Entreprendre à 50 ans…
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Entreprendre à 50 ans… le choix d’une 2ème vie Ce document est une note de synthèse élaborée à partir de deux éléments : - Une note d’analyse réalisée par l’APCE à partir de l’enquête Sine de la génération 2006 de l’Insee. Cette note est intitulée Les seniors et la création d’entreprise. - L’enquête qualitative réalisée par l’institut TMO régions pour l’APCE et CER France sur les seniors demandeurs d’emploi et anciens salariés qui ont créé ou repris une entreprise. Cette enquête est intitulée La création d’entreprise par les seniors. 50 000 l’ont fait en 2008 Il n’y a pas d’âge pour créer une entreprise ! En 2006, 16 % des créations sont le fait de personnes de 50 ans et plus. Une très large majorité de ces créateurs seniors ont moins de 60 ans (81 %) : seulement 3 % des créateurs de France sont âgés de 60 ans et plus. Au regard de ces statistiques, on estime que plus de 50 000 personnes d’au moins 50 ans ont créé une entreprise en 2008. Répartition des créateurs français selon leur âge au moment de la création 50 ans et plus 16% Moins de 30 ans 21% 40 à 49 ans 28% 30 à 39 ans 35% Source : Insee – Enquête Sine génération 2006 / Traitement : APCE – Observatoire de la création APCE – Observatoire de la création -1- Entreprendre à 50 ans… le choix d’une deuxième vie Janvier 2009 Quelles entreprises créent les seniors ? Les seniors créent principalement leur activité dans les services aux entreprises (27 %, majoritairement dans les activités de conseil en affaires et gestion et dans les activités d’ingénierie et études techniques), dans le commerce de détail (16 %) et dans la construction (14 %). S’ils créent plus fréquemment dans les activités de conseils et d’assistance (21 % contre 14 %) et plus particulièrement dans les activités de conseil en affaires et gestion, en revanche, ils sont moins nombreux à se lancer dans le secteur de la construction (14 % contre 24). Cette différence de répartition par secteurs d’activité s’explique notamment par la présence plus importante d’anciens cadres chez les créateurs seniors (41 % contre 23 pour les créateurs plus jeunes). A l’instar des entreprises des créateurs de moins de 50 ans, l’emploi salarié au démarrage de l’activité dans les nouvelles entreprises dirigées par des seniors est peu fréquent : 14 % des entreprises emploient des salariés. Par ailleurs, celles qui emploient des salariés en recensent en moyenne 2,6. Près d’un senior sur deux autofinance entièrement son projet Plus de la moitié des nouveaux chefs d’entreprise seniors ont réuni moins de 8 000 € de capitaux pour mettre en place leur projet (dont un quart ont réuni moins de 2 000 €) et 15 % ont réuni 40 000 €. Répartition des créateurs seniors selon les capitaux investis au démarrage Moins de 2000 € 25% 80000€ et plus 9% 40000€ à 79999€ 6% 2000 € à 7999 € 31% 16000€ à 39999€ 13% 8000 € à 15999 € 16% Source : Insee – Enquête Sine génération 2006 / Traitement : APCE – Observatoire de la création De nombreux facteurs agissent sur l’importance des capitaux nécessaires à la mise en place du projet, notamment l’activité dans laquelle est créée l’entreprise ou encore l’ambition du projet. APCE – Observatoire de la création -2- Entreprendre à 50 ans… le choix d’une deuxième vie Janvier 2009 Pour financer ces capitaux, 45 % des créateurs seniors ont utilisé leurs seules ressources propres. D’autre part, 28 % d’entre eux ont contracté un emprunt bancaire soit au titre de l’entreprise (19 %), soit en nom propre du dirigeant (13 %). Ces emprunts bancaires, lorsqu’ils existent, contribuent en moyenne à 58 % du financement des capitaux initiaux réunis. Si les capitaux réunis pour mettre en place le projet sont équivalents pour les seniors et les créateurs plus jeunes, en revanche il existe une disparité quant au mode de financement de ces capitaux. En effet, l’accès à l’emprunt bancaire est moins répandu chez les seniors (28 % contre 38), les ressources personnelles étant pour beaucoup plus importantes en raison des primes de licenciement ou encore des patrimoines que certains peuvent avoir (notamment ceux qui étaient déjà chefs d’entreprise avant la création). L’enquête