projet d`activité - bienvenue

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projet d`activité - bienvenue
L’identité
aborder la puberté avec des adolescents
accueillis en IME
06/03/2009
FISCHER Joël - ESSE4
Introduction
« L’identité » est un terme général que j’utilise pour désigner l’activité autour du corps que
j’ai mise en place.
Je travaille dans un institut médico-éducatif accueillant des jeunes de 10 à 20 ans ayant une
déficience mentale légère ou moyenne avec ou non des troubles associés.
Avant de parler de l’activité mise en place, il est important de situer le cadre :
l’établissement, les jeunes accueillis pour comprendre le contexte dans lequel elle a vu le
jour.
Les IME
Les IME sont des lieux d’apprentissage spécialisés permettant une prise en charge adapté à
chaque jeune au sein de petits groupes. Les adolescents accueillis ont, en effet, souvent des
difficultés d’acquisition ou de des problèmes d’attention ne leur permettant pas de suivre
une scolarité classique.
Les IME sont principalement régit par les annexes XXIV1. Ce texte de loi a été rénové en 1989
et concerne les établissements prenant en charge les enfants ou adolescents présentant
une déficience intellectuelle.
L’article 3 de cette loi résume bien le rôle et les objectifs de ces établissements :
« La prise en charge tend à favoriser l’épanouissement, la réalisation de toutes les
potentialités intellectuelles, affectives et corporelles, l’autonomie maximale quotidienne
sociale et professionnelle. Elle tend à assurer l’intégration dans les différents domaines de la
vie, la formation générale professionnelle »
Dans ce même article il est stipulé un peu plus loin en parlant de la prise en charge : « Elle
comporte : … des actions tendant à développer la personnalité, la communication et la
socialisation.»
C’est donc dans un objectif d’épanouissement de l’adolescent accueilli que l’activité
« identité » a été mis en place. En effet, il s’agit de leur apprendre à se connaitre.
Cette activité a débuté l’année dernière avec l’apprentissage de son adresse, de sa position
au sein de sa famille… Dans un esprit de continuité, je prévois d’orienter cette année
l’activité sur la connaissance de son corps lié à la puberté.
1
annexes XXIV rénovées du 27 octobre 1989
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Le point de départ
Je travaille dans un externat médico Educatif accueillant 34 jeunes de 10 à 20 ans. Ils sont
répartis par niveau en 6 groupes. Ils sont atteint de déficience mentale légère ou moyenne
avec ou non des troubles associés.
Je travaille avec une éducatrice sur un groupe de huit jeunes ayant plus de difficultés. Ils ont
pour la plupart des difficultés d’attention et leur « hypersensibilité » due à leur handicap ne
leur permet pas de travailler en grand groupe. Des activités adaptés, un travail en petit
groupe, parfois même en individuel, permet donc à ces jeunes de travailler.
Les jeunes ont entre 12 et 20 ans. Nous avons séparé le groupe en deux en fonctions des
capacités des jeunes pour la plupart des activités.
Le matin, un temps d’accueil en commun permet une certaine unité du groupe.
Depuis le début de l’année je propose de travailler sur la sensibilisation à son corps. J’ai pu
remarquer le manque de connaissance des jeunes sur ce sujet. Ils ont l’âge de l’adolescence
et vivent des transformations profondes au sein de leur corps et de leur psychisme. Il me
semble important, pour cette activité de se retrouver ensemble pour créer une mixité du
groupe. En effet l’un des deux groupes n’est composé que de garçons. A l’adolescence le
corps change et la mixité du groupe devrait permettre, entre autre, un échange plus riche
sur les différences entre jeune homme et jeune fille.
En début d’année, lors de rendez-vous avec les parents, j’ai pu aborder avec eux la question
de la puberté de leur enfant. Ils ont pour la plupart montré une attitude d’ignorance sur les
signes de l’adolescence de leur jeune. Certains disent préférer attendre que leur enfant leur
en parle. Quelques parents en revanche, ont apprécié l’idée d’une sensibilisation sur le corps
ne sachant comment aborder ce sujet avec leur enfant.
