JAUNE D`ŒUF

Transcription

JAUNE D`ŒUF
JAUNE D’ŒUF
Le journal des élèves du CEC André-Chavanne
Case Postale 118 1211 Genève 28
JDO E-mail [email protected]
N° 33
mars 2002
Rédactrices responsables: Mélanie Battistini, Natasha Broadhurst, Caroline Torello
Assistant technique : Pierre Mirimanoff
Presse du CECACH, financée par la direction, merci.
EDITO
Voilà, on y est, le compte à rebours commence, tranquillement. Dans moins de 2
semaines, ce sont, déjà, les vacances, dans 2 mois, ce sont les trims et la MATU, du moins
pour les terminales…! Eh oui chers lecteurs, vous avez entre les mains un des dernier
numéro du "Jaune d'Oeuf" de cette année scolaire 2001-2002. En effet, j'ai le triste
devoir de vous annoncer qu'à la fin de cette année nous allons vous quitter car nous
arrivons au terme de notre séjour dans ces bâtiments…Déjà 4 Ans ici…Une preuve de plus
de la rapidité effrayante avec laquelle le temps passe. Mes chères collaboratrices et moimême joindrons nos forces et nos disponibilités pour sortir encore un numéro d'ici la fin
de l'année ; mais au risque de manquer de temps, nous profitons de celui-ci pour lancer,
une fois de plus, un appel d'URGENCE:
VENEZ prendre notre relève!!!
Nous n'avons toujours pas de postulants à notre succession alors BOUGEZ-VOUS,
MOTIVEZ-VOUS si vous voulez gardez VOTRE journal pour les années à venir. N'hésitez
pas à nous contacter via le bureau du J.O en B 104, le casier de la classe 401,
M.P.Mirimanoff ou encore nous directement pour ceux qui nous connaissent… Merci
d'avance…!!
J'espère que le soleil qui réapparaît ces jours-ci va vous donner à tous du courage,
de la motivation, de l'énergie…pour finir cette année en beauté. Vive le printemps…au
revoir à la déprime hivernale…!
A bon entendeur SALUT.
Votre dévouée…
C.T.
1
L'ART D'ECRIRE"
C'est chose très frustrante que d'écrire un article pour le Jaune d'œuf. D'une part, parce que je ne
me sens pas à la hauteur, et d'autre part, même quand je vais au plus loin dans l'effort de l'écriture, je ne
suis aucunement satisfaite du résultat.
Est-ce un don de savoir écrire aux gens, ou est ce que cela devient brusquement naturel de
prendre un stylo et d'arriver à retranscrire ce qui bout au fond de nous, en n'employant pour cela que ses
propres moyens?
J'ai en tête l’exemple bien choisi d'un ami avec qui je correspond depuis deux ans. Il me semble
que chacune de ses lettres est un petit chef-d'œuvre d'écriture. Sous ses doigts, chaque mot devient une
fleur délicate exactement assortie au bouquet de la phrase. Il me paraît, quand je lis son courrier, que
celui-ci reflète parfaitement le contenu de sa pensée. L'écriture est pour lui un scribe insoupçonné de ses
émotions même enfouies au plus profond de son âme.
Quand arrive le moment où je dois saisir à mon tour la plume, je me fais pitié ou dédain à moimême, mais laisse néanmoins courir mes inventions ainsi faibles et basses comme elles naissent sur ma
feuille, sans en replâtrer les défauts que soulève ma comparaison.
Et c'est ainsi que malgré ma médiocrité, mon papier ne reste jamais blanc. Peut-être qu’un jour
j'oserai marcher front à front avec les écrivains de notre siècle ou peut-être au contraire, ce qui est des
plus probables, laisserai-je la frustration me gagner, et alors c'est de façon définitive que le papier restera
blanc. Quoi qu'il en soit, en attendant, tant que j'accorde à ma plume un sursis, vous continuerez à lire
mes articles. A moins bien sûr que je ne vous cède ma place…
D.
Je vais vous raconter l'histoire d'un arbre. Oh, il n'est pas bien beau ni bien grand! Ce n'est pas un
sapin majestueux ou un chêne centenaire. Son tronc est si fin et si frêle que l'on pourrait dire qu'il va se
briser. Il ploie sous le vent et a gardé la forme penchée due à la bise.