qualitative nous montre que les primes de licenciement (primes négociées ou non) et les aides à la création ont joué un rôle fortement déterminant dans la concrétisation des projets des anciens salariés et anciens demandeurs d’emploi. Elles sont venues compléter les fonds propres des créateurs qui n’étaient pas toujours suffisants à eux seuls. « Pour créer une entreprise il faut être un peu cinglée ! Au bout d’un moment on se dit « je tente quand même ! » Il y a des risques c’est sûr ! Mais avec l’enveloppe qui m’a été donnée je me suis dit que j’avais relativement de latitude, donc j’y ai été ». Trois profils distincts de créateurs seniors Loin du cliché d’individus créant leur entreprise dans l’unique but de revenir sur le marché du travail (demandeurs d’emploi), les créateurs seniors comprennent également deux autres catégories d’actifs : chefs d’entreprises et salariés Répartition des créateurs seniors selon leur activité professionnelle avant la création Autres (retraités, conjoints collaborateurs, inactifs…) 21% Chefs d'entreprise 20% Salariés 23% Demandeurs d'emploi 36% Source : Insee – Enquête Sine génération 2006 / Traitement : APCE – Observatoire de la création APCE – Observatoire de la création -3- Entreprendre à 50 ans… le choix d’une deuxième vie Janvier 2009 Les demandeurs d’emploi Loin d’être une généralité parmi les seniors, la création d’entreprise par d’anciens demandeurs d’emploi ne concernent que 36 % des créateurs seniors dont plus de la moitié sont des chômeurs de longue durée. L’objectif de ces nouveaux dirigeants est avant tout d’assurer leur propre emploi (77 %), plus souvent que pour les autres seniors (63 %). Ces créateurs bénéficient de nombreux soutiens sous forme financière ou sous forme d’accompagnement : 42 % ont mis leur projet en place avec un organisme de soutien à la création d’entreprise, 70 % ont bénéficié de subventions, primes ou exonérations pour mettre en place leur projet dont 64 % de l’Accre, 14 % ont bénéficié d’emprunts de type avances remboursables ou prêts d’honneur. Les chefs d’entreprise Pour beaucoup de seniors, la création d’entreprise n’est pas un phénomène nouveau. Beaucoup avaient déjà créé une entreprise dans le passé et 20 % d’entre eux étaient déjà chefs d’entreprise (salariés ou indépendants) juste avant la création de l’entreprise. Plus de la moitié d’entre eux en sont au moins à leur troisième création d’entreprise. La plupart de ces « récidivistes » sont dans une logique de fort développement de leur entreprise en termes de salariés (25 %) ou en termes d’investissements (23 %). Cette volonté est plus marquée que pour les autres seniors (48 % contre 23) et se concrétise par un emploi plus fréquent et plus important de salariés. Par ailleurs, les projets de ces nouveaux dirigeants sont bien plus souvent ambitieux : capitaux plus élevés, entreprises plus importantes en termes de salariés et immatriculation sous forme de société. Certain de ces créateurs seniors sont de véritables entrepreneurs. Ils ont le virus de la création et cumulent plusieurs entreprises à diriger (41 % exercent en parallèle une activité de dirigeant dans une ou plusieurs autres entreprises). D’ailleurs, la principale motivation avancée par ces dirigeants pour avoir créé cette dernière entreprise est avant tout le goût d’entreprendre (41 %). Les salariés Certains seniors prennent la décision d’arrêter leur activité salariée pour se lancer dans la création d’une entreprise : 23 % des nouveaux dirigeants seniors. Ils décident le plus souvent de se lancer dans la création en réponse à une situation dont ils pensent qu’elle les mènera vers la recherche d’un emploi, ou pour rompre avec une situation salariale qui ne leur convient pas ou plus. Ces salariés créent principalement dans une activité où ils ont déjà une expérience professionnelle (61 %). 