Ebola news n° 9 – 1 avril – 31 mai 2015 Le 21 mars 2014, le
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Ebola news n° 9 – 1 avril – 31 mai 2015 Le 21 mars 2014, le
Ebola news n° 9 – 1er avril – 31 mai 2015 Le 21 mars 2014, le ministère de la Santé guinéen a rapporté les 49 premiers cas de maladies à virus Ebola, marquant le début d’une épidémie sans précédent qui a affecté essentiellement 3 pays de l’Afrique de l’ouest, la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone. Au 31 mai, on dénombrait 27 181 cas confirmés, probables ou suspects dont 11 147 décès selon le bilan de l'Organisation mondiale de la Santé, publié le 3 juin1 ; des progrès importants ont été enregistrés au cours de cette période et le Libéria a été déclaré indemne de virus Ebola le 9 mai, marquant la fin de l’épidémie dans ce pays. L’épidémie de maladie à virus Ebola en Afrique de l’ouest Le graphique ci-dessus concerne le cumul des cas confirmés, suspects et probables ; l’évolution des cas confirmés est reprise dans le graphique ci-après. Malgré d’importants progrès, en particulier au Libéria (pays où le virus a été éradiqué) et en Sierra Léone et en Guinée, l’épidémie n’est pas terminée ; il ne faut pas baisser la garde, car la 1 http://apps.who.int/ebola/en/current-situation/ebola-situation-report-3-june-2015 saison humide majore les risques en raison des difficultés supplémentaires d’accès à certaines régions2. L’épidémie est suivie par des mises à jour régulières de l’OMS3,4, reportées dans les différents graphiques5, mais aussi par l’ECDC6,7, l’InVS8, le CDC d’Atlanta9… Au 31 mai, les 27181 cas suspects, probables et confirmés déclarés à l’OMS, se répartissaient de la manière suivante dans les 3 pays les plus touchés par l’épidémie10 : - Guinée : 3652 cas, 2429 décès - Libéria : 10666 cas, 4806 décès, épidémie terminée - Sierra Leone : 12827 cas, 3912 décès. Évolution de l’épidémie en avril – mai 2015 30 nouveaux cas confirmés de maladie à virus Ebola ont été notifiés au cours de la semaine 14 (précédant le 5 avril) avec une baisse en Guinée et en Sierra Leone11. Mais cette tendance à la baisse ne s’est pas confirmée les semaines suivantes avec 37 cas au cours de la semaine 15, 33 au cours de la semaine 16 et 32 au cours de la semaine 17. Les taux restent fluctuants d’une semaine à l’autre (16 au cours de la semaine 18, 9 au cours de la semaine 19, mais 35 au cours de la semaine 20, 12 au cours de la semaine 21 et 25 au cours de la dernière semaine de mai). L’accroissement du nombre de cas au cours de cette dernière semaine inquiète l’OMS en raison de chaînes de transmission inconnues et de la présence de cas dans des zones jusque là préservées12. Les progrès dans la lutte contre Ebola ont été stables en Sierra Leone et au Libéria début avril alors que le nombre de cas confirmés augmentait en Guinée avec des points chauds à l’ouest du pays, en particulier dans le district de Forécariah près de la frontière avec la Sierra Leone. Les 2 http://apps.who.int/ebola/ http://apps.who.int/ebola/en/current-situation/ebola-situation-report?m=20150107 4 http://apps.who.int/gho/data/view.ebola-sitrep.ebola-summary-20150331?lang=en 5 http://who.int/csr/don/archive/year/2014/fr/ http://www.who.int/csr/disease/ebola/situation-reports/fr/ 6 http://ecdc.europa.eu/en/healthtopics/ebola_marburg_fevers/Pages/index.aspx 7 Euro Surveill. 2014;19(31):pii=20871. http://www.eurosurveillance.org/ViewArticle.aspx?ArticleId=20871 8 http://www.invs.sante.fr/Publications-et-outils/Bulletin-hebdomadaireinternational/%28node_id%29/1694/%28query%29/Ebola%2Ben%2BAfrique 9 http://www.cdc.gov/vhf/ebola/ http://www.cdc.gov/vhf/ebola/outbreaks/history/distribution-map.html 10 http://apps.who.int/ebola/ebola-situation-reports 11 http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/162363/1/roadmapsitrep_8Apr2015_fre.pdf?ua=1&ua=1 12 http://www.cidrap.umn.edu/news-perspective/2015/06/ebola-activity-heats-west-africas-rainy-season-begins 3 2 quelques cas en Sierra Leone viennent principalement de trois districts de l'ouest comprenant Freetown13. Fin mai, un total de 869 personnels de santé avaient été contaminés et 507 décès ont été déplorés. Dans l’actualité d’avril-mai - Un article publié en 1982 dans Annals of Virology par des chercheurs allemands montre que des anticorps contre le virus Ebola sont présents chez 26 des 433 habitants du Libéria testés (6%)14. Les paragraphes suivants font un point partiel de situation dans les différents pays atteints par la maladie, rapportant les faits les plus marquants des mois d’avril et mai 2015. Situation en Guinée Evolution de l’épidémie Début avril (semaine 14), 21 cas confirmés ont été recensés, 19 décès dus au virus Ebola ont été identifiés post mortem au sein de la communauté et 21 inhumations risquées ont été signalées, résultant de chaines de transmission inconnues15. Fin avril, dans le cadre de la phase finale de lutte contre Ebola, des centaines de travailleurs locaux sont allés de maison en maison dans les poches d’Ebola restantes au cours des dernières semaines pour expliquer comment le virus se propage, encourager les gens à signaler les cas suspects et rechercher des malades ou des cadavres cachés. La méfiance envers le gouvernement, le ressentiment contre des équipes de sensibilisation et des rumeurs sur les origines de l'épidémie restent encore un problème16. Au cours de la semaine 17 (se terminant le 26 avril), 21 nouveaux cas ont été enregistrés17, 22 au cours de la semaine 1818, 7 au cours de la semaine 1919, mais 27 au cours de la semaine 20 (se terminant le 17 mai)20, 9 au cours de la semaine 2121 et 13 au cours de la semaine 22 (se terminant le 31 mai)22. La majorité des cas sont issus de la préfecture de Forécariah et au 31 mai, 1881 contacts étaient suivis. Notons que l’engagement communautaire a été difficile dans les zones touchées par le virus et certaines chaînes de transmissions sont demeurées inconnues. Dans l’actualité - 15 mai : la Guinée a connu une vague de nouveaux cas d'Ebola en raison de transmissions lors de funérailles23. - 19 mai : le gouvernement guinéen a lancé une opération de grande envergure à Forécariah, préfecture située le long de la frontière avec la Sierra Leone, en partenariat avec 13 http://www.cidrap.umn.edu/news-perspective/2015/04/challenges-guinea-spur-increase-ebola-cases http://www.cidrap.umn.edu/news-perspective/2015/04/1982-study-suggested-ebola-was-liberia-then 15 http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/162363/1/roadmapsitrep_8Apr2015_fre.pdf?ua=1&ua=1 16 Martin Enserink. In Guinea, a long, difficult road to zero Ebola cases. Science 1 May 2015, 348(6234) : 485486 DOI: 10.1126/science.348.6234.485 17 http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/170361/1/roadmapsitrep_22Apr2015_fre.pdf?ua=1&ua=1 18 http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/170362/1/roadmapsitrep_29Apr2015_fre.pdf?ua=1&ua=1 19 http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/172595/1/roadmapsitrep_13Mai2015_fre.pdf?ua=1&ua=1 20 http://apps.who.int/ebola/en/current-situation/ebola-situation-report-20-may-2015 21 http://apps.who.int/ebola/current-situation/ebola-situation-report-27-may-2015 22 http://apps.who.int/ebola/en/current-situation/ebola-situation-report-3-june-2015 23 http://www.reuters.com/article/2015/05/15/us-health-ebola-guinea-idUSKBN0O01M220150515 14 3 l'OMS, MSF et le CDC-Atlanta. L'opération qui a déjà abouti à la découverte de 22 patients, dont 5 avec le virus Ebola, doit durer 21 jours24. - 20 mai : l’OMS a déployé une équipe de réponse à Ebola à la frontière avec la GuinéeBissau en raison de sa proximité avec une série de cas récents dans une préfecture guinéenne proche25. - 22 mai : des parents de victimes d’Ebola ont transporté les corps dans les transports publics pour contourner les contrôles de santé26. Les autorités de Guinée restent préoccupées par une nouvelle flambée de cas marquant un recul sur le contrôle de l’épidémie. - 28 mai : depuis près d’un mois, la cité industrielle de Kamsar (sous-préfecture de la préfecture de Boké) est devenue le nouveau point chaud de l’épidémie d’Ebola27. Situation au Libéria L’épidémie avait marqué le pas depuis décembre avec une forte réduction du nombre des nouveaux cas et le 9 avril, 7 districts n’avaient pas connu de nouveau cas depuis 42 jours et 2 districts depuis 21 jours28. Le 9 mai, l’OMS a déclaré la fin de l’épidémie dans ce pays après 42 jours d’absence de cas nouveaux et retrace dans cet article l’histoire de l’épidémie29. Dans un rapport distinct l'OMS a écrit qu’une des clés du succès dans la bataille conte Ebola dans le district le plus peuplé du comté de Montserrado a été la décision prise par le gouvernement de décentraliser la réponse et d’impliquer les populations locales. En divisant le pays en 4 secteurs, chacun ayant un système plus petit, un meilleur contrôle de l’épidémie a pu être mis en œuvre. Le numéro du 22 mai du WER analyse la manière dont l’épidémie a été vaincue dans ce pays avec en particulier l’engagement et l’autorité de sa présidente, le rôle crucial de la mobilisation des communautés et l’aide généreuse de la communauté internationale30. La Croix-Rouge du Libéria a joué un rôle essentiel, en particulier dans la sécurisation des crémations et des inhumations (150 bénévoles impliqués dans 3500 sépultures)31. Pour soutenir la réponse du Libéria au virus Ebola, des capacités avancées d’analyse génomique ont été établies par l’USAMRIID à l’Institut libérien pour la recherche biomédicale pour surveiller l’évolution de l’épidémie. 