Riffs Hifi 25.08.2012

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Riffs Hifi 25.08.2012
SAMEDI 25 AOÛT 2012 LE JOURNAL DU JURA
RIFFS HIFI 21
PRODUIT DU TERROIR Le rock multiforme à la sauce chaux-de-fonnière
Et le monde devint W.O.F
LAURENT KLEISL
World of Freedom, W.O.F pour
les intimes. C’est le bébé d’Olivier Guenat, chanteur, guitariste, multi-instrumentise, auteur-compositeur. Rien que ça.
Sorti en mai, «Search the
truth», première œuvre du
groupe établi à La Chaux-deFonds, est décrit comme de
l’«alternative industrial prog
rock». Tout un programme.
«C’est très maison», sourit Olivier Guenat, cerveau de l’escouade. «On se fait plaisir en se
foutant des courants actuels, on
laisse ouverte la porte à tout. J’ai
même composé du ska-metal!
Mais quoi que l’on fasse, on garde
toujours la touche W.O.F.»
Du rock, du metal, du prog,
W.O.F, c’est un peu tout ça. Un
subtil panachage d’influences
multiples. «J’écoute beaucoup de
choses différentes, ça va du thrash
à David Bowie, de Jacques Higelin
à la musique classique, de Depeche Mode à Radiohead.» La variété de l’historique – et du vécu
– musical du bonhomme rend
ses créations si insaisissables, si
variées. Si vitaminées. «La musique que je compose prend une autre couleur quand on la joue en
groupe», reprend-il. «Disons que
je crée le 80% des morceaux. Le
clavier Steve Rumo y met aussi un
peu du sien. Il est en quelque sorte
mon second. Mais avec le temps,
j’arrive près du groupe avec des
choses de plus en plus précises.»
Ritchie et Yngwie
A la gratte, Olivier Guenat lâche les chevaux, réhabilitant le
statut si souvent décrié de guitare
héros. Mais ne lui parlez surtout
pas de Steve Vai et de Joe Satrini.
«Je n’aime pas du tout!», coupe-til promptement. «Mes influences,
c’est davantage Yngwie Malmsteen
et Ritchie Blackmore. Je suis en
grand fan de Rainbow!» Actuellement, Frédéric Charmillot (bat-
JOEY RAMONE
Grâce à ses nombreux amis, il revit
Chanteur emblématique du plus «beachboysien» des groupes punk,
Joey Ramone s’est éteint le 15 avril 2001, des suites d’un cancer des
ganglions lymphatiques. Il avait 49 ans. Aujourd’hui, la plaque de rue
la plus volée de New York est toujours la «Joey Ramone Place». A tel
point qu’on a finalement dû la placer à six mètres de hauteur! Les
Ramones? Le groupe le plus mythique du punk. Hélas condamné à
une gloire posthume. D’ailleurs, en plus de Joey, Dee Dee le nazillon et
Johnny le reaganien fou ont aussi rejoint leur pote Johnny Thunders en
enfer. Histoire d’en revenir à Joey, son premier album solo, déjà post
mortem, avait cartonné. Mais l’homme ayant laissé une solide
poignée de démos et d’inédits, son frère et ses amis ont décidé de
travailler dessus pour nous offrir «... ya know?», croûte terriblement
sympa où l’on retrouve le rusé Handsome Dick Manitoba, l’encore
belle Joan Jett, et on en oublie. Et la voix de Joey. Immortelle! PABR
GROUPE DE VARIÉTÉ OU GROUPE DE ROCK?
Grâce à Avenches, maintenant, on sait...
Olivier Guenat, à la gratte ou au micro, est devenu complètement W.O.F. LDD
terie) et Thierry Guillod (basse)
complètent l’effectif. «J’ai réuni
des musiciens avec lesquels j’avais
déjà travaillé par le passé. Nous
sommes des amis, et cela se ressent
sur scène. Ensemble, on dégage une
énorme énergie. J’ai déjà accompagné des professionnels. En concert,
c’était si froid...»
Les textes, également, giclent
de la plume d’Olivier Guenat. De
petites tranches de vie, son vécu,
son ressenti. «J’essaie de faire en
sorte que tout le monde puisse se
retrouver dans mes histoires (réd:
W.O.F propose une traduction
en français des paroles sur son
site internet). ‹Search the truth›,
cherche la vérité... c’est une vision
réaliste du monde pourri dans lequel nous vivons. Par contre, ce
n’est pas un concept-album.»
Sorti sur Galileo Records
(Suisse) et Gonzo Media Group
(GB), «Search the truth» est à
100% un produit du terroir, les
labels ne s’occupant que de la
promotion et de la distribution.
