Dominique Formhals : la Maison de l`Alsace sera celle - Haut-Rhin
Transcription
Dominique Formhals : la Maison de l`Alsace sera celle - Haut-Rhin
41 Politique D IM ANC HE 19 JU IN 201 6 ATTRACTIVITÉ Dominique Formhals : la Maison de l’Alsace sera celle des Alsaciens L ' AL S A CE « Un entrepreneur, un vrai » Patron à la fois d’Aquatique Show international, et de la chaîne régionale Alsace 20, Dominique Formhals a pris la tête du groupe MDA Partners pour gérer la Maison de l’Alsace à Paris. Recueilli par Yolande Baldeweck Pourquoi vous êtes-vous intéressé à la Maison de l’Alsace à Paris ? Aquatique show à l’Exposition universelle de Shanghai. « Si je pouvais réécrire ma vie, je la referais à l’identique. J’ai la chance d’être heureux », lâche Dominique Formhals, 61 ans, après une heure d’entretien à bâtons rompus. À l’encontre de la morosité actuelle, cet « optimiste » ose affirmer que « nous vivons dans un beau pays ». « Ceux qui râlent le plus sont ceux qui donnent le moins de leur temps pour que cela change. Quand on me demande où j’aimerais vivre, je réponds nulle part ailleurs. Je serais triste de quitter cette région », déclare volontiers le chef d’entreprise strasbourgeois, bien ancré dans son territoire. C’est dans la continuité d’Alsace 20 et de mon engagement à la tête du Conseil culturel d’Alsace. Les Alsaciens doivent prendre leur communication en main. Longtemps, il y a eu moins de chômage dans notre région que dans le reste de la France. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Et toutes les régions mettent en avant leurs atouts. Attirer des emplois, c’est séduire les entrepreneurs. Si nous ne nous bougeons pas pour vendre l’Alsace, personne ne le fera à notre place. L’Alsace est dans le Grand Est… J’aurais préféré que nous nous orientions davantage vers une coopération avec le Bade-Wurtemberg plutôt qu’avec Champagne-Ardenne, avec qui nous avons peu de choses en commun. Cette grande région existe, personne ne reviendra en arrière. Il faut positiver et considérer que c’est une chance d’avoir un président alsacien. Au plan économique, nous devons nous en servir pour nous vendre au-delà de nos frontières. Comme le dit Frédéric Bierry (Ndlr : le président du conseil départemental du Bas-Rhin), « Paris est la porte d’entrée de l’Alsace sur le monde ». Pourtant, les Départements ont envisagé de vendre l’immeuble… Peu de régions peuvent se targuer de posséder une représentation qui bénéficie d’un emplacement aussi exceptionnel, sur les ChampsÉlysées. En 1968, elle avait été achetée par André Bord et Georges Bourgeois, alors présidents des conseils généraux, pour l’équivalent de 1,1 million d’euros. Les Départements auraient pu la revendre pour 100 M€. C’est une valorisation exceptionnelle. Elle a bénéficié d’une rénovation complète depuis quatre ans et c’est aujourd’hui un bel outil qui doit permettre à l’Alsace de rayonner sur la France et sur le monde. Comment allez-vous faire ? Dominique Formhals, dans le studio d’Alsace 20, sur fond de la Maison de l’Alsace à Paris. C’est, certes, d’abord une plateforme de location de bureaux. Mais nous voulons qu‘elle devienne le lieu de rendez-vous incontournable des chefs d’entreprise alsaciens à Paris, qu’ils y reçoivent leurs clients, qu’ils se parlent de leurs difficultés comme de leurs réussites… « Si nous nous sommes battus pour la gérer… » Nous souhaitons aussi organiser des rencontres et des événements au 6e étage. Si l’on considère les entreprises du « Mittelstand » allemand, citées en exemple en France, elles ne chassent pas seules. En Alsace, il y a une dizaine de très grosses entreprises. Toutes les autres ont intérêt à se retrouver, à mutualiser cet espace. Quelques élus ont défendu votre concurrent, Regus. Les comprenez-vous ? Nous