13B Rapport de cadrage sur le bruit sous-marin dans la

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13B Rapport de cadrage sur le bruit sous-marin dans la
13B
Rapport de cadrage sur le bruit sous-marin dans la zone d’étude du port
13B.1
Introduction
Les poissons et les mammifères marins peuvent subir des impacts directs en raison du bruit et des
vibrations lors de la construction. Le bruit et les vibrations se produiront lors du dragage du chenal
d’approche, du cercle de giration et de l’emplacement du quai ainsi que durant le battage des pieux requis
pour la construction du quai et des structures associées. Le dragage et le battage de pieux produisent un
certain niveau de bruit et de vibrations sous-marins, ce qui peut avoir un impact sur la répartition des
poissons et le comportement des mammifères marins. Une description des niveaux de bruit atmosphérique
figure au Chapitre 8. Le bruit sous-marin est étudié ci-dessous.
La phase d’exploitation provoquera du bruit en raison des mouvements de navires d’exploitation.
L’évaluation du bruit implique un certain nombre de termes techniques. Ceux-ci sont décrits dans l’encadré
ci-dessous.
Mesures du bruit sous-marin
Étant donné qu’il existe plusieurs manières de quantifier le bruit sous-marin, les études font souvent référence à
diverses mesures de bruit. Les niveaux de bruit sous-marin sont généralement mesurés en décibels (dB). Les décibels
sont basés sur un rapport de la pression du son sous-marin à une référence commune de 1 microPascal (dB re μPa).
La pression acoustique mentionnée ci-dessus peut être exprimée en tant que crête à crête, crête ou moyenne
quadratique moyenne (rms). Le type de mesure de pression utilisé est un facteur important lorsque l’on compare les
niveaux et critères de bruit. Le type de mesure de pression doit être spécifié quand on indique les niveaux de bruit. La
pression de crête est la pression absolue maximale pour un signal instantané. Toutefois, la pression acoustique varie
de positive à négative pour former les fluctuations de pression qui peuvent être entendues par la faune. Par
conséquent, il est aussi possible de parler de la valeur crête à crête, qui est la différence algébrique entre le point le
plus élevé (positif) et le point le plus bas (négatif) d’un signal de pression acoustique. La valeur crête à crête est plus
élevée pour un signal donné que la valeur de crête.
Ces mesures ne reflètent pas les valeurs sonores moyennes et on utilise une mesure supplémentaire pour en rendre
compte, désignée comme la moyenne quadratique (rms). Cette quantité est la racine carrée de la moyenne du carré
des pressions instantanées.
Pour un signal continu, la mesure de la pression acoustique moyenne quadratique (rms) est une méthode de mesure
appropriée. Pour une impulsion sonore (c’est-à-dire dans les impacts dus au battage des pieux) cependant, une
mesure doit être choisie qui décrive correctement le potentiel de dommage des impulsions de différentes longueurs et
de distribution d’énergie pour la faune ; c’est-à-dire, qui mesure l’énergie acoustique de l’événement transitoire. Le
niveau d’exposition sonore (SEL) représente une telle mesure. Le SEL est défini comme le niveau qui, normalisé à 1
2
seconde, a la même énergie acoustique que l’événement transitoire et est exprimé en dB re 1μPa s. Pour une analyse
des impacts dus au battage des pieux, une valeur cumulative du niveau d’exposition au bruit (SEL) est établie qui
examine le SEL de la valeur d’un coup individuel et la quantité de coups requise pour mettre en place un pieu à sa
profondeur finale.
13B.2
État initial
13B.2.1
Poissons
Il y a plusieurs espèces de poissons susceptibles de traverser la zone d’étude. Les espèces prioritaires
identifiées lors des études réalisées en 2008 comprennent la guitare de mer fouisseuse (Rhinobatos
cemiculus) et la pastenague marguerite (Dasyatis margarita). Ces deux espèces font partie du groupe
incluant les raies et les pocheteaux, et sont classées comme En danger par l’UICN. L’ethmalose d’Afrique
(Ethmalosa finmbriata) est à la fois abondante et répandue.
