De la culture ultra à la culture de la violence Violence et racisme

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Günter A. Pilz*
De la culture ultra
à la culture de la violence
Violence et racisme dans le contexte
du football allemand
Le texte ci-dessous est déjà paru en allemand et a été reproduit avec l’accord
de l’auteur. Il est consultable dans sa version originale sur le site Internet www.
deutsche-akademie-fussballkultur.de Pilz a repris en substance les propos de cet
article lors de la Conférence Internationale sur les ultras, organisée au Stade de
France, le 18 janvier 2010 (cf. « aperçu général du phénomène de la culture ultra
dans les Etats Membres du Conseil de l’Europe en 2009 », étude conduite par
Günter A. Pilz et Franciska Wölki-Schumacher). Dans la contribution qui suit, Pilz
définit les bonnes pratiques de gestion des comportements violents des supporters
et donne en tant que spécialiste du hooliganisme des recommandations pour prévenir les dérives violentes ou racistes au sein du paysage ultra en Allemagne.
« Nous sommes l’élément principal »
Les ultras comme gardiens de l’âme du football
Depuis le milieu des années 1990, les ultras ont conquis les stades allemands et
le nombre d’associations d’ultras est depuis en constante augmentation ; la culture
juvénile des hooligans perd de l’importance dans de nombreux stades et est devenue d’une certaine manière un modèle de fin de série. La culture méridionale qui
consiste à encourager son équipe et que les Groundhopper rapportèrent d’Espagne
ou d’Italie, fut reprise de plus en plus sur le sol allemand. Elle se définit par un soutien exacerbé du club de la part de ses ultras, leur propre mise en scène des ultras
ainsi que par la cohésion étroite et soudée du groupe. Etre ultra signifie un nouveau
point de vue sur la vie, être « extrême », « être déjanté », s’amuser, partager une
culture de supporter juvénile autonome. Au contraire des hooligans, les ultras ne
possèdent qu’une identité, la leur, celle des ultras qu’ils expriment également durant
la semaine en dehors des matchs. Tout le reste, qu’il s’agisse de l’école, de la petite
amie, de la famille, passe après le football, ce que soit durant la semaine ou le
week-end. Les ultras décrivent leur existence comme un mélange de tension et de
détente. D’une part en tant que « travail » où ils sont concentrés en permanence et
où ils doivent tout donner, verbalement comme physiquement ; d’autre part, en tant
* G. A. Pilz. Université Leibnitz de Hanovre.
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qu’expérience grisante, en tant que Flow (Csikszentmihalyi 1992) où ils oublient
tout autour d’eux et se laissent guider par leur passion et leurs sentiments. C’est pour
cette raison qu’on constate souvent une prise de distance à l’égard de l’extrême
droite et que les ultras se considèrent davantage comme faisant partie de la sphère
des personnes critiques à l’égard du sport, de la société et du capitalisme. Ils se
considèrent comme des personnes critiques qui disent tout haut ce que tout le monde
pense tout bas et auxquelles personne ne peut interdire de penser et de stigmatiser
les abus actuels. Nous nous dressons expressément contre l’idée qui consiste à
nous présenter comme la partie mal aimée de cet « événement » qu’est le football.
Nous sommes l’essentiel ! NOUS sommes le match ; nous sommes le club (en l’occurrence, ce qu’il en reste). Nous sommes la raison pour laquelle le football exerce
aujourd’hui comme hier une grande fascination sur les hommes.
De la mise en scène à la marginalisation de la violence :
les ultras sur le chemin des « hooltras » ?
Depuis quelques années, un problème persiste. Il réside dans le fait que les
ultras, dans leur mode de vie, ne se reconnaissent plus clairement dans le refus de
la violence et que désormais, presque toutes les formations d’ultras, si elles n’encouragent pas les débordements de violence, du moins, elles les tolèrent. Le monde des
ultras est sur le point de rompre avec sa position qui consistait à refuser toute forme
de violence et affiche désormais un comportement qui tend de plus en plus vers le
hooliganisme. Ce constat m’amène à parler d’une évolution voire une perte de différenciation entre les ultras et les « hooltras », afin de distinguer clairement la petite
partie constituée par les « hooltras », prêts à la violence, de la majeure partie des
ultras. Sur la page internet du site des ultras de Francfort, le message est sans équivoque : quand on parle de défendre et de préserver son espace de liberté, force est
d’aborder le thème de la violence. L’attitude d’autres groupes qui consiste à se
démarquer par des belles phrases de toute forme de violence en agissant finalement
dans le sens contraire est souvent pleine d’hypocrisie. Dans certains cas, cependant,
il arrive que quelques supporters dans les stades jouent les durs et qu’une fois, dans
la rue, ils refusent de laisser libre cours à toute forme de haine. Le terme d’ultra ne
signifie pas seulement à nos yeux se limiter aux 90 minutes de haine exprimée dans
le stade mais vivre sa vie d’ultras 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. [...] Nous nous
démarquons clairement de la violence [...] C’est sûr que pour certaines personnes,
la violence est une mauvaise voie pour résoudre les problèmes ; mais il faut noter
qu’ici, dans notre association, il y a différents courants et qu’on trouve des gens
motivés dans tous les domaines, on y retrouve des personnes du monde créatif, des
opticiens et même des personnes qui travaillent dans le domaine des activités physiques.
