Etat du diocese de Cavaillon en 1597
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Etat du diocese de Cavaillon en 1597
Etat du diocèse de Cavaillon en 1597 par Robert AMIET Le minuscule diocèse de Cavaillon, qui a disparu à la fin du XVIIIe siècle, au moment de la Révolution Française, était le plus petit des diocèses de l’ancienne France. Affectant très vaguement la forme d’un demicercle bosselé, posé sur la Durance, il avait une longueur maximale Est-Ouest de 33 kilomètres et une hauteur maximale Nord-Sud de 21 kilomètres, délimitant une superficie de moins de 600 kilomètres carrés, soit le dixième d’un département français. Son point le plus au Nord était Saumanes, le plus à l’Est Goult, le plus au Sud Mérindol, et le plus à l’Ouest Gadagne. Il confinait au Nord avec le diocèse de Carpentras, à l’Est avec celui d’Apt, au Sud avec celui d’Aix, et à l’Ouest avec celui d’Avignon. La cité épiscopale mise à part, il ne comprenait en tout et pour tout que 16 paroisses seulement, dont voici les noms par ordre alphabétique : Cabrières Caumont Châteauneuf-de-Gadagne Gordes Goult Lagnes L’Isle Le Thor Les Taillades Maubec Ménerbes Mérindol Oppède Robion Saumanes Vaucluse Les églises paroissiales de deux de ces communes étaient en même temps collégiales la première, l’Isle, fut érigée au XIIIe siècle, la seconde, Oppède, au XVIe siècle. Le tout constituait un petit diocèse à taille humaine, avec tous les avantages, et aussi, bien sûr, les inconvénients d’un semblable état de choses. Le diocèse de Cavailon était par ailleurs, d’une vénérable antiquité. Il était en effet un des plus anciens diocèses de la Gaule, Car sa fondation remontait au moins à la fin du siècle. A l’époque, il était suffragant de la puissante métropole d’Arles, et faisait partie de la Provincia, c’est-à-dire de la Provence romaine. A la chute de l’Empire Romain d’Occident, la souveraineté sur la région en question fut disputée de nombreuses fois entre les Princes mérovingiens, puis carolingiens, et ce n’est qu’au XIIIe siècle que le pays connut une condition politique stable, à savoir la coexistence pacifique de deux petits «états » la Provence, gouvernée par des comtes, et le célèbre Comtat Venaissin, qui était un fief papal en terre aujourd’hui française. Le petit diocèse de Cavaillon se trouva ainsi sans le vouloir à cheval sur ces deux juridictions 13 de ses paroisses relevaient du Comtat et 3 de la Provence Gordes, Goult et Mérindol. Cette situation dura jusqu’à sa disparition. Du point de vue ecclésiastique les six premiers siècles d’existence du diocèse sont enveloppés, comme partout, d’une épaisse obscurité. Le premier évêque Connu est un certain Genialis, dont on connaît seulement l’existence parce qu’il a apposé sa signature au bas des délibérations du Concile de Nîmes, tenu en 394. De la brume du passé émergent ensuite quatre figures d’évêques seulement un au siècle, Asclepius (439-451), et trois au siècle Philagrius (517-533), Praetextatus (549.554) et enfin et surtout le célèbre saint Véran qu’avait Connu personnellement Grégoire de Tours, dont les écrits flous livrent quelques détails Situés entre 585 et 589. Après ce personnage, qui fut le seul saint local, il semble qu’il y ait eu une très longue vacance de siège, près de deux siècles, avant de voir réapparaître enfin un évêque à Cavaillon en la personne de Lupus, dont la signature figure en 788 au faux concile de Narbonne. Nouvelle vacance, de plus d’un siècle, après laquelle émergent des ténèbres trois nouveaux noms Reginardus (906-916), Heribertus (951) et Theodericus (965). Avec Walcaudus (976-979), le diocèse de Cavaillon sort enfin de l’ombre et entre dans la lumière de l’Histoire: nous possédons encore aujourd’hui la très précieuse charte du 12 mai 979, signée de sa main, et par laquelle il fonde une cella monastique à la Fontaine de Vaucluse (Marseille, Archives départementales, 1 .H.6, ch. 16). A partir de cette date, on possède la liste ininterrompue des évêques de Cavaillon dont, pour mémoire, je ne retiendrai ici qu’un nom, celui de Philippe de Cabassole, cardinal et ami de l’immortel Pétrarque. Le 17 février 1592, le pape Clément VIII nommait évêque de Cavaillon et vice-légat d’Avignon, un prêtre de la Congrégation de l’Oratoire de Saint-Philippe Neri, Giovanni Francesco Bordini. Romain de naissance, il était à la fois théologien et juriste, et aussi, parfois, poète à ses heures. C’était un humaniste qui s’était fait un nom dans la Ville Eternelle en publiant un recueil des poèmes qu’il avait composés à la gloire du pape SixteQuint : Carmina de rebus praeclare gestis a Sixto V. Romae 1588. Il publia plus tard en France une vaste compilation historique: Summorum pontificum et imperatorum series et gesta (2 vol.), Paris 1604, s’arrêtant à l’année 518 et, dans le même temps, à Venise, la traduction en italien de la vie de sainte Thérèse d’Avila : Vita della Madre Teresa di Gesu, Venise 1604. Ce prélat intelligent se fit pasteur au service de ses ouailles. En sept ans d’épiscopat, il ne visita pas moins de deux fois tout son diocèse, paroisse par paroisse, avant d’être nommé le 11 mars 1598, au siège archiépiscopal d’Avignon, où il s’éteignit au début de l’année 1609. Le Concile de Trente, dont les derniers décrets étaient, à l’époque, à peine vieux de trente ans, avait prescrit à tous les évêques résidentiels de rédiger à la suite de leurs visites pastorales dans leur diocèse, un compte rendu aussi détaillé que possible sur l’état de celui-ci, et de le faire parvenir à la Sacrée Congrégation du Concile, instituée tout exprès à cette fin pour exercer un certain contrôle, — et un contrôle certain, —de la part de Rome sur les diocèses de la chrétienté occidentale. Jean-François Bordini ne pouvait manquer de déférer à cette obligation, et, à la fin de sa septième et dernière année d’épiscopat cavaillonnais, il coucha par écrit toutes les observations qu’il avait pu faire dans les deux visites pastorales dont j’ai parlé. Intitulé Relatio Ecclesiae Cavailicensi per me Ioannenm Franciscum Bordinum episcopum acta, ce document est infiniment précieux pour connaître une foule de détails que l’on chercherait en vain ailleurs, non seulement au point de vue religieux, mais aussi au point de vue historique, géographique et démographique. Il mit le point final à sa rédaction le 23 octobre 1597. Calligraphié avec un soin extrême sur du vélin de première qualité, ce manuscrit se présente sous la forme d’un petit volume comportant exactement 41 feuillets. Le texte est à longues lignes, à raison de 25 lignes à la page. Une particularité très intéressante achève de nous rendre très sympathique ce petit codex. Un artiste anonyme a dessiné dix-huit petites vues cavalières des villes, villages ou lieux-dits décrits dans le rapport, et il en a orné très heureusement les passages correspondants du texte. Ces dessins présentent tous une grande exactitude, et permettent de nous faire une idée de ces petites cités, qui étaient encore à l’époque presque toutes entourées de solides remparts, dont il ne subsiste plus rien aujourd’hui. Dans deux cas précis, j’ai pu personnellement vérifier la ponctualité du dessinateur. Sur le dessin représentant 1’Isle-sur-la-Sorgue, on voit parfaitement bien figuré le campanile de la collégiale, élevé en 1460 et détruit en 1633, et, à côté, la grosse tour carrée élevée par les Consuls de la ville en 1538. Sur le dessin représentant Vaucluse, l’église possède exactement le même aspect qu’elle présente aujourd’hui, avec son clocher tronqué, surmonté de deux cloches suspendues à la provençale. On s’attendrait à trouver ce manuscrit dans les archives de la Congrégation du Concile, mais il n’en est rien, et, dans des conditions que nous ne connaîtrons jamais, il a échoué en Angleterre, où il forme présentement le ms. addit 17402 du British Museum de Londres. En étudiant de très près le texte si intéressant et si complet de l’évêque Bordini, on peut dresser avec beaucoup d’exactitude une statistique générale du diocèse de Cavaillon pour l’année 1597. Pratiquement pour chaque paroisse sont donnés, parmi beaucoup d’autres, les cinq renseignements suivants: distance de Cavaillon, nombre d’habitants, nombre de prêtres desservant ou résidant, revenus financiers et enfin désignation du patron ou des patrons de l’église. Les distances sont évidemment exprimées approximativement, l’unité de mesure étant le mille romain qui, comme on le sait, vaut 1,481 kilomètre. Quant aux revenus, la monnaie de compte est le nummus aureus romain, et non pas la livre tournoi du royaume de France, difficile à évaluer en franc germinal (ou franc or). On est surpris par ailleurs du très petit nombre d’habitants de ce diocèse 22.500 en chiffres ronds, mais on est plus surpris encore de constater que Cavaillon ne comptait alors que 4.000 âmes, alors que 1’Isle en comptait 6.000. Le nombre de prêtres de ce diocèse nous laisse, nous modernes, un peu rêveurs. La ville épiscopale de Cavaillon comptait, à la Cathédrale, 12 chanoines et 10 bénéficiers, soit 22 ecclésiastiques, auxquels il convient de joindre 15 dominicains et un nombre indéterminé de capucins, c’est-à-dire près d’une cinquantaine de prêtres pour 4.000 habitants, soit un prêtre pour 80 personnes ! L’Isle n’était pas moins gâtée. La collégiale comprenait 8 chanoines et 6 bénéficiers, auxquels il faut ajouter un nombre inconnu de franciscains et de doctrinaires, soit environ une bonne trentaine de prêtres. Ces doctrinaires, ou Pères de la Doctrine chrétienne, avaient été fondés peu auparavant par César de Bus et Jean-Baptiste Romillon, lequel était un Lislois authentique, pour évangéliser les enfants des campagnes et aussi des villes, laissés dans un abandon religieux à peu près complet. Le tableau suivant synthétisera les divers renseignements de cette intéressante statistique. STATISTIQUES DU DIOCÈSE DE CAVAILLON EN 1597 Nombre Clergé Revenu Distance D’habitants diocésain (en nummi De Cavaillon aurei) (en milles) Cavaillon ---4000 22 2000 Cabrières ---200 1 200 Caumont 6 1000 3 300 6 1000 5 500 Châteauneuf-de-Gadagne Gordes 10 3000 3 500 Goult 800 2 300 Lagnes 3 700 2 300 L’Isle 6 6000 14 2000 Le Thor 6 2000 5 200 Les Taillades 1 100 1 200 Maubec 4 400 2 300 Ménerbes 9 1200 3 200 Mérindol ---------------Oppède 6 700 6 ? Robion 3 500 2 200 Saint-Ferréol ---200 1 200 Saumanes 6 500 2 200 Vaucluse ---200 1 ----22500 75 7600 Paroisses Patron de l’église paroissiale N.D. St Véran ? N.D. N.D. N.D. N.D. N.D. N.D. des Anges N.D. Ste Lucie St Pierre N.D.S.S Etienne et Alban ----N.D. N.D. St Ferréol N.D. N.D. St Véran Avant de donner in extenso le texte latin de ce très intéressant manuscrit, je crois devoir en présenter brièvement les diverses parties, en mettant en évidence certains détails qui, autrement, risqueraient d’être noyés dans l’ensemble un peu prolixe des diverses notices. Je note aussi, pour ne plus y revenir, le souci extrême de l’évêque de se conformer aux décisions du Concile de Trente. Avec une nuance imperceptible de flagornerie bien romaine, il se