Locarno (commune)

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Locarno (commune)
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01/10/2009 |
Locarno (commune)
Comm. TI, chef-lieu du cercle et du distr. du même nom. La commune est située au bord du lac Majeur, sur la
rive gauche de la Maggia; la topographie urbaine est marquée par le centre historique (città vecchia), le
"nouveau quartier" (Quartiere Nuovo, vers le lac) et le quartier de L.-Campagna (vers Solduno). Le territoire
communal s'étend du littoral (209 m d'altitude) jusqu'à la montagne (Monts de la Sainte-Trinité, Brè, Cardada
et Cimetta qui est le point culminant à 1474 m) et comprend une grande partie de la plaine de Magadino (sur
la rive droite du Tessin, depuis les Bolle de Magadino jusqu'à la Monda di Contone). En 1920, L. a cédé à
Gerra Verzasca, Gordola et Lavertezzo les Terricciole promiscue ("petites terres" entre Gordola et Cugnasco),
administrées auparavant en copropriété avec Mergoscia et Minusio. En 1928, L. a fusionné avec Solduno. 807
Leocarni; ancien nom all. Luggarus, Lucarius, Lucaris.
Population de Locarnoa
Année
Habitants
Ancienne paroisse
1591
3 725
1597
3 029
1719
3 515
1769
1 751
1795
1 471
Commune
1801
1 308
1824
1 463
1836
1 572
Année
1850
1870b
1888
1900
1910
1930
1950
1970
1990
2000
Habitants
2 944
2 885
3 430
3 981
5 486
6 575
7 767
14 143
13 796
14 561
En % de la population cantonale
2,5%
2,4%
2,7%
2,9%
3,5%
4,1%
4,4%
5,8%
4,9%
4,7%
Langue
Italien
3 375
3 825
5 117
5 570
6 428
11 408
10 817
11 153
Allemand
37
107
278
883
1 090
2 000
1 604
1 528
Autres
18
49
91
122
249
735
1 375
1 880
Religion, Confession
c
Catholiques
2 938
2 903
3 399
3 893
5 177
5 846
6 887
12 491
11 108
10 179
Protestants
6
1
22
59
178
566
751
1 387
1 310
1 072
17
9
29
131
163
129
265
1 378
3 310
1
3
8
9
32
7
15
8
129
200
139
728
1 167
Autres
dont communauté juive
dont communautés islamiques
d
dont sans appartenance
Nationalité
Suisses
Etrangers
2 425
2 318
2 664
2 513
3 104
4 464
5 980
9 603
9 440
9 430
519
603
766
1 468
2 382
2 111
1 787
4 540
4 356
5 131
a
Données 1850-2000: selon la configuration territoriale de 2000; avant 1930 avec les Terricciole promiscue
b
Habitants: population résidante; religion et nationalité: population "présente"
c
Y compris catholiques-chrétiens de 1888 à 1930; depuis 1950 catholiques romains
d
N'appartenant ni à une confession ni à un groupe religieux
Sources:Auteur; recensements fédéraux
1 - Préhistoire
En 1934, on a retrouvé aux environs de l'actuelle rue San Jorio, une nécropole comprenant quatorze tombes à
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incinération du Bronze récent (XIVe s. av. J.-C. env.). Les urnes, déposées directement dans la terre ou,
parfois, dans des coffres en pierre brute, contenaient, outre les ossements incinérés, des objets de bronze
partiellement abîmés par le feu (bracelets ouverts, épingles à tête conique et au col légèrement renflé,
anneaux et couteaux). Une urne de type similaire a été trouvée dans la localité de San Antonio, où existait
aussi, semble-t-il, un cimetière. Les céramiques comme les objets en bronze appartiennent à la culture de
Canegrate, du nom de la grande nécropole de la province de Milan. Il n'y a aucune trace d'habitat en relation
avec ces tombes.
