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Juin 2011 • Volume 2 • Numéro 8 Dépot légal : 0840-5530 L’homophobie, la cyberdépendance et la synergologie Le mot du directeur Par [email protected] L’ALPABEM vise dans le 1 000… et plus Lors de la dernière assemblée générale, nous nous étions fixé comme objectif d’atteindre le nombre de 1 000 rencontres en individuel par année. Avec 936 rencontres en 2009-2010, nous étions passés très près d’atteindre ce sommet. Lorsqu’on sait qu’en 2005-2006, 109 rencontres avaient été effectuées, ce « presque » 1 000 était déjà très impressionnant. Cette année, notre équipe d’intervenants a effectué pas moins de 1 205 rencontres en individuel! Mission accomplie. Derrière ces chiffres, il y a des gens évidemment, et c’est surtout cette donnée qui est importante pour notre équipe. Nous désirons aider le plus de familles possible. Toutes nos énergies sont orientées vers cette mission : « Soutenir les membres de l’entourage d’une personne atteinte de maladie mentale ». Derrière ces chiffres il y a aussi des partenaires qui n’hésitent plus à référer les familles, les jeunes et les adultes vers notre association qui existe depuis 30 ans. Derrière ces chiffres se cachent aussi des bénévoles qui, pour la plupart, ont « goûté » aux services de l’ALPABEM et ont voulu redonner à notre association. Merci à vous tous de « ramer » dans le même sens que nous; nous gardons le cap et l’horizon est féerique. Francine explique en grande partie pourquoi j’accepte de prolonger ma carrière avec notre organisme. Le plaisir et le cœur toujours au rendez-vous, jamais je n’y ai été aussi heureux que maintenant… Merci Francine d’être dans ma vie, dans la vie de l’ALPABEM. L’ALPABEM déjà gagnant Nous avons appris à la mi-mai que l’ALPABEM faisait partie des quatre finalistes, au niveau national, pour le Prix d’excellence du Ministère de la santé dans la catégorie «Impact dans la communauté ». Le fait de faire partie de ce groupe sélect est déjà pour nous une grande victoire et viens confirmer le travail abattu par notre organisation depuis 30 ans. Je ne vous cacherai pas que j’aimerais que l’ALPABEM gagne ce prix. Non pas pour le trophée, non pas pour l’argent, ni même pour la belle carte de visite qu’offrirait cette reconnaissance, mais pour nos fondateurs et nos bâtisseurs qui, il y a trente ans, ont été les investigateurs de cette réussite. Bon été à tous ! Sommaire Malgré ce nombre record de familles rencontrées en individuel, l’ALPABEM a su préserver ses valeurs. Ainsi, nous avons continué de porter une attention particulière à accueillir avec respect, empathie et diligence les familles éprouvées par la maladie mentale de leur proche. Lors de la dernière évaluation, 100% des répondants se sont dit satisfaits ou très satisfaits de notre accueil. Notre Sylvie, à la réception des appels et à l’accueil, contribue grandement à cette perfection; merci d’être la « voix » de l’ALPABEM. Mot du directeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 Entamant la 4e année de son mandat, notre présidente Francine Robillard aura redonné à l’ALPABEM beaucoup plus qu’elle n’aura reçu. En effet, après avoir utilisé nos services durant seulement un an, elle a accepté en 2008 la présidence de l’ALPABEM. Depuis ce temps, jamais elle n’aura compté son temps… au grand bénéfice des membres. Comme directeur, le fait de travailler avec Qu’est-ce que la cyberdépendance . . . . . . . . . . . . . 18 Mot de la présidente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Bénévole de l’année : Sylvie Piché . . . . . . . . . . . . . . 4 Nouvelle intervenante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Comme un boulet de canon - Témoignage . . . . . . . . 6 Antidépresseurs et anxiolitiques . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Le bruit de nos silences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 L’homophobie c’est la peur de l’autre en soi . . . . . . 12 L’intervention familiale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 L’accompagnement des familles. . . . . . . . . . . . . . . . 27 Pourquoi le narcisse pousse-t-il près d’une étendue d’eau? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Les petites annonces de l’Alpabem . . . . . . . . . . . . . 33 2 Le mot de la présidente Par [email protected] Le prix du calme apprécier le calme que le vide apporte dans l’être, je sais que là est ma récompense. Ce titre m’est venu en tête dans un soupir alors que je me disais qu’on est bien quand tout est calme. Immédiatement j’ai pensé au chemin parcouru et aux efforts que l’on fournit pour atteindre ce calme… On ne vide pas l’océan avec un coquillage. Ce calme est fragile, alors à nous de le saisir et de l’apprivoiser avant qu’il ne s’envole; l’instant présent a une date d’expiration comme les yogourts. L’été arrive bientôt et je vous souhaite d’agréables moments et de pouvoir vous ressourcer dans la nature, qu’elle soit dans votre jardin, dans les fleurs sur votre balcon, dans le parc, en campagne, sur le bord de la rivière ou encore dans vos souvenirs. Que ces moments puissent vous permettre de vivre complètement l’instant présent. La plupart d’entre nous ont mentionné un jour ou l’autre avoir atterri à l’ALPABEM. En entendant ces mots, je vois souvent l’image d’une fusée ou d’une météorite qui s’en vient à toute allure et « ploc », s’écrase face contre terre… Après un certain temps, on essaie d’accueillir ce qui se présente, la curiosité remplace le choc, nous apprenons à aimer les questions et par la suite, nous commençons à espérer atteindre un certain calme. Nous découvrons notre capacité à rebondir dans une vie faite de beauté, d’espoirs, de blessures, d’ombres et de tabous aussi. Ceci m’amène à vous parler des activités ludiques que nous vous proposons depuis l’été dernier. Nous n’avions aucun but précis en tête au départ, sauf celui de permettre à des membres de s’offrir des petits moments de plaisir, de rencontrer de nouvelles personnes, de prendre du temps pour soi, de mettre leur cerveau au neutre; « relax and receive ». Au fil de ces ateliers, j’ai rencontré des membres heureux d’être là et plusieurs ont dit avoir oublié tous leurs soucis pendant l’activité, car ils se sont concentrés sur de petites douceurs. Ceci confirme que l’entraide fait du bien, que le bénévolat et le sentiment d’appartenance ne font qu’un. Parfois j’aurais préféré aller marcher au parc au lieu de me retrouver dans la salle de conférence de l’ALPABEM, mais dès que quelqu’un mentionne Francine Robillard Présidente de l’ALPABEM Deux nouveaux membres honoraires Lors de l’assemblée générale annuelle du 31 mai dernier, les membres présents ont pu accueillir deux nouveaux membres dans la catégorie très convoitée de membre honoraires de l’ALPABEM. En plus de recevoir leur «cocarde d’or», ces messieurs ont reçu une petite appréciation pour souligner leur implication. Félicitation à nos deux nouveaux membres honoraires 2010 Messieurs Jean-Guy Blanchette et Jean-Marc Légaré. M. Jean-Guy Blanchette M. Jean-Marc Légaré 3 Bénévole de l’année : Sylvie Piché Elle est toute douce, mais combien efficace! Elle a toujours un sourire au coin des yeux, l’éclair de l’idée pas trop loin. Elle énonce clairement ce qu’elle veut dire en y ajoutant des exemples, parfois subtils, parfois percutants. Sa tête est pleine de suggestions, elle aime sortir de sa zone de confort en respectant les limites du « politically correct » et elle s’y sent à l’aise. Un pépin arrive et au lieu de capituler, elle voit plein de solutions, car il n’y a presque pas de bâtons dans ses roues. En fait, elle a pris connaissance que le monde lui appartient et voilà probablement pourquoi elle réalise ses ambitions. Son cœur est grand, son élan est généreux, elle n’a pas peur de partager. Sylvie Piché s’est jointe au CA en juin 2009; elle y a occupé le poste de secrétaire la première année et le poste de trésorière la deuxième année. Le directeur de l’association désirant promouvoir la coanimation avec un proche pour le programme TPL, il fallait donc identifier quelqu’un de compétent. Par son expérience, sa facilité de communication, son empathie et sa volonté de transmettre à l’autre son expérience personnelle, le nom de Sylvie a fait surface. En août dernier, malgré un horaire très chargé, elle a accepté de devenir coanimatrice avec l’intervenante responsable du programme et elle en est actuellement à sa deuxième formation de 18 semaines. Qu’en pense l’intervenante du programme? Au cours de sa première participation, le rôle de Sylvie a graduellement pris forme. Elle a su s’adapter et sa collaboration est devenue indispensable par sa présence chaleureuse, son partage d’expérience, son implication, sa motivation, ses exemples concrets qui aident les participants à mieux intégrer le contenu, son empathie, sa volonté d’aider son prochain et sa touche d’humour. 4 Qu’en pensent les participants? Les participants ont apprécié que les interventions de Sylvie et sa façon de divulguer ses expériences soient très touchantes et humaines. Ils ont apprécié sa franchise et son ouverture face à eux, malgré le fait que la situation de chacun soit difficile. Transparence et expérience ont fait en sorte que les participants ont pu se reconnaître comme parent ou proche d’une personne atteinte et cela les a encouragés et motivés énormément. Lorsque nous avons eu l’idée d’offrir des ateliers de répit social aux membres, Sylvie s’est évidemment proposée comme membre du comité et elle a même animé un atelier de rouleaux de printemps; nous y avons découvert son talent de chef et d’humoriste. Sylvie est aussi une mère de trois enfants, dont une fille qui compose avec le TPL. Malgré les préjugés reliés à la maladie mentale de sa fille, Sylvie est toujours disponible pour témoigner aux médias de l’impact de cette maladie sur sa famille. Sylvie et « sa tribu », comme elle appelle affectueusement sa famille, ont même participé à un enregistrement vidéo dans le cadre d’un cours universitaire de la TÉLUQ, afin de sensibiliser les futurs intervenants en santé mentale. Pour toutes ces raisons et plein d’autres, nous estimons que c’est un privilège de te côtoyer Sylvie et nous sommes heureux de te nommer bénévole de l’année 2010. Nouvelle intervenante : Janie Morin Bonjour, Depuis le mois de mars, il me fait plaisir de faire partie de l’équipe de l’ALPABEM. C’est avec enthousiasme que je réalise le mandat du volet jeunesse, en plus d’avoir l’opportunité d’effectuer des interventions individuelles, familiales et de groupe. La sensibilisation dans les écoles visant à démystifier les problèmes de santé mentale est également un aspect qui m’interpelle. Sexologue de formation, mon expérience professionnelle m’a permis d’acquérir diverses aptitudes et connaissances en santé mentale. Ayant travaillé auprès de plusieurs clientèles; jeunesse, santé mentale, trouble de comportement, déficience intellectuelle, toxicomanie et les femmes et enfants violentés, je suis en mesure d’offrir des services qui pourront répondre à vos besoins. Il me fera plaisir de vous rencontrer à l’ALPABEM. Je vous souhaite de passer un bel été! Janie Départ d’un élément-clé de notre équipe Nous avons été attristés d’apprendre qu’une des intervenantes les plus appréciées de ses collègues et des membres allait bientôt nous quitter. Effectivement, Alexandra König a été acceptée en mars dernier à la maîtrise en neuropsychologie aux PaysBas. Nous sommes évidemment très fiers qu’elle puisse réaliser ses rêves, mais attristés de perdre une collègue inestimable et une professionnelle si dévouée aux clients de l’ALPABEM. Nous lui souhaitons la meilleure des chances. Alexandra faisait partie de notre équipe depuis l’automne 2009 et elle était responsable entre autres du programme CAP sur la schizophrénie. Elle quittera officiellement ses fonctions le 8 juillet prochain, mais passera malgré tout l’été au Québec. Donc, si vous désirez lui transmettre vos dernières salutations, n’hésitez pas à nous faire parevenir vos bon mots. Qui sait peut-être aurez-vous le plasir de la lire à nouveau dans une des prochaines revues Oxygène... 