2002 - Accueil
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*Titre : *Journal de l'année (Paris. 1967) *Titre : *Journal de l'année *Éditeur : *Larousse (Paris) *Date d'édition : *1967-2004 *Type : *texte,publication en série imprimée *Langue : * Français *Format : *application/pdf *Identifiant : * ark:/12148/cb34382722t/date </ark:/12148/cb34382722t/date> *Identifiant : *ISSN 04494733 *Source : *Larousse, 2012-129536 *Relation : * http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34382722t *Provenance : *bnf.fr Le texte affiché comporte un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance obtenu pour ce document est de 100 %. downloadModeText.vue.download 1 sur 380 Cet ouvrage est paru à l’origine aux Editions Larousse en 2003 ; sa numérisation a été réalisée avec le soutien du CNL. Cette édition numérique a été spécialement recomposée par les Editions Larousse dans le cadre d’une collaboration avec la BnF pour la bibliothèque numérique Gallica. downloadModeText.vue.download 2 sur 380 downloadModeText.vue.download 3 sur 380 Chronologies et Analyses downloadModeText.vue.download 4 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 2 Janvier 1 UE Arrivée de l’euro Les pièces et les billets en euro entrent en circulation dans 12 pays de l’Union européenne. Selon Wim Duisenberg, président de la Banque centrale européenne (BCE), le passage à l’euro fiduciaire s’opère « de façon très harmonieuse, au-delà de nos attentes ». En quelques jours, le basculement en euros des distributeurs de billets européens – plus de 200 000 machines – est achevé. Les transactions en euros se situent à 75 % environ aux Pays-Bas, à plus de 50 % en Allemagne, en Grèce et au Luxembourg, et à plus de 25 % en Belgique, en France, en Italie et en Autriche. Selon la BCE, « la demande de billets de banque en euros a été très forte durant ces tout premiers jours de passage à l’euro fiduciaire » et, « en conséquence, une légère pénurie de petites coupures en euros a été observée au niveau local ». À la fin de l’année 2001, plus de 6,5 milliards de billets en euros, représentant une valeur de 134 milliards d’euros, soit près de la moitié de la valeur des billets nationaux en circulation, et plus de 37,5 milliards de pièces en euros, pour un montant total de quelque 12,4 milliards d’euros, avaient été fournis dans le cadre de la préalimentation, rappelle la BCE. Dans le même temps, le retrait des devises nationales a commencé, la circulation des billets nationaux étant passée en un an de 380 milliards d’euros le 1er janvier 2001 à 270 milliards d’euros au 1er janvier 2002. En réussissant son entrée à peu près en douceur, l’euro fiduciaire a surmonté un défi logistique sans précédent dans l’histoire, grâce à plusieurs années de préparation mais aussi au prix d’une facture élevée, évaluée entre 0,3 % et 0,8 % du PIB de la zone euro. L’Europe se met à l’euro Monnaie unique adoptée par douze des quinze pays de l’Union européenne, l’euro est devenu réalité le 1er janvier 2002, célébrée dans la liesse au même titre que le Nouvel An. Tir de feux d’artifice, queue aux distributeurs de billets : l’enthousiasme consumériste des Européens pour leur nouvelle monnaie s’est affirmé avec force. Les Européens ont réveillonné sous le signe de l’euro dans les douze pays de l’Union européenne qui avaient choisi de renoncer à leurs monnaies nationales pour adopter la monnaie unique à compter du 1er janvier. Coïncidant avec le passage à la nouvelle année, le « basculement » dans l’euro a été célébré partout avec enthousiasme et parfois avec faste, comme en Espagne qui accédait le même jour à la présidence tournante de l’Union. Partout, les fêtards du Nouvel An ont fait la queue devant les distributeurs de billets pour être les premiers à palper les nouveaux billets quand sonneraient les douze coups de minuit. « Europhoria » L’enthousiasme des Européens n’avait nullement été émoussé par les préparatifs orchestrés en vue de faciliter le passage à l’euro. Outre les campagnes d’information visant à préparer l’opinion publique à la monnaie unique depuis son entrée en service, le 1er janvier 1999, les autorités des pays concernés avaient anticipé le basculement d’une quinzaine de jours en mettant en vente des sachets renfermant les nouvelles espèces. Ces « kits » d’euros proposant l’éventail complet des nouvelles pièces pour une valeur d’environ 15 euros étaient destinés à familiariser les Européens avec leur nouvelle monnaie avant sa mise en circulation. Le succès de la campagne a dépassé toutes les espérances : 53,3 millions de ces sachets ont été vendus du 14 au 18 décembre 2001 dans les douze pays de la zone euro et une nouvelle série de kits d’une valeur totale d’un milliard d’euros a dû être éditée avant la fin de l’année. L’apparition des billets, le 1er janvier à 0 heure, s’est opérée sans problème majeur. Excepté quelques fausses notes rapidement corrigées en Autriche ou en Italie, les distributeurs de billets ont été en mesure de répondre à la forte demande. Passé l’« europhoria » du Jour de l’An – nom donné au grand spectacle offert par Madrid en hommage à l’euro –, les habitudes ont mis quelque temps à s’établir dans la pratique quotidienne au cours de la période de transition durant laquelle l’euro s’est trouvé en concurrence avec les monnaies nationales. Faisant pour l’occasion downloadModeText.vue.download 5 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 3 office de banquiers, les commerçants, qui devaient en principe rendre la monnaie en euros, ont souvent préféré s’épargner des calculs en continuant à faire circuler les anciennes devises. Préparés par de multiples campagnes et par le double affichage du prix des produits des mois auparavant, aidés par la distribution d’innombrables convertisseurs, les consommateurs se sont pourtant emmêlés quelque peu dans les conversions. Mais d’une manière générale, l’opération s’est déroulée mieux que prévu. Ainsi, en France, plus de 90 % des paiements en espèces s’effectuaient dans la nouvelle monnaie quinze jours après sa mise en circulation. Les bas de laine se sont vidés d’autant plus vite que le fisc a su se montrer relativement discret concernant les sommes économisées au fil des ans et réinjectées dans le circuit. Cette adoption rapide de l’euro a provoqué des phénomènes d’engorgement dans le circuit de recyclage des pièces et des billets en francs, refondues pour les unes, « trouillotés » pour les autres. Ainsi, le franc et les autres monnaies nationales avaient presque disparu de la circulation avant même l’échéance du délai de souffrance qui leur avait été accordé – le 17 février à minuit pour le franc, la Banque de France remboursant les pièces jusqu’au 17 février 2005 et les billets jusqu’au 17 février 2012. Dans ce climat d’euro-enthousiasme, la nostalgie des anciennes monnaies nationales n’a guère eu l’occasion de s’exprimer, même de la part des Allemands, pourtant très attachés au mark, ou des Grecs, qui se flattaient de posséder la plus ancienne monnaie d’Europe avec la drachme. Le passage à l’euro s’est même déroulé sans actes de banditisme notables comme des attaques de fourgons de transport de fonds ou l’apparition de contrefaçons. Il est vrai que les forces de l’ordre avaient été mobilisées et que les nouveaux billets bénéficient d’un haut degré de protection, garanti par sept « verrous » – papier teinté, hologrammes, fil métallique... – qui les rendent difficilement falsifiables. « L’Union européenne dans vos mains » Les autorités des pays de la zone euro pouvaient donc se féliciter des bonnes conditions de passage à la monnaie unique, exalté comme une victoire de l’Europe et une preuve de la justesse de l’orientation adoptée à Maastricht en 1992. Dénoncé parfois pour ses résonances monétaristes, le mot d’ordre de la Commission européenne, « L’euro, c’est l’Union européenne dans vos mains », a rencontré un certain écho dans les trois pays membres de l’Union mais non de la zone euro – le Royaume-Uni, le Danemark et la Suède. Convaincus par les premiers pas de la monnaie unique, les Suédois semblent sur le point de se laisser convaincre et les Danois sont également tentés de réviser leur « non » à l’euro. Quant aux Britanniques, après avoir affiché un « euro-scepticisme » de rigueur, ils commenceraient à trouver quelques attraits à l’euro, qui pourraient faire pencher la balance en sa faveur lors du référendum que prévoit d’organiser dans les deux ans à venir le gouvernement de Tony Blair. GEORGES CHEVRON LA GENÈSE DU LOGO L’idée d’une monnaie unique européenne est née en 1974. C’est le ministre luxembourgeois Arthur Eisenmenger qui a donné forme à cette utopie, faisant déjà figurer sur son prototype de billet la bannière bleue étoilée d’or qui l’orne aujourd’hui et même le logo €. Ce projet dormira dans les placards de Bruxelles jusqu’à janvier 1996, date à laquelle le président de la Commission européenne de l’époque, Jacques Santer, proposera le logo € comme symbole de l’euro, sans en mentionner l’inventeur. S’écrivant facilement, le logo € est une transcription de la lettre grecque epsilon, première lettre du mot Europe. Les deux lignes parallèles qui le barre horizontalement symbolisent la stabilité de la monnaie unique tout en évoquant les logos du dollar et du yen. 4 Argentine Dévaluation du peso Le ministre argentin de l’Économie annonce la dévaluation de 29 % du peso – le dollar américain valant désormais environ 1,4 peso –, mettant fin à la parité qui liait la monnaie argentine au dollar depuis 1991. À l’origine, la parité du peso avec le dollar avait permis de rompre avec une inflation à trois chiffres et d’attirer les capitaux étrangers, mais cette nouvelle donne a fini par nuire aux exportations de la deuxième économie d’Amérique latine, au profit de son downloadModeText.vue.download 6 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 4 voisin le Brésil. L’Argentine tourne ainsi la page du dollar et de l’économie de marché qui ont fondé la politique du pays depuis dix ans et s’apprête à entamer une difficile renégociation de sa dette publique de 141 milliards de dollars (155 milliards d’euros) avec le Fonds monétaire international, qui a cessé ses versements en décembre. Le Congrès argentin a approuvé la « loi d’urgence économique » du nouveau président Eduardo Duhalde qui proposait cette dévaluation, accordant au gouvernement les pouvoirs exceptionnels qu’il demandait pour deux ans afin de redresser l’économie en faillite. Cinquième président argentin en deux semaines, l’ancien sénateur péroniste Eduardo Duhalde, ancien vice-président de Carlos Menem, a été désigné par le Congrès pour terminer le mandat de son prédécesseur, Fernando de La Rua, jusqu’en 2003. Il s’engage à mettre en oeuvre un nouveau modèle économique pour sortir son pays de la crise. 5 Italie Démission du ministre des Affaires étrangères Le ministre des Affaires étrangères Renato Ruggiero démissionne à la suite du différend l’opposant à des membres du gouvernement au sujet du passage à l’euro. MM. Berlusconi et Ruggiero décident « d’un commun accord et dans l’intérêt du pays d’interrompre la collaboration gouvernementale qu’ils avaient tous deux jugée importante, utile et par-dessus tout positive ». C’est la première démission depuis la formation il y a huit mois du gouvernement de centre droit de Silvio Berlusconi. Elle ne devrait pas passer inaperçue au niveau international, Renato Ruggiero, ancien président de l’Organisation mondiale du commerce, étant considéré comme la caution de crédibilité du Premier ministre. Proche-Orient Nouvelles tensions Quatre Israéliens et deux Palestiniens sont tués au terme d’une fusillade dans une attaque du Hamas d’un poste militaire israélien dans le sud de la bande de Gaza. Les brigades Ezzedine al-Qassam, bras armé du Hamas, ont revendiqué cette attaque, qui met un terme à un mois de calme relatif dans les violences israélo-palestiniennes et suscite de nouveaux doutes sur les chances de réussite de la médiation américaine pour aboutir à une trêve. Israël a par ailleurs demandé l’arrestation d’un proche d’Arafat, Fouab Choubaki, trésorier du Fatah, dans l’affaire du Karine A, bateau iranien récemment intercepté en mer Rouge avec 50 tonnes d’armes et d’explosifs. Le 10, la branche armée de l’organisation intégriste Jihad islamique annonce la fin de sa trêve, décrétée le 25 décembre. 7 France Adieux d’Yves Saint Laurent à la mode Yves Saint Laurent, âgé de soixante-cinq ans, annonce son départ de sa maison de couture, lors d’une conférence de presse au siège historique d’YSL, avenue Marceau à Paris. Ému, le grand couturier s’est borné à lire un communiqué devant les journalistes dans lequel il exprime de nombreux remerciements ainsi que sa « gratitude » à François Pinault, patron du groupe Pinault-Printemps-Redoute qui contrôle YSL. Yves Saint Laurent avait fondé la maison de haute couture portant son nom en 1962 avec Pierre Bergé. En quatre décennies de création, il aura révolutionné la mode féminine. Yves Saint Laurent : un point c’est tout S’exprimant symboliquement devant les journalistes le lundi 7 janvier 2002 au 5, avenue Marceau à Paris, siège historique de sa maison de couture, Yves Saint Laurent a annoncé sa décision de mettre fin aux activités de l’entreprise qu’il a créée il y a quarante ans. Le visage grave, la voix chargée d’émotion, le couturier s’est borné à lire – sans quitter son texte des yeux – un communiqué dans lequel il a dit « adieu à ce métier (qu’il) a tant aimé ». Après avoir remercié ses maîtres Dior, Schiaparelli ou Chanel, il a affirmé être « très fier que les femmes du monde entier portent des tailleurs-pantalons, des smokings, des cabans, des trench-coats ». Avouant être passé « par bien des angoisses, des enfers », il a « connu la peur et la terrible solitude. Les faux amis downloadModeText.vue.download 7 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 5 que sont les tranquillisants et les stupéfiants. La prison de la dépression et celle des maisons de santé. De tout cela, un jour, je suis sorti, ébloui mais dégrisé ». Yves Saint Laurent a conclu par un « Je ne vous oublierai pas », avant de quitter la salle acclamé par l’assistance debout. La fin d’une génération de couturiers Pierre Bergé, le P-DG d’Yves Saint Laurent Haute Couture, assure que le retrait d’Yves Saint Laurent est le fait de « sa volonté seule ». Une manière de démentir tout conflit avec le propriétaire de la maison de haute couture François Pinault et de confirmer les propos d’Yves Saint Laurent : j’ai voulu « remercier également M. François Pinault et lui exprimer ma gratitude pour me permettre de mettre harmonieusement un point final à cette merveilleuse aventure et qui a cru comme moi que la haute couture de cette maison devait s’arrêter avec mon départ ». Un départ qui marque la fin d’une génération de couturiers, alors que la haute couture, appellation exclusivement parisienne, a perdu la moitié de ses adhérents depuis une dizaine d’années, passant de 24 en 1987 à 11 aujourd’hui, avec la défection d’YSL. Le dernier officiellement agréé est Jean-Paul Gaultier, à l’automne 2001 : Pierre Bergé estime que « la haute couture vit ses derniers jours. La haute couture est faite pour accompagner un art de vivre qui a connu son apogée avant la guerre et après la guerre, qui a connu grâce à Christian Dior, Chanel et Saint Laurent un renouveau considérable, mais cet art de vivre n’existe plus ». La cessation de l’activité d’YSL entraîne une recomposition de l’activité d’une maison qui emploie quelque 150 personnes après l’éclatement du groupe en deux entités en 1999. Depuis, Yves Saint Laurent Couture, qui regroupe le prêt-à-porter et les parfums, est la propriété de Gucci (détenu à 53,2 % par Pinault-Printemps-Redoute, contrôlé par François Pinault via sa holding Artémis). Yves Saint Laurent Haute Couture, présidé par Pierre Bergé, est la propriété d’Artémis. La dégradation des relations entre les actuels propriétaires de la griffe et les fondateurs historiques de la maison de haute couture et l’opposition de style entre le couturier Yves Saint Laurent et l’Américain Tom Ford, créateur du prêt-à-porter Saint Laurent Rive Gauche, étaient les raisons avancées pour expliquer le départ du maître. Le maître de couture L’aventure YSL a débuté en 1954. Cette annéelà, Yves-Mathieu Saint Laurent, né dix-huit ans plus tôt à Oran, est récompensé par le Secrétariat de la laine. L’année suivante, il rejoint les studios de Christian Dior en tant qu’assistant-modéliste. Dès 1957, il succède à celui qu’il considère comme son « maître », décédé brutalement. Sa première collection, chez Dior, en 1958 est un succès. Quatre ans plus tard, en 1962, Yves Saint Laurent et Pierre Bergé créent leur propre maison de couture. La réussite est immédiate : le pantalon féminin pour le jour s’impose. En 1968, année symbolique, la saharienne constitue une nouvelle étape révolutionnaire pour ce couturier qui se targue d’habiller les femmes avec des vêtements d’homme, leur donnant alors la liberté et l’aisance qui leur fait défaut pour gravir les échelons du pouvoir. Très ouvert par ailleurs sur le monde de l’art, Yves Saint Laurent crée une multitude de décors et de costumes pour des spectacles, des pièces de théâtre et des films. L’actrice Catherine Deneuve, avec laquelle il collabore souvent, devient son ambassadrice de coeur. Héritier du style Chanel et légataire artistique de Christian Dior, Yves Saint Laurent est élu en 1972, déjà, « plus grand couturier du monde » par le magazine américain Harper’s Bazaar. C’est qu’il a osé bouleverser la mode en accompagnant l’émancipation de la femme, voire celle d’une époque. Abolissant la stricte frontière séparant le vêtement de l’homme et celui de la femme, il a « inventé » le style androgyne dédié à la femme avec son fameux tailleur-pantalon ou son smoking féminin, fixant avant tout le monde les canons précurseurs de la mode unisexe. Le tailleur-pantalon, mais aussi la robe trapèze, la saharienne, le caban, les transparences jalonnent un parcours couronné de succès où le couturier a libéré la mode et bousculé les conventions. En 1983, le couturier entre dans le Petit Larousse et le Metropolitan Museum de New York lui consacre la rétrospective la plus importante jamais accordée à un couturier de son vivant : « Yves Saint Laurent : vingt cinq ans de création ». Mais le créateur révolutionnaire tire, avec classe, sa révérence à soixante-cinq ans. « Je n’ai qu’un regret, ne pas avoir inventé le jean... », a-t-il dit un jour. downloadModeText.vue.download 8 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 6 « Chanel a libéré la femme, Saint Laurent lui a donné le pouvoir », affirme Pierre Bergé. Il a permis « aux femmes de conquérir ce que la société réserve le plus souvent aux hommes : la liberté et l’assurance que donne le vêtement ». MADELEINE QUÊ UNE ACTIVITÉ DÉFICITAIRE Alors que Yves Saint Laurent crée, Pierre Bergé instaure un empire financier avec l’ouverture de 110 boutiques, mais aussi la mise au point de nombreux accessoires et produits dérivés de luxe et celle de quelques-uns des plus grands parfums du monde : « Y », « YSL pour homme », « Opium », « Jazz », « Kouros », « Champagne I ». Pourtant, la griffe Yves Saint Laurent Haute Couture, contrôlée par François Pinault depuis 1999, est une activité déficitaire, comme toutes les maisons de ce secteur qui constituent autant de vitrines prestigieuses et des boîtes à idées du prêtà-porter. Et pour arranger le tout, les relations entre Yves Saint Laurent, l’artiste, et François Pinault, le mécène, n’ont pas tou- jours été idylliques. 10 France Fin du débat sur l’arrêt Perruche Les députés adoptent à la quasi-unanimité la proposition de loi du député Démocratie libérale JeanFrançois Mattéi complétée par l’amendement du gouvernement sur l’indemnisation des handicaps congénitaux. Ce texte, qui stipule « nul ne peut se prévaloir d’un préjudice du seul fait de sa naissance », casse la jurisprudence de l’arrêt Perruche en interdisant à un enfant né avec un handicap congénital de réclamer une indemnisation du seul fait de sa naissance. Le 17 novembre 2000, la Cour de cassation avait accordé le droit d’obtenir personnellement réparation au jeune Nicolas Perruche, né polyhandicapé des suites d’une rubéole chez sa mère pendant la grossesse. Cet arrêt confirmé par deux fois par la haute juridiction avait soulevé la désapprobation des professionnels de la naissance et des associations de parents. L’amendement indique donc qu’un enfant né handicapé ne pourra pas réclamer réparation pour faire reconnaître un préjudice ni intenter une action en justice contre ses parents. En revanche, les parents d’un enfant handicapé pourront se retourner contre le médecin qui n’aurait pas décelé un handicap durant la grossesse des suites d’une « faute caractérisée ». 11 Allemagne Stoiber contre Schröder L’ultraconservateur Edmund Stoiber devient le candidat de l’opposition CDU-CSU face au chancelier social-démocrate Gerhard Schröder aux législatives allemandes du 22 septembre 2002. Sa principale rivale, la présidente de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) Angela Merkel, annonce en effet qu’elle se retire de la course, reconnaissant son échec dans la bataille qu’elle menait depuis plusieurs semaines contre le leader du parti bavarois de la CSU. Les derniers sondages soulignaient l’avantage qu’aurait la CDU-CSU à battre campagne sous la bannière d’Edmund Stoiber, fort de son bilan économique en tant que chef du gouvernement régional de Bavière. C’est la deuxième fois que la CSU impose à la CDU son candidat à la chancellerie, après Franz-Josef Strauss en 1980. France Prison ferme pour Bernard Bonnet Le tribunal correctionnel d’Ajaccio condamne l’ancien préfet de Corse Bernard Bonnet à trois ans d’emprisonnement, dont un an ferme. Ce dernier est reconnu coupable d’avoir ordonné en février 1999 d’incendier clandestinement des paillotes construites illégalement sur le domaine public maritime. M. Bonnet fait immédiatement appel de la décision du tribunal, laquelle reste toutefois en deçà des réquisitions du procureur de la République qui avait demandé quatre ans, dont trois ferme, contre le haut fonctionnaire. Les deux autres principaux prévenus dans l’affaire des paillotes, le colonel Henri Mazères, ancien commandant de la gendarmerie en Corse, et Gérard Pardini, ex-directeur de cabinet du préfet, décident aussi de faire appel après avoir été chacun condamnés à deux ans et demi de prison, dont six downloadModeText.vue.download 9 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 7 mois ferme, et à deux ans d’interdiction de leurs droits civiques et civils. 12 Pakistan Mesures anti-islamistes Islamabad interdit cinq mouvements islamistes, dont le Lashkar-e-Tayyaba (Armée de Médine) et le Jaishe-Mohammed (Armée de Mahomet), considérés par New Delhi comme les instigateurs de l’attaque meurtrière du 13 décembre contre le Parlement indien. L’Inde salue les nouvelles mesures contre le terrorisme frontalier du Cachemire annoncées par le président pakistanais Pervez Mucharraf mais demande qu’elles prennent effet immédiatement. Des deux côtés de la frontière, la mobilisation des troupes est actuellement la plus importante depuis la dernière guerre indo-pakistanaise en 1971. France Le Conseil constitutionnel annule les dispositions contre le licenciement Le Conseil constitutionnel censure un article de la loi de modernisation sociale qui définit plus strictement la notion de licenciement économique dans le Code du travail, estimant qu’il aurait retardé des « réorganisations inéluctables et conduit ainsi à plus de licenciements ». Cet article interdisait les licenciements pour motif économique sauf en cas de diffi- cultés sérieuses, de mutations technologiques ou de réorganisation indispensable à la sauvegarde de l’entreprise. Le gouvernement « prend acte » de cette décision qui « ne met nullement en cause la réforme d’ensemble des procédures de licenciements collectifs ». En revanche, le Conseil juge conforme à la Constitution l’ensemble des dispositions améliorant l’information et renforçant les prérogatives des instances représentatives des salariés quant aux projets de restructuration de l’entreprise. 14 France Démission du juge Halphen Le juge Éric Halphen, quarante-deux ans, annonce qu’il a demandé sa « mise en disponibilité » à la chancellerie. Le 4 septembre 2001, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris avait dessaisi le juge Halphen du dossier des HLM de Paris, qu’il instruisait depuis sept ans. Elle avait également annulé pour vice de forme une convocation de Jacques Chirac comme témoin. Éric Halphen dénonce une « justice à deux vitesses » et explique qu’il a décidé de parler pour « défendre son honneur : Faire savoir que j’ai été calomnié et que mon instruction sur l’affaire des HLM a été sabotée. On m’a mis des bâtons dans les roues tout le temps. On a sans cesse voulu m’empêcher d’enquêter. » Il accuse aussi certains magistrats : « Toutes les annulations de l’affaire des HLM sont à mes yeux totalement infondées. Il faut bien comprendre que la procédure pénale n’est pas une science exacte. La chambre de l’instruction fait ce qu’elle veut. Dans les dossiers terroristes, elle fait des contorsions pour faire tenir les enquêtes. Dans les dossiers financiers, et en particulier avec moi, c’est l’inverse. Certains juges, auxquels on a attribué des idées politiques qui ne sont pas celles du président de la chambre de l’instruction, ont été comme moi systématiquement maltraités. Dans ce genre d’affaire, la chambre de l’instruction examine le dossier davantage en fonction du juge qui l’a instruit que par rapport à son contenu. » Le P-DG de la Société générale en garde à vue Daniel Bouton, président-directeur général de la Société générale, est placé en garde à vue dans le cadre de l’enquête sur un réseau de blanchiment francoisraélien. Six cadres de la banque, poursuivis au « titre de leurs fonctions », ont déjà été mis en examen dans cette affaire par la juge d’instruction parisienne Isabelle Prévost-Desprez. La magistrate enquête sur un réseau de blanchiment d’argent entre la France et Israël : des chèques volés en France, pour la plupart dans des boîtes aux lettres, ont été endossés dans des banques israéliennes ou des territoires palestiniens et réglés par des banques françaises. La justice reproche aux banques de ne pas surveiller le traitement des chèques au sein des chambres de compensation des organismes bancaires. Daniel Bouton affirme que la Société générale a respecté les procédures bancaires habituelles et regrette que les services de police et les banquiers ne coopèrent pas plus étroitement dans la lutte contre le blanchiment. Commerce L’OMC déboute les États-Unis Un comité d’appel de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) se prononce contre la législation américaine accordant plusieurs milliards de dollars d’allégements de charges fiscales aux entreprises downloadModeText.vue.download 10 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 8 américaines qui opèrent à l’étranger. Cette législation a été signée par le président Bill Clinton en novembre 2000, déclenchant immédiatement une levée de boucliers au sein de l’Union européenne. Celle-ci avait alors menacé les États-Unis de sanctions douanières d’un montant de 4 043 milliards de dollars au cas où l’OMC jugerait ces aides illégales. Dans leur communiqué de ce lundi, les Quinze ont appelé les États-Unis à se mettre en conformité « une fois pour toutes » avec les règles de l’OMC. L’Organisation mondiale du commerce s’est déjà prononcée trois fois contre les mesures américaines qui accordent des exemptions d’impôts aux entreprises exportatrices. 15 UE Un nouveau président pour le Parlement L’Irlandais Pat Cox, quarante-neuf ans, président du groupe libéral, succède à Nicole Fontaine, du Parti populaire européen, au terme de son mandat de deux ans et demi, à la présidence du Parlement européen. Il l’emporte face à son adversaire socialiste, le Britannique David Martin. L’Irlandais est élu au troisième tour de scrutin avec une majorité absolue de 298 voix contre 236 pour l’Écossais David Martin, un proche du Premier ministre britannique Tony Blair. L’eurosceptique Jens-Peter Bonde, un nationaliste danois, qui s’était maintenu au troisième tour, a recueilli 33 voix. Pour la première fois en cinquante- deux ans d’existence du Parlement de Strasbourg, l’élection de son président a donné lieu à une véritable bataille politique entre la droite et le centre d’un côté, et les socialistes et les Verts de l’autre. La quasi-totalité des partis de l’assemblée avait présenté un candidat. 16 Proche-Orient Le chef du FPLP arrêté par les Palestiniens L’Autorité palestinienne annonce l’arrestation à Ramallah du chef du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), Ahmed Saadat, qui avait revendiqué l’an dernier l’assassinat d’un ministre israélien d’extrême droite. Cette arrestation est survenue quelques heures après l’assassinat de deux automobilistes israéliens sur des routes de Cisjordanie. Le FPLP avait revendiqué l’assassinat en octobre dernier de Rehavam Zeevi, ministre israélien du Tourisme. Récemment, Israël avait annoncé que Yasser Arafat ne serait pas autorisé à quitter Ramallah – où le leader palestinien est de fait assigné à résidence depuis la fin de décembre – tant qu’Ahmed Saadat n’aurait pas été mis sous les verrous. Dans un communiqué, le FPLP indique que l’arrestation de son chef risque de déboucher sur une « guerre politique totale » entre l’Autorité palestinienne et l’ensemble des Palestiniens. De leur côté, le Djihad islamique et le Hamas s’apprêtent à intensifier leurs attaques contre Israël. Le 18, après qu’un kamikaze palestinien a tué six Israéliens dans une salle de mariage à Hadera, dans le nord d’Israël, Tsahal envoie des chars à Ramallah et bombarde la ville de Tulkarem, détruisant le siège du gouvernement à Tulkarem. L’homme a blessé trente personnes à l’arme automatique en plein centre de Jérusalem avant d’être abattu. Un autre homme tire à l’arme automatique dans les rues de Jérusalem-Ouest avant d’être abattu, blessant quatorze personnes, tandis que le mouvement de la résistance islamique (Hamas) annonce qu’il mènera une « guerre totale » contre les soldats et colons israéliens, répondant ainsi à la mort de quatre de ses militants au cours d’une opération commando de Tsahal à Naplouse (Cisjordanie). Le 29, Tsahal opère une incursion à Artas (Cisjordanie), au sud de Bethléem, deux jours après un attentat-suicide commis par une jeune femme palestinienne dans le centre de Jérusalem. Depuis le début de la deuxième Intifada, il y a seize mois, plus de 30 hommes, dont un Arabe de nationalité israélienne, se sont fait exploser en Israël, faisant des dizaines de morts et des centaines de blessés. 17 France La loi sur la Corse censurée Le Conseil constitutionnel censure l’article premier de la loi sur la Corse, qui attribuait un pouvoir législatif aux élus insulaires. Saisi par les députés et sénateurs de l’opposition, le Conseil constitutionnel – dont sept des neuf membres sont classés à droite – n’a censuré qu’une seule disposition de la loi sur la Corse, mais une disposition de taille. Les autres dispositions du texte ont été validées. L’article premier « méconnaisdownloadModeText.vue.download 11 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 9 sait les dispositions constitutionnelles qui dressent limitativement les cas de délégation » du pouvoir législatif, soulignent les juges constitutionnels dans leur communiqué. La Constitution n’autorise en effet un tel transfert que dans quatre cas : le référendum, les ordonnances, l’attribution de pouvoirs exceptionnels au chef de l’État et le transfert de compétences à un territoire d’outre-mer. En refusant de donner à l’Assemblée de Corse le pouvoir d’adapter les lois, les Sages ont annihilé la clé de voûte du processus de Matignon. Conformément à la Constitution, Jacques Chirac dispose d’un délai de quinze jours pour promulguer la loi sur la Corse, ce qu’il fait le 22 : « Au terme du processus d’élaboration de la loi sur la Corse », indique un communiqué du Président, « l’île, dotée de compétences nouvelles et de moyens propres à assurer son développement économique, social et culturel, reste pleinement ancrée dans la République. C’est ce que j’avais demandé à plusieurs reprises. » 18 Madagascar Manifestation à Antananarivo Plusieurs dizaines de milliers de partisans du candidat de l’opposition Marc Ravalomanana manifestent dans le calme à Antananarivo, capitale de l’île de Madagascar. Ils dénoncent une tentative du gouvernement de falsifier les résultats du premier tour de l’élection présidentielle. Un mois après le premier tour de scrutin du 16 décembre, les résultats officiels ne sont pas encore publiés. Selon des résultats provisoires, M. Ravalomanana, maire d’Antananarivo, a recueilli 46,56 % des voix, contre 40,56 % au président sortant, l’amiral Didier Ratsiraka. L’opposition multiplie les manifestations de protestation contre les résultats provisoires qui, en cas de validation, en- traîneraient un second tour entre le président Ratsiraka et Marc Ravalomanana. Ce dernier prétend avoir remporté suffisamment de suffrages – près de 53 % – pour être élu dès le premier tour et, accusant son adversaire de lui voler sa victoire, refuse un second tour. Le 28 et le 29, 500 000 à un million de personnes répondant à un appel à la grève générale lancé par Marc Ravalomanana défilent, toujours dans le calme, dans les rues d’Antananarivo. Ce dernier appelle à la tenue de manifestations quotidiennes jusqu’à ce qu’il soit déclaré vainqueur. L’incroyable imbroglio malgache La Grande Île de l’océan Indien a connu une situation quasiment inédite pendant les six premiers mois de l’année 2002. Un interminable bras de fer s’est joué entre le président sortant, Didier Ratsiraka, et son adversaire de la présidentielle de décembre 2001, Marc Ravalomanana. Le 16 décembre 2001, les Malgaches se rendent aux urnes pour choisir leur chef de l’État. Ils doivent départager six candidats. Mais l’élection se joue en fait entre deux hommes : le sortant Didier Ratsiraka, au pouvoir pendant vingt-cinq ans avec une courte interruption de 1993 à 1998, et Marc Ravalomanana, prospère homme d’affaires et maire de la capitale, Antananarivo. Un long dépouillement Comme toujours, le dépouillement du premier tour est long, très long, à Madagascar. Plus vaste que la France, la Grande île est pauvre en infrastructures de communication. Plusieurs semaines sont donc généralement nécessaires pour réunir les résultats. Cette fois, il ne faudra pourtant « que » quinze jours pour que le ministère de l’Intérieur les annonce : 46,44 % pour Marc Ravalomanana, contre 40,61 % pour Didier Ratsiraka. Officiellement, un deuxième tour est donc nécessaire pour départager les deux hommes. Il n’aura jamais lieu. D’après ses décomptes, M. Ravalomanana remporte l’élection au premier tour avec près de 52 % des voix. Qui a raison ? Qui a tort ? Nul ne le saura. Chacun s’accuse mutuellement de fraude. De plus, les résultats officiels sont également contestés par un consortium d’observateurs indépendants. Ce qui conforte le maire d’Antananarivo dans son exigence d’obtenir une confrontation des procès verbaux recueillis par les deux camps pour départager les candidats. Didier Ratsiraka s’y oppose, arguant du fait que la procédure n’est pas prévue par la Constitution qui laisse à la seule Haute Cour constitutionnelle (HCC) le soin de proclamer les résultats définitifs. Sauf que l’opposition la soupçonne de rouler pour le downloadModeText.vue.download 12 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 10 chef de l’État sortant. Se considérant désormais comme le président élu, Marc Ravalomanana lance alors ses partisans dans la rue et appelle, mi-janvier, à une grève générale largement suivie dans la capitale, où il compte de nombreux soutiens. Chaque jour, pendant plusieurs semaines, des dizaines de milliers de ses partisans se réunissent dans le centre ville pour réclamer la reconnaissance de sa victoire. Didier Ratsiraka n’a aucunement l’intention d’obtempérer. Marc Ravalomanana décide alors de s’autoproclamer chef de l’État, le 22 février, devant des milliers de partisans réunis dans un stade d’Antananarivo, en présence d’anciens hauts magistrats et en présence des représentants du clergé, qui lui sont largement acquis. L’initiative est mal accueillie à l’extérieur. Le secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine, l’Ivoirien Amara Essy, médiateur de la crise, et la France condamnent ce qu’ils considèrent comme une tentative de coup de force. Le maire d’Antananarivo n’en a cure. D’autant que la loi martiale, décrétée les jours suivants par Didier Ratsiraka, n’est tout simplement pas appliquée par une armée qui refuse d’autant moins de tirer sur les partisans de Ravalomanana qu’elle lui est à 80 % fidèle. Deux présidents Le pays se retrouve, de facto, avec deux présidents. Le sortant Didier Ratsiraka s’installe dans son fief de Toamasina, principal port du pays, d’où il espère amorcer sa contre-offensive. Fort du soutien implicite de l’OUA, il espère parvenir à récupérer le pouvoir en entamant le blocus de la capitale, enclavée dans les hautes terres. Il compte également sur les gouverneurs qui lui sont encore fidèles dans cinq des six provinces du pays et à qui il ordonne de tout faire pour résister à l’avancée des soldats fidèles à Marc Ravalomanana. Au fil des semaines, la pénurie commence à gagner la capitale et, d’une manière générale, la situation économique de l’île devient catastrophique, alors que de nombreuses entreprises doivent fermer leurs portes. Les tentatives de médiations se multiplient. Le 18 avril, Marc Ravalomanana et Didier Ratsiraka se rencontrent à Dakar, sous l’égide du président sénégalais Abdoulaye Wade et de plusieurs autres dirigeants africains. Ils signent un texte qui prévoit le recomptage des voix et un référendum si aucune majorité absolue ne se dégage en faveur d’un des candidats. En fait, quelques jours plus tard, la Haute Cour constitutionnelle, dont certains membres ont été remplacés par d’autres plus favorables à Marc Ravalomanana, proclament les résultats définitifs du scrutin du 16 décembre. C’est désormais le tour de Didier Ratsiraka de dénoncer une cour aux ordres du nouveau « président ». Les craintes d’une guerre civile se confirment, alors que les troupes de Marc Ravalomanana entreprennent de prendre les principales villes du pays, dont Mahajanga, un port stratégique au nord-ouest de l’île, Antsiranana, à l’extrême nord, et Toliara, au sud. D’où une nouvelle initiative du président sénégalais et de son homologue gabonais Omar Bongo, qui convoquent littéralement les deux ennemis à Dakar le 8 juin. La rencontre aboutit à un compromis bancal, qui prévoit l’organisation d’élections législatives anticipées avant la fin de l’année. À l’évidence, cette solution ne résout pas la crise. Sur le terrain, les forces de Marc Ravalomanana progressent. Mi-juin, ses hommes prennent le port de Mahajanga, ouvrant une voie importante d’approvisionnement vers la capitale. Au même moment, Didier Ratsiraka quitte précipitamment son fief pour Paris. On le croit en exil. C’est mal le connaître. Le 19 juin, une équipée militaire est dévoilée. Douze mercenaires français, recrutés par le camp Ratsiraka, sont stoppés à Dar Es Salam, en Tanzanie, alors qu’ils tentent de se rendre sur la Grande Île, à bord d’un Falcon 900. Trois jours plus tard, le président malgache obtient, malgré tout, le soutien de l’organe de prévention des conflits de l’OUA. Refusant de trancher entre Ratsiraka et Ravalomanana, celui-ci propose la tenue d’un référendum pour les départager. En fait, les dés sont déjà jetés. CHRISTOPHE CHAMPIN RECONNAISSANCE INTERNATIONALE Le 26 juin, lors de la fêle de l’indépendance organisée par le nouveau régime, tous les pays occidentaux, à l’exception de la France, sont représentés par leurs ambassadeurs, ce qui vaut, de facto, reconnaissance. Campée jusqu’ici dans une neutralité, interprétée à Madagascar comme un soutien à Didier Ratsiraka, Paris ne tarde pas à leur emboîter le pas. En revanche, l’OUA maintient sa position. Lors de son sommet, du 8 au 11 juillet, à Durban, l’ordownloadModeText.vue.download 13 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 11 ganisation panafricaine refuse à nouveau de reconnaître le régime d’Antananarivo. Mais Didier Ratsiraka a déjà quitté le pays, pour les Seychelles, puis la France, cette fois pour y vivre en exilé. La victoire de Marc Ravalomanana est totale. 22 Colombie Le processus de paix préservé La guérilla colombienne des FARC et le gouvernement colombien s’engagent à signer un cessez-lefeu le 7 avril, évitant ainsi la rupture des pourparlers de paix engagés depuis trois ans. L’accord a été paraphé par le haut-commissaire colombien à la paix, Camilo Gomez, et le porte-parole des Forces armées révolutionnaires de Colombie, Raul Reyes, à Los Pozos, dans l’enclave démilitarisée des FARC, à 700 km au sud de Bogota. Grand comme la Suisse (42 000 km2), ce territoire situé dans une zone stratégique du sud du pays avait été placé sous le contrôle des FARC en janvier 1999 afin d’instaurer le début du processus de paix. Cet accord est intervenu juste avant la fin de l’ultimatum fixé par le président Andrés Pastrana, pour aboutir à une relance des négociations, suspendues depuis le 17 octobre dernier par les FARC. Faute d’accord, le chef de l’État devait annoncer la fin de la zone démilitarisée détenue par les FARC, et par là même la mort du processus de paix pour tenter de mettre fin à trente-sept ans d’une guerre civile qui a fait 200 000 morts. Russie Suppression d’une chaîne indépendante Le ministre russe des médias Mikhail Lesine supprime les émissions de TV6, la plus grande chaîne indépendante de Russie, dont les journalistes avaient refusé d’abandonner leur patron Boris Berezovsky, homme d’affaires controversé et vif critique du Kremlin. Le directeur de TV6 Evguéni Kiseliov a fait part de pressions du gouvernement. Il a raconté que lorsque la plus haute cour de Russie avait ordonné la dissolution de TV6, le 11 janvier dernier, le ministre des médias avait appelé son directeur exécutif pour lui proposer un marché : les journalistes pouvaient rester à l’antenne à condition de couper tout lien avec Berezovsky. Sous la pression, Kiseliov a accepté de remettre la licence de la chaîne dans une lettre au ministre. Cela aurait permis aux journalistes qui dirigent TV6 de demander une nouvelle licence, sans Berezovsky. Mais Evguéni Kiseliov a ensuite envoyé une nouvelle lettre au ministre dans laquelle il revenait sur sa décision. Peu après son annonce, les huissiers arrivaient au ministère des médias pour demander que l’ordre de justice soit exécuté et que TV6 disparaisse des ondes. La justice russe avait ordonné la fermeture de TV6 après une plainte déposée par son actionnaire minoritaire Lukoil-Garant, un fonds de pension appartenant au géant pétrolier russe Lukoil, qui exigeait la fin de la station au prétexte qu’elle n’apportait pas de bénéfices. TV6 est dirigée par un groupe de journalistes venus de NTV, une chaîne indépendante reprise en main l’an dernier par le géant Gazprom. Certains ont affirmé que la chaîne payait ainsi pour ses critiques du Kremlin et sa couverture de la guerre en Tchétchénie. Le principal actionnaire de TV6 est le magnat Boris Berezovsky, qui a perdu les faveurs du Kremlin et qui vit à l’étranger pour échapper à des accusations de corruption. 23 France Grève largement suivie des médecins généralistes L’UNOF (Union nationale des omnipraticiens de France), premier syndicat de généralistes, appelle les praticiens à fermer leur cabinet pendant 24 heures. Elle est rejointe par de très nombreux syndicats de spécialistes. Le taux de grévistes a atteint entre 70 et 90 %, selon les régions. Les négociations avec la Caisse primaire d’assurance maladie (CNAM) sont au point mort. La ministre de l’Emploi et de la Solidarité Élisabeth Guigou appelle les représentants de l’Union nationale des omnipraticiens de France à reprendre les négociations entamées le 10 janvier dernier avec la CNAM pour parvenir à un compromis, refusant une nouvelle fois de reprendre elle-même les discussions en s’abritant derrière la loi : « C’est à la CNAM de négocier les rémunérations, mais moi je m’occupe de tout le reste. » Depuis le début du mouvement de grève des gardes entamé le 15 novembre 2001, l’UNOF demande que les consultations de base soient portées à 20 euros et les visites à domicile à 30 euros, ce qui représente une enveloppe globale de 1,38 milliard contre 732 millions d’euros sur trois ans proposés de downloadModeText.vue.download 14 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 12 son côté par la Caisse primaire d’assurance maladie pour revaloriser les honoraires des médecins. 24 France Décès de Pierre Bourdieu Le sociologue Pierre Bourdieu décède à Paris à l’âge de soixante et onze ans. Directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), élu au Collège de France en 1981, où il occupait la chaire de sociologie, il était considéré comme celui qui a renouvelé la sociologie à partir des années 1960 et comme l’un des grands penseurs de la société contemporaine. Il réunit autour de lui une école sociologique dont la revue Actes de la recherche en sciences sociales, fondée en 1975, fut la vitrine. Dans les années 1990 et à partir des grèves de l’automne 1995, il s’est engagé publiquement aux côtés des mouvements de contestation de la mondialisation. 25 Inde Nouveau test d’un missile nucléaire New Delhi procède au tir d’un missile balistique de moyenne portée à capacité nucléaire de classe Agni II, c’est-à-dire un engin capable de transporter une bombe nucléaire sur 700 km. Il a été lancé depuis l’île de Wheeler au large des côtes de l’État indien d’Orissa au-dessus de la baie du Bengale. Alors que la crise avec le Pakistan au sujet du Cachemire bat son plein, le gouvernement indien déclare que cet essai était prévu de longue date et n’a, en conséquence, aucune signification politique. Depuis une attaque-suicide le 13 décembre 2001 contre le Parlement indien attribuée par New Delhi à des milices islamistes du Pakistan, des centaines de milliers de soldats indiens et pakistanais équipés de missiles balistiques, de chars et appuyés par l’aviation se font face à la frontière entre les deux pays. Les autorités gouvernementales pakistanaises réagissent au test indien en estimant qu’il est « préjudiciable » et rappelle que le Pakistan est prêt à se défendre contre toute agression. Pour sa part, le gouvernement britannique de Tony Blair « regrette » l’essai indien, estimant que celui-ci donne « de mauvais signaux dans cette région et au-delà ». Une opinion partagée par le gouvernement français, qui estime pour sa part que le tir du missile n’est « certainement pas le signal le plus heureux dans le contexte régional actuel ». 27 Tennis Capriati et Johansson champions en Australie L’Américaine Jennifer Capriati (no 1 mondiale), tenante du titre et âgée de vingt-cinq ans, remporte, après avoir sauvé quatre balles de match, sa troisième victoire dans un tournoi du grand chelem en battant la Suissesse Martina Hingis (no 3) 4-6, 7-6 (9/7), 6-2, en 2 heures 10 minutes, dans la finale du simple dames des Internationaux d’Australie à Melbourne. Chez les hommes, le Suédois Thomas Johansson (no 16) bat en finale le Russe Marat Safin (no 9) 3-6, 6-4, 6-4, 7-6 (7/4), en 2 heures et 53 minutes. C’est le premier titre majeur pour ce joueur de vingt-sept ans, dont ses deux quarts de finale à l’US Open, en 1998 et 2000, étaient jusque-là les plus belles prestations en grand chelem. Sa victoire met fin à la traversée du désert du tennis suédois, depuis le deuxième succès de Stefan Edberg à l’US Open en 1992. Le dernier Suédois vainqueur à Melbourne était Mats Wilander en 1988, année de l’ouverture de Melbourne Park. 28 France Hausse des statistiques de la délinquance Les directeurs généraux de la police Patrice Bergougnoux et de la gendarmerie Pierre Steinmetz indiquent que la délinquance en France a augmenté de 7,69 % en 2001, franchissant, pour la première fois, la barre des quatre millions de faits constatés. L’an dernier, les services de police et de gendarmerie ont recensé 4 061 792 crimes et délits contre 3 771 849 un an plus tôt. Si chacune des quatre grandes catégories de crimes et délits (vols, atteintes aux personnes, infractions économiques et financières, autres, dont stupéfiants) est orientée à la hausse, la plus importante (+ 9,86 %) downloadModeText.vue.download 15 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 13 est celle des « atteintes aux personnes ». Les statistiques 2001 de la délinquance confirment et amplifient un phénomène apparu en 2000 : la « rurbanité » de la délinquance, qui s’exprime de plus en plus dans les zones périurbaines, voire rurales. L’augmentation du nombre de faits constatés par la seule gendarmerie (11,89 %) est ainsi près du double de celle enregistrée par les services de police (6,23 %). Sport Fin de Prost Grand Prix À moins de deux mois de l’ouverture du Championnat du monde 2002, le tribunal de commerce de Versailles prononce la mise en liquidation de l’écurie de formule 1 Prost Grand Prix, placée en redressement judiciaire depuis le 22 novembre dernier. L’entreprise du quadruple champion du monde présentait une dette de 30,5 millions d’euros. Prost Grand Prix emploie 200 salariés. Une procédure de reclassement est lancée. Alain Prost avait fondé son écurie en 1997, laquelle n’a pas remporté la moindre course en quatre saisons, tant avec le motoriste Peugeot qu’avec Ferrari, son fournisseur actuel. 30 États-Unis Mise en garde de Bush À l’occasion de son premier discours sur l’état de l’Union devant le Congrès et le peuple américains, le président George W. Bush assure que des « dizaines de milliers de terroristes menacent toujours l’Amérique ». Il entend mobiliser son pays contre deux fléaux : le terrorisme et la récession, deux de ses principaux chevaux de bataille. Des « dizaines de milliers de terroristes menacent toujours l’Amérique », soutenus, selon la vision du président américain, par une dizaine de pays qui « abritent des terroristes » ainsi que par « une sphère diabolique » de trois autres pays – l’Iran, la Corée du Nord et l’Irak – qui cherchent à s’approprier des armes de destruction massive. Près de cinq mois après les attentats du 11 septembre, le chef de la Maison-Blanche appelle tous ces pays à éradiquer le terrorisme : « S’ils ne le font pas, l’Amérique le fera », promet-il, avant de plaider pour une augmentation de 50 milliards de dollars (58 milliards d’euros) du budget de la défense américaine et pour le doublement du budget de la sécurité intérieure à 38 milliards de dollars (44 milliards d’euros). 31 Brésil Forum de Porto Alegre Le 2e Forum social mondial, premier grand rendezvous des opposants au néolibéralisme depuis les attentats du 11 septembre, s’ouvre à Porto Alegre. Les organisateurs de cette grand-messe des antiDavos espèrent démontrer qu’au-delà d’actions ponctuelles et de la protestation ou de la révolte pure et simple, comme à Seattle (États-Unis) en décembre 1999 (contre l’OMC), il est possible de « souder plusieurs centaines d’organisations disparates pour réfléchir à des propositions alternatives à travers le dialogue ». Outre l’économie mondiale « repensée à partir du social », les attentats du 11 septembre, la paix et la crise argentine sont au centre des débats de Porto Alegre. Vedette de la première édition du Forum, en 2001, le militant antimondialisation et syndicaliste paysan français José Bové a fait le déplacement ainsi que trois candidats à l’élection présidentielle – l’ancien ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement, le député Vert de la Gironde Noël Mamère et le représentant trotskiste de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) Olivier Besancenot. Par ailleurs, les organisateurs du Forum ont refusé d’accueillir des organisations liées au terrorisme, en particulier l’ETA. « Un autre monde est possible » New York accueillait, du 31 janvier au 3 février 2002, l’élite de l’économie et des finances mondiales dans le cadre du Forum économique international, organisé jusquelà à Davos. Au même moment, Porto Alegre avait donné rendez-vous aux détracteurs de la mondialisation pour la deuxième édition de son Forum social international. Tétanisés par les attentats du 11 septembre 2001, qui les a forcés à mettre un bémol à leurs diatribes anti-américaines et à ménager les États-Unis engagés dans une guerre totale contre le « Mal », les mouvements antimondialisation ont gardé un temps un profil bas. Le climat sécuritaire était peu propice à de vastes downloadModeText.vue.download 16 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 14 mobilisations telles que Gênes en avait connu en juillet, lors du sommet de l’OMC. Mais cette bienveillante discrétion a vite atteint ses limites, soulignées par la politique unilatéraliste de l’administration Bush. L’attitude de celle-ci, arcboutée sur ses seules préoccupations militaires et stratégiques, a rapidement ranimé les vieilles hostilités. Le symbole de New York Le Forum économique international de New York a donc été l’occasion pour les détracteurs du nouvel ordre mondialisé de battre le rappel des troupes. D’autant que le choix de New York pour cette 31e édition de ce grand rendez-vous mondial du gotha économique et financier revêtait une dimension de symbole. Il était plus tentant de porter la lutte contre la mondialisation au coeur même de la capitale de la finance mondiale, siège des grands temples du FMI ou de la Banque mondiale, que sur les alpages de Davos. Pourtant, alors que l’immense terrain vague où s’élevaient les tours jumelles du World Trade Center demeurait comme une plaie béante au coeur de Manhattan, il eut été maladroit d’y organiser un contre-sommet, dont d’éventuels dérapages risquaient de se retourner contre les anti-mondialisation. Prévenues, les autorités new-yorkaises avaient développé un dispositif de sécurité impressionnant autour de l’hôtel Waldorf Astoria où se réunissaient les hôtes du sommet. Plutôt que de croiser le fer à New York, les militants anti mondialisation ont préféré se donner rendez-vous au sud du Brésil. Pour la deuxième année consécutive, la ville de Porto Alegre relevait le défi de la mondialisation triomphante en accueillant un Forum social international consacré aux luttes contre le libéralisme et le libre-échangisme, et proclamant qu’« un autre monde est possible ». Créé et organisé par une municipalité qui expérimente la démocratie participative sous la conduite du parti des Travailleurs, le Forum de Porto Alegre s’est imposé, dès sa deuxième édition, comme une institution de l’antilibéralisme. À quelques mois des élections présidentielles brésiliennes, mais aussi française, le forum de Porto Alegre s’est même laissé aller à quelques mondanités. Sa réunion a donné lieu à de véritables opérations de relations publiques de la part de personnalités venues chercher au Brésil la caution des leaders de la lutte contre la globalisation libérale comme José Bové. Dialogue de sourds Au-delà des mots et des symboles pourtant, ces deux forums concomitants n’auront pas vraiment contribué à développer ce fameux dialogue Nord-Sud qui figure en toile de fond de toutes les grandes rencontres internationales. Si, de New York à Porto Alegre, la relation entre les pays du Nord et ceux du Sud a été au centre des discussions, c’est un dialogue de sourds qui résonnait d’un bout à l’autre du continent américain. Tandis que New York, on réaffirmait sa foi dans la mondialisation libérale, en se contentant de la souhaiter « plus sociale et plus juste », on redisait à Porto Alegre son attachement à la taxe Tobin, au commerce équitable, à l’effacement de la dette des pays pauvres ou encore à la lutte contre les OGM. Ces discours diamétralement opposés convergeaient pourtant pour critiquer le Fonds monétaire international, placé au banc des accusés à New York comme à Porto Alegre, bien que sur des chefs d’accusation radicalement différents. Pour les participants du Forum social de Porto Alegre, la faillite économique de l’Argentine voisine est un exemple parmi d’autres des erreurs du FMI que certains, comme le Français Jean Pierre Chevènement, ont appelé à supprimer. Si cette proposition n’a pas été sérieusement prise en considération par les ténors de l’économie et de la finance mondiale réunis à New York, les modes d’intervention du gendarme financier du monde ont été âprement discutés à partir du même exemple de l’Argentine, qui a survécu grâce aux perfusions du FMI jusqu’au mois de décembre 2001 avant de s’effondrer dès l’arrêt des aides internationales. Les États-Unis, dont dépend en grande part le FMI, ne veulent plus entendre parler des plans de sauvetage qui, de l’Asie au Mexique, ont marqué la décennie 1990. Et si l’administration Bush est décidée à bousculer les règles de fonctionnement du FMI, c’est dans le sens d’un plus grand libéralisme encore et en fonction des seuls intérêts stratégiques des États-Unis. La preuve de cette orientation avait été donnée par la nomination, le 1er septembre 2001, comme numéro deux du FMI de l’économiste ultraconservatrice Anne Krueger, favorable au renforcement de la sélection dans l’octroi des aides. GARI ULUBEYAN downloadModeText.vue.download 17 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 15 LA GAUCHE FRANÇAISE SE REFAIT UNE VIRGINITÉ Alors que Laurent Fabius représentait la France au Forum économique mondial de New York, la majorité plurielle, en ordre dispersé, soignait son image de gauche sociale au Forum de Porto Alegre et au Forum des élus locaux qui le précédait. Ce pas de deux relevait de l’exercice d’équilibriste pour le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, qui représentait un Lionel Jospin souvent critiqué pour avoir abdiqué ses idéaux socialistes face à la mondialisation. Il s’est pourtant affiché sans état d’âme aux côtés de « Lula », président d’honneur du parti des Travailleurs et candidat à la prochaine élection présidentielle du Brésil, ainsi qu’au côté du maire de Porto Alegre, Tarso Genro. D’autres représentants de la gauche française, traditionnelle ou critique, comme le républicain Jean-Pierre Chevènement, le Vert Noël Mamère ou encore le trotskiste Olivier Besancenot, sans oublier le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, ou encore le maire communiste de Saint-Denis, Patrick Braouzec, se sentaient plus à l’aise pour courtiser les élus locaux brésiliens ou encore José Bové, hôte de marque du Forum social. Au point que Porto Alegre a pris l’allure d’une antichambre de la campagne électorale française. downloadModeText.vue.download 18 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 16 Février 5 France Fin de cavale pour Schuller Après sept ans de fuite, Didier Schuller est interpellé à Roissy peu après son arrivée en provenance de Saint-Domingue et incarcéré à la prison de la Santé. L’ancien conseiller général RPR des Hauts-de-Seine est impliqué dans l’affaire des HLM de ce département. Il est mis en examen pour « abus de biens sociaux, trafic d’influence, recel et complicité » par le juge d’instruction Philippe Vandingenen en charge de l’enquête sur la gestion de l’Office. Dans un entretien au Monde, Didier Schuller affirme qu’il « ne rentre pas pour balancer untel ou untel, mais seulement pour (se) défendre et sortir du piège [...] Je ne reviens pas pour régler des comptes mais pour rendre des comptes », ajoute-t-il. L’ancien directeur général de l’office HLM des Hauts-de-Seine, qui faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international délivré en juin 1995, a préféré revenir volontairement de République dominicaine où il avait trouvé refuge. 7 France La croissance revue à la baisse La Commission économique de la nation, réunie au ministère des Finances, revoit à la baisse les prévisions de la croissance française pour 2002. Selon elle, la croissance se situerait entre 1,4 % et 1,6 % du PIB. Le budget 2002 tablait sur une croissance à 2,25 % - 2,5 %. En 2003, en revanche, la croissance française devrait se situer dans une fourchette allant de 2,8 % à 3,2 %, conforme aux prévisions précédentes du gouvernement. Cette révision de la croissance oblige le gouvernement à revoir l’hypothèse de déficit public 2002. Cette révision du déficit public qui correspond aux déficits cumulés de l’État, de la Sécurité sociale et des collectivités locales est une mauvaise nouvelle pour le gouvernement, qui souhaitait arriver à l’équilibre de ses finances publiques en 2004. Dans un rapport rendu en décembre dernier, l’INSEE prévoyait que la croissance française devrait être « proche de la stagnation au quatrième trimestre de 2001 et au premier trimestre de 2002 ». La stagnation de la croissance française s’explique par une conjoncture internationale particulièrement déprimée et aggravée par le choc des attentats du 11 septembre. 9 Algérie Le chef du GIA abattu Le chef du Groupe islamique armé, Antar Zouabri, est tué lors d’un accrochage avec les forces de sécurité alors qu’il était encerclé avec deux de ses compagnons à Boufarik, localité située à 25 kilomètres au sud d’Alger. Il était considéré comme une des figures emblématiques de la nébuleuse de l’islamisme armé. Plusieurs fois donné pour mort, il était un des islamistes les plus recherchés d’Algérie. En mai 1997, un an après qu’il eut pris la direction du GIA, sa tête avait été mise à prix pour environ 67 000 euros. Partisan d’une stratégie « d’embrasement général » pour renverser le régime militaire algérien, Antar Zouabri rejetait en bloc la politique d’amnistie, dite de « concorde civile », proposée par le président Abdelaziz Bouteflika. Il était tenu pour responsable de nombreuses tueries perpétrées récemment en Algérie qui ont causé la mort de quelque 150 civils depuis le début de l’année. Grande-Bretagne Mort de la princesse Margaret La princesse Margaret, soeur de la reine Élisabeth II d’Angleterre, décède à l’hôpital King Edward VII des suites d’une « nouvelle attaque d’apoplexie ». Elle était âgée de soixante et onze ans. Dans les années 50, sa romance malheureuse avec le conseiller royal et ancien pilote de la RAF Pete Townsend, un homme divorcé, avait nourri les échos dans le monde entier. En 1978, son union avec Anthony Armstrong-Jones, devenu lord Snowdon, avait été dissoute au bout de dix-huit ans, marquant ainsi le premier divorce dans l’entourage immédiat de la reine. Le 15, la princesse est incinérée à la suite d’une cérémonie dans downloadModeText.vue.download 19 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 17 l’enceinte du château de Windsor en présence de la reine mère. 11 France Jacques Chirac candidat à sa propre succession Lors d’une visite à Avignon, Jacques Chirac, répondant à une question, déclare : « Oui, je suis candidat. » Il prend ainsi au dépourvu les observateurs politiques, qui estimaient que le chef de l’État entendait demeurer président à part entière le plus longtemps possible, en tout cas, jusqu’aux 15 et 16 mars, dates du sommet européen de Barcelone. Le 14, dans un sondage Ipsos, Jacques Chirac gagne quatre points à 27 % dans les intentions de vote pour le premier tour de l’élection présidentielle, tandis que Lionel Jospin progresse de deux points à 23 %. Derrière le président et le Premier ministre, les autres principaux candidats reculent ou stagnent. 12 Justice Milosevic devant le Tribunal pénal international Slobodan Milosevic, l’ancien président yougoslave, comparaît devant le tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPI) pour génocide et crimes contre l’humanité durant les guerres de Bosnie et du Kosovo. Il a été le premier chef d’État en exercice inculpé de crimes de guerre par le TPI créé en 1993. Quelque 66 chefs d’accusation tous passibles de la prison à perpétuité ont été retenus contre M. Milosevic, considéré comme l’instigateur des déplacements forcés et des massacres de non-Serbes pour créer une Grande Serbie ethniquement « pure ». Le procès devrait durer plus d’un an car l’accusé est soupçonné d’avoir, en treize ans au pouvoir, commis tous les crimes que le tribunal pénal international peut juger. L’ancien président yougoslave, qui assure sa propre défense, estime que le TPI n’a pas de légitimité et dénonce une nouvelle fois, dans sa déclaration liminaire, la responsabilité de l’Occident dans les atrocités commises en ex-Yougoslavie. Sport Patinage : scandale aux jeux Olympiques Marie-Reine Le Gougne, la juge française de la compétition des couples de patinage artistique remportée par le couple russe Elena Berezhnaya-Anton Sikharulidze aux JO de Salt Lake City, est accusée par ses confrères d’avoir subi des pressions « pour agir d’une certaine façon », c’est-à-dire faire gagner les Russes. Ces derniers l’avaient emporté par cinq voix contre quatre face aux Canadiens Jamie SaleDavid Pelletier, alors que Sikharulidze avait commis une faute à la réception de son double axel. MarieReine Le Gougne aurait voté en faveur des Russes pour venger la défaite des danseurs français face aux Canadiens en finale du Grand Prix de patinage à Kitchner, en décembre. Didier Gailhaguet, le chef de mission de la délégation française aux JO de Salt Lake City, qui a révélé l’affaire, dément toute implication de la Fédération française des sports de glace dans cette affaire : « Ce qui est vrai, c’est que Marie-Reine a subi des pressions qui l’ont poussé dans un certain sens. Des personnes proches des juges ont mal agi et mis sous pression une personne intègre et émotionnellement fragile. Je pense qu’elle a été quelque part manipulée », at-il déclaré. La juge française Marie-Reine Le Gougne soutient de son côté qu’elle a subi des pressions pour placer les Russes en première position et met en cause sa fédération. La Fédération internationale de patinage (ISU) et le Comité international olympique décident finalement d’attribuer une deuxième médaille d’or au couple canadien Jamie Sale-David Pelletier. Mme Le Gougne est suspendue par l’ISU. Le 19, le président de la Fédération internationale de patinage annonce qu’un nouveau système de notation pourrait rapidement remplacer l’ancien système. Le terrorisme d’État en procès à La Haye Au moment où le terrorisme d’Al-Qaida est érigé en fléau mondial, et alors que des polémiques naissent au sujet du type de justice à appliquer aux membres de ce réseau prisonnier des Américains, s’ouvre à La Haye le procès d’un autre terrorisme – d’État celui-là — incarné par Slobo- dan Milosevic. Le parallèle n’est pas que downloadModeText.vue.download 20 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 18 conjoncturel tant, en matière de justice, le mal et son traitement paraissent intimement liés. Défait aux élections législatives d’octobre 2000, arrêté à Belgrade en avril 2001 puis transféré à La Haye en juin de la même année, Slobodan Milosevic comparaît, à partir du 12 février 2002, devant le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Il y est inculpé, depuis octobre 2001, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité pour les exactions commises sous son autorité par les forces serbes en Croatie, en 1991 et 1992. Depuis mai 1999, il est accusé des mêmes crimes pour les opérations conduites au Kosovo en 1999. Il est de plus inculpé, depuis novembre 2001, de crime de génocide pour la campagne d’épuration ethnique menée par les Serbes en Bosnie de 1992 à 1995. Dans ce dernier cas, Slobodan Milosevic est accusé d’avoir « planifié, ordonné, commis ou de toute autre manière aidé et encouragé à planifier, préparer ou exécuter la destruction, en tout ou partie, des groupes nationaux, ethniques, raciaux ou religieux musulmans et croates de Bosnie, comme tels ». Un ordre mondial gouverné par le droit « Aujourd’hui, comme jamais auparavant, nous voyons la justice internationale en action », affirme le procureur du TPIY, Carla Del Ponte, dans sa déclaration préliminaire. L’ancien président yougoslave est le premier chef d’État à répondre de crimes perpétrés contre son peuple. Et l’événement fera certainement date, comme l’a fait le précédent historique du procès des dirigeants nazis à Nuremberg, en 1945 et 1946, et comme le fera à son tour, en juillet 2002, l’acte fondateur que doit constituer l’entrée en vigueur de la Cour pénale internationale (CPI). La comparution de Slobodan Milosevic devant le TPIY légitime l’existence de ce tribunal spécial créé par l’ONU en mai 1993 – qui se serait discrédité à ne juger que des exécutants –, tout comme elle justifie la création d’un tribunal à compétence universelle – si Slobodan Milosevic peut être jugé, pourquoi pas les autres dirigeants criminels de par le monde. Le procès qui s’ouvre à La Haye contribue ainsi à l’émergence d’un ordre mondial gouverné par le droit, non pas le droit des États ni même seulement le droit international, mais aussi et surtout cet ensemble de règles universelles réunies sous la dénomination de « droits de l’homme ». Il est d’autant plus déplorable qu’au même moment les États-Unis, qui ont pressé la Yougoslavie de livrer Slobodan Milosevic au TPIY et qui exigent toujours le transfèrement de ses comparses, se rendent coupables d’un déni de justice à l’égard des membres d’Al-Qaida qu’ils détiennent, en niant leur statut de prisonniers et en les vouant à une justice d’exception. Car l’homme possède des droits, qu’il soit newyorkais ou taliban, qu’il s’appelle « Muhamed Hazdarevic, 52 ans, blessé par balles dans le dos et à la poitrine en voulant cultiver un carré de légumes à Slatinski Put 5, au nord de Sarajevo, le 25 juin 1993 », l’une des quelque cinquante victimes de snipers répertoriées dans l’acte d’accusation du TPIY, ou qu’il s’appelle Slobodan Milosevic. Le Tribunal a très scrupuleusement veillé aux conditions de déroulement du procès, qui doit durer au moins deux ans, et notamment au respect des droits de la défense. L’accusé, quant à lui, a choisi une stratégie de rupture, conseillé en coulisses par l’avocat Jacques Vergès. Il conteste la légitimité du TPIY et entend assurer seul sa défense. Face à cette attitude, le Tribunal a décidé de s’entourer de trois amici curiae – des « amis de la cour » –, sortes d’experts juridiques de haut rang à l’impartialité garantie, chargés notamment de l’éclairer sur la pertinence juridique des arguments politiques invoqués par l’accusé. La lutte « antiterroriste » de Milosevic Slobodan Milosevic dénonce un « procès politique » et s’affiche comme une « victime [qui] se trouve en position d’accusé ». Concernant le conflit du Kosovo, examiné en premier par le Tribunal, il accuse l’Armée de libération du Kosovo et les bombardements de l’OTAN d’être les véritables responsables de l’exode des Kosovars, « baptisé “déportation” ». Il qualifie l’action de Belgrade au Kosovo de « lutte antiterroriste » qu’il rapproche de l’opération américaine en Afghanistan. Et il accuse le Tribunal de viser, à travers sa personne, le peuple serbe. Moins à l’aise, il nie toute participation de la Serbie aux conflits qui ont déchiré la Croatie et la Bosnie-Herzégovine. Mais, exploitant habilement les points faibles des « vainqueurs », il s’étonne d’être accusé de crimes qui remonteraient à l’époque où il était le négociateur reconnu par la communauté internationale des accords de paix de Dayton, et il indownloadModeText.vue.download 21 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 19 dique son intention de convoquer à la barre des témoins les dirigeants occidentaux, au premier rang desquels Bill Clinton, Jacques Chirac, Tony Blair, Gerhard Schröder et Kofi Annan. Le Tribunal ne devra-t-il pas aussi, sans renverser l’accusation, relever les failles de l’attitude occidentale à l’égard du drame yougoslave avant 1999, au nom du même droit qui permet aujourd’hui de juger Slobodan Milosevic ? ALAIN POLAK LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE Signé à Rome par 120 pays en juillet 1998, le traité créant une Cour pénale internationale (CPI), a recueilli, le 11 avril 2002, les 60 ratifications nécessaires à son entrée en vigueur. Celle-ci doit intervenir le 1er juillet. À l’étude depuis le lendemain de la guerre, le projet d’une autorité pénale mondiale a resurgi dans les années 1990 à l’occasion des conflits meurtriers survenus en Yougoslavie et au Rwanda, pour lesquels la mise en place de tribunaux spéciaux est venue pallier les défaillances de la communauté internationale. Les organisations de défense des droits de l’homme ont dès lors mené un combat incessant en faveur de l’instauration d’une cour pénale sans limites géographiques. Des intérêts nationaux très divers, et parfois opposés, sont finalement venus à bout des résistances des États membres du Conseil de sécurité de l’ONU, qui craignaient une diminution de leurs prérogatives internationales. Saisie par un État partie au traité, la CPI jugera les crimes de guerre, crimes contre l’humanité, génocides et agressions commis par des ressortissants ou sur le territoire des États parties au traité. Ces conditions sont levées en cas de saisine par le Conseil de sécurité. Ce dernier peut demander à la CPI de suspendre ses travaux pendant douze mois ; cette demande est renouvelable. Les États-Unis, la Russie, la Chine, le Japon, l’Inde, le Pakistan, Israël et les pays arabes – à l’exception de la Jordanie – n’ont pas ratifié le traité de Rome. 13 États-Unis Bush menace l’Irak Selon des responsables de la Maison-Blanche, cités par le Washington Post, le président américain George W. Bush veut renverser Saddam Hussein, au pouvoir en Irak, avant la fin de son propre mandat, soit en janvier 2005. Les États-Unis envisagent plusieurs options contre le régime de Saddam Hussein, d’une guerre du Golfe II à une simple campagne de bombardements en passant par une opération secrète de déstabilisation. L’objectif serait de mettre fin au régime de Saddam Hussein et d’éliminer les armes destruction massive que l’Irak est soupçonné détenir. Les principales cibles seraient la défense aérienne, les bâtiments gouvernementaux, les centres de commandement militaire et les sites présumés de production ou de stockage d’armes de destruction. Selon les responsables de la Maison-Blanche, il y a de nombreuses raisons de renverser Saddam Hussein, notamment le fait qu’il cherche activement à se procurer des armes nucléaires, qui, selon eux, risqueraient de se retrouver dans les mains de groupes terroristes du Moyen-Orient. La menace d’une invasion pourrait forcer Saddam Hussein à autoriser le retour des inspecteurs en désarmement de l’ONU. 14 France Décès de Geneviève de GaulleAnthonioz Geneviève de Gaulle-Anthonioz, nièce du général de Gaulle, décède à Paris à l’âge de quatre-vingtun ans. Résistante de la première heure, déportée à Ravensbruck et ancienne présidente du mouvement ATD-Quart-Monde, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, après toute une vie de combat contre l’exclusion et la pauvreté, parvient en avril 1996 à faire entendre sa voix au Parlement. Devant les députés, elle plaide pour ceux « dont la souffrance vaut moins que la nôtre » en faisant une déclaration de guerre à la précarité devant un hémicycle unanime. La loi sur la cohésion sociale a été adoptée le 9 juillet 1998. René Teulade mis en examen L’ancien ministre socialiste René Teulade, suppléant de François Hollande et président d’honneur de la Mutuelle de retraite de la Fonction publique (MRFP), downloadModeText.vue.download 22 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 20 est mis en examen par le juge d’instruction JeanPaul Albert dans le cadre de l’enquête sur la gestion de la Mutuelle. Il est poursuivi pour « abus de confiance ». L’actuel président et ancien trésorier de la Mutuelle Pierre Teulé-Sensacq, le vice-président délégué Norbert Attali et le secrétaire Jacques Fleurotte ont également été mis en examen pour « abus de confiance ». Ils sont soupçonnés d’avoir bénéficié d’avantages liés à leur fonction. Pierre-Yves Morin, ancien directeur financier, est quant à lui poursuivi pour « complicité d’abus de confiance ». René Teulade, qui a été président de la MRFP de 1974 à 1992, en est aujourd’hui le président d’honneur. Créé en 1949, l’organisme compte 470 000 adhérents dont il gère le complément de retraite. Selon un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales, qui date de 1999, la Mutuelle a pris en charge les loyers et taxes des appartements d’une partie des administrateurs. 18 Moyen-Orient Nouveau cycle de violences Un nouvel attentat est perpétré à Jérusalem, faisant deux morts et un blessé. Une voiture piégée a explosé à la sortie sud-est de la ville. Le leader palestinien Yasser Arafat renouvelle son appel à un cessez-le-feu, tandis qu’en signe de bonne volonté la police palestinienne arrête deux Palestiniens accusés d’avoir tué le ministre israélien du Tourisme Rehavam Zeevi le 17 octobre dernier. Ariel Sharon avait posé l’arrestation des assassins de son ministre en préalable à l’assouplissement des mesures de confinement prises contre Yasser Arafat, bloqué à Ramallah. 20 France Jospin candidat Dans une « déclaration aux Français » transmise à l’Agence France-Presse depuis son domicile, le Premier ministre annonce qu’il brigue la présidence de la France. « Je souhaite restaurer l’esprit de responsabilité, fondement de l’autorité. J’entends placer la responsabilité au coeur de l’action publique, la promouvoir dans notre société à tous les niveaux », écrit le Premier ministre. « Il faudra présider autrement », ajoute-t-il. « Le président de la République doit présenter un projet au pays, prendre des engagements et les respecter. Il faut un président actif, qui donne de grandes orientations et travaille à leur mise en oeuvre avec le gouvernement. » 22 Israël Sharon pour la création de « zones tampons » Lors d’une allocution diffusée à la radio et à la télévision israéliennes, Ariel Sharon annonce qu’il va instaurer des zones-tampons entre Israël et les Palestiniens pour « assurer la sécurité des citoyens israéliens, où qu’ils demeurent ». Le principe de ce projet avait déjà été approuvé par le Cabinet israélien. On ignore si ces zones se situeraient du côté israélien ou palestinien de la ligne séparant l’État hébreu de la Cisjordanie. Ariel Sharon, qui s’exprimait peu après de nouveaux tirs de missiles israéliens sur des installations de la sécurité palestinienne à Gaza et Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, qui ont fait une vingtaine de blessés, a reconnu que les temps n’étaient « pas faciles ». Il a appelé le peuple israélien à la patience et assuré qu’il ferait « tous les efforts pour éviter une escalade qui ne dégénère en guerre totale ». Depuis le début de l’Intifada, fin septembre 2000, 1 272 personnes ont trouvé la mort, dont 973 Palestiniens et 276 Israéliens. Le 28, dans un communiqué commun, les États arabes du Golfe et les pays de l’Union européenne estiment que la paix au Proche-Orient nécessite un État palestinien viable aux côtés « d’un État d’Israël vivant en sécurité et pleinement reconnu ». Cette déclaration intervient dans le contexte du plan de paix saoudien, qui propose une normalisation des relations israélo-arabes en échange d’un retrait israélien total des territoires occupés. Pakistan Mort de David Pearl Le Département d’État américain confirme le décès du journaliste du Wall Street Journal qui avait été enlevé par des extrémistes musulmans lors d’un reportage au Pakistan. Selon deux hauts responsables américains, le FBI a obtenu une cassette vidéo reçue par le consulat américain à Karachi attestant la mort de David Pearl. Le journaliste avait disparu à Karachi le 23 janvier dernier après avoir organisé un entretien avec le chef d’une faction islamiste supposée liée au réseau terroriste Al-Qaida d’Oussama Ben Laden et à Richard Reid, arrêté en décembre dernier, qui est soupçonné d’avoir voulu faire sauter des explosifs downloadModeText.vue.download 23 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 21 dans ses chaussures à bord d’un vol Paris-Miami. La police pakistanaise arrête plusieurs suspects, dont Ahmad Omar Said Sheikh, un militant islamiste qui reconnaît avoir organisé l’enlèvement de David Pearl pour protester contre la décision du Pakistan de participer à la coalition antiterroriste aux côtés des ÉtatsUnis après les attentats du 11 septembre. Madagascar Marc Ravalomanana s’autoproclame président Marc Ravalomanana, maire d’Antananarivo, se proclame président de la République devant quelque 100 000 partisans réunis au stade municipal d’Antananarivo. Il prête serment après qu’un magistrat a annoncé sa victoire dès le premier tour de l’élection le 16 décembre dernier, avec 52,15 % des voix contre 35,67 % à l’actuel président Didier Ratsiraka. Cette proclamation est immédiatement jugée illégale par le président du Sénat. Paris condamne « la tentative de coup de force » et l’« autoproclamation », de même que l’Organisation de l’Unité africaine et l’Assemblée parlementaire de la Francophonie. En s’autoproclamant président, Marc Ravalomanana tente de mettre fin à deux mois de contestation électorale. Il accuse le parti au pouvoir d’avoir truqué le scrutin présidentiel du 16 décembre au profit du président Didier Ratsiraka. Le 26, Marc Ravalomanana annonce qu’il choisit pour Premier ministre Jacques Sylla, un avocat et ancien ministre des Affaires étrangères, lui confiant la tâche de former un gouvernement aussi vite que possible. Le 28, le président malgache sortant Didier Ratsiraka décrète la loi martiale dans toute l’île. Il déclare qu’il a pris cette décision en raison des grèves nationales qui ont « dévasté notre économie ». Selon lui, ces grèves de protestation coûtent au pays l’équivalent de 12 millions de dollars (14 millions d’euros) par jour. En vertu des pouvoirs que lui confère la loi martiale, le président Ratsiraka limoge M. Ravalomanana de son poste de maire de la capitale et le remplace par un général de l’armée. Paris appelle au dialogue et estime que « la solution politique à Madagascar passe par le suffrage universel, sous une forme à déterminer par les Malgaches eux-mêmes ». Angola Mort de Jonas Savimbi Le rebelle angolais Jonas Savimbi est tué lors de combats dans la province de Moxico (Sud-Est), en se battant contre les forces gouvernementales de Luanda. Ce « combattant de la liberté », âgé de soixantesept ans, avait consacré sa vie à lutter pour le pouvoir dans ce pays riche en pétrole et en diamants, d’abord contre la puissance coloniale portugaise, puis contre les différents régimes communistes. On estime que la guerre civile angolaise a fait un demi-million de morts et chassé de leurs maisons quatre millions de personnes, soit un tiers de la population. Un conflit que Jonas Malheiro Savimbi n’a pas su arrêter lorsqu’il l’aurait pu pendant les années 90, reniant alors trois accords de paix. Colombie Enlèvement d’une candidate à la présidence L’ancienne sénatrice Ingrid Betancourt, candidate à la prochaine élection présidentielle en Colombie, est enlevée par des rebelles des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) alors qu’elle faisait route vers San Vicente de Caguan, une ville qui venait d’être reprise par les troupes gouvernementales aux rebelles. Le ministre de l’Intérieur Armando Estrada fait savoir que le gouvernement recherche l’ancienne sénatrice et fait le maximum pour sécuriser la région. Le volcan colombien Élu en août 1998 sous le signe de l’espoir et de la pacification, le président Andres Pastrana s’apprête à céder la place sans être parvenu à démontrer que la négociation, telle qu’il l’a menée, pouvait apporter des solutions à la crise qui secoue le pays. La violence n’épargne aujourd’hui plus aucune province, touchant les campagnes comme les grandes villes, dont la capitale Bogota, et paralysant l’économie. Lancé en août-septembre 1999 sous le patronage des États-Unis, le « plan Colombie » de lutte contre le trafic de drogue et contre la rébellion armée a d’ores et déjà échoué, selon le bilan établi sur place par l’ambassadeur américain. La production et le trafic de cocaïne, d’héroïne et d’autres drogues n’ont pas diminué, bien au contraire. Selon l’ONU, les surfaces consacrées à la coca ont augmenté de 60 % en 2001, en dépit de la politique d’éradication prônée par le plan Colombie, et le pays exporte toujours 80 % de la cocaïne consommée dans le monde. Les mesures du plan Colombie n’ont fait qu’entraîner une augmentation des prix et donc des profits des trafiquants, qui ne sont pas tous colombiens. downloadModeText.vue.download 24 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 22 Et les expérimentations biologiques préconisées pour détruire les plantations de coca, comme les fumigations ou les champignons parasites, constituent aujourd’hui une menace sérieuse pour l’agriculture du pays. 3 685 personnes tuées en 2001 Mais c’est la généralisation de la violence qui présente les conséquences les plus désastreuses. Les chiffres des meurtres, des disparitions, des règlements de compte et des représailles atteignent des proportions inquiétantes. Pour la seule année 2001, 3 685 personnes ont été tuées. Les négociations entre le gouvernement et la guérilla menées entre novembre 1998 et février 2002 n’y ont rien fait. La rupture d’un dialogue biaisé, dont chacune des parties savait qu’il déboucherait sur une inévitable confrontation militaire, a démontré l’impossibilité pratique d’une réconciliation entre deux adversaires qui n’ont d’autre but que la liquidation de l’autre. Devenue une réalité quotidienne en Colombie, la guerre civile risque de plus de se transformer en conflit régional. La guerre civile, l’économie et le trafic de drogue sont étroitement imbriqués. Les Forces armées révolutionnaires colombiennes (FARC), qui comptent de 17 000 à 20 000 combattants, accusent le pouvoir d’avoir vendu le pays aux intérêts économiques et stratégiques américains en échange de leur contribution à la modernisation de l’armée colombienne en vue d’anéantir la rébellion. Accusées par les ÉtatsUnis de profiter des revenus de la drogue, les FARC dénoncent à leur tour le soutien apporté par le gouvernement à la formation paramilitaire d’extrême droite de l’Autodéfense unie colombienne (AUC), forte de 7 000 à 9 000 hommes, dont les liens avec les trafiquants de drogues, les gros propriétaires terriens et l’armée ne sont plus un secret. L’AUC, qui s’est toujours opposée à la négociation avec les FARC, serait devenue, selon des statistiques officielles, le principal artisan de la violence sur le plan national et le principal responsable des déplacements massifs de population à l’intérieur du pays. Une issue militaire à la crise ? Depuis quinze ans, plus de trois millions de personnes – près de 200 000 au cours de la seule année 2001 –, principalement des femmes et des enfants, ont dû fuir leurs villages pour échapper aux représailles de la guérilla. Leurs terres et leurs biens ont été récupérés par les gros propriétaires et les paramilitaires. Aux menaces sur la vie des personnes déplacées s’ajoute donc la précarité de leur situation économique. Les déplacements ne concernent plus seulement le territoire colombien. Des milliers de réfugiés tentent de gagner les pays voisins, l’Équateur, le Venezuela ou le Brésil. Ces pays renforcent leur contrôle militaire aux frontières, par crainte d’infiltration de guérilleros, interrompant ainsi les circuits commerciaux traditionnels et ruinant l’économie régionale. Aux effets d’une inégalité exceptionnelle de la distribution des richesses s’ajoutent, depuis le milieu de l’année 1998, les conséquences d’une récession sans précédent qui a frappé l’économie jusqu’en 2000. Le programme d’ajustement proposé par le FMI et appliqué par le gouvernement n’a pas réussi à redresser la situation, bien au contraire. Cette situation a renforcé le rejet par la population, y compris par les Indiens de la forêt amazonienne, des entreprises étrangères implantées dans le pays. Le chômage et le sousemploi frappent à présent plus de la moitié de la population active, et 80 % des salariés gagnent moins de 270 euros par mois. Sur 43 millions d’habitants que compte le pays, plus de 27 millions ne disposent que d’environ 2 euros par personne et par jour pour survivre. Le mécontentement se généralise et l’idée que seule une issue militaire à la crise est envisageable gagne du terrain. PABLO F. LUNA L’OTAGE MONNAIE D’ÉCHANGE Ingrid Betancourt a été enlevée par les FARC en février, alors que le gouvernement colombien venait de mettre un terme aux négociations avec la guérilla. Elle avait voulu devancer le président Andres Pastrana et les représentants de l’armée et atteindre la première la ville de San Vicente del Caguán, symbole de la reconquête militaire des territoires contrôlés par la guérilla. Connue pour ses coups politiques et médiatiques, la candidate à l’élection présidentielle comptait sur cet exploit pour faire remonter dans les sondages sa cote jusque-là au plus bas – 0,2 %. Pour les FARC, elle représentait une « pêche miraculeuse ». Ingrid Betancourt appartient, avec des ministres, d’autres parlementaires et des officiers de l’armée, à un downloadModeText.vue.download 25 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 23 groupe d’otages que les FARC ont proposé d’échanger contre des dirigeants guérilleros emprisonnés et l’adoption d’une loi générale sur les prisonniers de guerre. La guérilla a accordé un délai d’un an à l’État colombien pour satisfaire ses exigences. Diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris, mariée à un fonctionnaire du Quai d’Orsay dont elle a depuis lors divorce, ancienne élue du Sénat colombien, Ingrid Betancourt possède la double nationalité. Elle est l’auteur de la Rage au coeur, bestseller en France avec plus de 120 000 exemplaires vendus, dans lequel elle dénonce la corruption de la classe politique colombienne, ce qui ne lui a pas valu que des amis dans son pays d’origine. 24 Sport Fin des JO d’hiver Les XIXe jeux Olympiques d’hiver à Salt Lake City s’achèvent sur la victoire (5-2) du Canada sur les États-Unis en finale du tournoi de hockey sur glace, après deux semaines de compétitions marquées par le scandale du patinage et trois cas de dopage avérés. Ces Jeux se sont déroulés dans un climat délétère : les Russes, indignés par le partage de leur médaille d’or dans l’épreuve des couples du patinage artistique et leur interdiction de participer au relais 4 × 5 km fond en raison des soupçons de dopage pesant sur Larissa Lazutina et Olga Danilova (finalement déclarées positives à la darbepoetine), n’ont cessé de dénoncer la « chasse aux sorcières » menée, selon eux, par les Américains, accusés d’hégémonisme. Sans l’intervention personnelle du président du CIO, Jacques Rogge, les relations russo-américaines auraient bien pu tourner au fiasco et les Jeux se terminer sans les Russes, ces derniers ayant un temps menacé de boycotter la fin des épreuves. Sur le plan sportif, c’est une jeune Croate de vingt ans, Janica Kostelic, qui a été l’étoile de ces Jeux, enlevant quatre médailles (un record en ski alpin), dont trois en or (géant, combiné, slalom). Le héros masculin est le Norvégien Ole Einar Bjoerndalen, vainqueur de quatre titres en autant de courses disputées dans le biathlon. Le Norvégien est ainsi devenu le deuxième athlète le plus titré lors des mêmes Jeux, à une longueur du patineur de vitesse américain Eric Heiden, quintuple médaillé d’or à Lake Placid en 1980. Le Finlandais Samppa Lajunen, vingtdeux ans, s’est contenté d’un triplé en combiné nordique, offrant à son pays ses premières médailles d’or dans la discipline depuis 1948. Le Norvégien Kjetil Andre Aamodt a, lui, enlevé deux nouvelles médailles d’or (combiné et super-G). Il totalise désormais sept médailles olympiques, en plus des dix qu’il compte en Championnat du monde – un palmarès record en ski alpin, avec 34 médailles dont 10 en or. Au classement des nations, les Américains ont battu leur pré- cédent record (13 médailles) et devancé les Russes (4es, avec 16 médailles, dont 6 en or). L’Allemagne, première nation avec ses 12 titres et 35 médailles, a réussi les plus beaux Jeux de son histoire et battu le record de médailles remportées au cours d’une seule et même édition des jeux Olympiques. La France, avec quatre titres et 11 médailles, a elle aussi amélioré son précédent record (9 médailles en 1968 à Grenoble) et termine à la sixième place du tableau final. France Bayrou « invité » surprise de l’UEM Alors que l’Union en mouvement tient sa convention nationale à Toulouse pour mettre fin à « l’esprit de division » et élaborer un « projet » pour les élections législatives, le candidat de l’UDF à la présidentielle François Bayrou vient plaider en faveur de la « diversité » de l’opposition devant une salle tout acquise à Jacques Chirac. « Entre les deux tours (...), nous aurons besoin les uns des autres », affirme-t-il devant une salle hostile. Peu avant sa venue à Toulouse, François Bayrou avait réaffirmé que « Jacques Chirac ne peut pas à lui tout seul représenter les sensibilités différentes de l’opposition. L’UEM est une très mauvaise idée. » 26 UE Adoption : les homosexuels déboutés La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), basée à Strasbourg, condamne la France sur un point de procédure pour « procès inéquitable » dans une affaire de refus d’accepter l’adoption d’un enfant par un homosexuel célibataire. En revanche, sur le fond, elle donne tort au plaignant, Philippe Fretté, au nom de « la marge d’appréciation des autorités de chaque État » dans un arrêt du Conseil d’État concernant l’adoption des enfants par des homosexuels. La Cour juge que le refus d’adopter ne constitue pas une violation de son droit au respect de sa vie privée et familiale. Elle estime que, « dans une affaire comme celle de l’espèce où les questions délicates soulevées touchent à downloadModeText.vue.download 26 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 24 des domaines où il n’y a guère de communauté de vues entre les États membres du Conseil de l’Europe [...], il faut laisser une large marge d’appréciation aux autorités de chaque État, qui sont en prise directe et permanente avec les forces vitales de leur pays et donc en principe mieux placées qu’une juridiction internationale pour évaluer les sensibilités et le contexte locaux ». Cette décision intervient à la suite d’une plainte contre le gouvernement français déposée pour « discrimination fondée sur l’orientation sexuelle ». Philippe Fretté, quarante-sept ans, enseignant à Paris, célibataire et homosexuel, souhaitait adopter un enfant mais s’est vu refuser son agrément par l’administration, qui avait argué de « ses choix de vie » et de « l’absence de référence maternelle », malgré un rapport de l’Aide sociale à l’enfance très favorable. 