Avec ce genre de déclaration publique, les expressions de moquerie et de haine
sont déchargées de tout leur rituel inoffensif et ludique et deviennent une philosophie de vie pensée comme telle. Parc conséquent, ce n’est pas une surprise si les
connaisseurs et les connaisseuses du milieu partent du constat qu’il y a une alliance
entre ultras et hooligans, sur la base du fait que les ultras se reconnaissent ouvertement dans la violence et la vivent et que les hooligans séjournent de plus en plus
dans les kops d’ultras. En l’occurrence, il faut naturellement se demander quelle est
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la raison de ce changement en termes de violences. La réponse est donnée par les
ultras eux-mêmes qui affirment que s’ils recourent à nouveau à la violence, c’est à
cause de la police et des services d’ordre qui, à leurs yeux, mènent une politique
de répression croissante à leur égard en quadrillant de plus en plus les virages qu’ils
réclament comme étant leur espace de liberté. C’est assurément un argument de
premier plan mais néanmoins unilatéral : l’insatisfaction et l’impuissance peuvent
causer une radicalisation d’une partie des ultras mais elles ne constituent pas une
explication suffisante. Des éclaircissements supplémentaires sont apportés par une
étude de cas réalisée par Alexander Leistners (2008, p. 119) à propos des formes
de violence chez les supporters de football, à travers l’exemple des scènes d’affrontement entre supporters ennemis de Leipzig. Celui-ci (2008, p. 119) souligne ainsi
combien les mises en scène d’affrontements, en dehors des jours de match, augmentent et, dans l’esprit de ce que nous nommions l’« existence permanente des
ultras », viennent dépasser le cadre sportif. Leistner parle – en s’appuyant sur la
déclaration d’un fan – d’une « ligue parallèle des ultras » : « C’est comme ça, une
ligue parallèle s’est développée, d’un côté, tu as ta ligue dans le domaine sportif,
de l’autre, tu as ta ligue dans ton entourage. » Cela donne naissance à une compétition entre formations ultras rivales qui prend la forme, les jours de match, de
concours où il s’agit de se mettre en scène afin de montrer la chorégraphie la plus
créative, la plus provocante, entonner le meilleur chant ou bien d’exprimer une violence mise en scène et ritualisée (jets de projectiles, de fumigènes et envahissement
du terrain) et qui prend la forme, en dehors des jours de match, de violences sans
limite, brutale comme par exemple des opérations violentes propres au fonctionnement des gangs, des street fights sur terrains neutres, des raids sur des trains ou
dans des fêtes privées (ibid. S. 129).
Pour cette même raison, les formes de violence associées aux jours de match,
ritualisées, attirent tout particulièrement les très jeunes fans, qui s’orientent vers une
expérience contrôlée et se révèlent comme un « doux » tremplin vers la culture de
la violence propre au football, parce que les faits restent contrôlables par la seule
présence des forces de l’ordre, l’accompagnement et la séparation des fans par la
police. Sous la protection de la police, les fans du club adverse peuvent être provoqués « sans danger ». Mais pour circonscrire les zones de pouvoir des clubs d’ultras, ceux-ci recherchent également des terrains de combat typiques les jours de
matchs quand par exemple, les ultras du club qui reçoit, une fois le match terminé,
se rendent sur le parking des ultras de l’équipe visiteur et les agressent. Une minorité
de ces ultras voit de plus en plus dans de telles actions violentes une manière
de se distinguer au sein de leur groupe. Une bonne partie des supporters commencent ici à sonder et à franchir les limites de la légalité, notamment en dehors de
l’enceinte des stades, de manière organisée et en toute connaissance de cause. Le
caractère d’événement que revêtent de telles activités apparaît justement comme
quelque chose de très attractif pour les jeunes ultras. La violence indépendante des
jours de matchs, couplée à la violence ritualisée des jours de matchs, selon Leistner
(2008, p. 129), n’a plus de limite et se caractérise par sa brutalité à trois niveaux :
– Les affrontements quittent les espaces de violence publics, acceptés comme tels
par la communauté et se déplacent vers la sphère privée des personnes impliquées dans ces faits de violence.