5 Comme un boulet de canon - témoignage 1 Par Nanou La Terre - Blogue d'une membre de l'ALPABEM Mardi dernier, je me croyais brave et forte. Pourtant, le dôme de la prison de Bordeaux m'est apparu comme un boulet de canon en pleine poitrine. Dès cet instant, j'ai su, senti... Non, cette fois-ci je n'échapperais pas à ma peine. Ce jour-là, le vacarme infernal dans les parloirs remplis à craquer, la chaleur suffocante et le manque d'intimité ont eu raison de mon humeur. Je n'ai eu ni l'envie de rester forte, pas plus que de garder le sourire ou de demeurer positive. Quand bien même j'aurais désiré de toute mon âme, je n'acceptais pas, c'est tout. J'ai eu amplement le temps de réfléchir pendant un interminable 45 minutes d'attente, mon fils étant coincé derrière les plateaux pour le dîner. Aucun sens. Quand on pense qu'ils n'ont droit qu'à une seule visite par semaine, cloîtrés derrière les vitres de parloirs archi désuets. J'ai eu beau prendre de grandes respirations, tâcher de contenir le déferlement de larmes coincées dans ma gorge, rien n'y faisait. Je sentais que cette fois-ci, je ne pourrais tenir le coup, même devant lui... Lorsqu'il arriva enfin, les traces de ma peine avait déjà marqué mon visage. C'est avec les yeux rougis que je l'accueillis. Un bonjour timide, à peine perceptible pour éviter d'éclater: - Je te trouve très beau avec cette nouvelle coupe de cheveux... -Merci! Et t'as vu mon tatouage? Fafouin baisse un peu son chandail à la hauteur des épaules pour me montrer avec fierté le haut de son dos... -C'est moi qui l'ai dessiné et ensuite on l'a reproduit! Il n'est pas encore terminé. Comment tu le trouves? - J'ai de la peine. Je trouve cela extrêmement difficile de venir ici et de voir tous ces barreaux aux centaines de fenêtres alignées, car je sais que c'est derrière ces barreaux que tu vis... Les larmes coulaient à flot. Je n'en pouvais plus. -Maman, pleure pas ici voyons! À St-Jérôme, je savais que j'allais le visiter en prison, mais les fenêtres des détenus n' étaient pas accessibles aux visiteurs. Ce que l'on ne voit pas fait moins mal... Et puis, dans ce centre de détention à dimension plus humaine, nous avions de petites pièces fermées où nous pouvions avoir un contact de qualité, même au travers la baie vitrée. -Il est très beau, vraiment très beau Fafouin... Pendant ces 45 minutes d'attente, je me suis sincèrement demandé quel était le sens profond de cette souffrance qui m'était imposée bien involontairement, à travers cette peine indescriptible. - Maman, mais qu'est-ce que t'as? Mon fils ne fonctionnera jamais de façon normale, 6 Comme un boulet de canon - témoignage 2 ne vivra jamais une vie normale tant et aussi longtemps qu'il niera sa difficulté. Fafouin souffre depuis longtemps d'un problème de santé mentale extrêmement difficile à traiter. Je sais ce qui fut et demeure lourd, de façon constante. Ce sont ces deuils perpétuels qui ne cessent de s'accumuler au fil du temps, des années. Et la vie me demande de m'adapter sans cesse, chaque fois, m'adapter vite, sans quoi la souffrance devient intenable. Pourtant, mon fils au fond de lui est un pur et grand soleil. Je regarde parfois ses photos d'enfant en m'imaginant arrêter le temps, un moment de pure magie où rien de cet enfer ne serait arrivé. Ça me fait du bien de pouvoir me l'imaginer... Pendant quelques instants seulement, je veux que cela soit ainsi. Un peu de rêve, j'en ai tant besoin, j'y ai tant investi. De la vie et du temps de qualité que je tenais à lui offrir, il a pu bénéficier. J'ai eu le bonheur d'entendre ses premiers mots, voir ses premiers pas, le regarder jouer au parc, le sachant heureux, lui apprendre à nager, faire du vélo, l'encourager dans tout ce qu'il accomplissait et aimait. Du succès qu'il avait auprès de tous par son sourire si communicatif, son charisme, sa personnalité unique et si attachante, sa sensibilité, sa créativité. Il aurait terminé ses études secondaires, ne se défoncerait pas dans les drogues fortes et l'alcool, garderait simplement un emploi, n'aurait pas de casier judiciaire, ne se ferait pas défoncer le visage, ne cambriolerait pas, ne menacerait pas de sauter en bas de la fenêtre du 2e, ne mettrait pas sa vie en danger, ni celle des autres en faisant du 160 km/heure sur l'autoroute, sans permis, ne coucherait pas dans des bacs à recyclage ou des abribus. Il serait autonome et cela le remplirait de fierté. Comme dans tous ses rêves accumulés au fil des ans, il deviendrait vidangeur, pompier, policier, cascadeur, comédien, joueur de basket, technicien en animation 3D, briqueteur et, depuis peu, éducateur spécialisé. Et je l'accompagnerais tout simplement, l'encourageant dans ses désirs. Est-ce trop demander que de n'avoir que cet unique désir de voir son jeune autonome et fonctionnel, simplement? Et lorsque les premiers symptômes seraient apparus, les éducateurs prendraient la chose au sérieux, me croiraient, m'accordant toute la crédibilité nécessaire au lieu de me taper sur l'épaule comme si j'étais une enfant, en m'affirmant que mon fils n'a rien. Au lieu de le réprimander en lui enlevant des privilèges ils insisteraient eux aussi pour l'envoyer en évaluation, étant donné les antécédents familiaux, et mon fils bénéficierait d'un traitement préventif qui l'aiderait à contrôler son impulsivité. Quel beau rêve... Pourquoi faut-il attendre le fameux 18 ans alors qu'on sait très bien qu'à cet âge, le mal est déjà fait 7 Comme un boulet de canon - témoignage 3 et les blessures, immensément profondes. Pourquoi, pourquoi... De peur de coller trop tôt une étiquette... -100 mg En agissant ainsi, on prend la chance d'hypothéquer le jeune pour le reste de sa vie. Quand va-t-on un jour démystifier les problèmes de santé mentale, leur accorder toute l'attention qu'ils méritent et traiter tous ceux qui en sont atteints, jeunes et moins jeunes, comme toute autre maladie, dignement et avec ouverture? Est-ce que j'ai une étiquette qui me colle à la peau parce que je suis asthmatique? Ma mère n'a pas d'étiquette "parkinson" collée au front et pourtant, elle en est atteinte. Lorsque je souffre d'asthme, je peux contrôler ma maladie en prenant des anti-inflammatoires combinés à un bronchodilatateur. -Parce que je lui ai demandé! C'est merveilleux. Quelqu'un quelque part s'est occupé de moi, a pris mon mal au sérieux! Le diabétique peut contrôler sa maladie avec de l'insuline. Il a aussi cette chance d'avoir été entendu et soigné dans sa maladie. Il existe des enfants diabétiques et asthmatiques et on les traite, non! Ici au Québec, les jeunes aux prises avec un trouble de personnalité limite sont complètement ignorés et laissés à eux-mêmes. Pire encore, ils se retrouvent en grande majorité en Centre Jeunesse à l'intérieur duquel les éducateurs n'ont pas la formation adéquate pour les orienter et les diriger de la bonne façon. Par la suite, plusieurs se retrouvent dans les centres de détention provinciaux ou fédéraux. La grande majorité des personnes incarcérées souffrent d’un problème de santé mentale... _________ -Le médecin m'a prescrit du Séroquel. -Ah bon, et à quel dosage? 8 -Et pourquoi t'a-t-il prescrit cela? -Mais Fafouin, le médecin ne prescrit pas de médicaments comme ça, sur simple demande! -Mais oui maman, ils s'en foutent les médecins ici! Je me sens perplexe. Séroquel est un antipsychotique qui sert à traiter la schizophrénie et à contrôler les épisodes maniaques et dépressifs du mal bipolaire. Mais, j'ai appris aussi de source sûre qu'il était employé aussi pour traiter le trouble de personnalité limite, ce qui n'est pas mauvais en soi. Mon fils ne me dit probablement pas tout... Par ailleurs, est-ce possible qu'un médecin dans un pénitencier soit à ce point inconscient, au point de donner n'importe quoi à qui le demande? Je me pose la question. - Fafouin, je t'ai vu à peine 15 minutes... -C'est pas grave maman, tu reviendras la semaine prochaine! Quelle capacité de résilience tout de même mon beau garçon... J'ai quitté en larmes ayant peine à conduire. Je n'ai pu enseigner en après-midi. J'ai donc tout annulé. Ça m'a permis de refaire mes énergies et de retrouver peu à peu mon équilibre. J'avais tant besoin de sentir le vent printanier au bord de la rive et c'est ce que je fis... Antidépresseurs et anxiolytiques, faut-il les prendre ou pas ? Par Giancarlo Jr. Collacciani, Psychothérapeute, Doctorant dép. psychologie UQAM La chimiothérapie représente très certainement l’icône de la modernité en médecine; à chaque trouble sa molécule. Toutefois en psychothérapie, où la contribution respective du biologique et du psychique n’est pas encore clairement établie, la question d’une prise de médicaments est souvent source de confusion. Nous ne faisons pas référence ici à la confusion de l’ordre du diagnostic ou de celui de la molécule appropriée, mais bien celle ressentie par l’individu confronté à un mal de l’être. Cette confusion est souvent soutenue par l’abondance de résultats de recherches, lesquelles mentionnent d’une part l’efficacité des antidépresseurs et d’autre part leur absence d’effet sur certains patients présentant des symptômes faibles à modérés. Suite à ces informations parfois contradictoires, les patients portent souvent une opinion tranchée sur la question des médicaments pour traiter les troubles liés à la santé mentale, plus particulièrement sur les antidépresseurs ou les anxiolytiques. Certains demanderont de manière insistante la prise d’une molécule, tandis que d'autres s’y opposeront fermement avant même que la proposition d’une telle avenue leur soit suggérée. Ces deux attitudes dialectiques peuvent laisser supposer respectivement le désir d’être libéré rapidement et sans effort de leurs maux, ou la crainte d’être englouti par l’effet d’un traitement pharmacologique. Ceci étant dit, le dilemme peut bien souvent s’avérer plus complexe qu’il ne l’est en apparence. Sur le plan physiologique, la prise d’un traitement pharmacologique s’accompagne parfois d’effets secondaires désagréables, ce qui incite les gens à mettre fin au traitement de façon anticipée et peut parfois être nuisible au fonctionnement physiologique. Sur le plan affectif, la prise d’un traitement pharmacologique s’accompagne, dans certains cas, d’un sentiment de honte ou de culpabilité. Le patient peut avoir l’impression d’être faible ou d’avoir échoué là où il s’imagine que les autres auraient réussi sans problème. Derrière cette illusion se cache généralement le désir d’être tout-puissant, de pouvoir tout faire en une seule journée, de réagir adéquatement en toutes circonstances. Le résultat ne peut être alors qu’une déception, une fracture de l’idéal de soi. Lorsqu’une personne se fracture une jambe, l’utilisation de béquilles se passe d’argumentation. Le repos, les limitations et certains changements d’habitudes s’imposent. Peut-être en va-t-il de même pour la dépression et l’anxiété. La recherche a clairement démontré que la prise d’un antidépresseur couplée à une psychothérapie est l’avenue la plus efficace et la moins coûteuse pour surmonter une dépression. Ainsi, la prise de médicaments peut souvent servir de support ponctuel pour continuer à fonctionner quotidiennement et déployer les efforts nécessaires pour apporter certains changements essentiels à une hygiène de vie plus saine. L’idée importante est de comprendre qu’une pilule ne règle pas tous les problèmes et qu’elle n’offre qu’un taux de succès d’environ 60 % en cas de dépression sévère. Lorsqu’elle est couplée à une psychothérapie ou à une forme d’aide psychologique, ce taux peut grimper à plus de 80,5 %. Ceci étant dit, il est clair que les médicaments permettent de rester debout et d’amorcer un mouvement vers un changement. Finalement, la question n’est donc plus : « Est-ce que je dois prendre des médicaments ? » Elle devient plutôt : « Dans quel but dois-je prendre des médicaments et pendant combien de temps m’offriront-ils le support dont j’ai besoin pour transformer certaines sphères de ma vie? N’oubliez pas que vous pouvez toujours discuter avec votre médecin ou votre psychothérapeute afin de prendre une décision plus éclairée, et que vous ne devez surtout pas hésiter à consulter en cas de besoin. 