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COGNITION SOCIALE
Les sources citées sont issues de la Revue de Neuropsychologie.
La cognition sociale désigne l'ensemble des processus cognitifs (mémorisation, attention, émotions,
raisonnement...) impliqués dans les interactions sociales, c’est la façon dont nous comprenons et percevons
le monde social.
La cognition sociale désigne donc, pour partie, ce que l’on appelle l’empathie et la théorie de l’esprit.
Ces capacités cognitives sympathie, empathie, théorie de l’esprit, neurones miroirs jouent un rôle
essentiel dans les interactions sociales.
SYMPATHIE
Empathie : capacité à ressentir, à partager, et à comprendre les états émotionnels et affectifs des autres.
Sympathie : capacité à ressentir une motivation orientée envers le bien-être des autres.
L’empathie est considérée comme un composant nécessaire à une coexistence harmonieuse des individus
en motivant par exemple de nombreux comportements prosociaux.
La sympathie fournit une base affective nécessaire au développement moral chez l’enfant.
Donc empathie et sympathie recouvrent des états affectifs et motivationnels distincts et mettent en jeu des
circuits neuronaux en partie indépendants qui présentent, en outre, des trajectoires neuro-développementales
spécifiques.
Les deux concepts paraissent similaires mais il est important de ne pas les confondre.
En effet, on peut éprouver de la sympathie sans ressentir d’empathie.
De même, l’empathie n’engendre pas systématiquement de sympathie.
Citations 1
1
Revue de neuropsychologie n°2 - Juin 2010 (Mécanismes neurophysiologiques impliqués dans l’empathie et la
sympathie p133)
1
EMPATHIE
La définition de l’empathie (bien qu’il n’existe pas de réel consensus) :
- l’observateur ressent une émotion,
- cette émotion est induite par l’observation, l’inférence ou l’imagination,
- il s’agit d’une émotion isomorphe à celle d’autrui,
- l’observateur doit avoir connaissance de la source de l’émotion qu’il ressent, sans confusion entre
l’observateur et la cible.
Un modèle de l’empathie repose sur quatre composants :
- la contagion émotionnelle,
- la conscience de soi,
- la prise de perspective subjective de l’autre,
- les processus de régulation.
Ces composants interagissent de manière dynamique et l’expérience de l’empathie ne pourrait avoir lieu en
cas de dysfonctionnement de l’un d’entre eux.
Sur le plan ontogénétique (développement de l’individu de la fécondation au stade adulte) :
- l’empathie émotionnelle (neurones miroirs) est observée précocement chez les nouveau-nés ;
- l’empathie cognitive (théorie de l’esprit), au contraire, est acquise au cours du développement cognitif de
l’enfant.
L’empathie implique à la fois des composants émotionnels et cognitifs. L’empathie serait composé de :
Empathie émotionnelle
Implique une contagion émotionnelle (résonance affective) entre l’observateur et la cible (sa propre
émotion face à l’émotion d’autrui).
L’empathie émotionnelle est sous-tendue par les neurones miroirs.
Empathie cognitive
Implique la conscience de soi, les capacités d’adopter la perspective d’autrui et les processus de
régulation (modulation, contrôle).
L’empathie cognitive implique des structures communes avec celles de la théorie de l’esprit
Prise de perspective :
La capacité à adopter la perspective d’autrui repose sur l’inférence des états mentaux (connaissances,
intentions, croyances, émotions).
Conscience de soi :
Inférer les états mentaux d’autrui nécessite une conscience de soi préservée.
Si l’empathie émotionnelle permet de ressentir la même émotion qu’autrui, il est fondamental de pouvoir
déterminer qui est la source de cette émotion, afin de faire l’expérience de ce que les autres ressentent
sans confusion avec soi-même.
Régulation :
Implique un contrôle émotionnel.
Ex :
Empathie émotionnelle : être heureux à la vue de quelqu’un qui exprime de la joie, voir un individu rire nous
fait rire (émotion isomorphe)
Empathie cognitive : nous aidons ceux que nous ne connaissons pas physiquement (par les impôts)
Citations 2
2
Revue de neuropsychologie n°4 - Décembre 2010 (Vers une approche neuropsychologique de l'empathie p 293, 294,
295, 296)
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THÉORIE DE L’ESPRIT
Termes :
- mentalisation = états mentaux : croyances, désirs, intentions, émotions
- inférence : déduction
- sous-tendu : être à la base de
La théorie de l’esprit est référencée dans la littérature sous différentes acceptions telles que :
mentalisation, lecture d’états mentaux, prise de perspective, empathie ou encore compréhension
sociale.
