Une approche contemporaine, conservatrice et adhésive
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Une approche contemporaine, conservatrice et adhésive
Spécial Usure Les situations d’érosion et usure actuelles touchent l’intégralité des classes d’âges dans la quasi-totalité des pays du globe. Si l’on prend en référence le groupe d’âge très étendu de 18 à 88 ans, et en dépit d’une très grande variablité des valeurs, les chiffres atteignent de 4 à 82 % ! [1] Dans ce numéro spécial, les principales causes des érosions et usures de nature chimique ont déjà été abordées. Mais je souhaitais insister plus spécifiquement, dans le cadre de cet article, sur le fait qu’aujourd’hui le chirurgien-dentiste, probablement insuffisamment formé à la connaissance de ces nouveaux tableaux cliniques, peut se perdre dans des diagnostics parfois erronés. Erosion et usure extrêmes chez le senior : Une approche contemporaine, conservatrice et adhésive L Gil Tirlet Pratique privée, Paris Membre du Groupe International de Bioemulation Maître de conférences (Paris Descartes) Praticien hospitalier (Charles Foix, Ivry-sur-Seine) Responsable de la consultation de Biomimétique (Charles Foix, Ivry-sur-Seine) 2 e chirurgien-dentiste peut fréquemment passer à côté de signes cliniques précoces évocateurs d’une déminéralisation lente et progressive des tissus dentaires sans charge bactérienne associée. Très souvent, ce tableau est confondu avec celui d’un contexte d’attrition dentaire, d’abfraction ou encore d’abrasion. Dans le contexte de la dentisterie actuelle, il nous paraît donc essentiel de pouvoir se former à l’observation des signes pathognomoniques de l’érosion et usure de nature chimique. Pour ce faire, les aides optiques et la macrophotographie dentaire sont plus que précieuses dans l’arsenal du chirurgiendentiste contemporain. Et puis, il y a aussi malheureusement les situations cliniques beaucoup plus complexes en termes de L’INFORMATION DENTAIRE n° 31 - 17 septembre 2014 prise en charge d’un cas extrême perte tissulaire jusqu’aux situations les plus extrêmes comme le cas présenté dans cet article sur une patiente senior. Ces situations posent en réalité le problème de la destruction souvent généralisée des dents laissant les praticiens sans solution ou alors celle de l’éternel recours aux couronnes multiples associées à des dépulpations massives compte tenu de l’état des tissus résiduels. Dans ces situations, et de manière réactionnelle aux phénomènes d’érosion/usure, les dents présentent souvent des rétractions pulpaires très importantes rendant complexe, parfois illusoire le temps endodontique. Ainsi, le recours aux techniques adhésives les plus récentes apporte une réponse forte innovante et réversible sans condamner d’avantage les dents supports. Mais avant tout, la prise en charge de ce type de patient doit faire appel à une démarche logique, rationnelle et exigeante que je me propose de partager avec vous au travers du cas clinique choisi. Cas clinique et décision thérapeutique Le cas présenté dans cet article concerne une patiente de 83 ans, venue consulter pour savoir s’il était possible d’envisager une solution de restauration de l’ensemble de ses dents présentant d’importantes pertes de substances. Elle n’a jamais eu le temps de s’occuper d’elle. L’observation attentive de la topographie de ces pertes de substance nous oriente vers un contexte d’érosion, usure de nature chimique. La consommation tout au long de sa vie d’agrumes, de jus de fruits acides, mais surtout des épisodes fréquents de RGO expliquent ces topographies et ces pertes tissulaires particulièrement délétères d’un point vu biologique, biomécanique, fonctionnel et esthétique. La situation clinique est ici extrême (ACE Classe V/VI [2]) (facteurs de risques de fracture élevés pour certaines dents). L’âge de la patiente assez avancé doit aussi bien entendu être pris en compte en regard de la durée nécessaire de chaque séance