OUTkAST – «IDLEwILD
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OUTkAST – «IDLEwILD
NUMÉRO 38 SÉLECTION RENAME MUSIQUE Outkast – «Idlewild» Un album blues, une ambiance cabaret PAR ben chambon O n n’attendait pas de sitôt un album d’Outkast, après l’énormissime et dense double-album Speakerboxxx/The love below de 2003, d’autant que les rumeurs concernant la séparation du duo d’Atlanta menaient bon train ! Ils se sont remis au travail pour la BO de leur film, Idlewild (qui ne sortira pas forcément en France malheureusement), réalisé par Bryan Barber, qui met en scène les pérégrinations de deux génies du music-hall dans l’Amérique des années 30, celle du jazz et de la prohibition. Qu’attendre d’un album d’Outkast sinon d’être surpris ? Le ton de l’album est forcément Blues, l’ambiance cabaret est plantée, boostée au dopant Outkast. Si le son est grisant, assez phénoménal, neuf, c’est que l’on retrouve de façon très excitante la patte du groupe, avec cette folie, cette tendance à ne pas se laisser brider par la norme – et c’est une franche réussite : Idlewild est hors-norme. Le fait que l’album soit une BO apporte une touche particulière : l’œuvre est très hétérogène et de nombreux personnages et choristes viennent illustrer les compositions du groupe. J’ai aimé les passages complètement blues et down-tempo (ah, « Chronomentrophobia » !), j’ai adoré les envolées lyriques et la tendance à exploser d’Andre 3000, je trouve le son excellentissime, sans doute du jamais entendu. Malgré cela, cet album n’est pas tout à fait parfait. On peut déplorer le manque de morceaux en commun du duo sur cette galette unique, les fans attendent toujours – peut-être à tort – des retrouvailles artistiques complètes. Antwan Patton et Andre Benjamin ont tout de même réalisé 3 titres en commun – ce qu’ils n’avaient pas fait depuis 2001 et l’album « Stankonia ». Les morceaux purement « rap » (dont le planant « Hollywood Divorce » avec un excellent Lil’ Wayne et son Snoop Dogg de fin), en minorités ne semblent pas appartenir au même univers, sans faire trop tâche grâce à leurs grandes qualités. Idlewild manque, je l’ai dit, un peu d’homogénéité, et semble un peu plus « carré » que ses prédécesseurs – sans doute les contraintes du format, la BO d’une comédie musicale. Ces réserves restent ridiculement mineures. Idlewild ne ressemble à rien de connu, c’est un album de Soul, de Blues, de rap, d’électro, d’ambiance… Superbe travail : ce 6ème album un peu spécial est un des disques majeurs de cette année, un CD qui plaira à n’importe qui et aurait atteint le même statut que ses auteurs – culte – si le format particulier du projet n’avait pas créé une limite, même relative, à certaines envolées attendues. Cela dit, c’est complètement le pied, Outkast est un groupe fascinant qui est loin d’avoir tout dit – malgré son âge – et qui démonte le paysage musical avec un génie évident à chaque album. A ne manquer sous aucun prétexte, bien entendu, surtout si vous ne connaissez rien de à groupe qui est en train de marquer son époque. RN Le clip d’Idlewild Blues a été tourné pour de vrai dans les années 30 ! RN > 13