25 génomes ont ainsi été séquencés entre septembre 2014 et février 2015. Les séquences se sont montrées compatibles avec une seule introduction du virus dans le pays, mais l’ascendance commune avec les virus du Mali suggère au moins un mouvement complémentaire. 23 mutations non synonymes (dont 6 au niveau des sites de liaison 24 http://www.spyghana.com/guinea-launches-anti-ebola-operation-along-border-with-sierra-leone/ http://allafrica.com/stories/201505211314.html?viewall=1 26 http://abcnews.go.com/Health/wireStory/guinea-reports-27-ebola-cases-previous-lull-31228633 27 http://guineenews.org/ebola-233-contacts-dans-la-ville-miniere-kamsar-selon-le-coordonateur-local-de-luttecontre-ebola/ 28 http://africayoungvoices.com/2015/04/7-districts-okayed-42-days-ebola-free/ 29 http://www.who.int/mediacentre/news/statements/2015/liberia-ends-ebola/fr/ 30 Weekly epidemiological record, 22 may 2015, 90(21), 253-260 http://www.who.int/wer 31 http://allafrica.com/stories/201505010654.html?viewall=1 25 4 du virus) et 1 non-sens ont été observées, soit un taux de mutation conforme à ce qui est connu pour ce virus32. Situation en Sierra Leone Au cours de la semaine 12, 33 nouveaux cas avaient été déclarés, en nette baisse par rapport aux semaines précédentes et le plus bas niveau depuis début 201533 et 25 cas en semaine 1334. Au cours de la semaine 14, 9 nouveaux cas confirmés ont été identifiés provenant de 4 districts à l’ouest du pays (Kambia, Port Loko, le district rural de la Zone de l’Ouest et le district urbain de la Zone de l’Ouest qui inclut la capitale, Freetown). Les différents indicateurs renforcent l’idée d’une tendance stable à la baisse35, confirmée les semaines suivantes avec 9 cas au cours de la semaine 15, 12 en semaine 16, 11 en semaine 17, 9 en semaine 18, 2 en semaine 19, mais 8 en semaine 20, 3 en semaine 21, mais 12 en semaine 22. Dans l’actualité - 20 avril : l’Australie ferme son centre de soins en Sierra Leone à la fin du mois d’avril36. - 27 avril : la Sierra Leone a marqué le 54ème anniversaire de son indépendance en établissant un « plan post Ébola » pour mettre le pays dévasté sur la voie de la reprise37. - Selon un rapport de Médecins du Monde, trop de gens meurent en Sierra Leone à la suite de la réponse à l’épidémie d’Ebola et de l’effondrement des soins de santé qui en résulte. On observe ainsi une montée des autres maladies comme le VIH, la tuberculose, le paludisme pour lequel plus de morts auraient été enregistrés que pour Ebola et un accroissement significatif des décès des mères et des bébés lors de l’accouchement. Le nombre de décès toutes causes confondues aurait triplé et 40% des décès actuels sont des enfants de moins de 5 ans. La perte de confiance dans les établissements de soins (fiévreux refoulés par crainte d’Ebola) a réduit considérablement le nombre d’admissions dans ces établissements (75% pour les enfants et 80% pour le paludisme, 50% en prénatalité)38. - Voir cet article sur l’intérêt des centres communautaires de soins en Sierra Leone39. - 21 mai : alors que l’on observe une augmentation des nouveaux cas, plusieurs personnes se sont échappées de la quarantaine risquant de diffuser la contamination ; elles ont été rappelées à l’ordre par le centre national de réponse à Ebola40. - L’OMS rapporte le cas d’une équipe de 8 techniciens travaillant au laboratoire de la fièvre de Lassa à l'hôpital public de Kenema, en Sierra Leone qui ont tous contracté la maladie et dont un seul a survécu41. - 1er juin : Kaffu Bullom (district de Port Loko), est devenu un nouveau point chaud de la transmission du virus Ebola en Sierra Leone. Dans la dernière semaine de mai, le virus a 32 Kugelman JR, Wiley MR, Mate S, Ladner JT, Beitzel B, Fakoli L, et al. Monitoring of Ebola virus Makona evolution through establishment of advanced genomic capability in Liberia. Emerg Infect Dis. 2015 Jul [date cited]. http://dx.doi.org/10.3201/eid2107.150522 33 http://apps.who.int/ebola/current-situation/ebola-situation-report-25-march-2015 34 http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/161865/1/roadmapsitrep_1Apr2015_fre.pdf?ua=1&ua=1 35 http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/162363/1/roadmapsitrep_8Apr2015_fre.pdf?ua=1&ua=1 36 http://www.skynews.com.au/news/top-stories/2015/04/20/aust-to-close-ebola-treatment-centre.html 37 http://www.news24.com/Africa/News/Sierra-Leone-marks-a-low-key-independence-day-with-Ebola-plan20150427 38 http://www.theguardian.com/world/2015/apr/28/too-many-dying-sierra-leone-response-ebola-report 39 Kucharski AJ, Camacho A, Checchi F, Waldman R, Grais RF, Cabrol JC, et al. Evaluation of the benefits and risks of introducing Ebola community care centers, Sierra Leone. Emerg Infect Dis. 2015, 21(3) DOI: 10,3201/eid2103.141892 40 http://www.news24.com/Africa/News/Sierra-Leone-berates-Ebola-quarantine-escapees-as-cases-surge-20150521 41 http://www.who.int/features/2015/ebola-health-worker-sesay/en/ 5 tué au moins une demi-douzaine de personnes ce qui a abouti à la mise en quarantaine de plusieurs personnes42 Les cas d’Ebola hors Afrique Italie - Un infirmier italien de retour de Sierra Leone a été testé positif au virus Ebola après avoir été hospitalisé le 13 mai43 ; il est en état critique le 18 mai, mais son état s’améliore lentement44,45. Au 15 mai, 13 personnes contacts étaient en quarantaine46. USA - Cet article fait le point sur la recherche des contacts après l'hospitalisation, le 28 Septembre 2014, du premier patient atteint par le virus Ebola diagnostiqué aux États-Unis. L'enquête a identifié 179 contacts, 139 d'entre eux étaient des contacts du patient index, 112 étaient du personnel soignant dont 22 savaient qu’ils avaient eu des expositions non protégées et 37 ne l’ont pas su mais ont interagi avec un patient ou avec l'environnement pendant plusieurs jours. La transmission du virus a été confirmée chez 2 personnels soignants au contact avec le patient, bien que portant un équipement de protection individuelle. Ces personnels ont eu 40 contacts supplémentaires. Des restrictions de mouvement ont été imposées à tous les contacts ; 7 ont été placés en quarantaine et 14 contacts (dont 13 personnels soignants) ont subi une évaluation clinique au cours de la période de surveillance47. Informations générales France - L'Agence nationale de la recherche finance la recherche sur Ebola48. A l’issue d’un processus de sélection accéléré, trois projets ont été retenus pour une dotation globale de 1,7 M€ : - Bases moléculaires de la dérégulation de la réponse inflammatoire au cours de l’infection à virus Ebola - Le virus Ebola en Afrique centrale : diversité génétique, modalités des transferts interespèces et évaluation du risque d'apparition d'épidémies - Neutralisation du virus Ebola par des anticorps de camélidés. - Le Service de santé des armées a largement été impliqué dans la lutte contre Ebola. Ses différentes missions sont décrites dans le numéro d’avril-juin 2015 d’Actu Santé, actualités du Service de santé des armées, pages 13-25. La revue décrit en particulier les structures déployées en Guinée (centre de traitement des soignants à Conakry inauguré le 19 janvier, laboratoire P3), les autres intervenants (médecins du Centre d’épidémiologie et de santé publique des armées ; 42 http://news.sl/drwebsite/publish/article_200527697.shtml http://www.reuters.com/article/2015/05/12/us-italy-ebola-idUSKBN0NX25B20150512 44 http://www.business-standard.com/article/news-ians/italian-nurse-infected-with-ebola-still-critical115051801291_1.html 45 https://www.agi.it/en/italy/news/italian_ebola_victim_improving_says_hospital-201505182059-cro-inw0010 46 http://www.business-standard.com/article/news-ians/13-quarantined-in-italy-after-ebola-virus-infects-nurse115051501412_1.html 47 Chung WM, Smith JC, Weil LM, et al. Active Tracing and Monitoring of Contacts Associated With the 1st Cluster of Ebola in the United States. Ann Intern Med, 2015, May 26. doi: 10.7326/M15-0968. 