clinique. L’INFORMATION DENTAIRE n° 31 - 17 septembre 2014 Plusieurs propositions thérapeutiques ont déjà été faites à la patiente par différents praticiens précédents comme : - la réalisation d’une gouttière occlusale ; - des extractions multiples et la mise en place d’implants ; - la réalisation, après traitements endodontiques de toutes les dents, de multiples restaurations de prothèses périphériques conventionnelles scellées sur des reconstitutions corono-radiculaires coulées. Aucune de ces solutions n’a été retenue par la patiente… Nous lui proposons de notre côté une réhabilitation de l’ensemble de ses deux arcades selon le concept de la « Three Step Technique » introduit et développé par mon amie le Dr Francesca Vailati, de la faculté de médecine dentaire de Genève, il y a six ans environ [3, 4, 5, 6]. Cette technique est présentée par le Dr Vailati au sein de ce numéro spécial. Je me contenterai donc simplement de partager avec vous et d’appliquer ce concept contemporain en images au cas de cette charmante patiente. Recommandations pratiques Avant de poursuivre, il me paraît primordial, dans un contexte d’usure aussi avancé, d’insister sur les principaux points suivants dans le cadre d’une prise en charge en pratique privée libérale : - parfaitement connaître les stratégies adhésives les plus récentes (IDS), en particulier en fonction du type de dentine exposée : dentine usée en phase active ou non active ; - travailler au plus près de son technicien de laboratoire déjà habitué à la prise en charge de telles situations. La communication avec le laboratoire à partir des données photographiques est primordiale avant de s’engager dans un tel traitement ; - respecter scrupuleusement les 3 temps de la technique de restaurations adhésives en planifiant avec la patiente et le laboratoire la « feuille de route » du traitement (augmentation de DVO, réalisation de photographies aux 3 échelles, projet esthétique, réalisation des mock up ou équivalent dans cette situation, essais cliniques, collage des pièces partielles, contrôle occlusaux) ; - travailler sous aides optiques et sous champ opératoire pour les temps de collage ; - libérer de longues plages horaires de surcroît avec une patiente d’un âge plus avancé afin de respecter des temps de pause et de récupération ; - assurer un suivi clinique rigoureux et planifié tous les 3 mois la première année et tous les 6 mois les années suivantes. 3 Spécial Usure Temps de l’observation Réalisation clinique Lors des deux premières consultations, nous pratiquons un examen attentif aidé en cela par de multiples photographies aux 3 échelles : visage, sourire et dento-gingivale. Sur ces deux vues, nous réalisons l’importance des effets dans le temps des attaques acides qui ont totalement “miné” l’ensemble des faces palatines et occlusales des dents maxillaires, exposant ainsi de larges plages de dentine. L’émail très souvent voire sys- selon le concept de la « Three Step Technique » 1 2 3 1. Echelle du visage. On note les importantes altérations en particulier tissulaires et chromatiques des dents antérieures maxillaires et mandibulaires. Le regard est en premier lieu attiré par un très fort déséquilibre regard/sourire, ce dernier occupant quasiment tout l’espace visuel compte tenu de son aspect dysharmonieux. Cette échelle est avant tout essentielle pour l’analyse des principales lignes de référence : axe sagittal médian ; ligne bipupillaire ; ligne bi commissurale. 2. Photo à l’échelle du visage (en ¾ gauche). 3. Photo à l’échelle du visage (en ¾ droit) et en noir et blanc illustrant une luminosité très abaissée de l’ensemble des dents lors du sourire. 4 5 4. Photo à l’échelle du sourire. Lors du présourire, seules les dents mandibulaires sont visibles et laissent apparaître de fortes plages d’usure en cuvette des bords libres. 