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La diversité et l’abondance des poissons de la zone d’étude sont concentrées dans les eaux côtières
profondes de moins de 20 m, en particulier autour de l’embouchure des estuaires. La population des
poissons est dominée par les espèces démersales, qui préfèrent vivre près du fond marin.
Détection sonore chez les poissons
Les poissons possèdent différents niveaux de sensibilité au bruit en fonction des diverses structures anatomiques et
physiologiques. Les espèces de poissons marins qui ont la possibilité d’entendre disposent de deux mécanismes de
détection sonore : Les os otolithiques de l’oreille interne, et un système linéaire latéral comprenant une série de cellules
sensorielles qui s’étendent des branchies à la nageoire caudale. Ces cellules permettent aux poissons de détecter les
mouvements et sons relatifs dans l’environnement aquatique.
De nombreuses espèces utilisent aussi la vessie natatoire remplie de gaz de la cavité abdominale afin de détecter les
sons. Le bruit sous-marin fait vibrer le gaz de la vessie natatoire, et les liens entre la vessie natatoire et l’oreille
permettent à l’énergie des ondes sonores d’être redirigée vers l’oreille. Grâce à leur vessie natatoire les poissons
peuvent détecter les sons, la sensibilité auditive étant accrue chez les espèces pour lesquelles l’oreille et la vessie
natatoire sont plus étroitement connectées. Les requins et les raies n’ont pas de vessie natatoire.
Les espèces spécialistes de l’audition telles que le hareng, notamment la sardinelle (Sardinella sp),
l’ethmalose d’Afrique (Ethmalosa fimbriata) et l’alose rasoir (Ilisha africana), se caractérisent par une
sensibilité et une largeur de bande auditives élevées. La majorité des espèces de poissons possèdent une
vessie natatoire mais pas de connexions spéciales vers l’oreille interne. Leur sensibilité est modérée et la
largeur de bande des fréquences qu’elles sont capables d’entendre a tendance à être étroite. Elles sont
généralement désignées sous le nom de généralistes de l’audition et devraient inclure la plupart des
espèces rencontrées dans la zone d’étude. Les Sciaenidés, qui constituent la majorité de la population des
poissons de la zone en termes de biomasse, sont considérés comme des généralistes de l’audition (1).
13B.2.2
Mammifères marins
Différents cétacés (notamment le dauphin à bosse de l’Atlantique) devraient être présents dans la zone
d’étude. Le lamantin ouest-africain peut également pénétrer dans la zone de temps en temps mais ses
visites seront probablement rares.
La plupart des espèces de cétacés se trouveront dans les eaux au large des côtes, et il est peu probable de
les rencontrer à proximité du site du port. Le dauphin à bosse de l’Atlantique vit dans les eaux côtières et
estuariennes, et est connu pour remonter le cours des rivières. Le lamantin ouest-africain peut se rencontrer
dans les chenaux de mangroves, ou à l’occasion dans les eaux côtières et estuariennes lors de ses
déplacements entre diverses zones.
13B.2.3
Tortues marines
Cinq espèces de tortue marine se trouveront probablement dans la zone d’étude. Parmi celles-ci se trouvent
la tortue verte (Chelonia mydas) et la tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata).
Ces espèces fréquentent principalement les eaux au large des côtes ainsi que les eaux côtières et
estuariennes, où elles se nourrissent. Il est possible que certaines espèces utilisent les plages de sable fin
de la zone pour nicher, mais cela ne concernera vraisemblablement que des individus occasionnels.
(1) Cruz, A. & Lombarte A. (2004). Otolith size and its relationship with colour patterns and sound production. Journal of Fish Biology
65:1512-1525.