réfère explicitement au Concile pas moins de 38 fois, c’est-à-dire à peu près une fois par page. J’ai dit tout à l’heure que ce zèle a été récompensé par l’octroi, moins de trois mois après son rapport, du siège archiépiscopal d’Avignon. C’était la sportule accordée au bon serviteur Euge serve bon et fidelis... CAVAILLON (Cavellio) La cathédrale est extrêmement sombre et l’évêque a fait ouvrir dans le mur de la façade une très grande baie vitrée pour lui donner un peu plus de lumière. Il a de plus séparé le chœur de la nef par une grille en fer forgé et il a muni le maître-autel de grands chandeliers en bronze et d’un tabernacle en bois doré, garni de velours à l’intérieur, avec une pyxide en cuivre doré. Il a enfin fait installer de nouvelles orgues, les anciennes ayant été brûlées par les Calvinistes en 1562. Sous le maître-autel, reposent les reliques des saints Véran, Honorat et Faustin, découvertes dans le sarcophage de l’église de Vaucluse en 1321 par l’évêque Pons de Lagnes, auxquelles sont jointes celles de sainte Euclète, une des 11.000 vierges, demandées naguère à l’archevêque de Cologne par l’évêque Philippe de Cabassole. La cathédrale compte 12 chanoines et 10 bénéficiers. Deux de ces prêtres remplissent les fonctions de curé et de vicaire de la paroisse. Trois messes officielles sont célébrées chaque jour dans l’église. La première, in aurora et par le curé en personne, est à l’usage des paysans qui y assistent avant de se rendre à leur travail. La seconde est la messe des bénéficiers, et la troisième la messe capitulaire. En relation avec la cathédrale existe un séminaire, lequel compte quatre élèves seulement. De plus, chaque dimanche, une heure avant les vêpres, le chanoine théologal fait aux enfants rassemblés une séance hebdomadaire de catéchisme, pour laquelle il utilise le célèbre Catéchisme du Concile de Trente. Enfin, tous les dimanches, lorsqu’il est présent à Cavaillon, l’évêque se fait un devoir de prononcer lui-même l’homélie à la grand’messe. De même, tous les jeudis après midi, l’évêque se tient à la disposition de son clergé, pour en recevoir toutes requêtes, doléances, demandes diverses ou tous éclaircissements désirables. La ville de Cavaillon compte trois couvents, deux d’hommes, dominicains et capucins, et un de femmes, à savoir les religieuses bénédictines. Ces dernières, au nombre de 16, possèdent l’église Saint-Jean. Elles sont séparées du commun des mortels par une solide grille de fer, et elles ont l’habitude de se confesser et de communier deux fois par semaine. Du point de vue disciplinaire, l’évêque a été obligé de sanctionner gravement deux chanoines de la cathédrale, vivant scandaleusement en concubinage. Ils ont été démis de leurs fonctions et exilés hors du diocèse. D’autres, admonestés par l’évêque, ont fait amende honorable et ont été maintenus dans leurs prérogatives. D’autres enfin, pertinaces dans leurs errements, ont purement et simplement été emprisonnés jusqu’à résipiscence. Deux fois par an, l’évêque préside le synode diocésain, après Pâques et après la fête de la Sainte-Lucie. La confirmation est donnée chaque année à la cathédrale pendant la semaine de la Pentecôte quant aux paroisses, elle a lieu à l’occasion de la visite de l’évêque. Enfin, il est signalé que Cavaillon possède un hôpital, qui reçoit les voyageurs et les malades, et qu’il existe deux confréries de pénitents, les Pénitents blancs et les Pénitents noirs. L’ISLE (Insula) La collégiale de l’Isle comporte 14 prêtres, dont 8 chanoines et 6 bénéficiers. Deux de ces prêtres assurent les fonctions de curé et de vicaire de la paroisse. L’église (du XIIe siècle) est en mauvais état iam vetustate prope confectam. L’évêque, après inspection, ordonna des réparations pour lui rendre un meilleur aspect in meliorem forman. Ces « réparations » consistent essentiellement en deux choses : éliminer les objets divers et les autels (!) qui l’encombrent en limitant le nombre de places des fidèles et blanchir les murs intérieurs au lait de chaux ou au gypse. Sur la paroisse sont établis des franciscains. Leur couvent, situé hors de la ville, ayant été détruit par les Calvinistes en 1562, ces religieux se sont réfugiés intra muros. D’autre part, l’évêque a inauguré récemment une chapelle dédiée à la Vierge, qui est desservie par les prêtres de la Doctrine chrétienne. Il existe aussi un hôpital. Sur le plan moral, l’évêque relève quelque abus de la part du clergé local. Il a fait paternellement des remontrances et a interdit, sous peine de poursuites canoniques, les jeux, divertissements et beuveries, soit en public, soit en privé (!). LE THOR (Thorum) L’église, pulchro opere, possède des colonnes de marbre. Selon la tradition, l’une d’entre elles provient de la munificence de l’empereur Charlemagne. Il y a sur la paroisse cinq prêtres, dont l’un d’eux est le curé, quem vulgo vicarium nommant. Les autres s’occupent des chapellenies fondées naguère par le baron de Caderousse. Les mêmes remarques faites au sujet de la tenue du clergé de l’Isle sont répétées ici, visant certains prêtres acariâtres, gyrovagues ou mal vus des fidèles. Plusieurs chapelles rurales situées sur le territoire paroissial ont subi de graves dommages en 1562. Les unes ont été profanées, d’autres plus ou moins gravement endommagées, certaines pratiquement ruinées. L’évêque donne l’ordre soit de les restaurer, soit de les détruire complètement et de les raser, pour éviter que les ruines ne servent de repaire à des voleurs ou à des animaux. Sur la paroisse, à une distance de 1.000 pas du village, il y a l’ermitage de Thouzon, possédant une antique chapelle dédiée à la Sainte-Croix. Les souverains pontifes l’ont enrichie d’indulgences ad instar iubilei pour le jour de la fête du 2 mai, où y vient en pèlerinage un incroyable concours de peuple. Scellée dans le mur de la chapelle, il y a une antique inscription rappelant ces indulgences, mais elle est en partie effacée par le temps. Le priorat de cette paroisse appartient collégialement aux seigneurs du Rouvre, de la cité d’Avignon. Le priorat de l’ermitage de Thouzon appartient à l’abbaye Saint-André de Villeneuve, au diocèse d’Avignon. CHATEAUNEUF-DE-GADAGNE (Castrum novum) Cinq prêtres desservent ce village le prieur, le curé perpétuel, le vicaire et deux ecclésiastiques s’occupant des chapellenies fondées naguère par le seigneur du lieu. Même remarque que pour Le Thor au sujet des chapelles rurales en mauvais état ou en ruine. Le priorat de la paroisse appartient à l’abbaye Saint-Ruf de Montpellier. CAUMONT (Cavimontes) La paroisse de Caumont compte trois prêtres, dont le curé (vicarius perpetuus) et deux autres ecclésiastiques, qualifiés de mercenarii, faisant fonction de vicaire. Dans l’église reposent des reliques du martyr saint Symphorien, dont la fête est fréquentée par un grand concours de peuple. Au temporel, l’église relève des seigneurs de Perussis et de Sestre, et, au spirituel, de la métropole d’Avignon. Le priorat de cette paroisse appartient à la Chartreuse de Bonpas. BONPAS (Bonipassus) La Chartreuse de Bonpas était autrefois une commanderie de Templiers. Elle est située au bord de la Durance, près du pont sur lequel passe la route d’Avignon à Marseille. Ce lieu est infesté de voleurs et de détrousseurs de grand chemin, d’où son nom de Bonpas, donné par antiphrase pour ne pas dire « mauvais pas ». L’église conventuelle, dédiée à la Vierge, est ornée monumentis vivorum illustrium, sans précisions. Il s’agit sans doute de tombeaux et aussi, peut-être, de statues ou de bustes de bienfaiteurs ou de saints cartusiens. Le maître-autel s’adorne de superbes colonnes de marbre et de toiles de très grande valeur artistique. Le monastère compte 20 religieux et ses revenus sont évalués à 2.000 nummi aurei, c’est-à-dire autant que la ville épiscopale de Cavaillon. SAUMANES (Salmana) Dans ce village, on voit de nombreux vestiges de fortifications très anciennes, ainsi qu’une livrée cardinalice, où le titulaire, qui n’est pas nommé, venait respirer le bon air. Au temporel, la paroisse relève du seigneur de Mazan, d’Aix-en-Provence, et, au spirituel, du souverain pontife. Deux prêtres résident dans ce petit village le curé (vicarius perpetuus) et son vicaire (vicarius secundarius). L’évêque a indiqué d’élever une croix en pierre devant l’église (elle s’y trouve toujours), et il a ordonné de faire le catéchisme aux enfants dans l’église chaque jour de fête de précepte. VAUCLUSE (Vallisclusa) Ce lieu est célèbre dans toute l’Europe à cause de ses rochers et de la source qui en sort, la célèbre Sorgue. L’évêque tente une explication etymologique, en avançant sous réserve que ce nom provient du fait que cette rivière « surgit » du rocher, et il rapporte une tradition populaire, qui relève d’une géographie et d’une géologie fantaisistes, selon laquelle le gouffre de cette étrange fontaine tirerait son eau d’un endroit situé dans les parages de l’Océan Indien (!) communi vocabulo Sorgia dicitur quia., ni fallor, ad radices montium surgat e prof undissimo gurgite seu et amplissimo terrae meatu longe ab Indico Mari divina providentia ad nos deducto. Il ajoute que ce cours d’eau est tellement poissonneux que le Comtat Venaissin n’a rien à envier à une ville située au bord de la mer. Il y a, par ailleurs, un autre motif de célébrité tout spirituel celui-là, à savoir l’habitat anachorétique en ces lieux de l’illustre saint Véran, évêque de Cavaillon ante annos supra mille ducentos, et patron du diocèse. Cette appréciation anachronique de la chronologie, qui reporte l’évêque Véran au IVe siècle alors qu’il est mort à la fin du VIe, est empruntée à la légende du saint qui figure au Bréviaire de Cavaillon imprimé en 1513. Chose curieuse, l’évêque ne parle pas du sarcophage du saint qui se trouve dans une chapelle de l’église paroissiale. Le village de Vaucluse compte seulement 200 âmes, et il est desservi par un seul et unique prêtre. Les revenus de la paroisse sont si faibles (exigus reditus) qu’ils suffisent à peine à faire vivre le curé. Le seigneur du lieu est le souverain pontife avec, comme coseigneurs, l’évêque de Cavaillon et le seigneur de Causans. LAGNES (Laneae) L’église est en mauvais état, les pierres étant rongées par le vent et la pluie (obita carie). L’évêque a ordonné de faire une pyxide d’argent pour conserver le Saint Sacrement. Deux prêtres desservent la paroisse un curé et son vicaire. Le seigneur du lieu est le souverain pontife avec, comme coseigneur, le seigneur d’Orsan et de Causans, en Avignon. CABRIÈRES (Cabreria) La vieille église qui se trouvait intra muros menaçant ruine, l’évêque en a fait construire une autre extra muros. Il ordonne que le bâtiment de l’ancienne église, qui avait été affecté à des usages profanes, soit détruit et rasé. Au temporel, la paroisse relève du baron de Caderousse, et au spirituel, de l’évêque de Cavaillon. Le priorat de la paroisse appartient à l’operarius de la cathédrale de Cavaillon. GORDES (Gordae) Cet important village est situé en Provence, tout près de la limite du