5. Photo à l’échelle dentogingivale. L’observation des faces vestibulaires des dents antérieures maxillaires ne laisse pas, à ce stade, imaginer des pertes de substances extrêmes. On note la présence de multiples lésions cervicales d’usure (LCU) pour certaines restaurées avec des composites, des lésions carieuses arrêtées, des bords coronaires “écornés” et une très forte transparence des bords libres des centrales peu communément rencontrés à cet âge. Une situation de supraclusion est observable également avec un jeu combiné d’égression compensatoire à l’usure au fil du temps. 4 L’INFORMATION DENTAIRE n° 31 - 17 septembre 2014 prise en charge d’un cas extrême 6a 7 6a et 6b. Photos à l’échelle dentogingivale (maxillaire et mandibulaire). 7. Photo à l’échelle dento-gingivale (secteur 2 : faces occlusales des secteurs postérieurs maxillaires). Il est intéressant de noter sur cette image des lésions en cupules (sans relief correspondant antagoniste) caractéristiques d’une nature chimique de l’usure à l’exception des molaires pour le secteur concerné. 6b tématiquement présent au niveau des zones cervicales palatines des dents antérieures maxillaires (à cause de la présence du biofilm) (signe pathognomonique d’une origine acide de l’usure) a été ici presque partout dissout au fil des années. Nous observons, surtout au niveau des dents antérieures maxillaires, de véritables bouchons d’obturation minéralisés aux emplacements des émergences pulpaires, rendant quasi illusoire toute intervention de nature endodontique. 8 8. Photo à l’échelle dento-gingivale (secteur 1 : faces occlusales des dents maxillaires). Nous retrouvons sur cette photo ces profils d’attaque symptomatiques, mais touchant cette fois l’ensemble du secteur prémolaires/molaires. Est-il possible de déduire à un RGO préférentiel du côté droit (position lors du sommeil), c’est une piste très probable, mais nous n’en sommes pas sûrs. 9. Photo à l’échelle dento-gingivale (secteur 3 : faces occlusales 9 des dents mandibulaires). Nous retrouvons encore une fois sur cette image des profils de perte de substance en cupule sans “contrepartie”, qui permettent d’orienter avec certitude le diagnostic différentiel en faveur d’une érosion et usure de nature chimique. 10. Photo à l’échelle dento-gingivale (dents antérieures mandibulaires). Nous retrouvons ici encore ces plages d’usure en cupule avec la persistance d’un ruban périphérique d’émail coronaire symptomatique des phénomènes d’érosion et usure. Les cinétiques d’usure des deux tissus sont différentielles, étant plus rapides sur la dentine que sur l’émail quand celle-ci est exposée. L’INFORMATION DENTAIRE n° 31 - 17 septembre 2014 10 5 Spécial Usure Temps de la préparation biologique des tissus : « hybridation dentinaire immédiate » l’ordre de 30 sec [12]. La photopolymérisation est faite en 2 temps avec une première insolation puis une seconde sous protection d’une couche de glycérine (à cause de la couche inhibée de surface à l’oxygène ambiant). Puis, sur certaines dents, une relocalisation cervicale des marges est nécessaire et réalisée à l’aide de composite flow (ELS flow, Saremco) (fig. 13 et 14) qui présente le plus faible retrait de polymérisation du marché. Une matrice est positionnée afin d’assurer l’étanchéité au niveau du bord cervical. Dans un second temps, la future marge cervicale de la restauration indirecte se fera au sein du matériau composite (base intermédiaire en « sandwich ouvert »). L’idée, dans cette situation, après avoir fraisé en surface la dentine exposée (dans ce cas dentine usée en phase non active), est de créer la couche hybride afin d’assurer une étanchéité dentinaire immédiate (probablement un peu moins nécessaire ici compte tenu du fort degré de minéralisation de ce type de dentine) et d’optimiser aussi les valeurs d’adhérence des restaurations adhésives. Un fraisage à l’aide de fraise diamantée est nécessaire pour aviver la couche hyperminéralisée [11]. Un « Vigourous rubbing » (fig. 12) correspondant à un massage prolongé de la dentine à l’aide de microbrush est nécessaire afin de créer des tags résineux à la suite d’un mordançage un peu plus long des surfaces exposées de 11 13 12 14 11, 12, 13 et 14. En premier lieu, nous réalisons la protection biologique des zones de dentine exposées à l’aide d’une stratégie contemporaine : « Immediate Dentin Sealing » ou hybridation dentinaire immédiate [7, 8, 9], proposée sous d’autres appellations par plusieurs auteurs depuis 1992 : le « Sealing » avec David Pashley, ou le « Dual Bonding » en 1998 avec Stefen Paul et Peter Shärer ou encore Didier Dietschi [10]. 