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– La violence se dirige également contre des personnes non impliquées dans ces
faits de violence.
– En plus des barres de fer, on note également un recours aux armes.
Alexander Leistner (2008, p. 130) critique dans ce contexte les recherches sociologiques actuelle sur la violence car pour juger de la portée des mises en scènes de
violence par les ultras, il faut poser comme préalable l’existence de mécanismes
régulateurs. Or, ces mécanismes s’effondrent de plus en plus, notamment quand :
– en raison de la proximité géographique, la rivalité footballistique propre au
football suit une logique qui pousse les gangs de jeunes supporters localement
implantés à se battre pour remporter un territoire dans les quartiers de la ville ;
– les canaux réels et déjà établis permettant une entente entre les groupes de
supporters rivaux sont rompus ;
– les instances d’intervention de l’Etat font défaut à deux niveaux : d’une part,
quand ils ne sont pas présents physiquement dans les nouveaux espaces où
s’exprime la violence comme l’école, les boîtes de nuit… ; d’autre part, quand
la présence de la police comme instance d’intervention destinée à résoudre les
conflits est largement contestée ;
– la place croissante dans la subculture d’une compétition entre groupes de supporters les poussant à surenchérir dans la violence conduit à un changement
profond d’interprétation des normes de violence (Leistner 2008, p. 130).
C’est précisément cette évolution que l’on observe et qui se manifeste notamment
à travers une tendance actuelle croissante : « le tourisme de la violence ». Des fonctionnaires de police familiers de ce genre de scènes, les employés des Fanprojekte
[projets socio-éducatifs destinés en Allemagne à accompagner les supporters et
à prévenir toute dérive] et les représentants des supporters perçoivent non sans
inquiétude que lors des matchs à l’extérieur, de nombreux « supporters », qu’on ne
voit jamais lors des matchs à domicile, voyagent dans les trains spécialement affrétés pour l’occasion. A ce propos, on observe en Allemagne une autre évolution :
des échauffourées entre les ultras en provenance de la RFA et ceux des nouveaux
Länder. Chacune de ces formations d’ultras nourrit envers l’autre une hostilité qui
prend des allures de « lutte de classes ».
Enseignements
Le mouvement ultra peut être considéré comme une nouvelle culture juvénile qui,
par delà la créativité, l’engagement et l’enthousiasme qui la caractérisent, laisse de
plus en plus s’exprimer une propension à la violence, à la haine et à l’hostilité
envers l’adversaire. Il est difficile de prévoir son avenir. Ce grand potentiel créatif,
cette originalité et cet engagement qui caractérise les ultras va-t-il s’imposer et chasser les influences négatives décrites ci-dessus ou, au contraire, un nouveau potentiel de violence va-t-il jaillir des hooltras ? Cela dépendra en grande partie de la
manière dont réagiront la fédération, les clubs et la police, s’ils traitent le problème
de manière différenciée et avec tact. Et ce, d’autant plus que les ultras comme les
hooltras réagissent à la présence policière de manière très différente des hooligans.
Pour les ultras, la présence de la police, notamment des unités chargées des arrestations ou des flagrants délits, a un effet menaçant et les rend agressifs. Inversement,
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pour les hooligans, la présence de la police constitue carrément une invitation à
assouvir leurs besoins et leurs phantasmes de violence, elle signifie au contraire à
leurs yeux une forme de valorisation, de challenge. Ils voient même dans la police
une sorte d’adversaire sportif. Par conséquent, les hooligans attendent de la police
de la consistance et une tolérance-zéro : le principe de désescalade de la violence
présuppose par conséquent des mesures différentes selon les formations de supporters. Si chez les Ultras, une présence policière discrète est exigée, chez les
Hooligans, les policiers se doivent d’être clairement présents. Par un travail socioéducatif et la pédagogie de l’expérience, on n’obtient plus rien ou plus grand-chose
chez les hooligans violents. La répression est sans doute la seule réponse possible.