Nous avons constaté, l’équipe éducative et moi-même que certains jeunes se masturbe,
parfois même en public. Il me semble donc vraiment important que les adolescents accueillis
apprennent à connaitre leur corps mais aussi le respect de l’autre et une attitude correcte en
société.
En partant de ces constats, il m’a semblé important de mettre en place un projet pour
permettre à chaque jeune d’apprendre à connaitre plus particulièrement son corps et ses
transformations liés à la puberté
Nous avons décidé, avec ma collègue, de mettre en place ce travail commun aux deux
groupes.
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L’objectif de l’activité « identité »
L’objectif est d’apprendre aux adolescents accueillis à mieux se connaitre. Certains jeunes
ont une vision morcelée ou incomplète de leur personne lié à leur handicap.
A l’adolescence le corps change, des poils poussent, la voix se transforme, les filles
commencent avoir les règles et les garçons des érections plus fréquentes… Tous ces
changements inquiètent les adolescents.
Cette activité autour du corps doit permettre à chaque jeune de s’épanouir et de mieux se
connaitre à travers une explication des changements du corps humain lié à la puberté.
Les adolescents concernés :
Cette activité est proposée aux deux groupes constituant actuellement 8 jeunes. Ces jeunes
ont un temps d’attention assez court. Ces adolescents ont une déficience mentale légère ou
moyenne avec pour certains des troubles associés. Ils sont atteints de trisomie 21,
d’autisme. Ils sont regroupés dans ces deux groupes ayant besoin d’un accompagnement
plus soutenu. La vie en petit groupe facilite leurs apprentissages.
Il est donc important de bien tenir compte des difficultés individuelles dans tout ce qui sera
proposé.
Les jeunes accueillis à l’IME sont avant tout des adolescents, leur corps et leur psychisme est
en train de changer. L’adolescence, de part ces changements, est une période de la vie
difficile à passer. C’est aussi un moment de grande vulnérabilité telle le homard qui mue.
Françoise Dolto appelle cela le complexe du homard2. L’adolescent comme le homard passe
par une forme de mue. Le homard avant d’avoir une nouvelle carapace perd l’ancienne. Il
passe par une période de grande fragilité entre les deux. L’adolescence tout comme le
homard passe par une période de grande fragilité lors du passage de la période d’enfant au
stade d’adulte. Il cherche à se forger une identité d’adulte qu’il acquière petit à petit.
Face à ces changements corporels et cette recherche psychologique, l’adolescent à besoin
d’être rassuré et guidé.
La particularité du groupe est d’être composée de jeunes ayants des capacités intellectuelles
variés. En effet, par exemple, un jeune homme atteint d’autisme, sachant lire, écrire et
parler, côtoie des adolescents atteint de trisomie 21 ayant du mal à communiquer par écrit
et oralement.
2
Paroles pour adolescents ou le complexe du homard – Françoise Dolto et Catherine Dolto
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Il me semble donc important de rappeler brièvement quelques caractéristiques de ses deux
handicaps. Chaque être humain a son propre caractère et les descriptions ci-dessous ne
donne donc que des informations très générales.
L’autisme est un trouble envahissant du développement. Les interactions sociales et les
modalités de communication sont altérées, Les centres d'intérêts et d'activités sont
restreints, stéréotypés et répétitifs. Chaque personne réagit, bien sûr différemment en
fonction du degré d’autisme et de son propre caractère.
La trisomie 21 est une maladie génétique qui provoque une diminution du tonus musculaire
ou hypotonie et une déficience mentale, variables d’un individu à l’autre.
Les jeunes du groupe accueillis à l’IME ont entre 12 et 20 ans, et vivent donc leur
adolescence avec leur handicap. Les changements liés à la puberté mettent parfois plus de
temps que les règles généralement établis. Mais l’adolescence est là avec tout ce que cela
provoque chez le jeune.
