1 Lecture géopolitique de la puissance russe

C ONCEPTION ET MISE EN PAGE :
PAUL MILAN
Chapitre 2
Des cartes pour comprendre la Russie
Table des matières
1 Lecture géopolitique de la puissance russe
1.1 Crise et redressement de la Russie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.2 La nouvelle puissance russe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.3 Les limites de la puissance russe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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2 Lecture géo-économique de la puissance russe
2.1 L’inégal développement des territoires . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.2 L’héritage du passé soviétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.3 La recomposition du territoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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3 Lecture géoculturelle de la puissance russe
3.1 Une mosaïque ethnique et religieuse . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.2 Un Etat fédéral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.3 Une fédération fragile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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4 Lecture géo-environnementale de la puissance russe
4.1 Des contraintes naturelles majeures . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4.2 Les atteintes à l’environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4.3 L’urgence d’un développement durable . . . . . . . . . . . . . . . .
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JACQUES EL ALAMI
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G ÉOGRAPHIE T ERM ES
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LECTURE GÉOPOLITIQUE DE LA PUISSANCE RUSSE
Introduction
En 1991, l’URSS disparaît et de nombreux États indépendants se forment. La Fédération de Russie est le plus important d’entre eux. Cet Etat-continent, à cheval
sur l’Europe et l’Asie connaît une profonde crise et d’importantes mutations. Les
cartes permettent de cerner les permanences et les changements intervenus dans
la puissance russe. Elles permettent aussi de comprendre les choix opérés par la
Russie dans un monde globalisé.
1 Lecture géopolitique de la puissance russe
1.1 Crise et redressement de la Russie.
Depuis un siècle, la Russie a connu d’importants bouleversements. En 1914, c’est
une grande puissance qui, alliée à la France entre en guerre pour défendre la
Serbie. La guerre se révèle désastreuse et en 1918, le gouvernement bolchevik
signe la désastreuse paix de Brest-Litovsk pour sauver la révolution.
Durant la Seconde Guerre mondiale, l’URSS remporte de grandes victoires sur les
armées allemandes (Stalingrad. . .) et elle devient un super-grand : elle domine
toute l’Europe de l’est et elle y installe des régimes communistes. Elle possède
tous les attributs de la puissance : un siège permanent au Conseil de Sécurité de
l’ONU, des armes conventionnelles et nucléaires, des alliés dans le tiers-monde.
A partir de 1947, l’URSS se lance dans la Guerre froide contre les États-Unis et
elle y investit ses forces vives. En 1985, Gorbatchev accède à la tête d’une URSS
au bord de l’effondrement et il est bien décidé à mettre fin à ce conflit. Cependant, il ne peut contenir les forces centrifuges et en 1991, les républiques fédérées
proclament leur indépendance. La Russie est alors dirigée par Boris ELTSINE,
malade, qui est incapable de faire respecter l’autorité de l’État. Les Tchétchènes
se révoltent et obtiennent leur indépendance. Des affairistes (les « oligarques »)
profitent de la crise des finances publiques pour racheter à bas prix les fleurons
de l’économie (usines, gisements...) et ils cessent de payer leurs impôts. Le crime
organisé se développe et la population sombre dans la pauvreté.
En 2000, Vladimir Poutine devient président. Il est issu des services secrets (KGB)
et il est décidé à agir de façon autoritaire. Il réorganise l’administration pour rétablir "la verticale du pouvoir" et la "dictature de la loi". Il reprend de façon sanglante le contrôle de la Tchétchénie. Il élimine les grands oligarques (le groupe pétrolier Ioukos) et restreint drastiquement les libertés (presse). Entre 2008 et 2012,
Poutine a laissé la présidence à Dimitri Medvedev mais en 2012, il s’est de nouveau installé au Kremlin.
1.2 La nouvelle puissance russe
La Fédération de Russie a d’importants atouts naturels. C’est le plus grand pays
du monde avec 17 millions de Km carrés. Elle peut développer une politique
étrangère à multiples facettes à l’égard de l’Europe mais aussi des nations émergentes d’Asie qui sont les locomotives de la croissance mondiale.
La Russie est l’héritière de la puissance russe : elle a gardé le siège à l’ONU, les
armes nucléaires. . .
