Une interface Nord / Sud : l`espace méditerranéen

Transcription

Une interface Nord / Sud : l`espace méditerranéen
Une interface Nord / Sud : l’espace méditerranéen.
Les différences de développement existant entre les pays du Nord et les pays du Sud sont à l’origine d’échanges
importants entre les deux ensembles mais aussi de tensions. Ces échanges et ces tensions sont particulièrement forts dans
les espaces où les deux mondes se rencontrent, c’est-à-dire au niveau de leurs interfaces. L’espace méditerranéen
rassemble les Etats baignés par la mer Méditerranée et sépare l’Union Européenne, appartenant au Nord, des PSEM (Pays
du Sud et de l’Est méditerranéen), appartenant majoritairement (sauf Israël) au Sud, constitue un exemple d’interface
entre le Nord et le Sud.
L’espace méditerranéen constitue-t-il une zone de fracture ou d’échanges entre le Nord et le Sud ? La Méditerranée
constitue-t-elle un atout pour le renforcement de la puissance de l’Union européenne et pour le développement des
PSEM ?
Les pays méditerranéens disposent d’une identité commune mais présentent aussi de fortes divergences. Cette
situation est à l’origine de flux importants entre les deux rives qui ont des conséquences sur le développement des
différents Etats de la Méditerranée.
I. Une ou plusieurs Méditerranée ?
Les rives de la Méditerranée présente à la fois des caractéristiques communes et de fortes différences. Ces dernières
sont à l’origine de fortes tensions.
A. Le monde méditerranéen : Mare nostrum
Le monde méditerranéen présente une unité naturelle et une unité historique.
1.
Une unité naturelle
Le premier élément qui caractérise le monde méditerranéen est évidemment la mer qui constitue son centre. Il s’agit de
la plus grande mer intérieure du globe (2,5 millions de km²). Elle s’étend sur 4 000 km d’est en ouest et sur seulement 15
à 350 km du nord au sud. Le deuxième élément caractéristique du milieu méditerranéen est la présence importante des
montagnes qui constitue un cadre tout autour de la mer Méditerranée (33% du territoire italien, 44% des Balkans, 75% du
Maroc). Ces montagnes constituent trois péninsules qui divisent la mer en bassins secondaires (mers Adriatique,
Tyrrhénienne, Egée…).
Un troisième élément permet d’unifier le monde méditerranéen, il s’agit du climat du même nom. Celui-ci se
caractérise par une forte sécheresse estivale, par d’importantes précipitations en automne et au début du printemps, par
une faible amplitude thermique. Cependant, ce climat connaît des dégradations dans les zones montagneuses ainsi que
dans les zones arides ou semi-arides du sud et de l’est. Le climat méditerranéen impose de fortes contraintes donnant
naissance à une végétation particulière adaptée à lui, composée de garrigues et de maquis ; les forêts sont elles dominées
par des espèces xérophiles.
Pour finir, les terres bordant la Méditerranée se caractérisent aussi par une forte exposition à des risques naturels. Le
climat expose les populations à de fortes sécheresses pouvant dépasser une année mais aussi à de violentes précipitations,
en particulier les épisodes cévenoles (Gard en 2002 : 694 mm/m² en 24 h, soit un an de précipitations à Paris ; Tunisie :
90% du total annuel en un épisode pluvieux). A ces risques climatiques, s’ajoutent des risques tectoniques forts (séismes,
éruptions volcaniques, raz-de-marée).
2.
Une unité historique
La Méditerranée est le berceau des trois religions monothéistes et de grandes civilisations qui ont largement marqué
l’histoire du bassin. Entre 12 000 et 6 000 avant J. -C., pendant le Néolithique, le bassin est occupé par la même
civilisation rurale. Ensuite, la partie est du bassin va se développer avec l’apparition des civilisations égyptienne,
mésopotamienne, phénicienne. Puis, vient le tour de la civilisation grecque qui, par sa colonisation, va essaimer de
nombreux comptoirs à travers le bassin, répandant ainsi sa civilisation. Enfin, l’Empire romain unifie l’ensemble du
bassin autour d’un même système politique puis autour d’une même religion, le christianisme. Après la période de
l’Antiquité qui a fait de la Méditerranéen un centre majeur du monde, les périodes suivantes ont vu se développer aussi
des influences fortes. Ainsi, au Moyen Age, vont se succéder des empires régionaux (arabe, byzantin) puis la domination
occidentale avec le développement des échanges, pacifiques ou belliqueux, entre les diverses civilisations. Cette période
permet le développement des grandes cités portuaires italiennes (Amalfi, Naples, Pise, Venise, Palerme). A l’époque
moderne, l’empire ottoman contrôle tout le bassin, si ce n’est sa partie nord-ouest. Au XVIIIe siècle, la Méditerranée
devient une périphérie quand s’intensifient les échanges avec les Amériques. Pour finir, à l’époque contemporaine, la
colonisation européenne place le bassin sous la tutelle européenne et le creusement du canal de Suez (1869) lui rend une
place importante dans les échanges commerciaux.