Le projet
Cette activité se divise en cinq grandes parties que je vais détailler. Certaines de ces étapes
sont terminées alors que d’autres sont encore en cours au moment où j’écris. En effet cette
action se déroule sur une période de 6 mois à raison de deux séances d’une heure par
semaine.
Je suis à l’initiative de ce projet, mais j’ai souhaité le partager avec l’éducatrice du deuxième
sous-groupe. En effet, il me semble pertinent de partager ce thème avec une femme. Je
prévoie de parler du corps de l’homme autant que celui de la femme et les éclairages
féminins pour ce dernier sujet me semble appréciable.
Voici maintenant le descriptif des 5 grandes étapes du projet :
1. La préparation à la visite de l’exposition «zizi sexuel, l’expo »
Cette préparation en quatre séances d’une heure doit permettre de préparer les
jeunes afin qu’ils puissent tirer le meilleur parti de la visite. Elles se dérouleront le
lundi après midi de 15h. à 16h. dans la classe.
Lors de la première séance chaque jeune aura la possibilité de montrer quelle
représentation il a de son corps. Il pourra en effet faire un autoportrait et le
commenter. Cette étape primordiale doit me permettre de déceler les connaissances
de chacun. Au cours des séances suivantes le plan de l’exposition sera détaillé, les
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principaux thèmes abordés, les remarques et questions des uns et des autres pris en
compte.
Cette étape est une première approche du thème.
2. La visite de L’exposition : «zizi sexuel, l’expo »
Cette visite se fera dans le cadre d’une journée spéciale de sortie à la cité des
sciences et de l’industrie. La planification d’un samedi particulier doit donc être défini
suffisamment tôt pour permettre aux parents de s’organisé, l’établissement n’étant
pas ouvert ce jour là.
La réservation pour la visite de l’exposition auprès de la cité des sciences et de
l’industrie est obligatoire et gratuite pour notre groupe
Une accompagnatrice supplémentaire viendra étoffer le groupe. Nous seront donc 3
éducateurs pour encadrer les 8 jeunes.
Cette journée comportera plusieurs visites d’expositions sur le site dont celle du « zizi
sexuel » et un repas dans restaurant à proximité.
3. La partie « découverte »
Les séances qui suivront auront pour but d’apprendre à mieux connaitre son corps.
Elles dureront une heure, le lundi de 15h. à 16h. et permettront à l’aide de dessins,
schémas et différents supports de se familiariser avec le corps humain.
La première séance qui suivra la visite de l’exposition sera consacrée aux questions et
aux remarques de chacun.
Ensuite les grands thèmes suivants seront abordés.
•
Etre amoureux
•
La puberté
•
La sexualité
•
Faire un bébé
Ces thèmes reprennent les idées principales de l’exposition. Chaque thème sera
abordé en plusieurs séances. En revanche il est difficile de prévoir un calendrier bien
précis, les jeunes étant très sensibles aux événements imprévus du groupe. Ils sont
en effet très sensibles au moindre changement comme par exemple l’absence d’un
camarade, d’un adulte ou une modification exceptionnelle de l’emploi du temps.
L’objectif est tout de même de garder 4 séances par thème pour permettre de bien
aborder le sujet.
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4. La préparation de l’exposition
Cette séance se déroulera le vendredi matin de 11h. à 12h. dans la classe du groupe.
Cette heure sera consacré à la création de l’exposition. Les jeunes prépareront des
œuvres, des autoportraits, différents dessins du corps, des panneaux explicatifs...
Ils pourront utiliser la peinture, le découpage, le cartonnage, le collage, la pâte à
modeler, l’ordinateur…
Ce moment doit permettre aux jeunes de s’exprimer librement, d’expliquer ce qu’ils
savent et de redire à leur façon ce qu’ils ont appris. Ils prépareront également les
panneaux en fonction de ce qu’ils veulent transmettre aux autres.
5. L’exposition
Les panneaux et les chefs d’œuvres créés à cette occasion seront exposés dans la
« grande salle » de l’établissement. Les autres groupes pourront ainsi visiter cette
exposition. Les jeunes créateurs de l’exposition auront alors l’occasion de s’exprimer
sur ce qu’ils savent et faire le guide.