21 % de ces nouveaux dirigeants pratiquent également une activité de salarié dans une autre entreprise, dont 12 % une activité à temps plein. La principale motivation est d’être indépendant (55 %). La majorité d’entre eux déclarent que la création est avant tout un moyen d’assurer leur propre emploi (69 %). APCE – Observatoire de la création -4- Entreprendre à 50 ans… le choix d’une deuxième vie Janvier 2009 Des entreprises qui se développent L’emploi salarié Trois ans après leur création, 28 % des entreprises créées par les seniors emploient des salariés et comptent en moyenne 4,1 salariés. Ce sont 19 % des entreprises qui ont accru leur effectif salarié entre le démarrage et leur troisième anniversaire. Trois ans après la création, les seniors représentent 16 % des créateurs et leur entreprise a généré 19 % des emplois salariés des entreprises de cette génération. Le chiffre d’affaires Trois ans après la création, 43 % des dirigeants déclarent un chiffre d’affaires inférieur à 27 000 € et 23 % un chiffre d’affaires d’au moins 153 000 €. Selon leurs déclarations, 85 % des créateurs seniors enregistrent une stabilisation ou une augmentation de leur chiffre d’affaires, dont 14 % une forte hausse. Les investissements Durant les trois premières années de vie de l’entreprise, 61 % des seniors affirment que leur entreprise a réalisé des investissements. Le plus souvent, ils ont été effectués dans l’achat de matériel bureautique (30 %), l’achat de matériel de production de produits ou de services (24 %) et l’achat de véhicules à usage professionnel (19 %). Pour un tiers des créateurs seniors, les investissements se sont élevés à au moins 15 000 € et la moitié ont réalisé moins de 7 500 € d’investissements. Ces investissements ont principalement été réalisés grâce aux réserves de l’entreprise (27 % des entreprises) ou à des prêts bancaires (22 %). Pourquoi créent-ils leur entreprise ? Pour la plupart des récents dirigeants seniors qui étaient salariés ou demandeurs d’emploi juste avant le démarrage de leur activité, la création n’est pas un acte spontané. Le passage à l’acte a nécessité l’intervention d’un élément déclencheur : un changement professionnel ou une situation professionnelle peu satisfaisante (« qu’un pion, qu’un fusible dans l’entreprise »). APCE – Observatoire de la création -5- Entreprendre à 50 ans… le choix d’une deuxième vie Janvier 2009 «J’ai mené des projets de changement dans tout ce qui était ressources humaines, donc j’ai travaillé dans une OPCA, après chez Thompson, France Télécom, Generali…J’ai toujours été quelqu’un qui était sur des projets innovants donc je me suis toujours formée et j’ai toujours été dans des situations d’évolutions. Avec une grosse mobilité et le souci d’être attractive. Et dès que je me suis sentie un peu captive dans une boîte, comme chez France Télécom par exemple, je suis partie. Si j’en suis partie ce n’est pas que j’étais insatisfaite du contenu de mon travail mais c’est que je n’étais pas satisfaite des conditions d’exercice de mon travail. J’estimais qu’on subissait des contraintes, des pressions, on est un peu les fusibles auprès de managers qui n’ont pas toujours un très grand courage. J’avais l’impression de ne faire que bosser, de ne plus vivre, d’en prendre plein la figure et de ne pas avoir de satisfaction alors que je donnais beaucoup. Je me suis dit bon je ne vis plus, et c’est comme ça que j’ai négocié un départ […]. Moi je pense qu’avoir une petite boîte aujourd’hui c’est un choix de vie. Mon choix de créer l’entreprise a été mon choix de changer de vie ». « J’ai fait l’essentiel de ma carrière comme cadre supérieur dans un grand groupe industriel, j’ai terminé comme cadre de direction. Très longtemps dans la même entreprise. Ma satisfaction était en baisse, en termes de perspectives et de poste en lui-même. C’était surtout par rapport à l’intérêt du travail, et aux évolutions de poste. Et j’avais justement envie d’être mon propre patron et de voir si j’étais capable d’assumer mes décisions jusqu’au bout. C’était quelque chose dont j’avais envie depuis un moment.». Toutefois, ces points n’ont été que des éléments incitatifs qui ont permis à ces dirigeants de mettre en action une idée à laquelle certains pensaient depuis des années. Ils ne doivent pas laisser à penser que les seniors créent uniquement par défaut ou par contrainte au regard de leur situation professionnelle. « J’étais cadre financier chez HP à Grenoble. Il y avait un plan de volontariat que j’ai sollicité pour partir. Le plan de volontariat chez HP était dans le cadre d’un