28 UE Le futur de l’Europe en chantier La Convention sur l’avenir de l’Europe entame officiellement ses travaux qui doivent mener à l’adoption d’une Constitution européenne. Sous la présidence du Français Valéry Giscard d’Estaing, les 105 membres de 28 nationalités différentes ont en effet pour tâche de définir les règles de fonctionnement d’une assemblée, théoriquement consultative, mais que beaucoup considèrent déjà comme constituante. « Vous détenez le pouvoir dont est investi tout organe politique : celui de réussir ou celui d’échouer. D’un côté, le gouffre béant de l’échec. De l’autre, la porte étroite du succès », a déclaré l’ancien président de la République en s’adressant à l’ensemble des représentants composant la commission. downloadModeText.vue.download 27 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 25 Mars 1 Afghanistan Nouvelle offensive américaine contre Al-Qaida Des bombardiers B-52 et des hélicoptères de combat américains lancent une offensive dans les reliefs de l’est de l’Afghanistan, dans les montagnes de Shahe-Kot, dans la province de Paktia à la frontière avec le Pakistan, où des combattants taliban et d’Al-Qaida sont supposés se cacher. Quatre à cinq mille de ces hommes se trouveraient encore en Afghanistan, selon les estimations afghanes et américaines. Le 18, l’opération s’achève après plus de deux semaines de bombardements intenses et de combats au sol qui ont mobilisé 2 000 soldats afghans et américains. La traque est cependant loin d’être finie. « Il nous reste un long chemin à parcourir », indique toutefois la porte-parole du Pentagone Victoria Clarke, notant qu’il restait des poches de fuyards taliban et d’AlQaida dans plusieurs provinces du sud et de l’est de l’Afghanistan, ainsi qu’au Pakistan. Les chiffres divergent quant au nombre de membres d’Al-Qaida mis hors de combat. Les résultats de cette opération rappellent ceux de l’offensive contre Tora-Bora (Est), en décembre dernier. Durant un mois, les avions américains avaient frappé le complexe de grottes tandis que leurs alliés afghans au sol tentaient de déloger les combattants d’Al-Qaida. Les troupes de la coalition n’avaient ensuite trouvé que quelques corps inertes et fait peu de prisonniers. Les autres avaient fui et gagné le Pakistan. 2 Italie La rue contre Berlusconi Plusieurs dizaines de milliers de personnes manifestent dans le centre de Rome pour dénoncer la politique du gouvernement de centre droit de Silvio Berlusconi et montrer l’unité du centre gauche. L’objet initial de la manifestation était de protester contre un projet de loi destiné à assouplir les modalités de licenciement. Silvio Berlusconi s’est dit peu impressionné par la démonstration. « La majorité des citoyens savent comment distinguer l’amour de la haine, et ils préfèrent l’amour », a-t-il lancé. Le 11, l’opposition de centre gauche lance sa campagne contre les conflits d’intérêt du président du Conseil, Silvio Berlusconi, en réunissant quelque 10 000 manifestants devant les locaux de la Rai à Rome et plusieurs milliers d’autres dans le reste du pays. Silvio Berlusconi est le propriétaire des trois principales chaînes de télévision privées du pays, concurrentes directes de la Rai. Les dirigeants de l’entreprise publique étant nommés par le pouvoir politique, le chef du gouvernement se trouve dès lors en mesure de contrôler également la radio-télévision d’État. Ces nouvelles manifestations de l’opposition interviennent alors que la loi sur les conflits d’intérêt, censée régler la situation née de l’arrivée au pouvoir du magnat des médias, a été adoptée le 28 février par la Chambre des députés, malgré le boycott de la gauche, et doit être prochainement débattue au Sénat. 3 Suisse « Oui » à l’adhésion à l’ONU Après l’avoir refusée il y a seize ans (75,7 % de non), les Suisses votent par référendum pour l’adhésion à l’ONU, à une majorité de 54,6 %. Le scrutin a été très serré au niveau des cantons puisque 12 ont voté pour et 11 contre. Les six cantons romands ont voté oui. Le canton de Genève, qui abrite le siège européen de l’ONU, a donné la plus forte majorité favorable avec 66,9 % de oui, devant Neuchâtel (65,2 %), Bâle-Ville (64,1 %), Vaud (63,5 %), Jura (63,1 %). Viennent ensuite les cantons de Zurich (59,8 %), Fribourg (59,2 %), BâleCampagne (58,8 %), Berne (56,4 %), Zoug (55,2 %), Soleure (52,9 %), Lucerne et Valais (51,5 % chacun). La Confédération va devenir le 190e État membre des Nations unies. Le 16 mars 1986, tous les cantons avaient dit non. La Suisse entre dans le monde Réalisant que les inconvénients de la neutralité dépassaient les avantages de l’« union » avec les autres « nations » du monde, les Suisses ont approuvé par référendum l’adhésion de leur pays à l’ONU. Cet événement historique indique que l’économie de la globalisation l’emporte désormais, dans ce pays de banques interdownloadModeText.vue.download 28 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 26 nationales et de traditions locales, sur l’idéologie du nationalisme. À l’automne, la Suisse est devenue le 190e pays membre de l’Organisation des Nations unies. Siège de nombreuses agences spécialisées de l’ONU, auxquelles elle participe activement et qu’elle finance généreusement, la Suisse s’était toujours refusée à adhérer à l’Organisation, où elle ne disposait que du simple statut d’observateur. Elle partageait ainsi avec le Vatican la particularité de se situer hors du concert des nations. Abandonnant l’enclos catholique romain à son sort très particulier, les Suisses ont approuvé, le 3 mars, l’adhésion de leur pays à l’ONU, lors d’une votation qui a vu le « oui » l’emporter par 54,7 % des suffrages. Le taux de participation a atteint 57,5 % – un record pour ce type de consultation. En revanche, la seconde condition exigée pour que le résultat soit valide n’a été satisfaite que d’extrême justesse : en effet, une faible majorité de 12 cantons sur 23 ont voté « oui ». Une adhésion avantageuse Restée neutre durant le conflit, la Suisse n’a pas rallié, en 1945, la structure créée par les « vainqueurs ». Elle est demeurée à l’écart des tensions Est-Ouest de la guerre froide, comme des tensions Nord-Sud qui ont prolongé la décolonisation, offrant ainsi un terrain diplomatique aux diverses parties en cause. Mais ce rôle est allé diminuant, tandis que croissait celui de l’enceinte internationale, par le biais notamment de ses missions de paix. Si être membre de l’ONU continuait à heurter la sensibilité de nombreux Suisses, ne pas l’être commençait à sérieusement handicaper Berne, pour son image comme pour son influence. Comme on le faisait remarquer dans les couloirs du palais de verre de New York, l’adhésion de la Suisse à l’ONU était plus avantageuse pour la Suisse que pour l’ONU. Cette dernière y verra surtout satisfaite sa vocation de principe à l’universalité. En mars 1986, les résultats de la première votation organisée en Suisse sur le sujet avaient été marqués par le rejet de la proposition par trois électeurs sur quatre, tous les cantons se dressant dans un même refus. Cette initiative avait eu pour principale conséquence de fédérer les militants nationalistes au sein de l’Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN), fondée en juin de la même année sur l’initiative de Christoph Blocher, leader populiste de l’Union démocratique du centre (UDC). L’ASIN se propose de « préserver l’indépendance, la neutralité et la démocratie directe de la Suisse ». Elle s’est notamment illustrée en militant avec succès pour le rejet des votations relatives à l’adhésion du pays à l’Espace économique européen, en décembre 1992, et à la création d’un contingent de « casques bleus » suisses en juin 1994. Durant la campagne en vue de la votation de mars 2002, l’ASIN a défendu la théorie selon laquelle la neutralité et la souveraineté populaire suisses sont incompatibles avec l’appartenance à l’ONU. Que d’autres pays neutres comme l’Autriche, la Suède, l’Irlande ou la Finlande soient membres de l’ONU et que la souveraineté des États membres soit inscrite dans la charte de l’Organisation n’y font rien. Selon les nationalistes, le droit de veto des membres permanents du Conseil de sécurité, et singulièrement des ÉtatsUnis, menace la liberté des Suisses de décider des affaires publiques sur la place du village ! Lors de sa venue en Suisse, où il devait présenter les arguments en faveur de l’adhésion du pays à son organisation, le secrétaire général adjoint de l’ONU a été accueilli par des affiches proclamant « Oui à la Croix-Rouge et à la paix. Non à l’ONU et à la guerre » qui l’ont laissé sans voix. Évolution de la doctrine de la neutralité Pourtant, depuis la fin de la guerre froide et plus précisément depuis le début des années 1990, la doctrine de la neutralité suisse a évolué. En août 1990, la Confédération a adopté des mesures d’embargo économique contre l’Irak à la suite d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU et, en juin 1992, elle a fait de même à l’encontre de la Yougoslavie, dans les mêmes circonstances. Avant même ces conflits emblématiques, Berne s’était associé, à titre individuel et sans obligation juridique, à certains embargos sur les armes décidés par le Conseil de sécurité, notamment à rencontre de la Rhodésie en 1966 ou de l’Afrique du Sud en 1977. Depuis les années 1990, la Suisse a systématiquement appliqué les sanctions adoptées par le Conseil de sécurité, y compris les sanctions militaires assimilées à des mesures juridiques visant à rétablir la paix et la sécurité au nom de la communauté internationale. Les milieux d’affaires suisses avaient largement financé la campagne des partisans de l’adhésion à l’ONU. Ils craignaient à juste titre que downloadModeText.vue.download 29 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 27 l’image d’un pays arc-bouté sur son pré carré ne gêne leur parfaite intégration au processus de mondialisation en cours. Mais la mondialisation ne concerne pas que l’économie. C’est ainsi que la prochaine entrée dans le monde de la Suisse marque autant la victoire de l’universalisme que la défaite du nationalisme. GÉRARD SANIER LES ADHÉSIONS À L’ONU Les États membres originaires : Afrique du Sud, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Belgique, Biélorussie, Bolivie, Brésil, Canada, Chili, Chine, Colombie, Costa Rica, Cuba, Danemark, Égypte, Équateur, États-Unis, Éthiopie, France, Grèce, Guatemala, Haïti, Honduras, Inde, Iran, Irak, Liban, Liberia, Luxembourg, Mexique, Nicaragua, Norvège, Nouvelle-Zélande, Panamá, Paraguay, Pays-Bas, Pérou, Philippines, Pologne, République dominicaine, Royaume-Uni, Salvador, Tchécoslovaquie, Turquie, Ukraine, URSS, Uruguay, Venezuela, Yougoslavie (1945). Les adhésions marquantes : Islande, Suède (1946) ; Pakistan (1947) ; Israël (1949) ; Indonésie (1950) ; Autriche, Espagne, Irlande, Italie, Portugal (1955) ; Japon (1956) ; RFA, RDA (1973). Les adhésions les plus récentes : Liechtenstein, Namibie (1990) ; Corée du Sud, Corée du Nord, Estonie, États fédérés de Micronésie, îles Marshall, Lettonie, Lituanie (1991) ; Arménie, Azerbaïdjan, Bosnie-Herzégovine, Croatie, Géorgie, Kazakhstan, Kirghizistan, Moldavie, Ouzbékistan, Saint-Marin, Slovénie, Tadjikistan, Turkménistan, (1992) ; Andorre, Érythrée, Macédoine, Monaco, République tchèque, Slovaquie (1993) ; les Palaos (1994) ; Kiribati, Nauru et Tonga (1999) ; Tuvalu (2000). 4 Proche-Orient Nouvelle escalade de la violence Quatre attaques palestiniennes – dont un attentatsuicide à Jérusalem qui a fait dix victimes israéliennes – coûtent la vie à 22 Israéliens et 12 Palestiniens ont été tués au cours de ripostes de Tsahal dans les camps de réfugiés palestiniens. Israël augmente la pression militaire « sur l’Autorité palestinienne et les organisations de la terreur palestinienne », avec pour objectif « d’arrêter la terreur palestinienne ». En réponse à l’attentat-suicide de Jérusalem, des hélicoptères israéliens tirent quatre missiles sur le quartier général des forces de sécurité palestiniennes et sur un atelier à Bethléem ; en Cisjordanie, des chars israéliens canonnent un bureau des renseignements palestiniens près de Salfit au sud de Naplouse et des tirs de mitrailleuses israéliens visent un poste de contrôle de la sécurité palestinienne près de Ramallah. Les responsables palestiniens dénoncent un engrenage incontrôlable de la violence, mais en imputent la responsabilité aux Israéliens. Yougoslavie Ibrahim Rugova président du Kosovo Le leader albanophone modéré de la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), Ibrahim Rugova, est élu à la présidence de la province par le Parlement multiethnique, lequel désigne aussi un Premier ministre et dix ministres dans le cadre de l’autonomie du Kosovo prévue depuis juin 1999. Ibrahim Rugova à la présidence partagera donc le pouvoir avec le Premier ministre Bajram Rexhepi, issu du Parti démocratique du Kosovo (PDK) d’Hashim Thaci, l’ancien leader de l’UCK. La désignation du président et du Premier ministre par le Parlement, qui s’est prononcé par 88 voix contre 3, avec 15 abstentions, est le résultat de l’accord politique conclu par la LDK et le PDK pour mettre fin à des mois d’impasse depuis les élections de novembre dernier. L’accord de partage du pouvoir permet à la LDK de nommer les ministres des Finances, de l’Éducation, de la Culture, des Transports et des Communications, tandis que le PDK prend à sa charge le Commerce et les Services publics. L’Agriculture revient à la coalition serbe et les portefeuilles de l’Environnement et de la Sécurité sociale à l’Alliance pour l’avenir du Kosovo. La Santé est confiée aux autres minorités représentées, qui détiennent un total de 13 sièges au Parlement. Le Kosovo, sous administration de l’ONU depuis 1999, a ainsi fait un nouveau pas vers l’autonomie. « Nous travaillerons ensemble pour un Kosovo libre, démocratique, pacifique, prospère et indépendant », a déclaré Ibrahim Rugova, en demandant à la communauté internationale de recondownloadModeText.vue.download 30 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 28 naître l’indépendance de la province pour accélérer son intégration dans l’Europe. 6 États-Unis Acier : mesures de protection Le président George W. Bush décide d’imposer des taxes de 8 à 30 % sur plusieurs types d’acier importés, dans le cadre d’un plan de trois ans destiné à aider l’industrie américaine de l’acier. Une trentaine d’aciéries ont fait faillite ces dernières années aux États-Unis tandis que le prix de l’acier chutait, et la question pourrait peser dans les élections au Congrès en novembre. L’Union européenne s’élève contre cette mesure, tandis que Jacques Chirac dénonce « la décision protectionniste » des États-Unis et souhaite que « l’Europe réagisse vigoureusement et de manière unie à cette décision » qui est « contraire aux règles de l’Organisation mondiale du commerce ». « La décision américaine de prendre le chemin du protectionnisme est un revers majeur pour le système commercial mondial », déclare, pour sa part, le commissaire européen chargé du Commerce Pascal Lamy. Le 17, l’UE dépose deux recours devant l’OMC, demandant des consultations avec les États-Unis. Le règlement de l’organisation prévoit la possibilité pour ses membres de prendre des mesures de rétorsion à rencontre d’un autre pays qui pratiquerait une politique protectionniste. Le 27, l’Europe, en riposte à la décision américaine de taxer ses importations d’acier, fixe à son tour une liste de 15 catégories d’acier auxquelles seront appliqués des tarifs douaniers de 14,9 à 26 % quand elles dépassent un quota fixé. Pour adopter ces mesures de sauvegarde, la Commission européenne fait valoir que ses importations d’acier ont augmenté de 18 % depuis 1998 alors que celles des États-Unis ont chuté de 33 % sur la même période. 7 Irlande Statu quo sur l’IVG Le « non » l’emporte avec 51 % des suffrages au référendum sur l’avortement visant à autoriser l’interruption de grossesse lorsque la vie de la mère est en danger. L’avortement est interdit en Irlande, sauf cas exceptionnels. Le texte soumis à référendum prévoyait de durcir cette législation actuelle : s’il avait été voté, les intentions suicidaires d’une femme n’auraient plus en effet été considérées comme un motif d’autorisation d’avortement. 8 Israël-Palestine Nouveaux affrontements Un nouveau raid de l’armée israélienne entraîne l’un des bilans les plus sanglants depuis seize mois : au moins 33 Palestiniens, dont un haut responsable de la Sécurité palestinienne, le général Ahmed Mefraj, ont été tués en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. L’État hébreu riposte ainsi à l’attentat-suicide commis la veille par un militant du Hamas qui a réussi s’infiltrer dans la colonie juive d’Atzmona (bande de Gaza) où il a tué cinq étudiants israéliens et blessé 19 autres avant d’être abattu par l’armée. Yasser Arafat demande « une intervention immédiate des États-Unis pour faire cesser les massacres de l’armée israélienne ». 9 France Réouverture du tunnel du Mont-Blanc Trois ans après l’incendie du 24 mars 1999 qui avait fait 39 morts, le passage entre la France et l’Italie est à nouveau accessible aux véhicules légers. En- viron 1 500 opposants à cette réouverture se sont regroupés devant la mairie de Chamonix pour défiler jusqu’à la rampe d’accès à la galerie à l’appel de l’Association pour le respect du site du Mont-Blanc (ARSMB). Le ministre des Transports Jean-Claude Gayssot annonce une réouverture prochaine du tunnel aux véhicules de moins de 19 tonnes. Mais cette décision est loin de satisfaire les Italiens : Silvio Berlusconi demande aux autorités françaises de rouvrir le tunnel à tous les camions en rappelant les engagements en ce sens déjà pris par la France. Le 27, la France et l’Italie se mettent d’accord sur la réouverture de principe du tunnel du Mont-Blanc, downloadModeText.vue.download 31 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 29 « d’ici l’été, aux poids lourds, sans toutefois fixer de date précise. » 9 États-Unis Pour un retour aux armes nucléaires tactiques Un document confidentiel révèle que les États-Unis souhaitent se doter de nouvelles armes nucléaires tactiques. Une liste de sept pays qui pourraient être des cibles potentielles a été établie. Cette liste recoupe celle des États de l’« axe du mal » qu’a évoqué George W. Bush dans son dernier discours sur l’état de l’Union. 10 Zimbabwe Élection présidentielle contestée Le président sortant Robert Mugabe est réélu à la tête du pays qu’il dirige depuis vingt-deux ans. Selon le décompte officiel, Robert Mugabe a obtenu 1 685 212 voix contre 1 258 758 à son rival le leader de l’opposition Morgan Tsvangirai, soit 56,2 % des suffrages, contre 41,9. Son élection provoque aussitôt de vives réactions au Zimbabwe et dans le monde. Rejetant les résultats, Morgan Tsvangirai accuse le pouvoir de fraudes électorales massives. Le ministre britannique des Affaires étrangères Jack Straw déclare que Robert Mugabe a gagne au prix d’une « campagne systématique de violence et d’intimidation conçue pour atteindre un objectif : le pouvoir à tout prix ». De son côté, le Quai d’Orsay a annoncé que l’élection ne pouvait être considérée comme « libre et juste ». Le ministre sud-africain des Affaires étrangères Walter Kansteiner appelle à des sanctions ciblées contre le président Mugabe. Les observateurs sud-africains envoyés sur place ont en revanche jugé ces résultats légitimes dans leur rapport intermédiaire. Les observateurs norvégiens estiment, eux, que ces élections ont été faussées. Le dernier baroud de Mugabe Le président zimbabwéen a raté une occasion de quitter le pouvoir en douceur, alors que son pays traverse la plus grave crise économique et sociale depuis l’indépendance. Réélu en mars, au terme d’une élection très contestée, Robert Mugabe a poursuivi sa campagne de répression politique et sa réforme agraire contestée. L’espoir d’un règlement de la crise que connaît le Zimbabwe depuis près de trois ans, s’est amenuisé en 2002. Robert Mugabe, soixante-dix-huit ans au pouvoir depuis 1980, a certes remis son mandat jeu. Pour la première fois en vingt ans de règne absolu de son président, le Zimbabwe aurait donc pu connaître une alternance démocratique à la tête du pays. Mais la présidentielle des 9 et 10 mars n’a, en réalité, été qu’une formalité pour le vieux président, puisque tout avait été mis en place pour lui assurer une victoire contre son principal challenger : Morgan Tsvangirai. Répression Dans les mois qui ont précédé la présidentielle, le gouvernement a accentué la répression contre l’opposition. Dans les provinces, des miliciens, recrutés parmi la foule des jeunes chômeurs, ont été déployés, multipliant les exactions ou les intimidations. Ce fut particulièrement le cas dans les régions du centre du pays, qui soutiennent traditionnellement le parti au pouvoir, mais qui risquaient de pencher pour l’opposition. Par ailleurs, les autorités ont refusé d’accréditer les organisations non gouvernementales locales, qui se proposaient de participer à la surveillance des élections. Quant aux observateurs de l’Union européenne, ils ont finalement jeté l’éponge, après l’expulsion du chef de leur délégation, laissant aux seules équipes venues des pays de la région, ainsi que celles dépêchées par l’Organisation de l’unité africaine (OUA), le soin de vérifier la conformité du scrutin. Pour parfaire son dispositif, le gouvernement avait fait voter, à la fin de l’année 2001, une loi extrêmement stricte sur la presse, visant essentiellement les médias indépendants et les journalistes étrangers, accusés de comploter contre le régime, pour le compte de la Grande-Bretagne, bête noire du régime. À la veille du scrutin des 9 et 10 mars, une réelle tension régnait au Zimbabwe. La crainte d’une guerre civile, en cas de victoire trop ostensible du président sortant, a même été évoquée. Il n’en a rien été, malgré le score de Robert Mugabe, 56,2 % contre 41,9 % pour Morgan Tsvangirai. downloadModeText.vue.download 32 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 30 Face à un pouvoir maîtrisant tous les rouages de l’appareil répressif, l’opposition a préféré éviter un bain de sang. Difficile également d’imaginer un arbitrage de l’armée en faveur des adversaires du pouvoir, comme ce fut le cas en février 2000 au Sénégal pour l’actuel président Wade. Quelques mois plus tôt, les autorités avaient pris soin d’offrir de grasses augmentations de soldes aux militaires. De plus, une partie de l’armée profite largement de la présence d’un fort contingent en République démocratique du Congo, qui soutient le président Kabila contre les rebelles du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD-Goma), pour se livrer à toutes sortes de trafics, auxquels le MDC a promis de mettre fin. Un résultat contesté Malgré un score très contesté, et non reconnu par les partenaires occidentaux du pays, les observateurs de l’OUA, comme ceux de la Communauté de développement de l’Afrique australe, ont validé les résultats du scrutin. Les voisins du Zimbabwe ont préféré éviter une confrontation avec le président Mugabe, soit parce qu’ils craignaient de se retrouver un jour à sa place, soit parce que, comme le Sud-Africain Thabo Mbeki, ils préféraient ménager leur opinion intérieure. Le Zimbabwe a en effet entamé une réforme agraire très controversée, début 2002, qui vise à redistribuer de manière accélérée 70 % des meilleures terres, toujours dans les mains de fermiers blancs. Or, celle-ci est plutôt bien perçue par le petit peuple noir sud-africain, alors que le pays de Nelson Mandela connaît un problème similaire, voire plus criant encore. La situation au Zimbabwe n’en inquiète pas moins l’ensemble de la région, dont le front en faveur de Robert Mugabe a fini par se fissurer. Fin mars, le sommet du Commonwealth, organi- sation qui regroupe les anciennes colonies britanniques, a décidé de suspendre l’ex-Rhodésie pour un an, avec, au bout du compte, le soutien de l’Afrique du Sud. Ironie de l’histoire, dans les années 60 et 70, le régime proche de l’apartheid de Ian Smith, contre lequel Robert Mugabe avait pris le maquis, avait aussi subi de fortes pressions du Commonwealth. Le président Thabo Mbeki et son homologue nigérian Olusegun Obasanjo ont été chargés d’une médiation pour trouver une issue à cette interminable crise. Mais le vieux dirigeant n’a pas assoupli sa position. Des pourparlers, entamés en avril avec l’opposition, ont été reportés sine die. Quant à la réforme agraire, elle a été durcie. Soucieux de contredire ceux qui l’accusent de l’avoir lancée pour des raisons purement électorales, Robert Mugabe en a même fait son dernier combat. Menacés par les miliciens du parti au pouvoir, prétendument « anciens combattants de l’indépendance », de nombreux fermiers d’origine européenne ont préféré fuir le pays. Mais les paysans noirs qui les ont remplacés n’ont pas pour autant bénéficié du soutien du pouvoir. Installés, parfois de force, sur des parcelles, sans obtenir les moyens de faire davantage que de l’agriculture de subsistance, certains « réinstallés » ont même préféré retourner dans leurs villages. CHRISTOPHE CHAMPIN UNE PRESSE MUSELÉE Dernière voix dissidente, la presse a également payé lourdement les dérives du régime Mugabe. Début juin, le journaliste Andrew Meldrum, correspondant du quotidien britannique The Guardian et du service anglais de Radio France Internationale, a été arrêté avec deux confrères du seul quotidien indépendant du pays, The Daily News. À l’origine de cette affaire : une erreur de ce journal qui avait affirmé qu’une femme avait été décapitée par des militants de la ZANU-PF, dans le sud du pays. Information finalement démentie par la direction du Daily News. Trop tard pour Andrew Meldrum et les deux journalistes du quotidien. 11 France Les médecins dans les rues de Paris Quelque 25 000 médecins et professionnels de la santé défilent dans la capitale pour dénoncer la politique actuelle de santé. Ils réclament des revalorisations d’honoraires, l’arrêt d’une politique de gestion « purement comptable » des dépenses de santé, de meilleures conditions de travail et une refonte de leurs relations avec les caisses d’assurance-maladie. Les syndicats de généralistes demandent que le tarif des consultations de base soit porté à 20 euros, et à 30 euros pour les visites à domicile. Le ministre de la downloadModeText.vue.download 33 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 31 Santé Bernard Kouchner se déclare « prêt à recevoir les médecins », mais tient à rappeler que « les négociations ont déjà eu lieu » et qu’« on ne peut pas faire tout d’un seul coup ». 13 Proche-Orient L’ONU reconnaît un État palestinien Le Conseil de sécurité adopte la résolution 1397 sur le Proche-Orient qui pour la première fois mentionne « la vision d’une région dans laquelle deux États, Israël et la Palestine, vivent côte à côte à l’intérieur de frontières reconnues et sûres ». Le vote a été acquis par 14 voix pour, la Syrie, qui occupe un siège non permanent au Conseil, s’étant abstenue. Ce sont les États-Unis qui avaient proposé cette résolution, la première sur le Proche-Orient depuis octobre 2000. En outre, la résolution « exige la fin immédiate de tous les actes de violences, ce qui inclut toutes les formes de terreur, de provocation, d’incitation et de destruction ». 14 UE/Yougoslavie Création de la Serbie-Monténégro En marge du sommet européen de Barcelone, le président de la fédération de Yougoslavie Vojislav Kostunica et son homologue le président du Monténégro Milo Djukanovic présentent aux Quinze leur accord pour créer un nouvel État, la Serbie-Monténégro. L’accord signé à Belgrade prévoit que la Yougoslavie de Slobodan Milosevic, créée en 1992, laisse la place à un nouvel État, formé pour au moins trois ans de la Serbie et du Monténégro. France Rapport Debray sur l’enseignement des religions Le philosophe Régis Debray rend public le rapport commandé en décembre 2001 par le ministre de l’Éducation nationale Jack Lang sur « l’enseignement du fait religieux dans l’école laïque ». Il y propose que soit enseigné le « fait religieux » à l’école afin de combler les « lacunes » des écoliers en matière religieuse. Il annonce la création d’un institut de science des religions à Paris en relation avec l’École pratique des hautes études. Pour l’écrivain, engagé, « traditions religieuses et avenir des humanités sont embarqués dans le même bateau. On ne renforcera pas l’étude du religieux sans renforcer l’étude tout court ». Mais « l’esprit de laïcité ne devrait rien avoir à redouter ». L’étude de son principe doit précéder celle du religieux, affirme le rédacteur du rapport. 15 Le sommet européen consacré aux réformes économiques s’ouvre à Barcelone. Les Quinze affirment l’objectif défini en mars 2000 à Lisbonne de faire de l’Union européenne « l’économie la plus compétitive du monde » à l’horizon 2010. Le principal enjeu de ce sommet est d’obtenir un accord de la France sur une libéralisation totale des marchés du gaz et de l’électricité. Une série de manifestations sont organisées en marge du sommet par les mouvements antimondialisation pour protester contre les projets européens de libéralisation des marchés financiers et de l’énergie. Le 16, un texte de compromis est adopté par les 15 pays de l’Union européenne sur l’ouverture à la concurrence en 2004 des marchés de l’électricité et du gaz. Cette libéralisation « maîtrisée » et « progressive » ne concernera dans un premier temps que les professionnels, les particuliers étant exclus de l’accord. La France obtient les garanties qu’elle souhaitait sur la protection des services publics, notamment une directive-cadre sur les principes régissant les « services d’intérêt général ». Jacques Chirac a rappelé que les services publics « constituent l’un des fondements » du pacte républicain français car ils préservent l’égalité entre le citoyens, qu’ils habitent « à Ussel ou à Paris ». UE Sommet européen à Barcelone 18 Portugal Défaite des socialistes Les 8,5 millions d’électeurs portugais donnent la victoire aux conservateurs du Parti social-démocrate (PSD) – 40,12 % des suffrages – sur les socialistes – 37,85 % – aux élections, scrutin provoqué par la démission du Premier ministre socialiste Antonio Guterres le 17 décembre dernier après l’échec de sa formation aux élections municipales. Le PSD n’obtient pas la majorité absolue au Parlement et devra donc downloadModeText.vue.download 34 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 32 entrer en négociations avec le Parti populaire (extrême droite) : le PSD remportant 102 des 230 sièges du Parlement et le Parti populaire 14, ces deux partis bénéficient de la majorité absolue. Le Parti socialiste, qui avait remporté les précédentes élections législatives, présidentielle et européennes et était aux affaires depuis six ans, se trouvait dans une posture défensive depuis les élections municipales. 20 Zimbabwe Suspension du Commonwealth Le Zimbabwe du président Robert Mugabe est suspendu de tous les conseils du Commonwealth pour une durée d’un an : selon le Premier ministre australien John Howard, président de la troïka des dirigeants du Commonwealth, les observateurs du Commonwealth ont conclu que le scrutin qui avait conduit à la réélection du président zimbabwéen Robert Mugabe n’avait pas autorisé la libre expression des souhaits de l’électorat et avait été émaillé de violences. Aucun représentant gouvernemental du Zimbabwe ne pourra donc prendre part à une réunion du Commonwealth pendant un an. En outre, tous les programmes d’assistance technique autres que ceux destinés à rétablir la stabilité politique sont suspendus. Italie Un assassinat revendiqué par les Brigades rouges Le groupe d’extrême gauche Brigades rouges revendique l’assassinat dans le centre de Bologne du professeur Marco Biagi, conseiller du ministre du Travail et auteur de propositions visant à faciliter les licenciements. Ces propositions de réformes sur l’emploi ont été dénoncées par de nombreux partis de gauche, estimant qu’elles accorderaient trop de liberté aux employeurs pour licencier des salariés sans justification. Le 23, quelque deux millions de personnes défilent à Rome à l’appel des syndicats pour manifes- ter contre la réforme des conditions de licenciement proposées par le gouvernement de Silvio Berlusconi et contre le terrorisme, après l’assassinat de Marco Biagi. Les Brigades rouges hors saison Les Brigades rouges sont réapparues sur la scène publique italienne à l’occasion du conflit, certes syndical, mais avant tout politique, qui mobilise tous les opposants au gouvernement de Silvio Berlusconi contre le projet de réforme du statut des travailleurs. Leur lutte n’est pourtant plus en phase avec les nouveaux axes de protestation de la société italienne. Le 19 mars 2002, le professeur Marco Biagi a été tué par trois hommes armés alors qu’il rentrait chez lui, à Bologne, après une journée de cours à l’université de Modène où il enseignait le droit du travail. Il ne disposait d’aucune protection particulière en dépit des menaces de mort qu’il avait reçues. Cet universitaire avait autrefois été proche de la coalition de centre gauche de l’Olivier. Aux affaires de 1996 à 2001, celle-ci a cédé la place à l’union des droites dirigée par Silvio Berlusconi. Quelques mois avant son assassinat, Marco Biagi s’était rapproché du nouveau pouvoir, devenant le principal conseiller du ministre des Affaires sociales, Roberto Maroni, l’un des fondateurs de la Ligue du Nord. L’escorte policière fournie à Marco Biagi lui avait été retirée en décembre dernier à la suite de l’entrée en application d’un plan de redéploiement des policiers au profit de la lutte contre la petite délinquance. Le gouvernement savait pourtant que le professeur était menacé. Le secrétaire d’État au Travail, Maurizio Sacconi, avait demandé aux journalistes, quelques semaines avant l’assassinat, de ne pas nommer le conseiller du ministre dans leurs articles sur le conflit social en cours : « Si vous citez Marco Biagi, vous le condamnez à mort », avait-il prévenu. Le rebond spectaculaire des syndicats Le professeur Biagi était indirectement à l’origine de ce conflit social. C’est lui qui avait préconisé la suppression de l’article 18 du statut des travailleurs, objet de l’intense polémique qui oppose depuis lors le monde syndical au gouvernement. Sous la pression de l’association patronale de la Confindustria, l’un de ses plus fidownloadModeText.vue.download 35 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 33 dèles soutiens électoraux, Silvio Berlusconi a fait de l’abolition de cet article 18 le symbole de sa politique sociale. Le pouvoir pas plus que l’opposition ne s’attendaient à une réaction aussi vive de la part du monde du travail. Un pourcentage non négligeable de travailleurs n’avait-il pas voté, quelques mois plus tôt, pour les partis de la droite populiste et antisyndicale ? La popularité de Silvio Berlusconi dans les sondages n’étaitelle pas à son zénith ? L’opposition de gauche, contestée par les intellectuels et nombre de ses électeurs, n’était-elle pas promise à une longue traversée du désert ? Voilà pourtant des semaines que la résistance à l’abolition de l’article 18 fournit au monde syndical l’occasion d’un rebond spectaculaire. Le 23 mars, une manifestation nationale contre le projet gouvernemental, organisée à l’appel de la puissante centrale CGIL, a mobilisé quelque 3 millions de personnes, offrant au pays son plus grand rassemblement de rue depuis la Libération. Le 16 avril, une grève générale sans précédent depuis 1982 a paralysé le pays. En quelques semaines, le secrétaire de la CGIL, Sergio Cofferati, est devenu le dirigeant le plus populaire de la gauche, et l’adversaire le plus dangereux de Silvio Berlusconi à l’horizon des élections de 2006. Le gouvernement a tenté d’utiliser l’assassinat de Marco Biagi pour essayer de désamorcer la mobilisation populaire. Quelques jours avant la manifestation du 23 mars, Silvio Berlusconi a mis en cause l’attitude des opposants, « digne de la guerre civile [...] qui a armé la main des assassins » du professeur Biagi. Les syndicats ont réagi en couplant leur lutte sociale à une puissante dénonciation du terrorisme, ce qui a encore élargi leur audience. Un retour aux « années de plomb » ? L’assassinat de Marco Biagi marque-t-il un retour aux « années de plomb » des décennies 1970 et 1980 ? Le terrorisme était déjà réapparu en 1999, alors que la coalition de l’Olivier était au pouvoir. L’assassinat de Massimo D’Antona, lui aussi conseiller du ministre du Travail de l’époque, et qui étudiait la réforme du droit de grève dans les services publics, avait été revendiqué par les « Brigades rouges pour la construction du parti communiste combattant ». Celui de Marco Biagi porte la même signature et les deux hommes ont été tués par le même revolver. Les Brigades rouges n’ont jamais fait de distinction entre la droite et la gauche réformiste. À leurs yeux, Massimo D’Antona comme Marco Biagi, figures symboliques d’intellectuels « au service du capital », méritaient la mort. Le temps où les Brigades rouges, alliées à d’autres groupes extrémistes, comptaient plusieurs centaines de militants clandestins armés et des milliers de sympathisants dans les usines et les universités est pourtant révolu. La loi sur les repentis et la répression policière ont eu raison de leur organisation. L’enlèvement puis l’assassinat du Premier ministre Aldo Moro en 1978 ont constitué à la fois le point culminant de son action et le début de son déclin. Aussi cette résurgence des Brigades rouges semble-t-elle intervenir hors saison. Si le mouvement lancé par un groupe d’étudiants de la faculté de sociologie de Trente en 1970 continue d’agir sur le terrain politique, il paraît totalement marginalisé : l’extrême gauche italienne combat principalement la mondialisation. Rien ne rapproche aujourd’hui les manifestants antimondialisation et les Brigades rouges, pas même les bavures policières survenues lors des manifestations de Naples et de Gênes, en 2001. Si le combat contre le terrorisme n’est pas gagné, les Brigades rouges ne sont plus aujourd’hui considérées en Italie comme un problème politique, mais comme un problème de police. Police qui, en l’occurrence, s’avère assez peu efficace : trois ans après le meurtre de Massimo D’Antona, les enquêteurs ne disposent d’aucune piste sérieuse, tout comme pour celui de Marco Biagi. LUCIANO BOSIO LA RÉFORME DE L’ARTICLE 18 EN CAUSE Auteur d’un « livre blanc » sur la flexibilité du travail, Marco Biagi préconisait la réforme du statut des travailleurs qui fixe depuis trente ans le cadre général des relations de travail dans les entreprises. L’article 18 de ce statut, notamment, stipule que tout licenciement doit avoir une unique « juste cause ». Si le salarié estime avoir été injustement licencié, il peut déposer un recours en justice et, si sa plainte est justifiée, obtenir sa réintégration dans l’entreprise. Quelques centaines de travailleurs seulement bénéficient chaque année de cette disposition qui est absente des Codes du travail de la plupart des pays européens. Estimant que la suppression de cette clause faciliterait la gestion de la main-d’oeuvre et le développement downloadModeText.vue.download 36 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 34 de l’emploi dans les petites entreprises, Marco Biagi prônait son élimination dans toutes les sociétés de moins de quinze salariés. 26 UE Le système Galileo concurrent du GPS Les ministres des Transports de l’Union européenne réunis à Bruxelles décident à l’unanimité de lancer le système de navigation et de positionnement par satellite Galileo, pour mettre fin au monopole du Global Positionning System (GPS) contrôlé par les Américains. Le coût total du projet est estimé entre 3,2 milliards et 3,6 milliards d’euros, jusqu’à sa mise en service prévue en 2008. En décembre 2001, six États (Royaume-Uni, Allemagne, Pays-Bas, Autriche, Suède et Danemark) avaient demandé un nouveau report de la poursuite du financement de Galileo. Galileo doit être plus précis et plus fiable que le Global Positionning System, tout en étant interopérable avec lui, pour permettre aux utilisateurs de combiner les informations fournies par les deux systèmes et arriver à une précision encore meilleure. 27 France Fusillade lors d’un conseil municipal à Nanterre Huit élus sont tués et 19 autres blessés par un homme, Richard Durn, âgé de trente-trois ans, qui a ouvert le feu sur l’assemblée du conseil municipal de la ville de Nanterre avant d’être finalement maîtrisé par des élus. Demandeur d’emploi, Richard Durn pratiquait le tir sportif dans un club de La GarenneColombes (Hauts-de-Seine), possédait un permis de détention d’arme et n’était pas connu des services de police. Il aurait déclaré aux enquêteurs qu’il « voulait une dernière fois exister avant de mourir » en tuant des gens. Le 28, interrogé au quai des Orfèvres, il se jette du quatrième étage de la Brigade criminelle à Paris, où il était en garde à vue. Il avait auparavant reconnu avoir « froidement et sciemment tué » les huit élus franciliens. Tout cela « est inacceptable » et « s’il y a eu des dysfonctionnements avérés, des sanctions seront prises », a assuré sur France 2 le ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant. 29 Palestine Le QG d’Arafat investi Des parachutistes israéliens prennent d’assaut le quartier général de Yasser Arafat à Ramallah en Cisjordanie. C’est la plus importante opération jamais lancée contre le siège de l’Autorité palestinienne à Ramallah. Yasser Arafat se déclare prêt à « mourir en martyr » plutôt que de se rendre. Un responsable du gouvernement israélien a qualifié les bâtiments entourant le bureau de Yasser Arafat d’« infrastructure terroriste ». Selon ce responsable, Israël entend isoler Yasser Arafat dans ses bureaux mais ne compte pas s’en prendre à lui physiquement ni l’arrêter. 30 Grande-Bretagne Décès de la reine mère La reine mère Élizabeth, mère d’Élizabeth II d’Angleterre et grand-mère du prince Charles, décède à l’âge de cent un ans au Royal Lodge de Windsor. Sa dépouille est transférée à la Chapelle royale de tous les Saints, dans le grand parc du château de Windsor. La reine mère jouissait d’une grande popularité et avait su pérenniser la monarchie britannique. Durant les bombardements allemands de la Seconde Guerre mondiale, la reine et son époux, le roi George VI, avaient noué des liens de solidarité avec leurs sujets et gagné ainsi la loyauté sans faille d’une génération. Et son courage en ces circonstances avait amené Hitler à la qualifier de « femme la plus dangereuse du monde ». Queen Mum, ultime vestige d’un empire disparu L’« Union Jack » en berne sur Buckingham Palace, le grand tocsin de la cathédrale Saint-Paul résonnant pendant une heure, des bouquets de fleurs par milliers devant les grilles du château de Windsor, les journaux entourés d’un liseré noir : le 30 mars downloadModeText.vue.download 37 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 35 2002, le palais a annoncé que « Queen Mum » s’était éteinte « tranquillement » des suites d’une mauvaise infection des bronches. Rentré précipitamment de vacances, le prince Charles s’est dit « dévasté » par le décès de Queen Mum, à laquelle le Parlement a rendu hommage en séance spéciale. Le Premier ministre, Tony Blair, a de son côté salué « l’élégance, le sens du devoir et l’appétit de vivre [...] qui faisait partie de la fibre du pays » de la grand-mère préférée des Britanniques. La reine mère Élisabeth s’est éteinte dans son sommeil au château de Windsor, à l’âge de 101 ans. Sa dernière apparition publique remontait au mois de février, lors des funérailles de sa fille cadette, la princesse Margaret. Sa fille aînée, la reine Élisabeth II d’Angleterre, était à ses côtés au moment de son dernier soupir. Son éternel sourire accompagné de petits mouvements de tête, ses couvre-chefs légendaires et ses tenues pastel, jaune pâle ou rhododendron, d’un kitsch parfait, resteront dans la mémoire de tous les Britanniques. « Dernier lien avec un passé révolu », « ultime vestige d’un empire disparu », selon la presse, elle incarnait la droiture des « Royal ». Sa disparition contraint la monarchie à réfléchir à son devenir. Elle n’était pas seulement une reine mais le symbole d’un monde, d’une culture, d’un ordre constitutionnel. Pour le journal le Monde, le décès de Queen Mum tourne symboliquement une page de l’histoire contemporaine du Royaume-Uni, marquée par deux guerres et la décolonisation : « Sa mort referme un cycle historique qui a vu défiler, dans un décor fastueux, six souverains, seize Premiers ministres, deux guerres mondiales, l’effondrement du plus grand empire de tous les temps, le retour de l’Angleterre en Europe. » La petite duchesse écossaise Les gros titres de la presse britannique et internationale rivalisent d’hommages et de petits mots, saluant le courage, l’humour, la simplicité, le sens de la responsabilité incarnés par la reine mère. Lointaine descendante de Macbeth, Élisabeth Bowles-Lyon était née dans une famille aristocrate écossaise très unie, dont elle était l’avant-dernier des huit enfants. Elle offrit son premier sourire aux Londoniens en 1923, le jour où elle épousa « Bertie », le prince Albert George, duc d’York, second fils du roi George V, un ami d’enfance. Quoique étrangement assorti – elle était curieuse et malicieuse, lui plutôt timide et gauche –, le couple vécut des jours heureux et le bonheur d’Élisabeth rayonna sur la Cour. Première femme à intégrer le clan des Windsors sans être de sang royal, elle se réjouissait que son époux – « Dieu merci » – ne soit pas roi. Elle s’adapta facilement à son destin princier. Deux enfants naquirent de cette union : Élisabeth en 1926, Margaret quatre ans plus tard. À la mort du roi George V, en 1936, Édouard VII, son fils aîné, monta sur le trône. Mais il abdiqua un an plus tard pour pouvoir épouser une jeune Américaine divorcée. En 1937, George VI était couronné roi. À ses côtés, Élisabeth s’employa à lui donner la carrure d’un monarque. Le patriotisme de celle-ci, pendant la Seconde Guerre mondiale, explique en grande partie son immense popularité. Lors du « blitz » de 1940, six bombes touchèrent le palais de Buckingham sans inquiéter « Lady Courage » qui se refusa à quitter les lieux et à envoyer ses deux filles au Canada, se félicitant de « pouvoir enfin regarder en face l’East End », quartier particulièrement dévasté de la capitale. Prenant ses aises avec un protocole pour le moins rigide, le couple royal visitait régulièrement les quartiers bombardés de Londres. Tandis qu’Hitler considérait Élisabeth comme la femme « la plus dangereuse d’Europe », Churchill avouait avec humour son admiration pour elle : « J’étais prêt à lui donner Big Ben. » Lorsque George VI mourut, en 1952, celle qui devint du même coup la reine mère – titre jusque-là inconnu – passa le flambeau à sa fille Élisabeth II. Une certaine idée de la monarchie Les drapeaux des monuments publics sont restés en berne jusqu’au 9 avril, date des obsèques et fin du deuil national. Le cercueil de la reine mère, qui n’a pas bénéficié de funérailles d’État, reposera avec celui de son mari dans la chapelle Saint-George du château de Windsor. Selon les mots de l’archevêque de Cantorbéry, elle constituait « un élément précieux de la vie nationale ». Décrite comme l’archétype des valeurs victoriennes, cette femme « conventionnelle » était le symbole de la monarchie traditionnelle. Même les tabloïds les plus antiroyalistes ne s’étaient jamais risqués à s’attaquer au symbole qu’elle incarnait. Seuls quelques commentateurs avaient osé dévoiler ses penchants dépensiers et sa petite downloadModeText.vue.download 38 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 36 faiblesse pour le gin tonic. L’annonce du déficit de 4 millions de livres de ses finances avait fini par filtrer. Élisabeth avait été la première à comprendre l’importance de l’image pour la monarchie. Certains lui reprochaient d’ailleurs d’en jouer. Pour elle, « la monarchie était la profession la plus ardue dont les membres ne peuvent échapper à leur destin ». C’est pourquoi, après avoir béni l’union du prince Charles, son petit-fils préféré, et de Lady Diana, elle avait reproché à cette dernière de ne pas se plier aux devoirs de la fonction. Eurosceptique notoire, elle s’était opposée à toute modernisation du système monarchique, qu’il s’agisse de l’ouverture au public du palais de Buckingham ou de l’assujettissement du souverain à l’impôt. On la disait proche en idées du parti conservateur. Sa disparition assombrit encore un peu plus le jubilé de l’accession au trône d’Élisabeth II, pourtant organisé en grande pompe pour affermir la place de la monarchie au coeur de la nation. CÉLINE CABOURG ! QUEEN MUM ! EN DATES – 4 août 1900 : naissance d’Élisabeth Bowes-Lyon. – 26 avril 1923 : Élisabeth épouse Albert, duc d’York, futur George VI. – 21 avril 1926 : naissance de sa fille Élisabeth, future Élisabeth II. – 21 août 1930 : naissance de sa fille Margaret. – 10 décembre 1936 : abdication d’Édouard VIII. – 12 mai 1937 : George VI est couronné roi. – Septembre 1940 : début du « blitz », le bombardement de Londres par l’aviation allemande. – 6 février 1952 : mort de George VI ; Élisabeth est veuve à 51 ans. – 4 août 2000 : Élisabeth fête son centenaire. – 9 février 2002 : décès de la princesse Margaret. – 30 mars 2002 : décès de Queen Mum. – Juin 2002 : fêtes du jubilé de la reine Élisabeth II. 31 Israël Vagues d’attentats-suicides Un kamikaze palestinien âgé de vingt-deux ans se fait exploser dans un café bondé de Tel-Aviv, blessant 29 personnes. L’attentat est revendiqué par les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, une milice liée au Fatah de Yasser Arafat. Il s’agit du troisième attentat-suicide en quatre jours, après celui de Netanya revendiqué par le Hamas et celui de Jérusalem revendiqué par les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa. Cet attentat « est la poursuite d’une campagne de meurtres » visant les Israéliens partout, a déclaré le porte-parole du gouvernement israélien. France Nouvelle vague d’attentats antisémites Les portes de la synagogue du quartier de Cronenbourg, à Strasbourg, sont incendiées à l’aide d’hydrocarbures. Une autre synagogue est incendiée à Marseille au coeur d’un ensemble HLM et entièrement détruite par le sinistre. Une école juive de Sarcelles dans le Val-d’Oise est visitée par un ou des intrus qui ont commis des déprédations relativement importantes. Joseph Zrihen, vice-président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), déclare qu’il faut « du courage de la part des hommes politiques et de la part du public pour prendre la défense d’une communauté qui est agressée dans sa vie, dans sa réalité quotidienne. Ce courage, c’est maintenant qu’il faut le manifester, pas parce que nous sommes en campagne électorale, mais parce que c’est un acte qui touche au fondement même de la République ». Le lendemain, le Premier ministre Lionel Jospin reçoit le président du Conseil représentatif des institutions juives de France Roger Cukierman. Le Premier ministre rappelle à cette occasion les mesures de sécurité renforcées prises par son gouvernement afin d’assurer aux Juifs de France une réelle protection contre la recrudescence des actes antisémites. downloadModeText.vue.download 39 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 37 Avril 1 Pays-Bas Légalisation de l’euthanasie Un an après son adoption par le Parlement néerlandais, le 10 avril 2001, l’euthanasie devient légale aux Pays-Bas. Le texte avait été voté par 104 voix (les trois partis gouvernementaux, sociaux-démocrates, libéraux et réformateurs) contre 40 (les chrétiens- démocrates et les partis de la droite religieuse). L’euthanasie était tolérée aux Pays-Bas depuis vingt ans mais restait illégale. Les Pays-Bas deviennent ainsi le seul pays au monde à autoriser les « interruptions de vie ». Des conditions strictes entourent cette pratique qui, si elles ne sont pas respectées, conduiront les médecins devant la justice : en particulier, le patient doit se trouver dans une situation médicale désespérée et endurer des souffrances insupportables ; le médecin doit avoir acquis la conviction qu’il s’agit d’une demande délibérée et bien réfléchie du patient ; il doit pratiquer l’acte d’interruption de vie ou d’aide au suicide avec toute la rigueur médicalement requise. 4 États-Unis Appel de Bush au retrait israélien des villes palestiniennes Le président américain George W. Bush décide de dépêcher son secrétaire d’État Colin Powell au Proche-Orient pour désamorcer l’escalade de la violence, dans le cadre d’un nouveau plan du président américain destiné à mettre fin au bain de sang israélo-palestinien. Le chef de la diplomatie américaine doit s’entretenir avec le Premier ministre israélien Ariel Sharon, le prince héritier Abdallah d’Arabie saoudite, le président égyptien Hosni Moubarak et le roi Abdallah II de Jordanie. Une rencontre avec le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat n’est pas prévue. Washington a néanmoins réaffirmé son soutien à Israël au nom du droit à l’autodéfense. S’accusant mutuellement de compromettre les efforts de paix, l’Autorité palestinienne exige devant le Conseil de sécurité de l’ONU le retrait israélien des villes de Cisjordanie, tandis que l’État hébreu fait valoir que les attentats suicide doivent cesser immédiatement. Avant son départ, Colin Powell appelle Israël à entamer « dès que possible ou sans délai » le retrait des territoires palestiniens. France Record de candidats à la présidentielle Le Conseil constitutionnel valide 16 candidatures à l’élection présidentielle des 21 avril et 5 mai prochains. Seize candidats ont réuni dans les délais requis les 500 parrainages nécessaires pour briguer les suffrages des Français. Il s’agit, dans l’ordre établi par tirage au sort effectué par le Conseil, de Bruno Mégret, Corinne Lepage, Daniel Gluckstein, François Bayrou, Jacques Chirac, Jean-Marie Le Pen, Christiane Taubira, Jean Saint-Josse, Noël Mamère, Lionel Jospin, Christine Boutin, Robert Hue, Jean-Pierre Chevènement, Alain Madelin, Arlette Laguiller et Olivier Besancenot. Ces 16 candidatures représentent un record absolu pour une élection présidentielle. Le précédent record datait de 1974, avec 12 candidats. Ni la candidature de Charles Pasqua ni celle de Nicolas Miguet, le président du Rassemblement des contribuables français (RCF), n’ont été retenues par le Conseil constitutionnel. Selon le Conseil constitutionnel, pas moins de 35 personnes ont obtenu au moins un parrainage, dont les 16 candidats validés. 6 Rugby Le Grand Chelem pour le XV de France Grâce à sa victoire (44-5) sur l’Irlande à Saint-Denis, le XV de France de rugby remporte le Grand Chelem dans le Tournoi des Six-Nations. C’est le septième Grand Chelem de l’histoire de l’équipe de France de rugby après ceux de 1968, 1977, 1981, 1987, 1997 et 1998. France Manifestations pro-palestiniennes et pro-israéliennes Des milliers de militants pro-palestiniens et pro-israéliens manifestent en France pour défendre leurs positions relatives à la situation au Proche-Orient et, seule revendication commune, dénoncer les actes racistes et antisémites. Les premiers répondent à l’appel de plusieurs organisations : l’Union des étudownloadModeText.vue.download 40 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 38 diants palestiniens en France, l’association FrancePalestine, le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), le Parti communiste, la CGT, la Ligue des droits de l’homme (LDH), la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) ou encore les Verts. Les seconds répondent à l’appel d’une trentaine d’associations représentatives de la communauté juive, sous l’égide du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). À Paris – mais aussi à Nantes (1 500), à Marseille (1 500), à Grenoble (2 000) –, quelque 18 000 personnes ont manifesté pour soutenir le peuple palestinien, réclamer le retrait de l’armée israélienne de toutes les villes occupées en Cisjordanie ou encore la rupture des relations commerciales et militaires entre l’Union européenne et Israël. 8 Allemagne Faillite du groupe Kirch Le géant de l’empire des médias fondé par le magnat Leo Kirch, soixante-quinze ans, est déclaré en état de cessation de paiements par un tribunal de Munich. La procédure de mise en faillite ne concerne que KirchMedia, qui contrôle des chaînes de télévision privées, un important catalogue de films et des droits de retransmissions sportives. Le groupe Kirch, qui via ses autres filiales contrôle une télévision à péage et détient une participation dans le quotidien à gros tirage Bild ainsi que les droits de la formule 1, a accumulé une dette de quelque 6,5 milliards d’euros relative à ses déboires dans la télévision payante. Le poids de KirchMedia dans la dette totale de la holding était de 2,1 milliards d’euros à la fin du troisième trimestre l’an dernier. Les banques créancières doivent à présent négocier avec des investisseurs potentiels un vaste plan de restructuration de KirchMedia. Détenteur d’une majorité de contrôle dans le diffuseur ProSiebenSat.1 Media, le groupe de Leo Kirch est un des deux principaux opérateurs privés du marché télévisuel allemand, avec son concurrent RTL Group, détenu par Bertelsmann AG. Ajoutées à la télévision à péage Première, en grande difficulté, les six chaînes nationales du groupe Kirch réunissent un quart des téléspectateurs allemands. 9 Irak Suspension des exportations de pétrole Sadaam Hussein annonce dans un discours télévisé que l’Irak gèle ses exportations de pétrole pour trente jours ou jusqu’à ce qu’Israël se retire des territoires palestiniens. Le pompage du brut irakien vers l’étranger par le terminal turc de Ceyhan et celui d’Al-Bakr sur le Golfe, les deux terminaux d’exportation du pétrole de l’Irak sous embargo, est aussitôt suspendu. Après cette annonce, le cours du pétrole Brent grimpe en flèche à Londres, à 27,35 dollars contre 26,65 USD à l’ouverture à la corbeille et 25,99 dollars à la clôture précédente. 11 Proche-Orient Mission impossible pour Colin Powell Le chef de la diplomatie américaine Colin Powell se rend au Proche-Orient pour tenter de ramener la paix entre Israéliens et Palestiniens. Mais au terme de dix jours de pourparlers, il n’annonce aucun résultat réel. Il dit toutefois avoir reçu du Premier ministre israélien Ariel Sharon l’assurance d’un retrait israélien des territoires occupés en Cisjordanie dans quelques jours. Mais le secrétaire d’État américain a également demandé à l’Autorité palestinienne d’« agir et ne pas simplement condamner le terrorisme avec des mots. Israël doit poursuivre ses retraits, et tous les pays arabes doivent se montrer à la hauteur de leurs responsabilités ». Quant à Yasser Arafat, qui a rencontré Colin Powell à Ramallah, il a réitéré sa demande d’un retrait immédiat des Israéliens des territoires palestiniens. Au vu des dernières actions de Tsahal, un apaisement entre les deux parties semble donc bien hypothétique. Tunisie Attentat contre une synagogue Une explosion devant la plus vieille synagogue d’Afrique, sur l’île tunisienne de Djerba, fait 13 victimes, dont trois qui ont succombé à leurs blessures. L’explosion d’un camion-citerne a coûté la vie à huit Allemands, à quatre Tunisiens (dont le chauffeur downloadModeText.vue.download 41 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 39 du camion-citerne qui s’est écrasé contre la synagogue) et à un Français. La thèse de l’attentat est une « certitude ». Cette thèse est étayée par des « preuves techniques » sur la nature de la citerne montée sur le véhicule qui a explosé, ainsi que sur la nature du produit que contenait cette citerne et sur les circonstances de l’explosion. Venezuela Coup d’État militaire Après trois jours de violentes manifestations d’opposants dans les rues de Caracas, le président Hugo Chavez est contraint de démissionner après l’intervention de l’état-major de l’armée. Il avait remporté la présidentielle de 1998 avec le soutien des partis de gauche et s’était engagé à combattre la corruption et à améliorer le sort de la population. Le président de la fédération des chambres de commerce du pays, Pedro Carmona, décrète la fin immédiate de la grève générale lancée le 9 à l’appel des syndicats pétroliers et des plus grandes entreprises du pays. Les syndicats de la puissante industrie pétrolière entendaient protester contre la nouvelle direction du groupe Petroleos de Venezuela – monopole d’État qui fournit au pays 80 % de ses devises. Mais après 24 heures à la tête de l’État, Pedro Carmona, sous la pression de la rue, remet à son tour sa démission, l’armée ayant cette fois basculé en faveur de Chavez. Un président sous surveillance à Caracas Réélu en 2000 à la tête du Venezuela sur la base d’un programme de lutte contre la corruption et la pauvreté, Hugo Chavez, victime d’un putsch avorté, dirige un pays plus polarisé et divisé que jamais. « Il n’y a aucun risque de coup d’État militaire contre moi. Zéro ! » assurait le chef de l’État vénézuélien Hugo Chavez dans un entretien accordé au Monde fin février. Moins de deux mois après cette déclaration, le 11 avril, des gradés de l’armée sont pourtant venus quérir l’exlieutenant-colonel au palais présidentiel de Miraflorès pour « négocier » avec lui sa démission, à la suite d’affrontements meurtriers qui ont opposé « pro- » et « antichavistes ». Hugo Chavez, ex-putschiste repenti, réélu triomphalement pour six ans en 2000, a-t-il, ce jourlà, été déposé par une coalition de « nantis », autoproclamés « société civile », soutenus par l’Église catholique et les principaux médias privés du pays (voir encadré), avec la complicité d’une partie de l’armée, ou bien a-t-il payé quatre années d’un exercice brouillon du pouvoir qui ont vu sa cote de popularité fondre de 80 à 40 % ? L’armée, colonne vertébrale de l’État Propulsé en 1998 à la tête du quatrième producteur mondial de pétrole, dans un contexte de vide politique marqué par le rejet des deux partis traditionnels (l’Action démocratique et la Copei), le « comandante » Chavez électrise les foules en prônant l’avènement d’une révolution « bolivarienne » censée mettre fin à la corruption et à la pauvreté qui frappe les deux tiers des ménages vénézuéliens. Pour y parvenir, le nouveau président, arrivé au pouvoir sans véritable parti, ne peut s’appuyer que sur une poignée de fonctionnaires de haut rang, sur les masses qu’il tente d’organiser en créant des milliers de « cercles bolivariens » et surtout sur l’armée, qui devient la colonne vertébrale de l’État. Le régime chaviste n’en devient pas plus répressif. Il promulgue même une Constitution d’avant-garde, adoptée par référendum en 1999. En revanche, le verbe chaviste est polarisateur, qui ne cesse d’accuser les oligarques et autres latifundios de freiner les indispensables réformes socio-économiques. De populaire, Chavez devient populiste et perd du temps, alors que, en 1999-2000, le Venezuela engrange les bénéfices de son activisme au sein de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP). Or Chavez choisit l’automne 2001, au moment où la manne pétrolière commence à s’effriter, pour signer une cinquantaine de décrets-lois élaborés sans débat démocratique, qui renforcent l’interventionnisme étatique dans l’économie en amorçant une (timide) réforme agraire et en modifiant le régime des investissements pétroliers. Dénonçant un projet « collectiviste », Fedecamaras et la CTV organisent, avec succès, une première grève générale. En février 2002, alors que le marasme économique s’aggrave, Chavez laisse flotter le bolivar, qui perd un tiers de sa valeur. Les appels à la démission du président vénézuélien se multiplient, commencent à être relayés par des militaires de haut rang, mais sans le dissuader de reprendre en main Petroleos de Venezuela (PDVSA) en expurgeant la downloadModeText.vue.download 42 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 40 compagnie publique pétrolière de son président et de la plupart de ses administrateurs. Ce dernier événement va précipiter une chute qui sera brève : le lendemain du putsch, le président de Fedecamaras, Pedro Carmona, prend la tête d’un gouvernement provisoire composé d’oligarques « profondément attachés à l’État de droit », qui s’empressent néanmoins de dissoudre l’Assemblée nationale et de déclencher une vague de répression souvent brutale contre les proches du président déchu. Erreur fatale : l’armée, faisant volte-face, exige le rétablissement de l’ordre constitutionnel, et sous la pression de la rue M. Carmona doit démissionner. Rentré à Caracas sous les vivats de ses partisans, Hugo Chavez est officiellement rétabli dans ses fonctions le 14 avril. La main des États-Unis ? Certains soupçonnent les États-Unis d’avoir encouragé les putschistes vénézuéliens, d’autant que George W. Bush a fait nommer début 2002, au poste de sous-secrétaire d’État chargé des Affaires latino-américaines, le controversé Otto Reich, malgré l’opposition du Congrès qui lui reproche son implication dans le scandale Iran-Contra. L’indépendance affichée par Hugo Chavez en matière de politique étrangère ne peut que déplaire à Washington : réactivateur de l’OPEP (sans jamais cesser, toutefois, de garantir l’approvisionnement pétrolier des États-Unis, dont le Venezuela est le troisième fournisseur), principal soutien du régime castriste, hôte de Saddam Hussein ou du colonel Kadhafi, le chef de l’État vénézuélien refuse également de soutenir le projet nord-américain de zone de libreéchange des Amériques, comme la lutte antidrogue sur le sous-continent (symbolisée par le plan Colombie) : on le soupçonne d’ailleurs d’entretenir des liens avec les FARC, principale guérilla colombienne. Toutes ces « bonnes » raisons ne peuvent, pour autant, excuser les ambiguïtés de l’administration Bush au cours de la crise vénézuélienne. M. Chavez à peine destitué, alors que tous les pays de l’Organisation des États américains (OEA), à l’exception du Salvador et des États-Unis, ont dénoncé le putsch et reconnu la légitimité du président élu, Otto Reich puis l’ambassadeur américain au Venezuela, Charles Shapiro, se sont entretenus avec le fugace « président intérimaire » Carmona, afin, ont-ils précisé, de le dissuader de dissoudre l’Assemblée nationale. Le retour à la présidence de M. Chavez n’a pas mis fin à la crise politique vénézuélienne. Ceux qui ont organisé ou soutenu le putsch n’entendent pas relâcher la pression, fût-ce en explorant, cette fois, des voies plus démocratiques, comme l’organisation d’un référendum révocatoire. La société vénézuélienne n’en paraît pas moins polarisée, les pauvres accusant les riches de conspirer contre « leur » président démocratiquement élu. Les rumeurs de coups d’État se succèdent et tous (Hugo Chavez compris ?) s’interrogent : combien de temps l’armée restera-t-elle encore chaviste ? EMMANUEL CHICON PETITES MANIPULATIONS MÉDIATIQUES Les médias audiovisuels vénézuéliens ne brillent pas par leur déontologie. Au plus fort des émeutes du 11 avril, les chaînes de télévision privées Radio Caracas Television, Globovision, Venevision et Televen ont continué à retransmettre des images rassurantes du marché de Caracas où l’on voyait quelques Vénézuéliens souriants faire paisiblement leurs courses dominicales. En revanche, elles ont couvert minute par minute les manifestations qui ont conduit à la destitution de Hugo Chavez et célébré avec un enthousiasme très militant le départ du chef de l’État abhorré. Et, quand la situation s’est retournée en sa faveur, les mêmes chaînes ont préféré programmer des « telenovelas ». Les radios n’ayant pas mieux couvert les événements, les Vénézuéliens, pour s’informer, ont donc été obligés d’écouter la station colombienne Telemundo International. 16 Italie Grève générale Pour la première fois depuis près de vingt ans, l’Italie est paralysée par la grève générale organisée par les syndicats – les trois grandes confédérations syndicales du pays, la CGIL proche des communistes, la CISL catholique et l’UIL de centre gauche – pour protester contre la réforme de la législation du travail proposée par le gouvernement de Silvio Berlusconi, notamment le projet visant à accroître la flexibilité du marché du travail via une modification de la loi downloadModeText.vue.download 43 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 41 sur les licenciements. Malgré la forte mobilisation des Italiens, le président du Conseil italien fait savoir qu’il entend poursuivre les réformes décriées par les syndicats, tout en proposant à ces derniers la réouverture du dialogue social. France Changement à la tête de Canal + Pierre Lescure, le président de Canal + et l’un de ses créateurs historiques, est remplacé par Xavier Couture, jusque-là directeur de l’antenne de TF1, sur décision du président de Vivendi Universal JeanMarie Messier. Pierre Lescure, âgé de cinquante-cinq ans, a été le premier directeur des programmes de Canal + à sa naissance en 1984, avant de devenir son directeur général en 1986 et d’être nommé P-DG du Groupe Canal + en 1994. Sous son impulsion, le groupe Canal + est devenu le premier groupe de télévision à péage en Europe avec plus de 14 millions d’abonnés et a lancé le premier bouquet de télévision numérique en Europe (CanalSatellite). X. Couture « aura comme mission prioritaire de mener à bien le redressement rapide et durable de Canal + Groupe ». Ce remplacement soudain provoque la colère des salariés de la chaîne cryptée, qui expriment leur soutien à l’ex-numéro deux de la chaîne. Le 24, les actionnaires de Canal + Groupe, réunis en assemblée générale, approuvent la nomination de Xavier Couture. Ils conservent leur confiance à Jean-Marie Messier, qu’ils maintiennent à la tête de Vivendi Universal. Accumulant un recul de 38 % depuis le début de l’année, le titre du groupe français de communication est malmené en Bourse à la suite de rumeurs sur la cession de certaines activités du groupe, notamment Vivendi Environnement. Le 26, l’assemblée générale des actionnaires de Canal + vote la révocation de Pierre Lescure et son remplacement par Dominique Farrugia, directeur général délégué chargé des programmes. « J’ai accepté la proposition que m’a faite Jean-Marie Messier de me nommer président de Canal + SA. Fort des garanties que j’ai reçues tant sur l’indépendance de la chaîne que sur la pérennité de ses contenus et la volonté de garder Canal + telle qu’elle est, j’ai décidé de continuer à vivre avec vous cette belle aventure », déclare l’ex-Nul. Pays-Bas Démission du gouvernement Après la publication d’un rapport de l’Institut néerlandais de documentation sur la guerre (NIOD) mettant gravement en cause le rôle des dirigeants néerlandais dans la chute de Srebrenica en Bosnie en 1995, le gouvernement de Wim Kok, chef d’une coalition de centre gauche, démissionne en bloc. Cette démission se produisant un mois avant les prochaines élections législatives, elle ne devrait pas affecter notoirement la vie politique du pays. Le rapport du NIOD atténue la responsabilité des Casques bleus néerlandais chargés de protéger l’enclave musulmane, mais il met en cause les hommes politiques accusés d’avoir envoyé les soldats dans une « mission impossible ». Après la prise de Srebrenica par les forces serbes de Bosnie, plus de 7 500 musulmans ont été exécutés ou ont disparu. 18 Afghanistan L’ex-roi Zaher Chah rentre à Kaboul Après vingt-neuf années d’exil en Italie, l’ancien roi d’Afghanistan Mohammed Zaher Chah, dont le règne fut interrompu par une révolution de palais en 1973, rentre dans son pays. Nombre de ses compatriotes espèrent que son retour historique contribuera à stabiliser ce pays ravagé par des années de guerre et divisé en groupes ethniques et tribaux rivaux ; il pourrait également réconforter les Pachtounes, ethnie dont étaient issus la plupart des talibans, et renforcer le gouvernement intérimaire dirigé par Hamid Karzaï, également pachtoune. Le ministre afghan des Affaires étrangères, Abdullah Abdullah, affirme quant à lui que le rôle du souverain sera « de promouvoir l’unité et la stabilité » du pays. Au mois de juin, Mohammed Zaher Chah devra convoquer la « Loya Jirga », assemblée traditionnelle qui nommera le futur gouvernement du pays. 21 France Présidentielle : premier tour surprise Jacques Chirac obtient 19,41 % des voix, et JeanMarie Le Pen 17,19 %, au premier tour de l’élection présidentielle. Lionel Jospin est exclu du second tour après avoir recueilli 15,85 % des suffrages. Il devance Arlette Laguiller (5,82 %), Jean-Pierre Chevènement (5,39 %) et Noël Mamère (5,31 %). Lors d’une intervention à son atelier de campagne, le candidat sociadownloadModeText.vue.download 44 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 42 liste juge le résultat du premier tour « profondément décevant » et annonce qu’il quitte la vie politique. Hongrie Victoire de la gauche aux législatives Les socialistes hongrois (MSZP) menés par Peter Medgyessy remportent, avec leurs alliés du centre gauche (SZDSZ), 198 sièges sur 386 au Parlement, soit dix de plus que les conservateurs (Fidesz) de Viktor Orban, le Premier ministre sortant. Pour ce second tour des élections législatives, les électeurs ont préféré, à 51,3 %, l’alliance du SZDSZ et des socialistes au Fidesz, qui n’a récolté que 48,7 % des voix. Le taux de participation atteint est de 71 % des 8,1 millions d’électeurs inscrits, un chiffre encore jamais égalé depuis 1990. C’est le quatrième scrutin libre dans le pays depuis le retour de la démocratie. Ce résultat confirme celui du premier tour qui a vu l’opposition socialiste devancer de justesse la coalition de droite (42,03 % contre 41,11 %). Peter Medgyessy s’engage à réconcilier la nation et « à être le Premier ministre de 10 millions de personnes. Il y a 10 millions de personnes importantes en Hongrie, quel qu’ait été leur vote. » Le thème fédérateur sur lequel il devrait s’appuyer, c’est l’Europe : les socialistes veulent accélérer les négociations d’adhésion avec Bruxelles. Le futur chef du gouvernement devra également rétablir de bons rapports avec les pays voisins, notamment la Roumanie et la Slovaquie, que la tentation nationaliste de Viktor Orban vis-à-vis de la minorité hongroise avait irrités. 22 Vatican Le pape condamne la pédophilie Devant les cardinaux américains, réunis au Vatican pour discuter du scandale des affaires de pédophilie qui secouent l’Église catholique américaine depuis janvier dernier, le pape déclare que la pédophilie est « considérée à juste titre par la société comme un crime ». Soulignant qu’il n’y a « pas de place dans la prêtrise et la vie religieuse » pour ceux qui font du mal aux enfants, Jean-Paul II exprime sa « profonde solidarité aux victimes et à leur famille où qu’elles puissent être ». Les cardinaux américains acceptent la mise en place d’une procédure spéciale pour détraquer les prêtres coupables d’abus sexuels sur des mineurs. Le pape sévit contre le clergé pédophile Suscitant l’indignation de l’opinion américaine, les scandales liés aux pratiques pédophiles de certains prêtres catholiques ont contraint le Vatican à sortir de sa réserve traditionnelle concernant les questions de discipline ecclésiastique. Le scandale des prêtres pédophiles a fait naître, outre-Atlantique, une vague d’indignation qui risquait de ternir durablement le prestige de l’Église catholique. L’avalanche de plaintes visant des membres du clergé ne permettait plus à ce dossier de rester confiné dans le secret des confessionnaux. La menace qui commençait à peser sur la hiérarchie a contraint le Vatican à sortir de sa réserve canonique pour annoncer des mesures disciplinaires contre ses brebis galeuses. Une complaisance coupable Depuis le scandale provoqué fin février, à Boston, par la condamnation à dix ans de prison d’un prêtre défroqué, John Geoghan, pour pédophilie, l’Église ne pouvait rester à la traîne de la justice des hommes. Elle se devait de traduire en actes les propos du pape Jean-Paul II, qui a souvent dénoncé les prêtres ayant « trahi » leurs engagements, et exprimé sa compassion pour leurs victimes. D’autant qu’après avoir feint de tout ignorer, le cardinal Bernard Law, archevêque de Boston, diocèse le plus touché par le scandale, a finalement livré à la justice les noms de 80 prêtres accusés d’abus sexuels sur des enfants. Cette politique de transparence adoptée par le cardinal Law, l’un des hommes les plus proches du pape aux États-Unis, n’a cependant pas eu les effets escomptés par la hiérarchie américaine. Les enquêtes ont révélé que plusieurs autres membres de l’épiscopat avaient couvert des agissements pédophiles, y compris chez des prêtres récidivistes comme Paul Shanley, accusé d’agressions sur 26 enfants. L’archevêque de Boston, que beaucoup pressaient de démissionner, n’est donc pas seul en cause pour cette complaisance coupable. Des accusations downloadModeText.vue.download 45 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 43 visent l’archevêque de Los Angeles, Mgr Roger Mahony, celui de New York, le cardinal Edward Egan, ou encore l’archevêque de Milwaukee, Mgr Rambert Weakland. Recevant à Rome, le 13 avril 2002, Mgr Wilton Gregory, président de la conférence épiscopale des États-Unis, Jean-Paul II avait réaffirmé sa solidarité avec les responsables diocésains contraints au secret, tout en prônant une ligne de fermeté. Celle-ci s’est traduite, le 24 avril, à l’issue de deux jours de réunion des treize cardinaux américains autour du pape et de la curie romaine au Vatican, par l’adoption d’un plan sans précédent dit de « tolérance zéro ». Toutefois, les moyens d’application de cette « tolérance zéro » aux membres du clergé coupables de ce « péché épouvantable » dénoncé par le pape lors de la réunion n’ont satisfait qu’en partie l’épiscopat américain. Ils ont également déçu l’opinion américaine qui réclamait des sanctions plus fermes comme l’exclusion automatique du sacerdoce des prêtres pédophiles, dès la première faute. Le plan du Vatican n’envisage en effet l’exclusion qu’en ultime recours, au terme d’une « procédure spéciale » comprenant un examen au cas par cas. Cette nouvelle approche de la discipline sacerdotale exclut toutefois d’étouffer les scandales en procédant à la simple mutation des prêtres suspects, une pratique facilitant la récidive qui avait été pour beaucoup dans l’exaspération des fidèles. Ces mesures marquent une évolution certaine pour une Église arc-boutée sur un droit canon qu’elle répugne à modifier. Un code de conduite sévère De retour aux États-Unis, les cardinaux américains étaient chargés de présenter à leurs évêques ainsi qu’à l’opinion le compromis élaboré au Vatican, tout en tentant de remettre de l’ordre dans les rangs d’un clergé décimé par le scandale – près de 250 suspensions ou démissions ont été enregistrées depuis le début de l’année. Après Mgr Anthony O’Connel, évêque de Palm Beach (Floride), le 8 mars, puis Mgr Rambert Weakland, l’archevêque de Milwaukee, le 24 mai, tous deux accusés d’agressions sexuelles, c’était au tour de l’évêque de Lexington, Mgr Kendrick Williams, de voir sa démission acceptée par le pape, le 11 juin. Dans le droit-fil des mesures adoptées à Rome, la conférence plénière annuelle des 300 évêques américains, réunie le 14 juin à Dallas, a entériné une nouvelle « Charte pour la protection des enfants et des jeunes ». Celle-ci impose un code de conduite sévère, sans toutefois prévoir l’exclusion systématique des prêtres pédophiles. Les prêtres délinquants, même coupables d’une faute isolée, seront passibles d’une sanction qui aura les mêmes effets que l’exclusion, sans être aussi déshonorante ni aussi complexe sur le plan institutionnel : il leur sera interdit de porter l’habit et d’exercer le moindre ministère public ou la moindre fonction pastorale les mettant en contact avec des jeunes. De leurs fonctions, ils ne conserveront donc que le titre. Leur exclusion éventuelle n’interviendra qu’au terme d’une procédure qui devra recevoir l’aval de Rome. Cette politique qui doit être mise en oeuvre dans les 195 diocèses du pays est destinée à purger les rangs du clergé sous le regard vigilant des laïques et de leur justice avec lesquels l’Église entend collaborer étroitement pour restaurer sa crédibilité. Les victimes et les parents de victimes, mais aussi les 65 millions de catholiques américains, attendent avec impatience la mise en application du document pastoral de Dallas : un précédent texte sur le même sujet, adopté en 1992, n’avait eu aucun effet. GARI ULUBEYAN LA ! TOLÉRANCE ZÉRO ! Malgré les pressions de l’opinion, Rome a rejeté, dans son plan de « tolérance zéro » en six points adopté le 24 avril 2002, le principe d’une exclusion automatique d’un prêtre accusé de pédophilie, au prétexte que l’on ne peut sanctionner de la même manière les prêtres objets d’une première plainte et les récidivistes. Mais la procédure spéciale conduisant à une exclusion « entrera en jeu pour écarter du sacerdoce les prêtres ayant commis des violences sexuelles sur des mineurs, ainsi que ceux dont leur évêque considère qu’ils peuvent être un danger pour les enfants », indique le plan du Vatican. La question du célibat obligatoire des prêtres n’a pas été abordée durant les débats, les participants estimant d’ailleurs qu’« il n’y a pas de lien scientifiquement établi entre le célibat et la pédophilie ». downloadModeText.vue.download 46 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 44 24 France Acquittement de Patrick Dils La cour d’assises du Rhône acquitte Patrick Dils, âgé de trente et un ans, qui avait été condamné à deux reprises, à perpétuité puis à vingt-cinq ans de prison, pour le meurtre de deux enfants en 1986 à Montigny-lès-Metz (Moselle). À l’issue de son réquisitoire, l’avocat général François-Louis Coste n’avait demandé ni peine, ni acquittement. Dans leur plaidoirie, les deux avocats de la défense, Mes Bertrand Becker et Jean-Marc Florand, ont relevé l’absence d’éléments accusateurs contre leur client : pas de mobile, pas d’explication. Sans les aveux de l’accusé, rien ne pouvait permettre de le confondre. Évoquant « les faux aveux » de Patrick Dils, ils ont montré leur incohérence avec les événements objectifs du dossier et démontré que l’accusé avait donné des précisions qu’il aurait pu lire dans les journaux. Son acquittement ouvre désormais la voie à une nouvelle instruction judiciaire pour tenter de désigner, seize ans après les faits, le véritable coupable du double meurtre de Montigny-lès-Metz. 25 Pays-Bas Le général serbe Ojdanic se rend au TPI L’ancien commandant de l’armée fédérale yougoslave, le général Dragoljub Ojdanic, en provenance de Belgrade, se livre au Tribunal pénal international de La Haye, qui l’a inculpé de crimes de guerre. Âgé de soixante ans, le général était à la tête des forces yougoslaves lors de la répression serbe menée dans la province du Kosovo en 1998-1999, au cours de laquelle 80 000 albanophones furent déplacés et des milliers d’autres tués. Il fait partie des six suspects qui ont annoncé qu’ils acceptaient de se rendre au TPI plutôt que de risquer une possible arrestation et une extradition. Parmi les six suspects figurent notamment l’ancien vice-Premier ministre yougoslave Nikola Sainovic et l’ancien chef des Serbes de Croatie Milan Martic, ex-président de la République autoproclamée de la Krajina serbe (RSK). Cédant à la pression américaine, le gouvernement yougoslave a publié une liste de 23 Serbes inculpés par l’instance de La Haye, auxquels Belgrade avait adressé un ultimatum pour qu’ils se livrent volontairement. 26 Allemagne 17 morts dans un lycée Un ancien lycéen d’Erfurt, ville du centre de l’Allemagne, âgé de dix-neuf ans, revient dans l’établissement dont il a été expulsé quelques semaines auparavant et abat 17 personnes, avant de se donner la mort. Les victimes sont treize enseignants, une secrétaire, deux lycéennes et un policier. Ce chiffre de 17 morts égale le triste record du massacre de la maternelle de Dunblane, en Écosse, où un déséquilibré avait tué 15 enfants et leur maîtresse le 13 mars 1996, avant de se suicider. 28 Russie Mort du général Alexandre Lebed Alexandre Lebed, âgé de cinquante-deux ans, gouverneur de la région de Krasnoïarsk en Sibérie depuis 1998, meurt à l’hôpital des suites de blessures subies dans un accident d’hélicoptère survenu dans sa province. Il était considéré comme le principal artisan de la fin de la première guerre de Tchétchénie (19941996). Ancien candidat à l’élection présidentielle russe, il était arrivé troisième, avec 15 % des voix, lors du scrutin de 1996 qui avait vu la réélection de Boris Eltsine. downloadModeText.vue.download 47 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 45 Mai 1 France Mobilisation contre Le Pen Environ 1,3 million de personnes défilent dans le calme dans toute la France contre l’extrême droite, reléguant au second plan le succès (10 000 participants) du défilé annuel du Front national à Paris en l’honneur de Jeanne d’Arc. Défaite lors du premier tour du scrutin présidentiel du 21 avril, la gauche prend sa revanche dans la rue et ne manque pas de souligner l’absence de la droite républicaine dans la mobilisation anti-Le Pen. 5 France Réélection de Jacques Chirac Le président sortant Jacques Chirac est réélu avec 82,21 % des voix face à Jean-Marie Le Pen (17,79 %) au second tour de l’élection présidentielle. Président le mieux élu de l’histoire de la Ve République, Jacques Chirac doit cette écrasante victoire, plus large que les prévisions des derniers sondages, à la situation politique inédite créée par la présence surprise du président du Front national au second tour. Son score s’explique par la mobilisation citoyenne contre l’extrême droite observée depuis le 21 avril, qui a fait reculer l’abstention. Entre les deux tours, la participation a gagné près de neuf points. L’abstention s’est établie à 19,24 %, contre 28,4 % au premier tour. Jean-Marie Le Pen, qui n’était, lui, soutenu que par son rival d’extrême droite Bruno Mégret, n’est pas parvenu à faire mieux que le total des voix d’extrême droite au premier tour (19,4 %). Plébiscité par les électeurs de droite, mais aussi par ceux de gauche, Jacques Chirac assure avoir « entendu » et « compris » le message des électeurs. Il s’engage à exercer son second mandat « dans un esprit d’ouverture et de concorde ». La victoire de la droite devra être confirmée les 9 et 16 juin prochains aux élections législatives, où la gauche, absente du second tour présidentiel, espère prendre sa revanche. Une présidentielle hors norme Le choc. Le traumatisme. Le séisme. Il est 20 heures, ce 21 avril, radios et télés annoncent les résultats du premier tour de la présidentielle : Jean-Marie Le Pen est en seconde position. Le président du Front national se retrouve face à Jacques Chirac au second tour. Lionel Jospin, arrivé troisième, est éliminé. Distancé de 194 558 voix seulement (sur 28 502 455 suffrages exprimés) par le leader de l’extrême droite. Sept ans plus tôt, en 1995, alors que la gauche malmenée par les affaires était au plus bas, Jospin avait réussi l’exploit de se hisser en tête du scrutin, devant Jacques Chirac et Édouard Balladur ! Dans le pays, c’est la consternation. Les Français ont la gueule de bois. Pour la première fois, un candidat d’extrême droite dispute en finale la magistrature suprême à un candidat de la droite républicaine. Pour la première fois depuis 1969 et le duel entre Pompidou et Poher, la gauche est exclue de la compétition. Son candidat, Lionel Jospin, Premier ministre sortant, est « remercié » par les électeurs. La « malédiction » de Matignon qui veut qu’aucun chef de gouvernement sortant (de Chirac en 1988 à Balladur en 1995) n’accède à l’Élysée, se vérifie à nouveau. Mais, en avril 2002, de façon peu glorieuse. Les adieux de Jospin Victime de la multiplication des candidats au sein de la majorité plurielle qu’il avait pourtant créée en 1997, de l’effondrement du Parti communiste et de la poussée de l’extrême gauche, de la trahison – du moins le juge-t-il ainsi – de son « ami » Jean-Pierre Chevènement, et enfin d’une campagne peu enthousiasmante, voire décevante et ponctuée de couacs, Lionel Jospin annonce le soir même son retrait de la vie politique. « J’assume, dit-il la voix blanche, pleinement cet échec et j’en tire les conclusions en me retirant de la vie politique après l’élection présidentielle. » Rien encore sur un appel à voter Chirac pour le second tour. Ses proches, tout aussi K.-O. debout que lui, le feront pourtant, downloadModeText.vue.download 48 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 46 eux. Au Paquebot, nom donné au siège du FN à Saint-Cloud, les lepénistes jubilent et veulent croire à l’impensable. À l’Élysée et au Tapis rouge, les locaux de campagne du candidat-président, l’inquiétude se mêle à la joie face à cette donne politique inédite. Certes, Chirac sera élu le 5 mai (ce n’était pas acquis d’avance dans un duel face à Jospin). Mais quel score pour Le Pen ? Déjà les rues de Paris, de Lille, de Strasbourg et de la plupart des grandes villes de France sont envahies par des milliers de jeunes hurlant leur refus de l’extrémisme, de l’exclusion et de la haine. Le sursaut républicain Jacques Chirac, qui n’avait pas imaginé une seule seconde se retrouver face à Jean-Marie Le Pen, endosse du coup pendant l’entre-deux-tours les habits du père de la nation. Après son septennat manqué, il sait que, à soixante-neuf ans, cette élection hors norme lui donne l’occasion de se rattraper, de se forger un destin. Légitimement et naturellement, il se fait donc le champion des valeurs républicaines et démocratiques face à ce qu’il appelle la « force brute ». Il fustige l’« intolérance » et la « haine », refuse de débattre à la télévision avec son adversaire, prône la « France unie » et assure qu’il a entendu et compris le message adressé par les Français, le 21 avril. À l’exception de l’extrême gauche et, un temps, du silence assourdissant de Lionel Jospin (« La France n’est pas pré-fasciste », se justifie-t-il), syndicats, partis de gauche, associations rallient le « républicain Chirac ». Entre le 21 avril et le 5 mai, date du second tour, pas un jour sans manifestations de rue contre JeanMarie Le Pen. L’apogée est atteint le 1er mai. Plus de 1 300 000 personnes manifestent dans la dignité à travers la France à l’occasion de la fête du Travail pour crier leur désarroi, leur honte et leur colère. À Paris, ils sont plus de 400 000 au coude-à-coude entre République et Nation. Combien d’entre eux, qui ce jour-là brandissent le drapeau tricolore, chantent la Marseillaise et redécouvrent la devise nationale « Liberté, Égalité, Fraternité », ont déposé un bulletin dans l’urne, le 21 avril ? Qu’importe ! La campagne de l’entre-deux-tours se transforme en un référendum pour la République et ses valeurs. Chirac plébiscité 5 mai 2002. 