Lors de la fête de fin d’année les parents auront également l’occasion de profiter de
cette exposition.
Organisation matérielle
Pour la sortie il faudra organiser : la réservation pour l’exposition, une lettre pour prévenir
les parents de cette journée exceptionnelle, un budget pour le restaurant (11 personnes) à
voir sur le budget sortie du groupe, deux véhicules pour le déplacement.
Pour les différentes activités il faudra prévoir : des supports (photocopies, livres, sites
internet),
feuilles, feutres, crayons de couleurs pour le travail lors des séances « découverte ».
Pour la préparation de l’exposition, du carton, de la peinture, des ciseaux, de la colle, de la
pâte à modeler pour la confection de panneaux seront nécessaires.
Tout ce matériel est disponible au sein de l’établissement.
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L’activité en pratique
La mise en place du projet
Le projet de base étant décrit je vais maintenant expliquer sa mise en place.
Les premières séances
La première séance a vraiment été très instructive. En effet, les jeunes ont pu dessiner leur
corps et ensuite celui d’une personne du sexe opposé. La consigne était la suivante : « se
dessiner sans les habits, puis dessiner un garçon ou une fille du sexe opposé sans les habits »
Ces dessins ont révélé plusieurs points importants qui ont pu être travaillé par la suite. Ainsi
par exemple, un garçon s’est représenté avec un pénis surdimensionné. Un autre n’a pas
dessiné de ventre. Une méconnaissance certaine du sexe opposé a été remarquée. Les
dessins représentant des femmes avec un pénis ou sans poitrine.
Nous avons pu parler des dessins qui ont servis de base aux séances suivant l’exposition.
La préparation à la visite de l’exposition a permis de faire une visite assez sereine. Nous
avons regardé le plan de l’exposition et parler des différents pôles. Nous avons également
consulté le site internet conçu à cette initiative par la cité des sciences et de l’industrie.
La visite de l’exposition « zizi sexuel, l’expo »
La journée a été très intéressante, deux jeunes n’ont malheureusement pu y assister, les
parents ayant prévu autre chose ce jour là, ils ne pouvaient donc accompagner leur enfant
au rendez vous pour le départ à l’exposition.
La préparation à la antérieur à la visite a permis aux jeunes de profiter de l’exposition sans
qu’il n’y ai de crise d’angoisse souvent provoqué dans des lieux inconnus et peuplé.
Nous avons visité l’exposition sur le son, permettant à chacun de découvrir des univers
sonore différent. Nous avons ensuite visité « zizi sexuel, l’expo ». Nous avons divisé le
groupe en trois. Cela a permis à chaque adulte d’être avec 2 jeunes.
Je parlerais donc plus particulièrement de la visite de mon petit groupe composé de 2
garçons de 17 et 19 ans sachant lire. Ils ont pu visiter l’exposition à leur rythme et selon leur
intérêt. Je n’ai volontairement pas essayé de trop les guider. Il me semblait en effet qu’ils
devaient découvrir par eux-mêmes ce qui les attirait. Les panneaux étaient attractif et assez
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ludique. De nombreuses questions étaient posés avec les réponses, ils pouvaient toucher,
regarder appuyer sur des boutons…
Le premier pôle concernant l’amour ne les a pas vraiment intéressés, ils se sont attardés sur
les parties traitant de la puberté et de l’acte sexuel.
L’exposition insistait beaucoup sur le respect de l’autre. J’ai souvent pu reprendre cette
notion par la suite. Apprendre à se connaitre et à connaitre l’autre permet d’avoir du
respect.
Par la suite nous avons souvent reparlé de ce que nous avons vu à l’exposition, en particulier
à partir des photos que j’ai prises.
Découverte de la puberté
L’activité « identité »n’étant pas encore terminée dans son ensemble, je voudrais
maintenant détailler plus particulièrement la partie « découverte de la puberté ». En effet,
ce thème a été abordé concrètement pour la première fois avec les jeunes de ce groupe.