9 Les bruit de nos silences : la synergologie 1 Par [email protected] Par ce titre, je veux vous faire connaître l’importance de la synergologie dans nos vies. Mais avant tout, qu’est-ce que la synergologie? Ce n’est pas une science exacte, mais plutôt une discipline dont l’objet est de déchiffrer le fonctionnement de notre esprit en tenant compte de nos gestes. Quels messages livrons-nous à travers notre gestuelle? Quels sont les gestes qui nous trahissent lorsque nous voulons taire quelque chose qui nous tracasse ou lorsque nous ne voulons pas communiquer consciemment. Vous savez qu’un des principes de la communication interpersonnelle est que nous ne pouvons pas « ne pas communiquer ». Ce qui veut dire que tout comportement en présence de deux personnes est nécessairement une forme de communication, car même s’il n’y a pas de parole, un message non verbal est transmis. Nul besoin d’émettre des sons pour communiquer, car notre corps parle tout seul. Le dicton dit : « Une image vaut mille mots », n’estce pas? Nous pourrions facilement dire « qu’un geste vaut plus que mille mots ». Certaines études prouvent que près de 80 % de nos échanges passent par d’autres canaux que les mots. En fait, la discipline de la synergologie nous apprend à lire ce qu’une personne nous communique de façon non verbale à travers une multitude de gestes. Selon le petit Larousse, le mot « geste » se définit comme suit : tout mouvement du corps, principalement de la main, des bras, de la tête, porteur ou non de signification. Pour les spécialistes de la synergologie, un geste exprime nos pulsions réprimées. Ils appellent ces gestes des micromouvements dont ils identifient trois catégories, à savoir : les microfixations, les microcaresses et les microdémangeaisons. Se gratter sous les narines, toucher son oreille ou caresser son menton est un geste banal qui pourtant 10 recèle des significations insoupçonnées. Par exemple, le simple fait de se gratter la tête pourrait signifier que nous sommes devant une situation nous demandant de faire appel à toutes nos facultés de raisonnement et que nous réfléchissons afin de livrer une réponse adéquate. Un peu comme pour dire : Comment vais-je m’y prendre pour résoudre ce problème? Lors d’une conversation, notre interlocuteur peut adopter une série de positions corporelles, telle que le croisement des bras qui est une des positions les plus fréquemment adoptées. Ce geste signifie que notre interlocuteur n’est pas réceptif et que ce n’est donc pas le meilleur moment pour tenter de le convaincre ou de négocier avec lui. Pour les spécialistes, le non verbal précède à 80 % le verbal. Nos gestes nous trahissent avant même que nous arrivions à verbaliser une émotion, que ce soit la colère, la tristesse, ou la peur. Je me souviens de la dernière fois où j’ai loué un film dans une boutique de location de vidéos; le film était intéres- Les bruit de nos silences : la synergologie 2 sant, mais certains passages étaient entrecoupés, ce qui le rendait impossible à visionner. J’ai donc décidé de retourner le film à la boutique. Aussitôt entré, et avant même que je me présente au comptoir pour signaler le problème, un commis s’est exclamé que j’avais l’air d’un client insatisfait. J’étais décontenancé par son flair, car c’était tout à fait le cas ! Il m’a aussitôt offert un autre DVD. De retour à la maison, j’ai eu l’idée de retourner voir le commis qui avait remarqué cette attitude chez moi. Premièrement pour le féliciter d’avoir eu cette sensibilité et deuxièmement, pour lui demander de décrire ma physionomie lorsque je me suis représenté à la boutique. Finalement, je n’y suis pas retourné, mais je trouve que l’exemple se prête bien pour démontrer que nos gestes précèdent l’émotion. C’est sûrement pour cela que l’on affirme que le langage du corps est l’expression de nos émotions. Nous aimerions tous savoir comment identifier les vraies intentions de nos interlocuteurs. La perspective est séduisante. Toutefois, il ne s’agit pas d’un code secret qui va nous permettre de savoir tout ce que l’autre nous cache ou ne veut tout simplement pas nous dire. Certains diront : « Je vais faire attention à mes gestes pour ne pas dévoiler ma vraie nature, mais « attention », car plus on tente de les cacher, plus on les rend visibles paraît-il. N’oubliez pas que l’authenticité est la qualité qui nous fait le plus aimer autrui. Pour plus d’indormations sur le sujet consultez ce site: www.synergologie.org Bonne retraite à deux oiseaux rares Après plus de trente ans de vie professionnelle, notre région vient d’être amputée de deux des professionnels les plus appréciés de Laval. L’ALPABEM leur souhaite donc de profiter de ce repos bien mérité. Nous leur ouvrons nos portes dans l’éventualité où la tentation de s’impliquer dans un organisme comme l’ALPABEM serait trop forte. Bonne retraite messieurs et merci pour votre contribution à faire de l’ALPABEM un partenaire incontournable dans l’offre des services en santé mentale de Laval. PAUL BÉDARD -Psychologue Paul aura contribué de façon exceptionnelle aux services de l’ALPABEM. En plus d’avoir présenté plusieurs conférences, il aura bâti pour notre association le fameux programme de communication interpersonnelle. De plus il a effectué, jusqu’en janvier dernier, des rencontres individuelles avec nos clients. Merci Paul. SERGE ARCHAMBAULT Travailleur social Il aura été impliqué de nombreuses années à la ressource régionale suicide de Laval et aura participé à la fondation de l’Îlot de Laval. Adjoint à la direction SMA à la fin de sa carrière, il aura été un acteur important dans l’organisation du congrès de 2009 et dans l’organisation des conférences mensuelles de l’ALPABEM. Bonne retraite Serge 11 L’homophobie c’est la peur de l’autre en soi 1 Par [email protected] L’impact de l’homophobie sur la santé mentale «Depuis que je suis au primaire, je me fais traiter de gai, fif, et tapette. Je suis déménagé l’an dernier et ça recommence cette année. Deux filles dans mon cours de techno n’arrêtent pas de m’écœurer. J’ai raconté mon problème à mon prof de français et elle pensait que j’étais gai (ce qui est le cas, mais personne ne le sait à part moi et ma meilleure amie). J’ai été voir une psychologue alors que je ne savais pas que j’étais gai pour savoir ce que je pouvais faire, et pour que le monde arrête de me lancer des insultes par la tête. Elle m’a dit que je devais arrêter de les écouter et qu’ils allaient arrêter de m’insulter à un moment donné. Mais ça n’a rien fait. Je crois que je vais vivre ça toute ma vie, car c’est ce que les homosexuels subissent.» «L’été dernier, j’ai dû déménager de mon appartement du quartier Rosemont, car mes voisins étaient ouvertement homophobes. Ils me faisaient des menaces verbales : « fucking fagot », « I’ll kill fucking fagots ». J’avais très peur pour ma sécurité physique. Je ne dormais plus, j’étais toujours sur le quivive. Je ne croyais pas que cela pouvait m’arriver.» Ces témoignages illustrent seulement deux expériences bouleversantes de l’homophobie vécue par des personnes homosexuelles. Avant d’aborder plus en détails ce phénomène très courant, voici quelques définitions : Qu’est-ce que l’homophobie ? (1)Selon Daniel Borillo, juriste, maître de conférences et auteur de différents ouvrages sur l’homophobie, ce terme signifie «l'attitude d'hostilité envers des individus supposés avoir des pratiques sexuelles avec des personnes du même sexe.» Le Petit Larousse définit l’homophobie comme «le rejet de l’homosexualité, l’hostilité systématique à l’égard 12 des homosexuels.» Ces deux définitions ont un point en commun, c’est-à-dire le refus irrationnel, voire la haine envers les homosexuels. Le terme « homophobie » a été entendu pour la première fois, en 1971, mais ce n’est qu’en 1998 qu’il est apparu dans un dictionnaire de langue française. Découvrir l’homophobie (2)L’homophobie représente surtout un sentiment d’aversion et de peur, la peur de la remise en question de la hiérarchie des sexualités qui consacre l’hétérosexualité comme pratique supérieure au niveau moral et affectif. « L'homophobie est aussi le produit de la peur de l'autre en soi » . C'est donc une réaction agressive de rejet provoquée par la crainte d’être soi-même homosexuel. Loin d'être une conduite d'évitement ou de fuite, l'homophobie est une agression, une stigmatisation et une discrimination. Elle est une forme de domination. L’homophobie peut affecter tous et chacun, hétéro ou homosexuel, et porte préjudice en premier lieu aux gais, lesbiennes et bisexuels, mais aussi à leurs familles et leurs amis. L’homophobie c’est la peur de l’autre en soi 2 Il existe différents niveaux d’homophobie, comme par exemple l’homophobie de langage (insultes, plaisanteries, vocabulaire négatif qui stigmatise l’homosexuel), l’homophobie personnelle (sentiment personnel que les homosexuels sont anormaux, malades, bizarres, sentiment d’évitement, violence verbale, voire physique), l’homophobie institutionnelle (institutions, lois, règlements qui discriminent les homosexuels), l’homophobie sociale et culturelle (normes sociales et culturelles qui favorisent l’hétérosexualité au détriment de l’homosexualité), et l’homophobie intériorisée (les homosexuels eux-mêmes intériorisent les préjugés, les normes sociales homophobes et en viennent à se dévaloriser, voire à se détester eux-mêmes, et à dévaloriser, voire à détester les homosexuels de leur entourage). L’homophobie en chiffres (USA) • Un collégien américain entend des commentaires homophobes tels que« pédé », « tapette », «gouine» en moyenne 26 fois par jour. • Dans 97% des cas, les enseignants n’interviennent pas. • 80% des jeunes gais et lesbiennes souffrent gravement d’isolement social. • 53% des élèves entendent des commentaires homophobes de la bouche des enseignants et administrateurs de l’école. • 28% des élèves gais quittent l’école avant d’obtenir leur diplôme, contre seulement 11% des élèves hétérosexuels. • 26% des jeunes gais sont mis à la porte du foyer familial par leurs parents. • 19% des jeunes gais et lesbiennes sont victimes d’agressions physiques à cause de leur orientation sexuelle. • Le taux de suicide est 4 fois plus élevé chez les adolescents gais que chez les hétérosexuels. • Dans 40 états américains sur 50, un enseignant peut être licencié à cause de son homosexualité.. Origines et causes Tirant ses origines de phénomènes culturels, sociologiques et psychologiques complexes, et surtout de l’histoire judéo-chrétienne, l’homophobie est présente à de multiples niveaux dans notre société, 13 L’homophobie c’est la peur de l’autre en soi 3 dans le cœur et l’esprit de nombreuses personnes, consciemment ou inconsciemment, dans le vocabulaire courant, dans les livres comme dans les institutions. Elle est intimement liée à la problématique du sexisme, c’est-à-dire l’inégalité des sexes par une domination masculine, et à des définitions stéréotypées de la masculinité et de la féminité. Elle engendre des discriminations telles que l’exclusion, la violence verbale et physique à l’encontre des homosexuels et de leur entourage. Selon la vue «hétérosexiste», il est considéré normal et naturel que le masculin et le féminin soient deux genres sociaux bien différents et hiérarchisés ; le sexe biologique détermine l’appartenance à un genre social et à chaque genre correspond des attributs et comportements typiquement masculins ou typiquement féminins. Le fait d’être un homme démontrant « trop » d’attributs féminins, par exemple, une passion pour la cuisine, la décoration ou les arts, est encore aujourd’hui souvent perçu comme une «faiblesse». «Celui-là n’est pas un VRAI homme !». Ce qui veut dire qu’il a moins de valeur dans notre société . L’homophobie est en fait la preuve de l’existence actuelle de cette vision «hétérosexiste» selon laquelle les attributs féminins sont perçus comme inférieurs aux attributs masculins Ainsi, le présupposé est véhiculé que tout le monde soit hétérosexuel, et que l’hétérosexualité soit la seule option valable. De ce fait, lorsque le sujet de l’homosexualité est soulevé, des sentiments pénibles émergent qui amènent les gais, les lesbiennes et les bisexuels à cacher leur orientation affective. L’impact sur la santé mentale Les études récentes confirment que l’homophobie peut être une source d’isolement social, de décrochage scolaire, voire de tentatives de suicide, en particulier chez les adolescents qui découvrent leur 14 homosexualité dans un milieu qui ne favorise pas le développement et l’acceptation de leur orientation sexuelle. (3)Selon une étude menée au Département de psychologie de l’Université Concordia par le Dr. Benibgui, les jeunes lesbiennes, gais ou bisexuels (LGB) courent davantage le risque de souffrir de graves problèmes de santé mentale que leurs pairs hétérosexuels. Cela s’expliquerait en partie par un dérèglement du système hormonal résultant du stress d’être victimisé ou rejeté pour son orientation sexuelle. Dans le cadre de son étude, le Dr. Benibgui a constaté qu’au secondaire et au cégep, on relève un taux de suicide jusqu’à 14 fois plus élevé chez les élèves lesbiennes, gais et bisexuels que chez leurs camarades hétérosexuels. Ces chiffres sont très inquiétants et indiquent la nécessité d’une intervention assez précoce. Lors d’une entrevue téléphonique avec ce chercheur, celui-ci m’a confirmé que les difficultés psychologiques les plus rencontrées dans cette population sont la dépression, les troubles anxieux, les tentatives de suicide et l’abus de substances. L’homophobie c’est la peur de l’autre en soi 4 Pour mieux comprendre les causes principales, le Dr. Benibgui a examiné le lien entre le fait de vivre dans un environnement homophobe et «l’homophobie internalisée». Cette dernière se traduit notamment par des émotions négatives envers soi-même en raison de son identité sexuelle. Il a découvert que les personnes homosexuelles et bisexuelles subissent davantage de stress causé par les disputes sur l’identité sexuelle, l’intimidation ou la discrimination. Elles ressentent une homophobie internalisée importante et enregistrent une production de cortisol (hormone de stress) plus élevée. Plus la personne vit dans un milieu homophobe, plus