Théorie de l’esprit : capacité à comprendre les actions d’autrui en inférant ses états mentaux (pensées,
sentiments, intentions et croyances) et de les expliquer afin de prédire et d’anticiper ses comportements
et s’y adapter.
La théorie de l’esprit désigne la capacité mentale d’inférer des états mentaux (croyances, désirs, intentions)
à soi-même et à autrui et de les comprendre.
Donc l’expression de « théorie de l’esprit » ne désigne pas une théorie psychologique mais une aptitude
cognitive permettant d’imputer une ou plusieurs représentations mentales, par définition inobservables, aux
autres individus.
Le principe de base étant celui de l’attribution ou de l’inférence, les états affectifs ou cognitifs d’autres
personnes sont déduits sur la base de leurs expressions émotionnelles, de leurs attitudes ou de leur
connaissance supposée de la réalité.
Cette capacité d’inférer nous permet de prédire, d’anticiper et d’interpréter le comportement ou l’action
des autres dans une situation donnée.
La théorie de l’esprit est indispensable à la régulation des conduites et au bon déroulement des
interactions sociales.
La théorie de l’esprit fait partie intrinsèque de la cognition sociale qui mobilise un ensemble de processus
mentaux tels la perception de soi et des autres et l’utilisation des connaissances sur les règles régissant les
interactions interpersonnelles pour décoder le monde social.
La théorie de l’esprit est une capacité de métacognition (capacité métacognitive) : avoir conscience et se
représenter l’état mental d’une autre personne revient à construire une méta-représentation :
- la représentation renvoie à une perception directe de l’environnement (réalité physique)
- la méta-représentation est une représentation d’une représentation (réalité mentale)
Ainsi, la théorie de l’esprit permet d’avoir des pensées concernant les pensées d’autrui et de raisonner sur
ce que l’autre croit, feint ou ressent.
Cette aptitude cognitive de haut niveau implique des processus de décodage et de raisonnement sur des
états mentaux (cognitifs ou affectifs), de premier ordre (« je pense que. . . ») ou de deuxième ordre (« je
pense qu’il pense que. . . »).
L’attribution d’états mentaux n’est pas le résultat d’un seul processus, mais résulte de deux mécanismes
fonctionnels qui agissent de concert pour permettre d’inférer correctement l’état mental d’une personne : le
décodage et le raisonnement.
Certains chercheurs considèrent que la théorie de l’esprit n’est pas une fonction cognitive autonome et qu’elle
dépend nécessairement d’autres fonctions cognitives, notamment les fonctions exécutives et la mémoire
épisodique. Leurs arguments se fondent sur des résultats d’analyses de corrélations entre des performances
cognitives et sur des travaux de neuroimagerie montrant un chevauchement entre les activations cérébrales
liées à la réalisation de tâches de la théorie de l’esprit et celles liées à ces autres fonctions cognitives.
Citations 3
3
Revue de neuropsychologie n°1 - Mars 2011 (La théorie de l’esprit : aspects conceptuels, évaluation et effets de l’âge p
41, 42, 43)
Revue de neuropsychologie n°3 - Juillet-Aout-Septembre 2012 (Une épreuve de fausses croyances pour évaluer la
théorie de l’esprit cognitive p 216)
3
NEURONES MIROIRS
Les Neurones miroirs sont une catégorie de neurones du cerveau qui s’activent non seulement lorsqu'un
individu exécute lui-même une action mais également lorsqu'il observe un autre individu exécuter la
même action, d'où le terme "miroir".
On peut dire, en quelque sorte, que les neurones dans le cerveau de celui qui observe imitent les neurones
de la personne observée, de là le qualitatif "miroir".
L'imitation est importante pour l'apprentissage, le langage, la transmission culturelle, mais aussi pour
l'empathie.
Les neurones miroirs interviennent non seulement dans l'imitation des actions mais également dans la
compréhension de l'intention des actions.
En neurosciences cognitives, ces neurones miroirs sont supposés jouer un rôle dans des capacités
cognitives liées à la vie sociale (notamment dans l'apprentissage par imitation), mais aussi dans les
processus affectifs (tel que l'empathie).
Les neurones miroirs joueraient donc un rôle important dans l'empathie, notamment sur la base du fait qu'un
système miroir semble exister pour les émotions. Par exemple, la partie antérieure du lobe de l'insula est
active aussi bien lorsque l’individu éprouve du dégoût que lorsqu'il voit quelqu'un exprimant du dégoût.
