Migros Magazine N° 11 / 12 MARS 2012 (française)
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Migros Magazine N° 11 / 12 MARS 2012 (française)
cuisine de saison 68 | | Fauve | No 11, 12 mars 2012 | Migros Magazine | Le quotidien d’un chanteur épatant Auteur-compositeur-interprète, Fauve signe un deuxième album d’une rare beauté. Il nous en parle avant une série de concerts, tout en préparant des cavatelli au radicchio pour sa famille. L a vie est souvent étrange: les chaînes musicales diffusent à longueur de journée des tubes insipides formatés pour plaire au plus grand nombre (et donc à personne) alors qu’il existe, ici et là, de véritables pépites qui passent inaperçues. De plus, on admire aveuglément ou presque des talents étrangers tandis que, de l’autre côté de la rue, un artiste romand enchaîne les perles sans pour autant jouir de la reconnaissance qu’il mérite. Ces sentiments – forcément quelque peu naïfs – ne cessent pourtant d’agiter celui qui rencontre Fauve, auteur-compositeur-interprète lausannois (mais né à Genève) dont le deuxième album, Clocks‘n’Clouds, est sorti à la fin de l’année dernière. Pour en parler, rendez-vous chez lui, à Pully (VD), dans la cuisine d’une belle maison datant du début XXe siècle. Très vite, les rayons de soleil en ce matin de fin d’hiver réchauffent la pièce. Et si, dans ce décor, Fauve ressemble davantage à un inoffensif félin se prélassant en son royaume qu’à un grand prédateur prêt à dévorer sa proie, c’est que son nom d’artiste se veut plutôt un hommage à sa toison rousse et, surtout, aux coloristes de génie que sont les peintres fauves. Comme un tableau, chaque titre de son deuxième opus révèle ainsi plusieurs niveaux de lecture. «Je n’aime pas me cantonner à un seul style. La palette est donc assez large, même si, au final, ma musique peut être définie comme de la pop», explique Fauve. Il y a pourtant aussi de l’électro dans cet album. «C’est vrai. Je travaille aujourd’hui davantage avec des sons virtuels, et l’ordinateur «Je n’aime pas me cantonner à un seul style.» La vie de Nicolas Julliard, alias Fauve, est colorée, à l’image de sa cuisine. | Migros Magazine | No 11, 12 mars 2012 | cuisine de saison Fauve | 69 Le radicchio est un cousin de l’endive et se cuisine facilement en Italie. Les pâtes se dégustent volontiers al dente, ou selon vos goûts. goûts et dégoûts Secrets de cuisine ■ Pour vous, cuisiner c’est… Un moment d’évasion malheureusement trop rare. au quotidien, il faut souvent cuisiner vite. Pourtant, je passe volontiers du temps derrière les fourneaux. ■ Qu’avez-vous toujours en réserve? Des pâtes. J’aime la cuisine italienne. ■ Quel est votre plat favori? Le gâteau au chocolat que je prépare selon une recette que j’ai améliorée. ■ Que ne pourriez-vous pour rien au monde manger? Je n’ai pas de tabou et pense que je pourrais goûter à beaucoup de choses. Par contre, je ne suis pas cannibale. ■ avec qui aimeriez-vous partager un repas? Jean-Luc mélenchon. Je suis avec passion sa campagne présidentielle. Il est un très bon orateur et maîtrise parfaitement ses dossiers. | cuisine de saison Migros Magazine | No 11, 12 mars 2012 | | Fauve | 71 «Je ne veux pas tomber dans un «protest song» gratuit de plus.» Le musicien s’inspire de maîtres de la musique tels que Debussy ou Ravel pour son nouvel album. est toujours plus intégré au processus de création. Toutefois, la ligne mélodique et les suites d’accords continuent d’être écrites à la guitare ou au piano.» La précision helvétique inspirée de Tinguely Au final, Clocks‘n’Clouds sonne doublement. «Le terme clocks fait référence au côté métronomique, à la précision helvétique horlogère. Alors que clouds évoque une nuée de sons déstructurants. En préparant cet album, j’ai beaucoup pensé aux œuvres de Tinguely.» Cela étant, l’œuvre de Fauve est également imprégnée d’autres influences. On y re- trouve notamment des éléments du classique. «C’est la base. Les compositeurs du début du XXe siècle que sont Ravel, Chostakovitch, Debussy ou encore Poulenc ont créé un monde harmonique qui