Ces influences successives ont donné naissance à certains points communs. Ainsi, le bassin se caractérise par une forte
urbanisation, par l’utilisation de l’écriture et par la mise en place précoce de structures étatiques. De plus, les civilisations
1/7
méditerranéennes se caractérisent par une mise en valeur complémentaire des plaines, des montagnes et des forêts ainsi
que par le développement des échanges commerciaux.
La Méditerranée présente donc une certaine unité physique et historique que l’on pourrait illustrer par l’importance de
l’eau dans l’ensemble du bassin. Cependant, derrière cette apparente unité, de fortes différences existent.
B. De fortes différences.
La Méditerranée présente des clivages économiques, démographiques donc de développement.
1.
Des clivages économiques forts et…
Globalement, la Méditerranée est coupée entre une rive nord riche et une rive sud pauvre. En effet, il existe un rapport
de 1 à 5 entre les revenus réels des habitants de la rive sud et de la rive nord. Le PIB/hab. des pays du nord-ouest est, en
moyenne, deux fois supérieur à celui des PSEM
La rive nord intègre des pays comme la France et l’Italie appartenant au G8 ; des pays comme la Grèce, le Portugal et
l’Espagne qui ont connu une forte croissance économique dans les années 80 après leur entrée dans la CEE. Ces pays sont
fortement intégrés dans le commerce international grâce au marché commun qui a permis le développement des échanges
et la croissance économique. Ainsi, le Nord de la Méditerranéen représente 12% du commerce du commerce mondial. Il
fournit les 9/10e du PNB méditerranéen. Cependant, cette rive nord présente aussi des inégalités ainsi les pays des
Balkans sont particulièrement en retrait en raison de la transition économique (Albanie) qu’ils ont traversé après la chute
des régimes communistes mais aussi à cause des conflits ethniques que certains ont connu (ex-Yougoslavie). Cependant,
l’ouverture de l’Europe vers la péninsule balkanique (intégration de la Slovénie en 2004) laisse entrevoir des possibilités
de progrès.
La rive sud présente une forte disparité même si, en moyenne, il s’agit de la rive la plus pauvre. Ainsi, la rive sud
représente 3% du commerce mondial. Israël présente un niveau de vie proche de celui des pays méditerranéens de l’UE.
La Turquie constitue une réelle puissance industrielle qui s’est profondément réformée pour intégrer l’UE. L’Algérie et la
Libye bénéficient d’une rente pétrolière importante. D’autres Etats se développent en exerçant des rôles de plates-formes
financières, comme Malte ou Chypre, ou commerciale comme le Liban. La Tunisie et le Maroc tentent de développer une
industrie de main-d’œuvre travaillant pour l’Europe. Malgré cette diversité de voie de développement, de nombreux
éléments montrent la pauvreté des PSEM. Ainsi, en Algérie et au Maroc, 15% de la population vit avec moins de deux
dollars par jour. En Egypte, ce chiffre atteint 44%.
2.
…des clivages démographiques importants…
Entre les deux rives de la Méditerranée, on observe des dynamiques démographiques divergentes. Ainsi, la population
des pays méditerranéens de l’UE a augmenté de 30% en 50 ans contre une augmentation de 150% pour la population des
PSEM. Cette opposition est due au fait que l’UE a fini sa transition démographique alors que les PSEM la traverse. Ainsi,
malgré une baisse de la natalité (passage de 5,9 enfants par femme en 1975 à 2,6 enfants par femme en 1999, en Tunisie ;
Turquie taux de fécondité divisé par 2 en 40 ans mais croissance de 1 millions d’habitants par an), la croissance
démographique dans ces Etats reste forte. Le Maghreb comptera 250 millions d’habitants en 2050 et près de 500 millions
d’habitants à la fin du XXIe siècle. Elle se traduit par une forte proportion de jeunes (45% de moins de 15 ans en Syrie) et
par un rythme de doublement rapide (entre 50 et 25 ans) renforcé par la jeunesse de la population. A l’inverse, les pays du
bord connaissent un vieillissement de leur population conduisant même leurs taux de mortalité à dépasser ceux des
PSEM. Ainsi, alors que le doublement de la population se fera en 24 ans pour la Syrie, il faudra attendre 7 000 ans pour
l’Espagne.
3.
…donc des écarts de développement marqués.
On observe en Méditerranée des contrastes importants de développement quelque soit l’indicateur retenu (IDH, taux
d’équipement en portable…).