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LECTURE GÉO-ÉCONOMIQUE DE LA PUISSANCE RUSSE
Reprenant la politique des tsars, elle veut garder une influence sur les autres anciennes soviétiques que l’on appelle à Moscou « l’étranger proche ». La Communauté des États Indépendants (CEI) regroupe ces États. Moscou y soutient
des mouvements sécessionnistes, y défend les populations russophones. En 2008,
l’armée russe a empêché le gouvernement de la Géorgie de reprendre le contrôle
de l’Ossétie du Sud. Elle a bloqué l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN.
La Russie est membre des BRICS et de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS).
1.3 Les limites de la puissance russe.
La Russie est une "puissance pauvre" : elle possède des capacités de nuisances
plus que des moyens d’action. Son armée mal équipée et mal entraînée n’intervient jamais loin de ses frontières. Faute de moyens, le gouvernement russe évite
de s’engager sur les grands dossiers du moment : le nucléaire iranien, la guerre
civile de Syrie.
Mais, les faiblesses de la Russie sont d’abord internes.
Certaines régions abritent des mouvements séparatistes.
Le pays est entré dans un "coma démographique" avec une population qui baisse
inexorablement : 143 M actuellement et sans doute 126 M en 2050.
Enfin, malgré les réformes économiques et le rétablissement du capitalisme, la
Russie joue un rôle très faible dans la mondialisation. Elle n’exporte que des matières premières (minerais, hydrocarbures). Seuls quelques secteurs (pétrole, gaz,
automobile) attirent les IDE, les investisseurs craignant pour la sécurité de leurs
investissements.
2 Lecture géo-économique de la puissance russe
2.1 L’inégal développement des territoires
On constate en analysant les cartes un contraste (très ancien) entre la répartition
des hommes et des richesses naturelles. Les habitants se concentrent dans l’ouest
et le long du Transsibérien qui est l’épine dorsale du pays. La Sibérie est vide malgré les salaires attractifs offerts à ceux qui s’y installent. Or les gisements situés à
proximité des centres de consommation s’épuisent.
Le pays pour satisfaire ses besoins et exporter devra mettre en exploitation les gisements de l’est et pour cela mobiliser des sommes considérables. Les hydrocarbures (gaz et pétrole) constituent l’écrasante majorité des exportations. La Russie
est devenue une économie rentière.
2.2 L’héritage du passé soviétique
L’opposition est-ouest date de l’époque des tsars.
La période stalinienne a profondément marqué l’économie russe. Dans les années
1930, l’Etat communiste organise le développement par une planification obligatoire. Un bureau d’État, le Gosplan publie des plans quinquennaux qui fixent les
secteurs à développer et les quantités à atteindre. La priorité est donnée à l’industrie lourde (sidérurgie, matériel de transport).
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LECTURE GÉOCULTURELLE DE LA PUISSANCE RUSSE
Les Soviétiques ont développé les bassins miniers de l’Oural et de la moyenne
Volga. Ils ont construit de grandes usines qui sont aujourd’hui en crise et que
l’État maintient sous perfusion financière pour éviter une crise sociale et un exode
massif des populations. Les centrales nucléaires du pays sont obsolètes (accident
de Tchernobyl en 1986).
2.3 La recomposition du territoires
La Russie s’ouvre à la mondialisation pour attirer des capitaux étrangers et redresser son économie. C’est l’un des plus grands exportateurs de matières premières du monde. Elle dispose d’un savoir-faire dans certains domaines (armement, nucléaire). Cependant les investissements se concentrent dans les régions
dynamiques : les capitales (Moscou, St-Petersbourg), le centre, les régions de
la Volga et de l’Oural. Le redressement économique aggrave les déséquilibres
spatiaux. La modernisation des grands centres urbains (construction du quartier
d’affaires de «Moscou City», phénomènes de gentrification) ne peut cacher le déclin industriel du pays qui importe tous ses biens manufacturés.
3 Lecture géoculturelle de la puissance russe
3.1 Une mosaïque ethnique et religieuse
Le cœur culturel de la Russie est la Moscovie. C’est à partir de cette région que la
dynastie des Romanov s’est lancée à la conquête de la Sibérie. La Russie a absorbé
des populations non slaves. On compte aujourd’hui 192 nationalités dans le pays.
Les Russes sont encore les plus nombreux mais cette situation risque de changer
car la natalité des Russes s’effondre tandis que celle des minorités (musulmans
du sud) se maintient.
