Un regard du point de vue régional
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Un regard du point de vue régional
MOUVEMENTS SOCIAUX ET DÉMOCRATIE AU MEXIQUE 1982-1998 Un regard du point de vue régional armáttan Martin Aguilar Sánchez MOUVEMENTS SOCIAUX ET DÉMOCRATIE AU MEXIQUE 1982-1998 Un regard du point de vue regional cite : www.librairicharmattan.com c.mail : harmattan I wanadoo.fr 5 . 7, rue de l'Écolc-Polytechnique . 75005 Pim FRANCE L'Harmattan, 2005 ISBN : 2-7475-8810-6 FAN : 9782747588102 1,11.nestsan E0eyntbdIt Kossuth1. u II . IP 10531161apest Espute L'ilorntailaa Kieukape Fu des Se Sosules, Pol et Adn't , DP241. KIN XI Kati!~ - RDC thweesee L'él•rnmian Italia V.* Deph Ans0, I5 10124 Taro ITALIE 1:1140.0010. Urbes. bu. 1200 losernems viles 96 1282260 Ouagadougoss Logiques publiques Collection dirigée par Yves Surel Créée en 1991 par Pierre Mulles. , la collcetion I.ogiques politiques » a pour vocation principale de publier des ouvrages de science politique. aros: que des livres traitant de thématiques politiques avec un :catre angle disciplinairc (anthropologic, économie, philosophie. sociologie). Elle rassemble des recherchcs originales. tirées notamment de travaux de doctorat. ainsi que des ouvrages colleetifs sur des problématiques contemporaines. Des séries thématiques sont également cn cours de développement, l'une d'entre elles visant á publier des ouvrages de synthese sur les systémes politiques des Étais-membres de l'Union européenne. A mes fréres Joaquín et Enrique Derniéres parutions Gregor STANGFIERLIN, Les acteurs des ONG, 2005. Philippe IIAMMAN, Les transformations de la notabilité entre France et Allenzagne, 2005. Damien IIELLY et Franek PETITEVILLE (sous la dir.), L'Unjan européenne, anear internationaL 2005. V. REY, 1,. COLIDROY de LILLE et E. 13OULINEAU (dirigé par), L'élargissement de l'Union européenne : réformes territoriales en Europe centrale et orietztale, 2004. Guillatune DEVIN (dir.), Les Solidarités Transnacionales, 2004. Jean-l3aptisle LEGAVRE (dir.), La presse écrite : objets délaissés, 2004. Philippe ESTERE, L'usase des guartiers. Action politique et géographie dans la politique de la ville (1982-1999), 2004. Johanna SIMEANT et Pascal DAUVIN, ONG et humaniraire, 2004. Patrick QUANTIN (dir.), Voter en Afrique, 2004. A. LAURENT, P. DELFOSSE, A-P. FROGNIER (dir.), Les systémes électomux : permanentes et innovations, 2004. Sophie JACQUOT et Coracha WOLL (dir.), Les usases de ("Europe. Acteurs et transformations européentzes, 2004. Béatrice BLANCRET, La tose et la tributze : engagentents publics des classicismes franÇais et britannigue.s du 2004. siécle, A mes enfants Camilo et Lucía A María José TABLE DES MATIERES 15 Introduction PREMIERE PA RTIE La theorie sur les mouvements sociaus et Paction colleetive au Mesique Remerciements Chapitre 1. La théorie des mouvements sociaux Int ruductioo Ce travail de recherche est le fruit d'un long processus dans lequel occupent une place preponderante les acteurs des mouvements sociaux analysés, ainsi que des universitaires et des amis qui ont eu la gentillesse de me donner leur opinion. Je leur exprime á bous ma gratitude. Je voudrais rernercier spécialement le Professcur Pierre Bréchon, Directeur de l'histutit d'Etudes Politiques, pour ses observations judicicuses. Bien que la responsabilité du travail sois cntiérement mienne, je désire souligner l'attention qu'il a portée á ma recherchc. Celle recherche a pu se (aire gráce aux bourses accordées par le program-tic ECOS, siégeant au Mexique et en France, ainsi que par l'Université de Veracruz je remercie les Docteurs David Skerrit, Alain Faure et Cécile Guy Gilbcrt, coordinatcurs du programme ECOS, pour leur appui et leurs preuves d'asintió et de carnaraderie. Je suis aussi redevable á mes compagnons de l'lnstitut de Recherches I listorico-Sociales de l'Université de Veracruz, pour les échanges constants d'idees et d'information. 1.1. les théories des mouvements sociaux el Paction callective 1.1.1 La théune de l'iu:lion d'Alain Toutaine Systinne politique, démocratie et mouvenients sociaux 1.1.2. La théoric d'Albato Melucc, Mouvcmcnts sol:unix et sysléme publique 1.1.3. La théorie de la mobilLsation des ressoures. 1.1.4. La theme systtiuque 1.2. Le dénat sur les mouvements sachan au Mesique et en Amérique Latine 1.3. Perspective d'analsse 31 Chapitre 2. La déntocratisation du systéme publique et les mouvements sociaux Int nal u ction 2.1. La consolidaban du systéme autoritatire mexicain 2.1.1. 1.'époque des pactes social"( .1940-1970 2.1.2. Ihncslanon mivnére cl ilioUvancial &khan( 32 32 34 38 40 42 47 49 56 59 60 62 63 2.2. Les lomees d'incertitude : 1970-1982 2.2.1. /A montee du mouvement paran 2,2.2. Le MOUVenult ouvi la d le .s-ynchcalisme indepoidant 69 73 75 2.3. la fin des pactes sachan et la tninsforrnation de l'etat social auturitaire earucturation indwUnelle dr/Ubicuas/len/ da MOIlvtinalt 2.3.1 Ron vner 77 2.3.2. Le mouvement pOptdaire unvain 2.3.3. Crise de nomen et MOtivellititt clviquc electaull de 1988 2.4. Du Trak': de Libre Commerce á la rébellion indigéne 2.4.1. La radian du Chiapas 2.4.2. Le mouvemait feuunible 2.4.3. la assocbtions non gouvanetuanala et 1‘..