Ainsi, le Nord-ouest rassemble des pays au développement très élevé (IDH > 0,8 pour le Nord-Est, >0,9 pour le NordOuest) alors que les PSEM présentent des développements moyens (IDH entre 0,5 et 0,8). Ainsi, la moitié des PSEM sont
au-delà du 50e rang dont 30% au-delà du 100e rang (Algérie 107e ; Maroc 126e, Egypte 120e). Cependant, cette opposition
nord / sud est à nuancer avec la présence d’Etats comme Israël, Chypre ou Malte parmi les pays développés et des pays
l’ex-Yougoslavie et de l’Albanie parmi ceux en voie de développement.
D’autres critères montrent aussi ces écarts de développement. L’espérance de vie à la naissance est de 78 ans dans UE
contre 66 en Egypte. On rencontre plus de 20% d’analphabètes dans les plus de 15 ans dans les pays du sud. Les 2/3 des
femmes adultes sont analphabètes. 20% des habitants de l’Algérie, du Maroc, de l’Egypte ou de la Turquie n’ont pas
accès à l’eau potable ; ce chiffre atteint même 28% en Libye. Enfin, l’agriculture occupe une large part dans l’économie
des PSEM : 40% des actifs en Egypte et au Maroc, 25% en Turquie et en Tunisie.
Ces différences s’accumulent et renforcent les écarts entre les deux rives. Ainsi, les pays européens produisent 86%
des richesses en Méditerranée alors qu’ils ne rassemblent que 45% de la population méditerranéenne. Vers 2030, ils
2/7
produiront 90% de ces richesses mais ne constitueront plus que 30% des habitants de la Méditerranée. Ces écarts
croissants sont, entre autres causes, à l’origine de fortes tensions.
C. Une zone de tensions.
La Méditerranée constitue un des foyers majeurs de tensions dans le monde. Ces tensions peuvent être d’origine
culturelle, politique ou hydrique.
1.
Les tensions culturelles et politiques.
La longue histoire de la Méditerranée est à l’origine de six grands ensembles culturels. Au nord, on peut distinguer un
arc occidental catholique romain, un monde gréco-balkanique orthodoxe et un monde turc. Au sud, on rencontre trois
variantes de la civilisation arabo-musulmane au Maghreb, au Proche-Orient et dans le monde égyptien. Ces ensembles
n’empêchent pas l’existence de nombreuses minorités plus ou moins bien intégrées. Ces clivages culturelles et ceux
observés dans la partie précédente sont à l’origine de nombreux points chauds : contestation de frontières (conflit israélopalestinien, Algérie et Maroc pour le Sahara occidental), guerres civiles (Yougoslavie, Chypre), terrorisme intégriste
musulman, autonomisme et séparatisme (Kurdes en Turquie, Kabyles en Algérie, Basques en France et en Espagne,
Corses, Catalans) auxquels s’ajoute la, proximité des zones de tension caucasienne (Tchétchénie) et moyen-orientale
(golfe Persique).
A ces tensions propres aux pays méditerranéens, on ajoutera l’intervention de puissances extérieures comme la Russie
mais surtout les Etats-Unis qui cherchent à concurrencer l’Europe par la présence de leur VIe flotte en Méditerranée et les
nombreuses bases de l’OTAN.
2.
Les hydroconflits
L’insuffisance des ressources en eau renforce les tensions à l’intérieur du bassin. Ainsi, on observe une réelle
compétition entre nations pour le contrôle des ressources en eau (fleuves, nappes phréatiques…). A l’intérieur des Etats
des tensions existent. De nombreuses villes du sud connaissent des pénuries chroniques provoquant exaspération et
violences. Des conflits internes opposent, en Espagne ou en Grèce, les régions déficitaires aux régions excédentaires.
Enfin, symbole extrême des inégalités nord-sud, la rive nord possède 1 060 km3 pour 187 millions d’habitants alors que la
rive sud ne dispose que de 154 km3 pour 170 millions d’habitants et dont le nombre va doubler d’ici 30 ans.
Malgré une apparente unité, la Méditerranée est avant tout une interface, un lieu de rencontre entre deux mondes, entre
le Nord et le Sud. Cette situation en fait un espace de contact.
II. Un espace de contact mais des flux dissymétriques.
En Méditerranée, les flux dominants sont des flux humains et économiques.
A. Les flux de populations
La Méditerranée est un « espace-mouvement » selon Braudel. Les invasions, les guerres, la colonisation ont provoqué
des mouvements à l’origine de la complexité ethnique actuelle et faisant de la Méditerranée un des espaces avec les flux
migratoires les plus intenses. Dans le bassin méditerranéen, on peut opposer deux types de flux humains : des flux
migratoires plus ou moins définitifs et des flux touristiques temporaires.
1.
flux migratoires
A partir du XVIIIe et jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, ce sont des flux Nord – Sud qui dominent. Ces flux sont
essentiellement dus à la colonisation, en particulier au Maghreb. Cependant, on observe les premières migrations Sud –
Nord. Ainsi, en 1902, les premiers kabyles viennent s’installer à Marseille à la demande de la France.