6 L’INFORMATION DENTAIRE n° 31 - 17 septembre 2014 prise en charge d’un cas extrême Step 1 : Restaurations postérieures L’analyse des photographies initiales nous permet de réaliser un projet esthétique (matérialisé par des céraplasties, cires diagnostiques ou wax up) établi après une augmentation de la DVO (nécessaire pour récupérer l’espace prothétique antérieur souvent perdu par le jeu combiné des égressions compensatoires aux phénomènes d’érosion/usure). Cela signifie que très souvent il n’y a pas eu obligatoirement de perte de DVO. Cette augmentation de DVO nécessaire est évaluée autant par rapport à l’esthétique des dents antérieures (ratio longueur/ 15 largeur) qu’à la morphologie à retrouver sur les faces palatines des dents antérieures maxillaires. La recréation de cet espace nous permet donc ainsi de recouvrer et maintenir la présence des contacts occlusaux (guide antérieur). Ce projet est secondairement transféré en situation clinique à l’aide de clés en silicone d’une dureté shore élevée (silicone Zermach) et de résine bis acrylique avant d’être porté environ 2 à 3 semaines pour validation par le patient. 16 15. Modèles maxillaires et mandibulaires issus du duplicata des wax up (secteurs postérieurs [projet fonctionnel] et antérieurs [projet esthétique]) permettant habituellement la réalisation des clés de transfert et dans le cas présent celle d’une gouttière. 16. Réalisation d’une gouttière transparente qui permet d’évaluer les critères esthétiques aux échelles du visage et du sourire. La gouttière (thermoformée sur le duplicata fig. 15) a été préférée aux mock up en résine bis acrylique dans cette situation précise compte tenu de l’extrême fragilité des dents présentes. En effet, le retrait parfois un peu difficile des mocks ups en résine aurait pu être à l’origine d’une ou plusieurs fractures de certaines dents antérieures particulièrement fragilisées (cf fig. 6). 17 18 17. Vue clinique après réalisation des préparations sur les prémolaires mandibulaires. Ces préparations postérieures avec conservation optimale des tissus sont destinées à recevoir tantôt des « overlays » ou « table tops », tantôt des « veneerlays » en composite sur les dents présentant des pertes de substance vestibulaires associées aux pertes occlusales. On change donc ici complètement de paradigme, on ne cherche plus à diminuer une fois encore les tissus déjà considérablement altérés, mais bien à les préparer a minima afin de recevoir les pièces composites indirectes. Le choix du composite est ici fonction tant de la nature du tissu exposé (larges plages de dentine) afin de s’accorder en termes de valeur de module d’élasticité que pour des raisons d’ordre économiques. 18. Vue clinique après mise en place des provisoires à la nouvelle DVO (réalisés à partir des clés de transfert faites au laboratoire sur le duplicata des wax up). Ainsi, l’espace prothétique antérieur est ouvert, autorisant la recréation des volumes palatins des dents antérieures maxillaires ainsi que le recouvrement des contacts antérieurs (guide antérieur). L’INFORMATION DENTAIRE n° 31 - 17 septembre 2014 7 Spécial Usure 19 19. Vue de l’ensemble des restaurations en composite de laboratoire qui viennent prendre place sur les parties coronaires postérieures érodées. 20. Vue du type de préparation sur une prémolaire après la mise en place du champ opératoire et avant le collage. 