20 heures. Les Français poussent un ouf de soulagement. Comme pour se rattraper de leur attitude du 21 avril, ils se sont déplacés en masse pour voter. Le taux d’abstention chute de 8 points, à 20,29 %. Et ils plébiscitent la démocratie : Jacques Chirac obtient 81,96 % des suffrages exprimés, et Jean-Marie Le Pen, seulement 18,04 %. Certes, le candidat du FN est à un étiage élevé, il gagne même 500 000 voix par rapport au premier tour. Mais l’essentiel est préservé : les Français, dans un sursaut républicain, ont fait barrage à l’extrémisme. C’est une claque sévère pour un Le Pen qui s’était mis à rêver. De son QG du Tapis rouge à Paris, Chirac confesse son « émotion », parle d’« un moment exceptionnel » mais refuse tout triomphalisme. Élu avec les voix de droite et de gauche (près de 12 millions), il salue la France qui « comme toujours, dans les moments difficiles, sait se retrouver sur l’essentiel ». Il évoque un « choix fondateur, un choix qui oblige ». Dans la foulée, le président se rend place de la République à Paris où l’attend une foule hétéroclite composée de militants de droite et de gauche. « J’ai compris votre appel pour que la République vive », leur lance-t-il. Après cette élection hors norme, Jacques Chirac, reconduit à l’Élysée pour cinq ans, nomme à l’hôtel Matignon un inconnu pour les Français, JeanPierre Raffarin, sénateur de la Vienne et président de la région Poitou-Charentes. À lui, selon son expression, d’être à l’écoute de « la France d’en bas ». Celle qui, inquiète de l’Europe et de la mondialisation, n’a plus vraiment de repères et se considère comme abandonnée par ses dirigeants. Celle qui, par son vote ou son absten- tion, a provoqué le séisme du 21 avril. Au nouveau Premier ministre aussi de mener la bataille des législatives du mois de juin et de participer à la création du parti du président, afin d’assurer le triomphe de la « Chiraquie ». Un triomphe au goût amer pour certains. Les raisons d’un séisme 1. Les effets pervers de la cohabitation Jacques Chirac et plus encore, bien sûr, Lionel Jospin sont les victimes de ce système qui fait coexister à la tête de l’exécutif un président d’un bord avec un Premier ministre de l’autre. Résultat : les deux hommes sont sortis usés de la plus longue cohabitation de l’histoire, cinq ans. Et Jospin, plus exposé par sa fonction à Matignon que le chef de l’État, est apparu comme le véritable « sortant ». Chirac-Jospin, Jospin-Chirac, les Français les ont mis dans le même sac sur le thème : où est la différence ? De 1997 à l’avantdownloadModeText.vue.download 49 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 47 veille du scrutin, il est vrai, le chef de l’État s’est peu opposé à son Premier ministre, et inversement. De quoi alimenter chez les Français, depuis longtemps sceptiques sur leur classe politique, une certaine confusion et un surcroît de désenchantement. 2. La multiplication des candidatures Conséquence de la cohabitation et de l’usure des deux « grands » : un nombre record de petits candidats à la présidentielle. Au total, ils sont seize à concourir ! De François Bayrou à Alain Madelin, à droite, en passant par Jean-Pierre Chevènement et la radicale Christiane Taubira, à gauche. Un double risque : la dispersion des voix et une abstention élevée. Le pire est à venir. Il survient. Le 21 avril, jour du premier tour, le taux d’abstention est de 28,40 %. Un nouveau record. Jacques Chirac ne recueille que 19,41 % des suffrages (le plus faible score pour un président sortant), et Lionel Jospin, 15,85 %. À eux deux, ils ne totalisent qu’un quart des votants. Du jamais vu ! Ce résultat traduit le malaise de la société française à l’égard de ses politiques. L’offre ne lui convient pas. Et elle le dit, soit en boudant les urnes, soit en se tournant vers les partis populistes ou protestataires. L’extrême droite (JeanMarie Le Pen et Bruno Mégret) atteint 19,2 % des suffrages, et l’extrême gauche (Arlette Laguiller de LO, Olivier Besancenot de la LCR et Daniel Gluckstein du parti des Travailleurs), 10,44 %. Un véritable camouflet pour les partis traditionnels. 3. Les « couacs » de la campagne Jospin De « Mon projet n’est pas socialiste », lors de sa première intervention télévisée en tant que candidat, à « Chirac est vieilli et victime de l’usure », lâché en plein ciel devant des journalistes dans le vol retour de la Réunion, en passant par les zizanies d’une équipe de campagne qui le coupe des réalités, Jospin déçoit militants et sympathisants. Enfermé dans un jargon technique, ciblant les classes moyennes, s’autocongratulant sans cesse de son bilan, il pèche par excès d’orgueil, fait (comme si le premier tour était déjà acquis) une campagne de second tour en oubliant de rassembler d’abord son camp, et s’attire les foudres du pape du socialisme. « Parler des ouvriers et des classes populaires, ce n’est pas dire des gros mots », tonne Pierre Mauroy. Les Français, eux, s’interrogent. Où est le souffle ? Où est le projet pour le pays ? Où est le rêve ? Et si, pensent-ils, Jospin n’avait qu’une seule ambition : en découdre avec Jacques Chirac ? 4. L’éclatement de la majorité plurielle Elle avait contribué à la victoire de Lionel Jospin aux législatives de 1997, elle a signé sa défaite en 2002. En inversant le calendrier électoral (la présidentielle avant les législatives), Jospin a payé au prix fort son concept de majorité plurielle. Chacun, du PC aux Verts, a d’abord et surtout voulu défendre son drapeau. Quitte à critiquer leur bilan commun. L’autonomie grandissante de Jean-Pierre Chevènement et même de la radicale (et surprenante) Christiane Taubira a fait le reste. Sans ces deux concurrents qui n’existaient pas en 1995, Jospin accédait au second tour. 5. L’effondrement du PC et la percée de l’extrême gauche Avec 3,37 % des suffrages exprimés, Robert Hue décroche le pire score jamais enregistré par le Parti communiste et le met au bord de la faillite financière. Le PC, allié traditionnel du PS, n’est plus qu’une force d’appoint agonisante. Il est établi que l’électorat populaire a changé de camp et ne se reconnaît plus dans un parti sans véritable idéologie et lié à une gauche embourgeoisée. Ces déçus grossissent les rangs des supporteurs de Le Pen. Mais si Le Pen en récupère beaucoup il ne rafle pas toute la mise : une partie de l’héritage communiste revient, en effet, à l’extrême gauche. Ses deux champions, l’inoxydable Arlette Laguiller pour Lutte ouvrière et le jeune postier Olivier Besancenot pour la Ligue communiste révolutionnaire, réunissent à eux deux plus de 10 % des suffrages. Et, fait historique, ils sont devant le candidat du Parti communiste. Arlette Laguiller est même un temps créditée à elle seule de 10 % des intentions de vote ! Sans doute y a-t-il là un phénomène de mode initié par les fameux « bobo » (les bourgeois bohèmes). Il n’empêche : ces votes pour des mouvements protestataires qui rêvent toujours du « Grand Soir » traduisent là encore l’inadéquation de l’offre politique des partis traditionnels. Et l’incompréhension qui s’établit entre les Français et ceux qui les gouvernent. 6. La résurrection de Le Pen On le donnait mort politiquement après son échec aux élections européennes de 1999. On l’imaginait difficilement candidat à la présidentielle après ses ennuis judiciaires. Et le voilà qui resurgit ! Sur le fond, il n’a pas changé. Mais il affiche un nouveau « look » plus rassurant, un discours plus consensuel et policé et, surtout, a en main un downloadModeText.vue.download 50 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 48 thème de campagne utilisé par Jacques Chirac pour mettre en difficulté les socialistes trop « angéliques » en la matière : l’insécurité. En faisant de l’insécurité un des axes forts de ses discours, le président-candidat à son corps défendant « dédouane » le leader d’extrême droite. Or surfer sur les peurs des Français, Jean-Marie Le Pen connaît. Il excelle même depuis longtemps dans l’exercice, d’autant qu’il aura été servi par une actualité particulièrement porteuse relayée avec une certaine complaisance par plusieurs médias. Son fonds de commerce est assuré. Il fera florès. BERNARD MAZIÈRES LE MYTHE DU TROISIÈME HOMME Ils se voyaient en haut de l’affiche, jouer les trouble-fête dans la cour des grands et incarner une alternative crédible au duel présidentiel trop longtemps programmé à l’avance entre Jacques Chirac et Lionel Jospin. Ils, ce sont le souverainiste JeanPierre Chevènement et le centriste François Bayrou. À soixante-trois ans, l’ancien ministre de l’Intérieur de Lionel Jospin se veut un des- tin. Farouche défenseur de la République et de ses valeurs, souhaitant, selon son expression, « turbuler le système », il a pour ambition de rassembler les républicains des « deux rives ». Ceux qui, à droite comme à gauche, refusent la mondialisation et les abandons de souveraineté. Son discours gaullien plaît. En janvier, à trois mois du premier tour et alors que Jacques Chirac et Lionel Jospin ne se sont pas encore déclarés, les sondages le créditent même de 14 % d’intentions de vote. Las. Le phénomène fera long feu. Renvoyant dos à dos tout au long de sa campagne Chirac et Jospin, flanqué de supporteurs hétéroclites (allant des gaullistes historiques aux amis de Charles Pasqua), il n’obtiendra que 5,33 % des suffrages. Un échec. À cinquante ans, le président de l’UDF François Bayrou veut prendre date. Et, au lendemain du premier tour, négocier son ralliement au président élu. Qu’il soit de droite ou de gauche. Raté ! Premier des candidats à se déclarer, il fera longtemps campagne dans l’indifférence. Refusant l’hégémonie chiraquienne et soucieux de se différencier pour exister, il s’en prend plus souvent à Chirac qu’à Jospin. Résultat : il trouble ses troupes. Décrochant à l’arrivée 6,84 % des suffrages, il sauve l’honneur (et les finances) de son camp. Mais, compte tenu du duel Chirac-Le Pen au second tour, il n’a rien à monnayer. Et abandonne toute ambition d’être le pivot de la nouvelle majorité. 6 France Raffarin Premier ministre Le président Jacques Chirac nomme Jean-Pierre Raffarin au poste de Premier ministre. Ce dernier, âgé de cinquante-trois ans, est quasi inconnu du grand public. Président de la Région Poitou-Charentes et sénateur du plus petit parti de la droite, Démocratie libérale, il n’a exercé qu’une seule fonction ministérielle – il fut chargé des PME dans le gouvernement d’Alain Juppé entre 1995 et 1997. Ancien directeur du marketing des cafés Jacques Vabre et de la société Bernard Krief Communication, Jean-Pierre Raffarin a longtemps alterné parcours en entreprise et vie publique. Entré en 1976 dans le cabinet du secrétaire d’État au Travail manuel Lionel Stoléru, où il était en charge de la communication, il est devenu en 1988 le plus jeune président de Région de France, en succédant à René Monory à la tête du conseil régional de Poitou-Charentes. Le gouvernement constitué, non sans difficulté, par le Premier ministre comprend 21 ministres et ministres délégués et 6 secrétaires d’État. Les principaux postes sont occupés à l’Intérieur par Nicolas Sarkozy, aux Affaires sociales par François Fillon, à l’Économie et aux Finances par Francis Mer, à l’Éducation par Luc Ferry, au Quai d’Orsay par Dominique de Villepin, à la Défense par Michèle Alliot-Marie, à l’Équipement par Gilles de Robien, à l’Environnement par Roselyne Bachelot. Philippe Douste-Blazy, président du groupe UDF à l’Assemblée nationale, a décliné l’offre du poste de ministre de l’Éducation nationale et annoncé son intention de rester maire de Toulouse. Parmi les autres absences, on note celle de Jean-Louis Debré, qui reste maire d’Évreux (Eure). Pays-Bas Assassinat de Pim Fortuyn À neuf jours des élections législatives, le candidat d’extrême droite Pim Fortuyn est assassiné à HilverdownloadModeText.vue.download 51 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 49 sum (20 km au sud-est d’Amsterdam). L’assassin, un militant des droits des animaux dont les motivations restent obscures, est interpellé. Le gouvernement néerlandais décide de maintenir la date des élections législatives. C’est la première fois dans l’histoire moderne des Pays-Bas qu’un homme politique est assassiné. 8 Pakistan Mort de 11 techniciens français Un attentat suicide contre un autobus devant l’hôtel Sheraton de Karachi fait 14 morts, dont 11 ressortissants français, et 23 blessés, dont 12 Français. Les victimes françaises travaillaient sur différents projets près de la zone portuaire de Karachi pour la Direction de la construction navale (DCN), une entreprise publique française dépendant de la Direction générale de l’armement (DGA). Le porte-parole du gouvernement pakistanais qualifie l’explosion d’« acte de terrorisme » destiné à terroriser les ressortissants étrangers présents au Pakistan. L’acte n’est pas revendiqué, mais il impliquerait le réseau Al-Qaida et des groupes islamistes radicaux, hostiles à la politique proaméricaine du président pakistanais Pervez Moucharraf. En janvier dernier, ce dernier a interdit cinq mouvements islamistes, dont la plupart avaient des liens avec l’organisation d’Oussama Ben Laden. Des Français dans le chaudron pakistanais L’attentat de Karachi montre que les États-Unis ne sont pas l’unique cible du « terrorisme international » et que le Pakistan voisin d’un Afghanistan aujourd’hui « pacifié » abrite des groupes extrémistes très actifs en dépit de sa politique antiterroriste affichée. En avril, l’explosion d’un camion devant la synagogue de Djerba, en Tunisie, avait causé la mort de plusieurs touristes allemands. Après que les autorités tunisiennes eurent finalement entériné la thèse de l’attentat, la piste Al-Qaida avait été évoquée, provoquant l’irruption du terrorisme islamiste sur la scène allemande. Le 8 mai, un autre acte terroriste a tué quatorze personnes, dont onze Français, à Karachi. Une voiture piégée a percuté un car de la marine pakistanaise dans lequel avaient pris place des ingénieurs et techniciens français qui venaient de quitter leur hôtel. Employés de la direction de la construction navale de Cherbourg dépendant du ministère de la Défense, ceux-ci travaillaient à la base navale de Karachi dans le cadre d’un contrat de vente de sous-marins français au Pakistan. L’hypothèse Al-Qaida Cet attentat est le troisième qui vise des étrangers au Pakistan en peu de temps. En janvier, le journaliste américain du Wall Street Journal, David Pearl, avait été enlevé à Karachi avant d’être assassiné par ses ravisseurs ; et en mars, un attentat suicide avait fait cinq morts dans le temple protestant du quartier diplomatique d’Islamabad, tuant une diplomate américaine et sa fille. Cette fois, il ne s’agit plus d’Américains, mais de Français. Ainsi la France renoue-t-elle à son tour avec la menace terroriste. Paris – après Berlin – qui s’était simplement montré jusque-là « solidaire » des États-Unis, se trouve en effet directement confronté, pour la première fois depuis le 11 septembre 2001, au terrorisme islamiste. Car l’hypothèse de la responsabilité du réseau Al-Qaida d’Oussama Ben Laden dans l’attentat de Karachi est défendue par la police pakistanaise comme par les autorités militaires françaises. La France était-elle expressément visée ? Rien ne permet de l’affirmer. Les auteurs de l’attentat ont certainement agi en fonction de la vulnérabilité d’une cible représentée par des ressortissants étrangers dépourvus de protection particulière et se déplaçant à heure fixe entre leur hôtel et leur lieu de travail. Que ceux-ci aient été occidentaux et citoyens d’un pays membre de la coalition antiterroriste internationale était suffisant. Qu’ils aient de plus participé à l’amélioration de l’arsenal militaire d’un État récemment rallié à la cause américaine augmentait encore la charge symbolique de l’attentat. Car celui-ci, probablement exécuté par des extrémistes pakistanais liés de près ou de loin à Al-Qaida, visait autant l’Occident que le régime même du président Pervez Moucharraf. Les mouvements islamistes extrémistes se sont multipliés au Pakistan ces dernières années grâce à la bienveillance – voire à l’aide – de l’armée et des services spéciaux. Ils fournisdownloadModeText.vue.download 52 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 50 saient un vivier de « soldats de l’islam » prêts à intervenir dans les conflits à fort substrat religieux qui agitent l’Afghanistan ou le Cachemire. Les entrepreneurs fortunés du grand port du Sud financent notamment les 845 écoles coraniques de la ville qui enseignent à quelque 225 000 étudiants une interprétation rigoriste du djihad, qui le réduit à un combat à mort contre les ennemis de l’islam, sur fond de lutte « sectaire » entre sunnites et chiites. Ces madrasa et les mosquées qu’elles alimentent sont intimement liées aux mouvements extrémistes. La position d’Islamabad à leur égard a sensiblement évolué à la suite des attentats du 11 septembre et de l’intervention américaine en Afghanistan. Le président Moucharraf a vu dans son ralliement à la lutte antiterroriste l’occasion d’ouvrir son pays à l’Occident tout en imposant son pouvoir sur l’armée et les services spéciaux, qui demeurent les piliers du régime pakistanais. En janvier, il a annoncé une série de mesures visant à renforcer le contrôle de l’État sur l’activité des madrasa et des mosquées. Par ailleurs, cinq groupes extrémistes engagés dans le djihad ont été interdits. La dissolution de ces mouvements, associée au retour d’Afghanistan des combattants pro-talibans et à la fermeture des camps d’entraînement, a conduit à une dispersion des djihadistes en groupuscules plus difficiles à détecter. Une aubaine pour AlQaida... Rien ne dit, par ailleurs, que certains secteurs de l’armée ou des services spéciaux ne continuent pas à jouer leur jeu personnel sur l’échiquier politique. Le Pakistan est un chau- dron et l’attentat de Karachi n’est certainement pas le dernier du genre. La maîtrise retrouvée du domaine réservé Cet attentat a donné l’occasion au président Jacques Chirac, tout juste réélu, de montrer qu’il avait retrouvé l’entière maîtrise de son « domaine réservé ». Ainsi, c’est « à la demande du chef de l’État » que la nouvelle ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, a été envoyée au Pakistan. Le 13 mai, lors des obsèques des onze victimes à Cherbourg, le président Chirac a trouvé des accents dignes de son homologue américain pour affirmer : « Il ne peut y avoir de sanctuaire pour les terroristes. C’est un combat que nous avons engagé et que nous poursuivrons sans relâche, en France et à l’étranger. [...] Ce combat, c’est celui de la démocratie et de la liberté. C’est celui de la France, de l’Europe, des États-Unis et de leurs alliés. » GÉRARD SANIER LA FRANCE AU SERVICE DE LA MARINE PAKISTANAISE C’est dans les années 1970 qu’Islamabad a demandé à la France de l’aider à constituer une flotte de sous-marins susceptibles de contrecarrer la puissance navale indienne. Le Pakistan a tout d’abord pris livraison de bâtiments de seconde main avant de passer commande, dans les années 1980, de sous-marins à propulsion classique de la classe Agosta. Deux exemplaires ont été livrés dans un premier temps, puis trois autres commandés en 1994 dans une version plus moderne baptisée Agosta-B, en vue d’être livrés entre 1999 et 2004. Ce dernier contrat a été accusé d’avoir été conclu à perle pour maintenir le plan de charge des arsenaux français, et de forts soupçons de corruption s’y rattachent. Il prévoyait que le premier de ces sous-marins serait construit par la DCN de Cherbourg, mais que les suivants seraient assemblés à Karachi. Il incluait le « service après-vente » et la formation des équipages. 9 Daghestan Attentat antirusse Une mine explose au cours d’une cérémonie de commémoration de la victoire alliée sur l’Allemagne nazie, célébrée dans la ville de Kaspiisk, dans la république du Daghestan, voisine de la Tchétchénie. Les autorités font état de 34 morts (19 militaires et 15 civils, dont 12 enfants) et 150 blessés. Le Daghestan est le théâtre de fréquents attentats à la bombe et de troubles liés à la guerre dans la province voisine de Tchétchénie. En 1996, une explosion dans une downloadModeText.vue.download 53 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 51 résidence de gardes-frontières russes avait déjà fait 68 morts à Kaspiisk. 11 Football Grave incident au Stade de France Le coup d’envoi de la finale de la Coupe de France de football qui oppose Lorient à Bastia est retardé de 20 minutes à cause de sifflets lancés apparemment par des supporteurs corses contre la Marseillaise. Indigné par cet affront « inadmissible et inacceptable » fait à l’hymne national, Jacques Chirac quitte la tribune présidentielle et exige des excuses de la Fédération française de football (FFF). Le président du Sporting Club de Bastia, François Nicolaï, présente lui aussi ses excuses au chef de l’État. Cet incident rappelle celui qui s’était produit dans le même stade lors du match amical France-Algérie du 6 octobre dernier, quand une partie des supporteurs de l’Algérie avait sifflé la Marseillaise, avant d’envahir la pelouse à la 76e minute, provoquant l’interruption du match. Cinéma Décès d’Yves Robert Le cinéaste Yves Robert décède à l’âge de quatrevingt-un ans. On lui doit des succès populaires comme la Guerre des boutons (1961), le Grand Blond avec une chaussure noire (1972) et le Retour du grand blond (1974), et deux adaptations de Marcel Pagnol, la Gloire de mon père (1990) et le Château de ma mère (1992). Il expliquait avoir un point commun avec le romancier : « J’ai été un petit garçon ébloui de bonheur, ébloui de vivre. » Dans son dernier film, MontparnassePondichéry (1993), il était à la fois derrière et devant la caméra, aux côtés de Miou-Miou. 15 Pays-Bas Succès de la droite et des populistes Écartés du pouvoir en 1994, les chrétiens-démocrates (CDA) remportent les élections législatives aux PaysBas. Crédités de 43 sièges sur les 150 que compte l’Assemblée – un gain de 14 sièges –, ils deviennent la première force politique du pays. La Liste Pim Fortuyn (LPF), dont l’existence remonte à quelques mois, se place en deuxième position, avec 26 sièges. Le parti du Travail (PvdA) du Premier ministre sortant Wim Kok et le Parti libéral (WD), membre de la coalition de centre gauche au pouvoir, obtiennent 23 sièges chacun – une perte de 22 sièges pour la formation du chef du gouvernement et de 15 sièges pour le WD. Les Verts conservent 11 sièges, et le Parti réformateur (D66), 7 sièges. Europe : des populismes émergent de la crise de la nation L’entrée de membres de la Liste Pim Fortuyn au gouvernement néerlandais et la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle française ont été les deux coups de semonce « populistes » des scrutins de l’année en Europe. Mais partout sur le continent, des mouvements politiques sécuritaires, anti-immigrationnistes, très eurosceptiques, s’éveillent. « Mais je couche avec eux, moi, monsieur ! » C’est par cette phrase que Pim Fortuyn, défunt leader de la liste éponyme des élections législatives néerlandaises du 15 mai, répondit un jour à un délégué syndical qui l’accusait de ne pas connaître les travailleurs marocains dont il préconisait l’expulsion. Surgi de nulle part, Fortuyn, dandy charismatique de cinquante-quatre ans à l’homosexualité affichée, avait su exprimer, lors du scrutin municipal du mois de mars précédent, les angoisses d’une large partie de l’électorat pour obtenir 34 % des voix à Rotterdam. Peu avant les législatives, il continuait de surfer sur les remous provoqués par son discours, brocardant l’insécurité, l’immigration et la construction européenne avec un succès croissant. « Neutraliser les méchants » Assassiné dans des conditions mystérieuses une semaine avant les élections du 15 mai, il laissait son parti y remporter un triomphe pour devenir la deuxième formation politique du pays. Avec 26 sièges à la nouvelle chambre basse, la liste orpheline Pim Fortuyn entrait au gouvernement sur la base d’un programme ouvertement réactionnaire et pourtant étrangement populaire. « On l’a tué parce qu’il parlait notre langage », murmurait-on dans la foule anonyme qui était venue lui rendre un ultime hommage en sa somptueuse villa de Rotterdam. downloadModeText.vue.download 54 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 52 Chez les intellectuels, chez les analystes politiques, on appelle ce phénomène du « populisme ». Sans savoir au juste, d’ailleurs, comment le définir. On estime généralement que le populisme se situe franchement à droite, voire à l’extrême droite. Pour le politologue Guy Hermet, auteur de Populismes dans le monde (Fayard, 2001), le mot désigne « avant tout un style politique, plus précisément un style antipolitique », qui se résume à un « refus de la complexité des affaires publiques ». Pour le populiste, ajoute-t-il, tous les problèmes peuvent être « résolus immédiatement » : il « suffit de neutraliser les méchants ». En ce sens, l’insécurité, l’immigration, l’euroscepticisme, voire l’europhobie, constituent trois variations sur un même thème, celui de la peur de l’altérité au sens large : peur du voisin de palier, considéré comme un agresseur potentiel ; hostilité à l’égard du résident étranger, perçu comme un parasite dans les États providences que les pays européens se sont construits au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ; peur enfin devant l’Union européenne, cette entité bruxelloise au fonctionnement bureaucratique qui menace prétendument l’indépendance des nations et, à travers elle, leur souveraineté populaire. Faire vibrer la corde de l’identité nationale En Europe, les législatives néerlandaises sont le deuxième coup de semonce politique du printemps. Quelques semaines auparavant, le 21 avril, le chef du Front national, Jean-Marie Le Pen, avait réussi à se hisser au second tour de l’élection présidentielle française, avec un score inespéré de 17,19 %. Le verbe toujours sulfureux, mais sur un ton légèrement assagi, il avait su mobiliser sur des thèmes similaires un électorat morose, déprimé par une campagne électorale sans relief. Ailleurs en Europe, la situation était tout aussi inquiétante. En Autriche, le Parti libéral autrichien (FPÖ) du fils de militant nazi Jörg Haider continuait de participer à la coalition gouvernementale du chrétien conservateur Wolfgang Schlüssel. En Italie, le très médiatique Premier ministre Silvio Berlusconi comptait toujours dans son gouvernement des membres de l’Alliance nationale de Gianfranco Fini, descendante du Mouvement social italien néofasciste, ainsi que de la xénophobe Ligue du Nord d’Umberto Bossi. Dans presque tous les pays de l’Union, un mouvement « populiste » émergeait (voir encadré). En dehors de l’Union, le Mouvement pour une Slovaquie démocratique du turbulent Vladimir Meciar arrivait en septembre, avec 19 % des voix, en tête des élections législatives. Même la très tranquille Suisse voyait, dès 1999, l’Union démocratique du centre de Christoph Blocher devenir la première formation politique du pays. Les racines du mal, semble-t-il, sont profondes. L’engouement pour les partis populistes répond à une logique irrationnelle où quelques tribuns sans réel programme, mais adeptes du « parler vrai », parviennent à redonner un sens à la politique. Leur émergence électorale est paradoxale dans la mesure où, en France comme aux PaysBas, elle fait chuter des gouvernements qui n’ont pas démérité sur le strict critère des résultats socio-économiques. Mais les « populistes » savent faire vibrer la corde nationale à un moment où la perte d’influence des nations européennes dans le monde est patente, et où la législation européenne prend une importance croissante dans les droits nationaux. La construction européenne est d’ailleurs bien le sujet qui effraie les peuples et fâche les partis. Preuve en est l’absence quasi totale de débat sur ce sujet, pourtant crucial, lors des différents scrutins nationaux de l’année. Preuve en est aussi, en septembre, le départ fracassant du FPÖ de la coalition gouvernementale autrichienne, après avoir refusé toute caution autrichienne d’un élargissement à l’est de l’Union européenne. Dans ce contexte, il apparaît urgent de songer à déplacer, progressivement, la souveraineté des peuples européens : de nations en perte de vitesse et aux visées parfois antagonistes, celle-ci serait transférée vers le Parlement européen. Ce que résume l’éditorialiste Alexandre Adler : « Cette autorité que les populistes cherchent partout dans notre continent ne pourra être qu’européenne. Quand un vrai gouvernement parlera à Bruxelles, les populismes et les antimondialismes rentreront dans leurs nids. » BENJAMIN BIBAS 2004 : UNE COALITION POPULISTE ? Jörg Haider, leader autrichien du KPÖ, a des idées. Pour les élections européennes de 2004, a-t-il confié au quotidien allemand Handelsblatt (Düsseldorf), il se verrait bien à la tête d’un parti baptisé downloadModeText.vue.download 55 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 53 « Nouvelle Europe » et regroupant tous les mouvements sécuritaires et europhobes du continent. En Belgique, Haider est en pourparlers avec le Vlams Blok, parti néofasciste flamand dont le leader, Philip Dewinter, a obtenu 33 % des voix lors du dernier scrutin municipal à Anvers. En Italie, il négocie avec la Ligue du Nord d’Umberto Bossi. Au Danemark, il discute avec le parti du Peuple danois de Pia Kjaersgaard, troisième formation du pays et soutien de la coalition gouvernementale de droite. Limitation de l’immigration, lutte contre la criminalité, promotion de la famille et défense de l’identité des peuples européens contre la technocratie de Bruxelles devraient former les grandes lignes de leur projet. 16 France Les gendarmes passent à l’Intérieur Nicolas Sarkozy annonce que le ministère de l’Intérieur est désormais responsable de l’emploi des services de la gendarmerie nationale « pour l’exercice de ses missions de sécurité intérieure ». Il définit les missions de ces services autres que celles qui sont relatives à l’exercice de la police judiciaire, il détermine les conditions d’accomplissement de ces missions et les modalités d’organisation qui en résultent. Cette maîtrise de la gendarmerie révèle une volonté de mettre en place un grand ministère de la sécurité intérieure. 17 France Condamnation de l’Église de scientologie Le tribunal correctionnel de Paris condamne à 8 000 euros d’amende la section Île-de-France de l’Église de scientologie pour violation de la loi Informatique et libertés. La section était poursuivie par un ancien adepte qui continuait à recevoir du courrier de l’Église de scientologie, malgré ses demandes de radiation du fichier de cette association. Décidée à faire appel de la décision du tribunal, elle dénonce un « complot politico-judiciaire ». 18 Inde/Pakistan Nouvelles tensions au Cachemire Dans un discours à ses troupes postées à la frontière pakistanaise au nord du Cachemire, à l’origine du conflit entre l’Inde et le Pakistan, le Premier ministre indien Atal Bihari Vajpayee annonce « l’heure d’un combat décisif ». La tension entre les deux nations a fortement augmenté depuis le 14, à l’occasion d’un nouvel attentat au Cachemire indien, attribué par New Delhi aux militants pakistanais, qui a fait 35 morts. Depuis, des duels d’artillerie opposent les forces postées de part et d’autre de la frontière. Après plusieurs semaines d’accrochages, les deux pays sont au bord de la guerre, chacun des camps massant ses troupes sur la frontière de la région controversée du Cachemire. Depuis la partition du sous-continent indien en 1947, New Delhi et Islamabad se disputent cette province himalayenne habitée par une majorité de musulmans. Après deux années de guerre, l’ONU avait réussi à imposer une partition de la zone, donnant 63 % du territoire cachemiri à l’Inde et 37 % au Pakistan, sans toutefois parvenir à régler son statut. Deux résolutions des Nations unies, de 1948 et 1949, prévoyaient la tenue d’un référendum d’autodétermination, mais celui-ci a toujours été rejeté par le gouvernement indien en raison du soutien que le Pakistan apporterait aux groupes armés islamistes indépendantistes cachemiris. Les présidents américain George W. Bush et russe Vladimir Poutine pressent l’Inde et le Pakistan de s’engager dans une désescalade. Imbroglio persistant au Cachemire L’Inde et le Pakistan ont été au bord d’un quatrième conflit aggravé par le risque nucléaire. Si la médiation de la communauté internationale a permis d’éviter le pire, le sort du Cachemire reste encore incertain. Le conflit récurrent qui oppose au Cachemire l’Inde et le Pakistan remonte à 1947. Les États downloadModeText.vue.download 56 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 54 princiers ont dû choisir, à cette date, leur rattachement à l’un ou l’autre des deux pays nés de la partition des Indes britanniques. Le maharadjah du Cachemire, en optant pour l’Inde, a provoqué le premier conflit indo-pakistanais, qui a abouti en 1949, sous l’égide de l’ONU, à l’établissement d’une ligne de cessez-le-feu (LOC), devenue, depuis, une frontière qui sépare de facto l’Azad Cachemire (Cachemire libre) et les « Territoires du Nord », sous contrôle pakistanais, de l’État indien du Jammu-et-Cachemire. Une « sale guerre » Indiens et Pakistanais n’ont jamais, pour autant, voulu transformer la LOC en frontière de jure et ils s’y s’ont affrontés militairement en 1965, 1971 et 1999, en s’accusant mutuellement d’occuper un territoire sur lequel se sont cristallisées deux conceptions différentes de la nation. Le Pakistan considère que le Cachemire, qui compte 80 % de musulmans, aurait dû lui revenir en totalité. Pour l’Inde, ce territoire conforte, au contraire, le fondement « séculariste » de la République indienne qui ne s’est pas constituée comme État hindou, mais multiculturel et multiconfessionnel. Théâtre d’affrontements militaires entre les deux frères ennemis, le Cachemire est aussi engagé, depuis 1989, dans une « sale guerre » opposant formations terroristes et forces de sécurité indiennes. Menée au départ par des groupes armés cachemiris indépendantistes, l’insurrection anti-indienne au Jammu-et-Cachemire a été progressivement contrôlée par des organisations basées au Pakistan, telles que l’Harkat-UI-Ansar ou le Lashkar-i-taiba, soutenues par les services secrets militaires d’Islamabad (l’ISI) et proches de la mouvance islamiste radicale pakistanaise. Ce sont précisément les attentats imputés à ces commandos entraînés dans l’Azad Cachemire qui ont conduit l’Inde et le Pakistan au bord d’un quatrième conflit armé, aggravé par la menace nucléaire, à la fin du printemps 2002. L’ombre portée du 11 septembre Car l’intervention des États-Unis en Afghanistan, consécutive aux événements du 11 septembre, a donné un tour nouveau à la question du Ca- chemire. À la tête d’un Pakistan devenu un allié essentiel des Américains dans leur lutte contre les talibans et les réseaux Al-Qaida, le généralprésident Pervez Moucharraf ne peut plus prétendre combattre le terrorisme en Afghanistan et ignorer dans le même temps celui qui sévit au Cachemire indien. Dans un discours historique à la nation prononcé le 12 janvier, le chef de l’État pakistanais a affirmé que, désormais, le Pakistan n’autoriserait « plus que son sol soit utilisé pour des actes terroristes contre qui que ce soit » et s’est engagé à mettre un terme de façon « permanente » et « vérifiable » aux « infiltrations transfrontalières ». Pour autant, Moucharraf n’entend pas abandonner la cause du Cachemire et a réitéré la position classique pakistanaise, qui consiste à apporter « un soutien moral, politique et diplomatique aux Cachemiris », et à appeler à la reprise du dialogue avec le voisin indien ainsi qu’au respect d’une résolution des Nations unies datant de 1948 et que n’a jamais appliquée New Delhi : la tenue d’un référendum d’autodétermination pour le peuple cachemiri. Pour sa part, le chef de l’État pakistanais s’est dit prêt à reprendre les négociations avec le Premier ministre indien, Atal Bihari Vajpayee, au sommet sur la sécurité régionale d’Almaty en juin, au plus fort de la mobilisation militaire des deux pays. Cette proposition a toutefois été rejetée par New Delhi, au motif qu’Islamabad aurait juste changé de « langage » sur le terrorisme. Certes, les autorités pakistanaises dénoncent désormais systématiquement tout attentat terroriste frappant des civils au Cachemire indien. Elles ont de même procédé, début 2002, à l’arrestation de près de 2 000 militants islamistes pakistanais (dont le chef du Lashkari-taiba)... avant de les relâcher après enquête. De surcroît, Islamabad refuse d’extrader une vingtaine de terroristes que lui réclame New Delhi. La fragile position de Pervez Moucharraf En fait, le sort des Cachemiris, dont les rangs sont plus divisés que jamais entre indépendantistes, pro-pakistanais et pro-indiens, dépend plus que jamais des évolutions politiques au Pakistan et en Inde, tous deux traversés par des crises internes que leurs gouvernements respectifs pourraient être tentés d’« externaliser ». Depuis qu’il est arrivé au pouvoir en 1998, le parti nationaliste hindou (BJP), dont est issu l’actuel Premier ministre indien, perd toutes les élections régionales, au point que M. Vajpayee, considéré comme un modéré, a dû faire des concessions à l’aile « dure » de son parti en nommant vice-Premier ministre Lal Krishna Advani, l’un des plus farouches opposants à une reprise du dialogue avec le Pakistan sur la question du Cachemire. downloadModeText.vue.download 57 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 55 En outre, la brusque montée de la tension au Cachemire au printemps a permis de faire oublier les émeutes intercommunautaires qui ont visé les musulmans du Gujerat, État indien voisin du Pakistan, et pour lesquelles la responsabilité du gouvernement local BJP est directement engagée. Côté pakistanais, Pervez Moucharraf est aux prises avec un terrorisme interne attribué aux extrémistes islamiques, qui cherchent à le punir de son soutien à la lutte antiterroriste américaine et l’accusent de trahir la « cause nationale » que représente le Cachemire. En outre, il n’est pas impossible que les « djihadistes » pratiquant le terrorisme transfrontalier aient fini par s’affranchir de la tutelle de leurs mentors de l’ISI et du haut commandement de l’armée pakistanaise. La réponse à cette question est d’autant plus essentielle que M. Moucharraf s’apprête à institutionnaliser le rôle de l’armée dans la conduite de la politique pakistanaise en créant un Conseil national de sécurité où siégeraient les hauts responsables militaires... EMMANUEL CHICON UNE MOSAÏQUE DE STATUTS POLITIQUES Le Cachemire couvre un territoire de 220 000 km 2 et est peuplé de 14 millions d’habitants. Les deux tiers, qui vivent du côté indien, se répartissent entre la vallée de Srinagar, le district du Jammu, au sud, en majorité hindoue, ceux du Ladakh et de Leh, à l’est, bouddhistes, et celui de Kargil, musulman chiite. Après avoir été placés sous l’administration directe de New Delhi en raison de l’insurrection cachemirie, les districts indiens peuvent de nouveau élire leurs députés à l’assemblée du Jammu-et-Cachemire ainsi qu’au Parlement indien depuis 1996. Au nord de la ligne de contrôle, les 85 000 km 2 de territoires placés sous contrôle pakistanais regroupent l’Azad Cachemire, en majorité sunnite, et les « Territoires du Nord », chiites. Ces territoires ne bénéficient pas des droits et de la représentation dont jouissent les provinces pakistanaises. L’Azad Cachemire possède un gouvernement et un président, tous deux placés sous complète tutelle pakistanaise. Quant aux « Territoires du Nord », où se développent des mouvements autonomistes, ils sont également gouvernés par Islamabad, assisté d un conseil sans véritable pouvoir. 19 Timor-Oriental L’indépendance enfin Après plus de trois siècles de colonisation portugaise et vingt-quatre années d’occupation indonésienne, avant d’être placé deux ans et demi sous administration onusienne, le Timor-Oriental devient une nation à part entière. Son président, élu démocratiquement, est José Xanana Gusmao. La cérémonie d’indépendance accueille notamment le président portugais Jorge Sampaio, le Premier ministre australien John Howard, ainsi que la présidente indonésienne Megawati Sukarnoputri, qui fut longtemps opposée à l’indépendance du territoire. Cette dernière a accepté d’être présente malgré les violentes critiques émises par les durs du régime indonésien. Irlande du Nord Victoire du Sinn Féin Le Premier ministre sortant Bertie Ahern remporte largement les élections législatives en Irlande du Nord après l’écrasante victoire de son parti, le Fianna Fail. S’il manque de peu la majorité absolue à la Chambre des députés (Dail), son parti de centre droit obtient 80 des 166 sièges de l’assemblée, contre 77 aux élections de 1997. Les Démocrates progressistes – parti conservateur composante de la coalition gouvernementale sortante – remportent huit sièges, soit quatre de plus. Bertie Ahern estime que la reconduction de cette alliance est « plus probable que toute autre solution ». Il s’engage à former un gouvernement fort et stable pour les cinq prochaines années. Pour Charlie McCreevy, ministre des Finances dans l’équipe de Bertie Ahern, « il est évident que l’opinion apprécie l’approche économique du gouvernement actuel » : grâce à des finances présentant un excédent record, fruit de huit années d’une croissance sans précédent, le ministre a en effet pu réduire l’impôt sur le revenu et augmenter les dépenses publiques. De son côté, Michael Noonan, le dirigeant du principal parti d’opposition, le Fine Gael, démissionne après l’annonce de la plus grave défaite électorale jamais subie par son parti en soixante-dix ans (31 sièges au lieu de 54). Autre grand déçu de ce scrutin, le Parti travailliste (Labour) n’obtient que 21 sièges, comme en 1997. Le Sinn Féin, le bras politique de l’Armée républicaine irlandaise (IRA), qui entend désormais devenir une downloadModeText.vue.download 58 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 56 force politique crédible en Irlande même, obtient pour sa part cinq sièges, contre un seul en 1997. 23 Vatican Jean-Paul II en Bulgarie Arrivé la veille en Bulgarie pour la première visite papale jamais effectuée dans ce pays orthodoxe, Jean-Paul II déclare au président bulgare qu’il n’a jamais cru que son pays était à l’origine de la tentative d’assassinat dont il a été victime en 1981. Bien que la Bulgarie ne compte que 80 000 catholiques – dont la plupart vivent dans la région de Plovdiv, deuxième ville du pays – pour une population de 8 millions d’habitants, ce séjour intéresse une partie de la population qui aimerait que le pays soit blanchi de l’accusation d’avoir trempé dans la tentative d’assassinat commise par Mehmet Ali Agça, un ressortissant turc qui avait blessé Jean-Paul II sur la place Saint-Pierre. Par manque de preuves, la justice italienne a acquitté trois membres présumés des services secrets bulgares qui étaient soupçonnés de complicité avec Ali Agça. Le voyage du souverain pontife s’inscrit dans le grand projet papal de réconcilier orthodoxie et catholicisme. 24 États-Unis/Russie Accord sur le désarmement Après plusieurs mois de négociations, le président américain George W. Bush et son homologue russe Vladimir Poutine signent à Moscou un accord historique qui prévoit de réduire des deux tiers, d’ici à dix ans, les arsenaux nucléaires des États-Unis et de la Russie, soit la plus importante réduction jamais consentie par les deux pays. En 2012, Washington et Moscou ne posséderont plus que 1 700 à 2 200 ogives chacun, contre environ 6 000 actuellement pour les États-Unis et 5 500 pour la Russie. Le nombre d’ogives sera alors dix fois moindre qu’au plus fort de la guerre froide. Les ogives ne sont toutefois pas détruites, mais voient leurs moyens de transport démantelés. Cet accord représente non seulement la plus importante réduction de l’arsenal nucléaire stratégique de l’histoire mais peut-être aussi la dernière. L’administration Bush a clairement fait savoir qu’elle n’avait pas l’intention de négocier d’autres réductions avec la Russie, justifiant cette décision par la fin de la guerre froide et les changements des données militaires et économiques. Le désarmement en trompe-l’oeil Les États-Unis et la Russie ont signé, pour la première fois depuis 1993, un accord de désarmement qui scelle leurs nouvelles relations. Entérinant un état de fait, celuici restaure l’image de la Russie et permet aux États-Unis de se consacrer à la lutte contre les nouvelles menaces internationales. Ce triomphe de la realpolitik s’opère au détriment de l’Europe et de la défense des droits de l’homme. « Enterrer la guerre froide » : tel est l’objectif affiché de l’accord de désarmement nucléaire « historique » qu’ont signé à Moscou, le 24 mai 2002, le président américain George W. Bush et son homologue russe, Vladimir Poutine. L’exhortation prête à sourire, tant la guerre froide a été de nombreuses fois enterrée depuis la chute du mur de Berlin, en novembre 1989. C’est d’ailleurs symboliquement par la capitale allemande que le président américain a entamé sa tournée européenne qui devait ensuite le conduire à Moscou. Devant le Bundestag, le 23 mai, il a déclaré en substance qu’après les combats contre le nazisme et le communisme, la lutte contre le terrorisme était le prochain enjeu auquel les États-Unis et les Européens – Russie incluse cette fois-ci – allaient être associés. Le président russe n’avait pas dit autre chose, à cette même tribune, quelques jours après les attentats du 11 septembre, en affirmant : « Nous ne nous sommes pas libérés de stéréotypes et de clichés issus de la guerre froide. Mais la guerre froide est terminée. [...] Le monde est devenu beaucoup, beaucoup plus compliqué. » Désarmer selon ses besoins En cours de négociation depuis cinq mois, l’accord signé par les présidents Bush et Poutine est le plus ambitieux jamais conclu par les deux plus grands États nucléaires du monde. Il prévoit de diminuer d’environ des deux tiers, sur dix ans, le nombre de têtes nucléaires stratégiques opérationnelles possédées par chacun des deux pays, qui s’élève aujourd’hui à quelque 6 000 ogives. downloadModeText.vue.download 59 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 57 Les traités de réduction des armements stratégiques Start I et Start II, signés en 1991 et 1993, devaient en principe laisser aux États-Unis et à la Russie, à l’échéance prévue de 2003, entre 3 000 et 3 500 têtes nucléaires. Contrairement aux précédents, le traité signé le 24 mai, qui n’aurait été qu’un simple accord sans l’insistance des Russes, tient en trois pages. Plus qu’un traité de désarmement nucléaire entre deux adversaires, il constitue un cadre à la liberté de deux alliés de désarmer selon leurs besoins : les têtes nucléaires concernées pourront être détruites ou stockées. Le montant du budget de la Défense de la Russie – 5 milliards de dollars, à comparer aux 380 milliards de dollars du budget militaire américain – ne permet pas à Moscou d’entretenir des forces de dissuasion nucléaire surdimensionnées. Les Américains, quant à eux, lorgnent vers des technologies beaucoup plus sophistiquées pour pallier la faillite des règles jusque-là admises de la dissuasion et faire face aux nouveaux défis que représentent à leurs yeux le danger terroriste et la menace des « États voyous » nés de la prolifération nucléaire. Le très onéreux bouclier antimissile en cours de développement constitue l’une de ces réponses. Le désarmement occupe désormais une place accessoire dans la « nouvelle relation stratégique » entre les États-Unis et la Russie définie dans la déclaration commune signée à Moscou par George W. Bush et Vladimir Poutine en plus du traité nucléaire. Ce texte établit entre les deux pays un « partenariat » qui vise notamment à « faire progresser la sécurité, la stabilité et l’intégration économique », à « affronter ensemble les défis globaux » et à « aider à résoudre les conflits régionaux ». Dans ce cadre, Washington et Moscou, « déjà alliés dans le combat contre le terrorisme international », sont convenus de poursuivre leur coopération en Afghanistan et de l’étendre « en Asie centrale et dans le Caucase méridional ». Cette zone d’influence autrefois exclusivement russe comprend la Tchétchénie, la mer Caspienne et ses enjeux pétroliers ainsi que la Géorgie, où des instructeurs américains forment déjà les troupes locales à la lutte contre le « terrorisme ». La Russie dans la « cour des grands » Cette nouvelle alliance russo-américaine maintient la Russie dans la « cour des grands » et replace l’héritière de l’URSS sur un pied d’égalité avec les États-Unis, non plus dans un face-à-face mais côte à côte. En plus de bénéfices politiques, la Russie espère tirer de cette position de substantiels avantages financiers – un des points annexes de la déclaration commune concerne son adhésion à l’OMC. Tirant un trait définitif sur la guerre froide, les États-Unis, de leur côté, adaptent leur rôle de gendarme du monde à la conjoncture en y associant leur adversaire d’hier qui n’a plus grand-chose à leur refuser – Moscou a ainsi fait preuve d’une grande discrétion au sujet de la sortie des États-Unis du traité ABM, qui sera effective en juin. Les droits de l’homme font quelque peu les frais de cette convergence dans la lutte contre le terrorisme international. Si les droits des minorités ont été évoqués par George W. Bush au sujet de la Tchétchénie, la situation intérieure de la Russie, où la démocratie souffre encore de nombreuses entraves, n’a fait l’objet d’aucun commentaire particulier. Quant à l’Europe, autrefois au centre de la rivalité entre les deux grands, elle apparaît aujourd’hui en marge de leur alliance, réduite au rôle de figurante. Cela constitue un bienfait pour sa tranquillité et un coup dur pour son influence. GÉRARD SANIER LA RUSSIE ET L’OTAN Le Conseil permanent conjoint (PJC) OTAN-Russie est mort. Vive le Conseil OTAN-Russie qui doit le remplacer, comme le prévoit l’accord signé le 28 mai à Rome lors du sommet de l’Alliance atlantique. En mai 1997, la création du PJC était venue compenser l’élargissement de l’OTAN à la Pologne, la Hongrie et la République tchèque. Cet instrument de gestion commune des crises est resté une coquille vide. Le Conseil OTAN-Russie dédommagerait-il Moscou du nouvel élargissement de l’Alliance à d’anciens pays du pacte de Varsovie, programmé pour novembre ? Les temps ont changé et les domaines d’action du nouveau Conseil ont été étendus : gestion des crises, mais aussi lutte contre le terrorisme, non-prolifération, maîtrise des armements, défense contre les missiles de théâtre, recherche et sauvetage en mer, coopération militaire et réforme de la défense, plans civils d’urgence face aux menaces et défis nouveaux. Les Dix-Neuf conserveront leur totale liberté d’action. Lorsqu’un dossier risquera de provoquer downloadModeText.vue.download 60 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 58 des objections de la part de Moscou, il ne sera pas abordé en Conseil OTAN-Russie, ce qui permettra de contourner le droit de veto dont dispose chacun des membres. 26 Colombie Élection d’Alvaro Uribe Le candidat de la droite dure colombienne, Alvaro Uribe, est élu président de Colombie avec une large majorité, 52,8 % des voix contre 31,8 % à Horacio Serpa, le rival le plus sérieux d’Uribe, ancien ministre de l’Intérieur. Partisan de la manière forte contre la guérilla, Alvaro Uribe avait mis en avant la loi et l’ordre et apparaissait comme le mieux placé pour succéder au président sortant Andrés Pastrana, dont la politique d’ouverture à l’égard des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) a échoué. En vertu de la Constitution colombienne, l’actuel chef de l’État, arrivé au terme de son mandat unique de quatre ans, ne pouvait se représenter. Cinéma Palmarès : Polanski, Palme d’or Présidé par David Lynch, le jury du 55e Festival de Cannes attribue la Palme d’or au cinéaste franco-polonais Roman Polanski pour un film rempli d’humanisme et d’émotion : le Pianiste est tiré de l’histoire vraie de Wladyslaw Szpilman, un brillant pianiste juif polonais (interprété par Adrien Brody), qui échappe à la déportation en s’évadant du ghetto de Varsovie pendant la Seconde Guerre mondiale, puis parvient à survivre grâce à l’aide d’un officier allemand. L’Homme sans passé, du Finlandais Aki Kaurismaki, reçoit le prix hiérarchiquement suivant, le Grand Prix du jury. Le prix d’interprétation masculine revient à l’acteur belge Olivier Gourmet, pour son rôle dans le Fils des frères Luc et Jean-Pierre Dardenne, et le prix d’interprétation féminine, à la Finlandaise Kati Outinen pour l’Homme sans passé d’Aki Kaurismaki. Le Palestinien Elia Suleiman reçoit le prix du jury pour Intervention divine, et l’Américain Michael Moore, le prix du 55e anniversaire (spécialement créé pour l’occasion) pour son documentaire Bowling for Columbine. Le film du Britannique Ken Loach, Sweet Sixteen, obtient le prix du scénario, décerné à Paul Laverty, et le prix de la mise en scène revient à égalité à PunchDrunk Love du jeune Américain Paul Thomas Anderson et à Ivre de femmes et de peinture du Sud-Coréen Im Kwon-taek. Tunisie Référendum-plébiscite Le référendum portant sur la réforme de la Constitution tunisienne, qui permettra essentiellement au président en exercice Zine el Abidine Ben Ali de briguer un quatrième mandat de cinq ans lors des élections prévues en 2004, recueille 99,52 % de « oui » : sur les 3 644 845 votants, 3 462 177 ont voté en faveur de la réforme. Celle-ci prévoit le renouvellement sans limite des candidatures à la présidence de la République, actuellement limité à trois mandats, et repousse de soixante-dix à soixante-quinze ans l’âge limite du candidat à la magistrature suprême. Réélu en 1999 avec plus de 99 % des suffrages, le président Ben Ali, soixante-cinq ans, voit ainsi s’ouvrir la possibilité de briguer encore deux autres mandats. C’est le premier référendum organisé dans le pays depuis son indépendance en 1956. 28 Italie Sommet de l’OTAN avec Poutine « Surmontant cinquante années de divisions et une décennie d’incertitudes », les 19 pays membres de l’Alliance atlantique acceptent officiellement la Russie en tant que « partenaire », lors du sommet organisé près de Rome entre l’Alliance atlantique et son exennemie. Les 20 dirigeants concernés, réunis sur la base aérienne italienne de Pratica di Mare, ont ratifié l’accord destiné à instaurer officiellement un nouveau conseil, qui remplacera une instance consultative créée en mai 1997 : la Russie bénéficiera d’une autorité accrue par rapport à celle qu’elle avait précédemment. Mais son engagement sera limité à certains secteurs, dont la gestion des crises régionales, des opérations de maintien de la paix ou encore des exercices militaires conjoints. 29 France Notat quitte la présidence de la CFDT Lors du 45e congrès de la CFDT organisé à Nantes, Nicole Notat abandonne ses fonctions de secrétaire générale au profit de François Chérèque, quadownloadModeText.vue.download 61 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 59 rante-six ans, élu par la commission exécutive de l’organisation. Ancienne institutrice, Nicole Notat, âgée de cinquante-quatre ans, a succédé à Jean Kaspar le 20 octobre 1992 et a été confirmée à ce poste au congrès de Montpellier en 1995. En dix ans, elle a conforté la CFDT dans un rôle de syndicat de négociation et de réforme plutôt que d’opposition. François Chérèque, ancien éducateur spécialisé et secrétaire général de la fédération Santé-Sociaux de la CFDT de 1996 à 2001, devrait tenter de conserver la même ligne. 30 Algérie Victoire du FLN Le Front de libération nationale (FLN), ancien parti unique, dirigé par le Premier ministre Ali Benflis, obtient la majorité absolue, avec 199 sièges sur 389, aux élections législatives. Ali Benflis, secrétaire général du FLN et chef du gouvernement, souligne que son parti ne mettra pas fin à l’expérience de « la coalition gouvernementale ». Il déclare que le pays a besoin « de la conjugaison des efforts de la classe politique » pour la gestion des affaires du pays et qu’« aucun parti ne recèle en lui la capacité de régler seul la crise multiforme que connaît le pays et d’en éliminer les effets néfastes sur l’économie et la société ». Le scrutin a été marqué par une faible participation : 46,09 % (contre 67 % en 1997), le taux d’abstention le plus élevé enregistré lors d’une consultation nationale depuis l’indépendance en 1962. Les trois partis islamistes recueillent près de 20 % des suffrages exprimés, mais n’obtiennent que 82 députés, une perte de 21 sièges. Le RND est le grand perdant de la consultation électorale. Avec seulement 48 députés élus, il perd 107 des 155 sièges qu’il détenait. La consultation a été marquée par de violents incidents qui ont fait au moins un mort et trois blessés en Kabylie, une région où le scrutin a été massivement boycotté. Plusieurs partis politiques, dont le Front des forces socialistes (FFS, berbériste), le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, berbériste) et le Mouvement démocratique et social (MDS), ont quant à eux boycotté cette « mascarade électorale ». Football Début du Mondial La XVIIe Coupe du monde de football débute par une cérémonie au World Cup Stadium de Séoul en Corée du Sud – la compétition est coorganisée avec le Japon. Situé dans le quartier de Sangamdong (ouest de Séoul), ce stade uniquement dédié au football est le plus grand d’Asie, avec une capacité totale de 65 856 spectateurs. En match d’ouverture, les Bleus, privés de Zinedine Zidane blessé lors d’un match amical gagné 3-2 contre la Corée du Sud quelques jours plus tôt, rencontrent le Sénégal. Les champions du monde en titre, qui n’avaient plus perdu dans cette compétition depuis leur demi-finale au Mexique en 1986, s’inclinent 1-0 face à une équipe sénégalaise très offensive. Ils devront absolument battre l’Uruguay le 6 juin, puis le Danemark le 11, leurs autres adversaires du groupe A, pour espérer franchir le premier tour. downloadModeText.vue.download 62 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 60 Juin 3 Inde/Pakistan Conférence au Kazakhstan sur le Cachemire Le président pakistanais Pervez Moucharraf et le Premier ministre indien Bihari Vajpayee participent à la conférence sur la sécurité régionale en Asie qui réunit à Almaty, au Kazakhstan, les responsables de seize pays. Ils admettent qu’il est « nécessaire de reprendre le chemin du dialogue, qui est la seule option saine dans l’environnement dangereux de l’Asie du Sud ». Les deux pays affirment qu’ils ne feront pas usage de la puissance nucléaire pour régler leur différend sur le Cachemire. Bihari Vajpayee déclare que l’Inde et le Pakistan doivent travailler ensemble pour s’assurer que les militants islamistes ne traversent pas la frontière afin d’attaquer les troupes indiennes. En signe d’apaisement, Islamabad et New Delhi retirent leurs navires de guerre envoyés en mer d’Arabie. 4 Angleterre Jubilé de la reine La Grande-Bretagne entame le Jubilé d’or, quatre jours de festivités, de musique et de fêtes de rue – avec une procession du couple royal à travers Londres en carrosse doré, une messe à la cathédrale Saint Paul, une démonstration aérienne de la Royal Air Force –, pour célébrer les cinquante ans de règne d’Élisabeth II. 12 000 spectateurs, sélectionnés par tirage au sort, assistent sur les pelouses du palais de Buckingham à un concert de musique classique. Le lendemain, c’est un concert rock qui accueille d’autres privilégiés sur les pelouses royales. Le Jubilé d’or, loin d’être le flop redouté par les autorités royales, rencontre un grand succès à travers le royaume et prouve l’attachement des Bri- tanniques pour leur souveraine. 5 Israël Attentat suicide meurtrier Un attentat suicide contre les passagers d’un bus fait 18 morts, dont le kamikaze, et une cinquantaine de blessés à Megiddo, près de Haïfa, dans le nord du pays. En représailles, des hélicoptères et des chars israéliens pilonnent Djénine (Cisjordanie), dont est originaire le kamikaze. L’attentat, le plus meurtrier depuis l’opération militaire israélienne « Rempart » le mois dernier en Cisjordanie, est revendiqué par le Djihad islamique, qui déclare avoir agi à l’occasion du 35e anniversaire du début de la guerre des Six-Jours en 1967. 9 France Un premier tour des législatives favorable à la droite L’Union pour la majorité présidentielle (UMP) arrive largement en tête du premier tour des élections législatives avec environ 35 % des voix. Elle pourrait obtenir à elle seule la majorité absolue, la « vraie » majorité que le président Jacques Chirac appelle de ses voeux. Les chiraquiens ont su mobiliser son électoral sur leur thème de campagne, le rejet de la cohabitation. À droite, l’UDF de François Bayrou pâtit de ce vote « utile » : ses candidats n’obtiennent que 3,6 % des suffrages. Le Parti socialiste en recueille 27,5 %, soit deux points et demi de plus qu’au premier tour de 1997. Le PCF tombe à 5 % (9,94 % en 1997) ; les Verts, à 3 %. Le Pôle républicain de JeanPierre Chevènement est inexistant (0,7 %). Avec 11,5 %, le Front national n’a pas retrouvé les 17,19 % des voix de Jean-Marie Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle. Les candidats d’extrême droite joueront néanmoins les arbitres entre la droite et la gauche dans une vingtaine de circonscriptions, contre 76 en 1997. Le taux d’abstention atteint un niveau record sous la Ve République, à 35,58 %. Sur 4 scrutins législatifs à deux tours depuis 1981, le taux d’abstention était en moyenne à 31,77 % au premier downloadModeText.vue.download 63 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 61 tour et à 29,12 % au second tour. Ce taux sans précédent rapprocherait ce premier tour des élections cantonales (38 à 39 % d’abstentions) et des municipales (34 à 35 %). 11 Football La France éliminée du Mondial Malgré le retour de Zinedine Zidane, rétabli de sa blessure contre la Corée du Sud en match amical, l’équipe de France est battue 2-0 par le Danemark. Ce résultat, succédant à sa défaite contre le Sénégal (1-0) et à son match nul contre l’Uruguay (0-0), entraîne son élimination de la Coupe du monde dès le premier tour de la compétition. 12 Afghanistan H. Karzaï reconduit à la tête de l’État Le chef du gouvernement intérimaire Hamid Karzaï est élu à la tête de l’exécutif par la Loya Jirga, le grand conseil traditionnel qui doit dessiner l’avenir politique de l’Afghanistan. Hamid Karzaï était pratiquement assuré d’emporter cette élection après le retrait de ses deux principaux concurrents, l’ancien roi Mohammed Zaher Chah et l’ancien président et chef de l’Alliance du Nord Burnahuddin Rabbani. Les 1 575 délégués, dont 200 femmes, lui ont accordé 81 % de leurs suffrages : il a reçu le soutien des représentants de sa communauté ethnique – il est né à Kandahar dans le clan pachtoune des Popalzaï –, mais aussi celui de nombreuses minorités dont les Tadkiks, qui faisaient généralement jusque-là l’amalgame entre Pachtounes et talibans. Président du gouvernement intérimaire depuis décembre dernier, Hamid Karzaï doit conduire l’Afghanistan à des élections générales dans les deux ans. Son gouvernement, dominé par les hommes de l’Alliance du Nord, coalition antitalibans du commandant Massoud, ayant pacifié la région de Kaboul, il lui reste encore à étendre son autorité à l’ensemble du pays. 14 Madagascar Fin de la crise politique ? Arrivé à bord d’un avion fourni par le gouvernement français, le président sortant Didier Ratsiraka se réfugie à Paris. Selon la télévision malgache publique, l’ancien chef d’État aurait finalement choisi l’exil, mettant ainsi un terme à la crise politique qui secoue le pays. L’île, déchirée entre deux gouvernements et deux armées, est en proie à une guerre civile larvée entre partisans de Didier Ratsiraka et de Marc Ravalomanana à la suite de la présidentielle du 16 décembre dernier aux résultats contestés. Marc Ravalomanana a été investi après un nouveau décompte des suffrages, rejeté par le président sortant. Depuis, Didier Ratsiraka a créé un gouvernement dans la ville portuaire de Toamasina, tandis que Marc Ravalomanana a pris le contrôle de la capitale, Antananarivo. Le 22, une réunion de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) consacrée à la crise politique malgache préconise l’organisation de nouvelles élections dans l’île et la mise en place à la tête du pays d’un gouvernement neutre de transition jusqu’à la résolution du différend entre le président élu Marc Ravalomanana et l’ancien chef d’État Didier Ratsiraka. 15 République tchèque Législatives : le centre gauche en tête Les élections législatives sont marquées par la victoire relative des sociaux-démocrates (centre gauche). Le Parti social-démocrate (CSSD), dirigé par Vladimir Spidla, remporte 70 des 200 sièges de la chambre basse du Parlement, devant le Parti démocratique civique (ODS, droite), crédité de 58 sièges. Le Parti communiste recueille 41 sièges, et la coalition de centre droit de l’Union démocrate-chrétienne (KDU-CSL) et de l’Union de la liberté (US), 31 sièges. Vladimir Spidla exclut de former une coalition de gouvernement avec les communistes. Il envisage de conclure un accord avec la coalition de centre droit, ce qui lui permettrait de détenir 101 sièges, soit la majorité absolue. Son parti se dit prêt à faire des concessions pour favoridownloadModeText.vue.download 64 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 62 ser l’entrée de la République tchèque dans l’Union européenne, accusant l’ODS de paralyser les mesures visant à atteindre les critères européens. 16 France Législatives : majorité absolue pour la droite Au second tour des élections législatives, les partis de la majorité présidentielle rassemblent 52,76 % des suffrages contre 45,33 % pour la gauche et 1,89 % pour l’extrême droite, sur l’ensemble de la France métropolitaine. 39,23 % de l’électorat s’est abstenu. Sur 577 sièges (555 en France métropolitaine et 22 outremer), la droite compte 399 députés au sein de la nouvelle Assemblée, dont 355 pour l’UMP, 29 UDF, 2 DL, 2 RPF, 1 MPF et 10 divers droite ; la gauche en obtient 178 – 140 PS, 21 PCF, 7 PRG, 6 divers gauche, 3 Verts et un indépendantiste martiniquais. L’ancienne Assemblée comptait 245 députés de droite et apparentés (135 RPR, 67 UDF, 43 DL), contre 314 députés de gauche et apparentés (248 PS, 35 PC, 31 groupe Radical-Citoyens-Verts), et 5 non inscrits, soit 564 sièges (577 députés avaient été élus en 1997, mais 13 sièges étaient restés vacants depuis en raison notamment d’entrée au Sénat ou de décès). C’est la première fois depuis 1981 qu’un parti détient à lui seul la majorité absolue à l’Assemblée. Après le Sénat, la majeure partie des 22 Régions, le Conseil constitutionnel, le Conseil supérieur de l’audiovisuel et la nouvelle majorité absolue à l’Assemblée, le chef de l’État Jacques Chirac dispose à présent de tous les leviers institutionnels. Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin est reconduit dans ses fonctions pour choisir ses ministres. Si son nouveau gouvernement n’offre pas de changements parmi les grands ministères, de nouveaux ministres délégués et secrétaires d’État y font leur entrée : Nicole Fontaine (Industrie), Noëlle Lenoir (Coopération et Francophonie), Claudie Haigneré (Recherche et Nouvelles Technologies), Christian Jacob (Famille), Marie-Thérèse Boisseau (Personnes handicapées), Dominique Bussereau (Transports et Mer). La quasi-totalité des 27 ministres et secrétaires d’État du précédent gouvernement Raffarin est reconduite. Toutefois, le ministre délégué aux Affaires européennes Renaud Donnedieu de Vabres, mis en examen pour blanchiment d’argent et pour infraction à la loi sur le financement des partis politiques dans l’affaire du financement occulte de l’ex-Parti républicain, a remis sa démission. Le triomphe de la droite chiraquienne Une droite chiraquienne triomphante, une gauche décapitée, des extrêmes renvoyés dans leurs chapelles, et une abstention massive, les législatives des 9 et 16 juin n’ont pas été une session de rattrapage pour l’ex-majorité plurielle de l’équipe Jospin. Lassés par la longue séquence électorale, quatre tours de scrutin en moins de deux mois, estimant que, après la réélection de Jacques Chirac à l’Élysée le 5 mai, l’essentiel est fait et qu’il vaut mieux donner, activement ou passivement, sa chance à la droite, les Français disent « non » à toute nouvelle forme de cohabitation. Certes, après l’avertissement du 21 avril, ils ne font pas preuve d’un grand civisme. Le « sursaut républicain » du second tour de la présidentielle a fait long feu. Une nouvelle fois, des records d’abstention sont battus (35,58 % le 9 juin et 39,23 % le 16). Sans doute, aussi, les politiques n’y mettent pas du leur : 8 446 candidats en lice pour 577 circonscriptions ! Il n’empêche, sans surprise, comme toujours sous la Ve République, les électeurs donnent à l’homme qu’ils viennent d’élire à l’Élysée, un mois plus tôt, la majorité qu’il réclamait. Et quelle majorité ! La droite obtient 399 députés sur 577 dans la nouvelle Assemblée, dont 370 pour le seul parti du président, et 29 pour les centristes de François Bayrou. Du jamais vu. L’Assemblée qui a surgi des urnes le 16 juin est, bien sûr, légitime. Mais elle est aussi trompeuse. Légitime, car les Français, c’est certain, ont voulu que cela change. Ils ne veulent plus de la cohabitation. Et après cinq ans de gauche, ils donnent sa chance à la droite. À elle de les séduire. Trompeuse, car les taux d’abstention lors du premier et du second tour ont atteint des seuils inégalés sous la Ve République. Déjà, parce que les deux champions des deux partis dominants dans l’hémicycle, Jacques Chirac pour l’UMP et Lionel Jospin pour le PS, n’ont intéressé ou sédownloadModeText.vue.download 65 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 63 duit à eux deux qu’un petit tiers des électeurs inscrits. De quoi rendre prudente, ou tout au moins modeste, la classe politique. Le fossé qui existe entre elle et la population n’est pas prêt d’être comblé. Chirac superstar Jacques Chirac, si longtemps bousculé, malmené et parfois méprisé jusque dans son propre camp, démontre une fois de plus qu’en politique rien n’est acquis. Personne ou presque ne lui accordait de crédit avant la présidentielle. Il est élu pour cinq ans à l’Élysée, quitte à passer pour un « miraculé ». Et, par le biais de l’Union pour la majorité présidentielle (UMP), le grand parti de droite qu’il a imposé à ses partenaires (à l’exception d’un petit carré de centristes menés par Bayrou), le voilà, lui le néo-gaulliste, qui dote le pays d’une grande formation de centre droit comme l’Europe en connaît de Londres à Berlin, de Madrid à Rome. Cinq ans après l’épisode catastrophique pour son camp de la dissolution ratée de 1997, c’est une résurrection. Sans doute, au soir des résultats, la « chiraquie » affiche-t-elle un triomphe modeste. C’est dans l’air du temps. Nommé au lendemain de la présidentielle à Matignon, Jean-Pierre Raffarin ne se veut-il pas le champion de la « France d’en bas » ? Mais cette modestie affichée n’est là que pour mieux savourer une victoire sans appel : la droite chiraquienne détient désormais tous les leviers de commande de l’État, à l’Élysée, au Sénat et à l’Assemblée nationale. Elle a bénéficié du net recul du Front national, du tassement du PC et de l’extrême gauche et des contradictions d’un PS qui était prêt à cohabiter demain après avoir si longtemps pourfendu ce système. La gauche orpheline Les socialistes, encore (et pour longtemps) traumatisés par le coup de tonnerre du 21 avril, orphelins de Lionel Jospin, sans boussole et désarmés face à la bonhomie du nouveau chef de gouvernement, Jean-Pierre Raffarin, qui ne donne pas de prises, perdent bien sûr des ténors. La plus symbolique étant Martine Aubry, maire de Lille, piégée par « ses » 35 heures, mesure phare du précédent gouvernement, mais ressenties (et souvent à juste titre) par les salariés les plus défavorisés comme une perte de pouvoir d’achat. Aubry est détrônée dans le Nord par un jeune clerc de notaire inconnu, Sébastien Huyghe (32 ans). Autres victimes de la bataille électorale, Raymond Forni, le président sortant de l’Assemblée nationale, Pierre Moscovici, ministre des Affaires européennes, battu de justesse dans le Doubs, et une bonne partie de la « génération Jospin », celle qui l’avait porté à Matignon en 1997. Mais le PS qui, il y a encore deux mois, se voyait au pouvoir et se distribuait déjà les postes, sauve quand même les meubles. Certes, tout un pan de l’électorat populaire (et notamment ouvrier) lui tourne toujours le dos, ne comprenant ni ses priorités ni son discours. Il n’empêche : les socialistes réalisent un score (25,64 %) pratiquement identique à celui de 1997 et décrochent avec le petit parti des radicaux de gauche 147 élus. Le scénario catastrophe de 1993 (une cinquantaine d’entre eux seulement reconduits) est évité. Mais tout est à reconstruire. Un programme, d’abord, le leur, celui que portait Lionel Jospin et qui a été rejeté en bloc par les Français, il y a un mois et demi. La gauche plurielle, ensuite. Un souvenir. Elle a volé en éclats. Avec 21 députés, le Parti communiste conserve de justesse un groupe, mais Robert Hue, son président, est battu. Les Verts, avec trois élus, divisent par deux leur perfor- mance de 1997, et Dominique Voynet, leur leader, est évincée. Quant à l’inclassable Jean-Pierre Chevènement, il paie son aventure élyséenne : il est balayé dans son fief historique de Belfort – là encore son tombeur est un jeune inconnu. Et tous ceux qui se réclamaient de lui et de son Pôle républicain sont éconduits. Face à ce désastre électoral, PC, Verts et même chevènementistes ne veulent plus entendre parler, pour l’heure, d’un grand parti de gauche, à l’image de ce qui se passe à droite. L’argument est simple : plus question de tomber sous la coupe d’un PS trop hégémonique. Résultat : chacun joue perso. Et tant pis si, avec cette attitude, tous se mitonnent une longue cure d’opposition. Le Pen rate son pari En 1997, lors des législatives, le Front national avait provoqué 76 triangulaires, offrant ainsi à la gauche une quarantaine de députés et... la majorité absolue dans l’hémicycle. Cette fois, fort de son succès du 21 avril et plus matamore que jamais, Jean-Marie Le Pen, lui-même non candidat, assure que son parti sera en mesure de se maintenir « dans probablement 350 circonscriptions ». Certes, il sait que ce scrutin majoritaire uninominal à deux tours, la multiplication des candidats et le risque d’une forte abstention downloadModeText.vue.download 66 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 64 ne lui sont pas favorables. Mais il veut toujours tabler sur l’exaspération des Français à l’égard de leur classe politique traditionnelle. Raté ! Avec 11,5 % des voix au soir du premier tour, le FN, – dont les 577 candidats sont tous ou presque de parfaits inconnus – est loin de confirmer le score de son leader (17,19 %) au premier tour de la présidentielle. Mieux : il est en recul par rapport aux législatives de 1997 de plus de quatre points et ne peut se maintenir que dans 37 circonscriptions de gauche comme de droite. Et Jacques Chirac étant intervenu deux fois dans la campagne pour mettre en garde les candidats se réclamant de lui contre toute tentative de « flirt » avec l’extrême droite, la discipline républicaine prévaut. Aucun lepéniste n’est élu. Pour le vieux leader du Front national, la gifle est sévère. Seule consolation pour lui : la mise en orbite de sa fille Marine, trente-quatre ans. Elle fait un bon score dans le Pas-de-Calais, et apparaît de plus en plus comme une héritière crédible pour prendre la succession de son père à la tête de la formation d’extrême droite. À l’opposé de l’échiquier politique, l’extrême gauche ne fait pas meilleure figure. Eux aussi victimes du vote utile, crédités de 10,44 % des voix lors du premier tour de la présidentielle, les amis d’Arlette Laguiller (Lutte ouvrière) et d’Olivier Besancenot (Ligue communiste révolutionnaire) sont marginalisés. Ils ne recueillent que 2,76 % des suffrages. Les électeurs qui se sont déplacés ne se défoulent plus. Et ils les renvoient à leurs études. Les défis de Raffarin C’était la carte secrète de Jacques Chirac au lendemain de sa réélection, le 5 mai. Nommé Premier ministre dans la foulée de la présidentielle alors que tout le monde attendait Nicolas Sarkozy, reconduit dans ses fonctions le 17 juin, l’inconnu Jean-Pierre Raffarin, sénateur de la Vienne et président de la Région Poitou-Charentes, fait pendant la campagne un sans-faute. Un « simple directeur de cabinet de Jacques Chirac », comme le qualifient ses détracteurs ? Peut-être. Mais il ne faut pas se fier à son apparence de président de comices agricoles. L’homme est habile, formé à l’école de Valéry Giscard d’Estaing. Issu de la France profonde, ce libéral à la rondeur pompidolienne et à l’affichage discret atteint son objectif : avec son gouvernement ouvert à la société civile, son sens de la communication et des formules (jeune, il s’est occupé du marketing des cafés Jacques Vabre), il rassure la « France d’en bas ». À la veille du premier tour des législatives, sa cote de popularité atteint 60 % d’opinions positives. Avec la détermination de Jacques Chirac et la complicité active d’Alain Juppé, il impose (à l’exception de quelques irréductibles centristes fidèles à François Bayrou) le label unique d’Union pour la majorité présidentielle à toutes les autres formations de droite. À l’automne, le RPR de Michèle Alliot-Marie et Démocratie libérale d’Alain Madelin se sabordent pour se fondre dans le grand parti chiraquien. Problème : Raffarin aura-t-il les moyens (et les épaules) pour répondre aux attentes des Français, exprimées le 21 avril ? Sans doute, dès sa nomination à Matignon, des efforts significatifs et visibles sont réalisés dans la lutte contre l’insécurité, l’une des premières préoccupations des électeurs, grâce au zèle de son ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy. Les effectifs dans la police et la justice sont renforcés. Sans doute aussi la baisse de 5 % par an de l’impôt sur le revenu pendant cinq ans est-elle effective dès 2002 ainsi que l’assouplissement des 35 heures. Mais, à l’horizon, se profilent des dossiers sensibles : les retraites, la diminution des effectifs dans la fonction publique, les revalorisations salariales... Autant de sujets qui mobilisent des syndicats en embuscade. Comment réformer le pays sans provoquer une explosion sociale ? Comment tenir les promesses du candidat Chirac alors que la conjoncture économique est plus maussade que prévue ? C’est l’équation que doit résoudre le Premier ministre. Elle comporte un double risque : réformer à la hussarde comme l’avait fait Alain Juppé en son temps, et c’est le spectre des grandes grèves de 1995 qui surgit ; prendre son temps, différer les décisions, et c’est l’accusation d’immobilisme qui le guette. Raffarin est en première ligne. « Être Premier ministre vous fait mener une vie de chien », confie-t-il. Mais il sait qu’il doit la mener pour ne pas décevoir des électeurs de plus en plus exigeants et qui n’en font qu’à leur tête, rejetant sans préavis ce qu’ils ont porté au pouvoir hier. BERNARD MAZIÈRES UN HÉMICYCLE CHIRAQUIEN Jacques Chirac l’avait rêvé on 1997, il le réalise en 2002 : obtenir pour son parti, downloadModeText.vue.download 67 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 65 l’Union pour la majorité présidentielle (UMP) qui pourrait s’appeler la « Maison bleue », et dont il a confié les clés à Alain Juppé, une majorité écrasante à l’Assemblée nationale. Sans doute, dans le passé, sous la Ve République, y a-t-il eu une droite ultra dominante dans l’hémicycle. Mais, jamais, un seul et même parti n’a disposé d’un tel nombre d’élus (370 sur 577) pour une législature, sans avoir à partager le pouvoir avec une autre formation de droite. En effet, si, en 1993, l’actuelle majorité atteint son plus haut niveau en nombre de sièges (472 sur 577), le RPR doit partager les bénéfices avec l’UDF : 257 députés néo-gaullistes et 215 centristes et libéraux. Vingt-cinq ans auparavant, lors des élections anticipées de 1968, les électeurs apeurés par les événements de mai, donnent au général de Gaulle une chambre bleue : 387 élus de droite sur un effectif total de 487 députés. Mais, là encore, les gaullistes doivent partager. Ils « ne sont » que... 293. Toujours avec le général de Gaulle, quand celui-ci revient au pouvoir en 1959, les députés gaullistes sont 206. Mais il y a 117 indépendants et paysans ainsi que 64 centristes dans une Chambre qui comprend 576 députés. La pire année pour la droite fut 1981, année arrivée au pouvoir de François Mitterrand. Elle est alors réduite à 88 députés RPR et 62 UDF sur un effectif total de 491. LE NOUVEL HÉMICYCLE – 71 femmes, soit neuf de plus qu’en 1997 (35 en 1993). – 177 députés sont élus pour la première fois. 400 ont déjà appartenu à l’Assemblée, dont 331 à la précédente. – 53 ans et dix mois, c’est l’âge moyen des députés (54 ans et trois mois en 1997). – Quatre groupes socioprofessionnels sont représentés. Les fonctionnaires (189) sont les plus nombreux. Ils sont suivis par les professions libérales et indépendantes (159), les retraités et sans profession (118) et, enfin, les salariés du secteur privé (111). 18 Israël Attentat meurtrier à Jérusalem Un attentat suicide contre un autobus fait 20 morts, dont le kamikaze, et 55 blessés à Jérusalem. L’attentat, le plus meurtrier commis à Jérusalem depuis six ans, est revendiqué par le Hamas. L’Autorité palestinienne le condamne en soulignant qu’il servira à Israël de « prétexte » à « une escalade dans son agression » contre les Palestiniens. Ce nouvel attentat suicide, qui intervient à quelques jours de la présentation d’un nouveau plan de paix américain pour la région, conforte les partisans de la clôture de sécurité qu’Israël a commencé d’ériger entre l’État hébreu et la Cisjordanie. Le 20, une nouvelle attaque suicide à la bombe fait 8 morts et une quarantaine de blessés à Jérusalem. Ce nouvel attentat intervient alors que les représailles israéliennes dans les Territoires y ont déclenché une nouvelle vague de violence. France Juppé président de l’UMP Le Conseil des fondateurs de l’Union pour la majorité présidentielle (UMP) élit l’ancien Premier ministre Alain Juppé (RPR) à la tête de la nouvelle formation unique de la droite. M. Gaudin (DL) en devient le président délégué, et le député-maire de Toulouse Philippe Douste-Blazy (UDF), le secrétaire général. L’UMP se dote également de structures provisoires chargées de préparer les Assises nationales qui doivent officiellement donner naissance au nouveau parti dans la deuxième quinzaine du mois d’octobre. 19 France Bové en prison Le porte-parole de la Confédération paysanne José Bové se présente aux portes de la prison de Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault), où il doit purger une peine de trois mois de prison pour le démontage du McDonald’s de Millau en 1999. Cette action de protestation contre la surtaxation à 100 % par les ÉtatsUnis de certains produits français en représailles au maintien de l’embargo par l’Union européenne sur le boeuf aux hormones américain a provoqué des dégradations estimées à environ 110 000 euros. José Bové doit purger le reliquat de sa peine, soit deux mois et 10 jours. Le porte-parole de la Confédération downloadModeText.vue.download 68 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 66 paysanne a, en effet, déjà passé 20 jours en détention provisoire. Il dépose une requête devant la Cour européenne des droits de l’homme pour faire reconnaître l’« état de nécessité » lors des faits, « qui est un peu l’équivalent de la légitime défense ». Après trois jours d’incarcération, il entame un jeûne qu’il compte mener jusqu’au 14 juillet. 21 Espagne Sommet de l’UE Les dirigeants des Quinze sont réunis au sommet européen de Séville. Ils doivent entériner un plan espagnol sur la gestion commune des frontières extérieures de l’UE et discuter de la « coopération avec les pays tiers pour combattre l’immigration illégale », et de l’opportunité de prévoir des sanctions à rencontre des États jugés insuffisamment coopératifs. À l’issue du sommet, les Quinze adoptent un plan d’action pour lutter contre l’immigration clandestine, qui comprend une série de mesures sur la gestion des flux migratoires, le contrôle des frontières extérieures de l’Union, l’harmonisation du droit d’asile et la coopération avec les pays d’origine. L’idée de sanc- tions automatiques pour les pays en développement qui ne coopéreraient pas pour lutter contre l’immigration clandestine est abandonnée. Les Européens devaient préférer à cette politique de sanctions une approche incitative consistant à encourager les pays qui luttent contre les flux l’immigration illégale vers l’Europe. Les Quinze confirment leur engagement de conclure d’ici à la fin de l’année les négociations avec la Hongrie, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, les trois pays Baltes, Chypre, Malte et la Slovénie. Ils promettent de régler d’ici au mois de novembre leur différend sur l’extension de la politique agricole commune (PAC) et des fonds structurels aux nouveaux États membres. Par ailleurs, l’Irlande annonce son intention d’organiser un second référendum à l’automne 2002 sur la ratification du traité de Nice, après un premier rejet du traité par les électeurs. 24 États-Unis Bush réclame le départ d’Arafat Le président américain George W. Bush met gravement en cause le président de l’Autorité palestinienne, conditionnant la création d’un État palestinien au départ de Yasser Arafat. Il appelle les Palestiniens à se doter de dirigeants « nouveaux et différents », « non compromis avec le terrorisme », et à adopter des réformes démocratiques. Il souhaite l’organisation d’élections d’ici à la fin de l’année pour élire un Parlement doté de vrais pouvoirs, et la rédaction d’une Constitution. Yasser Arafat répond que « c’est aux Palestiniens seuls qu’il incombe de choisir leurs dirigeants ». Selon le New York Times et le Washington Post, George W. Bush a décidé d’appeler à écarter Yasser Arafat du processus de création d’un État palestinien après avoir obtenu des informations de ses services de renseignements prouvant que le leader palestinien a autorisé le versement de 20 000 dollars aux Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, responsables des derniers attentats à Jérusalem. 25 France Debré au perchoir L’ancien ministre de l’Intérieur Jean-Louis Debré est élu président de l’Assemblée nationale, lors de la première séance publique de la 12e législature. Il recueille 342 voix sur 507 suffrages exprimés au second tour de scrutin. Au premier tour, il avait devancé, avec 217 voix, son rival de la majorité Édouard Balladur, qui avait récolté 163 voix. Ses adversaires du second tour, la socialiste Paulette Guinchard-Kunstler et la communiste Muguette Jacquaint, ont obtenu respecti- vement 142 voix et 21 voix. Le nouveau locataire du luxueux hôtel de Lassay, chantre de la « proximité », a promis d’« exercer une présidence impartiale », « attentive », « accessible et disponible », en souhaitant que l’hémicycle soit « la caisse de résonance » de la société française dans les cinq prochaines années. Canada Sommet du G8 Les chefs d’État des pays membres sont réunis au sommet du G8 qui s’ouvre à Kananaskis, au Canada. Ils doivent aborder les questions concernant principalement l’économie mondiale et le développement, la lutte contre le terrorisme et la mise en place d’un nouveau partenariat avec le continent africain. À l’issue du sommet, les Huit concluent deux accords pour lutter plus efficacement contre le terrorisme : l’un sur la sécurisation des excédents russes de plutonium militaire, l’autre sur la sécurité des transports. L’accord sur la sécurisation vise à éviter qu’un matédownloadModeText.vue.download 69 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 67 riau sensible ne tombe entre les mains des terroristes pour la fabrication d’une bombe nucléaire. Finances Le scandale WorldCom affecte les Bourses La Commission américaine des opérations de Bourse (SEC) engage des poursuites pour fraudes à l’encontre de WorldCom devant un tribunal fédéral de New York. Cette action en justice intervient après l’annonce de la fraude comptable spectaculaire du deuxième fournisseur de télécommunications longue distance aux États-Unis. WorldCom est accusé d’avoir dissimulé frauduleusement 3,8 milliards de dollars de pertes. WorldCom s’ajoute à la liste des sociétés frappées par les scandales comptables qui ont ébranlé la confiance des petits porteurs dans la Bourse et provoqué une kyrielle de plaintes par les actionnaires. Un audit interne a fait apparaître que « certains transferts » transformant des coûts ordinaires en dépenses d’investissements « n’ont pas été effectués en vertu des principes comptables généralement acceptés ». Selon l’enquête menée sur ces irrégularités, les transferts en question s’élevaient à 3 055 millions de dollars en 2001 et à 797 millions de dollars au premier trimestre de 2002. Comme pour Enron, le cabinet d’audit Arthur Andersen, qui a été chargé de l’audit des comptes financiers de World- Com pour l’exercice 2001 et le premier trimestre 2002, est de nouveau compromis. Les déboires d’entreprises vedettes des télécoms, comme WorldCom, et des médias, comme Vivendi, accroissent la défiance des investisseurs à l’égard de ces secteurs. Les marchés financiers internationaux sont affectés, atteignant des chutes équivalentes à celles enregistrées après les attentats du 11 septembre. 27 France Audit sur les finances publiques L’audit des finances publiques de la France, commandé par le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin après cinq années de gouvernement de gauche, révèle un déficit qui atteindrait, en 2002, entre 2,3 % et 2,6 % du PIB, soit une hausse de près d’un point par rapport aux prévisions du gouvernement Jospin. Les deux magistrats de la Cour des comptes chargés de l’audit, Jacques Bonnet et Philippe Nasse, estiment l’ensemble des déficits publics (État, Sécurité sociale et collectivités locales) entre 34,1 et 38,5 milliards d’euros à la fin de l’année. Le choix d’une fourchette s’explique par les incertitudes qui pèsent sur le produit de l’impôt sur les sociétés. Cette dégradation des comptes est attribuée pour les deux tiers à un dérapage des dépenses et pour un tiers à de moindres recettes. Elle va contraindre l’État à restreindre ses dépenses. Néanmoins, le gouvernement maintient son engagement de baisser de 5 % l’impôt sur le revenu dès cette année. 28 Théâtre/cinéma Décès de François Perier Le comédien de théâtre et acteur de cinéma François Perier décède à l’âge de quatre-vingt-deux ans. Il avait interprété une centaine de rôles au cinéma, dont le Samouraï de Jean-Pierre Melville ou Police Python 357 d’Alain Corneau, et quelque 80 pièces de théâtre, comme les Mains sales de Jean-Paul Sartre ou Bobosse de Marcel Achard. De son vrai nom François Pillu, François Perier était né le 10 novembre 1919 à Paris. Sorti en 1937 du Conservatoire national d’art dramatique après être d’abord passé par le cours Simon, il s’est illustré sur les planches, notamment dans Tartuffe de Molière en 1959 et en 1984, ou le Diable et le bon Dieu (1968-1970) de Jean-Paul Sartre et Equus de Peter Shaffer en 1976. Sa carrière théâtrale a été marquée par son amitié avec Sartre, dont il disait qu’il avait été « un modèle et un maître ». Commandeur des Arts et des Lettres, il avait reçu le grand prix national du théâtre en 1977 et un Molière d’honneur en 1988 ainsi que le British Film Academy Award en 1956. François Perier laisse deux biographies : Profession menteur (1989) et Mes jours heureux (1994). 