Après 1945, les mouvements Nord – Sud se réduisent fortement cédant la place à d’importants mouvements Sud –
Nord. En effet, l’Europe est en forte croissance économique (« Trente Glorieuses ») mais présente une démographie
stable voire régressive, il est donc nécessaire de trouver de la main-d’œuvre pour répondre à la demande et permettre la
reconstruction de l’Europe. Cette situation provoque un afflux de travailleurs à la recherche de meilleures conditions de
vie. L’Europe occidentale a ainsi reçu 10 millions d’étrangers entre 1950 et 1973. Ces migrations constituent, du point de
vue du Sud, un exutoire pour le trop-plein démographique et une alternative au sous-emploi.
A partir de la crise des années 70, la récession économique provoque un durcissement des politiques d’accueil en
Europe, par la mise en place de réglementations plus strictes. Cependant, l’absence de réelle collaboration entre les pays
d’Europe rend difficile le contrôle des mouvements migratoires. Ainsi, 80 000 à 100 000 personnes par an s’installent
depuis 1970 en France, surtout grâce au droit d’asile et au regroupement familial. Ce durcissement provoque aussi le
développement de l’immigration clandestine. 45 000 Marocains tentent chaque année de rejoindre clandestinement
l’Europe en prenant de gros risques pour leur vie. Les années 70 coïncident aussi avec de nouvelles logiques
migratoires avec le développement des flux migratoires vers les pays pétroliers (Libye, Moyen-Orient) enrichis par les
chocs pétroliers, avec une inversion des flux des pays d’Europe du Sud (Espagne, Italie, Grèce ; 1/3 des étrangers en
3/7
France, Allemagne et Belgique appartiennent à l’Europe du Sud) qui se sont développés suite à leur entrée dans la CEE,
avec enfin l’apparition de nouveaux flux liés à l’effondrement du communisme dans les Balkans et aux guerres civiles
que cette région a connues.
Le Nord de la Méditerranée accueille donc de fortes minorités des PSEM (Turquie et Egypte : 2,5 à 3 millions ;
Maroc : 1,3 millions ; Algérie et Jordanie : 800 000 ; Tunisie : 400 000). Ces migrations s’effectuent en fonction de
solidarités historiques (Turcs en Allemagne, Maghrébins en France et au Benelux, Marocains en en Espagne et en Italie).
Il s’agit essentiellement d’hommes entre 15 et 45 ans, peu qualifiés venant combler des déficits de main-d’œuvre dans les
pays récepteurs. Ils s’établissent essentiellement dans les villes, les régions de tourisme de masse et dans les régions
d’agriculture intensive. Les migrants conservent généralement des liens importants avec leurs pays d’origine. Ces liens
sont à l’origine de flux économiques (les remises des émigrants constituent un des premiers postes de recettes des PSEM,
contrebande) et culturelles (savoir-faire, coopération économique et scientifique). Cependant, ces mouvements
migratoires constituent aussi une perte de substance pour les pays émetteurs, en particulier avec le départ des cadres.
Pour finir, la Méditerranée se place dans des mouvements de transit mondiaux : on y trouve de nombreuses
communautés asiatiques et le Maghreb constitue un lieu de transit vers l’Europe pour les migrants d’Afrique
subsaharienne.
2.
flux touristiques
Avec le développement, dans les années 60, du tourisme de masse, la Méditerranée est devenue la première destination
touristique mondiale avec 30% des flux internationaux (205 millions de touristes en 1999) et 30% des recettes touristiques
mondiales, le deuxième espace de croisière du monde, un lieu de manifestations culturelles de renommée mondiale. Cette
importance du tourisme s’explique par des atouts climatiques et culturels, le nombre importants d’îles, la proximité des
foyers d’émissions et des grandes infrastructures de transport. Les touristes viennent ainsi essentiellement de l’Union
européenne (80%)
Au-delà de cette importance, les flux touristiques sont révélateurs des inégalités observées plus haut. En effet, les
principaux bénéficiaires du tourisme sont les rives de l’Europe développée (Espagne, Italie, France, Grèce). Ces régions
fournissent les 4/5e des capacités d’accueil du bassin, accueillent 170 millions de touristes, soit le ¼ des flux touristiques
mondiaux. L’Espagne et l’Italie, à eux seuls, attirent 50% des touristes méditerranéens. Le littoral oriental du nord
commence à s’affirmer (littoral croate et surtout Turquie).