L'arbre dont je vous parle est un arbre mort. Sans feuilles depuis de nombreuses années, il est le doyen
d'un âge qui n'est plus. Il est le vestige d'un champ déclassé. Trônant seul au milieu des gravas, cette
ombre insolite se demande ce qu'elle fait là. A la place on a construit une école. Les gens font de moins
en moins d'enfants mais la ville est surpeuplée. Place aux jeunes. Cet arbre oublié retient son souffle
pour qu'on ne le remarque pas. Il espère que la jeunesse saura respecter sa mémoire car il y a toujours un
"avant".
Mélanie
Chers poissons, et poissonnes,
Nous vous saluons de notre bocal respectif d'où nous vous écrivons : la B104.
Dans l'école aquarium, le vieux merlu est roi derrière ses vitres. Tandis que les sirènes secrétaires
se font briller les écailles au soleil. Les "goupys" adolescents, eux, apprennent encore à se "dégroupiller"
de leurs groupes, afin de connaître la paix sereine et individuelle des poissons rouges. Certaines espèces,
des nettoyeurs de vitres, sont malheureusement régulièrement dévorés par les brochets sanguinaires. Ces
brochets sanguinaires se cachent dans les algues et coins sombres de l'aquarium, puis apparaissent sans
crier gare. Ce genre d'incident peut provoquer la disparition de certains nettoyeurs de vitres qui
rejoignent d'autres bocaux. Nous avons décidé d'introduire des espions-artémias (vers de vase rouges ou
blancs), daphnies et tubifex, afin de prévenir les "goupys" se cachant dans les hautes algues de l'arrivée
des Lehrer-Fisch. Certains Lehrer-Fisch ont des biotopes nuisibles à la croissance des "goupys". La
présence d'algues spongiformes et filiformes sur les parois de l'aquarium est tout à fait normale et sa
belle couleur verte est un signe de bonne santé. Par contre si vous observez des pustules purulentes à la
surface des feuilles, cela indique une forte toxicité de l'eau. Allez donc voir dans les bocaux de la tour B,
victimes d'une stagnation d'eau.
Soutenu par: Glodfish connection, Réna: fabriquant suisse de matériel aquariophile, Tétra: nourriture
pour poissons rouges et Eheim: matériels filtrants.
Collaborateurs à une vie plus agréable en bocal…
N. & M.
2
Les entretiens de Ganja Place.. à l’ombre des Marronniers.
Akik :Sachez-le, une fois pour toutes : le H n’est pas plus dangereux que l’alcool !
Syko : Exact : se « péter » au H n’est pas plus dangereux que se saouler à l’alcool fort : c’est vrai, un petit joint
chaque matin, ce n’est pas plus dangereux qu’un bon petit cognac au petit déjeuner. Et c’est à peine plus cher.
Jouin-ouin : Il faut donc arrêter d’interdire le H tout comme on a cessé de prohiber les spiritueux !
Syko : D’accord. Interdisons l’interdiction du H. Mais alors … ceux qui ont vraiment besoin d’avoir devant eux
un certain nombre de barrières et d’interdits pour le simple plaisir de les braver et de pouvoir les renverser, que
vont-ils aller chercher ?
Akik : Là, tu déraisonnes, on voit bien que tu ne connais pas la jeunesse.
Syko : Oui c’est vrai. Je ne connais pas la jeunesse d’aujourd’hui. Je me souviens seulement un peu de celle d’il y
a quelques années, puisqu’il me reste quelques bribes de mémoire et quelques images de la mienne. Moi aussi, j’ai
confondu le premier juin (1815, pour les historiens) avec le premier joint, et je cherche vainement à repérer de
grands changements : le besoin impérieux de transgresser les lois et ceux qui les représentent, le puissant désir de
désobéir. Désobéir à quoi ?… peu importe. Nous aurions été bien malheureux et désemparés dans un monde où
tout aurait été permis !
Jouin-ouin : Oui bon. Mais le temps s’est tranquillement écoulé, depuis, non ?
Akik : Il a toujours existé, ce besoin d’avoir des barrières propres à recevoir de grands coups de pieds qui
défoulent et qui font tellement de bien à l’esprit et aux petits nerfs ?
Jouin-ouin : Et toi, vraiment ? Tu as commis des actes gravement répréhensibles ?
Syko : A ma première cigarette, j’avais 11 ans et demi. Avec un copain, dans une grange pleine de foin, nous
fumions des mary-long, et notre excitation était d’autant plus vive que la crainte de chaque instant l’alimentait, de
nous faire surprendre et attraper par des parents plutôt sévères.
Akik : Bon, tout cela n’empêche pas que quand je fume mon petit joint, je ne fais de mal à personne.