21. Vue clinique sous champ opératoire après mise en place de l’adhésif sur l’IDS réalisée lors de la première séance et avant collage d’un veneerlay. 20 21 22. Collage à l’aide d’un composite de restauration chauffé (Asteria, Tokuyama) à une température de 65 °C. L’élimination des excès de composite se fait très facilement et son taux de charge en améliore son comportement mécanique dans le temps. 23. Vue clinique après collage des 4 secteurs postérieurs en composite permettant une ouverture antérieure. 22 24. Vue occlusale secteur 1. Les onlays en composite viennent remplacer « strictement » les pertes de substance érodées qui ont été réaménagées grâce aux relocalisations verticales des marges à l’aide des bases intermédiaires en composite. 25. Vue occlusale 23 24 8 de deux onlay et veneerlay mandibulaires. 25 L’INFORMATION DENTAIRE n° 31 - 17 septembre 2014 prise en charge d’un cas extrême Step 2 : Restaurations antérieures Cette étape 2 dans cette situation va se faire selon deux séquences : - step 2.1 : la restauration des faces palatines des dents antérieures maxillaires ; - step 2.2 : la restauration des facettes vestibulaires mandibulaires. 26. Vue en transillumination des facettes palatines en composite sur leur modèle (photo Didier Crescenzo). 27. Vue en transillumination vestibulaire des facettes en composite mandibulaires (photo Didier Crescenzo). 28. Vue palatine des facettes sur le modèle de travail. 29. Vue des restaurations partielles en composite (maxillaires et mandibulaires) (photo Didier Crescenzo). Step 2.1 : la restauration des faces palatines des dents antérieures maxillaires 26 27 30. Mise en place du champ opératoire maxillaire de 14 à 24. Le champ est dégagé « at large » et ensuite chaque préparation est secondairement isolée avec un clamp unitaire pour le collage de chaque facette. 31. Vue juste après collage d’une facette palatine maxillaire en composite. 28 32. Vue vestibulaire du secteur antérieur après collage des 6 facettes palatines maxillaires en composite (technique sandwich) (2, 3, 4, 6). 29 33. Vue à l’échelle du visage. L’allongement des dents par les faces palatines conformément au projet et au port de la gouttière de prévisualisation permet de rééquilibrer les ratios longueur/largeur sur le plan des critères esthétiques. 30 31 32 33 L’INFORMATION DENTAIRE n° 31 - 17 septembre 2014 9 Spécial Usure 34 35 Step 2.2 : restaurations vestibulaires mandibulaires 34. Vue clinique après mise en place du champ opératoire des 6 dents antérieures mandibulaires. L’émail a été simplement surfacé en vestibulaire et les cupules érodées servent d’élément d’appui des facettes en composite. 35. Vue clinique après collage de l’ensemble des 6 facettes en composite de laboratoire. 36. Vue maxillaire après assemblage final de l’ensemble des restaurations partielles en composite (palatines antérieures et occlusales postérieures). 36 37. Vue mandibulaire après assemblage final de l’ensemble des restaurations partielles en composite et remplacement de l’ancienne couronne périphérique (46) par une couronne en composite. Step 3 : Restaurations 37 vestibulaires des dents antérieures maxillaires 38 39 38. Vue clinique des préparations pour recevoir les restaurations adhésives en composite maxillaire. Dans cette situation, le choix s’est porté sur le composite pour des raisons essentiellement économiques également. 39. Vue clinique des préparations de 14 à 24. Le support n’étant pas partout amélaire, le composite peut être favorablement indiqué ici. 10 L’INFORMATION DENTAIRE n° 31 - 17 septembre 2014 prise en charge d’un cas extrême 41 40 42 43 44 45 46 40. Vue des préparations pour facettes sur les modèles de travail. Un macropuits central sert à stabiliser ces dernières (proposition de JF Lasserre). 41. Vue des restaurations adhésives en composite maxillaires avant leur assemblage (photo Didier Crescenzo). 42. Collage des restaurations adhésives en composite sous champ opératoire. 