sommaire - Les papiers de presse
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sommaire - Les papiers de presse
L E T T R E D É C E M B R E PRIX D ’ I N 2 0 1 2 • 26 F E O R M ANNÉE A T • I O N N° 2615 9,15 € Cette phrase de Julien Green illustre la situation des éditeurs de presse aujourd’hui. Nous marchons dans la nuit. Le grenelle de la presse a suivi celui de l’environnement. La planète presse est en danger. « les Geeks », « les blogueurs », « les homo mobilus » ne sont pas des extraterrestres, tout au plus des mutants de moins en moins lecteurs et de plus en plus connectés. 2013 verra s’accentuer le règne des High-Tech sur fond de crise économique. La chute de la publicité risque de nécessiter de nouveaux plans d’économie. Peutêtre, n’est-ce pas pire qu’une grosse tempête pendant la « route du Rhum » ou du « Vendée globe ». Il faut voir d’où vient le vent, garder le cap et réduire la voilure. En espérant qu’il n’y ait pas trop de casse. éditorial « La vie est un roman qui s’écrit dans la nuit ». Une crise ne se vit pas forcément dans un climat anxiogène. Elle est parfois le creuset de grandes réussites et découvertes. Dans un monde en perpétuel changement, cela peut être l’occasion de privilégier la créativité et la réactivité face aux lourdeurs de l’habitude. sommaire Aujourd’hui, nos rédactions n’ont plus le monopole de l’information. Pourtant, il serait dangereux que celle-ci ne soit plus assurée par des professionnels. Éditorial de Benoit Leclerc Evolution du Groupe Les Papiers de Presse L’activité du labeur s’est dégradée sur les huit premiers mois de 2012 « La Presse au Futur » : un déjeuner des Papiers de Presse pour préparer l’avenir Remise des Trophées de l'innovation Presse organisés par « La Presse au Futur » 1 A l’heure où la mondialisation entraine une certaine uniformisation et une perte des repères, la singularité de nos contenus évite une déconstruction et un déracinement de la société. 2 Le travail des journalistes permet de restituer les évènements dans leur contexte et de les mettre en perspective. Les professionnels canalisent le flux incessant des infos en leur donnant un sens. Leur première motivation n’est pas de faire le « buzz » mais d’être au plus près des réalités. 3 5 8 Malgré cette course permanente à l’innovation et malgré l’invasion du virtuel, les entreprises de presse par leurs contenus font mentir Karl Marx quand il dit : « les hommes font leur histoire sans savoir l’histoire qu’ils font ». Même si nous peinons à trouver les clefs de notre avenir avec un modèle économique, il est évident que nous serons toujours plus forts dans l’union que dans la division. Plus que jamais dans ce maelström que nous vivons, les structures professionnelles, comme « les Papiers de Presse », sont des points d’appui nécessaires, précieux et même indispensables pour construire le futur. Au moment où un passage de relais va avoir lieu à la tête de cet organisme qui a bien servi les intérêts de la Presse, il faut saluer le rôle déterminant qu’a joué Jean Claude Brognaux ces 25 dernières années. Grâce à son travail et à son talent, il nous laisse une maison solide et performante. Longue vie à la SPPP ! Excellente année 2013. Benoit LECLERC Président Directeur Général La Manche Libre 1 P A P I E R S D E P R E S S E I N F O R M A T I O N S Evolution du Groupe Les Papiers de Presse à compter du 1er janvier 2013 A l'occasion des Conseils de Surveillance de la SPPP et de la CFPP qui se sont tenus le mercredi 21 novembre 2012, M. Jean-Claude Brognaux a proposé que le Directoire, qui prendra ses fonctions à compter du 1er janvier 2013, soit composé comme suit : M. Eric Debry, Président du Directoire, M. Thierry Allamachère, Directeur Financier, M. Olivier Derville, Directeur des Achats et M. Hervé Pelletanche, Directeur des Ventes. Cette proposition a été acceptée à l'unanimité. M. Pierre Domenech prendra la présidence des Conseils de Surveillance de la SPPP et de la CFPP. M. Jean-Claude Brognaux, qui continuera à siéger aux Conseils