elle vit de l’homophobie internalisée et du stress et plus elle est à risque de développer des symptômes de dépression et d’anxiété ainsi que des pensées suicidaires. Ce taux de cortisol anormal est donc étroitement lié à une présence de détresse psychologique. (4) La surproduction de cette hormone a un effet sur le cerveau et les émotions, voire la santé mentale en général ainsi que sur les fonctions immunitaires. Certaines recherches indiquent que les personnes vivant des situations stressantes à long terme ont un système immunitaire moins efficace pour combattre les maladies physiques. Il a d’ailleurs été démontré que différents liens existent entre le stress et des problèmes de santé tels que le rhume, le cancer, la dépression, les maladies cardio-vasculaires, les pathologies de la glande thyroïde, les pathologies cutanées et le diabète. Aussi, Dr. Benibgui mentionne le concept du «minority stress», un phénomène psychologique et sociologique qui explique qu’une minorité, qu’elle soit ethnique, sexuelle ou culturelle, vit un niveau de stress plus élevé en raison de sa marginalisation sociale. Il semble qu’un des problèmes centraux des jeunes homos et bisexuels est leur difficulté à développer une solide estime d’eux-mêmes. Il leur manque souvent des ressources suffisantes et nécessaires pour devenir des personnes confiantes. De ce fait, plusieurs autres problématiques peuvent découler, comme entre autres les relations sexuelles non protégées; une personne ayant une faible estime de soi aura plus tendance à adopter des comportements à haut risque et autodestructeurs. Comment prévenir? Tout d’abord, il faut souligner que même si cette population est plus à risque de vivre des difficultés, la majorité des personnes homosexuelles ou bisexuelles ne développera pas de problèmes de santé mentale, ce qui veut donc dire qu’elles sont résilientes. Le facteur de protection le plus puissant que le Dr. Benibgui a relevé dans le cadre de son étude est l’acceptation et le support des parents et des pairs. Une différence primordiale entre les individus homos et bisexuels et les individus tirés d’autres minorités culturelles ou ethniques, est que leurs parents partagent généralement le même « statut minoritaire ». Ils peuvent donc se supporter mutuellement en accentuant une certaine fierté culturelle. Par exemple, quand un adolescent haïtien rentre à la maison après avoir vécu de la discrimination à l’école, il peut compter sur un soutien de la part de ses parents. Par contre, les jeunes homos et bisexuels ne partagent pas, dans la majorité de cas, leur « statut minoritaire » et leur réalité avec leurs parents. Ils ne peuvent donc pas s’attendre nécessairement à un tel support ou à la compréhension de la part de leur famille. Ils n’ont pas tous autour d’eux une famille qui soit aussi ‘homosexuelle’ comme c’est le cas chez les autres minorités ethniques où tout le monde est aussi haïtien.. De ce fait, ils expérimentent souvent cette discrimination en étant seuls, isolés et retirés. Cependant, ils n’ont pas nécessairement accès aux mêmes ressources de protection (support familial) pour maintenir un 15 L’homophobie c’est la peur de l’autre en soi 5 équilibre mental. Les conséquences sont néfastes et imperceptibles, car les sentiments ne sont pas discutés ouvertement. Il est difficile pour les parents d’intervenir, car ils ne sont pas toujours au courant de l’orientation sexuelle de leurs enfants. L’homosexualité est invisible, et non pas évidente comme une couleur de peau. Par conséquent, le ‘coming-out’ semble pour plusieurs personnes un processus épeurant, lent et pénible à vivre. En effet, nous nous intéressons surtout à la question comment améliorer la santé mentale des personnes homos et bisexuelles à risque et qu’est-ce que la famille et l’entourage peut faire pour mieux intervenir auprès d’eux? Le chercheur Benibgui conseille aux parents de ne pas attendre jusqu’au moment où jeune sera prêt à faire son ‘coming out’ pour parler ouvertement de son orientation sexuelle. Il recommande d’oser être plus proactif, d’aller vers le jeune et de s’éduquer soi-même sur l’homosexualité afin de démystifier certains mythes et de normaliser cette identité à la maison. Il propose d’adopter un langage inclusif. Par exemple, au lieu de demander : «As-tu une blonde ?», il est préférable de demander : «As-tu quelqu’un dans ta vie présentement?» Pendant l’adolescence, les jeunes sont en construction de leur identité, ils expérimentent afin de découvrir leur orientation sexuelle. Ils ont besoin de savoir que peu importe comment leur orientation sexuelle se développera, leurs parents les accepteront. Ceci a un impact énorme sur l’individu, son estime de soi et son sentiment de valeur personnelle. Il est important de lancer de temps en temps des messages tels que «Si tu étais gai, lesbienne ou bisexuel, nous t’aimerions quand même, la seule chose qui compte pour nous est que tu sois heureux,…voici un livre que j’ai lu sur ce sujet, je peux te le prêter, on pour- 16 rait en parler avec ton intervenante de l’école si tu t’inquiètes…». Il faut rester à l’écoute et disponible sans juger, tout en montrant de l’ouverture et de l’empathie pour ce que l’autre vit. Les parents peuvent aussi regarder dans leur propre entourage si des amis ou des proches homos ou bisexuels pourraient servir de modèles d’identification. Aujourd’hui, nous sommes témoins de plus en plus de diverses représentations des minorités sexuelles dans les médias. Mais durant l’adolescence, la plupart des jeunes n’ont pas de contact avec d’autres pairs homos et bisexuels. Ce genre de contact peut servir de facteur de protection important, en particulier si la famille n’accepte pas l’orientation sexuelle. Ainsi, les rassemblements dans les communautés gaies peuvent aider à combler le besoin d’appui et même remplacer jusqu’à un certain point la famille. (5)Le comédien Jasmin Roy (fondateur de la Fondation Jasmin Roy) croit fermement que «quand nous sortirons l’homophobie des écoles, nous libérons tout le monde, les agressés comme les agres- L’homophobie c’est la peur de l’autre en soi 6 seurs. Des garçons s’empêchent de faire des métiers ou des loisirs comme de la danse, par exemple parce qu’ils ont peur de se faire traiter de ‘fif’. A l’inverse, plusieurs agresseurs sont malheureux, puisqu’ils lancent des insultes uniquement pour faire comme les autres. Il est même fréquent qu’un homosexuel traite les autres de ‘tapette’ pour cacher le fait qu’il le soit lui-même». (6)L’organisme GRIS-Montréal est un organisme communautaire sans but lucratif dont la mission consiste à la prévention par démystification de l’homosexualité dans les écoles. Sa mission générale est de favoriser une meilleure connaissance des réalités homosexuelles et de faciliter l’intégration des gais, lesbiennes et bisexuels dans la société. Selon l’organisme, l’intégration d’une minorité dans la société, comme dans la lutte contre le racisme, ne peut se faire qu’en s’efforçant d’éliminer l’ignorance et les préjugés. L’école est un milieu où les valeurs des jeunes prennent forme et où l’ignorance cède à la connaissance. C’est la raison pour laquelle GRIS-Montréal a décidé de s’adresser principalement aux jeunes en milieu scolaire afin de leur offrir en priorité des services de démystification de l’homosexualité en milieu scolaire. Leurs interventions se réalisent majoritairement dans les écoles secondaires et les cégeps. Elles sont données sous forme de témoignage par des bénévoles spécialement formés pour répondre aux questions des jeunes de 12 ans et plus. L’objectif de cette méthode d’intervention est de permettre aux jeunes de mettre un visage sur une réalité qui les effraie encore en les laissant poser toutes les questions qui les préoccupent au sujet de l’homosexualité. Les bénévoles s’engagent à leur répondre le plus ouvertement possible en parlant de ce qu’ils ont vécu et de ce qu’ils vivent encore aujourd’hui comme lesbiennes et gais. De cette manière, des modèles d’identification sont pro- posés aux jeunes, autres que les représentations stéréotypées sur les homosexuels produites par les grands médias (exemple le gai type ‘coiffeur’ et la lesbienne type ‘butch’). Les médias participent à l'« annihilation symbolique » des gais et lesbiennes en les stéréotypant, en en donnant rarement une image réaliste ou en ignorant tout simplement leur existence. GRIS-Montréal essaie donc de combattre ces représentations trop catégoriques et restreintes en montrant des images plus diversifiées des homosexuels à la population scolaire. Pour conclure, afin d’améliorer la santé mentale des adolescentes et des jeunes adultes homosexuels, il ne faut pas intervenir seulement auprès de l’individu, mais aussi auprès de l’entourage et de la communauté, ce qui favorisera l’acceptation générale dans notre société. Nous appliquons ce même concept à l’ALPABEM en démystifiant et en sensibilisant la population afin de mieux intégrer les personnes en difficultés et marginalisées – car c’est l’affaire de tout le monde! Un grand remerciement à Dr. Benibgui et Mme Houzeau pour leur disponibilité et leur collaboration pour la production de cet article. Références : 1) Livre : Daniel Borillo, L’homophobie, PUF, Coll. Que sais-je ?, Paris, 2000 2) http://www.amnestyinternational.be/doc/les-campagnes-permanentes/themes/droits-des-personnes-lgbt/Campagnes/Combattre-lhomophobie/Qu-est-ce-que-l-homophobie 3) Entrevue téléphonique avec Dr. Benibgui, chercheur à l’Université Concordia, Montréal 4) Tiré des notes de cours PSY 1989 «Stress et Anxiété» à l’Université de Montréal 5) visitez : www.fondationjasminroy.com 6) Entrevue avec Mme Marie Houzeau., directrice générale de l’organisme GRIS-Montréal ; visitez : http://www.gris.ca/2009/index.php 17 Qu’est-ce que la cyberdépendance ? 1 Par [email protected] Lors de la découverte des possibilités infinies du Web, certains ressentent une curiosité considérable et passent de longs moments devant l’écran d’ordinateur. Évidemment, il est légitime d’investiguer pour se sustenter, d’autant plus que l’accessibilité est facilitée. Malgré l’attrait de la nouveauté, le nombre d’heures d’utilisation d’Internet tend à diminuer après quelque temps. Les internautes apprennent rapidement qu’ils peuvent combler certains besoins, notamment les aspects informatifs et récréatifs, sans être constamment devant leur écran. Est-il approprié d’utiliser le terme « cyberdépendance » pour décrire cette problématique liée à l’ère de la technologie ? Les scientifiques et les chercheurs n’arrivent pas à un consensus, car ils contestent la notion de dépendance. Il n’existe pas encore d’indicateurs mesurables pour quantifier la durée et l’utilisation répétée d’Internet. Une définition claire et précise de ce syndrome est encore à venir, puisqu’il n’est toujours pas répertorié dans le DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux). Deux différentes études, l’une menée par Nawla et Anand, et l’autre par Niemz et al., qualifient de « cyberdépendance » une utilisation d’Internet qui dépasse deux heures par jour. Scherer stipule que les cyberdépendants passent « deux fois plus de temps en ligne pour usage personnel que les autres internautes » (7). Il est possible de parler d’une dépendance, car les chercheurs, notamment Young, ont emprunté les critères diagnostiques du jeu pathologique à cause de leurs nombreuses similitudes. Marie-Anne Sergerie et Jacques Lajoie, psychologues, ont remarqué une étroite ressemblance avec les troubles liés au contrôle des impulsions, trouble sous lequel est classé le jeu pathologique. Les symptômes s’apparentent à ceux-ci; préoccupations inadaptées par rapport à l’usage d’internet, usage étant irrésistible ou excessif se concrétisant par des périodes d’utili- 18 sation plus longues que prévues. L’usage ou les préoccupations associées à l’utilisation d’Internet provoquent une détresse significative ou une altération importante du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres sphères de la vie. Le Web peut aussi devenir une échappatoire, une fuite devant les problèmes réels qui entraîne les cyberdépendants vers un univers virtuel où les tracas n’existent pas. En prenant en considération de l’inexactitude de la terminologie, il devient ardu d’obtenir des statistiques fiables et justes. Certains chercheurs ont obtenu des pourcentages plus élevés pour quantifier l’ampleur de la problématique, mais les résultats demeurent contestés. L’étude de Greenfield est la plus laborieuse jusqu’à présent, puisqu’elle a été menée auprès de 17 000 internautes. À la suite d’un sondage réalisé en ligne, 6 % des sujets se sont déclarés cyberdépendants. Jusqu’à présent, cette prévalence est la plus fiable et l’une des plus utilisées par la communauté scientifique. À titre indicatif, « au Canada, 90 % des 18-24 ans passent en moyenne 17.6 heures par semaine en ligne » (7). Qu’est-ce que la cyberdépendance ? 