Après un intervalle de près de mille ans, pour lequel il ne reste aucun témoignage archéologique, la nécropole
de Solduno, explorée plusieurs fois à partir de 1935, présente plus de 200 tombes datant de la période
comprise entre le second âge du Fer et le IIIe s. apr. J.-C. Le mobilier funéraire de l'âge du Fer (en particulier
des IIIe-Ier s. av. J.-C.) est composé notamment de fibules de type celtique qui témoignent d'un apport ethnique
en provenance du nord des Alpes. La céramique en revanche conserve un caractère autochtone que l'on peut
rattacher à la culture de Golasecca, typique de la région tessinoise et de la Lombardie occidentale.
Auteur(e): Rosanna Janke / DW
2 - De l'époque romaine au XVIIIe siècle
Entre 1946 et 1949, on a retrouvé dans la vieille ville quelques sépultures en relation avec la nécropole située
sur la terrasse entre les églises Santa Maria in Selva et Saint-Jean-Baptiste à Solduno. L'habitat de L. était
situé entre le vicus romain de Muralto et cette nécropole; beaucoup de traces ont été effacées par de
nombreuses constructions et par les travaux agricoles. En 1995 et 1997, cinquante-sept tombes, dont dixneuf de l'époque romaine, ont été mises au jour dans la rue Vallemaggia; elles confirment la présence, au
IIIe s. encore, des deux rites funéraires: à crémation et à inhumation. On a retrouvé aussi d'importants objets
en verre. La nécropole romaine fait suite à celle du second âge du Fer et a été utilisée du Ier au milieu du IIIe s.
ap. J.-C. La romanisation du Locarnais n'a pas fait disparaître, ni remplacé, la culture locale, mais l'a enrichie
de nouveaux éléments. L'existence d'une classe dirigeante romaine en opposition avec la population locale
semble pouvoir être exclue. A côté des éléments romains, des matériaux et des traditions autochtones ont
persisté, même dans les riches mobiliers.
L. est citée pour la première fois dans un contrat privé de 807. On suppose que, dès l'époque romaine, la ville
possédait un marché dans la zone du port, ce qui avait favorisé la constitution d'une cour royale, attestée en
866 et dirigée par un gastaldus qui possédait des biens dans plusieurs localités de la région. Depuis l'époque
lombarde (après 569), la localité fit partie du comté de Stazzona, puis de la marche de Lombardie, créée par
Guy de Spolète. L'existence d'une communauté de L. et Ascona est attestée depuis le haut Moyen Age: elle
était constituée de vicinanze qui géraient des biens communs (alpages, pâturages, forêts, églises) et qui
avaient leurs propres officiers du fisc et de la police. Au Xe s., le pouvoir se concentra toujours plus entre les
mains de l'archevêque de Milan, aux dépens des prérogatives impériales; pour entraver cette expansion,
l'empereur Henri II annexa L. et sa région au diocèse de Côme (1002/1004).
En 1164, Frédéric Ier Barberousse octroya un nouveau privilège de marché à L. et, en 1186, accorda
l'immédiateté impériale à ses habitants. Cette dernière, qui favorisait l'autonomie locale et la consolidation
d'organismes communaux, contribua au développement d'une structure dualiste dans le bourg avec l'érosion
progressive des droits de la noblesse au profit de la corporation des bourgeois. En 1224, celle-ci obtint sa
propre administration, avec jouissance des droits de marché et de pesage et la gestion des moulins et des
pâturages aux Saleggi, à Colmanicchio (alpe Vignasca) et dans la plaine près de Magadino et de Quartino. L.
était le centre administratif de la pieve (grande paroisse) du même nom. Le podestat résidait dans la maison
de la Gallinazza, incendiée vers 1260 à la suite des heurts entre guelfes et gibelins auxquels prirent une part
active quelques familles nobles de L. (Capitanei di Locarno, Simone Orelli). En 1342, Luchino et Jean Visconti
conquirent la région qui retourna dans la zone d'influence de Milan; en 1439, L. devint un fief du comte
Franchino Rusca.