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13B-2
13B.2.4
Mesure de l’état initial
Une étude des niveaux du bruit sous-marin à l’état initial a été réalisée dans la zone au large de la côte de
Guinée, au sud de Conakry à l’automne 2011 (1). Les objectifs du programme de surveillance acoustique
étaient de recueillir des informations sur les conditions de bruit ambiant à l’état initial, et d’identifier les
sources de bruit sous-marin au large de la côte sud de la Guinée. Les données acoustiques obtenues ont
été analysées afin de quantifier les niveaux de bruit ambiant et la présence d’activité anthropogène dans la
zone (bruit dû au trafic maritime).
Le bruit ambiant au large de l’Île Kabak a été enregistré entre le 24 septembre 2011 et le 3 novembre 2011.
Les niveaux de bruit étaient exceptionnellement bas. Le niveau moyen pour la bande de 10 à 10 000 Hz
était de 95,2 dB avec un écart-type de 10,8 dB. Il n’y avait que très peu d’activité en matière de transport
maritime et de navigation de plaisance.
Les principales sources de bruit étaient le vent, les vagues, et les sources biologiques, en particulier les
chœurs quotidiens de poissons et le cliquètement des crevettes. Ce lieu est exceptionnellement tranquille
par rapport aux niveaux de bruit ambiant sous-marin typique dans d’autres régions du monde. Les niveaux
à 50 et 100 Hz sont de 2 à 7 dB, en deçà des niveaux habituels minimums du trafic, en ce qui concerne le
bruit de la navigation maritime en eaux peu profondes.
À des fréquences supérieures à 500 Hz, l’activité anthropogène localisée, le vent, les vagues, la pluie, et
l’activité biologique deviennent les sources de bruit dominantes. Pendant la période située entre fin
septembre et début novembre 2011, les données acoustiques recueillies dans la zone au large de l’Île
Kabak indiquent des états de mer d’une moyenne extrêmement basse, les poissons et le cliquètement des
crevettes constituant les principales sources de bruit. Il y a une certaine détection acoustique pouvant
provenir de cétacés, mais elle est intermittente. La période d’enregistrement a eu lieu pendant la saison
humide, mais il y a peu de signes de fortes précipitations dans les données acoustiques. Les fortes pluies
se présentent généralement sous la forme d’une bande d’énergie de 1 000 à 15 000 Hz, selon la taille des
gouttes. Plus près des côtes et dans l’estuaire de la rivière Morebaya, les niveaux de bruit ambiant sont
susceptibles d’être affectés par les vagues déferlantes.
13B.3
Méthodologie suivie pour la prévision d’impacts potentiels causés par le bruit sousmarin
13B.3.1
Propagation du son
Cette évaluation a été réalisée en tenant compte de la source de bruit potentiel, du trajet de propagation du
son sous l’eau et de critères adéquats en ce qui concerne les récepteurs. À ce stade, les hypothèses se
basent sur des caractéristiques approximatives de dispersion de la propagation du son. Cela n’inclut pas les
effets du profil de vitesse du son et de la bathymétrie de la zone.
En ce qui concerne les calculs de la propagation à longue distance, une hypothèse de 15xlog (R/R0) fournit
une bonne estimation de la dispersion lorsque R est la distance à partir de la source où les prévisions sont
requises, et R0 est la distance à laquelle les mesures à la source ont été effectuées. Il s’agit là de la
démarche de la prévision empirique soutenue actuellement par le Groupe de travail hydroacoustique sur les
pêches du ministère des transports de Californie (2009) (2), qui regroupe plusieurs organismes, et son
utilisation a été à nouveau approuvée par la région nord-ouest du NMFS (Service national des pêches
maritimes) en tant que moyen pratique d’évaluer l’impact potentiel des projets de battage de pieux (3).
(1) Simandou Project Port Component Baseline Environmental Report for Underwater Noise Conditions off Kabak Island Area (Guinée)
Preliminary Version, JASCO Applied Sciences. Environnement Illimité inc., mars 2012.
(2) ICF Jones et Stokes, 2009. Technical Guidance for Assessment and Mitigation of the Hydroacoustic Effects of Pile Driving on Fish,
ICF Jones et Stokes pour le département des transports de la Californie, février 2009, 298 pp.