Comtat Venaissin. Au temporel, il relève du baron du Dauphiné grenoblois et, au spirituel, de l’évêque de Cavaillon. Dans l’église reposent des reliques de saint Firmin. L’évêque mentionne la très curieuse histoire du curé visionnaire, qui voyait le démon lui apparaître sous la forme d’un ange, lequel laissait des témoignages matériels de son apparition (reliquiae). L’évêque se fait montrer ces «reliques » et les fait jeter au feu, avec menace de sanctions canoniques contre le curé si ces faits se reproduisent. Le priorat de cette paroisse appartient à François de Simianes, chanoine de Lyon. GOULT (Gothum) Cette paroisse se trouve également en Provence et l’église est située à un stade du village. Au spirituel, elle relève de l’évêque de Cavaillon et, au temporel d’un nobili viro d’Arles, non nommé. Le priorat appartient au seigneur de Pierre. MÉNERBES (Minerbium) L’église relevait autrefois de l’abbaye Saint-Gilles en Languedoc, qui y possédait un ermitage (caenobium) dont on peut encore voir les ruines. Au temporel, la paroisse relève du souverain pontife, et elle est desservie par trois prêtres un curé, un vicaire et un chapelain. Le priorat appartient au Chapitre de la Collégiale Saint-Agricol d’Avignon. OPPÈDE (Opeda) C’est la seconde des deux collégiales du diocèse de Cavaillon et elle comporte six prêtres à demeure. Au temporel, elle relève du seigneur Jean Meynier, d’Aix-en-Provence, qui est feudataire du Saint Siège. MAUBEC (Malbecium) L’église est située à deux stades des murs de la ville. L’évêque ordonne de faire faire un tabernacle en bois et de placer sur la poutre transversale du chœur un crucifix et deux lampes. Au temporel elle relève du noble de Brancariis. Le priorat appartient au curé de la paroisse. ROBION (Robionum) La nouvelle église est située extra muros, à environ un stade de ceux-ci. Il y a, intra muros, le bâtiment de l’ancienne église, qui contient les fonts baptismaux et qui sert de lieu de réunion pour le conseil de la communauté. L’évêque ordonne de transporter dans la nouvelle église tous les objets mobiliers qui y subsistent encore, ainsi que les fonts baptismaux, et de détruire et raser l’édifice. Au temporel, la paroisse relève du baron de Céreste. LES TAILLADES (Talliadae) L’église est dédiée à sainte Lucie. L’évêque ordonne de faire restaurer la chasse contenant les reliques de la sainte et, de plus, il enjoint au curé, à peine de privation de son poste, de renouveler complètement les ornements sacerdotaux. Au temporel, la paroisse relève de noble dame de Guigonèse, à Cavaillon. Le priorat appartient au précenteur de la Cathédrale de Cavaillon. MÉRINDOL (Mirindolum) Ce village, situé en Provence, a tout entier adopté la religion calviniste, et l’évêque n’a pu y faire de visite pastorale. Toutes les tentatives d’approche de ces gens sont demeurées infructueuses. ÉGLISE SAINT-FERRÉOL (Sancti Farioli) Il s’agit d’un petit hameau, dont l’église est dédiée au célèbre martyr du diocèse de Vienne. Il n’y a pas de prêtre résidant à demeure, mais le service dominical et paroissial est assuré depuis Cavaillon par un des membres du Clergé de la Cathédrale. L’évêque ordonne de blanchir l’église et de restaurer la toile représentant saint Ferréol. Le priorat de l’église appartient à l’évêque de Cavaillon. RELATIO ECCLESIAE CAVALLICENSIS per me Ioannem Franciscum Bordinum episcopum facta et ad illustrissimam Congregatinonem D.D. Sacri Concilii interpretum transmissa anno Domini MDXCVII. Illustrissimis ac Reverendissimis D.D.S.R.E. cardinalibus sacrosancti Concilii Tridentini interpretibus. En vobis, illustrissimi domini, quam coram exhibere non potui, vicelegationis huius administratione impeditus, per litteras atque certum nuncium de mei capituli gremio, Ioannem Baptistam Boschetum, totius Cavallicensis Ecclesiae diocesisque relationem, quam brevissimam transmitto. Eam vobis pro vestra humanitate iniucundam non fore certo scio. Etsi enim ex exiguo agro uberes admodum fructus provenire non possunt, non parvum certe animi ad obsequendum apostolicis iussis propensissimi specimen praebituram esse confido. Accipite igitur amplissimi patres pensum hoc qualeilludcumque sit, meque si quid in negotio desiderari animadvertitis paterne admonete, vobis de me quaecumque de suis istius apostolicae sedis studiosissimo polliceri potestis pollicemini. Valete. Avenione, ad X Cal. Novembris 1597, vestrarum servus humillimus. Illustrissimarum et reverendissimarum D.D. Ioannes Franciscus episcopus Cavallicensis vicelegatus Avenionensis. Cavallicensis civitas, olim Cavellio, a monte Cavello ad cuius radices sita est in Comitatu Venaissino Druentia flumine a Provincia dividitur. Subest autem in spiritualibus Avenionensi metropoli, in temporalibus Romano Pontifici, cuius et condominus episcopus est, et alternis annis tum iudicem tum viguerium nominat licet iuridictio utriusque nomine semper exerceatur. Regionis vero pars altera camerar. Pont. ministros altera episcopos uti ducitos dominos recognoscit. Huius civitatis cathedralis ecclesia titulo beatae Mariae et beati Verani insignita olim ab Innocentio IIII° solemni ritu dedicata est, atque sub maiori altari ipsius Verani una cum beati Honorati Arelatensis et Faustini reliquias continet, quibus adiuncta sunt ossa beatae Eucletae virginis ex sociabus beatae Ursulae virginibus, quae ex Coloniensi monasterio omnibus rite servatis, curante Philippo de Cabassola, S.R.E. cardinali et eiusdem civitatis episcopo translata sunt. Habet autem canonicos duodecim, beneficatos decem. Dignitates habet Praepositum, Archidiaconum, Praecentorem, Operarium et Theologum, nuper ex constitutione Concilii Tridentini recens creatum. Cura animarum, quae circiter quatuor milhia numerantur, penes capitulum residet, cui etiam in toto territorjo decimas exigendi ius est. Exercetur vero huiusmodi cura per duos de capitulo canonicorum aut benefictatorum, qui tamen ab episcopo non nisi examinati huic oneri praeficiuntur et ad nutum amovibiles sunt. Cogitavi autem ex reditibus capituli duo vicarii perpetui essent invitis canonicis creandi, quod tamen inconsulto Romano Pontifici et illustrissimis cardinalibus Sacra Concilii Congregationis aggredi nolui, rationibus hinc Inde non levibus permotus. Ecclesiae cathedralis redîtus, sive in terrae fructibus sive in pecunia aliisve iuribus ad duo millia aureorum ascendunt. Habet autem gravamina non pauca, seminarii scilicet onerum patriae, concionatorum atque hospitalitatis perennis. Nam in transitu locata est urbs, praeter pensiones quas quotannis persolvere consuevit, omissis quae pro reparatione et ornatu ecclesiae et pro domus episcopalis conservatione et ornamento solent impendi, ac pro elemosina pauperibus distribuenda. Canonici habent distributiones quotidianas in frumento ac vino, quas in fine anni administratores duo pro rata servitii iam exhibiti unituique prabere solent mense septembri. Praebendas ultra distributiones habent singuli canonici maioris vel minoris valoris exceptis duobus ultimis, atque si per obitum vacare contingat optionis ius patet antiquioribus. Beneficiati de mensa capituli certam et immutabilem frumenti ac vint distributionem percipiunt, et ob id singulis Horis, nocturnis et diurnis interesse debent, punctuationibus in singulas Horas obnoxii quae praesentibus accrescunt. Canonici ex concessione apostolica satis est si maiori missae et vesperinis Horis intersint, quia beneficiatos, quos servitores vocant, de suis redditibus fundaverunt. Tres missas quotidie celebrant conventualiter : primam in aurora, quam curatus cantat, cui omnes fere pauperes agrorumque cultores intersunt, ut postea pergant ad opera; secundam beneficiati cantant, tertiam canonici. Et praeter has, eodem in templo quotidie vigenti circiter sacerdotes missas privatas celebrant, summo populi commodo. Seminarium habet, in quo quatuor adolescentes ali et intrui solent. Verum, ob beneficiorum penuriam exiguosque reditus, nullus aut certe parvus fructus elicluntur. Hoc ego templum licet a decessore meo Pompeio Rochio in meliorem formam redactum invenerim, qua tamen adhuc obscurum valde erat, ampla fenestra vitrea in fronto constructa ac vitro munita illustriorem reddidi. Cratem deinde ferream ante altare malus ornatu vario fabricari, ut etiam candelabra ex aurichalco magnitudine artificio et loco decenti statuenda curavimus, prirnum tamen illud opus praepositi huius ecclesiae sumptibus, hoc vero archidiaconi qui una cum dignitate canonicatum habet sub eodem tecto permissu superiorum. Episcopus tabernaculum Iigneum auro extrinsecus, serrot intrinsecus ornatum, altari imposui ad sacrosanctam eucharistiam servandam populoque de more diebus dominicis ostendendam, una cum aenea pixide aurata sexque candelabris ex aurichalco praecipuo opere fabricatis, insignique conopaeo serico auroque oranmento praeclaro decoravirnus. Etsi autem musires (?) concentu non aspernando templum celebre cum apud vicinos tum etiam apud exteros habeatur cum tamen superiorum temporum iniuria organis ab haereticis exustis non parvum detrimentum passum est, organa de novo admirabili opere et contentu fabricanda mandavi, quorum modulatione tum indigenae tum advenae singulis diebus festis mirifice recreantur. Doctrinam christianam singulis diebus dominicis in templo pueri puellaeque seorsum edocentur, adiuncta item per theologum hora ante Vesperas pomeridiana facili explicatione catechismi Concilii Tridentini, quod ad omnium eruditionem et pietatis incrementum non parum conducit. Sanctimonialium monasterium in ecclesia Sancti Ioannis quae regulam beati Benedicti profitentur positum mira ordine disciplina viget, carnibus et lineis indumentis abstinent. Eucharistiae sacramento, praemissa confessione, bis in hebdomadam reficiuntur, nocturnas diurnasque Horas persolvunt, Christique bonus odor ita sunt ut illustrissimus D. Cardinalis et archiepiscopus Avenionensis unam ex illis ad reformandum Sancti Laurentii Avenionensis conventum expetivit et impetravit. Harum claustra ipsi petentibus altiori pariete concluenda curavimus, cratem ferream adhibuimus ceteraque ad canonum Tridentinique Concilii praescriptum perficienda mandavimus. Abbatissam habent perpetuam, quam ego consuetudinem praesenti superstite immutare nolui, iosa (?) vero defuncta, si vixerimus, quod bonum videbitur illustrissimis meis ad unguem exequemur, cumque magistratum vel triennalem vel ut iussum fuerit constituemus. Sunt autem moniales numero circiter sexdecim, victumque ex reditibus quamvis valde tenuem trahunt, neque ipsis exeundi neque aliis illuc introeundi aditus umquam patet. Habet praeterea civitas Dominicanorum monasterium satis pium, in quo ad quindecim monachi degunt. Denique extra moenia Capucinorum conventus ad templum D. Michaelis a fundamentis episcopi aliorumque piorum civium elemosinis constructus est, ecclesia carie obsita restaurata. Quae res civibus maximam consolationem praebet, fratres emendicata stipe ex instituto victum sibi quaerunt, episcopus nulla seipsos defici patitur, quia et pauperibus bis in hehdomada ad palatium episcopale