Communiqué de presse / Polka #19
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Communiqué de presse / Polka #19
#19 COMMUNIQUÉ DE PRESSE www.polkamagazine.com Polka Magazine a 5 ans. L’âge de la maturité. D’où ce numéro 19 qui marque une évolution importante. Une manière de fêter notre anniversaire. Outre la pagination qui augmente, la production de reportages qui se développe (plus de 50 % dans ce numéro) et de nouvelles rubriques, l’ensemble du magazine change d’allure et de rythme. Aux trois univers de Polka correspondent trois sections. Polka Image couvre, en ouverture du magazine, la révolution numérique, ses enjeux économiques et ses conséquences sur la vie quotidienne. Dans ce numéro : • Facebook, Instagram, Hipstamatic : les nouveaux outils du reportage photographique. • Aurélie Filippetti : « L’aide à la presse doit profiter au photojournalisme. » « Il faut revoir la loi Guigou. » L’interview du ministre de la Culture. Polka le Mag présente, au cœur du magazine, les récits photographiques d’envoyés spéciaux, les enquêtes, les sujets tendance et de belles histoires. Dans ce numéro : • La crise économique de 1929 à aujourd’hui. Nos reportages à Aulnay-sous-Bois, en Grèce et en Espagne. • Afghanistan : le retour des soldats français blessés. • Cent ans de mode dans les plus grandes publications américaines. Une revue de presse éblouissante. Polk’Art aborde, en fin de magazine, la photographie en tant qu’objet d’art et de culture. Dans ce numéro : • Daido Moriyama : son portfolio exclusif sur New York 2012. Et l’exposition-événement « Daido Moriyama / William Klein » à la Tate Modern de Londres. • Quentin Bajac : de Pompidou au MoMA. L’interview du nouveau patron de la photo à New York. Pour répondre à cette politique éditoriale exigeante, le prix au numéro, inchangé depuis cinq ans, passe de 5 à 5,90 euros. Le prix de la qualité et de la liberté. Alain Genestar Directeur de la publication ci-joint le sommaire, en images, de Polka #19 Polka, Cour de Venise - 12, rue Saint-Gilles 75003 Paris www.polkamagazine.com Presse : Joyce Ashford et Pierre Guerry // +33 (0)1 76 21 41 31 // [email protected] septembre-octobre 2012 polkaimage L’interview d’Aurélie Filippetti polk’art polkalemag 14 Vive la révolution… numérique 18 Lucas Buick, monsieur Hipstamatic 24 A Saint-Brieuc, les sponsors du festival 26 Nuru project, achetez de bon cœur 28 Klynt, le webdoc low cost 30 Portrait de famille à la Paramount 32 Les beaux yeux de Retina 36 La mémoire des feuilles 38 Ron Haviv et les marchands d’armes 40 L’Amérique de Lauren Greenfield 42 Les lauréats de SFR Jeunes talents 42 Patrick Chauvel : tous des transformers 46 art Daido Moriyama, New York 2012 72 polka#19 134 Moriyama-Klein, le choc des titans à la Tate SEPTEMBRE – OCTOBRE 2012 73 158 Photo de mode, une cote mal taillée 160 Avis d’expert et l’agenda du collectionneur Les grands récits photographiques livres 164 Josef Koudelka, à ciel ouvert 170 et aussi © D a i d o M o r i y a m a p o u r Po l k a M a g a z i n e . L’expo Riboud-Weston © B e n L o w y. 162 Tim Walker, le Tim Burton de la photo William Daniels, le parfum des révolutions Brooklyn, juin 2012 Chaque jour, Ben Lowy diffuse sur Instagram une photo prise à l’iPhone avec l’application Hipstamatic. 