29 Corées Affrontement maritime entre Coréens Une bataille navale oppose des bâtiments nord- et sud-coréens en mer Jaune à l’ouest de la péninsule, les premiers étant entrés dans les eaux territoriales de la Corée du Sud : cinq marins sud-coréens sont morts, 20 autres sont blessés. Un patrouilleur sudcoréen a sombré lors de l’affrontement, tandis qu’un navire nord-coréen en feu a été remorqué en dehors des eaux territoriales sud-coréennes. Il s’agit du plus downloadModeText.vue.download 70 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 68 sérieux incident entre les deux Corées depuis trois ans. Les deux pays se sont rejeté mutuellement la responsabilité de ce grave accroc à l’armistice alors qu’une amorce de rapprochement est tentée depuis deux ans. Cet incident est un camouflet au président sud-coréen Kim Dae-jung, dont les tentatives de réconciliation avec le Nord communiste, n’ont, jusqu’à présent, donné que des résultats symboliques. Il survient après plusieurs incursions nord-coréennes ces derniers mois. 30 Football Le Brésil, champion du monde Le Brésil remporte la Coupe du monde de football par 2 à 0 grâce à une erreur du gardien allemand Oliver Kahn et à deux buts de Ronaldo à la 67e et à la 79e minute. Grâce à ce succès obtenu au Japon, le Brésil porte ainsi à cinq son total de titres mondiaux, devant l’Allemagne et l’Italie, trois fois championnes. La Seleçao a d’ailleurs réalisé un parcours de rêve dans ce XVIIe Mondial : sept victoires en autant de matchs, la meilleure attaque (18 buts) et le meilleur buteur, Ronaldo (8 buts). En match de classement pour la troisième place, la Turquie bat la Corée du Sud 3-1. États-Unis Non à la CPI Le gouvernement américain revient sur son adhé- sion au projet de Cour pénale internationale (CPI). Les États-Unis ont été l’un des sept États – avec, notamment, la Russie, la Chine et Israël – à voter contre le statut de la Cour pénale internationale à Rome en juillet 1998. Ils ne soutiennent la création de juridictions pénales supranationales que si elles naissent d’une résolution du Conseil de sécurité. N’ayant pas obtenu à Rome que le Conseil de sécurité ait le contrôle effectif de la Cour, les États-Unis cherchent depuis à garantir une immunité totale pour leurs ressortissants face à la nouvelle juridiction internationale. L’épreuve de force met Washington en opposition directe avec ses alliés de l’Union européenne, qui figurent tous parmi les 74 pays ayant ratifié le traité de Rome (1998), acte fondateur de la CPI. Ce sont les pays européens, et au premier chef la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France, qui ont pesé d’un poids déterminant pour la création de la CPI. Ce sont eux également qui devraient contribuer pour la plus grande part à son budget. Créée le 11 avril dernier, la CPI, qui siège à La Haye, au Pays-Bas, entre en vigueur officiellement le 1er juillet. Désormais, tout auteur de génocide, de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité, qu’il soit chef d’État, simple soldat ou particulier, peut tomber sous la juridiction de la Cour, si la justice nationale dont il relève s’avère impuissante à le juger. downloadModeText.vue.download 71 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 69 Juillet 1 Allemagne Collision aérienne Un avion de ligne russe Tupolev 154 des Bashkirian Airlines et un avion-cargo Boeing 757 de la société DHL se percutent au-dessus du lac de Constance, à quelque 220 km au sud de Francfort. Les deux appareils volaient à une altitude d’environ 12 000 m lorsqu’ils ont été pris en charge par le centre de contrôle aérien de Skyguide à Zurich. Il se sont heurtés alors qu’ils effectuaient une manoeuvre de descente identique : le pilote de l’appareil russe avait tardé à suivre les instructions des contrôleurs au sol. L’accident a fait 71 victimes, dont 52 enfants. Les débris des deux appareils ont été éparpillés sur une région de 25 à 30 km autour du lieu de l’accident. Selon les enquêteurs allemands, celui-ci serait dû à une erreur des aiguilleurs de Skyguide : les instructions données au Tupolev par le contrôleur aérien suisse étaient en contradiction avec les instruments d’alerte de l’appareil russe, qui indiquaient de prendre de l’altitude. France Messier quitte Vivendi Le P-DG de Vivendi Universal (VU) Jean-Marie Messier donne sa démission après que la presse a fait état de manipulations comptables douteuses. Son successeur est Jean-René Fourtou, jusqu’alors vice-président du groupe pharmaceutique franco-allemand Aventis. « Je pars pour que le groupe reste », déclare Jean-Marie Messier, qui défend toujours sa stratégie d’acquisitions et de recentrage de VU sur les communications. La dette du deuxième groupe mondial de communication est d’au moins 30 milliards d’euros : 17 milliards pour les médias et la communication, et 14 milliards pour Vivendi Environnement. Avant le départ de son P-DG, l’action du groupe affichait son plus bas niveau historique à 13,90 euros à Paris, cumulant une perte de 35 % en cinq journées de Bourse. Le titre a perdu les deux tiers de sa valeur en un an. Jean-Marie Messier entendrait négocier en échange de son départ une enveloppe de 18 millions de dollars, soit trois fois son salaire de 2001 augmenté des primes. Il avait indiqué il y a quelques mois qu’un patron limogé par son entreprise ne devait pas toucher d’indemnités. Sa démission fait immédiatement remonter le cours de l’action Vivendi à la Bourse de Paris à 16 euros. Le 19, le cabinet juridique américain Wolf Haldenstein Adler Freeman & Herz LLP annonce que des actionnaires américains de VU ont engagé une action en justice contre le groupe et son ex-P-DG Jean-Marie Messier. Le 29, une association d’actionnaires de VU dépose une plainte contre X à Paris avec constitution de partie civile pour « faux et usage de faux » et « répartition de dividendes fictifs ». Les plaignants estiment avoir été abusés par des commentaires boursiers qui ont artificiellement augmenté le cours des actions VU. Par ailleurs, la Commission des opérations de Bourse (COB) ouvre une enquête sur la qualité de l’information financière de VU depuis janvier 2001. Vivendi : une saga de l’année L’année 2002 a été marquée par plusieurs grandes déroutes d’entreprises : crise des secteurs de la communication (WorldCom., Alcatel, France Télécom, notamment) ou stratégies contredites par l’évolution de l’économie, voire par des conduites frauduleuses de la direction (Enron). Depuis les années 90, les grands groupes avaient privilégié, pour financer leur développement, le recours aux marchés boursiers plutôt que les emprunts traditionnels auprès des banques. Or, en deux ans, les Bourses du monde entier ont vu leurs cours s’effondrer d’au moins 30 %. C’est dans ce contexte que doivent se comprendre les déboires du groupe Vivendi Universal et de son très médiatique patron, Jean-Marie Messier. Rarement, en France tout au moins, les difficultés d’une grande entreprise ont été autant suivies par la presse. Cela s’explique à la fois par l’intense exposition aux médias qu’a longtemps recherchée Jean-Marie Messier et par les activités très grand public du groupe (cinéma, musique, télévision), dont la nature franco-américaine ne pouvait, par ailleurs, que réveiller de vieilles méfiances des deux côtés de l’Atlantique. Depuis le milieu des années 90, Jean-Marie Messier était devenu la star incontestée du milieu patronal français. Jeune quadragénaire, brillamment diplômé de l’École polytechnique et de l’ENA, ancien du cabinet Balladur où il avait piloté en 1986-1987 les privatisations, puis passé downloadModeText.vue.download 72 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 70 par la banque internationale Lazard Frères, J2M avait imposé à Paris comme à New York son image de battant moderne et transfrontières. Après avoir succédé au mythique Guy Dejouany à la tête de la Générale des eaux, no 1 mondial du traitement des eaux, il entend très vite transformer cette grande entreprise traditionnelle en un groupe international axé sur la communication : en quelques années, le groupe rebaptisé Vivendi fera cohabiter les activités liées à l’environnement avec celles du téléphone (CégetelSFR), de la télévision (Canal +), de l’édition et de la culture grand public (absorption d’Universal musique et cinéma, en 2000). L’ensemble est alors considéré comme le deuxième groupe de communication au monde (après l’américain AOL-Warner). Fort d’un tel succès, J2M ne cesse d’occuper la une des médias, alors que chaque semaine ou presque on annonce une nouvelle acquisition par son groupe. Chronique d’une chute annoncée Les choses commencent à se gâter en 2001 quand les cours de Bourse se dégradent durablement. Dans le même temps, on s’aperçoit que Canal +, qui pendant près de quinze ans a gagné beaucoup d’argent, commence à en perdre (achats non rentables à l’étranger, changement du paysage audiovisuel avec la multiplication des chaînes thématiques, explosion des droits de retransmission des matchs de football). Par ailleurs, l’arrivée de Barry Diller, un « tycoon » de l’industrie cinématographique américaine, à la tête du pôle cinéma d’Universal, pousse certains à se poser des questions sur le contrôle réel que J2M exerce sur Universal, la perle du groupe. La crise éclate au grand jour le 17 décembre 2001, quand Jean-Marie Messier déclare à New York que « l’exception culturelle franco-française est morte ». Lui qui avait jusque-là très bien su se concilier les bonnes grâces du personnel politique hexagonal, de droite comme de gauche, va se l’aliéner d’un coup, au moment même où s’ouvre la campagne de l’élection présidentielle. Chacun s’inquiète de l’allégeance de J2M aux Américains, d’autant que Canal + est une des sources importantes de financement du cinéma français. La valeur du titre Vivendi ne cesse de chuter et on commence à se poser des questions sur la situation financière réelle du groupe. Le scandale Enron a sensibilisé l’opinion sur ce qu’on appelait jusqu’alors la comptabilité « créative », c’est-à-dire trop souvent une comptabilité masquant habilement les pertes. C’est alors que se déclenche, en mars 2002, la crise à Canal +. Les pertes de la chaîne cryptée apparaissent dans toute leur ampleur, ce qui pousse le dirigeant de Vivendi Universal à se séparer brutalement de son patron charismatique, Pierre Lescure. Le Monde multiplie les unes alarmantes sur la situation financière du groupe. On apprend bientôt que les principaux chefs d’entreprise français s’inquiètent de la situation de Vivendi, estimant que celle-ci risque de nuire à la crédibilité de la place de Paris. Claude Bébéar, patron d’Axa et figure tutélaire du grand patronat français, prend discrètement la tête d’un mouvement anti-Messier. Le conseil d’administration de VU, qui avait jusque-là suivi son président, commence à douter. Bernard Arnault, le patron de LVMH, démissionne de son poste d’administrateur. Jean-Marie Messier est poussé à la démission le 1er juillet. Il est remplacé à son poste par Jean-René Fourtou, ancien président de Rhône-Poulenc et du groupe pharmaceutique franco-allemand Aventis. Les leçons d’une crise L’action de Vivendi a alors perdu 90 % de sa valeur et l’endettement du groupe est estimé à 20 milliards d’euros. Trois leçons peuvent cependant être tirées de l’affaire Vivendi : – le recours massif aux marchés financiers incite les groupes à l’élargissement continu (ce qui pousse à la hausse du cours du titre et permet plus facilement des rachats par échanges d’actions), au risque d’oublier les réflexes de prudence, surtout quand la tendance boursière est à la baisse ; – le système des stock-options peut pousser les dirigeants à une gestion à court terme, susceptible de dégager des profits rapides, mais souvent au détriment du développement de l’entreprise ; – les conseils d’administration n’ont pas un mode de fonctionnement ni des moyens suffisants pour leur permettre de contrôler de suffisamment près les agissements de la présidence. XAVIER LAROCHE LE LIVRE EST À VENDRE Des le mois de septembre 2002, JeanRené Fourtou annonce la vente du pôle édition de Vivendi pour contribuer au renflouement du groupe. Ce pôle estimé à 3 milliards d’euros, comprend un volet américain (avec le grand éditeur scolaire downloadModeText.vue.download 73 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 71 Houghton Mifflin) et un volet français (avec un pôle scolaire et universitaire : Nathan, Bordas, Armand Colin, etc., un pôle de dictionnaires : Larousse et Robert, et un pôle de littérature générale : Laffont, Plon, Perrin, la Découverte, Press Pocket, etc.). La classe politique s’émeut à l’idée que des pans essentiels du savoir français, que l’éditeur du général de Gaulle (Plon) soient ainsi menacés. Trois fonds d’investissements américains, associés à des établissements et à des éditeurs français (Le Seuil, La Martinière, Dargaud et le groupe Lefebvre), sont sur les rangs, face au groupe Lagardère. Le 23 octobre, la solution Hachette finit par s’imposer. 2 Sport Premier tour du monde en ballon en solitaire Après cinq tentatives infructueuses, le milliardaire américain Steve Fossett, âgé de cinquante-huit ans, boucle son tour du monde en ballon en solitaire, à bord du « Spirit of Freedom », en franchissant la longitude 117, ligne d’où il était parti le 18 juin, de Northam, dans l’ouest de l’Australie. L’aérostier amé- ricain a parcouru 31 266 km depuis son départ. C’est le premier homme à réaliser cet exploit en solitaire. En mars 1999, le pilote suisse Bertrand Piccard et son copilote britannique Brian Jones avaient accompli ce périple en duo au-dessus de l’hémisphère Nord. 3 France Le grand oral de Raffarin Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin fait devant l’Assemblée nationale une déclaration de politique générale empreinte de prudence et de précautions. Le Premier ministre est resté flou sur le sujet explosif de la réforme des retraites, programmée pour le premier semestre 2003, en évoquant des « revenus d’épargne » pour éviter de prononcer l’expression taboue de fonds de pension. Il fait référence à un « service garanti » en cas de grève dans le secteur public au lieu d’un service minimal. Il annonce que tous les fonctionnaires partant à la retraite ne seront « pas systématiquement remplacés », mais ajoute que les effectifs seront accrus dans certains secteurs. Il promet une « ouverture progressive » du capital d’EDF et de GDF, tout en précisant que ces deux entreprises resteront dans le secteur public. Il ne s’engage pas précisément sur la baisse d’un tiers de l’impôt sur le revenu promise par Jacques Chirac. La prudence du Premier ministre s’explique par la conscience d’avoir une « obligation de résultat », selon la formule utilisée au soir du second tour des législatives. Madagascar La France reconnaît le nouveau président La France reconnaît officiellement Marc Ravalomanana comme président de la République de Madagascar par la voix du ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin, qui indique « la volonté de la France de prendre toute sa part pour aider Madagascar à sortir de la crise ». Au cours des derniers jours, plusieurs pays, dont les États-Unis, l’Allemagne et la Grande-Bretagne, ont reconnu le gouvernement de Marc Ravalomanana. L’élection présidentielle de décembre dernier avait plongé Madagascar dans une crise politique après l’annonce des résultats du premier tour de la présidentielle du 16 décembre. Le chef de l’opposition Marc Ravalomanana avait contesté les chiffres officiels, qui auraient entraîné un second tour, arguant qu’il avait remporté le scrutin dès le premier tour. Cette élection contestée avaient occasionné une division du pays entre les deux leaders malgaches, le président sortant Didier Ratsiraka et le président proclamé Marc Ravalomanana, sou- tenu chacun par une partie de l’armée. Ce dernier a prêté serment au mois d’avril après un recomptage des voix rejeté par D. Ratsiraka. 4 France Non-lieu général dans l’affaire du sang contaminé La cour d’appel de Paris rend un non-lieu général dans le troisième volet du sang contaminé, qui porte sur le scandale des produits sanguins infectés par le virus du sida, laissés trop longtemps en circulation dans le courant de l’année 1985. Plus de 4 000 transfusés et hémophiles ont été infectés par le VIH avant le retrait des produits. Le premier volet, ouvert en 1994, concernait le docteur Michel Garetta, downloadModeText.vue.download 74 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 72 à l’époque directeur du Centre national de la transfusion sanguine (CNTS). Le deuxième volet mettait en cause trois ministres : Laurent Fabius, Georgina Dufoix et Edmond Hervé. Deux directeurs de cabinets ministériels, des conseillers, des responsables de la santé publique et des médecins, dont de nouveau le docteur Garetta, étaient poursuivis dans le troisième volet dit « non ministériel » de l’affaire. En rendant un non-lieu général, la décision de la cour d’appel de Paris élimine les deux autres formes principales d’action visant les protagonistes : un renvoi devant une cour d’assises ou un renvoi devant un tribunal correctionnel, position soutenue par le parquet général. Les avocats de la défense avaient plaidé « le non-lieu, à la fois sur la base d’éléments factuels du dossier et au regard de la loi sur les délits non intentionnels ». La nouvelle loi sur les délits non intentionnels, promulguée le 10 juillet 2000, rend plus difficiles les poursuites en cas de faute involontaire, s’il y a un lien indirect entre la faute commise et le dommage subi. 6 Afghanistan Assassinat du vice-président Le vice-président et ministre des Travaux publics Haji Abdul Qadir, d’origine pachtoune, est assassiné à Kaboul par des tireurs qui ont pris la fuite. Il avait joué un rôle de premier plan dans la chute du régime taliban à la fin de l’année 2001. Après le ministre de l’Aviation civile et du Tourisme Abdul Rahman, tué le 14 février à l’aéroport de Kaboul par une foule de pèlerins musulmans rendus furieux par l’annulation de leur départ pour La Mecque, Haji Abdul Qadir est le second ministre assassiné depuis la chute des talibans. Espagne XIVe conférence sur le sida à Barcelone La XIVe conférence internationale sur le sida s’ouvre à Barcelone. Les débats portent sur l’état d’avancement de la recherche scientifique en matière de médicaments, notamment en ce qui concerne les vaccins, les nouveaux traitements et la simplification des thérapies antirétrovirales. L’épidémie progresse rapidement dans le monde en l’absence quasi totale de traitement dans les pays pauvres, qui comptent plus de 90 % des cas de sida. Cette maladie tue une personne toutes les 11 secondes. Et une nouvelle contamination intervient toutes les 6 secondes. À Barcelone, un nouveau traitement pour lutter contre le sida est présenté : une étude menée par le Pr Scott Hammer, chercheur au Columbia University College of Physicians and Surgeons de New York (États-Unis), démontre que, en utilisant une multithérapie à base de deux inhibiteurs de la protéase, on améliore considérablement l’état des malades. La production des inhibiteurs de la protéase étant « meilleur marché » que les médicaments existants, ce traitement pourrait être une des solutions pour soigner les sidéens des pays pauvres. Tennis Hewitt et Serena Williams vainqueurs à Wimbledon Après son succès sur la terre battue parisienne de Roland-Garros un mois auparavant, l’Américaine Serena Williams (no 2 mondiale), âgée de vingt ans, remporte son premier titre à Wimbledon en dominant en finale 7-6 (4), 6-3 sa soeur Venus (no 1), son aînée de deux ans, qui a remporté les deux dernières éditions. Il s’agit du troisième match entre les deux soeurs en finale d’un tournoi du Grand Chelem en dix mois. Chez les hommes, Lleyton Hewitt justifie son rang de numéro 1 mondial en battant facilement l’Argentin David Nalbandian en finale 6-1, 6-3, 6-2. Il rejoint ainsi la légende des Australiens vainqueurs à Wimbledon, le dernier étant Pat Cash en 1987. 8 France Pourvoi en cassation contre le non-lieu du sang contaminé Le procureur général de Paris Jean-Louis Nadal forme un pourvoi en cassation contre l’arrêt de la chambre d’instruction de la cour d’appel qui a accordé un non-lieu général dans le volet non ministériel de l’affaire du sang contaminé. Les médecins ou conseillers ministériels, qui ont bénéficié du non-lieu général de la chambre d’instruction, étaient poursuivis pour avoir prescrit ou distribué en 1985 des produits sanguins contaminés par le virus du sida. « L’analyse juridique de l’arrêt [...] a révélé l’existence de moyens de cassation fondés sur l’insuffisance ou la contradiction de motifs ou le défaut de réponse aux demandes des parties. » Jean-Louis Nadal répond ainsi au ministre de la Justice Dominique Perben, qui s’était ému de la douleur des familles représentées par l’Association française des transfusés (AFT). Ce pourvoi du parquet général ouvre la possibilité d’un nouveau procès si downloadModeText.vue.download 75 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 73 la chambre criminelle de la Cour de cassation casse l’arrêt de la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris. Toutefois, la Cour peut estimer que l’analyse de la chambre d’instruction est pertinente et qu’un autre procès n’a pas lieu d’être. 9 États-Unis Bush : plus d’éthique dans le capitalisme George W. Bush s’engage à Wall Street à « mettre fin à l’ère du trucage des comptes, de la dissimulation de la vérité et de la violation de la loi » et propose de durcir les sanctions contre les dirigeants d’entreprise indélicats. En outre, il recommande des peines de prison plus longues pour les dirigeants d’entreprise coupables d’irrégularités et annonce la création d’une commission spéciale de lutte contre la fraude des responsables de société. La prise de position du président américain est dictée par la multiplication récente des scandales (Enron, Arthur Andersen, WorldCom, Xerox, Merck), qui menace de « miner la reprise économique » : « J’appelle à une nouvelle éthique de la responsabilité individuelle dans le milieu des affaires ; une éthique qui augmentera la confiance des investisseurs, rendra les employés fiers de leur entreprise et permettra de regagner la confiance du peuple américain », a-t-il ajouté. 10 Anthropologie Découverte du plus vieil ancêtre de l’homme La revue Nature annonce la découverte par une mission franco-tchadienne le 19 juillet 2001 des restes d’un hominidé, vieux de six à sept millions d’années. Ces restes, comprenant un crâne et des fragments de mâchoire inférieure, sont bien conservés. Ils ont été mis au jour dans le nord désertique du Tchad, à Toros-Menalla, à 800 km au nord de la capitale, par une équipe travaillant sous la responsabilité de Michel Brunet, professeur de l’université de Poitiers et directeur de la Mission paléoanthropologique franco-tchadienne (MPFT). Cet hominidé dénommé Sahelanthropus tchadensis (homme du Sahel tchadien), le plus ancien représentant connu de la lignée humaine et proche des derniers ancêtres communs chimpanzé-homme, a reçu le surnom de « Toumaï » (« Espoir de vie » en langue goran), que les habitants du désert du Djourab entourant le site de la découverte donnent aux enfants nés avant la saison sèche. Un nouvel ancêtre tchadien Il a été découvert ou Tchad en juillet 2001, mais la publication de cet événement, dans la revue Nature, pouvait bien attendre une année supplémentaire : Sahelanthropus tchadensis serait en effet vieux de quelque sept millions d’années... Cet âge vénérable en ferait aujourd’hui le plus ancien fossile préhumain mis au jour. Qui plus est, sa découverte vient confirmer la remise en cause, déjà amorcée, de la théorie selon laquelle le berceau de l’humanité se situerait en Afrique de l’Est. Avec lui, Homo sapiens hérite d’un nouveau prétendant au titre d’ancêtre originel. Longtemps théâtre de guerre, le Tchad sera-t-il bientôt connu comme le berceau d’un « espoir de vie » ? Toumaï – « Espoir de vie » dans la langue goran parlée dans la région – est le surnom donné aux fragments fossiles de ce nouveau « plus ancien ancêtre de l’homme » qui ont été découverts dans le désert du Djourab, au nord du pays. Plus précisément sur le site de Toros-Menalla, exploité par la mission paléoanthropologique franco-tchadienne dirigée par Michel Brunet, membre du CNRS et chercheur à l’université de Poitiers. Désireux de rompre avec l’environnement du site voisin de Koro-Toro qu’il occupait précédemment et où règne une intense activité de fouille, Michel Brunet a fait le choix du secteur de Toros-Menalla. Il décrit le décor dans lequel il a travaillé comme une « zone d’une platitude désolante, rompue seulement par des dunes de sable qui voguent au gré des vents ». L’emplacement d’un site n’est jamais le fruit du hasard, encore moins celui d’un caprice. Il se détermine à l’aide de photos prises par satellite, du témoignage des voyageurs et des autres chercheurs de terrain. Taung, Lucy, Abel, Toumaï Michel Brunet connaît la région. En 1995 déjà, sur le site de Koro-Toro, son équipe a mis au jour un fragment de mâchoire d’Australopithecus bahrelghazali, surnommé Abel, le premier downloadModeText.vue.download 76 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 74 hominidé découvert en Afrique de l’Ouest, vieux de 3 à 3,5 millions d’années. En 1924, la découverte en Afrique du Sud du crâne de Taung par Raymond Dart avait permis d’asseoir la thèse de l’origine africaine de l’humanité. Mais le ramapithèque asiatique – qui s’avérera un vulgaire primate – passait encore, dans les années 1960, pour un plausible ancêtre de l’homme. En 1982, huit ans après la découverte de l’Australopithecus afarensis Lucy dans le Hadar, en Éthiopie, Yves Coppens formulait l’hypothèse d’une « East Side Story » africaine fondée sur la découverte d’autres restes d’hominidés dans l’est du continent : l’élévation du rift, il y a 6 à 8 millions d’années, aurait coupé du reste du continent cette région où l’environnement de savane aurait forcé les hominidés à se redresser pour échapper aux prédateurs, d’où leur station bipède. Mis au jour à quelque 2 500 km de ce berceau présumé de l’humanité, l’australopithèque Abel était déjà venu perturber cette théorie. Toumaï lui porte un coup fatal. Le site de Toros-Menalla s’est révélé riche en vertébrés fossiles. En plus du crâne enchâssé dans une gangue de grès de Sahelanthropus tchadensis, on y a trouvé de nombreux restes d’animaux contemporains de celui-ci. Ce sont ces restes qui ont permis de dater le crâne de Toumaï. Le sol de la région, très érodé par le vent, ne permet pas d’utiliser les méthodes de datation géologiques classiques. C’est en comparant le degré d’évolution des restes animaux trouvés sur place à celui d’autres fossiles animaux récoltés par ailleurs et appartenant à des niveaux géologiques datés par radiochronologie que l’on a pu préciser l’âge de Sahelanthropus tchadensis. « Le chronomètre, c’est l’évolution », résume Patrick Vignaud, chargé au sein de l’équipe de l’étude de la faune associée aux restes de l’hominidé retrouvé. Le verdict a surpris les chercheurs : Toumaï afficherait près de sept millions d’années au compteur ! Autre révélation, l’étude des restes animaux environnants a permis d’identifier des espèces liées à la forêtgalerie et à la prairie de graminées autant qu’à la savane arborée : l’habitat de savane ne serait donc pas un facteur déterminant de l’apparition des hominidés, comme la découverte d’Orrorin tugenensis, vieux de six millions d’années, dans un environnement arboré au Kenya, en 2001, le laissait déjà présager. Mais le travail d’identification des fragments de Toumaï ne s’est pas arrêté là. Pour tenter de lui trouver une famille, il a fallu comparer Sahelanthropus tchadensis aux restes des autres hominidés découverts jusqu’à présent, tant en Afrique qu’ailleurs. Une autre surprise attendait les chercheurs au terme de cette démarche comparative : Sahelanthropus tchadensis ne correspond à aucune autre espèce décrite auparavant. Toumaï n’est notamment pas un australopithèque. Il est unique. Prétendant au titre Non content d’être l’un des plus anciens fossiles préhumains découverts à ce jour, Toumaï incarnerait en outre un maillon original dans la longue chaîne des Homo. Ses caractères, qui le différencient à la fois de la branche des grands singes et de celle des chimpanzés, en feraient un prétendant au titre d’ancêtre originel de l’homme plus crédible que les australopithèques, jusqu’alors favoris. Mais « nous n’en sommes qu’au début de cette histoire », commente Michel Brunet, qui affirme seulement avoir « agrandi le berceau » de l’humanité. Démontrant tout à la fois son sens de l’humour et sa capacité à adopter un recul tout scientifique, Yves Coppens, qui a cosigné l’article paru dans Nature, a quant à lui déclaré : « Il faut savoir changer son fossile d’épaule... » GEORGES DE LA RESLE GORILLE ? CHIMPANZÉ ? HOMINIDÉ ? De Sahelanthropus tchadensis on possède un crâne, deux fragments de mâchoire et trois dents. Ça paraît peu : c’est énorme. La forme de ses ossements a retenu l’attention de Michel Brunet. Ceux-ci présentent « un ensemble de caractères primitifs et dérivés qui permettent de considérer Toumaï comme proche du dernier ancêtre commun aux chimpanzés et aux humains, mais aussi comme l’ancêtre des hominidés plus récents ». Les crêtes visibles sur le crâne de Toumaï le rapprochent du gorille et de la branche des grands singes. Toutefois, le volume crânien – environ 350 cm 3 – est celui d’un chimpanzé. Mais ses petites canines usées par la pointe, sa dentition dépourvue d’espaces interdentaires et sa haute face peu prognathe ne laissent aucun doute sur son appartenance à la branche des hominidés. De plus, sans pouvoir rien affirmer en la matière, certains caractères downloadModeText.vue.download 77 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 75 de la base du crâne apparaissent communs à ceux d’autres hominidés bipèdes. 11 Espagne/Maroc Bras de fer pour l’îlot du Persil Le Maroc annonce qu’un « poste de surveillance » militaire est installé sur un îlot « dans le cadre de la campagne de lutte antiterroriste et antiémigration clandestine » dans la zone du détroit de Gibraltar. Une poignée de gendarmes marocains occupent ce rocher d’une superficie de 13,5 hectares, à 40 km à l’est de Tanger, et à une dizaine de kilomètres de l’enclave espagnole de Ceuta, en territoire marocain. Or cet îlot, dénommé Persil en Espagne et Leila au Maroc, appartient à l’Espagne depuis 1668, même s’il est inhabité depuis quarante ans. Rabat estime en avoir la souveraineté depuis 1956 et la fin du protectorat espagnol. Mais Madrid invoque un compromis datant de la fin de ce protectorat, selon lequel les deux pays s’engagent à ne pas l’occuper : l’installation des soldats marocains constitue donc un acte « incompatible » avec le traité d’amitié et de coopération entre les deux pays. Le 17, l’Espagne déloge sans violence les militaires marocains de l’îlot du Persil et y installe plusieurs dizaines d’hommes. Les États-Unis, qui font office de médiateur entre les deux pays, déclarent que l’Espagne et le Maroc discutent d’un retour au statu quo ante rompu par l’occupation de l’îlot par les gendarmes marocains. Le 21, les soldats espagnols quittent l’îlot au terme d’un accord, signé sous le parrainage des États-Unis. 12 France/Grande-Bretagne Accord franco-britannique sur Sangatte Les ministres français et britannique de l’Intérieur Nicolas Sarkozy et David Blunkett, annoncent que le centre d’accueil de réfugiés de la Croix-Rouge à Sangatte (Pas-de-Calais) fermera d’ici à la fin du premier trimestre 2003. Un plan d’aide au retour volontaire des réfugiés afghans, qui représentent 40 % des résidents de Sangatte, sera mis en oeuvre par l’intermédiaire du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) en concertation avec le gouvernement de Kaboul. En juin dernier, les Nations unies ont offert d’aider Paris et Londres à résoudre leur différend sur Sangatte. Situé près de l’entrée du tunnel sous la Manche, le centre de la Croix-Rouge héberge quelque 1 300 personnes d’une vingtaine de nationalités différentes, dont la plupart tentent de passer clandestinement outre-Manche. Depuis trois ans, environ 35 000 personnes, principalement des réfugiés clandestins kurdes irakiens et afghans, ont transité par ce centre destiné à l’origine à offrir un hébergement temporaire à des immigrés clandestins kosovars. Maroc Mariage royal Le roi Mohammed VI du Maroc, âgé de trente-huit ans, célèbre son mariage à Rabat avec la princesse Salma Bennani, une informaticienne de vingt-quatre ans. Cette dernière ne portera pas le titre de « reine » mais celui de « princesse » et sera promue par « dahir » (décret royal) au rang d’« altesse royale », à l’issue de la cérémonie de mariage. Celle-ci donne lieu à deux jours de fête, avec notamment la cérémonie traditionnelle de la « h’dia » (offrande) : des centaines de Marocains se rendent en procession au palais royal pour offrir des cadeaux à la mariée, symboles de vie heureuse et de fécondité. Quelque 200 couples de jeunes Marocains, de toutes catégories sociales et originaires des seize provinces du royaume, se marient en même temps que leur souverain dans son palais. Turquie Crise politique L’ex-ministre turc des Affaires étrangères Ismail Cem démissionne du gouvernement de Bülent Ecevit et annonce la création d’un nouveau parti politique, concurrent du parti de la Gauche démocratique (DSP) de l’actuel Premier ministre. Ismail Cem assure que ce parti sera pro-occidental et s’appuiera sur des principes sociaux démocrates et qu’il agira pour mettre en oeuvre les réformes réclamées par l’Union européenne. Cette démission intervient après celle du responsable de l’Économie Kemal Dervis, architecte du programme de redressement économique d’un pays frappé par la pire crise de son histoire. La crise politique s’explique par les divergences au sein du gouvernement sur les réformes indispensables à la candidature turque à l’UE – abolition de la peine de mort, reconnaissance des droits de la minorité kurde downloadModeText.vue.download 78 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 76 – et par l’aggravation de l’état de santé de Bülent Ecevit, âgé de soixante-dix-sept ans. 13 Inde/Pakistan Attentat au Cachemire Des militants islamistes lancent des grenades dans un bidonville des environs de Jammu, capitale d’hiver du Jammu-Cachemire indien, tuant au moins 27 hindous et faisant au moins 35 blessés. C’est l’attaque la plus meurtrière qu’ait connue la région depuis celle du 14 mai contre une caserne, qui avait fait 34 victimes. Ces derniers mois, les groupes islamistes luttant pour la sécession du Cachemire indien prennent de plus en plus Jammu pour cible, alors que la tension demeure entre l’Inde et le Pakistan. 14 France Tentative d’attentat contre le président Un jeune militant d’extrême droite tente d’assassiner à la carabine Jacques Chirac pendant le défilé du 14 Juillet, en haut de l’avenue des Champs-Élysées, avant d’être désarmé par des spectateurs. Le jeune homme, Maxime Brunerie, âgé de vingt-cinq ans, est membre du GUD (Groupe Union Défense) et de l’UR (Unité radicale), mouvements étudiants d’extrême droite, et « connu pour son appartenance à des mouvements néonazis et hooligans ». Il reconnaît les faits, mais est déclaré pénalement irresponsable par les experts psychiatriques. 16 France Trichet renvoyé en correctionnelle L’actuel gouverneur de la Banque de France JeanClaude Trichet, mis en examen depuis avril 2000 dans l’enquête sur le Crédit Lyonnais, est renvoyé devant un tribunal correctionnel par le juge d’instruction Philippe Courroye en charge de l’affaire de la faillite de la banque publique au début des années 1990. M. Trichet est soupçonné de présentation de comptes inexacts et de diffusion de fausses informa- tions dans le cadre de l’enquête sur le Crédit Lyonnais. Au moment des faits, Jean-Claude Trichet était alors directeur du Trésor. Son renvoi en correctionnelle compromet ses chances de succéder à Wim Duisenberg à la tête de la Banque centrale européenne. Le 31 mai dernier, le parquet de Paris avait requis un non-lieu. Jean-Claude Trichet a toujours contesté avoir contribué à cette faillite. 19 Football Santini, nouveau sélectionneur des Bleus Jacques Santini, directeur technique de Lyon, est nommé nouveau sélectionneur des Bleus, en remplacement de Roger Lemerre, écarté par le conseil fédéral de la Fédération française de football. Il est préféré aux trois autres candidats à ce poste : l’ex-adjoint de Roger Lemerre, René Girard, l’ancien sélectionneur du Japon, Philippe Troussier, et Raymond Domenech, le sélectionneur de l’équipe de France Espoirs. Sa priorité est de rebâtir une équipe de France solide, après son élimination prématurée du Mondial, avant les éliminatoires de l’Euro 2004 qui commencent pour les Bleus le 7 septembre par un déplacement à Chypre. Né en 1952, Jacques Santini a joué à Saint-Étienne et conquis le titre de champion de France 2002 avec l’Olympique lyonnais. 20 France/Russie Tchétchénie : coup de main de Chirac à Poutine Lors d’une visite de travail en Russie, Jacques Chirac donne acte à son homologue russe de sa volonté déclarée de parvenir cette année à un apaisement de la situation en Tchétchénie. M. Chirac souligne que « la Tchétchénie fait partie intégrante de la Fédération de Russie, ce que personne ne peut contester. La France condamne sans réserve tout acte terroriste quel qu’il soit et qu’aucune cause ne peut justifier ». Évoquant par ailleurs les grands problèmes de l’heure, les deux présidents ont souligné « une convergence de vues sur les perspectives qu’il convient de tracer » et une « inquiétude » au sujet du conflit israélo-palestinien et de la difficile stabilisation de l’Afghanistan. En ce qui downloadModeText.vue.download 79 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 77 concerne la prolifération nucléaire, Paris et Moscou estiment « nécessaire de renforcer les contrôles ». 21 États-Unis Faillite de WorldCom Un mois après avoir révélé le gonflement de ses bénéfices de près de quatre milliards de dollars à travers des comptes falsifiés, le géant américain des télécommunications WorldCom se déclare en état de banqueroute en se plaçant sous la protection du « chapitre 11 » de la loi américaine sur les faillites. Cette banqueroute, la plus importante de l’histoire des États-Unis, est la dernière d’une série de faillites et de scandales financiers révélés ces derniers mois. Avec plus de 100 milliards de dollars d’actifs déclarés, la banqueroute de WorldCom serait près de deux fois plus importante que celle d’Enron, le groupe de courtage en énergie jusqu’ici détenteur du record de faillite à l’automne dernier. WorldCom annonce également le licenciement de 17 000 employés, soit 20 % de ses salariés. Automobile Schumacher égale Fangio L’Allemand Michael Schumacher (Ferrari) remporte le grand prix de France de formule 1. Il dispose désormais de 96 points au classement du Championnat du monde et ne peut plus être rejoint. Il obtient donc son cinquième titre, à six courses de la fin de la saison, égalant le record établi en 1957 par l’Argentin Fangio. M. Schumacher a remporté 8 des 11 grands prix déjà disputés cette année. La faillite exemplaire de WorldCom La faillite record du groupe américain de télécommunications WorldCom agit comme un révélateur. Elle illustre les moeurs indéfendables d’un certain capitalisme, ainsi que l’illusion de certaines réussites boursières fulgurantes. Mais par-dessus tout, elle met en lumière les relations ambiguës entre l’économie et la politique aux États-Unis. WorldCom fait pénétrer la Bourse dans l’ère du gigantisme en matière de faillite. Le 21 juillet, le groupe s’est placé sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites, signant la plus grosse défaillance d’entreprise de l’histoire économique mondiale. Enfoncés, le courtier en énergie Enron et son dépôt de bilan de 63 milliards de dollars d’actifs, en décembre 2001 ! Premier opérateur mondial de services sur Internet et deuxième opérateur américain de télécommunications longue distance, WorldCom « pesait » 107 milliards de dollars à Wall Street. À cette différence près, Enron et WorldCom se ressemblent beaucoup. Ainsi, les deux groupes étaient des valeurs phares de la Bourse. L’engouement dont jouissait WorldCom avait permis la multiplication par six de sa valeur en un an, de juin 1998 à juin 1999, date à laquelle son cours atteignait son plus haut niveau, à 64,5 dollars. Comme Enron, WorldCom était au nombre de ces start-up parties de rien, avec un génie des affaires à leur tête – Bernard Ebbers dans le cas de WorldCom –, qui parviennent rapidement aux premiers rangs de leur secteur à coups d’acquisitions. Le petit opérateur né en 1983 à Clinton (Mississippi) avait racheté de nombreux concurrents dans les années 1990, dont CompuServe et surtout MCI en 1998. C’est ainsi que WorldCom réalise 35,20 milliards de dollars de chiffre d’affaires, emploie 85 000 salariés, dispose de 20 millions d’abonnés dans le monde et, comme Enron, présente un endettement record : 41 milliards de dollars. Aujourd’hui, l’action WorldCom ne vaut plus que 9 cents et le montant réel de ses actifs est estimé à 15 milliards. Spéculer, escroquer... Mais surtout, comme Enron et bien d’autres, WorldCom trichait. Le 25 juin, deux mois après s’être séparé de son P-DG, le groupe de télécommunications reconnaissait l’existence d’irrégularités comptables portant sur 3,85 milliards de dollars, pour 2001 et le premier trimestre 2002, sans lesquelles le groupe aurait affiché des pertes pour ces exercices. En août, l’audit interne révélera une fraude supplémentaire de 3,3 milliards de dollars pour la période 1999-2002. Plus que l’éclatement de la « bulle » des valeurs technologiques, cette faillite illustre surtout les downloadModeText.vue.download 80 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 78 pratiques d’un certain capitalisme pour lequel tous les moyens sont bons pour parvenir à sa fin : le profit. S’exprimant le 16 juillet devant une commission du Sénat américain, le président de la Banque centrale, Alan Greenspan, déclarait : « La falsification et la fraude détruisent le capitalisme et la liberté de marché, et plus largement les fondements de notre société. » Mais il reconnaissait aussitôt que « les hommes ne sont pas plus cupides que par le passé. Ils ont simplement beaucoup plus de possibilités de l’être. » En effet, si les stock-options sont une invention récente, les scandales financiers sont, eux, aussi vieux que le capitalisme financier. « La propension à escroquer et à être escroqué évolue de concert avec la propension à spéculer, estime Charles Kindleberger, professeur au MIT. Les crises sont intimement liées aux transactions qui poussent jusqu’à leurs limites la loi et la morale. » Un certain club de base-ball... Aussi n’est-il pas étonnant que les mesures de lutte contre la criminalité d’entreprise annoncées le 9 juillet par le président George W. Bush devant un parterre de patrons réunis à Wall Street n’aient pas eu l’effet escompté, notamment sur l’état des marchés boursiers, forts déprimés. Prônant « une nouvelle éthique de responsabilité dans le monde des affaires », le chef de l’exécutif a déclaré : « Le gouvernement ne peut pas faire disparaître le risque lié aux investissements, mais il peut promouvoir la transparence et assurer que les risques sont honnêtes. Le gouvernement peut aussi assurer que ceux qui bafouent la confiance du peuple américain seront punis. » Pour que ces déclarations d’intentions soient convaincantes, il aurait fallu que les présidents successifs ne se laissent pas convaincre par Wall Street et le Trésor de ne pas réformer les normes comptables des entreprises américaines au motif que cela risquait de faire baisser leur valeur boursière. Il aurait surtout fallu que l’ancien homme d’affaires George W. Bush n’ait pas lui-même été impliqué dans des affaires de prêts personnels obtenus d’une société pétrolière dont il était administrateur de 1986 à 1993, de revente d’actions à un taux avantageux, en 1990, deux mois avant l’annonce par la société de résultats catastrophiques, ou encore de plus-values gigantesques sur la revente, en 1998, d’actions d’un certain club de base-ball à la suite d’opérations immobilières pour lesquelles l’argent public a peut-être été utilisé à des fins privées... Sans parler de la position délicate du vice-président Dick Cheney après que les autorités boursières ont ouvert une enquête, en mai, sur d’éventuelles manipulations dans les comptes de Halliburton, première entreprise mondiale de recherche pétrolière, à l’époque où celui-ci en était le P-DG, entre 1995 et 2000. À quatre mois des élections de mi-mandat, les démocrates ont été ravis de dénoncer un autre « axe du mal » que celui lié au terrorisme international. C’est certainement pourquoi, a contrario, George W. Bush, mal à l’aise dans son rôle de chef d’entreprise – l’entreprise États-Unis chère au parti du « big business » –, préfère, ces temps-ci, mettre en avant celui de chef de guerre. GEORGES CHEVRON LA LOI SARBANES!OXLEY À la suite des mesures annoncées par George W. Bush, le Congrès a adopté à l’unanimité, le 25 juillet, la loi SarbanesOxley contre la criminalité d’entreprise, dont l’administration républicaine, le patronat et même la SEC (la Securities Exchange Commission) ne voulaient pas entendre parler encore un mois plus tôt. Ce texte est considéré comme le plus important, dans le domaine, depuis celui qui avait créé la SEC, en 1932. Cette loi qui encadre strictement la profession de commissaire aux comptes prévoit notamment la création d’un organisme indépendant de contrôle de cette profession, placé sous la tutelle de la SEC et doté de pouvoirs d’investigation et de sanction. La loi aggrave les peines encourues en cas de fraude et criminalise celle visant à tromper les actionnaires. Elle oblige désormais les directeurs généraux et les directeurs financiers des sociétés cotées à signer et certifier les comptes de celles-ci. Elle étend de trois à cinq ans le délai de prescription des fraudes d’entreprise. Enfin, elle protège la transparence des activités de contrôle financier des entreprises. downloadModeText.vue.download 81 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 79 23 Canada Jean-Paul II aux JMJ À Toronto, Jean-Paul II fait sa première apparition officielle aux XVIIIes Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), rendez-vous bisannuel de la jeunesse catholique. Accueilli par des dizaines de milliers de pèlerins, il se présente comme un « pape âgé, avec beaucoup d’années derrière lui mais avec un coeur toujours aussi jeune », venu apporter le message du Christ pour résister à ceux qui proposent une « joie qui vient du plaisir superficiel et fugace des sens » et qui se base sur l’argent, le succès, le pouvoir. Le pape doit passer trois jours au Canada, première étape de son 97e voyage en vingt-quatre ans de pontificat, qui se poursuivra ensuite au Guatemala et au Mexique. Lors de la messe de clôture des JMJ, JeanPaul II déclare que les abus sexuels commis par des prêtres provoquent « un profond sentiment de tristesse et de honte », mais il appelle les jeunes catholiques à soutenir l’immense majorité des ecclésiastiques qui font le bien. C’est la première intervention publique du souverain pontife sur le scandale des abus sexuels aux États-Unis, déclenché en janvier dans l’archevêché de Boston. Économie Les Bourses en crise De New York à Paris, de Londres à Tokyo, les Bourses mondiales s’enfoncent dans la déprime avec la série de scandales des comptes falsifiés et les mauvais ou décevants résultats d’entreprises de renom. Après neuf semaines de baisse quasi continue, le porteparole de la Maison-Blanche Ari Fleisher tente de rassurer les marchés : « Quand on regarde les données, les faits bruts, tous les économistes, qu’ils soient partiaux ou impartiaux, diront que l’économie se développe solidement et que les fondamentaux sont bons, bien qu’il y ait d’autres facteurs qui jouent. » Quant au gouverneur de la Banque de France, Jean-Claude Trichet, il estime que la crise boursière actuelle est aggravée par des « mouvements qui paraissent excessifs », dans un contexte de « croissance modérée et qui s’accélère doucement ». La journée du 30 est marquée par une euphorie qui gagne toutes les places boursières. Wall Street clôture sur un gain de 477,749 points (+ 5,41 %), soit le troisième gain en importance de son histoire. La Bourse de Paris clôture sur une progression record de 7,04 %, une hausse de pourcentage qui n’avait été dépassée qu’une seule fois depuis la création du CAC 40 : en 1991, lors du lancement de l’offensive contre l’Irak. France La France condamnée dans l’affaire Papon La Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg condamne la France pour avoir privé Maurice Papon d’un procès équitable, en l’ayant déchu de son pourvoi en cassation parce qu’il ne s’était pas constitué prisonnier, comme la loi le prévoyait en 1999. La Cour estime que, « compte tenu de l’importance que revêt le contrôle de la Cour de cassation en matière pénale et de l’enjeu de ce contrôle lorsque l’intéressé a été condamné à une lourde peine privative de liberté, la déchéance du pourvoi est une sanction particulièrement sévère au regard du droit à l’accès à un tribunal garanti par l’article 6 » de la Convention européenne des droits de l’homme : « Sans méconnaître l’extrême gravité des faits reprochés au requérant, la circonstance qu’il ait été poursuivi et condamné pour complicité de crimes contre l’humanité ne le prive pas de la garantie des droits et libertés de la Convention ». La Cour rappelle également « que le respect de la présomption d’innocence combiné avec l’effet suspensif du pourvoi s’oppose à l’obligation pour un accusé libre de se constituer prisonnier quelle que soit la durée, même brève, de son incarcération ». Par conséquent, elle alloue à l’ancien fonctionnaire de Vichy la somme de 29 192,68 euros au titre des frais et dépens. Maurice Papon a été condamné le 2 avril 1998 par la cour d’assises de la Gironde à dix années de réclusion criminelle pour « complicité de crimes contre l’humanité ». Il s’est pourvu en cassation dès le lendemain et a demandé le 17 septembre 1999 une dispense de l’obligation de se mettre en état, c’est-à-dire de se constituer prisonnier le veille de l’examen de son pourvoi. Cette dispense lui a été refusée. Maurice Papon s’est alors enfui en Suisse et n’était pas présent devant le Cour de cassation, qui l’a par conséquent déchu de son pourvoi le 21 octobre 1999. Arrêté quelques jours plus tard, Maurice Papon est depuis incarcéré à la maison d’arrêt de la Santé. Quoique symbolique, la décision de la Cour européenne des droits de l’homme donne aux avocats de l’ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde de downloadModeText.vue.download 82 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 80 nouvelles armes pour obtenir de la justice française la remise en liberté de leur client. France Canal + reste français Le nouveau président de Vivendi Universal (VU), Jean-René Fourtou, renonce à vendre le groupe de télévisions payantes Canal +. Le 12 juillet, le président du Groupe Canal +, Xavier Couture, avait évoqué la possibilité d’une vente du groupe. Le patron de VU a néanmoins décidé de vendre toutes les filiales non rentables de Canal + pour stopper ses pertes qui atteignent 700 millions d’euros en 2001 et sont évaluées à 800 millions d’euros en 2002. Valorisé selon les financiers à 4 milliards d’euros, le groupe serait endetté à hauteur de 4,5 milliards d’euros. Israël Condamnation unanime d’un raid de représailles Un raid israélien sur Gaza déclenche une vague de condamnations internationales. En éliminant le terroriste le plus recherché par Israël, chef de l’aile militaire du Hamas, Tsahal a également provoqué la mort de 14 autres personnes, dont neuf enfants. Pour le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, « Israël a la responsabilité juridique et morale de prendre toutes les mesures afin d’éviter la mort de civils innocents ». L’Union européenne dénonce une opération « disproportionnée », Paris condamne « fermement » cet acte « qui ne peut en aucune façon contribuer à une solution », Bonn se dit « horrifié » par l’« inacceptable » frappe israélienne et Washington dénonce une « action lourdement maladroite (qui) ne contribue pas à la paix », notant qu’elle a été menée « en sachant que des innocents périraient en conséquence ». 26 France Sarkozy en Corse Lors de sa première visite en Corse, le ministre de la Sécurité intérieure Nicolas Sarkozy proclame sa volonté de faire entrer l’île de Beauté dans une « nouvelle époque » et appelle les Corses à abandonner les « affrontements théologiques qui ne peuvent conduire qu’à l’échec ». Il est rejoint sur l’île par Jean-Pierre Raffarin, dont la visite surprise indique la nouvelle dimension que le Premier ministre a décidé de donner au dossier corse. Grèce Démantèlement d’un réseau terroriste Trois membres présumés du groupe terroriste « 17 Novembre » sont emprisonnés et deux autres sont inculpés par le service antiterroriste, pour participation à cette organisation « criminelle ». Après la découverte de deux importantes caches d’armes à Athènes au début de juillet, la police a arrêté et inculpé jusqu’ici huit hommes pour participation au groupe depuis 1983, dont un dirigeant présumé de l’organisation, Alexandre Giotopoulos, un militant d’extrême gauche. Le groupe « 17 Novembre », qui tire son nom de la journée du soulèvement des étudiants contre le régime des colonels, est responsable de 23 assassinats de personnalités grecques et étrangères et d’une série d’attaques à la bombe ou la roquette à Athènes depuis 1975. Iraklis Kostaris, l’une des personnes arrêtées, est inculpé pour participation à quatre « homicides » et deux « tentatives d’homicide ». Russie Moscou reconnaît les causes du naufrage du Koursk Après deux ans d’atermoiements, le gouvernement russe reconnaît que le sous-marin nucléaire Koursk a sombré le 12 août 2000, en mer de Barents, en raison d’un dysfonctionnement interne – la fuite du carburant très volatil d’une des torpilles – provoquant la mort des 118 marins se trouvant à bord. Depuis le début, les autorités russes avaient laissé entendre que le naufrage avait été provoqué par une collision avec un sous-marin étranger inconnu – l’OTAN avait placé plusieurs bâtiments dans les parages pour surveiller les manoeuvres russes – ou une mine de la Seconde Guerre mondiale. 27 Ukraine Catastrophe lors d’un meeting aérien Un avion de chasse Soukhoi Su-27 s’écrase sur la foule qui assiste à un meeting aérien à Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine. 60 spectateurs sont tués et 70 autres blessés. L’accident s’est produit alors que l’appareil effectuait une série de manoeuvres complexes, à l’occasion des soixante ans d’une unité de l’armée downloadModeText.vue.download 83 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 81 de l’air locale. Le Su-27 est en service depuis 1981. Sa vitesse et sa manoeuvrabilité en avaient fait l’un des fleurons de l’ex-armée de l’air soviétique. 28 Cyclisme Armstrong gagne son 4e Tour de France L’Américain Lance Armstrong s’impose pour la quatrième fois consécutive dans la Grande Boucle. Il devance au classement général l’Espagnol Joseba Beloki (Once) et le Lituanien Raimondas Rumsas (Lampre). Le Français Laurent Jalabert (CSC Tiscali) termine meilleur grimpeur (maillot à pois) pour la seconde année d’affilée. Le meilleur coureur français, David Moncoutié (Cofidis), termine 13e, à 21 minutes et 8 secondes de Lance Armstrong. downloadModeText.vue.download 84 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 82 Août 1 France Réévaluation du salaire des ministres La commission mixte paritaire sur le collectif budgétaire réunissant députés et sénateurs augmente nettement les salaires des ministres – celui du Premier ministre étant majoré de 50 % par rapport à celui de ses ministres –, qui seront basés sur celui des plus hauts fonctionnaires. En contrepartie, ces salaires seront totalement imposables. Les ministres devraient percevoir 160 000 euros bruts par an contre 93 000 euros actuellement, somme à laquelle s’ajoutaient les « fonds secrets » non imposables. Ces derniers sont interdits depuis novembre dernier par le gouvernement Jospin suite à la polémique de l’été dernier sur les billets d’avion payés en espèces par Jacques Chirac entre 1988 et 1992. Devant le tollé soulevé par cette réévaluation des salaires ministériels, le Premier ministre JeanPierre Raffarin déclare qu’il s’élève contre « l’initiative prise par le Parlement » et précise que « l’action gouvernementale n’a pas pour ambition d’augmenter le salaire des ministres ». Le Conseil d’État contre l’extension de la période de chasse Le Conseil d’État annule partiellement les arrêtés pris le 18 juillet par le ministre de l’Écologie et du Développement durable Roselyne Bachelot, qui augmentent d’environ sept semaines la période de chasse aux oiseaux migrateurs et gibiers d’eau. Il prononce la suspension partielle des arrêtés concernant la chasse aux colverts, canards et rallidés ainsi que de celui concernant la chasse sur le domaine public maritime en août. Cette période de chasse, qui devait s’étaler, selon les espèces, du 3 août au 18 février, contrevenait, estime la plus haute juridiction administrative, à la directive européenne de 1979 sur la protection des oiseaux. Ceux-ci ne pourront être chassés qu’à partir du 1er septembre, date fixée par le précédent gouvernement. Les arrêtés de la ministre de l’Écologie étaient contestés par plusieurs associations de protection de l’environnement, notamment la Ligue pour la protection des oiseaux, dont le président Allain Bougrain-Dubourg avait déposé ce recours devant le Conseil d’État. Libération de José Bové Après quarante-quatre jours de détention correspondant à son reliquat de peine dans l’affaire des dégradations commises en 1999 contre le restaurant McDonald’s de Millau (Aveyron), José Bové quitte la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelonne (Hérault). Le leader de la Confédération paysanne avait été condamné à trois mois de prison ferme en mars 2001 par la cour d’appel de Montpellier. Il avait déjà passé près de trois semaines en détention provisoire et le reliquat a été ramené à quarante-trois jours, notamment à la faveur d’une grâce présidentielle de quinze jours le 14 juillet. José Bové fait encore l’objet d’une condamnation par la cour d’appel de Toulouse, le 20 décembre 2001, dans une autre affaire portant sur l’arrachage de maïs transgénique dans le Sud-Ouest. Si la Cour de cassation, qui doit se prononcer en septembre 2002, rejette son pourvoi, il devra purger quatorze mois de prison ferme. 2 Irak Invitation du chef des inspecteurs de l’ONU Saddam Hussein invite le principal inspecteur Hans Blix et des experts en armement de l’ONU à venir à Bagdad pour des pourparlers qui pourraient mener à une reprise du contrôle de l’arsenal du pays. L’invitation irakienne intervient alors que la Commission des affaires étrangères du Sénat américain doit statuer sur l’intervention militaire proposée par George W. Bush. Le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan tente depuis plusieurs mois de convaincre les autorités irakiennes de permettre la reprise des inspections de l’arsenal du pays, après quatre années d’interruption. Les Nations unies ont imposé des sanctions à l’Irak en 1990, après son invasion du Koweït, sanctions qui ne seront pas levées tant que les inspecteurs de l’ONU n’auront pas vérifié la destruction des armes nucléaires, chimiques et downloadModeText.vue.download 85 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 83 biologiques que l’Irak est accusée de développer en secret. 3 Turquie Des mesures pour adhérer à l’UE Le Parlement turc vote l’abolition de la peine de mort, l’attribution de davantage de droits à la communauté kurde – 12 millions en Turquie – ainsi que des mesures en faveur de l’enseignement de langues minoritaires, notamment le kurde, dans les écoles du pays. Environ 50 détenus sont actuellement en attente de leur exécution. La peine capitale sera remplacée par la prison à vie. La majorité des députés turcs estime que ces mesures sont un préalable à l’acceptation de la Turquie au sein de l’Union européenne. En effet, l’Union européenne engage la Turquie à accélérer son évolution dans le domaine des droits de l’homme, notamment en abolissant la peine capitale et en donnant aux minorités du pays les mêmes droits que la majorité pour passer du statut de candidat, dont elle jouit depuis 1999, à celui de partenaire. France Adoption de la loi sur la justice Les députés approuvent le texte du projet de loi d’orientation et de programmation pour la justice. Ce texte durcit le dispositif déjà proposé pour lutter contre la délinquance des mineurs : suspension des allocations familiales lorsqu’un enfant est placé dans un centre fermé et six mois de prison et 7 500 euros d’amende pour outrage à un enseignant. Outre ces mesures, le projet crée des centres éducatifs fermés, étend les possibilités de placement en détention provisoire pour les 13-18 ans et instaure des sanctions pour les 10-13 ans. Il réforme sensiblement la loi sur la présomption d’innocence et institue une justice de proximité pour les petits litiges. Il accorde en outre une rallonge budgétaire de 3,65 milliards d’euros pour la justice. 4 Israël Nouvelle flambée de violences Un kamikaze se fait exploser dans un bus dans le nord d’Israël, tuant neuf autres personnes et faisant au moins 37 blessés. Cet acte terroriste provoque de nombreuses violences et attaques en Israël et dans les territoires palestiniens, qui font 18 morts en 24 heures. Au cours des vingt-deux derniers mois, 1 801 Palestiniens et 602 Israéliens ont été tués en Israël et dans les territoires palestiniens. Tsahal continue sa politique de dissuasion des auteurs potentiels d’attentats suicide, en détruisant les maisons familiales de kamikazes et de terroristes présumés en Cisjordanie, tandis que, dans le but de contenir la violence terroriste, une interdiction totale des dépla- cements est appliquée dans le nord de la Cisjordanie. Le 5, l’Assemblée générale des Nations unies, dans une résolution approuvée par 114 voix contre quatre, demande à l’État hébreu de mettre un terme aux incursions de Tsahal en Cisjordanie, ainsi qu’à tous les « actes de violence, de terrorisme, de provocation, d’incitation et de destruction ». 6 Inde Assassinats de pèlerins au Cachemire Un groupe de séparatistes musulmans présumés attaque un camp de pèlerins hindous installé à 280 km au nord de Jammu, capitale d’hiver du Jammu-et-Cachemire. Neuf personnes sont tuées et 27 autres blessées. Ces douze derniers mois, quelque 60 000 personnes ont été victimes des actions terroristes perpétrées par des séparatistes musulmans. Cet incident pourrait relancer les tensions entre l’Inde et le Pakistan, New Delhi tenant Islamabad comme responsable de cette attaque. L’État indien du Jammuet-Cachemire connaît un regain de violences depuis que New Delhi y a annoncé la tenue d’élections régionales en septembre et en octobre prochains. Ces élections à l’Assemblée régionale visent à apaiser les tensions entre l’Inde et le Pakistan, qui se disputent la province himalayenne du Cachemire. 7 Brésil Aide massive du FMI Le Fonds monétaire international (FMI) accorde un nouveau prêt de 30 milliards de dollars dans le but de contenir la crise économique qui frappe le pays. Le FMI doit verser 6 milliards de dollars au Brésil cette année et le reste en 2003. Les 24 milliards de downloadModeText.vue.download 86 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 84 l’an prochain ne seront déboursés que si le Brésil maintient son bénéfice budgétaire initial de 3,75 % de croissance de son produit intérieur brut. Ce prêt du FMI intervient alors que les États-Unis viennent de concéder un prêt de 1,5 milliard de dollars à l’Argentine. Après une nette remontée, le real brésilien reprend néanmoins sa chute, le 6, perdant 4,1 % de sa valeur pour terminer au cours de 3,15 reals pour un dollar. Pour les observateurs, cette tendance à la baisse reflète l’incertitude des investisseurs quant à la situation politique et à l’adhésion aux termes du FMI des principaux candidats à la prochaine présidentielle brésilienne. 8 France Mesures d’économie Dans un contexte de déficit budgétaire accru et de ralentissement de la croissance, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin annonce plusieurs mesures d’économie. En premier lieu, l’Exposition internationale prévue en 2004 en Seine-Saint-Denis est annulée. Des compensations financières sont envisagées pour le département, notamment l’étude d’un nouveau projet centré sur la rénovation du musée de l’Air et de l’Espace du Bourget. Par ailleurs, le ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon plaide pour une hausse d’environ 3 % de la redevance audiovisuelle et une réforme de son mode de perception, qui permettrait à l’État d’encaisser 600 millions d’euros supplémentaires. En outre, Matignon lance un audit des projets de liaisons ferroviaires, routières ou fluviales lancés par le gouvernement Jospin : constatant que beaucoup ont été « engagés, étudiés ou annoncés par l’équipe précédente, sans que les financements nécessaires n’aient été garantis », le gouvernement rend probable le report, voire l’annulation de certains de ces projets. 10 Europe de l’Est Inondations catastrophiques Des pluies diluviennes s’abattent sur plusieurs pays d’Europe de l’Est : durant deux semaines, les inondations noient sous leurs eaux plusieurs régions de la Russie, de la République tchèque, de la Roumanie, de la Bulgarie, de la Hongrie, de l’Allemagne et de l’Autriche. La crue de la Vltava submerge Prague, obligeant 70 000 personnes à évacuer le centre historique de la capitale tchèque. Dans la seule Russie, on compte 55 morts dans la station balnéaire de Chirokaïa-Balka, sur les côtes de la mer Noire. Les inondations, dont le coût est évalué à 20 millions d’euros, ont fait 109 victimes dans toute l’Europe. Athlétisme Clôture des championnats d’Europe Les Françaises du relais 4 × 100 m, médaillées de bronze aux Mondiaux d’Edmonton, conservent leur titre de championnes d’Europe à Munich, tandis que leurs homologues masculins du relais 4 × 400 m obtiennent la médaille de bronze et leur compatriote Ismail Sghyr, la médaille d’argent du 5 000 m. Quatre autres athlètes français ont remporté des médailles : l’or pour Muriel Hurtis (200 m), Mehdi Baala (1 500 m) et Stéphane Diagana (400 m haies) et le bronze pour Manuela Montebrun (marteau). Avec sept médailles, le bilan de la délégation française correspond aux objectifs fixés en début de compétition par le directeur technique national Robert Poirier. Au classement des nations, la Russie, avec sept médailles d’or, neuf médailles d’argent et huit de bronze, devance la Grande-Bretagne (7 or, 1 argent et 6 bronze). Inondations catastrophiques au coeur de l’Europe La rubrique météorologique a fait la une des médias pendant le mois d’août, marqué par des inondations catastrophiques dans les bassins du Danube et de l’Elbe. Ces crues ont constitué un test de solidarité entre l’UE et les pays d’Europe centrale frappés par les intempéries. Les populations d’Europe centrale se souviendront longtemps de ce trop long pont du 15 août 2002, noyé dans les inondations catastrophiques provoquées par plusieurs jours de pluies diluviennes... Abandonnant les rivages orientaux de la mer Noire, ces orages d’une rare violence s’étaient déplacés vers l’ouest, provoquant des dégâts en Roumanie avant de s’installer au centre de l’Europe et d’y déverser des pluies torrentielles. downloadModeText.vue.download 87 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 85 Des chefs-d’oeuvre menacés Très vite l’Autriche et la République tchèque, ainsi que, dans une moindre mesure, le sud et l’est de l’Allemagne, la Slovaquie et la Hongrie, sont sous les eaux. Entre montagnes et collines, les bassins du Danube et de l’Elbe, submergés en amont, ont justifié pleinement leur appellation géographique de cuvette, retenant les eaux que les fleuves déchaînés n’ont pu garder dans leurs lits. La Vltava, affluent de l’Elbe qui traverse Prague, enregistre une crue record, menaçant le centre historique classé au patrimoine mondial de l’Unesco de la capitale tchèque. Au plus fort de la crue, dans la nuit du 13 au 14 août, le débit du fleuve, qui avait déjà dépassé sa cote d’alerte maximale, franchissait 5 000 m3 par seconde, soit 33 fois plus qu’en temps normal. L’évacuation disciplinée de plus de 30 000 Pragois a évité les pertes en vies humaines dans la capitale tchèque, mais les dégâts matériels sont considérables, l’eau fragilisant les fondations de nombreux édifices de la vieille ville, qui sont autant de chefs-d’oeuvre de l’architecture et dont certains s’effondreront sous la pression des flots. Dans les campagnes, le bilan est plus lourd encore, et les crues, qui ont gravement endommagé les infrastructures, ont tué 13 personnes, moins toutefois que les crues catastrophiques de Moravie qui, en 1997, avaient fait plus de 50 morts. Mais alors que le niveau des eaux commence à baisser en République tchèque, c’est au tour des régions orientales de l’Allemagne d’être touchées par les inondations, qui avaient déjà durement éprouvé la région de Passau, sur le cours supérieur du Danube, en Bavière. Gonflée par les eaux de ses affluents, l’Elbe poursuit inexorablement son cours dévastateur vers le nord, en direction de Hambourg, inondant sur son passage la ville de Dresde, dans l’ex-RDA, où elle franchit le seuil historique des 8,77 m de la crue de 1845. La Florence du Nord sous les eaux Surnommée la Florence du Nord en raison de ses richesses architecturales de la Renaissance et du Baroque, entièrement restaurées après le déluge de bombes de la Seconde Guerre mondiale, Dresde se donne, bien malgré elle, des airs de Venise, après avoir essuyé un déluge d’eau cette fois qui a inondé le célèbre palais du Zwinger et l’Opéra Semper. Perdant de leur intensité à l’approche de l’embouchure de l’Elbe, bien plus loin au nord, les crues, qui ont fait 13 morts en Allemagne, commencent à diminuer à partir du 20 août, laissant partout le même spectacle de désolation : de Budapest et Bratislava, relativement épargnées par le Danube au sud, à la Thuringe et à la Saxe en Allemagne, en passant par le nord et l’ouest de l’Autriche, la décrue dévoile des paysages dignes des pays de mousson, comme la Chine (province du Yunnan), la Corée du Sud ou le Népal, victimes d’ailleurs au même moment de pluies et d’inondations catastrophiques qui font des centaines de morts et des dégâts énormes, mais semblent s’inscrire dans une logique climatique plus naturelle. Un élan de solidarité Dans une Europe centrale au climat continental, alternant normalement des hivers froids et des étés chauds et secs, ces catastrophes climatiques suscitent la perplexité de la population mais aussi des milieux scientifiques, moins prompts il est vrai à les attribuer à un dérèglement général du climat de la planète parfois trop hâtivement mis sur le compte d’un effet de serre aux conséquences encore mal définies. Alors qu’à Paris, par exemple, la municipalité avait déversé du sable sur les quais de la Seine dans le cadre de l’opération estivale « Paris plage », les capitales du centre de l’Europe emplissaient des sacs de sable pour tenter d’endiguer les colères de leurs fleuves. Ces disparités à l’échelle du continent européen, dont les régions méridionales souffrent au contraire de la sécheresse, nourrissent les traditionnelles discussions sur « la pluie et le beau temps ». Et, plus sérieusement, les querelles d’experts, qui ne peuvent encore affirmer si la fréquence, la violence et la systématicité de ces intempéries jusque-là qualifiées d’exceptionnelles, sont symptomatiques d’un dérèglement climatique dû en partie au réchauffement de la planète. Si tel est le cas, il convient de définir la part de responsabilité des activités humaines. Autant de questions qui allaient être débattues lors du sommet sur le « développement durable » à la fin du mois d’août à Johannesburg. La décrue allait sonner aussi l’heure des premiers bilans, marqués par des querelles d’experts en assurances cette fois, chargés d’évaluer l’ampleur des dégâts. Elle sera aussi l’occasion de mettre à l’épreuve la solidarité européenne à l’approche de l’élargissement de l’UE aux pays dont certains ont été durement touchés par ces downloadModeText.vue.download 88 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 86 inondations, qui ont eu au moins le mérite de rappeler que les fleuves sont un élément essentiel de la communication et du rapprochement entre les peuples, pour le meilleur et pour le pire. GARI ULUBEYAN SOLIDARITÉ EUROPÉENNE Pour répondre à l’ampleur des dégâts, estimés à 15 milliards d’euros en Allemagne et de 2 à 3 milliards en République tchèque, pays les plus touchés, le chancelier allemand Gerhard Schröder a réuni un sommet anti-inondations à Berlin le 18 août avec les responsables autrichien, tchèque et slovaque. L’initiative a reçu l’aval du président de la Commission européenne, Romano Prodi, qui, après avoir visité certaines des régions sinistrées déclarées « zone de solidarité européenne », a accepté de verser une aide puisée notamment dans les fonds structurels européens et destinée en premier lieu à la remise en état des infrastructures détruites. Signe de cette solidarité européenne censée s’appliquer aussi aux pays candidats, décision a été prise de créer un fonds européen spécifiquement consacré aux catastrophes. En Allemagne même, les inondations ont donné lieu à un élan de solidarité de l’Ouest vers l’Est. 12 Colombie Proclamation de l’état d’urgence Le président Alvaro Uribe déclare l’état d’exception. Cet état d’exception, qui précède l’état de siège, donne au gouvernement mission d’instaurer des mesures pour tenter de faire face aux attaques des rebelles des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), en accroissant les effectifs des forces de sécurité et en levant les impôts pour financer cet accroissement. Le président colombien envisage la création d’une force comprenant un million de civils, des « supporters » chargés d’informer l’armée et la police sur les activités rebelles et paramilitaires. Sa décision fait suite à l’explosion de violence qui a fait 115 morts depuis l’investiture de M. Uribe le 7 août dernier : le jour même où s’est produite une attaque au mortier, dont la responsabilité est attribuée aux FARC, qui a fait 19 morts près du palais présidentiel. Les FARC, le groupe de guérilla le plus important de Colombie avec 17 000 hommes, ont mené pendant trois ans des négociations de paix avec le précédent président, Andres Pastrana, mais celles-ci ont été rompues le 20 février dernier. Candidat de la droite dure, Alvaro Uribe avait été élu sur la promesse de contraindre à la paix les groupes armés de la guérilla marxiste pour mettre fin à trente-huit ans de guerre civile. Le 22, répondant à une offre de médiation proposée par le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan au lendemain de l’investiture présidentielle, les FARC rejettent une participation des Nations unies à un éventuel dialogue de paix entre la guérilla et le gouvernement colombien. Irak Non au retour des inspecteurs de l’ONU Le ministre irakien de l’Information Mohammed Saeed al-Sahhaf rejette le retour en Irak des inspecteurs des Nations unies qui avaient quitté le pays en 1998 à la veille de frappes américano-britanniques. Le président américain George W. Bush, qui souhaite la destitution du président Saddam Hussein, menace Bagdad de recourir à une intervention armée s’il n’autorise pas la reprise des missions d’inspection. 18 Angleterre Découverte tragique La police britannique annonce que les deux corps découverts dans un bois près du village de Soham, dans le comté du Cambridgeshire, sont bien ceux de Jessica Chapman et de Holly Wells, les deux petites filles de dix ans disparues le 4 août dans le sud-est de l’Angleterre. Un couple de suspects est interpellé : Ian Huntley, vingt-huit ans, est gardien d’école, et sa petite amie Maxine Carr, vingt-cinq ans, travaille comme professeur assistante dans la classe de Holly et Jessica à l’école primaire de Saint-Andrews à Soham. Il sont inculpés d’enlèvement et de meurtre. Proche-Orient Accord israélo-palestinien sur Gaza et Bethléem Les ministres israélien de la Défense Benyamin Ben-Eliezer et palestinien de l’Intérieur Abdel Razak Yehiyeh s’entendent sur « un arrêt immédiat de la violence », adoptant le plan « Gaza d’abord » qui prévoit le retrait de l’armée israélienne de Bethléem et downloadModeText.vue.download 89 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 87 de plusieurs secteurs de Gaza. Ce plan est un projet pilote, dans lequel les Palestiniens reprendront le contrôle de la sécurité dans les zones évacuées par l’armée israélienne et auront la responsabilité d’éviter toute attaque anti-israélienne. À terme, les Palestiniens escomptent que les troupes de Tsahal se replient sur les positions qu’elles occupaient avant le début de la seconde Intifada en septembre 2000. Si ce retrait partiel de Tsahal prend effet, ce sera la première fois depuis de longs mois que des négociations aboutissent. Mais l’opposition des mouvements radicaux palestiniens, tels le Hamas ou le Djihad islamique, pourrait faire échouer l’accord. D’autant que, sur le terrain, en Cisjordanie et à Gaza, la violence continue. Le 25, Benyamin Ben-Eliezer annonce qu’Israël suspend l’application du plan « Gaza d’abord », tant que la situation de la sécurité dans la bande de Gaza ne se sera pas améliorée. France Succès de Paris plage Lancée le 21 juillet dernier, l’opération « Paris plage » ferme ses portes. En créant quatre plages (deux de pelouse et deux de sable) et en installant 22 cabines, 300 transats, 150 parasols et quatre buvettes, cette opération a transformé les quais de la Seine en Riviera, avec ses activités sportives et balnéaires. « Paris plage » a attiré « plus de deux millions » de touristes et citadins, indique la Mairie de Paris, qui a déboursé 1,5 million d’euros pour cette opération. Celle-ci sera reconduite l’an prochain, la municipalité précisant toutefois qu’elle veillera à « prendre en considération l’ensemble des remarques et suggestions émanant des citoyens eux-mêmes, afin d’améliorer encore la qualité du programme et des aménagements proposés ». Elle estime en outre que la fermeture définitive des voies sur berge à la circulation serait envisageable d’ici « cinq à dix ans », à condition que la circulation automobile soit largement réduite. Ce à quoi concourt le renforcement de l’offre de transports en commun à Paris et des transports de la banlieue vers la capitale prévu dans le cadre des projets de la Ville de Paris et du plan de déplacement urbain de la Région Île-de-France. 19 Vatican Fin de la visite papale en Pologne Jean-Paul II achève son voyage – le dernier prévu cette année à l’étranger – dans sa Pologne natale en célébrant le 400e anniversaire du sanctuaire de Kalwaria Zebrzydowska, près de Cracovie. Il demande à la Vierge Marie de lui donner la force de mener sa mission jusqu’au bout, ce qui met fin aux rumeurs annonçant sa démission – atteint de la maladie de Parkinson, le pape, âgé de quatre-vingt-deux ans, éprouve de plus en plus de difficulté à remplir les devoirs de sa charge. La veille, Jean-Paul Il a célébré à Cracovie, devant deux à trois millions de fidèles, la plus grande messe en plein air jamais organisée en Pologne. Irak Mort d’Abou Nidal Le décès du chef du mouvement palestinien FatahConseil révolutionnaire, Sabri al-Banna, connu sous le nom d’Abou Nidal, est révélé par le journal palestinien Al Ayya. Selon ce journal, le corps d’Abou Nidal a été retrouvé, trois jours auparavant, dans son appartement à Bagdad. La mort aurait été causée par plusieurs blessures par balles, mais la thèse du suicide est privilégiée. Âgé de soixante-cinq ans, Abou Nidal était impliqué dans de nombreux attentats en Europe dont celui de la rue des Rosiers à Paris en 1982. Le Fatah-Conseil révolutionnaire s’était séparé de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) en 1974. Composée de divers comités politiques, militaires et financiers, l’organisation est responsable d’attentats terroristes ayant fait quelque 300 morts dans une vingtaine de pays, notamment en Europe entre 1970 et 1985. Abou Nidal a été condamné à mort par l’OLP pour le meurtre d’Abou Iyad, le numéro deux de l’organisation palestinienne, en janvier 1991. Afghanistan Révélation de massacres de talibans Le magazine américain Newsweek publie une note confidentielle de l’ONU concernant des massacres commis par l’Alliance du Nord, alliée de l’armée américaine, dans le nord de l’Afghanistan pendant la guerre de reconquête. Selon Newsweek, les enquêteurs des Nations unies ont découvert que des centaines de prisonniers talibans capturés par les troupes d’Abdul Rachid Dostom, l’un des chefs de l’Alliance du Nord, ont été tués lors de leur transfert, après la prise de Kunduz, dans le Nord, en novembre dernier. L’enquête de l’ONU est fondée sur l’examen downloadModeText.vue.download 90 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 88 d’un charnier près de Shibergan, qui « contiendrait les corps de talibans morts par étouffement ». 20 Mathématiques Laurent Lafforgue, médaille Fields Le Français Laurent Lafforgue, professeur à l’Institut des hautes études scientifiques (IHES) et âgé de trente-cinq ans, reçoit la médaille Fields, la plus haute distinction internationale en mathématiques, décernée tous les quatre ans lors du Congrès international des mathématiciens, qui, cette année, est organisé à Pékin, en Chine. La médaille est également remise à l’Américain Vladimir Voevodsky, âgé de trente-six ans, de l’Institute for Advanced Study de Princeton (États-Unis), pour ses travaux en théorie des nombres et géométrie algébrique. Laurent Lafforgue est récompensé pour ses travaux sur la correspondance de Langlands. La correspondance, ou programme, de Langlands est une série de conjectures énon- cées en 1967 par le mathématicien canadien Robert P. Langlands dans une correspondance de 17 pages adressée à André Weil, mathématicien français installé aux États-Unis, frère de la célèbre philosophe. Ces conjectures relient des parties a priori très différentes des sciences mathématiques : la théorie des nombres, l’algèbre, l’analyse. Les mathématiciens se sont emparés de ce programme et de nombreuses recherches sont nées de ces conjectures. Depuis la création de la distinction en 1936, 44 médailles Fields ont été décernées, dont sept à des mathématiciens français. Chine Graves inondations L’état d’alerte est décrété dans la province du Hunan, dans le sud-est de la Chine, où un grand lac, le lac Dongting, bordé par la ville de Yueyang (600 000 habitants), menace de déborder. D’une superficie de 3 900 km 2, ce lac est ceinturé par 932 kilomètres de digues. Pour empêcher que ne se reproduisent les inondations catastrophiques des dernières années, la Chine a investi des sommes considérables dans la construction de digues et de systèmes de dérivation près des principaux cours d’eau et des lacs. Depuis le début de juin, les pluies torrentielles de la mousson ont fait un millier de morts cette saison en Chine, dont plus de 200 dans le seul Hunan. 22 Espace Atlas-5, une concurrente de la fusée Ariane Une nouvelle fusée américaine de la génération Atlas-5 place en orbite le satellite de communications Hot Bird-6, pour le compte de la firme européenne Eutelsat. D’un diamètre approchant les 4 m, Atlas-5 est dotée d’un moteur de fabrication russe. Elle remplace la génération des fusées Titan de Lockheed Martin, largement utilisées par les militaires américains, notamment pour la mise en orbite d’un réseau de satellites espions. Il s’agit de la plus grosse fusée lancée de cap Canaveral depuis les Saturn 5-du programme Apollo qui avaient emporté des astronautes sur la Lune jusqu’au début des années 1970. Envol réussi pour Atlas-5 Le 21 août, les Américains ont procédé, depuis la base de cap Canaveral, au premier tir du tout nouveau lanceur Atlas-5/401, construit par Lockheed Martin et équipé en son premier étage d’un moteur russe. Représentant la nouvelle génération des fusées de type Atlas, en service depuis 1990, ce lanceur a été inauguré par l’Union européenne, dont il devait placer sur orbite le satellite Hot Bird-6 d’Eutelsat. L’industrie spatiale américaine a opéré un retour en force sur le marché très concurrentiel des lanceurs commerciaux de satellites en procédant avec succès le 21 août, depuis le pas de tir no 41 de cap Canaveral, au lancement, initialement prévu le 12 août, de son nouveau lanceur lourd de type Atlas-5/401. Le dernier d’une prestigieuse famille Dernier-né de la famille des fusées Atlas, qui ont pris leur envol en 1990, ce lanceur est un produit incontestablement américain, puisque la construction en a été assurée par Lockheed Martin sur une commande de l’US Air Force dans le cadre du projet EELV (Evolved Expandable Launch Vehicle : lanceur consommable de noudownloadModeText.vue.download 91 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 89 velle génération), finalisée en octobre 1998 par un contrat d’un montant légèrement supérieur à un milliard de dollars. Mais cet engin, qui inaugure une nouvelle lignée de lanceurs plus performants pour ce qui concerne la capacité d’emport, est aussi le pur produit d’une mondialisation à l’oeuvre aussi dans l’espace, puisque son premier étage (27 m de long pour 3,8 m de diamètre) est doté d’un moteur russe de type RD-180 combinant oxygène et kérosène, qui avait déjà fait ses preuves sur l’Atlas-3A (premier vol en mai 2000) et l’Atlas-3B (premier vol en février 2002). Par ailleurs, autre marqueur de son identité internationale, l’Atlas-5/401 a été inauguré par l’opérateur européen Eutelsat pour placer en orbite son satellite de communication Hot Bird-6, équipé de 32 répondeurs en bandes Ku et Ka (canaux pour l’Internet). Une première mission qui n’utilisera d’ailleurs pas le nouveau lanceur américain au maximum de ses potentialités, puisque le satellite européen qu’il emportait dans l’espace ne pesait « que » 3,8 tonnes, alors que sa performance est de 4,9 tonnes. Organisé autour de son premier étage équipé du moteur russe Energomash, de l’étage Centaur équipé d’un ou deux moteurs cryotechniques RL-10A4-2 (oxygène-hydrogène) et éventuellement de propulseurs d’appoint à poudre, le lanceur américain, qui mesure 58,3 m de haut pour une masse de 333,3 tonnes, peut en effet mieux faire, et c’est là tout son intérêt. Les performances de ce nouveau type de lanceurs sont de 3,0 à 8,6 tonnes en orbite de transfert géostationnaire ou de 10,3 à 20,5 tonnes en orbite basse. Car Atlas-5, dont la dénomination à trois chiffres énumère ses signes distinctifs (le premier chiffre indique le diamètre de la coiffe abritant la charge utile : 3, 4 ou 5 m ; le deuxième chiffre indique le nombre de propulseurs à poudre ou boosters utilisés au moment du décollage : entre 0 et 5 ; le troisième chiffre, enfin, indique le nombre de moteurs de type RL-10 équipant l’étage Centaur : 1 ou 2), c’est toute une gamme de différents modèles de lanceurs lourds qui vont sortir des ateliers du constructeur américain et de ses partenaires pour livrer une féroce concurrence aux autres fusées à vocation commerciale ou militaire, qu’elles soient russes, européennes, mais aussi depuis peu chinoises et japonaises, qui prennent la voie de l’espace, au rythme annuel de 78 à 83 tirs (2002). Et le nouveau lanceur américain devait faire la démonstration de ses capacités par un second vol d’Atlas-5 (modèle 401) prévu en décembre avec un satellite canadien Nimiq-2 pesant 3,6 tonnes, puis en 2003 par le vol du premier Atlas-5 modèle 500 doté cette fois de boosters lui permettant de placer en orbite de transfert géostationnaire un satellite Inmarsat-4 de 6 tonnes. Un avenir assuré Le carnet de commandes d’Atlas-5 s’en tient à court terme à un quatrième contrat commercial pour 2003, les militaires devant prendre le relais avec une série de 7 tirs prévus en 2005. Mais avec ce premier lancement, qui est le 61e succès consécutif d’Atlas depuis neuf ans et confirme la fiabilité de cette famille de lanceurs, l’avenir d’Atlas-5 semble assuré. D’ici 2005, un total de 25 lanceurs, dont 7 Atlas-2 et 7 Atlas-3, doivent être utilisés pour différentes missions, dont 44 % à vocation commerciale, ouvrant de nouvelles perspectives dans le secteur du transport spatial à la NASA. L’industrie spatiale américaine se dote dans le même temps du nouveau lanceur Delta-4 construit par Boeing, qui devait faire ses débuts en octobre avec le satellite W-5 d’Eutelsat et pour lequel le Pentagone a passé quelque 21 commandes, sans négliger la fusée Proton, qui effectuait son troisième vol de l’année le 22 août depuis le site kazakh de Baïkonour avec à son bord le satellite de télécommunications Echostar-8 (4,6 tonnes). Argument non négligeable en faveur de la nouvelle génération de lanceurs américains, que ce soit Atlas-5 ou Delta-4, ils sont 25 % moins chers que leurs prédécesseurs, soit environ 75 millions de dollars contre 100 millions de dollars pour la version de base. Pour le vol inaugural d’Atlas-5, il en aurait toutefois coûté quelque 240 millions de dollars, lancement compris, à l’opérateur. Techniquement sur la même longueur d’ondes désormais que leurs concurrents, singulièrement européens, les Américains entendent se concentrer désormais sur la bataille dans le domaine des coûts, qui pourraient bien départager les différents lanceurs qui tissent une toile de satellites autour de la planète. GEORGES CHEVRON UN CONCURRENT DANGEREUX POUR ARIANE!5 Le lancement d’Atlas-5 a pris l’allure d’un défi ouvert à Ariane-5, qui sera envoyée dans l’espace une semaine plus lard, le downloadModeText.vue.download 92 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 90 27 août, depuis la base de Kourou en Guyane. Dominant ce secteur, Ariane-5 (AR513, vol 155) a, à cet égard, pleinement relevé le défi, en plaçant sur orbite les satellites Atlantic Bird-1 d’Eutelsat et MSG-1 d’Eumetsat, totalisant un poids de 5,7 tonnes. Elle devait même mouler les enchères dans sa version Ariane-5/ESC-A, dont le premier vol devait emporter en octobre 4 modules de 2,8 tonnes, venant s’ajouter aux satellites Stentor (2 tonnes) et Hot Bird-7 (3,3 tonnes) pour obtenir la charge utile considérable de 9,2 tonnes. De telles performances montrent que le nouveau lanceur européen n’est pas franchement menacé par Atlas-5. 