concurrentibus panis vel pecuniarum elemosinam distribuendam etiam dum abest indesinenter mandavit. Ipse episcopus dum adest singulis diebus dominicis infra missarum solemnia evangelium populo pro rostris praedicat, clero sîngulis quihusque quintis ferils de sacramentis in palatio episcopali horis pomeridianis praelectionem habere consuevit, ea facilitate difficiliora explinans ut ea quilibet facillime capere possit. Canonicos duos e cathedrali scandalose viventes sceleris convictos via iuris damnavit, et tum canonicitatibus sese sponte abdicare, tum etiam a civitate exsulare compulit, subrogatis in eorum loca viris doctrina ac vitae exemplo praestantibus. Alios luentiosos paterne primum admonitos ac resipiscere nolentes, post poenas peccatis congruas, benigne in gratiam recipit, contumaces carceribus aliisque poenis affectos tandem ad meliorem frugem reduxit. Egenorum ac precipue aegrotantium potissimam curam gerit, necessaria tam corpori quam animae adiumenta praebens. Abusus qui tam in ceremoniis quam in sacramentis administrandis inoleverant paulatim sustulit. Synodum diocesanam bis in anno, post Pascha scilicet et post festum D. Luciae semper habuit. Vtsitationem totius diocesis bis fecit, singulo quoque triennio pro regionis more, ne locorum curati nimiis expensis fatigentur, in iis quae iusserit feceritve suis locis explicabitur. Provinciali synodo Avenionensi sub illustrissimo D. Francisco Maria Tarusio, una cum Guilielmo Vasionensi ac Francisco Carpentoractensi interfuit, decretisque synodalibus subscripsit anno 1594. Confirmationis sacramentum in cathedrali ferils Pentecostes rite administrare non destitit per loca dioecesis inter vtsitandum idem praestitit. Hospitale in urbe Cavallicense ad peregrinos infirmosque recipiendos institutum in meliorem formam restituendum curavit. Sodalitia duo laicorum, albam et nigrum visitavit confratribusque regulas praescripsit, redituum rationis exhiberi studuit. RELATIO ECCLESIAE INSULANAE Insula in Comitatu Venayssino opidum est praecipuum diocesis Cavalitcensis, ita dictum quia fonte Sorgiac, ut vocant, veluti magno flumine undique septum est, a Cavallione quatuor fere milliaribus distans. In hoc ecclesia est collegiata, cuius dignitates sunt ad summum tres, Praepositus nimirum, Praecentor et Sacrista, canonici octo, beneficiati sex, parrochi duo ad nutum tamen praepositi amovibiles, qui curam animarum exercent, quarum numerus accedit prope ad sex millia. Huius ecclesiae reditus in decimis ex toto agro percipiendis positi sunt, qui ad duo ferme millia aureorum possunt ascendere cum aliis landimiorum iuribus quae ad ipsos pertinent. Hanc ego ecclesiam ex constitutione Sacri Concilli Tridentini visitavi, peracto tamen prius sacrificio missae, et facta, ut moris est, defunctorum absolutione. Templum ideo huius opidi iam vetustate prope confectum in meliorem formam restituendum omnino curavimus. Prima namque et secunda visitationibus a nobis decretum est hoc ipsum quamprimum restaurari, sacello sive altaria quae eius latitudinem implebant seu potius occupabat vel tollenda penitus vel alio saltim transferenda, ut satis ingens populi multitudo commodius divino cultui interesse posset, ipsum dealbari sive gipso sive lacto calcis, quod anno superiori per canonicos effectum est, ut visitationis nostrae decretum adimplerent. Abusus qui in sacramentorum administratione, divino cultu et ceremoniis S.R.E. repugnare aliquomodo mihi visi sunt, e medio paulatim sustulimus. Ingentem missarum numerum, quas ab omni antiquitate fundatas invenimus, ne defunctorum animae solitis ecclesiae suffragiis frustrarentur, ad certum numerum ex Concilio Tridentino reduximus, quo etiam sacerdotes tutiori conscientia tam pro vivis quam pro defunctis celebrarent. Huius ecclesiae Insulanae tum canonici tum beneficiati quotidianas habent distributiones in frumento et vino quas singulis annis mense septembri praepositi villicus pro rata solet distributione. Sunt tamen omnes ad unum punctuationibus obnoxii in Horas singulas, quae non praesentibus sed praeposito tantum accrescunt, quem etiam superiori visitatione saltim maiori missae et vesperis cuiusque diei ut interesse debent obligavimus, sicut in praecipuis anni solemnitatibus, ut maiores missas celebret et reliqua praestet quae ex officio sibi praestanda sunt. Haec autem ecclesia, ut testantur omnes sub titulo beatae Mariae de Angelis dedicata est, ac propterea eiusdem Assumptionis festum quotannis solemni ritu celebrari solet, cuius quidem ecclesiae in visitatione superiori parrochos perpetuos de novo creare tentavi semel et iterum, ne ipsae animae egentes auxillo spirituali in discrimine versarentur, cuius rei gratia Romani scripsimus, quia praepositus nostrae visitationis decreto non praebuit ascensum. In hoc etiam opido conventus est Franciscanorum patrum, qui tamen adhuc speciem monasterii non habet, quae olim ob haereticis in Comitatu grassantes destructum est, quia prope muros extra opidum fuerat extructum. Hunc tamen bis visitavit episcopus, et ea omnia decrevit quae ad ecclesiae decorem, ritus, ceremonias et religionis incrementum reddentur spectare, ut ne intra domum ullo modo mulieres admittant neve alia inter ipsos scandala esse patiantur, licet claustra undique septa non habeant. Duo item sodalitia laicorum, ut vocant, poenitentium bis idem episcopus visitavit, confratribusque regulas praescripsit et redituum rationes exhiberi decrevit. Est item in eodem opido sacellum beatae Mariae nuper a nobis benedictum, in quo ipse primus missam celebravi magna populi frequentia, ubi manere soient pii quidam sacerdotes in doctrina christiana potissimum laborantes, quorum numerus in nostra praesertim diocesi exiguus non est. Deinde monasterium mox Deo bene iuvante erigendum, monalium scilicet, qui regulam D. Clarae volunt profiteri, sed quia iam reditus non sunt quibus in claustris firmatae nutri possint, nolui ipse inconsulto Romano Pontifice ulterius in hac re progredi, ut res foelicius aliquando cedat tam in bonum ecclesiae quam animarum Christi. Totum denique clerum in prima et secunda visitatione qua potui prudentia atque sollicitudine reformare studui, ne ludo, aleis et potationibus operam darent sive publice sive privatim atque oh id poenas statuimus admodum grave ut privationem fructuum totius anni, aut etiam amissionem beneficiorum. Si quos autem male audientes et sceleris convictos invenimus, post paternam correctionem non obedientes eggregie castigavimus, ut reliquis sacerdotibus et clericis exemplo essent et tandem aliquando in meliorem frugem reducerentur. Reliquias vero eiusdem ecclesiae, quae olim non admodum decenti loco positae fuerant, nobiliori loco ac thecis a consulibus civitatis collocandus curavimus. Sacella item atque altaria ornamentis sacris rebusque omnibus ad decorem eorum pertinentibus ne careant, pari cura et soilicitudine praecepimus. Hospitale tandem pro fortunis ac censibus quae possident in eo pauperes Christi, ratione loci nihil praeterea statuendum esse iudicavimus. Confraternitates vero laicorum in quavis ecclesia existentes ita per nos visitatae fuerunt, ut nihil in eis posthae vel erroris vel quod minus pietatem deceret curavimus. RELATIO ECCLESIAE THORI Thorum item opidum est diocesis Cavaliicensis ad sex fere milliaria distans ab eadem civitate Cavallicensi et ab Insula tribus, quod etiam eggregio fonte Sorgiae alluitur et muros eius circundat. In quo ecclesia est unica parrochialis pulchro opere tam in atrio quam in praesbiterio columnis marmoreis insignita quippe quae una est ex illis quas pius ille rex Galliae Carolus Magnus olim magno religionis studio aedificandas curavit, quam etiam sub titulo beatae Mariae voluit praecipuo quodam in Dei matrem pietatis testimonio dedicari. Hoc templum, peracto prius ut solet missae sacrificio et mortuorum absolutione, episcopus visitavit, in quo sunt quinque sacerdotes, inter quos parrochus perpetuus est, quem vulgo vicarium nominant, cuius officium est animarum curam gerere. Reliqui autem quatuor eidem ecclesiae inserviunt, qui capellanias possident singuli fundatas olim per D. eiusdem loci Baronem de Caderossia, quae illis parae admodum victum suppeditant. Harum capellaniarum ius tum nominandi tum etiam conferendi penes ipsum D. Baronem ab antiquis eius praedecessoribus esse dicitur, ut qui eas de reditibus suis ad divini cultus incrementum fundaverunt, ex quo sine venia episcopi et nominare et conferre solent. Quorum quidem beneficiorum causa singulis diebus, atque alternis inter se vicibus sacerdotes ipsi maiorem missarn in sacello Baronis eiusdem soient celebrare. Sunt autem ipsi, ut placet, amovibiles. Huius ecclesiae priores sunt domini collegiati de Ruvere civitatis Avenionensis, cui prioratus unitus est olim a Iulio II° Pontifice Maximo, cuius reditus in decimis positi sunt, qui ferme ad trecentos aureos ascendit, ex quibus expensis ecclesiae facere tenentur, ut visitationis concionatoris, ornamentorum et alia omnia quae divino cultui et sacramentorum administrationi sunt necessaria, ut item portionem congruam quam ex Concilio Tridentino parrocho eidem nondum assignarunt. Sacella item et altaria, pavimentum ecclesiae septi muro, paramenta, tabulas et picturas refici atque augeri mandavimus. Hospitale et confraternitates visitavimus, earumque rationes reddendas iussimus. Si quem autem e sacerdotibus discolum, vagum aut male audientem apud vulgus aut etiam episcopo suo minus obtemperantem agnovimus, hunc ipsum, post paternam eruditionem, poena peccatis suis debita punivimus, tum etiam loco, ecclesia et aliquando beneficlo prîvavimus, ut qui Christi bonus odor esse noluerunt, poenitentia ducti ad meliorem vitae frugem discant redire. In eadem ecclesia quoniam capellaniae multae sunt quarum bona atque reditus si simul unirentur ecclesiam collegiatam possent constituere episcopus in prima visitatione huius boni operis gratta ordinationem fecit atque adimplendam curavit per nonnullos de ecclesiae bono selvitos qui quamvis hac in re non parum laborarunt ab his tamen effectum nihil est quia dominus loci noluit tanto bono etiam rogatus assentiri. Templa sive sacella, quae extra opidum in agro reperta sunt, in quibus olim solitum fuit ad tempus celebrari et modo per temporis iniuriam in iisdem celebrari non potest, quae ah haereticis vel profanata vel destructa sunt, integra suis portis serisque firmanda praccepimus, diruta vero solo penitus adaequanda ne vel nimium vestigium templi nisi fortasse crucis appareret neve in posterum quae domus Dei et orationis fuit fieret spelunca vel latronum vel animalium. Numerus quidem animarum huius loci ad duo millia circiter accedere potest. DE THUSONO Thusonum eremus est seu collis exiguus oleis consitus a Thoro ad mille passus distans, in quo ecclesia est quae in honorem Sanctae Crucis erecta atque sub eodem titulo dedicata. Indulgentias habet iampridem a Romano Pontifice concessas ad dictum festum eiusdem Inventionis quae ad instar iubilei tune dari solent cum praesertim idem festum in die veneris occurrerit, quo tempore potissimum ex Comitatu