2 Selon une enquête réalisée par NETendances, en décembre 2004, parmi les Québécois d’âge adulte, 60 % font usage du Web de façon hebdomadaire (Jacob et al., 2005) (5) Que fait-on sur Internet ? Internet transcende le 21e siècle et offre une multitude de possibilités. Les gens qui le consultent poursuivent des objectifs différents. Le type d’usage varie donc en fonction des besoins de chacun. Dans un premier temps, les cyber-relations sont des facteurs d’utilisation extrêmement fréquents puisqu’elles suscitent beaucoup d’intérêt. De prime abord, l’anonymat offre la chance de s’exprimer sans craindre les réactions et le jugement de l’interlocuteur. De plus, le fait de ne pas être présent physiquement entraîne une diminution des inhibitions et facilite la divulgation des émotions et des pensées (10). La communication devient donc moins menaçante, un sentiment de confort s’installe, ce qui favorise le développement de l’intimité et le dévoilement de confidences. Des sujets prohibés peuvent alors être abordés puisque les restrictions des conventions sociales sont écartées. La dynamique des cyber-relations se distingue des interactions de la vie courante et peut paraître plus attrayante (9). Il n’est pas rare que l’interlocuteur virtuel soit idéalisé, ayant pour effet d’amplifier la perception du potentiel séducteur. Par ailleurs, l’absence physique de l’autre engendre l’augmentation de l’aisance pour aborder le sujet de la sexualité. Effectivement, la sexualité suscite la curiosité et l’intérêt des gens. Pour illustrer l’ampleur de ce phénomène, « une étude exploratoire sur les requêtes effectuées dans des moteurs de recherche révèle que déjà, en octobre 1996, environ 60 % des 50 mots les plus fréquemment utilisés dans le moteur de recherche Yahoo étaient des mots à caractère sexuel » (5). Ainsi, l’utilisation du Web à des fins sexuelles est prédominante, notamment parce que les normes sociales ne tiennent plus. Chacun peut surfer où bon lui semble, dans le confort de son salon et dans l’anonymat (8). Les possibilités offertes par Internet étant constamment repoussées, le potentiel créatif est infini, de même que les options de diffusion. Les amateurs de jeux d’action et d’aventures en sont donc satisfaits. Il faut également se rappeler que les joueurs peuvent communiquer entre eux, ce qui ajoute un élément d’interactivité sociale. Le type de jeux choisis par une personne correspond au type de besoins qu’elle désire combler (13). Une étude scientifique réalisée par Everquest stipule que la moyenne d’âge des utilisateurs de jeux en ligne est de 28 ans et que 34 % d’entre eux ont complété un diplôme universitaire. Cette population d’internautes passe en moyenne 25 heures par semaine pour les adultes et 50 heures par semaine pour les adolescents, notamment parce que ces derniers ont plus de temps pour surfer sur le web (2). 19 Qu’est-ce que la cyberdépendance ? 3 L’accessibilité d’Internet permet également aux adeptes des jeux de hasard et d’argent de s’adonner à leur passe-temps préféré à même leur domicile, sans avoir besoin de se déplacer. L’un des usages d’Internet le plus fréquent est évidemment la recherche d’informations. Il va sans dire que l’abondance des sujets disponibles grâce à quelques clics de souris facilite l’acquisition de connaissances. D’ailleurs, beaucoup de gens s’y réfèrent religieusement. Ces informations sont-elles crédibles et véridiques ? Notre jugement critique devient alors notre meilleur atout pour analyser les renseignements qui nous sont offerts. Qui est à risque ? Certains facteurs prédisposent les individus à devenir cyberdépendants. Il faut comprendre que ce n’est pas systématique, mais plutôt que certaines personnes seraient plus vulnérables par rapport à cette problématique. Dans un premier temps, l’isolement social est un aspect souvent mentionné dans la littérature. La timidité ou un style de vie marginal sont également en cause, puisqu‘Internet offre une panoplie de regroupements auxquels une personne peut s’identifier. Le développement d’un sentiment d’appartenance à un réseau ou à une communauté peut engendrer une augmentation des heures d’utilisation d’Internet (5). Donc, la recherche d’identification et d’estime de soi représente d’autres motifs pour trouver refuge dans le cyberespace. Par l’entremise des cyber-relations, la recherche de la gratification, de la reconnaissance et du dévoilement de soi renforce l’utilisation du Web, puisque l’internaute en obtient un bénéfice (5-10). Le besoin d’approbation sousjacent exerce une influence considérable, car l’utilisateur en retire une valorisation. Une personne vivant des difficultés d’affirmation de soi peut s’exprimer plus aisément sur Internet. L’absence physique de l’interlocuteur évite la communication non verbale, telle que le contact visuel. La personne se sent 20 moins intimidée et plus à l’aise d’extérioriser ses pensées (11). La vulnérabilité au rejet ainsi que le manque de support social sont également des facteurs qui prédisposent à la cyberdépendance (5-7). Sachant qu’Internet permet de garder une distance physique, les personnes atteintes d’un trouble de l’intimité peuvent esquiver les relations émotionnelles (6). L’usage du Web peut être utilisé comme une fuite, un évitement ou un soulagement à l’égard des difficultés de la vie quotidienne (8). La présence d’une psychopathologie, telle que l’anxiété sociale (3), l’agoraphobie ou la phobie sociale (12), est un facteur qui peut susciter le développement de la cyberdépendance. En utilisant Internet, certaines personnes n’ont plus besoin d’aller à l’extérieur pour communiquer, il n’est plus nécessaire d’affronter des gens. Une personne aux prises avec une personnalité paranoïaque peut utiliser Internet pour projeter ses délires de persécution et de violence (6). L’utilisation des réseaux sociaux peut alimenter un individu touché par le trouble de personnalité narcissique, car les manifestations peuvent s’amplifier par l’autopromotion et l’augmentation du nombre d’amis virtuels (1). Qu’est-ce que la cyberdépendance ? 4 D’autre part, puisque les liens sont limités, il est possible que l’utilisation du Web soit suffisante pour répondre aux besoins de socialisation d’une personne atteinte de schizophrénie et, par le fait même, prolonger l’isolement social (10). Au niveau de la dépression, les études sont mitigées. Pour certains, Internet peut être vu comme une opportunité pour s’ouvrir et pour se confier, donc un moyen d’expression qui permet de rompre l’isolement (13). D’un autre côté, l’usage d’Internet peut augmenter la dépression si cela engendre l’isolement social (11). Quels sont les risques ? De prime abord, il faut savoir que les répercussions de la cyberdépendance varient en fonction de l’intensité et de la gravité de ses manifestations dans la vie d’une personne. Il faut donc relativiser l’utilisation qui en est faite, car le contrôle de la durée et de la fréquence peut donner un indice de ce qui est normal ou non. Quant à la recherche d’informations, une problématique émerge, soit l’infobésité. Plus spécifiquement, « l’infobésité fait référence à l’incapacité à retirer les connaissances et les informations pertinentes d’une grande masse de renseignements (Nelson 1997). En effet, l’infobésité peut survenir lorsqu’une personne n’arrive pas à comprendre l’information disponible, qu’elle se sent submergée par la quantité d’informations à comprendre… » (4). Dans l’éventualité où une personne vit de la cyberdépendance, il peut aussi arriver que ses relations affectives et sociales soient perturbées (9). L’isolement peut être une cause, mais aussi une conséquence de l’abus d’utilisation du Web, ce qui peut générer de l’anxiété. En entretenant plusieurs relations superficielles sur le Web, l’engagement et l’intimité dans les interactions sociales réelles s’amoindrissent (13). Ainsi, cela peut se juxtaposer à une diminution des capacités d’adaptation et des habiletés sociales. Lorsqu’on parle de dépendance, il est possible de constater des répercussions dans diverses sphères de la vie, par exemple, le fait de négliger ses obligations. Puisque l’individu consacre une grande partie de son temps sur Internet, l’absentéisme scolaire ou professionnel devient envisageable, pouvant même conduire à la perte de l’emploi ou mettre en péril les études. Le manque de sommeil, de même qu’une perte de motivation sont des symptômes de la cyberdépendance, s’apparentant à ceux de la dépression et de la schizophrénie (11). Par ailleurs, l’anédonie, soit l’insensibilité au plaisir, compte parmi les conséquences possibles, qui sont aussi reliées aux deux maladies précédemment mentionnées. Quoi faire ? Malgré la reconnaissance de la problématique de la cyberdépendance par le ministère de la Santé et des Services Sociaux du Québec en 2004 (7), l’accessibilité à des services spécifiques pour traiter la cyberdépendance est rare. Actuellement, le Centre Dollard-Cormier reçoit les personnes aux prises avec la cyberdépendance. Ils abordent, entre autres, la gestion du temps, les sources d’insatisfaction, la diminution de l’anxiété et le développement de réseaux sociaux (2). Ce centre de réhabilitation travaille à la conception d’un programme spécifique pour le traitement de la cyberdépendance. Une recherche scientifique est présentement en cours afin d’obtenir des appuis théoriques solides qui répondront aux besoins des Québécois, en collaboration avec le centre le Maillon de Laval et d’autres centres de réhabilitation sur le territoire québécois. De plus, il est possible de consulter en psychothérapie, car certains professionnels se sont spécialisés dans le traitement de cette dépendance. Par ailleurs, il est possible de procéder à une désensibilisation progressive, donc 21 Qu’est-ce que la cyberdépendance ? 5 de faire un sevrage, et ce dans la même optique qu’une dépendance aux psychotropes. L’auto-observation à l’aide d’une banque d’heures prédéterminées par semaine peut aider la personne à prendre conscience de la fréquence et la durée de son utilisation d’Internet. Au départ, Internet a été un outil exceptionnel de recherche et d’avancement pour la société. En considérant que nous avons maintenant la possibilité d’avoir Internet à tout moment, avec les nouveaux téléphones intelligents, sommes-nous en mesure d’en dire autant ? Bibliographie 1. CHREVIER N. et M. SERGERIE. « Le phénomène Facebook : Comprendre l’impact du Web 2.0 dans la vie des clients », Psychologie Québec, vol. 26, n° 2 (2009), p.23-25. 2. DUFOUR M., et M. PARENT. « La dépendance à Internet : Problématique virtuelle ou réelle ? », Echotoxico (janvier 2009), p. 6-7. 3. HARDIE E. et M. YI TEE. « Excessive Internet Use : The Role of Personality, Loneliness and Social Support Networks in Internet Addiction », Australian Journal of Emerging technologies and Society, vol. 5, n° 1 (2007), p. 34-47. 4. LAJOIE J., et M. SERGERIE. « Internet : usage problématique et usage approprié », Revue québécoise de psychologie, vol. 28 (2007), p.149-159. 5. SERGERIE, M. Usage problématique d’Internet, Thèse de maîtrise, Université du Québec à Montréal (2005), 63p. 6. SEYS B. « Place et rôle des usages des jeux vidéo et d'Internet dans la souffrance psychologique », Les Cahiers du numérique, vol. 4, n° 2 (2003), p. 117-134. Adresse URL : www.cairn.info/revue-les-cahiers-du-numerique2003-2-page-117.htm. 7. VAUGEOIS, P. « La cyberdépendance : fondements et perspectives », Centre québécois de lutte aux dépendances (2006), 40 p. 8. YOUNG K., et al. « Cyber-Disorders: The Mental Health Concern for the New Millenium », CybersPsychology & Behavior, 3(5) (2000), p. 475-479. 9. YOUNG K. « Internet Addiction, A New Clinical Phenomenon and Its Consequences», American Behavioral Scientist, vol. 48, n° 4 (2004), p. 402-415. 10. YOUNG K., et R.RODGERS. Internet Addiction : Personality Traits Associated with Its Development, Annual meeting of the Eastern Psychological Association, University of Pittsburg, 22 Bradford (1998), p. 1-6. 11. YOUNG K., et R. RODGERS. « The Relationship Between Depression and Internet Addiction », CyberPsychology & Behavior, 1 (1) (1998), p. 25-28. Livres 12. JEAN N. Guérir de soi, Édition Dauphin blanc, 2009. 13. MINOTTE P. Cyberdépendance et autres croquemitaines, Édition Faber, 2010, Belgique, 65 p. Besoin de parler après les heures d’ouverture de l’ALPABEM ? Appelez au Centre d’Écoute de Laval !!! 