La massification du tourisme a permis l’intégration des rives sud et est qui se sont donc développés plus tardivement
(Tunisie : hausse de la fréquentation de 225% entre 1990 et 1999, Egypte : hausse de 86%). Aujourd’hui, le Maghreb
accueille 9,5 millions de touristes, le Machrek 7,5 millions et l’est du bassin 12,6 millions. Le tourisme constitue
aujourd’hui la principale source de devises des PSEM permettant à ceux-ci de compenser leur déficit commercial lié aux
importations trop fortes. Il s’agit aussi d’une importante source d’emplois (3,5 millions d’emplois directs et 2,3 millions
d’emplois indirects). Cependant, le tourisme dans les PSEM se concentre surtout dans certains pays (Maroc, Tunisie,
Egypte) dans des stations balnéaires sur le modèle européen (Bodrum en Turquie, Djerba en Tunisie), dans des villes d’art
et d’histoire (Jérusalem, Le Caire, Fès, Istanbul).
Cette concentration importante du tourisme pose de nombreux problèmes menaçant le développement durable de cette
activité. En effet, le tourisme est à l’origine de problèmes environnementaux (surexploitation des littoraux, consommation
d’eau trop importante, risque de « marbellisation ») et crée une dépendance économique forte. En effet, l’activité
touristique est liée à la stabilité politique des pays d’accueil et à la conjoncture internationale.
B. Les flux économiques
Les flux économiques en Méditerranée sont fortement déséquilibrés essentiellement en raison de l’inégal
développement des deux rives. Ainsi, la valeur des exportations de marchandises du Nord méditerranéen est 11 fois plus
importante que celle des PSEM. La production de richesses matérielles est 10 fois plus forte en Europe que dans les
PSEM. Les pays méditerranéens rattachés à l’UE exportent 6 fois plus que les PSEM. De plus, les termes de l’échange
entre les deux rives sont très inégaux : les pays du nord exportent vers le sud des produits agroalimentaires (80% des
céréales, 70% du lait et 100% du sucre consommés en Algérie sont importés), des biens industriels à haute valeur ajouté
tandis que les PSEM exportent vers le nord des produits bruts (hydrocarbures, minerais, produits alimentaires) et des
produits manufacturés à faible valeur ajoutée (textile). Les transports terrestres et maritimes sont orientés en fonction de
ces différentiels économiques (oléoducs et gazoducs de l’Afrique du Nord vers l’Europe, principaux ports au nord-ouest).
La Méditerranée fut longtemps le centre du monde, il fallut attendre le XVIe pour qu’elle devienne une périphérie avec
le développement des échanges transatlantiques. Mais, le percement du canal de Suez, en 1869, lui a redonné une place de
choix dans les échanges internationaux, faisant de l’axe Gibraltar – Suez, un des axes majeurs du commerce mondial. Les
PID méditerranéens sont fortement liés au marché commun et donc au reste de l’Europe, ce qui réduit l’importance de
leurs liens avec les PSEM. Ainsi, le commerce avec les PSEM ne représente que 5% des exportations et 4% des
importations européennes. Cette situation est en partie liée à la « déméditerranéisation » des échanges consécutive à la
décolonisation. De plus, si la Méditerranée constitue une des mers les plus fréquentée du monde avec 30% du trafic
mondial. Mais ces flux concernent assez peu les pays méditerranéens car ils relient essentiellement l’aire pacifique à
l’Atlantique nord. Pour finir, si les PID méditerranéens sont demandeurs des ressources énergétiques du Maghreb et de
4/7
l’Egypte, la crise énergétique des années 70 a provoqué une diversification importante des approvisionnements qui a
encore réduit la dépendance du nord vis-à-vis du sud.
Les économies des PSEM reposent sur l’exportation des richesses du sous-sol (métaux rares en Turquie, phosphate au
Maroc et Tunisie ; hydrocarbures en Algérie et Libye) et sur des industries à faible valeur ajoutée. Ces économies sont
fortement dépendantes du nord. Le Maghreb, la Libye et la Turquie réalisent la moitié de leur commerce total vers
l’Europe méditerranéenne contre 14% vers les Etats-Unis. Le Maroc échange 16 fois plus vers la France que vers
l’Algérie et la Tunisie. Cette dépendance est d’autant plus forte que les économies des PSEM sont souvent mono
exportatrices (90% des exportations de l’Algérie et de la Libye sont des hydrocarbures). Les flux financiers montrent
aussi cette domination du nord sur les PSEM. Les pays européens investissent dans des industries de main-d’œuvre
(textile, habillement, industries électrique et électronique) et dans le tourisme. Cependant, ces investissements sont peu
importants (investissements européens dans les PSEM inférieurs à ceux des Etats-Unis au Mexique, 15 fois inférieurs à
ceux du Japon en Asie orientale) en raison de l’insécurité politique qui prévaut sur l’atout principal des PSEM, une
abondante main-d’œuvre peu coûteuse. Les bourses de valeurs sont peu attractives (hormis Istanbul et Ankara)
compliquant encore l’investissement. A ces flux financiers, s’ajoute le rapatriement des revenus des émigrés : 4 milliards
d’euros au Maghreb, 2,5 milliards d’euros en Egypte ; 40 à 60% du salaire des émigrés est envoyé dans leur pays
d’origine. Les échanges de service sont moins déficitaires grâce au tourisme et à l’impact plus fort des investissements
dans les pays du sud. La dépendance des PSEM vis-à-vis de l’UE tend, cependant, à se réduire avec les investissements
croissants des pays du Golfe Persique et de la Chine dans les PSEM.
