Le charbon

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Le charbon
L'origine du charbon
Le charbon est une roche carbonée, formée il y a plus de 300 millions d'années, à une époque
nommée, de ce fait, carbonifère. Les nombreux fossiles trouvés dans les gisements miniers et
les schistes bordant les veines houillères permettent d'imaginer à cette époque une végétation
forestière particulièrement florissante. Les végétaux, comme les fougères arborescentes,
pouvaient atteindre 30 à 40 m de haut. Des mille-pattes de 50 cm de long et des libellules
gigantesques peuplaient les arbustes. L'abondance de la végétation, des troncs d'arbres
dépourvus de cernes et la taille géante de certains êtres vivants suggèrent un climat chaud et
humide. Nos continents n'avaient pas alors la configuration qu'ils affichent aujourd'hui :
l'Amérique du Nord ou l'Europe se situaient aux alentours de l'Equateur ; les bassins houillers
de ces continents se sont formés là au cours du temps.
Le charbon, roche d'origine organique
L'alternance de couches de grès, houille, schistes, la présence de spores d'algues... auxquels
se mêlent quelques fossiles d'animaux aquatiques et de petits crustacés, laisse penser que les
forêts étaient marécageuses ou situées en bordure de mer. Les cadavres d'animaux et les
végétaux ont été immergés et, ainsi isolés de l'air, se sont décomposés sous l'action de
bactéries anaérobies. Cet enfouissement a permis une augmentation de la pression et de la
température, accélérée par la subsidence. La matière a durci et s'est enrichie en carbone,
passant par différents états successifs de tourbe, de lignite et de houille.
Suivant les bassins, en bordure de mer ou dans des dépressions formées par le relief, différents
facteurs ont joué tels l'érosion des montagnes environnantes, le ruissellement des eaux, la
formation de lacs ou la destruction des forêts par des inondations. Des cycles ont pu se
reproduire au cours desquels les terrains se sont affaissés, ont été recouverts par des alluvions
et soumis aux mouvements de l'écorce terrestre. La reproduction de ces phénomènes au cours
du temps explique la présence, dans les mines, de plusieurs couches de charbon à des
profondeurs différentes. Selon les théories, on considère que les débris végétaux et animaux
sont soit restés sur place, soit ont été entraînés par les cours d'eau.
Le charbon : de l'énergie solaire fossilisée et non
renouvelable
Les débris végétaux constitutifs du charbon résultent d'une matière végétale constituée alors à
partir de l'énergie solaire au cours de la photosynthèse. L'énergie stockée dans le charbon,
produite lentement au cours des temps géologiques, et conservée par des processus biogéologiques, est donc une énergie fossile. Cette ressource, exploitée par l'homme, ne peut, à
l'exception de la tourbe de faible intérêt énergétique, être renouvelée à l'échelle du temps
humain. Elle peut donc être vite épuisée par une exploitation intensive.
Les différents charbons
S'il existe une seule classe géologique de charbon, on distingue plusieurs charbons dont les
utilisations diffèrent en fonction de leurs teneurs en carbone, eau et composés volatils. Les
pouvoirs calorifiques en sont différents :
• la houille, formée à l'ère primaire, à teneur riche en carbone mais faible en eau
et composés volatils. On distingue plusieurs houilles, grasses ou maigres, dont la
plus connue et la moins abondante est l'anthracite : sa teneur en carbone est
d'environ 90 %, elle contient moins de 6 % de matières volatiles ;
• le lignite formé au secondaire et au tertiaire, combustible médiocre à teneur en
carbone moins riche que le précédent ;
• la tourbe constituée au tertiaire, et se formant encore lentement aujourd'hui dans
les tourbières.
La production du charbon
En France, la première exploitation du charbon date du 11ème siècle : on la doit aux moines de
Cendras, dans le Gard, qui utilisèrent "les pierres noires" qui brûlent pour satisfaire les besoins
énergétiques de leur monastère.
L'exploitation d'affleurements est attestée au 13ème siècle à Saint Etienne, au Creusot, à Alès,
Graissessac, Carmaux, etc. (le premier acte officiel, le 6 avril 1201, sous Philippe Auguste,
concerne les mines de Villemagne et Boussagues).