Cela est aussi valable pour les ultras et les hooltras qui s’adonnent à la violence
en dehors des jours de matchs. De ce point de vue, l’une des missions principales
des Fanprojekte (« projets pour les supporters ») consiste à empêcher que ces
jeunes gens partent à la dérive et grandissent avec ces scènes de violence. En ce
qui concerne les réactions au comportement propre aux hooligans et aux efforts de
prévention contre les actions violentes, il faut adhérer aux propos de Steinhilper
(1987, p. 73) :
Selon l’origine de la violence, il faut adopter une thérapie différenciée. S’il s‘agit
d’une criminalité dépendante de la personnalité, il est nécessaire d’introduire davantage
de contrôle et de régulation. Si en revanche, la violence est la réponse à des problèmes
sociaux structurels, l’expression d’une crise du sens, la preuve d’une quête identitaire
et d’un manque d’avenir, d’un appauvrissement des liens sociaux et familiaux, alors, les
réponses apportées à la question de la prévention sont beaucoup plus complexes […] La
prévention ne peut pas s’effectuer par le biais d’interdits mais elle pourrait, sous certaines conditions, toucher à ses objectifs si l’on laisse s’exprimer les provocations dans le
cadre strictement délimité et contrôlé du stade de football.
La clef de la réponse adaptée me semble résider dans le terme d’« espace ». Les
défis sociopolitiques et sécuritaires consistent à :
– réduire les espaces des hooligans et des hooltras, notamment là où la violence
est dérégulée et sort du champ ;
– laisser ou donner aux ultras et aux supporters des espaces où ils peuvent satisfaire leurs besoins de mise en scène, d’autoreprésentation et d’identification
tout en se fixant comme devoir de tourner le dos à la violence, dans le respect
des règles et des normes universelles du fair play.
Tandis qu’il s’agit de réduire chez les hooligans et les hooltras leur champ d’action, il s’agit chez les ultras de créer des espaces de liberté qui leur permettent de
se réaliser eux-mêmes, de trouver un sens à leur vie et d’élaborer des perspectives
d’avenir tout en vivant la tension et l’aventure propres au football. En conséquence,
pour prévenir la violence chez les ultras, il faut s’appuyer sur trois éléments centraux, au carrefour de la prévention et de la répression :
– L’autorégulation : former les supporters à encourager et à soutenir leur équipe
et à respecter les limites qu’ils se sont eux-mêmes imposés (« self policing »).
– La prévention : la création et le maintien des Fanprojekte conformément au
nouveau principe national du sport et de la sécurité : un travail socio-éducatif
avec des supporters et un recrutement des représentants des supporters dans
les clubs et les fédérations, un travail d’accompagnement des supporters.
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– La répression : imposer des règles de sécurité par la police et les services
d’ordre des clubs, mettre des barrières et assurer la protection des supporters.
Pour empêcher et réduire l’escalade de la violence, il faut promouvoir l’autorégulation à l’intérieur du monde des supporters. Les institutions chargées de la sécurité intérieure doivent réclamer la création des Fanprojekte et les soutenir afin
d’empêcher que les supporters ne se liguent contre la police. Quand toutefois la
police doit intervenir, il faut demander aux supporters non violents de ne pas pactiser avec les supporters violents et il faut rendre transparente l’action policière en
faisant intervenir des forces de police formées à la gestion des conflits. Dans le
cadre de ce concept de sport associé à la sécurité, un concept combinatoire, équilibré entre la prévention et la répression a été développé dans le but de satisfaire
aux exigences de l’environnement footballistique. Les Fan-Projekte ont été établis
afin d’accompagner les supporters au plan socio-éducatif et de briser les fantasmes
violents des hooligans. Des tuteurs de supporters sont assignés de manière contractuelle par la DFB à chaque club et ont pour mission de rétablir la proximité entre les
clubs, les joueurs et leurs supporters. Des stades modernes sont non seulement sources d’un confort accru, mais rétablissent également la proximité avec le terrain
comme c’était le cas auparavant ; l’engagement actif du monde des ultras contre les
dérives de la commercialisation du football professionnel et en faveur d’une culture
traditionnelle du football (et qui prône l’autogestion et dénonce également les dérives dans leurs propres rangs) ; tout cela peut contribuer à ranimer la fascination
pour les matchs de football et la culture du football. C’est quelque chose que j’ai
décrit comme étant l’âme du football (Pilz 2002) et qui caractérise également
l’esprit des supporters des années 1950 […].