tanta accurrere solet peregrinorum multitudo ut mirum sit. Vestigium autem tam magni jubilei vix apparet eo in loco, nisi forte vis antiquitatis et pia voti consuetudo, quae multum apud vulgus fieri valere solent. Apparet tamen in ecclesiae muro nescio quae tabula prae temporis vetustate iam confecta, in qua volunt ipsi iubileum hoc esse descriptum, praeterea nihil. Non enim veritatis testimonium alio in loco reperiri potest, et tamen similes indulgentias et celebritas voti vix tolli possunt nisi decreto Romani Pontificis. Huius ecclesiae prioratus unitus est abbatiae Sancti Andreae de Villanova, prope civitatem Avenionensem regulae sancti Benedicti, cuius reditus ad ducentos circiter aureos accedit, quem abbas possidet nihil de pro loco solicitus, hunc tamen pro ratione census in expensis faciendis oneravimus ad ecclesiae tum restaurationem tum etiam conservationem, ut sarcta tecta curare, altaria picturis, mappis et candelabris exornare et caetera praestare quae sacrificio missae necessaria sunt. Atque ob id in visitatione nostra quinquaginta nummos aureos sequestrari mandavimus in manibus villici, ex quibus pro maiori parte eorum quae facienda decrevimus tam executioni mandata sunt. RELATIO ECCLESIAE CASTRI NOVI Castrum Novum eiusdem diocesis Cavallicensis opidum est ab Avenione versus Occidentem, ab eidem vero Cavallione versus Meridiem aequa distantia situm ad milliaria sex in cuius superiori parte ecclesia est opere vetustissimo constructa atque sub titulo beate Mariae dedicata, ubi tres sunt sacerdotes, prior nimirum eiusdem loci, parrochus perpetuus et secundarius, praeter tamen duos alios sacerdotes qui capellanias possident a domino eiusdem loci iampridem fundatas, ut diebus singulis per hebdomadas in domini eiusdem sacello missam celebrent, ad cuius nutum possunt amoveri. Huius autem ecclesiae prioratus penitus est abbatia Sancti Ruffi Montispessulani, cuius reditus ad quingentos fere nummos aureos accedit, ac propterea domus est in qua monachi duo perpetuo solent habitare, quorum alter prioratum obtinet, alter vero vicarii curam gerit cum portione congrua per me ex Concilio Tridentino in visitatione constituta. Hic cum parrocho curam ex officio animarum exercet quae numero mille ad summum esse possunt. Hoc igitur templum, peractis prius ut moris est quae ante visitationem requirentur, episcopus visitavit, in quo ea omnia praestanda decrevit quae ad decorem domus Dei videntur spectare, habita tamen ratione census quemadmodum ecclesiae tecta restaurari, sacella atque altaria iis omnibus ornamentis muniri, pallio, mappis, candelabris et crucifixo in altariis medio Romano more decorari, ut item reliqua quae decent tanti sacrificii dignitatem. Confraternitates vero quoad earum statuta, consuetudines et reditus exhiberi nobis statim praecepimus, ne quid per laicos erroris in ecclesiam irreperet observati sumus. Elemosinas item quas pnior dicti loci pene suppresserat etiam ah omni antiquitate debitas tum exteris quam pauperibus loci iterum de novo eisdem pauperibus faciendas esse decrevimus. Templa denique seu sacella quae extra opidum a multis seculis aedificata reperimus, ea si adhuc integra fuerint suis portis ac seris firmanda. Si vero profanata vel diruta satis destruenda omnino praecepimus, quorum caementa, lapides et reliqua, etiam in piis aedificis esse imponenda decrevimus. RELATIO ECCLESIAE CAVIMONTIUM Cavimontes opidum seu castellum est a Castro Novo non amplius miliario seiunctum, a Cavallione vero sex, cui, ut etymologia notat, nomen impositum fuit ab antiquis quoniam ad cavos montes, licet exiguos, aedificatum est, et Druentiae fluminis vicinam. Habet quodque in temporibus dominis de Perussiis et de Sestris subiicitur, in spiritualibus vero Avenionensi metropoli. Hoc in loco ecclesia parrochialis est in supeniori parte constructa atque sub titulo beatae Mariae dedicata, quae etiam nonnullas sancti Symphoriani martiris reliquias servat, cuius protirea festum solemni ritu celebrat. In ecclesia autem ipsa tres ad summum sacerdotes sunt, quorum primus vicarius perpetuus est, reliqui vero duo mercenarii quod eidem ecclesiae stipendiis inserviant tanquam secundarii atque ita singulis horis possunt amoveri. Vicarius quidem ex officio curam animarum exercet, quarum omnium numerus fere accedit ad mille, et congruam portionem idem vicarius adhuc obtinere non potuit, quia patres Carthusiani priores dicti loci illam Pii V constitutionem opponunt, tametsi decreto Concilii Tridentini adversetur. Templum ideo huius opidi, peractis omnibus ut solet, episcopus visitavit, et statuit tecta eiusdem restaurari per priorem et consules dicti loci, sicut etiam altaria omnino muniri sacris lapidibus sine quibus in iisdem nullo modo esse celebrandum reliqua autem praestari oportere quae pro reditus facultate prior facere tenetur ex decretis visitationis nostrae, tam ad ecclesiae decorem quam conservationem. Priores quidem huius loci, ut antea dictum est, patres sunt Carthusiani, qui conventum habent vix ad mille passus exstructum, quorum prioratus in decimis percipiendis consistit, cuius reditus ad trecentos circiter nummos aureos ascendit, cuius rei causa expensus ecclesiae parrochialis ipsi ut visitationis episcopi concionatoris ornamentorum et reliqua praestare quae praestare quae ecclesiae necessaria sunt ad Dei cultum. Sodalitia item et confraternitates eiusdem loci non minori cura visitavit episcopus, eorum regulas, mores, bona et reditus sibi exhiberi decrevit, ne damnum vel iniuriam aliquam ecclesiae commodo viderentur inferre. Administratorum rationes reddendas esse, ne in posterum ulli domi ecclesia abutuntur atque ita abusus omnes statuit conferri qui sive in sacramentorum administratione, sive in ritibus et ceremoniis ante servati sunt. RELATIO CONVENTUS BONIPASSUS Conventus hic Carthusianorum patrum ad radices montis Cavimontium situs est, qui propterea hoc nomen per antiphrasim est adeptus quoniam olim in eo transitu satis angusto latentes sicaril fluminis oportunitate iter facientibus insidiari solebant. Ibi propterea ni fallor Templariis ante ducentos annos .... datus est templum aedificandi : iis denique sublatis, Carthusiani patres suffecti sunt, ut quo loco eiulatus inter ceterum ederentur, in eodem servi Christi Dei immortali laudes perpetuo decantarent. Hic locus quoniam ad aream constituendam videtur idoneus, ipsum ideo Summi Pontificis milites diu noctuque non parva cura custodiunt, non modo quia tangat Provinciae limites Meridiem versus, cuius Druentiae portus in agro ipsorum situs est, sed etiam quod ibi via celebris est Massilia Avenionem. Inducto coenobio templum est in honorem beatae Mariae, non paucis atque praeclaris insignitum monumentis virorum illustrium, sicut imprimis altare maius columnis marmoreis tesserisque ah utraque parte simili lapide et artificio elaboratum, picturas habet non minori arte confectas. Patres autem huius Ordinis non plures numero sunt quam vigenti, quorum reditus partim in decimis partim in oleis, villis atque agris amplissimis positi sunt, qui fere ad duo millia aureorum ascendunt, praeter alias sive fundi censualis obventiones sive etiam fructus praedierunt adventitios, qui non parvi esse dicuntur. Unde cum suppetunt opes patres ipsi viris maxime religiosis eo fortasse transeuntibus saepe hospitia praebent. Elemosinas vero tam viciniae pauperibus quam advenis praetereuntibus solet erogare. Denique pro cenobii huius visitatione tum prima secunda cum videret episcopus ecclesiae decorem et ornamentum, ut etiam . ... omnia non tam bone quam optime constituta, nullo alio decreto opus esse iudicavit nisi alio se transferre prosequendae visitationis gratta. RELATIO ECCLESIAE SALMANENSIS Salmana supra Insulam versus Orientem opidum seu castellum est in exiguo colle ab Avenione ad Occidentem milliaribus duodecim, a Cavallione vero non pluribus quam sex constitutum ad cuius montis radices vallis est admodum frugibus idonea, oleis et vitibus consata. In opido etiam neque pauca neque aspernanda sunt antiquitatis vestigia seu munimenta ut arces, turres ac domus imprimis cardinalium qui tempore Sedis Apostolicae nonnulli saluhernima loci temperie delectabantur. Subest quidem in spiritualibus Romano Pontifice, in temporalibus autem domino de Masano Aquensi praesidi. In hoc opido ecclesia est parrochialis extra castrum stadio ad summum aedificata atque sub titulo beatae Mariae dedicata, cuius sacerdotes non sunt plures duobus, quorum alter vicarius perpetuus est, alter vero secundarius, qui ambo curam exercent animarum, quae omnes numero fere quingenta sunt. Huius autem ecclesiae prioratus unitus est abbatiae de Senanqua regulae sancti Bernardi Claravallensis, quem reverendissimus D. episcopus Regiensis provincialis in commendam obtinuit, cuius reditus in decimis et censibus percipiendis positus est et ad ducentos ferme nummos aureos ascendit. Hoc igitur templum, peractis omnibus etc., episcopus visitavit, in quo ad divini cultus incrementum ea omnia praestanda decrevit quae necessaria visa sunt, ut tam in sacramentorum administratione quam in ipsius ecclesiae ritibus nihil fiat omnino quod Romano ritui consentaneum non sit. Ecclesiae item tecta per priorem et consules restaurari crucem coram templo lapideam erigendam, altaria quoque suis ornamentis muniri, ne quid tanto missae sacrificio deesse videatur. Quia vero idem prior census admodum copiosos exegit etiam ante annos vigenti atque minus multo quam oportuisset de salute animarum solicitus fuit ratione reditus in quadragesima et dominicis diebus statuimus haberi concionatorem ad praedicandum Dei verbum et a parracho pueris in ecclesia doctrinam christianam fieri singulis profestis diebus, ut in posterum qui panem materialem suppeditant, pane, ut decet, spirituali ad salutem animae diligentius quam antea reficiantur. RELATIO ECCLESIAE VALLISCLUSAE Vallisclusa, ut nomen ipsum satis indicat, opidum est huius diocesis nostrae non tam moenibus septum quam vicinis utrimque rupibus egregie munitum, sed tamen illo celeberrimo fonte insignitum, quae communi vocabulo Sorgia dicitur, quia, ni fallor, ad radices montium surgat e profundissimo gurgite seu ex amplissimo terrae meatu longe ab Indico mari divina providentia ad nos deducto. Tanta enim eo profluit aquarum abundantia ut in fluvium ingentem se exurgat et ita varie genere piscium abundet ut eum Comitatui pisces mare non suppeditat, fons ipse auxilio praesentissimo est. Huius autem loci post Romanum Pontificem episcopus Cavallicensis supremus dominus est, quem alius dominus de Causains quodarn iure dominii in annos singulos recognoscit, cui in spiritualibus subiicitur et piscatorem habet privatum qui ratione temporis episcopali mensae solet ad praesulis nutum prospicere. At non modo fontis huiusmodi celebritati hic locus in omnibus Europae partibus celebratur, verum multo redditur illustrior, quia primus ante annos supra mille ducentos D. Veranum diocesis nostrae et praesulem et patronum recipit hospitio. Hic enim sibi oportunum ad res divinas ad instar eremi domicilium elegit hic et saeculi rumoribus