26 Afrique du Sud Sommet de la Terre Le Sommet des Nations unies sur le développement durable, ou conférence sur la Terre, s’ouvre à Johannesburg, avec un appel du président sud-africain en faveur d’une action internationale concertée pour lutter contre la pauvreté et protéger les ressources naturelles de la planète. Ce sommet est la plus grande réunion jamais organisée par l’ONU. D’une durée de dix jours, il réunit 5 730 délégués de 189 pays, qui devront trouver des solutions pour diminuer de moitié dans les années à venir le milliard de Terriens qui n’ont pas accès à l’eau potable et les deux milliards qui ne disposent pas de moyens sanitaires. Il s’est également fixé pour objectif de développer des projets spécifiques pour élargir l’accès des pauvres à l’électricité et aux systèmes de santé, de stopper la dégradation des terres agraires et de protéger l’environnement au plan international. Espagne Suspension de Batasuna Le juge espagnol Baltasar Garzon, le principal juge antiterroriste espagnol, suspend les activités du parti indépendantiste basque Batasuna et fait évacuer ses sièges sociaux, notamment à Pampelune. Pour justifier sa décision, le juge Garzon qualifie la ligne politique de Batasuna de « complicité de crime contre l’humanité ». Ses membres ne pourront pas se présenter aux élections municipales de mai prochain, toutefois ses élus actuels pourront achever leur mandat. Cette suspension est édictée pour la durée de l’enquête que le juge Garzon mène depuis quatre ans sur les liens présumés entre les terroristes d’ETA et les mouvements politiques et sociaux du Pays basque espagnol. Le Code pénal espagnol prévoit la suspension, d’une durée maximale de cinq ans, des activités de toute association ou entreprise considérée comme la première étape avant leur interdiction en tant qu’organisation illégale. Le sommet de Johannesburg Dix ans après Rio et l’apparition de la notion de développement durable comme principe directeur de politique internationale (croissance économique compatible avec le respect de l’environnement et le progrès social), le président sud-africain Thabo Mbeki a inauguré le Sommet mondial du développement durable à Johannesburg le 26 août 2002. Un agenda chargé, 195 pays présents, plus de 100 chefs d’État, 7 000 ONG, des associations, de nombreux syndicats. Les représentants de la société civile tiennent en « off » leur contresommet, espérant influer sur la rédaction du texte final. Mais les regards sont tournés vers un absent de taille : le président Bush n’a pas daigné faire le voyage en Afrique du Sud et a dépêché son secrétaire d’État Colin Powell. Cette chaise vide laisse à l’Europe un rôle à jouer dans le rééquilibrage des clivages Nord-Sud. Le président Chirac l’a bien compris qui a décidé de rester sur place deux journées entières et s’est fait accompagner d’une des plus importantes délégations (trois ministres, une vingtaine d’élus). À l’heure de la mondialisation, ces rendez-vous internationaux permettent d’entretenir la prise de conscience d’une nécessaire coexistence dans la gestion politique entre l’échelon global et le local. Grande nouveauté, le secteur privé s’est invité au sommet et les représentants des plus grosses multinationales ont tenu à participer aux débats. Les entreprises sont présentes partout, sur les stands, dans les coulisses. Le Sommet de la Terre a d’ailleurs été rebaptisé pour l’occasion « Sommet mondial du développement durable, des entreprises du monde entier ». De l’américain Coca-Cola au réassureur Swiss Ré, des Trois Suisses à Monoprix, chacun rivalise de preuves downloadModeText.vue.download 93 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 91 de bonne conduite pour gagner ses galons de protecteur de l’environnement. « De minces avancées depuis Rio » Il faut dire que les attentes sont grandes. À Rio en 1992, les différents États industrialisés s’étaient engagés à respecter un certain nombre de protocoles. Dix ans plus tard, les mêmes sujets d’inquiétude sont inscrits à l’agenda de Johannesburg : le réchauffement climatique, la trop grande concentration de dioxyde de carbone dans l’air, les émissions de gaz à effet de serre dans les pays riches toujours dix fois supérieures à celles des autres pays, 1 milliard d’individus privés d’accès à l’eau potable, 2 milliards toujours sans électricité et le même nombre vivant avec moins d’un euro par jour. L’écart Nord-Sud continue à se creuser et l’aide au développement, qui aurait dû représenter 0,7 % de l’effort financier consenti par les pays riches, ne dépasse pas les 0,2 % du PIB. Les pays du Sud refusent que l’aide soit conditionnée par le respect du principe de bonne gouvernance. Les pays du Nord continuent de rester sourds aux revendications formulées par les plus pauvres qui souhaitaient notamment une disparition des subventions agricoles dans les pays développés afin de restaurer une certaine compétitivité de leurs exportations. « Tractations et points de blocage » Les discussions traînent donc en longueur et les pays peinent à trouver des compromis. Premier désaccord de taille : le différend franco-amé- ricain sur le protocole de Kyoto qui prévoit la réduction de l’émission de gaz à effet de serre. En 1997, le protocole avance des objectifs à atteindre : une réduction de 5,2 % des émissions d’ici à 2008 pour retrouver le niveau des années 1990. En novembre 2001 à la conférence de Marrakech, la plupart des pays riches tombent d’accord sur la nécessité de limiter les émissions de dioxyde de carbone. Tous, sauf les États-Unis qui refusent de prendre le moindre engagement dans ce sens. Or, pour être adopté et entrer en vigueur, le protocole de Kyoto doit être ratifié par 55 % des signataires représentant 55 % du total des émissions. Les États-Unis, gros pollueurs, jouent la carte du blocage et l’ensemble des signataires ne couvre que 35,8 % des émissions. Les Européens savent également faire la sourde oreille, notamment quand on leur parle de subventions agricoles. Jusqu’à la dernière minute, les discussions achoppent par ailleurs sur la question de l’accès aux soins dans les pays en développement et sur celle du droit des femmes à l’avortement. « Un bilan mitigé » Après moult débats, un plan d’action est finalement adopté et une déclaration politique rédigée, mais les détracteurs pointent l’imprécision des textes : les objectifs ne sont ni chiffrés ni fixés à échéance. « La montagne Johannesburg a accouché d’une souris », commentent les représentants de la société civile. Réunis dans le groupe des 77, les 133 pays en voie de développement qui attendaient des engagements concrets et des délais précis ne cachent pas leur déception. Le 4 septembre, jour de « cérémonie funèbre », les représentants des ONG, qui s’estiment supplantés par les acteurs privés, défilent en noir, bâillonnés d’autocollants « plus de sommet de la honte ». Unanimes, ils dénoncent la démission des États. « Johannesburg, ce n’est pas Rio + 10 mais Rio – 10 », déplore un militant écologiste regrettant « l’absence de dates, de chiffres et d’objectifs concrets ». D’importants points de blocage demeurent : discussions interminables autour de l’interprétation du principe de précaution, positions très évasives sur les énergies alternatives, décisions minces sur le thème de la biodiversité (défense des espèces, déforestation) et des ressources naturelles. Pourtant, concernant la question du climat, les avancées sont décisives. Plusieurs pays, parmi lesquels le Canada et la Russie, qui n’avaient pas ratifié le protocole de Kyoto, s’engagent à le faire avant la fin de l’année. Mis à part le différend qui a opposé le président du Zimbabwe et le Premier ministre britannique Tony Blair au sujet de la politique d’éviction des fermiers blancs, le sommet n’a pas été émaillé d’incidents diplomatiques majeurs. Le secrétaire des Nations unies Kofi Annan, jugeant que l’attente et les espoirs placés dans ce sommet étaient peut-être trop élevés, préfère s’en tenir à une idée positive et reconnaît comme mérite à la conférence d’avoir « généré de l’engagement politique » et retient une « impulsion à soutenir ». Rendez-vous est fixé à 2012, pour voir si oui ou non Johannesburg aura apporté une contribution décisive. CÉLINE CABOURG downloadModeText.vue.download 94 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 92 JOHANNESBURG EN 5 POINTS – Eau : réduire de moitié d’ici à 2015 la proportion d’êtres humains privés d’eau potable. – Énergie : diversifier l’approvisionnement énergétique en développant des technologies novatrices. – Biodiversité : la réduction souhaitée de l’appauvrissement de la biodiversité nécessitera le déblocage de nouvelles ressources financières et techniques en faveur des pays en voie de développement. – Protocole de Kyoto : les États qui ont déjà ratifié appellent ceux qui ne l’ont pas encore fait à le faire en temps et en heure. – Pauvreté : réaliser l’« objectif de la déclaration du millénaire de septembre 2000 » : réduire la moitié d’ici à 2015 la population mondiale qui souffre de la faim. Batasuna : une interdiction à risques Suspension, interdiction : après des années de mises en garde, la justice et la classe politique espagnoles sont passées à l’acte à l’encontre du terrorisme basque. Les mesures qui visent Batasuna sont justifiées. Il reste que, dans une démocratie, la répression d’un parti qui représente encore localement 10 % des électeurs soulève certaines questions. C’était une bombe de trop. Le 4 août, l’explo- sion d’une voiture piégée près d’une caserne de la Guardia Civil, dans la station balnéaire très fréquentée de Santa Pola, proche d’Alicante, à une heure d’affluence, a tué deux personnes et peut-être signé l’arrêt de mort de Batasuna. Pas de membre des forces de l’ordre ni même d’homme politique parmi les victimes : juste un retraité et une fillette de six ans. La bombe constituée de 50 kg d’explosif ne visait aucune cible « politique » ou « militaire » ; aveugle et gratuit, l’attentat était destiné à tuer le maximum de personnes, dans le cadre de la « campagne d’été » de l’ETA dirigée contre les intérêts touristiques de l’Espagne. Avec le conseiller municipal socialiste tué à Orio, au Pays basque, en mars, ces deux morts portent à trois le nombre de victimes de l’organisation armée clandestine depuis le début de l’année. La classe politique espagnole dans son ensemble et le gouvernement autonome basque ont condamné l’attentat et appelé à des manifestations de protestation. À l’exception notable de la coalition indépendantiste Batasuna, considérée comme la « vitrine légale » de l’ETA. « Ordures humaines » Le lendemain de l’attentat, des dizaines de milliers d’Espagnols à travers le pays se sont mobilisés une fois de plus contre l’ETA, démontrant ainsi l’isolement des extrémistes basques et la profonde impopularité de leur stratégie. Le même jour, aux obsèques des victimes, le Premier ministre, José Maria Aznar, a qualifié d’« ordures humaines » les dirigeants de Batasuna, « tout aussi responsables » du terrorisme que l’ETA, à ses yeux, en raison de leur refus de condamner les attentats et de dénoncer les exactions commises au nom de la lutte pour l’indépendance du Pays basque. Mais, cette fois, José Maria Aznar est passé des imprécations aux actes. Mettant à exécution sa menace d’engager une procédure d’interdiction de Batasuna si ce dernier ne condamnait pas l’attentat de Santa Pola, il a transmis à cet effet les pièces du dossier au procureur général de l’État et a demandé au Congrès des députés d’autoriser le gouvernement à saisir le Tribunal suprême. Le Premier ministre a agi en application de la nouvelle loi sur les partis politiques adoptée en juin – et taillée sur mesure pour Batasuna, estime-t-on généralement. Fruit du climat instauré par les attentats du 11 Septembre, celle-ci permet d’interdire un parti qui « soutient activement ou tacitement le terrorisme ». L’absence de condamnation d’un attentat terroriste vaut-elle soutien tacite ? La justice aussi s’intéresse à Batasuna. Au terme de cinq années d’enquête sur la nébuleuse de mouvements entourant l’ETA, le juge antiterroriste Baltasar Garzon a gelé les comptes bancaires du parti basque, en juin. Le qualifiant de « société écran » de l’ETA, il l’a estimé « civilement responsable » des dégâts occasionnés par la guérilla urbaine que mènent diverses organisations de la jeunesse indépendantiste, tour à tour interdites, sous l’égide de l’ETA. Le 26 août, les actions politiques et judiciaires conduites à l’encontre de Batasuna se sont spectaculairement rejointes. Poursuivant sa démarche, le juge Garzon a ordonné la suspension downloadModeText.vue.download 95 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 93 pour trois ans des activités politiques de Batasuna, en application de l’article du Code pénal qui permet de faire ainsi cesser un délit présumé, en l’occurrence celui de collusion avec l’ETA. En conséquence, Batsuna a été sommé de fermer ses permanences et de s’abstenir de toute manifestation politique ; ses élus ne pourront plus exercer leur mandat qu’à titre individuel. Le même jour, le Congrès des députés réuni en session extraordinaire a autorisé le gouvernement à saisir le Tribunal suprême d’une demande d’interdiction de Batasuna. Seuls les élus du Parti nationaliste basque (PNV), au pouvoir à Bilbao, ont voté contre ; les nationalistes catalans de Convergence et Union et les communistes se sont abstenus. Risques de dislocation En démocratie, l’interdiction d’un parti politique n’est jamais anodine. Celle-ci se justifie pleinement, politiquement, juridiquement et moralement. Batasuna aura beau continuer à dénoncer la « dictature » de Madrid, personne ne niera le fait que le Pays basque est certainement la région d’Europe qui bénéficie du plus large régime d’autonomie possible, et que les institutions européennes offrent toutes les garanties de recours aux citoyens basques qui se sentiraient opprimés. L’interdiction de Batasuna n’en pose pas moins de nombreuses questions. Les affrontements causés par l’intervention de la police basque contre les permanences du mouvement indépendantiste, en application de la décision du juge Garzon, ont illustré les risques de dislocation qui menacent une communauté à l’identité politique et sociale encore imparfaitement constituée. Sur le terrain, la disparition de Batasuna ne va-t-elle pas faire de l’ETA la seule référence du mouvement indépendantiste radical ? De quelle possibilité d’expression, en effet, disposeront désormais les électeurs de Batasuna ? De plus, comme le demandait un représentant du PNV : « Qui va-t-on mettre hors la loi après le prochain attentat ? » ALAIN POLAK BATASUNA ET ETA Euzkadi Ta Akatasuna (ETA) – « Patrie et Liberté » – est créé en 1959 par des opposants aux conservateurs du Parti nationaliste basque (PNV). En décembre 1973, il se distingue par l’assassinat de l’amiral Carrero Blanco, président du gouvernement et successeur désigné de Franco. En novembre 1975, la mort du caudillo ouvre la voie à la démocratisation du pays. Coalition indépendantiste de l’extrême gauche « patriote », Herri Batasuna (HB) – « Unité populaire » – est créée en avril 1978 en prévision de l’octroi d’un statut d’autonomie au Pays basque – il sera adopté par référendum en octobre 1979. Soutenue par l’aile dure de l’ETA, HB fait figure de « vitrine légale » de l’organisation clandestine. Lors des premières élections régionales, en mars 1980, les modérés du PNV remportent la majorité au Parlement basque, qu’ils détiennent toujours. En octobre 1998, un mois après la proclamation par l’ETA d’une trêve « illimitée », la coalition Euskal Herritarok (EH) fondée par HB crée la surprise en obtenant près de 18 % des suffrages et 14 élus sur 75 aux élections régionales. En mai 2001, seize mois après la rupture de la trêve par l’ETA, EH perd la moitié de ses représentants au Parlement de Vitoria, plafonnant à 10 % des voix. Selon le sociologue basque Javier Elzo, « dans Batasuna, 30 000 à 50 000 militants approuvent les actions de l’ETA et une minorité y collabore. Mais la majorité, 100 000 personnes environ, est contre et 25 000 autres changent d’opinion selon les cas ». 30 France/Roumanie Accord sur l’immigration clandestine Le ministre français de l’Intérieur Nicolas Sarkozy signe à Bucarest avec son homologue roumain Ioan Rus un protocole sur la lutte contre « la criminalité organisée et la traite des êtres humains ». L’accord symbolise la « nouvelle politique de l’immigration » du ministre français, qui fait de la Roumanie son premier champ d’application. Il prévoit, à partir du 15 septembre, le détachement de fonctionnaires de police français en Roumanie afin d’assister les douaniers locaux dans le contrôle des frontières. En aval, le protocole signé par Nicolas Sarkozy et Ioan Rus définit les nouvelles modalités d’expulsion – « de réadmission », selon le jargon officiel – des Roumains en situation irrégulière en France, soit ceux qui ont dépassé les trois mois au downloadModeText.vue.download 96 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 94 titre du séjour touristique. Selon Nicolas Sarkozy, sur les huit premiers mois de 2002, 7,5 % des délinquants interpellés (soit 580 personnes) dans la zone de la Préfecture de Police de Paris (Paris et les Hauts-deSeine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne) sont des Roumains. Les prochains partenaires annoncés de la « nouvelle politique de l’immigration », désignés par Nicolas Sarkozy, sont l’Afghanistan et le Mali. downloadModeText.vue.download 97 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 95 Septembre 2 France Jacques Chirac au Sommet de la Terre S’exprimant au Sommet de la Terre à Johannesburg, Jacques Chirac plaide pour que les pays riches et les pays du Sud admettent leur responsabilité partagée pour sauver la planète et concluent « une alliance mondiale » pour le développement durable. En outre, il évoque une taxe mondiale pour financer le développement et préconise que les pays riches portent l’aide au développement à 0,7 % de leur PIB dans les dix ans afin d’éradiquer la pauvreté, l’un des « cinq chantiers prioritaires » avec, selon le président de la République, la ratification du protocole de Kyoto sur les changements climatiques, la préservation de la diversité biologique et culturelle, un changement des modes de production et de consommation et une « gouvernance mondiale » avec la création d’un Conseil de sécurité économique et social et d’une Organisation mondiale de l’environnement. 5 Afghanistan Tentative d’attentat contre Hamid Karzaï Le président afghan Hamid Karzaï échappe à une tentative d’assassinat : un garde en uniforme a ouvert le feu sur sa voiture alors qu’il quittait la résidence du gouverneur de Kandahar, Gui Agha Sherzaï, qui a été blessé. Le président afghan se trouvait à Kandahar pour assister au mariage de son plus jeune frère, Ahmed Wali Karzaï. 8 Népal Offensive rebelle au Népal La guérilla maoïste au Népal lance une attaque d’envergure contre des postes de sécurité, au sudouest de Katmandou. Les rebelles, dont le nombre est estimé à 4 000, visent le secteur de Sandhikharka du district d’Arghakanchi, à environ 300 km au sudouest de la capitale népalaise. Cette attaque survient au lendemain d’un raid meurtrier mené par un millier de rebelles contre un poste de police de l’est du pays, qui a fait 49 morts dans les rangs des forces de l’ordre. Cette opération des maoïstes est la plus sanglante depuis la levée de l’état d’urgence, le 28 août. Le gouvernement envisage de rétablir ce dernier, mais certains partis politiques s’y opposent à l’approche des élections législatives, qui doivent débuter le 13 novembre et que les rebelles veulent torpiller. La guérilla maoïste lutte depuis 1996 pour l’instauration d’une république communiste au Népal. 9 Autriche Crise politique Le chancelier conservateur Wolfgang Schüssel (parti du Peuple, centre droit) annonce qu’il ne lui est plus possible de gouverner et présente en conséquence la démission de son gouvernement en raison de la grave crise qui secoue le parti de la Liberté (FPÖ), le parti d’extrême droite – autrefois dirigé par Jörg Haider – avec lequel il partage le pouvoir. Le Parlement pourrait être dissous le 19 septembre et de nouvelles élections auront lieu avant la fin de l’année. Cette crise intervient après que la vice-chancelière Susanne Riess-Passer et le ministre des Finances Karl-Heinz Grasser, tous deux membres du parti de la Liberté, ont annoncé leur démission du gouvernement en raison d’une crise interne au sein de leur formation. Le président du groupe FPÖ au Parlement, Peter Westenthaler, a lui aussi démissionné. Mme Riess- Passer, qui dirige le FPÖ, estime que les désaccords internes au sein de sa formation l’empêchent de travailler efficacement au sein du gouvernement et de la coalition au pouvoir. Ces démissions devraient combler Jörg Haider, actuel gouverneur de la province de Carinthie, qui conteste l’action du gouvernement de coalition, notamment à propos du retrait d’un projet de réforme fiscale. France Inondations meurtrières dans le Sud-Est Des pluies diluviennes s’abattent pendant vingtquatre heures sur le Gard, le département le plus touché, l’Hérault, le Vaucluse, l’Ardèche et les Bouchesdu-Rhône, provoquant les crues du Vidourle, du Gardon et du Rhône. Le réseau routier est paralysé, le trafic ferroviaire interrompu, des dizaines de milliers de foyers privés d’électricité, plus de 1 000 personnes downloadModeText.vue.download 98 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 96 hébergées dans des centres d’accueil. Une digue a cédé dans la région de Sommières (Gard), entraînant d’importantes crues du Vidourle, de Sommières jusqu’au Grau-du-Roi. Le bilan humain est lourd, avec au moins 23 morts et une trentaine de disparus. Le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy annonce que le montant des dégâts des inondations est évalué à 1,2 milliard d’euros, dont 80 % pour le seul département du Gard. L’État devrait fournir une aide de 40 millions d’euros dans le cadre de la procédure de calamité agricole et le fonds d’intervention et de sauvegarde de l’artisanat et du commerce sera mobilisé pour compenser les pertes d’exploitation. La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur annonce pour sa part le déblocage de 10 millions d’euros. Le gouvernement autrichien met fin à l’expérience populiste Les dissensions profondes déchirant le parti de la droite populiste associé aux conservateurs au sein d’une coalition très controversée au pouvoir à Vienne depuis février 2000 ont eu raison du gouvernement du chancelier Wolfgang Schüssel. Sous la pression des radicaux de son parti emmenés par Jörg Haider, la vice-chancelière Susanne Riess-Passer démissionne le 8 septembre, entraînant l’éclatement de la coalition. Plutôt que de poursuivre en l’état l’expérience aventureuse d’une alliance avec la droite populiste, le chancelier conservateur opte pour de nouvelles élections législatives, fixées au 24 novembre. La crise couvait depuis plusieurs mois à Vienne, et était inscrite d’ailleurs dans l’acte de naissance même de la coalition associant depuis février 2000 le parti conservateur ÖVP à la droite populiste rassemblée sous la bannière du parti de la Liberté (FPÖ, extrême droite). Régulièrement secouée par les frasques de Jörg Haider, qui, depuis son poste de gouverneur de Carinthie, continuait à tirer les ficelles d’un parti dont il a officiellement quitté la direction, la coalition au parfum de scandale ne semblait tenir que par l’obstination du chancelier conservateur Wolfgang Schüssel, à l’origine de cette alliance controversée. Pourtant, le chancelier n’aura pas à se dédire, en revenant sur une décision politique qu’il s’est entêté à assumer, comme par provocation, malgré l’opprobre international et les menaces d’ostracisme qu’elle lui a valus. Un FPÖ déchiré par des luttes intestines Les dissensions internes du FPÖ, déchiré depuis de longs mois entre un noyau radical résolument à son aise dans l’opposition et une frange libérale et pragmatique, plus apte au compromis, épargneront à M. Schüssel cet exercice d’autocritique, en réussissant là où avaient échoué les gigantesques manifestations de rue de l’opposition autrichienne et les pressions de la communauté internationale : faire tomber un gouvernement en perte de popularité en débarrassant au passage les conservateurs de partenaires devenus d’autant plus encombrants qu’ils multipliaient les obstacles à la mise en oeuvre des réformes. En présentant le 8 septembre sa démission du gouvernement, pour se soustraire, a-t-elle expliqué, aux pressions devenues insupportables de Jörg Haider et des radicaux du FPÖ dont elle est pourtant la présidente en exercice, la vice-chancelière allait provoquer l’éclatement de la coalition au pouvoir. Comme le ministre des Finances Karl-Heinz Grasser, lui aussi démissionnaire, dans le collimateur de J. Haider pour ses positions plus modérées, elle avait refusé obstinément d’honorer l’une des promesses électorales du parti d’extrême droite, c’est-à-dire la baisse des impôts à partir de 2003. Mme RiessPasser voulait éviter un congrès extraordinaire du FPÖ qui aurait désavoué la ligne politique du gouvernement sur ce point comme sur l’élargissement à l’Est de l’UE, soutenu par l’équipe gouvernementale et auquel les amis de M. Haider sont farouchement opposés. Mais les dissensions étalées par le parti populiste étaient devenues « difficilement supportables pour l’opinion publique », selon M. Grasser qui a soutenu la vice-chancelière tout au long de cette crise dont le chancelier Schüssel refusera qu’elle se règle par un compromis permettant le maintien de la coalition. Car après le départ du gouvernement de ses deux ténors, le FPÖ comptait encore cinq ministres et secrétaires d’État, dont celui en charge de la défense. Le chancelier avait donc la possibilité de remanier son gouvernement en acceptant deux candidats ministres proposés par J. Haider, qui tablait d’ailleurs sur un tel scénario pour imposer plus efficacement sa politique dans le gouvernement. Mais déjouant les attentes du leader populiste, et prenant de court downloadModeText.vue.download 99 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 97 une opposition sociale-démocrate qui misait sur un prolongement de la crise débouchant sur des élections anticipées au printemps 2003, au lieu de l’automne 2003, comme le prévoyait le calendrier électoral, M. Schüssel optera pour l’autre solution, qui consistait à présenter la démission de son équipe au président Thomas Klestil et à précipiter l’échéance. La fin d’une expérience aventureuse Il s’exécutera dès le 9 septembre, signant du même coup la fin de l’alliance avec la droite populiste pour laquelle il n’exprimera d’ailleurs aucune sorte de remords. Après avoir suscité un tollé en Autriche et en Europe pour avoir été le premier responsable politique de l’UE à faire entrer au gouvernement une formation incluant des éléments d’extrême droite, il se flatte désormais d’être le premier à avoir interrompu cette expérience à haut risque. Avec une certaine discrétion, certes, car si M. Schüssel compte bien engranger les dividendes de cette rupture, dont il rejette d’ailleurs la responsabilité sur M. Haider, lors des élections fixées au 24 novembre, il n’exclut pas de s’allier à nouveau au FPÖ si ce dernier choisit une ligne plus modérée. Dopé par des sondages qui, après avoir sanctionné son gouvernement, soulignent l’adhésion de l’opinion à sa décision d’anticiper le scrutin, le chancelier se déclarait en tout cas prêt à se soumettre à l’épreuve des urnes, même si la nostalgie de l’époque plus sereine de la grande coalition entre socialistes et conservateurs commence à se fait sentir dans l’électorat. L’ambition du chancelier semble toutefois peu compatible avec les exigences de l’opposition de gauche, qui rechigne à revenir à une grande coalition avec ses anciens partenaires conservateurs de l’ÖVP s’ils ne se sont pas choisis un autre chef de file. Disposant depuis des mois d’une cote stable de 35 %, les socialistes du SPÖ sont sensibles à d’autres précédents que ceux dont se réclame le chancelier sortant, suivi peu après par les conservateurs néerlandais, en divorce eux aussi avec leurs éphémères partenaires populistes : envisageant une coalition avec les Verts, crédités de 12 à 14 %, ils comptent bien profiter du renversement de tendance observé depuis peu en Europe et espèrent rééditer dans les urnes l’exploit des socialistes suédois et allemands. ULYSSE GARO LE FPÖ TENTE DE REMONTER LA PENTE En chute libre dans les sondages, le FPÖ est le grand perdant de la crise qui a causé l’éclatement d’une coalition sur laquelle comptait J. Haider pour « révolutionner » la société. Après avoir fait son deuil de ses ambitions de chancelier, le leader populiste renonçait le 14 septembre à la présidence du FPÖ, confiée en mai 2000 à Mme Riess-Passer. M. Haider a ainsi boudé le congrès du FPÖ qui devait trancher, le 21 septembre, entre les radicaux, favorables à une ligne nationaliste dure, et les pragmatiques, désireux de poursuivre la coopération avec la droite classique. Ces derniers l’ont emporté, avec l’élection, par 92 % des délégués, de Mathias Reichold, un ancien proche de M. Haider devenu modéré. L’élection à la tête du FPÖ, qu’il entend transformer en un parti libéral, de cet agriculteur de Carinthie, ministre des Transports, est censée resserrer les rangs du parti dans la perspective du scrutin de novembre. 11 Pakistan Arrestations de membres d’al-Quaida L’armée américaine annonce l’arrestation d’un homme soupçonné de financer les talibans ou le réseau al-Qaida d’Oussama Ben Laden au cours de l’opération « Champion Strike » menée dans la province de Paktika dans le sud-est de l’Afghanistan, à la frontière avec le Pakistan. Au moins huit autres personnes sont appréhendées et un important stock d’armes saisi. Au Pakistan, cinq hommes suspectés d’appartenir au réseau al-Qaida et arrêtés par la police pakistanaise à Karachi sont remis aux ÉtatsUnis. Parmi eux figure Ramzi ben Al-Shaiba, qui avait déclaré dans une interview accordée à la chaîne qatariote al-Jazira être l’un des coordinateurs des attentats du 11 Septembre. Par ailleurs, la police italienne interpelle 15 ressortissants pakistanais soupçonnés d’appartenir au réseau al-Qaida d’Oussama Ben Laden. Ces arrestations ont lieu à Caltanissetta, localité du centre de la Sicile. Ces hommes devraient être inculpés pour association subversive et association ayant pour objectif une entreprise terroriste internationale. Depuis les attentats commis aux États-Unis, downloadModeText.vue.download 100 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 98 l’Italie apparaît comme la principale base logistique d’al-Qaida en Europe. 12 France Démission de Michel Bon Le président de France Télécom présente sa démission au gouvernement français lors d’un conseil d’administration de l’opérateur public, détenu à 55 % par l’État français. Malgré une progression de 10 % de son chiffre d’affaires, France Télécom affiche pour le premier semestre une perte record de 12,18 milliards d’euros. Le ministre de l’Économie et des Finances Francis Mer déclare que le successeur de Michel Bon sera désigné au début d’octobre. Le ministre délégué au Budget et à la Réforme budgétaire Alain Lambert annonce que la solution d’une recapitalisation de France Télécom sera étudiée avec le nouveau management. Il estime cette recapitalisation à 15 milliards d’euros, sans que « l’opération ne passe sur le budget de l’État ». États-Unis Bush à l’ONU Dans un discours prononcé devant l’Assemblée générale des Nations unies, le président américain George W. Bush dénonce les violations du droit international perpétrées, selon lui, par Bagdad, et fixe cinq conditions au régime de Saddam Hussein sans lesquelles « une action est inévitable » : « retirer ou détruire immédiatement et sans conditions toutes ses armes de destruction massive, tous ses missiles longue portée et tous les matériels les accompagnant » ; « mettre immédiatement fin à tout soutien au terrorisme et agir pour le supprimer » ; « cesser les persécutions contre la population civile » irakienne ; « régler les contentieux restant de l’invasion du Koweït » ; « mettre fin immédiatement au commerce illicite en dehors du programme pétrole contre nourriture » supervisé par l’ONU. 14 Athlétisme Nouveau record du 100 mètres L’Américain Tim Montgomery, âgé de vingt-sept ans, bat le record du monde du 100 mètres sur la piste du stade Charléty, à Paris, lors de la finale du Grand Prix. Parcourant la distance en 9 secondes 78 centièmes, il améliore d’un centième le record détenu par son compatriote Maurice Greene depuis 1997. France Cinq pompiers morts au feu Cinq pompiers de la 5e brigade affectés à la caserne Champerret, dans le XVIIe arrondissement de Paris, sont victimes de deux explosions successives lors d’une intervention anodine dans une chambre de bonne à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Les deux locataires de la chambre sont interpellés. 15 Suède Victoire des sociaux-démocrates aux législatives La gauche arrive largement en tête des élections législatives avec 53 % des suffrages et 191 mandats sur 349, contre 43,8 % à l’opposition de droite. À eux seuls, les sociaux-démocrates, dont le gouvernement minoritaire bénéficiait jusqu’à présent du soutien au Parlement du parti de Gauche (ex-communiste) et des Verts, recueillent 40 % des voix (+ 3,6 points) et 144 sièges (+ 13). « C’est un succès fantastique », a commenté le Premier ministre social-démocrate sortant Göran Persson. Le parti de Gauche recule à 8,4 % (– 3,6 points) et 30 mandats (– 13) tandis que les Verts recueillent 4,6 % des voix (+ 0,1 point) et 17 mandats (+ 1). L’opposition de droite, qui avait présenté une plate-forme commune, recueille 43,8 % des suffrages et 158 mandats, 1 de moins que dans la législature sortante. Grands perdants du scrutin, les conservateurs, avec 15,1 % des voix, n’ont plus que 55 sièges (– 7,8 points, – 27 sièges). Le taux de participation a été le plus faible depuis les années 1950 : seulement 79 % des électeurs se sont déplacés. L’indémodable modèle suédois Les législatives du 15 septembre ont accordé une victoire écrasante aux sociaux-démocrates, dont le chef de file, Göran Persson, a été reconduit à la tête d’un gouvernement de coalition qui peut se passer de l’appui des Verts. Cette victoire doit être mise à l’actif du Premier ministre, qui a déployé tous ses efforts pour ranimer downloadModeText.vue.download 101 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 99 le modèle social suédois, toujours en vogue auprès des électeurs. Au-delà, cette victoire marque le reflux de la vague conservatrice qui avait emporté les gouvernements sociaux-démocrates dans nombre de pays de l’UE et constitue un bon présage pour la gauche allemande, qui se soumettait à l’épreuve des urnes le 22 septembre. La rose rouge n’est pas fanée Rompant le cycle des défaites qui tendaient à déplacer vers la droite le centre de gravité politique de l’UE, les sociaux-démocrates suédois ont remporté une éclatante victoire lors des législatives du 15 septembre. Forts de plus de 40 % des suffrages, les sociaux-démocrates, conduits par le Premier ministre sortant, Göran Persson, ont montré que les revers électoraux essuyés par les partis de gauche au pouvoir dans un certain nombre de pays européens, où ils ont été emportés par une vague conservatrice charriant parfois des relents populistes, n’avaient rien d’une fatalité. Contre tous ceux qui « traitent les sociaux-démocrates de démodés », G. Persson a démontré magistralement que la rose rouge qu’ils se sont choisie pour emblème ne s’est pas fanée, en Suède en tout cas, où, avec leurs alliés verts et ex-communistes, ils remportent 53,2 % des voix, devançant ainsi de 10 points la coalition de droite, à la grande surprise des instituts de sondage qui annonçaient un score bien plus serré. Les sondages n’avaient pas prévu en effet l’effondrement du Parti conservateur, qui n’a recueilli que 15,2 % des voix, soit presque 8 points de moins qu’en 1998, un déficit de voix dû notamment à sa baisse de popularité dans l’électorat jeune. Avec 30 sièges de moins au Parlement, le Parti conservateur s’est retrouvé presque au niveau du Parti libéral qui, avec 13,2 % des voix (4,7 % en 1998), a été promu, en moins de deux mois, au rang de troisième force politique. C’est par cette promotion soudaine du Parti libéral, qui doit beaucoup au thème de l’immigration que son leader avait lancé début août dans le débat politique, que les élections suédoises rejoignent une constante populiste observée dernièrement dans les processus électoraux d’autres pays européens, certes avec la modé- ration de ton propre à la Suède. Car si le thème de l’immigration et de son corollaire presque obligé, la sécurité, a permis aux libéraux de faire une percée spectaculaire dans les sondages puis dans les urnes et constitue une concession au populisme en vogue dans d’autres pays européens, ce parti de tradition humaniste peut difficilement être accusé de xénophobie et fait toujours figure de garde-fou présentable à une extrême droite qui vient de montrer ailleurs, aux Pays-Bas et en France par exemple, sa capacité de mobilisation. Piètre résultat pour les Verts En tout état de cause, ces bouleversements à droite de l’échiquier politique suédois ne semblent menacer en rien la prééminence du Parti social-démocrate, qui est toujours, et de très loin, la première force politique du pays et entend bien le rester, d’autant plus que le piètre score des Verts lui permet de se passer du soutien d’alliés écologistes qui se sont montrés bien encombrants au Parlement depuis quatre ans. Antieuropéens convaincus, ce qui les plaçait souvent en contradiction avec des sociaux-démocrates en phase avec Bruxelles même s’ils se sont accordé un délai pour l’entrée dans le club de l’euro, les Verts avaient fait monter les enchères à la veille du scrutin en exigeant un poste ministériel en échange de leur soutien. Le chantage, auquel le Premier ministre avait adressé une fin de non-recevoir, ne s’est pas avéré payant et, dans ce pays où l’écologie est intégrée à la culture politique, les électeurs ont surtout voté en faveur de ceux qui leur semblaient les mieux à même de défendre un « modèle suédois » fondé sur une répartition équitable des richesses, auquel ils restent très attachés, contre vents et marées de la mondialisation. Même les arguments fiscaux avancés par la coalition de centre droit, qui avait fait de la baisse des impôts, parmi les plus lourds des pays occidentaux, son cheval de bataille, n’ont pas ébranlé la foi des Suédois en leur « modèle ». D’autant que la défense de ce solide système de protection sociale allait de pair avec un bilan économique et politique plutôt favorable au gouvernement de G. Persson qui, en quatre ans, a redressé les finances publiques et ramené l’inflation à 2 %. Si les Suédois ont par ailleurs apprécié les efforts du Premier ministre pour remodeler une image souvent taxée de dirigisme, ils lui ont surtout su gré d’avoir tenu sa promesse électorale de 1998 de réduire le chômage de moitié. Touchant 4,1 % de la population active, le taux de chômage en Suède est l’un des plus bas d’Europe. Ils l’ont aussi jugé sur la stature internationale qu’il a acquise depuis les attentats downloadModeText.vue.download 102 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 100 du 11 septembre 2001, en rangeant la Suède aux côtés des États-Unis, au prix de sa sacro-sainte neutralité. Alors qu’avec leurs alliés ex-communistes les sociaux-démocrates disposent désormais, avec 175 sièges, de la majorité absolue au Parlement de Stockholm, G. Persson pouvait se permettre d’adresser ses encouragements aux « camarades allemands », qui devaient passer l’épreuve des urnes le 22 septembre, en espérant que sa victoire sera un autre modèle suédois, cette fois pour les élections à venir en Europe. Confirmant le ressaisissement de la gauche, la victoire à l’arraché de Gerhard Schröder et des sociaux-démocrates allemands lui donnera raison. ULYSSE GARO GÖRAN PERSSON À cinquante-trois ans, Göran Persson est le principal artisan de la victoire des sociauxdémocrates. En deux ans, il est parvenu à troquer son image de « décideur solitaire » contre celle de « père de la nation », d’autant plus respecté après la présidence suédoise de l’UE en 2001 et après son soutien aux Américains dans leur lutte contre le terrorisme. Né en 1949 dans une famille modeste de Vingaaker, il devient le président des jeunes sociaux-démocrates dès dix-sept ans. S’il renonce à ses études de sociologie, il persévère dans la carrière politique, devenant député à trente ans. Dix ans plus tard, il devient ministre de l’Éducation, avant d’être nommé aux Finances en 1994. Il y reste deux ans, le temps d’accompagner l’entrée de la Suède dans l’UE, puis Ingvar Carlsson lui passe le relais, à la tête du gouvernement et du Parti social-démocrate. Son budget d’austérité est à l’origine du mauvais score des sociaux-démocrates en 1998, le pire depuis la Première Guerre mondiale. G. Persson doit alors composer avec les Verts et les ex-communistes pour former un gouvernement minoritaire. 16 Irak Saddam accepte la venue des inspecteurs de l’ONU Soumis à de fortes pressions diplomatiques internationales sur fond de menace d’offensive militaire américaine, le président irakien Saddam Hussein déclare accepter le retour sans condition des inspecteurs en armement des Nations unies, absents de l’Irak depuis quatre ans. La Maison-Blanche et son alliée, la Grande-Bretagne, réagissent avec scepticisme à la proposition de l’Irak, y voyant une tactique vouée à l’échec, et affirment qu’une nouvelle résolution de l’ONU reste nécessaire pour forcer Bagdad à désarmer. La Russie juge quant à elle qu’une nouvelle résolution n’est pas nécessaire. France Arrestation du chef militaire de l’ETA Le chef présumé des commandos de l’ETA, Juan Antonio Olarra Guridi, âgé de trente-cinq ans, est arrêté, avec sa compagne Ainhoa Mugica, à Talence, près de Bordeaux (Gironde). Juan Antonio Olarra Guridi, alias « Oskarbi », de nationalité espagnole, était recherché par les polices française et espagnole depuis plusieurs années. Alors qu’il appartenait au commando Madrid de l’ETA, il serait mis en cause dans l’assassinat en 1991 du colonel Luis Garcia Gorritio et plusieurs assassinats de gardes civils, d’un policier, ainsi que dans des attentats qui ont coûté la vie au socialiste Fernando Mugica et au magistrat Martinez Emperador. Sa compagne est suspectée de participation à l’assassinat d’un magistrat du tribunal constitutionnel, Francisco Tomas y Valiente, en 1996 et à l’attentat contre le lieutenant colonel Jesus Agustin Cuesta en 1997. Le 20, deux autres membres présumés de l’organisation séparatiste basque sont interpellés à Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne). Madrid fait part de son intention de demander aux autorités françaises l’extradition temporaire immédiate des membres présumés de l’ETA afin de les juger rapidement en Espagne. downloadModeText.vue.download 103 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 101 17 Japon/Corée du Nord Le Premier ministre japonais en Corée du Nord Le Premier ministre japonais Junichiro Koizumi effectue une visite historique en Corée du Nord, où il rencontre le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il à Pyongyang. Les deux dirigeants conviennent de rouvrir des discussions pour normaliser leurs relations. Mettant fin à des années de déni, Kim Jong-il confirme à son homologue que des espions nord-coréens avaient enlevé onze ressortissants japonais il y a trente ans et déclare qu’au moins quatre d’entre eux sont toujours vivants. Ce dossier des Japonais disparus constituait le problème le plus délicat divisant les deux pays. Le Japon et la Corée du Nord n’ont jamais eu de relations diplomatiques formelles et des pourparlers de normalisation avaient échoué il y a deux ans précisément sur ce dossier des enlèvements. De son côté, le Japon présente des excuses officielles à la Corée du Nord pour l’occupation de la péninsule de 1910 à 1945. France États généraux de la sécurité routière Jacques Chirac demande au gouvernement de préparer un plan d’action global contre l’insécurité routière, ce fléau « indigne d’un grand pays moderne », à l’occasion des États généraux de la sécurité routière organisés à Paris par le ministre des Transports Gilles de Robien pour engager la concertation avec les différents acteurs : sept ministres, les représentants des principales administrations et ceux des associations, des professionnels, des élus, des experts. Trois thèmes ont été débattus : comment mieux faire respecter les règles ? Comment équiper les véhicules pour les rendre plus sûrs ? Comment renforcer la mobilisation des acteurs de la sécurité routière ? Ces États généraux constituent le point de départ de l’action gouvernementale. Elle se poursuivra par la réunion du Comité interministériel de sécurité routière (prévue fin novembre), dont les décisions, celles ne pouvant faire l’objet d’une application immédiate, seront développées dans le cadre d’un projet de loi présenté à la session parlementaire de printemps. Avec plus de 8 000 morts et 26 000 blessés graves chaque année sur la route, la France occupe la position de lanterne rouge de la sécurité routière en Europe. Le président de la République préconise la mise en oeuvre d’une « nouvelle politique de sécurité routière englobant tous les aspects du problème » : formation et responsabilisation des conducteurs, prévention des accidents et organisation des secours, renforcement des contrôles et de l’efficacité des sanctions. En juillet dernier, Gilles de Robien avait évoqué la création d’une police de la route. Le gouvernement pourrait également rendre obligatoire l’installation de boîtes noires dans les automobiles et abaisser à zéro le taux d’alcoolémie autorisé au volant, contre 0,5 gramme par litre actuellement. Le 27, le président se prononce pour un durcissement des sanctions pour les usagers de drogues conduisant une voiture. 18 France Papon remis en liberté Maurice Papon est remis en liberté pour raisons de santé. Soulignant les conclusions « convergentes » des experts, qui ont estimé que Maurice Papon présentait « un faisceau de pathologies engageant le pronostic vital », la cour d’appel a suivi à la lettre la loi du 4 mars 2002 sur le droit des malades et ordonné la « suspension » de sa peine. Ses avocats, Jean-Marc Varaut et Francis Vuillemin, ont donc obtenu gain de cause après avoir multiplié recours en grâce et requêtes devant la Cour européenne depuis trois ans. Âgé de quatre-vingt-douze ans, l’ancien fonc- tionnaire de Vichy n’aura effectué qu’un peu moins de trois ans de prison, soit moins d’un tiers des dix années de réclusion que lui avait infligées la cour d’assises de Gironde en 1998, pour « complicités de crimes contre l’humanité ». En juillet dernier, la Cour européenne des droits de l’homme avait condamné la France pour « procès inéquitable », pour avoir obligé Maurice Papon à se constituer prisonnier à la veille de son pourvoi en cassation. Le 19, le garde des Sceaux Dominique Perben donne son accord au parquet général de Paris pour former un pourvoi en cassation contre la décision de la cour d’appel de remettre en liberté Maurice Papon pour raisons de santé : « Le ministre considère que la décision n’est pas suffisamment explicitée ou motivée. » La chancellerie insiste downloadModeText.vue.download 104 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 102 également sur la gravité des crimes qui ont conduit à l’incarcération de Maurice Papon. Pakistan Arrestation des auteurs de l’attentat antifrançais de Karachi Le gouvernement pakistanais annonce l’arrestation de 7 personnes liées au terrorisme. L’une d’elles « est soupçonnée d’avoir conçu l’attentat contre un autobus près de l’hôtel Sheraton à Karachi » qui avait fait 14 morts, dont 11 ingénieurs français de la Direction des constructions navales de Cherbourg (DCN) le 8 mai dernier à Karachi. Cet acte terroriste, qui n’avait pas été revendiqué au moment des faits, montre une nouvelle fois que les États-Unis ne sont plus l’unique cible du terrorisme international et que le Pakistan, voisin d’un Afghanistan en voie de pacification, abrite des groupes extrémistes très actifs en dépit de sa politique antiterroriste affichée. Toutes les personnes appréhendées appartiendraient, selon les autorités pakistanaises, à une branche de l’organisation Harkat-ul-Mujahdeen qui combat l’armée indienne au Cachemire et qui est réputée avoir des liens avec le réseau al-Qaida d’Oussama Ben Laden. 19 Côte d’Ivoire Tentative de coup d’État en Côte d’Ivoire Des militaires insurgés attaquent les résidences du président Gbagbo et des membres du gouvernement ainsi que des bases militaires et d’autres sites d’Abidjan. Le ministre de l’Intérieur Émile Boga Doudou est tué lors de ces attaques. D’autres attaques sont signalées dans au moins trois villes du centre et du nord du pays. Le général Robert Gueï, accusé d’avoir joué un rôle dans le soulèvement, est tué par des gendarmes loyalistes dans le centre d’Abidjan. Ancien responsable de l’armée ivoirienne, le général Gueï avait pris le pouvoir en décembre 1999, lors du premier coup d’État militaire perpétré en Côte d’Ivoire, considéré autrefois comme une oasis de stabilité en Afrique occidentale. Après les élections organisées l’année suivante, le général Gueï, accusé d’avoir voulu manipuler le scrutin pour voler la victoire, avait dû abandonner la tête du pays sous la pression de la rue. Au troisième jour de la tentative de coup d’État en Côte d’Ivoire, Abidjan reste sous le contrôle des forces loyalistes, alors que Bouaké et Korhogo, deux grandes villes de l’intérieur du pays, sont toujours tenues par les rebelles. Sur les instances pressantes de plusieurs chancelleries étrangères, les autorités ivoiriennes cherchent à trouver une sortie négociée à cette crise, pour éviter un bain de sang. Côté français, on indique que la France n’était pas impliquée jusqu’à présent dans une quelconque médiation entre le gouvernement et les mutins. Proche-Orient Reprise des attentats-suicides en Israël Six personnes sont tuées, dont le kamikaze, et 66 blessées lors d’un attentat-suicide perpétré à bord d’un autobus dans le centre de Tel-Aviv. L’action est revendiquée par la branche armée du mouvement intégriste palestinien Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam. La direction palestinienne la condamne et demande à tous les mouvements palestiniens de faire de même, mais sans appeler à un arrêt des attentats-suicides. Le dernier de ces attentat remontait au 4 août. Un kamikaze du Hamas avait alors fait sauter des explosifs dans un bus, provoquant sa mort et celle de neuf Israéliens. En riposte, l’État hébreu attaque le quartier général de Yasser Arafat à Ramallah, en Cisjordanie. Pour la troisième fois depuis le mois de mars, le président de l’Autorité palestinienne est isolé dans son QG. Tout en réaffirmant qu’il n’a pas l’intention de s’en prendre physiquement au président de l’Autorité palestinienne, Israël souhaite l’inciter à choisir l’exil. Mais comme lors des précédentes fois, Yasser Arafat réaffirme qu’il préférerait mourir les armes à la main que de quitter une nouvelle fois la terre de Palestine. 20 Slovaquie Élections législatives La Coalition démocratique (SDK, centriste) de Mikulas Dzurinda remporte 28 des 150 sièges du Parlement, et son principal partenaire, le parti de la Coalition hongroise (SMK), 20 sièges. Avec le Mouvement chrétien-démocrate (KDH) et l’Alliance du nouveau citoyen (ANO) de Pavol Rusko, qui obtiennent chacun 15 députés, la coalition de ces quatre partis donne une majorité de 78 sièges à Mikulas Dzurinda. downloadModeText.vue.download 105 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 103 Le Mouvement pour une Slovaquie démocratique (HDZS) de l’ancien Premier ministre Vladimir Meciar, qui recueille 19,5 % des suffrages, soit 36 sièges, est en recul de sept points par rapport au scrutin de 1998. 21 France Autodissolution du RPR Après plus d’un quart de siècle d’existence, le Rassemblement pour la République (RPR) s’autodissout pour se réincarner dans l’Union pour la majorité présidentielle (UMP), le nouveau parti du président de la République. Au cours d’assises extraordinaires, quelque 3 000 mandataires et élus du RPR votent à une très large majorité (86,51 % des voix) la « transformation du rassemblement pour entrer, par voie de fusion avec les autres formations qui la constitueront, dans l’UMP lors de son congrès fondateur » du 17 novembre. M. Jacques Chirac, qui créa le RPR le 5 décembre 1976, leur a adressé un message vidéo : « Aujourd’hui, comme hier, le pays a besoin de vous. J’ai besoin de vous. Je compte sur vous. » 22 Allemagne Victoire de Schröder et Fischer Avec un total de 306 sièges au Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand, la coalition du Parti social-démocrate (SPD) et des Verts conserve la majorité (de 9 voix – la plus courte depuis 1976 – contre 21 auparavant) à l’issue des élections législatives. Le scrutin est resté indécis jusqu’au bout, puisque le SPD et l’alliance CDU-CSU d’Edmund Stoiber ont réuni chacun 38,5 % des suffrages. Le SPD, qui perd 2,4 % par rapport à son score de 1998, ne s’impose que de 8 864 voix comme le premier parti allemand. Avec 251 sièges contre 298 quatre ans plus tôt, trois sièges seulement le séparent désormais de la CDUCSU (248 sièges contre 245). Grands vainqueurs du scrutin, les Verts (Die Grünen) réussissent une nouvelle percée qui leur permet de gagner 8 sièges, avec 8,6 % (contre 6,7 %) et 55 sièges, et d’offrir la victoire à la coalition de centre gauche. Fable allemande : le lièvre de Bavière défait par la tortue de Basse-Saxe Mal en point au printemps, le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder a conservé le pouvoir en devançant de 8 000 voix son adversaire chrétien-social Edmund Stoiber. Jamais dans l’histoire récente de la jeune république allemande, un scrutin n’avait eu une issue aussi serrée que celui du 22 septembre 2002. Dans les 298 circonscriptions que compte l’Allemagne réunifiée, 61,5 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes. À la fermeture des bureaux de vote, les instituts de sondage laissaient entrevoir un très faible écart entre les deux principaux partis, avec un léger avantage pour la coalition conservatrice CDU-CSU conduite par le président du Land de Bavière Edmund Stoiber. Celui-ci en profita pour rapidement faire une déclaration publique dans laquelle il se proclama le vainqueur du scrutin. Quelques heures plus tard, l’opposition au chancelier devait déchanter. Une nouvelle fois, l’homme du Sud avait fait preuve de trop de confiance et, à l’image de sa campagne électorale, il était intervenu mal à propos. En effet, au-delà des préventions possibles que nourrissent de nombreux électeurs d’Allemagne du Nord pour le catholique bavarois, c’est bien la suffisance et le dogmatisme libéral d’une certaine droite que l’électorat allemand a choisi de rejeter in extremis. En effet, au début de l’été, tous les signaux étaient au rouge pour la coalition rouge-verte au pouvoir depuis 1998 : le SPD Schröder était à plusieurs points derrière la CDU-CSU de Stoiber et on s’interrogeait sur la capacité des Verts (Die Grünen) du ministre des Affaires étrangères Joschka Fischer à franchir la barre des 5 % des voix exprimées aux prochaines élections. Les inondations et George W. Bush au secours de Schröder Tout allait mal pour le chancelier jusqu’au mois d’août et aux grandes inondations qui ont ravadownloadModeText.vue.download 106 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 104 gé l’est et le sud du pays. Très réactif, Schröder fit admirer ses qualités de chef d’État, déploya une énergie débordante pour mettre les ressources de l’État à la disposition des sinistrés et profita d’une large couverture médiatique. D’un naturel plus réservé que son rival au pouvoir, Stoiber continua à dénoncer le bilan économique et social catastrophique du chancelier. Démontrant moins d’empathie pour les malheurs de millions d’Allemands, Stoiber commença à perdre du terrain. Fin août, Schröder talonnait désormais son rival. Puis vinrent septembre et... le président américain Bush. Schröder et Fischer décidèrent de résister à la pression américaine qui voulait enrôler l’Allemagne – allié particulièrement docile depuis 1945 – dans la croisade contre l’axe du mal. Quand Schröder et Fischer disent non à Bush, Stoiber attaque l’irresponsabilité des dirigeants du pays et... perd des électeurs. La menace de guerre fait renaître le sentiment pacifiste fortement ancré dans une partie de la population de l’Ouest ainsi que l’antiaméricanisme dans lequel ont vécu les « Ossis » (ceux de l’Est). Les bruits de botte de la nouvelle croisade conservatrice américaine ont pour conséquence le renforcement du ministre des Affaires étrangères (depuis plusieurs mois en tête des sondages de notoriété nationaux) et l’effondrement électoral à l’est des anciens communistes du PDS au profit des sociaux-démocrates. Vainqueurs et vaincus La lecture des résultats dès lors devient plus claire. Même si le SPD reste le premier parti d’Allemagne pour quelques milliers de suffrages, la CDU-CSU a été le grand triomphateur du scrutin en augmentant son pourcentage de 3,4 %. Elle est encore loin (près de 3 points) de son pourcentage de 1994 (41,4 %). Le deuxième vainqueur est sans conteste les Verts, qui ont augmenté leur capital de près de 2 %, passant de 6,7 % en 1998 à 8,6 %. Paradoxalement, le parti sorti le plus meurtri du scrutin est le Parti libéral de MM. Westerwelle et Möllemann (ce dernier ayant vu dès le mois de juin sa réputation et sa crédibilité ternies par des propos jugés antisémites par l’opinion publique et par des financements douteux de sa campagne électorale) qui en 2001 avait nourri un projet insensé : ne représentant que 6,2 % de l’électorat, les deux dirigeants déclaraient vouloir atteindre 18 % ! La déception n’en fut que plus dure pour les militants : le gain de 1,2 % passe pour ridicule. Autres victimes, les ex-communistes du PDS : ils passent sous la barre des 5 % qu’ils n’avaient que légèrement franchie en 1998 (5,1 %) et ne doivent le maintien de deux députés qu’aux deuxièmes voix. Ils subissent l’hémorragie de voix la plus importante, perdant 28 sièges au total. Au Bundestag, la chambre basse du Parlement, la SPD dispose désormais de 251 mandats contre 248 à la CDUCSU. Comparé aux dernières élections, celles de 1998, cela signifie une perte de 47 sièges (et pour la CDU-CSU un gain de 3 sièges seulement). Mais le recul social-démocrate fut en grande partie compensé par la progression des Verts, qui grâce à leur « locomotive » Joschka Fischer ont remporté 55 sièges, contre 47 en 1998. Gerhard Schröder dispose d’une majorité de sept voix. Un capital très réduit qui laisse espérer au battu de septembre des élections anticipées au cas où la coalition rouge-verte ne réussirait pas à régler le problème économique très grave (taux de chômage à + de 10 % et déficit public supérieur aux critères de Maastricht) que connaît l’ancien géant économique allemand. SERGE COSSERON COMMENT VOTE!T!ON EN ALLEMAGNE ? Le Bundestag dont les Allemands ont renouvelé la composition le 22 septembre était constitué de 598 sièges. Le scrutin est à la lois majoritaire et proportionnel, chaque électeur disposant de deux voix. Il exprime sa première voix au suffrage direct pour l’élection d’un des candidats qui se présentent dans l’une des 299 circonscriptions électorales qui forment le pays. Avec sa seconde voix, l’électeur est invité à se prononcer sur une liste proposée par chaque parti au niveau du Land. Tous les partis qui recueillent au moins 5 % des deuxièmes voix ou qui gagnent trois mandats directs obtiennent selon les voix recueillis un certain ombre de sièges défini par leur importance proportionnelle. Si un parti obtient dans un des Länder plus de mandats directs que ce que la proportion des secondes voix lui apporte, ces mandats directs « supplémentaires » restent acquis au parti. C’est pourquoi le nombre définitif des députés peut être supérieur à 598. Pendant la prochaine législature, il sera de 603. downloadModeText.vue.download 107 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 105 24 Espagne Nouvel attentat à Bilbao Une explosion survenue dans une voiture à Bilbao (Pays basque, nord de l’Espagne) fait deux morts qui pourraient appartenir à un commando de l’organisation séparatiste basque ETA « s’apprêtant à commettre un attentat ». Si l’enquête confirme que les deux victimes sont des membres de l’ETA, cela porterait à sept le nombre des activistes de cette organisation décédés au cours des deux dernières années en manipulant ou en transportant des explosifs. Irak Dossier à charge de Tony Blair Un dossier baptisé « Les armes de destruction massive de l’Irak : l’évaluation du gouvernement britannique », publié par le gouvernement britannique, affirme que le régime irakien serait en mesure de fabriquer l’arme atomique dans un ou deux ans, s’il obtenait de sources étrangères suffisamment de matière fissile. Faute d’une telle aide extérieure, il faudrait cinq ans au régime de Saddam Hussein pour obtenir l’arme nucléaire. « Le tableau dressé par le comité [britannique] conjoint de renseignement est devenu plus inquiétant depuis quelques mois », affirme le Premier ministre Tony Blair dans une introduction écrite au dossier. M. Blair, seul dirigeant sur la scène internationale à soutenir la volonté américaine d’intervention militaire contre l’Irak, met clairement en doute la sincérité de l’offre de Bagdad, faite la semaine dernière, de laisser revenir les inspecteurs en désarmement de l’ONU. 25 France/Maroc Tentative d’attentat aérien Une charge d’une centaine de grammes d’un mélange explosif à base de pentrite, dépourvue de système de mise à feu, est retrouvée par des chiens des douanes à bord d’un Boeing 737 qui venait d’effectuer la liaison Marrakech-Metz avec environ 170 passagers. Des poursuites sont ouvertes pour « tentative de destruction d’aéronefs par explosifs, détention d’explosifs et association de malfaiteurs terroriste ». En l’absence de revendication, le choix de ces incriminations indique que « l’hypothèse de la tentative d’attentat est privilégiée ». À l’appui de cette hypothèse, les magistrats soulignent que la pentrite, un explosif très puissant, a déjà été utilisée par exemple par le Britannique Richard Reid, maîtrisé le 22 décembre dernier en plein vol entre Paris et Miami alors qu’il essayait de faire sauter une charge cachée dans ses chaussures. 27 Maroc Élections législatives Les élections législatives sont marquées par une forte poussée du vote islamiste, mais confirment l’Union socialiste des forces populaires (USFP) comme première force politique du Maroc. La formation du Premier ministre Abderrahmane Youssoufi conserve 50 sièges à la Chambre des représentants sur les 57 qu’elle détenait. Le parti nationaliste-conservateur de l’Istiqlal, dirigé par Abbas el-Fassi, arrive en deuxième position, avec un total de 47 sièges (+ 4). Les islamistes « modérés » du parti de la Justice et du Développement (PJD) obtiennent 42 sièges, au lieu de 14. Le PJD milite pour « l’authenticité » arabo-musulmane du Maroc. Il rappelle qu’il avait décidé de ne présenter des candidats que dans 56 circonscriptions sur les 91 que compte le pays, pour éviter « un razde-marée qu’on aurait été incapable de supporter politiquement aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’étranger ». Le taux de participation de 51,65 % est le plus faible de l’histoire électorale du Maroc, la moitié à peine des 13,9 millions d’électeurs ayant pris le chemin des urnes pour le premier scrutin organisé depuis l’intronisation du roi Mohammed VI, en juillet 1999. 28 Sénégal Tragique naufrage Un ferry public sénégalais, le Joola, qui assurait la liaison entre la Casamance (sud du Sénégal) et Dakar, chavire au large de la Gambie sous l’effet conjugué de la tempête et de négligences accumulées. Le naufrage fait 970 victimes. Il y avait officiellement 1 034 personnes à bord (dont 52 membres d’équipage), principalement des Sénégalais, mais plus d’une quarantaine étaient des étrangers, issus d’une dizaine de pays : Guinée-Bissau, France, Espagne, Belgique, Pays-Bas, Suisse, Niger, Liban et Burkina Faso. downloadModeText.vue.download 108 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 106 Le président sénégalais Abdoulaye Wade reconnaît la « responsabilité de l’État ». 29 Proche-Orient Levée du siège d’Arafat Cédant à la pression internationale, Tsahal évacue les alentours de la Moukataa à Ramallah, permettant ainsi au président de l’Autorité palestinienne de quitter brièvement son QG en ruines, pour la première fois depuis dix jours. Si elle se « retire du voisinage » de la Moukataa, l’armée israélienne reste redéployée et ne renonce pas à mettre la main sur les terroristes qui, selon elle, s’y trouvent avec Arafat depuis le 19 septembre : 18 personnes ayant « du sang sur les mains », et qui seront arrêtées si elles tentent une sortie. Environ 200 personnes se trouvaient à l’intérieur des bureaux de la présidence, où un seul bâtiment est encore debout, les autres ayant été démolis par Tsahal. Par ailleurs, Israël allège les restrictions sur les territoires palestiniens : en vertu des nouvelles dispositions, 25 000 travailleurs palestiniens, contre 15 000 auparavant, seront autorisés à entrer en Israël chaque jour. Le contingent de Palestiniens autorisés à venir pour affaires passera de 5 000 à 8 000. 30 Union européenne CPI : l’Europe lâche du lest Les ministres des Affaires étrangères des Quinze acceptent que les citoyens américains ne soient pas jugés pour crimes de guerre devant la Cour pénale internationale (CPI). Ils déclarent qu’ils renonceront à extrader vers la CPI des soldats ou responsables gouvernementaux américains à condition que Washington garantisse que tout Américain soupçonné de crime de guerre serait jugé aux États-Unis. L’administration de George W. Bush exigeait une telle mesure, craignant que des citoyens américains ne fassent l’objet de poursuites aux motivations politiques à la suite des opérations militaires dans les régions en crise. downloadModeText.vue.download 109 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 107 Octobre 4 Biologie Avancée dans la lutte contre le paludisme Un consortium international de chercheurs annonce le décodage du génome de l’anophèle, moustique responsable de la transmission du paludisme. Cette maladie est également appelée malaria (« mauvais air », en italien), en raison de sa prédominance dans les régions humides et marécageuses. À terme, l’étude des gènes de l’anophèle devrait déterminer un réel contrôle de la transmission du paludisme – notamment par une utilisation plus rationnelle des insecticides – ainsi que la mise au point de nouveaux répulsifs. « Deuxième tueur » de la planète – après le sida –, le paludisme fait chaque année entre 1,5 et 2,7 millions de victimes, principalement en Afrique. 6 France Le maire de Paris agressé Le maire de Paris Bertrand Delanoë est agressé à l’Hôtel de Ville par un individu qui lui a porté un coup de couteau à l’abdomen. L’agresseur Azedine Berkane, trente-neuf ans, est mis en examen pour « tentative d’homicide volontaire ». Il affirme avoir commis un acte « isolé et sans préméditation » et déclare « ne pas aimer les hommes politiques et particulièrement les homosexuels ». En novembre 1998, M. Delanoë avait publiquement révélé son homosexualité. Sérieusement atteint, il devrait rester hospitalisé une dizaine de jours et observer une convalescence d’au moins un mois. Patrick Henry interpellé avec 10 kg de haschich Patrick Henry, âgé de quarante-neuf ans, en libération conditionnelle par décision de la juridiction régionale de Basse-Normandie depuis mai 2001, est interpellé à Valence, en Espagne. Il était en possession de 10 kg de haschich. Il avait déjà été condamné en 1989 pour trafic de drogue alors qu’il était en prison, puis le 22 août dernier à une amende de 2 000 euros par le tribunal correctionnel de Caen pour vol à l’étalage dans un magasin de bricolage de la ville. Condamné en 1977 à perpétuité à Troyes (Aube) pour l’assassinat du jeune Philippe Bertrand, il avait échappé à la peine de mort grâce à l’intervention de son avocat Robert Badinter, ardent ennemi de la peine capitale. Le 7, alors que les autorités judiciaires françaises étudient son éventuelle extradition vers la France, un juge espagnol ordonne le maintien en détention provisoire de Patrick Henry, ce dernier ayant déclaré qu’il s’opposait à une extradition. C. Mégret battue à Vitrolles Catherine Mégret, la maire sortante de Vitrolles, dans les Bouches-du-Rhône, est battue à l’élection municipale partielle par le candidat de gauche Guy Obino, qui obtient 54,05 % des voix. Son élection en mars 2001 avait été invalidée par le Conseil d’État. Sa défaite met fin à cinq ans de gestion du Mouvement national républicain (MNR) à Vitrolles, qui perd ainsi son dernier fief. Brésil Lula en tête du premier tour de la présidentielle Le principal candidat de gauche à l’élection présidentielle brésilienne, Luiz Inacio Lula da Silva, arrive en tête avec 47 % des suffrages exprimés. Le candidat du parti des Travailleurs (PT), qui se présente pour la quatrième fois à la magistrature suprême, devra vraisemblablement se représenter devant les électeurs dans trois semaines, le 27 octobre, face au candidat le mieux placé, José Serra, soutenu par la coalition de centre droit au pouvoir, qui obtient 24 % des suffrages, devant l’ancien gouverneur de l’État de Rio de Janeiro, Anthony Garotinho, avec 17 %. Le candidat de centre gauche Ciro Gomes réunit pour sa part 12 % des suffrages. Le scrutin présidentiel est suivi de près dans toute l’Amérique latine, dont de nombreux pays traversent actuellement une période de turbulences économiques. Washington et Wall Street considèrent une possible victoire de la gauche comme porteuse d’une menace de rupture par rapport au modèle économique libre-échangiste soutenu par les États-Unis. Vatican Béatification du fondateur de l’Opus Dei Jean-Paul II canonise Josémaria Escriva de Balaguer. Né le 9 janvier 1902 à Barbastro, dans la province de Huesca (nord de l’Espagne), fils d’un marchand de tissus, ce prêtre espagnol est le fondateur de l’Opus Dei. downloadModeText.vue.download 110 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 108 L’institution, fondée en 1928, est l’un des plus puissants groupes d’influence laïcs de l’Église catholique, fort de plus de 80 000 membres et d’innombrables sympathisants actifs sur les cinq continents. En 1982, Jean-Paul II lui a conféré le statut – unique dans l’Église catholique – de prélature personnelle, ce qui a fait de l’Opus Dei un diocèse à part, sans territoire, régi à la fois par le droit canon et ses propres statuts. Le pape a souligné que « les incompréhensions et les difficultés ne manquent pas pour ceux qui cherchent à servir avec fidélité la cause de l’Évangile » : allusion probable à l’attitude du père Balaguer durant la période franquiste, qui avait suscité des polémiques à son égard. Encore en 1992, des députés italiens avaient demandé la mise au ban de l’institution en tant que société secrète. Côte d’Ivoire Gbagbo refuse de signer un accord sur le cessez-le-feu Le président ivoirien Laurent Gbagbo refuse en l’état de signer un accord de cessez-le-feu avec les militaires rebelles qui contrôlent le nord du pays. Il « estime que son gouvernement est légitime et qu’il ne doit pas être considéré sur un même pied d’égalité que les rebelles ». La signature de l’accord de cessez-lefeu, « amendé et accepté » par les deux parties, avait déjà été par deux fois reportée. Le refus de Laurent Gbagbo intervient alors que des combats opposent les troupes gouvernementales et les rebelles, notamment à Bouaké, la deuxième ville du pays sous le contrôle des mutins depuis le 19 septembre. 7 France/Yémen Attentat contre un pétrolier français au Yémen Un pétrolier français, le Limburg, est frappé par une explosion qui déchire la coque sur d’une dizaine de mètres de diamètre, alors qu’il se trouvait à environ cinq kilomètres de la côte, au large du port de Mina al-Dabah, où il devait effectuer un chargement. En septembre dernier, le bureau de liaison maritime, qui coordonne depuis le Bahreïn la communication entre la marine américaine et la marine marchande dans le golfe Persique et en mer d’Oman, avait lancé une mise en garde concernant la possibilité d’attentats contre des pétroliers perpétrés par le réseau terroriste al-Qaïda d’Oussama Ben Laden. Le Yémen, berceau de la famille Ben Laden avant qu’elle émigré en Arabie saoudite, est considéré comme l’une des principales bases d’al-Qaïda. Médecine Prix Nobel 2002 Le prix Nobel de médecine 2002 est attribué conjointement à Sydney Brenner (Grande-Bretagne), soixante-quinze ans, H. Robert Horvitz (États-Unis), cinquante-cinq ans, et John E. Sulston (Grande-Bretagne), cinquante-huit ans, pour leurs découvertes sur « la régulation génétique de l’organogenèse et de la mort cellulaire programmée », qui a des applications directes dans la lutte contre le cancer. Ces découvertes ont permis de mieux comprendre les origines de toute une série de maladies liées à la dégénérescence des cellules, notamment le cancer ou le sida. Les trois lauréats, qui recevront leur prix le 10 décembre à Stockholm, se partageront la somme de 10 millions de couronnes suédoises (1,10 million d’euros). 9 UE Oui à l’UE à 25, non à la Turquie La Commission de Bruxelles recommande l’entrée dans l’Union européenne de dix nouveaux pays – huit de l’ex-bloc de l’Est (Estonie, Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovénie, Lettonie, Lituanie et Slovaquie), plus Malte et Chypre – en 2004, malgré les difficultés que soulève l’élargissement. Les législatures des pays membres de l’UE et des pays candidats ainsi que le Parlement européen devront d’ici-là ratifier les traités d’accession des dix prétendants à l’Union. En revanche, la Roumanie et la Bulgarie, qui ont également entamé les négociations, devront patienter jusqu’en 2007. Quant à la Turquie, elle devra attendre l’ouverture de négociations. L’exécutif européen estime qu’Ankara a « accompli des progrès considérables » mais insuffisants au regard des principaux critères économiques et politiques de l’UE, ainsi que sur les droits de l’homme. Avec l’élargissement à 25, l’UE sera confrontée à de nombreux problèmes, dont celui des aides à l’agriculture, celui d’un possible rejet de l’ouverture par les électeurs irlandais le 19 octobre downloadModeText.vue.download 111 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 109 prochain, ou encore celui des relations entre la Grèce et la Turquie au sujet de Chypre. Physique Prix Nobel 2002 Le Japonais Masatoshi Koshiba, soixante-seize ans, et les Américains Raymond Davis, quatre-vingt-sept ans, et Riccardo Giacconi, soixante et onze ans, partagent le prix Nobel de physique pour leurs « travaux pionniers dans le domaine de l’astrophysique » qui ont « modifié notre conception de l’Univers ». Les lauréats 2002 ont travaillé sur les éléments les « plus petits de l’Univers » – les neutrinos pour Davis et Koshiba, les rayons X pour Giacconi – dont ils se sont servis « pour améliorer notre compréhension des plus grands : le Soleil, les étoiles, les galaxies et les supernovas ». À chaque seconde, des milliers de milliards de neutrinos traversent notre corps. Le neutrino se forme lors des processus de fusion dans le Soleil et les autres étoiles lorsque l’hydrogène se transforme en hélium. Son existence, prédite par le Nobel 1945 Wolfgang Pauli en 1930, n’a été démontrée que quarante ans plus tard par un autre Nobel, celui de 1995, Frederick Reines. Les neutrinos, qui « ne réagissent presque pas avec la matière », sont en effet très difficiles à détecter. 10 États-Unis Le Congrès soutient Bush contre l’Irak Le Sénat, contrôlé par les démocrates, et la Chambre des représentants, dominée par les républicains, votent deux résolutions permettant au président George W. Bush d’utiliser la force « comme il le juge nécessaire et approprié pour défendre la sécurité nationale contre la menace continuelle posée par l’Irak » et « faire appliquer toutes les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies concernant l’Irak ». Les démocrates, qui ont octroyé au président américain une autorité étendue pour un recours éventuel à la force, soulignent que son projet prévoit d’épuiser autant que possible les voies multilatérales avant d’en venir aux armes. En outre, en cas d’intervention militaire, le président devra informer le Congrès au moins une fois tous les soixante jours de la conduite des opérations. Littérature Le Hongrois Kertesz prix Nobel 2002 Le romancier hongrois Imre Kertesz obtient le prix Nobel 2002 de littérature « pour une oeuvre qui dresse l’expérience fragile de l’individu contre l’arbitraire barbare de l’histoire ». Âgé de soixante-treize ans, survivant du camp d’Auschwitz, Imre Kertesz a écrit sur son expérience de l’Holocauste et notamment publié Être sans destin, Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas et le Refus. Économie Prix Nobel 2002 Le prix Nobel 2002 d’économie est décerné aux Américains Daniel Kahneman, soixante-huit ans, et Vernon L. Smith, soixante-quinze ans, pour avoir introduit respectivement des acquis de la recherche psychologique et de l’expérience en laboratoire dans l’analyse économique. Les travaux de Daniel Kahneman, précise l’Académie Nobel, « ont inspiré une nouvelle génération de chercheurs en économie et en finance, qui ont enrichi la théorie économique grâce à des acquis de psychologie cognitive sur la motivation intrinsèque de l’individu ». Vernon L. Smith est notamment un « précurseur pour son utilisation du laboratoire comme wind-tunnel tests où les règles du jeu des nouveaux marchés – tels que les marchés déréglementés de l’électricité sont testés en laboratoire avant d’être appliquées en pratique ». Chimie Prix Nobel 2002 Le prix Nobel de chimie 2002 est attribué conjointement à l’Américain John Fenn, quatre-vingt-cinq ans, et au Japonais Koichi Tanaka, quarante-trois ans, ainsi qu’au Suisse Kurt Wuethrich, soixante-quatre ans, pour leurs travaux sur des méthodes d’analyse des molécules ayant fait de la biologie chimique la « grande science » de notre temps. Grâce à leurs découvertes, les chimistes peuvent maintenant connaître dans les plus brefs délais la nature des protéines que contient un échantillon. Les trois lauréats se partageront la somme de 10 millions de couronnes suédoises (1,10 million d’euros). Cachemire Élections législatives Le parti pro-indien de la Conférence nationale (membre de la coalition au gouvernement fédéral), qui dominait l’Assemblée depuis l’indépendance indienne en 1947, ne recueille que 26 sièges, au lieu des 44 nécessaires pour détenir la majorité à l’Assemblée régionale du Jammu-et-Cachemire, ce qui pourrait le renvoyer dans l’opposition si elle ne forme pas d’alliance. Ses deux principaux rivaux, le Congrès (opposition nationale) et le parti démocratique du downloadModeText.vue.download 112 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 110 Peuple (pro-indien), remportent respectivement 20 et 16 sièges, ce qui ne leur permettra pas d’avoir la majorité même s’ils forment alliance comme ils disent en avoir l’intention. Aucun de ces partis politiques n’a l’aval des militants islamiques, qui combattent depuis 1989 pour l’indépendance de cette région à majorité musulmane, ou son rattachement au Pakistan. Les 20 sièges attribués aux indépendants et à de petites formations devraient être cruciaux dans la formation du nouveau gouvernement de la province himalayenne. 13 Indonésie Attentat contre des touristes à Bali Un attentat à la bombe fait 190 morts et plus 300 blessés, dont de nombreux étrangers, dans la station balnéaire de Kuta Beach sur l’île touristique de Bali, en Indonésie. Cet acte n’est pas revendiqué, mais la plupart des puissances occidentales accusent le réseau islamiste al-Qaïda d’Oussama Ben Laden, instigateur présumé des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, d’en être l’auteur. Washington considère l’Indonésie, le pays musulman le plus peuplé du monde, comme le maillon faible de la lutte contre le terrorisme en Asie du Sud-Est. Al-Qaïda a été mis en cause dans trois des attentats les plus récents : l’explosion de Bali, celle du 6 octobre sur le pétrolier français Limburg au large du Yémen (un mort) et l’attaque du 8 octobre contre des soldats du corps des Marines au Koweït (un soldat tué). Serbie Annulation de l’élection présidentielle L’élection présidentielle est annulée en raison d’une trop forte abstention. Seuls 45,9 % des 6,55 millions d’électeurs inscrits se sont déplacés pour voter, un chiffre en deçà du minimum de 50 % requis pour que les résultats du scrutin soient validés. L’élection devra donc être de nouveau organisée dans quelques mois. Selon les projections d’un institut de sondage, le Centre pour les élections libres et la démocratie, le nationaliste modéré Vojislav Kostunica, actuellement président de la Fédération yougoslave, est arrivé en tête avec 66,7 % des suffrages, contre 31,3 % à Miroljub Labus, un économiste libéral occupant le poste de vice-Premier ministre yougoslave. L’issue du scrutin a pour conséquence de laisser à la tête de la Serbie, jusqu’à la prochaine élection, le président Milan Milutinovic, un proche de Milosevic actuellement jugé pour crimes de guerre par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, basé à La Haye. Bali, une saison touristique en enfer Le 12 octobre, l’explosion d’un fourgon piégé devant une discothèque de Kuta Beach, au sud de Bali, fait au moins 190 morts, surtout des touristes australiens. Ce carnage semble confirmer que l’Asie du Sud-Est constitue un front majeur de la guerre contre le terrorisme islamiste. La saison touristique bat son plein le 12 oc- tobre à Kuta Beach quand une série d’explosions secouent cette station balnéaire fréquentée surtout par des touristes anglo-saxons. Devant le Sari Club, qui n’est plus qu’un amas de pierres et de tôle, une énorme crevasse atteste la violence de l’explosion. Les sauveteurs retireront des dizaines de corps atrocement mutilés des décombres de la discothèque, des dizaines d’autres n’ayant pu être identifiés. La piste des milieux islamistes L’ampleur du bilan – au moins 190 morts et des centaines de blessés, en majorité des Australiens – contraindra le gouvernement indonésien à prendre des mesures immédiates contre les milieux islamistes, sur la piste desquels conduira aussitôt l’enquête. Sous le feu des critiques de la communauté internationale, qui jugent le laxisme des autorités indonésiennes à l’égard des islamistes d’autant plus impardonnable qu’elles auraient été prévenues par les services américains, depuis le mois d’août, de l’imminence d’une attaque terroriste, la présidente Megawati Sukarnoputri ne peut plus se permettre d’ignorer les militants radicaux de l’islam sous prétexte de ménager une opinion publique sensible aux prédications des oulémas intégristes et animée par une hostilité croissante envers les Américains. Mme Sukarnoputri, qui avait été le deuxième chef d’État à être reçu par G. W. Bush au lendemain des attentats de New York et de Washington, avait offert à son homologue américain le soutien de son pays et en avait obtenu l’assurance, à l’attention de l’opinion indonésienne, que la guerre annoncée contre le terrorisme n’était pas dirigée contre le monde musulman. La nouvelle downloadModeText.vue.download 113 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 111 conjoncture internationale risquait de mettre le feu aux poudres dans une Indonésie au climat délétère, où la crise économique persistante amplifie les risques d’implosion liés aux tensions interethniques. Mais le premier État musulman de la planète semblait avoir résisté à l’épreuve, laissant espérer aux autorités que l’alarme était passée. Les islamistes ont pourtant relevé le défi américain avec une violence sans précédent dans la région, déjà affectée par les activités terroristes des séparatistes musulmans du groupe Abu Sayyaf, au sud des Philippines. Là aussi, ces activistes s’en étaient pris à des touristes occidentaux, dont une vingtaine avaient été retenus en otages deux ans plus tôt au large de Bornéo et détenus dans l’île de Jolo jusqu’à ce qu’ils soient libérés contre une forte rançon. Le paradis transformé en enfer En s’en prenant à Bali, la seule île majoritairement hindouiste de l’archipel indonésien, les auteurs de l’attentat ont délibérément attaqué l’un des rares symboles d’une cohabitation harmonieuse entre communautés, transformant en enfer le paradis touristique balinais, qui représente, plus pragmatiquement, une importante source de devises pour l’économie malade du pays. Frappée de plein fouet par les ondes de choc tardives du 11 septembre, l’Indonésie ne peut plus se contenter de déclarations d’intentions face à cette surenchère de violences et ne peut se dérober à ses obligations devant la communauté internationale. Longtemps montrée du doigt par les Américains, qui l’ont inscrite sur leur liste noire des organisations terroristes les plus nuisibles, la mystérieuse Jemaah Islamiyah (Communauté islamique) militant en faveur de la création d’un grand État musulman dans le Sud-Est asiatique est au coeur de tous les soupçons, et son leader présumé, Abou Bakar Baashir, un ouléma dirigeant une école coranique à Solo, est placé en détention début novembre, tandis que l’enquête débouche assez vite sur l’arrestation des auteurs directs présumés de l’attentat. Au-delà, les soupçons se portent sur al-Qaïda, mais le fil de l’enquête semble devoir s’arrêter à une poignée d’activistes locaux, illustrant le caractère très cloisonné de l’organisation. Car, si l’attentat de Kuta Beach s’inscrit dans une dynamique « internationaliste » du terrorisme islamique, la logique et les enjeux en sont aussi nationaux. En visant des Australiens, l’attentat a frappé la puissance régionale à laquelle les islamistes ne pardonnent pas d’avoir parrainé le processus d’indépendance de la population chrétienne du Timor-Oriental. En s’attaquant à l’Occident, les auteurs de l’attentat ont cherché bien sûr à mettre en difficulté le gouvernement indonésien, qui ne pourra plus compter pendant un temps sur les revenus du tourisme et dont la coopération avec le FMI, qui lui octroyait en août de nouveaux crédits, est de plus en plus critiquée. Au nombre, enfin, des victimes de Kuta Beach, il faut inclure le processus de démocratisation en cours à Djakarta, où l’Assemblée consultative du peuple (MPR) a franchi un pas décisif le 10 août en décidant que les prochains président et vice-président seraient élus au suffrage universel en 2004. Des échéances électorales limitant la marge de manoeuvre du pouvoir, qui ne veut pas se risquer à attaquer de front la mouvance islamiste. GARI ULUBEYAN LES PREMIERS RÉSULTATS DE L’ENQUÊTE La police indonésienne, aidée par des experts internationaux, arrêtait le 21 novembre à Java Imam Samudra, présenté comme le cerveau de l’attentat de Kuta Beach. Cet informaticien de trente-cinq ans, dont les enquêteurs ont pu remonter la trace grâce aux aveux d’Amrozi, un mécanicien très tôt arrêté qui avait été chargé d’acheter le véhicule et les ingrédients pour la bombe de Bali, serait le bras droit de Hambali, chef opérationnel présumé de la Jemaah Islamiyah. Il présenterait le parcours type des islamistes, avec un passage dans l’Afghanistan des taliban via la Malaisie, où il aurait rencontré Hambali et Abou Bakar Baashir. L’enquête ne semble pas devoir révéler des implications étrangères. L’attentat aurait été planifié lors de réunions fin août à Solo, fief d’Abou Bakar Baashir, dans le cadre d’une stratégie définie par Hambali après les coups portés fin 2001 contre ses réseaux en Malaisie et à Singapour, délaissant les cibles officielles, dites « dures », au profit des « cibles molles » tels les sites touristiques. Comités réduits et petit budget donc, mais terrible capacité de nuisance ! downloadModeText.vue.download 114 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 112 15 Irak Plébiscite à 100 % pour Saddam Le président Saddam Hussein obtient 100 % de « oui » et 100 % de participation à un référendum national portant sur sa réélection pour un nouveau mandat de sept ans. Les exilés irakiens et les ÉtatsUnis contestent la valeur de cette consultation au cours de laquelle les Irakiens devaient répondre par « oui » ou « non » à la question de savoir si Saddam Hussein devait servir un nouveau mandat de sept ans. Pour « remercier le peuple » de son soutien au référendum national, Saddam Hussein proclame une amnistie « totale, globale et définitive pour tout citoyen condamné ou détenu pour des raisons politiques ou toute autre raison, qu’il se trouve à l’intérieur ou à l’extérieur du pays ». 16 France Projet de loi sur la décentralisation Le Conseil des ministres adopte le projet de loi constitutionnelle réformant la décentralisation, « clé de voûte d’une nouvelle architecture des pouvoirs », selon le chef de l’État, promoteur de la « République des proximités ». Ce projet de loi constitutionnelle, qui doit être présenté aux sénateurs le 29 octobre, proclame que la République française est désormais « décentralisée ». Une affirmation qui figurera dans l’article I de la Constitution. Le texte constitutionnel vise à renforcer l’autonomie financière et le champ des compétences des collectivités locales. Principal artisan du projet, le Premier ministre JeanPierre Raffarin déclare que ce texte « donnera cinq grands leviers de changement : transferts de compétences, droit à l’expérimentation, devoir pour l’État de péréquation, respect de l’autonomie financière et mettre le citoyen au coeur même de la décentralisation, par les référendums locaux ». Quant à l’organisation d’un référendum national sur la réforme elle-même, Jean-Pierre Raffarin estime qu’il est trop tôt pour savoir si Jacques Chirac choisira la voie du référendum ou du Congrès. 17 ONU Bras de fer franco-américain sur l’Irak À l’issue d’un entretien avec le président égyptien Hosni Moubarak, Jacques Chirac assure que le pays « prendra ses responsabilités » si le Conseil de sécurité des Nations unies adopte une résolution présentée par les États-Unis et la Grande-Bretagne prévoyant un recours automatique à la force contre l’Irak. Il estime que l’option militaire contre l’Irak n’est « pas une fatalité » mais un « ultime recours ». La France réclame une approche en deux temps pour sortir de la crise : l’utilisation de la force ne serait décidée que si l’Irak se refusait à coopérer pleinement. Le 19, les États-Unis acceptent que la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU ne fasse plus mention du recours automatique à la force en cas de problème avec les inspecteurs des Nations unies. Côte d’Ivoire Cessez-le-feu en Côte d’Ivoire Près d’un mois après le début des troubles dans le pays, le président Laurent Gbagbo accepte la trêve signée la veille par les rebelles – qui contrôlent la moitié nord de la Côte d’Ivoire – avec le gouvernement ivoirien. Ces derniers réclament notamment la démission de Laurent Gbagbo et la libération de tous les prisonniers politiques et militaires. Le 27, les médiateurs de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) organisent à Lomé, au Togo, des négociations de paix avec les rebelles ivoiriens. Ils décident d’envoyer en Côte d’Ivoire une force régionale de 2 000 hommes pour remplacer les soldats français. Le déploiement de cette force soulève quelques réserves, notamment de la part des partisans de Laurent Gbagbo, qui estiment que le conflit devrait être réglé de manière interne. 19 Irlande Les Irlandais approuvent le traité de Nice Les électeurs irlandais disent « oui » à l’élargissement de l’Union européenne lors d’un référendum pour downloadModeText.vue.download 115 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 113 le traité de Nice : le « oui » l’emporte avec près de 62,89 % des voix et aucune des 42 circonscriptions irlandaises n’a voté contre ce traité nécessaire à l’élargissement de l’UE. Ce résultat est accueilli avec soulagement par les dix pays candidats à l’UE et à Bruxelles. Il constitue une revanche pour les partisans de l’élargissement européen emmenés par le Premier ministre Bertie Ahern, qui avaient essuyé un revers inattendu lors d’un premier référendum en juin 2001, 54 % des électeurs ayant alors voté « non » à un traité qui pouvait menacer la neutralité militaire de l’Irlande, son économie et son influence à Bruxelles. Indonésie Arrestation d’un chef religieux islamiste Abou Bakar Baashir, soixante-quatre ans, chef spirituel présumé de l’organisation islamiste indonésienne Jemaah Islamiyah, soupçonnée d’être à l’origine de l’attentat contre une discothèque de l’île de Bali, est arrêté dans le cadre de l’enquête sur une série d’attentats à la bombe contre des églises, qui avaient fait 19 morts il y a deux ans. Abou Bakar Baashir a démenti tout rôle dans ces attentats. 21 Israël Nouvel attentat meurtrier Au moins 14 personnes sont tuées et une cinquan- taine blessées dans l’attentat palestinien à la voiture piégée perpétré contre un bus dans le nord d’Israël. L’explosion s’est produite au sud de la ville de Pardès Hanna, située à quelques kilomètres au nord-est de Hadera, théâtre de nombreux attentats palestiniens, et à une dizaine de kilomètres environ de la « ligne verte », la ligne de démarcation qui sépare Israël de la Cisjordanie. L’attentat contre le bus survient alors que le Premier ministre israélien Ariel Sharon s’efforce de faire preuve de retenue vis-à-vis des Palestiniens pour ne pas gêner les États-Unis dans leurs préparatifs de guerre contre l’Irak. 22 France Vente de VUP à Lagardère Vivendi Universal retient l’offre de Lagardère pour la reprise de son pôle édition (VUP), à l’exception de l’éditeur américain Houghton Mifflin qui sera vendu séparément. En concurrence avec deux consortiums – l’un emmené par PAI (associé à Apax Partners, Blackstone et quatre éditeurs français indépendants), l’autre par Eurazeo –, Lagardère va s’emparer du numéro un français de l’édition, valorisé à 1,25 milliard d’euros. Déjà propriétaire de Hachette, Stock, Grasset ou encore Fayard, Lagardère ajoute à son portefeuille le leader de la littérature générale en France (Plon-Perrin, Pocket, Robert Laffont), un géant dans l’édition scolaire et universitaire (Nathan, Dalloz, Dunod...), sans oublier les dictionnaires Larousse ou encore Le Robert. Si la reprise de VUP suscite l’inquiétude des éditeurs indépendants, ainsi que celle des salariés de Vivendi Universal en raison des risques de doublons, elle réjouit en revanche le gouvernement qui a, depuis le début, soutenu cette solution tricolore. 23 Russie Prise d’otages à Moscou par des Tchétchènes Un commando formé d’une cinquantaine de Tchétchènes, hommes et femmes, prend en otages plusieurs centaines de spectateurs à l’intérieur d’un théâtre de Moscou et menacent de le faire exploser si la police lance un assaut. Le commando demande une solution à la guerre dans la province séparatiste de Tchétchénie. 