Extrême-droite, racisme et discrimination
dans l’environnement footballistique, défis pour la prévention
La xénophobie et le racisme sont et demeurent un danger pour la démocratie et
la culture politique allemande ; s’agissant du football, on peut analyser également
ces phénomènes comme une « loupe » des évolutions sociales et de l’ensemble des
problèmes qui lui sont liés. Le développement d’actions racistes et xénophobes dans
le football prend des directions en l’occurrence contradictoires.
Si le comportement raciste, xénophobe et d’extrême-droite a reculé, il n’a pourtant pas disparu. Il s’exprime plutôt sous une forme larvée et insidieuse. Les scènes
racistes et xénophobes ont lieu désormais sur les chemins d’accès au stade et dans
les ligues inférieures et se déplacent donc vers des zones socialement et sécuritairement moins contrôlées. Il apparaît clairement que le contrôle et les peines ne sont
pas la seule solution au problème. (Cf. Behn/Schwenzer 2006)
D’autre part, il s’avère que les clubs qui prennent clairement et publiquement
position contre les comportements racistes et les sanctionnent sont ceux qui sont
relativement moins confrontés aux problèmes de racisme et de xénophobie.
Inversement, les clubs qui ne posent pas de limites ou qui apportent une réponse
timorée au problème sont ceux qui attirent, comme par un effet d’aspiration, les
supporters d’extrême droite (Cf. Behn/Schwenzer 2006). Il est extrêmement important que le paysage des supporters soit hétérogène au plan politique, et qu’il ne
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tolère pas ou sanctionne dans ses rangs le comportement xénophobe et d’extrême
droite afin de susciter le débat interne. […]
Le racisme et l’idéologie d’extrême-droite ne sont pas des problèmes propres
aux marges de la société mais des problèmes qui touchent depuis longtemps le
cœur même de la société. Par conséquent, ils ne se limitent pas au paysage des
supporters et des ultras ou encore aux places debout dans les tribunes mais cela
concerne également les places assises dans les stades. La société produit elle-même
des orientations qui puisent leurs racines dans toutes les couches sociales et
dans toutes les tranches d’âge. Par le culte de la performance, de la force, de la
nécessité de s’imposer, de l’injustice sociale et de la concurrence poussée à son
paroxysme, nous vivons une perte de civilisation interne à la société, ethnicisée à
posteriori (Möller 2003). Heitmeyer (2005) a démontré à ce propos, dans ses
enquêtes sur l’évolution de la misanthropie grégaire, qu’il y avait comme un lien très
étoit entre le racisme, la xénophobie et la manifestation et la défense de ses droits.
Le travail de lutte contre le racisme doit par conséquent s’intéresser aux autres formes de discrimination. Cela, d’autant plus qu’on ne remet pas en question les causes du racisme et de l’idéologie d’extrême droite, à la différence du sexisme et de
l’homophobie traités davantage sous l’angle du politiquement correct. Les recherches de Heitmeyer (ibid.) ne doivent pas être sous-estimées en tant qu’elles permettent de démontrer, dans sa réflexion sur la misanthropie grégaire, le lien étroit et de
plus en plus important entre le racisme, la xénophobie, le sexisme et le dénigrement
des homosexuels. […]
Internet est devenu, pour le paysage des supporters de football, un medium
important et incontournable de l’autoreprésentation et du débat critique concernant
tous les phénomènes qui tournent autour du football, du club, de la fédération et
de la Bundesliga. Cela fait des sites internet un vecteur d’informations important,
voire précieux pour les travailleurs sociaux et les responsables de clubs de supporters. L’esentiel des contenus douteux se concentre dans les forums et les livres d’or,
où les internautes consignent leurs commentaires sans aucun contrôle, ce qui constitue des stocks d’informations riches, parfois interdites. Dans tous les cas, force est
de constater que les domaines publics des sites web ne sont pas seulement utilisés
par les supporters de football mais aussi par des membres de l’extrême droite extérieurs au champ du football (Cf. Pilz/Wölki 2003) Il y a aussi sur internet de nombreuses possibilités d’afficher ses opinions. Ce sont principalement les livres d’or et
les forums qui rendent certains sites internet « vulnérables ». Etablis dans le but
de mettre en interconnexion les supporters, ces derniers permettent librement aux
internautes de rédiger des messages anti-racistes, anti-sexistes et anti-violents.