liber Deo vixit ac summo suo praesuli Christo hic de spelunca draconem infestissimum toti viciniae solo verbo detrusit, cathena ligavit atque abire iussit non amplius visum. Ibidem etiam vates ille celeberrimus sive exemplo tanti viri permotus sive studio solitudinis sibi tugurium aedificavit ubi posthabitis saeculi delitiis non tam musis quam ipsi Deo vivcre cogitavit. Quem profecto lotam foeliciorem multo reliquiae D. Verani reddiderunt, cuius corpus eo multis miraculis Arelate translatum est et ab ipso Cavallionem ubi aedem reliquiae honestissimo loco requiescunt. Huius ergo opidi templum, peracto prius etc., episcopus visitavit extra muros in honorem sancti Verani aedificatum eodemque titulo insignitum statuimus per priorem et consules restaurari, sacella atque altaria iis omnibus exornari quae decent ecclesiam Dei. Cuius quidem ecclesiae sacerdotes multi non sunt, quoniam animae paucae sunt, numero scilicet non plures ducentis. Vicarius tantum solus est qui animarum curam exercet et ecclesiae prioratum obtinet exigui admodum reditus ad victum necessarius. RELATIO ECCLESIAE DE LANEIS Laneae item opidum seu castellum est eiusdem diocesis Cavallicensis ab eadem civitate non pluribus quam tribus milliaribus seiunctum, ab Insula totidem, ab Avenione vero quatuordecim, ad radices montium Vallisclusae constitutum versus tamen Orientem, a Septentrione ultimum habet Sorgiae fontem celeberrimum, cuius paulo ante meminimus. Cuius licet exigui colles positi sunt ad Orientem vitibus tamen oleis aliisque abundant frugihus, praeter fontes pellucidos qui in agro vicino et ad loci moenia non sine magno habitantium commodo scaturire solent. Huius autem loci supremus dominus est Romanus Pontifex, tametsi condominos habeat praecipuos D.D. de Orsano Avenionensi et de Causanis, quibus in temporalibus partim subiicitur in spiritualibus vero praesuli Cavallicensi. Huius ideo castelli ecclesiam parrochialem, peracto prius ut moris est etc., episcopus visitavit, in superiori arce constitutam titulo beatae virginis Mariae dedicatamque quoniam obsita carie mihi visa est propterea in secunda potissimum visitatione illam dealbari decrevimus, atque etiam prions sumptibus restaurari, ut in commodiorem pulchrioremque formam restitueretur. Pixidem argenteam fieri sanctissimo eucharistiae sacramento maiora quoque lumina exhibere ad decorem eiusdem sacramento in adoratione praesertim singulis dominicis post vesperas facienda. Reliqua denique praestanda quae divino cultui conducere videntur. Sacerdotes huius ecclesiae non sunt plures duobus, quorum alter vicarius perpetuus est, alter vero secundarius, qui ambo animarum curam exercent quae omnes numero vix septingentae esse dicuntur. Prioratum autem istius ecclesiae archidiaconus cathedralis Cavallicensis obtinet, cuius reditus in decimis ex agro percipiendis positus est, et ad trecentos ad summum nummos aureos ascendit, ex quibus idem prior expensas facere tenetur, quae in episcopi visitatione concionatore atque ornamentis ecclesiae faciendae sunt. RELATIO ECCLESIAE DE CABRERIIS Cabreria, ut nominis etymologa notat, exiguum castellum est ad instar pagi constitutum, locus admodum pascendis pecoribus aptus ob vicinos montes ad quorum radices situs est. In spiritualibus autem episcopo Cavallicensi subiicitur, at vero in temporalibus D. Baroni de Caderossia cuius dominus est et demum habet intra castelli muros veluti aram. Ecclesia vero huius loci parrochialis extra moenia est ac non ante multos annos aedificata neque remota stadio. Hanc ideo bis visitavit episcopus, peracto prius etc., qui in secunda praesertim visitatione cum habitantium aegestatem agnosceret ductus studio divinae gloriae huius ecclesiae tectum denuo operiri decrevit et tegulas ipse suppeditare policitus est, lapides vero quadratos eiusdem tecti in pavimento esse reponendas, ut incolae commodius in audiendo sacro esse possent. Cuius ecclesiae vicarius perpetuus est, qui curam exercet animarum, quae numero ad summum ducentae sunt. Prioratus autem ad D. operiarum ecclesiae cathedralis Cavallicensis spectat, cuius reditus in decimis ex agro percipiendis consistit et accedit fere ad aureos nummos ducentos. Cuius beneficii gratia ecclesiae cathedralis sareta tecta curare debet, sacristiae in vestimentis et ornamentis propriis sumptibus prospicere et alio item praestare quae ab omni antiquitate operario praestanda ad eiusdem ecclesiae Cavallicensis decorem et ornamentum. Denique inter visitandum D. Baroni praeceptum est, ut quando ecclesia vetus in usus profanos conversa est, omnia vestigia veteris ecclesiae omnino tollat. RELATIO ECCLESIAE DE GORDIS Gordae insigne opidum est eiusdem diocesis in provincia Provinciae situm vicinum tamen Comitatui. Nam a civitate Cavallicensi non amplius tribus leucis sive milliaribus decem seiunctum est, ad radices montium in collis ardui summitate aedificatum Meridiem versus. Neque minus propterea abundat frugibus ad victum necessariis. In temporalibus quidem D. Baroni Deiphinati Grattanopolitani subiicitur, in spiritalibus vero episcopo Cavailicensi. Ecclesia autem istius loci parrochialis est intra muros in honorem beatae virginis Mariae condita et sub eodem titulo consecrata, cuius prioratus obtinet dominus Franciscus de Symiana, canonicus Lugdunensis, et reditus in decimis positus ad quingentos nummos aureos ascendit. Huius ecclesiae vicarius perpetuus est a nobis institutus, qui secundarium habet, quorum est ex officio animarum curam exercere, quae omnes ad tria millia solent fere numerari. Atque ita eiusdem ecclesiae sacerdotes sunt numero tres, cum clerico qui sacristiae solet inservire. Hoc templum peractis prius quae ante visitationem requiruntur episcopus visitavit in quo ubi decrevit quae ad divini cultus incrementum pertinere visa sunt ut scilicet in sacramentis administrandis ritibus et ceremoniis servandis nihil admittatur quod Romano ritui non consentiat reliquias deinde sancti Firmini et aliorum honestiori loco reponendas decrevit sacella atque altaria ita suis ornamentis muniri ut nihil ad decorem maxime sanctissimi sacrificii desse possit. Sodalitia et confraternitates omnes visitavit idem episcopus quarum statuta mores reditus bona atque obventiones sibi exhiberi decrevit ne quid in his commitatur quod ecclesiae commodo et statui conservando possit efficere nihil reliquiarum dari sine praesulis venia ad poenam excommunicationis sanctissimum eucharistiae sacramentum cum ad aegrotos defertur pallio et luminibus comitandum haereticas in coemeterio non sepeliendos sepultosque sine mora ab eodem auferendos esse statuit. De reliquiis quas ecciesiae vicarlus propemodum infinitas a diabolo in somniis apparente in angeli figura acceperit illas omnes nobis quamprimum exhiberi praecepimus et exhibitas mox igne iussimus comburendas. Deinde post paternam correctionem iniunximus eidem vicario ut in posterum his daemonum illusionibus atque phantasmatis nullam fidem adhibeat ut qui pater mendacii est et salutis animarum hostis infestissimus. Quod si obtemperare noluerit et in errore perseveraverit ipsum privari beneficio decrevimus non enim viget in Provincia sanctum officium inquisitionis. RELATIO ECCLESIAE GOTHI Gothum item opidum est diocesis nostrae Cavallicensi sed in provincia Provinciae situm a Gordiis Meridiem versus ad tria milliaria non amplius seiunctum a Cavallione versus Occidentem ad summum duodecim in exiguo colle constitutum. In spiritualibus quidem subest episcopo suo Cavallicensi in temporalibus vero nobili viro Arelatensi quem tanquam dominum recognoscit. Castellum hoc ecclesiam habet parrochialem a moenibus loci non plus quam stadio seiunctam ad Septentrionem in honorem heatae virginis Mariae aedificatam atque sub eodem titubo dedicatam. lu qua sacerdotes sunt numero prior nimirum ecclesiae vicarius qui perpetuus est et secundarius. Ac vicarius quidem cum portione congrua a nobis institutus fuit qui animarum curam exercet quae omnes ad summam octingentae soient computari. Prioratum vero huius ecclesiae D. de Petra iampridem cuius reditus in decimis ex agro percipiendis positus est et ad trecentos circiter nummos aureos ascendit. Ac propterea prior ipse sumptus omneis facere tenetur qui in episcopi visitatione concionatore ornamentis et aliis tam ad restaurationem quam ad conservationem ecclesiae faciendi sunt. Hanc ecclesiam peracto prius sanctissimo missae sacrificio ut solet episcopus visitavit ibique omnia decrevit quae ad sacramentorum administratione pertinent ritus ceremonias vestimenta sacristiam in sacello prope altare maius erigendam tabernaculum Romano more sanctlssimo sacramento pro ratione census fabricandum. Deinde sacella atque altaria ecclesiae suis omnibus ornamentis decoranda ut item reliqua omnia quae divino cultui necessaria videbantur fieri praecepimus et statuimus quae iam pro maiori parte executioni mandata sunt. RELATIO ECCLESIAE MINERBII Minerbium opidum est diocesis huius Cavallicensîs admodum insigne in exiguo colle constructum tum ad Orientem tum ad Occidentem positum a Cavallione quidem ad novem milliaria ab Avenione autem decem et octo. Ad cuius radices utrimque vallem habet oleis et vitibus consitam quibus etiam ad Septentrionem adiuncta est non ingrata planities neque parum frugibus idonea. Huius autem opidi alius dominus nullus est quam Romanus pontifex cui in temporalibus sublicitur cuius arcem eggregie munitam milites summa cura solent custodire cum locus sit natura munitissimus atque multi belli causa cum captus fuisset priusquam recuperaretur. Ecclesia parrochialis intra muros est ad honorem beatae virginis Mariae sanctorum Stephani et Albani martirum condita sub eodemque titulo consecrata quae olim ad abbatiam Sancti Aegidii pertinebat cuius adhuc quaedam coenobii vestigia dignoscuntur vix stadio a moenibus arcis relicta. In eadem ecclesia parrochiali tres sunt sacerdotes vicarius nimirum secundarius et tertius eiusdem bd nativus qui capellanias obtinet in eadem ecclesia. Vicarius vero curam exercet animarum quae omnes mille ducentos numero computantur. Prioratus huius ecclesiae unitus est capitulo ecclesiae collegiatae Sancti Agricoli Avenionensis cuius reditus tam in decimis quam in censibus percipiendis consistere dicitur et ad priores expensas facere tenentur quae ad opus ecclesiae decorem et ornamentum soient pertinere ut episcopo visitante prospicere concionatori sacristie elemosinis pauperum et reliqua omnia praestare quae iure et consuetudine debentur. Hanc ecclesiam peractis etc. visitavit episcopus qui tum prima tum secunda visitatione praesertim quoniam vicarius perpetuus non est et canonicus ecclesiae Sancti Agricoli Avenionensis qui residere ex Concilio tenetur vicarium cum secundario perpetuum cum portione congrua creari decrevimus. Ad decorem sanctissimi sacramenti tabernaculum ligneum auro et picturis exornandum cum argentea pixide in qua servari sacramentum honestius possit tum ut commodius aegrotis deferatur. Templi vero pavimentum omnino restaurari lapide quadrato pinaculum aedificari cum sacristia inferius caemiterium in loco veteris