(3) Memorandum from NMFS Northwest Region and Northwest Fisheries Science Center : Guidance Document: Sound Propagation
Modeling to Characterize Pile Driving Sounds Relevant to Marine Mammals, 31 janvier 2012.
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Annexe 13B
13B-3
13B.3.2
Sources de bruit
Aux fins de cette évaluation, on considère que la principale source de bruit est le bruit provenant du battage
de pieux lors de la construction et que les niveaux de bruit prévus ont été effectués pour cette source de
bruit. Il est prévu que les pieux qui seront utilisés dans le cadre de ce projet auront un diamètre de 1,2 m.
Toutefois, on examine des options faisant appel à de gros pieux d’un diamètre de 1,5 m et 1,6 m.
Les données relatives au bruit concernant les diverses catégories de diamètres de pieux sont comprises
dans le document d’orientation du FHWG (Groupe de travail hydroacoustique sur les pêches) et les données
sont présentées pour un pieu d’un diamètre de 1,7 m suite au battage de pieux au pont de Richmond-San
Rafael. Les données sont présentées dans le tableau 13B.1 ci-dessous. Les données sont basées sur des
diamètres de 1,7 m pour des pieux de chevalet à trous de forage coulés, enfoncés à l’aide d’un marteau de
battage diesel. Les énergies motrices indiquées étaient de l’ordre d’environ 270 kilojoules. Il est à noter que
la valeur du SEL (niveau d’exposition au bruit) s’est révélée être de 11 à 12 dB au-dessous de la valeur rms,
et elle est indiquée de manière prudente dans cette évaluation comme étant de 10 dB au-dessous de la
valeur rms.
Tableau 13B.1
Bruit d’un coup individuel causé par le battage de pieux (mesuré à 10 m)
Pieu
Niveau de la pression
acoustique de crête
dB re 1 μPa
Niveau de pression
acoustique RMS
dB re 1 μPa
Niveau d’exposition au
2
bruit (dB re 1μPa s)
210
195
185
Impact des trous de forage coulés
(1,7 m) (à 10 m)
Source : Ministère des transports de Californie (2009)
Les niveaux à la source du battage des pieux varient en fonction du diamètre du pieu et de la méthode de
battage (par impact ou vibrations). La méthodologie de battage des pieux n’a pas été mise au point à ce
stade et les niveaux de bruit les plus élevés (résultant du battage) sont utilisés dans cette évaluation. Le
spectre des fréquences de battage varie de moins de 20 Hz à plus de 20 kHz, la plus grande quantité
d’énergie se situant autour de 100 - 200 Hz (1).
Afin de calculer le niveau d’exposition accumulé au SEL, il est nécessaire d’évaluer le nombre de coups de
battage quotidiens. Le nombre de coups par pieu n’est pas disponible à ce stade, et une valeur-exemple
tirée du document du FHWG de 7 000 coups par pieu a été utilisée. Le taux de battage maximum est d’un
pieu par plate-forme par jour pour les pieux qui sont simplement mis en place par battage, et inférieur pour
ceux nécessitant d’être forés à la base. Le nombre maximum de plates-formes exploitables conjointement
chaque jour de manière pratique est de quatre, ce qui donne un nombre maximum de quatre pieux battus
par jour. Cela aboutirait à un total de 28 000 coups de pieux par période de 24 heures.
Le bruit des navires dans la zone a également été pris en considération. Parmi ces derniers, les navires de
dragage sont probablement la principale source de bruit ; leurs émissions sonores sont généralement
équivalentes à celles d’un navire marchand bruyant faisant route. Ils affectent aussi une zone pendant une
durée plus longue qu’un navire de passage, par conséquent l’effet potentiel est considéré comme plus
important.