L'exploitation industrielle effective débute en février 1720 dans le Nord à Fresnes-sur-Escaut.
Elle s'étend à d'autres régions au 19ème siècle, notamment en Lorraine en 1815.
http://www.je.minefi.gouv.fr
Les modes d'extraction du charbon
L'analyse des gisements de charbon effectuée par les géologues permet d'évaluer la rentabilité
d'une future exploitation, tous les gisements n'étant pas économiquement exploitables. Leur
rentabilité est liée au prix de revient de l'exploitation comparé au prix de vente probable sur une
certaine durée, à la quantité susceptible d'être extraite par homme et par poste, etc. Selon la
configuration géologique du gisement de charbon, son exploitation peut être effectuée de deux
manières : souterrainement ou à ciel ouvert.
Exploitation à ciel ouvert
Lorsque l'épaisseur des terres dites "stériles" qui recouvrent le gisement est faible, on choisit
l'exploitation à ciel ouvert. Celle-ci présente de nombreux avantages : productivité très
supérieure à celle des mines souterraines du fait, notamment, de la possibilité d'utiliser des
équipements géants d'extraction (le charbon extrait coûte en moyenne deux à trois fois moins
cher), délais de mise en production réduits (de 2 à 5 ans, au lieu de 10 en moyenne), conditions
de travail moins pénibles, grande souplesse de gestion mieux adaptée à la demande des
marchés. Pour toutes ces raisons, ce mode d'exploitation peut replacer le charbon en position
clef dans l'approvisionnement énergétique mondial.
Après l'enlèvement des terres "stériles" sur une très vaste surface, l'exploitation s'effectue
comme celle d'une simple carrière, les couches de charbon apparaissant au fur et à mesure
que le chantier se creuse. Plus celui-ci s'enfonce, plus il se rétrécit, jusqu'à l'arrêt de l'extraction,
lorsque, la quantité de "stériles" à déplacer devenant trop importante, la rentabilité du gisement
n'est plus assurée. On procède alors au remblaiement du site à l'aide des "stériles" mis en
réserve, suivi de la reconstitution et de la mise en valeur des paysages.
Les mines à ciel ouvert représentent aujourd'hui 45 % de la production mondiale de houille, et
près de 50 % des découvertes de nouveaux gisements, contre 22 % en 1970.
http://www.groupecharbonnages.fr/version_francaise/Dhtml/test5.html
Exploitation souterraine
Lorsque les couches de charbon sont situées en profondeur, des puits sont creusés pour les
atteindre (d'environ 400 mètres en moyenne, mais s'échelonnant entre 100 et 1 200 mètres),
puis, à partir de ceux-ci, à différents niveaux, des galeries menant aux chantiers d'extraction où
le charbon est abattu puis transporté jusqu'au jour par des engins mécanisés. Deux techniques
d'exploitation des gisements souterrains sont principalement utilisées. Dans la première,
appelée "longue taille", la plus utilisée en France et en Europe, l'extraction s'effectue dans une
longue galerie, dans l'épaisseur de la veine, qui se déplace parallèlement à elle-même et dont
la largeur ne dépasse pas 3 à 4 mètres. La seconde, dite "chambres et piliers" consiste à
creuser un réseau de galeries se recoupant perpendiculairement, suffisamment proches les
unes des autres pour extraire une proportion substantielle du gisement, et ne laissant que des
"piliers" résiduels.
L'extraction souterraine fut à ses débuts des plus éprouvantes pour les mineurs, longtemps
caractérisée par des conditions de travail extrêmement difficiles (aucune machine n'existant
alors), des accidents souvent tragiques (explosion de grisou) et des ravages en termes de
santé (la poussière, en se déposant sur les poumons et les bronches pouvant provoquer une
grave maladie, la silicose). Des progrès considérables ont été accomplis durant les dernières
décennies pour améliorer la productivité et la sécurité du personnel, même si l'on déplore
encore des accidents. L'abattage et l'extraction s'automatisent de plus en plus, des engins
télécommandés abattant le charbon en permettant de rester à l'écart des poussières et des
chutes de blocs. Le pilotage des ventilateurs et le fonctionnement des salles de pompage des
eaux vers la surface sont également assurés par des automates programmables. Les systèmes
de transport du charbon et des hommes sont reliés à un central, le télévigile, qui regroupe,
traite et synthétise toutes les informations transmises depuis les galeries et chantiers du fond.