La domination des Rusca prit fin en 1503, lorsque les Suisses occupèrent le Locarnais et cherchèrent sans
succès à conquérir le château Visconteo. Après la bataille de Novare (1513), le roi de France Louis XII céda le
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château aux Suisses qui, avec la paix de Fribourg (1516), obtinrent tout le Locarnais. Les cantons souverains
exerçaient leur autorité par l'entremise d'un bailli ou commissaire, nommé à tour de rôle, qui détenait la
juridiction civile et criminelle; ce n'est que dans les procès de haute justice qu'il fut assisté dès 1578 par sept
juges élus par la communauté (tribunale del malefizio). A son entrée en charge, le bailli jurait fidélité aux
statuts de la communauté. Il était secondé par un lieutenant autochtone; un procureur fiscal, généralement
membre de la communauté, était préposé aux affaires criminelles et au recouvrement des amendes. Le
passage à la domination des XII cantons eut des répercussions sociales et politiques. A côté de la corporation
des nobles (membres des trois anciennes familles Orelli, Muralto et Magoria) et de celle des bourgeois
(familles originaires du lieu), un groupe d'habitants, domiciliés depuis longtemps à L., put former une nouvelle
corporation, celle des propriétaires terriens. La ville fut dirigée dès lors par le Conseil du bourg (Magnifico
Consiglio), où les trois corporations étaient représentées. La prééminence du bourg sur les villages de la
région fut manifeste jusqu'en 1798: les trois corporations nommaient douze membres du Conseil de la
communauté (six nobles, quatre bourgeois et deux propriétaires terriens) alors que huit membres seulement
représentaient les communes situées hors les murs.
Le bourg médiéval de L. s'était formé au carrefour des rues Cittadella et San Antonio, et s'étendait jusqu'au
pied de la montagne et aux abords du château. Quelques habitations se trouvaient au bord du lac; au-dessus
du quartier Borghese, se trouvait un autre quartier, plus petit et populaire, construit comme les villages
agricoles des alentours. Des maisons nobles et bourgeoises, dotées de grandes cours et de jardins, étaient
situées dans le centre de la ville; les notables possédaient de petites maisons de campagne près des vignes,
sur les collines au-dessus de L., et des fermes dans la campagne de Solduno et jusqu'à Cugnasco. Au bas
Moyen Age encore, le bourg, en particulier la "citadelle", semble avoir été surtout aux mains des nobles. Les
constructions des XVIIe et XVIIIe s. (maison Simona, XVIe-XVIIIe s.; Casa Rusca, première moitié du XVIIIe s., auj.
siège de la pinacothèque communale; Casa del Negromante) ne modifièrent pas profondément le tissu urbain
précédent; L. s'étendit cependant en direction du torrent Ramogna (Muralto).
Au Moyen Age, l'économie du bourg et de toute la région était étroitement liée aux privilèges des nobles qui
jouissaient de droits de marché, de pêche, d'alpage et de pâturage et qui percevaient la dîme; dès le XIIIe s.,
une partie de ces privilèges fut cédée aux bourgeois. Dans les collines on cultivait la vigne, dans la plaine
surtout les céréales et les légumes, dans le bourg les fruits. En ville, il y avait des boutiques et une activité
artisanale. Les zones riveraines souvent inondées et les alpages étaient réservés au bétail. A l'époque
moderne, L. devint un centre de commerce florissant, le long d'une importante voie de communication reliant
la Lombardie aux principales villes suisses et allemandes. Des marchandises importées de Lombardie et du
Piémont (céréales et sel surtout) arrivaient à L. et dans sa région; à l'inverse, la localité et son arrière-pays
(spécialement le val Maggia) exportaient par le lac d'importantes quantités de bois et de bétail vers l'Italie.
La population de L. diminua fortement au XVIe s. à la suite de l'exil des protestants et, surtout, des épidémies
e
de peste (1576-1577). Après avoir augmenté à nouveau au XVII s., le nombre des habitants se réduisit
considérablement au XVIIIe s.
Dès le haut Moyen Age, plusieurs châteaux sont attestés; l'un d'eux fut détruit par les Milanais en 1156. Un
autre, appelé château des Orelli, dont l'existence est prouvée en 1210, fut conquis et agrandi par les Visconti
après 1342 (de là le nom de Visconteo). Ce château fut détruit par les Suisses en 1531; il n'en resta que la
partie centrale, résidence du bailli (commissaire), qui se dégrada au cours des siècles suivants. De 1804 à
1909, il abrita la préfecture et le tribunal de district; cédé par la suite à la commune, il fut restauré entre 1921
et 1928. Depuis 1920, le château est le siège du Musée civique et archéologique. Des études récentes
attribuent à Léonard de Vinci le projet de la demi-lune (ravelin) de l'édifice, un ouvrage défensif construit pour
protéger l'entrée (1507). Au nord-est du château se trouve la Casorella (maison des Orelli) qui date du XVIe s.