Le dragage émet des sons à large bande continus pendant l’exploitation, la plupart se situant dans les
basses fréquences. Les niveaux à la source varient de 160 à 180 dB re 1 μPa à 1 m (maximum environ 100
Hz) (2). La plus grande quantité d’énergie se situe en deçà de 500 Hz. Le dragage a également été mesuré
pour plusieurs types de navires au Royaume-Uni (3) (4) ce qui a confirmé les conclusions selon lesquelles le
dragage se situait dans la plage de bruit dû au trafic maritime en général mais a suggéré que les niveaux
(1) Götz et al, 2009. Overview of the impacts of anthropogenic underwater sound in the marine environment. OSPAR Commission.
(2) Götz et al, 2009. Overview of the impacts of anthropogenic underwater sound in the marine environment. OSPAR Commission.
(3) Robinson et al, 2011.
(4) Measurement of Underwater Noise Arising from Marine Aggregate Dredging Operations, MALSF, février 2011.
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sonores totaux pourraient être de l’ordre de 190 dB re 1 μPa à 1 m rms. Cette condition d’origine plus
élevée a été utilisée pour évaluer le bruit potentiel dû au dragage et aux navires.
13B.4
Zones d’impact prévues
13B.4.1
Poissons
13B.4.1.1
Critères
Dans le cadre de cette évaluation les effets potentiellement mortels sur les poissons ont été pris en compte
plutôt que les effets graves mais non mortels de lésions auditives. Des travaux ont été effectués par le
Groupe de travail hydroacoustique sur les pêches (1) (FHWG) pour essayer de remédier à ce manque de
connaissances. Des critères provisoires de 206 dB re 1 μPa (en crête) ont été fixés avec un niveau
accumulé d’exposition au bruit (SEL) de 187 dB et de 183 dB re 1 μPa2 -sec. Les critères du SEL sont
destinés à tenir compte de l’exposition probable au bruit au fil du temps, ce qui nécessiterait des
connaissances du calendrier probable des activités plus approfondies que ce qui est à disposition à ce
stade. Toutefois, ces paramètres ont été estimés sur la base des connaissances actuelles pour pouvoir
procéder à une évaluation, en imaginant le cas le plus défavorable fondé sur l’hypothèse que les poissons
pourraient ne pas se déplacer lorsque le battage des pieux commencera. Le SEL est mesuré sur toute la
durée de l’impulsion sismique, ensuite une valeur cumulée est calculée sur la base de tous les bruits
survenus au cours d’une journée. Le critère d’exposition à 183 dB ci-dessus s’applique aux poissons pesant
moins de 2 g.
Il n’existe pas suffisamment de données fiables revues par des pairs disponibles concernant l’apparition de
troubles du comportement chez les poissons, comme indiqué par le Groupe de travail hydroacoustique sur
les pêches (FHWG). Toutefois, il est à noter que par mesure de prudence, le Service national des pêches
marines (NOAA Fisheries) et le Service national de la pêche en mer et de la protection de la faune des
États-Unis (USFWS) utilisent en général 150 dB rms, lors de battage de pieux, comme seuil d’effets
comportementaux chez les espèces de poissons particulièrement préoccupantes (saumon et omble à tête
plate), en citant que des niveaux de pression acoustique supérieurs à 150 dB rms peuvent causer des
changements comportementaux temporaires (effarouchement et stress) susceptibles de réduire la capacité
des poissons à éviter les prédateurs. Peu de preuves existent pour étayer cette affirmation, mais en
l’absence d’autres critères, cette valeur a été utilisée pour indiquer s’il est possible d’observer des effets
comportementaux. Il convient de noter que les organisations qui soutiennent cette démarche indiquent que
des mesures d’atténuation ne sont pas prévues au cas où ce niveau serait dépassé.
Comparé avec les élasmobranches pélagiques (requins et raies), la raie hérisson (Raja erinacea) et un autre
requin de fond (le requin dormeur cornu, Heterodontus francisi) ont une ouïe beaucoup moins sensible (2). Il
est suggéré que cette ouïe moins sensible est liée au fait de se nourrir de proies benthiques. Toutefois, afin
de pouvoir procéder à une évaluation prudente, les mêmes critères ont été appliqués à tous les poissons.