48 http://www.agence-nationale-recherche.fr/informations/actualites/detail/epidemie-debola-lanr-finance-trois-projetsde-recherche-sur-la-maladie/ 43 6 expertise de l’Institut de recherches biomédicales des armées) et l’hôpital Bégin pour l’accueil des malades rapatriés. L’UNMEER49 - La Mission des Nations Unies pour les interventions d'urgence Ebola (UNMEER) publie un rapport de situation trois fois par semaine qui détaille les derniers développements dans la réponse Ebola50. - 1er juin : le chef de la Mission des Nations Unies pour les interventions d'urgence Ebola appelle au calme et à la protection des acteurs nationaux et internationaux impliqués dans la lutte contre le virus Ebola en Guinée51. Syndrome post Ébola - Voir cette description des symptômes multiples présentés par un sujet « guéri »52 - Après guérison de la maladie, plusieurs survivants ont souffert d’impuissance, tandis que les femmes présentent une aménorrhée53. La gestion de l’épidémie par l’OMS - Un groupe d'experts indépendants a souligné, dans un rapport publié le 11 mai, la lenteur surprenante et selon eux incompréhensible de la réaction de l'OMS face à l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'ouest et a recommandé de renforcer sa capacité à réagir à l'avenir. Les avertissements lancés entre mai et juillet 2014 n'ont pas entraîné une réponse efficace et appropriée, laissant les organisations non gouvernementales affronter une situation pour laquelle elles n'étaient pas bien préparées. Les experts précisent qu’un fort consensus a émergé sur le fait que l'OMS n'a pas une solide capacité ou culture en matière opérations d'urgence. Les Nations Unies ont réagi en créant une Mission des Nations Unies pour l'action d'urgence contre Ebola (UNMEER) qui a permis de mobiliser la communauté internationale. Le groupe d'experts estime que l'OMS a révélé ses difficultés à travailler en partenariat avec le reste des Nations Unies, le secteur privé et les autres acteurs non étatiques, relations qui ont besoin d'être développées pendant les périodes de préparation. Les experts recommandent donc notamment d'investir dans la capacité opérationnelle de l'OMS pour réagir aux situations de crise et estiment qu'un changement organisationnel profond et significatif est nécessaire54. Les réponses de l’OMS - 9 avril : l’OMS a lancé un nouveau réseau d'équipes médicales d'intervention rapide pour le déploiement en cas d'urgence, y compris dans les crises humanitaires comme l’épidémie d’Ebola, les tremblements de terre, les famines et les déversements de produits chimiques. Un nouveau système d’enregistrement permettra de construire une liste de toutes les équipes médicales étrangères prêtes pour un déploiement d’urgence55. - 10 avril : l’OMS actualise ses recommandations. Même si le risque global de propagation internationale semble s’être encore réduit depuis janvier, l'événement continue de constituer une 49 https://ebolaresponse.un.org/fr/mission-des-nations-unies-pour-action-urgente-contre-ebola http://ebolaresponse.un.org/un-mission-situation-reports 51 http://reliefweb.int/report/guinea/chief-un-mission-ebola-emergency-response-calls-calm-and-protection-nationaland 52 http://knpr.org/npr/2015-05/its-story-job-ebola-survivors-who-continue-suffer 53 http://allafrica.com/stories/201505211343.html?viewall=1 54 http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=34762#.VVrqv1Xtmkp 55 http://www.thehealthsite.com/news/rapid-response-medical-teams-launched-by-who-to-fight-any-ebola-likeemergency/ 50 7 urgence de santé publique de portée internationale et l’OMS maintient toutes les recommandations temporaires précédentes et formule des conseils supplémentaires56. - 16 avril : l’OMS tire les leçons de sa gestion de la crise Ebola prenant note des critiques sur la performance de l’organisation. Elle énumère et commente les leçons de sa gestion et définit les actions futures de l’organisation tout en appelant les nations membres à prendre un certain nombre de mesures pour lutter contre les épidémies de grande ampleur futures et aider à reconstruire les pays dévastés par l’épidémie57. - L’OMS publie son plan de réponse stratégique à l’épidémie d’Ebola58. - 23 mai : les délégués à l’Assemblée mondiale de la Santé ont pris une série de décisions consécutives à l’épidémie de maladie à virus Ebola. Ils ont donné à l’OMS toute latitude pour procéder à des réformes structurelles lui permettant de se préparer et de riposter avec vitesse, souplesse et efficacité aux situations d’urgence et aux flambées de maladies59. - 27 mai : l'épidémie d'Ebola en Guinée et en Sierra Leone pourrait se terminer fin 2015 mais pourrait aussi persister plus longtemps en raison de la diminution du financement de l'Organisation mondiale de la Santé60. De plus, la saison des pluies qui a commencé rend difficile les accès aux zones rurales et 1/3 des affections nouvelles surviennent chez des sujets non suspecté d’avoir été exposés à Ebola. Les leçons de l’épidémie d’Ebola Le congrès de la Société européenne de microbiologie clinique et des maladies infectieuses a été l’occasion pour les médecins de terrain de faire le point sur l’épidémie Ebola en tirant un certain nombre de leçons de cette année passée à lutter contre le virus : 1/ la lutte contre le virus Ebola passe aussi par la mise au point de tests de diagnostics rapides utilisables au lit du malade ; 2/ il est nécessaire de s’adapter à des symptômes différents de ceux attendus et non spécifiques ; 3/ il faut tenir compte des spécificités culturelles du pays concerné61. Dans cet article de la fondation Bill Gates paru en avril dans le New England Journal of Medecine, l’auteur considère que cette épidémie est l’occasion de revoir en profondeur les systèmes de surveillance des maladies et l’organisation de la réponse aux épidémies. Ebola est loin d'être la maladie la plus infectieuse connue. D'autres agents (rougeole, grippe...) sont beaucoup plus infectieux parce qu'ils peuvent se propager par l'air, plutôt que d'exiger un contact direct. Or, les financements nécessaires à la gestion d’un large éventail d’activités coordonnées nécessaires au contrôle d’une épidémie n’existent pas et peu de pays ont respecté leurs engagements liés au Règlement sanitaire international adoptés à la suite du SRAS (2002-2003). Le système de réponse aux flambées épidémiques de l’OMS est très insuffisant et sous financé. - Il y a un besoin urgent de renforcer les systèmes de santé publique de base : le virus Ebola s’est propagé beaucoup plus rapidement dans les pays où les systèmes de soins ont été gravement affaiblis par des années de conflits armés et de négligences. En outre, il n’existe pas de processus systématique de surveillance des maladies dans les pays pauvres. - Une fois reconnue la gravitée de la situation, de nombreux cliniciens locaux auraient du être recrutés et formés ; cela n’a pas été les cas et il est heureux que MSF ait pu mobiliser des bénévoles plus rapidement que tout autre gouvernement. 56 http://www.who.int/mediacentre/news/statements/2015/ihr-ec-ebola/en/ http://www.who.int/csr/disease/ebola/joint-statement-ebola/en/ 58 http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/163360/1/9789241508698_eng.pdf 59 http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2015/wha-23-may-2015/fr/ 60 http://gulftoday.ae/portal/47d56432-6aa9-44f7-b88e-c12f52233352.aspx 61 http://www.medscape.fr/voirarticle/3601486 57 8 - Transports et équipements sont également essentiels : dans une épidémie, aéroports et routes sont saturés par les personnes qui tentent de fuir la zone touchée et peu d’organisations sont capables de déplacer des milliers de personnes, certaines infectées, à divers endroits du monde avec un court préavis ; les ressources militaires utilisées par certains pays ont été particulièrement utiles. De même, l’établissement d’une liste de fournitures nécessaires pour arrêter une épidémie susceptible de toucher des millions de personnes devrait être établie en vue de stockages et de réquisitions. - Une bonne base de données accessible est essentielle pour savoir ce qui se passe, ce qui n’a pas toujours été le cas lors de cette épidémie. Des outils technologiques (téléphones cellulaires, internet, satellites...) sont nécessaires pour le signalement des cas, les mouvements de populations... - Les outils médicaux et de santé publique (diagnostic, médicaments, plasmaphérèse, vaccins...) ont manqué et les organisations du secteur privé ne se sont pas engagées suffisamment dans des projets commercialement non viables. Un financement international pourrait être envisagé et des investissements développés pour la recherche sur les antiviraux. Les processus