L’insertion régulière de messages critiquant ouvertement les tirades habituelles de
haine, se révèlent non seulement gênants mais en plus ils peuvent nuire à la fonction de propagande des livres d’or et des forums. En outre, il est possible sur internet de prendre position, d’émettre des critiques et de lancer le débat sur la base
d’arguments. Mais les jeunes internautes, dans de nombreux cas, n’ont aucun argument à opposer à la vision simpliste et fermée sur elle-même des délinquants par
conviction, partisans de la violence et des idées d’extrême droite. Souvent, par
maladresse, ils ne contredisent pas ce type de propagande. Il faudrait dans ce
domaine développer des idées éducatives en lien avec les nouveaux médias, qu’on
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teste leur efficacité et qu’on prépare les jeunes à se confronter à ce genre de
messages et qu’on leur montre comment affirmer leur désapprobation. C’est l’une
des tâches majeures des Fan-Projekte. Sur ce point, les travailleurs sociaux et les
pédagogues voient s’ouvrir à eux l’opportunité d’une intervention socio-éducative,
à laquelle il faudra recourir davantage à l’avenir.
Aussi important que soit la pratique de la tolérance zéro envers les manifestations et les actions xénophobes et racistes, la solution du problème ne peut et ne
doit pas seulement résider dans les interdictions et les peines. On peut identifier des
stratégies de lutte contre ces phénomènes, différentes selon les acteurs et le type
de réponses apportées. Parmi les acteurs majeurs, il faut nommer les Fanprojekte,
la police, les clubs, les fédérations, les initiatives des supporters et les supporters
eux-mêmes. Il s’agit en l’occurrence d’un travail éducatif, de campagne de sensibilisation, d’une promotion des dispositifs d’autorégulation, de l’établissement d’un
système de règles et de sanctions ainsi qu’un travail en réseau. Pour lutter efficacement contre l’extrême droite, le racisme et la xénophobie, il n’y pas de recette si ce
n’est un travail sur le long terme reposant sur différentes approches et la collaboration de divers acteurs.
Promouvoir les dispositifs d’autorégulation ;
une pédagogie visant à sensibiliser plutôt qu’à interdire
Il s’agit d’abord de soutenir durablement les dispositifs d’autorégulation mis en
place chez les supporters. Pour lutter contre le racisme et la xénophobie, il faut établir des conditions générales et des lignes directrices afin que ce travail soit efficace
sur le long terme. Ainsi, au plan du club, il est important que celui-ci se positionne
clairement et à temps contre le racisme et l’extrême droite afin d’empêcher ces effets
d’aspiration dans le monde des supporters. Il ne faut pas pour autant bannir du
stade les jeunes, sympathisants de l’extrême-droite car cela ne ferait que déplacer
le problème. Ce n’est pas la pédagogie par l’interdit qu’il faut promouvoir mais la
pédagogie par le dialogue : il s’agit d’engager le débat et de prendre position de
manière critique sur les dérives douteuses vers l’extrême-droite dans les stades et
autour des stades. Ce qui joue un grand rôle, c’est la communication effective entre
les différents acteurs tout autour du stage. La pratique montre que des défauts de
communication, par exemple entre le club et le Fan-Projekt local, réduisent l’efficacité du travail voire empêchent ces activités. La définition des responsabilités de
chacun et la mise en réseau des acteurs sont dans ce contexte très importantes. Pour
tous les acteurs, il s’agit de faire en sorte que la lutte contre le racisme soit comprise
comme une mission transversale plutôt que comme un programme obligatoire. Les
campagnes de prévention ne doivent pas être lancées seules, sans être suivies de
mesures. […] Il s’agit de faire en sorte que l’ancrage social des mesures augmente
leur efficacité. C’est-à-dire que les mesures sont particulièrement efficaces quand
elles sont portées par les supporters ou qu’elles sont développées avec les supporters. Le travail de lutte contre le racisme implique en outre d’ouvrir sa propre institution, notamment en favorisant la participation d’immigrés.
Ces enseignements nous permettent de dégager les recommandations suivantes
en ce qui concerne les actions à mener en termes de prévention dans le football
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pour lutter contre le racisme, la xénophobie et l’idéologie d‘extrême droite (Pilz u.a
2006) :
– Développer un projet axé sur le « travail pour le respect et la tolérance » pour
les Fanprojekte et mettre en place régulièrement des formations et des ateliers
pour les employés des Fanprojekte.
– S’entraîner par le biais des Fanprojekte avec des personnes clefs issues du
monde des supporters.
– Former régulièrement les représentants des services d’ordre, les stadiers ou les
tuteurs de supporters tout particulièrement afin qu’ils identifient les nouveaux
visages de l’extrême droite et les entraîner à intervenir dans les stades.