Le bruit dû au dragage et aux mouvements des navires ne devrait pas entraîner de lésions corporelles chez
les poissons et il n’est pris en considération qu’en termes de réponse comportementale en utilisant les
critères ci-dessus.
13B.4.1.2
Zones d’impact prévues
Les poissons ne devraient pas subir de lésions corporelles suite au travail de battage au-delà de 18 m de la
source environ en raison des coups de pieu individuels, et de 6,8 km quand il s’agit d’exposition cumulative
pour les poissons ayant une masse supérieure à 2 g. Pour les poissons plus petits, la zone concernée par
les dommages dus à l’exposition cumulative au bruit s’étendrait jusqu’à environ 10 km.
(1) ICF Jones et Stokes, 2009. Technical Guidance for Assessment and Mitigation of the Hydroacoustic Effects of Pile Driving on Fish,
ICF Jones et Stokes du département des transports de la Californie, février 2009, 298 pp.
(2) B M Casper, P S Lobell, HY Yan, 2003. The hearing sensitivity of the little skate, Raja erinacea: A comparison of two methods,
2003.
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Le niveau sonore serait réduit jusqu’à près de 150 dB re 1 μPa (rms) à environ 10 km. Cette zone devrait
connaitre des réactions comportementales chez les poissons selon la démarche du Service national des
pêches marines (NOAA) et du Service national de la pêche en mer et de la protection de la faune des ÉtatsUnis (USFWS).
Comme mentionné plus haut, le bruit dû au dragage et aux mouvements des navires ne devrait pas
provoquer de lésions corporelles chez les poissons et il n’est pris en considération qu’en termes de réponse
comportementale. Les niveaux de bruit s’élèveront à 150 dB re 1 μPa (rms) à 465 m.
13B.4.2
Mammifères marins
13B.4.2.1
Critères
Les critères de Southall et al (2007) (1) suggèrent que pour causer des lésions instantanées aux cétacés (y
compris les marsouins) entraînant une perte de capacité auditive permanente (désignée sous le nom de
déplacement permanent du seuil d’audition, PTS), le niveau sonore doit dépasser 230 décibels (dB) re 1
microPascal (μPa) (en crête).
Un examen approfondi des données liées à des études partant de sons pulsés a été réalisé pour appuyer
l’application réussie d’un récent (2010) projet d’étude sismique du Service géologique des États-Unis
(USGS) (2). Cet examen a pris en considération certaines des études analysées dans le travail de Southall
et al mentionné plus haut, et a considéré à quel niveau un effet significatif était probable. Cet examen a
constaté que les orientations du Service national des pêches maritimes (NMFS) des États-Unis en ce qui
concerne les cétacés stipulent que ceux-ci ne doivent pas être exposés à des sons sous-marins pulsés à
des niveaux reçus supérieurs à 180 dB re 1 μPa (rms). Le niveau de 180 re 1 μPa (rms) n’a pas été
considéré comme le niveau au-dessus duquel le déplacement temporaire du seuil d’audition (TTS) pourrait
se produire, mais plutôt qu’il ne pouvait pas être exclu. Le TTS est considéré comme une fatigue auditive
entraînant une perte de sensibilité auditive à court terme plutôt que comme des lésions irréversibles de
l’audition. L’examen des études publiées a suggéré que ces dernières convenaient pour l’évaluation des
effets significatifs qui sont probables (plutôt que l’apparition des effets). Afin d’être prudent, un critère
d’évaluation raisonnable de 180 dB re 1 μPa (rms) a été retenu pour toutes les espèces de cétacés dans le
cadre de cette évaluation.
L’examen des documents par le Service géologique des États-Unis (USGS) a aussi conclu que les
nombreuses études de critère concernant le niveau de gêne (c’est-à-dire des réponses comportementales
suffisamment importantes pour entraîner un changement du comportement habituel de l’animal plutôt que de
simples réactions au bruit à court terme) confirment l’opinion du NMFS selon laquelle des perturbations sont
généralement moins susceptibles de se produire à 160 dB re 1 μPa (rms).
