISKOLA KÜLKERESKEDELMI FŐISKOLAI KAR NEMZETKÖZI KOMMUNIKÁCIÓ SZAK nappali tagozat Francia szakfordító és tolmács szakirány LES RELATIONS CULTURELLES FRANCO-HONGROISES DU DÉBUT DU XX° SIÈCLE JUSQU’À NOS JOURS Készítette: Gerendás Adrienn Budapest, 2007. Table des matières Table des matières ......................................................................................................2 Introduction......................................................................................................................4 Des relations séculaires ...................................................................................................5 Relations franco-hongroises au Moyen-Âge.............................................................5 Relations sous la domination turque et autrichienne ..............................................8 De la révolution hongroise jusqu’à la première guerre mondiale..........................8 Après le Trianon .........................................................................................................9 La deuxième guerre mondiale et ses conséquences................................................11 L’impact de la révolution de 1956 en France .........................................................15 L’époque du kadarisme............................................................................................17 Le changement de régime et le nouvel élan des relations......................................18 L’enseignement du français en Hongrie .................................................................20 Les revues en langue française en Hongrie ............................................................23 Institutions et associations.............................................................................................27 Ambassade de France en Hongrie...........................................................................27 Le Collège Eötvös......................................................................................................30 Chambre de Commerce et d’Industrie franco-hongroise (CCIFH) ....................32 Les Alliances Françaises en Hongrie.......................................................................33 Institut Hongrois de Paris ........................................................................................34 Association France-Hongrie.....................................................................................37 Le Lycée français de Budapest ................................................................................39 L’Institut Français de Hongrie................................................................................40 L’évolution de la situation de l’Institut pendant le régime socialiste ............................................... 40 Après le changement de régime ....................................................................................................... 43 Programmes et bourses de l’Institut ................................................................................................. 43 Le Centre Interuniversitaire d’Etudes Hongroises (CIEH) .................................43 Le Centre Interuniversitaire d’Etudes Françaises (CIEF) ...................................45 Fondation franco-hongroise pour la jeunesse ........................................................46 L’Association Hongroise des Professeurs de Français (AHEF) ...........................47 L’Association Musicale Franco-Hongroise ............................................................47 Organisations, événements franco-hongrois ................................................................48 MAGYart...................................................................................................................48 FranciArt ...................................................................................................................49 2 Année économique de la Hongrie en France ..........................................................50 2007-2008, Année Economique de la France en Hongrie......................................51 Sondage d’opinion parmi les Hongrois concernant la culture française....................53 Résultat ......................................................................................................................53 Conclusion......................................................................................................................57 Bibliographie..................................................................................................................59 Annexe............................................................................................................................62 3 Introduction Au cours des dernières années, on m’a plusieurs fois demandé pourquoi je m’intéressais autant à la langue et à la culture françaises. Je balbutiais quelques mots, mais en fait, n’arrivais pas à répondre avec précision. Aujourd’hui encore. Ce qui est sûr, c’est que cette culture et cette langue, reconnues dans le monde entier par leur richesse, m’ont séduite à l’image des grands écrivains, poètes, peintres de ce pays, des modèles pour bon nombre d’intellectuels et d’artistes des 5 continents. De toujours, les relations entre la France et la Hongrie ont été riches. Elles datent de l’époque de la fondation du Royaume de Hongrie, en l’an 1000, en passant par différentes périodes: la Renaissance, les XIX° et XX° siècles. Ces relations ont pris un essort nouveau et déterminant pour les deux pays après la chute du régime communiste. L’arrivée croissante d’investisseurs français en Hongrie a favorisé l’élargissement dans différents domaines des relations et la création d’institutions et d’associations. J’ai choisi ces dernières comme principales références de ma thèse. Cette thèse est constituée de quatre parties. Dans la première, j’aborde les relations franco-hongroises du Moyen-Âge jusqu’à la fin du XIX° siècle puis les examine du début du XX° siècle jusqu’à nos jours. Je consacre un chapitre spécial à l’apparition des revues francophones en Hongrie et à l’enseignement bilingue dans les lycées. Dans la seconde, je présente les principales institutions et associations franco-hongroises à travers leur histoire, leurs objectifs et leurs activités, ceci dans un ordre chronologique. Dans la troisième, je rappelle les principaux événements culturels organisés par les deux pays. Je propose dans la quatrième le résultat et l’analyse d’un sondage d’opinion effectué auprès de jeunes Hongrois sur leur connaissance de la France. Sans aucun doute, ces supports m’ont été vraiment utiles pour présenter, de façon originale, l’histoire passée et actuelle des relations « multicolores » entre la France et la Hongrie. 4 Des relations séculaires Relations franco-hongroises au Moyen-Âge Les relations franco-hongroises remontent au Moyen–Âge. A cette époque, les relations des deux pays étaient notamment caractérisées par des mariages diplomatiques avec les filles des rois ce qui permettait de créer une alliance entre les pays ainsi qu’un renforcement du pouvoir et de l’autorité. C’est la couronne du pape français Sylvestre II offerte au premier roi hongrois, Saint-Étienne, couronne que le pape originaire d’Aurillac avait bénie, qui marque véritablement la première relation entre les deux pays. Le roi hongrois avait demandé la couronne au pape et non à l’empereur germano-romain Otto III car il voulait garder son indépendance et, en cela, suivre l’exemple de Charlemagne qui avait été également couronné par le pape. De plus, le roi Saint-Étienne avait pour épouse Gisèle, fille d’une princesse de la Maison de Bourgogne. Il convient aussi de signaler que les relations entre les deux pays furent par la suite illustrées par le mariage du roi Béla 1er (1060-1063) à Richeza, fille du roi de Pologne, qui avait passé son enfance en Lorraine. Ceci est important car elle était profondément imprégnée de l’esprit de Cluny, à l’époque symbole et référence d’une parfaite moralité. La princesse avait beaucoup de relations en Occident, entre autres, avec Léon IX, évêque de Tours, élu Pape en 1049. Ces relations signifiaient de puissants amis en Occident pour la Hongrie.1 L’expansion de la culture française en Hongrie commença sous le règne du roi Géza II. Celui-ci avait une alliance avec le roi Louis VII, chef de la deuxième croisade, qui passa par la Hongrie. C’est à cette époque que de plus en plus de religieux hongrois commencèrent à étudier à Paris. Le roi Béla III (1182-1196) ne rompit pas avec la tradition francophile avec deux femmes françaises. La première, Agnès Anne de Châtillon, était fille de Raynald Châtillon, « chevalier intrépide », allié du père de Béla III. Elle invita de nombreux cisterciens français en Hongrie, fonda des fondations pieuses et favorisa l’introduction d’ordres religieux. Mais elle mourut très tôt, en 1184, à à peine 30 ans. Après sa mort, le roi Béla III demanda au roi Louis VII en mariage sa fille, Marguerite Capet. Comme le 1 Asztrik Gabriel: Les rapports dynastiques franco-hongrois au moyen-âge, Bp., 1944., p. 8-9., 15. 5 roi hongrois avait un revenu annuel de 40-45 000 marks d’argent, somme considérable à l’époque, Louis VII lui donna son accord.2 La relation des maisons hongroise et française se poursuivit avec le roi André II (1205-1235), sa deuxième épouse étant Yolande de Courtenay. Grâce à elle, de nombreux bâtisseurs français se rendirent en Hongrie dont le célèbre Villard de Honnecourt. Ce dernier séjourna au moins deux fois en Hongrie mais la date de son séjour et ses travaux sont inconnus car presque tous les bâtiments construits au Moyen Âge furent détruits par les Tartars et les Turcs. Néanmoins, on pense que Villard de Honnecourt édifia un monument en l’honneur de la reine hongroise Gertrude en l’abbaye cistercienne de Pilisszentkereszt, près d’Esztergom, et participa à des travaux dans des abbayes et églises à Pécs, Kalocsa, Nagyvárad et Zsámbék...3 La relation entre la Maison d’Anjou et la Hongrie remonte au XIII-ème siècle lorsque Charles II de Naples (1285-1309), neveu du roi Saint Louis IX (1226-1270), petit-fils de Louis VIII (1223-1226), épousa Marie, fille du roi hongrois, Etienne V (1270-1272). Dans le même temps, Isabelle, sœur de Charles II, se maria au roi hongrois, Ladislas IV (1272-1290), surnommé Le Cuman. Ce dernier avait choqué à cause de sa relation étroite avec des Cumins, nomades qui vivaient dans le pays. Ladislas IV s’était opposé aux pratiques catholiques, ce qui avait conduit le pape à l’excommunié à trois reprises. Ladislas IV ne força pas les Cumins à se baptiser mais les obligea, à la demande du pape, à rendre à l’Eglise les territoires que ces derniers avaient pris à celle-ci. Il quitta sa femme Isabelle pour aller vivre avec les Cumins. Il emprisonna Isabelle dans l’île des Lapins au couvent où Sainte Marguerite, fille du roi Béla IV, avait vécu quelques années plus tôt. Ladislas IV chargea sa sœur Élisabeth, supérieure des religieuses, de garder son épouse, pendant qu’il vivait avec sa maîtresse cumine. Par la suite, il se réconcilia avec Isabelle et l’Église. Il fut assassiné en 1290.4 Sa sœur, Marie, eu 14 enfants, dont deux furent couronnés rois. Marie fit construire le couvent Donna Regina à Naples dont les murs sont ornés de fresques à la mémoire de Sainte Elisabeth de Hongrie, sœur de son grand-père. Marie eu un rôle important dans l’histoire hongroise étant le lien entre les Maisons d’Árpád et d’Anjou. Quand le roi, André III, mourut en 1301, c’est Charles Robert 2 Asztrik Gabriel: Les rapports dynastiques franco-hongrois au moyen-âge, Bp., 1944., p. 22-26., Bernard Le Calloc’h: Magyarok Franciaországban, franciák Magyarországon, Vác, 2005., p. 13-14. 3 Bernard Le Calloc’h: Magyarok Franciaországban, franciák Magyarországon, Vác, 2005., p. 19-21; http://home.iae.nl 4 Asztrik Gabriel: Les rapports dynastiques franco-hongrois au moyen-âge, Bp., 1944., p. 36-39.; www.sulinet.hu/eletestudomany/arhiv/1998 6 (1307-1342), son petit-fils, qui lui succéda. La culture des chevaliers se développa sous la dynastie des Anjou. Charles Robert était venu avec l’idéal et les coutumes des chevaliers italiens. C’est ainsi que des tournois furent souvent organisés dans la cour du nouveau roi.5 Charles Robert, fut suivi sur le trône par son fils, Louis le Grand (1342-1382). Celui-ci voulu créer une forte alliance entre la Hongrie et la Maison des Valois; c’est la raison pour laquelle, il proposa Catherine, une de ces filles, à Louis d’Orléans. Ce projet échoua car sa fille mourut prématurément. Mais le projet ne fut pas abandonné et Louis le Grand fiança Marie, son autre fille, à Louis d’Orléans. Mais il n’y eu point de mariage à cause de Sigismond de Luxembourg, ancien fiancé de Marie, qui arrivé en Hongrie avec une puissante armée, épousa Marie malgré l’opposition des parents.6 Sigismond (1382-1402) succéda ainsi à Louis le Grand. Il joua un rôle de médiateur entre la France et l’Angleterre au cours de la guerre de Cent Ans sans succès significatif. Sa politique étrangère était déterminée par l’arrêt de l’expansion des Turcs. En 1395, il demanda l’aide de l’Occident pour attaquer les Turcs. Le pape lui accorda son soutien et une nouvelle croisade fut organisée. Une partie de la cavalerie française y participa grâce à une trève lors de la guerre de Cents Ans. Les Français, ne connaissant pas la tactique des Turcs et ne suivant pas le conseil des Hongrois, subirent une grosse défaite.7 Au cours des années 1470, la politique extérieure de la Hongrie fut caractérisée par un isolement. Le roi Mathias (1458-1490) souhaita une alliance avec la Maison de Bourgogne et Charles le Téméraire, Duc de Bourgogne, rival de la Maison d’Anjou. Mathias voulait une coalition contre l’empereur germano-romain mais il n’obtint pas le succès escompté. Son successeur, le roi Wladislas II (1490-1516) alla dans le sens du projet du roi Mathias ; il épousa Anne de Foix, nièce de l’épouse du roi de France. Buda devint un refuge pour les chevaliers réfugiés de l’Occident qui y restèrent même après le décès de la reine.8 5 Asztrik Gabriel: Les rapports dynastiques franco-hongrois au moyen-âge, Bp., 1944., p. 43.; www.shp.hu/hpc 6 Asztrik Gabriel: Les rapports dynastiques franco-hongrois au moyen-âge, Bp., 1944., p. 53-61. 7 www.lemontree.hu/egyebkép; http://bel.freeweb.hu/erettsegi 8 Asztrik Gabriel: Les rapports dynastiques franco-hongrois au moyen-âge, Bp., 1944., p. 77-79., 82-85. 7 Relations sous la domination turque et autrichienne A cette époque, il y avait deux grands états développés en Europe: les empires turc et germano-romain. Et la Hongrie était positionnée entre les deux ! Le roi de France, François 1er, s’efforca en vain de diminuer le pouvoir germain mais fut capturé par l’empereur Charles-Quint, au cours de la bataille de Pavia en 1525.9 Plus d’un siècle plus tard, en 1664, les magnats hongrois demandèrent une aide à Louis XIV contre Léopold 1er de Habsburg. Le Roi Soleil chargea le diplomate Grémonville, en poste à Vienne, d’être médiateur entre Hongrois et Leopold 1er. Cette médiation évolua selon les intérêts de la politique française pendant quatre ans. Dix ans plus tard, les Hongrois reprirent contact avec Louis XIV au moment de l’insurrection de Thököly. Ils signèrent un traité de coopération militaire en 1676 selon lequel les Hongrois mettaient à disposition un corps d’armée au royaume de France en contrepartie de quoi, Louis XIV versait des subsides. Le traité devait durer quatre ans mais en fait, la collaboration dura une quinzaine d’années entre la France et les insurgés hongrois.10 Les relations des deux pays reprirent en 1705, quand Louis XIV accorda son soutien à François Rákóczi II en finançant 4000 soldats, en mettant à disposition 400 soldats et 86 officiers français et en proposant une aide diplomatique lors de la révolution hongroise. L’alliance avec les Hongrois fut, à plusieurs égards, bénéfique pour Louis XIV. En effet, plusieurs régiments de hussards l’aidèrent. L’idée des régiments hongrois en France venait du Cardinal Richelieu qui s’était inspiré de l’organisation de la cavalerie hongroise dès 1635. Le nombre de ces régiments augmenta au début du XVIIIe siècle. Durant cette période, il y avait 2000 hussards en France, dont Ladislas Berchényi, devenu maréchal de France.11 De la révolution hongroise jusqu’à la première guerre mondiale Avant tout, rappelons que 1789 avait ébranlé l’Europe. Dès lors, tout ce qui venait de France était considéré avec une attention particulière. A commencer par 9 Louis Nékám: Les efforts culturels de la Hongrie de 896 à 1935, Comité central des stations balnéaires, thermales et climatiques de Budapest, 1935. 