Syko : Cela, c’est tout à fait discutable. L’odeur que tu propages peut ne pas enchanter chaque être contraint soit à
la humer soit à s’en aller. L’être ramolli et sans intérêts arrivant en molle reptation dans son bureau ou dans sa
classe à huit heures après ses premières petites bouffées ne fait peut-être de mal à personne, le zombie inconsistant
incapable d’apporter quoi que ce soit, ni animation ni idée, à la collectivité qui l’entoure, ne fait peut-être de mal à
personne…
Jouin-ouin : Ben en tous cas quand on en reste au chanvre, H et autres dérivés de la même plante, ce n’est tout
de même pas bien grave, et les adultes dits responsables en font tout de même un trop gros fromage.
Syko : (Assez sérieusement tout à coup) C’est peut-être vrai. Il y a quelque 10 ans, un bon vieux copain avec
lequel je m’efforçais à quelques activités sportives, arriva sur le stade la mine plutôt déconfite : il venait de perdre
son frère cadet emporté par une surdose. Je n’insistai pas, peu au courant encore de ce que cela pouvait signifier.
Jouin-ouin : Cela n’existait pas encore ?
Syko : Si, évidemment. Mais c’était moins à la mode. Et la mode, c’est tout de même une sacrée dictature ! A voir
les petites feuilles, les casquettes, les sacs machin et …mais je m’égare.
Il y a quelques semaines, j’ai rencontré ce même copain. Complètement effondré, cette fois-ci : son deuxième
frère venait de succomber, également à une surdose. Et il me dit : «Et maintenant on propose un vote imbécile
pour la légalisation du chanvre avec ses autres cochonneries. Un vote pas seulement imbécile, un vote criminel. »
Moi, je pensais que la douleur l’égarait, mais il ajouta encore : « Tu sais, nos shootés, nos morts, ils ont tous
commencé avec le H. Je sais bien que le chanvre ne conduit pas obligatoirement aux drogues dures, ne me fais pas
dire ce que je ne dis pas. Mais les drogués durs se sont tout de même tous initiés avec le H, avec cette..…». Je ne
me souviens plus exactement du mot qu’il a employé. Mais je repense à ce dialogue presqu’à chaque fois que je
passe près des lieux trop bien connus de tous et qui embaument ou qui puent (c’est selon les avis que l’on peut en
avoir) . Ces odeurs qui collent aux murs, aux escaliers, aux portes et aux marronniers me rendent triste.
Simplix : Mais il faut intervenir, interdire, il faut punir !
Syko : Moi, je préférerais instruire, informer, prévenir. Mais comment ? Interrogé par moi, un bon médecin,
spécialiste de toutes les préventions contre tous les produits toxiques avouait baisser les bras, ne connaissant guère
de moyens de lutte. « Si vous interdisez, ils fumeront ailleurs, si vous voulez leur faire peur en leur montrant les
troubles provoqués par la fumée, les maladies cardio-vasculaires, tumorales (tue moral…) pulmonaires et autres
réjouissances, vous les stimulerez plutôt. Ils aiment affronter les danger, ils adorent que cela se sache ».
Simplix : Alors quoi ?
Syko : Je ne sais pas trop faire la morale aux autres. Mais il existe peut-être encore deux ou trois personnes qui
ont des idées. Alors dites-moi : concrètement….. que faire ?
ppon : Le Sycophante
3
WANTED
Nous, Rédactrices du jaune d'œuf, désespérons à
l'idée de vous quitter sans avoir trouvé de relève.
Alors remédiez vite a cela, chers lecteurs.
Devenez a votre tour maîtres de la presse écrite de
votre école !!!!!
Pas besoin d'être un écrivain talentueux ni de
posséder des qualités intellectuelles hors du commun !
il vous faut juste un peu de motivation et quelques
idées!!!
Si vous ne voulez pas que tout finisse par disparaître, il
faut réagir MAINTENANT!!!
M - L, Na T, K Ro
4
(Au surlendemain de la première explosion atomique,
Albert Camus écrivait dans journal "Combat")
"Le monde est ce qu'il est, c'est-à-dire peu de chose. C'est ce que chacun sait depuis
hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux et les agences d'information
viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en effet, au
milieu d'une foule de commentaires enthousiastes que n'importe quelle ville d'importance
moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d'un ballon de football.
Des journaux américains, anglais et français, se répandent en dissertations élégantes sur
l'avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les
conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. Nous
nous résumerons en une phrase: la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier
degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide
collectif ou l'utilisation intelligente des conquêtes scientifiques.