ecclesiae ex huius caementis lapidibusque construendum. Elemosinas a prioribus ut solet errogari. Sacella item atque altaria suis ornamentis decoranda in sacramentorum administratione ritibus et ceremoniis nihil omnino omittendum quod deerat et ad cultum divinum pertinere possit. RELATIO ECCLESIAE OPEDAE Opeda castellum est etiam diocesis Cavallicensis in colle item admodum sublimi aedificatum versus Aquilonem prospiciens et moenibus septum a Minerbio seiunctum tribus ad summum milliaribus ad Orientem a Cavallione sex ad Occidentem ab Avenione vero quindecim. In cuius summitate castrum est D. Ioannis Meynerii olim praesidis Aquensis cui tanquam feudaterio Romani pontificis in temporalibus subiicitur. Arx munitissima a pontificis praesidio diligenter custoditur. Huius ecclesiae parrochialis in superiori parte prope arcis muros sita est ad honorem beatae virginis Mariae condita atque eodem titulo consecrata. Ecclesia haec collegiata est et sacerdotes habet numero sex. Praepositum et canonicos ab eodem praeside partim de suis partim de bonis ecclesiae fundatos. Quorum reditus in decimis consistunt ex quibus media pars episcopi est et media altera ipsorum. Parrochus inter ipsos eligitur tametsi omnes teneantur ad animarum curam quae septingentae ferme numerari solent. Canonicorum vero et praepasiti praesentatio est de iure patronatus D. praesidentis et eius pro tempore sucessorum. Istius autem ecclesiae collegiatae status eiusmadi est ut sacerdotes omnes celebrantes sint et punctatianibus obnoxii ita ut horis matutinis vespenis et sacris maioribus debeant interesse et missas alternis vicibus celebrare quas ad certum numerum reduximus ne sive defunctorum sive viventium animae suffragiis ecclesiae frustrarentur. Eisdem interea praepasito et canonicis iniunximus et statuimus ut nullam imposterum missae fundatianem recipiant sine episcopi venia atque authoritate. Hane ecclesiam peracto prius etc. episcopus visitavit ad culus canservatianem et incrementum ea omnia decrevit quae necessaria visa sunt ut non modo in sacramentis rite administrandis sed etiam in servandis ritibus et ceremoniis nihil si fieri possit erroris admittatur. Sacella atque altaria eiusdem ecclesiae suis omnibus ornamentis non deficiant palliis mappis picturis candelabris et aliis quae ad decorem domus Dei pertinent perficere teneantur. RELATIO ECCLESIAE MALBECII Malbecium exiguum est castellum diocesis eiusdem in collis summitate constitutum uno ferme milliario ab Opeda seiunctum ad Occidentem a Cavallione vero non pluribus quatuor. Planitiem habet ad Septentrionem et in temporalibus nobili de Brancariis huius Comitatus subiicitur quod quoniam arcem habet in superiori parte constructam et moenibus septum est propterea pontificis praesidio diligentissime solet custodiri. At vero ecclesia parrochialis extra muros est ad vicini mantis radices aedificata vix duobus stadiis a moenibus distans et in honorem D. Petri candita sub eodem titulo consecrata. In qua duo sunt tantum sacerdotes vicarius scilicet perpetuus et secundarius. Ac vicarius quidem ex officio animarum curam exercet quae ad summum quadringentae numerantur. Prioratum quidem huius ecclesiae idem vicarius obtinet quem licet antea non paucis annis nescio quo modo quove iure possedisset a nobis tamen adiuvante Deo effectum est apud dominum loci qui per vim dictum prioratum retinuerat ut in Gallia per nobiles passim fere solet ut eidem vicario prioratum sine ulla pensiones remiserit cuius reditus in decimis positus est et ad trecentos circiten nummos aureos ascendit. Hanc ecclesiam peracto prius missae sacrificio etc. visitavit episcopus qui in superiori potissimum visitatione ut sanctissimum eucharistae sacramentum honestius asservetur statuit fieri tabernaculum ligneum per priorem et consules trabem iterum in arcu presbiterii cum crucifixo et duabus lampadis reponendam ut etiam ecclesiam restaurari eamque picturis tabulis mappis et reliquis exornari quae divino cultui conducere videntur. RELATIO ECCLESIAE ROBIONI Robionum opidum est diocesis Cavallicensis ad radices montis Lebreoni ut vocant constitutum a Cavallione ad Occidentem tribus milliaribus distans a Maibecio autem non amplius uno. Planitiem habet ad Septentrionem agro Cavallicensi contiguam. Hic locus D. Baroni de Seresta in temporalibus subiicitur. Ecclesia parrochialis extra muros est a quibus vix uno stadio seiuncta est ad honorem tamen beatae Mariae aedificata atque sub eodem titulo consecrata. Cuius duo sunt sacerdotes vicarlus nimirum qui perpetuus est et secundarius qui ambo exercent auram animarum quae ad summum quingentos solent computari. Procuratus autem huius ecclesiae unitus est praepositurae ecclesiae cathedralis Cavallicensis et ius habet ex agio totius loci decimas percipiendi cuius reditus ad ducentos ferme nummos aureos ascendit ex quibus dictus praepositus expensas omneis facere tenetur ut visitationis concionatoris vestimentorum etc. quae spectant tum ad decorem ecclesiae tum ad conservationem eiusdem. Hanc ecclesiam peractis ante ut moris est episcopus visitavit in qua omnia decrevit quae maxime visa sunt sacramentis administrandis ritibus et ceremoniis servandis necessaria. De ecclesia autem veteri quae intra muros est et in qua adhuc fons baptismatis asservatur prohibuit ne intra illam consilium communitatis habeatur lia constituit episcopum ut nisi altare maius exornetur picturis pallio mappis candelabris et crucifîxo illam esse destruendam et fontes baptismatis in aliam ecclesiam quae extra muros est transferendas. RELATIO ECCLESIAE DE TALLIADIS Talliadae opidum est tanquam ad instar pagi licet moenibus septum vulgi ni fallor usitato vocabulo ita dictum quod ad vicinas rupes conditum sit a quibus quadrati lapides praescindi solent ad commodum totius vicinae. Atque hic locus vix uno milliarlio a civitate Cavallicensi seiunctus est ad Occidentem et in temporalibus subiicitur dominae de Guigonetis nobili mulieri civitatis Cavallicensis. Parrochialis ecclesia intra muros est ad honorem sanctae Luciae virginis martiris aedificatam cuius nonnullas habet reliquias et festum celebrat solemni ritu in annos singulos. In qua solus vicarius est cui ex officio animarum cura demandata est quae omnes non plures centum solent numerari. Hanc ecclesiam peractis prius ut moris est etc. episcopus visitavit in qua illa omnia decrevit quae ad decorem domus Dei pertinere visa sunt ut nimirum pixidem restaurari in qua reliquiae sanctae Luciae asservari solent ecclesiae ornamenta fieri ut item in ecclesia sua vicarius resideat ad poenam privationis. Prioratum autem praecentor ecclesiae cathedralis Cavailicensis et vicanus obtinent cuius reditus in decimis positos in aequas partes sibi inviena (?) solent distribuere qui ad ducentos nummos aureos ascendunt. Ac propterea expensas omnes facere tenentur ambo quae ad ecclesiae conservationem et ornamentum videntur pertinere. RELATIO STATUS MIRINDOLI Mirindolum tandem castellum est diocesis nostrae Cavallicensis sed in provincia Provinciae situm ad radices montis Lebreoni Meridiem versus flumini Druentiae vicinum. Verum ex nominis etymologia mirus dolus Satanae fuit quod incolae omnes Calvinianam haeresim ita mordicus teneant ut nullus resipiscere voluerit tametsi vicinos habeant fideles omneis et praesules ipsi non parum laboraverint in eorum conversione. Hi castrum habent in superiores parte opidi constructum in quo ecclesiae vestigium est veluti haereticorum reliquiae cui episcopus visitatione opus non fuit a quo non solum missus est aliquando concionator ad ipsos quem audire noluerunt sed etiam experiundi gratia pueri nonnulli Cavallione deducti sunt domum episcopalem ut industria atque blanditiis allienentur retineri tamen nullo modo potuerunt. Mallunt enim bellvino more in speluncis degere quam ut se vinci permittant et quia inter montium praerupta degunt nec vi nec precibus flecti possunt. RELATIO ECCLESIAE SANCTI FARRIOLI Hic locus opidum non est sed veluti pagus cuius incolae hinc inde dissipati in villis solent habitare. Hoc vero nomen ita sertitus est quia templum ibi conditum est ad honorem sancti Farrioli presbiteri martiris eodemque titulo consecratum. Huius ecclesiae parrochialis prior est episcopus Cavalicensis cuius reditus ad ducentos aureos ascendit qui in decimis positus est ex agro percipiendis. Huius vicanius perpetuus non est quem praesul eligit in clero cathedralis ecclesiae ut incolis sacramenta administret et singulis dominicis ac festis celebret. In hac ecclesia longe ab incolis seiuncta et advenis praetereuntibus satis pervia sanctissimum euchanistiae sacramentum non asservatur neque chrisma neque oleum sanctum Vicarius namque cum opus est eo secum asportat omnia quae animabus sunt ad salutem necessania quae numero vix ducentae sunt. Templum episcopus dealbavit portas refecit picturae iconem sancti Farrioli restituit. Atque baec sunt quae de statu diocesis nostrae referre potuimus non parva cura districti quomodo hine gregi nobis commisso invigilemus ac Sedi Apostolicae satis ailquando faciamus in iis quae curae nostrae demandata sunt. Speramus tamen caclesti ope adiuti ea quae tanti muneris sunt pro viribus praestitisse atque adeo ad Dei gloriam omnia cui soli honor et gloria. * * * Dans le tableau statistique des paroisses de ce petit diocèse, j’ai indiqué que la cathédrale Notre-Dame de Cavaillon était en même temps dédiée à saint Véran, qui fut le plus illustre de ses enfants et qui occupa la chaire épiscopale à la fin du VIe siècle. Ce personnage fut inhumé dans un sarcophage qui existe toujours dans l’église de la Fontaine de Vaucluse, d’où il fut retiré et transféré dans la cathédrale de Cavaillon en l’année 1321. La fête de sa depositio était célébrée le 13 novembre, et celle de sa translatio le 7 juillet. Dans le Bréviaire de Cavaillon imprimé en 1513, on lit à ces deux dates, la première avec octave, la légende du saint patron de la cité, qui était susceptible de fournir aux prédicateurs, à l’occasion des deux fêtes susdites, un canevas tout trouvé pour étoffer sermons et panégyriques. Chose curieuse pour une époque où l’on faisait un si grand cas de l’hagiographie et des récits des innombrables miracles opérés par les saints, soit de leur vivant, soit après leur mort, et où partout se multipliaient les éditions des « vies de saints » en français, le diocèse de Cavaillon attendit la deuxième moitié du XVIIe siècle pour connaître en langue dite vernaculaire les faits et gestes de son saint “national”. C’est à cette époque seulement, en effet, que le chanoine François Mathieu, grand pénitencier de la cathédrale, fit imprimer un petit volume intitulé: La vie admirable du bienheureux saint Véran, évêque de Cavaillon et patron de la ville et du diocèse. A Avignon, chez Michel Chastel, 1665. Cet ouvrage rarissime, qui se caractérise à la fois par une dévotion et une piété torrentielles et une absence totale de sens critique, se trouve au Musée Calvet, sous la cote 8° 13505. Dans sa préface, l’auteur se déclare surpris, voire presque scandalisé, qu’il ait fallu attendre tant de temps