24 États-Unis Arrestation du sniper de Washington La police américaine arrête deux hommes – John Allen Muhammad, quarante et un ans, et son gendre John Lee Malvo, dix-sept ans – dans la région de Washington, sur le parking d’une aire de repos d’autoroute, à 80 km au nord de la capitale fédérale. Ces derniers sont accusés d’avoir commis huit meurtres et blessé trois personnes, dont un enfant, entre le 3 et le 22 octobre dans le Maryland, en Virginie et dans le District de Columbia. Une arme, trouvée dans la voiture des deux personnes au moment de leur arrestation, un fusil de calibre 5,56 mm, est celle qui a été downloadModeText.vue.download 116 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 114 utilisée pour les onze précédentes attaques, précise la police. Union européenne Accord franco-allemand sur la PAC et sur l’élargissement de l’UE Les Quinze concluent un accord au sommet européen de Bruxelles sur le financement de l’élargissement de l’Union européenne. Cet accord lève l’un des obstacles majeurs qui se dressaient sur la voie de l’adhésion de dix nouveaux pays à l’UE en 2004. Les Quinze sont désormais en mesure de présenter une offre financière globale aux dix pays candidats. Le traité d’adhésion des nouveaux entrants devra ensuite être approuvé par chacun des quinze membres actuels de l’UE, soit par voie parlementaire, soit par référendum. Par ailleurs, le sommet de Bruxelles accède à l’exigence du président français Jacques Chirac d’une intangibilité du budget fixé jusqu’à fin 2006. Les « règles du jeu » de la PAC sont ainsi préservées jusqu’en 2006. Pour les années 2007-2013, les subventions directes seront plafonnées au niveau de 2006, augmenté au maximum de 1 % pour tenir compte de l’inflation. 26 Russie Fin de la prise d’otages de Moscou Les forces spéciales russes donnent l’assaut contre les indépendantistes tchétchènes retranchés dans le théâtre où ils retiennent quelque 800 personnes. Cent vingt otages décèdent au cours de l’opération, en raison de l’inhalation d’un gaz incapacitant utilisé lors de l’assaut. Les rebelles tchétchènes ont tous été abattus. Le président Vladimir Poutine demande pardon à la nation pour n’avoir pu préserver la vie de tous les otages. Si la majorité de la presse russe et les hommes politiques s’abstiennent de critiquer l’assaut des forces spéciales, l’utilisation du gaz incapacitant, dont la composition demeure un mystère, est mise en cause, notamment à l’étranger. Moscou, le théâtre aux otages La guerre en Tchétchénie n’est plus, pour les Moscovites, ce conflit certes impopulaire mais lointain qui s’éternise aux confins de l’empire russe. Le 23 octobre, cette guerre sans témoins a fait irruption au centre même de la capitale sous la forme d’une prise d’otages. L’un des membres du commando, qui exige le retrait des troupes russes de Tchétchénie, déclarera à l’un des quelque 800 spectateurs pris en otages dans le théâtre de la Doubrovka : « Nous aurions pu faire comme en Israël, entrer dans un wagon de métro et tout faire sauter. » Ils ne l’ont pas fait. C’est pourquoi l’opération n’est en aucun cas comparable à l’attentat aveugle survenu onze jours plus tôt à Bali. Le président Vladimir Poutine affirmera pourtant le contraire dès le lendemain, attribuant au « terrorisme international » cette prise d’otages préparée selon lui « dans des centres à l’étranger » : une façon de placer la gestion de la crise sous le signe de la lutte antiterroriste qui, depuis les attentats du 11 septembre, tient lieu de politique étrangère à Moscou comme à Washington. Au Kremlin, l’emploi de la force est aussitôt envisagé. Cependant, l’option diplomatique progresse. Poutine évoque la possibilité de « contacts ». Un médiateur est annoncé. Moins d’une soixantaine d’heures après son déclenchement, la crise est dénouée. À la manière russe. Le mépris de la vie humaine L’assaut du théâtre par les forces spéciales, le 26 au matin, sera justifié par l’affirmation, démentie par les témoins, que les rebelles ont commencé à tuer des otages. Précédée de la diffusion massive de gaz neutralisant à l’intérieur de bâtiment, l’intervention tourne au carnage. Tous les membres du commando ainsi que deux otages sont tués par balles. Les cent vingt-sept autres otages qui mourront au cours de l’assaut ou à la suite de celui-ci seront victimes du gaz. Les autorités ne révéleront la nature exacte de ce gaz que quatre jours plus tard, privant les médecins des informations nécessaires au traitement des malades. Elles affirmeront alors qu’il s’agit d’un simple anesthésique dont l’effet malencontreux s’expliquerait par l’état de faiblesse dans lequel se trouvaient les otages, hypothèse aussitôt rejetée par les experts. Or il existait un antidote connu des forces spéciales, dont les membres ont agi sans masque. La vie de quelques Russes importait peu au regard de l’enjeu : rétablir l’autorité du Kremlin. L’objectif a été atteint par le biais d’une utilisation brutale et sans scrupule de la force, par downloadModeText.vue.download 117 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 115 le recours au secret et au mensonge, moyens qui illustrent le mépris de la vie humaine sur lequel, en tout lieu, repose l’autocratie. Poutine commentera : « Nous avons prouvé qu’il est impossible de mettre la Russie à genoux [...] Nous n’avons pas pu sauver tout le monde. Pardonnez-nous. » Les preneurs d’otages étaient lourdement armés – fusils d’assaut, grenades, explosifs – et déterminés. Comment une cinquantaine de combattants tchétchènes équipés d’un tel arsenal ont-ils pu parvenir jusqu’au centre de Moscou, et y préparer leur opération, « pendant deux mois » selon l’un d’entre eux, sans être inquiétés ? Cela demeure l’un des mystères de cette affaire qui en comporte bien d’autres. Pourquoi n’ont-ils pas fait exploser le théâtre lors de l’assaut ? S’agissait-il d’une simple menace qu’ils ne comptaient pas mettre à exécution ? N’en ont-il pas eu le temps ou n’en ont-ils pas reçu l’ordre ? Autre mystère. Qui a utilisé Movsar Baraev ? La prise d’otages est un acte terroriste condamnable dans son principe même, quelle que soit la cause défendue par ce biais. En Tchétchénie, la prise d’otages est l’une des activités traditionnelles de l’économie de guerre – guerre de clans ou guerre contre les Russes. Le chef du commando, Movsar Baraev, était le neveu du chef d’un « bataillon islamique » spécialisé dans l’enlèvement d’étrangers. Sur l’échiquier complexe du conflit tchétchène, Arbi Baraev semblait en délicatesse avec le président indépendantiste Aslan Maskhadov, mais en bons termes avec le FSB... Arbi a été tué en mai 2000, Movsar a pris sa suite. Il aurait agi sous les ordres de Chamil Bassaev, qui avait dirigé la prise d’otages de Boudennovsk, en juin 1995, et qui a revendiqué celle de Moscou en assurant que Maskhadov n’en avait pas été informé. Celui-ci s’est désolida- risé de l’opération. Officialisant sa rupture avec Maskhadov, Bassaev a annoncé qu’il prenait la tête d’une organisation de martyrs chargés de frapper aveuglément « derrière les lignes adverses ». Ce schéma ne colle pas avec la prise d’otages de Moscou. Alors, qui a utilisé Movsar Baraev ? Les « partis de la guerre » aux intérêts convergents : Bassaev d’une part, les généraux russes corrompus, de l’autre ? La lutte antiterroriste ne sort pas grandie de cette crise. Certes, al-Qaïda est présent en Tchétchénie. Mais cela fait un siècle et demi que les Tchétchènes luttent contre les Russes. L’islamisme radical n’aurait pas trouvé un terreau fertile en Tchétchénie si Moscou n’y entretenait pas une guerre d’épuration fort éloignée de la lutte contre le terrorisme. Et les dirigeants occidentaux, qui ont félicité Poutine, portent atteinte à la crédibilité de la lutte antiterroriste en encourageant l’amalgame entre celle-ci et des conflits régionaux comme en Tchétchénie ou au Proche-Orient. MARC LESCURIAUX LE PRÉCÉDENT DE BOUDENNOVSK Le 14 juin 1995, lors de la première guerre en Tchétchénie, deux cents rebelles investissent Boudennovsk, à une centaine de kilomètres en république de Russie. Dirigés par Chamil Bassaev, ils affirment vouloir obtenir l’arrêt des combats en Tchétchénie, et déclarent agir – déjà – sans l’aval du président tchétchène Djokhar Doudaev. Le commando se replie dans l’hôpital de la ville, où il retient un millier de personnes en otages. Ordonné le 17 par le président Boris Eltsine, l’assaut de l’hôpital est meurtrier – cent cinquante morts – et vain. Il suscite de vives réactions de l’opinion. Le lendemain, le gouvernement cède. Il promet l’instauration d’un cessez-le-feu, accepte l’ouverture de négociations avec les indépendantistes et met des autocars à la disposition des Tchétchènes qui regagnent leurs montagnes, emmenant des otages qu’ils relâcheront à leur arrivée. Les négociations aboutissent le 31 juillet à la conclusion d’un accord militaire. La guerre durera encore plus d’un an. 27 Brésil Lula président Luiz Inacio Lula da Silva est élu à la présidence de la République brésilienne avec 61,5 % des suffrages. Son élection fait naître un immense espoir de réduction des inégalités sociales, de créations d’emplois et d’une amélioration rapide des systèmes d’éducation et de santé. M. Lula s’est engagé à respecter tous les engagements du Brésil, notamment avec le Fonds monétaire international (FMI), à contrôler l’inflation, à défendre la monnaie locale, le real, et à downloadModeText.vue.download 118 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 116 maintenir un excédent budgétaire. Dans ce contexte, sa marge de manoeuvre paraît assez faible d’autant plus qu’il ne dispose pas d’une majorité parlementaire. Avec 91 sièges, son parti, le parti des Travailleurs (PT), est devenu le premier groupe parlementaire à la Chambre, mais ne dispose pas – même avec les voix de ses alliés communistes et socialistes et celles du Parti libéral (PL, droite) de son vice-président José Alencar – d’un soutien suffisant pour faire passer ses réformes. Lula, un président de gauche pour le Brésil Les élections présidentielles brésiliennes du 6 octobre dépassent le cadre du simple combat partisan. La presse parle même du « scrutin le plus disputé depuis la restauration de la démocratie dans les années 1980 ». À la veille du scrutin, le président Fernando Cardoso décide, et c’est une première, de réunir les différents candidats en lice. Parmi ces derniers, deux personnages canalisent toutes les attentions : José Serra, soixante ans, à la tête du PSDB (centre droit), dauphin social-démocrate du président sortant Fernando Cardoso, et Luiz Inacio Lula da Silva, dit « Lula », ancien syndicaliste virulent, rompu aux luttes politiques et récemment converti à un discours plus modéré. Le président Cardoso souhaite qu’ils s’engagent à respecter l’accord signé avec le Fonds monétaire international (FMI). Tourmente financière Depuis le début de l’année, la monnaie locale, le real, a perdu près de 40 % de sa valeur par rapport au dollar. Une certaine défiance s’est emparée des investisseurs qui redoutent que, comme le laissent entendre les premiers sondages, les deux candidats de l’opposition arrivent en tête et ne tirent brusquement un trait sur de longues années de politique de rigueur. Derrière le choix du président de la République, les Brésiliens attendent donc également un réel engagement en termes de politique économique : le nouveau président devra enrayer le chômage, engager une réforme profonde des conditions de travail, réduire les inégalités (1 % de la population détient 53 % des richesses). Par ailleurs, depuis la fin des années 1980, le pays ne parvient plus à surmonter la charge de sa dette, estimée à plus de 32,7 milliards d’euros par an et dont le paiement des seuls intérêts absorbe une part de plus en plus grande du budget. La politique économique de rigueur de Cardoso a conduit à une financiarisation de l’économie et à une précarisation des relations de travail. C’est dans ce contexte que s’ouvrent dès le mois d’août les premiers débats télévisés entre les candidats. Tableau des différents candidats La télévision joue un rôle essentiel dans le scrutin alors que, en septembre, 13 des 115 millions d’électeurs se déclarent encore indécis sur leurs choix. Le temps d’antenne est proportionnel à l’importance en sièges de la formation politique au Congrès. Le dauphin du président sortant, José Serra, jouit ainsi d’un temps de parole deux fois plus important que les autres candidats. Parmi eux, le populiste Ciro Gomès, soutenu par une myriade de petits candidats de centre gauche, reçoit 19 % des intentions de vote et le centriste Anthony Garotinho, gouverneur de Rio et candidat du Parti socialiste (PSB), oscille autour de 10 %. Le duel s’annonce toutefois serré entre Serra, le dauphin social-démocrate, ancien ministre de la Santé, favori des milieux d’affaires, et Lula, le candidat du parti des Travailleurs, parti de gauche (PT), crédité de 34 % des intentions de vote. Âgé de cinquante-six ans, le harangueur des foules en colère a mis de l’eau dans son vin. Il a également tiré leçon de ses trois défaites passées (en 1989, 1994, 1998) en élargissant ses alliances et en choisissant comme candidat à la vice-présidence un industriel de poids, le sénateur du parti libéral, José Alencar, soixante et onze ans. Tout en se ralliant au pacte de transition de Cardoso, il se veut clair dans sa ligne politique en proposant au Brésil un modèle alternatif au néo-libéralisme. La marche de Lula vers la présidence À la veille du scrutin, plusieurs pronostics laissent entendre que ce dernier pourrait l’emporter dès le premier tour. Pourtant, la victoire est ajournée. Il faudra attendre le second tour du 27 octobre, Lula ayant recueilli 46,67 % des suffrages contre 23,59 % à José Serra. Ce dernier paie son manque de charisme et apparaît comme la victime d’une volonté de changement downloadModeText.vue.download 119 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 117 d’une grande partie des Brésiliens. Les deux autres candidats de l’opposition ont recueilli respectivement 16,1 % pour Anthony Garotinho et 12,4 % pour Ciro Gomès. Lula espère un report de leurs voix. Déjà, les sondages donnent raison à Lula avec 58 à 60 % d’intentions de vote. Outre le président, les Brésiliens élisaient également 27 gouverneurs, 54 sénateurs, 513 députés fédéraux et 1 024 députés des États. Là encore, le PT sera la formation la mieux représentée à la chambre basse avec 91 députés sur 513 sièges. Finalement, au soir du second tour et le jour de son 57e anniversaire, Luiz Inacio Lula da Silva l’emporte avec 61,5 % des voix. Conscient des chantiers qui l’attendent, le nouveau président, qui sera investi en janvier 2003, a invité les Brésiliens à « construire un pays solidaire », ajoutant avec lucidité : « La partie difficile commence maintenant. » Outre le renversement de tendance sur le plan économique, les attentes de la société civile brésilienne sont nombreuses : la baisse du chômage, évalué à 7,5 % (et qui atteindrait jusqu’à 20 % en comptant le sous-emploi), source de criminalité pour les jeunes des favelas, la relance de la croissance, l’augmentation des exportations pour réduire la dépendance du pays au capital étranger, une réforme fiscale visant à redistribuer les richesses et enfin une réforme agraire pour résoudre le conflit opposant les paysans aux latifundistes, les grands propriétaires terriens. Une tâche particulièrement ardue quand on sait que Lula devra par ailleurs rassurer les marchés et honorer les engagements passés avec le FMI, comme celui de dégager un excédent budgétaire de 3,75 % du PIB pour honorer le service de la dette publique. CÉLINE CABOURG UN GÉANT AUX PIEDS D’ARGILE – 170 millions d’habitants, dont 50 millions vivent au-dessous du seuil de pauvreté, 115 millions d’électeurs – 11e économie mondiale en termes de PIB – 1,75 % de croissance annuelle en moyenne depuis 1998 – 260 milliards de dette publique, soit 62 % du PIB – Le flux de capitaux étrangers en direction du Brésil est passé de 43,3 milliards d’euros en 1995 (6 % du PIB) à 201,5 milliards d’euros en 1999 (21,6 % du PIB). – 7,5 % d’inflation et un taux directeur de 18 % – 8 milliards d’excédent commercial en 2002 28 Littérature Prix Goncourt pour Quignard Le prix Goncourt est décerné à Pascal Quignard pour les Ombres errantes, publiées chez Grasset, au troisième tour de scrutin, par six voix contre deux à Olivier Rolin pour Tigre en papier, au Seuil, et deux à Gérard de Cortanze pour Assam, chez Albin Michel. Les Ombres errantes sont une suite de fragments, sans fil conducteur apparent, mi-érudite mi-personnelle, d’une exigence évidente mais a priori non destinée à un grand public. 30 Israël Crise politique À la suite d’un désaccord budgétaire lié au financement des colonies de peuplement en 2003, les ministres travaillistes, dont Shimon Pérès (Affaires étrangères) et Binyamin Ben Eliezer (Défense) quittent le gouvernement de coalition nationale, qui réunissait notamment le Likoud (conservateur) et le Parti travailliste. Le Premier ministre Ariel Sharon ne dispose plus que d’une étroite majorité, qui inclut des petites factions d’extrême droite. Cette crise politique survient alors que l’État hébreu doit prendre des décisions essentielles concernant notamment le nouveau plan de paix soutenu par les États-Unis et sur la manière de réagir à une éventuelle attaque irakienne en cas de guerre américano-irakienne. France La perpétuité pour les auteurs des attentats de 1995 La cour d’assises spéciale de Paris condamne à la réclusion criminelle à perpétuité Smaïn Aït Ali Belkacem et Boualem Bensaïd, deux Algériens reconnus coupables d’être les auteurs principaux ou complices des attentats de 1995 à Paris, au musée d’OrdownloadModeText.vue.download 120 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 118 say et aux stations de RER Saint-Michel et de métro Maison-Blanche. Italie Séisme meurtrier Un tremblement de terre de 5,4 sur l’échelle de Richter frappe la région de San Giuliano di Puglia, dans la province de Campobasso, dans les Abruzzes. Vingtquatre personnes trouvent la mort dont 21 enfants, victimes de l’effondrement de leur école. downloadModeText.vue.download 121 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 119 Novembre 1 France Disparition de Lionel Poilâne Le boulanger Lionel Poilâne et son épouse décèdent dans l’accident de leur hélicoptère, qui s’est abîmé en mer entre l’île des Rimains, où le couple possède une propriété, et la côte de Cancale, en Bretagne. Lionel Poilâne était le fils de Pierre-Léon Poilâne, qui avait fondé en 1932 la boulangerie parisienne de la rue du Cherche-Midi dans le 6e arrondissement de Paris. Pierre-Léon Poilâne avait « inventé » le pain Poilâne et son fils Lionel a fait connaître la célèbre boule de pain à mie grise dans le monde entier. 3 Turquie Victoire des islamistes Le parti islamiste de la Justice et du Développement (AK) remporte une victoire sans précédent aux élections législatives, avec 34 % des voix. Il obtient la majorité absolue au Parlement, soit 362 sièges sur les 550 que compte l’assemblée. Le parti républicain du Peuple (CHP, social-démocrate), une formation laïque dirigée par Deniz Baykal, recueille 19 % des suffrages et 179 sièges. Aucun des 16 autres partis en lice – y compris ceux de la coalition gouvernementale tripartite sortante du Premier ministre Bülent Ecevit, le Parti démocratique de gauche (DSP, gauche nationaliste), Action nationaliste (MHP, ultranationaliste), Mère Patrie (ANAP, centre droit) – n’obtient le minimum nécessaire de 10 % des voix pour être représenté à l’Assemblée. Fondé il y a un peu plus d’un an, le parti islamiste de la Justice et du Développement participait pour la première fois à des élections. Il est dirigé par Recep Tayyip Erdogan, un ancien maire d’Istanbul déclaré inéligible par la justice en raison d’une condamnation pour « incitation à la haine religieuse ». Le chef du parti islamiste de la Justice et du Développement déclare que son parti oeuvrera en faveur de l’« accélération » de la candidature turque à l’Union européenne et que le programme de redressement économique conclu avec le Fonds monétaire international (FMI) sera poursuivi. Il reste que l’arrivée de l’AK au pouvoir à Ankara suscite bien des interrogations dans les chancelleries européennes. Islam et démocratie : la Turquie interroge l’Union européenne La victoire des « islamistes modérés » du parti de la Justice et du Développement (AKP) aux législatives de novembre pose deux questions majeures : l’islam est-il soluble dans la démocratie ? Un pays dont le gouvernement se réfère à l’islam, fût-il démocratique, est-il soluble dans l’Union européenne ? En un sens, les Turcs ne font pas exception. De même que les électeurs d’autres pays musulmans où se sont déroulés des scrutins relativement honnêtes au cours du second semestre 2002 – Pakistan, Algérie, Maroc, Bahreïn... –, ils ont propulsé au pouvoir des « islamistes modérés », selon une expression en vogue en Occident, c’est-à-dire des politiciens qui se réfèrent au message coranique tout en acceptant le jeu démocratique. Grâce à une loi électorale très restrictive, où seules les formations ayant obtenu plus de 10 % des voix étaient admises à prendre place dans l’hémicycle, le parti de la Justice et du Développement (AKP), grand vainqueur des élections législatives, s’est octroyé 364 des 550 sièges du Parlement turc, avec seulement 34 % des voix. Tandis que le parti républicain du Peuple (CHP), créé par Mustafa Kemal Atatürk lors de la fondation de la Turquie moderne en 1923, s’adjugeait tous les autres sièges avec seulement 19 % des suffrages exprimés. Inquiétudes au sein de l’UE Les partis de la coalition précédente sont balayés. La formation du Premier ministre sortant, Bülent Ecevit, ne recueille qu’un peu plus de 1 % des voix, payant notamment pour une crise économique qui a vu le PIB décroître de 9,4 % en 2001, la monnaie perdre la moitié de sa valeur par rapport au dollar et le nombre de chômeurs grimper à deux millions. Le vote prend d’autant plus l’allure d’une sanction que l’État turc moderne a toujours affirmé la laïcité comme une de ses valeurs phares. À tel point qu’en juin 1997, l’armée avait contraint Necmettin Erbakan, Premier ministre issu du parti islamiste Refah, à la downloadModeText.vue.download 122 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 120 démission. Et que Recep Tayyip Erdogan, actuel leader de l’AKP et ancien maire d’Istanbul, avait été condamné à dix mois de prison et à l’inégibilité définitive pour avoir lu en public, en 1997, un poème jugé « islamiste ». Au sein de l’Union européenne, dont la Turquie demande à être membre plus ou moins explicitement depuis 1963, ces résultats sont accueillis très fraîchement. Quatre jours après le scrutin du 3 novembre, Valéry Giscard d’Estaing, président de la Convention appelée à élaborer un projet de Constitution pour l’Union, jette un pavé dans la mare. Lors d’un entretien accordé au quotidien le Monde, il remarque que la capitale de la Turquie « n’est pas en Europe », que « 95 % de sa population se situe hors d’Europe » et qu’elle est porteuse d’« une autre culture, d’un autre mode de vie ». Il souligne le poids politique d’un pays qui, avec 66 millions d’habitants et une démographie dynamique, pourrait rapidement devenir le plus peuplé de l’Union, avec des pouvoirs de décision proportionnels. Frappé par la pauvreté du débat sur l’élargissement de l’Europe au-delà de ses limites conventionnellement admises, il conclut que l’adhésion de la Turquie signifierait « la fin de l’Union européenne ». Certes, les propos de Valéry Giscard d’Estaing sont rapidement dénoncés par les plus hautes instances de l’Union. Günter Verheugen, commissaire chargé de l’élargissement, précise notamment que « l’opinion personnelle » de l’ancien président français ne remet nullement en cause la candidature de la Turquie à l’adhésion, candidature officiellement acceptée lors du sommet européen d’Helsinki en décembre 1999. Ces propos rencontrent pourtant un écho favorable auprès de nombreux politiciens européens. Prononcés une semaine après une entrevue que le président de la Convention a eue avec le pape Jean-Paul II, ils rappellent les déclarations d’un ancien chancelier allemand, le démocrate-chrétien Helmut Kohl, qui, en son temps, voulait faire de l’Europe un « club chrétien ». Un islam eurocompatible ? Face à ces réticences, les dirigeants de l’AKP affirment que leur première priorité reste d’intégrer l’Union européenne, sur la base des critères strictement politiques définis au sommet européen de Copenhague en 1993. Ils annoncent leur volonté d’« en finir avec la torture » et de développer la « liberté d’expression », continuant l’oeuvre du Parlement sortant qui, durant l’été, avait voté l’abolition de la peine de mort et la reconnaissance de la langue kurde. Sur les dossiers hautement épineux de Chypre et de la coordination entre la future défense européenne et l’OTAN, ils se disent également prêts à coopérer. Enfin, sur le plan économique, ils entendent « suivre le programme élaboré avec le Fonds monétaire international, mais en y apportant peut-être des modifications dans les domaines agricole et social », et ce afin d’« alléger le coût social de la politique de rigueur ». Reste l’islam, c’est-à-dire – peut-être – l’essentiel. Sur ce point, Recep Tayyip Erdogan a annoncé plusieurs fois sa volonté d’oeuvrer pour élargir le port du foulard aux sphères de la société d’où il est, pour l’heure, banni. Quant à Abdullah Gül, nouveau Premier ministre issu des rangs de l’AKP, il se déclarait certes, dès 1996, prêt à se battre contre « cette laïcité qui se distingue pour le moment en Turquie par son opposition systématique à la religion ». Mais c’était pour la remplacer par « une laïcité à l’américaine, dans laquelle la religion et les communautés religieuses se trouvent sous la protection de l’État ». Bref, rien de bien incompatible, à l’heure des annonces, avec des sociétés européennes qui se pensent de plus en plus multiculturelles. Les actes du nouveau gouvernement sont attendus avec d’autant plus d’espoir, ce que confirme l’homme d’affaires turc Sedat Aloglu : « J’ai toujours pensé que la Turquie était un bon exemple pour montrer que la démocratie et l’islam sont compatibles. C’est maintenant à l’AKP de le montrer. » BENJAMIN BIBAS CHYPRE, DÉFENSE EUROPÉENNE : SOLUTIONS EN VUE Deux différends diplomatiques minent encore le parcours d’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Concernant l’île de Chypre, dont la partie nord (environ 33 % du territoire) est occupée depuis 1974 par l’armée turque, un projet de réunification sur le modèle des cantons suisses a été déposé le 11 novembre par Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU. Recep Tayyip Erdogan, le leader de l’AKP, y a réagi favorablement. Plus complexe est la position turque concernant la future défense européenne. Membre de l’OTAN, la Turquie downloadModeText.vue.download 123 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 121 s’oppose pour l’heure à ce que les installations militaires de l’organisation puissent être utilisées par des unités concertées des armées nationales de l’Union. Mais les dirigeants de l’AKP ont émis le souhait de trouver une solution avant le 15 décembre, date à laquelle les Quinze devaient prendre le relais de l’OTAN en Macédoine. 5 États-Unis Succès des républicains aux élections de mi-mandat Le Parti républicain remporte une victoire historique aux élections de mi-mandat, en conservant la majorité à la Chambre des représentants (227 élus sur 435, et 203 pour les démocrates) et en reprenant le contrôle du Sénat (51 sièges sur les 100). La participation électorale frôle les 40 %. C’est la première fois depuis un demi-siècle que les républicains contrôlent à la fois la Maison-Blanche, le Sénat et la Chambre des représentants. Et c’est seulement la troisième fois en un siècle que la formation du président en exercice améliore ses positions à la Chambre à mi-mandat, la première fois en deux décennies au Sénat. Israël Vers des élections législatives anticipées Le Premier ministre israélien Ariel Sharon se résigne à convoquer des élections anticipées après la défection des travaillistes, qui contestaient les sommes allouées aux colonies juives de peuplement dans le projet de budget. Le départ des ministres travaillistes la semaine précédente a fait voler en éclat la coalition gouvernementale, d’autant que le parti d’extrême droite Israël Beitenou (Union nationale), qui compte 7 députés, a rejeté l’offre de la rejoindre. Le chef du gouvernement, Ariel Sharon, n’est donc plus soutenu que par 55 des 120 députés que compte la Knesset. Les élections législatives devraient avoir lieu à la fin de janvier 2003. Un nouveau départ pour George W. Bush Mal élu à l’élection présidentielle de novembre 2000, George W. Bush remporte un succès net aux élections de mi-mandat : renouvellement de l’ensemble de la Chambre des représentants, de 36 des 50 gouverneurs d’État et du tiers du Sénat. Traditionnellement, ces élections sont défavorables au président nouvellement élu, les Américains profitant de cette occasion pour rappeler à l’équipe en place ses promesses de campagne. Là, il n’en a rien été : les républicains ont repris la majorité au Sénat, accentué la leur à la Chambre des représentants et gagné plusieurs postes de gouverneurs (Géorgie, Maryland, Ohio), même si les démocrates l’ont emporté en Pennsylvanie, au Michigan, au Wisconsin et en Illinois. Sur ce dernier point, plusieurs observateurs font remarquer qu’il s’agit peut-être d’un cadeau empoisonné, ces États ayant en commun d’avoir des finances publiques en net déficit, ce qui impliquera forcément des choix impopulaires aux nouveaux gouverneurs. La victoire des républicains est d’autant moins contestable que la participation électorale – toujours faible aux États-Unis – a été, cette fois, tout à fait honorable pour ce type d’élections, soit 35 % des inscrits. Une opposition hésitante Les analystes politiques hésitent quant à l’explication de cette vague républicaine : revirement des électeurs ou modification de la composition de l’électorat ? Sans soute un peu des deux. Une chose est sûre, cependant : depuis le 11 septembre 2001, le pays s’est soudé autour de son président, tandis que la poussée à droite de l’opi- nion s’est confirmée. D’autant que l’opposition démocrate n’a pas su trouver de langage alternatif. De fait, tout candidat ayant le front d’émettre des réserves à propos de la politique américaine vis-à-vis du terrorisme, de l’Irak ou des contrôles policiers à l’intérieur même du pays se trouvait immédiatement soupçonné d’esprit « non patriotique ». Ainsi, dans le Maryland, Kathleen Kennedy Townsend, propre fille de Robert Kennedy et gouverneur adjointe sortante de cet État acquis aux démocrates depuis trente-six ans, a subi une lourde défaite : elle avait osé axer une partie de sa campagne sur le contrôle des armes vendues aux particuliers... Pour George W. Bush, la voie est libre désormais pour appliquer son programme, dont plusieurs éléments avaient été bloqués jusque-là au Congrès par les démocrates. À court terme, il va pouvoir instituer ce ministère de la Sécurité intérieure ; il va également pouvoir autoriser le downloadModeText.vue.download 124 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 122 versement de subventions publiques aux organismes privés à caractère confessionnel, ce qui n’était pas légal jusqu’alors du fait de la séparation de l’Église et de l’État. Quatre autres champs d’action s’ouvrent aussi après la victoire du 5 novembre. La poursuite de la baisse des impôts : mesure fétiche du président conservateur, cette baisse a été mise en application dès 2001, contribuant à provoquer le déficit du budget fédéral, pourtant excédentaire lors des années précédentes. Plusieurs démocrates avaient voté en faveur de la diminution de la pression fiscale, mais s’opposaient à sa pérennisation. L’administration en place va donc confirmer la baisse des impôts, malgré la hausse programmée des dépenses publiques, notamment dans le domaine militaire. Il est prévu d’ailleurs de financer en partie ce déficit en ponctionnant le système de retraite par répartition, garanti par l’État. On touche là à la deuxième mesure prioritaire de l’administration Bush : la privatisation des retraites. Pendant sa campagne, le candidat républicain s’était prononcé en faveur d’une privatisation complète du régime des retraites, dont le financement devrait être assuré pour chaque salarié par un plan d’épargne individuel. La chute brutale de la Bourse et des scandales d’entreprises comme Enron (dont les salariés ont tout perdu, leur emploi, leurs actions et leur régime de retraite) avaient poussé le président à mettre son projet en veilleuse. D’autant que l’opposition démocrate s’était beaucoup dépensée sur ce point. L’entourage du président réclame maintenant une accélération résolue de cette privatisation. La loi sur l’énergie constitue un des autres objectifs majeurs de G. W. Bush, lui-même lié aux milieux pétroliers texans. Cette loi prévoit, entre autres choses, une accentuation des forages, notamment en Alaska. Jusque-là l’opposition avait réussi à bloquer le projet en faisant valoir les risques écologiques consécutifs à ces nouveaux forages dans une vaste région jusquelà préservée. Le système politique américain confère une grande importance à l’appareil judiciaire, notamment à la Cour suprême, qui peut bloquer efficacement de nombreuses mesures politiques. Les nominations des juges principaux par le président sont soumises au contrôle du Sénat. Le basculement à droite de celui-ci va autoriser M. Bush à choisir des juges très conservateurs, ce qui lui avait été interdit jusqu’alors. Fermeté internationale Sur le plan international, George Bush sort également renforcé. Sans parler de son engagement résolu au côté d’Ariel Sharon, le Premier ministre israélien, et de sa détermination à éliminer Saddam Hussein, le président américain fait vite sentir à ses partenaires étrangers que le vote de novembre lui donne plus que jamais le champ libre. Dans les semaines qui suivent la consultation, M. Bush confirme sa volonté de doter les États-Unis d’un bouclier antimissiles. Européens, Russes et Chinois avaient fait savoir qu’ils étaient hostiles à un tel bouclier, dont ils estimaient qu’il allait relancer la course aux armements. Par ailleurs, fin novembre, lors du 19e sommet de l’OTAN à Prague, les dirigeants américains ne se sont pas gênés pour faire comprendre à leurs partenaires que l’Alliance atlantique devait à l’avenir être mise au service de l’action mondiale des États-Unis. Le rôle de l’OTAN devrait donc être celui d’une organisation permettant aux Européens de mieux coordonner leurs équipements militaires (de fabrication américaine de préférence) afin de pouvoir jouer plus efficacement un rôle de forces supplétives des Américains. Il est à noter qu’un tel projet va directement à rencontre de la constitution d’une force militaire européenne d’intervention rapide. GEORGES CHEVRON UN MINISTÈRE DE LA SÉCURITÉ INTÉRIEURE Cette nouvelle structure administrative, dont certains craignent, par ailleurs, le rôle exorbitant du droit commun, pourrait embaucher des agents en dehors des normes régissant le statut des agents fédéraux. L’administration Bush fait valoir qu’elle a besoin d’une grande souplesse pour mieux lutter contre le terrorisme. Les syndicats s’inquiètent d’un mode de fonctionnement mettant en cause tous les acquis du statut de la fonction publique. 6 France Hue quitte la tête du Parti communiste français Robert Hue annonce qu’il quitte son poste de secrétaire général du Parti communiste français et met fin downloadModeText.vue.download 125 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 123 à sa cohabitation à la tête du PCF avec Marie-George Buffet. Il revient donc à celle-ci d’assurer seule la direction du parti. Robert Hue tire ainsi les conclusions de son dernier échec à l’élection présidentielle, où il n’a recueilli que 3,37 % des suffrages, un score particulièrement calamiteux, puisqu’il se retrouvait ainsi derrière les deux candidats trotskistes, Arlette Laguiller (Lutte ouvrière) et Olivier Besancenot (Ligue communiste révolutionnaire). En prenant la tête du Parti communiste en 1994, succédant à Georges Marchais, Robert Hue avait pour ambition de moderniser le PCF, de l’adapter à l’évolution de la société française et de le relancer pour lui redonner toute sa place dans la vie politique. Il avait obtenu un résultat honorable (8,64 %) à l’issue de la présidentielle de 1995. Mais force est de constater qu’il n’a pu enrayer le déclin de son parti, dont il rejette la responsabilité sur les contraintes liées à son appartenance à la majorité plurielle du gouvernement dirigé par le socialiste Lionel Jospin. Le 22, le Conseil constitutionnel annule l’élection de Georges Mothron (UMP) qui avait battu Robert Hue dans la 5e circonscription du Val-d’Oise (Argenteuil), lors du scrutin législatif de juin 2002. L’ancien secrétaire général du Parti communiste pourrait retrouver son siège à l’Assemblée nationale à l’occasion de la nouvelle élection partielle. 7 Gibraltar Non à la souveraineté partagée Les quelque 20 500 électeurs de Gibraltar répondent par la négative à la question : « Approuvez-vous le principe selon lequel la Grande-Bretagne et l’Espagne devraient se partager la souveraineté sur Gibraltar ? » : 98,97 % d’entre eux ont donc répondu « non » à l’instauration éventuelle d’un condominium hispano-britannique sur le rocher, et 1,03 %, « oui ». 12 % des électeurs se sont abstenus. Ce projet de souveraineté est donc massivement rejeté par les « Llanitos », alors que ni Madrid ni Londres ne reconnaissent la validité de ce vote organisé par les autorités locales. Ce scrutin a été décidé après que le chef de la diplomatie britannique Jack Straw eut annoncé en juillet dernier que son pays était prêt à partager sa souveraineté sur Gibraltar avec l’Espagne, à condition que les 35 000 habitants du rocher l’approuvent par référendum. Lors du précédent référendum de 1967, seuls 44 électeurs (sur 12 182) avaient déposé le bulletin « oui » dans l’urne. La Grande-Bretagne a conquis Gibraltar en 1713. Depuis, l’Espagne tente de reprendre le contrôle du rocher, Madrid affirmant que l’existence d’une colonie britannique est un anachronisme dans l’Europe d’aujourd’hui. 8 Italie Forum antimondialisation à Florence Florence accueille pour cinq jours le premier forum social européen, rendez-vous de milliers d’opposants à la mondialisation libérale. La ville est placée sous haute surveillance policière. La mère de Carlo Giuliani, un jeune Italien de vingt-trois ans tué d’une balle dans la tête par un carabinier lors des manifestations antimondialisation en marge du G8 à Gênes en juillet 2001, lance un appel à la tolérance devant les manifestants venus du monde entier. Une grande marche pacifiste réunissant quelque 150 000 personnes arpente les rues de la capitale toscane pour protester contre la guerre potentielle en Irak et contre les impacts négatifs de la mondialisation. Le premier Forum social européen se veut une « articulation » entre l’Europe et le reste du monde dans la lutte, menée depuis Seattle, aux États-Unis, en 1999, contre la mondialisation marchande et financière et pour construire une « autre Europe » dans le respect des normes sociales, à la veille de l’élargissement de l’Union européenne. 9 ONU Résolution sur le désarmement irakien Le Conseil de sécurité des Nations unies adopte à l’unanimité la résolution 1 441 portant sur le désarmement irakien. Il rappelle que le cessez-le-feu de février 1991 mettant fin à la guerre du Golfe reposait « sur l’acceptation par l’Irak » de la résolution 687 (prise en avril 1991) lui demandant d’éliminer ses armes de destruction massive sous l’égide de l’Organisation des Nations unies ; il décide « d’accorder à l’Irak par la présente résolution une dernière possibilité de s’acquitter des obligations en matière de désarmement qui lui incombent » et « d’instituer un régime d’inspection renforcé », l’Irak disposant de « 30 jours » pour faire « une déclaration à jour, exacte et complète sur tous les aspects de ses programmes de mise au point d’armes chimiques, biologiques et nucléaires, de missiles balistiques et d’autres vecteurs tels que véhicules aériens sans downloadModeText.vue.download 126 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 124 pilote et systèmes de dispersion » aux inspecteurs en désarmement de l’ONU. Union européenne Giscard contre la candidature de la Turquie Dans un entretien au journal le Monde, le président de la Convention sur l’avenir de l’Europe Valéry Giscard d’Estaing se prononce contre l’intégration de la Turquie à l’Union européenne. Il déclare que ce serait « la fin de l’Union européenne » et que la Turquie « n’est pas un pays européen ». En cas d’adhésion, la Turquie serait le plus grand « État membre de l’Union européenne » et disposerait « du groupe parlementaire le plus nombreux au Parlement européen », souligne-t-il. De son côté, la Commission européenne assure que le statut de candidat à l’Union européenne accordé à la Turquie est une « bonne chose ». Selon elle, M. Giscard d’Estaing a émis une « opinion personnelle ». Un porte-parole de la Commission européenne déclare que Bruxelles n’a « aucunement l’intention » de remettre en cause le statut de candidat donné officiellement à la Turquie par le sommet européen d’Helsinki en 1999. La victoire des islamistes modérés aux élections législatives qui se sont déroulées le 3 décembre en Turquie a été accueillie avec prudence par les Quinze, qui assurent vouloir « juger sur pièces le futur gouvernement turc avant de se prononcer sur l’ouverture de négociations d’adhésion d’Ankara à l’Union européenne ». 12 Qatar Un nouveau message de Ben Laden La chaîne qatarie al-Jazira diffuse un enregistrement audio attribué à Oussama ben Laden, dans lequel le chef du réseau terroriste al-Qaïda se félicite de l’attentat de Bali ainsi que de la prise d’otages de Moscou et adresse des menaces aux pays qui pourraient participer à une intervention armée contre l’Irak. Les analyses des experts en renseignement laissent entendre que la voix serait bien celle du chef terroriste, prouvant que le cerveau présumé des attentats du 11 septembre a survécu à la campagne américaine de bombardements menée l’an dernier sur l’Afghanistan. Néanmoins, il reste à vérifier si le message n’a pas été réalisé a posteriori à partir d’extraits de discours du chef d’al-Qaïda. 13 Après que le Parlement irakien a rejeté la résolution 1 441 sur le désarmement votée par le Conseil de sécurité des Nations unies, le président Saddam Hussein accepte sans conditions cette résolution ordonnant à Bagdad de coopérer avec les inspecteurs de l’ONU sous peine de « graves conséquences ». Néanmoins, l’Irak accuse les États-Unis et la GrandeBretagne de « mensonges » et dénonce les membres du Conseil de sécurité qui, en votant le texte à l’unanimité, se sont plies aux volontés de Washington. Le président George W. Bush a exprimé son scepticisme quant aux intentions de Saddam Hussein. Selon les termes de la résolution 1 441, l’Irak devra remettre au Conseil de sécurité une liste complète et exacte de tous ses programmes d’armements avant le 8 décembre et livrer les armes de destruction massive en sa possession ainsi que les matériels civils susceptibles d’usages militaires. Irak Saddam Hussein accepte la résolution de l’ONU Proche-Orient Tsahal de nouveau à Naplouse L’armée israélienne investit la ville palestinienne de Naplouse en Cisjordanie, en riposte à un attentat sanglant contre le kibboutz Metzer, dans le nord d’Israël, qui a fait cinq morts, dont une femme et ses deux petits garçons. Le lendemain, les forces israéliennes pénètrent dans la ville de Gaza. 14 France Un rapport contre la violence à la télé La philosophe Blandine Kriegel remet au ministre de la Culture et de la Communication Jean-Jacques Aillagon son rapport « Violence et télévision ». Elle propose de mettre hors de portée des enfants les programmes violents ou pornographiques par un système de double cryptage ou de paiement à la séance, de réorganiser la commission de classification des films interdits aux jeunes, d’établir des normes de classification proches de la moyenne eudownloadModeText.vue.download 127 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 125 ropéenne, avec des critères moins laxistes (la France classe 20 % des films, contre 80 % en moyenne en Europe), et d’étendre cette classification à tous les écrans, vidéocassettes, DVD, jeux vidéo et, ultérieurement, Internet. L’église de Calais évacuée de ses réfugiés Les gendarmes évacuent la centaine d’étrangers qui s’étaient réfugiés depuis cinq jours à l’intérieur de l’église Saint-Pierre-Saint-Paul de Calais. Ces derniers, des Kurdes irakiens et des Afghans refoulés du centre de la Croix-Rouge de Sangatte, n’ont opposé aucune résistance. Chine Hu Jintao, nouveau chef du PCC Le président Jiang Zemin, soixante-seize ans, abandonne le secrétariat général du Parti communiste chinois (PCC). Il passe le flambeau à une nouvelle génération menée par le vice-président Hu Jintao, cinquante-neuf ans. Ce dernier conserve son siège au Comité permanent et succédera à Jiang en tant que secrétaire général, le poste à responsabilité le plus important en Chine. Ce dernier est le seul des sept membres du Comité permanent actuel à avoir été réélu au Comité central, au terme d’un congrès historique marquant la première succession ordonnée du PCC depuis sa prise du pouvoir en 1949. Seuls les membres du Comité central peuvent prétendre siéger au Comité permanent du Bureau politique, l’organe suprême du pouvoir en Chine. Le XVIe congrès du PC chinois Préparé par des débats houleux, le XVIe congrès du PCC, qui se tenait du 8 au 14 novembre à Pékin, a porté un coup décisif aux derniers vestiges du maoïsme en s’ouvrant aux patrons capitalistes. Cette ouverture, qui traduit les mutations de la société chinoise, marque le triomphe de l’orientation imprimée au parti par son leader, Jiang Zemin, qui passait la barre, comme prévu, à Hu Jintao, représentant d’une nouvelle génération de dirigeants. Pourtant, si le PC a démontré sa volonté de ne pas rester à la traîne de la société, il sera contraint de s’adapter à ses exigences en vue d’une réforme du système politique, dont il exclut pour l’heure toute démocratisation. Un débat houleux En juillet 2001, à l’occasion du 80e anniversaire du Parti communiste chinois (PCC) dont il est secrétaire général depuis treize ans, le président Jiang Zemin annonçait solennellement une grande réforme du parti. Accueillie avec une relative indifférence par les Chinois qui – en butte aux difficultés liées au grand bond en avant vers l’économie de marché quand ils n’ont pas su, comme une minorité d’entre eux, en tirer profit – se sentent peu concernés par les débats idéologiques d’un parti tendant à se couper de sa base, cette perspective a mobilisé la classe dirigeante à l’approche du XVIe congrès. Les préparatifs en seront marqués par de vives oppositions, qui ont porté moins sur le principe consensuel d’une poursuite des réformes confirmant l’ouverture du pays à la communauté des nations, que sur les modalités et le rythme de ce processus, et surtout sur le choix des dirigeants chargés de le mener à bien, auxquels Jiang Zemin devait passer le relais. Entre-temps, la Chine a été admise en novembre 2001, au terme d’une longue procédure, au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), une admission qui montrait que le pays a bien pris en marche le train d’une mondialisation dont la dynamique irrépressible, avec ses incidences déjà manifestes sur une société chinoise en pleine mutation, interdit au régime de faire machine arrière. Marginalisé, le dernier carré de nostalgiques de la Révolution culturelle mène un combat d’arrière-garde sans effet sur un débat opposant les partisans d’une refonte plus radicale du système économique, sinon politique, aux gardiens, certes de moins en moins influents eux aussi, d’un « socialisme » dont ils voudraient que les « caractéristiques chinoises » soient affirmées davantage dans le respect du marxisme-léninisme. Les premiers seront déçus. Marquant le triomphe de la ligne imprimée par Jiang Zemin, la grande réforme entérinée lors de ce congrès bousculera les derniers piliers du dogme maoïste en ouvrant les rangs du PCC aux patrons d’entreprises privées. Cette ouverture sacrilège, confirmant la victoire des « cols blancs » sur les « cols Mao » des paysans et des ouvriers, dessine les contours d’un « capitalisme aux caractéristiques chinoises », reléguant au musée le parti de Mao qui s’appuyait sur une paysannerie aujourd’hui laissée sur le downloadModeText.vue.download 128 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 126 bas-côté de la route d’une modernisation profitant surtout aux villes. Un grand écart idéologique Les hiérarques communistes ont enfin pris acte de l’émergence, à la faveur de l’ouverture économique engagée au début des années 1980, d’une classe moyenne à laquelle ils se résignent à concéder quelques responsabilités politiques en échange du rôle majeur qu’elle s’est vu accorder dans le développement de l’économie. C’est donc sous la pression d’une société qui s’est engouffrée dans la brèche ouverte par son accession à l’entreprise privée que le PCC a dû effectuer ce grand écart idéologique, au risque sinon de se laisser dépasser par une évolution des comportements sociaux inspirés par la mondialisation. De fait, les dirigeants communistes sont déjà dépassés par les événements, et ils se sont contentés de s’adapter à une réalité sociale qu’ils ne pouvaient plus appréhender en termes de classes, mais de couches sociales, terminologie aux résonances moins conflictuelles. À soixanteseize ans, au moment de quitter – partiellement – la scène, Jiang Zemin se flatte d’avoir marqué l’histoire de son parti et de son pays avec sa doctrine des « trois représentativités », selon laquelle le parti doit représenter les « forces productives les plus avancées », la « culture la plus avancée » et les « intérêts des larges masses », inscrite désormais dans la constitution du PCC. Mais l’héritier du « grand timonier », qui passait la barre comme prévu à Hu Jintao, s’est contenté de naviguer à vue, pour ne pas rester à la traîne d’une société civile qui s’exprime déjà à travers tout un réseau associatif, faute de pouvoir occuper un terrain politique miné depuis la répression de Tian’ anmen en 1989, qui a coupé court à toute forme d’opposition. Son successeur, qui ne passe pas pour être un grand réformateur, ne pourra davantage redonner sa fonction de moteur de la société à un parti qui s’est condamné à jouer un simple rôle de représentant et de régulateur en excluant toute démocratisation du système politique. Les réformes économiques, à l’origine d’une restructuration accélérée du secteur d’État qui ne représente plus que 40 % du paysage industriel, ont provoqué une hausse brutale du nombre des chômeurs (4,5 % selon les chiffres officiels, de 8 % à 20 % selon d’autres estimations), que le marché du travail, saturé aussi du fait d’un exode rural croissant parmi les 900 millions de paysans, ne peut absorber. Cette situation de crise, aggravée par l’absence d’organismes publics en mesure d’y faire face, se traduit par un climat social explosif, laissant le champ libre aux démocrates dissidents jusquelà marginalisés. Dans ce climat social délétère, le PCC, discrédité par une corruption qu’il ne combat que depuis peu, ne peut repousser indéfiniment la mise en oeuvre d’une autre grande réforme qui le verrait accepter les règles de la concurrence, politique cette fois. Tenu par ses responsabilités devant la communauté internationale depuis son adhésion à l’OMC, qui lui a imposé des contraintes et des règles, le régime communiste devra ainsi trouver d’autres solutions que la répression. ULYSSE GARO HU JINTAO, UN TIMONIER SORTI DE L’OMBRE À cinquante-neuf ans, Hu Jintao incarne la nouvelle génération de dirigeants chinois. Pourtant, cet apparatchik peu connu, même si Deng Xiaoping l’avait désigné comme dauphin, n’a rien d’un libéral. Affichant un parcours modèle au sein du parti, auquel il adhère en 1965 pour en gravir les échelons jusqu’au Bureau politique (1992), cet ingénieur hydrologue avait su prouver sa loyauté en matant en mars 1989 des manifestations au Tibet, avant de cautionner la répression de Tian’ anmen. Sa discrétion durant le règne de Jiang Zemin ouvrira à ce spécialiste du juste milieu la succession de l’empire. Nouveau timonier depuis le 15 novembre, Hu Jintao devra encore ménager Jiang Zemin, toujours président de la commission militaire, ultime bastion d’un pouvoir sur lequel il gardera un certain contrôle en ayant fait entrer nombre de ses fidèles au Bureau politique. 15 Proche-Orient Embuscade à Hébron Des activistes palestiniens ouvrent le feu sur des colons juifs dans la ville d’Hébron, en Cisjordanie, faisant au moins six morts et une trentaine de blessés. Environ 450 colons juifs vivent au milieu de quelque 130 000 Palestiniens à Hébron, ville divisée en secdownloadModeText.vue.download 129 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 127 teurs israélien et palestinien aux termes d’un accord intérimaire conclu en 1997. 17 France Juppé président de l’UMP Alain Juppé est élu à la présidence de l’UMP avec 79,42 % des suffrages exprimés par les adhérents du nouveau parti de la majorité. L’abstention est très élevée puisqu’il n’y a eu que 48 171 suffrages exprimés pour 164 500 électeurs inscrits, soit un taux de participation de 29,28 %. Derrière l’ex-Premier ministre RPR, le député Nicolas Dupont-Aignant obtient 14,91 % des suffrages exprimés, ce qui devrait lui permettre de créer un courant au sein de la nouvelle formation de la droite et du centre droit. Ces résultats sont annoncés lors du congrès fondateur du nouveau parti qui conservera le même sigle, UMP. L’Union pour la majorité présidentielle s’appellera en effet désormais Union pour un mouvement populaire : 36 662 suffrages exprimés par les adhérents se sont portés sur ce nom, contre seulement 6 467 sur l’autre choix, l’Union populaire. Le logo choisi par les adhérents est un arbre blanc sur fond rouge et bleu. Italie La prison pour Andreotti L’ancien président du Conseil italien Giulio Andreotti, âgé de quatre-vingt-trois ans, et aujourd’hui sénateur à vie, est condamné à vingt-quatre ans de prison par la cour d’appel de Pérouse pour avoir commandité le meurtre d’un journaliste en 1979. Il avait été acquitté en première instance en 1999 et le parquet avait fait appel. L’actuel président du Conseil Silvio Berlusconi dénonce cette décision, estimant que ce verdict constitue une nouvelle preuve des tendances politiques des magistrats, et déclare que G. Andreotti est la « victime d’une justice folle ». 19 Espagne Marée noire en Galice Un pétrolier appartenant à une compagnie du Libéria et battant pavillon des Bahamas, le Prestige, coule au large de la Galice (nord-ouest de l’Espagne). Des milliers de tonnes de fioul s’échappent de ses cuves, polluant 40 km de côtes, entre La Corogne et le cap Finisterre. Les immenses nappes de pétrole dérivant en mer font craindre une catastrophe écologique majeure. La France et le Portugal sont en état d’alerte, en prévision d’une éventuelle marée noire qui pourrait toucher leurs côtes au gré des vents et des courants. Selon l’affréteur du Prestige, le négociant Crown Resources, basé en Suisse et filiale du puissant holding russe Alfa, le navire transportait environ 78 000 tonnes de fioul Oil M-100. Ce fioul lourd se caractérise par une densité élevée proche de celle de l’eau, une forte viscosité initiale, une faible tendance à l’évaporation et à la dispersion naturelle, selon le centre français spécialisé dans l’étude des pollutions maritimes, Cedre. 21 OTAN Invitation à sept pays de l’Est Lors de leur sommet de Prague, les chefs d’État et de gouvernement de l’OTAN invitent sept pays de l’Est à entamer des négociations en vue de leur adhésion en 2004. La Roumanie, la Bulgarie, la Slovaquie, la Slovénie, la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie rejoindront l’Alliance atlantique lors d’un nouveau sommet qui devrait avoir lieu en mai 2004, portant le nombre de pays membres à 26. Il s’agira du plus important élargissement de l’OTAN après l’adhésion en 1999 de la Pologne, de la Hongrie et de la République tchèque, trois anciens satellites de l’URSS. La Russie accepte maintenant l’élargissement de l’OTAN aux trois républiques baltes, ce qu’elle considérait comme un casus belli il y a trois ans. 23 Voile McArthur, héroïne de la Route du rhum La Britannique Ellen McArthur franchit en tête la ligne d’arrivée de la 7e Route du rhum, à Pointe-à-Pitre, dans la catégorie des monocoques, précédant son compatriote Mike Golding à la barre d’Ecover d’un peu plus de neuf heures. Partie le 9 novembre de Saint-Malo à bord de Kingfisher, Ellen McArthur, âgée de vingt-six ans, a effectué la traversée dans le temps record pour un monocoque de 13 jours 13 heures 31 minutes et 47 secondes, soit une amélioration deux jours cinq heures 52 minutes et 58 secondes par rapport à l’ancien record établi par Yves Parlier downloadModeText.vue.download 130 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 128 sur Cacolac d’Aquitaine en 1994. Entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre, elle a parcouru 3 968 milles sur l’eau à la vitesse moyenne de 12,19 noeuds, soit 417 milles de plus que la route orthodromique (la plus courte) qui est de 3 540 milles (6 556 kilomètres). Moins de vingt-quatre heures après Ellen McArthur, le Français Michel Desjoyeaux arrive troisième sur Géant, le premier multicoque de 60 pieds. Son temps de course est de 13 jours, sept heures et 53 minutes pile. En temps absolu, Desjoyeaux a donc été le plus rapide, mais McArthur a accompli l’exploit de finir première sur un monocoque, ce que personne n’avait réalisé au cours des six précédentes éditions de cette transatlantique. Les monocoques s’étaient élancés de Saint-Malo le 9 novembre, les multicoques, le lendemain. 24 Autriche Victoire des conservateurs Les conservateurs du Parti populaire (ÖVP) du chancelier sortant Wolfgang Schüssel remportent les élections législatives avec plus de 42 % des voix, une progression de près de 16 points par rapport au dernier scrutin de 1999. Toutefois, ce score ne permet pas aux conservateurs de gouverner le pays tout seuls. Le Parti social-démocrate (SPÖ) d’Alfred Gusenbauer recueille près de 37 %, soit trois points de mieux qu’il y a trois ans. Malgré cette progression, le SPÖ se retrouve derrière les conservateurs pour la première fois depuis 36 ans. Du côté des écologistes, les Verts obtiennent environ 9 % des voix, un léger mieux par rapport à 1999. Seul des quatre grands partis à reculer, le parti de la Liberté (FPÖ, extrême droite) de Jörg Haider, formation qui participait à la coalition sortante, obtient un peu plus de 10 %, soit 17 points de moins qu’en 1999. Équateur Gutierrez nouveau président Trois ans après avoir participé au putsch contre le démocrate chrétien Jamil Mahuad, le colonel de gauche Lucio Gutierrez, âgé de quarante-cinq ans, devient le nouveau président de l’Équateur après sa victoire, 55 % contre 45 %, sur le magnat de la banane, Alvaro Noboa, un populiste de droite, dans le premier scrutin national depuis le coup d’État du 20 janvier 2000. 25 France Coups de filet anti-islamiste Cinq islamistes présumés, de nationalité algérienne, soupçonnés d’appartenir à une cellule de soutien logistique au Djihad, sont appréhendés dans le quartier de Barbes à Paris et en région parisienne par les hommes de la Division nationale antiterroriste (DNAT). Considérés comme des extrémistes gravitant dans la mouvance salafiste, les suspects auraient notamment participé à la fourniture de faux documents administratifs à des filières installées en Afrique du Nord. Le 26, sept islamistes présumés, algériens et pakistanais, sont arrêtés en région parisienne et à l’île de la Réunion dans le cadre de l’enquête portant sur le dossier Richard Reid, ce ressortissant britannique incarcéré aux États-Unis pour avoir tenté de faire exploser le 22 décembre 2001 le vol Paris-Miami avec des chaussures piégées. Parmi ces suspects figure Slimane Khalfaoui, un Franco-Algérien membre des filières dites « afghanes », interpellé à Montfermeil (Seine-Saint-Denis), qui était recherché depuis 1996 par la justice française. Irak Retour des inspecteurs en désarmement Quatre ans après le départ de l’ancien organisme de l’ONU chargé de désarmer l’Irak, les premiers inspecteurs de la nouvelle Commission de contrôle onusienne et de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) arrivent à Bagdad. Ils auront soixante jours pour remettre leurs conclusions au Conseil de sécurité de l’ONU. Leur mission est cruciale pour l’avenir de l’Irak. Le moindre manque de coopération de Bagdad ne manquera pas de déclencher une intervention militaire américaine. 26 France Échec de la grève des routiers À l’appel de leurs syndicats CGT et CFDT, les chauffeurs routiers installent des barrages un peu partout en France, filtrants pour la plupart, mais sans provoquer une paralysie du réseau routier. Ces deux moudownloadModeText.vue.download 131 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 129 vements avaient refusé de signer l’accord négocié par le gouvernement avec les autres représentants de la profession. À l’image de Bernard Thibault à la CGT, le secrétaire général de CFDT Transports, Joël Le Coq, se disait la veille « prêt à poursuivre l’action pendant plusieurs jours ». Mais en fin de journée, les barrages sont tous levés. Le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy avait brandi la menace du retrait de permis aux chauffeurs routiers, prévu par le Code de la route en cas d’« entrave à la circulation ». 28 Kenya Attentats anti-israéliens au Kenya Un véhicule tout-terrain bourré d’explosifs est précipité sur l’hôtel Paradise de Mombasa, deuxième ville du Kenya sur le littoral de l’océan Indien. L’hôtel était fréquenté par des touristes israéliens. L’attentat fait quinze morts – dont les trois kamikazes et trois clients israéliens. Pratiquement au même moment, deux missiles sont tirés sans succès contre un appareil de la compagnie israélienne Arkia à son décollage de Mombasa. L’avion, qui transportait 261 passagers, se posera sans encombre sur l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv. Aucune des deux attaques n’est revendiquée. Mais en Israël, des responsables soupçonnent le réseau al-Qaïda d’Oussama Ben Laden. Israël Sharon remporte la primaire du Likoud Ariel Sharon est largement réélu lors de la primaire du Likoud en vue des élections législatives du 28 janvier. Il obtient 58 % des suffrages exprimés par les 305 000 membres du Likoud appelés à voter, Benyamin Netanyahou étant crédité de 38 %. Sa victoire est une première étape vers une réélection à la tête du gouvernement le 28 janvier, le Premier ministre sortant devançant nettement le candidat du Parti travailliste Amram Mitzna dans les sondages. Le même jour, dans la localité de Beït Shéan, dans le nord d’Israël, cinq Israéliens sont tués et une vingtaine de personnes blessées dans une attaque contre un siège local du parti Likoud en Israël, par deux Palestiniens qui sont ensuite abattus par la police. L’attaque est revendiquée par les Brigades des martyrs d’al-Aksa, mouvement armé clandestin issu du Fatah de Yasser Arafat, en représailles à la mort la veille d’un de leurs leaders et d’un autre activiste en vue du Hamas lors d’une attaque israélienne au missile à Djenine. 29 France Mort de Daniel Gélin Le comédien français meurt à Paris à l’âge de quatrevingt et un ans. Il aura tourné avec les plus grands réalisateurs, de Max Ophüls à Hitchcock, en passant par Sacha Guitry et Abel Gance. 30 France Alexandre Dumas au Panthéon La dépouille d’Alexandre Dumas est admise au Panthéon, à Paris, où elle reçoit l’hommage de Jacques Chirac et de l’académicien Alain Decaux, président d’honneur de la Société des amis de Dumas. Auparavant, elle avait quitté Villers-Cotterêts (Aisne), où est né Dumas, puis avait été exposée au château de Monte-Cristo à Port-Marly (Yvelines). Alexandre Dumas, le romancier français le plus lu au monde, est la 70e personnalité et le 6e écrivain à entrer au Panthéon après Voltaire, Jean-Jacques Rousseau, Victor Hugo, Émile Zola et André Malraux. downloadModeText.vue.download 132 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 130 Décembre 2 France/Grande-Bretagne Accord sur la fermeture de Sangatte Les ministres de l’Intérieur français Nicolas Sarkozy et britannique David Blunkett signent un protocole de fermeture du centre de la Croix-Rouge de Sangatte « avant le 30 décembre ». Le texte stipule qu’à cette date le centre sera restitué à son propriétaire, Eurotunnel, « qui procédera à sa destruction complète ». Le texte explique que seront proposés aux Irakiens de Sangatte (Kurdes et Arabes), comme aux Afghans qui ont des liens familiaux au RoyaumeUni, « des emplois qui correspondent à leurs qualifications pendant une prise en charge de trois mois ». Rappelant que toutes les personnes résidant dans le centre seront « prises en charge équitablement et humainement », l’accord de Londres établit donc que l’ensemble des Irakiens auront droit à « une entrée exceptionnelle au Royaume-Uni (...) en qualité de travailleurs, non de demandeurs d’asile ». L’idée du Home Office est d’organiser pendant ces trois mois un programme d’insertion sur la base des informations sur les compétences professionnelles recueillies par le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) lors des entretiens menés à Sangatte. Leur visa de quatre ans sera renouvelable. M. Blunkett a en revanche exclu l’octroi du droit d’asile. « C’est un véritable tremblement de terre dans les relations franco-britanniques sur l’immigration », assure M. Blunkett, qui a dû accepter un nombre important de migrants, quelque 1 400, pour faire fermer le centre de la Croix-Rouge quatre mois avant l’échéance fixée. Pour afficher leur volonté d’une « nouvelle ère de coopération », les deux ministres ont annoncé des mesures de lutte contre les filières clandestines. Le 5, un premier groupe d’une quarantaine d’Irakiens et d’Afghans du centre de Sangatte rejoignent Folkestone en Grande-Bretagne. D’ici au 30 décembre, 80 % des 1 600 migrants qu’abrite le centre, soit environ un millier d’Irakiens et 300 Afghans, auront traversé la Manche. 3 Burundi Accord entre gouvernements et rebelles Au terme de cent jours de tractations, et en présence de plusieurs chefs d’État de la région, réunis pour la 19e fois au chevet d’un pays déchiré, depuis 1993, par une sanglante guerre civile, le président – tutsi – Pierre Buyoya et le chef rebelle – hutu – Pierre Nkurunziza, chef du principal mouvement rebelle – Forces pour la défense de la démocratie (FDD) – signent, à Arusha (Tanzanie), un accord de cessezle-feu qualifié d’« historique ». Le texte prévoit la cessation « immédiate » des hostilités et la négociation d’un « meilleur partage du pouvoir » entre Hutus, majoritaires à 85 %, et Tutsis, la minorité qui gouverne le Burundi depuis l’indépendance. Point de départ des violences intercommunautaires qui ont fait plusieurs centaines de milliers de victimes depuis neuf ans, une éphémère alternance au pouvoir, en 1993, s’était soldée par l’assassinat par l’armée de Melchior Ndadaye, premier président – hutu – démocratiquement élu. Les rebelles estiment que « pour des raisons pratiques et politiques », les armes ne pourront « réellement se taire » qu’à la fin de l’année. 7 Irak Remise de la liste des sites suspects à l’ONU Vingt-quatre heures avant l’expiration du délai d’un mois imposé par la résolution 1 441 du 8 novembre, Bagdad adresse à la commission chargée de désarmer l’Irak, l’Unmovic, ainsi qu’à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies, une copie de la déclaration supposée complète et sincère sur ses programmes d’armes de destruction massive. Le général Amer al-Saadi, responsable du dossier de l’armement en Irak, invite Londres et Washington à fournir à l’Unmovic et à l’Agence internationale de l’énergie atomique pour vérification sur place les preuves tangibles qu’ils affirment détenir sur l’existence d’armes prohibées non révélées par l’Irak. Il souligne que les inspections sont downloadModeText.vue.download 133 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 131 « une pilule arrière », mais que l’Irak les accepte par souci de coopération avec les inspecteurs. Par ailleurs, le président irakien Saddam Hussein présente, pour la première fois en douze ans, ses « excuses » au peuple koweïtien pour avoir envahi son pays en août 1990, avant d’en être expulsé quelques mois plus tard par une coalition internationale commandée par le général américain Norman Schwarzkopf. Le 9, la déclaration de l’Irak sur ses armements de destruction massive parvient au Conseil de sécurité des Nations unies. Pour les dirigeants irakiens, cette déclaration de près de 12 000 pages, établit que l’Irak ne possède pas d’armes nucléaires, chimiques ou biologiques. Irak : les bonnes résolutions L’ONU l’a votée, Bagdad l’a acceptée. Le débat autour de la résolution 1 441 sur le désarmement irakien aura autant illustré la guerre de position menée par les ÉtatsUnis au sein de la communauté internationale que celle conduite par cette dernière à l’égard de l’Irak. Le président George W. Bush n’a pas attendu les attentats du 11 septembre pour exprimer sa volonté d’« en finir avec Saddam Hussein ». Cet objectif s’inscrit dans la logique forgée à Washington selon laquelle le danger qui menace le gendarme du monde menace le monde dans sa totalité. Il remonte à la guerre du Golfe, menée par le père de l’actuel occupant du bureau ovale, événement contemporain de la disparition du « deuxième Grand », l’URSS. Après le 11 septembre, le danger irakien a simplement fait l’objet d’une réinterprétation de la part des États-Unis. Sanctuaire d’Oussama Ben Laden, l’Afghanistan constituait une cible parfaitement lisible dans le cadre du combat engagé par les États-Unis contre l’« axe du Mal ». Mais Washington n’a jamais apporté la preuve d’un quelconque lien entre l’Irak et alQaïda. C’est donc au nom du danger potentiel que l’Irak ferait peser sur le monde, du fait de la détention présumée d’armes de destruction massive, et de l’aide qu’il pourrait apporter au terrorisme international, poussé par son antiaméricanisme viscéral, que le régime de Saddam Hussein doit être détruit. Effet perturbateur S’il n’avait tenu qu’à eux, les États-Unis se seraient bien passés de l’ONU. L’état de légitime défense, que l’ONU a reconnu à Washington après le 11 septembre, ne justifiait-il pas à lui seul une intervention ? Le débat a été serré, tant au sein de l’administration américaine qu’entre les alliés. Une fois la nécessité d’obtenir l’onction onusienne admise par Washington, les modalités d’une action contre l’Irak restaient à définir. Les approches étaient diamétralement opposées. Les États-Unis souhaitaient faire adopter une résolution légitimant son intervention armée. L’objectif des Nations unies était d’aboutir au désarmement de l’Irak prévu par la résolution 687 d’avril 1991, votée au lendemain de la guerre du Golfe. Le contrôle de ce désarmement avait été interrompu par le retrait des inspecteurs de l’ONU, en décembre 1998. Or en août, Bagdad a invité le chef de la commission de contrôle du désarmement de l’Irak (Unmovic), Hans Blix, à « préparer une reprise de la coopération » – la résolution 1 284 adoptée en décembre 1999 exige le retour inconditionnel en Irak des inspecteurs de l’ONU. L’effet perturbateur recherché par Bagdad ne s’est pas fait attendre. Tandis que le vice-président américain, Dick Cheney, évoquait l’application de la « doctrine de la prévention » à l’encontre du régime irakien, le président Jacques Chirac présentait la position française : « On voit poindre la tentation de légitimer l’usage unilatéral et préventif de la force, déclarait-il. Cette évolution [...] est contraire à la vision de la sécurité collective de la France, [...] qui repose sur la coopération des États, le respect du droit et l’autorité du Conseil de sécurité. » Si Bagdad refuse le retour des inspecteurs de l’Unmovic, « il faudra que le Conseil de sécurité, et lui seul, soit en mesure de décider les mesures à prendre », ajoutait-il. Une approche en deux temps En septembre, quelques jours après le débat sur la crise irakienne devant l’Assemblée générale de l’ONU au cours duquel le président Bush avait prévenu que « les exigences justes de paix et de sécurité seront appliquées, ou l’action sera inévitable », le gouvernement de Bagdad a déclaré accepter le « retour des inspecteurs en désarmement de l’ONU en Irak sans condition ». Dès lors, les États-Unis n’ont eu de cesse d’exiger l’adoption d’une résolution renforçant downloadModeText.vue.download 134 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 132 le contrôle du désarmement irakien et prévoyant un recours automatique à la force en cas de violation. De son côté, la France s’en tenait à l’application de « la 1 284, toute la 1 284, rien que la 1 284 ! ». Chacun a réduit ses prétentions. La France s’est contentée d’exiger que la guerre contre l’Irak ne se fasse pas sans l’aval de l’ONU. Les États-Unis ont fini par admettre l’« approche en deux temps » prônée par Paris : deux résolutions plutôt qu’une, la première fixant les nouvelles règles du régime de contrôle du désarmement irakien, la seconde, en cas de violation de ces règles, autorisant éventuellement un recours à la force. Le 8 novembre, le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité la résolution 1 441 qui prévoit un régime d’inspection renforcé et impose à Bagdad de fournir dans les trente jours la liste de ses programmes d’armements. Placée sous le chapitre VII de la Charte de l’ONU qui autorise de recourir à la force pour la faire respecter, la résolution charge toutefois le Conseil de sécurité de la suite à donner à une violation de ses obligations par l’Irak. Le 12, en guise d’exutoire des passions nationalistes, le Parlement irakien a rejeté la résolution 1 441 qui lui était soumise, au cours d’une séance très médiatisée. Le lendemain, le gouvernement irakien l’a acceptée sans réserve, indiquant toutefois qu’il relèverait les éventuelles « mauvaises intentions » des inspecteurs de l’ONU. GÉRARD SANIER EXTRAITS DE LA RÉSOLUTION 1 441 !2002! SUR LE DÉSARMEMENT DE L’IRAK « Le Conseil de sécurité, [...] 1. DÉCIDE que l’Irak est et demeure en violation patente des obligations que lui imposent les résolutions pertinentes, notamment la résolution 687 (1991) [...]. 1 bis. DÉCIDE [...] d’accorder à l’Irak par la présente résolution une dernière possibilité de s’acquitter des obligations en matière de désarmement [...], et décide en conséquence d’instituer un régime d’inspection renforcé [...]. 3. DÉCIDE [que] le gouvernement irakien [...] fournira, [...] au plus tard 30 jours à compter de la présente résolution, une déclaration à jour, exacte et complète sur tous les aspects de ses programmes de mise au point d armes chimiques, biologiques et nucléaires, de missiles balistiques et d’autres vecteurs [...]. 4. DÉCIDE que la présentation d’informations fausses ou l’existence d’omissions dans les déclarations soumises par l’Irak [...] et le fait de ne pas se conformer à tout moment à la présente résolution et de ne pas coopérer pleinement à son application constitueront une nouvelle violation patente des obligations de l’Irak [...]. 11. DONNE POUR INSTRUCTION [à] la Commission et [à] l’AIEA de lui signaler immédiatement toute ingérence de l’Irak dans les activités d’inspection ainsi que tout manquement de l’Irak à ses obligations en matière de désarmement [...]. 12. DÉCIDE de se réunir immédiatement, dès réception d’un rapport conformément aux paragraphes 4 ou 11 ci-dessus, afin d’examiner la situation ainsi que la nécessité du respect intégral de toutes ses résolutions pertinentes, en vue d’assurer la paix et la sécurité internationales [...]. » 8 Venezuela Grève illimitée L’opposition vénézuélienne reconduit « pour une durée illimitée » la grève générale, qui entre ainsi dans sa deuxième semaine, et paralyse partiellement les activités pétrolières du pays, cinquième exportateur mondial de brut et troisième fournisseur de brut des États-Unis. Patrons, syndicats et partis d’opposition veulent obtenir la démission du chef de l’État, Hugo Chavez, grâce à l’organisation d’un référendum. Les organisateurs de la grève proclament un « deuil national dans tout le pays pour le massacre de la place d’Altamira » où, le 6, des coups de feux tirés sur les manifestants « antichavistes » ont tué trois personnes et blessé une vingtaine d’autres. Selon les médias locaux, l’industrie pétrolière du Venezuela est paralysée à 80 %. Un référendum consultatif est prévu pour le 2 février 2003. Le chef de l’État a déjà annoncé qu’il refuserait de démissionner, même si la majorité des votants demandait son départ. En revanche, Hugo Chavez accepte le principe d’un « référendum révocatoire » qui, conformément à la Constitution, pourrait downloadModeText.vue.download 135 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 133 avoir lieu en août 2003. Arbitres ultimes, les militaires sont restés muets depuis le début de la grève. Serbie Nouvel échec de l’élection présidentielle La Serbie se retrouve dans une impasse après l’échec de l’élection présidentielle, consécutif à une trop faible mobilisation des électeurs. Ces derniers ont voulu, par ce vote sanction, tourner le dos à leurs dirigeants et leurs incessantes divisions. Le taux de participation de l’électorat inscrit (6,5 millions de personnes) n’est que de 45 %, soit bien au-dessous de la barre des 50 % requis par la loi pour assurer la validité du scrutin. Le président de la Fédération de Yougoslavie (RFY : Serbie et Monténégro), Vojislav Kostunica, a pourtant devancé, avec 57,5 % des suffrages exprimés, ses deux adversaires, les leaders ultranationalistes Vojislav Seselj et Borislav Pelevic. La présidente du Parlement, Natasa Micic, une proche de M. Djindjic, doit en principe assumer, pour trois mois, la fonction de chef d’État par intérim à partir du 5 janvier 2003, date d’expiration du mandat de cinq ans du président sortant Milan Milutinovic. 10 France Accord sur une représentation musulmane Le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy annonce, après trois ans de laborieuses négociations, un accord pour la création d’un organisme représentatif des musulmans de France, à l’image de la Conférence des évêques pour les catholiques, de la Fédération protestante ou du Consistoire central pour les juifs. L’islam est la deuxième religion de France derrière le catholicisme, avec environ cinq millions de pratiquants. La création du Conseil français du culte musulman devrait permettre non seulement aux musulmans de se faire entendre, mais aussi à l’État d’avoir un interlocuteur privilégié pour les questions religieuses liées à l’islam. Le document d’accord a été signé par la mosquée de Paris (sous influence algérienne), l’Union des organisations islamiques de France (UOIF, conservatrice, proche des Frères musulmans, la mieux structurée et la plus influente) et la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF, à dominante marocaine), considérées comme les trois organismes les plus représentatifs. Mais cet arrangement est critiqué par une partie de la communauté musulmane, qui peine à parler d’une seule voix. La Serbie se cherche un président Coup sur coup, le 13 octobre et le 8 décembre, les élections présidentielles ont dû être invalidées en Serbie, faute de participants. Une mauvaise nouvelle pour l’élu éconduit de ce scrutin au rabais, le président yougoslave Vojislav Kostunica. Appelés aux urnes le 8 décembre pour élire leur président, les Serbes ne se sont pas davantage mobilisés que le 13 octobre, où leur trop faible participation avait conduit à l’annulation de ce premier scrutin. Cette fois encore, malgré les appels au civisme des candidats, et plus particulièrement du président de la Fédération yougoslave Vojislav Kostunica, qui a largement remporté le scrutin avorté, seuls 45 % des électeurs serbes (trois millions de votants) avaient pris la peine de se rendre dans les bureaux de vote, un taux de participation bien en deçà donc des 50 % nécessaires à la validation du scrutin. Bis repetita Ces présidentielles sur l’air du quitte ou double constituent un sérieux revers pour le président Kostunica, qui cherchait à l’occasion de ce scrutin, à s’imposer sur la scène politique de Serbie dont le gouvernement dirigé par Zoran Djindjic lui a tenu tête plus d’une fois, et singulièrement en juin 2001 lors du transfert à La Haye de l’ancien président Milosevic, que son successeur nationaliste voulait voir juger à Belgrade. La déception et l’amertume de M. Kostunica sont d’autant plus grandes qu’il a remporté haut la main ces deux élections au rabais, qui confirmaient les sondages successifs désignant son Parti démocrate de Serbie (DSS) comme la première formation de l’échiquier politique serbe, face au Parti démocrate (DS) de M. Djindjic, certes bien implanté dans les villes, mais discrédité par les luttes d’influence internes et les mauvais résultats économiques du gouvernement. Cette évolution avait encouragé les revendications du DSS en vue d’une représentation plus importante au sein du gouvernement de Belgrade, donnant lieu le 18 juillet à un vote du Parlement qui avancera de trois mois la tenue downloadModeText.vue.download 136 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 134 des présidentielles, fixées alors au 28 septembre, date du premier tour, qui verra M. Kostunica arriver en tête avec 31 % des voix face à son principal rival, Miroljub Labus, un économiste proche du Premier ministre, (27,3 %), suivi par Vojislav Seselj, le leader d’extrême droite, chef du Parti radical serbe (23,2 %). Les appels au boycott de ce dernier, qui bénéficiait du soutien adressé par Milosevic depuis sa prison de La Haye, seront en grande partie responsables d’un taux d’abstention qui conduira à l’invalidation du scrutin du 13 octobre. Le même scénario se répétera donc le 8 décembre, sauf que cette nouvelle tentative, à l’avantage cette fois encore de M. Kostunica, crédité d’une majorité absolue de 58 % contre 35,6 % à M. Seselj. Mauvais gagnant, le président fédéral yougoslave a imputé la responsabilité de cet échec à Z. Djindjic, mettant en cause la falsification des registres électoraux et menaçant d’une dissolution du Parlement. Prenant acte avec une certaine satisfaction de l’annulation d’un processus électoral qui tournait au désavantage de son candidat, le Premier ministre serbe soulignait quant à lui l’urgence d’une nouvelle Constitution remplaçant celle de 1990 toujours en vigueur héritée de Milosevic. L’influence du nationalisme Cette impasse politique, qui laisse un vide inquiétant au sommet du pouvoir serbe, occupé jusqu’au 5 janvier 2003, par l’actuel président Milan Milutinovic, dernier élément du régime Milosevic encore en fonction qui devrait s’envoler, sitôt levée son immunité, vers le Tribunal pénal international de La Haye, laissant l’intérim à la présidente du Parlement Natacha Micic, proche de M. Djindjic, traduit la désaffection des Serbes pour la scène politique et ses acteurs, qui n’ont pas tous rompu avec l’ancien régime. Le score dont est crédité M. Seselj dans des scrutins qui font désormais figure de sondages souligne l’influence du nationalisme dans un débat électoral qui prétendait mettre l’accent sur les questions économiques. Les électeurs, en proie à des difficultés que n’a guère allégé l’aide économique annoncée par les Occidentaux, n’ont pas été sensibles aux promesses de M. Labus, qui agitait la carotte d’un accord avec l’UE en 2003. Pour autant, ils n’ont pas souhaité donner carte blanche à M. Kostunica, même s’ils ont davantage écouté ses critiques contre la politique du gouvernement de M. Djindjic, dont les réformes, douloureuses sur le plan social, sont suspectées de vouloir mettre le pays sous la coupe des institutions étrangères. Si le débat électoral a donné les coudées franches à M. Kos- tunica pour étoffer sa rhétorique nationaliste, et se livrer à une surenchère qui l’opposera dans les urnes à M. Seselj le 8 décembre, cette évolution a finalement détourné des bureaux de vote la majorité des électeurs serbes. Ceux-ci n’ont pas été apparemment sensibles à la campagne menée par l’entourage du Premier ministre serbe, qui avait mis à profit un scandale de ventes d’armes à l’Irak pour tenter de montrer la collusion entre le président Kostunica et les chefs d’une armée yougoslave encore sous l’influence de Milosevic. Début novembre, ce scandale avait conduit le président yougoslave à limoger deux généraux, le vice-ministre de la Défense et le directeur de la société Yougoimport, une mesure qui sera saluée par les États-Unis mais qui, pour une opinion encore sous le choc de l’offensive militaire de l’OTAN en 1999, traduit l’influence politique croissante des Occidentaux dans les affaires du pays, sans réelle contrepartie dans le domaine économique. Si ces échecs électoraux à répétition ont souligné les divergences profondes au sein de la classe politique serbe et yougoslave, notamment sur la question des relations avec l’Occident, on ne pouvait néanmoins donner tort, à Belgrade, au directeur du Pacte de stabilité pour l’Europe du Sud-Est, Ehrard Busek, qui déclarait au lendemain du scrutin invalidé qu’un « autre échec de cette élection va rendre la situation politique en Serbie encore plus instable ». GEORGES CHEVRON LA SERBIE!MONTÉNÉGRO Alors que le président de la Fédération yougoslave postulait la présidence de la Serbie, la commission mixte chargée d’élaborer une charte constitutionnelle pour les entités serbe et monténégrine tombait d’accord le 6 décembre sur une ultime version d’un texte jetant les bases d’un nouvel État baptisé Serbie-Monténégro. Préparé sous la pression de l’UE, ce texte a bien sûr déplu au président monténégrin Milo Djukanovic, qui doit renoncer à ses ambitions d’indépendance au moins pendant une période probatoire de trois ans. Une telle évolution, qui repousse le spectre d’un éclatement de ce qui reste de la Yougoslavie, constitue une victoire pour M. KostudownloadModeText.vue.download 137 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 135 nica. Mais sa fonction de président de la Serbie-Monténégro risque de devenir très théorique, d’où son empressement à assumer la présidence de la Serbie. 11 Aéronautique Échec de la première Ariane 5 plus Le lanceur Ariane 5 plus interrompt sa mission au centre spatial guyanais à Kourou, alors qu’il se trouvait à 120 kilomètres d’altitude : pour une raison encore inconnue, il déviait de sa trajectoire. Détruit volontairement trois minutes après le décollage, il avait à son bord deux satellites : le satellite de télécommunications Hot Bird 7 pour le compte de l’opérateur européen Eutelsat, d’un coût estimé de 250 millions d’euros (lancement et assurance compris), et le satellite expérimental Stentor, lancé dans le cadre d’un programme mené par le Centre national d’études spatiales (CNES), évalué à 385 millions d’euros. Arianespace ne remet pas en cause pour le moment les prochains lancements Ariane : il reste 42 satellites à lancer, dont neuf ATV (Automatic Transfer Vehicle), le véhicule de fret destiné à ravitailler la station spatiale internationale. France Nouveaux renforts en Côte d’Ivoire La France envoie 2 000 militaires en Côte d’Ivoire, où ses effectifs comptent déjà environ 1 500 soldats. Le gouvernement justifie cette intervention, outre par la protection de ses 20 000 ressortissants en Côte d’Ivoire, par « l’exigence de stabilité et de sécurisation du cessez-le-feu » conclu le 17 octobre dernier entre le gouvernement ivoirien et les militaires insurgés. 12 UE Budget adopté, Turquie repoussée Au sommet de Copenhague, les dirigeants de l’Union européenne approuvent l’enveloppe finale pour financer son élargissement à 25 pays et remettent à décembre 2004 leur décision sur l’ouverture de négociations d’adhésion. C’est seulement à cette date que les Quinze évalueront, sur la base d’un rapport de la Commission européenne, les avancées démocratiques turques. Si le verdict est positif, les négociations en vue de l’intégration de la Turquie dans l’UE pourront alors s’ouvrir « dès que possible ». France Perquisitions en série dans l’enquête sur Vivendi Ouverte par le parquet de Paris le 29 octobre, l’enquête française sur les comptes de Vivendi Universal s’ouvre par une série de perquisitions, ordonnées par Bruno Pireyre, René Cros et Henri Pons, les trois juges parisiens désignés pour instruire l’information judiciaire ouverte pour « publication de faux bilans pour les exercices 2000 et 2001 » et « diffusion d’informations fausses ou trompeuses sur les perspectives de Vivendi Universal en 2001 et 2002 ». Les policiers de la brigade financière ont perquisitionné au siège du groupe, avenue de Friedland à Paris, au siège de Cegetel, filiale du groupe, et aux domiciles de plusieurs dirigeants ou anciens dirigeants de Vivendi Universal, notamment aux deux domiciles de Jean-Marie Messier, qui avait démissionné de la présidence du groupe en juillet. L’information judiciaire avait été ouverte à la suite d’une plainte déposée en juillet par l’Association des petits porteurs d’actifs (Appac). Immunité préservée pour le chef de l’État Le constitutionnaliste Pierre Avril remet à Jacques Chirac le rapport de la commission qu’il avait luimême constituée, après sa réélection, pour « examiner » la question du « statut pénal » du chef de l’État. Adoptées à l’unanimité de ses douze membres, les recommandations de ce groupe d’experts réaffirment le principe d’« inviolabilité », qui interdit à un juge de convoquer ou de poursuivre le chef de l’État en exercice. Ce faisant, elles confortent la situation inexpugnable de M. Chirac face aux « affaires ». Mais elles préconisent aussi l’instauration d’une procédure de type américain, qui permettrait au Parlement, dans certaines circonstances, de déclarer l’« empêchement » du président, voire de voter sa destitution. En clair, la commission Avril propose qu’un mécanisme mettant en jeu la responsabilité politique du président tant qu’il siège à l’Élysée se substitue à sa mise en cause pénale, si le besoin s’en fait sentir. Les scientifiques en faveur des OGM Les Académies des sciences, de médecine et de pharmacie se prononcent en faveur des plantes génétiquement modifiées dans deux rapports distincts. Les trois assemblées savantes parviennent à des conclusions similaires : les plantes transgéniques downloadModeText.vue.download 138 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 136 peuvent être introduites, de façon « raisonnée et prudente », dans l’agriculture. Au terme d’une « analyse approfondie » réclamée par le gouvernement, les deux Académies nationales de médecine et de pharmacie ont estimé que l’utilisation des OGM à des fins alimentaires ou thérapeutiques ne présentait aucun risque particulier, dans la mesure où l’ADN des génomes de ces organismes est semblable à celui des autres génomes existants, car il est, comme eux, dégradé dans l’intestin lors de la digestion. Selon elles, le danger potentiel des OGM ne peut être dû qu’aux protéines dont la synthèse est codée par le gène introduit. C’est donc, « au cas par cas » et selon « des protocoles précis et bien définis au niveau national et européen » qu’il conviendra de vérifier l’absence de toxicité ou de réactions allergiques, comme cela doit être le cas pour tous les nouveaux aliments. Procédure judiciaire Le rendez-vous de M. Chirac avec la justice programmé Le juge de Nanterre Alain Philibeauxi instruit l’affaire du financement du RPR, un dossier visant expressément le président de la république. Diligentées contre X..., en raison de l’immunité dévolue au chef de l’État, ces poursuites visent Jacques Chirac en tant qu’ancien maire de Paris et président du RPR, sous les qualifications pénales de « prise illégale d’intérêt » et de « recel de prise illégale d’intérêt ». Quand il quittera l’Élysée, M. Chirac sera mis en cause par la justice pour avoir été le bénéficiaire, sinon l’organisateur, du système qui permettait à la Mairie de Paris de financer les salaires des cadres du RPR. La mise en cause personnelle de M. Chirac dans cette affaire avait été provoquée par la découverte, dans les archives de l’Hôtel de Ville, au début de l’année 1999, d’une lettre qu’il avait adressée au secrétaire général de la Ville et signée de sa main. Dans ce courrier, daté du 16 mars 1993, il demandait la promotion d’une secrétaire au sein des services municipaux, en soulignant le « dévouement exemplaire » dont elle avait fait preuve dans les « fonctions délicates » qu’elle exerçait au RPR. Corée du Nord Le régime menace de reprendre son programme nucléaire La Corée du Nord annonce le redémarrage « immédiat » de sa production de plutonium utilisable à des fins militaires, qui avait été gelée en 1994 par un accord avec les États-Unis, pour riposter à l’arrêt des livraisons de mazout imposé dernièrement par Washington et ses alliés. Cette initiative a été jugée « très regrettable » à Tokyo et suivie à Séoul d’une réunion d’urgence du Conseil national de sécurité, qui a exprimé son « inquiétude ». L’annonce de Pyongyang est perçue chez les deux alliés de Washington comme une nouvelle étape de la guerre psychologique que se livrent les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée (RPDC). 