http://www.groupecharbonnages.fr
Le traitement du minerai
Lorsque le charbon est extrait il est mélangé à de la terre et des pierres, regroupées sous la
dénomination de "stériles", et doit donc être lavé avant d'être livré. Le charbon est immergé
dans un liquide dense composé d'eau et de particules d'oxyde de fer, dans lequel les stériles
précipitent alors que le charbon y flotte. Le charbon est rincé et les stériles sont alors évacués
dans les terrils. Ce traitement est appliqué aux grains de charbon assez gros (supérieurs au
millimètre). Pour des grains plus petits, différentes solutions sont adoptées, notamment le tri par
pulsations mécaniques provoquant la séparation (grains compris entre 0,5 et 0,7 mm). Les
produits résiduels, appelés schlamms, sont soit stockés dans des bassins de décantation, soit
envoyés tels quels par carboduc vers les centrales thermiques. Une fois lavé, le charbon est
calibré, puis classé par granulométrie.
La production de stériles importants pollue durablement les sols et les nappes phréatiques.
Evolution de la production de charbon en France
Entre 1979 et 1998, la production de charbon en France est passée de 23,1 à 6,1 millions de
tonnes. Plusieurs facteurs sont à l'origine de cet important déclin :
• nombre de gisements soit ont été épuisés, soit sont en voie d'épuisement, soit
ne sont plus exploitables à des conditions économiques satisfaisantes compte
tenu de la concurrence des autres énergies.
• la vocation majeure du charbon consiste à produire l'électricité en centrale
thermique et à alimenter l'activité sidérurgique. Le développement de l'électricité
nucléaire pour produire de l'électricité a fortement réduit le recours au charbon
dans ce domaine : en 1979, 28,3 Mt étaient encore brûlées en centrales, alors
qu'en 1998 seuls 6,1 Mt y étaient consacrées. Semblablement, l'activité
sidérurgique en France s'est considérablement réduite, et sa consommation de
charbon sur la même période est passée 12,6 à 7,9 Mt ;
• en matière d'autres usages, l'utilisation du charbon pour le chauffage s'est
considérablement réduite au profit, principalement, du gaz et de l'électricité,
passant d'une consommation annuelle de 5,7 Mt à 1,3 Mt ;
Evolution de la production mondiale de charbon
En 25 ans, la production mondiale de charbon a augmenté de 70 % pour la houille et de 8 %
pour le lignite. Ces évolutions recouvrent des situations locales très différentes, résultant
principalement de l'inégale répartition des ressources économiquement exploitables, des divers
niveaux de croissance économique et de la diversité des politiques énergétiques :
• certains pays ont fondé leur développement économique sur d'autres sources
d'énergie (énergie nucléaire, gaz naturel, pétrole). C'est le cas, notamment, des
pays de la Communauté Européenne dont les réserves, par ailleurs, représentent
moins de 10 % des réserves mondiales ;
• d'autres bénéficient de ressources plus importantes dont ils ont accru
l'exploitation pour assurer leur développement économique (Chine, Etats-Unis,
etc.).
Les réserves de charbon dans le monde
http://www.atics.fr/coaldata
Les utilisations énergétiques du charbon
Le charbon est l'énergie la plus utilisée dans le monde pour la production d'électricité. Le
développement des technologies propres d'utilisation du charbon et l'importance des réserves
déjà prouvées laissent prévoir que le charbon pourrait redevenir la première source d'énergie
utilisée dans le monde à l'horizon 2020.
L'industrie sidérurgique consomme des quantités importantes de combustibles solides. La
production d'une tonne d'acier exige, en effet, environ 600 kg de charbon à coke. Le chauffage
industriel ou domestique individuel constitue une des autres utilisations du charbon.
Dans les années 50, une industrie chimique à base de charbon, la carbochimie, s'est
développée, mais le pétrole a progres-sivement remplacé le charbon dans ces applications.