154 Quentin Bajac : “Le MoMA et moi” 176 180 Greene et Kozyrev à la conquête de l’Est 182 Visions de Deauville 184 Une image, un poème : Yoanis Menge 186 Naissance d’une photo, Petra Sedlaczek 188 Icône, Sebastião Salgado 1986 190 Le carnet visuel de Polka 192 Christian Caujolle : été éternel 194 SEPTEMBRE – OCTOBRE 2012 133 SEPTEMBRE – OCTOBRE 2012 13 La révolution de l’image O Pete Le Souza 74 polka#19 polka livres polka livres Facebook, Instagram, Twitpic Tim Walker Le Tim Burton de la photo Vive la révolution… numérique Depuis des années, il se promène dans son imagination. A 42 ans, Tim Walker est resté un grand enfant. Entre surréalisme et poésie baroque, le photographe britannique donne vie à ses rêves les plus fous et nous emmène au pays des merveilles. Le « New York Times » vaut aujourd’hui moins cher qu’Instagram, racheté un milliard de dollars par Facebook. Après des débuts frileux, la presse et les photoreporters exploitent de plus en plus les réseaux sociaux. Un nouvel élan pour la profession. par Oanell Terrier par Laurence Butet-Roch 177 années d’expérience, propose 2 600 images par jour (infographies comprises). En huit ans, le site créé par Mark Zuckerberg s’est donc imposé comme la plus grande collection de visuels du monde. Et elle ne cesse de grandir. AFGHANISTAN Lors de l’avènement des banques de photos en ligne et des réseaux sociaux, les professionnels ont craint le pire. L’accès décuplé à la photo amateur, gratuit ou peu cher, était perçu comme une compétition déloyale et une atteinte à l’éthique journalistique. Mais, en quelques années, les plateformes de partage sont devenues indispensables à la survie et au développement du photojournalisme. « Tout photographe, toute agence de presse, tout magazine se doit d’être présent sur une multitude de réseaux, estime Jérôme Huffer, éditeur photo à “Paris Match”, car chaque site a son fonctionnement, sa propre viralité et son utilité. » 18 polka#19 James Estrin, l’instigateur de Lens, le site du « New York Times » dédié à la photo, confirme : « Il y a trente ans, quand je déposais mon portfolio dans les rédactions, j’étais heureux si la secrétaire y jetait un d’œil. Aujourd’hui, grâce aux réseaux sociaux, chacun peut diffuser son travail et le montrer directement aux chefs des services photo. » En plus des photographes qui l’approchent via ces réseaux, James Estrin se fie beaucoup aux recommandations de ses contacts : « Grâce à Facebook, Twitter et Instagram, j’ai 4 500 “amis” sur qui je peux compter ; des “découvreurs de talents”. » Il visionne ainsi plus d’une centaine de projets par >> semaine, dont certains © T i m W a l k e r. du photojournalisme et un Emmy, prix de la télévision américaine. Pourtant, ce professionnel affirme n’avoir jamais autant été sollicité que depuis qu’il publie ses photos sur... Instagram, l’application mobile de partage d’images ! « En dixhuit mois, dit-il, j’ai acquis une plus grande notoriété, gagné plus d’argent et eu plus de contrats qu’en vingt ans de Ben Lowy Il poste ses photos de Manhattan, de Brooklyn et de Tripoli sur les réseaux sociaux. Ben Lowy a obtenu une bourse de la fondation Magnum pour retourner en Libye lors des élections et diffuser quotidiennement ses clichés sur Facebook et Instagram. carrière ! » Sur ce réseau, plus de 160 000 personnes le suivent. « C’est comme si quelqu’un m’avait offert une pub sur le bord de l’autoroute la plus fréquentée. » Une autoroute qui, à la veille de son rachat pour un milliard de dollars par Facebook, le 9 avril, accueillait 40 millions d’utilisateurs et une soixantaine de nouvelles photos par seconde. Selon André Gunthert, chercheur spécialiste de la culture visuelle, le partage des images sur les réseaux sociaux est devenu un réflexe. « Il fut un temps où l’on allumait la radio dès le réveil. Aujourd’hui, c’est Facebook, Twitter et autres. » En moyenne, 300 millions d’images sont quotidiennement déposées sur Facebook, soit près de 3 500 photos par seconde. L’AFP, l’agence aux © T i m W a l k e r. Richard Koci Hernandez est loin d’être un inconnu. Quinze ans au « San Jose Mercury News », des parutions dans « The New York Times », « Time », « Newsweek », « USA Today » et « Stern », deux nominations pour le Pulitzer Comme tous les Anglais, Tim Walker aime les atmosphères débridées. Fils spirituel