de Surveillance des deux sociétés, a été nommé Président d’Honneur. Mme Marie-Odile Amaury a été nommée Vice-Président de la SPPP et M. Jacques Saint-Cricq reste Vice-Président de la CFPP. organigramme Par ailleurs, M. Jacques Vernier, précédemment Directeur Général et Membre du Directoire de la SPPP et de la CFPP, quittera ses fonctions à cette date. Par ailleurs, à compter du 1er janvier, la composition des Conseils de Surveillance de la CFPP et de la SPPP se composera : Conseil de Surveillance CFPP : • M. Pierre Domenech, Président du Conseil de Surveillance, • M. Jacques Saint-Cricq, Vice-Président du Conseil de Surveillance, Président du Conseil de Surveillance de La Nouvelle République du Centre Ouest, • M. Pierre d’Harcourt, Membre du Directoire, Groupe Sud Ouest, • Mme Marie-Odile Amaury, Président Directeur Général, Editions P. Amaury, • M. François-Régis Hutin, Président-Directeur Général, Ouest-France, • M. Edouard Coudurier, Président-Directeur Général, Le Télégramme, • M. Pierre Jeantet, Représentant Midi Libre, • M. Louis Dreyfus, Président du Directoire, Le Monde, • M. Benoît Leclerc, Président-Directeur Général, La Manche Libre. Conseil de Surveillance SPPP : • M. Pierre Domenech, Président du Conseil de Surveillance, • Mme Marie-Odile Amaury, Vice-Président du Conseil de Surveillance, Président Directeur Général, Editions P. Amaury, • M. Jean-Claude Brognaux, Président d’Honneur du Conseil de Surveillance et Président CAPMHP, • M. Benoît Leclerc, Président Directeur Général, La Manche Libre, • M. Louis de Broissia, Ancien Sénateur, Membre du Conseil Général de la Côte d’Or • M. Jacques Camus, Représentant La République du Centre, • M. Alain Plombat, Président du Directoire de Midi Libre, • M. Arnould Thénard, Président de la CNAQ. D I R E C T O I R E Eric DEBRY : Président Thierry ALLAMACHÈRE : Directeur financier Olivier DERVILLE : Directeur des Achats Hervé PELLETANCHE : Directeur des Ventes Logistique : Jean-Pierre CATEZ Technique : Laurent FAVIER Achats : Olivier DERVILLE LAFORÊT LOGISTIQUE : Patrick MAILLOT BERNON TRANSPORT Philippe BAERT 2 • M. Jean-Claude Brognaux, Président d’Honneur du Conseil de Surveillance et Président CAPMHP, Ventes : Hervé PELLETANCHE Marketing & Communication : Dominique PIN Finances & Comptabilité : Thierry ALLAMACHÈRE AXXOR INFORMATIQUE Jean-Marc MAILLY Secrétariat général : Jean-Pierre DELIVET L’activité du labeur s’est dégradée sur les huit premiers mois de 2012 En tendance annuelle, seule la production des hebdomadaires reste positive Après une relative stabilisation de l’activité en 2011, la situation de l’imprimerie de labeur s’est dégradée sur les huit premiers mois de cette année. Selon la dernière « Lettre économique » de l’Observatoire des marchés, parue en octobre dernier, l’activité de l’imprimerie en juillet, et surtout en août, affiche des résultats inférieurs aux mêmes mois de l’année précédente, alors que l’industrie manufacturière, dans son ensemble, est en légère progression. De janvier à août 2012, le tonnage imprimé a reculé de 1,7 % pour une facturation en baisse de 0,9 %. Ceci, par rapport à la même période de 2011. En cumul, depuis le début de l’année, la production est en baisse sur la quasi-totalité des marchés à l’exception des imprimés publicitaires adressés, des affiches et des hebdomadaires. Le recul le plus significatif concerne les imprimés publicitaires non adressés et les livres. En tendance annuelle, seule la production d’hebdomadaires reste positive. (Tableau 1 et 2). En Allemagne, pays de référence, la production cumulée à fin août était inférieure de 1,5 % à celle enregistrée sur la même période de 2011. En juin et juillet, elle avait dépassée le niveau de l’année précédente mais, en août, elle a à nouveau chuté. En Italie, pays avec lequel nous entretenons des relations commerciales fortes, le tonnage imprimé a baissé de prés de 12 %, de janvier à août. (Tableau 3). La production de papiers graphiques en net recul Le malaise de l’imprimerie de labeur est