A chacune de ces utilisations sont adaptés des types de charbon qui différent par leur teneur en
matières volatiles et leur pouvoir calorifique :
Utilisations
Type de charbon
Utilisateurs
Chauffage
Anthracite - Flambants
Particuliers - Industrie
Sidérurgie
Demi-gras et gras (charbons à coke)
Industrie métallurgique
Electricité
Flambants
Centrales thermiques
Les centrales thermiques
Principe de fonctionnement
Le principe de fonctionnement d'une centrale thermique au charbon ne diffère pas de celui
d'une centrale nucléaire. Seuls diffèrent la nature du combustible et les conditions de
température et de pression. Les charbons utilisés dans cette application sont les "flambants" qui
contiennent plus de 30 % de matières volatiles, et possèdent un pouvoir calorifique important.
La chaleur dégagée par la combustion du charbon chauffe de l'eau qui se transforme en
vapeur. Celle ci, sous pression, est détendue en faisant tourner une turbine qui entraîne le rotor
d'un alternateur. L'alternateur transforme alors l'énergie mécanique de rotation. Il y a alors
transfert au réseau par travail électrique. Le courant électrique alternatif est ensuite distribué,
via des transformateurs qui élèvent ou abaissent la tension à la sortie de l'alternateur et avant
l'utilisation par les consommateurs.
De nouvelles techniques pour réduire la pollution et augmenter les
rendements
Les anciennes installations des centrales sont de plus en plus remplacées par des équipements
modernes et rentables qui réduisent les émissions de polluants et permettent d'envisager un
renouveau du charbon utilisé comme combustible, notamment en matière de techniques de
combustion (lit fluidisé, gazéification).
Les polluants émis lors de l'utilisation du charbon sont :
• le dioxyde de carbone, formé lors des réactions de combustion ;
• les poussières et particules solides, provenant de toute chaudière ou foyer
brûlant des combustibles fossiles ;
• le dioxyde de soufre, car les combustibles fossiles comme le pétrole ou le
charbon comprennent des composés soufrés provenant de la décomposition des
acides aminés contenus dans les fossiles ;
• les oxydes d'azote, formés par le diazote de l'air lors de la combustion des
combustibles fossiles ;
• dans certains combustibles, des traces d'éléments tels que le plomb, le cadmium
ou l'arsenic.
Des dispositifs ont été développés pour capter les impuretés et les cendres volantes émises par
la combustion du charbon et du lignite et par les installations de gazéification du charbon. Ces
cendres, une fois recueillies, peuvent être valorisées.
On peut réduire les émissions d'oxydes d'azote en abaissant la température de combustion,
notamment en injectant de la vapeur d'eau dans la chaudière.
L'élimination du dioxyde de soufre peut être obtenue par le lavage du charbon, par traitement
durant la combustion ou par la désulfuration des fumées :
• un procédé de lavage du charbon élimine partiellement le soufre avant
combustion : après pulvérisation du charbon, on en élimine les particules les plus
denses. On ne peut toutefois ôter ainsi que 5 à 30 % du soufre : le soufre restant
fait en effet partie de la structure du charbon et ne peut être éliminé par de seuls
procédés physiques tels le lavage ;
• on peut réduire les émissions de dioxyde de soufre en mélangeant du calcaire
au charbon dans la chaudière ;
• les procédés de désulfuration des fumées sont utilisés dans des centrales à
combustibles pulvérisés.
http://www.citepa.org
La combustion en lit fluidisé
Le progrès de la combustion en lit fluidisé, initiée à la fin des années 1960, a été lent mais
régulier, ses développements s'avérant de plus en plus performants. Deux procédés sont de
plus en plus utilisés : la combustion en lit fluidisé atmosphérique et celle en lit fluidisé sous
pression.
Dans les chambres de combustion à lit fluidisé atmosphérique, le charbon est brûlé dans un lit
de cendres chaudes ou de sable rajouté, à travers lequel on souffle de l'air. Un mélange de
charbon et de calcaire, ou de dolomite, [(Ca, Mg)(CO3)2] en suspension brûlent dans l'air. Ce
mélange entoure, avec les gaz chauds produits lors de la combustion, les canalisations où
circule l'eau. Le calcaire absorbe ainsi jusqu'à 90 % du soufre qui serait normalement émis sous
forme d'oxyde. Le brassage constant des particules facilite la combustion du charbon et le
transfert de la chaleur à l'eau. La combustion s'effectue à température plus basse que dans les
chaudières à vapeur classique, et génère une moindre formation d'oxydes d'azote.