allie le post-romantisme à une dissonante modernité.» Côté texte, pour s’inspirer, Fauve lit le grand sociologue français Pierre Bourdieu et s’intéresse aux conditions de travail des petites gens, que ce soit au temps de l’esclavage dans les champs de coton ou aujourd’hui. Pour autant, Fauve ne lève pas le poing et évite de tomber dans un «protest song» gratuit de plus. Le profane ne doit pourtant pas craindre les références de Fauve. Le beau est accessible à tous. Il suffit de laisser pénétrer la musique en soi. D’autant plus que la mélodie capte immédiatement l’attention et que la voix, chaude et ronde, se veut réconfortante. Et puis, il y a cette diction très étudiée – «J’ai beaucoup plus d’attirance pour l’accent britannique que l’américain» – et un phrasé classique – «Depuis que je prends des cours de chant, je fais beaucoup plus attention à la façon de dire les mots.» Autodidacte travaillant seul la plupart du temps avec ses ordinateurs, Fauve sait s’entourer sur scène de musiciens. Ce sera le cas lors de son concert lau- | CUISINE DE SAISON MIGROS MAGAZINE | No 11, 12 MARS 2012 | sannois au Romandie dans le cadre du festival M4music organisé par le Pourcent culturel Migros. «La création est un travail solitaire. Je me réjouis d’aller à la rencontre du public.» | FAUVE | 73 Cavatelli au radicchio et aux tomates séchées Une recette de Fauve En cuisine, Fauve redevient un père de famille attentionné Lorsqu’il ne compose pas, Fauve redevient Nicolas Julliard – c’est son nom de ville – et anime en alternance avec Chrystelle André sur Espace 2 La plage, une émission quotidienne qui, en partant d’un thème d’actualité, présente une quinzaine de titres. «J’ai carte blanche, ce qui est très précieux, et essaie de passer ce qu’on n’entend pas forcément ailleurs: du jazz, des chansons des années 1930 ou encore des musiques du monde.» Enfin, quand il n’œuvre pas sur les ondes, Nicolas Julliard se mue en un jeune père de deux filles (5 ½ et 3½) à qui il aime préparer de bons petits plats. «J’essaie de les sensibiliser à la provenance des produits et de cuisiner des fruits et légumes de saison. Pour moi, cette prise de conscience est relativement nouvelle. Quand j’étais enfant, la mondialisation était plutôt vue comme positive, un progrès. Aujourd’hui, les mentalités évoluent.» La recette qu’il prépare en cette fin de matinée a été rapportée d’un séjour en Ligurie. Mais comme c’est souvent le cas, Nicolas Julliard l’a remaniée à sa manière, picorant çà et là des ingrédients, un peu comme Fauve composerait un nouveau titre. «Le radicchio apporte de l’amertume que vient contrebalancer la crème. Quant aux pignons, ils amènent un peu de croquant.» Une vraie composition. Un artiste complet. Texte: Pierre Wuthrich Photos: Christophe Chammartin / Rezo En concert notamment le 22 mars au Romandie (Lausanne) dans le cadre de M4music, le festival pop du Pour-cent culturel Migros. www.fauve.info PLAT PRINCIPAL POUR 4 PERSONNES 300 g de radicchio 4 tomates séchées ¼ de bouquet de persil plat une poignée de pignons 2 cs de beurre 500 g de pâtes, p. ex. cavatelli sel 2,5 dl de crème poivre PRÉPARATION 1) Couper le radicchio en quatre dans le sens de la longueur, retirer le trognon. Emincer la salade en fines lanières. Hacher finement les tomates. Ciseler le persil. Faire dorer les pignons dans une poêle antiadhésive sèche. Chauffer le beurre, y faire suer le radicchio jusqu’à ce qu’il devienne tendre. Ajouter les tomates et faire brièvement revenir le tout. 2) Cuire les pâtes al dente dans de l’eau bouillante salée. Ajouter la crème au radicchio, porter la sauce à ébullition. Réserver quelques pignons pour décorer, ajouter le reste à la sauce. Dresser les pâtes sur des assiettes, répartir la sauce dessus. Décorer avec les pignons réservés et le persil. Préparation: env. 25 min Valeur nutritive Par personne, env. 25 g de protéines, 34 g de lipides, 94 g de glucides, 3300 kJ / 790 kcal Dès maintenant dans votre kiosque favori pour Fr. 4.90 ou par abonnement sur www.saison.ch Douze numéros pour seulement Fr. 39.-