450-664-2787 Besoin de parler? Besoin de vous confier à une personne qui vous écoutera sans préjugés et sans attentes? Besoin d’une oreille empathique et d’un accueil chaleureux? Appelez au Centre d’Ecoute de Laval, nous sommes là pour vous. Lundi au Vendredi de 17h à 21h Samedi de 9h à 17h Téléphone : 450-664-2787 L’intervention familiale 1 Par Stéphanie Avoine, stagiaire L’entretien familial est une occasion de permettre à tous de s’exprimer entre eux. Cette discussion permet de clarifier certains problèmes et d’élucider des non-dits entre les proches. Les membres de la famille peuvent mettre cartes sur table et tous ont le droit de parole. Ces rencontres peuvent également favoriser la croissance personnelle et apaiser les tensions dans la famille. L’entretien familial aide à comprendre le fonctionnement de la famille et prendre conscience de la souplesse existante à la maison. Il peut également être une occasion d’explorer les difficultés que rencontre chaque membre de la famille. Cette exploration peut avoir un effet préventif sur d’éventuels conflits. En intervention, la présence de tous les membres de la famille évite que l’on mette la faute sur une seule personne et, par le fait même, favorise la collaboration lorsqu’il y a des conflits à résoudre. Bref, l’intervenant est au préalable un intermédiaire qui encourage la communication entre les membres de la famille, ce qui favorise ensuite l’entraide mutuelle. Cette entraide encourage la famille à se responsabiliser. En trouvant elle-même les moyens pour réduire les symptômes du problème,la famille se mobilisera pour trouver les ressources nécessaires qui lui conviennent pour l’accompagner dans ses démarches. Déroulement Le déroulement de l’entretien commence par l’accueil. Comme il en a été fait mention plus haut, il est important de créer un lien de confiance avant de commencer l’intervention avec la famille. L’accueil consiste à expliquer à la famille le déroulement des rencontres et le but visé par l’intervenant. Il est normal au début d’avoir certaines craintes et d’appréhender ce qui se passera au cours de ces rencontres, c’est pourquoi il peut être rassurant de connaître ces détails à l’avance.. En effet, l’intervention ne commence pas nécessairement lors de la première visite de l’intervenant, car celui-ci doit d’abord s’adapter à la famille et attendre que le stress diminue avant de commencer une intervention. Une bonne façon positive de débuter consiste à demander à chacun ce qu’il apprécie dans la famille. Ensuite, l’intervenant peut observer comment les membres de la famille interagissent entre eux. Il pourra observer s’il existe des tensions entre certaines personnes et tenter de les atténuer. Bien sûr, si un conflit existe au sein de la famille, il peut être difficile pour l’intervenant de le résoudre. Pour faciliter son observation, l’intervenant peut proposer une activité collective et ainsi assister aux échanges entre eux. En fait, il, est bien important pour l’intervenant de mettre à profit tous les membres de la famille et de les observer dans leur milieu de vie. Par la suite, l’intervenant peut recueillir les perceptions de chacun lors de leurs échanges. Enfin, l’intervenant peut commencer à explorer les émotions vécues par chaque membre de la famille. Cette étape n’est pas à négliger, car cela donne une bonne idée de la perception de chacun sur le fonctionnement de la famille. Explorer les émotions permet de savoir si chaque personne a un sentiment de bien-être dans ses relations avec les autres membres de la famille. 23 L’intervention familiale 2 Rôle de l’intervenant L’intervenant a également la chance de cerner la complexité du système familial, par exemple les règles, le rôle de chacun et les contraintes existantes qui empêchent l’harmonie.. L’intervenant analyse les symptômes du ou des problèmes de l’environnement familial et guide la famille dans la résolution des problèmes. Par exemple, si l’entourage d’une personne atteinte d’un problème de santé mentale vit beaucoup de conflits et que cela entraîne énormément de tension, l’intervenant travaille sur la tension entre les membres et non sur la personne atteinte. En intervention familiale, il n’y a pas de recherche de coupable. Donc, l’intervenant ne recherche pas un membre de la famille qui serait la cause de tous les problèmes à la maison. Il perçoit plutôt la problématique comme un problème familial où chacun doit participer à la résolution du ou des problèmes. Cela signifie que tous doivent communiquer leurs perceptions, leurs émotions et être à l’écoute des autres. Il ne s’agit pas de mettre en doute les compétences de la famille. L’intervenant est conscient que ces rencontres peuvent provoquer de la culpabilité chez certains membres de la famille, c’est pourquoi il est important de créer un lien de confiance pour permettre la continuité de l’intervention. L’intervenant doit se montrer disponible et flexible, car un suivi familial est complexe et demande beaucoup d’énergie. Il doit également veiller à souligner les efforts de la famille afin d’améliorer leurs relations réciproques.. L’intervenant doit signaler à la famille les outils et ressources qu’elle possède déjà, car celle-ci devra se mobiliser pour régler ses conflits malgré l’absence de l’intervenant. Il peut être utile d’effectuer un retour dans le passé afin de savoir comment se sont réglés les anciens conflits. Cela peut aider la famille à trouver des moyens pour prévenir d’éventuelles sources de problèmes. Il peut être également intéressant de discuter des 24 attentes et des besoins de tous. L’intervenant doit être empathique avec chaque membre de la famille et ne doit pas avoir de parti pris. Il peut arriver qu’au départ une famille soit divisée par des coalitions entre ses membres.. L’intervenant doit être impartial et rappeler aux membres de la famille que leur but commun doit être d’avoir une meilleure relation. Enfin, l’intervenant a un rôle de mobilisateur, il rappelle les forces de chacun et leur donne espoir afin de s’assurer de la continuité de leurs démarches. Situation de crise L’entretien familial peut être particulièrement bénéfique en contexte de crise. Il n’est toutefois pas nécessaire que la famille soit aux prises avec des problèmes pour faire appel à un intervenant. Même si les membres de la famille ne perçoivent pas de difficultés relationnelles entre eux, la présence d’un intervenant peut avoir un effet préventif et favoriser un échange sur la procédure à suivre en cas de conflit. Si la famille est déjà en crise, il n’est pas trop tard pour agir. La crise est un déséquilibre psychologique qui peut être vécu pendant une courte période. Celleci précédée d’une « pré-crise » et suivie d’une « après-crise ». Bien que la crise elle-même soit de courte durée, la pré-crise peut durer bien plus longtemps. La fatigue psychologique empêche la crise de s’étendre sur une longue période. Le corps humain doit prendre une période de repos et la personne va également trouver les moyens de réorganiser sa vie. La crise est souvent causée par un sentiment de perte de contrôle face à un problème qui entraîne énormément de stress. Une personne qui vit une crise isolée peut être très vulnérable et l’implication de son entourage peut faire une grande différence en ce qui concerne son rétablissement. La crise est un synonyme de danger, mais également une occasion d’actualisation de soi. Le fait de surmonter la crise peut être valorisant pour la personne atteinte et celle-ci L’intervention familiale 3 peut alors développer des mécanismes afin d’éviter que la situation ne se reproduise. L’intervention familiale en situation de crise commence souvent par une rencontre individuelle avec la personne concernée. Bien sûr, cette personne doit donner son accord pour que la famille participe à la résolution du problème.. Si le patient donne son accord, une rencontre est organisée avec toute la famille.. Au fil du temps,, il se peut que certaines rencontres impliquent seulement quelques membres de la famille qui sont davantage en interaction avec la personne en crise. Ces personnes auront alors plus d’impact sur le rétablissement de la personne sans pour autant exclure les autres membres de la famille qui désirent s’impliquer. Lors des interventions familiales, l’intervenant aide les membres de la famille à expliquer les sentiments enfouis qui peuvent causer des situations conflictuelles. Cette interaction est bénéfique afin de clarifier des situations passées qui pourraient avoir un impact sur la crise actuelle. L’intervenant peut alors, s’il y a lieu, questionner la famille sur ses mécanismes de résolution de crises antérieures. Il y a plusieurs avantages à intégrer la famille en période de crise. En outre, cette occasion peut souder la famille et la personne atteinte et créer de nouveaux liens. L’implication de la famille peut être rassurante pour toutes les parties, puisque celle-ci devient plus apte à intervenir si la situation se reproduit. Le soutien de l’intervenant peut alors favoriser la consolidation du réseau d’entraide autour de la famille. L’intervention en situation de crise peut être le moment idéal pour partager les émotions de chacun et s’ouvrir aux autres. Le sentiment d’urgence ressenti lors d’une crise augmente la motivation de la famille.. Cette motivation se traduit par une forte cohésion de la famille et un désir de changer. C’est à ce moment que l’intervenant invite la famille à agir afin d’aider la personne en crise à retrouver son équilibre. Intervention en contexte d’autorité Il se peut qu’une famille soit accompagnée par un intervenant dans un contexte d’autorité. Pour commencer, il y a trois types de contexte d’autorité. Le premier est l’autorité sociale où l’intervenant tente de persuader la famille de modifier un comportement, une croyance ou une situation. Cette forme d’autorité varie selon la personne. Certaines caractéristiques seront prises en compte comme l’âge, le statut social, la religion, etc. Par exemple, l’intervention doit se faire avec discernement lorsqu’il s’agit d’une famille immigrante qui ne possède aucune connaissance sur le sujet de la santé mentale. L’intervenant présente d’abord les ressources disponibles pour soutenir les proches et la personne atteinte. Au contraire,, l’intervention peut s’effectuer plus rapidement avec des gens qui ont de l’expérience en tant qu’éducateurs spécialisés ou dans un autre domaine social. Bien que l’autorité s’exerce en tenant compte des particularités de chaque personne, ce premier type de contexte aura pour but légitime de persuader la famille d’effectuer le changement approprié. Le second type d’autorité est celui qui s’exerce sous mandat. L’intervenant a alors un pouvoir de décision selon le mandat de son organisation affiliée. Il effec- 25 L’intervention familiale 4 tue une évaluation de la personne atteinte et de son environnement. Par exemple, les intervenants sociaux des CSSS qui offrent des suivis à domicile sont des intervenants mandatés. Ils ont un mandat bien précis à accomplir, c’est-à-dire voir au bon déroulement des démarches de la famille avec la personne atteinte. Le troisième et dernier type d’autorité s’exerce sous mandat avec pouvoir de contrainte. . En plus des deux types d’autorité précédents, ces personnes agissent dans le cadre d’une loi. Par exemple, si vous devez recourir à des intervenants sous le couvert de la loi de la protection de la personne en danger pour elle-même ou pour autrui (P-38), le policier qui intervient est mandaté et a le pouvoir de contraindre la personne à le suivre à l’hôpital. Cette autorité ne s’exerce pas dans le but de nuire à la famille, mais plutôt pour obtenir une collaboration entre l’intervenant, la famille et la personne atteinte. L’autorité s’exerce selon quatre méthodes : la persuasion, la confrontation, la méthode orientée vers l’obéissance et la coercition. Il y a bien des manières de persuader une personne, mais ce qui importe c’est de ne pas laisser à la personne le choix entre l’action et l’inaction afin d’éviter qu’elle ne se rétracte. Afin de persuader la personne, il peut être bénéfique de lui expliquer le problème et de mettre en lumière le but commun de la famille et de l’intervenant. En outre, l’intervenant doit ajuster ses attentes et viser un changement progressif afin qu’il soit durable. Mettre en lumière les bons coups de la famille permet d’entretenir un climat satisfaisant. Certaines personnes perçoivent la confrontation comme un manque de respect. Cependant, il existe plusieurs formes de confrontation et celle-ci peut être bénéfique et entraîner un changement de comportement ou de perception. La confrontation consiste à signaler une contradiction entre les valeurs, les croyances, les désirs, les comportements, etc. Il est important pour 26 l’intervenant de bien expliquer son observation à l’aide d’exemples afin que la personne ne perçoive pas cette confrontation comme un jugement. Il se peut que la famille ait de la difficulté à accepter les propos de l’intervenant, mais cela peut avoir pour effet d’alimenter la motivation de la famille. Ensuite, la méthode orientée vers l’obéissance précède la contrainte. L’intervenant est