plan de licenciement, et je n’étais pas concernée. C’est moi qui ai décidée de partir, parce que j’avais envie de faire ça. Il y a quand même un élément qui a joué, chez HP maintenant ils font des plans de licenciement tous les 2-3 ans. Je pense que le site HP de Grenoble est menacé à termes. Ils déplacent petit à petit leurs activités vers les pays de l’est. Moi, rester dans un contexte comme ça à attendre le prochain plan, ce n’est pas trop mon style. Et puis là, j’ai bénéficié d’un plan de licenciement qui était très avantageux. Et je me suis dit, ils ne feront pas ça deux fois ! Le suivant sera moins intéressant. C’était l’occasion d’essayer de partir ! » « La société dans laquelle je travaillais ne marchait pas très bien. Je savais que pour rester il aurait fallut à un moment ou un autre que j’accepte un poste sur Paris, et c’était une idée qui ne me plaisait pas du tout. Déjà que je passais toute la semaine dans les trains et les avions, je n’avais pas en plus envie de déménager sur Paris pour peut être quelque chose qui aurait duré de façon temporaire. Donc j’ai décidé de négocier mon départ et de prendre le risque de créer mon emploi». Si les torsions sur le travail sont incitatives au passage à l’acte, ces nouveaux dirigeants ont cependant fait le choix de créer alors que d’autres, dans la même situation, ne sont pas passés à l’acte. De réelles motivations psychologiques ou en rapport avec l’activité ont incité ces dirigeants à passer le pas de la création : La volonté d’entreprendre, d’être son propre patron et le désir d’être indépendant, la recherche de l’autonomie (« d’avoir une autre vie », « d’être indépendant, d’être aux commandes ») ; « Peut être avec mon caractère la suite logique c’était d’être mon propre patron». APCE – Observatoire de la création -6- Entreprendre à 50 ans… le choix d’une deuxième vie Janvier 2009 « Etre son propre patron cela a quand même du bien. L’indépendance, quand il y a quelque chose qui ne va pas on se met un coup de pied aux fesses et quand il y a quelque chose qui va bien on sait que c’est soi et personne d’autre. Alors que quand on est salarié, quand ça va bien c’est normal on est payé pour, et si il y a quelque chose qui va mal, c’est de la faute du salarié». « Le plus déterminant c’est quand même l’autonomie, je travaille seul, je décide et j’assume, la liberté je dirais ». Rester actif. Il existe une véritable volonté de pratiquer une activité. Elle répond à une nécessité de démontrer ses compétences ou de reconquérir un statut social. Cette volonté de pratiquer une activité n’est pas forcément en relation avec un besoin économique dans la mesure où certains demandeurs d’emploi affirment qu’ils pourraient vivre des indemnités chômage en attendant la retraite. « Je ne me sentais pas mûr pour arrêter de travailler pour végéter. C’est pour ça que d’emblée je me suis attaqué à monter un dossier, à voir si c’était viable. C’était pour moi la seule opportunité pour continuer à travailler. C’était de me prendre en main et d’aller de l’avant. De ne plus compter sur personne ». « Je faisais partie de la dernière vague qui avait le droit à 4 ans d’ASSEDIC. […] Au démarrage je savais que je pouvais vivre avec mes ASSEDIC, je n’étais pas dans la panade on va dire. Je ne pouvais pas non plus rester sans rien faire jusqu’à la retraite ». « Je me suis dit, autant que je m’investisse dans un boulot, dans une société qui m’appartient, pour vraiment faire quelque chose que j’avais envie de faire, que j’avais besoin de faire aussi. Et pour retrouver aussi un peu une identité. Une identité professionnelle vis-à-vis d’autrui c’est primordial». « Je crois que c’était d’abord un sursaut, peut être pas d’orgueil, mais de dire que je suis encore bon à faire quelque chose et je vais le prouver à tout le monde ». « Je n’ai pas trop hésité. J’ai vu très vite comment ça se passait pour les gens qui sont au chômage en recherche d’emploi. Ce n’est pas une situation…on ne retire pas beaucoup de gloire d’être aux ASSEDIC » La reconnaissance de l’entourage qui perçoit positivement la mobilisation du porteur de projet et sa volonté « de se prendre en main », « de faire quelque chose quitte à prendre un risque », « de