Auteur(e): Rodolfo Huber / DW
3 - La vie religieuse
L'église Santa Maria in Selva (consacrée en 1424 et dont il ne reste plus que le chœur et le campanile depuis
1884) et l'église Sainte-Trinité-des-Monts (consacrée en 1621) étaient placées sous le patronage de la
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corporation des bourgeois; c'était également le cas pour la paroissiale dédiée à saint Antoine abbé. Un
premier édifice fut consacré en 1353-1354. La construction d'une nouvelle église plus grande, située à côté
de l'ancienne démolie par la suite, commença en 1664 (consécration en 1692). Ce sont les marchands de
céréales, réunis en une confrérie de la mort vers la fin du XVIIe s., qui ont contribué le plus à l'enrichissement
de l'église (fresques de la chapelle des morts de Giuseppe Antonio Felice Orelli, env. 1742). En 1816, l'église
reçut les prérogatives et les titres de l'ancienne paroissiale Saint-Victor de Muralto; le transfert de la collégiale
et du chapitre des chanoines à L. est un élément caractéristique de la politique de la ville pour renforcer sa
prédominance régionale même dans le nouveau contexte institutionnel du XIXe s. En 1863, la neige provoqua
l'écroulement d'une travée de l'église (plus de quarante victimes); manquant des moyens nécessaires à la
reconstruction, les bourgeois cédèrent les deux églises Saint-Antoine et Santa Maria in Selva à la commune
(1866). Pour des motifs économiques, l'édifice effondré ne fut jamais complètement restauré; cependant on
reconstruisit la façade, les voûtes centrales et on agrandit le presbytère.
Entre 1863 et 1874, l'église Saint-François remplit les fonctions de paroissiale. Elle avait été fondée, comme
le couvent adjacent, au début du XIIIe s. (première consécration probablement vers 1230). La consécration de
l'église est attestée en 1316; l'édifice fut remanié et agrandi entre 1538 et 1675 en utilisant des matériaux
provenant du château. Les assemblées des nobles et des bourgeois s'y réunissaient; depuis le XVIe s., le bailli
nommé par les XII cantons y prêtait serment. Après 1798, elle abrita les assemblées de la vicinanza, de la
commune et du cercle. Les franciscains furent éloignés en 1814 et l'ancien couvent devint le siège du
gouvernement cantonal de 1821 à 1827. L'église fut fermée au culte de 1848 à 1863, puis en 1874 quand elle
fut transformée en caserne et magasin à sel. Ouverte à nouveau en 1924, elle fut confiée aux bénédictins
pour le culte en allemand; la liturgie fut célébrée par des jésuites de 1947 à 1992. Le couvent fut sécularisé
en 1848; restauré en 1893-1894, il abrita d'abord le collège puis, dès 1930, l'école normale cantonale.
En 1291, les sources mentionnent pour la première fois un couvent d'humiliés; l'église conventuelle (dédiée
comme le monastère à sainte Catherine) date probablement de la moitié du XIVe s. Après la suppression de
l'ordre au XVIe s., l'église et le couvent furent transformés par les corporations du bourg en hôpital, dédié à
saint Charles (liquidation en 1854 en raison de difficultés financières). Au début du XVIIe s., l'église fut
reconstruite (consacrée en 1616); elle était confiée, comme le monastère, aux sœurs augustines.