10 Philippe Roy: Thököly et la France in Marie Payet et Ferenc Tóth: Mille ans de contacts, Département de français de l’Ecole Supérieure Dániel Berzsenyi, Szombathely, 2001, p. 23-29. 11 Béla Köpeczi: François II Rákóczi, allié de Louis XIV in Marie Payet et Ferenc Tóth: Mille ans de contacts, Département de français de l’Ecole Supérieure Dániel Berzsenyi, Szombathely, 2001, p. 41-45., 11 Louis Nékám: Les efforts culturels de la Hongrie de 896 à 1935, Comité central des stations balnéaires, thermales et climatiques de Budapest, 1935. 8 l’enseignement de la langue française. On peut considérer Jean-Baptiste Lemouton de Boisdeffre, fils d’une famille aristocrate, comme le premier enseignant français, au sens moderne du mot, en Hongrie. Soldat en 1821, il voulu traverser la Hongrie pour rejoindre les Grecs et combattre les Turcs. Mais l’archiduc Joseph lui proposa d’être le précepteur français de son fils, alors âgé de cinq ans. Ce travail lui plut tellement qu’il décida de devenir professeur. Il enseigna l’anglais et le français, créa la première école de filles à Pest et écrivit des ouvrages d’études françaises, anglaises, allemandes et italiennes. Sa méthode pédagogique pour l’étude des langues étrangères, connue sous le nom de Jacotot, était toute nouvelle et rencontra un grand succès populaire. Au cours de la révolution hongroise de 1848-49, Ladislas Teleki vint à Paris pour représenter la Nouvelle Hongrie comme ambassadeur. Jules Bastide, ministre des Affaires étrangères, l’accueillit avec des sentiments ambigus. Il devait être prudent pour des raisons stratégiques. Il suivit les événements hongrois de près mais resta en relation semi-officielle avec l’ambassadeur Teleki. Il était difficile de convaincre l’opinion publique car la plupart de la presse était hungarophobe. Grâce à Auguste de Gérando, mari de la sœur de Ladislas Teleki, le National était seul journal français favorable à la cause hongroise. L’ambassadeur n’obtint pas de résultats. A Paris, sa demeure devint le lieu de rencontre des émigrés hongrois après l’échec de la révolution.12 Au début du XXe siècle, la vie politique, artistique et philosophique attirèrent à Paris de nombreux artistes et intellectuels hongrois comme le poète Endre Ady. En Hongrie, le français était devenu la langue préférée dans l’aristocratie, les cercles diplomatiques, et même, parmi les snobs. Les Français étaient aussi le symbole de la légèreté. La langue étaient si répandue qu’il y eu plusieurs revues en français à Budapest couvrant les événements politiques, économiques, culturels ou les dernières nouvelles de la ... mode.13 Après le Trianon Après 1920, la plupart des Hongrois considérèrent la France responsable du démembrement du pays ce qui provoqua un recul dans les relations. Pour changer cette attitude, le gouvernement hongrois fonda à Paris le Centre d’Etudes Hongroises à la fin 12 13 Bernard Le Calloc’h: Magyarok Franciaországban, franciák Magyarországon, Vác, 2005., p. 94-99. Cahiers d’études hongroises 2/1990, Centre Interuniversitaire d’Etudes Hongrois, 1990, Paris., p. 1. 9 des années 1920. Les intellectuels de gauche s’intéressèrent de nouveau à la littérature ancienne et moderne, aux nouveautés de l’art et à la philosophie françaises. Marcell Benedek, Albert Gyergyai, traducteurs connus, jouèrent à cet égard un grand rôle. Rappelons que Kunó Klébersberg, ministre de l’Education entre 1922 et 1931, invita plusieurs professeurs français dès 1924, entre autres François Gachot qui vécu à Budapest 25 ans. Le ministre avait aussi pris l’initiative de proposer des bourses d’études et de créer des instituts hongrois à l’étranger. L’autre personne qui joua un rôle important à cette époque fut István Bethlen. Il parvint à assurer une coopération économique et culturelle après sa visite en France en 1929. Le nombre d’étudiants boursiers hongrois en France se développa considérablement passant de 43 en 1927 à 323 en 1930. 25 % des bourses étaient offertes par le gouvernement français. La culture française repris sa place en Hongrie. En 1929, il y eu une exposition d’art français, une première après le Trianon. En décembre de la même année, un hebdomadaire en français était lancé à Budapest : la Gazette de Hongrie. Ses principaux mécènes étaient la présidence du Conseil hongrois et le Quai d’Orsay. Elle fut suivie par la Nouvelle Revue de Hongrie en janvier 1932 dont le but était de diffuser la culture hongroise à l’étranger, en français bien sûr, et de faire connaître la situation politique du pays. Malgré quelques centaines d’exemplaires, la revue eu un impact important grâce à la collaboration de grands auteurs hongrois comme Dezső Kosztolányi, Gyula Illyés ou György Ottlik. Les années de 1930 furent aussi caractérisées par l’organisation de nombreuses conférences, la création d’associations franco-hongroises, une Chambre de Commerce, la tournée de la Comédie Française en 1931, la fondation du lycée avec une filière francophone à Gödöllö.14 Dans les années 1930, parmi les représentants de la culture française, il y avait beaucoup de lecteurs. A Budapest, les francophiles se réunissaient autour de l’Alliance Française. Les membres de sa présidence étaient, entre autres, Sándor Eckhardt, Mihály Babits, Dezső Kosztolányi et Béla Bartók. Les écoles des prémontrés, des bénédictins, des piaristes et des maristes prirent une grand part à l’enseignement du français.15 Quant aux Français, ils s’intéressaient peu à la langue et à la culture hongroises, et de plus, se montraient parfois hostiles. Selon Aurélien Sauvageot, il y avait à cela deux 14 Cahiers d’études hongroises 2/1990, Centre Interuniversitaire d’Etudes Hongrois, 1990, Paris., p. 1-2., 10., 179-182. 15 Georges Diener: A Francia Intézet Magarországon 1947-1989, Magvető-L’Harmattan, Paris-Bp, 1990., p. 19-23. 10 raisons : la politique étrangère de la France et l’oligarchie et l’archaïsme du régime hongrois.16 La deuxième guerre mondiale et ses conséquences Après la seconde guerre mondiale, la France dépensa des sommes considérables pour la diffusion de sa culture et de sa langue dans le monde entier. La raison était liée à la politique du Général de Gaulle dans une période d’’indépendance des anciennes colonies. Le chef d’Etat français avait aussi pris cette décision car il s’était aperçu de la hausse de l’influence des États-Unis. Aussi fit-il créer la Direction Générale des Relations Culturelles Scientifiques et Techniques (D.G.R.C.S.T.) devant traiter la politique culturelle française à l’étranger. C’était une sorte de stratégie pour sauver les intérêts du pays et tenter d’éviter un conflit avec les deux grands pouvoirs, les ÉtatsUnis et l’Union Soviétique. La nationalisation en Hongrie des ordres religieux en 1951 et la création à Budapest de l’Institut Français en 1947 provoquèrent la centralisation de la culture française en Hongrie autour de l’Institut.17 Ainsi, la deuxième guerre mondiale ne provoqua pas complètement la fin des liens franco-hongrois. De plus, comme la France et la Hongrie ne s’étaient pas déclarées la guerre, de 1940 à 1944, de nombreux soldats français évadés de camps allemands avaient trouvé refuge en Hongrie ce qui avait tissé de bonnes relations. Durant cette période, au moins 1.200 prisonniers français se réfugièrent en Hongrie. En octobre 1940, le ministère de la Défense nationale réglementa la présence de ces évadésréfugiés leur accordant nourriture, vêtements, solde et tout ce dont a besoin un réfugié. Les malades furent hospitalisés dans les camps polonais et certains purent passer leur convalescence dans des hôtels au bord du lac Balaton où ils pouvaient circuler librement. Ils étaient encouragés à trouver du travail. Dès juillet 41, quand la Hongrie devint alliée de l’Allemagne, le pays se trouva dans une situation paradoxale: il continuait de défendre l’ennemi de son allié. Les autorités, sous la pression des Allemands, prirent des mesures plus sévères vis à vis des soldats français, mais c’était plus formel que réel bien que si les évadés étaient pris dans une 16 Cahiers d’études hongroises 2/1990, Centre Interuniversitaire d’Etudes Hongrois, 1990, Paris., p. 3. Georges Diener: A Francia Intézet Magarországon 1947-1989, Magvető-L’Harmattan, Paris-Bp, 1990., p. 19-23. 17 11 zone située à moins de 25 km de la frontière, les gendarmes hongrois avaient ordre de les renvoyer en Allemagne.18 Les premiers évadés arrivèrent en 1940. Ils étaient enregistrés par les autorités hongroises dans la forteresse de Komárom puis envoyés dans le camp de Selyp et, par la suite, dans celui de Balatonboglár. Ils y logeaient dans deux hôtels loués par la Légation de France. L’hôtel Savoy recevait les officiers servis par des serveurs en gants blancs. L’Hôtel National était destiné autres soldats du rang. Leur situation ressemblait plutôt à des vacances. Ils organisaient des matchs de boxe, jouaient au football et se baignaient dans le lac quand il faisait beau. Ils pouvaient célébrer leur fête nationale, comme le 14 juillet 1943 où plusieurs haut fonctionnaires hongrois avaient été invités. Cette situation déplaisait aux germanophiles. Il arrivait que les soldats du Colonel Szilassi s’en prennent physiquement aux Français. Une fois même, le 10 juillet 1943, ils occupèrent l’Hôtel National. Ceci provoqua un grand malaise et il fut convenu que les Français n’étaient pas des prisonniers de guerre mais des internés. Naturellement, la solidarité entre français fonctionna bien ; les réfugiés qui arrivaient en Hongrie étaient aidés par ceux déjà « installés » ainsi que par des Hongrois. Parmi ces derniers, une femme d’origine française et mariée à un Hongrois, Adrienne de Lamarre, dit „Adi néni”, qui à Balatonfüred était membre de la Croix Rouge. Elle avait transformé sa grande maison familiale en hôpital où elle était à la fois médecin et infirmière. Il n’y a pas de données exactes sur le nombre des évadés-réfugiés français en Hongrie et sur leur métier. Beaucoup d’entre-eux considéraient leur séjour en Hongrie comme une étape et projettaient d’aller en Roumanie et en Turquie pour rentrer en France. Leur plus grand nombre fut enregistré en hiver 1943-44 avec 680 soldats travaillant et une liste de 941 soldats à Balatonboglár. Les évadés-réfugiés contribuèrent au développement des liens culturels francohongrois. En été 1943, une troupe de théâtre avait été créée par les internés. Les internés contribuaient aussi à l’édition de livres et de revues Certains traduisirent des livres en français, d’autres furent lecteurs au Collège Eötvös ou écrivaient dans la Nouvelle Revue de Hongrie. Conscients de la situation paradoxale du pays, beaucoup d’évadés cherchaient du travail. Il y avait à cette époque en Hongrie pénurie de main d’œuvre, aussi pouvaient18 Cahiers d’études hongroises 1/1989, Centre Interuniversitaire d’Etudes hongroises, Paris, 1989, p. 3643. 12 ils choisir librement un emploi grâce à l’aide du ministère de la Défense et de la Légation de France. La plupart donna des cours de français privé ou dans des établissements comme au Collège Eötvös. Entre 1942 et 1945, 8 évadés enseignèrent au lycée prémontré de Gödöllő. Les réfugiés français acceptèrent toute sorte de travail: journaliste, serveur, chauffeur, coiffeur, employés dans les champs, ouvrier dans une usine, etc... Pour beaucoup d’entre-eux, qui étaient très jeunes, c’était un premier emploi. Des patrons hongrois les employaient pour entendre des mots français ou pour pratiquer la langue. Quelques patrons ne furent pas entièrement satisfaits de cette main d’œuvre, ne comprenant pas tout, étant souvent désobéissante, changeant souvent de lieu travail voire s’enfuyant.19 Le 30 octobre 1942, était créé un Bureau des militaires français à la Légation de France dirigé par le Capitaine Hallier, père de l’écrivain Jean-Edern Hallier. Le bureau avait deux missions : la distribution d’une solde envoyée par Vichy et la recherche d’un travail pour les évadés-réfugiés. Le Bureau avait aussi des liens avec le Consul de France. La somme de l’allocation des réfugiés différait selon le grade : un colonel ou un commandant reçevait 7 pengős par jour tandis que les simples soldats reçevaient seulement 20 fillérs. A noter que le prix d’un repas variait entre 0,80 et 1,20 pengő.20 La bonne situation des évadés français en Hongrie peut s’expliquer par plusieurs raisons. D’abord, cela faisait partie d’une stratégie du gouvernement Horthy. La défaite de l’Allemagne s’annonçant, Horthy recherchait de plus en plus de liens avec les pays alliés. Il espérait des conséquences positives de la part des Français après la guerre. Ensuite, Pál Teleki, premier ministre entre 1939 et 1941, et ses partisans étaient bien connus pour leur francophilie qui coïncidait avec la germanophobie du peuple. Enfin, les Hongrois avaient tant de fois cherché refuge à l’ouest qu’ils étaient contents d’accueillir des réfugiés de l’ouest. Le 19 mars 1944, le jour de l’occupation militaire allemande en Hongrie, tout changea. Une centaine de Français fut internée pendant un mois puis envoyée en Allemagne. Le camp de Balatonboglár ferma, les officiers hongrois laissant les Français s’enfuir. Certains prirent la direction de la Roumanie ; d’autres se firent faire de faux papiers parfois à l’aide de la Légation Française. Bien que des Hongrois furent arrêtés après avoir aidé des Français d’autres continuaient à les aider. 19 Bajomi Lázár Endre: Ego sum gallicus captivus, Európa Könyvkiadó, Bp., 1980., p. 270-278. Cahiers d’études hongroises 1/1989, Centre Interuniversitaire d’Etudes hongroises, Paris, 1989, p. 3643. 20 13 Les événements incitèrent quelques français à entrer dans la résistance active. En été 1944, une centaine d’entre-eux rejoignirent les partisans slovaques et tchèques dans les montagnes de Matra. Quand les Russes arrivèrent à Budapest, ils rassemblèrent les Français et les envoyèrent à Odessa en uniforme russe. De là, les Français embarquèrent le plus souvent pour Marseille. En été 1946, l’Association des Prisonniers de Guerre Français Evadés et Réfugiés en Hongrie, présidée par Paul Lemaire, proposa d’accueillir des enfants hongrois en France pour exprimer leur reconnaissance d’anciens réfugiés. Ils envoyèrent même des enfants français en Hongrie pour passer leurs vacances. L’Association publia un livre, Refuge en Hongrie, proposant des souvenirs, des photos voire des croquis d’anciens évadés. Certains d’entre-eux retournèrent en Hongrie comme diplomates.21 Suite à cette manifestation de sympathie envers les Français, et grâce au pluralisme politique de cette époque, le nombre des échanges de boursiers, de professeurs et de chercheurs augmenta jusqu’à l’arrivée du communisme. Les Français commencèrent à mieux connaître, sinon à découvrir, les compositions de Ferenc Liszt, Béla Bartók et Zoltán Kodály. En 1945 fut créée à Budapest L’Association Hongrie-France, dissoute en 1949, et, en 1946, l’Association France-Hongrie à Paris. Dans la même année, le lycée avec filière francophone de Gödöllő et l’Alliance Française de Budapest réouvraient leurs portes. Cependant, la renaissance de cette amitié franco-hongroise ne dura que quelques années seulement. Le communisme provoqua la fermeture des associations francohongroises, du lycée de Gödöllő et du Collège Eötvös. Seuls, l’Institut Français et l’Alliance Française n’étaient pas concernés grâce à leur statut semi-officiel.22 La détente dans la politique des années 1953-56 provoqua des conditions plus favorables pour le redéveloppement des relations franco-hongroises. La Hongrie souhaita augmenter ses exportations en France et développer le tourisme entre les deux pays. Plusieurs délégations culturelles furent invitées et la première semaine du cinéma français fut organisée à Budapest en 1955. Comme la politique hongroise dépendait des 21 Bajomi Lázár Endre: Ego sum gallicus captivus, Európa Könyvkiadó, Bp., 1980., p. 268., 279-280., 284-288., 294-295. 22 Cahiers d’études hongroises 2/1990, Centre Interuniversitaire d’Etudes Hongrois, 1990, Paris., p. 2., 194. 