% mouvemans civiqua 83 85 81 87 91 96 97 »Euxre.mk: PARTIE Stratégies de protestation et des identités publiques Chapitre 3. La formation de tniis mouvements sociaux régionaui Introduction 105 3.1. Le Barcas dans Pina 106 106 109 112 114 115 117 du Zacatecas (1993-1998) 3.1 1. L'état du /4eatec.e; : le contexte socios:coima/atoe 3.1.2. les causes Ctonoiniques á l'origine de la taxtion da nacerán 3.1.3 I a niusszuwe de l'Unjan El Harten 3.1.4. R&aux d'actual; sociaux 3.1.4.1 I z..% dirigearns exogénes 3.1.4.2. les dirigeants endogénes 3.1.5. 14 amenice de I'llnion FI I larzon 119 3.2. Le mouvement papan au Tabasco (1978-1998) 3.2.1. L'état du Tatinaw : le conteste socio-éconontique l: industrie pélzoliae au Tabas= 3.2.2. Rescaux d'un:ars sociaux 3.2.2.1. Les rt"%eaux dt Pacte Rivemin 3.2.2.2. 14 fonnation do Fruti de la Revolution 1)anocratique 3.2.2.3. les Communautes E:celes-tales de liase 122 122 124 126 127 128 3.3. Les réscatn du mouvement indigene et des travailkun du Pét role dans la region Coatzacualcm-Mlnatitlan (1982-1998) 3.3 1 L'élat do Vtrraeniz le conteste socin-économique 3.3.1.1 la reglen/ Cuatracoalcas.lvlinatitlan 3.3.1.2. las caciques regional»: 3.3.2. Itéseaux et ucleurs sociaux 3.3.2.1. Le mouvanent indigac 3.3.2.2. La Coonlination pour la I Wfatse de Poucx 135 132 135 137 139 142 142 147 Chapitre 4. La struetun: des opportunités publiques et le répertuire des actions collectives dans les mouvements sociaux rép9onaux 4.1.4. Les protatanons do Ilarzon : Voccupation de la ; filie de Zacatecas 4.1 5. le Iltuzón el la protestations nationált% 171 4.2. Le mouvement papan au Tabasco cons&tueuz% sur la snuclun: 4.2.1. L'autoriticriAne du PRI el des opportimitás pohtiqucs I.epouvoir potingue : 1982-1994 4.2.2. Ilisiorique. des hato sociales le Pacte lIntram Strutegies d'action collective 4.2.3. Le parti-mouvement el les lunes sociales 1988-1996 La allanen du PRI) cl la Marche Tamiz la I ktnocratie 1988-1992 4.2.4. Rbistance civile t.1 olluSve polaique pour la dánonstie :1994-1996 189 189 192 202 203 211 211 4.3. les mouvements sociaus et radien collective dans la région 230 Coatzacoalcos-Minatitlán 4.3.1 la région intligate et It..%mouvunents sociaux 4.3.2. Le mouvernan papilla el petrochimique 4.3.3 La Coordina oil pwur la 1k:tense de l'entes 184 218 235 249 253 260 4.4. Conclusions Chapitre 5. Dépendance ou autonomic politique relation complete entre les mouvements sociaux et ks partis notifiques Int ruduction 5.1. le fla non et les partis politiques 5.2. le mouvement politique du Tabasco 5.3. La partís politiques et le mouvement social de la région C'oatzacoakos-Minatitlan 269 271 279 291 Condumio!' généralc 301 Bihliographie 313 Journaux 343 Introduction 155 bniretiens 345 4.1. 1:Union El Barton 4.1.1.1es conllas au sin du PRI do Zacatecas et kmrs elkis sur la stnictine d'optxxtunite politique 4.1 2 Précédents dans les bata sociales : le Fruta Populaire du Zacatecas 4.1.3. Le gouvantaitent Lléral et Ies progamma de reechelonnomait ces dates 157 157 Annems 351 8 164 Curtes Graphiques 353 359 Chronologie 363 167 9 ABREVIATIONS ACIEZ : Alianza Campesitia Independiente Emiliano Zapata. Alliance Paysanne Indépmdante Emiliano Zapata. I3ANRURAL : Banco Rural Banque Rumie. CEDECOS : Centro de Desarrollo Comunitario del .S'ureste. Centre de Développernent Communautaire du Sud-Est CDPZ : Comité de Defensa Popular de Zaragoza. Comité de Défense Populaire de Zaragoza. CDP : Coordinadora por la Defensa de Pemex. Coordination pour la Défense de Pemex. CEB's : Comunidades Eclesiales de Base. Ccumnimatités F.cclésiales de Base . CEPAL : Coordinación beonómica para América Latina Coordination Economique pour l'Amérique latino. CIOAC : Central Independiente de Obreras Agricolas y Campesinos. Centnile Indépendzune des Ouvners Agricoles et dos Paysans. CNC: Confederación Nacional (..ampesina. Confédération Nationale Paysanne. CNPI : Gfrordouulora Nacional de Pueblos Indígenas. Coordination Nationale des Peuples Indigenes CODEH UTAB : Connsion de Derechos Humanos de Tabasco. Commission des Droits de l'Hortune de Tabasco. CONAMUP : Coordinadora Nacional del Movimiento Urbano Popular. Coordination Nationale du Mouvement Populaire Urbain. CNOP : Confederación de Organizaciones Populares. Confédéralion des Organisations Populaires. CNDEP : Comité Nacional en Defensa de la Economía Popular. Comité National de Défense de l'Economie Populaire. CM] : Consejo Nacional de Huelga. Conseil National de la Gréve. CROC : Conféderación Regional Obrera y Campesina. Confédération Régionale Ouvriére et Paysanne. CROM : Confederación Regional Obrera de México. Confédération Regional° Ouvriére du Mcxique. CTM : Confederación de Trabajadores de México. Confédération des Travailleurs du Mexique. CNPA Conlederación Nacional Plan de Ayala. Confédération Nationale Plan d'Ayala. EZLN Pféreito Zapatista de Liberación Nacional. Ami& Zapatiste de Libération Nationale. FC1P : Frente Cívico de Pajapan. Front Civique Indigéne de Pajapan FREPOCEV : Frente Campesino Popular del Sur de Veracruz.. Front Paysan Populaire du Sud de Veracruz . FDN Frente Democrático Nacional Front Démo-cratique National FNDSCAC Frente Nacional contra la Austeridad y la Defensa del Salario. Front National contrc l'Austérite et Defense du Salaire. FNAP : Frente Nacional de Acción Popular. Front National d'Action Populaire. IPN : Instituto Politécnico Nacional. Institut Nations] Polytcchnique. OCF.Z : Organización Campesina Emiliano Zapata. Organisation Paysanne Emiliano zapata. PAN : Partido de Acción Nacional Parti d'Action Nationale. PEMEX : Petróleos Mexicanos. Párole Mexicains. PNR : Partido Nacional Revolucionario. Parti National Révolutionnaire. 