La Russie est très diverse au plan religieux. Les chrétiens orthodoxes, installés
dans l’ouest, sont les plus nombreux. Le sud est à majorité musulmane et la Sibérie est bouddhiste.
3.2 Un Etat fédéral
Devant la diversité culturelle, les communistes en 1922, optent pour un système
fédéral et transforment la Russie en URSS. Il divisent le pays en républiques et en
régions autonomes. Chaque peuple vit dans une circonscription autonome où son
identité (langue, coutumes) est reconnue. Cependant, l’autonomie est une fiction
car toutes les décisions viennent de Moscou.
La chute de l’URSS ne met pas fin au système fédéral. Avec la démocratie, les
gouverneurs sont élus, ce qui aggrave l’impression de chaos. Lors de sa reprise
en main autoritaire, Vladimir Poutine a rétabli un strict contrôle du centre sur les
gouverneurs.
3.3 Une fédération fragile
Certains groupes ont profité des mutations politiques des années 1990 pour demander des changements. Les peuples injustement déportés par Staline ont demandé réparation des souffrances subies. Le plus souvent, une solution négociée
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LECTURE GÉO-ENVIRONNEMENTALE DE LA PUISSANCE RUSSE
a été trouvée. D’autres groupes (les Tchétchènes) ont exigé le retour à l’indépendance et deux guerres ont éclaté.
Le Caucase est la région la plus rebelle à l’autorité de Moscou. Au XIXe siècle,
les populations montagnardes très unies par la religion musulmane et par des
structures familiales fortes ont lutté pendant des décennies contre les conquérants
russes. Le retour des déportés Ingouches sur leurs terres d’Ossétie du Nord ont
provoqué des tensions avec les nouveaux propriétaires.
Il existe enfin d’importantes minorités russophones dans les pays baltes et dans
les États de la CEI et leur sort provoque régulièrement des tensions entre la Fédération de Russie et ses voisins
4 Lecture géo-environnementale de la puissance russe
4.1 Des contraintes naturelles majeures
Avec la plus grande superficie du monde, la Russie est d’abord confrontée au défi
de l’immensité. Il faut maîtriser le territoire et construire des moyens de transport. Le second défi est celui du climat. Nous sommes dans le pays le plus froid
du monde. La Russie a un climat continental avec un été chaud et un hiver glacé.
Dans des régions entières, le sol est toujours gelé en profondeur. Au printemps,
lors du dégel, une immense boue se forme : la raspoutisa. Le froid use prématurément les matériels, les métaux cassent. Le pétrole devient visqueux dans les
oléoducs et il faut alors le chauffer.
4.2 Les atteintes à l’environnement
La période soviétique s’est révélée catastrophique pour l’environnement russe.
Les autorités qui ne pensaient qu’à créer une puissance industrielle n’ont pas
pris soin de la nature. La mer d’Aral a été vidée pour irriguer les champs de coton d’Asie centrale. Les eaux des rivières et des lacs (lac Baïkal) sont gravement
polluées. L’air au-dessus des villes et des bassins industriels est dans la même
situation. De nombreux déchets nucléaires ont été stockés à l’air libre ou immergés en mer. Toutes ces pollutions réduisent l’espérance de vie des populations
exposées.
4.3 L’urgence d’un développement durable
Sous l’effet du réchauffement climatique, la situation environnementale s’aggrave.
Le permafrost fond et laisse place à d’immenses marécages qui libèrent du gaz à
effet de serre et qui empêchent toute mise en culture. Sur les côtes de l’Océan
Glacial, La banquise fond et les écosystèmes se modifient dangereusement. Cette
région fragile est d’autant convoitée qu’on y trouve de nombreuses richesses naturelles. Cependant, l’État est plus soucieux d’exporter des matières premières
que de protéger la nature pour les générations futures .
Conclusion
Peu de pays ont connu un tel effondrement total de leur État et de leur puissance.
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LECTURE GÉO-ENVIRONNEMENTALE DE LA PUISSANCE RUSSE
La Russie est passée en quelques années du statut envié de superpuissance à celui
de nation émergente. Depuis 2000, le centre a repris de façon brutale le contrôle
politique du pays et affaibli les forces centrifuges. Le gouvernement tente de reconstruire l’économie en s’insérant dans la mondialisation et en s’appuyant sur
les matières premières. Mais une politique de protection de l’environnement s’impose de manière urgente.
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