Dans le cas de sons non pulsés tels que ceux émis lors du dragage, un critère d’évaluation du bruit de 120
dB re 1 μPa (rms) a été retenu. Cela a aussi été appliqué aux mouvements des navires, mais ces derniers
ne devraient émettre de bruit que pendant une période limitée, ainsi l’effet sera moins important que pour le
dragage.
Les informations sur la sensibilité auditive du lamantin ouest-africain Trichechus senegalensis ne sont pas
disponibles, toutefois les lamantins des Caraïbes ont une capacité auditive signalée se situant entre 15 Hz et
46 kHz avec une sensibilité optimale à 6-20 kHz (3) (4). D’autres données suggèrent que les lamantins des
Caraïbes sont plus sensibles autour de 1-1,5 kHz mais moins sensibles à 4 kHz voire 8 kHz, bien qu’une
(1) Southall, B.L., A.E. Bowles, W.T. Ellison, J.J. Finneran, R.L. Gentry, C.R. Greene Jr., D. Kastak, D.R. Ketten, J.H. Miller, P.E.
Nachtigall, W.J. Richardson, J.A. Thomas et P.L. Tyack. (2007). Marine mammal noise exposure criteria: initial scientific
recommendations. Aquatic Mammals 33(4):411-522.
(2) Haley, B., Ireland, D., et Childs, J.R., 2010. Environmental Assessment for a Marine Geophysical Survey of Parts of the Arctic
Ocean, août – septembre 2010, U.S. Geological Survey Open-File Report 2010-1117, version 2.0.
(3) Richardson, JW., Greene, CR., Malme, CI. et Thomson, DH. (1995) Marine Mammals and Noise. Academic Press. 576 pages.
(4) Gerstein, ER., Gerstein, L., Forsythe, SE. et Blue, JE. (1999) The underwater audiogram of the West Indian manatee (Trichechus
manatus). Journal of the Acoustical Society of America, Volume 105, Issue 6, pp. 3575-3583.
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certaine sensibilité existe jusqu’à 35 kHz (1). La recherche a indiqué que des niveaux sonores élevés avaient
une incidence sur les modèles de comportement du lamantin de Floride (une sous-espèce du lamantin des
Caraïbes) (2). En l’absence de données plus spécifiques, cette évaluation a présumé qu’il n’était pas plus
sensible que les autres mammifères marins.
13B.4.2.2
Zones d’impact prévues
Les mammifères marins ne devraient pas subir de lésions corporelles en raison d’impulsions individuelles
dues au battage des pieux même à 10 m selon le critère de Southall et al (230 dB re 1 μPa (en crête)).
Il est attendu que les critères du NMFS selon lesquels le déplacement temporaire du seuil d’audition ne peut
être exclu (180 dB re 1 μPa (rms) seront dépassés à 100 m à partir de la source. Toutefois, les
déplacements temporaires de seuil n’entraîneront pas d’effets à long terme.
Des troubles du comportement sont prévus au-dessus de 160 dB re 1 μPa (rms) et cela devrait se produire à
2 154 m.
Comme mentionné plus haut, le bruit dû au dragage et aux mouvements des navires ne devrait pas
provoquer de lésions corporelles chez les mammifères marins, et il n’est pris en considération qu’en termes
de réponse comportementale. Les niveaux sonores atteindront 120 dB re 1 μPa (rms) à 46 416 m. Des
populations de mammifères marins ont été signalées à proximité des couloirs de navigation et des ports, ces
résultats doivent donc être pris en considération dans ce contexte. Les prévisions à grande distance font
l’objet d’un degré d’incertitude élevé, et les simples calculs ont tendance à ne pas tenir compte de facteurs
spécifiques qui auront une incidence sur la propagation du bruit dans les environnements fluviaux. Ces
facteurs incluent l’atténuation lorsque le bruit se propage le long des coudes ou dans des eaux moins
profondes. Les prévisions présentées ici devraient constituer les estimations les plus défavorables des
zones d’impact.