prendre à bras le corps les difficultés, y compris administratives », « d’être capable de changement et de projet ». La famille et les amis ont, le plus souvent, un rôle central et positif dans la création de l’entreprise, répétant les encouragements et les marques de confiance à l’égard du porteur de projet. Le retour de l’entourage en termes de reconnaissance semble motivant, voire même déterminant dans la poursuite du projet. « Ca a été un soutien moral essentiellement. Je n’y serais pas allé si je n’avais pas eu la certitude que mon épouse en particulier me soutenait ». La reconnaissance de la mobilisation du porteur projet, de sa volonté « de se prendre en main », « de faire quelque chose quitte à sa volonté « de se prendre en main », « de faire quelque chose quitte à prendre un risque », « de prendre à bras le corps les difficultés, y compris administratives », « d’être capable de changement et de projet »n risque », « de prendre à bras le corps les difficultés, y compris administratives », « d’être capable de changement et de projet » APCE – Observatoire de la création -7- Entreprendre à 50 ans… le choix d’une deuxième vie Janvier 2009 D’après l’enquête Sine, deux-tiers des demandeurs d’emploi déclarent le chômage comme étant un élément déclencheur de la création d’entreprise. Toutefois, tous ne vivent pas cette création comme une obligation puisque seulement 21 % déclarent que la création a été une contrainte au regard de leur situation. Cette dernière n’empêche pas ces créateurs d’être motivés par le désir d’être indépendants. En effet, 43 % de ceux qui affirment avoir créé au regard de leur situation déclarent également avoir été motivés par le désir d’être indépendant. Créer après 50 ans l’âge idéal ! Sur un marché de l’emploi souvent décrit comme peu favorable pour les seniors, la cinquantaine est vécue par les quinquagénaires créateurs comme le moment idéal pour créer une entreprise. Cette conclusion prend en compte deux dimensions : une dimension personnelle avec la diminution des contraintes familiales (absence d’enfants à charge) et financières personnelles (absence de crédits à rembourser, propriétaires du logement) qui atténue les risques de la création et laisse un espace de manœuvre supplémentaire, une dimension professionnelle : ils ont le sentiment d’avoir atteint une maturité professionnelle, d’avoir capitalisé des expériences ou d’avoir consolidé leurs compétences. Ils se sentent plus performants, plus crédibles face aux futurs clients. « C’est lourd à porter et le faire quand on est jeune c’est peut être pas plus mal et en même temps je me dis que c’est grâce à mon expérience que je m’en sors, c’est quand même 25 ans d’expérience en entreprise et mes dernières années ont été importantes. Je pense que pour réussir une entreprise il faut de la bouteille, du recul. Sur mon métier de conseil il faut savoir de quoi on parle, moi c’est mon expérience qui aujourd’hui me légitime ». « C’est un atout. 10 ou 15 ans auparavant j’aurais été moins performant. J’ai acquis des compétences en management, négociation commerciale. Des atouts qui m’ont bien servis ». « Les choses que j’ai faites, même si ce n’était pas toujours confortable matériellement, ça me permet aujourd’hui d’être fort parce que je connais plein de trucs. Je crois qu’il faut se constituer une bonne caisse à outils professionnelle. C’est très important d’avoir des expériences dans différents domaines, pas seulement dans celui qui est le sien… » « L’expérience que j’avais de la gestion d’entreprise a été fondamentale. […] L’âge n’était ni un plus ni un moins mais j’avais des connaissances juridiques, de gestion de marketing […] ». Quel regard portent-ils sur la création de leur entreprise ? Le bilan de la création laisse apparaître deux points principaux : APCE – Observatoire de la création -8- Entreprendre à 50 ans… le choix d’une deuxième vie Janvier 2009 Pas de regrets d’avoir créé La plupart des chefs d’entreprise interrogés connaissent des difficultés ou certaines insatisfactions concernant la création de leur entreprise (notamment au regard de leur situation professionnelle antérieure : salaires, congés…), mais il ne faut pas pour autant en déduire que