Les chambres à lit fluidisé pressurisé sont plus performantes que les chambres à lit fluidisé
atmosphérique. On y exploite, en effet, après leur combustion les gaz sous pression : la vapeur
produite lors du premier cycle actionne une turbine à vapeur classique et, lors du second cycle,
les gaz usés sous pression, entraînent une turbine à gaz. Le rendement est ainsi amélioré, de
l'ordre de 42 %, alors qu'il est de 34 % pour une centrale classique.
La gazéification
Les centrales thermiques au charbon gazéifié à cycle combiné ont un rendement équivalent à
celui des chambres à lit fluidisé pressurisé. Dans ces centrales, le charbon est transformé en
gaz de synthèse. C'est ce gaz qui fournit l'énergie, comme dans le système précédent : les gaz
chauds brûlés dans une chambre de combustion actionnent une turbine à gaz, puis les gaz
usés produisent de la vapeur qui actionne une turbine à vapeur. Le gaz de synthèse est
constitué essentiellement de dihydrogène et de monoxyde de carbone et, en moindre quantité,
de méthane, de dioxyde de carbone et de sulfure d'hydrogène.
La part des centrales thermiques dans la production d'électricité en France
Le charbon dans la sidérurgie
La sidérurgie, principale industrie consommatrice de combustibles solides
Le charbon, transformé en coke, est à la base de la production de l'acier. Mélangé avec du
minerai de fer, il est préchauffé par des gaz chauds avant d'être introduit dans les hauts
fourneaux. On obtient ainsi de la fonte, ensuite transformée en acier. La sidérurgie est ainsi un
secteur industriel fortement consommateur de charbon. Compte tenu du prix élevé du coke, des
améliorations ont été apportées pour en réduire la consommation : aujourd'hui, le minerai de fer
est mélangé à du charbon pendant l'étape de préparation, et du charbon pulvérisé est injecté
directement dans le haut fourneau.
Consommation industrielle de charbon en France en 1998 (en ktep)
Charbon
Coke de houille
Total combustibles
Sidérurgie
4 582
995
9 469
Tous secteurs
5 712
1 367
24 515
Source : Les chiffres clés de l'énergie
La sidérurgie consomme ainsi 80,2 % du charbon et 72,8 % du coke de houille utilisés par
l'ensemble du secteur industriel. 61 % de l'énergie consommée par la sidérurgie l'est sous
forme de charbon ou de coke de houille, alors que dans l'industrie ces deux sources d'énergie
ne représentent que 14,3 % des consommations.
Consommation industrielle d'énergie en France en 1998 (en %)
(hors industries agricoles et agro-alimentaires)
Charbon Coke de Total
houille CMS *
Total prod. Total
Electricité Total
pétroliers combustibles
brut
Sidérurgie
50,1
10,9
61
1,8
70,8
29,1
100
Total
Industrie
11,5
2,8
14,3
12,0
49,4
49,4
100
* CMS : Combustibles Minéraux Solides
Source : Les chiffres clés de l'énergie
Dans la sidérurgie, la transformation des matières premières et la fabrication représentent la
quasi totalité des utilisations industrielles du charbon.
Utilisations industrielles de combustibles solides (en %)
Chauffage Fabrication
Production Matières
locaux *
(fours,
d'électricité premières
séchoirs, etc.)
Autres
usages
Total
Charbon
0,5
10,6
4,9
84,0
0,1
100
Coke de
houille
0,2
22,9
0,0
76,9
0,0
100
Total CMS
0,4
12,9
4,0
82,6
0,1
100
* Il s'agit des seuls locaux propres à l'activité sidérurgique
Source : Les chiffres clés de l'énergie
La cokéfaction
Le coke est un produit obtenu à partir d'un traitement thermique du charbon par carbonisation.
