Presse écrite portugaise : focus hebdomadaire (du 12 au 19 juillet

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Presse écrite portugaise : focus hebdomadaire (du 12 au 19 juillet
Presse écrite portugaise : focus hebdomadaire
(du 12 au 19 juillet 2012)
Sélection, sous forme de résumés synthétiques, de deux ou trois sujets majeurs de l’actualité (politique, économique, sociale,
culturelle) traités par les principaux titres de la presse écrite portugaise.
I – Longue interview d’Antonio Borges (AB), consultant du gouvernement pour les
privatisations, la banque et la révision des PPP, ancien directeur Europe du FMI (sous Strauss
Kahn) et vice-président de Goldman Sachs (Publico du 15 juillet),
Interrogé tout d’abord sur la dernière décision de la Cour constitutionnelle et ses conséquences (ndr
inconstitutionnalité de la suppression des 13ème et 14ème mois à compter de 2013), AB estime que de
nouvelles mesures d’austérité ne sont pas nécessairement obligatoires dans la mesure où le
programme d’ajustement, remis en cause par certains, sera bien poursuivi. La rigueur doit
s’appliquer à l’Etat grâce à des réformes profondes de son fonctionnement. C’est ainsi que l’on peut
tenir les mêmes objectifs en dépensant moins. Cependant, en tant qu’économiste, AB juge que la
décision de la Cour aura des conséquences économiques graves et contraindra ce gouvernement et
les futurs pour prendre des décisions correctives. Etait-ce l’intérêt du pays, se demande-t-il,
soulignant combien les gens ignoraient la gravité de la situation dans laquelle se trouvait le pays
avant l’intervention de la troïka ? Mais l’économie donne des signes positifs de reprise à court terme
et les résultats vont arriver plus tôt que prévu. L’ajustement se fait très rapidement. L’augmentation
du déficit public est la preuve que les Portugais consomment moins et économisent plus, permettant
de rééquilibrer les comptes externes.
Cependant, AB pense que les problèmes passés et actuels ne manquent pas pour alourdir la situation
ni les difficultés pour relancer la croissance. Pendant 10 ans, les Portugais ont dépensé 10% au
dessus de leurs moyens. C’est pourquoi l’effort parait si violent. Et le taux de chômage est plus élevé
que prévu alors que, selon l’économiste, l’Etat a poursuivi une politique erronée en créant ces
dernières années de nombreux postes de travail artificiels, avec une politique de salaires trop élevés.
Le moment de vérité est tout simplement arrivé. Or, ce n’est pas une politique de bas salaires dont le
pays a besoin. S’ils baissent aujourd’hui c’est que, contrairement à ce que l’on raconte, le marché du
travail fonctionne bien. Seule une situation où la productivité augmenterait permettrait un rattrapage
des salaires par rapport au niveau européen.
Aujourd’hui, le principal problème de l’économie portugaise se résume à sa décapitalisation. Il lui
faut pouvoir attirer du capital bénéficiant à tous. D’autre part, le crédit doit se remettre à fonctionner
pour financer l’économie, surtout le secteur de l’entreprise et le secteur de l’export. Sans cela, le
retour à la croissance se fera plus tard et le prix à payer sera beaucoup plus cher. Heureusement,
certains investisseurs étrangers considèrent que les conditions pour pénétrer de nouveau le marché
portugais sont réunies. Cela signifie que la confiance est en train de revenir.
Interrogé sur le chemin de l’UE, AB répond que nous sommes en train de découvrir que l’Europe
poursuit bien une politique de long terme, comme il y en a toujours eu une en Allemagne. C’est le
chemin tracé par Maastricht. La crise vécue par l’UE ne souffre pas d’une crise de leadership. Pour
AB c’est le contraire, et la chancelière allemande fait preuve d’une grande habilité. Quant à la
question d’un éventuel manque de solidarité entre les nord et le sud de l’Europe, les 500 milliards
d’euros pour résoudre la crise, parlent d’eux-mêmes. L’Espagne à une dette de petite taille qui
devrait lui permettre de résister aux taux de 7% et plus.
II – Gestion durable des forêts. « Le Portugal loin de la biodiversité » (i du 17 juillet) « Le
gouvernement veut en finir avec les barrières imposées à l’eucalyptus » (Une du Publico du 16
juillet et 4 pages sur ce thème).
Le gouvernement s’apprête à légaliser la culture de l’eucalyptus, à égalité de traitement avec le pin
maritime, mettant fin à trente ans de politique forestière défavorable à cette espèce, sous prétexte
écologique lié essentiellement à la gestion des ressources hydriques. Le but est de permettre à la
filière du bois de croître, alors que l’industrie portugaise du papier importe 20% de sa matière
première.
Les chiffres sont éloquents : la filière du bois pèse 3,2 % du PIB national, elle représente 10 % des
exportations des matières/produits issus du bois, 50 % de la production mondiale du liège est
d’origine portugaise (34% de la culture mondiale du chêne liège, soit 2,1 millions d’hectares, se
situe au Portugal), 260 000 emplois directs et indirects, et 2,3% des exportations en 2010
provenaient de la filière du bois et de l’ameublement.
Or, deux millions d’hectares de terres ne sont pas cultivés. Et selon une étude européenne, la
demande de biens forestiers est appelée à croître plus fortement en Europe que celle concernant les
biens agricoles, étant donné que la recherche de bois en 2030 devrait être 20 fois supérieure à celle
de 2010. Seulement, des critiques à l’égard du gouvernement s’accumulent, mettant en cause une
politique qui favorisera essentiellement la culture de l’eucalyptus (croissance plus rapide) au
détriment de l’espèce nationale que représente le pin maritime. Pour le chêne liège, espèce protégée
et dont la culture ne cesse de croître en superficie, les inquiétudes sont inexistantes. 97% des forêts
portugaises étant du domaine privé, la libéralisation qui s’apprête à être autorisée devrait accentuer
nettement la tendance qui a vu en 30 ans (1966 – 2006) la culture de l’eucalyptus, partie de zéro,
dépasser celle du chêne liège et pratiquement rattraper celle du pin maritime.
III – Sondages : « La droite sous la barrière des 45% » (Expresso du 14 juillet).
45 % des voix est le seuil psychologique au Portugal pour les partis politiques puisque ce résultat
permet d’obtenir la majorité absolue au parlement. Or, l’hebdomadaire constate que pour la première
fois depuis son accession au pouvoir il ya un an, la coalition PSD / CDS n’obtient pas ce score en
intentions de vote (44,6%), alors qu’en juin 2011 elle dépassait les 50%.
Inversement, avec 32,5%, le score du PS est le plus élevé depuis la défaite du précédent premier
ministre José Socrates, souligne le journal qui précise que l’extrême gauche se maintient pour sa part
au dessus des valeurs atteintes il y a un an.
Concernant les cotes de popularité, le ministre des affaires étrangères continue de dominer les
débats, juste devant le leader socialiste, alors que le président de la République a définitivement
perdu sa position de favori, classé en cinquième position (50/50), 0,1 point devant le premier
ministre qui paye chèrement la politique d’austérité défendue par son gouvernement.
L’hebdomadaire évoque par ailleurs un autre sondage sur l’action du ministre des finances qui
montre que 68% des Portugais ne croient pas que les objectifs budgétaires seront atteints cette
année, contre 20% et 12% qui ne savent pas.

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