voulons faire de la Maison de l’Alsace la Maison des Alsaciens. C’est la volonté aussi des Départements, qui en sont les propriétaires. Regus, qui est une entreprise exemplaire, avait sûrement plus de crédibilité que nous au plan financier. Mais la Maison de l’Alsace n’aurait plus eu vocation à défendre l’Alsace. Si nous nous sommes battus depuis deux ans pour la gérer, c’est parce que c’est un symbole fort, au moment où beaucoup d’Alsaciens se sentent frustrés de l’évolution institutionnelle… Comment avez-vous convaincu vos six partenaires ? Ce sont tous des amis, que je connais bien. Nous avons tous cette reconnaissance du ventre, cette volonté de rendre à la région ce qu’elle nous a permis d’atteindre. Toutes ces entreprises ont démarré petit, CroisiEurope, Aquatique Show, même Soprema, et toutes travaillent à l’international… Nous avons tous des engagements, au sein de fondations ou à travers du mécénat. Bertrand Jacoberger n’est pas seulement le patron de Solinest, il préside la Filature. Les Étoiles d’Alsace se sont joints à nous pour défendre le potentiel fort de la gastronomie et des vins d’Alsace à Paris. Le restaurant de la Maison de l’Alsace a été confié au groupe Bertrand, un vrai restaurateur. Il y aura des synergies à trouver entre le restaurant, les Étoiles et la salle du 6e étage… Quel temps pourrez-vous vous consacrer à ce nouveau job ? Aquatique Show se porte bien. Son PDG peut faire autre chose. Nous Photo L’Alsace/Jean-Marc Loos travaillons à plus de 90 % à l’exportation. Et quand on travaille pour l’exportation, cela va toujours bien quelque part. Nous avions perdu des contrats avec les pays arabes quand le prix du pétrole a baissé. Aujourd’hui, ils reviennent sur le devant de la scène, mais les Russes ont davantage de difficultés… Que devient Alsace 20 ? Il y a trois ans, je n’ai pas repris une chaîne régionale, j’ai repris une équipe. Les salariés – ils sont 18, plus les stagiaires – détiennent 42 % du capital. Les salaires sont plus que raisonnables par rapport au nombre d’heures passées. C’est une belle équipe, très professionnelle. Mais aucune télévision locale n’est rentable. Les collectivités locales – la Région, les Départements, l’Eurométropole, Mulhouse, où nous avons un journaliste – ont fait le choix de nous soutenir, si bien que nous sommes presque à l’équilibre… Notre chance est que France 3 fait partie de la grande région. Nous, nous pouvons continuer de parler de l’Alsace. Et nous le ferons aussi à Paris où nous aurons un studio, à la Maison de l’Alsace, pour rendre compte de l’actualité des Alsaciens de Paris. J’ai foi en l’avenir. Aux États-Unis, les chaînes locales font le plus d’audience, car elles peuvent coller à l’actualité. Les 90 ans de la Queen Photo DR féliciter de la présence, dans l’équipe de 31 personnes, de son premier salarié… Le fidèle Jean Kohler, directeur artistique d’Aquatique Show, est également à son côté depuis 25 ans. Il supervise le spectacle de Furdenheim – d’où il est originaire – avec 10 000 spectateurs payants, chaque année fin août, le bénéfice étant versé à la Banque alimentaire. Isabelle Formhals – qui préside bénévolement la fondation d’entreprise – et les deux filles du couple donnent un coup de main… Mais le patron d’Aquatique Show veut faire évoluer le concept. En attendant, il proposera ce 26 décembre, en partenariat avec le Zénith, un spectacle « Féerie de Noël », avec le Philharmonique Jeunes. « C’est un entrepreneur, un vrai », glisse le Mulhousien Bertrand Jacoberger, un des sept partants pour l’aventure de la Maison de l’Alsace, tous des fins négociateurs. Dominique Formhals aime à relever les défis. En souriant, il observe qu’il ne peut pas conduire plus d’une voiture à la fois… Aussi préfère-t-il investir, si possible