15 Madagascar Élections législatives Le parti du président Marc Ravalomanana et ses alliés se dirigent vers une nette victoire aux élections législatives. Le parti présidentiel, Tiako I Madagasikara (« J’aime Madagascar »), est assuré de remporter une majorité de 60 à 70 % des 160 sièges à l’Assemblée nationale, le taux de participation étant compris entre 50 et 60 %. 16 ONU Famine : sauver 38 millions d’Africains L’ONU lance une campagne internationale de mobilisation pour sauver 38 millions d’Africains de la famine en 2003. Selon le Programme alimentaire mondial, c’est l’Afrique australe qui est la plus menacée, notamment le Zimbabwe, mais aussi la corne du continent avec l’Éthiopie. Sécheresse en 2002, gabegie gouvernementale, exploitation politique de la faim, sida ravageur figurent parmi les causes du retour de la famine en Afrique. 17 États-Unis Mise en oeuvre du bouclier antimissile Le président George W. Bush ordonne aux armées des États-Unis de commencer à déployer, sur terre et sur mer, pour 2004-2005, les premiers éléments d’un bouclier antimissile américain. Il s’agit de la première phase d’un projet plus ambitieux pour, dans un premier temps, répondre à des agressions limitées. D’autres phases sont prévues mais n’ont pas encore été engagées. Cette étape du programme américain n’a d’autre prétention, avouée downloadModeText.vue.download 139 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 137 par le Pentagone, que d’arrêter une menace représentée par quelques têtes assaillantes munies d’aides à la pénétration simples et issues de pays hostiles ou d’organisations terroristes ayant accédé à des technologies encore sommaires. Il existe deux autres phases ultérieures, à partir des années 2010, beaucoup plus ambitieuses, dans le but de pouvoir intercepter des dizaines de têtes de missiles offensifs et pourvus d’aides complexes à la pénétration. Aujourd’hui, le bouclier, qui est apparu au début comme un système d’armes national et propre à la protection du territoire américain, est présenté aux alliés des États-Unis comme devant aussi contribuer à leur propre défense. 18 France Sécurité routière : vers des sanctions plus graves Le gouvernement annonce un alourdissement des sanctions pour les infractions routières les plus graves. L’homicide involontaire sera ainsi passible de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende, voire sept ans de prison et 100 000 euros d’amende en cas de facteur aggravant. La conduite avec un taux d’alcoolémie compris entre 0,5 et 0,8 gramme par litre dans le sang sera passible d’un retrait de six points du permis de conduire au lieu de trois jusqu’à présent. Lorsqu’un conducteur aura commis un homicide au volant avec deux circonstances aggravantes (parmi lesquelles : alcool, défaut de permis, excès de vitesse ou délit de fuite), il risquera dix ans de prison et 150 000 euros d’amende. L’homicide involontaire sans circonstance aggravante sera désormais passible de cinq ans de prison, contre trois à l’heure actuelle. Le non-port de la ceinture de sécurité sera également passible d’un retrait de trois points et l’usage du téléphone portable au volant de deux points. Le gouvernement a également décidé d’instituer une période probatoire de trois ans pour le permis de conduire. Iran Les étudiants contre le régime Vingt-trois ans après l’instauration d’une république islamique, le régime de Téhéran est remis en cause par l’agitation universitaire. Les réformateurs conduits par le président Khatami sont également contestés par un mouvement qui réclame la liberté et la démocratie. Plus de trois ans après la révolte étudiante de juillet 1999, la république islamique d’Iran est de nouveau confrontée à un mouvement contestataire qui a également pris naissance dans les universités. Irak/États-Unis Renforcement du dispositif américain Réagissant au document irakien sur les armements non conventionnels, le président George W. Bush se dit « préoccupé par les omissions que comporte ce document et par les problèmes qu’il pose ». Selon le porte-parole de la Maison-Blanche, il faut donc que les inspecteurs « aient tous les outils dont ils ont besoin pour faire leur travail » et « puissent utiliser tous les moyens que leur donne la résolution du Conseil de sécurité ». Parallèlement, les États-Unis et le RoyaumeUni s’organisent pour donner de nouveaux développements à leurs dispositifs militaires respectifs, en vue d’une éventuelle intervention en Irak. Ainsi, l’armée américaine a reçu pour instruction d’informer quelque 50 000 soldats qu’ils pourraient être envoyés au début de 2003 dans la région du Golfe. Pour sa part, le gouvernement français fait savoir, par l’intermédiaire du ministre de la Défense, Michèle AlliotMarie, qu’il n’est pas question que la France participe à une action hors du cadre de l’ONU. Nouvelle vague de contestation dans les campus iraniens La condamnation à mort le 6 novembre de Hachem Aghadjari, un intellectuel proche du président Khatami, accusé d’avoir osé évoquer l’idée d’un « protestantisme » de l’islam, a enflammé une nouvelle fois les campus des universités iraniennes. Les tentatives de réforme ont été nombreuses dans l’histoire du monde musulman, et la république islamique d’Iran, issue de la révolution conduite par l’ayatollah Khomeyni en 1979, en constitue un exemple encore bien vivace, même si le régime iranien, enfermé dans ses contradictions, ne semble plus porté par le vent de la réforme. Pourtant, de la réforme au « protestantisme » de l’islam, il y a un pas, théologique et idéologique, qu’a osé franchir l’intellectuel Hachem Aghadjari et qui l’a conduit en prison. downloadModeText.vue.download 140 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 138 Les mollahs contestés Particulièrement sourcilleuse pour tout ce qui touche au dogme de la révolution islamique, la justice iranienne, entièrement contrôlée par les éléments les plus conservateurs du clergé chiite au pouvoir à Téhéran, a sanctionné l’au- dace de l’universitaire qui avait cru pouvoir contester l’omniscience des mollahs, qui plus est en empruntant ses références à l’histoire du christianisme, en prononçant sa condamnation à mort le 6 novembre. La sentence de mort a été assortie d’une peine de prison de sept ans et de 74 coups de fouet et... pour bien montrer que le ridicule peut tuer, d’une privation de dix ans du droit d’enseigner ! M. Aghadjari, qui a perdu une jambe durant la guerre contre l’Irak, n’a pourtant pas le profil d’un dissident. Mais il est l’un des dirigeants de l’Organisation des moudjahidines de la révolution islamique (à ne pas confondre avec les Moudjahidines du peuple, un mouvement armé d’opposition au régime iranien basé à Bagdad) qui appartient à la mouvance réformatrice conduite par le président Mohammad Khatami, réélu en juin 2001. C’est ce dernier que les conservateurs ont voulu atteindre en faisant arrêter M. Aghadjari, au mois d’août, lors d’une conférence à huis clos. Les propos de l’universitaire, qui appelait à ne pas suivre aveuglément les enseignements du clergé, ont été dénoncés comme une insulte à l’islam par les éléments les plus durs parmi le camp conservateur, où cette condamnation à mort a jeté aussi la consternation. Mais c’est surtout dans les campus des universités iraniennes que la décision de justice a suscité une levée de boucliers, dont l’ampleur a sans doute surpris les durs du régime islamique. La condamnation prononcée contre M. Aghadjari se voulait exemplaire, et avait vocation à intimider les partisans de M. Khatami, tout en accordant le beau rôle au Guide de la république et réel détenteur du pouvoir, l’ayatollah Ali Khamenei, qui seul a la capacité de commuer la sentence de mort en peine de prison, une grâce dont il avait déjà usé en faveur du hodjatoleslam Hassan Youssefi Echkevari, qui avait vu sa peine capitale pour insulte à l’islam commuée en sept années d’emprisonnement. Les manifestations qui, depuis, agitent presque quotidiennement les universités des grandes villes iraniennes, et plus particulièrement Téhéran, ont contrarié ce scénario. Les bassidji sur le pied de guerre Les revendications estudiantines, en prenant un tour nettement politique, allant jusqu’à la remise en cause des fondements de la république islamique, ont illustré la fracture toujours plus accentuée entre le pouvoir et une société civile qui ne se reconnaît plus dans les luttes de clan aux enjeux troubles entre des conservateurs arcboutés sur le dogme khomeyniste et sur leurs privilèges et des réformateurs qui ne cessent de l’appeler à la patience dans l’attente d’hypothétiques réformes. Tandis que se profile le spectre d’une réédition des manifestations de Téhéran de l’été 1999, qui avaient été étouffées au prix d’une brutale répression qui avait fait officiellement trois morts et entraîné 1 500 arrestations, le pouvoir cherche à tout prix à éviter que le mouvement ne se propage cette fois à la rue iranienne. Les bassidji (les mobilisés), cette milice islamique créée en 1979 par l’ayatollah Khomeyni pour protéger le nouveau régime et qui serait composée de plusieurs millions de membres, sont sur le pied de guerre pour canaliser le mouvement à l’intérieur des campus et en empêcher la propagation au sein de la population. Dans un contexte international marqué par la guerre contre le terrorisme lancée par les États-Unis, dont le président G.W. Bush a inscrit en janvier l’Iran au nombre des trois pays composant « l’axe du mal », aux côtés de l’Irak et de la Corée du Nord, l’ayatollah Ali Khamenei n’a eu aucun mal pour ressortir la rhétorique du « complot » fomenté par les puissances étrangères « ennemies » avec l’aide des « perturbateurs » étudiants. Mais plus que cette rhétorique usée, c’est la lassitude de la population qui pourrait étouffer dans l’oeuf le mouvement de contestation. La population est fatiguée de la révolution et de la guerre et les hésitations du président Khatami à appliquer des réformes pour lesquelles elle l’a presque plébiscité lors des deux scrutins présidentiels ont brisé la vague d’espérance qui l’avait animée. Un an et demi après sa réélection en juillet 2001, les chances d’amender le système se sont réduites aux yeux d’une opinion iranienne désabusée et en proie à des difficultés économiques croissantes. Plus qu’un mouvement organisé, ce sont des flambées d’agitation incontrôlées, nées des frustrations accumulées pendant des années, qui risquent de déstabiliser le régime, avec tous les dangers que cela signifie pour la paix civile. ULYSSE GARO downloadModeText.vue.download 141 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 139 UN MALAISE SOCIAL GRANDISSANT À défaut de pouvoir participer à un débat politique qui donne toujours le dernier mot aux mollahs, la société exprime son opposition au régime en empruntant des voies que réprouve la morale islamique. Si les bassidji veillent à ce que la contestation politique sur les campus ne contamine pas le reste de la société, ils ne peuvent plus lutter sur tous les fronts : la drogue, qui est devenue un problème de société majeur en Iran, où l’on compterait de 2 à 3 millions de toxicomanes, mais aussi la prostitution, elle aussi en plein développement, expriment à leur manière le malaise d’une société qui ne se reconnaît plus dans le régime islamique et la religion qui en a été le fer de lance. Privés de projet, les jeunes Iraniens se sentent de plus en plus attirés par le modèle occidental. On comprend pourquoi le régime a interdit la réalisation en Iran de l’enquête sur l’image de l’Amérique dans le monde, menée à la fin de l’année sous l’égide de Madeleine Albright. L’hostilité à l Amérique y aurait été sans doute moins marquée que dans bien d’autres pays musulmans... 19 France Accord sur la composition du futur Conseil du culte musulman Les participants à la consultation lancée depuis novembre 1999 pour organiser l’islam de France – 7 fédérations, 5 grandes mosquées et 6 personnalités qualifiées –, réunis par le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, s’entendent sur l’élargissement de 11 à 16 membres du futur Conseil du culte musulman (CFCM). Ils se mettent d’accord sur la composition du bureau du CFCM, pour y intégrer notamment Soheib Bencheikh, le grand mufti de Marseille, et une femme, Bétoule Fekkar-Lambiotte. Corée du Sud Roh Moo-hyun, nouveau président Roh Moo-hyun, cinquante-six ans, le candidat du parti au pouvoir, remporte l’élection présidentielle avec 49 % des suffrages, contre 46,5 % pour le chef de l’opposition conservatrice, Lee Hoi-chang, soixante-sept ans, ancien juge à la Cour suprême et ex-Premier ministre. Sept candidats étaient en lice pour la succession, en février 2003, du président Kim Dae-jung, ancien dissident devenu homme d’État. Lauréat en 2000 du prix Nobel de la paix pour sa politique de réunification, celui-ci, ne pouvait, du fait de la Constitution, briguer un second mandat. France Assouplissement du droit de licenciement et des 35 heures Le Parlement entérine les deux projets de loi présentés en octobre par le ministre des Affaires sociales, François Fillon : le texte relatif « aux salaires, au temps de travail et au développement de l’emploi » et celui « portant relance de la négociation collective en matière de licenciements économiques ». Les élus de la majorité sont allés plus loin que la proposition de M. Fillon sur le second projet, qui vise à geler pour 18 mois les dispositions encadrant le licenciement collectif et les droits des salariés (droit d’opposition des syndicats, obligation d’études d’impact social et territorial, renforcement des prérogatives de l’inspection du travail, etc.). Deux articles supplémentaires ont été suspendus : l’obligation de négocier les 35 heures avant un plan social et l’obligation d’informer le comité d’entreprise avant toute annonce publique d’un plan social. L’opposition dénonce le « sectarisme » du gouvernement Après Arnaud Montebourg, député socialiste de Saône-et-Loire, et Jean-Pierre Balligand, député PS de l’Aisne, l’ancien ministre de l’Économie Laurent Fabius interpelle à l’Asemblée Jean-Pierre Raffarin sur le remplacement du directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), Daniel Lebègue. Il accuse le Premier ministre de faire preuve de « sectarisme », qui pose « le problème de l’État impartial ». Le remplacement à la tête de la CDC, qui s’ajoute à d’autres nominations contestées, notamment dans la magistrature, alimente les attaques de l’opposition. « Au bout de cinq ans, il n’est pas scandaleux de procéder au renouvellement des équipes », justifie M. Raffarin en évoquant une « rotation normale dans l’exercice des downloadModeText.vue.download 142 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 140 responsabilités ». Il dénonce par ailleurs l’agressivité de l’opposition sur le sujet des nominations. 20 États-Unis Démission du chef des sénateurs républicains Cédant à la pression qu’exerçaient sur lui depuis plusieurs jours ses collègues du Sénat et la MaisonBlanche, le chef de la majorité républicaine au Sénat, Trent Lott, soixante et un ans, démissionne de son poste. Il se trouvait sous le feu de la critique pour avoir dit regretter, le 5 décembre dernier, que Strom Thurmond, sénateur ségrégationniste du Mississippi, n’ait pas été élu président des États-Unis en 1948. Le 23, les sénateurs républicains élisent le sénateur du Tennessee Bill Frist, cinquante ans, à la présidence du groupe républicain au Sénat américain. France Interdiction de la diffusion télévisée du procès Papon Le tribunal de grande instance de Paris interdit à la chaîne câblée Histoire de diffuser des images du procès de Maurice Papon devant la cour d’assises de la Gironde, au terme duquel il avait été condamné à dix ans de réclusion pour complicité de crimes contre l’humanité. Les avocats de Maurice Papon demandaient au tribunal d’interdire cette diffusion en expliquant que la condamnation de M. Papon n’était pas définitive et que des magistrats de la Cour de cassation seraient amenés à se prononcer sur ce dossier en début d’année. Au sens strict du terme, la condamnation est définitive puisque la Cour de cassation a statué en octobre 1999, mais entretemps, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné la France et M. Papon est en droit de redéposer un dossier devant la commission de réexamen des condamnations pénales. 21 France Évasion d’un chef présumé de l’ETA militaire Un important responsable de l’organisation séparatiste basque ETA, Ibon Fernandez Iradi, arrêté le 19 à Saint-Martin-de-Seignanx (Landes), s’échappe dans la nuit du commissariat de Bayonne, où il se trouvait encore en garde à vue. L’homme d’une trentaine d’années, identifié par les services secrets espagnols comme étant le « plus haut responsable des commandos logistiques » de l’ETA, s’est faufilé à travers une petite lucarne de sa cellule au moment où il était censé dormir. Il allait être transféré à la 14e section antiterroriste du parquet de Paris. Cet homme est également soupçonné d’avoir fait partie du commando Buruntza ou Donosti qui a perpétré un atten- tat manqué contre la direction du Parti populaire (PP, droite) le 9 janvier 2001, au cimetière de Zarautz. Invoquant de « très graves négligences », le ministère de l’Intérieur suspend cinq policiers du commissariat de Bayonne, au moins à titre provisoire, dans l’attente des conclusions de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). UE Accord sur la réforme de la pêche Les Quinze votent une réforme de la pêche après cinq jours de négociation repoussant la limitation du nombre de jours passés en mer. Le commissaire à l’agriculture, Franz Fischler, a dû faire de très nombreuses concessions au groupe des « amis de la pêche » (France, Espagne, Portugal, Italie, Grèce et Irlande) pour aboutir à un accord, qu’il a toutefois qualifié d’« historique ». L’Allemagne et la Suède ont voté contre la réforme. La Commission de Bruxelles, se fondant sur des avis scientifiques, qui constatent que les stocks de poissons diminuent dangereusement dans les eaux européennes, concluait que la flotte de pêche est trop importante par rapport à la ressource disponible. Elle préconisait de sévères réductions de captures de certaines espèces. Pour garantir que ces quotas de captures seraient bien respectés par les pêcheurs, Bruxelles réclamait une limitation du nombre de jours passés en mer. Mais les « amis de la pêche » rejetaient cette limitation, parce qu’elle reviendrait à mettre leurs pêcheurs au chômage plusieurs jours, voire plusieurs semaines par mois. Elle préconisait aussi la suppression immédiate des aides publiques destinées à financer jusqu’en 2006 le renouvellement et la modernisation de la flotte. downloadModeText.vue.download 143 sur 380 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 141 22 France/Koweït Décès du journaliste Patrick Bourrat Le journaliste Patrick Bourrat, quarante-huit ans, envoyé spécial de la chaîne privée française TF1, décède au Koweït après avoir été blessé lors de manoeuvres américaines. Patrick Bourrat a été heurté par un char Abrams alors qu’il tentait d’écarter son cameraman du chemin du blindé, a souligné le porte-parole français. De nombreux journalistes se trouvent au Koweït pour couvrir les mouvements de l’armée américaine qui vont en s’intensifiant dans le nord du territoire koweïtien où les soldats s’entraînent à tirs réels. 24 Venezuela Poursuite de la crise politique Alors que le mouvement de grève générale entre dans sa quatrième semaine, la veille de Noël est marquée à Caracas par la multiplication de manifestations et de protestations. Les manifestants continuent de réclamer le départ du président Hugo Chavez et l’organisation d’élections, confirmant que la crise politique dans le pays est au moins égale à la polarisation de la société, divisée entre les opposants et les partisans de M. Chavez. Cette polarisation de la société se vérifie alors que les effets de la grève générale se font sentir maintenant dans tout le pays, avec de longues files d’attente dans les magasins. Le président de la société pétrolière du Venezuela (PDVSA), Ali Rodriguez, reconnaît que la société a perdu plus de 1,3 milliard de dollars depuis le début de la grève générale. 26 États-Unis Une secte revendique le premier bébé clone La scientifique française et membre de la secte des raéliens Brigitte Boisselier affirme avoir mis au monde une petite fille, baptisée Ève, obtenue par la technique du clonage. Si cette naissance d’un clone humain était confirmée, il s’agirait du premier bébé obtenu par la technique controversée du clonage humain. De nature ufologique et areligieux, le mouvement des raéliens a été fondé en 1973 par un ancien journaliste français, Claude Vorilhon, installé au Québec et qui se fait appeler Raël. 29 Kenya Victoire pour la délocratie L’opposition kenyane remporte une victoire historique aux élections générales avec l’élection de Mwai Kibaki, qui devient le troisième président du pays, et le rejet du parti au pouvoir depuis l’indépendance, en 1963. C’est un camouflet pour le président sortant, Daniel Arap Moi, dont le candidat, Uhuru Kenyatta, est largement devancé. downloadModeText.vue.download 144 sur 380 downloadModeText.vue.download 145 sur 380 143 Dossiers Art et Culture downloadModeText.vue.download 146 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 144 Même si la nouvelle semble déjà ancienne, c’est il y a un an à peine, au premier janvier 2002, que la France a officiellement troqué sa monnaie, le franc, contre une nouvelle devise européenne, l’euro. La révolution monétaire de l’euro FRANÇOISE LAZARE JOURNALISTE AU Monde Les craintes suscitées par l’idée d’un tel changement étaient très fortes, et d’aucuns pressentaient que le pis allait forcément arriver. Les personnes âgées ne s’y feraient jamais, les enfants n’y comprendraient rien, les entreprises ne seraient jamais prêtes à temps. Sans parler des arnaques prévisibles dans les magasins, des braquages inévitables de camions chargés de nouveaux billets... En fait, en peu de temps, les pièces et les billets d’euros ont envahi les portefeuilles, et, quelques mois plus tard, on n’entend plus guère parler du franc. LE FRANC DISPARU, DÉJÀ PRESQUE OUBLIÉ – La création du franc français remonte à 1360, époque de longs conflits avec l’Angleterre, qui avaient beaucoup détérioré la santé financière de la France. Le monarque Jean le Bon (1350-1364) choisit d’émettre de nouvelles pièces d’or portant l’inscription Francorum Rex (franc étant alors synonyme de libre). Auparavant, diverses appellations (sou, livre, écu, denier) avaient été données aux pièces d’or ou d’argent. Après la Révolution de 1789, les pièces d’or ou d’argent furent remplacées par des assignats révolutionnaires, un papier-monnaie théoriquement gagé sur la valeur future des biens nouvellement nationalisés. Mais leur valeur s’effondra rapidement, tandis qu’une hyperinflation se développait. Ce n’est qu’en 1795 qu’une nouvelle devise, le franc germinal, apparut pour participer à l’élimination des assignats. De là, le mot franc allait survivre jusqu’à l’euro, malgré les conflits et changements de régime successifs. – En 1803, les premiers véritables billets de banque apparurent, peu après la création de la Banque de France, unique émetteur. Le franc fut dévalué de 80 % par le Premier ministre Raymond Poincaré en 1928, rattaché à l’or dans le système monétaire international de Bretton Woods, amputé de deux zéros avec le nouveau franc de 1960, rallié à plusieurs autres monnaies européennes avec la création du SME (système monétaire européen) en 1979. La tête de Marianne (symbole de la Révolution) fut parfois redessinée, mais est toujours restée présente, jusque sur la face nationale des pièces de un, deux et cinq centimes d’euro. La semeuse, autre figure mythique, apparaît sur les pièces de 10, 20 et 50 centimes d’euros. Aucun attribut national ne figure en revanche sur les 7 types de billets, caractérisés par leur taille croissante en fonction de leur valeur. Ils reproduisent au verso une série de ponts stylisés, censés représenter les liens entre les membres de la zone. ● Mobilisation des agences de communication « L’euro, c’est plus facile ensemble » 8 milliards de nouvelles pièces, soit plus de 30 000 tonnes de métal À l’été 2001, confrontées à la mauvaise humeur et à la faible motivation des citoyens, les nombreuses agences de communication mobilisées avaient cherché à convaincre le public du bien-fondé du passage à l’euro, comparant la transition à un grand événement sportif qu’il s’agissait de remporter à tout prix. Plusieurs banques assuraient par exemple à leurs clients qu’elles allaient « leur faire gagner le défi de l’euro ». Le succès de la Coupe du monde de football en 1998 était encore proche, la défaite de 2002 n’avait pas encore eu lieu. Sur les écrans de télévision, une écolière prénommée Lise répétait avec conviction que « l’euro, c’est plus facile ensemble ». Des opérations spéciales étaient organisées au profit des « populations fragiles », enfants, personnes âgées, malvoyants. Des Monopoly-euro, avec Paris choisie comme capitale la plus luxueuse de l’Europe, étaient mis en vente dans les magasins de jouets. À la rentrée 2001, les entreprises établissaient les feuilles de paie dans les deux monnaies, les banques en faisaient de même avec les relevés de compte de leurs clients. Puis, en décembre, des « sachets premiers euros » d’une valeur de 100 francs (15 euros) étaient mis en vente, même si pièces et billets ne pouvaient encore être utilisés. Les commerçants, approvisionnés en « kits » de 222 euros, s’exerçaient avec angoisse à manier deux fonds de caisse différents, car pour une période de six semaines il était prévu que francs et euros auraient tous deux cours downloadModeText.vue.download 147 sur 380 DOSSIERS ART ET CULTURE 145 légal. Des calculatrices-convertisseurs d’euro avaient fait leur apparition dans les entreprises et chez les commerçants. De nombreux Français s’évertuaient à opérer de tête la complexe conversion (un euro = 6,559 57 francs), en ajoutant par exemple la moitié du prix en francs, puis en divisant par dix (100 francs deviennent 150 puis 15 euros). Les Français découvraient aussi le logo de la nouvelle devise, un Epsilon grec remis au goût du jour par le graphiste Robert Kalina. À la surprise générale, au 1er janvier 2002, la nouvelle monnaie entrait finalement sans encombre dans les consciences et les porte-monnaie. Le plus souvent à travers les distributeurs de billets, miraculeusement approvisionnés en euros pendant la nuit du réveillon. Depuis plusieurs semaines, les banques et la plupart des commerces avaient reçu leur quota de nouvelles pièces et de billets, en provenance de Pessac pour les premières (usine de la Direction des monnaies et médailles, située en Gironde) et de Chamalières pour les seconds (établissement de la Banque de France chargé, avec la papeterie de Vic-leComte, de l’impression des 2,5 milliards de nouveaux billets). Au fil du temps, les 8 milliards de nouvelles pièces (pesant plus de 30 000 tonnes, soit environ quatre fois le poids de la tour Eiffel) devaient s’avérer trop nombreuses, mais mieux valait éviter tout risque de pénurie... ● « Assécher les francs » Au lancement de l’euro, un « bas de laine » évalué à 150 milliards de francs Février 2012 : fin de la conversion gratuite des billets en francs Dans les premiers jours de janvier, bien que toujours déconcertés par des formules sibyllines telles que « la somme des arrondis n’est pas égale à l’arrondi de la somme », la majorité des citoyens cessa, presque immédiatement, d’utiliser le franc. Soit bien avant la date fatidique du 17 février 2002. La commission européenne, qui avait autorisé à ses membres des périodes transitoires de trois mois, estimait qu’à la mi-janvier 90 % des paiements en liquide intervenaient en euros et non plus en francs, surpassant encore les prévisions optimistes du ministre de l’Économie d’alors, Laurent Fabius, qui tablait pour sa part sur 80 %. Seuls les prix élevés, comme ceux des automobiles, continuaient, au moins mentalement, à être évalués en francs. Ils le seront sans doute longtemps. La valeur des biens immobiliers est d’ailleurs parfois encore exprimée en anciens francs (10 000 francs deviennent 100 « nouveaux » francs en 1960) par les propriétaires un peu âgés. Troquant le franc pour l’euro à partir du 1er janvier 2002, la France aurait-elle pu se passer entièrement de cette « période de double circulation », à l’instar de l’Allemagne, et de certains des autres membres de la « zone euro » (12 pays, Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, 304 millions d’habitants au total) ? En France, le gouvernement avait choisi une transition de six semaines, suffisamment courte pour ne pas laisser s’établir un double système de change, mais assez longue pour rassurer la population. De fait, ces six semaines ont eu le mérite d’« assécher » les francs plus paisiblement, les commerçants acceptant les paiements en francs, mais rendant la monnaie en euros. Le « bas de laine » – pièces et billets de francs cachés sous les matelas, en tous cas en dehors du système bancaire – était évalué à 150 milliards francs au lancement de l’euro. Au premier janvier, les conversions discrètes ont été stimulées par l’annonce que les banques ne seraient plus contraintes de déclarer les échanges de francs contre euros pour les montants inférieurs à 10 000 euros. En tout état de cause, si les échanges de monnaie ne peuvent plus se faire dans les banques depuis le 1er juillet 2002, ils restent possibles auprès des guichets de la Banque de France jusqu’en février 2005 pour les pièces et 2012 pour les billets. Quant au franc, dont la disparition, après plus de deux siècles d’existence ininterrompue, avait été tant décriée, il ne fait plus beaucoup parler de lui. Effacé du territoire français, y compris des départements d’outre-mer (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Réunion) ainsi que des collectivités territoriales de Mayotte et Saint-Pierre-et-Miquelon, son nom reste accolé au sigle CFA (communauté financière africaine) dans 14 pays d’Afrique francophone, à celui de CFP (communauté française du Pacifique) en NouvelleCalédonie, en Polynésie, à Wallis et Futuna (franc-CFA et franc-CFP). Les « micro-États » européens de Monaco, d’Andorre, de San Marin et du Vatican ont aussi choisi l’euro comme monnaie officielle. La Suisse conserve quant à elle son propre franc suisse, dont la parité reste indépendante de celle de l’euro, comme elle l’était du franc français. L’euro circule aussi largement sur le territoire helvète, enclavé dans la zone euro ainsi que, par exemple, en Grande-Bretagne, dont le sud est tout proche de la France et dont la côte ouest jouxte l’Irlande. TRENTE ANNÉES D’EFFORTS – Mars 1971 : l’ancien Premier ministre du Luxembourg, Pierre Werner, présente un rapport à la downloadModeText.vue.download 148 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 146 Commission européenne de Bruxelles, qui trace les premières lignes de la création d’une monnaie unique. – Mars 1979 : démarrage du système monétaire européen, qui unit les monnaies de six pays par un taux de change « stable, mais ajustable ». Les marges de fluctuations entre monnaies se situent à 2,25 % de part et d’autre d’un « taux pivot ». – Février 1992 : signature à Maastricht (Pays-Bas) du traité fondateur d’une Union économique et monétaire (UEM) centrée sur une monnaie unique. Le traité est ratifié en France par un référendum, en septembre 1992. Le Communauté économique européenne (CEE) est transformée en Union européeenne (UE). – Janvier 1988 : entrée en fonctions de la Banque centrale européenne chargée de mener la politique monétaire unique des pays de l’Euroland (maniement des taux d’intérêt, conservation des réserves de change, gestion de la parité de l’Euro...). Son premier président est le Néerlandais Wim Duisenberg. La Banque est située à Francfort (Allemagne). – Janvier 1999 : naissance de l’euro scriptural, monnaie officielle d’écritures utilisée par les entreprises des onze pays de la zone euro. – 1er janvier 2002 : démarrage de l’euro fiduciaire, apparition des pièces et des billets. Les monnaies nationales des douze pays de la zone euro sont retirées. – 17 février 2002 : le franc français n’a plus cours légal. C’est la fin de la période de double circulation franc/euro. – 30 juin 2002 : fin de l’autorisation d’échange francs/euros dans les banques. – Février 2005 : fin de la conversion gratuite des pièces de francs en euros à la Banque de France. – Février 2012 : fin de la conversion gratuite des billets en francs. ● Faible hausse des prix Le passage à l’euro n’a officiellement pas engendré, malgré les constatations amères des consommateurs, de hausse générale des prix. Après le léger sursaut du premier trimestre, les évolutions mensuelles des indices de prix à la consommation sont redevenues faibles. Certes, de nombreux commer- çants ont profité de l’euro pour relever leurs prix, en arrondissant à leur profit le taux de change complexe de 6,559 47 francs pour un euro, plutôt que de laisser simplement deux chiffres après la virgule, comme il était demandé. À Paris, il est devenu difficile d’acheter en début d’année une baguette de pain au prix recommandé de 61 centimes d’euro, qui correspondait aux 4 francs antérieurs. Si, au total, les hausses de prix déguisées, les « arrondis » souvent abusifs, ont eu peu d’effet sur l’inflation, c’est sans doute grâce à la forte concurrence entre commerçants, la surveillance menée par les autorités monétaires qui avaient bloqué les prix jusqu’au 1er avril. Selon la règle dite des « arrondis », les montants convertis du franc à l’euro au taux officiel de 6,559 57 étaient arrondis à deux chiffres après la virgule, au centime d’euro supérieur si le troisième chiffre après la virgule était inférieur à 5, au centime supérieur sinon. Un timbre à trois francs vaut 0,457 347 €, soit 0,914 694 pour deux timbres, arrondi à 0,91. Or, ce timbre ordinaire coûte 0,46 €, soit 0,92 € les deux. De plus, le climat économique, très morose en 2002, s’est traduit par de moindres dépenses de consommation. Même outreRhin, les prix renchéris ont souvent été dénoncés. L’euro avait le mérite d’être pratiquement égal à deux deutsche Marks, donc très facile à convertir, mais il a souvent été rebaptisé « teuro » (teuer signifie cher en allemand). Dans certains pays, comme l’Italie ou la Grèce, les protestations contre les hausses de prix ont été plus vives encore. À Rome, les consommateurs ont engagé différentes formes d’embargo, comme celui des pizzas, devenues trop chères. Le gouvernement d’Athènes est allé jusqu’à demander l’addition de billets de un et de deux euros à la place des pièces actuelles, afin de rendre plus visibles les renchérissements exagérés. Le « petit gris » de 5 euros (32,80 francs) ne sera-til plus, un jour, le plus petit de la gamme des sept coupures de la gamme européenne ? Il est en tout cas peu probable que les autorités aillent plus loin que le « grand rose » de 500. Cet argot familier n’est pas fortuit, puisque les sept coupures ont chacune leur couleur, et vont en grandissant : 12 cm pour le 5 € ; gris (12,7 cm) pour le 10 € ; rouge (13,3 cm) pour le 20 € ; bleu (14 cm) pour le 50 € ; orange (14,7 cm) pour le 100 € ; vert (15,3 cm) pour le 200 € ; rose violet (16 cm) pour le 500 €. Ce dernier, d’une valeur de 3 279,79 francs, est rarement visible en France ; un seul billet suffirait pour égaler les revenus mensuels les plus faibles ! Les coupures de 200 et 500 euros ne sont d’ailleurs pas, comme les autres, fabriquées par la Banque de France, mais acquises à des imprimeries étrangères, « en raison des faibles quantités nécessaires ». La plupart des distributeurs automatiques bancaires fournissent des coupures de 10, 20 et 50 euros. Les craintes liées à la sécurité se sont aussi révélées largement infondées. Dans les banques, obligées de gérer des fonds en francs et en euros, dans les transports routiers, responsables de l’acheminement des downloadModeText.vue.download 149 sur 380 DOSSIERS ART ET CULTURE 147 anciennes et des nouvelles coupures, le nombre et le montant des infractions ne semblent pas avoir dépassé la moyenne des années précédentes. Et ce n’est qu’en juillet 2002 que le premier réseau important de faux billets a été dénoncé. Il faut dire que les concepteurs de l’euro s’étaient vantés d’une qualité de billets pratiquement impossibles à contrefaire, grâce à l’utilisation d’hologrammes, d’encres à effets d’optique, et à la présence obligatoire de sept signes de sécurité distincts, décourageants pour les faussaires. Les anciens billets de francs allaient pour leur part être « trouillotés » (perforés) par les banques, puis détruits pas la Banque de France. Quant aux pièces, avec leur face nationale différente dans chacun des douze pays, mais pouvant circuler dans toute la zone, elles n’ont pas non plus subi de contrefaçons notables. Les emblèmes étrangers, comme le « ecce homo » de Léonard de Vinci sur les pièces italiennes d’un euro, sont même devenus des objets de collection pour les jeunes Européens. La Direction des monnaies et médailles s’est pour sa part chargée de fondre et d’écouler dans les Domaines publics les stocks de métal issus des anciennes pièces. Les survivantes font déjà le bonheur des numismates (les collectionneurs de monnaies). Quelques mois après cette révolution monétaire, l’euro a donc été bien accepté des populations. Il faut dire qu’il avait commencé en janvier 1999 à prendre sa place, sur le plan scriptural (des écritures), dans les entreprises et parmi les instruments financiers traditionnels : comptabilité, salaires, assurances, instruments bancaires, titres boursiers.. Même la Grèce, dernier pays accueilli dans la zone euro (janvier 2001), a bien réussi la transition. L’Espagne et, surtout, l’Italie en ont profité pour retrouver une plus simple valeur de leur monnaie (il fallait 166,38 pesetas, 1 936,27 lires pour acheter un euro). À l’extérieur de la zone euro, la faiblesse tant déplorée du cours de change en début d’année (un dollar valait 1,16 euro en janvier 2002 et 0,85 à peine en avril) était pratiquement enrayée au deuxième semestre 2002, avec le franchissement de la barre psychologique de un euro pour un dollar, bien pratique pour les touristes. Compte tenu du succès rencontré par l’euro, les trois pays de l’Union qui avaient choisi de ne pas participer à l’opération (Grande-Bretagne, Suède et Danemark) réfléchissent à leur intégration, à l’image de l’enthousiaste Premier ministre britannique Tony Blair. L’introduction des pièces et des billets (l’euro fiduciaire) a tout de même donné lieu à des erreurs et à des incompréhensions nouvelles. Les Européens ont découvert que l’usage international de l’euro n’était pas encore total, même au sein de la zone. Que les Français par exemple, grands utilisateurs de chèques, ne s’avisent pas d’utiliser leurs nouveaux carnets en euros avec l’étranger, ils devraient payer des commissions bancaires très élevées : 13 euros pour un chèque postal émis au profit d’un bénéficiaire hors de France. Qu’ils ne profitent pas non plus de leurs vacances passées en Italie pour se constituer un stock de timbres moins chers : de retour chez eux, le bureau local refuserait d’acheminer leurs envois, la Poste française n’ayant pas perçu le montant des vignettes (un timbre ordinaire coûte 46 centimes d’euros en France, 41 centimes en Italie, 55 en Allemagne). ● Les « critères de convergence » Le taux de change des candidats à l’UE est déjà arrimé sur l’euro. Si tous les citoyens européens semblent avoir facilement adopté l’euro, la balle revient, courant 2002, dans le camp des économistes. La Banque centrale européenne, basée à Francfort (Allemagne) et dirigée par le Néerlandais Wim Duisenberg, avait promis que l’euro serait une monnaie forte, face au dollar notamment. Unanimement reconnu comme l’une des trois premières devises mondiales, aux côtés du dollar et du yen, l’euro n’a peut-être pas encore trouvé sa valeur idéale. Au moment où, fin 2002, la croissance économique est très faible en Europe aussi bien qu’en Amérique, la première ne s’est-elle pas privée, avec sa monnaie unique, de la possibilité d’influer sur le taux de change afin de doper le commerce international, donc l’activité générale ? Et surtout, comment respecter en période de ralentissement économique les stricts « critères de convergence » énoncés dans le « Pacte de stabilité et de croissance » signé en 1997, qui exigent de chacun l’élimination du déficit budgétaire, la maîtrise de la dette publique, celle des taux d’intérêt et de l’inflation. Plusieurs pays, dont l’Allemagne et la France, ont déjà fait savoir qu’ils ne pourraient respecter le Pacte en 2003. L’influent hebdomadaire britannique The Economist qualifiait ironiquement la promesse mutuelle des membres de la zone euro de « pacte d’instabilité et de dépression ». Et l’élargissement de l’Europe à dix nouveaux membres, même s’ils ne font pas partie initialement de la zone euro, promet un avenir douloureux pour le Pacte. C’est pourtant la convergence de toutes les économies qui, seule, permettra d’assurer à l’euro un rôle international majeur. Parmi les dix pays en cours d’admission dans l’Union européenne (Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, RépudownloadModeText.vue.download 150 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 148 blique tchèque, Slovénie, Slovaquie), plusieurs ont déjà arrimé leur taux de change sur l’euro. Bruxelles a rappelé que leur appartenance à l’Union, prévue en 2004, ne signifiait pas automatiquement l’adhésion à la zone euro. downloadModeText.vue.download 151 sur 380 DOSSIERS ART ET CULTURE 149 Hormis quelques grands investissements, comme le Synchrotron Soleil, et la médaille Fields attribuée au mathématicien Laurent Lafforgue, l’année 2002 n’a pas été très faste pour la recherche française. La recherche scientifique en France ANNIE KAHN JOURNALISTE AU Monde En effet, l’année s’est terminée par le vote d’un budget en baisse pour la recherche publique en 2003, faisant suite à une moindre croissance de la recherche privée durant l’année précédente. L’environnement aura donc paru peu favorable pour la nouvelle ministre de la Recherche et des Nouvelles Technologies, la spationaute et médecin Claudie Haigneré. Les conjonctures économiques moroses ne sont jamais très favorables aux investissements scientifiques. 2002 n’échappe pas à la règle. Même si l’impact est cette fois-ci moindre que dans le passé. Les budgets de recherche et développement (R & D) des entreprises n’ont ainsi pas globalement baissé. Mais leur croissance s’est ralentie. Elle n’a été que de 5 % en 2001, soit deux fois moins que durant les trois années précédentes selon l’enquête annuelle réalisée par le Monde. Une tendance qui devait se poursuivre pour l’année 2002. Il est en particulier remarquable que les entreprises du secteur de l’informatique et des télécommunications, particulièrement touché non seulement par le ralentissement économique global, mais aussi par les conséquences de l’éclatement de la « bulle Internet » l’année passée, aient maintenu, voire accru, leurs budgets. Les recherches menées dans le domaine du mobile, à l’aube de la commercialisation des téléphones de troisième génération (3G) ou UMTS (Universal Mobile Telecommunications Systems), tirent les budgets vers le haut. Ces systèmes permettront de transmettre de vrais films ou des jeux vidéo à partir ou vers des téléphones mobiles. L’autre secteur pour lequel on observe de fortes augmentations est celui d’entreprises liées à l’aéronautique et à la défense. Les menaces terroristes ont, en France comme sur le reste de la planète, fait repartir ces budgets à la hausse. Cette moindre croissance n’obérerait pas les chances de parvenir à atteindre en 2010 un niveau de dépenses (publique et privée) en recherche et développement égal à 3 % du PIB, objectif du gouvernement français après avoir été celui de l’Union européenne. En effet, selon les dernières données calculées par l’OCDE, la dépense nationale en recherche et développement était en France de 30,15 milliards d’euros en 2000. Pour atteindre l’objectif fixé, et compte tenu des dépenses publiques budgétées, il faudrait que les entreprises accroissent leurs dépenses en R & D de 3 % en 2002 et de 6 % en 2003. La part revenant aux entreprises devrait ensuite aller croissant et rattraper ainsi le retard accumulé par rapport aux autres pays développés. Car malgré le coup d’accélérateur donné à la recherche par les firmes françaises ces dernières années, celles-ci ne participent qu’à hauteur de 56 % à l’effort de recherche national, soit beaucoup moins que dans la plupart des autres pays européens, qu’au Japon ou qu’aux États-Unis. LAURENT LAFFORGUE Les « chtoucas de Drinfeld », autrement dit les « trucs » de Drinfeld (puisque chtouca signifie « truc » en russe), et la « correspondance de Langlands » : tels sont les intitulés des deux publications qui ont valu au Français Laurent Lafforgue – trente-six ans – de recevoir la médaille Fields. Une médaille partagée avec Vladimir Voevodsky, un Russe installé aux États-Unis. Si le système éducatif français n’avait pas accordé une telle importance aux mathématiques, peut-être le talent de Laurent Lafforgue dans cette discipline ne se serait-il jamais exprimé. « Je rêvais de devenir écrivain, mais j’étais très bon en maths », déclarait-il en effet au journal le Monde. Après les classes préparatoires, il entre à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm et passe l’agrégation en 1986. Il entre ensuite comme chercheur au CNRS, et après un séjour à Coëtquidan en tant que professeur de mathématiques, au titre du service militaire, il revient au CNRS, et passe sa thèse en dix-huit mois. Il est le septième Français lauréat de la médaille Fields, créée en 1936 par un mathématicien canadien, après Laurent Schwartz (1950), Jean-Pierre Serre (1954), René Thom (1958), downloadModeText.vue.download 152 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 150 Alain Connes (1982), Christophe Yoccoz et PierreLouis Lions (1994). ● Un budget public de recherche parmi les plus élevés du monde La France : en tête des pays pour son taux de docteurs ès sciences Autre face de la médaille : le budget public de recherche français est en revanche, ramené au PIB, l’un des plus élevés au monde. Son taux (0,93 %) est supérieur à celui des États-Unis (0,82 %), et dépasse de loin la moyenne de l’Union européenne (0,73 %), sans parler du Japon (0,64 %). Ce qui n’a pas empêché que l’annonce du budget public de recherche pour 2003 soit violemment critiqué. Ce budget régresse en effet de 1,3 % malgré la présentation qui en a été faite par la ministre de la Recherche Claudie Haigneré. Celle-ci inclut en effet dans ses chiffres les crédits non dépensés en 2002 tant par les organismes de recherche que par le ministère. Une présentation peu classique qui lui a permis d’annoncer un budget de 9,5 milliards d’euros, en augmentation de 5,3 % sur l’année précédente. Un affichage que diverses organisations de scientifiques, syndicales ou non, n’ont pas tardé à dénoncer comme étant des chiffres en trompe-l’oeil. Il est vrai que cette baisse survient alors qu’aux États-Unis le mouvement est inverse. Les budgets publics de recherche américains ont connu une très forte hausse en 2002. Certes, suite aux attentats du 11 Septembre, la recherche militaire s’est arrogée la part du lion, pour des travaux destinés à financer de nouvelles armes, mais aussi de nouveaux réseaux de communication. Or on sait quelles ont été les retombées des recherches sur le précurseur d’Internet, le réseau Arpanet, qui fut financé par le ministère de la Défense aux États-Unis. Dans le domaine de la recherche médicale, le National Institute of Health a vu son budget augmenter de 15 % en 2002, taux qui devrait être encore dépassé en 2003 pour atteindre plus de 27,3 milliards de dollars (27,8 milliards d’euros). Mais, comme l’a très précisément expliqué Olivier Postel Vinay, directeur de la rédaction du magazine la Recherche dans son livre le Grand Gâchis. Splendeur et misère de la science française (Eyrolles), la science française ne souffre pas tant d’une insuffisance de moyens publics que d’une mauvaise utilisation de ces moyens. Outre une forte dépense publique rapportée au PIB, la France est également dans le peloton de tête des pays pour son taux de docteurs ès sciences par million d’habitants, loin devant la moyenne européenne, les États-Unis et le Japon (selon les indicateurs 2002, publiés par la Direction Recherche de la Commission européenne). Or les résultats ne sont pas à la hauteur. Selon les indicateurs cités précédemment, le nombre de publications scientifiques dues à des chercheurs français est inférieur à celui de la moyenne européenne. Et, plus inquiétant, la croissance de ce nombre de publications, calculée entre 1995 et 2001, a été en France l’une des plus faibles des pays répertoriés. Même constat pour les brevets : la France dépose auprès de l’Office européen des brevets moins de brevets par million d’habitants que les autres pays européens en moyenne, moins aussi que les États-Unis ou le Japon. Et la tendance est extrêmement inquiétante, puisque la France a eu, entre 1995 et 2000, en la matière, le taux de croissance le plus faible. CLAUDIE HAIGNERÉ Rendue internationalement célèbre à la suite de ses deux missions dans l’espace, Claudie Haigneré (exAndré-Deshays), quarante-cinq ans, a été nommée ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles Technologies le 17 juin 2002. Qui mieux qu’elle pouvait en effet incarner à l’étranger l’image scientifique et technologique de la France ? En visite officielle en Chine durant le mois d’octobre 2002, elle et son mari, le spationaute Jean-Pierre Haigneré, furent reçus non seulement par son homologue le ministre de la Recherche, mais aussi par le Premier ministre Zhu Rongji : une entorse notoire au protocole, sans doute davantage due à son expérience de femme française dans l’espace que de troisième femme responsable de la recherche dans l’Hexagone. Sur le territoire national, où les diplômes ont une importance primordiale, surtout auprès des scientifiques, son curriculum vitae ne peut qu’impressionner. Celle que l’on appellerait « Bac+19 » est en effet docteur en médecine (titre décroché à vingt-quatre ans), dans trois spécialités : biologie et médecine du sport, médecine aéronautique et spatiale, et rhumatologie. Elle est également titulaire d’un DEA de biomécanique et physiologie du mouvement et titulaire d’un doctorat en neurosciences. Après deux séjours dans l’espace – le premier en août 1996, d’une durée de seize jours à bord de la station orbitale russe Mir, et le second en octobre 2001, à bord de la station spatiale interdownloadModeText.vue.download 153 sur 380 DOSSIERS ART ET CULTURE 151 nationale –, elle semble s’être mise à son troisième métier, femme politique, avec aisance. ● Des ressources mal utilisées Un chômage plus élevé chez les docteurs que chez les BTS Plusieurs raisons expliquent ces mauvais scores. L’affectation des fonds publics continue d’aller prioritairement aux grands groupes et non aux PME. Ces dernières ne reçoivent que 9 % des fonds publics contre 15 % pour la moyenne européenne. Et la tendance est encore à la baisse. Mais aussi, et peut-être surtout, le mode de recrutement des chercheurs, son inertie, le manque d’évaluation réelle, le recrutement à vie, le manque de mesures incitatives nuisent à une bonne utilisation des ressources. Autant de faiblesses également identifiées dans un rapport du plan paru en novembre 2002 sur le thème très vaste de « La France dans l’économie du savoir : pour une dynamique collective ». Issu du travail du groupe Économie de la connaissance présidé par Pascal Viginier, directeur de France Télécom R & D, il attribue « les performances décevantes de la recherche française, moins au niveau des ressources engagées qu’à un manque de coordination du système et à un déficit en termes d’élaboration de stratégies à long terme ». Le système de recrutement « opaque » des chercheurs y est également souligné, entre autres. D’un côté, on s’alarme devant le manque d’intérêt qu’auraient les jeunes pour la science. D’un autre, on observe que le taux de chômage des docteurs est plus élevé que celui des détenteurs de BTS. Et que seulement la moitié des docteurs en science qui ont un emploi travaillent dans la recherche. ● Des délocalisations menaçantes Ces constats sont d’autant plus inquiétants que la recherche, à l’instar des autres secteurs d’activité, se mondialise. Et tout comme un territoire doit se montrer attractif pour encourager de nouveaux investissements industriels, il doit aussi faire valoir ses atouts pour attirer des centres de recherche d’entreprises ou pour attirer des chercheurs de qualité, qu’ils soient français ou étrangers. Or, en plus des critères qui prévalent en matière d’investissement industriel (subvention, fiscalité, qualité de vie, etc.), il en est un spécifique à l’investissement recherche : celui de la présence sur le territoire d’une recherche publique de qualité. C’est ainsi que le groupe pharmaceutique Aventis a, d’une part, réduit ses activités de recherche en France pour un certain nombre de maladies qui n’entraient plus dans son périmètre d’activité, et d’autre part, a choisi Vitry, en région parisienne, pour son centre mondial de recherche en génomique fonctionnelle, production de protéines, et son centre de toxicologie, en raison de l’expertise française en matière de génétique et de génomique, et de la qualité de la recherche clinique. Si la recherche publique française souffre globalement d’un manque d’évaluation, les directeurs de recherche d’entreprises françaises seraient ainsi, eux, assez à même de repérer les bons laboratoires avec lesquels ils nouent des collaborations fructueuses. Des délocalisations massives de labos privés ne sont donc pas envisagées pour demain. Mais la menace est réelle. Certains responsables en entreprise regrettent déjà que les collaborations entre chercheurs publics et privés soient trop ponctuelles et critiquent en particulier le manque d’intérêt des chercheurs publics de haut niveau pour l’activité qu’ils mènent, pour preuve la très grande difficulté à les faire venir en année sabbatique dans leurs laboratoires. Pour remédier à cette situation, les mesures annoncées à l’occasion de la présentation du budget de la recherche pour 2003, comme la création de 400 contrats temporaires pour des post-doctorants font l’effet d’une goutte d’eau. downloadModeText.vue.download 154 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 152 « Aucune preuve de l’effet de la DHEA sur les symptômes liés au vieillissement n’a été apportée à ce jour. Cela est vrai pour l’évaluation globale du “bien-être” mais aussi pour les autres paramètres étudiés, fonctions cognitives, effets cutanés et osseux. » Les médicaments contre le vieillissement PAUL BENKIMOUN JOURNALISTE AU Monde Ainsi résumées dans un courrier adressé le 10 août 2001 aux professionnels de santé par Philippe Duneton, directeur général de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), les conclusions du groupe d’experts sur les effets bénéfiques allégués de ce précurseur hormonal, que d’aucuns ont présenté comme quasiment miraculeux, ont dû faire des déçus. D’autant que les experts pointaient des risques potentiels chez les utilisateurs de ce produit : stimulation de la croissance de cancers hormonodépendants (prostate, sein, utérus) et effets cardio-vasculaires négatifs possibles du fait de la baisse du HDL- cholestérol (le « bon » cholestérol). Ce qui a été vanté comme une molécule particulièrement prometteuse pour lutter contre les effets du vieillissement serait donc encore loin d’avoir fait la démonstration de son efficacité et pourrait même se révéler nocif en cas d’usage au long cours. Sans être un raz-de-marée, l’engouement pour la déhydroépiandrostérone (c’est le nom scientifique complet de la DHEA) est bien réel en France et plus encore aux États-Unis, où le produit est librement accessible grâce à son statut de complément alimentaire. Des personnalités n’ont pas caché qu’elles avaient adopté le produit, son caractère « naturel » laissant supposer qu’en tout cas cela ne pouvait pas faire de mal. ● D’étranges précédents La DHEA : des risques potentiels chez leurs utilisateurs Cette vogue n’est que la manifestation contemporaine des tentatives de faire aboutir une piste hormonale déjà exploitée au XIXe siècle. Fondateur de l’endocrinologie moderne, le Français Charles Édouard Brown-Séquard annonçait le 1er juin 1889 à la Société de biologie de Paris qu’il avait mis au point un traitement rajeunissant du corps et de l’esprit et qu’il se l’était personnellement appliqué. Prenant la suite de Brown-Séquard, le physiologiste viennois Eugen Steinach proposa la vasectomie (c’est-à-dire la ligature des canaux par lesquels passe le sperme venu des testicules) comme traitement « autoplastique » du vieillissement. À défaut d’avoir des succès, la méthode eut des adeptes, et non des moindres : Sigmund Freud et le poète irlandais William Butler Yeats. Ce fut aussi le cas de la technique pratiquée dans les années 1920 à Paris par le Russe Serge Voronoff, qui consistait à greffer un testicule de singe, ou tout au moins une partie de la glande, dans le testicule d’un homme receveur. Finalement, la disponibilité d’androgènes de synthèse à partir du milieu des années 1930 fit s’éteindre de sa belle mort cette étonnante chirurgie de rajeunissement. En 1939, le prix Nobel de chimie alla à Butenandt et Ruzicka pour leur découverte de la préparation artificielle de la testostérone à partir du cholestérol. C’est toujours à partir de ce précurseur que notre organisme, et plus précisément la petite glande surrénale (située au-dessus du rein), synthétise la déhydroépiandrostérone ou DHEA. La DHEA existe dans l’organisme sous deux formes : libre (DHEA) et conjuguée sous forme de sulfate de DHEA (DHEA-S), les deux formes étant en interconversion permanente. La mise en évidence de cette sécrétion corticosurrénale chez l’homme comme chez la femme remonte au milieu des années 1960, grâce aux travaux menés dans le laboratoire de Max-Fernand Jayle, notam- ment par Étienne-Émile Baulieu (Inserm U33, Le Kremlin-Bicêtre). La substance avait cependant déjà été isolée dans l’urine en 1934 (dix ans plus tard pour le DHEA-S), tandis qu’il avait fallu attendre les années 1950 pour qu’elle soit retrouvée dans le sang périphérique. Les travaux du professeur Baulieu l’amenèrent à constater que le taux de DHEA-S dans le sang s’accroît au cours de l’adolescence (l’hormone apparaît à l’âge de 7 ans) pour atteindre un maximum vers 2530 ans ; il décroît inéluctablement pendant le reste de la vie, pour ne plus atteindre que 10 % de sa valeur à partir de la huitième ou de la neuvième décennie. Il faut toutefois souligner la très grande disparité de ce déclin selon les individus, explicable, au moins en partie, par l’hérédité. Dans la même tranche d’âge, les taux de DHEA-S varient d’un facteur de 1 à 20. Le suivi sur huit ans de personnes âgées de plus de 65 ans en Gironde, incluses dans l’étude prospective PAQUID (conduite par le professeur Jean-François Dartigues, Inserm U330), a même permis de constater que le downloadModeText.vue.download 155 sur 380 DOSSIERS ART ET CULTURE 153 taux de DHEA-S avait augmenté en sept ans, chez environ 30 % des sujets. Déjà constaté dans une autre étude sur des personnes âgées, le phénomène ne semble pas lié à des paramètres de santé et n’a pas trouvé d’explication. UNE ÉTRANGE THÉRAPIE PAR LES ANDROGÈNES En 1889, alors âgé de soixante-douze ans, le physiologiste français Charles Édouard Brown-Séquard fit part de l’amélioration considérable de son état à la suite de l’injection sous-cutanée d’une préparation liquide à base de testicules de chien et de cochon d’Inde. Il avait ainsi ressenti après dix injections une augmentation de ses capacités physiques et mentales, ainsi qu’une amélioration de son « jet urinaire » et de sa « puissance de défécation ». Malheureusement pour Brown-Séquard, les effets qu’il décrivait étaient réversibles et avaient disparu quatre semaines après la fin de sa série d’injections. Il n’en était pas à son coup d’essai pour tenter d’imposer la thérapie par les androgènes, les hormones masculines. En 1869, par exemple, Brown-Séquard avait eu l’idée d’injecter du sperme dans le sang de vieillards afin d’améliorer leurs performances mentales et physiques. Il passait ensuite à l’expérimentation animale en 1875, avant sa tentative infructueuse sur sa propre personne. ● Une « augmentation du bien-être » Du DHEA-S isolé en 1981 dans le cerveau du rat et de la souris La DHEA, un complément alimentaire aux États-Unis Le professeur Baulieu isola du DHEA-S en 1981 dans le cerveau du rat et dans celui de la souris, des animaux chez lesquels la substance n’est pratiquement pas retrouvée dans le sang, ce qui l’a fait parler de « neurostéroïde », fabriqué directement dans le cerveau. Cependant, selon les experts de l’Afssaps, « les fonctions propres » de ce précurseur des hormones masculine et féminine « n’ont pas été établies ». Le groupe d’experts affirmait : « Il n’est pas possible, en l’état actuel des connaissances, d’identifier une concentration de base de DHEA en deçà de laquelle un déficit avec retentissement clinique justifierait un traitement substitutif. » Partant de l’idée que la diminution de plusieurs fonctions cérébrales pouvait être en rapport avec la baisse du DHEA-S, le professeur Baulieu entreprit d’étudier avec son confrère Samuel Yen, de l’université de Californie à San Diego, les effets d’un apport de DHEA par voie orale en quantité modérée, sachant qu’elle serait largement transformée en DHEA-S dans l’organisme. Il appliquait en quelque sorte la même stratégie que celle du traitement hormonal substitutif de la ménopause. La DHEA était administrée à faible dose (pas plus de 50 milligrammes par jour) afin d’éviter « la formation d’hormones sexuelles actives circulantes », risquant de favoriser certains cancers. Les premiers essais chez des personnes âgées montraient une augmentation du « bien-être », effet que Baulieu attribua à l’action stimulante exercée par le DHEA-S, qui se lie et agit sur les récepteurs des neurotransmetteurs. Appuyés par l’Inserm, Émile-Étienne Baulieu et ses collaborateurs avaient apporté « leurs voix à la candidature du sulfate de DHEA comme marqueur individuel du vieillissement humain » dans un article publié à la toute fin de l’année 1994. Dès 1994, les autorités sanitaires américaines autorisent la DHEA comme complément alimentaire, ce qui entraîne « la commercialisation d’un produit non soumis à des normes pharmaceutiques au plan de la qualité, sans précision de dose ou de population cible », comme le résume le rapport du groupe d’experts de l’Afssaps du 3 juillet 2001. À partir de 1995, l’un des pionniers de la recherche sur la DHEA aux États-Unis, Arthur Schwartz (université Temple, Philadelphie), s’est d’ailleurs élevé contre l’engouement pour la prise de ce produit et sa promotion. Il a dénoncé le fait que les industriels, soutenus par certains médecins, exposent un grand nombre de gens à une molécule dont on ignore les effets à long terme. Substance naturelle et découverte depuis plusieurs dizaines d’années, la DHEA n’est pas brevetable en tant que telle. Sa synthèse est aisée et peu onéreuse, d’où l’explosion des propositions sur le marché américain et sur l’Internet. ● Pilule de jouvence ? Dans un article publié en janvier 1995 dans les Comptes-rendus de l’Académie nationale des sciences (France), Étienne-Émile Baulieu reconnaissait prudemment que « la baisse d’un seul composé ne peut être, au plus, responsable que d’une partie des difficultés survenant au cours du vieillissement, et que tout le monde ne répondra pas de la même façon à sa compensation ». Soutenus notamment par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, mais aussi par un producteur de champagne et le fabricant de cosmétiques L’Oréal, les travaux du professeur Baulieu allaient se poursuivre avec la mise sur pied de l’essai downloadModeText.vue.download 156 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 154 « DHE-g ». Sous l’égide de la Fondation nationale de gérontologie, les professeurs Étienne-Émile Baulieu et Françoise Forette lancèrent en mars 1998 un appel public à des volontaires âgés de 60 à 80 ans pour tester l’action de la DHEA sur les effets du vieillissement. Les 280 candidats ne devaient pas recevoir de traitement par des hormones sexuelles et ne devaient pas présenter de cancer du sein, de l’utérus ou de la prostate. La moitié d’entre eux, tirés au sort, prirent quotidiennement 50 milligrammes de DHEA, tandis que les autres reçurent un placebo, mais aucun candidat ne fut informé du produit qui lui était donné. Cette étude était la première de grande envergure sur le sujet. Les résultats au bout d’un an de traitement furent publiés en avril 2000 dans la revue de l’Académie des sciences américaine. Le critère principal de jugement de l’étude DHE-ge était l’amélioration du score sur l’échelle de sensation de bien-être. De ce point de vue, « aucun effet positif n’a été mis en évidence ni dans la population globale, ni dans aucun des sous-groupes étudiés », ont rapporté les experts de l’Afssaps. Ils ajoutaient : « Des effets positifs ont été mis en évidence pour des critères secondaires, dans des sous-groupes particuliers, avec des résultats parfois discordants (densité osseuse, peau, libido). On ne peut éliminer que ces effets bénéfiques soient liés au hasard, compte tenu de la multiplicité des paramètres étudiés et comparaisons effectuées. » En l’occurrence, les experts ne partageaient pas la présentation des résultats par les auteurs de l’étude, car l’analyse des données n’était pas effectuée sur l’ensemble de la population, mais seulement sur des sous-groupes. Les auteurs de l’étude aboutissaient ainsi à 120 comparaisons initiales, dont une seule – l’augmentation de la production de sébum sur la peau des femmes de plus de 70 ans prenant de la DHEA – atteignait une puissance statistique suffisante pour être significative. Or, plus on multiplie ces comparaisons, plus il y a de chances de trouver des différences statistiquement significatives, même si cela est dû au hasard. ● « Aucune preuve formelle d’efficacité » Entre 30 000 et 40 000 personnes sous DHEA en France, en 2002 C’est pourquoi le rapport de l’Afssaps du 3 juillet 2001 concluait : « Au total, aucune preuve formelle d’efficacité dans les pathologies associées au vieillissement n’a été établie, même si des pistes peuvent mériter des études ultérieures. » Concernant la sécurité d’emploi de la DHEA, le rapport notait : « Toutes les données de tolérance analysées confirment que la DHEA diminue le HDL-cholestérol : cet effet peut être expliqué par l’effet androgène du produit. Les conséquences cardiovasculaires potentielles d’une telle baisse sont à évaluer et à prendre en compte pour une substance destinée à être utilisée au long cours. » Par ailleurs, les experts signalaient que « le risque d’induction et/ou d’aggravation de cancers hormono-dépendants (sein, endomètre [utérus] et prostate) ne peut être exclu, notamment dans des situations d’utilisation à long terme. Ce risque justifierait un dépistage et une surveillance adaptée de tous les sujets exposés à la DHEA. » Sur la base des données disponibles, le groupe d’experts concluait « que les effets potentiels défavorables d’une baisse du HDL-cholestérol ainsi que les risques potentiels de cancers hormono-dépendants ne sont pas contrebalancés par un effet clinique actuellement démontré. Dans l’attente d’une telle démonstration, il n’est pas possible de recommander l’utilisation proposée aujourd’hui de la DHEA dans la lutte contre le vieillissement. » Sur la base de ce rapport, l’Afssaps estimait que « l’utilisation de la DHEA doit être assujettie à la réglementation du médicament et qu’une information des professionnels de santé et du public doit être faite. » Les professeurs Baulieu et Forette se déclarèrent « heureux » que l’Afssaps ait « enfin fait le choix » de considérer la DHEA comme un médicament, statut permettant de mieux garantir la qualité du produit et de mieux le contrôler. La réglementation française n’interdisant pas l’utilisation de la DHEA en tant que matière première, chacun pouvait jusque-là faire effectuer par son pharmacien une « préparation magistrale » sur la base d’une ordonnance médicale. Un industriel de la région parisienne, la société Cooper, avait fait savoir qu’il était en mesure de répondre à la demande en grande quantité de la matière né- cessaire à la préparation de DHEA. De son côté, le Conseil national de l’Ordre des médecins recommandait la prudence aux consommateurs éventuels de la DHEA et « aux médecins de ne pas répondre favorablement aux sollicitations de ces demandeurs », rappelant aux praticiens « qu’ils engagent leur responsabilité par leur prescription si des complications ultérieures étaient attribuées à la prise de ce produit ». Ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner suivit l’avis de l’agence et, depuis juillet 2001, la DHEA a le statut de médicament, même s’il n’est autorisé pour l’instant dans aucune indication précise. Ces données scientifiques susceptibles de doucher l’enthousiasme n’ont pas connu la même médiatisation que les espoirs mis dans la DHEA. Cependant, les mesures prises par les autorités françaises ont, semble-t-il, contribué à limiter la consommation « sauvage » de DHEA, en tout cas celle de DHEA produite en France. Philippe Duneton, directeur général de l’Afssaps, indiquait que les importations officielles downloadModeText.vue.download 157 sur 380 DOSSIERS ART ET CULTURE 155 de la matière première nécessaire à la fabrication de DHEA étaient en diminution en avril 2002. « Nous ne pouvons certes pas, à partir de ces seuls chiffres, situer avec une très grande précision le nombre de personnes qui, en France, consomment aujourd’hui cette substance, déclarait-il au journal le Monde. On peut aujourd’hui estimer que quelques dizaines de milliers de personnes – peut-être entre 30 000 et 40 000 – sont actuellement en France sous DHEA. En toute hypothèse, le nombre des consommateurs n’est pas de plusieurs centaines de milliers. » En attendant d’autres études, qui permettront d’en avoir le coeur net sur les éventuels effets de la DHEA sur les manifestations associées au vieillissement, d’autres médicaments ont été proposés avec plus ou moins de bonheur dans cette indication ; en sachant que le vieillissement de notre organisme est provoqué par deux facteurs, l’un génétique, inclus dans notre patrimoine et notre horloge biologique, l’autre lié à notre environnement et à ses agressions. Deux voies ont fait l’objet de recherches, les plus nombreuses portant sur le facteur environnemental. ● D’autres voies de recherche Tout d’abord, sans qu’il soit possible de parler d’action antivieillissement, la prise d’un traitement hormonal substitutif par les oestrogènes pour remédier aux effets négatifs de la ménopause est souvent accompagnée d’effets positifs sur la peau, le tissu osseux et même sur le plan psychique. Certains travaux ont évoqué le rôle de l’hormone de croissance (ou somatotrophine) dans le vieillissement. La sécrétion de somatotrophine par l’hypophyse diminue avec l’âge. Cette hormone agit par deux biais : d’une part, directement sur certaines cellules, d’autre part, en faisant fabriquer par le foie certains facteurs de croissance, comme le facteur de croissance ressemblant à l’insuline (IGF-1). Compte tenu des risques potentiels d’un excès d’hormone de croissance (diabète, douleurs articulaires...), des essais ont eu lieu aux États-Unis avec l’IGF-1, médiateur de nombreuses actions de la somatotrophine sur les tissus osseux et musculaires, sur le système nerveux central et le système immunitaire. Ils n’ont pas été probants, et l’administration d’IGF-1 s’est parfois accompagnée d’un gonflement des glandes parotides, d’une hypertrophie des tissus sous-cutanés associée à des oedèmes. Il n’est pas exclu que la prise d’IGF-1 puisse favoriser des processus cancéreux. L’hypothèse du bénéfice de la prise de mélatonine, une hormone participant à notre horloge biologique, pour lutter contre les effets du vieillissement ne repose sur aucun argument scientifique solide. Des scientifiques se sont intéressés à l’autre mécanisme de vieillissement, celui lié à des facteurs génétiques. Ils se sont en particulier penchés sur une enzyme, la télomérase, elle aussi naturellement présente dans l’espèce humaine, mais aussi chez l’animal. Le rôle de cette enzyme est de réparer les extrémités de nos chromosomes (les « télomères »), qui raccourcissent à chaque division de nos cellules, phénomène responsable du vieillissement cellulaire. Des expériences de greffe du gène de la télomérase sur des cultures cellulaires ont permis d’obtenir des cellules ayant une vie apparemment indéfinie : au lieu d’entrer dans le processus de sénescence après quelques dizaines de cycles de division, elles paraissent « immortalisées ». L’expérience a été menée sur différentes lignées cellulaires : fibroblases (tissu conjonctif), cellules de la peau, de la rétine, de la paroi vasculaire... Les espoirs se portent vers une utilisation ciblée pour empêcher certaines dégénérescences comme celle des cellules de la rétine, responsable de cécité chez les personnes âgées. Cependant, l’utilisation de la télomérase pourrait être une arme à double tranchant. Le processus normal de sénescence à pour intérêt de limiter les risques d’accumulations de mutations de l’ADN des cellules, responsables de cancers. En rendant « immortelles » des cellules, on pourrait ainsi favoriser le processus cancéreux. Finalement, il apparaît que la pharmacopée pour lutter contre les effets du vieillissement est encore bien pauvre. En attendant des percées scientifiques, les meilleures armes contre le vieillissement restent la prévention par la poursuite d’une activité physique et d’une activité intellectuelle, sans excès, et le maintien autant que possible des relations sociales. On le comprend, la lutte contre les méfaits de l’âge ne se résume pas à une question médicale et renvoie bien davantage à des questions économiques et sociales. LES TRAITEMENTS ANTIOXYDANTS Des espoirs ont été mis dans les traitements antioxydants. Produits par l’organisme en particulier lors du catabolisme (consommation d’énergie), les radicaux libres oxydent les molécules qu’ils rencontrent (lipides, protéines ou même ADN), exerçant une action néfaste. C’est ainsi qu’ils jouent un rôle dans l’athérosclérose en favorisant les dépôts de graisse dans la paroi des artères par oxydation du LDL-cholestérol (le « mauvais » cholestérol). Ils ont été également mis en cause dans la maladie d’Alzheimer, ce qui a suscité l’essai de molécules downloadModeText.vue.download 158 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 156 antioxydantes comme la vitamine E, sans conclusion favorable. S’il paraît acquis qu’une alimentation riche en fruits et en légumes, qui comportent des substances antioxydantes se liant aux radicaux libres, peut représenter un bénéfice global pour l’organisme, on ne saurait pour autant recommander la prise d’une supplémentation par des vitamines ou par des oligo-éléments, dont la prise à dose excessive comme la prise prolongée peuvent s’accompagner d’effets toxiques. downloadModeText.vue.download 159 sur 380 DOSSIERS ART ET CULTURE 157 L’opération « Lindbergh » a réussi. Sous ce nom de code se cache une ablation de la vésicule biliaire pas comme les autres. L’intervention s’est en effet déroulée par l’intermédiaire d’un robot chirurgical dont les commandes étaient tenues à 7 500 km de distance par le professeur Jacques Marescaux. La chirurgie assistée par ordinateur PAUL BENKIMOUN JOURNALISTE AU Monde La patiente à Strasbourg et le chirurgien à New York Ce vendredi 7 septembre 2001, le professeur Jacques Marescaux, chef du service de chirurgie endocrinienne et digestive des hôpitaux universitaires de Strasbourg, et fondateur de l’Institut européen de téléchirurgie (IETS) et de l’Institut de recherche contre les cancers de l’appareil digestif (IRCAD), vient de terminer son intervention chirurgicale. Il s’agissait de l’ablation de la vésicule biliaire – une « cholécystectomie » – chez une patiente âgée de 78 ans, qui a très bien supporté l’intervention de 45 minutes pratiquée sous anesthésie générale. L’opération n’aurait rien eu que de très banal si la patiente ne se trouvait pas à Strasbourg et le chirurgien à New York. D’où l’évocation du nom de Charles Lindbergh, auteur du premier vol transatlantique. L’intervention a été réalisée grâce à un partenariat avec France-Télécom et la société californienne Computer Motion, qui a mis au point le robot baptisé Zeus. LE ROBOT ZEUS Ce robot chirurgical se compose de deux parties. Dans le bloc opératoire de Strasbourg avait été placé le socle muni de trois bras articulés portant à leur extrémité, l’un une caméra miniature, les autres les différents instruments chirurgicaux (scalpel, pince, ciseaux, porte-aiguilles pour les sutures...). La minicaméra et les instruments ont été introduits dans le ventre de la patiente, qui était volontaire, à l’intérieur de fines canules. À New York se trouvait le pupitre de commande : outre un écran de contrôle affichant une image de haute définition, il comprenait des manettes permettant de télécommander les deux bras porteurs d’instruments, le troisième, porteur de la caméra, étant gouverné par commande vocale. Bien entendu, à titre de précaution, une équipe chirurgicale était à pied d’oeuvre à Strasbourg, prête à reprendre la main en cas de problème. ● Une prouesse technique Une amélioration de la précision du geste chirurgical Racontée dans le journal le Monde du 20 septembre 2001, cette intervention chirurgicale, précédée de six répétitions sur des porcs, était la première réalisée dans des conditions où l’opérateur était à longue distance du malade. Il fallait une prouesse technique pour permettre dans un délai suffisamment court le retour d’informations visuelles à l’opérateur. Pour les spécialistes, un intervalle de plus de 300 millisecondes entre la commande et le retour d’information sur le mouvement effectué par le bras télécommandé présenterait des dangers pour le patient. Pas question donc d’utiliser les liaisons par satellite car leur temps de latence est de l’ordre de 600 millisecondes. France Télécom a eu recours au réseau sousmarin de fibres optiques qui traverse l’Atlantique et possède un débit de 10 mégabits par seconde, ce qui a permis un retour d’informations visuelles (avec codage et décodage de la vidéo et transmission du signal) à l’opérateur en 155 millisecondes. S’il est encore trop tôt pour définir la place que ce type de pratique occupera, elle illustre les progrès réalisés en quelques années par la chirurgie assistée par ordinateur (CAO), dont elle découle. La CAO a commencé à être utilisée à partir de 1996. La première intervention robotisée au monde a été réalisée en mars 1997 à Bruxelles par l’équipe de chirurgie viscérale du professeur Guy-Bernard Cadière (hôpital Saint-Pierre) et la technique reste encore limitée à quelques grands centres hospitaliers publics ou privés. Ce caractère « émergent, voire expérimental », rend encore impossible un bilan de son efficacité et de sa sécurité. En France, l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (ANAES) a cependant souhaité présenter en mai 2002 un rapport d’étape sur ces techniques déjà appliquées dans plusieurs domaines de la chirurgie : cardiaque, urologique, digestive et viscérale. « La chirurgie assistée par ordinateur, précise le rapport de l’ANAES, a pour objectif d’assister le chirurgien dans la réalisation de gestes diagnostiques ou thérapeutiques les plus précis et les moins invasifs possibles, sous sa supervision. Elle fait intervenir le traitement numérique de l’image et l’utilisation de downloadModeText.vue.download 160 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 158 “robots” chirurgicaux. » Les avancées conjuguées de la chirurgie « mini-invasive » et des techniques d’imagerie médicale rendant possibles des reconstructions virtuelles ont permis de mieux répondre aux objectifs d’une meilleure reproductibilité et d’une amélioration de la précision du geste chirurgical. ● Des pontages coronariens assistés par ordinateur Robodoc est utilisé pour la révision des prothèses de hanche. En thérapeutique, la CAO s’applique aussi bien à la chirurgie des tissus mous (chirurgie digestive et viscérale, chirurgies urologique et cardiaque) qu’en orthopédie. Dans la chirurgie des tissus mous, les procédures mini-invasives ont permis de grands progrès, mais elles requièrent encore la présence d’un assistant au chirurgien, les déplacements des instru- ments sont limités et l’opérateur doit se contenter de la vision bidimensionnelle que lui offre l’endoscope introduit dans le corps du malade. La CAO vise à réduire ces difficultés techniques grâce à un bras articulé à commande vocale, porteur d’une optique permettant des images en trois dimensions, et aux deux bras manipulateurs d’instruments (en l’occurrence le système Zeus et son concurrent – lui aussi américain – da Vinci, mis au point par la société Intuitive Surgical). En chirurgie cardiaque ont ainsi été accomplis plusieurs pontages coronariens. Les pionniers au niveau mondial en ont été au printemps 1998, à l’hôpital Broussais (Paris), le professeur Alain Carpentier et le docteur Didier Loulmet. Ils ont effectué le prélèvement de l’artère mammaire interne, puis l’ont utilisée pour irriguer le muscle cardiaque, en court-circuitant les artères coronaires bouchées. La même équipe a également réalisé des fermetures de communications anormales entre les deux oreillettes du coeur, ainsi que le remplacement de quatre valves mitrales. À la fin de l’année 2001, le professeur Villemot et ses collaborateurs (CHU de Nancy) avaient eux aussi déjà pratiqué des pontages coronariens sans ouverture du thorax chez dix patients après plus d’un an de préparation. Les urologues y ont également eu recours pour disséquer des ganglions lymphatiques du pelvis, pour effectuer une ablation complète de la prostate ou encore celle d’un rein. C’est en particulier le cas de l’équipe du professeur Guy Vallancien, à l’Institut mutualiste Montsouris, un hôpital privé parisien participant au service public, et des professeurs Mangin et Hubert (CHU de Nancy). Enfin, les chirurgiens digestifs, comme le professeur Marescaux mais aussi l’équipe nancéenne des professeurs Boissel et Bresler, ont notamment réalisé des ablations de la vésicule biliaire et certaines interventions sur l’estomac. Pour les chirurgiens orthopédiques, l’apport essentiel de la CAO est de les aider à se conformer avec une plus grande précision à la planification préopératoire qu’avec la méthode traditionnelle. Ils disposent de deux robots, Caspar (pour « Computer Assisted Surgical Planning and Robotics ») et Robodoc. Nécessitant la pose avant l’opération elle-même de vis servant de repères, le robot Caspar sert à l’implantation de tiges fémorales dans le cadre de la pose d’une prothèse totale de hanche ou encore à la réparation chirurgicale d’une rupture du ligament croisé antérieur du genou. Robodoc, qui ne nécessite pas la pose de vis repères, est utilisé pour la révision des prothèses de hanche. Les deux systèmes sont également applicables à la pose de prothèses du genou. Certains instruments utilisés en chirurgie orthopédique assistée par ordinateur ont commencé à être employés dans d’autres domaines. C’est le cas d’un microrésecteur dont peuvent se servir des chirurgiens ORL, soit pour la chirurgie des sinus, qui s’effectue au contact de zones sensibles (orbite oculaire, nerf optique, artère carotide interne, méninges, etc.), soit pour celle de l’oreille. ● La navigation chirurgicale La CAO autorise ce qu’on appelle la navigation chirurgicale La CAO est utilisée à différents temps opératoires. Elle permet tout d’abord l’aide au diagnostic et la préparation de l’intervention. À partir de leur plate-forme, les chirurgiens peuvent acquérir des données anatomiques en provenance de toutes sortes de sources d’imagerie (scanner, imagerie par résonance magnétique, échographie, etc.) et reconstruire un modèle tridimensionnel. Il est alors possible d’explorer cette représentation virtuelle et de réaliser des simulations préalables. Le chirurgien va ainsi pouvoir simuler les mouvements du robot dans la zone opératoire pour vérifier que ce dernier pourra évoluer correctement. De même, l’opérateur répète les gestes qu’il aura à accomplir et détermine ceux qui seront les mieux adaptés. Le repérage se fait le plus souvent par des systèmes infrarouges (caméras, cadres ou marqueurs fixés sur le patient). Les outils chirurgicaux sont équipés de diodes repérées par des caméras infrarouges qui suivent la pointe de l’instrument dans ses déplacements. Ce repérage par des diodes infrarouges autorise la mise en correspondance entre l’image et le malade. L’orthopédiste va identifier avec une downloadModeText.vue.download 161 sur 380 DOSSIERS ART ET CULTURE 159 précision millimétrique le point idéal pour la pose d’une vis d’ostéosynthèse dans une vertèbre, le plan du cartilage de croissance chez un enfant devant être opéré pour une déformation du genou (genu valgum), ce qui évitera la réalisation des nombreuses radiographies au cours de l’intervention (jusqu’à une vingtaine), ou bien encore le volume osseux à enlever ou à ajouter. Ces fonctions peuvent, bien entendu, servir à la formation de chirurgiens. Pendant l’opération elle-même, la CAO autorise la navigation chirurgicale. L’opérateur est assis à sa console, la tête dans une sorte de cockpit, les yeux collés au système de visualisation binoculaire en 3D (ajoutant la profondeur aux images traditionnelles de l’endoscopie). Ses mains commandent les « joysticks » qui transmettent ses gestes aux instruments du robot. Le joystick peut être réglé pour démultiplier les mouvements de la main. Le tout étant géré par l’ordinateur avec des filtres pour éliminer les tremblements, les mouvements parasites ou aberrants. Un geste trop brusque, par exemple la main de l’opérateur qui glisse, sera analysé comme indésirable par l’ordinateur et ne sera pas transmis aux instruments en place. Dans son rapport d’étape de mai 2002, l’ANAES analysait les données expérimentales actuellement disponibles sur la CAO. Du point de vue du chirurgien, les avantages potentiels sont doubles. D’un point de vue thérapeutique, ce sont la réduction du tremblement et de la fatigue, la plus grande précision du geste, le traitement informatisé de l’image et le fait d’avoir une image en 3D nette pendant toute l’intervention, la fiabilité plus importante du système et la meilleure précision du positionnement des prothèses. Les autres avantages sont « éducationnels » : « formation des chirurgiens à des techniques opératoires complexes et planification précise d’interventions chirurgicales délicates ». « Cette amélioration potentielle du geste chirurgical serait susceptible de profiter aux patients », précise l’ANAES. L’Agence cite plusieurs limitations, soit liées aux difficultés propres à chaque discipline chirurgicale, soit « d’ordre plus général : temps d’installation du système, nécessaire mise à jour des logiciels, formation des équipes chirurgicales ». Bien entendu, « la complexité et l’encombrement des systèmes robotisés obligent à repenser les gestes chirurgicaux et l’aménagement des salles d’opération », ajoute l’ANAES. À cela s’ajoutent des limites financières. Au CHU de Nancy, les comptes ont été faits : 1,22 million d’euros pour le seul robot da Vinci, 230 000 euros pour la salle d’opération qui lui est dédiée, 137 000 euros de maintenance annuelle et 230 000 euros de surcoûts de consommables annuels. Un facteur qui freine l’accès à cette technologie et sa diffusion. Néanmoins, l’ANAES estime qu’il faut encourager la recherche clinique sur la CAO et qu’elle doit ellemême assurer une veille scientifique sur cette technique. Au niveau de l’État, Roger-Gérard Schwartzenberg, ministre de la Recherche, avait installé en 2000 un Réseau national des technologies pour la santé (RNTS), qui a inclus les recherches sur la CAO dans son appel à projets. downloadModeText.vue.download 162 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 160 De débat juridique, l’arrêt Perruche, rendu le 17 novembre 2000 par la Cour de cassation, et qui indemnise un enfant né porteur d’un handicap à la suite d’une faute médicale, est devenu débat législatif et débat de société sur le handicap tout au long de l’année 2001 et jusqu’en 2002. L’arrêt Perruche PAUL BENKIMOUN JOURNALISTE AU Monde D’un côté, certains ont dénoncé un jugement revenant à indemniser l’enfant du « préjudice d’être né ». L’arrêt introduirait, selon eux, une discrimination entre les handicapés nés après une faute médicale, pouvant à ce titre obtenir une indemnisation pour eux-mêmes, et ceux pour lesquels ce ne serait pas le cas et qui devraient donc se contenter de ce que leur verse la solidarité nationale. À l’inverse, leurs opposants défendent une décision qui « permettra à l’enfant de vivre, au moins matériellement, dans des conditions plus conformes à la dignité humaine sans être abandonné aux aléas d’aides familiales, privées ou publiques », ainsi que le précisait l’arrêt de principe de la Cour de cassation. Le débat a paru être conclu avec la loi du 4 mars 2002, dite « loi Kouchner sur les droits des malades ». Résultant d’un amendement proposé par Jean-François Mattei, l’article premier de ce texte vise à mettre un terme à la jurisprudence Perruche, en affirmant notamment que « nul ne peut se prévaloir d’un préjudice du seul fait de sa naissance ». ● « Une faute médicale » En 1999, la cour d’appel d’Orléans rejette l’indemnisation. L’affaire Perruche remonte à 1982. Enceinte, Josette Perruche est atteinte d’une rubéole, une maladie bénigne pour l’adulte, mais susceptible d’entraîner de graves malformations congénitales chez l’enfant. Elle demande à son médecin de pratiquer des examens pour savoir si le foetus est touché et lui fait part de son intention de demander un avortement si tel est le cas pour ne pas prendre le risque de mettre au monde un enfant handicapé. Après trois séries d’analyses, le médecin rassure Mme Perruche, qui est encore dans les délais légaux de l’interruption volontaire de grossesse (IVG). La grossesse va donc à son terme et, le 13 janvier 1983, Nicolas Perruche naît. Dans les mois qui suivent, l’enfant présente des troubles neurologiques graves, une surdité, une maladie de la rétine et une atteinte cardiaque. Un expert les attribue à la rubéole de sa mère. Les parents Perruche assignent en justice le médecin qui a suivi la grossesse et le laboratoire d’analyses biologiques. Ils obtiennent gain de cause le 13 janvier 1992 devant le tribunal d’Évry (Essonne), qui reconnaît l’existence d’une faute médicale. En conséquence, le tribunal accorde des indemnités à M. et à Mme Perruche. L’existence d’une faute est confirmée par la cour d’appel de Paris, le 17 décembre 1993, mais cette instance conteste l’existence d’un préjudice pour l’enfant : « Les séquelles dont [il] est atteint ont pour seule cause la rubéole que lui a transmise in utero sa mère. » Les parents de Nicolas Perruche se pourvoient en cassation. Le 26 mars 1996, considérant que dans ce dossier les fautes médicales « sont génératrices du dommage subi par l’enfant du fait de la rubéole de sa mère », la première chambre civile de la Cour de cassation cassait l’arrêt de la cour d’appel de Paris et renvoyait l’affaire devant la cour d’appel d’Orléans. Mais celle-ci rejetait à son tour en 1999 l’indemnisation de Nicolas Perruche. D’où un nouveau pourvoi en cassation en son nom. ● Le « besoin indemnitaire » La Cour de cassation examina l’affaire, le 3 novembre 2000, dans le cadre d’une assemblée plénière. Pour les parents de Nicolas et leur avocat, la cour d’appel d’Orléans avait adopté une position revenant, « de manière totalement paradoxale, à priver de toute réparation la principale victime, à savoir l’enfant » (le Monde des 5 et 6 novembre 2000). À l’opposé, l’avocat général, Jerry Sainte-Rose, fustigeait ce qu’il appelait le « besoin indemnitaire ». À ses yeux, le handicap était