avant de voir divulgués en langue vulgaire la vie, les mérites et les miracles de ce saint évêque, et qu’il s’est mis à la tâche pour combler cette invraisembiable lacune. Il ignorait qu’il avait eu un prédécesseur, et, certes, il est très excusable de son ignorance, puisque ce premier travail n’avait jamais été imprimé. J’ai eu la chance de le découvrir parmi les innombrables papiers hagiographiques rassemblés par le très célèbre Peiresc (+ 1637), dont certains furent dans la suite recueillis nar le non moins céièbre d’Inguimbert, évêque de Carpentras, et qui constituent l’un des trésors de la Bibliothèque d’icelle ville. Exactement comme les Bollandistes, Peiresc s’était fait, entre autres, une spécialité de recueillir amoureusement tous les documents qu’il pouvait détecter, soit par lui-même soit par les innombrables relations qu’il entretenait dans le monde érudit de l’époque et qui concernaient l’histoire locale. Le ms. 1819 de la Bibliothèque Inguimbertine est une miscellanée de documents hagiographiques les plus variés, soit comme sujets, soit comme formats, parmi lesquels on remarque un petit cahier in-4° formant une entité distincte de huit feuillets (fol. 122-129). L’écriture annonce le début du XVIIe siècle, mais le style et l’orthographe montrent à l’évidence que le modèle avait été écrit dans la première moitié du XVIe. L’auteur, anonyme bien évidemment prétend traduire la légende latine du Bréviaire de 1513 mais, en fait, il s’agit plutôt d’une aimable paraphrase, agrémentée de certaines données qui ne se trouvent pas dans ce texte. Je pense qu’il n’est pas inopportun de publier cet inédit à la suite et comme couronnement du rapport Bordini, puisqu’il exalte la pure figure, à la fois légendaire et très réelle, du grand évêque du VIe siècle qui est le plus beau fleuron de ce petit diocèse, si bien décrit, mille ans plus tard, par l’un de ses lointains successeurs. Le lecteur curieux trouvera ci-dessous la transcription de ce texte, et il lui sera facile de constater que l’auteur devait être d’origine italienne, comme un certain nombre d’évêques ou de dignitaires de ce diocèse, situé dans le Comtat Venaissin, et donc en terre papale. Je signale qu’une mauvaise copie partielle de ce document se trouve dans le ms. 1859 de la même Bibliothèque, aux fol. 285 R-286 V. Je respecte très soigneusement l’orthographe si particulière du manuscrit. LA VIE DE MONSIEUR SAINCT VERAN EVESQUE ET PATRON DE LA CITE DE CAVALHON Sa feste se faict le XIII de novembre. Extraicte et tiree de la legende et office qui se faict en l’eglise cathedralle de ladite ville a ladite feste et octave et la feste et octave de la translation qui est le VII de iulhet. Le glorieux sainct Veran feust français et natif dung lieu nomme Georgeay en latin Gorgolium au dioceze d’Orleans. Il feust prestre secullier et beneficie de l’eglise de Mendes. La sainctete de ses vertus fleurissait du temps de Clovis premier roy chrestien qui receust le baptesme par sainct Remy. Ses parans estoient nobles et chnestien. Il feust instruict tant aux sciances humaines que divines et lheuneux progrez quil fist en icelles le rendist un oracle entre les mortelz illustre en paroles et en miracles. Il estait doue particullierement de ces troys vertus de virginite humilite et charite qui resplendissoient en luy comme une triple couronne dont celle de l’amour de Dieu et curieux du salut des ames il se transportait en diverses contrees si bien que par ses predications miracles et preuves d’une saincte vie il attiroit les peuples au giron de leglise et comme ung souleil qui discipe les brouillardz aboulissait toutes les erreurs que lastuce du diable avoyt seme parmi les provinces. En fin parvenu en la cite de Cavalhon et desia necognou par leclat de ses merites et le bruit de sa reputation il feust salue des citoyens avec une extreme alegresse et applaudissement et le supplierent que par ses sainctes prieres il luy pleust les delivrez dung furieux colloeuvre qui dispuis quelque temps infectoit toute la campagne esgorgeant les hommes et le bestail se cachant apres dans les cavernes ez coutantz de Valcluse. Le glorieux sainct se porta sur le lieu suyvi dune grande multitude du peuple qui trambloit et pallissoit au rencontre dung tel spectacle. Mais luy se confiant a la bonte et misericorde de Dieu et s’estant muny du signe de la saincte croix s’aprocha counagieusement de ce dragon qui vomissoit la flame et qui toutesfois par le seul aproche dung si sainct personage se coucha sur terre et demeura comme mort. Allors sainct Veran luy mist la cadene au col et la trainant come cella iusquaupres de la montagne du Lebron au mesme terroir lui commanda au nom de Dieu de se pendre dans les lieus desertz et ne fere iamay mal apersonne dont aussi tost il print la fuite sus le plus hault de la montagne et ne feust veu despuis. Le peuple ravy dune telle merveille en randit graces a Dieu et lhors les tenebres de lidolatrie qui envelopoient encore ceste ville feurent du tout chassees. Il dressa ung temple a lhoneur de Notre Dame au mesme lieu ou il avoyt faict ce miracle. Puis se servant de l’occasion et du temps il delibera d’aller a Rome pour visiter les bienheureux corps de sainct Pierre et de sainct Pol. Passant dun lieu a l’aultre comme pauvre pelerin pour eviter les louanges et les vanites du monde. Mais comme une lumiere sur le sommet dune montagne ne peult estre cachiee de mesme sa sainctete et la clarte de tant de graces que Dieu luy avoyt desparties ne pouvoient estre incagnues a la veue des peuples quil abordoyt. Car les demons ne pouvantz supporter sa presence quant il entrrit en quelque cite urloient et manifestoient dans les corps possedes que celluy qui arrivoyt estoit ce glorieux sainct. Dans la cite d’Ambrun metropole du Dauphine il guerit diverses malladies de ceulx qui lui feurent presentes et parmy ses miracles il delivra troys hommes tormentes de troys malins spritz avec telle violance quon les voyoit portes et pendus en lair. Passant par la montagne de Briansson il feust assailli de voleurs resoleus de luy couper la gorge entre lesquelz le plus mutin luy dict : Donne ta teste car il faut mourir. Apres leur avoyr demande ung peu deloysir pour prier Dieu il tendit le col mais ce voleur qui leva le bras pour le frapper avec plus de roideur par le vouloir de Dieu devint immobile le bras demeura sec et le glaive dispareust. Et tout aussi tost se repantant fust remis en sa premiere vigueur par lintercession dudict sainct. Tandis que Boniface segond tenoit le Sainct Siege il arriva dans Rome et sestant approche ad sacra limina apostolorum desireux de baiser leurs sacrees cendres miraculeusement et avec estonnement des gardes et dung grand nombre de pelerins presentz les portes souvrirent les cheynes ferrementz et serrures faisant large a sa devotion. Le miracle estant divulgue le souverain pontiffe qui desia avoyt heu notice de sa renomee le fist chercher et convier a son palais auquel il ne voleust point seiounner longtemps fuyant tousiours les pompes et les caresses mondaines. A son retour en France passant a Ravenne y convertit beaucoup d’infidelles mis abas leurs ydoles et y ressuscita l’enfant mort dun gentilhome et une ieugne filhe morte comme de mesme a Millan ressucita ung aultre enfant dun aultre gentilhome nomme Constantin donna la veue aung aveugle et y guerit pleusieurs mallades. Et a Albengue ce glanieux sainct par ses longues oraisons et prieres leur auroyt obtenu la pluye apres de longues secheresses ayant demeure sept annees sans y pleuvoyr et iceille pluye faisant tumber sur les fons des chrestiens laissant les fonds des payens en son prostin estat sans y en fere tumber iusques a ce quilz hiurent repentis de leur ydalatrie quen reseurent de mesmes et incontinent leurs temples et ydoles feurent mis a terre dont sortit ung furieux dragon dung simulacre quilz adonnoient que savanoya et sumergea dans le fleuve a la veue du peuple qui fust converti a la foy chrestienne et reciust le baptesme. Arrive a Turin avec latouchement dune verge il estinguist les flames ou le mulatier dung roy estoit condempne pour quelque legere faute. Passant les Alpes auroit ressuscité une filhe morte et donne la veue a ung home qui estoit aveugle de sa naissance et donne la garison a pleusieurs mallades de diverses malladies. Es estant revenu en la cite de Cavalhon y seroit este esleu evesque apres la mort dung autre homme Pelagrius ce fust lan 530 a la requeste du clerge et de tout le peuple qui le demanda et le pressa d’accepter ceste charge. Il y ediffia leglise cathedrale qui est a present a lhoneur de l’Annonciation Notre Dame et en ladicte ediffication le glorieux sainct Veran fesoit aporter de grosses pierres sur une charette trainee par deux vaches dont advint que le loup en thua une. Ce qui estant raporte audict sainct fist miraculeusement que le charretier attala le loup avec l’aultre vache et sen servit au mesme usage de charrier pierres pour la fabrique de ladite eglise ou pour memoyre les maitres ont esieve et grave ce miracle sur la pierre contre icelle eglise qui se voyt par le iourdhuy. Ayant encor par des sainctes prieres miraculeusement elargi et relaxe de prisoniers etroitement detenus et encheynes dans les prisons de la ville. Et apres avoyr regi et administre lespace de vingt ans ou environ a ladicte dignite et charge pastoralle en toute perfection de sainctete ledict glorieux sainct moreut en Arles 3 idus novembris au concille provincial et tous les mallades qui touchoient sa biere recepvoient la farison. Ledict sainct heust revelation de sa mort et declara que sa sepulture n’estoit point en son election mais quil sen remetoit a la vollonte de Dieu. Comme il advint que le iour suyvant estant acompagne dune grande et noble compagnie pour l’ensevellir on vist tout aussi tost le poelle esleve en lair qui devansoit la biere et guidoit le peuple et parvenu a la Durance qui par les pluyes et desbordement des eaus estoient extraordinairement grossie les torrents arresterent leurs cours impetueux et leau s’estant retrecie en elle-mesme fit comme ung rampart deça della et laissa le passage libre et a sec au milieu. Le mesme miracle feust reitere au fleuve de la Sorgue ayantz tousiours le poylle pour guide qui s’arresta lhors quilz feurent parvenus a leglise de Vaucluse que ce mesme sainct avoyt ediffiee come cy dessus est dict et la feust pose honorablement le sacre corps dans une sepulture de pierre que sy voit encore qui ledict sainct avoyt faict fere ou ayant demeure par lespace de huict centz ans ou environ feust lan 1321 et le 7eme iulhet solempnellement translate par Poncius de Laneis evesque de Cavaîhon en ladicte eglise cathedralle laquelle avoyt este consacree avec une memorable faveur et solennel convoy par Innocent iiij me revenant du concille de Lyon l’an 1251 et le 27me apvril a lhoneur de la glorieuse vierge Marie et dudict bienheureux sainct Veran. Extrait de Mémoires de l’Académie de Vaucluse Sixième série Tome VIII – Année 1975 Hotel Salvati-Palasse 5, Rue Deveria Avignon