12 PPS : Partido Popular Socialista. Parti Populaire Sociabste. PARM : Partido Auténtico de la Revolución Mexicana. Parti Authentique de la Revolution Mcxicainc. Partido Revolucionario Institucional. PRI : Révolutionnaire Institutionnel. Partido Demócrata Mexicano. Parti Démocratc PDM Mexicain. PRD: Partido de la Revolución Democrática Parti de la Revolution Democratique. PST : Partido Socialista de los Trabajadores. Parti Socialiste des Travailleurs. PS1JM : Partido Socialista Unificada de México. Parti Socialiste Unifié du Mexique. PRT : Partido Revolucionario de los »abajadores. Parti Révolutionnaire des Travailleurs. PMS : Partido Mexicano Socialista. Parti Socialiste Mexicain. STPRM : Sindicato de Trabajadores Petroleros de la República Mexicana. Syndicat des Travailleurs du l'étrole de la République Mexicaine. SRA : Secretaría de la Relama Agraria. Secrétariat de la Reforme Agraire. SUTERM : Sindicato Unica de Trabajadores Electricistas. Syndicat Unique des Travailleurs Electriciens. UGS : Union Ganadera del Sur. Union d'Elevcurs du Sud. UGOCP : Union General Obrera Campesina y Popular Union General Ouvriére, Paysanne et Populaire. U130 : Union de Barrios de Oteapan. Union de Quartiers de Otinpan UNORCA : Unión Nacional de Organizaciones Regionales Campesinas Autónomas. Union Nationale des Organisations Regionales Paysannes Autonomes. 13 Introduction Notre étudc traite des mouvements sociaux' et de leurs relations avec le processus de démocratisation du systeme politique mexicain. Nous allons tout particulierement analyser trois types de mouvements sociaux régionaux sifués dans trois états du pays, dans le but de comprendre á la fois les caractéristiquts dcs ces mouvements régionaux et leurs relations avec les actcurs politiques des états. Ccci nous permeltra d'avoir une vue d'ensemble des differents rythmes et étapes de ce processus de démocratisation. Quelle est la raison de cct inter& pour l'implication des mouvements sociaux dans les transfonnations du systeme politique ? Plusieurs elements pcnuettent de repondre á cette qucstion. Parlons d'abord des acteurs qui favonsent le processus de démocratisation potingue: dans la theorie classique sur les transitions politiques dans les pays autoritaires, en particulier dans les pays d'Amerique Latirle et d'Europe du Sud, nous observons que priorité est donnóe á l'elude des entes politiqucs et úconomiques considérées comme les uniqucs acteurs de ces processus de transition. La société et les mouvements sociaux sont alors consideres comme des acteurs secondaires, presque marginaux (O' Don ne11.1984 ; Valenzuela, 1994; Schmitter, 2000; Arato,1999; Bunce, 2000). D'aves nous, les mouvements sociaux sont des plientimenes qui ont de l'influence sur le processus de transformation du system° politique autoritaire. Cate influence s'exerce par le biais de nombreuses actions et revendications qui ont des répercussions sur les changements du systeme en question. Si Ion considere le processus de démoc:atisation de Nous entcndons par rnouvement social un réseau d'organisations ou ,.taus d'orgartisailons qui luttent pour obtcnir satisfaction i lava revendiestions et qui meten* en question le systinic social et politique. txur action cst nácessairentent conflictuclIc el genere une action solidaire dans le processus de ItilIc Colrire leurs adversaircs. maniere restreinte, il se cree une déception sur les soi-disant "transítions politiques" vcrs la démocratie Un autre aspect concerne la politisation des mouvements sociaux. Comme le svstéme autoritaire mexicain s'est structuré á partir d'un pa p i hégémonique, le PRI, qui comprenait des organisations de rnasse inserees dans un systéme de type présidentialiste, dans les periades de fermeture maximale du systéme, entre 1940 et 1982, les mouvements sociaux ernergents avaient des revendications precises. La solution á leurs revendications était conditionnéc par l'adhésion des groupes contestataircs au PRI ou á l'une de ses organisations. C'est pour cela que les rcvendications des mouvements sociaux se sont politisécs, c'est-á-dire que, pour obtenir une reponse, il leur fallait faire appel á des agents politiques, des fonctionnaires du gouvemement de l'état ou du pouvoir exécutif, et placer la condition démoeratique comme condition sine qua non. De 1982 á 1997, le processus de libéralisation politique s'est accéléré. Le PRI et ses organisations ont beaucoup de mal á s'y adapter tandis que les mouvements sociaux sont plus effieaces dans la luttc pour leurs rcvendications, en profitant des espaces crees par les transformations démocratiques. NOUS notons que, presque toujours, les acteurs des mouvements sociaux ont une conception de la démocratie qui nc se limite pas aux proc(dures electorales et á l'altemance politique. lIs considérent la democratic comete étant plus large, les droits des eitoyens étant l'axe central tant de la société que de la vie économique (Marc Ferry, 1994; Harvey', 2000; Zermeño, 1998). Un autre aspect intéressant est celui de la subordination ou de l'autonomic des mouvements sociaux par rapport aux partis politiques. En Amérique Latine le paradigme predomine selon leguel le hut des mouvements sociaux était de devenir des partis politiques ; nous notons le fait que les mouvements sociaux ont tendance á se subordonner aux partis, encare plus lors des transitions politiques. 