Les neurones miroirs expliqueraient pourquoi les émotions (tant le rire que la peine) sont « contagieuses ».
En voyant une personne rire ou pleurer, nous ressentons automatiquement la même émotion.
Chez les autistes, il existe une dysfonction du système des neurones miroirs : les neurones miroirs ne
répondent seulement qu'à ce qu'ils font eux et pas à ce que font les autres.
Vilayanur Ramachandran (neuroscientifique) déclare :
« Je prédis que les neurones miroirs feront pour la psychologie ce que l’ADN a fait pour la biologie.
Ils vont aider à expliquer une quantité de dispositions mentales qui, jusqu'à maintenant, restaient mystérieuses
et inaccessibles à l’empirisme. »
Mais cette théorie des neurones miroirs ne peut pas, à elle seule, être à l'origine de l'empathie.
Pour certains chercheurs, les neurones miroirs constituent un élément central de la cognition sociale (depuis
le langage jusqu'à l'art, en passant par les émotions et la compréhension d'autrui).
Pour d'autres chercheurs, ces conclusions restent très hypothétiques étant donnée l'absence de preuves
directes concernant le rôle de ces neurones miroirs dans ces processus psychologiques.
AVERSION
De nombreux travaux en psychologie sociale ont démontré que lorsque l’on demande à un sujet de prendre la
perspective subjective d’une autre personne, des modifications relativement subtiles dans le choix des
mots utilisés peuvent modifier les émotions ressenties, en affectant le mélange entre sentiments de
détresse personnelle et sympathie.
Cela est important car la détresse et l’anxiété n‘engendrent pas nécessairement le ressenti de ce
qu’éprouve l’autre et conduisent parfois à des ressentis d’aversion associés à des motivations égoïstes
(éviter la source de cette détresse).
On peut donc avoir une aversion pour des comportements égoïstes. Il ne faut pas être égoïste.
L’anxiété d’une personne égoïstement exprimée peut déclencher une réaction de rejet au lieu d’une réaction
d’identification.
Pour ne pas provoquer une réaction de rejet, il ne faut pas s'exprimer égoïstement : il ne faut pas hurler son
angoisse, il faut s'exprimer avec finesse, utiliser des mots subtils. Sinon, on s'exprime égoïstement (hurler
son angoisse), sans penser à l'interlocuteur, qui reçoit brutalement nos plaintes, ce n'est pas respecter
l’interlocuteur, et ça provoque une réaction de rejet de la part de l’interlocuteur.
Citations 4
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Revue de neuropsychologie n°2 - Juin 2010 (Mécanismes neurophysiologiques impliqués dans l’empathie et la
sympathie p 135)
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SCHÉMAS
Bases anatomiques de la théorie de l’esprit
Grâce aux techniques d’imagerie cérébrale, l’étude de la théorie de l’esprit s’est ouverte aux neurosciences
cognitives qui ont mis en évidence un réseau cérébral sous-tendant cette capacité cognitive de haut niveau.
Ce réseau est composé de différentes régions corticales, telles le cortex préfrontal, le complexe pôle
temporal/amygdale et le complexe sillon temporal supérieur/jonction temporo-pariétale.
Face médiane
Face latérale
cortex cingulaire antérieur
jonction tempo-pariétale
cortex obito-frontal
pôle temporal
pôle temporal
amygdale
sillon temporal supérieur
Circuit de l'imitation pour les neurones miroirs
Les inputs visuels atteignent le sulcus temporal supérieur (STS).
L'information est donnée au cortex pariétal inférieur (IPL), concerné par les aspects moteurs de l'action.
De là, l'information va au cortex frontal inférieur (IFG) davantage concerné par les buts de l'action.
Les copies des commandes motrices d'imitation retournent vers le IFG et le STS, permettant ainsi la
comparaison entre les prédictions sensorielles du plan moteur d'imitation et la description visuelle du
comportement observé.
5
épreuves de fausses croyances pour évaluer la théorie de l’esprit cognitive
Le paradigme des fausses croyances est principalement utilisé pour évaluer la théorie de l’esprit cognitive et
cela à différents niveaux (1° ordre et 2° ordre) :
- dans le cas d’une fausse croyance de 1° ordre, le sujet doit déterminer la représentation mentale d’un
personnage.
- dans le cas d’une fausse croyance de 2° ordre, le sujet doit inférer la représentation mentale qu’un
personnage a de celle d’un autre personnage.