Après 1535, Giovanni Beccaria, différents notables (parmi lesquels Taddeo Duni) et des exilés ayant fui les
persécutions religieuses à Milan et au Piémont constituèrent à L. une communauté réformée, appelée
christiana locarnensis ecclesia. Pour calmer les tensions qu'elle avait fait naître, une dispute théologique
entre les représentants des protestants et ceux du clergé catholique fut organisée le 5 août 1549. A la fin de
la confrontation, Beccaria fut incarcéré mais, à la suite des protestations suscitées par son arrestation, il fut
immédiatement relâché. Bien qu'en 1550 la communauté de L. se fût déclarée catholique, un groupe
important de partisans de la Réforme continua à pratiquer le culte en privé, tandis que des publications
protestantes étaient diffusées dans le bourg. En 1554, la Diète de Baden imposa aux protestants d'abjurer ou
de s'exiler. Le 3 mars 1555, plus d'une centaine de Locarnais quittèrent la ville pour se rendre à Zurich.
Au XVIIe s., la Contre-Réforme fut à l'origine d'une rénovation générale des églises de L. et de la construction
de nouveaux édifices religieux dont l'église (consacrée en 1604) et le couvent Saints-Roch-et-Sébastien
(sécularisé en 1852) et l'église Notre-Dame-de-l'Assomption, appelée aussi "église neuve", consacrée en
1636.
Auteur(e): Rodolfo Huber / DW
4 - XIXe et XXe siècles
Pendant la République helvétique (1798-1803), L. et son district firent partie du canton de Lugano. Bien que
la commune politique, née en 1803, ait été un organisme autonome, nettement différencié des communes
bourgeoises issues des trois corporations, des institutions d'Ancien Régime continuèrent à fonctionner à L.
jusqu'après 1850. La communauté de L. et Ascona fut dissoute par la loi en 1805, mais pendant plusieurs
décennies l'assistance médicale (instituée en 1667 déjà), l'hôpital Saint-Charles et les écoles annexes furent
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administrés par un "congrès des députés des communes qui constituaient l'ancienne communauté de L." Le
rôle politique et économique des communes bourgeoises diminua cependant progressivement. En 1859, les
propriétaires terriens décidèrent de dissoudre leur corporation et, en 1866-1867, les nobles se répartirent leur
patrimoine et dispersèrent leurs archives (tout en conservant jusque vers 1920 des droits de pêche); seul le
statut de commune bourgeoise a été maintenu par les bourgeois jusqu'à nos jours.
Avec la Constitution de 1814, L. devint, avec Bellinzone et Lugano, l'un des trois chefs-lieux du canton; en
vertu d'une alternance de six ans, L. fut capitale en 1821-1827, 1839-1845, 1857-1863 et 1875-1881. Le
palais du gouvernement fut construit sur l'initiative d'un groupe de notables en 1838-1839 (vendu en 1893 à
des particuliers, il devint le siège du Crédit tessinois et, depuis 1917, de la Société électrique du Sopraceneri).
L. fut à plusieurs reprises le théâtre de heurts caractéristiques de la vie politique cantonale: en 1839 et en
1841, il y eut des révoltes contre le gouvernement; en 1855, un homicide dans un café de la ville servit de
prétexte au coup d'Etat radical (Pronunciamento). La révolution radicale de 1890 ne put modifier l'équilibre
des partis dans la commune: après un syndic radical (1865-1880), L. eut des syndics conservateurs entre
1880 et 1916. Pour rompre l'hégémonie conservatrice, les socialistes, qui avaient une section dans le bourg
depuis 1903, s'allièrent avec les radicaux pour les élections de 1916; à la municipalité (qui comptait alors
neuf membres, réduits à sept en 1987), la majorité passa aux radicaux (les socialistes n'entrèrent à l'exécutif
qu'en 1924). Pendant les décennies suivantes, les radicaux conservèrent la majorité à la municipalité et
furent aussi majoritaires au Conseil communal (qui avait remplacé l'assemblée communale en 1908). La Ligue
des Tessinois est entrée dans les Conseils de la ville en 1992. L'Eco di Locarno parut trois fois par semaine
entre 1935 et 1992; la même année, il fusionna avec l'organe officiel du parti libéral-radical tessinois Il
Dovere pour créer le quotidien La Regione . La Tessiner Zeitung (anciennement Die Südschweiz), le seul
journal publié actuellement en allemand au Tessin, paraît trois fois par semaine depuis 1987.