directement perceptible dans les chiffres publiés par Copacel (Confédération française de l’industrie des papiers, cartons et celluloses) et cités par l’Observatoire des marchés. De janvier à fin septembre dernier, la production française de papiers à Evolution du tonnage imprimé par grands marchés. Janvier- août 2012 versus janvier-août 2011. Affiches 02 % + 1,6 % Imprimés admin. & commerciaux non personnalisés Imprimés publicitaires non adressés 01 % 0% -01 % - 1,0 % - 02 % - 1,8 % - 2,6 % Périodiques - 03 % - 04 % - 3,5 % - 3,4 % Livres + 0,1 % Imprimés publicitaires - 0,8 % adressés - 1,7 % Catalogues TOTAL LABEUR Imprimés de gestion personnalisés Tableau 1. Source : Observatoire des Marchés et de la Communication Graphique (OMCG). Evolution de la facturation par grands marchés. Janvier-août 2012 versus janvier-août 2011. Affiches 02 % + 1,3 % Imprimés admin. & commerciaux non personnalisés Imprimés publicitaires non adressés 01 % 0% - 0,6 % -01 % - 0,9 % - 02 % - 03 % - 04 % -2% - 2,7 % Livres - 2,1 % Périodiques - 0,1 % - 0,5 % Catalogues Imprimés publicitaires adressés - 0,9 % TOTAL LABEUR Imprimés de gestion personnalisés Tableau 2. Source : Observatoire des Marchés et de la Communication Graphique (OMCG). Evolution du tonnage imprimé (France, Allemage, Italie). Janvier-août 2012 versus janvier-août 2011. 00 % - 01 % - 02 % - 03 % - 04 % - 05 % - 06 % - 07 % - 08 % - 09 % - 10 % - 11 % - 12 % - 13 % - 1,7 % - 1,5 % France Allemagne - 12 % Italie Tableau 3. Source : Observatoire des Marchés et de la Communication Graphique (OMCG). 3 P A P I E R S D E P R E S S E usages graphiques a reculé de 11,2 % par rapport à la même période de 2011. Mais si la production des papiers de presse (journal et LWC) a baissé de 4,1 %, celle des papiers d’impression écriture a chuté de 16 % avec un effondrement des non couchés, avec et sans bois. Selon Kantar Média, également repris par l’Observatoire des marchés, « après une rentrée en berne, le marché plurimédia est resté fragile en octobre (- 0,8 %) mais il s’est stabilisé en valeur brute sur les dix premiers mois de l'année (+ 0,9 %). Sur cette période, la publicité n’a pas été favorable à la croissance de l’imprimé ». Dans la presse, la baisse a persisté en octobre avec un recul de 2,3 % des recettes brutes et une pagination réduite de 7,8 %. Les quotidiens nationaux sont en difficultés avec un déficit de 10,8 % en valeur et de 13,6 % en volume. Les magazines s'en sortent mieux malgré des résultats encore négatifs tant en valeur (- 2,3 %) qu'en volume (- 3,4 %). En cumul annuel, la presse est dans le rouge avec un recul de 2,4 % des recettes brutes et de 6,3 % de la pagination. Les investissements en publicité extérieure ont aussi décru, « même si un changement de périmètre de la veille menée par Kantar, rend ces résultats délicats à interpréter ». Selon ce cabinet d’études, le mois d'octobre se traduit par une activité en repli de 4,6 %, soit une baisse de 7,1 % en cumul annuel (toujours sur les dix premiers mois de l’année). La plupart des grands secteurs économiques, dont la distribution qui a pourtant augmenté ses investissements plurimédia, ont moins recouru à la publicité extérieure. Parmi les secteurs, les plus en retrait, ceux des boissons et des télécommunications alors que l’automobile, troisième secteur utilisateur, a bien résisté. Stagnation pour les imprimés publicitaires adressés (IPA) Comme dans chaque édition de sa « Lettre économique », l’Observatoire fait le point sur la situation des grands marchés du labeur. Sur le marché des imprimés publicitaires et des affiches, les résultats varient selon les types de produits. En cumul sur les huit premiers mois de cette année, la production des imprimés 4 I N F O R M A T I O N S publicitaires adressés (IPA) a stagné (+ 0,1 %) par rapport à la même période de 2011 pour une facturation en recul de 0,5 %. Par ailleurs, le chiffre d’affaires par tonne recule de 0,6 %. Alors qu’elle était encore croissance en juin, l’activité de ce secteur a fortement