Ce traitement s'effectue à l'abri de l'air dans des fours dits "à coke". Les matières volatiles du
charbon sont éliminées, et cette dévolatilisation du charbon laisse un produit solide, fissuré et
mécaniquement résistant : le coke. Il est constitué uniquement de carbone et de matières
minérales calcinées.
La cokéfaction libère trois types de produits :
• les cokes, parmi lesquels on distingue le coke métallurgique utilisé dans les
hauts fourneaux, le coke de fonderie utilisé dans les ateliers spécialisés, les petits
cokes utilisés dans l'électrométallurgie, l'industrie et les foyers domestiques, le
poussier de coke réincorporé à la pâte à coke ou utilisé à l'agglomération du
minerai de fer ;
• des goudrons, des benzoles et de l'ammoniaque ;
• du gaz combustible.
Du coke à la fonte
Le coke, mélangé au minerai de fer, est utilisé dans les hauts fourneaux pour réaliser les
réactions de réduction des oxydes de fer qui aboutissent à la formation de fonte. Les réactions
fondamentales sont les suivantes :
• la réaction de Boudouard :
C + CO2 = 2CO
Cette réaction s'effectue dans le sens de la production de monoxyde de carbone
dans les parties chaudes du haut fourneau.
• la réduction de l'oxyde déshydraté :
3 Fe2O3 + CO = 2 Fe3O4 + CO2
• l'oxyde de carbone réduit ensuite la magnétite Fe3O4 :
Fe3O4 + CO = 3 FeO + CO2
• l'oxyde de fer est enfin réduit à l'état de fer :
FeO + CO = Fe + CO2
La fonte obtenue est un alliage fer-carbone (environ 3,5 %), qui contient d'autres éléments tels
le manganèse, le silicium, le soufre ou le phosphore.
Le chauffage
Le charbon est utilisé dans des chaufferies industrielles, dans des réseaux de chaleur
alimentant des chauffages collectifs, et pour le chauffage individuel. L'anthracite est surtout
utilisée pour le chauffage domestique individuel, alors que les flambants sont utilisés dans les
chaudières industrielles.
On distingue trois catégories de foyers (à grille, à charbon pulvérisé, fluidisés), au sein desquels
s'opère le contact entre les combustibles solides et l'air de combustion). Les plus performants
sont actuellement les foyers fluidisés, notamment le lit fluidisé circulant, intéressant pour des
installations de puissance supérieure à 100 MWth.
La consommation de charbon dans les réseaux de chaleur en Europe
Les pays de la Communauté Européenne utilisent largement le charbon et le gaz dans leurs
approvisionnements. L'utilisation du charbon pour le chauffage urbain s'est cependant réduite
dans les pays de l'Union Européenne : elle est passée de 39 % à 34 % entre 1994 et 1997.
Consommation de charbon dans quelques pays européens (en %)
Pologne Rép.
Allemagne Danemark Finlande France Italie Suède Autriche
Tchèque
Charbon 86,3
84
53
52
36,1
21,34
15,6 10
3
* En % des sources d'énergie utilisées
Source : EuroHeat and Power - Données 1997
La consommation de charbon par les réseaux de chaleur en France
En 1997, les 4 énergies principales utilisées par les réseaux de chaleur français sont le gaz, le
fioul, le charbon et l'énergie issue des déchets et des process industriels. Le charbon et les
autres combustibles minéraux solides représentent environ 21 % de l'énergie consommée par
ces réseaux.
Consommation de combustibles solides en 1997
Houille et CMS
Nombre de réseaux Unités (tonnes)
Unités (GWh)
64
7 016
1 001 072
Source : SNCU
Le transport du charbon
Au niveau national, le transport intérieur du charbon vers les gros utilisateurs (centrales
électriques, sidérurgie) se fait surtout par voies ferroviaires et fluviales. Pour le transport sur de
courtes distances (une dizaine de kilomètres), on peut aussi utiliser le carboduc, conduite dans
laquelle circule une pulpe de fines particules de charbon en suspension dans l'eau. Pour les
autres utilisateurs (moyennes industries, chaufferies urbaines, collectivités locales), dont les
consommations plus faibles ne justifient que rarement qu'ils soient équipés pour traiter euxmêmes le charbon, celui-ci est distribué par les négociants charbonniers (stockage,
conditionnement, livraison). Livré par train ou par camion, le charbon est transféré
automatiquement dans les silos ou des soutes enterrées qui remplacent aujourd'hui les aires de
stockage.