14 Soviétiques, la France n’était pas convaincue que le communisme rigide prenne rapidement fin et restait malgré tout prudente: en fait, elle accueillit les initiatives hongroises avec plaisir mais avec une certaine passivité.23 L’impact de la révolution de 1956 en France24 Les événements de l’automne 1956 provoquèrent une grande émotion parmi les diplomates du monde entier. La répression contre les insurgés hongrois illustrait le contrôle stricte des communistes. La France admira le courage des Hongrois et sympathisa avec les insurgés. Pourtant, comme les autres pays occidentaux, la France demeura passive: en fait, personne n’osa provoquer l’Union Soviétique avec cette intervention en Hongrie, en raison de la guerre froide et de la situation politique internationale. L’autre facteur de la passivité de la France était l’affaire du Canal de Suez où elle était complètement impliquée et qui se déroulait au même moment de la révolution hongroise. La réaction de l’opinion publique française, sur le coup de l’émotion, se montra assez vive. Les événements de 1956 attirèrent l’attention des politologues, des économistes, des sociologues, bref de la plupart des intellectuels sur la Hongrie. Les Français manifestèrent leur solidarité envers la Hongrie par des dons en espèces, des vêtements et de la nourriture. Ils assurèrent logements et, autant que possible, emplois aux réfugiés. Ils exprimèrent aussi leur colère contre la répression soviétique en s’attaquant au siège du parti communiste français à Paris. Selon un sondage de l’Institut Français, en 1956, 65 % des Français avaient une opinion négative de l’Union Soviétique par rapport aux 36 % de l’année précédente. Pourtant, ce taux fut temporaire, car en 1957, 39 % de Français avaient une image positive de l’Union Soviétique. Cependant, si on considère que les Français montrent en général peu d’intérêt aux événements internationaux et que cette période était celle de gros problèmes en Egypte et en Afrique du Nord, on peut apprécier leur solidarité. L’intensité de l’intérêt à la révolution hongroise s’explique peut-être aussi par l’amour des Français pour la liberté, une admiration pour le courage des insurgés qui, dans les rues de Budapest, chantèrent souvent la Marseillaise, par les souvenirs de la deuxième guerre mondiale certes, pour une minorité, et par l’influence de la presse notamment l’hebdomadaire Paris-Match. 23 Gusztáv Kecskés: La diplomatie française et la révolution hongroise de 1956, Paris-Bp-Szeged, Institut Hongrois de Paris, 2005., p. 48-52. 24 Gusztáv Kecskés: La diplomatie française et la révolution hongroise de 1956, Paris-Bp-Szeged, Institut Hongrois de Paris, 2005., p. 85-86., 140-141., 144-161., 176-179., 306-317., 330-337. 15 En ce qui concerne la presse française, il faut savoir qu’après la deuxième guerre mondiale, le nombre de journaux avait considérablement diminué en France, de 304 à 127. Pour garder leurs lecteurs, beaucoup de médias restaient neutres sauf sur les sujets qui rassemblaient les gens. La révolution hongroise était un tel sujet. Les médias français envoyèrent une quinzaine d’envoyés spéciaux à Budapest pendant la révolte. L’un d’eux, Jean-Pierre Pedrazzini, reporter à Paris Match, perdit la vie à Budapest. Les quotidiens annonçaient l’évolution des événements, les hebdomadaires publiaient des reportages illustrés par des photos, les radios et les télévisions avaient l’avantage d’informer plus rapidement et plusieurs fois par jour. Les médias français insistèrent sur l’héroïsme des Hongrois et la violence des Russes. Ils mobilisèrent leurs lecteurs et auditeurs par des appels à la solidarité et à des manifestations. Des manifestations et des meetings eurent lieu à Paris. Le 5 novembre, plusieurs centaines d’étudiants étaient dispersés par la police car ils voulaient manifester devant l’ambassade de l’Union Soviétique. Le 7 novembre, environ 30 000 personnes se rassemblèrent à l’Arc de Triomphe, avec notamment François Mitterand et Robert Schumann, portant une cravate noire, et déposèrent des gerbes sur le tombeau du Soldat inconnu. Par ailleurs, un cortège se dirigea vers la mairie à l’initiative du syndicat des ouvriers. Le 13 novembre, un autre meeting eut lieu en hommage aux insurgés. D’octobre à décembre de 1956, 200 volontaires français travaillèrent pour l’acheminement de 100 tonnes de médicaments, de vêtements et de produits alimentataires d’une valeur de 400 millions de francs en faveur des insurgés hongrois. Les dons étaient d’abord envoyés à Vienne d’où la Croix-Rouge les expédiait à Budapest. Quant aux relations diplomatiques, la France boycotta le gouvernement Kádár et ne chercha à rétablir aucun contact après la révolution. Deux facteurs renforcaient une telle officielle entre les deux pays. Le premier était la propagande du gouvernement hongrois contre la guerre d’Algérie, le second était l’arrivée au pouvoir de Charles de Gaulle qui avait été qualifié auparavant de dictateur fasciste dans la presse hongroise. Il faudra attendre une année pour un début de détente dans les relations grâce aux premières rencontres entre des responsables des deux pays. Octobre 1958, fut la date de la normalisation des relations diplomatiques avec la libération de Mária Halkó, secrétaire de l’Institut Français, arrêtée en décembre 1957, et avec le retour de la délivrance de visas. Peu à peu, les liens se resserèrent. En 1959, un ministre hongrois vint à Paris et 16 signa un accord commercial. En 1960, une ligne aérienne directe fut ouverte suivie d’un programme d’échanges culturels en 1961. Toujours en 1961, le Groupe Parlementaire d’Amitié Franco-Hongroise fut créée à l’Assemblée Nationale à Paris et au Parlement de Budapest. Le 17 décembre 1963, on éleva les représentations diplomatiques des deux pays au rang d’ambassade. Durant cette période, il faut bien sûr parler des réfugiés hongrois en France. La répression de la révolution hongroise fut suivie par une forte émigration. La France n’a pas limité le nombre des émigrés et en accueillit plus de 10.000. Pour les aider à trouver un travail, un logement et leur fournir un enseignement du français, elle dépensa plus d’1,2 milliard de francs rien qu’en 1957 outre les divers dons de toute nature. Comme seulement 5 % des réfugiés pouvaient suivre les cours dispensés dans l’enseignement supérieur, l’État français créa un centre d’étude du français élémentaire avec des cours audiovisuels. Une première en France! De très nombreux réfugiés s’inscrivirent à ces cours et nombreux sont ceux qui purent poursuivre des études supérieures par la suite. Malgré tout, beaucoup d’émmigrés souhaitaient rentrer en Hongrie car ils considéraient mauvaises leurs conditions de vie L’époque du kadarisme Les relations franco-hongroises à l’époque du kadarisme sont caractérisées par une contradiction. Après la répression de la révolution hongroise, le gouvernement français se montra hostile dans tout ce qui concernait les questions hongroises et la presse hongroise considérait Charles de Gaulle comme un représentant du fascisme. Les relations au niveau des légations étaient réduites au minimum. En 1958, la diplomatie hongroise décida de réagir face à son isolement international ; ce qui signifiait une harmonisation, entre-autres, des relations avec la France. Les diplomates hongrois réalisèrent que la seule méthode était le développement des relations culturelles et économiques. Les premiers signes de changement d’un point de vue politique de la diplomatie française eurent lieu en 1959. Après la Semaine du Livre Français à Budapest, les Français comprirent que leur langue et leur culture avaient une importance symbolique en Hongrie et que la présence de 40 000 personnes à cet événement était un signe pour l’occident. 17 Les visites de délégations de partis politiques français en Hongrie au printemps 1961 signifièrent le début de l’harmonisation des relations politiques. Cette année là, fut signé un contrat commercial global et un programme d’échanges culturels fut lancé. En janvier 1964, un ambassadeur français fut nommé à Budapest, le premier depuis le début du régime communisme. Peu à peu, des visites officielles eurent lieu notamment celle de János Péter, ministre des Affaires étrangères, à Paris en 1965. En 1966, un nouveau contrat commercial était signé qui permettait l’échange de produits entre entreprises françaises et hongroises. Les deux tiers des importations françaises étaient des animaux vivants et de la viande.25 Entre 1962 et 1984, 60 œuvres de la littérature hongroise furent traduites en français, rédigées pour certaines d’entre-elles par Mihály Babits, Tibor Déry, Gyula Illyés, Miklós Mészöly, Miklós Moldova, Ferenc Sánta, Magda Szabó, Sándor Petőfi ou Miklós Radnóti. L’année 1966 fut très positive pour les relations franco-hongroises. La situation politique s’était détendue et un accord culturel et de coopération scientifique et technique fut signé. Les deux pays s’engagèrent à diffuser la langue et la culture de l’autre pays et à assurer des bourses pour étudiants. En 1957, on réintroduisit le français comme langue facultative dans les écoles secondaires et il devint aussi populaire que l’allemand et l’anglais. On créa le Département des Hautes Etudes de Français à Debrecen et Szeged. Malgré tout, en 1988, il n’y avait que 9 000 lycéens qui étudiaient français contre 40 000 pour l’anglais et 30 000 pour l’allemand. 1983, fut une année importante car le gouvernement français décida de subventionner la publication en hongrois d’œuvres françaises. C’est en 1985, que fut fondé le Centre Interuniversitaire d’Études Hongroises à l’Université de Paris III. suite à un accord entre les ministères de l’Education français et hongrois. Le but de cette institution était de faire connaître la Hongrie en France.26 Le changement de régime et le nouvel élan des relations Le changement de régime provoqua une multiplication immédiate des relations. Le président français, François Mitterand, se rendit en Hongrie en 1990 et en 1994 où il 25 Garadnai Zoltán: Kelet-Közép-Európa helye és Magyarország szerepe De Gaulle tábornok Európapolitikájában (1958-1969), Bp., 2005., p. 62-68., 81., 92., 178. 26 Cahiers d’études hongroises 2/1990, Centre Interuniversitaire d’Etudes Hongroises, Paris, 1990., p. 194-195., 3-4. 18 évoqua la possiblité de fonder une Confédération européenne. Entre 1990 et 2000, la France envoya 30 délégations ministérielles contre 45 délégations hongroises en France. L’augmentation des échanges est bien sûr caractérisée par le commerce : la présence économique française en Hongrie quadrupla de 1992 à 1999, année où la France était devenue le 3e plus grand investisseur, les sociétés françaises employant 41 000 27 personnes. Les relations culturelles s’enrichirent. En 2001, fut organisé l’année „Magyart” en France, par la suite l’année „FranciArt” en Hongrie en 2003, deux grandes manifestations culturelles. Les expositions Monet et ses amis en 2004, Ombres et lumières – 400 ans de peinture française attirèrent des dizaines de milliers de visiteurs. Les deux pays signèrent plusieurs accords d’ordre général et culturel: 1992. Traité d’amitié et de coopération. 1993. Accord financier de 100 M. de Fts pour les partenariats franco-hongrois. Convention sur la création du Centre Interuniversitaire d’Etudes Françaises à Budapest. 1995. Création de l'Association Initiatives France-Hongrie (INFH) par le gouvernement français avec une enveloppe de 8-10 millions francs pour développer les relations bilatérales et aider l’intégration de la Hongrie dans l’UE. 1997. Coopération entre les services des ministères de l’Intérieur hongrois et français. Accord sur l’échange de stagiaires spécialisés. 2001. Traité d’Entente et d’Amitié. Déclaration d’intention commune pour la mise en œuvre d’une Action européenne pour la recherche. 2005. Accord dans le domaine scientifique dans l’enseignement supérieur et la recherche. Convention avec l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), le gouvernement hongrois et la France, le Luxembourg et la Communauté 27 László J. Nagy: Les relations franco-hongroises et le processus de l’élargissement de l’Union européenne à l’Est (1990-2000) in Marie Payet et Ferenc Tóth: Mille ans de contacts, Département de français de l’Ecole Supérieure Dániel Berzsenyi, Szombathely, 2001., p. 73-78. 19 Française de Belgique pour une formation en français à l’intention de fonctionnaires.28 L’enseignement du français en Hongrie Les premiers documents sur l’enseignement du français en Hongrie datent du XVIIIe siècle. A cette époque, l’ordre des Ursulines et des Religieuses de Notre-Dame suivaient une éducation en français. Le français était même la langue de communication des internats dès cette époque jusqu’à la deuxième guerre mondiale. La tradition de l’éducation bilingue cessa en 1948 à l’arrivée du régime communiste. L’internat bilingue franco-hongrois le plus célèbre était le Lycée des Prémontrés de Gödöllő, fondé en 1937. C’était un établissement prestigieux et élitiste, bien connu en Hongrie et même à l’étranger. Il fallait apprendre une deuxième langue dès la 3e année d’étude. L’histoire, la géographie, les sciences naturelles et les mathématiques étaient enseignées en français et en hongrois mais le latin, la physique et la philosophie l’étaient uniquement en français.29 Comme déjà mentionné, 8 évadés français enseignèrent au lycée prémontré de Gödöllő pendant la deuxième guerre mondiale. Dans ses mémoires, Louis Bargès, l’un de ces évadés, décrit bien la vie de ce lycée. Il bénéficiait de sa propre chambre dans le bâtiment où il demeurait. Il y recevait des repas et fut, écrit-il, surpris de la richesse alimentaire alors que c’était la guerre. Il explique les circonstances exceptionnellement bonnes pour les lycéens apprenant le français. Car en dehors des cours, ils passaient une heure par jour avec un répétiteur français se promenant dans le parc avec celui-ci. De plus, ils déjeunaient et dînaient avec un professeur ou un répétiteur cinq fois par semaine. Les cours duraient de 8 à 14 heures. La famille de la plupart des lycéens était issue de l’aristocratie.30 40 ans plus tard, en 1985, à l’époque de l’affaiblissement du communisme, une loi permit de réintroduire le système scolaire bilingue ; le premier lycée proposant un enseignement bilingue français-hongrois fut celui de Kölcsey Ferenc à Budapest en 1987 suivi, à Mohács, du lycée Kisfaludy Károly, puis à Pásztó, du Lycée Mikszáth 28 Bede Zsuzsanna: Magyarország és Franciaország jelenlegi kulturális kapcsolatai, Bp., 2001., p. 12-16., www.ambafrance-hu.org 29 Bottyán Zoltán: Réflexions sur l’évolution de l’enseignement bilingue francophone en Hongrie, Pásztó, 2003., 2-3. 30 Bajomi Lázár Endre: Ego sum gallicus captivus, Európa Könyvkiadó, Bp., 1980., p. 58-62. 20 Kálmán. Ces institutions étaient et demeurent soutenues par l’Institut Français de Budapest et par le Conseil Général des Relations Internationales de la Communauté Française de Belgique, c’est-à-dire par des institutions nationales. Le système permet aux lycéens d’apprendre la langue étrangère dans un nombre d’heures plus élevé pendant cinq ans, et aux professeurs de bénéficier d’un stage à l’étranger. Les communes logent les professeurs venus de pays francophones. En 1991, fut créée l’Association des Ecoles Bilingues, présidée par Ágnes Vámos, maître de conférences à l’Université des Sciences Eötvös Lóránd de Budapest. En 1992, le gouvernement hongrois créa la Fondation Franco-Hongroise pour la Jeunesse et accorda une subvention supplémentaire aux sections bilingues, une somme qu’on donne aux établissements secondaires en général. Pourtant, cette somme ne couvrait que de 70 à 75 % des frais de fonctionnement d’un lycée monolingue alors que les frais d’un lycée bilingue sont bien plus élevés. En 1996, la subvention diminua de 50 %, l’enseignement bilingue étant considéré trop coûteux. A noter qu’en 1994, 12 % des élèves des lycées bilingues étaient inscrits dans une filière francophone. En 1999, les professeurs de la filière francophone de Pásztó organisèrent un colloque sur l’enseignement bilingue en Hongrie. A cette occasion, un parlement des élèves bilingues fut organisé. Les intervenants souhaitèrent la nomination d’un responsable de l’enseignement bilingue au ministère de l’Education, la création d’un centre pédagogique de l’enseignement bilingue et l’édition d’un manuel de formation pour les professeurs. Les élèves décidèrent de créer une association d’élèves bilingues. Le représentant du ministère de l’Education s’engagea à la nomitation d’un coordinateur ministériel de l’enseignement bilingue, à la prise en charge de l’organisation de la première réunion et à une subvention pour la future association des élèves bilingues. L’Institut Français s’engagea à élaborer un projet sur 3 ans pour favoriser le développement méthodologique des filières francophones dès l’année scolaire de 2000/2001. Le projet contenait la production et la mise en commun de documents pédagogiques, et l’organisation d’ateliers de concertation dans les locaux de l’Institut, ce dernier remplissant une fonction de centre pédagogique bilingue.31 Le nombre des filières bilingues est en augmentation. Les conditions de leur fondation sont les suivantes : enseigner au moins trois matières dans une une langue 31 Bottyán Zoltán: Réflexions sur l’évolution de l’enseignement bilingue francophone en Hongrie, Pásztó, 2003., 2-20. 