Soins apportés à la vache laitière après la traite

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Soins apportés à la vache laitière après la traite
PRODUCTION ANIMALE
Soins apportés à la vache
laitière après la traite
Mesures nécessaires à la bonne santé de
la mamelle
En production laitière, les mammites ont un impact économique considérable.
La prophylaxie comporte différentes mesures et occupe pour cette raison une
place centrale dans la gestion de l'exploitation. Afin de garantir un bon état
sanitaire de la mamelle, il existe, en plus des mesures précédant la traite –
telles le respect des différentes étapes de traite et un nettoyage irréprochable
des trayons – des mesures ciblées consécutives à la traite. Elles visent à empêcher une nouvelle infection de la mamelle par des agents pathogènes.
Ces infections par des agents pathogènes susceptibles de favoriser des mammites s'effectuent la plupart du temps par le biais du trayon. Un canal du
trayon intact constitue une condition essentielle pour une protection optimale.
Le danger d'infection augmente lorsque le sphincter s'atrophie ou lors d'une
altération du tissu du canal du trayon. De plus, des bactéries, tels les staphylocoques, s'implantent dans les déchirures à l'intérieur de la peau et dans des
blessures, s'y multiplient et augmentent la pression infectieuse.
En collaboration avec
Novartis Santé Animale SA
Revue UFA 7-8/03
Eschikon 28
CH-8315 Lindau
✆ 052 347 17 55
Service
sanitaire
bovin
PRODUCTION ANIMALE
Des trayons
colorés indiquent
que la circulation
sanguine ne se
fait pas correctement (massage
insuffisant).
La formation de
tumeurs circulaires
à la base du
trayon peut gêner
la sécrétion du lait.
N’utiliser des
douches à pis
que lorsque les
mamelles sont
très sales. Bien
sécher la mamelle
par la suite.
L’hyperkératose,
caractérisée par
un développement
anormal de la
couche cornée de
l’épithèle du
trayon, augmente
le risque de présence de germes
pathogènes.
I
l est donc primordial d'accorder une
grande importance au contrôle de la
peau du trayon et de l’extrémité du
trayon une fois la traite terminée. Des altérations au niveau des trayons constituent une indication tangible d’un vice
de fonctionnement de la machine à traire ou d'erreurs au niveau de la traite proprement dite. Les causes les plus fréquentes pour d'éventuelles altérations
sont mentionnées ci-après:
• Une coloration des trayons (par
exemple saignements, coloration
bleutée) est souvent imputable à un
massage insuffisant des trayons suite
à une mauvaise adaptation de la forme
ou à une mauvaise tenue des manchons de traite ainsi qu'à une pulsation inappropriée.
• Si l'on observe des tumeurs de forme
circulaire à la base des trayons, il
devient alors nécessaire de contrôler
si la taille des manchons de traite est
bien adaptée. Lorsque le diamètre de
l'ouverture des manchons est grand
par rapport aux trayons, les gobelets
trayeurs montent trop haut sur les
trayons. Des trayons humides ou une
position inappropriée de la griffe de
traite peuvent également favoriser cette tendance qu’ont les gobelets à monter trop haut sur les trayons et, par là,
à tuméfier les trayons. Cela a des
conséquences négatives sur l'irrigation sanguine des trayons et sur leur
capacité de défense.
• L'humidité des trayons peut être
causée soit par un mauvais écoulement du lait au niveau de l'agrégat de
traite (par exemple: orifice d'aération
bouché, rétrécissement au niveau des
conduites d'adduction du lait, collecteurs trop faiblement dimensionnés,
etc.). On rencontre également ce genre de problèmes lorsque des trayons
préalablement humides ne sont pas
séchés suffisamment avant d'avoir
fixé les faisceaux trayeurs.
• L’hyperkératose est caractérisée par
un développement anormal de la
couche cornée de l'épithèle du canal
du trayon, lequel peut se retourner
vers l’extérieur. Elle est plus ou moins
marquées, allant de la légère proéminence à surface lisse aux altérations irrégulières en forme de verrues. Une
fréquence élevée d’hyperkératoses du
canal du trayon indique qu'une sollici-
tation accrue est exercée sur les muqueuses du canal du trayon (par
exemple par surtraite, lors d'un mauvais fonctionnement des pulsateurs ou
quand l'élasticité des manchons de
traite est inadaptée). Il s'agit parfois
d'une prédisposition de certains animaux. Les bêtes présentant des
trayons fins et pointus sont plus exposées à ce genre de problèmes.