d’approbation des nouveaux médicaments doivent être accélérés. - L’utilisation de la quarantaine, contre-productive pour un virus a contagiosité limitée comme Ebola, peut réduire la propagation d’un agent plus infectieux comme la grippe aux premiers stades d’une épidémie. La communication est un processus essentiel, mais doit être préparée pour éviter confusions et paniques. - La fondation lance un appel mondial à l’action à travers les Nations Unies via une institution mondiale qui pourrait être habilitée et financée pour coordonner un système d’alerte et de réponse globale impliquant non seulement l’OMS mais aussi l’OTAN qui devrait en faire une priorité. Ce système, correctement financé, devrait permettre une prise de décision rapide au niveau mondial et être capable de renforcer les systèmes de santé dans les pays à faible revenu62. La revue The Lancet a invité un groupe de praticiens respectés de la santé mondiale à réfléchir sur les leçons à tirer de l’épidémie d’Ebola avec ses implications pratiques pour les programmes et les politiques : par exemple, renforcement des capacités sanitaires de base comme exigé par le Règlement sanitaire international. Les auteurs du rapport ont décrit certaines des principales menaces pour la santé humaine et ont émis des recommandations pour les contrer. Beaucoup de perspectives différentes sont proposées avec l’objectif d’une société plus durable et résiliente pour la santé humaine et le bien-être63. Cet autre article du Lancet revient sur les échecs de leadership au cours de la crise - même si la réponse a été sans précédent - échecs qui exigent des réformes novatrices. Les auteurs proposent un modèle pour ces réformes répondant aux préjudices profonds posés par les systèmes de santé nationaux fragiles, les retards dans la réponse internationale, le déficit de mobilisation des ressources, les responsabilités mal définies et une coordination insuffisante. Au sommet du système mondial de santé devrait être l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui possède les outils normatifs, l’excellence technique, la capacité opérationnelle et celle de conclure des traités avec les pays. Les Etats membres devraient financer l'OMS au niveau requis pour satisfaire pleinement ses responsabilités mondiales. L'Assemblée mondiale de la Santé doit améliorer le 62 Bill Gates. The Next Epidemic — Lessons from Ebola. N Engl J Med, 2015, 372:1381-1384 April 9, 2015 DOI: 10.1056/NEJMp1502918 63 David L Heymann, Lincoln Chen, Keizo Takemi, David P Fidler, Jordan W Tappero, Mathew J Thomas, Thomas A Kenyon, Thomas R Frieden, Derek Yach, Sania Nishtar, Alex Kalache, Piero L Olliaro, Peter Horby, Els Torreele, Law rence O Gostin, Margareth Ndomondo-Sigonda, Daniel Carpenter, Simon Rushton, Louis Lillywhite, Bhimsen Devkota, Khalid Koser, Rob Yates, Ranu S Dhillon, Ravi P Rannan-Eliya. Global health security: the wider lessons from the west African Ebola virus disease epidemic. Lancet, 2015; 385: 1884–901 9 Règlement sanitaire international. Les systèmes de santé nationaux doivent être renforcés, avec un nombre suffisant de personnels bien formés distribués équitablement et un nombre suffisant de travailleurs de la santé qui aient la confiance des communautés pour travailler dans des conditions sûres. Les ressources mondiales doivent soutenir les systèmes nationaux et un Fonds International doit être mis en place pour renforcer les systèmes de santé et d'urgence et les installations en cas d’urgences de santé64. Voir en outre cet article sur le rôle possible du G7 pour renforcer la capacité nationale de santé publique dans les pays en développement en fournissant une assistance au développement à travers le cadre du Règlement sanitaire international, pour soutenir le personnel d'urgence de santé mondiale mis en place par l'OMS et ses partenaires internationaux et le développement de vaccins sûrs et efficaces pour les maladies négligées comme le virus Ebola. Les membres du G7 pourraient enfin envisager la possibilité de profiter de l'élan pour consolider les relations entre la défense et de la santé et intégrer dans la fonction de base de leurs forces armées la réponse aux crises sanitaires civiles65. Le virus et la maladie - Les auteurs de cette étude ont résolu par cristallographie la structure moléculaire de base de la nucléoprotéine virale dont la protéine présente, entre deux lobes, un sillon de liaison à l’ARN viral. Cette structure présente des similitudes avec celles d’autres virus de l’ordre des Mononegavirales (virus à ARN négatif). Une poche hydrophobe à la surface d’un des lobes est occupée par une hélice α de la nucléoprotéine, hautement conservée parmi les filovirus, pouvant servir de cible à des traitements futurs66. - Les analyses préliminaires des séquences du génome de 81 EBOV recueillies de mars à juin 2014 en Guinée et en Sierra Leone suggèrent que le virus prend son origine d'une transmission indépendante de son réservoir naturel, suivie par des transmissions interhumaines soutenues. Sur 175 génomes complets de virus issus de Sierra Leone entre le 28 septembre et le 11 novembre 2014, on constate que le virus s’est diversifié entre juillet et novembre avec l’émergence de plusieurs nouvelles lignées avec un taux de substitutions estimé de 1,23 ×10-3 substitutions par site et par an, proche de ce qui avait été observé dans les foyers épidémiques précédents67. - Les auteurs rapportent les résultats du séquençage de 179 virus recueillis chez des malades entre mars 2014 et janvier 2015 et analysés au laboratoire européen mobile implanté en Guinée. Si l'origine du virus a probablement été la transmission d’un virus zoonotique de la chauve-souris à un garçon de 2 ans en décembre 2013, le virus s’est ensuite transmis de manière interhumaine dans les pays d’Afrique de l’ouest. 64 Gostin, Lawrence O. and Friedman, Eric, A Retrospective and Prospective Analysis of the West African Ebola Virus Disease Epidemic: Robust National Health Systems at the Foundation and an Empowered WHO at the Apex (2015). Lancet, Vol. 385, pp. 1902-1909, 2015. Available at SSRN: http://ssrn.com/abstract=2604976 65 http://www.chathamhouse.org/expert/comment/17567 http://www.chathamhouse.org/expert/comment/17567#sthash.OWZzXjm3.dpuf 66 Shishang Dong, Peng Yang, Guobang Li, Baocheng Liu, Wenming Wang, et al. Insight into the Ebola virus nucleocapsid assembly mechanism: crystal structure of Ebola virus nucleoprotein core domain at 1.8 Å resolution. Protein & Cell, 2015, 6(5): pp 351-362, 67 Yi-Gang Tong, Wei-Feng Shi, Di Liu, Jun Qian et al. Genetic diversity and evolutionary dynamics of Ebola virus in Sierra Leone. Nature, 2015 doi:10.1038/nature14490 Published online 13 May 2015 10 Les résultats de l’étude révèlent que le virus de Guinée a envahi la Sierra Leone en avril ou début mai 2014. Les virus de Guinée et de Sierra Leone se sont mélangés entre juin et juillet 2014, créant une lignée qui a évolué indépendamment des autres en Guinée à partir du mois d’août 201468. - La pénétration du virus Ebola dans les cellules se fait par macropinocytose et formation de vésicules endosomales, mais le mécanisme reste mal connu. Cette entrée nécessite les canaux ioniques calciques à double pore des vésicules endosomales. En l’absence du gène correspondant, ou l’usage d’ARN interférents ou d’autres petites molécules perturbant les fonctions de ce canal permettent d’éviter l’infection. C’est le cas de la Tétrandrine qui inhibe l’infection des macrophages humains et présente une efficacité thérapeutique chez la souris69. - Cette étude montre que la protéine Niemann-Pick C1 (NPC1) présente dans les lysosomes de la cellule hôte est un récepteur d'entrée essentiel pour les filovirus (glycoprotéine de liaison). Les auteurs ont montré que les souris déficientes homozygotes en NPC1 (NPC1 -/-) sont réfractaire à l’infection par le virus Ebola contrairement à la souche sauvage. Les animaux hétérozygotes NPC1 +/développent des niveaux élevés de virémie mais présentent une protection relative vis à vis de la maladie. Les animaux NPC270 -/- sont pleinement sensibles à l’infection. Les molécules connues pour inhiber la fonction de NPC1 (voie du transport de cholestérol) testées dans cette étude réduisent les titres viraux et confèrent une protection modeste peu significative aux animaux traités. Cependant, cette protéine peut servir de cible pour la mise au point d’antiviraux71. - Dans cette étude réalisée en Guinée, les auteurs ont analysé les chaines de transmission de 193 cas d’Ebola. 