16 Ce processus s'accentue dans la transaban politique, du fait que les partís d'opposition ont besoin de mil:tants ayant une expérience d'organisation. lis regroupent alors des mentes actifs et des dirigeants des mouvements sociaux. De mente, les dirigeants des mouvements sociaux soutiennent l'adhesion á un partí politique en creant le risque de devenir bureaucratiques ct d'entrainer des fractures dans les mouvements. la relation entre les mouvements sociaux et le systéme politique est done complexc á décrire. II nc s'agit pas sculement d'en mesurer l'impact, d'analyscr comment les mouvements sociaux entrcnt et sorient du systéme politique, mais aussi de comprendre comment nait ce processus et qucls types de transforntations ont licu. A partir des annécs 90, on percoit dans le modele mexicain d'action collective un phénoméne de fragmentaban des mouvements sociaux. Ce phénoméne est en grande partie le produit de la consolidation du modele neo-liberal on observe une pene de centralité de quelques mouvements comme le mouvement ouvrier ou le mouvement paysan, et on voit se produire des mouvements á caractére prinemalement sectoricl et regional. On peor obscrver tres clairement de quelle maniere la société mexicaine se diversifie, et de ce fait la presence d'autres acteurs comme les organisations de femmes, les homosexueis et les lesbiennes, les petits propriétaires, etc, devicnt visible. La crise du vieux schéma devient evidente, les mouvements centraux ouvrent le pas á des revendications et á des mouvements interclasses et des mouvements fragmentes qui, en apparence, ont peu d'incidence sur les changements du svstéme politique. Devant ce processus, notre pra pccupation était de comprendre quelles répercussions ces mouvements ont cu sur la democratisation du systéme politique et quelle est la reponse de cclui-ci aux demandes ct aux propositions de ces mouvements. La fragmentaban et la pene de centralité des mouvements tendaicnt á forgcr une opinion pessimiste concluant que, faute de mouvements centraux, les changements au sein d'un systéme politique autoritaire ne seraient pas tres frappants. Nous 17 pensons cepciidant que cene perspectivo tendait á simplifier ces processus. Devant les changements qu'était en train de vivre la secreté mexicaine, comme la croissance urbaine et celle de la population, la libéralisation des moycns de communication et une demande constante de la pan des citoycns du respect des droits civiques, les exigentes pour un processus de démocratisation se faisaicnt á partir de ditTérents milieux et secteurs et s'exprimaicnt dans des transformations locales et regionales. Pour enrichir notre réflexion, nous ajoutons une autre question : quelles sont l'influence et la participation des mouvements sociaux dans le processus de transfomiation du systéme potingue '? Qucls sont les effets de la structure d'opportunités politiques' dans le développement des mouvements sociaux ? Pour quelles raisons les mouvements regionaux sont-ils prépondérants dcpuis plusieurs décennies ? Est-cc que le processus de démocratisation consolide ou fragilise les mouvements sociaux ? Ce sont ces questions qui guident nos recherches, et auxquelles nous essaicrons de répondre dans di fférents chapines. Le systéme autoritaire et le processus de transition politique Comme nous l'avons dit au debut de l'introduction, le systéme autoritaire mexicain était basé sur le PRI, parti hégémonique. ('e parti et les organisations de masse qui y adhéraient obéissaient á la figure présidentielle qui exergait un pouvoir sans limite (Krauze, 1997). II a egalement créé une politique clicnteliste dans laquelle la corruption était un élément naturel de l'exercice du pouvoir. Bien que le PRI foncttonnát comme le parti par legue( l'exorcice politique du president était légitimc, il était aussi un moycn de s'élever socialernent et politiquement. Ce parti etait légataire de l'idéologie de la révolution mexicaine el gestionnaire des ressourccs économiques de scs militants. Lorsque l'intervention soit du parti, soit de sis groupes, soit méme du président, nc donnait aucun résultat contre leurs adversaires, la répression était employéc pour freiner les ennemis du systérne. Ces mécanismes commencent á changer dans les alinees 80. En effet, le PRI est entré alors dans une phase de desinstitutionnalisation 3 marquée par son incapacité á s'adapter á un nouveau conteste concurrentiel et pluriel. 