Au XIXe s., la population de L. augmenta davantage que dans les communes limitrophes; en 1836 déjà, les
immigrés représentaient plus de 16% des habitants. Entre 1860 et 1880, l'émigration vers la Californie fut
l'une des causes principales d'une légère diminution de la population. Pendant les décennies suivantes, les
taux de croissance à L. furent inférieurs à ceux des autres centres tessinois situés sur l'axe ferroviaire du
Gothard.
Après l'exode des protestants locarnais à Zurich (1555), le nombre des réformés à L. resta insignifiant jusque
vers la fin du XIXe s.; à cette époque, une action d'évangélisation, partie notamment de Bâle (comité de la
Société biblique) et qui profita de l'afflux d'ouvriers engagés pour les travaux ferroviaires du Gothard, favorisa
la diffusion du protestantisme aussi à L. Au cours des décennies suivantes, la présence protestante s'affirma
parallèlement à celle d'un nombre croissant de germanophones. Les protestants de L. représentaient moins
de 2% de la population en 1900, 8,7% en 1930 (la même année, ils atteignaient 17,8% à Minusio et 43% à
Orselina), environ 9,7% en 1950 et environ 7,4% en 2000. Le culte en italien, proposé avec toujours plus de
difficultés au début du XXe s., fut supprimé en 1932; ce n'est que dans les années 1960 qu'une prédication en
italien put être proposée à nouveau.
Depuis le XVIe s., après la destruction à Bellinzone du pont sur le Tessin (pont de la Torretta), L. fut
relativement difficile d'accès. La remise en état du passage en 1813-1815 contribua à sortir le bourg de son
isolement par rapport au trafic alpin et favorisa ainsi son développement démographique et urbain. Dans le
même ordre d'idées, il faut souligner d'abord la construction de la route cantonale carrossable Bellinzone-L.
(1805-1825) et celle du pont sur la Maggia (1815-1816; à demi-détruit quelques années plus tard par une
inondation et reconstruit en 1887). Les débuts de la navigation à vapeur sur le lac Majeur (1826),
l'inauguration du chemin de fer L.-Bellinzone (1874, gare à Muralto) et l'ouverture du tunnel du Gothard
(1882) furent d'une importance primordiale. Dans la ville, les changements les plus notables de cette période
concernent la transformation de la place principale (Piazza Grande), pavée en 1825-1826 et reliée au lac par
un canal (naviglio), et la construction d'un nouveau port après l'inondation de 1868 (remplacé par un
débarcadère en 1911-1914).
Pour L. et sa région, les années 1870 marquèrent le début de l'industrie hôtelière (Grand Hôtel Locarno à
Muralto, 1874-1876) et celui du tourisme, favorisé par de meilleures communications vers le nord, vers la
Lombardie et le Piémont. Au début du XXe s. apparurent, sur les Monts de la Sainte-Trinité, les premières
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maisons de vacances privées, appartenant surtout à des ressortissants allemands. C'est une société privée
qui introduisit en 1875 l'éclairage et le chauffage au gaz; l'entreprise fut municipalisée en 1905. Celle de
distribution d'eau potable (1899) fut rachetée par la commune en 1904, année de la construction de la
centrale hydroélectrique de Ponte Brolla. Le funiculaire L.-Madonna del Sasso (comm. Orselina) fut inauguré
en 1906, le chemin de fer L.-Ponte Brolla-Bignasco en 1907 et le tram de la ville l'année suivante (remplacé
par des bus dans les années 1970). Le chemin de fer L.-Domodossola, qui relie le Gothard au Simplon, fut
ouvert en 1923. En 1925, L. fut le siège d'une conférence internationale pour la paix, qui s'acheva par la
confirmation des frontières entre la France et l'Allemagne, établies par le traité de Versailles. Elle eut pour
effet de faciliter l'entrée de l'Allemagne dans la Société des Nations et favorisa une période de détente en
Europe qui s'acheva, en 1936, par la violation du traité de L. par Hitler.
La Maggia fut canalisée entre 1891 et 1907. Le plan d'aménagement du Quartiere Nuovo sur le delta fut
adopté en 1898; le modèle orthogonal incarnait un idéal positiviste déjà réalisé dans plusieurs villes d'Europe.