intelligemment, l’argent qu’il gagne. Son implication dans la chaîne régionale est de loin le challenge le plus risqué. Exigeant comme il l’est dans toutes ses entreprises, tout en ayant le tutoiement facile, il suit le travail des journalistes, plaide en faveur d’« une vision positive de l’actualité » et essaie d’avoir toujours une longueur d’avance. L’ancien étudiant en droit a inventé le spectacle aquatique avec son instituteur de père, presque par hasard, pour agrémenter la représent a t i o n d ’ u n e c h o r a l e d’enseignants. Il est loin, le temps où il fit ses débuts au Cirque Bouglione, une tournée mémorable, qui lui fit connaître le monde du cirque. Entre-temps, l’entreprise collectionne les contrats prestigieux, des JO de Pékin aux Expositions universelles de Hanovre, Shanghai, Milan et Dubaï en 2020. Ce sera la plus formidable ! Elle est présente au Puy-du-Fou, en Vendée, un des premiers clients, mais aussi à Europa Park, Universal en Floride. Aquatique Show, qui vient de signer un gros contrat avec la Baie de Singapour, assure le final du spectacle permanent de Céline Dion à Las Vegas. Mais la PME vient aussi de concocter un spectacle pour les 90 ans de la reine d’Angle- Actuellement, il se passionne pour terre. Il y avait 16 fauteuils pour la l’évolution de « Tchapp », une apfamille royale ! plication pour téléphones – développée par son équipe – qui En trente-cinq ans, Dominique For- propose de l’information régionamhals a fait de la PME familiale le le, en ciblant les 20-45 ans, habinuméro 1 mondial du spectacle tués des réseaux sociaux. Pour aquatique éphémère, en misant autant, Dominique Formals n’est sur l’innovation. L’Alsacien repré- pas dupe et plaide pour les « vraies sente aujourd’hui le luxe français à rencontres ». Lui, il « aime les l’étranger. « Le monde est ma ré- gens… » gion », résume-t-il. S’il est conscient de sa réussite, il préfère se Y.B. AU PARLEMENT ÇA SE RACONTE Rohfritsch défend l’accès aux IRM Modifier l’enseignement religieux ? Sailesh Gya Lors des questions au gouvernement, la députée Sophie Rohfritsch (LR) a rappelé à Pascale Boistard, secrétaire d’État aux personnes âgées, le délai de 45 jours pour accéder à une IRM en Alsace, avant de lui demander de faciliter aux Alsaciens l’accès des IRM en Allemagne, ce qui reste compliqué administrativement. « En cas de soins programmés, il faut obtenir un accord préalable de la Caisse primaire d’assurance maladie, sans lequel le patient risque de se voir appliquer des tarifs privés et un reste à charge très important », a simplement rappelé Pascale Boistard. Gestation pour autrui : Hetzel dénonce une « tartufferie ». - Le député Patrick Hetzel (LR) est vivement intervenu lors des discussions sur une proposition de loi visant à inscrire « l’indisponibilité du corps humain » dans la Constitution pour lutter contre le recours aux mères porteuses. « Les rares députés socialistes présents dans l’hémicycle ont fui le débat, alors que le sujet est essentiel puisqu’il ne s’agit pas moins que de l’indisponibilité du corps humain. Mais au lieu de débattre de cette valeur fondamentale, vous préférez capituler. Vous n’avez aucun argument sérieux à nous opposer », s’est-il offusqué. Nuisances sonores : Elkouby évoque aussi les accidents. - Dans la discussion sur la proposition de loi contre les nuisances sonores d’engins motorisés en ville (quad, minimoto, moto-cross), le député Eric Elkouby (PS) a souligné que non seulement ils faisaient du bruit, mais ils causaient aussi des accidents. « Conscient que le phénomène des rodéos urbains tend à se développer depuis une bonne dizaine d’années », il juge important « l’objectif de réduire autant que faire se peut le nombre de blessés et de morts lors de ces rodéos et courses, et de