11 se montra alors comme un parti incapable de rénovation démocratique (Cansino, 2000; Marquez, 2000). Le processus de désinstitutionnalisation s'est manifesté comme une sorte de paralysic : la structure bureaucratique corporativo n'obéit plus á la captation et á la manipulation des votes des adhérents En effet le PRI, á partir des élections presidentielles de 2000 qu'il a perdues, entre dans une phase d'incertitude. Son axe de fonctionnement nc pela plus étre dépendant du Président de la République. Les changements auxquels doit faire face le PRI ont une envergure intcrnationalc, notamment á cause de la pene de légitimité des dictatures du cáne sud de l'Amenguo Latine, de la chute des systémes autoritaires de l'Europe de l'Est, ainsi que des transformations économiques intervenues lors du passage d'une économie étatisée á une économie franchement néolibérale. Dans ce sens, la privatisation d'un Brand nombre d'entreprises, qui étaient propriete de [Etat et dirigées par une importante bureaucratie politique de filiation prirste, a affectc aussi ce par-ti du fait de la pene du contróle qu'il exercait sur obscrvons que le degré d'ininitutionnalisation du PRI dimintac. puisqu'II case d'are un parti atable ct a des difficultés á se inaintcnir dans un systéme conspetitif. Casi un parti qui a perdu la cohésion interne qu'il avail hasée s " un réscau complcxc d'appuis ct de loyautés verbal el établi hierzuchiquement." (Cansino; 2000: 318). Nous lc concept de siructurc d'op/xtrtunites publiques cm ulilisé pour falte reference á la capacité ou i la láiblesse présentées par le systéme politique dans $3 réponse aux actions des groupcs contestataires( Eillieule, 1993) 19 celles-ci et qui 1M procuran des rissources économiques et une influence politique. C'est dans ce conteste general que k processus de démocratisation politique a licu. Pour certains auteurs il débute en 1977, avec la reforme electorale permettant d'inclure de nouvcaux partis politiques. Pour d'autres, il commencc en 1988 lorsqu'une crise de legitimité survicnt á cause des irrégularités commises par le PRI lors des élections présidentielles. Cependant, á la fin des annécs 80, les caraetéristiques de la transition vers la démocratie ont commencé á etre débattucs sous le nom de "transitologie" ; ce débat s'est accentué en 1994 lorsque les politologues mexicains ont repris le modele classique des transitions élaborées par O'Donnell ct Schmitter, entre autres. la transition espagnole est devenue un des modeles de reference (Diaz, 1993; Mesa, 2001). Cet enthousiasme se comprend car les autres groupes du PRI commeneaient á se &d'aire. Cc qui n'était pas logique, en revanche, &tad de laisscr de elite les resultats obtenus lors des transitions politiques du cóne sud ainsi que les débats en cours dans les pays d'Europe de l'Est. Au Mexique, les débats classiques sur les transitions politiques ont repris. Priorité était donnee á l'analyse des partis politiques et des élites économiques. En resume, le processus démocratique était consideré de maniere limitee. Dans le cóne sud, e l est-á-dire en Argentine, au Pérou, au Brésil, on parlait déjá de la desaniculation entre le systéme politique et les sphéres sociale et économique. 11 est intéressant de noter que les spécialistes de la transitologic font des efforts pour adapter lcurs concepts. Par exemple, la déception engendrée par les processus démocratiques dans les sociétés du cóne sud montre bien que d'autres actcurs doivent entrer en scene. Le btsoin d'articuler les proccssus démocratiques á d'autres domaines importaras pour les citoyens cst ressenti (Smitter, 2000). II faut aussi accorder 20 de l'importance au processus de consolidation de la démocratie á ce sujet, O'Donncl parle de deux transitions : une vers la démocratie, une cutre de consolidation de la démocratie (0‘Donnel, 2000). Les interpretations des faits qui se sont déroulés en Europe de l'Est ont remis en cause le point de vue classique des transitions. En Polognc et en Hongrie, la société civile et les mouvements sociaux ont été les actcurs pnncipaux des changements politiques ; les partis politiques ne sont pas les seuls acteurs et l'histoire de chaque pays a son importance dans les changements. (Braun, 1999; Arato, 1999). II s'est passé la mente chose en Russie et dans les pays qui en dépendaient. L'étude des transitions s'est done imposée : on nc pouvait plus parler d'un seul modele et de ses étapcs naturelles, mais les considérer dans toute leur complexité. Cela comprend le róle des différents actcurs, la position de l'économie du pays, l'histoire politique et le concept m'eme de démocratie. Nutre ("mide se situe dans cene vaste periode appelée transition politique. Les mouvements sociaux qui se développent durant cette période, 1982-1998 4 , se débattent avec des confrontations idéologiques propres aux actcurs qui nc voient pas d'avenir et de legitimité á ce proccssus. Si nous partons du príncipe qu'un nombre imporuun des mouvements qui sont nes dans les années quatre-vingt étaient intluencés par le marxisme et que dans leurs manifestations les plus radicales ils niaient toute possibilité d'ouverture politique et de démocrausation du systéme, la tendance que nous cnregistrons entre les années quatre-vingt et deux mille, avant l'altemance présidentielle, cst que l'unique possibilité pour les mouvements sociaux de proposer des politiques publiques et d'obtcnir une reponse á lcurs demandes est d'influencer ct transformer le systéme politique. Ce positionnement derive dans le seas on la 4 New avons dame la priorité á reste pirriode hien que quelques analystes considérent que la transition politique au Mcxique conunence en 1977 avec les prcmiercs rétnernes éloztorales. 