baissé en juillet et août. La production d’imprimés publicitaires non adressés a, en revanche, continué de baisser par rapport à 2011 avec, en cumul à fin août, une production en recul de 3,4 %, soit un résultat nettement plus défavorable que celui de l’ensemble du secteur. La facturation diminue de 2 % mais le chiffre d’affaires par tonne progresse de 1,5 %. C’est sur ce marché que les mois de juillet et août ont été les plus difficiles avec des baisses de production respectives de 6,5 et 9 %. L’affiche en bonne forme Selon l’Observatoire des marchés, « la pige menée par Kantar Media affiche, à l’inverse, une stabilité des volumes de prospectus distribués en boite aux lettres et une baisse du nombre de mailings adressés. Outre les différences liées aux nomenclatures et à l’indicateur mesuré (nombre de plis distribués dans un cas, pouvant contenir des documents plus ou moins nombreux, et tonnage imprimé dans l’autre), cet écart entre la tendance de la production en France et celle des plis effectivement distribués s’explique sans doute, en partie, par un recours accru aux importations pour les prospectus non adressés qui sont imprimés en volumes importants et souvent confiés à des plateformes de production». Ce dont témoignent les résultats du commerce extérieur au premier semestre, avec + 4 % d’imprimés publicitaires importés (en volume). En revanche, la production d’affiches a incontestablement progressé sur les huit premiers mois de cette année avec un tonnage en hausse de 1,6 % et une facturation en augmentation de 1,3 % pour un chiffre d’affaires/tonne en recul de 0,3 %. Le marché du catalogue a mieux résisté Sur les huit premiers mois de 2012, la production de catalogues commerciaux a reculé de 0,8 %, même si ce type d’imprimés a mieux résisté que la moyenne. La facturation est stable à - 0,1 % et le chiffre d’affaires par tonne en hausse de 0,8 %. Contrairement à ce que l’on observe sur la plupart des autres marchés, juillet et août ont été meilleurs et ont permis d’améliorer légèrement le résultat annuel cumulé. Sur le marché des périodiques, la production cumulée en tonnes a diminué de 1,8 % pour une facturation en recul de 0,9 % et un chiffre d'affaires par tonne en hausse de 0,8 %. Ces imprimés ont enregistré leurs plus mauvaises performances en janvier et en août. Mais la production d’hebdomadaires reste positive à + 1,7 %. Comme nous l’avons vu précédemment, les magazines s’en sortent mieux, sur le plan de la publicité que l’ensemble des titres. Ils ont bénéficié du soutien des secteurs de l’habillement et du textile. D’autres secteurs comme l’automobile et l’alimentation ont également porté ce média. Les livres traversent une mauvaise passe Selon l’Observatoire des marchés, en cumul de janvier à août, les volumes de livres imprimés ont reculé de 3,5 %, soit une baisse nettement supérieure à celle enregistrée en moyenne. Le mois de mai a été particulièrement difficile avec une baisse de 8 %. Globalement, la facturation a diminué de 2,7 % avec un chiffre d’affaires à la tonne en hausse de 0,8 %. Dernier marché passé en revue par l’Observatoire, celui des imprimés administratifs et de gestion. La production des imprimés administratifs et de gestion « non personnalisés » affichait une baisse de 1 % à fin août, un résultat meilleur qu’en juin, « le dernier bimestre ayant été plutôt positif ». Sur ce marché, la facturation recule de 0,6 % et le chiffre d’affaires par tonne de 0,4 %. Les imprimés de gestion personnalisés ont été plus affectés ave une baisse de 2,6 % en volume et de 2,1 % en valeur pour un chiffre d’affaires à la tonne en hausse de 0,5 %. « La Presse au Futur » : un déjeuner des Papiers de Presse pour préparer l’avenir Les Papiers de Presse avaient convié les représentants de cinq grands éditeurs à présenter leurs solutions pour sortir du modèle économique traditionnel des journaux. Comment pérenniser des quotidiens fragilisés par la rupture de leur modèle économique ? Quels relais de croissance, print ou numérique, imaginer