alors de plus en plus autoritaire et tente de diriger la famille vers un cadre précis. La coercition est synonyme de contrainte et à ce moment-ci l’intervenant n’est plus qu’une figure d’autorité. Donc, la personne concernée dans l’intervention aura moins de possibilités d’action et il lui sera imposé une façon d’agir. Il est toutefois préférable de communiquer avec la famille et la personne atteinte avant d’en venir à la contrainte afin de préserver autant que possible un lien de confiance. En plus de vouloir maintenir l’harmonie entre la personne atteinte et son entourage, l’intervenant tente également de sensibiliser la communauté à cette problématique. Il accorde une grande importance à l’alliance thérapeutique, c’est-à-dire, qu’il tente de réactiver les liens entre la personne atteinte, sa famille et lui-même. En effet, l’intervention prend en considération le besoin manifesté par la personne atteinte et sa famille. . L’intervention peut s’effectuer avec des familles qui ne désirent pas coopérer, mais le plus souvent la famille collabore, puisque tous désirent l’harmonie entre chaque membre de la famille incluant la personne atteinte. Cette personne pourra sembler être davantage supportée par l’intervenant, mais c’est tout simplement qu’elle est plus vulnérable. Si la famille sent le besoin d’être accompagnée, il existe aussi des associations de familles qui offrent également du soutien et de l’accompagnement aux proches. Étude comparative de l’accompagnement des familles québécoises et françaises 1 Par Benjamin Gaubert, stagiaire La santé mentale rappel historique : Au Québec le champ de la santé mentale a connu au cours des dernières décennies de nombreuses évolutions et transformations structurelles qui ont façonné sa conception et ses pratiques. La notion de santé mentale est à la fois complexe et évolutive. L’année 1952 marque un tournant dans l’accompagnement des malades alors que l’invention des neuroleptiques entraîne des évolutions dans la prise en charge des malades. Jusqu’en 1960, celle-ci est réservée aux institutions religieuses, les asiles n’étant que des lieux de gardiennage. Le rapport Bédard permet alors de transformer les hôpitaux en lieux de soin. Durant les années 70, l’évolution de la médication, le travail de concert des acteurs du milieu et l’évolution des représentations de la population laissent place au phénomène de désinstitutionnalisation. Quant aux années 80, elles sont caractérisées par l’adoption, en 1989, de la Politique de santé mentale (Gouv. du Québec, MSSS, 1989). Résultat d’un long cheminement entrepris en 1971 par le Comité de santé mentale du Québec, cette politique gouvernementale originale campe les orientations du Québec. Elle place la personne et ses proches au centre des services dispensés dans le milieu de vie. Cependant, la politique de santé mentale, innovatrice dans ses proclamations, est freinée dans ses actions, car les ressources matérielles, humaines et financières demeurent attachées à la centralité institutionnelle. Cette politique favorise néanmoins les revendications concernant les droits des usagers ainsi que l’engagement des proches et des familles. Qu’en est-il aujourd’hui ? Toutes les enquêtes épidémiologiques menées au Québec, au Canada et ailleurs dans le monde confirment l’accroissement des problèmes de santé mentale. Le rapport « La santé mentale dans le monde : problèmes et priorités des pays à faibles revenus, 1995 », présenté par la Faculté de médecine de l’Université Harvard, affirme qu’à eux seuls, les pro- blèmes de santé mentale constituent 8,1 % de la charge de morbidité globale (CMG), une mesure de l’ensemble des pertes attribuables à la maladie. Les grandes enquêtes épidémiologiques les plus récentes en Amérique du Nord indiquent que l’on peut diagnostiquer un problème de santé mentale chez 20 % de la population. L’ampleur du phénomène est inquiétante. Quelle est la place pour les familles ? Entre les années soixante et aujourd’hui les institutions psychiatriques au Québec ont diminué de prêt de 70 % leur capacité d’accueil. Ce phénomène n’est pas causé par une diminution du nombre de malades, mais plutôt par le fait que leur retour dans leur milieu familial est rendu possible notamment par l’avènement des neuroleptiques. C’est dans ce contexte et face à ces orientations que les familles ont décidé de se réunir afin de répondre collectivement aux nombreuses questions apparaissant au quotidien avec leurs proches, mais aussi dans le but de lutter contre la solitude qui les envahissait. Des associations telles que l’ALPABEM se sont alors créé pour apporter aide et soutien, information et formation aux familles et aux proches de la région de Laval. Au Québec, près de quarante associations venant en aide à des milliers de familles sont aujourd’hui réparties sur le territoire. Fortes de leur ancienneté et bénéficiant des efforts consentis par les équipes de travail, ces associations 27 Étude comparative de l’accompagnement des familles québécoises et françaises 2 occupent à ce jour une place importante dans le réseau local de la santé, dans le réseau communautaire et sur l’échiquier politique de la région de Laval. En effet, profitant des nouvelles orientations de la politique de santé mentale développée sur les régions par les ASSS, les organismes communautaires s’inscrivent dans le débat politique dans le but de développer le réflexe chez le législateur de prendre en compte les familles lors de la prise de décision. Ils s’inscrivent aussi dans une volonté affichée et intersectorielle de développer les réseaux locaux de santé, en augmentant la complémentarité et la fluidité entre les services par le développement de partenariats. Et en France ? Lointain cousin du Québec, malgré l’histoire commune qui les lie, l’accompagnement des familles de personnes atteintes de trouble de santé mentale en France ne bénéficie pas des mêmes avantages et outils qu’au Québec. Après la révolution de 1789, « les fous » sortent des prisons pour aller dans les asiles d'aliénés. Le rôle du personnel se réduit cependant trop souvent à celui des gardiens. Le souhait des aliénistes, de l'époque est de faire de ces maisons d'aliénés un lieu de guérison. Ayant précédemment exercé à l'asile de Bicêtre, Philippe Pinel, nommé médecin-chef de la Salpêtrière en 1795 et Jean-Baptiste Pussin, son surveillant, décident de retirer leurs chaînes aux « fous » après avoir constaté que certains le sont par période et d'autres continuellement. Ils entreprennent de classer les maladies mentales en catégories selon leurs signes cliniques, leur continuité ou discontinuité, les crises de folie, etc. La psychiatrie est née. L’année 1960 marque un tournant en France alors qu’une circulaire ministérielle crée la psychiatrie de secteur sous l’impulsion des médecins désaliènistes. Les malades sont alors de plus en plus maintenus dans la communauté ce qui amène l’augmentation des équipes de soignants. Parallèlement, la loi de 1838 cède alors la place à celle du 27 juin 1990 en mettant 28 l'accent sur le soin et le renforcement des droits du malade. Elle conserve toutefois les deux modes d'hospitalisation sans consentement. Le placement d'office est alors remplacé par l'hospitalisation d'office et le placement volontaire cède sa place à l'hospitalisation à la demande d'un tiers. Les patients ayant donné leur consentement sont en hospitalisation libre. Toutefois, il faut garder à l’esprit que la psychiatrie est toujours en évolution et doit faire face aux nouveaux maux de la société actuelle ceci entraînant des réformes, comme le plan santé mentale 2005/2008. Aujourd’hui, le projet de partenariat entre professionnels, parents et patients est soutenu par une forte part de la profession soignante. Il reste cependant des étapes à franchir qui conduiront de la conception à la réalisation du projet. Cependant, le débat est ouvert, familles et patients ont montré leur capacité à se faire entendre et à faire pression sur les élus. Des pactes collaboratifs ont été¨é mis en place avec la collaboration de la FNAPSY et de l’UNAFAM. Qu’en est-il des familles ? Une rencontre avec une responsable de l’antenne 12 de l’UNAFAM nous éclaire à ce niveau, voici des extraits de cet entretien. « L’UNAFAM (Union Nationale des Amis et Familles de Malades Psychiques) est un organisme reconnu d’utilité publique. Depuis 1968, il vient en aide aux familles de personnes atteintes de trouble de santé mentale. Son action est encadrée par ses missions qui sont : • S’entraider et se former ; • Agir ensemble dans l’intérêt général. L’entraide et la formation par : • L’accueil dans les permanences ; • L’information des familles. L’action dans l’intérêt général par : • L’orientation vers des lieux de soins ou d’insertion ; Étude comparative de l’accompagnement des familles québécoises et françaises 3 • La représentation des usagers ; • La participation auprès des instances consultatives chargées de définir la politique de santé mentale ; • La promotion et le soutien de la création de structures d’accompagnement ; • La promotion de la recherche.» L’UNAFAM est donc un organisme dont l’action se situe à différents niveaux. Des entretiens ou des groupes de paroles sont mis en place pour l’accompagnement des familles. Il agit aussi sur un plan intersectoriel dans le lien qu’il tente de faire avec les différents acteurs de la santé mentale. En effet, l’UNAFAM tente de mettre en place un système de référence systématique qui dirigerait vers eux les familles, tant que le milieu institutionnel ne proposera pas d’accompagnement aux familles. Enfin, ses actions ont aussi un retentissement au niveau politique, car cela il s’engage notamment au niveau de la réforme de la loi de 1990, mais aussi dans différentes instances où il représente les usagers entre autres à la MDPH, CDHP, CASA… etc. L’UNAFAM apparaît donc comme un intermédiaire privilégié entre l’institution et les familles, guidé par des revendications claires qui sont à mettre en relation avec : • La continuité des soins ; • L’hébergement ; • La protection juridique ; • L’accompagnement lors des phases d’entrée et de sortie des patients. C’est dans ce contexte et fort de ces revendications que les membres de l’UNAFAM font la proposition au gouvernement d’un plan psychique . Ce plan fait suite à l’obtention dans la loi de 2005 de la reconnaissance du handicap psychique et a pour but d’anticiper les réponses à apporter aux personnes malades, il se centre sur la personne, intègre la non-demande et valorise la place des aidants de proximité. Les propositions du plan psychique sont regroupées en quatre actions : • Faciliter l’entrée progressive dans les soins ; • Garantir une réponse adaptée lors des urgences psychiatriques ; • Assurer une formation indispensable aux aidants de proximité ; • Lutter contre l’abandon des exclus. L’UNAFAM est donc en première ligne dans le débat des aidants familiaux. Même si un chemin a été parcouru avec la reconnaissance du handicap psychique et la loi 2005, les ressources pour les familles, autres que celles apportées par l’organisme sont peu nombreuses. La comparaison avec d’autres pays tels que le Québec démontre un retard certain. Le défi passe donc par l’acceptation des orientations définies ci-dessus par le gouvernement. Enfin, que le développement relatif à l’aide apportée aux aidants familiaux soit québécois ou français, il faut souligner que le mérite revient à un petit nombre de personnes travaillant pour la communauté. Cependant, dans le contexte actuel, ce petit nombre ne suffit plus. La pérennité des organismes aidants et l’impact de leurs actions passeront par un développement des relations intersectorielles. C’est parce que chacun aura convaincre l’autre de travailler ensemble dans un intérêt commun et collectif que ces initiatives obtiendront l’ampleur que prennent celles mises en place aujourd’hui au Québec. Développer les actions en partenariat et en réseau permettra aux organismes d’obtenir une reconnaissance et une légitimité au-delà des frontières de leur secteur d’activité. L’accès à une population plus large sera envisageable, et les impacts recherchés en découleront, parce que, comme le disait L. Fèvre, « Il n’y a pas d’autonomie dans l’isolement total. » 29 Pourquoi la fleur de narcisse pousse-t-il près d’une étendue d’eau ? 