Afin d’évaluer la compréhension de l’histoire, des questions se référant à la réalité sont associées à ce
paradigme.
Nous présentons ici une épreuve de fausses croyances.
L’épreuve est composée d’une tâche de fausses croyances (mais pas d’une tâche de compréhension)
utilisant les mêmes histoires mais des questions différentes.
Chaque histoire est découpée en trois parties représentées sur la même planche sous forme de trois
dessins, chacun accompagné d’une légende verbale.
Après avoir regardé les dessins et lu les légendes, le participant doit répondre à la question inscrite au bas de
la planche, en choisissant parmi deux propositions celle qui lui semble correcte.
Ce mode de présentation a pour objectif de réduire autant que possible l’implication d’autres fonctions
cognitives susceptibles d’interférer avec les capacités de théorie de l’esprit.
La charge cognitive imposée en mémoire de travail est réduite au maximum puisque le matériel et la question
sont visibles sur une même page lorsque le sujet répond.
- la 1° partie de l’histoire décrit une situation matérielle ou interpersonnelle dans laquelle un personnage X
prend connaissance d’un certain nombre d’informations.
- dans la 2° partie, à l’insu du personnage, la situation évolue.
- la 3° partie présente la situation dans laquelle la croyance du personnage X est désormais erronée.
La première tâche proposée au participant est celle de fausses croyances dans laquelle la question porte sur
la croyance d’un personnage qui ne possède pas tous les éléments de la réalité (par exemple, « Que croit
Marc » ?).
La réponse correcte est dictée par cette méconnaissance de l’évolution du monde (« Il pense que Lea est
en retard »).
La réponse incorrecte correspond, quant à elle, à la réalité et donc à la perspective du participant qui a
connaissance de toutes les informations (« Linda a eu un accident »).
Le participant doit alors faire abstraction de ce qu’il sait pour répondre correctement.
Aucun feed-back ne lui est donné quant à la qualité de ses réponses.
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Exemples d’histoires fondées sur le paradigme de fausse croyance.
Exemple de fausse croyance de 1° ordre :
1° dessin : Marc et Lea se donnent rendez-vous à 19h pour aller dîner.
Marc, qui connaît bien Lea, lui demande de ne pas être, pour une fois, en retard.
2° dessin : En se rendant au rendez-vous, Lea a un accident.
3° dessin : Marc est à I’heure au rendez-vous. II s’impatiente car Lea n’est toujours pas là.
Condition expérimentale
Que croit Marc ?
- Que Lea a eu un accident
- Que Lea est en retard comme d’habitude
Condition contrôle
Pourquoi Lea n’est-elle pas encore arrivée au rendez-vous ?
- Parce qu’elle a eu un accident de voiture
- Parce qu’elle est en retard comme d’habitude
Exemple de fausse croyance de 2° ordre :
1° dessin : Un pêcheur sent qu’il a attrapé quelque chose au bout de sa ligne.
2° dessin : Le plongeur voit qu’une botte s’est accrochée à la ligne du pêcheur.
3° dessin : Le pêcheur remonte sa ligne sous les yeux du plongeur.
Condition expérimentale
Si on demande au plongeur ce que Ie pêcheur pense avoir attrapé, que va-t-il répondre ?
- Une botte
- Un poisson
Condition contrôle
Qu'est ce que Ie pêcheur a attrapé ?
- Une botte
- Un poisson
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Exemple de fausse croyance de 1° ordre :
1° dessin : Max range son chocolat dans le placard vert avant d’aller jouer dehors.
2° dessin : Quand Max est sorti, sa mère déplace le chocolat et le range dans le placard bleu.
3° dessin : Max rentre à la maison pour goûter.
Condition expérimentale
Max va-t-il aller chercher son chocolat ?
- dans le placard bleu
- dans le placard vert
Condition contrôle
Où se trouve le chocolat de Max ?
- dans le placard bleu
- dans le placard vert
Exemple de fausse croyance de 2° ordre :
1° dessin : La maman prévient son fils qu’elle part pour le travail et qu’il ne doit pas prendre de bonbons
pendant son absence.
2° dessin : Après être sortie, la maman voit son fils par la fenêtre.
3° dessin : Lorsque la maman revient, le fils a caché les bonbons dans sa poche.
Condition expérimentale
Si on demande au fils si sa mère sait qu’il a pris des bonbons, que va-t-il répondre ?
- oui
- non
Condition contrôle
Le fils a t-il été obéissant ?
- oui
- non
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