pour leur assurer un nouvel équilibre ? Comment arbitrer entre concentration et diversification ? Fin novembre, Les Papiers de Presse ont profité du salon parisien, « La Presse au Futur » pour se pencher sur le sujet à l’occasion du déjeuner conférence qu’ils avaient organisé en marge de cette manifestation. Etaient conviés, leurs partenaires, éditeurs, imprimeurs et annonceurs, Vincent Peyrègne, Directeur Général de Wan-Ifra, et les représentants de cinq grands éditeurs européens, invités à exposer leur stratégie. Le débat était animé par Jean Clément Texier, Président de Ringier France et de la Compagnie financière de Communication. Eric Debry, Président du Directoire du Groupe Les Papiers de Presse. La diffusion et la publicité en danger En ouverture de ce déjeuner, Eric Debry, Président du Directoire du Groupe « Les Papiers de Presse » a souligné que « les principales sources de revenus des journaux (la diffusion et la publicité), sont en danger. » Avant de poursuivre : « Le comportement de nos lecteurs change et l’évolution, peut-être la plus marquante, est l’érosion progressive du rendez-vous périodique que la presse avait su, au fil de années, construire avec ses lecteurs. Sur le print, le phénomène est bien connu : il y a trente ans, six personnes sur dix lisaient chaque jour un journal. Aujourd’hui, à peine trois personnes sur dix ouvrent quotidiennement un journal, soit moins de la moitié ». « Ce phénomène est encore plus vrai chez les lecteurs numériques » a-t-il poursuivi. « Aux Etats-Unis, par exemple, sur dix internautes qui visitent régulièrement des sites de presse, on en compte à peine deux qui effectuent cette visite quotidiennement. Quel que soit le support, donc, nos lecteurs deviennent plus nomades et plus volages et ils attachent, d'ailleurs, de moins en moins de valeur à l'information. » Et d’interroger la salle : « Savez vous combien de livres numériques sont abandonnés au bout de dix minutes de lecture ? Un ? Deux ? Trois ? Eh bien non ! La réponse, aux Etats Unis, est très exactement sept sur dix. C'est un peu comme si nos grands-pères décidaient subitement de se séparer des deux tiers de leurs bibliothèques ! Nous le voyons, nos lecteurs changent profondément et durablement et cela n'est pas sans conséquence sur le modèle économique de nos journaux ». Dans son intervention, Eric Debry est aussi revenu sur un phénomène qui a récemment affecté plusieurs quotidiens français : l’abandon partiel ou définitif de la publication sur papier. « Au delà des nombreuses disparitions de titres de presse que nous connaissons tous - la dernière en date étant le dépôt de bilan du Frankfurter Rundschau - on voit, aux Etats-Unis, un nombre grandissant de journaux abandonner la parution papier, le lundi, le mardi, jours traditionnellement faibles en publicité. Certains titres vont même jusqu'à ne conserver que l'édition dominicale papier, laissant au web l'exclusivité de l'information le reste de la semaine ». Le print ne tient pas ses promesses Autre sujet brûlant abordée par Eric Debry : le déséquilibre entre les recettes générées par le print et les revenus tirés du Web. « Les éditeurs réussiront-ils à gagner la course poursuite engagée entre, d'un côté, la baisse des recettes publicitaires sur le print et, de l'autre, le développement des revenus de la publicité numérique ? Au vu des derniers chiffres disponibles, il est permis de s'interroger. Reprenons l'exemple des EtatsUnis. En 2011, la presse américaine a perdu deux milliards de dollars de revenus publicitaires sur le print. En face, quels revenus publicitaires additionnels a t-elle générée sur le numérique ? 