préserver la tranquillité et la sécurité des riverains des rues et quartiers ». Eau potable : Reiss réticent. Lors des discussions sur la propo- sition de loi sur le droit à l’eau potable et l’assainissement, qui permet de créer une allocation forfaitaire d’eau pour les personnes en situation de précarité, le député Frédéric Reiss (LR) a tenu à souligner que « l’eau a non seulement un coût, elle a un prix, forcément acquitté par quelqu’un. Il faut veiller à ne pas déresponsabiliser nos concitoyens ». « Dys » à l’école : Schneider obtient une réponse. - Le député André Schneider (LR) a demandé au gouvernement quelles étaient ses intentions pour renforcer les moyens pédagogiques pour les enfants souffrant de troubles « dys » (dyslexie, dyspraxie, dysorthographie, dyscalculie). Le ministère a répondu que « la prise en charge de ces troubles est pluridisciplinaire et repose sur des rééducations appropriées ». Or « la prise en charge est limitée aux interventions réalisées dans des structures permettant une prise en charge globale de l’enfant dans un contexte pluridisciplinaire… » Le gouvernement veut-il, poussé par l’Observatoire de la laïcité, modifier l’enseignement religieux en Alsace-Moselle, régi par la Loi Falloux ? L’heure de « religion » ne serait plus obligatoire à l’école et sortirait de l’horaire scolaire. Les recteurs du Grand Est et de l’académie de Strasbourg ont reçu les parlementaires alsaciens à ce sujet, jeudi à Colmar. « Une nouvelle fois, l’État cherche des solutions à des problèmes qui n’existent pas. Le gouvernement doit laisser l’Alsace en paix et s’occuper des vrais problèmes qui ébranlent notre pays », a réagi le député Eric Straumann (LR). « Qu’on ne touche pas au droit local ! C’est comme un mur, chaque pierre que l’on retire subrepticement pourrait un jour mettre en péril l’édifice complet », met en garde le député Michel Sordi (LR), Arlette Grosskost (LR) demandant que « les autorités religieuses concordataires d’Alsace-Moselle soient associées aux réflexions menées… » Investitures pour les législatives : couacs à Mulhouse… Lors de la réunion de la commission d’investitu- IRE02 main de M. Rottner qui veut tout bouffer ou désigner un candidat qui lui convient. M. Rottner ne peut pas décider de tout de manière un peu autocratique », nous a-t-elle confié, en déclarant qu’elle soutient bien Olivier Becht. En arrière-plan aussi, le soupçon que « le sarkozyste » Jean Rottner pourrait malgré tout se présenter, si son champion l’emporte. Il suffit d’attendre ! Elsa Schalck, vice-présidente du conseil régional. Photo L’Alsace/Jean-Marc Loos re d e s Ré p u b l i c a i n s, m a rd i , d’aucuns n’ont pas compris pourquoi Arlette Grosskost a refusé de se retirer en faveur de son suppléant, Olivier Becht. D’autant que les dirigeants LR du Haut-Rhin avaient demandé l’investiture pour lui. Une partie de billard à trois bandes ? Si la députée n’a rien contre son suppléant, elle a en revanche la dent dure à l’encontre de Jean Rottner, maire de Mulhouse et membre du bureau exécutif de la Région. « La 5e circonscription ne se limite pas à Mulhouse. Elle n’est pas sous la … et à Strasbourg. Il y a eu un débat vif aussi concernant Strasbourg 1 qui vient d’être gagné par le PS Eric Elkouby. En lice, entre autres, Elsa Schalck (que la CNI souhaitait déjà désigner pour la partielle) et Mathilde Flauss, attachée parlementaire de Guy-Dominique Kennel à Paris. Si les juppéistes ont défendu cette dernière, la désignation d’Elsa Schalck, à l’issue d’un vote, a peu à voir avec les primaires. Viceprésidente de Philippe Richert, elle s’est fortement investie dans la campagne des régionales, comme en a témoigné aussi le filloniste Patrick Hetzel. Mais c’est de loin la circonscription la plus difficile. Y.B. et E.D.