En attendant, il est permis de penser qu'il y a quelque indépendance à célébrer ainsi
une découverte, qui se met d'abord au service de la plus formidable rage de destruction dont
l'homme ait fait preuve depuis des siècles. Que dans un monde livré à tous les déchirements
de la violence, incapable d'aucun contrôle, indifférent à la justice et au simple bonheur des
hommes, la science se consacre au meurtre organisé, personne s'en doute, à moins
d'idéalisme impénitent, ne songera à s'en étonner.
Ces découvertes doivent être enregistrées, commentées selon ce qu'elles sont,
annoncées au monde pour que l'homme ait une juste idée de son destin. Mais entourer ces
terribles révélations d'une littérature pittoresque ou humoristique, c'est ce qui n'est pas
supportable.
Déjà, on ne respirait pas facilement dans un monde torturé. Voici qu'une angoisse
nouvelle nous est proposée, qui a toutes les chances d'être définitive. On offre sans doute à
l'humanité sa dernière chance. Et ce peut être après tout le prétexte d'une édition spéciale.
Mais ce devrait être plus sûrement le sujet de quelques réflexions et de beaucoup de silence…
Devant les perspectives terrifiantes qui s'ouvrent à l'humanité, nous apercevons encore
mieux que la paix est le seul combat qui vaille d'être mené. Ce n'est plus une prière mais un
ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l'ordre de choisir définitivement
entre l'enfer et la raison. "
Albert Camus
août 1945
8
"Il faut se méfier des ingénieurs:
ça commence par la machine à coudre,
ça finit par la bombe atomique."
Marcel Pagnol
"Critique des Critiques"
5
Flamme
Elle s'est levée et a fermé la fenêtre.
Elle est fatiguée mais ça ne se voit pas.
Son grand corps de femme se dénoue
Et se répand comme une cascade.
Une cascade de cheveux de feu.
La vie brûle en elle même si parfois
Elle se décourage et pleure.
Elle est jeune et le feu sacré
S'est enflammé en elle.
Mélanie
LA JEUNESSE…
"Cette jeunesse est pourrie depuis le fond du cœur. Les jeunes sont malfaisant et
paresseux. Ils ne seront jamais comme la jeunesse d'autrefois. Ceux d'aujourd'hui ne
seront pas capables de maintenir notre culture."
Inscription sur une poterie de Babylone, 3000 av J.-C
O jeunes gens! Elus! Fleurs du monde vivant,
Maîtres du mois d'avril et du soleil levant,
N'écoutez pas ces gens qui disent: soyez sages!
La sagesse est de fuir tous ces mornes visages!
Soyez jeunes, gais, vifs, amoureux, soyez fous!
O doux amis, vivez, aimez! Défiez vous
De tous ces conseillers douceâtres et sinistres,
Vous avez l'air joyeux, ce qui déplait aux cuistres.
Des cheveux en forêt, noirs, profonds, abondants,
Le teint frais, le pied sûr, l'œil clair, toutes vos dents :
Eux, ridés, épuisés, flétris, édentés, chauves,
Hideux: l'envie en deuil clignote en leurs yeux fauves.
Oh! Comme je les hait, ces solennels grigous!
Ils composent, avec leur fiel et leurs dégoûts,
Une sagesse pleine et d'ennui et de jeûnes,
Et, faite pour les vieux, osent l'offrir aux jeunes."
Victor Hugo
NON AUX JEUNES
Et comment ne pas claquer ces têtes à claques devant l'irréelle sérénité de la nullité
intello-culturelle qui les nimbe? Et s'ils n'étaient que nuls, incultes et creux, par la grâce
d'un quart de siècle de crétinisme marxiste scolaire, renforcé par autant de
diarrhéique démission parentale, passe encore.
Mais le pire, est qu'ils sont fiers de leur obscurantisme, ces minables.
Ils sont fiers d'être cons.
Pierre Desproges
6
Coup de gueule à propos d'un film
Un gars, surpris par son père, à plat ventre sur la table de sa cuisine, en train de se masturber avec
une tarte aux pommes, ça vous dit quelque chose?
Evidemment, on a tous ri des scènes cocasses du film American Pie.
Combien parmi vous sont allés voir le deuxième volet de cette création cinématographique
(A.Pie II) ?
Normalement, je ne vais jamais voir ces filiations bâtardes, mais les remarques qu'on m'a faites
sur ce film sous-entendaient qu'il valait le déplacement. J'y suis donc allée avec un copain samedi passé
(journée mondiale contre le SIDA). En faisant le point autour d'un café, ce copain m'a fait remarquer
plusieurs choses qui ne m'avaient pas frappée pendant la projection.