21 mediation notifique est un espacc que les mouvements utilisent constamment. Ces ispaces sont la participation aux différentes élections, principalcment les municipales, l'influencc sur les décisions de la Chambre des Députés et du Sénat, et la lurte permanente pulir démocratiscr le systéme de justice. changements politiques sont en revanche tris lents dans d'autres états. En fonction des traits historiques des régions et des etats, des caractéristiquts des elites politiques, de la presence ou non de mouvements sociaux, la transition notifique a été plus ou moins rapidc. C'est amsi que nous observan, durant cate période, le phi:nomen° suivant : les mouvements sociaux parient sur la démocratisation du systéme et de ses institutions, et les mouvements qui consideren, que le proccssus de démocratisation nc pcut résoudre les problémes essentiels de la société, ou qui simplement nc voient aucune possibilité de démocratisation, demeurent de plus en plus isolés. Nous pouvons dire que n'eme si l'elite qui gouvernait le pays a créé certaines conditions á l'ouverture du systéme politique, ce sont les mouvements sociaux et la société civile qui donnércnt l'impulsion au processus de démocratisation dans les différents milieux territoriaux et politiquea. Ce qui nous interesse, cest l'action des mouvements sociaux dans le proccssus de démocratisation et la facon dont ils ont atteint leurs objectifs. Les mouvements sociaux et la démocratic I mouvements sociaux que nous allons analyser s'inscrivent dans ce conteste notifique, entre 1982 et 1998. Cene période se caractérise par de grandes transformations politiques et économiques et par des changements dans le modele des actions col lecti ves. Nous avons choisi des mouvements qui se déroulaient dans un cadre regional. A partir des années 80, nous voyons apparaitre des mouvements sociaux qui naisscnt dans tout le pays. surtout ces dix cloratos annécs: le mouvement indigéne du Chiapas, les lunes pour l'enseignement dans l'état d'Oaxaca, les protestabais des travailleurs du pétrolc, le mouvement El Barzon, etc... En dehors de Paspect regional, il y a ce que nous appelons l'asymétric de la transition politique. Tandis qu'a Mexico et au gouvernement federal les reformes !lees á la démocratisation surrnonti,nt les obstacles de la culture clientéliste, les 22 Nous voulons savoir comment les actcurs des mouvements sociaux ont affronté le contexte de Icor région, quels sant les problémes qui les ont poussé á se soulever ct á remettre en cause les autorités locales. Nous voulons comprendre leurs strategies de protestation, leurs pratiques politiques, afin de déterminer leurs ressemblances et leurs différences. En cc qui concerne leurs pratiques notifiques., nous donncrons la priorité au licn entre eux et les partís politiques, en particulier avec le PRD puisque l'ascension de ce parti est liée á ses relations avec différentes organisations sociales. Lors de notre choix, nous avons tcnu compte des liens avec les partís notifiques, notamment le PRD et le PRI dont le son est lié aux relations avec les mouvements sociaux Par exemple, il existe une concurrence entre le PR1 et le PRD dans l'état du Tabasco. Du fait de la fermeture de la structure d'opportunités politiques, Ics conflits sont tres tendus. Dans l'état du Veracruz, il y a concurrence entre les ménies partís mais, comme la structure d'opportunités notifiques est plus ouverte, plusieurs groupes sociaux pcuvent participa aux élections. Au Zacatecas, les dissensions au sera du PRI ont permis au PRO de gagner les élections de 1998 dans cet état. Les mouvements sociaux que nous avons choisis se situent dans les états du Zacatecas, de Veracruz et du Tabasco. Au Zacatecas, nous avons analyse le mouvement El Barzon, né dans cet etat avant de s'étendre á tout le pays. Scs actcurs principaux sant des petits et moyens agriculteurs insultes dans 23 la zcme la plus productive de cet état. Sa revendication centrale était de protestes contre la hausse excessive des taux d'intérét des b:mquec privées ct nacionales. Son moven d'action a até le plus radical dans le répertoire des actions collectives du mouvement paysan de cct état Certains autcurs ont qualifié ce mouvement de pluriel en termes de classes sociales, car il a rcgroupé á son apogée plusieurs gratines sociaux_ Son développernent va de 1993 á 1998, periode pendant laquelle le PRI connal des conflits en son scin, tandis que le PRD est en pitase d'ascension. Le mouvement social et politique du Tabasco rassemble des indigénes et des paysans membres du PRD. Leurs revendications principales sont liées aux dommagcs causes á leurs terres par la pollution duo á l'exploitation pétroliére. Elles se sont ensuite étenducs á une demande de démocratisation du systéme politique de l'état. Le mouvement se poursuit de 1989 á 1998 ; les formes de résistance reprennent les répertoires de