21 étrangère pendant deux ans au minimum et 6 cours en français par semaine au minimum. (annexe 1) L’établissement doit employer au moins un professeur venant du pays de la langue enseignée. Si 60 % de l’examen du baccauréat ont été passés en français, les lycéens ont automatiquement un diplôme d’examen supérieur.32 En général, ces formations durent 5 ans, la première année servant à développer la connaissance du français pour les lycéens. Il y a aujourd’hui 12 lycées avec une filière francophone dont 3 professionnels. Les filières francophones des universités permettent aux bacheliers bilingues de continuer leurs études en français dans les domaines suivants: Sciences de l’ingénieur : Université des Sciences Techniques et Economiques de Budapest Droit: Université de Szeged Université Eötvös Loránd de Budapest (ELTE) Sciences agraires: Université Szent István de Gödöllő Interprétariat: Université des Sciences Techniques et Economiques de Budapest Sciences économiques et Gestion: BKAE-ESIAME Ecole Supérieure de Commerce Extérieur de Budapest Université des Sciences Techniques et Economiques de Budapest Université de Pécs, 3ème cycle Organisation d’économie locale33 32 http://ma.hu/page/cikk/aa/0/179222/1 Bottyán Zoltán: Réflexions sur l’évolution de l’enseignement bilingue francophone en Hongrie, Pásztó, 2003., 2-20. 33 22 Les revues en langue française en Hongrie Le Nouvelliste Français, est la première revue en langue française publiée en Hongrie: y étaient rédigés des mémoires, des souvenirs de voyages et des critiques. Elle fut suivie par une revue religieuse en 1838, Anastasia, et par un hebdomadaire en 1848 qui prêchait l’esprit de la révolution, La Hongrie.34 Les 4 décennies de 1880 à 1920 furent caractérisées par une expansion de la presse économique et de l’âge d’or de l’amitié franco-hongroise. Si on considère ces deux facteurs, on ne sera pas étonné par le nombre de journaux en français durant cette période : une trentaine avec une périodicité inégale, de quelques semaines à plusieurs années. Il y avait dans la plupart des articles politiques et culturels. Parmi ces publications, deux jouèrent un rôle déterminant: la Revue de Hongrie et la Gazette de Hongrie. La Revue de Hongrie fut éditée de 1908 et 1931. Son fondateur était le vicomte de Fontenay, ancien ambassadeur de France en Hongrie. Il avait créé une entreprise en 1907 pour faire venir des conférenciers en Hongrie, donner des cours de français gratuits auprès d’agents de commerce et offrir des bourses de voyage. Il contribua beaucoup au développement des relations franco-hongroises. C’est en 1908 qu’il lança la Revue de Hongrie pour diffuser la culture française. On y publiait aussi des articles sur des hommes d’Etat, des hommes de lettres et des savants hongrois. L’organe traitait de tous les sujets et était soutenu par la Société Littéraire Française qui avait aussi comme objectif la diminution de l’influence allemande. La mort du rédacteur Vilmos Huszár en 1931 provoqua l’arrêt de l’édition de la revue. En effet, cette année là, József Balogh acheta les droits de la revue à la veuve de Vilmos Huszár et créa la Société de la Nouvelle Revue de Hongrie succédant à la Revue de Hongrie. Plusieurs hommes politiques faisaient parti du comité de rédaction: Albert Apponyi, István Bethlen, Pál Teleki, Zoltán Gömböcz, Gyula Szekfű ou György Ottlik. Le financement était assuré par le ministère des Affaires étrangères et par les cercles proches d’Istvan Bethlen. Cette revue était mensuelle et son rédacteur en chef fut József Balogh de 1932 et 1944. Elle avait deux principaux buts: faire connaître la culture hongroise en Europe et diffuser les valeurs européennes en Hongrie. Chaque numéro contenait une étude sur les problèmes économiques et politiques. Il y avait aussi une rubrique ayant pour but de donner une image positive de la Hongrie à l’étranger. Beaucoup de grands écrivains, poètes, architectes, peintres, musiciens et sculpteurs de 34 http://sajtomuzeum.oszk.hu/forrasok.html 23 l’époque y écrivèrent: Mihály Babits, Zsigmond Móricz, Gyula Krúdy, Józsi Jenő Tersánszky, Gyula Illyés, János Kodolányi, Lőrinc Szabó, Béla Czóbel, etc L’autre revue importante de l’époque est la Gazette de Hongrie (annexe 4) qui eu plusieurs éditions. La première, hehdomadaire, date du 8 avril 1880 et fut fondée à Budapest par Dénes Pázmándy, fils d’une famille de la noblesse, qui avait vécu 6 ans à Paris de 1865 à 1870. Au cours de cette période, il avait envoyé des articles en Hongrie et s’était lié d’amitié avec Léon Gambetta, futur président du Parlement français. Il avait constaté que les étrangers s’informaient de la Hongrie par les Autrichiens ce qui ne servait pas les intérêts du pays. Il savait aussi que les Hongrois étaient mal ou peu connus. Aussi décida-t-il de renforcer les relations avec l’Europe occidentale par l’intermédiaire de cet organe en français. La Gazette de Hongrie circula à Budapest, à Londres, à Bucarest, à Belgrade, en Allemagne, en Autriche et en Russie. La revue ne s’occupait pas de politique, mais couvrait tous les autres événements. Beaucoup d’articles portaient sur la littérature hongroise et française. En 1887, Amadé Saissy, l’un des collaborateurs de Dénes Pázmándy, pris la direction de la revue et modifia son contenu rédactionnel. La revue devint Gazette de Hongrie et Revue Orientale et couvra plutôt l’actualité politique, littéraire, économique et financière. En proie à des difficultés, la revue cessa de paraître en 1888. La Gazette de Hongrie fut cependant rééditée entre 1929 et 1944 à l’initiative de Ferenc Kelecsényi. Bien que plus orientée vers la culture et l’enseignement, le rédactionnel de cette seconde édition était considéré plutôt comme anti-allemand.35 Revenant au XIXe siècle, il convient de mentionner d’autres organes. Le Petit français (annexe 3), si créatif et utile qu’il pourrait très bien être réédité aujourd’hui. Le Petit français fut publié deux fois par mois avec des textes accompagnés de notes explicatives qui permettaient aux enfants hongrois et allemands âgés de 8 à 16 ans de développer leur français. Le Progrès autre revue avait le même profil mais était destiné aux adultes. La Gazette des Etrangers informait les touristes de Budapest sur les programmes de la capitale et contribua à faire connaître le pays entre 1888 et 1896. Le Journal de Budapest était aussi un organe à destination des étrangers. Son principal but était 35 Parti Kornélia: La Gazette de Hongrie 1880-88, Université de Veszprém, 2004. 24 d’attirer le monde à Budapest en présentant les événements dans le domaine des arts, de la littérature et de la vie sociale. L’Orient était la revue des stations balnéaires et climatiques et des hôtels de l’Europe. La conséquence naturelle du Traité de Trianon a été en Hongrie la diminution de l’intérêt vis à vis de la France remplacée par incompréhension et rancoeur. Ainsi la presse francophone de Hongrie se fixa deux principaux objectifs: d’une part, convaincre les Français de l’injustice du traité, leur expliquer le malentendu concernant le rôle de la Hongrie au cours de la première guerre mondiale ; d’autre part, attirer l’attention des Hongrois aux valeurs culturelles, scientifiques de la France et rappeler les anciennes et profondes relations entre les deux pays. Les Nouvelles Danubiennes exprimaient parfaitement l’état d’esprit des Hongrois concernant cette question dans ses axiomes et ses buts annoncés: 1. Nous n’accepterons jamais le Trianon. 2. Il faut attirer l’attention sur le système immoral qui règne en Hongrie. 3. Il faut unir la nation. 4. Il faut modifier le traité par des moyens pacifiques. Pour mieux atteindre leurs buts, des Hongrois éditèrent à Paris un hebdomadaire politique, le Párizsi magyar figyelő. Cet organe, en hongrois, était dirigé par Endre Bajcsy-Zsilinszky ; on y trouvait souvent des articles sur le Traité de Trianon tout en soulignant l’amitié franco-hongroise et exprimant son aversion pour Hitler. L’hebdomadaire présenta l’œuvre d’Antoine Redier, La Tragédie du Danube dans laquelle l’écrivain décrivait son séjour en Hongrie. Il décrivait notre pays comme beau, propre et amical et que la bonne relation avec l’Allemagne était forcée. Il regrettait le peu de soutien du gouvernement français et fit la comparaison entre les anciens territoires hongrois et l’Alsace-Lorraine.36 La revue Periszkóp fut éditée entre 1925 et 1926. Elle était rédigée par des artistes transylvains à Arad.. Revue traitant de littérature, de la mode, de cinéma, d’architecture, de théâtre, d’art plastique et de danse, elle consacra de nombreuses pages aux artistes français dont Appolinaire et Cocteau et reproduisit des œuvres de Cézanne, Chagall, Gauguin, Millet, Renoir et de bien d’autres encore.37 36 Suite à la recherche à la Bibliothèque Széchenyi de Budapest Cahiers d’études hongroises 2/1990, Centre Interuniversitaire d’Etudes Hongroises, Paris, 1990., p. 141. 37 25 Sous le régime communiste, il était impossible de publier des journaux en langue française en Hongrie. Il faudra attendre plus de 50 ans pour qu’en apparaisse un : la Nouvelle Gazette de Hongrie (annexe 5) à l’initiative d’un journaliste français, originaire de Nice, Laurent Aguera en 1997 à Szeged installé par la suite à Esztergom. Revue trimestrielle et bilingue, français-hongrois, sont couverts des événements francohongrois économiques et politiques ; on y trouve aussi des reportages sur la viticulture et la culture ainsi que sur l’actualité associative et la coopération décentralisée avec notamment les jumelages entre collectivités locales et territoriales hongroises et françaises, parfois même suisses et belges, En 1999, un nouveau journal, essentiellement en français, était fondé : le Journal Francophone de Budapest. Son propriétaire, Alexander Popov, publiait déjà un journal en russe. Au début, la parution fut mensuelle, puis hebdomadaire avant de devenir bimensuelle. Son tirage est annoncé à 9000 exemplaires. Il cible surtout les francophones qui vivent en Hongrie ainsi que les touristes. Il accorde une place importante sur l’actualité en Hongrie tout en couvrant les événements liés aux entreprises françaises et à la francophonie. Entre 60 et 70 % de ses annonceurs sont des entreprises françaises.38 La liste complète des journaux francophones se trouve dans l’annexe 2. 38 http://www.lapkiadas.hu/cikk/cikk.php?id=882 26 Institutions et associations Ambassade de France en Hongrie39 La principale mission des ambassades est de renforcer les relations bilatérales. C’est le cas de l’Ambassade de France à Budapest organisée en cinq départements: la Chancellerie, le Service de coopération et d’action culturelle (SCAC), la Mission Militaire, la Mission Economique et le Service de coopération technique international de Police (SCTIP). Les membres de la Chancellerie sont les plus proches collaborateurs de l’Ambassadeur. Elle se compose de conseillers, secrétaires et attachés qui travaillent sous la direction du premier conseiller. La Chancellerie gère la coordination de tous les services français en Hongrie. Elle gère également la relation directe entre les deux gouvernements. Elle prépare les événements liés aux relations bilatérales, analyse la situation économique, politique, culturelle et sociale. Le service de presse et de traduction dépend de la Chancellerie ; pouvant publier des communiqués, il peut être le porte-parole de l’Ambassade et l’intermédiaire pour la transmission des positions du gouvernement français sur différents dossiers de la politique internationale. A noter qu’en Hongrie, il existe deux consuls honoraires: l’un à Pécs et l’autre à Szeged. Ils apportent leur concours à la section consulaire de Budapest, protection et aide, quand cela est nécessaire, aux ressortissants français de leur région. Le SCAC a pour mission la coopération culturelle, éducative, universitaire, scientifique et technique. En charge de la propagation de la culture et de la langue françaises, sa mission est réalisée avec le concours du ministère des Affaires étrangères. Il est en contact permanent avec l’Institut Français de Budapest, les Alliances Françaises, le Lycée Français de Budapest et les lycées hongrois ayant une filière francophones. Le SCAC compte quatre services. Le Service de Coopération technique et juridique qui contribue depuis 2004 au développement de la coopération technique dans le domaine de l’administration publique, de l’environnement, de l’urbanisme, de la santé publique et de la médecine. La coopération judiciaire comprend la formation de magistrats et le développement de jumelages entre juridictions ; la coopération juridique a pour objectif l’échange 39 www.ambafrance-hu.org 27 d’experts entre les ministères de la Justice français et hongrois. Cette activité se base sur l’accord de coopération de 1991, sur une convention administrative de 1993 ce qui notamment permet l’organisation de conférences. L’Ecole Nationale de la Magistrature, se trouvant à Bordeaux, a une formation destinée aux étrangers dont de nombreux magistrats hongrois ont profitée, ces derniers bénéficiant d’une bourse de l’Ambassade de France. De plus, il existe un site de partages d’informations juridiques francohongrois pour rassembler les informations du système juridique hongrois. Il est possible aussi d’y publier des documents. Les projets du Service Scientifique et de Coopération Universitaire permettent d’élargir les relations entre laboratoires et chercheurs hongrois et français. Le service promouvoit des programmes structurels et des programmes conjoints entre organisations scientifiques à travers des programmes intergouvernementaux, des rencontres entre chercheurs et des expositions scientifiques. Il propose des bourses et accorde une aide aux filières francophones des universités hongroises. Il soutient les programmes d’échanges universitaires et les formations de diplômes conjoints. Le Service des bourses offre plusieurs types de bourses destinées aux étudiants, aux professeurs et à des personnes déjà dans la vie active. Le but de ces bourses d’études est de permettre aux étudiants déjà diplômés et aux étudiants toujours inscrits d’acquérir en France une formation Master 2 spécialisée ou un stage dans un institut de recherche. Les bourses de recherches s’adressent aux étudiants et aux jeunes chercheurs qui projettent d’effectuer un doctorat ou un Diplôme d’Etude Approfondie. Les bourses pour professionnels assurent d’une part, un stage de courte durée aux professionnels diplômés et offrent d’autre part, une participation à un programme de recherches et d’échange d’informations de haut niveau. Les bourses pédagogiques et linguistiques d’un mois sont destinées aux enseignants de français et d’autres spécialités dans des lycées bilingues et aux étudiants futurs professeurs. Il existe aussi des bourses régionales accordées par les régions de l’Ile-de-France et des Pays de la Loire ainsi que par l’Association Le Pont Neuf. Cette Association, créée en 1990 par Madame Jacques Chirac, a pour l’objectif de développer les relations universitaires, scientifiques et artistiques avec les pays d’Europe Centrale et de l’Est. 28 Parmis ses bourses, figure la Bourse Philippe Habert d’une durée d’un an pour les étudiants en sciences politiques à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris. D’autres bourses offrent un stage de 6 semaines à Paris pour les étudiants