152 ont pu être positionnés dans des chaines de transmission. Hormis les personnels de santé (0,4 personnes infectées par malade en mars 2014, réduit à 0,1 en avril après la mise en œuvre du contrôle des infections), chaque malade a transmis la maladie à 2,3 personnes dans la communauté, et à 0,5 personnes lors des funérailles (données de mars 2014). Dans le mois suivant, la transmission lors des funérailles s’est réduite à moins de 0,1 mais n’a pas changé dans la communauté. En mars, 35% des cas résultaient de la transmission à l’hôpital et 15% lors des funérailles, chiffres tombés à 9 et 4% respectivement en avril. Le reste des cas correspond aux transmissions communautaires (82% et 72% au sein de la famille). Si le pays disposait de la capacité d’arrêter l’épidémie, il a suffi de quelques familles non coopérantes dans les grands centres urbains pour prolonger la propagation à bas niveau de la maladie72. 68 Miles W. Carroll, David A. Matthews, Julian A. Hiscox, Michael J. Elmore et al.Temporal and spatial analysis of the 2014–2015 Ebola virus outbreak in West Africa. Nature, 2015 doi:10.1038/nature14594 Published online 17 June 2015 69 Yasuteru Sakurai, Andrey A. Kolokoltsov, Cheng-Chang Chen, Michael W. Tidwell et al. Two-pore channels control Ebola virus host cell entry and are drug targets for disease treatment. Science, 27 February 2015: 995-998. 70 NPC2 encode une protéine liant le cholestérol 71 Andrew S. Herbert, Cristin Davidson, Ana I. Kuehne, Russell Bakken et al. Niemann-Pick C1 Is Essential for Ebolavirus Replication and Pathogenesis In Vivo. mBio, 2015, 6(3e00565-15) doi: 10.1128/mBio.00565-1526 72 Ousmane Faye, Pierre-Yves Boëlle, Emmanuel Heleze, Oumar Faye et al. Chains of transmission and control of Ebola virus disease in Conakry, Guinea, in 2014: an observational study. The Lancet Infectious Diseases, 15(3): 320–326, March 2015 11 - A la demande du ministère de la Santé guinéen, le CDC et l’OMS ont enquêté sur une flambée locale d’Ebola survenue mi-décembre 2014 qui est passée de 1 à 62 cas en une semaine. L'enquête a révélé que 85 cas confirmés d'Ebola ont été liés à une cérémonie de funérailles traditionnelles, dont 62 (73%) au cours de la semaine du 15 au 21. Aucun cas supplémentaire n’a été signalé après le 10 janvier, 201573. - L’étude des réponses immunitaires de 4 malades hospitalisés à l'hôpital de l'Université Emory a montré une activation des cellules B et T chez tous les patients. Les plasmoblastes représentaient 10 à 50% des cellules B (moins de 1% chez les individus sains) et beaucoup étaient IgG-positifs, coïncidant avec la présence d'IgG spécifiques du virus Ebola dans le sérum. Les cellules T CD4 activées variaient de 5 à 30% (2,1% chez les témoins sains) et les cellules T CD8 exprimaient chez plus de 50% d’entre-elles des marqueurs d’activation de la prolifération. Ces résultats suggèrent que les patients ont développé une forte réponse immunitaire au cours de la phase aiguë de l'infection par le virus Ebola, constatation qui va à l’encontre de l’hypothèse sur la nature hautement immunosuppressive du virus Ebola. En outre, ce qui apparaît surprenant, les cellules CD8 activées ont persisté de manière soutenue après la disparition du virus du plasma, même un mois après la sortie des patients. Les réponses des cellules T CD4 et CD8 se son ciblées sur plusieurs protéines virales, plus particulièrement la nucléoprotéine. La connaissance des protéines ciblées lors de l’infection naturelle devrait être utile dans la conception des vaccins Ebola74. - L’analyse de 65 séquences de glycoprotéines du virus Ebola recueillies chez l’homme ou chez les grands singes montre que l’évolution du virus a été largement caractérisée par une dérive génétique neutre ; l'émergence radicale de variants plus transmissibles est donc peu probable75. - Parmi les survivants de la maladie à virus Ebola, les complications à type d’uvéite peuvent se développer pendant la convalescence, mais leur incidence et leur pathogenèse sont inconnues. Chez un patient qui a récupéré de la maladie, une uvéite unilatérale sévère s’est développée pendant la convalescence. Du virus Ebola viable a été détecté dans l'humeur aqueuse 14 semaines après le début de l'EVD et 9 semaines après la fin de la virémie76. Cette observation n’implique pas que le virus puisse se transmettre, la surface de la cornée et les larmes étant exemptes de virus77. Un changement de couleur de l’iris a même été signalé78. - L'infection est initiée par des virions qui entrent dans les cellules dendritiques, les macrophages et peut-être, les hépatocytes. Les virus se lient à des cellules cibles au moyen de deux types de récepteurs relativement non spécifiques : les lectines de type C qui interagissent avec les glycanes de la glycoprotéine virale de surface et les 73 http://www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/mm6414a4.htm?s_cid=mm6414a4_e Anita K. McElroy, Rama S. Akondy, Carl W. Davis, Ali H. Ellebedy et al. Human Ebola virus infection results in substantial immune activation. PNAS, 2015, 112(15): 4719–4724, doi: 10.1073/pnas.1502619112 http://www.cidrap.umn.edu/news-perspective/2015/04/challenges-guinea-spur-increase-ebola-cases 75 Taj Azarian, Alessandra Lo Presti, Marta Giovanetti, Eleonora Cella et al. Impact of spatial dispersion, evolution, and selection on Ebola Zaire Virus epidemic waves. Scientific Reports, 2015,5, doi:10.1038/srep10170 Published 14 May 2015 76 Jay B. Varkey, Jessica G. Shantha, Ian Crozier, Colleen S. Kraft et al. Persistence of Ebola Virus in Ocular Fluid during Convalescence. NEJM, May 7, 2015DOI: 10.1056/NEJMoa1500306 77 http://www.sciencetimes.com/articles/6402/20150516/can-ebola-stay-hidden-in-the-orbits-of-the-eye.htm 78 http://www.startribune.com/health-briefs-ebola-tied-to-changing-eye-color/303981541/ 74 12 récepteurs de la PtdSer (phosphatidylsérine, présente sur le feuillet externe de l'enveloppe virale). Les virions d'Ebola sont internalisés dans des endosomes principalement par macropinocytose (d’autres voies existent)79. - Le 20 mars 2015, 30 jours après le cas confirmé d’Ebola le plus récent au Libéria, le virus Ebola a été confirmé en laboratoire chez une femme à Monrovia. L'enquête a identifié un seul lien épidémiologique, les rapports sexuels vaginaux non protégés avec un survivant80. La transmission du virus de l’homme à la femme est une forte possibilité, mais n’a jamais été prouvée. Le virus peut être retrouvé dans le sperme 82 jours après le début de la maladie et du matériel génétique viral a été retrouvé 199 jours après le début des symptômes, bien au delà de la présence détectable de virus dans le sang. Du virus a également été détecté dans les sécrétions vaginales d’une femme 33 jours après le début de la maladie mais aucun virus vivant n’a été mis en évidence ; ces données ne permettent pas de savoir si le virus peut être sexuellement transmis de femme à homme. Pour ces différentes raisons, le conseil est d’avoir des rapports protégés pendant 3 mois après guérison clinique81. - Chez des singes macaques infectés par Ebola, le virus est détectable et viable pendant 7 jours dans les cadavres et de l’ARN viral est présent pendant 10 semaines82. - La stabilité dans l’environnement du virus Ebola Zaïre a été étudiée par cette équipe dans différents milieux et à différentes températures. Le virus reste viable pour une durée plus longue dans des conditions hospitalières que dans celles simulées de l’Afrique de l’ouest et dans les liquides que dans le sang séché : 3 jours sur Tyvek et 6 jours dans l’eau dans des conditions hospitalières, 3 jours dans l’eau et 6 jours dans le sang non sec dans les conditions tropicales. Le virus est plus stable à 21°C. Le potentiel de diffusion du virus dans les eaux usées n’est pas connu (le virus est éliminé dans les urines)83. Les pistes thérapeutiques et vaccinales L’OMS vient de publier un document de synthèse sur les vaccins et les thérapeutiques contre Ebola84. Des tableaux en annexe issus de cet article sont reproduits en annexes. Voir cette mini-revue du Lancet sur les traitements et les vaccins85. Les pistes thérapeutiques – actualités 1. Immunothérapie passive 79 Moller-Tank S, Maury W (2015) Ebola Virus Entry: A Curious and Complex Series of Events. PLoS Pathog 11(4): e1004731. doi:10.1371/journal.ppat.1004731 80 http://www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/mm6417a6.htm?s_cid=mm6417a6_w 81 http://www.who.int/reproductivehealth/topics/rtis/ebola-virus-semen/en/ 82 Prescott J, Bushmaker T, Fischer R, Miazgowicz K, Judson S, Munster VJ. Postmortem stability of Ebola virus. Emerg Infect Dis. 2015 May [date cited]. http://dx.doi.org/10.3201/eid2105.150041 83 Fischer R, Judson S, Miazgowicz K, Bushmaker T, Prescott J, Munster VJ. Ebola virus stability on surfaces and in fluids in simulated outbreak environments. Emerg Infect Dis. 2015 Jul [date cited]. http://dx.doi.org/10.3201/eid2107.150253 84 http://www.who.int/medicines/emp_ebola_q_as/en/ 85 http://www.thelancet.com/journals/laninf/article/PIIS1473-3099%2814%2971071-0/fulltext 13 Voir cet article sur l’usage d’anticorps dans la lutte contre Ebola et certaines autres maladies infectieuses ou toxiniques86 et l’annexe 2. Les premiers dons de plasma de survivants de l'épidémie d'Ebola en Sierra Leone ont été reçus par une équipe de recherche internationale (Université de Liverpool, Faculté de Médecine et services paramédicaux de Sierra Leone) qui travaillent à l'unité de traitement d'Ebola, gérée par le groupe Hôpital Militaire 34e Régiment à Freetown87. L’étude est en partenariat avec de nombreuses institutions. Des essais de phases II et III sont actuellement en cours ; en Guinée, les essais sont soutenus par la Belgique, la France et le Royaume-Uni. Au Liberia, les Etats-Unis soutiennent un essai de plasma. D’autres essais sont en cours en Sierra Leone, avec le soutien du Royaume-Uni et des États-Unis88. 