L’éducatrice qui nous a accompagné lors de la visite de « zizi sexuel, l’expo » a pu participer
activement à cette partie. Nous avons donc été trois adultes pour encadrer l’activité. Etre
trois adultes a permis d’avoir un complément tout au long des séances. Nous nous voyons
un moment après chaque activité pour partager nos impressions et nos remarques. Cela m’a
permis d’ajuster et de proposer des activités adaptées.
Pour commencer j’ai proposé de reprendre les dessins que les jeunes avaient faits avant la
visite de l’exposition et ils ont pu les commenter. Ce fut un bon point de départ, car j’ai pu
insister sur les aspects qui me semblaient important pour eux. J’ai pu noter de grosses
lacunes sur les connaissances du corps et en particulier des parties intimes.
Ce thème étant souvent tabou, je voulais en parler simplement, sans gène, en utilisant des
termes d’adulte. En effet, malgré l’âge de ses adolescents, ils emploient souvent des termes
enfantins pour parler des parties intimes.
Lors des différentes séances nous avons abordé tous les changements faisant leur apparition
au moment de la puberté : la transformation de la voix, l’acné, la poussée des poils,
l'apparition des seins, les règles, le sexe de la femme, le sexe de l'homme.
Lors des premières séances, certains jeunes rigolaient beaucoup. Etait-ce pour masquer leur
gène ou simplement pour faire comme les autres ? Face à ses rigolades j’essayais de rester
impassible, je leur rappelais le caractère normal de cette activité et l’objectif de celle-ci. Le
but principal est de les aider à apprendre à mieux se connaitre pour enlever ce tabou lié à la
sexualité.
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Je leur ai donné à chacun des documents présentant et expliquant les changements
corporels des jeunes hommes et des jeunes filles au moment de la puberté. On lisait
ensemble un paragraphe avant d’en parler. Je m’efforçais de donner des explications
simples et claires. Mes deux collègues apportaient régulièrement des compléments.
La dernière séance sur le thème de la puberté a été plutôt ludique. En effet, j’ai utilisé un
quiz sur ordinateur reprenant des questions en lien avec la puberté.
Ces quatre séances concernant la puberté ont été le moyen de poser des bases sur la
connaissance de leur nouveau corps d’adulte. Il s’agit maintenant pour l’équipe éducative
d’en reparler régulièrement pour conforter les acquis et approfondir les connaissances.
Le comportement des jeunes
Chaque jeune a pu acquérir des connaissances à son niveau.
Certain jeunes comme Jérôme ont montré clairement ce qu’ils avaient appris. Il parlait
souvent de ce sujet et de ce qu’il savait. C’est un jeune homme de 18 ans atteint d’autisme.
Cette activité lui permettait, semble t’il, de s’exprimer plus ouvertement. Il a en effet
tendance d’utiliser beaucoup de mot sans forcément en connaitre le sens. Cette activité me
permettait de parler clairement avec lui de ce sujet qu’il n’est pas toujours facile d’aborder à
d’autres moments.
Je pense que ce jeune homme a trouvé quelques réponses à des questions qu’il se posait.
D’autres jeunes, eux, ne montrait pas explicitement ce qu’ils avaient appris. Marc, par
exemple, un jeune homme de 15 ans atteint de trisomie 21 ne parle pas beaucoup. Il fallait
régulièrement le solliciter pour qu’il fasse attention à ce qui se passait. Qu’a-t-il réellement
appris lors de cette activité ? Il est difficile de le dire. Mais je crois qu’il est important de
continuer à parler ouvertement de tous les changements qui concernent la puberté.
« Il ne faut pas les inciter » m’a dit un jour la mère de Marc quand je lui exposais le projet. Il
me semble en effet important d’informer les jeunes, de les rassurer sur les transformations
qu’ils vivent, mais ne pas les inciter à l’acte sexuel. Il est tout de même important d’expliquer
la procréation, c’est l’origine de chaque être humain.