le « malheur » est dans la création d’entreprise. La plupart d’entre eux n’expriment pas de regrets quant à leur choix. La création leur a permis : d’atteindre les objectifs qu’ils s’étaient fixés en termes d’autonomie, d’indépendance et de responsabilité, d’avoir une activité, pas uniquement pour des raisons économiques comme nous l’avons vu plus tôt. « Le plus déterminant, c’est être mon propre chef et être complètement maître de ce que je fais et de là où j’ai envie d’aller. Je ne regrette pas. C’est une superbe expérience. J’ai vraiment ce sentiment que je maîtrise tout. Que c’est moi qui suis seule dans mon bateau, je suis vraiment maître à bord. Ca n’a pas de prix, c’est un luxe ». « Je pense que même si c’est aléatoire et difficile, et que c’est une prise de risque importante, limitée par la profession de mari puisqu’il est fonctionnaire, c’est quand même l’occasion de réaliser…je ne veux pas dire de se réaliser parce qu’il n’y a pas que le travail non plus…d’aller plus loin dans son travail. Parce que quand on travaille dans une structure, si on veut réaliser ce qui est de l’ordre de la créativité…créer son entreprise c’est plonger dans le réel. On développe des compétences. Et créer des projets qu’on va vendre, c’est une créativité qui me tenait à cœur mais alors là je l’ai découverte au-delà de ce que j’imaginais ! » « C’est quand même assez palpitant de travailler et de faire tout pour soi même, le pognon que tu gagnes c’est par la sueur de ton front. Ma prospection, mes clients, dont certains sont devenus des copains. Donc, non…je suis ravie d’être indépendante ». Quelques interviewés vont même jusqu’à déclarer qu’ils regrettent de ne pas être passés à l’acte plutôt. « Après coup je me dis oui, j’ai monté ça à un âge assez avancé, et c’est un business assez amusant alors si j’avais eu l’idée de partir de moi-même 5 ou 10 ans plus tôt j’aurais pu en faire autre chose. J’aurais pu monter un truc avec un réseau de franchise par derrière, c’est une superbe activité». «Je me dis que même si j’avais un poste privilégié, au lieu de toujours agir sur la facilité comme j’avais avant, j’aurais pu m’investir et créer ma société. Par exemple créer une société de marketing direct. Je n’ai pas osé le faire parce que ça me faisait suer de m’occuper des formalités préalables,…de me dire que je ne serai plus en sécurité ». Une prise de risques raisonnée Malgré les difficultés qu’ils peuvent rencontrer, la création est souvent vécue comme une prise de risque raisonnée notamment au regard des sommes investies qui sont modestes et de l’allègement des charges familiales. Ils estiment qu’en s’investissant fortement, ils minimiseront les risques de pertes éventuelles. « Je suis relativement serein je dirais. La première année j’ai voulu vérifier l’hypothèse du marché, la 2eme année j’ai vu que c’était viable. Et je peux jouer sur le personnel, c’est des étudiants en temps partiel, je sais que je peux ne pas les remplacer si il y avait une baisse d’activité ». APCE – Observatoire de la création -9- Entreprendre à 50 ans… le choix d’une deuxième vie Janvier 2009 « Dès le départ, comme j’ai racheté un fond, je ne partais pas de zéro, de toute façon je ne pouvais qu’améliorer la situation du truc en m’investissant à fond dans la boîte, en 5 ans j’ai quasiment doublé l’activité. Je ne suis pas partie avec un vrai risque ». « C’était calculé quand même. Je ne prenais pas de gros risques du fait que je faisais de la prestation de service, sans trop d’investissement. Je vends du consommable…ce n’est pas à haut risque ». En conclusion… Pour résumer, la création d’entreprise pour les seniors salariés ou demandeurs d’emploi répond à une stratégie positive et volontariste face aux difficultés qu’ils rencontrent sur le marché de l’emploi. Ils veulent sortir par le haut des difficultés qu’ils rencontrent et désirent rester acteur de leur propre parcours professionnel Pour cette catégorie de nouveaux dirigeants, la création intervient dans un processus de réflexion sur la stratégie à adopter pour faire face à leurs difficultés professionnelle et/ou d’emploi. APCE – Observatoire de la création - 10 - Entreprendre à 50 ans… le choix d’une deuxième vie Janvier 2009