AVI MOGRABI : vérités et mensonges

Transcription

AVI MOGRABI : vérités et mensonges
14h45
Denis Briand
Les Détails, entre cinéma et vidéo
Happy Birthday Mr. Mograbi (1999) commence par un récit présenté
comme autobiographique par Mograbi lui-même, seul face à la caméra. Il
s’agit d’une histoire complexe de mauvais arpentage. Pris de remords il
souhaite régulariser la situation, mais cela s’avère beaucoup plus difficile
que prévu. Il faut quelques minutes pour se rendre compte que cette
anecdote piquante est une métaphore de l’état d’Israël. À partir de cette
lumineuse métaphore, qui sera prise ici comme paradigmatique de
l’œuvre, la communication s’attachera à en explorer différents « détails »,
particulièrement dans l’œuvre vidéo du cinéaste présentée à la galerie Art
& Essai.
Denis Briand est maître de conférences en arts plastiques à l’université Rennes 2,
agrégé en arts plastiques et plasticien. Il co-dirige, avec Marion Hohlfeldt, la
Galerie Art & Essai de l’université Rennes 2 et a notamment publié un livre
d’artiste intitulé A LAST SLATA ATSAL, petit atlas des irritations du monde
(Éditions Incertain Sens, Rennes, 2007).
15h15
Discussion autour des deux interventions de l’après-midi
15h45 Pause
16h00
Rencontre avec Avi Mograbi animée par Christa Blümlinger
(avec la complicité de Jean-François Cornu pour la traduction)
Contact
Nelly Brégeault-Krembser
UFR Arts, Lettres, Communication (secrétariat recherche)
Tél 02 99 14 15 04
[email protected]
Université Rennes 2 – Haute-Bretagne
Équipe d’accueil « Arts : pratiques et poétiques » (EA3208)
Laboratoires « L’œuvre et l’image » (arts plastiques) et « La présence
et l’image » (cinéma)
Journée d’étude
jeudi 19 novembre 2009
Salle polyvalente de l’ÉRÉVE (1er étage)
Entrée libre
AVI MOGRABI :
vérités et mensonges
Si la diffusion et la reconnaissance de son œuvre en France datent du
début des années 2000, voilà maintenant vingt ans qu’Avi Mograbi, via
films et installations vidéo, s’obstine à tendre un miroir dont elle ne veut
pas à la société israélienne. Si les cinq longs métrages documentaires qui
ont fait de lui un cinéaste engagé particulièrement critique envers son
propre pays – Comment j’ai appris à surmonter ma peur et à aimer Ariel
Sharon (1997), Happy Birthday Mr. Mograbi (1999), Août avant
l’explosion (2002), Pour un seul de mes deux yeux (2005) et Z32 (2008) –
bénéficient maintenant d’une assez large diffusion en salles comme en dvd
et de commentaires critiques et théoriques conséquents auxquels tentera de
contribuer cette journée d’étude, celle-ci se propose également de porter
un regard sur une part méconnue du travail de Mograbi : son premier
documentaire (La Reconstruction, 1994, inédit en France) et ses
installations (en lien étroit avec l’ exposition/installation vidéo présentée à
la Galerie Art & Essai de l’université Rennes 2, The Details). Entre réalité
et imaginaire, entre vérités et mensonges, Mograbi brouille délibérément
les cartes, pour le plus grand bonheur d’un spectateur singulièrement
responsabilisé.
Journée d’étude coordonnée par Antony Fiant
9h30
Brève présentation de la journée
09h40
Frédéric Sabouraud
Z32, Le masque de l’innocence perdue
Il s’agit d’interroger comment le film d’Avi Mograbi Z32, en recourant
aux trucages numériques, remet en jeu la question du visage et du masque
sur un support audiovisuel.
Frédéric Sabouraud est docteur en cinéma, enseignant à l’Université Paris VIII
ainsi qu’à l’ESRA (Paris), l’HEAD (Genève) et la TAIK (Helsinki). Il a co-écrit
un livre avec Raymond Depardon, est l’auteur d’un ouvrage sur l’adaptation et a
rédigé de nombreux articles, notamment dans les Cahiers du cinéma, Trafic et
IMAGES documentaires. Il a réalisé des films documentaires et de fiction.
10h10
Projection vidéo de La Reconstruction (L’affaire criminelle de
Danny Katz) d’Avi Mograbi (1994/50mn)
11h00
Antony Fiant
La « sécheresse cinématographique de style » de La
Reconstruction
La Reconstruction restitue l’enquête de police concernant le meurtre, en
1983, d’un jeune israélien de 15 ans menant à l’accusation, sans preuves
mais avec aveux, de cinq Arabes israéliens. Sous des apparences formelles
à première vue conventionnelles qualifiées par Mograbi lui-même de
« sécheresse cinématographique de style » (« Reconstructions,
recréations », Trafic n°24, hiver 1997), le film se heurte à l’impossibilité
d’atteindre une vérité dans cette affaire. Le souci d’objectivité qui
gouverne le film tranche avec l’affirmation de la manipulation qui
prévaudra dans les suivants. Aussi, cette communication se propose
d’interroger l’articulation entre ce documentaire liminaire et le reste de
l’œuvre.
Antony Fiant est maître de conférences en études cinématographiques à
l’université Rennes 2. Il est l’auteur de deux monographies – l’une consacrée à
Otar Iosseliani (L’Âge d’homme, 2002), l’autre à Jia Zhang-ke (PUR, 2009) – et
d’articles, notamment dans les revues IMAGES Documentaires, Positif et Trafic (à
paraître dans le n°72, hiver 2009, un article intitulé « Le cinéma critique d’Avi
Mograbi »).
11h30
Discussion autour des deux interventions du matin
12h00 Pause déjeuner
14h00
Christa Blümlinger
Relations impossibles. À propos des installations d’Avi
Mograbi
Les films d’Avi Mograbi portent sur l’hétérogénéité et le clivage des
points de vue à travers des aspects variés du conflit israélo-palestinien.
Dans ses installations, le cinéaste propose une présentation à la fois plus
immédiate et plus minimaliste des impossibilités de l’accord territorial. En
y reprenant de petites scènes de ses films ou de ses chutes, Mograbi
focalise l’attention du spectateur sur la parole, c’est-à-dire l’acte de
langage comme acte de résistance. Les installations entreprennent une
réflexion double sur cet acte, à la fois geste humain et forme filmique.
Christa Blümlinger est maître de conférences en études cinématographiques à
l’université Paris 3, HDR à la Freie Universität Berlin. Parmi ses publications : en
allemand ; Kino aus zweiter Hand. Zur Ästhetik materieller Aneignung im Film
und in der Medienkunst (Vorwerk 8, 2009), en français ; édition et introduction de
textes choisis de Harun Farocki, Reconnaître et poursuivre (THTY, 2002). Un de
ses textes sur Avi Mograbi va paraître dans Trafic n°72, hiver 2009.