l'action collective paysanne mais de maniere plus organiséc, avec plus d'impact sur l'opinion publique. Enfin, parmi les mouvements de l'état de Veracruz nous observons le mouvement indigéne de la région CoatzacoalcosMinatitlan. Celui-ci commence á se manifester dans les années 70 et atteint son apogée dans lis années 90. Ses revendications sont liées á la démocratisation des structures politiques regionales et á la (une contre les caciques locaux. Les protcstations se sont concentrets lors des élections pour gagner les municipales gráce á une alliance avec le PRD. Dans la mame regían, nous avons analyse le mouvement des travailleurs de l'industrie pétrochirnique qui a cree la Coordination pour la Défense de Pemex. Sa principale rcvendication elan de protestes contre la privatisation de l'industrie pétrochimique. Ce mouvement a en un impact médiatique considerable tant au niveau regional que national. Ses strategits eonsistaient á influenecr l'opinion publique. 24 Ces deux mouvements ont noué des allianccs pour empaches la privatisation de l'industrie ct democratiser le systéme politique local. Nous trouvons un point politique et idéologique comunal á ces mouvements. Le mouvement indigéne de Coatz.acoalcosMinatitlan et une branche des membres du PRD de Tabasco provicnnent d'une fonnation chrétienne liée á la théologie de la Liberation. Les dirigeants du Barran sont membres du PRD et viennent d'une gaucho de nene ascendance marxiste. La Coordination pour la Défense de Pernex ct le groupe des dirigeants du PRD de Tabasco partagent un point de vuc nationaliste en ce qui concome le pays et ses ressources, ce ri faisait partie du projet idéologique de la révolution mexicaine Le point commun entre ces mouvements est la hitte contre l'autoritarisme et pour la démocratisation du systéme politique. Plan du liv re Le livre que nous présentons est compasé de deux partes La premiére partie a pour theme "La theorie sur les mouvements sociaux et l'action collective au Mexique", deuxiéme partie trine des "Stratégies de protestation et des ident ités politiques". 12 concept de nationalisme. a ',se l'objet de numbreuses poléntiques Pour ocums autcurs, la nailon et le nationalismc sont les produits d'une penod< de 111152ot:e ati le processus d'industrialisation domine dans une societé di/ten:me de la soco& paysanne (Genner, 1998). Pour Satines, l'Etat-Nation d'oil prov .:mi la conception nationaline est fissuré et &pass* par la mondialisation qui transforme le secteur éconornique mala aussi la stmeture méme de la sociéte (llovisInui, 1992). Cependitnt. le nationalisme en tant que plienoméne de resistitnce culturclIc est repiis par p/usicurs autcurs , il est aloya une strategic pour protégcr les traditions commUnatitaires rade á la mondialisation (Wieviorks, 1993). Fn ce qui concome le Me gique. le nationalisme s*identitic au projet ideologique de la révolution mc gicame consolidé par les reformes econonuques el sociales errtreprises par le Président latazo Cardenas del Rio dans les années 30 Panni celles-o, il y a tu la nai,onalisalton de l'industrie pétroliere. 25 La premien: partie comprend deux chapitres. Dans le premier, nous exposcrons les débats que nous jugeons pertinents pour l'analyse de l'action collective au Mcxique ; s'agit d'un chapitre théorique. Nous y analyserons la théoric des nouveaux mouvements sociaux, la mobilisation des ressources et la théoric antisystemique. II nous parait intéressant de presenter un point de vue constructiviste, en particulier la théoric des nouveaux mouvements sociaux et la mobilisation des ressources. Nous essaierons d'utiliser les concepts de ces courants qui nous paraisscnt pertinents pour nos recherches. Nous presenterons également notre point de vue sur lis probletnes déhattus dans le conteste latino-américain, á propos des mouvements sociaux et de leurs relations avix la politique, des changements politiques et du róle joué par les mouvemcnts sociaux ainsi que par la société civile dans ces transformations. Dans le chapitre deux, nous analyserons l'action colleetive au Mcxique. Nous voulons comprendre la relation entre les mouvements sociaux et le systéme autoritaire, ainsi que les changcments survenus dans le modele de l'action collective. Ce chapitre correspond á la periode allant de 1958 á 1994. Cene analyse nous permct de mettre en contextc la deuxietne partie dans laquelle nous entrons de plain-pied dans notre sujo d'elude. Dans le chapare trois, nous étudicrons les acteurs et les rést.mux qui constituent les mouvements sociaux de notre útude. Nous analyserons également Forganisabon ct l'idéologic de ces mouvements. Nous pensons, suivant ainsi Alberto Melucci (Melucci, 1999), qu'il est important de savoir comment les relations formelles et informelles se structurent. Ce point perrnet une meilleure compréhension des mouvements. Lanalyse de la structure des mouvements nous permet de savoir comment certains d'entre cux ont une structurc lourdc dépassée par l'agilité avec laquelle les réseaux et les actcurs agissent, tandis que d'autrcs ont une structurc souple ct agite. Nous essaierons 26 également de comprendre la presence des dirigeants dans la dynanuque d'organisation de ces mouvements. Dans le chapitre quatre, il est question des stratégies et des actions de protestation collective. Nous avons étudié les groupes, les directions de ces mouvements et les répercussions des protestations. 