200 millions ; 200 millions seulement. On le voit, le décalage est immense entre ce qui est gagné d'un côté et perdu de l'autre. Plus grave, le fossé continue à se creuser. En 2010, la presse américaine avait perdu sur le print sept fois plus que ce qu'elle avait gagné sur le numérique. En 2011, les pertes se sont creusées: Elles étaient, sur le print, dix fois plus importantes que les gains sur le numérique. On voit bien, à la lumière de cet exemple, l'ampleur des défis économiques auxquels nos éditeurs sont et seront confrontés. Le monde financier, d'ailleurs, ne s'y trompe pas. En mai 2011, nous avions tous crû apercevoir une lueur d'espoir et peut être la fin du tunnel en apprenant que Warren Buffet - dont on sait qu'il 5 P A P I E R S D E P R E S S E est un investisseur avisé - venait de racheter pour 142 millions de dollars, soixante-trois journaux américains. Au même moment, paraissait une étude d'un cabinet américain passée relativement inaperçue. Celle-ci analysait à partir d'un échantillon de cessions de titres de presse l'évolution sur dix ans de la valeur des journaux. La conclusion est sans appel : En dix ans la valeur moyenne des journaux américains a été divisée par dix, un des exemples les plus emblématiques étant bien sûr la cession pour un dollar, en 2010, par le Washington Post, de l'hebdomadaire « Newsweek » à un milliardaire californien ». Et Eric Debry de s’interroger : « Faut il désespérer de notre avenir? Non car les exemples d'évolutions positives sont nombreux : Il y a des pays où la presse se porte très bien, comme au Brésil, où, au premier semestre de cette année, la diffusion des journaux a augmenté de 2,3 %. Il y a des titres qui - y compris sur des marchés difficiles gagnent de l'audience. Aux Etats Unis, “The Week”, qui est une compilation hebdomadaire d'information, a quasiment triplé son audience print en sept ans, passant de 180 000 à 520 000 lecteurs. Il y a donc, nous en sommes persuadés, des stratégies gagnantes pour relever les défis de la presse du futur ». la Presse ne saurait être une « nouvelle sidérurgie ». Le Directeur Général de Wan-Ifra a rappelé que, selon les chiffres présentés au dernier congrès de son organisation, le monde comptait 2,5 milliards de lecteurs mais seulement 600 millions d’internautes. Vincent Peyrègne a ensuite évoqué le projet Next Media, conduit en Finlande par le groupe européen de médias Sanoma. Ce programme que la Suède et la Norvège ont rejoint est un programme de recherche, largement doté, sur les solutions à mettre en œuvre pour utiliser les médias numériques, définir de nouveaux concepts et construire de nouveaux modèles économiques. Vincent Peyrègne a aussi conseillé aux groupes de presse de se tourner vers l’Europe pour bénéficier des programmes cadres européens et de financements spécifiques. Enfin, il a prôné une meilleure collaboration entres les éditeurs en matière de recherche et développement. Une collaboration qui leur permettrait de pouvoir mieux répondre aux offres de soutien à l’innovation. Même optimisme chez Vincent Peyrègne qui, au nom de Wan-Ifra, a expliqué que « Il faut savoir regarder ce qui se passe dans les pays étrangers » a observé Jean-Clément Texier avant de passer la parole à Tibère Adler, administrateur du Groupe Tamedia et ancien Président d’Edipresse. Tamédia est né, en 2011, de la fusion de deux groupes de médias suisses à forte culture familiale, Edipresse et Tamedia. Le nouvel ensemble a opté pour une stratégie originale : respecter l’identité de tous ses titres en encourageant une concurrence sévère entre eux. Cette fusion qui a permis de mutualiser les moyens sur le plan indus- Vincent Peyrègne : Directeur Général de WAN-IFRA. Jean-Clément Texier : Président Ringier France. Profiter des programmes d’aide 6 I N F O R M A T I O N S triel, logistique et informatique « sera créatrice de valeur et débouchera sur un succès » a souligné Tibère Adler qui a indiqué qu’avec quelque 920 millions d’euros de chiffre d’affaires et 20 % de marge opérationnelle, Tamédia se classerait, en France, au troisième rang, derrière les groupes Ouest France et Lagardère Active. « La presse suisse se porte bien », a-t-il ajouté et ce « sans subvention de l’Etat ». Tibère Adler a estimé que la consolidation du secteur, un terme qu’il préfère à celui de concentration, était positive, à condition « de proposer des produits leaders sur