1 Par [email protected] Le trouble de personnalité narcissique est un trouble qui peut laisser paraître un certain bien-être chez la personne qui le vit. Par contre, plusieurs aspects sous-jacents sont présents et non négligeables. Malgré les apparences, cette personne souffre beaucoup. Présentement, le trouble de personnalité narcissique se range parmi les dix troubles de personnalité diagnostiqués selon le DSM IV. L’origine du nom « narcissique » est attribuée à une légende. Dans la mythologie grecque, Narcisse était le fils d’un dieu et d’une nymphe. La beauté exceptionnelle de Narcisse, ainsi que sa vanité, le rendait célèbre : il ne s’intéressait qu’à lui-même et repoussait avec mépris les avances des jeunes filles. Écho était une nymphe qui ne pouvait plus se servir de sa voix, sauf pour répéter les derniers mots qu’elle entendait. C’était une punition que lui avait infligée la déesse Héra, épouse de Zeus, pour avoir tenté de la distraire en bavardant pendant que Zeus entretenait des liaisons avec d’autres nymphes. Un jour, Écho fit la rencontre de Narcisse et tomba amoureuse de lui. Mais sans hésitation, celui-ci la rejeta. Le cœur brisé, elle se laissa dépérir, jusqu’à ce qu’il ne reste d’elle que sa voix. Les autres nymphes se plaignirent auprès de Némésis, la déesse grecque de la Vengeance. Lors d’une chasse en forêt, Némésis poussa Narcisse à aller se désaltérer dans une source d’eau. Il vit son reflet et tomba amoureux de lui-même. Il resta de longs jours près de la source à se contempler et finit par dépérir. À l’endroit où il mourut, poussa une fleur blanche, le « narcisse ». Cette légende a donné le mot « narcissique » (quelqu’un qui s’aime lui-même). C’est ce qui explique que le narcisse pousse près de l’eau. Les narcissiques sont des personnes qui se considèrent comme des personnes très importantes, grandioses et qui entretiennent de grands rêves. Ils se croient différents des autres, parfaits et tout-puis- 30 sants. Leurs amis, les personnes qu’ils côtoient doivent également être des personnes exceptionnelles, du moins à leurs yeux. Ils ne prêtent guère d’importance aux droits d’autrui ainsi qu’à certaines normes sociales et valeurs morales. De plus, il leur arrive souvent de penser que les autres veulent les provoquer ou les contrarier. Contrairement à ce qu’ils peuvent laisser paraître, ils ont souvent des pensées négatives envers eux-mêmes, par exemple, ils croient n’être bons en rien et n’avoir aucune valeur. Les personnes ayant un trouble narcissique se sentent toutes-puissantes et invulnérables vis-à-vis du monde extérieur. Par contre, leur manque d’estime de soi les amène à se sentir enragées, vexées lorsqu’elles échouent. Elles ont peur de perdre la Pourquoi la fleur de narcisse pousse-t-il près d’une étendue d’eau ? 2 face et cela peut les hanter constamment, ce qui les pousse souvent à avoir ces comportements narcissiques. Lorsqu’elles sont critiquées par les autres, elles ont honte et se sentent humiliées. Elles doutent d’elles-mêmes, mais n’aiment vraiment pas ressentir ce sentiment. Elles préfèrent ressentir un sentiment de puissance et d’assurance. Par conséquent, elles envient souvent ceux qu’elles estiment ou surestiment. Pour illustrer davantage la situation, on peut imaginer une personne arrogante, qui veut toujours avoir gain de cause, qui est intolérante aux critiques, qui semble s’autosuffire, qui a de grands projets pour elle-même et qui les fait valoir, qui se met en vedette en étant souvent compétitive et ambitieuse, qui recherche les traitements de faveur et qui exagère ses réussites et ses performances. De plus, du côté social, cette personne utilise les autres pour satisfaire ses propres besoins et les contrôler. Elle refuse l’aide des autres et leur fait sentir qu’elle n’a pas besoin d’eux. Elle accorde de l’importance seulement aux gens qu’elle l’admire. Dans le cas contraire, elle pourrait se replier sur soi ou couper le contact. Son comportement risque de devenir hautain et dénigrant. On peut remarquer dans plusieurs cas, que côté amour et sexualité elle a un comportement pathologique à cause d’un manque d’engagement à l’égard autrui. Finalement, lorsque son estime de soi est menacée, elle peut avoir des réactions agressives intenses. Il est important de savoir que l’on ne naît pas avec le trouble narcissique, mais on le développe. Plusieurs causes ont été avancées sur l’origine de ce trouble. Il se pourrait qu’il provienne d’un échec profond et précoce dans le développement de l’enfant à intégrer et imiter les comportements empathiques des parents. Il est aussi possible que cela provienne tout simplement de l’incapacité pour l’enfant ou ses parents d’avoir un comportement empa- thique vis-à-vis d’autres personnes. Également, l’origine de ce trouble peut être lié à une structure défensive de l’enfant en réaction à des abus ou des traumatismes. Finalement, ce problème peut venir d’un dysfonctionnement vécu dans l’enfance, soit à cause d’un coucounage excessif ou à cause de très fortes attentes des parents envers l’enfant. Il arrive dans certains cas que des parents, étant euxmêmes narcissiques, projettent leurs propres attentes sur leur enfant, ce qui laisse à celui-ci très peu de marge de manœuvre. La deuxième possibilité est complètement à l’opposé de la première et s’oriente davantage vers les abus, la négligence des parents ou des personnes proches de lui, comme les camarades de l’école. Cela peut se traduire par des critiques sévères, du rejet, de l’exclusion. C’est alors que le narcissisme se développe en guise de protection. Plusieurs hypothèses sont ainsi avancées, mais il n’existe aucune certitude pour le moment. Vivre avec une personne présentant ce trouble est possible. Par contre, il y a certaines conditions à respecter. 31 Pourquoi la fleur de narcisse pousse-t-il près d’une étendue d’eau ? 3 • Il faut d’abord bien connaître la nature vulnérable de la personne qui souffre du trouble de personnalité narcissique afin de développer une tolérance aux attitudes égocentriques qu’elle manifeste. • Tout en apprenant à tolérer ces attitudes, il faut apprendre à s’affirmer adéquatement, par exemple, ne pas la critiquer ou seulement lorsque c’est nécessaire en n’oubliant pas de lui démontrer l’effet de son comportement sur autrui (empathie). La critique doit être précise, c’est-à-dire qu’elle doit reposer sur des faits. Il est important toutefois de ne pas revenir sur des situations passées. Les critiques doivent être faites seulement lorsque c’est indispensable. • Les attitudes de la personne étant souvent très dérangeantes pour autrui, il est important de ne pas oublier de la féliciter pour ses bons coups, sans toutefois exagérer la note. Lorsque l’on perçoit de la sincérité dans ses paroles ou ses gestes, il faut lui montrer notre approbation. • Comme la personne narcissique pense qu’elle mérite plus que les autres, il est important de demeurer discrets sur nos réussites, nos avantages et nos privilèges. Sinon, elle ressentira un sentiment d’injustice et pourrait avoir des attitudes dérangeantes, ce qui risque d’avoir un impact sur notre relation. • Même si son attitude peut devenir insupportable, il faut éviter de la contredire et de s’opposer à elle, malgré notre besoin d’intervenir. Sinon, notre relation pourrait devenir intolérable. • L’empathie réelle et constante est la règle d’or pour transiger avec le narcissique dans l’intimité. Un traitement est possible pour ce trouble, mais cela s’avère plutôt difficile, car dans la plupart des cas, la personne narcissique se croit supérieure à son thé- 32 rapeute. Donc, le lien de confiance entre l’aidant et l’aidé ainsi que la crédibilité du thérapeute est remis en cause. Il peut arriver aussi que la personne qui présente ce trouble soit traitée pour dépression, car elle est vulnérable en cas d’échec et il n’est pas rare qu’elle traverse plusieurs épisodes de déprime ou de dépression durant une année. C’est donc l’une des raisons qui la pousse souvent à aller consulter. Un congédiement ou un divorce serait également une autre raison de consulter plus directement reliée au trouble narcissique. Le fait de vive une grosse perte peut favoriser la remise en question sur soi et par conséquent l’amener à consulter. Ce trouble n’est pas toujours évident à déceler pour l’entourage, car ces personnes ne laissent rien paraître. Il est important de se rappeler que les personnes qui sont atteintes par ce trouble peuvent être irritables et avoir des comportements détestables, mais qu’il peut y avoir plusieurs raisons à leur comportement comme cela a été mentionné précédemment. L’empathie sera le meilleur outil si l’on côtoie une personne atteinte. Cela signifie que l’on peut comprendre leurs comportements et leurs attitudes, mais pas nécessairement les tolérer. Il est primordial de s’informer davantage sur ce trouble afin d’intervenir de façon efficace. Cela évitera non seulement de provoquer ou de confronter la personne atteinte, mais d’être soi-même blessé ou de s’épuiser. Références bibliographiques : LELORD F., et C. André. Comment gérer les personnalités difficiles, Éditions Odile Jacob, mars 2000. www.maladiesmentales.org www.minddisorders.com www.mayoclinic.com Les petites annonces et activités de l’Alpabem Fermeture des bureaux L’ALPABEM sera fermée les vendredis 24 juin et 1er juillet pour la fête Nationale du Québec et la fête du Canada. Bon repos à tous! Horaire estival Pour la période estivale, nos bureaux fermeront dès midi les vendredis et ce du 8 juillet au 19 août inclusivement. Au besoin, vous pouvez contacter un des CSSS de Laval suivants : • • • • CSSS CSSS CSSS CSSS des Mille-Iles, 450 661-2572 du Marigot, 450 668-1803 du Ruisseau-Papineau, 450 687-5690 Sainte-Rose de Laval, 450 622-5110 En cas d’urgence, contactez la division urgence sociale : DIVISION URGENCE SOCIALE 450 662-4595 du lundi au vendredi de 8 h à 17 h 30 Après les heures d’ouverture, composez le 911. Fête des pères Dimanche le 19 juin Les membres du C. A. et les employés de l’ALPABEM profitent de l’occasion pour souhaiter une joyeuse fête des Pères à tous les papas! Merci à Diane Plouffe L’ALPABEM tient à remercier Mme Diane Plouffe, membre de l’ALPABEM, pour son implication dans la correction des textes de la revue Oxygène. 33 Les petites annonces et activités de l’Alpabem 34 Les petites annonces et activités de l’Alpabem Les quilles De retour à l’automne Les quilles feront relâche cet été et seront de retour à l’automne. Merci à tous pour votre participation ! Résultats de l’année 2010-2011 Le champion 2010-2011 est M. Daniel Major qui a terminé la saison avec 45 points sur 49. Il succède à Mme Francine Godin, championne 2009-2010. Mentions honorables à Mme Lilianne Major et à Mme Suzanne Lemerise pour leur deuxième et troisième place respectivement. Merci à tous les participants. Nous aurons quelques places de disponibles l’ an prochain PROGRAMME PIAP Programme d’Information et d’Accueil aux Proches Les vendredis 8 et 15 juillet 2011 de 9h30 à 16h30 Le programme d’accueil aux proches a été révisé et est maintenant offert aux clients de l’ALPABEM depuis février 2010. Ce programme d’une durée de 2 jours, s’adresse aux membres de l’entourage d’une personne atteinte de maladie mentale. Il a pour objectif de permettre aux membres de l’entourage de mieux reconnaître les symptômes reliés à la maladie mentale d’un proche, développer leurs sentiments de compétence et les outiller pour mieux gérer le stress causé par leur nouvelle réalité d’accompagnateur. Les dates n’étant pas encore déterminées pour la prochaine présentation du programme et les places étant limitées, nous vous invitons à communiquer avec nous afin de vous inscrire sur la liste d’attente. Pour information et inscription, communiquez au 450-688-0541 Coût : Gratuit (dépôt de 20$ requis qui sera remboursé à la fin de la formation) 35 CONSEIL D’ADMINISTRATION 2011-2012 Présidente: Francine ROBILLARD Vice-président : Daniel MAJOR Secrétaire : Dominique CLOUTIER Trésorière : Sylvie PICHÉ Administrateur : Céline PAQUIN Administratrice: Brigitte CÔTÉ L’ÉQUIPE Directeur général : Adjointe administrative : Intervenants : Conseiller clinique: Patrice MACHABÉE Sylvie ROUSSEL Jorge MONTERROSO Cynthia BERTRAND Alexandra KÖNIG Janie MORIN Yves LARDON RÉDACTEUR EN CHEF Patrice MACHABÉE ÉQUIPE DE RÉDACTION Jorge MONTERROSO Alexandra KONIG Janie MORIN Cynthia BERTRAND Francine ROBILLARD Patrice MACHABÉE Sylvie ROUSSEL Stéphanie AVOINE (Stagiaire) Benjamin GAUBERT (Stagiaire) MEMBRES HONORAIRES Suzanne Jean-Guy Pierre Arnold Pierre Suzanne Robert Gloria Flore Catherine Jean-Marc Armand Denyse Gilles Lise Fernando Georges Monique Fernande Claudette BÉCHARD BLANCHETTE CHAMBERLAND DRAPEAU (décédé) COUSINEAU, psychologue DE LA DURANTAYE GIROUARD HENRIQUEZ LAFRENIÈRE LAZURE (Décédée) LÉGARÉ LEMIEUX PAQUET PERREAULT PERREAULT SEGUEL ST-ARNAUD STEVENSON THOUIN WOLFF INFOGRAPHIE ET MISE EN PAGE Alexandre Mc Grath, Votre Média [email protected] 514.816.4101 CORRECTION Diane PLOUFFE ([email protected]) Sylvie ROUSSEL IMPRESSION ALPABEM Le journal Oxygène Volume 2, numéro 8, juin 2011 Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada ISSN 0840-5530 Rendu possible grâce à la participation financière de nos partenaires DU GRAND MONTRÉAL www.ALPABEM.qc.ca 1772 boulevard des Laurentides Vimont, Laval (Québec) H7M 2P6