– Mettre en place une journée d’action pour le respect et la tolérance contre la
xénophobie, le sexisme et l’homophobie dans la Bundesliga.
– Développer une exposition itinérante sur le thème des « femmes, du football et
du sexisme ».
– Constituer un fond d’action pour soutenir les activités concrètes qui servent à
la promotion du respect et de la tolérance dans les rangs des supporters
– Désigner une personne de référence sur le thème de la xénophobie et de
l’extrême-droite auprès de la Cellule de Coordination des Fanprojekte (KOS).
– Désigner un interlocuteur officiel pour le travail de promotion du respect et de
la tolérance auprès de chaque club.
– Mettre en œuvre une collaboration interdisciplinaire pour le respect et la tolérance au plan fédéral.
Comme il se cache derrière la xénophobie et la violence des sentiments d’insécurité, de peurs et de menaces, et comme la violence et l’image de l’ennemi servent
de bouclier contre la peur d’être perçu par l’autre, les arguments seuls n’atteignent
pas leurs effets : « Quand on avance des contre-arguments, la peur grandit et les
fronts se durcissent. Il s’agit donc de prendre en compte la peur de l’ordre (qui se
manifeste dans des actions violentes) et de ne pas avoir peur de l’idéologie de
l’autre. Si au contraire, l’on s’intéresse à l’idéologie de l’autre et aux sentiments
qu’elle véhicule, alors, l’expérience montre que les discussions s’engagent. »
(Bauriedl 1993, S.35 f).
On ne peut pas et l’on ne doit pas se contenter d’éditer des interdictions et de
renforcer les lois, parce que ce sont précisément des jeunes, parfois bien éduqués,
qui peuvent verser également dans le racisme. (Cf. Möller 2000). La répression est
nécessaire mais encadrée de nombreuses mesures préventives. Il faut être ouvert à
la communication,ne pas exclure les individus mais les pousser au dialogue. Les
mesures d’exclusion et les mesures sécuritaires recèlent en elles le risque que chacun campe sur ses positions et que les opinions d’extrême- droite s’organisent. Nous
devons être en mesure d’aller vers ces individus.
La lutte contre le racisme :
une mission transversale sur le long terme
La mission qui consiste à venir à bout de la violence, de la xénophobie et du
racisme s’inscrit dans le long terme. Les scènes de violence et de xénophobie dans
l’enceinte des terrains de football évoluent constamment. Il y a pour chacune de ces
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scènes des spécificités régionales, nationales, des points communs au plan international et surtout des recoupements. Nous pouvons sur le long terme nous approcher
du but qui consiste à empêcher la violence et le racisme dans le football à condition d’échanger constamment nos connaissances sur les causes, les formes d’apparition et les expériences, en y associant des mesures à la fois préventives et de
maintien de l’ordre.
Si l’on regarde les cibles des mesures préventives, les experts distinguent d’ordinaire deux niveaux de prévention :
– Le premier degré de prévention vise les personnes et les groupes sans caractéristique distinctive que l’on cherche à sensibiliser de manière générale et
pour lesquels on crée les conditions favorables afin de prévenir un comportement d’extrême-droite, raciste, discriminatoire. Au plan personnel s’ajoute
l’apprentissage social, l’acquisition de compétences interculturelles, le travail
d’éducation sur l’histoire du nationalisme ; au plan structurel, un changement
des statuts associatifs (faisant figurer dans la charte du club des principes
comme la lutte contre le racisme, un paragraphe sur la lutte contre les discriminations), les règlements intérieurs des stades qui proscrivent toute forme de
racisme et de discrimination, la formation de services d’ordre visant à sensibiliser le public à l’égard de tout comportement discriminatoire.
– Le second niveau de prévention intervient quand on ne réussit pas à créer les
conditions favorables pour tout le monde et qu’on cherche en conséquence à
empêcher le développement de problèmes sociaux dans des groupes d’individus particulièrement en danger ou dans des milieux locaux à risque. Il s’agit
ici d’un travail avec des groupes à risque, c’est-à-dire avec des jeunes
d’obédience d’extrême droite et familiers de la violence, dans le but de réduire
l’afflux de nouveaux jeunes supporters d’extrême-droite par des mesures
adaptées à l’environnement social (ici, l’enceinte du stade de football), dans
l’esprit d’un travail pédagogique ouvert (le mot clef, ce serait un travail
« d’acceptation » ou, mieux encore, un travail pédagogique « axé sur l’espace
social » avec des bandes de jeunes sympathisants d’extrême-droite, un travail
éducatif sur l’histoire et la politique qui pourrait reposer par exemple sur une
« pédagogie de la désorientation » sous la forme de visites organisées de
camps de concentration nazis, impliquant une préparation en amont et un
travail en aval. D’où le constat, si nous voulons changer quelque chose qu’il
est nécessaire de travailler avec ces jeunes et non contre eux.