L’importance des flux humains, temporaires ou définitifs, et économiques observés en Méditerranée provoque une
évolution de cette interface.
III. L’évolution de l’interface
Les contacts entre les différentes sociétés influencent celles-ci de manière plus ou moins positive. Pour optimiser cette
influence, une collaboration entre les deux rives se met progressivement en place.
A. Changements sociaux
L’évolution démographique des PSEM est à l’origine de profonds changements sociaux. En effet, la transition
démographique se diffuse à partir des villes qui connaissent une croissance forte (Istanbul 3,8% de taux de croissance
annuelle entre 90 et 2000) en raison de l’accroissement naturel et de l’exode rural. Cette croissance rapide bouscule les
sociétés citadines provoquant du sous-emploi, le développement du secteur informel (45% des actifs non agricoles au
Maroc, 65% en Egypte), une crise identitaire de la ville avec une remise en cause des sociabilités et des solidarités
familiales. Les populations les plus touchées par cette situation sont les jeunes et les classes moyennes. Les jeunes, de
plus en plus nombreux, sont alphabétisés mais ne trouvent pas de travail et contestent donc fortement le pouvoir. Les
classes moyennes recherchent la modernisation et la promotion sociale ce que les régimes établis ne peuvent leur
proposer. Il s’en suit donc d’importantes flambées sociales, des mouvements de contestations socioprofessionnelles ou
ethniques. Cette faillite de l’Etat provoque un renouveau des valeurs traditionnelles, un retour du religieux que les
mouvements islamistes ont su exploiter en développant, dans les banlieues pauvres, des écoles religieuses, des institutions
financières et caritatives.
L’accès à l’image des pays riches par la télévision, le cinéma ou les enclaves touristiques renforce cette tension.
L’Europe apparaît comme le nouvel Eldorado, à l’image de l’Amérique du nord et des Etats du Golfe. En effet, les
médias proposent une image idéalisée de l’Occident, stimulant la volonté d’immigration dans une population en désarroi.
Mais, cette image de l’Eldorado peut aussi renforcer un sentiment d’envie vis-à-vis de l’Occident, pouvant tourner à
l’opposition.
Les dangers des relations de fascination - répulsion entre les deux rives ont conduit à la mise en place progressive d’un
partenariat euro-méditerranéen.
B. Evolution des liens nord – sud
La Méditerranée constitue une source d’énergie, de main-d’œuvre pour l’Europe. Les pays riverains partagent la
même mer et donc le même environnement naturel. Les Etats méditerranéens sont tous confrontés à la menace du
terrorisme islamique. Par conséquent, les pays méditerranéens ont compris la nécessité d’assurer un développement
durable du milieu pour maintenir l’activité touristique, d’assurer la liberté de navigation pour permettre le développement
économique du bassin, de développer une collaboration interétatique pour lutter contre le terrorisme. Aussi, une région
économique euro-méditerranéenne, à l’image de l’ALENA, avec d’importants écarts de développement, doit se mettre en
place.
Dès 1957, les Etats de la Ligue Arabe ont projeté de mettre en place une union économique qui n’a jamais vu le jour.
En 1957, lors du traité de Rome fondant la CEE, un projet d’association économique avec la Tunisie et le Maroc est
envisagé. En 1976, la mise en place du Plan Bleu ou PAM (Plan d’Action pour la Méditerranée) a permis l’organisation
d’une coopération scientifique et environnementale destinée à protéger la mer Méditerranée. Par cette convention, la
Méditerranée est devenue une personne morale dotée d’un fonds spécial alimenté par les Etats, d’un exécutif basé à
5/7
Athènes et gérant des centres thématiques. En 1985, la Déclaration de Gènes constitue un accord entre pays
méditerranéens pour la préservation des espèces maritimes. En 1989, la Mauritanie, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la
Libye constituent l’Union du Maghreb Arabe (UMA) destinée à renforcer les liens entre ses membres. Mais son efficacité
est fort réduite. Parallèlement, à ces tentatives d’union, l’ouverture de l’Europe de l’Est a tendance à rendre l’ouverture
vers le sud secondaire. Malgré tout, un rapprochement avec le « sud proche » reste important pour permettre le
développement de nouveau marché. Ainsi, dans les années 90, sont mis en place une union douanière entre l’UE et la
Turquie, des projets de zones de libre-échange entre l’UE, le Maroc et la Tunisie. Dans la même logique, s’est mise en
place une zone de coopération de la mer Noire (Grèce, Turquie, Albanie et pays riverains) pour permettre l’intégration de
l’ancienne zone soviétique au marché méditerranéen.