leur marché ». Cette stratégie se vérifie notamment dans la politique de diversification de Tamédia qui a fortement élargi son offre, soit en éradiquant la concurrence, comme dans les gratuits avec « 20 minutes », soit en payant le prix fort pour acquérir un groupe leader sur les annonces classées dans l’immobilier et l’emploi. Dans ce cas, Tamédia a su s’allier avec son concurrent, le groupe Ringier, pour « mettre sur le marché l’offre la plus puissante » et s’assurer ainsi des marges plus importantes. S’allier pour résister et innover Patrice Le Hodey, Vice-Président du groupe belge IPM (éditeur de « La Libre Belgique » et « La Dernière heure ») a confirmé tout l’intérêt de cette collaboration entre concurrents. Son groupe s’est associé avec un autre groupe belge, Rossel, pour développer un produit commercial commun et, il y a six Tibère Adler : Administrateur du Groupe Tamedia – ancien Président d’’Edipresse. ans, s’opposer aux pratiques de Google. IPM ne s’est pas arrêté là. Il a choisi de collaborer avec des groupes internationaux et signé des accords de joint venture pour éditer de nouveaux titres. Ainsi, IPM publie t-il désormais « Paris Match Belgique » et « Courrier International Belgique ». Patrice Le Hodey, dont le groupe a notamment misé sur les paris sportifs, a insisté sur le fait que les éditeurs doivent être ouverts à l’innovation : « J’ai l’impression que certains éditeurs sont comme des compagnies qui affrétaient des paquebots pour faire Paris-New York et qui n’avaient pas compris que les gens allaient préférer prendre l’avion. Les paquebots existent toujours pour faire des croisières car les gens ont envie d’y aller. La presse doit donner l’envie d’être achetée ». Le vice-président d’IPM a aussi conseillé aux éditeurs de diversifier leur recrutement. Pour Philippe Montjolin, senior VicePrésident opérations du Groupe New York Times-International Herald Tribune, la diversification à l’international passe par le rapprochement des deux titres. (Le Groupe New York Times a racheté l’International Herald Tribune (IHT) en 2003). « Ces deux titres sont très différents » a expliqué Philippe Montjolin « et nous avons fait en sorte qu’avec leur rapprochement, on obtienne l’équation 1 + 1 = 3 ». Contrairement au « New York Times » (NYT), l’IHT, édité à Paris depuis 125 ans et lu dans 170 pays, a un lectorat très diplômé, masculin à 76 % et composé à 61 % de dirigeants. Le revenu annuel moyen d’un lecteur est de 400 000 dol- Patrice Le Hodey : Vice-Président du Groupe Belge IPM. lars. A l’inverse, le « New York Times » est lu à 55 % par des femmes. Son lectorat est plus simple. Il ne compte que 11 % de managers et le revenu moyen par lecteur est de 100 000 dollars. Ces différences ont conduit le groupe à mener des « stratégies numériques » radicalement différentes pour les deux titres. « Nous avons beaucoup investi sur la gestion des contenus via des outils de CRM (Customer Relationship Management) et, avec la mise en place du paywall sur le site Web, nous avons fait migrer les lecteurs papiers du NYT vers le Net alors que pour les lecteurs de l’IHT, le papier reste primordial ». Pour résumer, pour le NYT, le Web passe avant le papier ; pour l’IHT, le papier prime, suivi par les mobiles et les tablettes. A terme, ces outils numériques devraient générer 10 % du chiffre d’affaires de l’IHT, l’objectif étant d’atteindre entre 600 000 et 700 000 acheteurs sur plateforme numérique. En Espagne, le groupe El Mundo (« El Mundo », « Marca » et « Expansion ») a, comme l’a souligné Ignacio Gil Vasquez, Directeur Général délégué, créé un kiosque numérique, Orbyt, qui regroupe soixante-dix publications et fonctionne comme « un club d’élite ». Mais Orbyt offre aussi des services complémentaires : fourniture de places pour assister à un match du Real Madrid ou à une représentation à l’Opéra, promotion de produits. Ignacio Gil Vasquez : Directeur Général Délégué du Groupe El Mundo. actif dans le Sud de la France), dans l’imprimerie (avec Occitane Imprimerie