43. Vue finale à 1 semaine après l’assemblage. 44. Contrôle clinique de l’occlusion (statique et dynamique). 45. Vue clinique finale en occlusion. 46. Vue clinique des restaurations partielles mandibulaires à 1 semaine après collage. L’INFORMATION DENTAIRE n° 31 - 17 septembre 2014 47a et b. Vue à un an de suivi clinique. Un implant unitaire a été placé en place de 36 afin de rétablir un équilibre masticatoire. Un seul implant nous paraissait amplement suffisant ici compte tenu du très faible potentiel d’égression de la 27. La décision de réhabiliter en « arcade courte » a été l’option choisie. 47a 47b 11 Spécial Usure 48 49 50 51a 51b 48. Vue clinique du secteur antérieur mandibulaire. 49. Vue des restaurations finales à l’échelle du sourire. 50. Vues initiales et finales à l’échelle du visage. 51a. Vue clinique initiale. 51b. Vue à un an de suivi clinique à l’échelle dento-gingivale. 52 12 52. Vue à l’échelle du sourire à un an. L’INFORMATION DENTAIRE n° 31 - 17 septembre 2014 prise en charge d’un cas extrême On gardera enfin à l’esprit que ce nouveau fléau doit faire appel à un programme de formation spécifique au sein de toutes les universités françaises, car il représente à lui seul un véritable enjeu en termes de santé publique pour les générations actuelles et futures. Mes chaleureux et amicaux remerciements à Didier et Hélène Crescenzo (Laboratoire Esthetic Oral) pour l’ensemble des réalisations au laboratoire. bibliographie 53 53. Vue à l’échelle du visage à un an. Conclusion Le cas clinique exposé dans cet article, particulièrement sévère en termes de destruction tissulaire, doit nous amener à plusieurs réflexions, à savoir : - opérer une observation minutieuse et précoce des premiers signes d’érosion et usure des dents à l’aide d’aides optiques et d’un appareil macrophotographique professionnel de type Reflex afin de pouvoir conseiller le patient (modifications des habitudes alimentaires, orientation vers un nutritionniste, un psychologue si nécessaire dans une démarche médicale transversale, etc.) ; - se former à la reconnaissance des principaux phénomènes d’usure des dents (attrition, abfraction, abrasion et érosion/usure de nature chimique) et donc aux différents diagnostics différentiels qui s’y référent ; - penser différemment la prise en charge thérapeutique de ce type de patient en opérant un changement de paradigme profond depuis la dentisterie conventionnelle jusqu’à la dentisterie adhésive (ne pas hésiter à mettre en place des interceptions précoces et ciblées à l’aide de thérapeutiques ultraconservatrices) afin d’éviter d’arriver sur des tableaux cliniques aussi extrêmes ; - ne plus raisonner en termes de destruction systématique des dents par fraisage, mais plus favorablement en termes d’addition par l’apport de biomatériaux assemblés par collage aussi bien en technique directe qu’en technique indirecte ; - maîtriser les stratégies opératoires et adhésives les plus récentes ; - mettre en place un suivi et une observance clinique méticuleux. L’INFORMATION DENTAIRE n° 31 - 17 septembre 2014 1. Lussi A., Jaeggi T. L’érosion dentaire : diagnostic, évaluation du risque, prévention, traitement. Quintessence Int, 2012. 2. Vailati F, Belser UC. Classification and treatment of the anterior maxillary dentition affected by dental erosion: The ACE classification. Int J Periodontics Restorative Dent 2010 ; 30 : 559-571. 3. Vailati F, Belser UC. Full-mouth adhesive rehabilitation of a severely eroded dentition : The three-step technique. Part 3. Eur J Esthet Dent 2008 ; 3 : 236-257. 4. Vailati F, Belser UC. Full-mouth adhesive rehabilitation of a severely eroded dentition : The three-step technique. Part 2. Eur J Esthet Dent 2008 ; 3 : 128-146. 5.Vailati F, Belser UC. Full-mouth adhesive rehabilitation of a severely eroded dentition : The three-step technique. Part 1. Eur J Esthet Dent 2008 ; 3 : 30-44. 6. Vailati F, Gruetter L, Belser UC. 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