Au niveau international, le transport revêt une importance capitale, son coût représentant en
moyenne entre la moitié et les trois quarts des prix du charbon vendu dans les grands pays
importateurs. 90 % du commerce international du charbon est assuré par voie maritime, et la
plupart des grands ports ont été modernisés en raison de ce trafic de plus en plus important. Le
charbon est acheminé soit par vraquiers, soit par des navires mixtes qui peuvent transporter
aussi du pétrole. Si les grands cargos se sont multipliés, pour réduire le taux du fret maritime,
on compte encore des navires de petite taille qui peuvent emprunter les canaux de Panama ou
de Suez, et des petits cargos pour les lignes de cabotage entre pays européens.
Les quatre grands ports importateurs de charbon en France sont Dunkerque et Fos-sur-Mer,
principalement pour le charbon à coke destiné à la sidérurgie, et Le Havre/Rouen et Saint
Nazaire/Montoir pour le charbon vapeur.
Tonnage reçu en 1998 (en millions de tonnes)
Dunkerque
5,6
Fos-sur-Mer
3,6
Le Havre/Rouen
4,9
Saint Nazaire/Montoir
2,7
Source : Journées de l'énergie (http://www.je.minefi.gouv.fr)
La consommation de charbon
Consommation mondiale de charbon et perspectives
Le charbon fut le moteur essentiel du développement économique au XIX ème siècle et au début
du XXème siècle, satisfaisant jusqu'à 90 % de la demande mondiale d'énergie. Depuis lors, sa
part dans la consommation globale d'énergie s'est progressivement réduite, du fait, notamment,
de la concurrence accrue du pétrole, puis du nucléaire, jusqu'à en représenter aujourd'hui
environ 25 %. L'évolution de la demande est néanmoins très différente selon les pays. Le
charbon couvrait, en 1997, 23,4 % de la consommation totale mondiale d'énergie primaire, 20
% environ de la consommation européenne, et 6 % de la consommation française.
Face à ses "concurrents", le charbon occupe une place variable selon la conjoncture, mais qui
devrait rester déterminante. Le pétrole occupe aujourd'hui la première place (40 % des
approvisionnements mondiaux), mais l'alerte des "chocs pétroliers", et leurs conséquences
économiques et financières ont fragilisé cette hégémonie. De plus, la concentration géopolitique
des lieux de production et la précarité des réserves ont poussé les pays consommateurs à une
diversification de leur approvisionnement énergétique. Avec une géopolitique également très
concentrée, le gaz pose aussi, à long terme, la question de son renouvellement. L'évolution du
recours au nucléaire n'est, quant à elle, pas clairement prévisible.
Le charbon dispose d'atouts considérables. Les problèmes environnementaux posés par son
utilisation sont de mieux en mieux résolus, et il bénéficie d'immenses ressources, bien réparties
sur l'ensemble du globe (près de 80 pays). Celles-ci sont évaluées à plus de 1 000 milliards de
tonnes (dont la moitié exploitable dans les conditions techniques et économiques actuelles),
représentant plus de 80 % des ressources énergétiques fossiles contre moins de 20 % pour le
pétrole et le gaz naturel, et pouvant assurer, au rythme actuel, 250 ans de consommation
mondiale.
Consommation de charbon en France
Jusqu'au milieu des années 1990, l'importante réduction de la consommation de charbon a été
la conséquence directe de la mise en place du programme électronucléaire. Depuis lors, les
évolutions sont essentiellement dues à l'activité, variable selon les années, des centrales
thermiques qui représentaient, en 1998, 49 % de la consommation de charbon (contre 38 % en
1997) : avec 7,8 Mtep, la consommation de charbon des centrales a ainsi fait un bond de 49 %
(alors qu'elle avait baissé de 19 % entre 1996 et 1997), en dépit de la relative douceur du
climat, l'indisponibilité de certaines centrales nucléaires et une faible hydraulicité expliquant
cette augmentation. Les centrales électriques sont de loin les plus gros consommateurs de
charbon, suivies par la sidérurgie.

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