Afin d'éviter de tels problèmes, il faut régler l'installation de traite de manière optimale, en collaboration avec les spécialistes des différentes marques. Il faut en
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Un produit servant à la désinfection des trayons après la
traite devrait remplir plusieurs
fonctions:
Réduction massive de la quantité de bactéries Différentes bac-
téries tels les staphylocoques dorés vivent sur la peau des trayons. Après la
traite, les trayons sont souvent recouverts d'une fine pellicule de lait, ce qui
favorise la croissance des bactéries. Lors
du trempage, cette fine pellicule est remplacée par un produit désinfectant et les
bactéries sont alors éliminées.
Le trempage élimine les bactéries qui
sont véhiculées sur les trayons durant la
traite. Il est très important dans la lutte
contre les mammites contagieuses. Par
le biais d'une désinfection ciblée de la
surface des trayons, le nombre de bactéries sur la peau est divisé par plus que
mille. Grâce à cela, le risque de nouvelles infections du tissu mammaire peut
être encore réduit.
Si les trayons sont sales lors du
trempage, l'efficacité du produit s'en
trouve fortement réduite. L'action
désinfectante des produits de trempage
utilisés dure 1 à 2 heures et n'offre pas
de protection durant tout l'intervalle de
traite. C'est la raison pour laquelle l'efficacité des solutions de trempage
contre les germes provenant de l'environnement (par exemple E. coli, streptocoques) est limitée. Pour limiter ce
type de germes, le nettoyage des
trayons avant la traite, au besoin avec
des matériaux désinfectés, est primordial (voir Revue UFA 5/03, préparation
à la traite de la vache laitière).
Contrôle régulier
du pis et des
trayons une fois
la traite terminée.
Immédiatement
après la traite,
tremper les trayons
dans leur intégralité.
Il est impératif de
tremper l’ensemble
du trayon, raison
pour laquelle il
est préférable de
tremper les trayons
plutôt que de
les gicler.
Soins aux trayons
plus lutter tant que faire se peut contre la
présence d’agents pathogènes à la surface des trayons.
La désinfection des trayons et les
soins qu’on leur prodigue après la traite
constituent les mesures prophylactiques
les plus efficaces contre les mammites.
Bien que le trempage ne permette pas
d'empêcher complètement la transmission des bactéries, ce procédé permet
tout de même de réduire de moitié les
nouvelles infections. Le trempage des
trayons ne peut guérir une mamelle déjà
infectée.
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Comme la peau
du trayon ne comporte que relativement
peu de glandes sébacées, elle est sensible au dessèchement, surtout lorsque
les trayons encore mouillés après la traite sont exposés au froid. Cela favorise la
formation de crevasses, qui sont ensuite
colonisées par des bactéries. C'est la raison pour laquelle les produits de trempage contiennent jusqu'à 10 % de composants destinés à soigner la peau (par
exemple glycérine ou lanoline). Une solution de trempage ne devrait pas comporter plus de 10 % de tels composants.
Sinon, l'action désinfectante de la solution s’en trouve réduite.
Seuls des gobelets
de trempage
propres assurent
une efficacité
optimale à la solution de trempage.
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Une peau intacte et souple constitue
la première barrière immunitaire. Les
staphylocoques s'accumulent plus spécifiquement dans les petites blessures.
Une peau crevassée et sèche sert de réservoir pour les staphylocoques dorés,
raison pour laquelle il faut faire attention
de recouvrir une grande partie de la surface du trayon.
Tremper ou gicler?
Impression
Editeur:
Service sanitaire
bovin, Eschikon 28,
8315 Lindau
Illustrations:
Service sanitaire
bovin SSB.
Novartis
Teat Club Int.
Auteur:
Dr. med. vet.
Barbara Sutter
Dr. med. vet.
Andreas Ewy
✆ 052 347 17 55
Fax 052 347 17 50
Mail: [email protected]
www.rgd.ch
Publication:
Revue UFA,
8401 Winterthour
7-8/2003
On débat souvent de savoir s'il est mieux de gicler ou
de tremper les trayons, afin d'éviter de
souiller la solution de trempage.
• Les trayons sont plus complètement
recouverts lors du trempage que lorsqu'ils sont giclés. La surface du trayon
est donc plus intensivement traitée,
aussi bien au niveau de la substance
active que de la composante servant à
soigner la peau. En plus de cela, le besoin en solution est inférieur lors du
trempage. Lors du trempage, ce sont
au minimum 2⁄3 du trayon qui doivent
être recouverts par la solution. Il n'a
pas été prouvé que le trempage d'un
grand nombre de trayons dans la
même solution provoquerait la transmission d'agents pathogènes. Pour
éviter cela, il faut que la proportion de
produit désinfectant soit suffisante
(2500 – 3000 ppm d'iode, respectivement 0.25 à 0.3 % d'iode), que la solution soit régulièrement changée (p.
ex. tous les 1 à 2 jours) et les agrégats
nettoyés à fond. On trouve des gobelets de trempage avec anti-retour.