Le symbole, par excellence, de la coopération euro-méditerranéenne est la conférence de Barcelone des 27 et 28
novembre 1995 qui a formalisé le partenariat entre les deux rives. 27 chefs d’Etat représentant l’UE et les pays tiers
méditerranéens (Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte, Jordanie, Israël, Syrie, Liban, Turquie, Autorité palestinienne et
Mauritanie) se sont réunis pour mettre en place une meilleure coopération économique et sociale afin d’instaurer une libre
circulation des biens, des capitaux, des services et peut-être des personnes en Méditerranée, de mettre en place des
politiques communes ; le tout faisant de la Méditerranée un « bassin pacifié de développement et de coopération ». Ces
objectifs devraient être atteints par l’intensification des relations bilatérales et de la coopération multilatérale.
Ainsi, des accords d’association ont été signés dès 1997 pour créer des zones de libre-échange à l’horizon 2010, avec
le Maroc par exemple (l’UE absorbent 65% des exportations et fournit 60% des importations marocaines). Depuis 95, les
importations de l’UE depuis les PSEM ont augmenté de 110% et ses exportations vers les PSEM de 49%. En 2000, à
Marseille, est mis en place le programme MEDA permettant de financer la coopération et le développement en
Méditerranée (7 milliards d’€ entre 96 et 2000 contre 4,9 entre 92 et 96 ; MEDA II : 12,75 milliards entre 2000 et 2006).
En 2004, se tient la conférence France – Maghreb. De même, de nombreux accords de coopération ont été signés entre
villes ou régions des deux rives du bassin. Cette collaboration doit permettre au sud de retenir ses ressources humaines
pour se développer grâce à l’aide du nord qui apporte son expérience et son aide pour permettre le développement
économique et social du sud. L’UE soutient aussi la démocratisation des régimes politiques des PSEM. Cette politique de
collaboration doit permettre de limiter les migrations et le développement des extrémismes. Concernant les pays de la rive
nord, l’intégration va s’effectuer progressivement en 2004, 2007 et 2010-2015 pour les Etats des Balkans. Pour finir,
même si l’UE fournit de nombreuses aides multilatérales sous forme de dons ou d’aides remboursables, les Etats-Unis
restent les principaux pourvoyeurs de fonds fournissant 40% de l’aide à la région.
L’évolution des liens entre les rives de la Méditerranée est destinée à corriger l’organisation spatiale hétérogène du
bassin.
IV. Un espace contrasté
Le bassin méditerranéen présente deux logiques spatiales : tout d’abord une logique centre-périphérie à l’échelle du
bassin puis une occupation inégale de l’espace, sur toutes les rives.
A. Le modèle centre – périphérie
En étudiant l’organisation méditerranéenne à travers la logique centre – périphérie, les Etats méditerranéens de l’UE
apparaissent clairement comme le centre autour duquel gravitent les autres pays méditerranéens.
1.
Le centre : l’UE méditerranéenne
Les pays méditerranéens de l’UE appartiennent à une aire de puissance mondiale et exerce une domination large sur
l’espace méditerranéen. Cette UE méditerranéenne est formée de l’Arc latin (Italie, France, Espagne) et de la Grèce. A
eux quatre, ils produisent 85% du PIB méditerranéen. Ils concentrent les attributs de puissance dans le bassin : métropoles
dynamiques (Madrid, Barcelone, Toulouse, Marseille, Lyon, Milan, Turin, Gênes, Rome), activités industrielles, aménités
pour les hautes technologies, activités portuaires importantes, agricultures commerciales spécialisées (fruits, maraîchère),
importance du tourisme, richesse et qualité de la ressource humaine, intégration aux marchés mondiaux. De plus, ces
régions sont bien reliées à l’Europe rhénane et au reste de la dorsale européenne, allant de Londres à Milan. A ces pays,
s’ajoutent des pays ayant fraîchement intégré l’UE comme Malte et Chypre (paradis fiscaux et pavillon de complaisance),
la Slovénie ainsi qu’Israël.
Cependant, cette situation peut être relativisée en rappelant que les régions du sud de l’Europe sont plus en retrait que
le reste de l’Europe et perçoivent une part importante des aides communautaires.
2.
Des espaces périphériques plus ou moins intégrées
Sur la rive nord, les PECO ont subi une reconversion économique, des guerres civiles. Malgré la paix imposée par la
communauté internationale, les tensions ethniques restent fortes Ces éléments constituent des freins à l’intégration dans
l’UE et font de ces Etats des périphéries largement soumises à l’UE. La Turquie, associée par un traité de coopération
économique avec l’UE depuis les années 60, a subi des refus systématiques concernant son intégration à l’Europe.