en médecine et/ou un stage de 4 mois auprès d’un médecin spécialisé. Les bourses « Excellence EIFFEL » ont été créées pour les étudiants suivant des études d’ingénieur, d’économie, de gestion, de droit et de sciences politiques. Le ministère de la Culture et de la communication français accueille chaque année des responsables étrangers dans le domaine culturel pour leur permettre de rencontrer leurs homologues français et ainsi découvrir la politique culturelle française. Le programme Copernic s’adresse aux ingénieurs, aux économistes et aux juristes tandis que le programme N+I ne concerne que les ingénieurs. Par ailleurs, l’Ecole Nationale d’Administration propose trois types de formation aux fonctionnaires hongrois, pour dix-huit, neuf ou sept mois. Le Service de Coopération Educative et Linguistique gère les programmes bilatéraux de l’éducation, de la jeunesse et du sport. Il a pour but l’augmentation du niveau de l’enseignement du français et du niveau de formation des professeurs, des traducteurs et des interprètes. Il collabore au fonctionnement de la Fondation FrancoHongroise pour la Jeunesse, finance la réalisation de projets culturels, éducatifs et linguistiques des institutions scolaires hongroises et promouvoit les échanges sportifs et culturels entre jeunes. La Mission économique analyse la situation économique de la Hongrie, aide à la réalisation de coopérations financières et commerciales, apporte un soutien aux investisseurs français voulant s’installer en Hongrie ou déjà installés. Signalons qu’actuellement, elle prend part activement à l’organisation de l’Année Economique de la France en Hongrie commencée en juillet 2007 et qui prendra fin en juillet 2008. Le SCTIP existe en Hongrie depuis 1990. Il se compose d’un attaché de sécurité intérieure, commissaire principal de police délégué par le ministère de l’Intérieur, et d’une secrétaire-interprète. Le SCTIP a pour but de promouvoir la coopération technique et opérationnelle concernant la sécurité intérieure des deux pays avec des liens étroits entre les ministères de la Justice et de l’Intérieur français et hongrois. Le SCTIP effectue chaque année un échange d’experts et propose une formation 29 professionnelle. Parmi les nombreux domaines de coopérations, on peut citer ceux de l’immigration clandestine, de la biométrie, de la lutte contre le terrorisme, du trafic des personnes et du dressage de chiens à l’école de Dunaleszi dont de nombreux travaillent aujourd’hui avec des maîtres-chiens français. Le Collège Eötvös La fondation du Collège Eötvös remonte au XIXe siècle. C’est en effet en 1875 qu’Ágoston Trefort, ministre de la Religion et de l’éducation nationale, avait préparé ce projet à la demande du baron Loránd Eötvös. Mais c’est en 1895, que le projet de la construction du Collège fut véritablement élaboré avec détails par Loránd Eötvös, professeur de l’Université de Budapest. Le Collège reçu le nom de son père fondateur, József Eötvös, ancien ministre de l’Education nationale. Loránd Eötvös avait pour but d’améliorer la formation des futurs professeurs de l’enseignement supérieur, du secondaire et de s’inspirer de l’esprit de l’Ecole Normale Supérieure de Paris. Il fut obligatoire d’y apprendre le français jusqu’à la première guerre mondiale. Après le Traité du Trianon, époque d’hostilité franco-hongroise, il y eut trois personnes déterminantes dans ce Collège voulant renouveler les bonnes relations entre les deux pays. Zoltán Gömböcz, qui tenta de réorganiser les échanges d’étudiants et la venue de lecteurs, Aurélien Sauvegeot, qui commença à rédiger des programmes et des méthodes d’enseignement avec ses élèves, et Albert Gyergyai, qui popularisa la littérature française. La conséquence de la deuxième guerre mondiale fut une activité végétative du Collège puis sa fermeture entre 1950 et 1956. Gábor Tóth, par la suite, réussit à renouer les liens avec l’Ecole Normale Supérieure.40 Au milieu des années 1970, fut fondée l’Amicale du Collège Eötvös. Ses 300 membres se réunissent depuis deux à trois fois par an. C’est l’occasion d’évoquer de nombreux souvenirs. Parmi les élèves, il y eut Zoltán Kodály, Gyula Szekfű ou Zoltán Gömböcz. Le Collège est une institution d’élite réservée aux meilleurs étudiants de l’Université ELTE et forme des professeurs compétents. Pour être admis au Collège, il convient de passer un concours d’admission qui peut durer deux ou trois jours. Le jury examine la 40 Cahiers d’études hongroises 2/1990, Centre Interuniversitaire d’Etudes Hongroises, Paris, 1990., p. 2225. 30 connaissance technique et les facultés logiques, analytiques et d’élocution du candidat. Le nombre d’étudiants admis en première année dépend du nombre d’étudiants qui quittent le Collège (environ 30 par an). 2/3 des étudiants suivent des cours en Faculté de Lettres, 1/3 dans une Faculté de Sciences. Les étudiants travaillent dans 12 ateliers différents, en petit groupe et ont chacun un tuteur. L’Atelier français du Collège existe depuis 1995. Sa tâche est de gérer et d’organiser les études des élèves inscrits en français, leurs recherches et leurs travaux de traduction, d’assurer une formation aux étudiants qui ont choisi le français en option, qu’ils soient inscrits ou pas au Collège, et d’organiser les relations du Collège avec d’autres institutions francophones. Il accueille également des lecteurs français envoyés par la Fondation Hongroise-Française pour la Jeunesse depuis 1997 et collabore avec l’Ecole Normale Supérieure (ENS). Les premiers contacts de l’ENS et du Collège remontent à l’époque de la fondation du Collège, en 1895. Le régime communiste mis fin cette relation en 1947, mais contact fut repris entre 1966 et 1968 puis en 1985. En 1998, les deux institutions décidèrent d’officialiser par écrit leur relation séculaire dans le cadre d’une coopération scientifique. Il s’agissait d’un programme d’échange d’étudiants et de livres, avec l’organisation de colloques et de manifestations ainsi qu’un approfondissement de la coopération scientifique. Pour réaliser cette dernière, les deux parties présentèrent une candidature commune au COCOP (Comité d’Orientation, de COordination et de Projets) en 2002 auprès du ministère des Affaires étrangères France avec l’aide de l’Ambassade de France de Budapest. Résultat, des étudiants hongrois obtinrent une bourse à l’ENS et des étudiants français suivirent à Budapest des études postuniversitaires. La coopération des deux institutions est présente dans les domaines des sciences naturelles, de l’anglais, du français, de la littérature et de la linguistique hongroises, de la théorie littéraire et de la philologie classique. Entre 1996 et 2007, 9 étudiants hongrois étudièrent à l’ENS, 10 étudiants français au Collège entre 1997 et 2007. L’Ambassade de France en Hongrie soutient la coopération des deux institutions depuis plusieurs années par le financement à hauteur de 50 % du poste de lecteur de français, par l’invitation de conférenciers français, par la publication en hongrois de certains ouvrages concernant le Collège ou par une bourse pour les étudiants hongrois en France. 31 La direction des deux institutions se rencontre régulièrement pour: - mettre en place des actions communes, - faire connaître les principes de l’enseignement et de la recherche à l’ENS, - augmenter le nombre d’étudiants boursiers du Collège à Paris et d’étudiants de l’ENS à Budapest. - augmenter le nombre des formations communes franco-hongroises en doctorat.41 Chambre de Commerce et d’Industrie franco-hongroise (CCIFH)42 La Chambre de Commerce Franco-Hongroise de Budapest a été créée entre les deux guerres mondiales. Elle publia un bulletin entre 1926 et 1929 et de 1949 à 1950. Le bulletin décrivait la situation économique, industrielle et agricole, de la Hongrie, le développement du commerce et annonçait foires et expositions. La Chambre créée en 1991 est une association sans but lucratif et a 3 principaux buts : - le renforcement des relations commerciales entre la Hongrie et la France, - le développement de la communauté d’affaires franco-hongroise, - le renforcement des relations entre ses membres. La Chambre propose plusieurs prestations à ses membres. Elle organise des colloques et autres événements où les représentants des 170 entreprises membres peuvent se rencontrer, échanger des informations et faire part de leurs expériences. Ceci permet l’élargissement de leurs réseaux de relations et de leurs activités. Chaque mois est organisé un déjeuner d’affaires au cours duquel des personnalités politiques et économiques sont invitées à débattre. Les membres sont présentés dans l’Annuaire annuel de l’Association diffusé aux institutions publiques et économiques et aux organisations économiques en France et en Hongrie. Le prix d’adhésion annuel varie entre 80 000 et 230 000 forints. 41 www.eotvoscollegium.hu 42 www.ccifh.hu 32 La Chambre propose plusieurs prestations. Par exemple, l’établissement de listes de producteurs, d’exportateurs ou d’importateurs de tels ou tels produits accompagnées des informations de base; elle donne des informations sur la réglementation de tels ou tels produits ou services; elle exécute des études de marché courtes ou détaillées selon les secteurs économiques en France ou en Hongrie; elle recherche des partenaires; enfin, elle peut assurer des services d’interprétariat, de traduction, de mise à disposition de salles de rencontres voire de négociations et d’aide juridique. Tous ses membres bénéficient d’une réduction de 30 % sur le tarif de ses prestations. La Chambre publie un magazine trimestriel INFO depuis 2004, année de l’adhésion de la Hongrie à l’UE. Son tirage est de 3500 exemplaires et est rédigé en français et hongrois. Le magazine présente toujours un dossier sur un thème économique (environment, industrie agroalimentaire, automobile, ressources humaines, bâtiment, etc...). Les Alliances Françaises en Hongrie L’Alliance Française de Paris a été fondée en 1883 par Paul Cambon, ambassadeur de France à Madrid, à Constantinople et à Londres, et par Pierre Foncin, inspecteur général de l'enseignement secondaire. Son but était la propagation de la langue française dans les colonies et à l’étranger. On pouvait trouver, parmi les membres de son conseil d’administration, Jules Verne et Louis Pasteur. La première Alliance Française ouverte à l’étranger le fut à Barcelone en 1884. Actuellement, on compte 1062 Alliances Françaises dans 135 pays avec plus de 400 000 étudiants. En Hongrie, l’Association Annales, créée le 25 mars 1926, pour diffuser la langue et la culture françaises, demandait son adhésion au réseau des Alliances Françaises en 1927. Cette association comptait 205 membres, une bibliothèque et une école. En janvier 1929, l’Association intégrait officiellement le réseau des Alliances Françaises. L’Association franco-hongroise de la Littérature, avec 150 membres, se joignait à elle en juillet 1929. A Budapest, sous la direction de Jean Carrère, professeur à l’Université de Budapest, une Alliance Française était ouverte. Parmi ses membres figuraient Sándor Eckhardt, Aurélien Sauvageot, François Gachot, Mihály Babits, Jenő Heltai, Dezső Kosztolányi et Béla Bartók. La bibliothèque de l’Alliance abritait près de 6 200 livres. L’Association organisait aussi des expositions outre l’enseignement du français; une section fut ouverte à Szeged. L’Alliance Française était la seule 33 association qui délivrait un diplôme de français à ses étudiants à cette époque. Le nombre des inscrits à la bibliothèque de Budapest doubla de 1952 à 1958 tandis que celui des étudiants passait de 20 en 1958 à 689 en 1986. En 1984, des représentants de l’Alliance Française de Hongrie participèrent à la célébration du 100ème anniversaire de l’Alliance Française de Paris.43 Aujourd’hui, il y a une Alliance Française à Debrecen, Szeged, Győr, Pécs et Miskolc. Les Alliances Françaises ont quatre principales missions - l’enseignement du français, - l’organisation de programmes culturels avec le concours du Service Culturel de l’Ambassade de France en Hongrie, - la présentation de la diversité culturelle de la France, - le soutien aux initiatives de coopération locales. L’Alliance Française offre des cours de langue générale et spécialisée pour des individuels, des entreprises et des institutions publiques. Les enseignants originaires de pays francophones ou hongrois ont à leur disposition de la documentation écrite et audiovisuelle utilisées dans des situations dites « réelles ». Les groupes de langue varient selon la nature de l’apprentissage et le niveau des étudiants et ne dépassent pas 12 personnes. L’Alliance Française prépare ses étudiants aux examens du DELF (Diplôme Elémentaire de la Langue Française) et du DALF (Diplôme Approfondi de la Langue Française), reconnus par le ministère français de l’Education, et parfois aux examens du diplôme spécialisé de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris (CCIP).44 Institut Hongrois de Paris L’idée de fonder un Institut Hongrois à Paris en revient à Kúnó Klébersberg, ministre de l’Éducation entre 1922 et 1931. Son projet était de créer des Collegium Hungaricum, centres culturels, pour les étudiants et chercheurs hongrois d’une part, et pour diffuser l’esprit et la culture hongrois d’autre part, et ainsi mieux faire connaître la 43 Georges Diener: A Francia Intézet Magyarországon 1947-1989, Magvető-L’Harmattan, Paris-Bp., 1990, p. 85-90. 44 www.af.org.hu 34 Hongrie en Europe. Conséquence de la situation politique et du Traité de Trianon, ce ne fut pas facile à réaliser. Les premiers instituts hongrois furent fondés à Vienne et Berlin en 1924, puis à Zurich et Rome en 1927. Les préparatifs de la fondation à Paris commencèrent en 1927 et 1928 sous la direction de Zoltán Magyary, chef du département universitaire du ministère de la Culture et de l’éducation Il y avait deux solutions: soit la Hongrie se joint à la création de la Cité Universitaire, soit elle achète des locaux dans le Quartier Latin. Kúnó Klébersberg préféra dans un premier temps la deuxième option car la Cité ne permettait pas de recherches. Finalement, il choisit une troisième solution et fonda en 1928 le Bureau Franco-Hongrois de Renseignement Universitaire dans le petit Hôtel de Cèdre, situé dans le Quartier Latin, dont le but était de renseigner les étudiants hongrois arrivant à Paris. Ce n’était qu’une institution provisoire. Entre-temps, les statuts de la Cité changèrent et Hongrois et Français se mirent d’accord pour fonder l’Institut Hongrois. Le Parlement vota 1200 pengős pour le projet qui ne fut jamais réalisé à cause de la crise économique mondiale, de la mort de Klébersberg, de la chute de Bethlen et de l’influence allemande grandissante dans les années 30. Le Bureau continua donc à fonctionner mais son budget était bien maigre: 12000 pengős par an contre 102 000 en faveur du Collegium Hungaricum de Berlin en 1931. En 1933, le nom de l’institut changea et devint le Centre d’Études Hongroises en France. En 1934, il déménagea dans un local de 5 pièces avec salle de conférence, bibliothèque, salle de lecture de revues et journaux, bureau pour le directeur et pièce pour les archives. Il y eut un nouveau déménagement peu avant 1945 dans un nouveau local de 9 pièces. Le nombre des livres de la bibliothèque passa de 2 800 à 6 500 entre 1931 et 1934 puis 15 000 en 1944. Le Centre accueillait des enseignants de langue et littérature françaises. Les professeurs hongrois délégués à la Sorbonne créèrent une chaire des langues finno-ougirennes à l’École Nationale des Langues Orientales en 1931. Le directeur en était Aurélien Sauvageot qui avait vécu dix ans à Budapest et qui connaissait très bien la langue et la littérature hongroises. Entre 1931 et 1945, 35 étudiants français obtenaient un diplôme de hongrois. Dès le début des années 1930, le Centre joua un rôle dans la publication de la Revue des Études Hongroises (précédemment, entre 1923 et 1927, la Revue des Études Hongroises et Finno-ougriennes). Les rédacteurs entendaient diffuser les résultats des 35 recherches, des publications historiques, littéraires, linguistiques et ethnographiques hongroises. Après la crise économique, la revue réapparu sous le titre Études Hongroises en 1933. Cette nouvelle édition traitait plutôt les relations historiques franco-hongroises et les influences réciproques. La situation budgétaire après 1936 empêcha la publication de la revue mais grâce à des considérations politiques, le périodique réapparu en 1943 sous le titre de Revue d’histoire comparée, avec un plus grand tirage. Le Centre d’Études soutenait aussi d’autres publications hongroises ou liées à sa culture, surtout des œuvres d’écrivains et de poètes de la revue Nyugat comme Lajos Kassák, Attila József ou Ernő Szép. Il faut aussi mentionner, parmi les activités du Centre, les conférences, les commémorations, les concerts et les expositions. Il n’y a pas d’informations sur le Centre durant la période de la deuxième guerre mondiale sauf qu’en 1941, il devint Institut Hongrois. La plupart des boursiers hongrois rentrèrent en 1939 ou en 1940. Le gouvernement de Vichy destitua Aurélien Sauvageot de son poste de directeur de la Chaire de hongrois et des langues finno-ougriennes. Ce dernier donnera des cours à l’Institut Hongrois jusqu’en 1943. L’Institut Teleki continua à éditer la Revue d’histoire comparée. A partir des années 1945-46, l’Institut repris ses activités et de nouveau accueilla des étudiants boursiers. Si l’Institut continua à fonctionner pendant la guerre froide, ses activités restèrent modestes. Grâce à Béla Köpeczi, ministre de la Culture, le gouvernement hongrois acheta en 1986 un nouveau bâtiment pour abriter l’Institut, rue Bonaparte où il se trouve toujours. Ce bâtiment permettait pour la première fois d’organiser des conférences, des expositions, des concerts, la projection de films, des rencontres littéraires et de jouer des pièces de théâtre.45 Sa bibliothèque contient 13 000 livres, vidéos et casettes. L’Institut publie des œuvres littéraires, des études, de la documentation et des thèses de doctorat. Au cours de l’année scolaire, 2002-2003, pas moins de 136 manifestations culturelles y furent programmées. L’Institut participe à de grands festivals comme la Foire des Livres, le Printemps des Poètes, la Foire de la Poésie ou le Festival de Lisztomania à Châteauroux.46 45 Cahiers d’études hongroises 2/1990, Centre Interuniversitaire d’Etudes Hongroises, Paris, 1990., p. 99101., 179-188. 