• Dans la pratique, on a constaté que le
giclage (sprayage) ne permet pas de
Des contrôles cellulaires
mensuels et, en cas de
besoin, des analyses
d’échantillon de lait sont
nécessaires pour une
bonne santé de la mamelle.
recouvrir suffisamment le trayon. Si
l'on veut recouvrir correctement le
trayon, il faut utiliser environ deux
fois plus de produit que lors du trempage. En plus de cela, le giclage
constitue un danger pour le trayeur
qui inhale les aérosols.
Quelle que soit la méthode de désinfection utilisée, un tel traitement doit toujours s'effectuer après le retrait de l'agrégat de traite. Il ne reste alors plus suffisamment de temps aux bactéries pour se
multiplier dans la fine couche de lait qui
recouvre le trayon. En outre, le canal du
trayon est encore ouvert à ce moment là.
Fermeture du canal du trayon
pendant la phase de tarissement De nouvelles recherches ont
démontré que 40 à 50 % des mammites
sont engendrées au cours de la période
de tarissement. C'est surtout au début et
à la fin de la période de tarissement que
le danger d'intrusion des agents pathogènes dans la mamelle est grand. Une
grande partie d'entre eux survivent dans
la tétine et peuvent engendrer des mammites cliniques au cours des premiers
mois de lactation. Selon une étude néozélandaise effectuée 10 jours après le tarissement, seuls les 50 % des canaux du
trayon sont fermés avec la kératine fabriquée par l'organisme. Pour empêcher
que des bactéries ne pénètrent à travers
le canal du trayon pendant cette période
difficile, on a développé différentes méthodes.
Des solutions de trempage ayant un
effet de barrière ont été développées
pour le tarissement. Ces solutions laissent à la surface des trayons un film
contenant du produit désinfectant
flexible et perméable à l'air. Pour assurer pendant plusieurs jours un maintien
optimal des solutions de trempage à la
surface du trayon, ce dernier doit être
préalablement dégraissé. Comme la solution de trempage ne sèche qu'après un
certain temps, les vaches doivent être attachées dans la stabulation durant cette
période, pour éviter d'éventuelles
souillures avec de la paille ou que la solution ne s’enlève lorsqu’elles marchent. Si les animaux se couchent avant
que le film de trempage n'ait séché, la
forte contamination qui s'ensuit réduirait à néant l'influence positive de telles
solutions.
Seuls environ
50% des
trayons ont le
canal qui se
bouche naturellement
avec de la
kératine dans
les 10 jours
qui suivent le
tarissement.
C’est probablement fin 2004 qu’un
produit sans antibiotique sera commercialisé sur le marché suisse. Ce produit
est appliqué dans le trayon et bouche
l’entrée de ce dernier. On imite ainsi l'action de la kératine dans le canal du
trayon. Des mamelles saines et contrôlées mensuellement par des contrôles
cellulaires ou des tests de schalm ainsi
que par des analyses bactériologiques des
échantillons de lait sont une condition
préalable à l'utilisation de tels produits.
Les vaches qui ont des problèmes
de mamelle devraient toutefois toujours être traitées avec des antibiotiques, après discussion avec le vétérinaire d'exploitation.
Par un trempage des trayons, le taux
de nouvelles infections dues à des agents
pathogènes "liées aux vaches" tels que
les staphylocoques dorés devrait être
sensiblement réduit. Il ne faut toutefois
pas oublier que de nombreux autres facteurs entrent en ligne de compte lorsqu’il
s’agit d’assainir une situation où l’on est
confronté à des problèmes de santé de la
mamelle. Une installation de traite en
parfait état de fonctionnement, une traite effectuée de manière consciencieuse,
ainsi qu'une bonne hygiène d'exploitation contribuent également à une bonne
santé de la mamelle. Les animaux dont
les problèmes de mammites ne peuvent
être traités doivent être abattus car ils représentant une source de danger importante pour les animaux qui sont sains. En
plus de cela, il est nécessaire d'effectuer
fréquemment des contrôles bactériologiques du lait (contrôle thérapeutique,
contrôle après vêlage ainsi que contrôle
des animaux achetés), afin que les
agents pathogènes ne se répandent pas
dans l'exploitation. (voir Revue UFA
4/01, staphylocoque doré, mammite.
Existe-t-il des solutions?)
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