2. Autres traitements expérimentaux en phase d’essais cliniques (vor l’annexe 3) - TKM-Ebola Produit par Tekmira Pharmaceuticals à Burnaby, Canada, TKM-Ebola est fait de petits ARN interférents emballés dans des nanoparticules lipidiques. Les ARN ciblent trois des sept gènes du virus Ebola et bloquent la réplication des virus. Ils sont adaptés à la souche circulant actuellement en Afrique de l’ouest. Ce médicament (siEbola-3 LNP) s’est révélé efficace chez le singe rhésus comme en témoignent les résultats de cette étude où 100% des animaux testés ont été protégés même 3 jours après l’exposition au virus alors qu’ils étaient virémiques et symptomatiques89. 3. Nouvelles pistes thérapeutiques - Les inhibiteurs des protéases La pénétration dans les cellules de divers virus (Ebola, coronavirus) dépend de l’activation de la glycoprotéine de surface par des protéases de la cellule hôte. Cette étude montre qu’un inhibiteur de la cystéine protéase (K11777), étroitement apparenté aux vinylsulfones, agit comme un antiviral à large spectre en ciblant l’entrée du virus dans la cellule. Par comparaison à l’action du camostat, inhibiteur des sérine-protéases, les auteurs montrent que la propagation de virus de SRAS dans la cellule est plutôt liée aux sérine-protéases, alors que pour Ebola, les vinylsulfones apparaissent comme de bons candidats thérapeutiques90. 86 Casadevall A, Pirofski L-a (2015) The Ebola Epidemic Crystallizes the Potential of Passive Antibody Therapy for Infectious Diseases. PLoS Pathog 11(4): e1004717. doi:10.1371/journal.ppat.1004717 87 http://www.eurekalert.org/pub_releases/2015-04/uol-esd042215.php 88 http://www.who.int/features/2015/blood-plasma-ebola-context/en/ 89 Emily P. Thi, Chad E. Mire, Amy C. H. Lee, Joan B. Geisbert et al. Lipid nanoparticle siRNA treatment of Ebolavirus-Makona-infected nonhuman primates. Nature, 2015 doi:10.1038/nature14442 Published online 22 April 2015 90 Yanchen Zhou, Punitha Vedantham, Kai Lu, Juliet Agudelo et al. Protease inhibitors targeting coronavirus and filovirus entry. Antiviral Research, 2015, (116): 76–84 14 13 mai 2015 : le Canada vient d’approuver un protocole d'étude clinique pour traiter les personnes infectées par le virus Ébola avec le Aethlon Hemopurifier®91. 2. Les Pistes vaccinales - actualités Selon l’OMS, avec une épidémie presque contrôlée, les essais de vaccins ne fourniront probablement pas suffisamment de données utiles sur la façon dont ils protègent les gens contre le virus mortel. Le point sur les essais cliniques (voir annexe 1) Huit pays africains sont concernés par les essais sur les vaccins. Hormis les 3 pays qui ont été impactés gravement par l’épidémie, il y a le Nigeria, la Guinée, le Cameroun, le Ghana, le Mali et le Sénégal92. Le schéma de vaccination Ebola est en développement dans les entreprises pharmaceutiques Janssen de Johnson & Johnson ; il utilise une combinaison prime-boost de deux composants qui sont basées sur la technologie AdVac® de Crucell Hollande BV, une des entreprises pharmaceutiques Janssen, et la technologie MVA-BN® de Bavarian Nordic. La société collabore avec de nombreux partenaires, y compris la London School of Hygiene and Tropical Medicine et l'Inserm, pour accélérer le développement du schéma de vaccination. L’évaluation du schéma de vaccination a commencé avec la phase I à l’Oxford Vaccine Group en décembre 2014 suivie d’études de phase 1 aux États-Unis et en Afrique (Kenya, Ouganda, Tanzanie). Un accord a été signé entre la Sierra Leone et Crucell Holland BV, commanditaire de l'étude93. Le ChAd3-ZEBOV, développé par GlaxoSmithKline, en collaboration avec l'Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) est en phase III des essais cliniques au Libéria et rVSV-ZEBOV, développé par NewLink Génétique et Merck Vaccines (Etats-Unis), en collaboration avec l'Agence de santé publique du Canada et l'OMS est entré en phase III des essais en Guinée. L’essai qui a débuté en Mars en Guinée est réalisé en étroite collaboration avec le ministère de la Santé de Guinée, MSF, Epicentre et l'Institut norvégien de santé publique. Un candidat vaccin, à l’étude à l’université d’Oxford, utilisant le virus de la vaccine modifié Ankara comme stimulant pour le vaccin ChAd3 (adénovirus de chimpanzé modifié, GSK) va entrer en phase I94. Emergent BioSolutions Inc. a réalisé le MVA EBOZ utilisé dans cette étude, menée avec le soutien du Wellcome Trust et du Département britannique pour le développement international. Cette étude sera réalisée chez 38 volontaires95. Les CDC, en partenariat avec le College of Medicine and Allied Health Sciences et le Ministère de la Santé et de l'Assainissement de Sierra Leone, est maintenant (mi-avril) prêt à lancer un 91 http://www.investorideas.com/CO/AEMD/news/2015/05131.asp http://allafrica.com/stories/201505201591.html?viewall=1 93 http://www.afro.who.int/en/ghana/press-materials/item/7618-who-convenes-meeting-for-the-assisted-review-ofthe-janssen-ebola-zaire-vaccine-clinical-trials.html 94 http://bioprepwatch.com/stories/510544982-oxford-ebola-vaccine-booster-to-enter-clinical-trials 95 http://www.streetinsider.com/Corporate+News/Emergent+Bio+%28EBS%29,+University+of+Oxford,+GSK+%28 GSK%29+Commence+New+Ebola+Vaccine+Prime-Boost+Phase+1/10554877.html 92 15 essai de vaccination des bénévoles du secteur de la santé et des intervenants en première ligne de Sierra Leone avec le rVSV-ZEBOV96. Inovio développe une immunothérapie d'ADN conçue pour produire une réponse large d’anticorps protecteurs et de lymphocytes T thérapeutiques contre de multiples souches du virus Ebola, y compris les souches responsables de l'épidémie 2014. Dans les essais précliniques publiés précédemment, cette immunothérapie a protégé 100% des animaux vaccinés après avoir été exposés à une dose létale du virus Ebola. Des essais cliniques précoces, soutenus par la DARPA, sont prévus, ainsi que pour des thérapeutiques ADN à base d’anticorps monoclonaux. Ce premier essai évaluera l'immunothérapie Inovio (INO-4212) ADN Ebola en cinq groupes de sujets sains recevant INO-4212 et ses composants (INO-4201 et INO-4202), seul ou en combinaison avec l'INO-901297. Un vaccin Ebola développé par Hawaii Biotech Inc. depuis une douzaine d’années, en partenariat avec l'Université d'Hawaii (École de médecine) pourrait bientôt commencer les essais cliniques chez l'homme après des essais d'efficacité réalisés sur des souris, des cobayes et des singes en collaboration avec les laboratoires de la Chine continentale. Le vaccin non réplicatif pourrait protéger contre trois virus, Ebola, Soudan et Marburg98. Les vaccins à base de virus de la stomatite vésiculaire (rVSV-ZEBOV) - Dans cet essai de phase I de ce vaccin, réalisé en double aveugle chez 158 sujets en Europe et en Afrique, les auteurs n’ont observé aucun incident grave, mais une virémie temporaire chez 94% des sujets et une fièvre chez 35% des vaccinés. Une arthrite temporaire affectant 1 à 4 articulations a été observée dans la 2ème semaine chez 11 des 40 participants à Genève et 2 cas d’autoimmunité sur 40 participants à Hambourg. Les réponses d'anticorps spécifiques de la glycoprotéine ZEBOV ont été détectées chez tous les participants, avec des titres similaires, mais les titres d'anticorps neutralisants sont sensiblement plus élevés à des doses plus élevées de vaccin. Une étude de phase III vient de démarrer en Guinée et une autre est prévue en Sierra Leone99,100. - L’essai de phase I du vaccin rVSV ZEBOV réalisé au Kenya chez 138 infirmières et personnels médical et financé par Wellcome trust a montré qu’il est sans effets secondaires graves et qu’il produit des anticorps101. - Les résultats préliminaires d’un autre essai clinique de phase I de ce vaccin (développé par le Canadian National Microbiological Laboratory et