de Tim Burton, il puise son inspiration chez David Lynch et Vivienne Westwood. Le photographe de mode repousse les limites et révolutionne les codes. Son univers enchanteur virevolte dans une fantasmagorie permanente. Un Spitfire traverse un appartement. Une soucoupe volante participe à une chasse à courre. Un hibou monumental, des escargots qui grimpent au plafond, une jeune femme rousse au lit avec un crocodile, un cavalier fleuri... Cet énergumène britannique parle de son appareil photo comme « d’une fenêtre vers quelque chose de magique ». Puissante et audacieuse, l’imagination >> de l’auteur est infinie. 164 A gauche Pour Peter Jensen, 2007 A droite Pour Valentino, 2007 « Je photographie un lieu imaginaire qui n’a jamais existé mais qui est souvent lié à quelque chose qui a été. La photo de mode est le département rêve de la photographie. » SEPTEMBRE – OCTOBRE 2012 165 septembre – octobre 2012 19 polkaimage propos recueillis par Laurence Butet-Roch Né à Wisconsin Rapids. Vit à San Francisco. Etudes : graphisme à l’université du Wisconsin Stevens Point. Marié à Laura Kuehl, sa petite amie du lycée. Premier emploi : graphiste à « Telephony Magazine ». © Courtesy Hipstamatic. Ce qu’iL a fait Développe Hipstamatic, application photo pour téléphone mobile, téléchargée plus de 4 millions de fois. Son prix : 1,99 dollar. Publie depuis juin 2012 « Snap », un magazine gratuit sur iPad dédié aux photographies prises avec Hipstamatic. Annonce en juillet 2012 la création d’une fondation pour soutenir financièrement les photojournalistes. deux dollars en poche, nous n’avions rien à perdre. Notre seul objectif : développer une applica tion que nous aimerions utiliser. Je m’attendais à ce que les gens de mon milieu s’y intéressent. En revanche, je ne pensais pas que les professionnels de l’image s’y mettraient aussi. Hipstamatic est un outil de plus à leur dispo sition. Moins intrusifs et moins intimidants, les smartphones permettent aux photoreporters de capter des moments vrais. Chaque génération a documenté son ère en utilisant ses propres outils : le daguerréotype au XIXe siècle, les appareils jetables Kodak dans les années 90. Mais plus Hipstamatic a du succès chez les photoreporters, plus nous avons notre part de responsabilité dans la façon dont leurs histoires sont racon tées. Cette année, j’ai créé le magazine « Snap » comme un espace où les membres de ma génération peuvent s’exprimer. Contrairement à Twitter, où les sujets de conversation changent toutes les minutes, un mensuel permet de distinguer des ten dances plus profondes. J’ai tou jours eu une grande histoire d’amour avec les magazines. L’équilibre entre les mots et les images y est parfait. Je tiens aussi à donner plus de pouvoir aux photographes. Ils couvrent les événements les plus importants de l’histoire. Même si les moments marquants des cinquante dernières années ont été filmés, les photographies, elles, restent dans les esprits. La fondation que je souhaite créer soutiendra financièrement les photographes afin qu’ils n’aient pas à attendre des commandes pour partir. J’aimerais aussi développer un volet éducatif pour former la prochaine géné ration de reporters. Hipstamatic est bien plus qu’une compagnie technologique, c’est un mode Lucas Buick de vie. » • © Courtesy Hipstamatic. Quelques pages de l’édition de juin du magazine iPad « Snap » lancé par Lucas Buick. La revue se feuillette comme un magazine papier mais ne propose pas encore de contenus multimédias. polk’art Il était une fois... l’Amérique de Greenfield 76 polka#19 SEPTEMBRE – OCTOBRE 2012 Quentin Bajac le MoMA et moi 77 Il a fait ses classes au musée d’Orsay et au Centre Pompidou. Pour la première fois, un Français va diriger le département photo du célèbre musée new-yorkais. par Adélie de Ipanema Dans « The Queen of Versailles », la photographe filme le quotidien d’une famille de milliardaires déjantés. Un conte de fées moderne sur les ravages de la consommation et un formidable portrait plein d’humanité. Après une longue année de consultations et de réflexions, le Museum of Modern Art de New York a finalement choisi un Français. Pourquoi ? Et pourquoi vous ? par Victor Genestar David en Louis XIV ou en chevalier vaillant près de Jackie, affublée d’une peau de bête. Dans des cadres géants aux dorures clinquantes, les Siegel se mettent en scène sur les murs du palais qu’ils habitent avec leurs huit enfants à Orlando, en Floride. David, 76 ans, d’origine modeste, a fait fortune dans l’immobilier. Son épouse Jackie, 46 ans, miss Floride 1993, fan de shopping, aime mouler ses courbes vertigineuses. Chanel, le chien, pose, empaillé, sous une cloche en verre... La famille Siegel n’est définitivement pas une famille comme les autres. Cela fait vingt-cinq ans que la photographe Lauren Greenfield s’intéresse aux ravages de la consommation de masse sur la société américaine. C’est en 2007, à Beverly Hills, lors de la soirée d’ouverture d’une boutique Versace, que naît l’idée du documentaire «The Queen of Versailles ». « Je rencontre cette femme incroyable, venue de Floride pour l’occasion, raconte Lauren Greenfield. J’apprends qu’elle va construire la plus grande maison des Etats-Unis – 8 360 mètres carrés –, un projet s’inspirant du château de Versailles et de l’hôtel Paris Las Vegas. Cela m’avait l’air d’une très belle histoire ! » La personnalité de Jackie passionne vite la réalisatrice. L’ex-miss s’impose au centre du documentaire : « Chaleureuse et généreuse, Jackie voulait vivre simplement. Ce sont ces qualités si contradictoires qui m’ont captivée. » Lauren GreenfieLd, Orlando, floride, 14 avril 2009 Jackie Siegel, épouse du millionnaire David Siegel, entourée de six de ses huit enfants dans leur maison de 2 415 mètres carrés. Le film est un édifiant témoignage sur une société qui salue la réussite et ses signes extérieurs : « Les Américains ne détestent pas les riches, car ils pensent qu’ils le seront aussi un jour, explique Lauren Greenfield. La maison est l’ultime expression du succès. Le projet “Versailles” symbolise cette tendance à n’être jamais satisfait de ce que l’on a. » Partout la démesure : dans l’expression du rêve américain comme dans sa chute liée à la crise des subprimes. «Versailles », aux 163 fenêtres et aux 22 salles de bains, ne sera jamais habité par les Siegel. La maison, en travaux, a été mise en vente. « Nous devons revenir à la réalité », bougonne le patriarche, conscient que son conte de fées a pris fin. Jackie, elle, s’active, entre un mari dépité, enfermé dans son bureau, et des enfants trop gâtés. Les domestiques sont dépassés, les crottes de chiens parsèment la moquette, les détritus de fast-food traînent un peu partout et le lézard est retrouvé mort de faim dans sa cage. «The Queen of Versailles » est une tragicomédie. « J’essaie de ne pas juger les gens, dit Lauren Greenfield, mais de les comprendre et de faire ressortir leur humanité. » Ce n’est pas la première fois que la talentueuse américaine troque son appareil photo pour une caméra. Déjà auteure de deux documentaires, elle signe avec «The Queen of Versailles » un formidable portrait. « Les histoires racontées dans mes photographies sont les fondations de mes films, conclut-elle, mais je n’avais jamais osé rêver d’avoir mon propre film au cinéma. » Récompensée du prix de la meilleure réalisation au Festival de Sundance, la photographe est soutenue à chaque projection par Jackie, contrairement à David, désabusé de voir la réalité en face et qui est allé jusqu’à lui faire un procès. • Quentin Bajac Le regard d’un étranger apporte une autre