46 http://www.magyarintezet.hu/kiadvany/11Paris.pdf 36 En 2000, l’Institut est devenu membre du réseau Collegium Hungaricum ce qui a permis le renforcement de l’enseignement. C’est ainsi que le ministère de l’Education hongrois finance chaque année l’hébergement de boursiers hongrois à la Cité Internationale Universitaire de Paris.47 Le programme d’enseignement de l’Institut cible les objectifs suivants: enseignement du hongrois aux jeunes et aux adultes, devenir le centre de formation des enseignants de hongrois et de français, développer les technologies pour l’enseignement, etc....48 Parrainée par Raymond Barre, ancien premier ministre, l’Association des Amis de l’Institut Hongrois de Paris a été fondée. Elle joue un rôle important notamment quant au soutien financier à l’Institut. Elle a même créé le Prix Hungarica et le Prix BagarryKarátson. Le premier récompense chaque année le meilleur mémoire historique, politique, économique ou socioculturel sur la Hongrie, le second récompense la meilleure traduction en français d’une œuvre littéraire hongrois.49 Association France-Hongrie50 Cette association a été fondée en 1945 à Budapest pour renforcer la solidarité entre les Français et les Hongrois et favoriser les échanges culturels et artistiques. En 1949, elle adhérait au Mouvement de la Paix dirigé par Moscou. Sa position était prosoviétique. L’Asssociation avait bien sûr des liaisons étroites avec les institutions culturelles hongroises. En dépit de l’origine française de ses adhérents, le ministère français de l’Intérieur considéra cette association comme étrangère. En fait, elle était financée par la Légation de Hongrie à Paris et contrôlée par le Parti Communiste Français. Ces revenus provenaient de la cotisation des adhérents, de la vente d’objets folkloriques et de billets pour voir des films et de subventions accordées par le gouvernement hongrois. Ce dernier accorda une somme considérable au début des années 1950 (jusqu’à 9 millions de francs) mais à partir de 1956, Budapest réduisit drastiquement son aide. Ceci eu pour conséquence de limiter l’édition de la Revue France-Hongrie.. 47 www.okm.gov.hu http://www.instituthongrois.fr/ 49 www.magyarophil.org 50 Sarolta Klenjánszky: Culture et propagande dans la guerre froide: Le cas de l’Association FranceHongrie (1945-1975), in Öt kontinens, Eötvös Loránd Tudományegyetem, Bp., 2006. 48 37 La signature du protocole d’échange culturel entre la France et la Hongrie en 1962 entraîna un changement significatif dans la vie de l’Association. La Légation de Hongrie en était ravie mais les communistes français craignaient l’affaiblissement de leur pouvoir au sein de l’association.. Il existait des comités de l’Association en province notamment à Toulon, Dijon, Bordeaux et Cannes. Une vingtaine de délégués des comités participaient aux réunions de l’association notamment aux assemblées générales.. Pendant la période du stalinisme, l’activité de l’Association se limita à l’organisation d’expositions, de projections de films, d’événements sportifs et à l’accueil de groupes folkloriques hongrois. Pourtant ces événements n’attiraient que des communistes et quelques curieux. La détente politique de 1953 permis à l’Association l’intensification des échanges culturels, sportifs et touristiques. Par exemple, dès 1956, le festival de folklore international de Nice devint un événement régulier pour la propagation de la culture hongroise. Néanmoins le développement était plutôt quantitatif que qualitatif et n’attirait pas toutes les classes de la société française. Après la répression de la révolution hongroise de 1956, les activités de l’Association se limitèrent aux manifestations du comité des Alpes-Maritimes qui essaya d’éviter tout caractère politique dans ses programmes. Entre 1959 et 1962, les activités de l’Association s’intensifièrent surtout dans le domaine musical grâce à la commission musicale de l’association et à l’organisation de l’Année Liszt-Bartók en 1961. Les comités de province organisèrent des voyages en Hongrie pour les mineurs, pêcheurs, ouvriers ; le Comité parisien en organisa pour des artistes et celui des Alpes-Maritimes pour les agents de commerce. A partir de 1959, l’Association organisa des voyages d’été régulièrement. Le nombre de visiteurs français en Hongrie en 1960 tripla par rapport à l’année précédente. A la fin des années 1950, l’Association lança une émission en français sur Radio Petőfi. L’Association contribua largement à la signature du protocole d’échange culturel en 1962. Ceci ne suscita pas beaucoup d’intérêt côté français pour la culture hongroise mais assura une présence culturelle occidentale en Hongrie et un contrôle sur les échanges. 38 Cependant l’Association rencontra des problèmes financiers qui dérivaient surtout de la chute des voyages touristiques provoquée par les prix plus favorables de ses concurrents (Associations France-Tchécoslovaquie et France-URSS par exemple). La période suivante de l’Association est caractérisée par un développement de ses relations culturelles officielles avec des accords inter-étatiques entre 1966 et 1974. La Hongrie devint une priorité pour la France concernant les relations culturelles internationales. L’Association possèdait des comités actifs à Paris et dans le Sud, mais l’activité des autres baissa. Pour développer sa présence en province, elle organisa des Semaines Hongroises dans différentes villes. Ceci permis de redévelopper le tourisme avec des voyages de fin d‘année notamment à partir de 1963. Il faut dire que l’association gérait l’achat de billets de transport et la réservation de chambres d’hôtel, et facilitait l’octroi d’un visa auprès de l’ambassade. Néanmoins, le régime communiste de la Hongrie imposait des programmes obligatoires pour les Français comme la visite d’usines ou de coopératives agricoles. L’idée du jumelage remonte aux années 1960, quand le comité du Var de l’association renforça les relations entre Veszprém et Draguignan. Les jumelages étaient des échanges non-contrôlés à l’initiative de municipalités. En 1962, la Hongrie adhéra à l’Organisation Mondiale des Villes Jumelées, siégeant à Paris. Entre 1966 et 1969, quatre chartes de jumelage furent signées entre Villejuif et Dunaújváros, Vallauris et Hódmezővásárhely, Bezons et Szekszárd, Nice et Szeged. Parmi les 4 villes françaises, Nice était la seule non communiste. Il faudra attendre sept ans pour la signature du cinquième jumelage en 1976 entre Kecskemét et Arcueil. Les relations entre plusieurs villes restèrent au niveau d’une déclaration d’amitié à cause de la lenteur de l’administration hongroise. De nos jours, on compte une centaine de jumelages entre collectivités locales et territoriales françaises et hongroises. Le Lycée français de Budapest51 Le lycée Gustave Eiffel, créé en 1962, est l’un des 270 lycées français établis dans 125 pays. Il représente bien la coopération franco-hongroise. Il assure l’enseignement à des enfants français de la maternelle au baccalauréat et accueille de plus en plus de 51 http://web.matavnet.hu/lfb/indexhu.htm, www.senat.fr 39 lycéens hongrois et d’autres nationalités. Les enfants non francophones peuvent pendant un an apprendre le français. On compte près de 450 élèves. Les Hongrois peuvent passer un double baccalauréat, français et hongrois. Le coût de l’inscription est élevé. Il était d’environ 900 000 Fts pour un an en 2004. Signalons cependant que quelques parents d’élèves bénéficient de bourses. C’est l’Association des Parents d’Elèves qui gère le lycée aidée par la Fondation du Lycée Français de Budapest. Cette dernière a été créée en 1993 par l’Association des Parents d’Elèves et par la Chambre de Commerce et d’Industrie Franco-Hongroise. Depuis 1994, cette fondation gère les subventions de l’Etat et les dons des mécènes pour la scolarisation des élèves français Un grand nombre d’enseignants a suivi des études en France et est fonctionnaire du ministère de l’Education française. Si le lycée insiste sur la connaissance de la langue française d’autres langues étrangères y sont naturellement enseignées. Parmi les matières principales enseignées: les sciences naturelles, l’informatique, les arts et le sport. L’Institut Français de Hongrie L’évolution de la situation de l’Institut pendant le régime socialiste 52 François Gachot, délégué de l’Alliance Française, joua un rôle important entre les deux guerres mondiales: il avait notamment déclaré en 1933 qu’il fallait une institution pour être en contact avec les Hongrois en constituant une collection d’œuvres françaises, en donnant la possibilité aux gens d’entendre des mots français. Il avait aussi eu l’idée de soutenir financièrement les auteurs de traductions d’œuvres françaises en hongrois. Zoltán Bassola, conseiller d’éducation, fut certainement le Hongrois qui œuvra le plus à la création de l’Institut. En 1947, les deux pays étaient d’accord pour que cesse l’influence allemande et autrichienne dans les domaines politiques et culturels. Mais les remplacer par la culture était problématique. Zoltán Bassola n’ignorait pas l’enjeu de la création de l’institut et lutta fortement pour sa réalisation. Il exaltait les relations francohongroises dans ses paroles au nom du gouvernement. Il parvint à accomplir son projet 52 Georges Diener: A Francia Intézet Magyarországon 1947-1989, Magvető-L’Harmattan, Paris-Bp., 1990, p. 20-71. 40 et c’est ainsi que l’Institut fut créé en avril 1947. Malheureusement, à l’arrivée des communistes en 1948, il fut licencié. Le but général était de mettre à la disposition des Hongrois une bibiliothèque (livres, revues et journaux en français), d’enseigner la langue, de favoriser les échanges scientifiques et rencontres entre enseignants, de donner des bourses et d’organiser des conférences. L’Institut collabora avec d’autres organisations scientifiques hongroises: l’Académie des Sciences, le Collège Eötvös et l’Institut Teleki Pál. L’Amicale des Professeurs de Français dans les lycées fonctionnait aussi sous la direction de l’Institut Français. Les années 1948 et 1949 furent une période critique. Le stalinisme mis fin aux bourses en France, l’Amicale des professeurs fut dissoute, d’ailleurs beaucoup d’entreeux furent licenciés. Trois Français durent cesser leur travail, le directeur de l’Institut, le lecteur du Collège Eötvös et le représentant de l’Alliance Française. La Faculté des Lettres devint le seul endroit où l’on enseignait le français; il y avait 5 étudiants en 1951 contre 200 en 1947. Les locaux de l’Institut furent transférés de la rue Szende Pál à la rue Ferenczy István. Guy Turbet-Delof en devint le nouveau directeur en janvier 1950. Très vite, l’Institut compta 600 élèves qui n’étaient pas tous des étudiants de l’université car pour cela, il fallait désormais une autorisation spéciale. L’Institut Français de Budapest et celui de Zagreb étaient les seuls dans ces années là ouverts dans les pays du bloc soviétique. L’une des raisons de la non fermeture de l’Institut à Budapest était que les autorités hongroises voulaient maintenir ouvert l’Institut Hongrois de Paris suivant le principe de réciprocité. L’autre raison était que l’Institut Français en Hongrie n’avait pas de grande influence politique. Citons quand même une petite anecdote. On dit que l’épouse du dictateur Rakosi Matyas suivait l’évolution de la mode française en lisant les magazines de l’Institut. 1953 amena une détente après la nomination de Nagy Imre au poste de premier ministre. Le nombre de films empruntés augmenta de 232 en 1953 à 1233 en 1956, et celui des livres empruntés passa de 1 380 en 1953 à 5 529 en 1956. L’Institut comptait 1 200 étudiants en 1956 par rapport à 500 en 1952. Son influence augmentait 41 continuellement, ce qui préoccupa le gouvernement. Plusieurs de ses employés furent emprisonnés entre 1954 et 1956. Dès la révolution le 23 octobre, l’Institut fut fermé pendant quelques mois. Il réouvrira le 7 janvier 1957. 4 ans plus tard, l’Institut fut transféré rue Szekfű. Au cours de la même année, un comité franco-hongrois élabora le premier acte de l’accord d’échange culturel entre professeurs de l’Institut Français de Budapest et de l’Institut Hongrois de Paris. Par la suite, cet accord fut régulièrement renouvelé et complété. 1966 fut l’année d’un changement dans la qualité des relations culturelles francohongroises. Cette période était caractérisée par l’augmentation d’échanges entre scientifiques et une programmation en dehors de l’Institut. Une quarantaine de films furent projetés en 1968 et il y eut 16 conférences. Tout ceci attira de plus en plus de monde. En 1976 fut installée une téléthèque avec des programmes de la télévision française. L’idée venait de Pascal Emmanuel Gallet, l’attaché culturel de l’époque, qui avait été étonné de l’image fausse de la culture française en Hongrie quand il était arrivé. La téléthèque devait : - diffuser presqu’au même moment les programmes de TV française en Hongrie, - inciter la télévision hongroise à acheter des programmes français, - développer la culture audiovisuelle. C’est ainsi que l’Institut Français collabora avec la Télévision Hongroise. Un des résulats fut l’organisation de la Semaine du Film Français en 1980, après 9 ans de pause. Le succès fut extraordinaire – avec 34 000 spectateurs. Hungarofilm acheta les droits de distribution de 13 films, l’Institut accordant une assistante technique pour la traduction et proposant d’organiser ce festival tous les 2 ou 3 ans. Déjà 200 000 foyers recevaient TV5. Malgré ces succès et cette popularité, l’Institut rencontrait toujours des problèmes politiques concernant son fonctionnement. Il ne put négocier directement avec des partenaires français jusqu’aux années 1980 qu’avec la collaboration du ministère des Affaires étrangères. Ensuite, les choses évoluèrent. 42 Après le changement de régime Le changement de régime de 1990 transforma la vie de l’Institut Français. D’abord, il fut transféré en 1992 dans son lieu actuel, rue Fő, au cœur de Budapest et au bord du Danube. 