«C’est moi qui ai pris en charge le
financement de l’enregistrement»,
note-t-il. L’œuvre a vu le jour au
Studio 108 de La Chaux-deFonds, endroit appartenant à...
Olivier Guenat. «Non, je ne me
suis pas facturé les heures!»
L’envie d’en vivre
Gentiment, la sauce prend, et
même à des endroits improbables. «En peu de temps, on a eu
plus de 15 000 clics sur YouTube
(réd: tapez WOF rock), dont près
de la moitié en provenance du...
Mexique! Le disque est sorti en
mai, autant pour les ventes physiques que pour les téléchargements,
il nous est encore difficile de se faire
une idée. Par contre, avec internet,
on se rend bien compte qu’il y a un
intérêt pour notre musique. Ça
commence à prendre.»
Musicien professionnel, Oliver Guenat rêve de tenir en
W.O.F le grand projet de sa carrière, celui qui l’amènera sur les
scènes de la planète rock. «L’année prochaine, j’espère que l’on
pourra passer la vitesse supérieure. C’est également plus facile
de se profiler auprès d’organisateurs de concerts quand on a quelque chose de solide à proposer.
D’ailleurs, on prépare déjà notre
deuxième album. On n’a un peu
gommé les erreurs du premier, on
a mieux ciblé notre style.» Puis:
«Actuellement, W.O.F, c’est un
boulot à 80%. En vivre, c’est le
but. On peut aussi avoir ce genre
d’envie à 40 balais...»
C’est vrai, il n’y a pas d’âge.
+
INFO
W.O.F «Search the truth»
Sorti sur les labels Galileo Records
(Suisse) et Gonzo Media Group (GrandeBretagne). A l’affiche vendredi
14 septembre de Eleven Rock Festival
de Soleure (en
première partie de
Vanden Plas).
Pour davantage
d’informations,
consultez
www.wof-rock.ch
REGGAE Snoop Dogg laisse tomber le rap et change de nom: vive Snoop Lion!
Entre le rock et la variété, l’espace est parfois ténu. Prenons par
exemple le cas de Bon Jovi, gang de bellâtres sirupeux. Forcément, ils
se qualifient de rockers. Comparez-les toutefois aux Stones et vous
pourrez sans autre les assimiler à C. Jérôme. Mais, mis en compétition
avec les Who, ces mêmes Stones feront figure de tous gentils garçons
avec leurs riffs émoussés. D’ailleurs, comment prendre au sérieux un
gang qui s’autoproclame le plus grand groupe de rock du monde et
qui a pourtant commis «Angie» et «Miss you»? Une chose est sûre,
ceux qui étaient à Rock Oz’Arènes à la soirée Gotthard - Alice Cooper
se sont retrouvés dans la peau du fier Saül qui n’était pas encore
devenu le sombre apôtre Paul: ils ont subitement retrouvé la vue. Et
l’ouïe en prime! Dommage pour Gotthard, vraiment dommage. Car là,
on est passé de leur pure variété au rock sauvage et beau de la vieille
sorcière. A faire abjurer le darbyste-léniniste moyen. PABR
LL COOL J
Il met une raclée à un cambrioleur
Le rappeur et acteur américain LL Cool J, qui joue les gros bras dans la
série «NCIS: Los Angeles», a été victime d’une tentative de vol à son
domicile dans la nuit de mercredi à jeudi. Tombé nez à nez avec le
cambrioleur, le rappeur bodybuildé en a profité pour mettre une raclée
à l’intrus. Bilan: nez, mâchoire et quelques côtes cassées. CYP
JAY-Z ET KANYE WEST
Les deux rappeurs ont mis le feu à Paris
Les deux poids lourds du rap ont enflammé Bercy lors de leur dernier
passage dans la capitale française. Pour ne pas faire les choses à
moitié, Jay-Z et Kanye West ont joué leur énorme tube «Niggas in
Paris» à... 12 (!) reprises en guise de rappel. Un record! CYP
LA PLAYLIST DE...
Marina Zuber
[email protected]
Attention, il se prend pour Bob Marley
LANA DEL REY Born to die (2012)
Ça y est, l’immense Snoop
Dogg, alias Calvin Broadus, nous
fait sa crise de la quarantaine: le
rappeur américain a décidé d’en
finir avec le rap pour se lancer exclusivement dans le reggae! Une
puissante révélation spirituelle
lors d’un séjour en Jamaïque aura
finalement suffi à le convaincre.
«J’ai toujours su que j’étais la réincarnation de Bob Marley», a-t-il affirmésanssourcillerilyaunmois
SERGE REGGIANI Les loups sont entrés dans Paris (1976)
àNewYorklorsd’uneconférence
de presse.