Avez-vous remarqué que tout le film tourne autour du sexe? Evidemment, me répondrez-vous,
comment ne pas le remarquer alors que c'est le sujet même du scénario. Ah oui, très juste…que je suis
naïve!
Mais avez-vous constaté, alors que tout ce sexe n'est présenté que sous forme de perversité, de
fantasmes malsain, d'homosexualité (elle est présentée comme une dérive enrichissante et
complémentaire à l'hétérosexualité), de pornographie, de relations à plusieurs, de gérontophilie? Qu'on y
trouve quantité de gags "pipi-caca" très gras? (L'âge scatologique, chez une personne normale, finit vers
7 ans). Et que des termes tels que "chienne", "ma salope" ou encore "ma petite chatte en chaleur" sont
présents à tout moment sur les lèvres de ces chers étudiants en vacances qui préparent leurs premières
relations "sérieuses".
Penchons-nous un peu sur la "morale" (c'est quelque peu ironique d'appliquer ce terme à ce
film…) à retenir.
Elle se résume à trois choses:
1. Pour qu'une fête soit réussie l'alcool doit obligatoirement couler à flots, et finir en beuverie générale.
2. La finalité d'une fête se concrétise dans une fornication effrénée et également généralisée.
3. L'image de l'étudiant cool se résume à son nombre de conquêtes et à la réalisation de ses fantasmes.
OK. Alors que penser ? Mon sentiment est très partagé: suis-je une adolescente anormale de rêver
encore à une relation "simple"?
Doit-on forcément accepter ce film comme référence en matière d'éducation sexuelle? A deux
sièges de moi, sur la même rangée, il y avait un père avec ses deux fils (environ 12-14 ans). Je peux vous
assurer qu'il ne riait pas souvent; je veux bien croire que certaines allusions à cette sexualité décadente
devaient être à l'opposé de ce qu'il aurait voulu apprendre à ses enfants.
Un dernier détail, je vais voir ce film le jour où, dans le monde entier, on manifeste contre le
SIDA, il n'est question que de sexe et malgré cela, il n'est à aucun moment question de préservatif ou
d'une quelconque protection. Et il y en a encore qui s'étonnent que cette mortelle maladie se propage
encore et toujours, même sous nos climats. Là, c'est eux qui sont naïfs!
Xxxxx
7
Le moineau, le moine et la bouse de vache
Par Jean du Bassin (Hans von dem Brunnen)
Un beau jour de printemps, au bord d’un champ passant,
Un moine doux et gras, méditant, chantonnant,
Trouva sur son chemin un moineau souffreteux
Blessé par un vilain, rendant son âme à Dieu.
Le brave en sa bure frémit de compassion
Et saisit tendrement l’oiseau qui se mourait
Le chauffa sur son sein, inondé d’émotion,
Tant et si bien
Entre ses mains
Que le doux volatile aussitôt ranimé
Rouvrit l’œil et le bec et se mit à chanter.
Tout ému l’homme saint vit ses larmes perler
D’amour et de regret fait de perplexité :
« Si j’apporte au couvent ces plumes qui gazouillent
Ah ! Rien qu’à cette idée déjà mes yeux se mouillent !
Mes frères toujours prêts à râler pour des riens
Protesteront encore, se diront assourdis
Par ce charmant oiseau, qui doucement pépie …
Gardons avec prudence
Notre vœu de silence…
Pourtant je ne saurais l’abandonner ainsi
Souffreteux et blessé malheureux et transi
Le bon Samaritain, d’un bien juste mépris
Me couvrirait. Serai-je malappris ? »
La Providence alors, attentive toujours,
De l’abbé malheureux bondit vite au secours
Et plaça sous ses pas, éclose, chaude encore,
Une bouse fumante au doux parfum de miel.
Le moine rendit grâces et sans perdre le nord
Posa son protégé sur cet abri du Ciel
Réchauffant pour l’oiseau qui s’y ranimerait :
Dans ce joli cocon, forces retrouverait.
Emerveillé, ravi, rendant grâces, content,
Le frère regagna son tiède et bon couvent,
Survint alors un chat qu’éveillèrent les chants
Du moineau convalescent.
En quelques coups de dents, le félin, ragoûté
Du malheureux ne fit que deux fines bouchées.
Moralités :
1. Lorsqu’un ami plein de bonnes intentions te met dans la bouse, ce n’est pas par méchanceté.
2. Ceux qui te sortent de la bouse ne le font pas toujours pour ton bien
3. Quand tu es dans la bouse, il faut fermer ta gueule.
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