100 personnes y travaillent actuellement. Ce bâtiment de 7 étages abrite un auditorium d’une capacité de 200 personnes, une téléthèque faisant aussi office d’une petite salle de conférence d’une capacité de 56 personnes, une salle d’exposition d’une superficie de 140 m2, un café-retaurant avec terrasse, une librairie, une médiathèque sur trois niveaux et de nombreuses salles pour enseigner le français aux 2 500 étudiants inscrits cette année..53 Programmes et bourses de l’Institut Programme d’Aide à la Publication „ Kosztolányi” (PAP): ce programme a été créé en 1993, avec la collaboration de l’Ambassade de France, pour soutenir l’édition des livres français en Hongrie. Son but principal est le financement des éditeurs pour les inciter à éditer ou rééditer des livres français. Bourse de Séjour aux traducteurs: c’est une proposition de l’Ambassade de France de Budapest pour que les traducteurs étrangers d’œuvres françaises puissent séjourner en France et réaliser un projet de traduction. Le but est de développer le réseau des traducteurs professionnels de français et de favoriser la publication des ouvrages français à l’étranger.54 Le Centre Interuniversitaire d’Etudes Hongroises (CIEH) Le Centre a été fondé le 14 décembre 1985, par les gouvernements français et hongrois et se trouve à l’Université de la Sorbonne Nouvelle-Paris III où l’enseignement du hongrois existe depuis 1967. Il fonctionne en étroite collaboration avec la Chaire des Langues Finno-Ougriennes de l’Institut National des Langues et Civilisation Orientales (INALCO). Le but est de développer l’enseignement supérieur dans le domaine des sciences humaines et de faire des recherches avec la coopération des universitaires et chercheurs hongrois. Ses activités sont financées par le ministère de l’Education nationale. 53 54 publication Institut Français de Budapest, p. 6-24. www.inst-france.hu 43 Le Centre contribue à l’enseignement, dans le cadre de la convention de l’Université Paris III et de l’INALCO, et encourage les voyages d’études des étudiants français en Hongrie. De nombreux documents de sa bibliothèque proviennent des dons de la bibliothèque Széchenyi de Budapest. Le Centre a pris l’initiative de la création à Paris III d’un poste de Maître de conférences d’études hongroises et organise deux réunions annuelles des enseignants de hongrois avec l’Institut Hongrois de Paris. Le Centre considère la recherche dans le domaine de l’ hungarologie comme son devoir le plus important. Aussi organise-t-il toutes les années un colloque, en liaison avec la Séance Annuelle du Conseil d’Orientation Scientifique, pour permettre aux spécialistes français et hongrois de se rencontrer. Au cours de ce colloque, on traite de thèmes littéraires, historiques, linguistiques et culturels. Au même moment, le Centre soutient le travail du Centre de Recherche en Linguistique Contrastive (CRELIC) et participe à l’organisation de certaines événements franco-hongrois. Le Centre prend part à la publication de travaux hungarologiques et, depuis 1989, publie les Cahiers d’Etudes Hongroises avec la participation de l’Institut Hongrois de Paris.55 Selon le site de l’Université de Paris III, ses thèmes de recherches sont les suivants: - "Analyse des modes de transformation de l'économie hongroise et intégration régionale et européenne, - Recherches en sciences sociales axées sur l'évolution et la situation internationales de la Hongrie au XXe siècle avec des équipes françaises et étrangères, - Recherche littéraire : thématique contemporaine et relations franco-hongroises, - Lexique franco-hongrois des termes économiques et de management, - Recherches en linguistique contrastive (hongrois et français)." L’institution accueille des candidats au doctorat et établit un réseau d’échanges et de coopération avec d’autres centres hungarologiques en Europe occidentale par exemple à Hambourg, Berlin et Vienne dans le domaine des sciences et des arts; naturellement, elle s’est constituée un réseau de coopération en France, comme en Europe occidentale, en Hongrie et dans les PECO.56 Le CIEH fonctionne depuis plus de 20 ans. La première période fut caractérisée par une collaboration étroite avec l’Université de la Sorbonne et avec l’Académie 55 Cahiers d’études hongroises 1/1989, Centre Interuniversitaire d’Etudes hongroises, Paris, 1989., p. 102105. 56 http://ed385.univ-paris3.fr/unitesrecherche/ppf_cieh.htm 44 Hongroise des Sciences. L’activité centrale était la propagation du hongrois par des publications linguistiques et par la création d’un dictionnaire français-hongrois. On enregistra des liens étroits entre les Universités de Budapest, de Debrecen, de Pécs et la Sorbonne. Les Cahiers d’études hongrois furent lancés. La deuxième période fut caractérisée par des recherches sur le modèle économique du socialisme de János Kádár. Le directeur du CIEH, l’économiste Xavier Richet, fit connaître le système Kadar dans le monde entier. Les Cahiers de la Nouvelle Europe furent publiés. Aujourd’hui, la troisième période est consacrée à la recherche.57 Le Centre Interuniversitaire d’Etudes Françaises (CIEF)58 Ce centre d’études et d’information franco-hongrois a été fondé en décembre 1990 suite à un accord intergouvernemental. Son fonctionnement est similaire à celui du CIEH; le CIEF est associé à l’Université Eötvös Loránd de Budapest. Son Conseil d’Orientation Scientifique (COS) se compose de professeurs de diverses disciplines qui se réunissent chaque année pour faire un bilan annuel et pour discuter des projets de l’année suivante. Sa médiathèque offre un grand nombre de moyens pédagogiques en français: environ 10 000 ouvrages et revues, 1 800 cassettes, 400 diapositives et 500 vidéocassettes. Cette médiathèque est accessible sur le site de l’Université ELTE. Le Centre organise des rencontres et des colloques avec la participation de l’Institut d’Études Littéraires de l’Académie des Sciences de Hongrie et le Département d’Études Françaises de l’Université ELTE. Les conférences sont publiées dans la Revue d’Etudes Françaises, publication annuelle du CIEF et du Département d’Etudes Françaises de l’Université ELTE. Depuis 1996, le Centre organise chaque année les Journées d’Etudes Françaises avec la participation de départements d’enseignement de français chaque fois dans une différente ville. C’est l’occasion de présenter les dernières recherches concernant la langue, la littérature ou la civilisation françaises. L’association invite aussi chaque année de jeunes doctorants d’Europe centrale pour discuter de leurs recherches. Enfin, le Centre invite tous les ans un illustre professeur français qui présente un thème aux doctorants hongrois. 57 58 http://cieh.tiple.org/pages/1/ http://cief.elte.hu/ 45 Le Centre organise des ateliers pédagogiques de concert avec le Service Culturel de l’ambassade de France et propose des cours et la préparation à des concours; il participe aux travaux des membres de l’Association Hongroise des Enseignants de Français. Fondation franco-hongroise pour la jeunesse59 La Fondation Franco-Hongroise pour la Jeunesse a été créée en 1992 par le ministre de l’Education et de la culture avec pour objectif de favoriser l’enseignement de la langue et de la culture françaises par l’embauche de professeurs de nationalité française dans des établissements hongrois. Ceci favorise la création et l’approfondissement des relations entre jeunes français et hongrois. Le but est aussi de populariser le français, développer le niveau de l’enseignement, une connaissance mutuelle entre jeunes des deux pays et de renforcer de l’esprit et la coopération européens. La Fondation fonctionne dans le cadre du programme bilatéral de coopération d’enseignement des deux gouvernements. Les membres du comité de surveillance sont des personnalités de l’enseignement du français, des représentants du ministère hongrois de l’Education et de l’ambassade de France. Les enseignants sont de jeunes diplômés d’Universités françaises. Lors de l’année scolaire 2006/2007, 21 professeurs enseignaient à Budapest dans 13 départements à tous les niveaux de l’enseignement. Ces professeurs participent activement à la création et au développement des relations et partenariats entre institutions françaises et hongroises. Ils aident à l’organisation de différentes activités: groupes de théâtre, clubs français, programmes d’échange, mise à disposition de journaux, expositions, préparation de projets, participation à divers festivals, formations etc... Le ministère de l’Education et le ministère des Affaires étrangères financent leurs programmes. La Fondation a accueilli 791 jeunes professeurs français depuis 1992. Elle permet à ces jeunes diplômés d’acquérir une expérience d’enseignement du français comme langue étrangère dans un cadre original. Les candidats doivent avoir 28 ans au maximum et être titulaires d’un diplôme français langue étrangère. La durée du contrat est d’une année scolaire mais peut être renouvelé une fois. Des formations et des journées professionnelles sont organisées à leur intention et un coordinateur les aide. 59 www.mfia.hu 46 La Fondation décerne chaque année la médaille commémorative Aurélien Sauvageot aux personnes dont le travail a été reconnu comme important pour les relations culturelles franco-hongroises. Il existe deux catégories: une pour les enseignants français et les coordinateurs hongrois, 4 personnes par an au maximum, et une pour les personnalités qui ont contribué de façon significative au développement des relations entre la jeunesse française et hongroise, 2 personnes par an au maximum. L’Association Hongroise des Professeurs de Français (AHEF)60 L’AHEF a été créée en 1989 par des professeurs hongrois de français pour „promouvoir l’enseignement de la langue, de la littérature et de la civilisation françaises, encourager la recherche et la formation continue dans ces domaines, exprimer et représenter les intérêts des professeurs de français de Hongrie, nouer et entretenir à cette fin des relations avec des organisations et des spécialistes hongrois et étrangers.” Elle compte aujourd’hui environ 250 membres dont la plupart sont professeurs dans le secondaire. Elle a son siège à Budapest, précisément dans les locaux du CIEF et est membre de la Fédération Internationale des Professeurs de Français et de la Commission d’Europe Centrale et Orientale. Sa principale manifestation est son assemblée générale annuelle. L’Association organise des journées pédagogiques et édite du matériel pédagogique. L’Association Musicale Franco-Hongroise61 Cette association a été créée en 2003 à Paris où elle siège. Elle a pour vocation le développement des relations musicales entre des deux pays et s’efforce de faire connaître les musiciens et la musique française en Hongrie et vice-versa. Elle organise bien sûr des concerts mais également des conférences, expositions, séminaires, stages pédagogiques, concours et festivals. Son activité majeure est l'Académie Internationale de Musique de Chambre pour adultes amateurs à Budapest tous les mois d’août. 60 61 http://www.ceco-fipf.eu/ www.amfh.org 47 Organisations, événements franco-hongrois MAGYart62 Depuis les années 1990, la France organise l’année culturelle d’un ou plusieurs pays chaque année. Les trois principes sont l’ouverture, la modernité et la protection du patrimoine. En 2001, le gouvernement français avait choisi d’organiser l’année de la Hongrie et du Québec. Les raisons du choix de l’année MAGYart venaient du millénaire de l’Etat hongrois et de sa future intégration dans l’UE. Les organisateurs de MAGYart étaient le ministère des Affaires étrangères, la Direction Internationale du ministère de la Culture et de la communication, Hungarofest Kht. et l’Institut Hongrois de Paris côté hongrois et l’AFAA (Association Française d’Action Artistique) dépendant du ministère des Affaires étrangères, l’ambassade de France en Hongrie, le ministère de la Culture et l’Institut Français de Budapest côté français. Grâce à 40 millions de forints du Ministère hongrois de l’Economie, 78 petites communes, villes et écoles ont envoyé en France près de 2 000 personnes pour participer à différents événements : chorales, troupes de théâtre, groupes folkloriques, etc.... Le fonds commun de MAGYart fut de l’ordre d’1,22 million d’euros. Parmi les sponsors, figuraient AXA, Malév, Alcatel, Gaz de France avec une aide 150.000 euros plus une assistante technique. Les programmes durèrent entre juin et décembre annoncés dans une publication détaillée, tirée à 100 000 exemplaires. En Hongrie, Pesti Est, gratuit hebdomadaire annonçant des programmes culturels, publia une édition spéciale Année de la Hongrie en France avec le soutien de l’Institut Français. En France, fut publiée une anthologie de la littérature hongroise en 40 000 exemplaires gratuitement distribués. Un CD de musique folklorique et de variété hongroises fut également distribué. Les ChampsÉlysées furent ornés des couleurs tricolores hongroises en septembre et 800 000 affiches furent distribuées dans les musées et établissements publics. La province ne fut pas oubliée. Les initiateurs des programmes s’efforcaient de présenter la Hongrie pour toutes les classes d’âge. On projeta des images de Budapest sur les bâtiments de Paris, on décora des stations de métro avec 4 000 affiches présentant des œuvres de la littérature hongroise, on organisa des programmes gratuits dans les rues et dans les foires 62 Fernbach Katalin: Magyar-francia kapcsolatok a magyar kulturális évad tükrében, bp. 2002., p. 19-65. 48 artisanales. La régionalité eu un grand rôle. Grâce à l’Institut Hongrois, un vieux tramway de Budapest faisait office de centre d’information devant l’Hôtel de Ville de Paris. La projection de 250 films hongrois fut précédée d’un court métrage de 20 mn présentant la Hongrie. Il y eu plusieurs expositions sur l’histoire hongroise (l’époque des Anjou, la migration), sur la photo et autres œuvres artistiques. L’un des événements les plus populaires fut le programme organisé par Hermes, une journée complète de l’Année Hongroise à Chantilly, avec une course hippique, une dégustation de vins et de spécialités culinaires hongrois. FR3 diffusa l’événement en direct. La Hongrie fut l’invitée d’honneur à la Foire de Noël de Strasbourg et participa à la fête des Métiers de Paris et de Lyon. Des programmes eurent lieu au Musée de la Vie Romantique d’Aixen-Povence avec les Lumières Magyares, un concert du groupe Savaria de Szombathely et une représentation de la troupe Krétakör. Il y eu, en tout, 800 événements dans 250 villes dont 40 expositions et 493 concerts. Un millier d’articles furent publiés dans la presse écrite française concernant le MAGYart dont la plupart en octobre et en novembre. Grâce à l’année hongroise, les Français découvrirent beaucoup sur la Hongrie. Il y eu des conséquences sur le plan diplomatique. En effet, cette année là, 6 visites officielles franco-hongroise eurent lieu: celle du Président de la Hongrie, celle du premier ministre, celle du ministre des Sport et de la jeunesse, celle du ministre des Affaires étrangères côté hongrois et celles du Président de l’Assemblée Nationale et du Président du Sénat côté français. Le succès de MAGYart enregistra un succès tel que des groupes comme Ghymes ou Csík, des troupes de théâtre ou des organisateurs d’expositions furent invités par la suite. Par ailleurs, le nombre de touristes français augmenta de 28 000 en 2002 par rapport à 2001. FranciArt63 Cet événement fut une réponse à MAGYart. Il fut organisé entre janvier et décembre 2003. Mádl Ferenc, président de la Hongrie, en avait pris l’initiative au cours de sa visite à Paris en juin 2001 lors l’ouverture de l’Année de la Hongrie. Il proposa de 63 http://nol.hu/cikk/91514/, http://www.origo.hu/itthon/20030806csutortoktol.html 49 se concentrer sur les arts contemporains. L’année de l’organisation, juste avant l’intégration de la Hongrie dans l’UE, exprimait la forte volonté hongroise de faire partie de la culture européenne. Le financement fut pris en charge par l’Institut Français, le ministère hongrois de la Culture, des investisseurs français, des départements, des villes, des communautés de communes et des régions jumelées avec des collectivités locales et régionales françaises. FranciArt permit le renforcement de la présence de la culture française en Hongrie avec plus de 200 manifestations culturelles. L’année de la France commença par la diffusion télévisée d’une série sur Napoléon fin janvier. La France fut l’invité d’honneur du Festival de Printemps, du Festival du Livre et du Festival d’Automne à Budapest. Le clou du Festival du Printemps fut la venue à Budapest du Corps de Ballet de Paris. Mars et avril furent les mois des films et de l’environnement: on diffusa même des films dans la célèbre piscine Rudas de Budapest et on organisa la semaine du film français à Szeged, Debrecen, Győr et Pécs. En août, on organisa Budapest Plage avec 1200 m3 de sable sur un quai de Budapest. Il y avait des transats, des douches, des tables et des plantes. On y organisa divers programmes (défilés de mode, expositions, concerts, matches de volleyball et de football). En novembre, on commémora le compositeur Hector Berlioz à Győr. Le programme le plus populaire fut l’exposition des impressionnistes Monet et ses amis au musée de Beaux Arts de Budapest, ouverte en décembre, qui attira plus de 200 000 visiteurs. Année économique de la Hongrie en France Au cours de la visite de Jacques Chirac en février 2004, les deux pays décidèrent d’organiser l’Année Economique de la Hongrie en France entre mars 2005 et mars 2006. La raison principale de cette initiative était la suivante : un volume des échanges commerciaux entre les deux pays multiplié par six fois en 2000 par rapport à 1990. En effet, la France était devenue le 4ème plus important partenaire commercial de la Hongrie et le 5ème plus important investisseur. Les relations pouvaient bien sûr se développer et la France souhaitait, à partir de la Hongrie, renforcer sa position en Europe Centrale et de l’Est. La plupart des grandes entreprises françaises déjà présentes en Hongrie, la Hongrie souhaitait attirer les PME françaises notamment les entreprises installées en province. Les domaines de l’informatique, de la biotechnologie et de la recherche et du développement furent très prisés par les Hongrois tout comme le tourisme. 