licencié à BioProtection Systems - NewLink Genetics et à Merck) réalisé en double aveugle chez 52 volontaires au niveau de deux sites différents montre que 93% des 40 sujets ayant reçu le vaccin ont produit des anticorps 2 semaines après l’injection et 100% au bout de 4 semaines. La réponse est plus importante avec des doses plus élevées. Les 96 http://www.cdc.gov/media/releases/2015/p0414-ebola-vaccine.html http://www.europeanpharmaceuticalreview.com/31522/news/industry-news/inovio-initiates-phase-i-trial-of-itsebola-dna-immunotherapy/ 98 http://www.bizjournals.com/pacific/news/2015/05/20/university-of-hawaii-and-hawaii-biotech-forwarding.html 99 http://www.medscape.com/viewarticle/842555 100 Selidji T. Agnandji, Angela Huttner, Madeleine E. Zinser, Patricia Njuguna et al. Phase 1 Trials of rVSV Ebola Vaccine in Africa and Europe — Preliminary Report. The New England Journal of Medicine, April 1, 2015 DOI: 10.1056/NEJMoa1502924 101 http://www.theeastafrican.co.ke/news/Initial-results-of-Ebola-vaccine-trials-in-Kenya-show-it-is-safe//2558/2690326/-/3u623yz/-/index.html 97 16 effets secondaires les plus fréquents consistent en une virémie transitoire, une douleur au site d’injection et une fièvre passagère ; aucun signe d’arthrite n’a été observé dans cette étude menée par le NIAD et le WRAIR, contrairement à l’essai mené en Suisse sur ce type de vaccin102. - Cette étude présente les résultats des essais chez le macaque de deux vaccins à base de virus de la stomatite vésiculaire atténué (rVSV) exprimant la glycoprotéine ZEBOV de la souche épidémique 2014. Ces deux vaccins produisent une virémie associée au vaccin 10 fois inférieure à celle des vaccins de première génération et protègent complètement l’animal avec une dose unique de vaccin103. - L’OMS a été critiquée pour le fonctionnement de l'essai en anneau du vaccin Ebola rVSV-EBOV en Guinée en raison du manque de soins relatifs aux effets secondaires (fièvre en particulier) chez les participants aux essais104. Deux essais sont conduits en Guinée, l’un en collaboration avec une équipe de MSF (objectif : 1200 sujets) et l’autre en collaboration avec l’OMS (objectifs : 190 contacts autour d’un cas clinique d’Ebola), auxquels pourrait s’ajouter un troisième essai piloté par le NIH. La fièvre est fréquente après vaccination (20-30%) et s’ajoute aux problèmes liés au paludisme et pose problème chez des sujets ayant été possiblement exposés au virus Ebola quant à leur suivi, les centres de traitement d’Ebola n’étant pas appropriés pour cela. L’idée est de laisser les chefs de villages appeler au téléphone en cas de fièvre chez les vaccinés en plus des visites des villages réalisées par les équipes des essais. Mais ces deux méthodes ne sont pas totalement fiables. Les vaccins à base d’adénovirus - Un vaccin basé sur un adénovirus exprimant la GP d’Ebola Zaïre (Ad5-ZGP), comportant un adjuvant, protège les cobayes placés au contact d’animaux malades 4 semaines après la vaccination. Les animaux vaccinés présentent des IgG sériques105. - Un vaccin à base d’adénovirus recombinant de type 5 exprimant la glycoprotéine (GP) du virus Ebola, souche 2014, a été testé en phase 1 au hasard à faible ou forte dose chez 120 volontaires en Chine entre le 28/12/2014 et le 8/1/2015. 68% des sujets ont rapporté au moins une réaction indésirable temporaire et sans gravité dans les 7 jours suivant la vaccination. Des anticorps spécifiques de la GP ont été augmentés dès le 14ème jour en moyenne, plus chez les sujets recevant des doses fortes. La réponse des lymphocytes T a culminé à 14 jours et de manière 102 Jason A. Regules, John H. Beigel, Kristopher M. Paolino et al., 2015. A Recombinant Vesicular Stomatitis Virus Ebola Vaccine - Preliminary Report. The New England Journal of Medicine, April 1, 2015 DOI: 10.1056/NEJMoa1414216 103 Chad E. Mire, Demetrius Matassov, Joan B. Geisbert, Theresa E. Latham et al. Single-dose attenuated Vesiculovax vaccines protect primates against Ebola Makona virus. Nature, 2015, 520: 688–691 doi:10.1038/nature14428 104 http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736%2815%2960938-2/fulltext 105 Gary Wong, Jason S. Richardson, Todd Cutts, Xiangguo Qiu, Gary P. Kobinger et al. Intranasal immunization with an adenovirus vaccine protects guinea pigs from Ebola virus transmission by infected animals. Antiviral Research, 2015, 116: 17–19 17 plus forte pour les vaccins plus fortement dosés. Ainsi, le vaccin à dose élevée est sûr et immunogène106. Les vaccins à base de particules virus-like - Les particules virus-like comportant les protéines GP, NP et VP40 sont capables de protéger la souris contre une infection létale à virus Ebola lorsqu’elles sont administrées avant ou après l’infection. Cette protection passe par une accélération de l’induction des gènes stimulés par l’IFN-1 conduisant l’élaboration de protéines antivirales et à des facteurs de restriction de la réplication virale et de la réponse inflammatoire excessive107. - Utilisant un modèle de primate non humain, les auteurs ont montré qu’un vaccin à base de particules virus-like exprimant la GP du virus Soudan, la NP et VP40 confère une protection totale contre une infection létale à virus Ebola Soudan et qu’un vaccin comportant la GP d’Ebola confère une protection croisée contre le virus de la Forêt de Thaï. Cette observation montre que l’on peut utiliser un vaccin à particules pseudo-virales à large spectre en combinant seulement 3 composants (Ebola, Soudan et Marburg)108. - Les particules virus-like exprimant les protéines VP40, GP et NP du virus protègent les rongeurs et les primates non humains d'infections létales. Ces particules pseudovirales stimulent l'expression de cytokines pro-inflammatoires dans les cellules dendritiques et les macrophages in vitro. Cette étude montre qu’elles stimulent en outre l'expression d'interférons de type I et les gènes stimulés par l’IFN dans les cellules de moelle osseuse de souris. Ainsi, ces réponses impliquent la voie du récepteur Toll-like. Le vaccin administré avec le poly I:C109 et l'ADN CpG110 s’accompagne d’une augmentation de l’expression des cytokines et des gènes stimulés par l’IFN et confère une meilleure protection contre le virus chez la souris111. Les vaccins à ADN 106 Feng-Cai Zhu, Li-Hua Hou, Jing-Xin Li, Shi-Po Wu et al. Safety and immunogenicity of a novel recombinant adenovirus type-5 vector-based Ebola vaccine in healthy adults in China: preliminary report of a randomised, double-blind, placebo-controlled, phase 1 trial. The Lancet, 2015, 385(9984): 2272–2279, 6 June 2015 107 Ayithan N, Bradfute SB, Anthony SM, Stuthman KS, Bavari S, et al. (2015) Virus-Like Particles Activate Type I Interferon Pathways to Facilitate Post-Exposure Protection against Ebola Virus Infection. PLoS ONE 10(2): e0118345. doi:10.1371/journal.pone.0118345 108 Warfield KL, Dye JM, Wells JB, Unfer RC, Holtsberg FW, et al. (2015) Homologous and Heterologous Protection of Nonhuman Primates by Ebola and Sudan Virus-Like Particles. PLoS ONE 10(3): e0118881. doi:10.1371/journal.pone.0118881 109 L'acide polyinosinique-polycytidylique est un ARN double brin synthétique constitué d'un brin de poly(acide inosinique) et d'un brin de poly(acide cytidylique) appariés. Structurellement semblable à l'ARN bicaténaire de certains virus, il interagit avec la protéine TLR3, un récepteur de type Toll présent sur la membrane plasmique des lymphocytes B, des macrophages et des cellules dendritiques, ce qui a pour effet de susciter une réponse immunitaire en simulant une infection virale. Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Acide_polyinosinique-polycytidylique 110 CPG : site de l’ADN où la cytosine est positionnée à côté de la guanine dans la séquence de l’ADN 111 Ayithan N, Bradfute SB, Anthony SM, Stuthman KS, Dye JM, Bavari S, Bray M, Ozato K. Ebola virus-like particles stimulate type I interferons and proinflammatory cytokine expression through the toll-like receptor and interferon signaling pathways. J Interferon Cytokine Res, 2014, 34(2):79-89. doi: 10.1089/jir.2013.0035. 