1:analyse de la structure d'opportunités politiquea devient essentielle pour comprendre la progression de ces mouvements. Nous souhaitons également comprcndre pourquoi le besoin de valoriser les droits des citoyens s'est fait ressentir cn marge des revendiczions propres á chaque mouvement. D'aprés certains auteurs, les mouvements sociaux contemporains en Amérique latino se caracterisent par la détense et la conquéte des droits des citoyens (Harvey, 2000; Tamayo, 2000; Fowcreker, 1994). Bien que la formation de la eitoyennete ne soit pas le sujet de nos recherches, c'est un theme qui est présent dans fanalyse des mouvements.6 Nous voulons également comprendre comment les mouvements sociaux non seulement ont un impact graducl sur le systéme politique mais paniennent aussi á remettre en cause les fondements du s y stéme de domination (Melucci, 2000; Touraine, 1998; Martucceli, 2001) Mcxique et dans déla) sur lo cone€48 de collyennetf eta devenu nuncio phismun pays d'A:Tiento< latme, le hesoin des individua d'ene reconnus dans leurs droits eivils el politiques est app,m, dans les debata. Par exemple, les revendications des Indigenes du Chiapas 41 dtquateur mihtent polo la reconnaessance des drous notifiques cl eulturels. Certains animas pensent que le modele elassique de république est en lrain de devenir un modele plunel, identitaire et n'imanan:e, dans lequcl le respect des ddlerenees et des droits adturels des individus se rail ;out ((hinches, 1998:122 ) II est egalement quesaum des sus-tetes multieulturellts et du respeet des dro ga des ~ornes (Kymlieka, 1998:16 Schnapper, 2000 236), aussi que des droits ',Mitigues en tala que eitoyennete active es non pes oomme un privemos forme) ou passif, " dans le fait et le droit de participa: activement á relaboration des deeisions el des normes qui visan spécifiqucment á organiser l'ensemble de la vie collective" (Mac Ferry, 1994:13) 27 Dans le chapitre cinq, nous nous centrerons sur la dependance ou l'autonomie des mouvements sociaux par rapport aux partis politiques. Nous porterons le débat sur la subordination ou l'adhésion des mouvements sociaux aux partis politiquera. L'adhésion des organisations de masse aux partis imbuyes est un modele né dans les années 40 en Amérique Latirte Ce modele est actuellement en crise ; on sent une nette tendance á l'autonomie des mouvements sociaux. La constitution de cette livrc s'appuie sur un travail de terrain réalise dans les états de Zacatecas, du Tabasco ct de Veracruz. Nous avons fait trois séjours : un de juillet á noviembre 1998, un autre de juillet 1999 á février 2001 et un demier de février 2002 á avril 2002. Le travail sur le terrain consiste en entretiens et en recherche de sources hibliographiqucs, dfx:umentaires et joumalistiques. Dans les trois états, nous avons réalisé un ambitieux program= d'entrevues, un pcu plus de quatre-vingt. Ces entrevues s'adressaient aussi bien á des dirigeants des mouvements sociaux qu'á des dirigeants des partis politiques, pruicipalement du PRO. Nous avons eu aussi des cntretiens avec des inembrts actifs n'ayant aucun poste forme! dans les mouvements, et interviewé des fonctiozmaires de mairics et de gouvernements de ces états. Nous n'avons eu aucun probléme dans les états du Zacatecas et de Veracruz. gotivemement de Roberto Madrazo vis-á-vis de nos activités. Dans certains cas, cenains de mes interlocuteurs ont subí des intimiciations. Une fois ce probleme dépasse, nous avons pu parcourir tout l'état : Cunduacan, Comalcalco, Nacajtica, Ciudad Pemex, El Plan Chontalpa, Cardenas, Tenosique et la vine de Villahemwsa. Le travail de recherche dans les journaux a occupe un temps important, notarnment pour Fidentificatton des sources locales. Nous avons relu des joumaux de duque état pour realiser trois chronologies afin de suivre les evénements. Nous avons assisté á des réunions de travail du I3arzon dans les villes de Zacatecas et de Jerez, ainsi qu'á Mexico. Nous avons assisté á des réunions de conseils municipaux á Veracruz et á des activités de la Coordination pour la Dórense de Pemex. A Tabasco, nous avons assisté aux activités de plusieurs associations. D'une facon genérale, nous pouvons dire que le travail sur le terrain a été tres important. mime si la diversité des sujets d'elude pouvait laisser penser qu'U était unpossible de recucillir tomes les informations nócessaires Au Zacatecas, nous nous sommes rendus dans plusieurs villes et communes : Fresnillo, Jerez, Guadalupe, Nieves, la ville de Zacatecas, notamment Nous avons rencontré des dirigeants du l3arzon á Mexico. Au Veracruz. nous avons parcouru la zone indigéne : Zaragoza, Cosoleacaquc, Oteapan, Mccayapan, Sotcapan, Pajapan et Jaltipan Pour pouvoir interroger des travailleurs pétroliers et pétrochimiques, nous nous sommes rendus dans les villes de Coatzacoalcos et de Minatitlan. Au Tabasco, nous avons été confrontes á des problemes dus au climat de tension entre le PRD et le PRI. Nous nous sommes rendus compte de la méfiance des mcmbres du 28 29