qui est ouvert à d’autres titres comme « Le Monde »), gestion de parcs d’exposition ou d’événements (avec Dépêche Events). Le groupe toulousain a aussi décliné la marque Midi Olympique avec Ovalie Communication (activité de marketing événementiel) et les Brasseries Midol (ouverture d’un réseau franchisé de brasseries). En France, enfin, Bernard Maffre, VicePrésident de La Dépêche du Midi, a montré comment ce groupe de presse régionale avait diversifié son activité : dans la logistique (Dépêche Logistique Philippe Monjolin : Senior Vice-Président opérations du Groupe New-York-Times-International Herald Tribune. Bernard Maffre : Vice-Président du Groupe La Dépêche. 7 PAPIERS DE PRESSE INFORMATIONS Remise des Trophées de l’innovation Presse organisés par « La Presse au Futur » Les Trophées de l’innovation Presse, organisés dans le cadre du salon de la Presse au Futur à Paris, ont décerné le 28 novembre dernier les huit prix suivants : à « France Culture », pour la meilleure innovation éditoriale avec « France Culture Papier » ; au « Télégramme », pour la diversification de sa marque ; à « ePresse » et « JQ », pour l’innovation digitale et nomade ; à « Closer », pour l’innovation commerciale ; aux « Inrockuptibles », pour l’innovation marketing, diffusion et promotion ; à « Ascenceo 360 » (Groupe Fécomme) et « Le Moniteur », pour l’innovation technique et industrielle ; et à la délégation « UNDP » avec le déplacement du papier dans les Hautes-Alpes, pour l’innovation de la vente au numéro. Les Trophées de l’Innovation Presse aspirent à distinguer les initiatives les plus originales quelle que soit la taille de l’entreprise. La préselection a voulu couvrir toutes les formes de presse : PQN, PQR, PHR, Magazine, Presse spécialisée et Presse électronique et certains nominés touchent par leur initiative la totalité des familles de presse. Cette année, le Prix de la meilleure innovation technique et Industrielle a été sponsorisé par le Groupe Les Papiers de Presse avec la participation du magazine Caractère. Ce prix récompense le prestataire ou l’éditeur qui auront su mettre le print au service de la presse, plus proche du lecteur, mieux ciblé permettant une augmentation du lectorat ou un ROI publicitaire accru. Le prix a été décerné à : Ascenceo 360 (Groupe Fecomme) et Le Moniteur pour l'action suivante : Yvon Guémard, Directeur de la rédaction du magazine Caractère, Thierry Fecomme, Président-Directeur Général de Ascenceo 360 (Groupe Fecomme), Anton Keil, Éditeur délégué du Groupe Le Moniteur et Eric Debry, Président du Directoire du Groupe Les Papiers de Presse » Le Moniteur, leader de la presse professionnelle du Bâtiment a réalisé grâce à Ascenceo 360, pour leur client Clamens, une action marketing innovante qui associe pour la première fois dans la Presse tous les canaux de communication : le papier, la vidéo, le digital et le marketing direct. Un concept mis en place sur la couverture du Moniteur pour offrir à Clamens une visibilité record grâce à un magazine papier 100 % personnalisé au nom de l’abonné accompagné d’un QR code personnalisé, un magazine interactif, une connexion par Iphone et une connexion par URL. L’ensemble aboutissant, grâce à un visuel de couverture décalé par rapport à la profession, à un retour sur investissement (ROI) immédiat par la convergence des supports : 4 358 connexions du 13 avril au 7 mai 2012, 11 518 pages lues atteignant un ROI de taux transformation client de 3,75 %. Thierry Fecomme, Anton Keil et Eric Debry. Lettre d’information éditée par SELPI-EDITIONS S.A.R.L. au capital de 305 euros 39, rue de Courcelles 75008 Paris - Tél. 01 56 88 87 00 - www.lespapiersdepresse.fr - R.C.S. Paris B 377 622 410 Principaux associés CFPP/SPPP - Gérante et Directrice de la publication : Dominique Pin Revue trimestrielle - Mise en page par PLESS Communication - Imprimé par STIPA à Montreuil - Dépôt légal : mois de parution Numéro de Commission paritaire : 1215 I 87389 - Abonnement au siège de la société : tarif 36,60 € par an. 8