sensibilité. L’histoire de l’art, de la photographie, s’écrit de manière plus globalisée, plus mondiale. Maintenant pourquoi moi particulièrement ? J’espère que c’est lié à mon mérite personnel, grâce à mes expé riences au musée d’Orsay puis au Centre Pompidou, la collec tion du MoMA ayant cette parti cularité de commencer au tout début de l’histoire de la photo graphie et d’aller jusqu’à la photographie contemporaine. C’est aussi reconnaître la place de la France dans la photo graphie : une nouvelle génération de chercheurs, d’historiens et un marché assez actif grâce, notamment, à Paris Photo. La France, et Paris plus singulière ment, sont de véritables acteurs de la scène européenne. Comment se déroule une nomination au MoMA ? C’est un processus long. Mon prédécesseur Peter Galassi est parti à la retraite il y a plus d’un an. Le MoMA a retenu un certain nombre de candidats aux horizons géogra phiques différents. Après une présélection, chaque candidat a été désigné sur un programme. Nous avons passé une série d’entretiens où nous avons présenté nos choix et nos direc tions aussi bien dans le domaine des acquisitions que dans la programmation d’expositions. Le choix final du candidat appartenait au « search committee » qui encadre le choix du directeur. Et comme le modèle américain est très différent du modèle français, il y a eu un certain nombre de « trustees » et d’amis. Que représente le MoMA pour vous ? La collection du départe ment de photographie du MoMA est très spécifique. D’abord par sa nature : elle couvre toute l’histoire de la pho tographie au sein d’un musée d’art moderne et contemporain. Ensuite par son histoire : le département a été créé au cœur d’une institution des Beaux Arts. Trois grandes person nalités s’y sont succédé, John Swarovski, Edward Steichen et Peter Galassi. Chacun a officié plusieurs dizaines d’années en laissant une empreinte forte. Le MoMA joue un rôle prescripteur. Ses orientations et ses choix sont regardés à la loupe. Il est ausculté, consulté plus qu’aucune autre institution. Quelle sera la « patte Quentin Bajac » ? C’est trop tôt pour le dire. J’ai sans doute été choisi sur mes idées, mes perspectives. Aujourd’hui, il est important de faire évoluer la politique d’acquisition du MoMA vers d’autres aires géographiques, l’Afrique et l’Amérique latine notamment. Quant à la pro grammation, le MoMA a, depuis quelques années, une politique d’exposition dite monogra phique. Or, je viens du Centre Pompidou, plutôt connu pour ses expositions thématiques ou pluridisciplinaires. Aussi je m’at tacherai à conserver un équilibre entre des projets contemporains et des projets modernes, à © Stanley Greene / Noor pour Polka Magazine. Lucas Buick, 29 ans Inventeur d’Hipstamatic en 2010 avec son ami d’enfance, Ryan Dorshorst, il vient de créer « Snap », un magazine sur iPad. © Lauren Greenfield / Institute. polkaimage 24 polka#19 art septembre – octobre 2012 75 polkaimage « J’ai toujours aimé la photographie. Je déteste lire. Je ne sais ni dessiner ni peindre. La photo est le meilleur moyen de raconter une histoire. A 16 ans, j’ai réalisé mon premier et unique reportage. J’ai photo graphié, pour un journal local, les entreprises de la ville où je suis né et qui menaçaient de disparaître. Je ne maîtrisais pas assez mon appareil photo pour faire ce que je voulais. C’était frustrant. C’est ce qui m’a poussé à étudier les arts visuels. Le graphisme m’a permis de comprendre l’importance de la communication visuelle. La façon dont nous percevons les choses définit la manière dont nous les comprenons. Après avoir été consultant pour des entreprises, j’ai eu envie de créer mon propre produit. Je me suis associé avec mon ami d’enfance, Ryan Dorshorst. Avec moins de 8 e « The Queen of Versailles » sera présenté au