A ces deux niveaux de prévention s’en ajoute un troisième. Celui-ci est nécessaire quand on ne réussit pas à empêcher l’émergence des problèmes sociaux chez
les individus de ces groupes à risque. Il faut alors tenter de juguler les problèmes
sociaux existants et d’empêcher leur croissance et leur réapparition chronique. Ce
travail de prévention doit être fait avec des individus qui ont déjà été impliqués dans
des actions violentes et pour lesquels il faut empêcher toute récidive. C’est un travail
avec des personnes déjà condamnées par la justice et qui a pour but de leur
faire prendre conscience de leur culpabilité et les mécanismes qui aboutissent à des
exactions racistes, afin de réduire ainsi le taux de récidive (cf. par exemple, les programmes de réinsertion des marginaux qui veulent couper avec les groupuscules
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De la culture ultra à la culture de la violence
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organisés d’extrême droite). L’essentiel des projets contre le racisme vise aussi dans
le domaine du football les approches que l’on peut classer dans la catégorie du premier niveau de prévention 1. C’est aussi dans ce domaine, que le football, les clubs
et les fédérations ont le plus de capacités d’action et qu’ils peuvent donner des
signes forts. Les clubs et les fédérations peuvent et doivent également pouvoir agir
sans partenaire. Néanmoins, le football doit être également conscient de sa responsabilité notamment dans le domaine du second degré de la prévention, là où les
missions socioéducatives des Fan-Projekte sont surtout réclamées par la DFB et
la DFB (la Ligue Allemande de Football] mais aussi par les représentants des supporters dans les clubs. Au troisième niveau de prévention, en revanche, clubs et
fédérations ne peuvent apporter leur aide que sous la forme tout au plus d’un complément de travail, d’une collaboration, d’un soutien aux réseaux qui travaillent au
sein de la société civile pour lutter contre les discriminations et le racisme. C’est là
un grand chantier pour les travailleurs sociaux et les thérapeutes formés spécialement pour ce type de métier.
Ne pas exclure mais être vigilant ;
être compréhensif, argumenter mais aussi poser des limites
Il faut prendre conscience du fait que le racisme dans l’enceinte du stade
– comme dans la société plus généralement – recèle toujours en lui le danger latent
d’une résurgence et que par conséquent, nous devons tout mettre en œuvre pour le
combattre. Il s’agit avant tout d’endiguer toute forme de racisme et d’extrémisme
par une vigilance accrue et un débat basé sur l’ouverture. C’est une exigence
accrue dans le contexte actuel du débat sur les enfants qui vivent sous le seuil de
pauvreté et sur le « précariat des personnes décrochées » [les travailleurs précaires]. Ce serait en tout cas imprudent de notre part de considérer les manifestations
racistes et xénophobes chez les hooligans, les ultras et les supporters de football
comme de simples manifestations de protestation, de démonstration de force,
tournant au « happening », et de les minimiser comme étant le problème de personnelles mentalement retardées. Si dramatiser les dangers de l’extrême-droite
dans le football, dans la lutte quotidienne pour combattre le racisme, la xénophobie et l’extrême droite, n’aboutit pas à des résultats probants, l’inverse qui consiste
à minimiser les risques de la xénophobie est tout aussi peu convaincant, voire nocif.
Le refus de l’exclusion peut et se doit d’être la réponse à apporter ; saisir de manière
compréhensive le racisme et la xénophobie tout en les combattant, en recourant au
dialogue et en faisant appel à des ambassadeurs pour la tolérance et le respect. Il
faut d’une part être prêt à la communication et de l’autre, là où c’est nécessaire,
établir des limites claires. (Pilz/Deiters 1998)
Traduit de l’allemand par Guillaume ROBIN
1. On ne trouve cette tendance que dans le contexte du football. Dans le rapport intitulé « projets berlinois contre
l’extrême-droite », le reproche est fait à Commission de lutte contre la violence du Land de Berlin de soutenir
presque uniquement des projets dans le domaine de la prévention primaire et de ne pas soutenir davantage de
projets dans le domaine de la prévention de second et troisième niveau. (Kohlstruck/Krüger/Münch 2007, p. 77).
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Günter A. PILZ
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