50 Le coût total de cette année éconmique fut de 217,5 M de forints. ITDH, Bureau pour la Promotion et l’Investissement en Hongrie, versa 61,7 millions, les entreprises 60 millions, Agrármarketing Centrum 40 millions, Magyar Turizmus Rt 14 millions, NKTH 10 millions et les organisations françaises 30 millions.64 Une vingtaine de programmes fut organisée: plus de dix délégations officielles visitèrent la France ou la Hongrie. La Hongrie fut l’invitée d’honneur du Colloque International d’Investissement de La Baule et de l’exposition professionnelle Pollutec de Paris. Les résultats de cette Année furent les suivants. Entre décembre 2005 et mai 2006, les entreprises françaises signèrent des contrats d’un montant total d’1,3 milliard d’euros en Hongrie, entre autres pour le creusement du tunnel de la ligne 4 du métro de Budapest et pour la fourniture du métro. Les chefs de gouvernement des deux pays se rencontrèrent plus fréquemment pendant cette période ce qui permit à la France de renforcer la présence de ses entreprises face aux allemandes, russes, autrichiennes et japonaises. Entre le milieu de 2005 et la fin de 2006, plus de 30 entreprises françaises s’installèrent en Hongrie. Les importations françaises en Hongrie augmentèrent de 10% entre 2005 et 2006 contre 4% entre 2000 et 2004. L’Année Economique avait réussi à attirer l’attention des entreprises françaises sur le marché hongrois. Au regard de ce succès, János Kóka et Thierry Breton, ministres de l’Economie, décidèrent, au cours de leur rencontre de mars 2006, d’organiser l’Année Economique de la France en Hongrie entre 2007 et 2008.65 2007-2008, Année Economique de la France en Hongrie66 Nous sommes au cœur actuellement de l’Année Economique de la France en Hongrie commencée en juillet 2007 et prenant fin en juillet 2008. 26 programmes professionnels et tout public ont été préparés à cet effet. Cette manifestation a pour but de mieux faire connaître aux entreprises hongroises les produits, les technologies et les prestations des entreprises françaises et de renforcer la coopération économique. 4 types d’événements sont proposés: - Des séminaires professionnels, - Des rencontres d’affaires, 64 http://akadalymentes.gkm.gov.hu/archivum/sajtoszoba/sajtoszoba/sajtoanyagok/magev_050316.html www.francia-ev.com 66 www.francia-ev.com 65 51 - Une présence française à des salons professionnels, - Une présence à des événements tout public. Ce programme comprend aussi des manifestations en France: visites ministérielles, déjeuners de travail, rencontres entre les chefs d’entreprises les plus importantes des deux pays, délégations officielles aux expositions professionnelles françaises, Journées hongroises dans plusieurs villes de France (Lille, Marseille, Lyon). De nombreuses institutions et associations prennent part à l’organisation des événements sous la direction du Service Commercial de l’Ambassade de France à Budapest: le Ministère de l’Economie et des transports, l’Institut Français, les Conseillers du Commerce Extérieur de la France (CCEF), la Chambre de Commerce et d’Industrie Franco-Hongroise (CCIFH), la Maison de la France (Office de tourisme français), Initiatives France-Hongrie, ITDH et la Sopexa (office de promotion des produits agricoles, vins et spiritueux français à l’étranger). L’Année Economique a commencé par une manifestation de deux jours autour de l’Institut Français le 14 juillet 2007, à l’occasion de la fête nationale française, où des stands étaient tenus par des régions et départements français, le plus souvent jumelés avec une région ou un département hongrois. Au cours de ces deux jours, des concerts ont été donnés et un feu d’artifice a précédé un grand bal populaire. En septembre, 6 entreprises françaises et deux stylistes ont présenté leurs collecions de robes de mariée à l’hôtel Sofitel. En octobre, Alstom a présenté son tramway CITADIS, le premier au monde sans câble aérien. En novembre, les chaînes de distribution Cora et Match, après Auchan, ont organisé la Semaine Française proposant fromages, vins, moutardes et autres produits alimentaires français. En France, des Journées d’information Hongrie ont été organisées à Marseille et à Lyon pour populariser notre pays. 52 Sondage d’opinion parmi les Hongrois concernant la culture française Pour préciser l’image des relations culturelles franco-hongroises, nous avons décidé de faire un sondage parmi 45 jeunes hongrois âgés de 21 à 30 ans. Le but était de mesurer la connaissance de la culture française et l’intensité des stéréotypes répandus sur les Français en Hongrie. Résultat Parmi les 45 personnes qui ont rempli le questionnaire, il y a 73,3 % de femmes et 26,7 % d’hommes. La raison est que les femmes sont en général plus communicatives, plus curieuses et plus serviables. Peut-être est-ce aussi parce qu’il y a plus de femmes que d’hommes qui apprennent le français. 24,4 % des interrogés parlent le français dont 63,6 % ont un niveau de débutant, 27,3% un niveau moyen et 9,1 % un niveau supérieur. On peut penser que ceci signifie que la plupart l’apprenne pour le plaisir mais ne l’utilise pas régulièrement. 63,6 % ont choisi la langue par goût et 36,4% la considèrent de plus en plus importante. Une toute minorité avoue l’avoir apprise sous l’influence de leurs parents, la contrainte ou pour d’autres motifs. Selon 57,8 % des interrogés, le français est une langue officielle dans au moins de 10 pays (en réalité 41). Il y a seulement 4,4 % de bonne réponse. Le résultat montre que les Hongrois ne sont pas conscients de l’importance coloniale de la France et de la diffusion de sa langue. Pourtant selon les réponses, les Hongrois savent que la France a eu des colonies en Afrique. tableau 1 Nombre des pays francophones selon les interrogés 1-10 57,8% 13,3% 15,6% 8,9% 4,4% 0,0% 11-20 21-30 31-40 41-50 50 fölött 53 33,3 % connaissent des Français et 55,5 % ont été dans un pays francophone. La plupart (68 %) y a été une seule fois dont 88 % en France, 12 % en Tunisie et 4 % en Belgique ou en Suisse. 48 % de ceux qui ont été en France ont séjourné à Paris. 68 % ont été en France pour les vacances, 20 % pour étudier et 4 % pour travailler. Rappelons que les résultats diffèrent selon le groupe expérience ou le groupe stéréotypé. Le calcul est fait selon l’échelle Likert (oui certainement/très bonne = 5, 1 = non pas du tout/très mauvaise). Première question: Pensez-vous que la France soit un centre culturel ? 40 % optent pour le 5 et 37,8% pour le 4. 48 % du groupe expérience choisissent 5, l’autre groupe 4 (43,8 %) ou 3 (31,3 %). Donc plus on connaît le pays, plus on reconnaît son importance culturelle. Deuxième question: Comment trouvez-vous la cuisine française ? 37,8 % pour le 4 et 35,6 % pour le 3. Le groupe d’expérience a choisi plutôt le 4 (41,4%) et l’autre groupe le 3 (37,5%). Troisième question: Comment les Français connaissent-ils la Hongrie selon vous? Les 2 groupes choisissent la réponse 2, seule la proportion est différente: la moyenne est de 44,4 % qui choisissent le 2 avec 34,5 % du groupe d’expérience (la valeur 3 suit la valeur 2) et 62 % du groupe stéréotypé. Ceci signifie que le stéréotype selon lequel les Français ne nous connaissent pas est vrai mais un peu exagéré. Quatrième question: Les Français sont-ils nationalistes? On constate que le groupe d’expérience est plus sévère avec 51,7% pour la valeur 5 contre 37,5 % de l’autre groupe qui choisit aussi. Cinquième question: Les Français sont-ils serviables? Il semble qu’en Hongrie il n’y ait pas d’apriori à ce sujet parce que 62,5 % du groupe stéréotypé ont choisi la réponse 3 qui exprime une incertitude complète. 31 % du groupe d’expérience choisissent la 4, 27,6 % la 2 et 24,1 % la 3. Sixième question: Les Français sont-ils polis ? Ceux qui ne connaissent pas les Français les considèrent plus polis que ceux qui les connaissent. A égalité, valeurs 3 et 4 pour 37,5 % du groupe expérience; valeur 3 en tête avec 44,8 % du groupe stéréotypé. 54 Septième question: Les Français sont-ils hospitaliers ? Les réponses du groupe stéréotypé sont similaires à celles de la cinquième question: 62,5 % ont choisi 3. Les membres de l’autre groupe ont des expériences différentes: 34,5 %, 27,6 % et 24,1 % pour 4, 3 et 2.. Huitième question: Les Français parlent-ils des langues étrangères ? Les réponses du groupe d’expérience confirment l’apriori que les Français ne parlent pas d’autres langues que la leur avec 31 % pour la 1, 27,6 % pour la 2 et 24,1 % pour la 3. L’autre groupe a une opinion similaire le 2 revenant à 43,8%. tableau 2 Échelon Likert sur les stéréotypes et sur les expériences ensemble La France est un centre culturel Niveau de la cuisine française Connaissance de la Hongrie Nationalisme Serviabilité Politesse Hospitalité Connaissance des langues étrangères 1 0,0% 0,0% 15,6% 6,7% 8,9% 2,2% 2,2% 20,0% 2 2,2% 6,7% 44,4% 6,7% 22,2% 17,8% 20,0% 33,3% 3 20,0% 35,6% 28,9% 15,6% 37,8% 42,2% 40,0% 26,7% 4 37,8% 37,8% 4,4% 24,4% 24,4% 26,7% 28,9% 17,8% 5 40,0% 20,0% 6,7% 46,7% 6,7% 11,1% 8,9% 2,2% A quoi associez-vous l’image de la France ? Tour Eiffel 37,8 %, fromage 28,9 %, Paris 24,4 %, vin 20 %, mode 17, 8% et art 15,6%. Quels acteurs français connaissez-vous ? 97,7 % ont mentionné au moins un nom. Arrivent en tête : Gérard Depardieu avec 50 %, Sophie Marceau et Jean-Paul Belmondo avec chacun 36,4 %, et Jean Reno avec 22,7 %. Quels chanteurs français connaissez-vous ? Les chanteurs français sont moins connus en Hongrie. 66,6 % ont pu en mentionner au moins. Arrivent en tête : Edith Piaf avec 40% et Alizée avec 36,7 %, Céline Dion n’a que 13,3 %, la plupart des gens ne savent pas qu’elle est québécoise et chante aussi en français. Quels écrivains connaissez-vous ? Victor Hugo 42,7 %, Balzac 27,8 %, Stendhal 25 %, Verne 22,2 %. 80 % des interrogés ont mentionné au moins un nom. 55 Quels peintres connaissez-vous ? 71,1% ont nommé au moins un peintre. Les plus connus sont Monet (59,4%), Manet (43,8%), Cézanne (28,1%) et Gauguin (18,8%). Quels films connaissez-vous ? Les films français sont presque aussi populaires que les acteurs: 93,3% ont donné différents titres ce qui illustre une bonne connaissance. Arrivent en tête : Taxi (38,1%), Le fabuleux destin d’Amélie Poulain (26,2%) et la Boum (23,8%). Quels titres de chansons connaissez-vous ? 46,6% ont donné au moins un titre. Arrivent en tête : la Marseillaise (38,1%), un extrait de la comédie musicale Roméo et Juliette (33,3%), Voyage de Désiré (14,3%). Quels titres de romans connaissez-vous ? Seulement 68,8 % ont donné des titres très variés. Arrivent en tête les lectures obligatoires à l’école et au lycée: Les Misérables (32,3%), Le Rouge et le Noir (29%), Notre-Dame de Paris (22,6%) et le Père Goriot (22,6%). Selon vous, les Hongrois s’intéressent-ils à la culture française? 53,3 % moyennement, 28,9 % peu, 8,9 % pas du tout, et 8,9 % beaucoup. Selon vous, les Français s’intéressent-ils aux Hongrois ? 44,4% un peu, 37,8% pas du tout et 17,8% moyennement. tableau 3 Association pour la France (plusieurs réponses étaient possibles) % Tour Eiffel fromage Paris vin la mode art chateaux de Loire baguette cuisine 56 37,8 28,9 24,4 20 17,8 15,6 13,3 8,9 6,7 Conclusion Les relations séculaires franco-hongroises s’inscrivent entièrement dans l’histoire de l’Europe avec des périodes d’incompréhension, d’absence de liens et d’une amitié réelle et profonde. Les grandes périodes restent le Moyen Âge, les périodes révolutionnaires tant en Hongrie qu’en France, 1880 et 1920, 4 décénies considérées comme l’âge d’or de l’amitié franco-hongroise, l’après Trianon, 1956 et enfin, l’aide de la France à l’entrée de notre pays dans l’Union européenne à partir des années 1990. Les liens franco-hongrois de plus en plus forts ont été illustrés depuis le changement de régime par la création de plus en plus d’associations, la venue d’entreprises françaises en Hongrie, une organisation dynamique de l’enseignement de la langue française accompagnée notamment par des bourses d’études. Au-delà de l’étiquette politique de tel ou tel gouvernement, tant en Hongrie qu’en France, on peut se réjouir que tous les gouvernements depuis 1990, ont eu le même désir d’approfondir la coopération politique, économique et culturelle et l’amitié entre les deux pays. MAGYart en 2001, FranciArt en 2003, l’année économique hongroise en France en 2005 et l’actuelle année économique française en Hongrie sont de parfaits exemples de cette amitié franco-hongroise nécessaire dans une Europe qui se construit et un monde qui évolue sans cesse. Ces liens sont encore plus riches si on considère le rôle des Français d’origine Hongrois dans la vie publique française qui est en même temps presque complètement inconnu en Hongrie. Pourtant la Hongrie a donné plusieurs grandes personalités au monde du cinéma français: Péter Kassovitz, réalisateur français d'origine judéohongroise qui a quitté Budapest pour Paris en 1956 et son fils, Mathieu Kassovitz, vedette du film Fabuleux destin d’Amélie Poulain (Nino), ou l’acteur et comédien Lorant Deutsch né László Matekovics. Les Français d’origine Hongrois sont aussi présents dans la vie politique par Patrick Balkany, maire de Levallois-Perret, ou par Nicolas Sarkozy, président de la République française. Pour terminer, rappelons-nous des propos de M. Sarkozy, lors de son récent séjour à Budapest: „La France et la Hongrie ont besoin l'une de l'autre, au cœur de 57 l'Europe centrale. La Hongrie est, pour la France, un partenaire stratégique et un partenaire essentiel... La relation qui existe aujourd'hui entre nos deux pays est forte. Elle est ancienne... A nous, maintenant, de faire de cette relation, une relation plus riche et plus porteuse d'avenir... Ensemble... nous pouvons accomplir de grandes choses, si nous en avons la volonté, si nous en avons l'énergie.”67 Sans aucun doute, on ne peut que partager ces propos. 67 https://pastel.diplomatie.gouv.fr/editorial/actual/ael2/bulletin.asp?liste=20070917.html 58 Bibliographie Livres: Asztrik Gabriel: Les rapports dynastiques franco-hongrois au moyen-âge, Bp., 1944. Bajomi Lázár Endre: Ego sum gallicus captivus – Magyarországra menekült francia hadifoglyok emlékezései, Európa Könyvkiadó, Bp., 1980. Cahiers d’études hongroises 2/1990, Centre Interuniversitaire d’Etudes Hongroises, Paris, 1990. Cahiers d’études hongroises 1/1989, Centre Interuniversitaire d’Etudes Hongroises, Paris, 1989. Cahiers d’études hongroises 10/2002, Centre Interuniversitaire d’Etudes Hongroises, Paris, 2002. 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Autres Recherche à la Bibliothèque de Széchenyi de Budapest Entretien avec Kader Lejri, responsable communication, mécénat et publications 61 Annexe 62