Lors de cette activité j’ai beaucoup insisté et j’insiste encore sur le respect :
- Le respect de soi-même, faire attention à son corps, le connaitre pour en prendre soin est
primordial pour son bien-être.
- Le respect de l’autre également, apprendre à connaitre l’autre pour pouvoir le considérer
avec son identité propre. La vie en société implique quotidiennement de prendre en compte
l’autre.
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L’évaluation de la première partie de cette activité
Ce sujet me tenait à cœur depuis quelques temps. En effet, certains jeunes avaient un
comportement révélant la transformation de leur corps. Par exemple, les jeunes filles
devaient apprendre à gérer leurs règles et certains jeunes hommes se masturbaient. Il
devenait vraiment urgent de prendre le temps de mettre clairement des mots sur ce que
vivaient ces adolescents.
L’adolescence est une période particulière où le jeune a besoin de trouver des modèles
identificatoires. Le jeune change, devient un adulte et a besoin, dans ce processus, de se
trouver une identité. L’activité « identité » joue donc un rôle primordial dans la
narcissisation de l’adolescent. En effet, en apprenant à se connaitre les jeunes peuvent
mieux vivre tout les changements qu’ils vivent sur le plan corporel comme au niveau
psychologique.
Cette activité n’a pas toujours été facile à gérer, il a fallut constamment être attentif aux
jeunes pour utiliser chaque « opportunité » pour parler d’un sujet particulier. Il fallait
adapter le langage à leur capacité de compréhension et s’assurer continuellement de ce
qu’ils avaient compris. Je reprenais souvent les apprentissages de la dernière fois et posaient
souvent des questions.
Les moments de mises en communs entre adultes après les séances ont permis d’élaborer
des activités, des présentations originales pour intéresser les adolescents.
Ce sujet et plus particulièrement la sexualité ne m’a pas été facile à aborder. Chaque
personne a en effet sa propre vie intime. Le partage avec mes deux collègues m’a permis
d’aborder ce thème de façon plus sereine. Elles ont pu apporter leurs connaissances et leurs
regards sur le corps. Le partage et la présence de mes collègues a permis une véritable
complémentarité.
L’objectif est de permettre aux jeunes d’apprendre à mieux se connaitre. Les activités déjà
accomplis m’ont permis de leur parler d’eux, de ce qu’ils vivent au sein de leur corps. Jusqu’à
présent les jeunes n’ont pas réellement montré de changement de comportement vis-à-vis
d’eux même ou des autres. En revanche la présentation de la puberté me permet
maintenant de leur parler clairement et de faire allusion à ce qu’ils ont vu lors de cette
activité « identité ».
Cette activité n’est pas terminée, il reste à aborder les sujets qui découlent de la puberté,
c'est-à-dire la sexualité et la conception.
Les préparatifs pour l’exposition de la fin de l’année n’en sont qu’à leurs débuts. Je pense
que ce moment sera vraiment intéressant. Il va permettre, je l’espère, un partage entre
adolescents, parents et éducateurs.
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Supports utilisés sur la problématique des jeunes accueillis:
AMY M-D., Faire face à l’autisme, Paris, Retz, 1995
CUILERET M., Trisomie 21 Aides et conseils, Paris, Masson, 1992
DOLTO C., DOLTO F., Paroles pour adolescents, Paris, Gallimard, 1999
Supports utilisés sur le thème:
Livres :
DUMONT Virginie, MONTAGNAT Serge. Questions d'amour 11-14 ans, Paris, Nathan, 2004
COLE Babette, poils partout, Paris, Seuil, 1999
ZEP, BRULLER Hélène, le guide du zizi sexuel, Paris, Glénât, 2001
Sites internet :
le site de l’exposition « zizi sexuel, l’expo » :
http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/expositions/zizi-sexuel/
un site concernant le corps :
http://www.doctissimo.fr/html/sante/atlas/niv2/abdomen-bassin.htm
un site donnant des informations concernant la puberté :
http://www.doctissimo.fr/html/sexualite/adolescent/index_se_ado.htm
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