Festival du cinéma américain de Deauville du 31 août au 9 septembre 2012. Stanley Greene Centre Pompidou, Paris, 9 juillet 2012 Conservateur en chef du Cabinet de la photographie au Centre Pompidou depuis 2007, Quentin Bajac prend ses fonctions au MoMA en janvier 2013. considérer autant l’histoire tradi tionnelle de la photographie que la place réelle qu’elle tient dans le réseau de l’art contemporain. La programmation que j’envisage est encore officieuse mais il y a des tas d’aspects de la photographie à approfondir : l’abstraction, la frontière entre art et document, les rapports avec le cinéma... Le MoMA arrive-t-il, selon vous, à conserver sa vocation avant-gardiste ? Les réactions suscitées par ma nomination ont montré que le musée joue toujours ce rôle. Néanmoins les choses évoluent. Le MoMA n’a plus la situation monopolistique qu’il pouvait avoir à l’époque d’un Steichen ou d’un Swarovski. Aujourd’hui beaucoup d’institutions sont apparues. Et la plupart, aux EtatsUnis ou à l’étranger, ont des départements ou des ser vices de photographie qui écrivent d’autres histoires de la photographie. Malgré cela, le MoMA conserve sa spécificité et sa singularité. Et peut-on dire de vous que vous êtes un avant-gardiste ? Je ne sais pas... Mais je ne suis certainement pas nostal gique ni passéiste. Je reste très attaché à tout ce qui se fait, aux avancées techniques. Je ne suis pas du tout un nostalgique de l’argentique. Un bon historien de la photo et de l’art doit accepter sans réticence les changements, y réfléchir et accepter les nouvelles pratiques artistiques qui s’en dégagent. Ni nostalgique ni passéiste, mais estce que cela fait de moi un avantgardiste ? Je ne sais pas ! Je suis en tous les cas réso lument ouvert et tourné vers les pratiques contemporaines. • 158 polka#19 Mes conseils aux collectionneurs Le marché de la photographie suit naturellement l’évolution du grand marché de l’art. Les prix des photos historiques du XIXe et XXe siècle vont donc monter. Les photographes des années 50 et 60 ne sont pas encore suffisam ment considérés. Dans les autres secteurs de la photo, comme la photo de mode, de reportage ou la photo scientifique, les prix sont en train de grimper. On peut aussi noter le succès de la photo graphie anonyme. En termes de rareté, ce marché correspond totalement à celui de la photo artistique : des œuvres uniques qui sont évaluées selon des critères esthétiques. D’ailleurs, la numérotation a un caractère essentiellement marchand. Ce n’est pas une approche artistique. La photo graphie est traditionnellement multiple, on pourrait d’ailleurs s’interroger sur le fait qu’elle soit limitée. Ce qui est impor tant dans une collection, c’est le dialogue des images, l’arti culation entre elles. Il y a de très bonnes images uniques et de très bonnes images multiples. Prenons l’exemple des « marines » de Gustave Le Gray, vous avez un rapport de 1 à 150 selon l’état de la photo. Une image peut partir à plus d’1 million d’euros ou à 5 000 euros, voire 3 000, si son état est mauvais. Le temps fait le tri... Il faut donc agir en cohérence, suivre ses goûts, s’intéresser aux photographes moins connus, ne pas recher cher systématiquement la signa ture. Le marché a tendance à privilégier les vintages, mais il ne faut jamais oublier qu’ils restent des multiples... Vous ne pouvez pas interdire à un photo graphe d’avoir envie de réinter préter son négatif original trente ans après. C’est même une démarche très intéressante. Q.B. septembre – octobre 2012 159 42 polka#19 78 polka#19 Un siècle MODE d’excellence SEPTEMBRE – OCTOBRE 2012 79 Prochain numéro le 8 novembre 2012 Polka, Cour de Venise - 12, rue Saint-Gilles 75003 Paris www.polkamagazine.com Presse : Joyce Ashford et Pierre Guerry // +33 (0)1 76 21 41 31 // [email protected]