13B.4.3
Tortues marines
13B.4.3.1
Critères
Il n’existe aucune donnée fiable dans la littérature scientifique visant à évaluer les dommages auditifs
temporaires ou permanents chez les tortues marines.
Les critères concernant les réactions comportementales aux sons pulsés c’est-à-dire le bruit dû au battage
des pieux ont été basés sur les travaux de McCauley, qui suggère que les réactions comportementales sur
les tortues en cage varieraient entre 166 (début de la réponse comportementale) et 175 dB re 1 μPa (rms)
(niveau probable de la réaction d’évitement).
Une étude de Weir (3) soutient que l’évaluation du comportement des tortues marines par rapport aux études
sismiques est entravée par les apparentes réactions des individus aux navires et à l’équipement remorqué
plutôt qu’aux sons provenant spécifiquement d’un canon à air. Ces réactions ont eu lieu à très faible
distance (en général <10 m) par rapport à des objets approchant et semblaient être basées essentiellement
sur la détection visuelle. Sur cette base, aucun critère quantitatif n’a été adopté en ce qui concerne le
dragage ou les navires.
13B.4.3.2
Zones d’impact prévues
Les prévisions concernant le bruit du battage de pieux montrent que les niveaux sonores dépasseraient les
critères d’impact en matière de réactions comportementales entre environ 215 m et 858 m.
(1) Gerstein, ER., Gerstein, L., Forsythe, SE. et Blue, JE. (1999) The underwater audiogram of the West Indian manatee (Trichechus
manatus). Journal of the Acoustical Society of America, Volume 105, Issue 6, pp. 3575-3583.
(2) Miksis-Olds, J.L. et Wagner, T. (2011) Behavioral response of manatees to variations in environmental sound levels. Marine
Mammal Science Volume 27, Issue 1, pages 130–148.
(3) Observations of Marine Turtles in Relation to Seismic Airgun Sound off Angola, Marine Turtle Newsletter 116:17-20, 2007.
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Toutefois, les plages prévues en fonction de ces critères ont besoin d’être considérées dans le contexte des
études de l’Observateur des mammifères marins (OMM) au cours d’autres activités telles que des études
sismiques, dans lesquelles les tortues marines sont observées à proximité des navires. Il n’a probablement
pas été possible de déterminer des réactions comportementales subtiles à partir des observations depuis les
navires, mais la présence régulière a suggéré que le bruit provenant des navires ne dissuadait pas les
tortues marines d’utiliser la zone.
Tableau 13B.2
Espèces
Résumé des dimensions de la zone d’impact
Effet
Critère :
Distance satisfaisant au
critère (m)
Effets du bruit dû au battage de pieux
Poissons
Effet potentiellement mortel
206 dB re 1 μPa (en crête)
18
Poissons d’au
moins 2 g
Effet potentiellement mortel
SEL accumulé de 187 dB re
2
1 μPa -sec.
6 800
Poissons <2 g
Effet potentiellement mortel
SEL accumulé de 183 dB re
2
1 μPa -sec.
10 000
Poissons
Effets comportementaux
150 dB re 1 μPa (rms)
10 000
Mammifères marins Lésions corporelles
230 dB re 1 μPa (en crête)
N’ont pas été dépassés pour
cette source
Mammifères marins Déplacement temporaire de seuil
potentiel
180 dB re 1 μPa (rms)
100
Mammifères marins Effets comportementaux
160 dB re 1 μPa (rms)
2 154
Tortues marines
Lésions corporelles et dommages
auditifs
Aucun critère disponible
Sans objet
Tortues marines
Effets comportementaux
166 to 175 dB re 1 μPa (rms) 215 à 858 m
Effets des navires / du dragage
Poissons
Effets comportementaux
150 dB re 1 μPa (rms)
464
Mammifères marins Effets comportementaux
120 dB re 1 μPa (rms)
46 416
Tortues marines
Aucun disponible
Peut ne pas réagir jusqu’à
quelques mètres
Effets comportementaux
EISE de Simandou, Volume III, Port
Annexe 13B
13B-8

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