La construction de bâtiments ne se développa dans le quartier qu'après 1918. A côté de petites villas
(remplacées plus tard par de plus grands immeubles), s'implantèrent des installations artisanales et
industrielles, notamment celles de Swiss Jewel (1911), fabrique de pierres fines d'horlogerie qui fut pendant
longtemps la plus grande industrie du Locarnais (transférée depuis 1990 à Tenero). De cette période datent
également la fabrique de chapeaux (1916, démolie) et celle de limonades (1920). La zone de passage entre le
Quartiere Nuovo et la Piazza Grande a été radicalement transformée pour faire face aux exigences du trafic:
construction du pont pour Ascona dans les années 1970, du tunnel Mappo-Morettina (1996) et du giratoire de
la Piazza Castello (1997-2000). Les changements démographiques, urbanistiques et structuraux de la ville, au
cours de la seconde moitié du XXe s. surtout, se reflètent dans la répartition des activités professionnelles de
la population: en 2000, le secteur tertiaire offrait environ trois quarts des emplois, le secondaire environ un
cinquième, alors que le primaire avait pratiquement disparu. Plus de la moitié des personnes actives dans la
commune étaient des navetteurs venant de la région et des localités limitrophes.
Le territoire communal dans la plaine de Magadino, en grande partie propriété des bourgeois, a été utilisé
jusqu'après 1850 pour l'hivernage du bétail; à l'instar du Quartiere Nuovo et de la Piazza Grande, il est
souvent inondé. Les destructions provoquées par le torrent Ramogna sont attestées en 1556 et 1558; plus
récemment, la ville subit la très grave inondation de 1868, puis celles de 1907, de 1978 et le débordement du
lac en 1992 et en 2000. L'inondation de 1868 créa de nombreuses zones marécageuses qui favorisèrent la
recrudescence de la malaria. En 1885, on canalisa le Tessin et la plaine fut assainie; dotée entre 1920 et 1930
d'un réseau de chemins agricoles, elle put être cultivée. L'aérodrome fut inauguré en 1939. Reprenant une
idée née à la fin du XIXe s., on projeta entre 1930 et 1960 un port franc (terminus d'une voie navigable L.Venise), autour duquel aurait dû se développer une vaste zone industrielle. Malgré l'abandon du projet, un
nombre croissant de complexes industriels se sont installés dans la plaine à partir des années 1980. Depuis
1982, les Bolle de Magadino sont protégées au niveau international (convention de Ramsar).
La ville est un centre régional et le siège de diverses infrastructures scolaires, sanitaires et culturelles dont
profitent aussi en partie les communes et les régions limitrophes. C'est une initiative privée qui est à l'origine
de la première école enfantine de L. en 1846. La première école secondaire (maggiore) pour jeunes filles du
canton fut ouverte dans la commune en 1854 (installée dans le palais du gouvernement). L'école normale des
instituteurs fut créée en 1878 dans l'ancien couvent Saint-François; en 1881, l'école normale des institutrices
fut transférée de Pollegio à L. En 1930, la fusion de ces deux institutions donna naissance à l'école normale
cantonale; en 2002, cette dernière forma, avec l'institut pour l'habilitation, la haute école pédagogique. Le
gymnase cantonal fut ouvert en 1973. L'hôpital régional de L. (La Carità), fondé par la commune en 1872 à la
suite de la faillite et de la fermeture de l'hôpital Saint-Charles, fut cédé en 1972 à l'organisation cantonale des
hôpitaux publics. Le théâtre fut inauguré en 1902, agrandi en 1908 et transformé en Kursaal-Casino en 1910
(Grand Casino L. depuis 2003). La première édition du Festival international du film de L. eut lieu en 1946.
Cette manifestation qui, depuis 1971, transforme la Piazza Grande en une grande salle de cinéma à ciel
ouvert, est non seulement le principal événement culturel et touristique de la ville, mais aussi le festival de
cinéma suisse le plus important et l'un des principaux au niveau européen.
Auteur(e): Rodolfo Huber / DW
Références bibliographiques
Fonds d'archives
URL: http://www.hls-dhs-dss.chF2108.php
© 1998-2017 DHS: tous les droits d'auteur de cette publication sont réservés au Dictionnaire historique de la Suisse, Berne. Les textes sur
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