En clair: fini les armes à feu, le
«Gin and Juice» et les bombes siliconées qui se trémoussent aux
abords d’une piscine. Snoop a
grandi. Au passage, ce chien
laissemêmetomberleDoggpour
devenirLion:SnoopLion.«Jesuis
allé au temple où un grand prêtre
m’a demandé mon nom, je lui ai dit
‹Snoop Dogg›. Il m’a regardé droit
dans les yeux et m’a dit plus maintenant. Vous êtes la lumière, vous êtes
le lion.» Le lion, comme celui qui
orneledrapeaudel’Ethiopie,berceau de la culture rasta. Le lion,
comme le symbole d’Haïlé Sélassié1er,dernierempereurd’Ethiopie, considéré en Jamaïque
comme le dirigeant légitime de la
Terre. Suffisamment d’arguments convaincants. «Et là, c’est
comme si j’avais commencé à comprendre pourquoi j’étais venu dans
ce lieu», poursuit Snoop en évoquant sa rencontre mystique. «Je
veux enterrer Snoop Dogg et devenir Snoop Lion.»
«Le rap n’est plus un
challenge pour moi»
Un bonnet rasta et c’est parti: le Dogg devient Snoop Lion. KEYSTONE
Non, l’ancien rappeur gangsta
ne plaisante pas. Preuve de sa
bonnefoi,SnoopLionbossedur–
entre deux spliffs de ganja – à la
conception de son prochain album intitulé «Reincarnated», un
opus 100% reggae.
Son premier Single, «La La La»,
est déjà disponible sur iTunes,
tandis qu’un documentaire sera
diffusé le 7 septembre au Festival
international du film de Toronto.
Snoop Lion y revient notamment
sur ses nombreux démêlés avec la
justice, la découverte de sa nouvelle foi et sa volonté d’abandonner son ancienne vie de bad boy.
«Le Hip-Hopn’est plusun challenge
pourmoi»,avoueceluiquiadonné
ses lettres de noblesse au Gangsta
rap au travers de son premier album solo, le mythique «Doggystyle» (1993), un recueil de hits
tels que «Who Am I (What’s my
name?)» ou «Gin and Juice».
«Malgré tout le respect que j’ai
pour les autres rappeurs, ils ne peuvent pas se comparer à moi. J’ai gagné tout ce qu’on pouvait gagner
dans le rap, on m’appelle ‹Oncle
snoop› dans le milieu. Quand vous
êtes un oncle, c’est le moment de
trouver quelque chose de nouveau.
Je veux me sentir à nouveau
comme un enfant.»
Enfant capricieux, oui. Allez,
roi de la jungle, reviens vite à la
maison! Avant que Bob Marley
ne te botte le derrière...
CYRILL PASCHE
Les titres enregistrés pour l’album de cette chanteuse qui fait
régulièrement le buzz ont souvent été critiqués par les journalistes.
Pourtant, c’est un album étonnant que l’on découvre. Avec son style
vintage, sa voix chaude et nonchalante qui fait planer le flou et le
mystère quant aux émotions véhiculées par chaque titre, Lana Del Rey
a tout pour plaire.
Le 25 août 1944, il y a donc exactement 68 ans, la ville de Paris fut
libérée de l’occupation allemande nazie. Une bonne occasion pour
réécouter le puissant titre de Serge Reggiani, qui insistait sur le fait que
l’interprétation de cette chanson n’avait aucun rapport avec les
Allemands, mais avec un fait divers entendu à la radio (des loups
occupant Madrid). Pourtant, chacun a compris cette chanson comme
une ode à la résistance et une métaphore de l’entrée de l’armée
allemande à Paris.
EMELI SANDÉ Mountains (2011)
Cette jeune chanteuse écossaise, qui a chanté pour la cérémonie de
clôture des JO de Londres, avait également été repérée par Coldplay
pour chanter lors des premières parties de leurs concerts. Pour se
produire lors de tels événements, Emeli Sandé est forcément bourrée
de talent, ce qui lui a valu de nombreux prix. Sa chanson «Mountains»
justifie toute cette reconnaissance obtenue: une vraie révélation qui
n’a pas fini de faire parler d’elle!
CYPRESS HILL Insane in the Brain (1993)
Ce groupe de hip-hop, principalement composé de Latinos-Américains,
collectionne les succès depuis 1991. Leur single « Insane in the Brain »
est un carton et devient un tube, ce qui se comprend : avec leur style
décalé à contre-courant de la société, cette chanson reste, encore
aujourd’hui, d’actualité et rappelle ce qu’était le hip-hop des années 90.