Cependant, pour obtenir cette intégration, elle a fournit d’importants efforts qui ont permis une profonde réforme de
6/7
l’économie avec, en particulier, une libéralisation des pratiques économiques lui permettant de s’ouvrir au commerce
mondial.
Du Maghreb au Proche-Orient, les Etats constituent des périphéries proches pour l’UE qui utilisent l’interface
méditerranéenne pour accélérer leur développement et leur intégration dans la mondialisation. Le Maroc, la Tunisie et la
Turquie s’appuient sur des exportations agricoles, des activités industrielles de main-d’oeuvre et sur le tourisme. La Libye
et l’Algérie s’appuient eux sur les hydrocarbures. Cependant, leurs progrès sont limités face à la croissance
démographique que connaissent ces pays. Ainsi, la manne pétrolière reçue par l’Algérie et la Libye est proche sauf que
l’Algérie est six fois plus peuplée que la Libye.
L’analyse de l’organisation de l’espace méditerranéen peut aussi s’effectuer à une plus grande échelle, à une échelle
locale ou régionale.
B. Une occupation inégale de l’espace
L’espace méditerranéen présente une forte dualité de ses territoires, opposant des aires développées, intégrées au
monde par le tourisme et le commerce, à des espaces délaissés par l’économie moderne.
1.
littoraux attractifs
Les littoraux concentrent l’essentiel des activités et des hommes (100 hab./km²) en Méditerranée. Cette situation
constitue une évolution par rapport à l’ancien caractère répulsif des littoraux. Au Nord, les littoraux sont particulièrement
dynamiques et saturés. Dans les PSEM, le littoral est lui aussi fortement peuplé. Cette situation s’explique par de vastes
campagnes de bonification et d’occupation des plaines littorales. Les plaines littorales ont été assainies pour accueillir des
agricultures performantes (Mitidja, Rharb), des aménagements touristiques, quelques installations portuaires (Arzew en
Algérie). Cependant, si les littoraux méditerranéens sont attractifs, la saturation qu’ils connaissent provoque une forte
dégradation du littoral (manque d’eau, pollution, marbellisation, urbanisation et amaigrissement des plages) et des mers
(appauvrissement des eaux par la pêche excessive ; pollutions domestiques, agricoles, industrielles).
De plus, sur les 25 métropoles méditerranéennes, 15 sont sur le littoral. La Méditerranée rassemble 34 villes
millionnaires, totalisant 110 millions de personnes. Les villes des PSEM sont particulièrement développées. Elles se
caractérisent par un étalement important (Istanbul – 45 km sur 25 km), par des rythmes de croissance élevés (3 à 7%
contre 2% dans le nord ; de 2,5 à 11,6 millions d’habitants en 50 ans pour Le Caire, de 1à 10 millions pour Istanbul), par
la juxtaposition de quartiers très divers et par la dilatation des quartiers décisionnels le long d’axes préférentiels (Tunis,
Le Caire) ou dans des villes nouvelles (Rabat). Ces villes reflètent les tensions sociales et territoriales propres aux PED
(importance de l’habitat spontané, sous-équipement, problèmes d’approvisionnement, congestion des villes, pollution
difficilement maîtrisable). Enfin, leur situation littorale et donc leur rôle d’interface n’apportent pas de réels changements,
seules des grandes mégapoles comme Istanbul et Le Caire peuvent constituer de possible relais de la mondialisation.
2.
Des arrière-pays en crise
A l’inverse des littoraux, les arrière-pays attirent peu les populations et les activités. Dans le nord, l’arrière-pays est en
déprise récente et les activités dominantes sont le pastoralisme et le tourisme vert. Dans le sud, l’arrière-pays est
généralement montagnard ou désertique, il est à l’écart du dynamisme économique et démographique. Il se développe
autour d’îlots de prospérité (montagnes agricoles, oasis, périmètres irriguées, sites d’exploitation pétrolière) et grâce au
tourisme des habitants du nord en mal d’exotisme.
La Méditerranée mêle à la fois les points communs et les différences. En effet, son histoire et son milieu naturel ont
exercé et exerce encore aujourd’hui une profonde influence sur toutes les rives méditerranéennes. Mais, elle constitue
aussi l’un des points de rencontre le Nord et le Sud. Cette situation est à l’origine d’importants flux humains et
économiques qui reposent tous sur un rapport de domination du Nord sur le Sud. L’évolution de ce rapport de domination
va dépendre de la politique de coopération qui va se mettre en place en Méditerranée, pendant le XXI e siècle.
Si les PSEM souhaitent la création d’un ensemble communautaire en Méditerranée, le centre économique régional,
l’UE, lui préférerait une simple zone de libre-échange qui n’aurait pas de répercussions sur le fonctionnement interne de
l’UE.
7/7

Documents pareils