18 - Cette étude de phase Ib, réalisée en Ouganda entre novembre 2009 et avril 2010 sur 108 participants a testé un vaccin à ADN anti Marburg et un vaccin anti Ebola Zaïre et Soudan. Les vaccins ont été bien tolérés et ont provoqué des réponses d'anticorps et de lymphocytes T spécifiques pour les glycoprotéines reçues sans différences entre l'utilisation concomitante et séparée des deux vaccins112. Autres pistes vaccinales - Un vaccin basé sur un virus Ebola Zaïre défectif non réplicatif (EBOVΔVP30) protège la souris et le cobaye contre la maladie. Outre les modifications du virus le rendant non réplicable, il est inactivé au peroxyde d’hydrogène. Dans cette étude, les auteurs ont obtenu des résultats comparables chez le primate non humain. L’intérêt de ce vaccin est qu’il présente toutes les protéines et l’ARN virales, disponibles aux réactions immunitaires de l’hôte113. Les tests diagnostics (voir l’annexe 4) - Un kit de diagnostic produit par la Shanghai ZJ Bio-Tech Co a été approuvé par l’OMS114. - Après 6 ans de développement, Un dispositif portable développé à Dunedin (Nouvelle Zélande) a passé les tests avec succès à l’université d’Otago. Il permet de tester directement bactéries et virus en identifiant des séquences cibles d’acides nucléiques ; il peut être utilisé pour détecter le virus Ebola. Il présente une sensibilité équivalente à celles obtenues en laboratoire avec des équipements plus importants et ne produit pas de faux positifs. Il pourrait être approuvé par la FDA pour le diagnostic d’urgence d’Ebola115. - La société biomédicale Cepheid, Sunnyvale, a reçu l’autorisation de la FDA pour son dispositif Cepheid GeneXpert (PCR) dans le diagnostic d’urgence d’Ebola. Cette société a reçu l’aide du Lawrence Livermore National Laboratory pour tester le dispositif ainsi que de trois autres institutions116. Michel Curé Conseil scientifique du Haut comité français pour la défense civile 112 Hannah Kibuuka, Nina M Berkowitz, Monica Millard, Mary E Enama et al. Safety and immunogenicity of Ebola virus and Marburg virus glycoprotein DNA vaccines assessed separately and concomitantly in healthy Ugandan adults: a phase 1b, randomised, double-blind, placebo-controlled clinical trial. The Lancet, 2015, 385(9977): 1545– 1554 113 Andrea Marzi, Peter Halfmann, Lindsay Hill-Batorski, Friederike Feldmann et al. An Ebola whole-virus vaccine is protective in nonhuman primates. Science, 24 April 2015, 348(6233): 439-442 DOI: 10.1126/science.aaa4919 114 http://www.shanghaidaily.com/metro/health-and-science/Ebola-kit-gets-WHO-nod/shdaily.shtml 115 http://www.odt.co.nz/news/dunedin/343656/ebola-device-passes-test 116 http://medicalxpress.com/news/2015-05-biomed-company-fda-ebola.html 19 Voir en annexes des tableaux de synthèse issus d’un document de l’OMS du 26 mai 201584 : annexe 1 – Les vaccins en essais annexe 2 – Essais en phases II/III de plasmas de convalescents annexe 3 – Essais cliniques de médicaments annexe 4 – Tests de diagnostics approuvés 20 ANNEXE 1 – Les vaccins en essais Produit / Société Phase ChAd3-ZEBOV GlaxoSmithKline et PHAC Phase I rVSV-ZEBOV NewLink Genetics et Merck Vaccines USA Ad26-EBOV et MVA-EBOV Johnson & Johnson et Bavarian Nordic Vaccin Novavax à base de protéine recombinante d’Ebola ChAd3-ZEBOV Phase I Phase I Dates Septembre 2014 Octobre 2014 Octobre 2014 Novembre 2014 Décembre 2014 Janvier 2015 1Q2015 Phase I Australie Février 2015 Phase II TBD, Cameroun TBD, Ghana TBD, Mali TBD, Nigeria TBD, Sénégal 1Q2015 rVSV-ZEBOV Phase III ChAd3-ZEBOV Phase III rVSV-ZEBO Localisation des essais VRC au NIH, USA Université d'Oxford au RoyaumeUni CVD au Mali Université de Lausanne, Suisse WRAIR aux États-Unis NIAID aux États-Unis CTC Nord GmbH à Hambourg, Allemagne Hôpital Albert Schweitzer à Lambaréné, Gabon Université de Genève, Suisse Centre de santé IWK, Halifax, Canada KEMRI Wellcome Trust à Kilifi, Kenya Jenssen Institut, Royaume-Uni TBD, US TBD, Ghana TBD, Kenya TBD, Ouganda TBD, République-Unie de Tanzanie Phase III OMS et MOH de la Guinée à Conakry, Guinée US NIH et MOH du Libéria, Monrovia, Liberia US CDC et MOH Sierra Leone Avril 2015 Vaccination en anneau 36 anneaux vaccinés au 8 mai. Mars 2015 Essai contrôlé randomisé Au 30 Avril, recrutement de 1 500 volontaires achevé. Avril 2015 Essai randomisé non21 Freetown, Sierra Leone aveugle de VSVEBOV basé sur des clusters. Source OMS84 22 ANNEXE 2 – Essais en phases II/III de plasmas de convalescents Localisation des essais Centre de traitement MSF Ebola, hôpital Donka, Conakry, Guinée Géré par ITM Anvers et 15 partenaires ; financé par la Commission européenne et le Wellcome Trust Libéria Géré par l'Université ClinRM et Duke ; financé par la Fondation Bill et Melinda Gates (BMGF). Sierra Leone Géré par la London School of Hygiene and Tropical Medicine, en collaboration avec 15 autres partenaires ; financé par le Wellcome Trust et BMGF. Statut Au 5 mai 89 patients traités En mars, 6 transfusions de plasma de convalescents administrés sur une base compassionnelle. 52 patients transfusés et 24 ont reçu des soins de soutien standard. Première utilisation d'une machine d'aphérèse avec collection réussie de 750 ml de plasma. Source OMS84 23 ANNEXE 3 – Essais cliniques de médicaments Produit / Société Favipiravir Fujifilm / Toyama, Japon TKM-100802 (siRNA) Tekmira, Canada Zmapp MappBio USA BCX-4430 Biocryst, USA Interférons Amiodarone Atorvostatin + Irbesartan +/clomifène FX06 Phase Localisation des essais Phase II INSERM en Guinée : Conakry, Guéckedou, Macenta, N'Zérékoré. Financement : Commission européenne Phase II Université d'Oxford à Kerry ville, Sierra Leone. ETU Port Loko. Financement : Wellcome Trust Phase II NIAID avec le soutien de la BARDA à Monrovia, Liberia et aux USA Phase I Quotient clinic au Royaume-Uni MOH de Guinée, Coyah Collaboration avec scientifiques canadiens Au Lakka & Goderich ETU dans Sierra Leone Sierra Leone Description Utilisé pour traiter la grippe. Début des essais cliniques : décembre 2014. 105 patients ont reçu 9 jours de traitement par voie orale. Pas de groupe contrôle. Les données préliminaires présentées en février 2015 ne permettent pas une conclusion définitive concernant l'efficacité. Début des essais : début mars 2015. À ce jour, 10 patients - 7 ont reçu le médicament et 3 des soins de soutien standard. Cocktail de trois anticorps monoclonaux ayant une excellente activité contre le virus Ebola chez les modèles animaux. Etude multi-pays, multi-RCT, ouverte au recrutement au Libéria et aux Etats-Unis en février 2015 et en Sierra Leone en mars 2015. Essais de phase I terminés et essais d'efficacité de phase II lancés fin février 2015. Analogue nucléotidique à large spectre d'action. Essai de phase I de sécurité est en cours. Aucune étude d'efficacité actuellement prévue. Approuvés pour le traitement de l'hépatite B et C et la sclérose en plaques. Etude clinique d'un interféron chez les patients infectés par le virus Ebola dont les détails ne sont pas encore disponibles. Utilisé pour traiter les troubles du rythme cardiaque. A été utilisé à titre compassionnel chez les patients en Sierra Leone et aurait réduit la létalité par rapport aux normes historiques locales. Approuvés pour le contrôle respectivement du cholestérol / hypertension / infertilité. Utilisés seuls ou en combinaison pour traiter certains patients en Sierra Leone. Aucune donnée clinique disponible. Peptide destiné à être utilisé dans le 24 Zmab Brincidofovir Chimerix, USA traitement des fuites vasculaires. Administré à titre compassionnel à deux patients. Aucune conclusion ne peut encore être tirée. Anticorps monoclonal expérimental sans plan de production. Aussi administré à titre compassionnel. Phase II Université Un antiviral utilisé pour traiter le CMV. d'Oxford à Essai clinique arrêté et abandonné; le l’ELWA 3 Clinic, médicament a été déprioritisé pour Monrovia, Liberia l’utilisation dans le traitement d’Ebola. Source OMS84 25 ANNEXE 4 – Tests de diagnostics approuvés Produit / Société Kit RealStar® Filovirusecran PTPCR 1.1 Altona Diagnostics GmbH, Allemagne Description Test de diagnostic in vitro qui détecte l’ARN spécifique des filovirus dans le plasma humain en utilisant le QIAamp® Viral RNA Kit pour l'extraction de l'ARN. L'essai est conçu pour détecter tous les filovirus. ReEBOV Antigen Rapid Test Kit Corgenix, USA Liferiver™ Ebola Virus (EBOV) Real Time RT-PCR Kit Shanghai ZJ Bio Tech Co. Ltd, de la Chine Test basé sur la détection de la protéine de matrice VP40 du virus Ebola. Test de diagnostic in vitro, basé sur la PCR temps réel, destiné à la détection de tous les familles hautement pathogènes de virus Ebola : Zaïre (ZEBOV), Soudan (SUDV), Taï Forest (TAFV) et Bundibugyo (BDBV) dans le sang , le sérum, le plasma (ne pas utiliser l’héparine comme anticoagulant). Le test est basé sur une cartouche (contenant tous les réactifs) utilisée avec la plate-forme GeneXpert systems (pouvant accueillir d'autres essais tels que la charge virale du VIH, la tuberculose, le VIH qualitative et beaucoup d'autres). Il utilise la technologie RT-PCR en temps réel sans manipulation particulière en amont (extraction et amplification prennent place dans la cartouche ellemême) donc moins sujette à la contamination et mieux adaptée pour le personnel sans formation laboratoire. Il est 100 fois plus sensible que le test de référence (Altona). Xpert® Ebola Assay Cepheid, Suède Source OMS84 26