la conséquence de la seule rubéole. Tenir le handicap pour une conséquence directe des fautes médicales « puisque sans celles-ci il n’y aurait pas eu d’infirmité car le foetus aurait été avorté » reviendrait à reconnaître que « la suppression du malade était la seule méthode envisageable pour éviter la maladie ». Pour l’avocat général, condamner les médecins à indemniser l’enfant handicapé conduirait « tout droit à justifier l’euthanasie, la mort miséricordieuse ». Selon lui, les praticiens seraient dès lors incités à proposer un avortement « devant le plus léger doute ». Suivant les conclusions formulées par le conseiller Pierre Sargos dans le rapport qui a servi de base de discussion à la Cour, l’arrêt de principe, rendu le 17 novembre, prenait le contre-pied de cette argumentation. La Cour de cassation estimait que « dès lors que les fautes commises par le médecin et le laboradownloadModeText.vue.download 163 sur 380 DOSSIERS ART ET CULTURE 161 toire dans l’exécution des contrats formés avec [la mère de Nicolas Perruche] avaient empêché celle-ci d’exercer son choix d’interrompre sa grossesse afin d’éviter la naissance d’un enfant atteint d’un handicap, ce dernier peut demander la réparation du préjudice résultant de ce handicap et causé par les fautes retenues ». Rejetant d’envisager « biologiquement » le lien de causalité – entre la faute commise et le dommage subi –, les magistrats estimaient que Nicolas Perruche était un tiers au contrat entre le médecin et sa mère enceinte. Réfutant les accusations d’« eugénisme » de l’avocat général, le conseiller Sargos expliquait que « l’eugénisme implique une dimension collective, nécessairement criminelle, alors que [la loi Veil du 17 janvier 1975 sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG)] est pour la femme une loi de responsabilité » que « tous les habitants de notre pays doivent respecter ». Pierre Sargos invoquait un autre « principe de base », « celui de réparer le préjudice causé à autrui par une faute ». Le dénier dans le cas de Nicolas Perruche serait « nier l’atteinte du potentiel humain qui résulte du handicap et nier par là même son préjudice ». Défendant le principe de l’indemnisation en refusant de dissocier le handicap de la faute, le rapport suivi par les magistrats de la Cour de cassation précisait que le préjudice réparable était « exclusivement celui qui résulte du handicap qui va faire peser sur l’enfant pendant toute son existence des souffrances, charges, contraintes, privations et coûts de toute nature » et non pas « la naissance et la vie même de l’enfant ». ● Le « préjudice d’être né » « Certaines vies ne vaudraient pas la peine d’être vécues. » Malgré ces précisions, les réactions hostiles se sont cristallisées sur ce qui était dénoncé comme la reconnaissance d’un « préjudice d’être né » ou du fait que « certaines vies ne vaudraient pas la peine d’être vécues ». Jusqu’à l’arrêt Perruche, en cas de faute médicale ayant conduit à ne pas déceler un handicap au cours de la grossesse, la jurisprudence accordait des indemnisations aux parents mais pas aux enfants. Le Conseil d’État avait, avec l’arrêt Quarez, contourné la difficulté. Rendu le 14 février 1997, cet arrêt concernait l’enfant Mathieu Quarez, dont la trisomie 21 n’avait pas été diagnostiquée au cours de la grossesse à la suite d’une faute médicale. Le Conseil d’État avait refusé d’indemniser l’enfant, mais avait inclus la charge de son entretien dans l’indemnisation accordée à ses parents, sans que cette décision soulève des protestations. Deux semaines après l’arrêt de la Cour de cassation, un « Collectif des parents contre l’handiphobie », regroupant une centaine de familles, en appelait aux parlementaires. Le Syndicat national des ultrasonologistes diplômés (qui regroupe des médecins pratiquant l’échographie) se tournait également vers la représentation nationale : « Il faut que vous soyez informés que l’échographie obstétricale est actuellement menacée de disparition pure et simple par un récent arrêt de la Cour de cassation. » Même si, dans l’affaire Perruche, il n’est pas question d’examens d’échogra- phie, ces praticiens s’inquiétaient de voir leurs rangs se clairsemer en raison des risques judiciaires et de l’augmentation exponentielle des tarifs pratiqués par les assureurs : d’une année sur l’autre, les tarifs vont ainsi être multipliés par huit ou dix. À l’Assemblée nationale, le 9 janvier 2001, le député Démocratie libérale Jean-François Mattei faisait adopter par la commission des affaires sociales, avec le soutien du communiste Maxime Gremetz, un amendement au projet de loi de modernisation sociale du gouvernement : « La vie constitue le bien essentiel de tout être humain, nul n’est recevable à demander une indemnisation du fait de sa naissance. » L’amendement précisait cependant que « lorsqu’un handicap est la conséquence directe d’une faute et non de la nature, il ouvre le droit à réparation dans les termes de l’article 1382 du Code civil ». Lors du débat à l’Assemblée, le lendemain, Jean-François Mattei mit en garde contre les « risques de dérive, suscités par le désir de plus en plus affirmé d’avoir des enfants “parfaits” ». Le député socialiste Claude Évin lui répondit : « Cet arrêt a permis la reconnaissance d’un droit pour les handicapés et, à ce titre, il mérite d’être défendu. » La proposition de M. Mattei fut repoussée. Sollicité par la ministre de l’Emploi et de la Solidarité, Élisabeth Guigou, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) considérait dans son avis du 15 juin 2001 que « la reconnaissance de la responsabilité des professionnels dans un préjudice dont l’enfant serait victime conduit à la déduction qu’il eût mieux valu qu’il ne naquît pas, voire qu’il avait un droit à ne pas naître handicapé, compte tenu de la piètre qualité de vie qui lui est proposée ». Cela « risquerait de faire peser sur les parents, les professionnels du diagnostic prénatal et les obstétriciens une pression normative d’essence eugénique », soulignait le Comité d’éthique, dont deux membres, Henri Caillavet et Jean-Pierre Changeux, se sont abstenus en exprimant de « sérieuses réserves » sur l’avis. downloadModeText.vue.download 164 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 162 LA JURISPRUDENCE PERRUCHE Le 6 juillet 2001, l’assemblée plénière de la Cour de cassation examina trois affaires où des malformations portant sur le système nerveux ou sur un membre supérieur n’avaient pas été décelées lors des examens échographiques en cours de grossesse, mais, contrairement à l’affaire Perruche, après le délai légal d’IVG. Estimant que les conditions prévues dans la loi de 1975 pour un avortement thérapeutique n’étaient pas réunies, la Cour de cassation rejetait les demandes d’indemnisation des enfants. La haute juridiction confirmait cependant la jurisprudence Perruche, en précisant que « l’enfant né handicapé peut demander la réparation du préjudice résultant de son handicap si ce dernier est en relation de causalité directe avec les fautes commises par le médecin dans l’exécution du contrat formé avec sa mère et qui ont empêché celleci d’exercer son choix d’interrompre sa grossesse ». ● La « solidarité nationale » L’Union nationale des associations de parents et amis de personnes handicapées mentales (Unapei) demanda un débat au Parlement : « Le législateur doit faire un signe pour montrer au pouvoir judiciaire qu’il ne le laisse pas seul face à ces questions. » Pour sa part, l’Association des paralysés de France (APF) rejetait les accusations d’eugénisme : « C’est l’impact de la faute médicale qui est condamné. La cour indemnise l’enfant parce qu’il est handicapé et pas parce qu’il est né. Le vrai débat porte sur les moyens qu’une société donne aux personnes handicapées pour qu’elles vivent correctement », déclara la présidente de l’APF, Marie-Sophie Desaulle. Le 5 décembre 2001, à l’initiative des professeurs René Frydman et Israël Nisand, plusieurs spécialistes du dépistage prénatal annonçaient qu’ils cesseraient toute activité de dépistage des malformations au 1er janvier 2002. La menace ne sera finalement pas mise à exécution du fait de l’évolution du débat parlementaire. Le 13 décembre 2001, les députés examinèrent une proposition de loi déposée par Jean-François Mattei, reprenant son amendement battu en janvier de la même année. Les députés du PCF « approuvaient sur le fond ce texte ». Le Mouvement des citoyens avait déposé en septembre une proposition de loi allant dans le même sens. Au sein du RPR, l’ancien garde des Sceaux Jacques Toubon et Patrick Devedjian s’interrogeaient. « Il serait assez paradoxal de considérer que celui qui subit le handicap de plein fouet soit le seul à être privé de réparation », indiquait M. Devedjian. Les débats furent renvoyés au 10 janvier 2002, dans le cadre du débat sur le projet de loi relatif aux droits des malades. Ayant non sans mal arrêté une position, le gouvernement présenta un amendement au texte de M. Mattei, afin de limiter le cadre de la responsabilité médicale aux situations où existe « une faute qui a provoqué le handicap, qui l’a aggravé ou ne l’a pas atténué » et de préciser que, dans les cas analogues à ceux de l’affaire Perruche, « seuls les parents peuvent demander une indemnisation ». Le texte de M. Mattei amendé par le gouvernement fit consensus à l’Assemblée, mais à la suite d’amendements des sénateurs, le texte définitivement adopté par le Parlement, le 19 février 2002, a restreint le droit à réparation au seul préjudice moral des parents. Il précise que le préjudice « ne saurait inclure les charges particulières découlant, tout au long de la vie de l’enfant, de ce handicap » et que « la compensation de ce dernier relève de la solidarité nationale ». Ainsi, l’article premier de la loi sur les droits des malades, visant à mettre fin à la jurisprudence Perruche, a-t-il, du même coup, mis un terme à la jurisprudence Quarez du Conseil d’État. À présent, tant parmi les politiques que parmi les associations, des voix demandent à revoir le dispositif d’indemnisation des handicaps congénitaux. downloadModeText.vue.download 165 sur 380 DOSSIERS ART ET CULTURE 163 L’observation de la Terre est devenue l’un des champs d’application privilégiés des satellites. Des dizaines d’engins spatiaux scrutent désormais en permanence l’atmosphère ou la surface de notre planète à des échelles variées. Les satellites d’observation de la Terre PHILIPPE DE LA COTARDIÈRE ÉCRIVAIN ET JOURNALISTE SCIENTIFIQUE Ces satellites couvrent les besoins de la météorologie, de la climatologie, de l’océanographie, de la cartographie, de l’agriculture, de l’aménagement du territoire, de la gestion des ressources naturelles, du renseignement militaire, etc. Dans le seul domaine civil, ils sont une soixantaine, et cette famille s’est enrichie en 2002 de trois satellites européens : Envisat (surveillance de l’environnement), Spot 5 (télédétection) et MSG1 (météorologie). ● Météorologie Les satellites géostationnaires orbitent à quelque 36 000 km d’altitude. Le programme Météosat est financé par l’organisation Eumetsat. Avec les télécommunications, la météorologie a été l’une des toutes premières applications des satellites, qui se sont rapidement révélés des outils irremplaçables pour suivre le déplacement et l’évolution des systèmes nuageux. Dès 1960, les États-Unis lancèrent le premier satellite météorologique, TIROS 1 (Television and InfraRed Observation Satellite). Placé en orbite à 700 km d’altitude, cet engin de 120 kg fonctionna pendant 78 jours et transmit près de 25 000 vues de la surface terrestre prises par ses deux caméras de télévision. Chaque image couvrait environ 1 000 km 2 et montrait des détails de l’ordre du kilomètre. Les satellites météorologiques se répartissent en deux catégories : des satellites géostationnaires, qui conservent une position pratiquement fixe par rapport à la Terre, dans le plan de l’équateur, à quelque 36 000 km d’altitude, permettant l’observation continue d’une région très étendue, mais toujours la même ; et des satellites à défilement, généralement placés en orbite quasi polaire, héliosynchrone (c’està-dire dont le plan conserve toujours la même orientation par rapport à la direction Terre-Soleil), entre 600 et 900 km d’altitude, qui survolent de manière répétitive l’ensemble du globe en repassant toujours à la même heure solaire au-dessus d’une région donnée. Les satellites météorologiques géostationnaires ont pour mission principale la surveillance des phénomènes à développement rapide (orages, cyclones, nappes de brouillard) et la mesure de leurs déplacements. Ils permettent notamment d’alerter désormais suffisamment à l’avance les populations menacées par le passage d’un cyclone. Ils fournissent également la seule base de données disponible pour l’étude du rôle de la couverture nuageuse à l’échelle mondiale. Ils ont enfin une mission accessoire de collecte de données émanant de plates-formes de mesures situées dans des zones d’accès difficile. Depuis les années 1980 a été mis en place un système de veille météorologique mondiale composé de cinq satellites géostationnaires répartis autour du Globe : deux GOES (États-Unis), un Météosat (Europe), un GMS (Japon) et un Insat (Inde). Engagé dès les années 1970 par l’Agence spatiale européenne (ESA), le programme Météosat est, depuis 1987, financé et administré par l’organisation intergouvernementale Eumetsat, mais l’ESA continue de superviser la construction des satellites, lancés par des fusées Ariane. Trois satellites préopérationnels ont été mis en orbite, de 1977 à 1988, suivis de quatre satellites opérationnels, de 1989 à 1997. Leur relève doit être progressivement assurée par des satellites Météosat de seconde génération (MSG, 3 prévus). Le premier représentant de cette nouvelle génération de Météosat, MSG1, a été lancé avec succès le 27 août 2002 ; positionné à 0° de longitude en 2003, il prendra la relève de Météosat 7 pour couvrir l’Europe, l’Afrique, l’océan Atlantique et l’océan Indien, avec une durée de vie espérée de sept ans. Avec ses satellites Insat, l’Inde dispose depuis 1982 de satellites destinés à la fois aux télécommunications et à la surveillance météorologique. Le 12 septembre 2002, elle a mis en orbite son premier satellite géostationnaire ayant une mission exclusivement météorologique, Metsat 1 ; celui-ci doit remplacer le satellite Insat 1D en poste à 74° de longitude est depuis 1990. Complémentaires de leurs homologues géostationnaires, les satellites météorologiques en orbite polaire ont pour mission de fournir les données quantitatives nécessaires à la compréhension de la dynamique de l’atmosphère et de l’océan superficiel. Ils sont équipés de radiomètres opérant downloadModeText.vue.download 166 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 164 dans l’infrarouge ou les hyperfréquences pour reconstituer la distribution de température et d’humidité dans l’épaisseur de l’atmosphère. Ils disposent également de radiomètres imageurs permettant de déterminer la température superficielle des océans, l’étendue des glaces de mer, etc. Depuis 1969, la Russie dispose, avec ses satellites polaires Meteor, d’un réseau opérationnel de météorologie spatiale bien adapté à l’étendue de son territoire. L’Europe, quant à elle, développe le programme Metop, qui comprendra trois satellites, lancés à quatre ans d’intervalle à partir de 2005 et placés en orbite polaire à basse altitude pour favoriser les prévisions météorologiques à moyen et long termes. ● Télédétection Dès les années 1960, la surface terrestre a commencé à faire l’objet d’observations depuis l’espace à bord des premiers vaisseaux pilotés, notamment lors des vols américains Mercury et Gemini. L’intérêt des images satellitaires a été établi pour de nombreuses applications : cartographie, aménagement du territoire, étude du couvert végétal ou neigeux, inventaire des cultures et des forêts, suivi de la croissance urbaine, exploration minière ou pétrolière, surveillance de la pollution marine, hydrologie... On a mis en évidence l’utilité de la technique d’imagerie multibande, qui consiste à prendre des vues d’une région donnée simultanément dans plusieurs gammes de longueurs d’onde, chacune faisant ressortir certains traits particuliers de la zone observée. ● L’imagerie optique et infrarouge Le lancement du satellite américain Landsat 1, le 23 juillet 1972, a marqué un tournant dans le développement des applications spatiales. Pour la première fois, un engin spatial était entièrement voué à l’observation de la Terre à des fins civiles. Satellisé à 900 km d’altitude, sur une orbite quasi polaire héliosynchrone, Landsat 1 emportait un ensemble de trois caméras de télévision fournissant des couleurs dans le domaine visible, et une chambre multibande à balayage prenant des vues en continu dans quatre domaines de longueurs d’onde (trois dans le visible, un dans le proche infrarouge). Il photographiait sous sa trajectoire une bande de terrain large de 185 km et couvrait la totalité de la surface terrestre en 18 jours. Les plus fins détails visibles (la résolution des images) mesuraient 80 m sur les vues en couleurs et 40 m sur celles en noir et blanc. Landsat 1 a fonctionné pendant huit ans. Six autres satellites de la même famille ont été lancés pour lui succéder et améliorer progressivement la qualité du service fourni. La mise en orbite de Landsat 6, en 1993, échoua, mais le satellite le plus récent, Landsat 7, lancé en 1999, fournit des images ayant une résolution de 30 m en couleurs et de 15 m en noir et blanc. ● La filière Spot Spot : l’acronyme de satellite pour l’observation de la Terre La commercialisation des images Spot est assurée par Spot Image. La France a montré son savoir-faire avec la filière Spot. Engagé en 1978 par le gouvernement français, avec la participation de la Suède et de la Belgique, le programme Spot est devenu opérationnel avec la mise en orbite du satellite Spot 1 le 22 février 1986. Celui-ci a été suivi de Spot 2 en 1990, de Spot 3 en 1996, de Spot 4 en 1998, et enfin de Spot 5, le 3 mai 2002, qui doit assurer la continuité du service jusqu’en 2007. Les satellites Spot décrivent une orbite quasi polaire, héliosynchrone, à 830 km environ d’altitude. Le système d’observation initial, équipant les trois premiers engins de la série, comprend deux instruments de prise de vues à haute résolution, permettant d’obtenir soit des vues en couleurs (résultant d’un enregistrement dans le vert, le rouge et le proche infrarouge) avec une résolution de 20 m au sol, soit des vues en noir et blanc avec une résolution de 10 m, privilégiant la finesse géométrique de l’image. En visée verticale, le champ d’observation de chaque instrument couvre 60 km de large au sol ; le champ total pour les deux instruments est de 117 km, ce qui assure la couverture complète de la Terre en 26 jours. Mais on peut faire varier la direction d’observation en décalant l’axe de visée jusqu’à 27° de la verticale du satellite par rapport au plan de l’orbite. Des images précises en relief peuvent être obtenues à partir de couples d’images stéréoscopiques d’une même scène, prises sous des angles différents. Ce mode d’exploitation est appelé « visée en oblique de part et d’autre de la trace du satellite ». Spot 4, développé en synergie avec le satellite d’observation militaire Hélios 1, a été rendu plus performant grâce à l’adjonction d’une bande spectrale d’observation dans le moyen infrarouge et à une capacité d’enregistrement accrue. Spot 5, encore plus performant, peut fournir des images d’une résolution de 2,5 m seulement en noir et blanc ou de 10 m en couleurs, et dispose d’un instrument lui permettant d’acquérir de manière quasi instantanée des couples d’images stéréoscopiques à haute résolution. Les deux visées sont réalisées depuis la même orbite, en avant et en arrière du satellite, et couvrent des zones de 120 km sur 600. On obtient ainsi des images en downloadModeText.vue.download 167 sur 380 DOSSIERS ART ET CULTURE 165 trois dimensions et en relief, qui peuvent avoir de nombreuses applications : cartographie pour l’implantation de réseaux de téléphonie cellulaire, cartographie institutionnelle, simulation de l’approche d’aéroports par des avions, etc. Depuis 1999, la société américaine Space Imaging commercialise des images à très haute résolution (0,8 m) obtenues par le satellite privé Ikonos 2. Mais ces images ont, en contrepartie, un champ étroit de 10 km seulement. À l’inverse, les images Landsat offrent un champ large mais une résolution moyenne. Les images fournies par Spot 5 présentent l’avantage de combiner une haute résolution avec un champ large. ● L’imagerie radar Les satellites d’observation scrutant la Terre en lumière visible souffrent d’un handicap. Leur regard ne peut traverser les nuages. Pour s’affranchir de cette contrainte, il faut recourir à des satellites dotés de capacités radar. Le satellite émet des ondes radar vers la zone qu’il survole et enregistre les échos ; les informations reçues sont transformées en images. Le premier satellite civil d’observation de la Terre équipé d’un radar fut le satellite océanographique américain Seasat, en 1978. Depuis, des systèmes d’imagerie spatiale radar ont été développés aux États-Unis, en Russie, au Japon, au Canada et en Europe. L’Agence spatiale européenne a développé, avec succès, le programme ERS (European Remote sensing Satellite), qui comprend deux satellites, lancés en 1991 et en 1995 respectivement et placés en orbite polaire héliosynchrone à quelque 780 km d’altitude. Pesant 2,4 t, ils emportent, entre autres instruments scientifiques, un radar à synthèse d’ouverture, un altimètre radar, un radiomètre à balayage et un rétroréflecteur laser permettant des observations permanentes, par tous les temps, des océans, des terres émergées et des glaces polaires ainsi que des mesures de géodésie spatiale. Au Canada, le programme Radarsat constitue, lui aussi, un succès, illustré à ce jour par deux satellites : Radarsat 1, lancé en 1995, auquel est venu s’ajouter en 2001 Radarsat 2, dont les images ont une résolution allant de 3 m pour des scènes de 25 km 2 à 100 m pour des scènes de 500 km 2. ● Océanographie Occupant 70 % de la surface de la Terre, les océans ont un rôle géochimique, biologique et économique considérable. En recueillant de façon régulière sur de longues périodes et sur l’ensemble du globe des données sur leur température de surface, les courants qui les traversent, la hauteur des vagues, etc., les satellites contribuent à une meilleure connaissance des océans. L’observation spatiale des océans a commencé véritablement en 1978 avec le lancement du satellite américain Seasat 1. Bien que celuici n’ait fonctionné que trois mois, il a fourni une riche moisson de données pour l’étude des courants océaniques. Des avancées significatives ont été obtenues ensuite notamment grâce au satellite franco-américain Topex-Poséidon, placé le 10 août 1992 sur une orbite circulaire à 1 330 km d’altitude, inclinée de 66° sur l’équateur. Avec ses deux altimètres radar, permettant de mesurer la hauteur des vagues et la vitesse du vent, son radiomètre permettant de déterminer la quantité de vapeur d’eau atmosphérique et ses trois instruments d’orbitographie précise, l’engin, toujours opérationnel en 2002, a permis de suivre en détail le phénomène El Niño, d’observer la variabilité surprenante des océans, de suivre des ondes océaniques de plusieurs milliers de kilomètres de large poussées par les vents, de mettre en évidence une hausse du niveau de la mer de un millimètre par an... ● Climatologie, surveillance de l’environnement Envisat : satellite européen d’observation de la Terre et de surveillance de l’environnement Ce sont les données recueillies par un satellite météorologique américain, Nimbus 7, qui ont pour la première fois attiré l’attention, en 1985, sur la diminution alarmante de la teneur en ozone de la stratosphère (le « trou d’ozone »). Les missions spatiales représentent une composante majeure des programmes internationaux de recherche visant à décrire, comprendre et modéliser les processus essentiels qui régissent le système géosphère-biosphère et à mieux apprécier l’influence des activités humaines sur le climat. Dans le prolongement du programme ERS, l’ESA a développé le satellite Envisat. Lancé le 1er mars 2002 par une fusée Ariane 5 et placé sur une orbite polaire héliosynchrone, à quelque 800 km d’altitude, qu’il décrit en 101 minutes, cet engin de 8,2 t emporte dix instruments (radar à synthèse d’ouverture, radiomètres, spectromètres, altimètre radar, etc.), pour mesurer la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, suivre les variations de la couche d’ozone, observer la déforestation, détecter les traces d’hydrocarbures en haute mer, étudier les vagues et les courants marins, fournir des données sur le réchauffement de la Terre et l’évolution du climat et, plus généralement, sur les interactions entre l’atmosphère, les océans, les calottes polaires, la végétation et les activités humaines. Sa mission doit durer cinq ans au moins. downloadModeText.vue.download 168 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 166 ● Défense L’URSS a dû attendre 1983 pour disposer de satellites de reconnaissance photographique. Si l’observation de la Terre depuis l’espace connaît de nombreuses applications civiles, elle joue aussi un rôle important pour les besoins de la défense. Aux États-Unis, l’US Air Force dispose de son propre réseau de satellites météorologiques, DMSP (Defense Meteorological Satellites Program). Lors de la guerre du Golfe, en 1991, ces engins ont aidé à la planification des opérations militaires, permis d’évaluer certains risques particuliers tels que les tempêtes de sable et permis également de détecter et de suivre les fumées des puits de pétrole incendiés. Les satellites sont devenus des outils précieux pour recueillir des renseignements d’ordre tactique ou stratégique. Cette application, la reconnaissance, permet aux responsables militaires et au gouvernement des puissances qui y ont recours d’obtenir discrètement des informations sur les équipements militaires et les grands équipements technologiques des autres pays, et de surveiller les mouvements de troupes et de matériels, les zones de conflits, etc. Tous les grands conflits des dernières décennies (guerres israélo-arabes, guerre Irak-Iran, conflit d’Afghanistan, guerres du Golfe et de Yougoslavie...) ont été étroitement surveillés par des satellites de reconnaissance photographique. Aujourd’hui, les satellites les plus performants fournissent des images sur lesquelles on peut distinguer des détails d’une dizaine de centimètres seulement. Les premiers satellites de reconnaissance photographique ont été lancés au début des années 1960, par les États-Unis et l’ex-URSS. Les Américains utilisèrent d’abord des satellites Discoverer, dotés d’une caméra à haute résolution dont le film revenait au sol dans une capsule munie d’une rétrofusée, qui pouvait être récupérée à l’aide d’un avion pendant sa descente en parachute, et des satellites SAMOS (Satellite And Missile Observation System), équipés pour transmettre leurs images par radio chaque fois qu’ils survolaient les États-Unis. À partir de 1971, ils disposèrent de satellites Big Bird, évoluant entre 160 et 250 km d’altitude et recueillant d’une part des images à moyenne résolution transmises au sol par radio, d’autre part des images à haute résolution (quelques décimètres) envoyées au sol dans des capsules récupérables, chaque satellite disposant de six capsules larguées successivement à des intervalles de trois à quatre semaines. Depuis la fin des années 1970, les Big Bird sont remplacés par les engins de la famille Key Hole (KH), à l’orbite plus haute (plus de 300 km) qui leur confère une durée de vie plus longue (deux ans environ). Ils transmettent leurs images au sol sous forme numérisée (donc, sans aucune dégradation) et possèdent, par ailleurs, des détecteurs opérant dans l’infrarouge. Leur lancement est assuré par la navette spatiale. Dans l’ensemble du programme spatial de l’ex-URSS, les satellites de reconnaissance photographique constituent, de loin, la famille la plus nombreuse : plusieurs centaines ont été lancés depuis 1962 dans le cadre du programme Cosmos. À la différence des Américains, les Soviétiques, jusque dans les années 1980, ont utilisé exclusivement la technique de récupération des clichés obtenus par leurs satellites. Cette procédure leur permettait d’obtenir des clichés de très bonne qualité avec des caméras classiques, à défaut de maîtriser les technologies optiques et électroniques nécessaires à la transmission au sol d’images par radio. Mais, comme les satellites concernés avaient un périgée très bas (pour accroître la résolution des images), leur durée de vie était très courte (une douzaine de jours, en moyenne), et il fallait donc en lancer beaucoup pour assurer une surveillance permanente. Il a fallu attendre 1983 pour que l’ex-URSS dispose de satellites de reconnaissance photographique ayant une durée de vie de plusieurs mois et capables de transmettre leurs images par radio. La France, forte de l’expérience acquise avec les plates-formes Spot, a développé les satellites Hélios. Décidé en 1986, réalisé en coopération avec l’Italie et l’Espagne, chacun des trois pays disposant sur son territoire de ses propres installations de réception et de traitement des images, le programme Hélios 1 comporte deux satellites, lancés respectivement en 1995 et en 1999. La continuité du service sera assurée par le programme Hélios 2, engagé en 1995 et auquel sont venues se joindre en 2001 l’Allemagne et la Belgique. Celui-ci comportera également deux satellites, mais qui bénéficieront de plusieurs améliorations : l’adjonction d’un moyen d’observation infrarouge autorisera la surveillance nocturne et la détection des activités sur les sites observés, les prises de vues seront plus nombreuses et les images obtenues présenteront une meilleure résolution. Le lancement du premier satellite, Hélios 2A, est prévu en 2004. Comme dans le domaine civil, l’observation radar est indispensable pour assurer une surveillance « tous temps » et de jour comme de nuit. De 1967 à 1988, l’URSS a ainsi lancé des satellites – dénommés Rorsat (Radar Ocean Reconnaissance SATellite) par les Américains – pour localiser les bâtiments des flottes militaires adverses et suivre leurs déplacements en downloadModeText.vue.download 169 sur 380 DOSSIERS ART ET CULTURE 167 mer. Les États-Unis utilisent, pour leur part, depuis 1988, de gros satellites Lacrosse (15 t environ), dont les images radar auraient une résolution de 1 à 5 m pour une largeur couverte de 20 km. Pour l’avenir, l’Allemagne développe une constellation de cinq satellites d’imagerie radar, SAR-Lupe, dont la mise en orbite est prévue entre 2005 et 2007, tandis que la France et l’Italie préparent conjointement un système dual (civil et militaire) associant le programme français Pléiades (2 satellites d’imagerie optique, lancés en 2005 et 2006) et le programme italien COSMO-Skymed (4 satellites d’imagerie radar, lancés entre 2003 et 2005). downloadModeText.vue.download 170 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 168 L’année 2002, qui avait mal commencé pour la fréquentation, a connu une belle embellie à la fin de l’année. On estimait à 155 millions le nombre de spectateurs à la fin du mois d’octobre 2002, soit une augmentation de 4 points par rapport à 2001. Le journal du cinéma RAPHAËL BASSAN CRITIQUE DE CINÉMA, REVUE Europe En revanche, la part de marché français, stabilisée autour de 39 %, est apparue en baisse de 4 points par rapport à l’année passée. Les entrées devraient se stabiliser autour de 185 millions comme l’année passée. On ne constate aucune surprise, cette année, comparable au Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, de Jean- Pierre Jeunet, un petit film qui devint champion du box-office. En 2002, c’est bien Astérix et Obelix : mission Cléopâtre, d’Alain Chabat, qui caracole en tête des entrées, suivi, mais en huitième position seulement, par Tanguy d’Étienne Chatiliez, un autre film français qui arrive en huitième positon. Toutefois, comme Amélie Poulain, Tanguy doit son relatif succès à son sujet, proche du quotidien et traité avec pittoresque. Si au niveau de la production française, l’année 2002 s’avère sans vraie surprise, divers phénomènes, tels que l’émergence en masse d’un nouveau cinéma expérimental, de recherche, qui génère lui-même ses laboratoires, et, à l’autre bout, la rédaction du rapport de la philosophe Blandine Kriegel sur la violence à la télévision, qui peut handicaper le cinéma dans son ensemble, redessinent imperceptiblement, mais sûrement, le paysage audiovisuel hexagonal. ● Le cinéma français 2002 marque le retour d’Isabelle Adjani dans la Repentie. Sex is comedy décrit la fabrication d’un film pornographique. Aucun mouvement de fond n’a caractérisé les films français de cette année, qui se sont dispatchés en une multitude d’oeuvres personnelles. Le drame intimiste où la vie, envisagée comme un trajet chaotique, habite le beau film de l’acteur Jean-François Stévenin, Mischka, et le dernier opus de l’ex-Géorgien Otar Iosseliani, Lundi matin. Ces films, qui laissent les personnages dériver au gré de leurs humeurs, inventent de nouvelles formes plastiques donnant au cinéma l’équivalence de l’impressionnisme et du pointillisme pictural. On peut rattacher à ce « mini-courant » le deuxième film de l’acteur Mathieu Amalric, le Stade de Wimbledon, adapté du roman homonyme de Daniele Del Giudice. On y croise l’actrice Jeanne Balibar en voyage en Italie sur les traces fantomatiques d’un grand amateur de littérature n’ayant quasiment rien écrit, mais qui fut le mentor de divers romanciers et poètes. Une forme d’interrogation sur le désir de créer tout à fait aboutie. Enfermée dans son image de fille lunaire, Audrey Tautou, l’héroïne d’Amélie Poulain, a eu du mal à se recomposer une personnalité. C’est chose faite avec À la folie... pas du tout, de Laetitia Colombani : les aventures d’une femme psychotique qui poursuit un homme de ses assiduités. Un rôle difficile qui prouve le talent de cette jeune actrice. L’année 2002 est celle du retour d’Isabelle Adjani dans la Repentie, de Laeticia Masson. Film intrigant, jouant sur des clichés, il prend tout son sens si on l’interprète comme un documentaire, rude et sans faux-semblants, sur la star elle-même : à la dérive, déboussolée, poignante. Adjani revient, peu après, en vedette dans Adolphe, de Benoît Jacquot, d’après Benjamin Constant, un pensum pesant et académique où elle redevient la diva intouchable qu’elle s’est parfois complu à être. Deux remarquables films d’auteur s’imposent : Wesh Wesh, qu’est-ce qui se passe ? de Rabah AmeurZaïmeche, et Marie-Jo et ses deux amours, de Robert Guédiguian. Le premier est un film remarquable et sans concession sur la vie dans une cité de la banlieue parisienne. Ce long-métrage montre avec acuité les mécanismes – voisinage, police, famille – qui empêchent un jeune délinquant de se réinsérer. Cinéaste engagé, Robert Guédiguian trouve une inspiration plus quotidienne en décrivant, de manière sensible et ludique, la vie d’une femme partagée entre deux hommes qu’elle aime. Le film est à la fois très physique, mais exprime, également, un grand bonheur de vivre. Astérix et Obélix : mission Cléopâtre, d’Alain Chabat, s’il ne se détache pas des autres productions du même type, détourne, grâce à la superbe Monica Bellucci, la commande. Les mères qui accompagnent leurs enfants, toutes éblouies par les exploits comiques de Jamel Debbouze, ne remarquent pas les tenues plus que suggestives de la star. Sorti au mois d’avril, Féroce, de Gilles de Maistre, connut un bref succès d’estime entre les deux tours des élections présidentielles. Un jeune beur infiltre un parti d’extrême droite pour tuer son chef. Jean-Marc downloadModeText.vue.download 171 sur 380 DOSSIERS ART ET CULTURE 169 Thibault trouve, ici, un extraordinaire rôle de composition en interprétant le leader de la Ligue patriotique dont les discours populistes rappellent étrangement ceux de Jean-Marie Le Pen. Une intrigue amoureuse entre le héros et la fille du chef gâche un peu ce film, pourtant assez tonique. Pensant que les moeurs avaient suffisamment évolué, un grand nombre d’auteurs se sont mis à évoquer différents aspects de la sexualité. Catherine Breillat, qui avait ouvert la brèche avec Romance (1999), récidive cette année avec Sex is comedy, qui décrit les aléas de la fabrication d’un film pornographique. À vouloir être trop explicite, la réalisatrice rate son but et le film devient le simple récit d’un tournage. Deux films, Demonlover, d’Olivier Assayas, et la Chatte à deux têtes, de Jacques Nolot, abordent la sexualité de manière opposée mais tout aussi stylisée. Assayas se situe dans la représentation, le virtuel, la cyberculture. Des membres de deux multinationales se disputent, sur un scénario proche du polar, un produit japonais (dessin animé érotique) très porteur. L’auteur examine, avec humour, les divers degrés de permissivité en oeuvre dans chaque pays considéré : ainsi la violence est mieux tolérée au Japon mais pas le sexe. Nolot est, lui, attaché au concret le plus sordide. Son film se passe dans une vieille salle diffusant du porno, et décrit les aventures fugaces de quelques homosexuels esseulés. C’est un cinéma à la fois distancié et d’acteurs, à l’instar d’un Paul Vecchiali. Trois films vont néanmoins provoquer polémiques et débats : Irréversible, de Gaspar Noé, Choses secrètes, de Jean-Claude Brisseau, et la Vie nouvelle, de Philippe Grandrieux. Ce trio d’oeuvres ambitieuses aborde, à des degrés divers, le thème de la violence sexuelle et de la soumission. Des trois longs métrages, Irréversible est probablement celui à qui l’on a fait le plus mauvais procès. Il raconte, en commençant par la fin, les conséquences d’un viol meurtrier sur une femme. Nous suivons son ami, flanqué d’un compagnon, qui recherche le coupable, avant de voir l’agression et la vie antérieure du couple. Noé travaille aussi la forme. L’ouverture du film est photographiée avec une caméra très mobile et frise l’abstraction, puis s’épure et devient d’une rare limpidité à la fin (c’est-à-dire au début de l’action où la femme est assise dans un jardin avant les événements qui vont suivre). La Vie nouvelle, de Philippe Grandrieux, est plus pernicieux, quoique plastiquement séduisant. Le cinéaste ne porte pas de jugement sur l’univers qu’il filme : le milieu des souteneurs. On y voit une femme profondément humiliée et battue. Les défenseurs du film parlent d’un travail sur les pulsions, les autres d’une trop grande complaisance dans la description des rapports de soumission. La Vie nouvelle est un film difficile à gérer et à critiquer. Certes, l’auteur (à qui l’on doit le magnifique Sombre) n’est pas suspect de complaisance à titre personnel, mais son film travaille avec des matériaux ambigus. Jean-Claude Brisseau, avec Choses secrètes, réalise probablement le meilleur film sur le sujet en mettant en scène, sur un canevas de type sadien, les rapports de pouvoir entre deux jeunes femmes arrivistes et un patron ivre de pouvoir. Les femmes ici ne sont plus des pantins, et le cinéaste réussit un film très fort. ● Répressions et résistances Le cinéma expérimental fait un retour en force remarqué. L’arrivée d’une nouvelle majorité présidentielle au mois de juin a entraîné un certain nombre de mesures au profil liberticide. Le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel), se fondant sur une prétendue recrudescence de la violence et de la pornographie à la télévision, met en place, à partir du mois de novembre, une nouvelle signalétique plus visible et plus durable, inventant l’interdiction aux moins de dix ans. Cela est d’autant plus incompréhensible que cette mesure s’applique également aux chaînes câblées et payantes dotées d’une télécommande qui indique, à tout moment, le titre et l’interdiction de tout film projeté. Le Syndicat français de la critique de cinéma s’en est indigné, sans résultat apparent jusqu’ici (mi-décembre). Un autre phénomène, indirectement lié à celui-ci, a tiré la vedette à lui. La volonté de ce même CSA d’interdire, sous la pression de femmes et d’hommes politiques de la nouvelle majorité, le cinéma X à la télévision. De Libération aux Cahiers du cinéma, une vaste campagne a été menée et le « danger » a été écarté jusqu’à présent. Mais c’est une fausse victoire. La signalétique demeure et, à la demande du ministère de la Culture et de la Communication, la philosophe Blandine Kriegel a remis, au mois de novembre, un rapport destiné à interdire complètement le passage des films interdits aux moins de douze ans et plus en prime time (ce qui est déjà le cas sur les chaînes hertziennes) et de réformer totalement le mode de classification des films. Le ministre, Jean-Jacques Aillagon, a rejeté la plupart des propositions de ce rapport. Néanmoins, associations familiales et hommes politiques ne désarment pas. Face à cette crise, un type de cinéma qu’on voyait peu depuis les années 1970, le cinéma expérimental, ressurgit de plus belle. Les choses ont commencé en 2000 avec la rétrospective (suivie d’un livre de 600 pages) Jeune, dure et pure ! qui s’est tenue à la downloadModeText.vue.download 172 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 170 Cinémathèque française, organisée par deux historiens, Nicole Brenez et Christian Lebrat. Pour la première fois, une historicisation complète du cinéma d’avant-garde français a été accomplie, qui remonte aux origines du 7e art. Cette reconnaissance avait été précédée par la constitution de coopératives de diffusion indépendantes (le Collectif Jeune Cinéma, la Paris Film Coop et Light Cone), de laboratoires de développement artisanaux (L’Abominable, Etna) et de structures de diffusion dont la plus célèbre est Braquage, qui fait de l’animation et de la diffusion dans les squats, les théâtres, les cirques. Au mois de novembre, la quasitotalité des structures françaises de fabrication et de diffusion de cinéma expérimental se sont réunies à Pantin lors d’un festival et ont rédigé un manifeste, L’expérimental ? C’est pas mon genre, qui est diffusé auprès des institutions compétentes afin que ce cinéma, montré dans les musées, comme de l’art contemporain à part entière, et acheté par Beaubourg, ait une véritable reconnaissance et qu’une forme d’aide financière spécifique lui soit apportée. Donc, le cinéma français se trouve à la croisée des chemins. Son apparente bonne santé cache de profonds malaises. Le développement de matériel léger (le DV numérique) et la constitution de laboratoires indépendants qui permettent de faire un film à la première personne, avec son argent de poche presque, et d’être montrés dans des circuits spécialisés (ou plus vastes), risque, à l’avenir, de modifier le paysage de notre cinéma. ● Ailleurs Cannes : un palmarès d’une justesse et d’une diversité sans faille Le Pianiste, de Roman Polanski, un film en partie autobiographique Le palmarès cannois fut cette année d’une justesse et d’une diversité sans faille, surtout si on envisage les trois finalistes : le Pianiste de Roman Polanski (palme d’or, Pologne-France), l’Homme sans passé d’Aki Kaurismäki (grand prix du jury Finlande), et Bowling for Columbine, de Michael Moore (prix du 55e anniversaire, États-Unis). Polanski réalise un film en partie autobiographique. Le futur cinéaste avait neuf ans quand les nazis envahirent la Pologne, et il vécut ensuite dans le ghetto de Cracovie. Son film s’inspire du récit de Wladyslaw Szpilman, un pianiste juif qui survécut à la révolte du ghetto de Varsovie en 1943. Quoique très romanesque, le film évite toute boursouflure ou complaisance. L’Homme sans passé, comme la plupart des films de Kaurismäki, est un conte social. Un individu, qui a perdu la mémoire, devient un paria, un SDF. Sans trop forcer la note, mais avec un humour pince-sans-rire, le cinéaste nous dévoile l’envers du paradis capitaliste. Le documentariste Michael Moore nous donne une remarquable étude sur l’Amérique de la peur dans Bowling for Columbine. À travers une réflexion sur la liberté de circulation des armes à feu aux ÉtatsUnis, le cinéaste montre comment on façonne des xénophobes. Deux films font un écho indirect à ce documentaire : 11′ 09″ 01 September 11 (collectif : Samira Makhmalbaf, Claude Lelouch, Youssef Chahine, Danis Tanovic, Idrissa Ouedraogo, Ken Loach, Alejandro Gonzalez Iñárritu, Amos Gitaï, Mira Nair, Sean Penn, Shohei Imamura) et À l’ombre de la haine, de Marc Forster (États-Unis). Le premier est une réflexion parfois humoristique ou décalée (Shohei Imamura parle de la Seconde Guerre mondiale) des événements tragiques qui ont mar- qué le 11 septembre 2001 (dont ce film évoque le premier anniversaire). Diverses sensibilités du monde entier s’y donnent rendez-vous pour appréhender, sous divers angles, ce tragique événement. À l’ombre de la haine plonge au plus profond des préjugés américains et met en scène un officier pénitentiaire profondément raciste qui rencontre une femme noire et s’en éprend. Il change... Il tente de changer. Mais y arrivera-t-il vraiment ? À la fin du film, les deux protagonistes connaissent leur passé et souhaitent rester ensemble. Ce film a valu à l’actrice de couleur Halle Berry un oscar. C’est la première fois qu’une actrice noire reçoit ce trophée pour un premier rôle. On note quelques découvertes ou confirmations comme le très beau film du Franco-Israélien établi aux États-Unis, Raphaël Nadjari, Apartment # 5 C, l’histoire d’une dérive entre un garçon et une fille, mais traitée avec beaucoup de tact. Le Fils, des Belges Luc et Jean-Pierre Dardenne, confirme leur appétence pour un cinéma très sobre, au plus près des acteurs et des corps : un menuisier retrouve l’assassin involontaire de son fils, un adolescent qui vient juste de sortir de prison. Il l’engage comme apprenti et des relations troubles et complémentaires se nouent entre eux. Parmi les cinéastes confirmés, Woody Allen déçoit avec Hollywood Ending, l’histoire d’un cinéaste qui n’arrive plus à tourner. Tandis que David Cronenberg affine sa problématique en l’épurant dans Spider. Plus d’effets spéciaux ici, mais la lente analyse d’un homme (meurtrier présumé de sa mère) sur son passé. L’Iranien Abbas Kiarostami scrute, avec toujours autant de talent, la société iranienne dans Ten, ou le downloadModeText.vue.download 173 sur 380 DOSSIERS ART ET CULTURE 171 périple d’une femme divorcée qui circule en voiture et prend en stop des représentants de toutes les catégories sociales. 2002 aura été une année de transition pour le cinéma français. Nous saurons dans quelques mois si les politiques et les puritains vont le handicaper. Le climat politique troublé du monde n’a pas été très favorable à l’émergence de nouveaux talents comme d’autres années. Celle-ci se termine sur un point d’interrogation. FESTIVAL DE CANNES – Palme d’or : le Pianiste de Roman Polanski (coproduction Allemagne/France/Pologne/ Royaume-Uni) – Grand prix du jury : l’Homme sans passé de Aki Kaurismäki (Finlande) – Prix de la mise en scène : Im Kwon-Taek pour Ivre de femmes et de peinture et Paul Thomas Anderson pour Punch-Drunk Love – Prix d’interprétation féminine : Kati Outinen pour l’Homme sans passé de Aki Kaurismäki (Finlande) – Prix d’interprétation masculine : Olivier Gourmet pour le Fils de Luc et Jean-Pierre Dardenne (Belgique) – Prix du scénario : Paul Laverty pour Sweet Sixteen de Ken Loach – Prix du jury : Intervention divine d’Elia Suleiman – Prix du 55e anniversaire : Bowling for Columbine de Michael Moore – Palme d’or du court-métrage : Eso utan de Peter Meszaros (Hongrie) – Prix du jury du court-métrage : The Stone of Folly de Jesse Rosensweet (Canada) et A Very Very Silent Film de Manish Jha (Inde) – Caméra d’or : Bord de mer de Julie Lopes-Curval (France) – Mention spéciale du jury : Japon de Carlos Reygadas (Mexique) OSCARS 2002 – Meilleur film : Un homme d’exception de Ron Howard – Meilleur acteur : Denzel Washington pour Training Day – Meilleure actrice : Halle Berry pour À l’ombre de la haine (Monster’s Ball) – Meilleure réalisation : Ron Howard pour Un homme d’exception – Meilleur second rôle masculin : Jim Broadbent pour Iris – Meilleur second rôle féminin : Jennifer Connelly dans Un homme d’exception – Meilleur film étranger : No Man’s Land (Bosnie-Herzégovine) – Meilleur film d’animation : Shrek – Meilleur scénario adapté : Un homme d’exception – Meilleur scénario original : Gosford Park – Meilleure photographie : le Seigneur des Anneaux : la Communauté de l’Anneau (The Lord of the Rings : the Fellowship of the Ring) – Meilleure musique : Howard Shore pour le Seigneur des anneaux : la communauté de l’anneau (The Lord of the rings : the Fellowship of the Ring) – Meilleure chanson : If I didn’t have you de Randy Newman dans Monstres & Cie (Monsters, Inc.) – Meilleur montage : la Chute du faucon noir (Black Hawk Down) – Meilleurs décors : Moulin Rouge – Meilleurs costumes : Moulin Rouge – Meilleurs maquillages : le Seigneur des Anneaux : la Communauté de l’Anneau (The Lord of the Rings : the Fellowship of the Ring) – Meilleur son : la Chute du faucon noir (Black Hawk Down) – Meilleur montage sonore : Pearl Harbor – Meilleurs effets visuels : le Seigneur des Anneaux : la Communauté de l’Anneau (The Lord of the Rings : the Fellowship of the Ring) – Meilleur documentaire : Murder on a Sunday Morning – Meilleur court-métrage documentaire : Thoth – Meilleur court-métrage : The Accountant – Meilleur court-métrage d’animation : For the Birds – Oscars d’honneur : Sidney Poitier et Robert Redford – Oscar humanitaire : Arthur Hiller downloadModeText.vue.download 174 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 172 Faut-il que chaque année un record soit battu ? 660 romans déferlèrent à ce moment baptisé « rentrée littéraire », contre 575 l’année précédente. Ajoutez les traductions, les essais et, pour mémoire, théâtre et poésie, et ce sont près de 2 000 ouvrages qui ont envahi les rayons des libraires sur un seul mois de l’année. L’année littéraire GÉRARD-HENRI DURAND PRODUCTEUR À FRANCE-CULTURE Quignard : un Goncourt moins consensuel qu’à l’habitude Attention à l’inondation ! On est en droit de s’interroger sur cette surproduction. Est-ce la réponse des éditeurs à cette légère angoisse, commune aujourd’hui (comme si le millénarisme avait laissé une ombre), que la crise est latente, ou qu’elle va survenir, quand un lectorat lassé abandonnera le dernier livre au profit de l’image ? Ou est-ce dans la logique même d’une production de masse qu’il faille sans cesse augmenter le nombre d’articles proposés au désir de consommation ? Ce dont on voit les conséquences : dans le flot, les projecteurs de la publicité isolent tel ou tel nom d’étoile lumineuse et « porteuse » (de promesses de vente). Et c’est au détriment des autres, invisibles dans la masse. Cependant ceuxlà sont déjà des élus, mais que dire des milliers de manuscrits en souffrance chez les éditeurs ? Quant au lecteur, comment peut-il choisir sinon par les indications données, par les fléchages des prix littéraires qui, du coup, ne sont plus contestés ? Alors, avant les ravages de la crue, réjouissons-nous : cette année le plus célèbre d’entre eux, le Goncourt, rompant avec de précédents choix plus consensuels qu’audacieux, couronne en Pascal Quignard l’écrivain d’une oeuvre, ciselant une matière qui ne répond pas aux critères habituels du roman. Sans doute ce jury a-t-il ressenti lui aussi le danger, sans cesse plus présent, d’un système à l’américaine, uniquement soucieux de promotion commerciale, couronnant une star pour la faire s’élever à l’empyrée des ventes. PRIX LITTÉRAIRES 2001 – Prix Goncourt Les Ombres errantes, Pascal Quignard – Goncourt des lycéens La Mort du roi Tsongor, Laurent Gaudé – Prix Renaudot Assam, Gérard de Cortanze – Prix Médicis Pas un jour, Anne F. Garreta – Médicis étranger La Tache, Philip Roth – Prix Interallié Les Vieillards de Brighton, Gonzague Saint-Bris – Prix Femina Les Adieux à la reine, Chantal Thomas – Femina étranger Montedidio, Erri de Luca – Prix de l’Académie française La Princesse de Mantoue, Marie Ferranti ● Égotisme Dans le jardin des lettres, l’égotisme n’est pas nécessairement fleur vénéneuse. Et, dans la mesure où la plupart des ouvrages proposés adoptent, de façon plus ou moins complexe, la technique du narrateur, le monde est vu par l’intermédiaire du prisme d’une subjectivité. Du coup, l’analyse objective s’efface et l’autonomie du ou des personnages a tendance à n’être plus qu’un des déguisements, souvent transparents, de l’auteur. Le caractère autobiographique prend le dessus, directement ou indirectement. En ce sens, les Ombres errantes de Pascal Quignard est une composition (combien élégante) des humeurs fluctuantes d’un écrivain, une musique de l’âme. Mais l’autobiographie avouée ressurgit avec Archimondain, jolipunk de Camille de Toledo, un nouveau « mal du siècle ». L’auteur trace la vision désenchantée d’une génération sans idéal et cisèle les formules satiriques ou agressives : « L’époque me pèse un problème respiratoire » ou « Pensez-vous que l’on puisse vivre avec un cimetière comme maternité ? » Tout aussi sombre, et peut-être encore plus désespéré, le récit d’Alain Weinstein : l’Intervieweur, retraçant sa (déjà) longue carrière radiophonique et ses interviews d’auteurs où le journaliste s’efface devant ces personnages en mal de célébrité. La vie se perd dans cette représentation perpétuelle où « la parole de l’intervieweur est comme en congé d’elle-même ». Pour reprendre goût à l’espoir et, dans un tout autre registre, Marie Darrieussecq (le Bébé) se risque à retracer un moment de sa vie, sa rencontre avec son nouveau-né, combinant émerveillement, étonnement et désarrois. Dans D’amour, downloadModeText.vue.download 175 sur 380 DOSSIERS ART ET CULTURE 173 Danièle Sallenave rend visite à ses portraits de famille et s’en sert pour peindre son autoportrait avec les couleurs quelque peu sanguinolentes du peintre an- glais Bacon. Sensible à cette tendance à se raconter, Éric Chevillard (Du hérisson) en prend prétexte pour jouer des registres de l’ironie, voire d’un fantastique du quotidien. Il part d’un « projet autobiographique larmoyant » pour s’emparer de l’inspiration fournie par le hérisson sur sa table, tous piquants dehors ! PASCAL QUIGNARD Ce qui l’a fait connaître du grand public, c’est sans doute l’adaptation cinématographique par Alain Corneau de son roman Tous les matins du monde (qui s’intéressait à la vie du musicien janséniste Marin Marais, élève de Lully). Les Ombres errantes (titre, par ailleurs, d’une pièce de Couperin) est le premier de trois tomes, avec De jadis et Abîmes, qui constituent le début d’un projet intitulé Dernier Royaume (le dernier royaume est celui de la contemplation). Né au Havre en 1948, entré au comité de lecture des éditions Gallimard à vingt-huit ans, il abandonnera ses fonctions chez cet éditeur en 1994. Le Salon du Wurtemberg (1986), les Escaliers de Chambord (1989) lui apporteront la reconnaissance de ses pairs, sans pour autant lui valoir de prix... Il devra attendre d’être couronné par l’Académie française en 1998 pour son Terrasse à Rome. Son oeuvre se veut à l’écart des modes et son dernier projet se présente comme un jeu narcissique avec la mémoire, le style et l’idée qu’il peut se faire de lui-même. C’est une suite de maximes, d’aphorismes, d’historiettes où il ne se sent pas contraint par « les commandements du langage ». Certains critiques voient en lui un descendant de Montaigne se peignant par ses humeurs, mais si sagesse il y a, elle est avant tout fondée sur un retrait des tumultes du monde et sur le charme de l’écoute des bribes de musique de l’âme. ● Enfermement La subjectivité est aisément blessée et souvent sans réponse devant les menaces du siècle. Elle peut se complaire alors à décrire l’enfermement. Éric Pessant dans Chambre avec gisant pétrifie tout espoir pour son héros allongé sur son lit et que personne ne pourra plus lever. La seule réponse à la pesanteur de l’existence se résume à la question sinistre : « Pourquoi continuer ? » Françoise Chandernagor a recours à l’histoire dans la Chambre pour décrire avec minutie l’agonie lente du délaissement du petit Louis XVII. Dans la Petite Chartreuse, Pierre Péju met son héros en présence d’une enfant cloîtrée, mais si la violence faite à l’enfance est présente, une ombre de sérénité se dégage de cette rencontre, comme si l’enfermement pouvait aussi porter ses fruits et faire oublier les querelles sauvages du monde extérieur. Alain Roehr (Chambres obscures) se love dans les replis souterrains du métro pour la marche en aveugle d’un fils à la recherche de son père. Par contre, Sylvie Germain (Chanson des malaimants) permet à son héroïne, enfermée au départ dans un physique ingrat, de trouver dans le contact avec la nature ce que le monde lui refuse : l’amitié. Quelques notes d’espoir peuvent ainsi résonner dans la solitude imposée, mais le lieu carcéral véritable conduit droit à la folie dans le roman écrit par un détenu sous un titre étonnant : Paul des Épinettes ou la myxomatose panoptique. Jean Marc Rouillan, ancien membre d’action directe, emprisonné à vie, a un talent indéniable pour décrire cette contagion mortelle qui sévit dans les cellules sous le regard omniprésent de l’administration pénitentiaire. Amélie Nothomb (Robert des noms propres) joue élégamment de ce thème : l’enfermement psychologique de son héroïne est dû à son étrange prénom, donné par une jeune mère, meurtrière du père avant de se suicider. ● Exclusion Si l’enfermement se manifeste d’abord par un décor unique, que ce soit la chambre, la cellule, le cloître, ou l’esprit refermé sur lui-même, un autre type d’isolement, de nature sociale celui-là, se rencontre de plus en plus dans les ouvrages, romancés ou non, à mesure que les phénomènes d’exclusion se manifestent à l’évidence. Dans l’Isolée, Gwenaëlle Aubry décrit la vie d’un ancien de Lutte ouvrière et d’une jeune femme, mais s’attache surtout à faire surgir la présence d’un « Paris parallèle de la lutte », le Paris des squats et des espoirs sans cesse déçus de révolution. Dans la Clôture (nom d’une rue misérable), Jean Robin explore les coins et recoins du périphérique parisien, de la porte de Saint-Ouen à celle de Clignancourt, où vit une population étouffée par la misère, mais il replace ce qui pourrait être simple témoignage dans une perspective historique en évoquant le tragique destin du maréchal Ney inséré dans ces « restes épars de vie brisée ». Patrick Declerck se contente de pister le clochard dans un livre qui se veut d’abord un document : les Naufragés. Sur le même thème d’un tissu social déchiré, Xavier Bazot (Au bord) écrit trois récits mettant en scène des vagabonds. L’exclusion sociale conduit aussi, comme naturellement, au soliloque, la parole adressée à soi-même quand on n’a plus personne à qui parler. Laurent downloadModeText.vue.download 176 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 174 Mauvignier (Ceux d’à côté) trame le long monologue intérieur d’une jeune femme vouée au chômage et à la solitude, à quoi il ajoute celui du criminel qui a violé sa seule amie. Cette technique, que nous retrouvons dans d’autres livres, dans les nouvelles de Ludovic Janvier (Encore un coup au coeur. Brèves d’amour et Tue le), par exemple, avec ses trous entre les mots et l’inaptitude à dire, conduit le texte littéraire vers une dimension théâtrale contemporaine où le monologue se substitue souvent aux dialogues jugés trop artificiels. ● Ruptures Un soir au Club, de Christian Gailly, prix du livre Inter La description de l’amour, éternel thème littéraire, se complaît plus que jamais à insister sur un éphémère tragique, et parfois sordide. Ainsi, sous un titre racoleur, Faire l’amour, Jean-Philippe Toussaint accompagne son narrateur et sa compagne dans un voyage au Japon dépourvu d’exotisme et peuplé de redoutables hommes d’affaires, où va se jouer la débâcle affective et érotique d’un couple. L’inévitable échec est souligné par les brisures du style, si caractéristiques de l’écriture contemporaine, et qui se retrouve dans d’autres arts, tels que la peinture ou la musique, comme si toute inspiration artistique était aujourd’hui d’abord sensible aux dissonances et aux terreurs qu’elles évoquent. Dans le bruit et la fureur du langage de la Main du scribe, Bertrand Leclair s’insurge contre une séparation paradoxalement voulue et refusée. Leslie Kaplan (les Amants de Marie) se contente pour sa part de faire caracoler son héroïne de rencontres en rencontres, laissant entrapercevoir l’angoisse de vivre sans certitude : « Sa vie défilait, chaos, chaos... » Le discours amoureux par bribes se retrouve dans le livre mesuré de Christian Oster : Dans le train, où un homme suit une femme dont il a porté le sac jusqu’à un hôtel. Cependant, une facture plus traditionnelle, où la nostalgie l’emporte, non sans charme, peut encore apparemment séduire des lecteurs non professionnels, et c’est le cas d’Un soir au Club de Christian Gailly, qui reçut le prix du livre France Inter. C’est une rencontre amoureuse et sans lendemain autour d’un piano pour un pianiste de jazz reconverti. Sur une mélodie plus soutenue, le beau livre d’Éric Holder, Hongroise, où la rupture est l’occasion pour son personnage central, un jeune médecin, de redécouvrir la « beauté de vivre », fait exception au désespoir à la mode. Ce serait vrai aussi, mais dans une dimension en partie initiatique et onirique, de ce livre (au fond, inclassable) qu’est Retour définitif et durable de l’être aimé d’Olivier Cadiot, présentant une quête multiforme de l’être aimé, sans pour autant que le héros devenu sourd parvienne à entendre la dernière voix rêvée. ● Épopée La perpétuation de la littérature antillaise avec Patrick Chamoiseau Ce genre romanesque, si séduisant pour nombres de lecteurs, ne saurait entièrement disparaître, mais se présente rarement sous sa forme classique, sinon en se référant à un passé, historique ou imaginaire, où l’exploit était encore possible. C’est le cas du livre de Gilles Lapouge, la Mission des frontières, dans lequel on cherche à planter une stèle aux sources du Rio Negro, entre terrains conquis par le Portugal et l’Espagne en Amérique dite latine. Épopée encore que les aventures du jeune marquis Aventino de Cortanze, parti d’une Italie stendhalienne des années Bonaparte pour suivre la route de l’opium et du thé. Cette fois, il s’agit d’un prix Renaudot attribué à Gérard De Cortanze pour Assam, son troisième volet des aventures, assurément romancées, de ses ancêtres. L’épopée peut se soumettre à une forme d’inversion dans laquelle il faudrait alors inclure le Dondog d’Antoine Volodine, qui nous entraîne, en affirmant bien haut une écriture nouvelle, dans les terres désolées d’un goulag planétaire, assurément évocateur de l’univers concentrationnaire, malédiction née au siècle précédent. Ici, l’antihéros, ou héros négatif, ne survit que par une perte de mémoire continuelle, une forme d’indifférence aux événements extérieurs, sans qu’il puisse éviter d’être exterminé à son tour. Si ce livre est tout entier consacré à l’effacement de l’être humain, celui de Jean Ferniot, Ce soir ou jamais, s’interroge sur la confrontation avec le mal par l’entremise d’un général allemand constatant les horreurs du IIIe Reich et l’enfer de Stalingrad. Quant à l’épopée minimale, mais savoureuse, elle serait sans doute celle que raconte Vassilis Alexakis, Grec d’origine et Français d’adoption, dans les Mots étrangers, où, parti pour Bangui, il apprend le sango, langue vernaculaire de Centrafrique, et par la musique de ce langage, il lui semble renaître, au milieu de la splendeur de la vie. Mais la véritable et la plus inventive épopée est l’oeuvre de Patrick Chamoiseau qui perpétue la tradition de la littérature antillaise, terre d’élection du foisonnement langagier, dans son énorme Biblique des derniers gestes. En plusieurs étapes, nous suivons la vie gigantesque de M. Balthazar Bodule-Jules, de cet homme de toutes les luttes qui « voulait seulement se battre contre les colonialistes et apaiser une vieille douleur ». downloadModeText.vue.download 177 sur 380 DOSSIERS ART ET CULTURE 175 ● Littérature étrangère Les seules tendances que l’on peut alors dégager reflètent le choix des éditeurs. Notons, à ce propos, que le prix Nobel de cette année, l’écrivain hongrois Imre Kertesz, était, à l’exception de quelques spécialistes, pratiquement inconnu des grandes maisons d’édition. Dans les trésors de la littérature mondiale des origines, nous disposons enfin d’une version presque intégrale du Mahâbhârata, qui représente pour la traductrice érudite, Madeleine Biardeau, le travail d’une vie avec ses 2 000 pages d’épopée, et ses 400 000 vers. Postérieurs de près de deux siècles à l’oeuvre d’Homère, ces manuscrits en sanskrit racontent la lutte des deux clans, les Kaurava et les Pândava, à laquelle, comme chez Homère, les Dieux prennent part. Une nouvelle publication du Guerre et Paix de Tolstoï nous rappelle que l’écrivain russe entretenait un rêve comparable, tout au moins celui de la restauration de la paix entre les hommes et de la disparition de la folie meurtrière. Toujours dans ce domaine des grands classiques, la republication revue de l’oeuvre de Dos Passos, sa célèbre trilogie USA, qui non seulement inspira l’oeuvre romanesque de Sartre, mais décrit les méfaits d’une société capitaliste. Violences collectives ou individuelles, le grand désarroi du monde est encore présent dans de nombreux ouvrages d’origines diverses. L’Albanais Fatos Kongoli (le Rêve de Damoclès, 2000), instaurant un dialogue avec l’enfant qu’il fut, retrace l’écrasement de l’individu dans le chaos de sa société. Le Roumain Augustin Buzara (Requiem pour salauds et fous, 2001) ne mâche pas ses mots pour décrire un pays et une histoire en déroute. Ce cadavre n’est pas un enfant (posthume, 1999) de Tony Cade Bambara renvoie aux luttes des Noirs aux États-Unis. Par l’entremise d’une mère attendant son enfant, l’auteur dénonce les assassinats d’Atlanta en 1979. L’Hispano-Péruvien Mario Vargas Llosa, avec la Fête au bouc (2000), s’intéresse à la mort du dictateur Trujillo de la République dominicaine. L’oeuvre se veut plus littéraire en proposant trois miroirs successifs, la vision d’une femme, celle du dictateur lui-même, celle enfin des conspirateurs, mais la conclusion reste pessimiste. D’autres romans récents, oeuvres de jeunes auteurs, s’intéressent à la violence individuelle, entre autres l’Ange boiteux (2000) de Rodrigo Rey Rosa (Guatemala), qui se rapproche de la fable. Dans ce livre, le héros, kidnappé, rançonné, perd dans l’aventure un orteil puis un pied. Cette amputation le rendra, symboliquement, incapable à la fois de se venger et d’engendrer. Dans les repères donnés, cette année, le Salon du livre avait mis l’accent sur l’Italie, qui semblait beaucoup moins présente depuis quelques années. Ainsi apparaissait une intéressante revue de différentes tendances anciennes ou présentes. Depuis l’hédonisme érudit de Vitaliano Brancati (mort en 1954) avec son approche sensuelle dans les Plaisirs (1952), à la ten- tative de représenter la variété infinie de la vie dans ces nouvelles inédites d’Alberto Moravia : Histoires de guerre et d’intimité (1944). Puis le troisième tome des OEuvres complètes (1984-1989) de Leonardo Sciascia, acharné à décrire la violence politique et dessinant une représentation de l’homme comme meurtrier. À quoi opposer le livre récent d’Antonio Tabucchi, Il se fait tard, de plus en plus tard, un recueil de dix-sept lettres d’amour mystérieuses, figures voilées et lieux précis, toutes de sensibilité et de nostalgie. Bruno Arpaia, quant à lui, n’hésite pas à mettre en scène Walter Benjamin dans son Dernière Frontière (2000), qui, face à un républicain espagnol amoureux de la vie, n’a que son désarroi à offrir devant la tragédie de la guerre d’Espagne. Américains ou anglais, ou écrits dans cette langue, les livres sont trop nombreux pour pouvoir être tous examinés. Nous nous contenterons de signaler quelques ténors comme William Boyd, dont À livre ouvert se veut le journal d’un romancier fictif avec sept décennies d’un journal intime où apparaissent des personnages célèbres, tels T.S. Eliot ou Churchill. L’entreprise est ambitieuse et propose une lecture personnelle du XXe siècle. John Updike est toujours présent, avec son écrivain raté Bech aux abois, constitué d’un assemblage de nouvelles où éclate l’allégresse sadique du personnage. Voir encore le Ravelstein (2000) de Saul Bellow, qui propose la biographie en miettes d’un universitaire de Chicago conseillant les puissants du monde américain, et qui permet à l’auteur de poursuivre sa querelle avec le siècle. IMRE KERTÉSZ Né le 9 novembre 1929 à Budapest, dans une famille juive, il est déporté à quinze ans au camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau, puis à Buchenwald. Il sera libéré en 1945. D’abord journaliste, il écrit ensuite des comédies musicales et des divertissements théâtraux. Quinze ans après son expérience de la déportation, il commence a écrire son Être sans destin qui ne sera reconnu qu’en 1985 lors d’une deuxième publication. downloadModeText.vue.download 178 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 176 Ses ouvrages disponibles en France sont aujourd’hui Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas, Un autre, le Refus, tous publiés chez Actes Sud. Dès 1989, à la suite des bouleversements politiques intervenus en Hongrie, après une vie dans l’ombre passée à traduire, entre autres, Nietzsche, Freud, Wittgenstein, Schnitzler, il put paraître en public. Ses essais et ses romans doivent être traduits bientôt en français. Écrivain sérieux, d’un abord difficile, il traite du destin et de son absence, de la liberté et de la nécessité de survivre. Il se préoccupe de morale, tant individuelle que politique, mais il n’oublie jamais l’expérience insoutenable du camp d’extermination, où s’est constituée la pénombre dans laquelle baignent la plupart de ses récits et où s’enracine son humeur philosophique. ● Essais, documents, histoire L’événement dans ce domaine, lui aussi foisonnant, est sans doute la publication pour la première fois en France de l’Histoire des Indes du dominicain Bartolomé de Las Casas (1484-1566), choisissant sans peur le camp des victimes et devenant, face à leur génocide, le défenseur des Indiens. Tant d’essais pourraient encore aller dans le même sens. Le Misère de la prospérité de Pascal Bruckner s’élève contre la mythologie capitaliste et ses méfaits : « La mondialisation c’est d’abord la mondialisation du doute, quant à ses bienfaits... » De George Orwell, qui lutta en son temps contre les dangers guettant les sociétés contemporaines, ces Essais, articles, lettres, 1945,1950 (date de sa mort) où l’on peut lire cette pensée toujours d’actualité : « Une bonne part de ce que nous appelons plaisir n’est rien d’autre qu’un effort pour détruire la conscience. » Antidote, peut-être, à cette méfiance vis-à-vis de l’Amérique, porteuse des valeurs libérales : l’Ennemi américain, généalogie de l’anti-américanisme français de Philippe Roger retraçant une histoire des jugements aberrants, des falsifications du mythe jusqu’à nos jours, qu’explique sans doute l’attitude ambivalente que les États-Unis suscitent, à la fois haïs et aimés. Dans le domaine philosophique, il importe de signaler de Gilles Deleuze la publication de l’Île déserte et autres textes (qui remontent à 1955), où l’on voit s’affirmer le thème essentiel de la solitude créatrice, ou, si l’on veut, l’association de la séparation – l’être à part – et de la création, et donc de la répétition qu’illustre la métaphore centrale de l’oeuf ou de l’île déserte. Pour revenir à la littérature, on se devrait de lire l’ouvrage de Maurice Nadeau qui oeuvre depuis si longtemps pour la défense des valeurs littéraires : Serviteur ! Itinéraire critique à travers livres et auteurs depuis 1945. Il serait bon également de consulter les Carnets de Marcel Proust, qui vont de 1908 à 1914. On pourrait alors se livrer à une archéologie de l’oeuvre littéraire et voir s’esquisser la confusion de la vie et de la fiction. Ainsi émerge l’épaississement des personnages (leur forme, leur langage spécifique), tandis que s’assemble la matière sensible et stylistique du roman. Et puisque cette année célébrait le bicentenaire de la naissance de Victor Hugo, il est utile de rappeler que l’écrivain croyait encore à cette époque pouvoir sauver le monde de la misère, éveiller les hommes par l’écriture de même que par l’action politique, ce que montre à l’évidence son Choses vues (Souvenirs, journaux, cahiers de 1830 à 1885). downloadModeText.vue.download 179 sur 380 DOSSIERS ART ET CULTURE 177 Doit-on craindre les effets secondaires de l’après-11 Septembre 2001 ? La question se pose d’emblée pour le marché de l’art, mais aussi pour l’organisation des grands rendezvous artistiques internationaux. Le journal des expositions 2002 PASCAL ROUSSEAU Le coût des assurances pèse de plus en plus lourdement sur les budgets d’expositions ; les prêteurs institutionnels, américains en particulier, hésitent à se séparer de leurs chefs-d’oeuvre. Mais la demande est là, croissante, alors que l’on cherche à optimiser l’organisation des loisirs culturels. Le public est d’ailleurs au rendezvous des grandes manifestations. Le millésime 2002 des expositions en France l’a encore montré. Les expositions-événements du Louvre, du Centre Pompidou et du Grand Palais ont fait le plein d’entrées. ● Les grands rendez-vous : des pharaons aux surréalistes Plus de 350 oeuvres et objets pour l’exposition « Les artistes de Pharaon » Le surréalisme : une exploration des effets esthétiques de l’image La seule alchimie d’un titre d’exposition permet parfois un succès de fréquentation. C’est le cas de l’exposition « Les artistes de Pharaon », organisée par le musée du Louvre (19 avril - 5 août 2002). On le sait : l’Égypte attire, par avance, un large public ; le titre, très alléchant, n’a fait que renforcer cet effet. Beaucoup de monde donc s’est rendu dans les salles d’archéologie du Louvre pour découvrir la production artistique d’un site de Haute-Égypte, Deir el-Médineh, vestiges d’un simple village, avec sa commu- nauté d’artisans, d’artistes et d’ouvriers ayant travaillé pendant le Nouvel Empire (de 1500 à 1050 av. J.-C.) au creusement et à la décoration des tombes de la Vallée des Rois. L’exposition réunit plus de 350 oeuvres et objets (céramiques, papyrus, maquettes...) qui, au contraire des monuments royaux et religieux de la vie officielle, permettent au public d’entrer dans l’intimité, l’imaginaire et le quotidien des anciens Égyptiens. Des ostraca (éclats de calcaire peints) figurés ou géométriques au mobilier domestique, le spectateur reconstitue le cadre de vie de ces familles. Des maquettes, en particulier celle d’une maison type, restituent l’aspect du village, tandis qu’une réplique grandeur nature du caveau de la tombe de Sennedjem évoque les croyances funéraires de ce monde enfoui, sur lequel l’influence des thèmes des tombes de la Vallée des Rois est très sensible. Le parcours, articulé en trois grandes sections thématiques très imprégnées d’anthropologie, couvre l’ensemble des activités de cette communauté : vivre ; créer et travailler ; croire et mourir. On y découvre, dans la deuxième partie, des documents qui relatent l’organisation du travail, les mouvements de grève, les conflits, tandis que, dans la troisième section, se retrouvent de beaux témoignages sur la piété populaire, le culte des ancêtres. « La Révolution surréaliste » présentée au Centre Pompidou (6 mars - 24 juin 2002) constituait le deuxième grand événement de l’année. Événement par l’envergure historique du sujet mais aussi l’ampleur du parcours défini par son commissaire, Werner Spies : pas moins de 500 oeuvres, dont 200 peintures, venues de collections publiques et aussi de collections privées plus confidentielles. Cette exposition, qui privilégie les grandes oeuvres picturales au détriment notamment de la photographie et de la littérature, prend le contre-pied de cet iconoclasme. On y découvre les grandes oeuvres du surréalisme en peinture, de Miró à Dalí, en présence de Picasso, moins attendu. Le surréalisme y apparaît comme un grand mouvement pictural, presque classique, trop sage pour certains qui trouvent dans cette somptueuse exposition un oubli, voire un déni délibéré, de la portée proprement révolutionnaire et politique du mouvement emmené par Breton. Les oeuvres sont là pour convaincre les plus autorisés de la nébuleuse surréaliste : le surréalisme fut aussi un mouvement d’exploration des effets esthétiques de l’image. C’est peut-être un problème d’intitulé ; Werner Spies aurait dû appeler son exposition « le surréalisme en majesté ». ● Les grands face-à-face Il faut parler d’artistes « en majesté » pour évoquer les deux autres grands rendez-vous de la saison 2002. Deux vis-à-vis d’artistes majeurs pour ouvrir la saison automnale parisienne. Hasard du calendrier ou effet des contraintes budgétaires de la Réunion des musées nationaux, les expositions de la rentrée tablaient sur des « têtes d’affiche », à rentabilité assurée. La première, installée dans les Galeries nationales du Grand Palais, confrontait tout simplement les deux plus grands peintres du XXe siècle : « Matisse-Picasso » (22 septembre 2002 - 6 janvier 2003). Paris accueillait downloadModeText.vue.download 180 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 178 ces deux géants, dans un dialogue de 160 oeuvres, peintures, sculptures et dessins, couvrant la période 1906-1960. Portraits, nus, natures mortes et paysages se côtoient dans un parcours qui relève les moments clés du dialogue de deux rivaux : débuts intenses de la relation entre 1906 et 1917, dans le choix commun du démantèlement de l’espace classique de la peinture (cubisme chez Picasso, fauvisme chez Matisse), échanges tumultueux puis apaisés des années 1930, émulation amicale d’après-guerre avec une importante section mettant en parallèle les papiers découpés de Matisse et les sculptures en tôles de Picasso. Le visiteur se prend au jeu de la comparaison, préfère tantôt la force de Picasso, tantôt la virtuosité de Matisse. Les règles du jeu manquent cependant de clarté, tant les commissaires de l’exposition semblent hésiter entre des rapprochements purement iconographiques (variations sur un même sujet, telle la nature morte avec violon...) ou plutôt formels (expérimentation des matières et des textures, tels le collage et le papier découpé.). Le spectateur découvre une suite impressionnante de chefs-d’oeuvre en butant toutefois sur la logique des rapprochements, qui lui échappe souvent. L’autre face-à-face de grands maîtres était orchestré, de façon plus détournée, par le musée d’Orsay (« Manet/Velázquez. La manière espagnole au XIXe siècle », octobre 2002 - 5 janvier 2003). Au-delà de la parenté entre Manet et Velázquez, il s’agit en fait, comme le sous-titre l’annonce, d’une étude plus élargie des influences du Siècle d’or espagnol sur la peinture française du XIXe : l’exemple d’un réalisme puissant, l’usage des contrastes et des noirs, la touche emportée. Édouard Manet, qui s’est réfugié à Madrid en 1865, date charnière de l’évolution moderne de son travail, constitue l’épine dorsale de cette démonstration, avec près d’un tiers des 110 oeuvres présentées. Il s’est déjà inspiré des Vénitiens, de Rubens, de Rembrandt, mais sa découverte, au musée du Prado, des oeuvres de Diego Velázquez (1599-1660) est une révélation : « Tous les autres, à côté de lui, sont des chiqueurs », écrit-il à son ami Fantin-Latour. Il ne sera pas le seul. On retrouve ainsi dans l’exposition d’Orsay des tableaux de Bonnat, Delacroix, Corot ou Courbet, en vis-à-vis des autres grandes figures de l’art espagnol du Siècle d’or, Zurbarán, Ribera, Murillo. Une leçon de peinture qui aurait pu parfois faire l’économie de tableaux plus anodins. ● La naissance du sentiment : le romantisme à l’affiche L’exploration du XIXe siècle fait toujours l’objet d’un vif intérêt dans le milieu des expositions. Cette année 2002 le confirme une fois de plus, avec un point d’orgue sur la période romantique. La rétrospective du peintre Théodore Chassériau (1819-1856) au Grand Palais ouvrait cet itinéraire (28 février - 27 mai 2002). Peintre d’histoire et de portraits, né à SaintDomingue, inspiré par la mythologie et le voyage en Orient, Chassériau est un romantique français mal et peu connu. Partagé entre le dessin et la couleur, entre les figures tutélaires d’Ingres et de Delacroix, il a su, au cours d’une carrière abrégée, déployer une version très colorée de la sensualité romantique, tentant de concilier la pureté néoclassique (science de la ligne, goût de l’antique...) à la facture plus débridée du romantisme (science du contraste, appétit des tons purs...). L’incendie de la Cour des comptes pendant la Commune a détruit son grand oeuvre peint pour l’escalier monumental de l’édifice, mais il nous reste, malgré la mort prématurée de l’artiste, de nombreuses toiles pleines de tempérament. C’est ce que révèle l’exposition du Grand Palais, avec un point fort autour de la question de l’exotisme, de la troublante Étude de noir (1838) au portrait très orientaliste d’AliBen-Hamet, kalifat de Constantine (1845). La surprise est plus décevante, quelques mois plus tard dans les mêmes salles, avec l’exposition consacrée à John Constable (1776-1837), l’un des artistes majeurs du romantisme anglais (Galeries nationales du Grand Palais, octobre 2002 - 13 janvier 2003). Constable est, avec son compatriote Turner, le grand rénovateur de la peinture de paysage. On lui doit de magnifiques études de ciel, de superbes petites parcelles de nature qui prennent sous son pinceau une allure enchanteresse. Beaucoup y ont vu un précurseur de l’impressionnisme, par son goût de l’instant, son oeil à l’affût de l’insaisissable mouvement des nuages. Ce n’est pas le Constable que l’on découvre ici. Le choix des oeuvres, chose rare, a été confié à un artiste : Lucian Freud, descendant direct de Sigmund, mais aussi et surtout grande figure de la peinture britannique actuelle. Choix du coeur ou parti pris alternatif, Freud a décidé de sous-estimer ce pan le plus « moderne » de Constable (seules quelques études de ciel sont réunies ici) pour privilégier des pans moins convenus de l’oeuvre, le portrait par exemple dans la première moitié de l’exposition. Constable n’en sort pas grandi, et l’on s’ennuie beaucoup devant des oeuvres bien secondaires que la fameuse Charrette de foin (1821) ne parvient pas à sauver. ● Max Beckmann et Francis Picabia : les figures de la peinture L’esprit romantique se retrouve, à sa manière, dans l’importante rétrospective du peintre expressionniste allemand Max Beckmann (1884-1950), la réelle surprise de la rentrée, organisée par le Centre PomdownloadModeText.vue.download 181 sur 380 DOSSIERS ART ET CULTURE 179 pidou (« Max Beckmann, un peintre dans l’histoire », octobre 2002 - 6 janvier 2003). Cet artiste que l’on retrouvait, en 1937, sur les cimaises de la fameuse exposition « L’art dégénéré », organisée par les nazis, a souffert pendant de nombreuses années d’un véritable ostracisme en France. En 1968, l’exposition que lui consacrait le Grand Palais fut un authentique fiasco, ravivant les vieux fantômes de l’antigermanisme. En 2002, les choses ont, par chance, changé. On semble mieux disposé devant une oeuvre qui pose la question de l’histoire et du portrait, avec tout le sens du mythe dans la représentation du drame humain. Beckmann, fils de la Grande Guerre, est un peintre de la « farce tragique ». Ses couleurs et son contour noir, très noir, impriment une densité toute particulière aux corps et aux visages. On retiendra les grands triptyques, où le sujet historique rencontre la mythologie, mais aussi les fameux et nombreux autoportraits, où l’artiste, dandy à la pause altière, se met en représentation, non sans une pointe d’ironie détachée. Le principe d’ironie est au coeur de la dernière exposition qui clôt cette année 2002, la majestueuse rétrospective « Francis Picabia », organisée par le musée d’Art moderne de la Ville de Paris (16 novembre 2002 - 16 mars 2003). Francis Picabia (1879-1953) est une grande figure de la liberté, affichant un souverain dédain pour les conventions, jouant avec les styles (impressionnisme, cubisme, abstraction, figuration...) et les recyclages (reprises d’images et de sujets historiques...). D’abord peintre néo-impressionniste, salué et reconnu, il rompt très vite avec cette facture trop habile, pour lui préférer « une peinture située dans l’invention pure ». Ce sont les années 1912-1914, durant lesquelles l’artiste peint des oeuvres abstraites, aux titres mystérieux (Udnie, Edtaonisl...). Puis, avec la désillusion de la Grande Guerre, Picabia entre dans le dadaïsme. C’est sa période dite « mécanomorphe », très représentée dans l’exposition, avec un bel ensemble de dessins réalisés à partir de photographies et gravures d’engins mécaniques, puisées dans les revues de vulgarisation de l’époque. Vient ensuite, dans les années 1920, la série des Transparences, où l’artiste se joue d’effets de superpositions d’images, citant cette fois plus directement l’histoire de l’art, dans une démarche annonçant nombre d’enjeux de la peinture postmoderne de ces dernières années. Suivent les tableaux figuratifs des années 1930, où Picabia recycle, avec une touche de kitsch assumée, des images de jeunes femmes nues, trouvées dans les magazines de charme de l’époque. Le parcours chronologique s’arrête à la fin des années 1940, quand l’artiste revient, notamment avec la série des Points, à une facture abstraite, toujours aussi chargée d’ironie : « Tout tableau doit être complètement absurde et inutile », dit-il, non sans une pointe d’amertume. Les derniers tableaux sont des quasi-monochromes, ultimes tentatives de lutte contre ce monstre qu’est la peinture, « point final » d’une confrontation, sublime et désespérée, avec l’énigme de l’oeuvre d’art. downloadModeText.vue.download 182 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 180 Au seuil de la « folie Berlioz » annoncée pour 2003, bicentenaire du plus célèbre des compositeurs français, l’année 2002 n’a pas eu de ligne de force, mais confirme, malgré la défection de plus en plus sensible des médias et des édiles politico-financiers, combien la musique est vivante. Musique 2002, année de transition ? BRUNO SERROU ACADÉMIE CHARLES CROS La fin de l’année a néanmoins été surtout placée sous le signe des aventures de l’Orchestre de Paris, qui, après une implantation réussie au Théâtre Mogador, s’est vu condamné à l’errance dans les deux mois qui ont suivi, son lieu d’accueil étant occupé par un spectacle dit « de Noël ». Conférences de presse, pétitions, menaces de démission du directeur musical Christoph Eschenbach, qui rappelaient les promesses électorales de création d’une salle de concerts digne de la vie musicale parisienne, ont fusé de toute part. À suivre dans les prochains mois... ● Quarante ans de Percussions de Strasbourg Les Percussions de Strasbourg : plus de 700 instruments Le millésime 2002 s’est ouvert sur le quarantième anniversaire d’un ensemble, les Percussions de Stras- bourg, qui a donné à la percussion ses lettres de noblesse, la rendant apte à la musique de chambre, et suscitant quantité d’oeuvres nouvelles. Riche de plus de 700 instruments, panoplie qui s’élargit au fur et à mesure des tournées dans le monde, l’ensemble crée chaque année une dizaine d’oeuvres nouvelles. Autre anniversaire, les vingt ans de la Péniche Opéra. Fondée en 1982 par Mireille Larroche, cet opéra-studio amarré sur les berges du canal Saint-Martin à Paris reste fidèle à son concept originel, travailler sur l’opéra, genre considéré désuet à l’époque, et lui associer le théâtre musical. Depuis lors, ce lieu a présenté 132 productions de 95 compositeurs pour 150 levers de rideaux par an, auxquels il convient d’ajouter accueils, « coups de coeur », résidences d’artistes. Ce lieu magique qui exhale une odeur de mazout se voue également à une réflexion sur la création, non seulement contemporaine mais aussi sur le répertoire et les oeuvres oubliées ou jugées surannées. Aujourd’hui dirigée par un collège d’artistes, la Péniche Opéra est aussi en résidence à l’Opéra-Comique. ● Mieux que Paris L’Opéra de Nancy a inscrit à son répertoire Jenufa de Janácek. C’est de province que sont venues les initiatives les plus originales. L’Opéra de Nantes ouvrait l’année avec les Soldats de Manfred Gurlitt, opéra inédit en France. Cinq ans après l’Opéra de Rouen, avec un Wozzeck adapté en 1923 de la même pièce de Georg Büchner que celui de Berg, Gurlitt a connu à Nantes sa seconde création française avec un titre tout aussi fameux, la pièce éponyme de Jakob Lenz dont devait aussi s’inspirer l’opéra de Bernt Aloïs Zimmermann en 1965. Quoique célèbre dans les années 1920, ce compositeur berlinois classé « dégénéré » par les nazis s’est non seulement vu interdire l’accès à toute charge publique et exécution de ses oeuvres, mais il a en outre joué de malchance en choisissant l’exil au Japon, alors allié de l’Allemagne hitlérienne, où il mourra oublié en 1972. En outre, sa musique puise dans tous les styles accessibles en son temps, ce qui le rend d’autant plus actuel, puisque les jeunes compositeurs se trouvent aujourd’hui plus ou moins dans la même situation que lui, Gurlitt utilisant les langages dont il a besoin selon ce qu’il désire exprimer. Idée a priori saugrenue que de mettre en scène une oeuvre qui n’a pas été conçue pour la scène, surtout lorsqu’elle est aussi dense et évocatrice que le Chant de la Terre de Gustav Mahler. C’est à un Japonais que l’Opéra de Rouen a confié cette adaptation qui ne présageait rien de bon. Pourtant, ici, nulle trahison. Sans doute pour partie en raison du choix de la version porté non pas sur l’original, mais sur un arrangement pour treize instruments de Schönberg, complété en 1983 par R. Riehn. Mais c’est principalement la mise en scène de Yoshi Oïda qu’il faut saluer tant elle s’avère d’une finesse et d’une intelligence remarquables, s’épanouissant dans la scénographie de Tom Schenk qui évoque un mélancolique jardin japonais où se meut un couple déchiré qui se retrouve autour de la dépouille de sa fille, dont la cérémonie funèbre est célébrée par des moines bouddhistes. L’Opéra de Nancy a inscrit à son répertoire le chefd’oeuvre de Leos Janácek, Jenufa. Cette partition exceptionnelle par le traitement proprement unique du verbe qui, l’air de rien, se fait mélodie sur laquelle se fond l’orchestre, est théâtre authentique, Janácek ayant écrit une musique si naturellement dramatique downloadModeText.vue.download 183 sur 380 DOSSIERS ART ET CULTURE 181 que la langue se fait musique. Au point que l’on ne sait d’où naît le chant. Avoir confié à un homme de théâtre, Jean-Louis Martinelli, directeur du Théâtre des Amandiers de Nanterre, sa première mise en scène lyrique dans un tel cadre est une excellente initiative. Dans la vision de Stéphane Braunschweig d’Elektra de Richard Strauss, présentée à l’Opéra de Strasbourg, l’action se déroule dans les appartements du palais de Mycènes, qui semblent être les arcanes de la tête d’Elektra. Le plateau est rouge sang, avec deux taches immaculées, au fond ou côté jardin, une porte blanche au miroir sans tain révèle un escalier sur lequel est tapie Elektra, tandis que les servantes évoquent sa fureur frénétique. Portée par l’acuité de l’analyse de Braunschweig, la distribution exalte l’essence même des héros. Entre deux volets de l’Anneau du Nibelung, commencé en 1999 et qui s’achèvera au printemps 2003, Nicolas Joël poursuit au Capitale de Toulouse l’édification de ce qui s’annonce comme une intégrale Wagner. « Tombé dans Wagner » en assistant Patrice Chéreau pour le Ring du Centenaire à Bayreuth en 1976, Joël prend dans ce même répertoire le contrepied de son maître, comme pour s’auto-administrer un antidote. Les Maîtres chanteurs est l’un des opéras du répertoire les plus difficiles à monter, tant il est chargé de terribles traditions, puisqu’il s’agit de chanter l’Allemagne ancestrale dont le national-socialisme a fait son miel pour échafauder l’effroyable concept de « race supérieure ». Pour l’ouverture en octobre de sa dernière saison à la tête de l’Opéra de Lyon, Alain Durel a programmé le Chevalier à la rose de Richard Strauss, hymne érigé par le compositeur bavarois et le poète autrichien Hugo von Hofmannsthal à la gloire de la Vienne capitale de l’empire triomphant des Habsbourg. Cet ouvrage aura vingt ans plus tard pour pendant Arabella, dont le cadre est la Vienne dégénérescente de ce même empire. ● Musique d’aujourd’hui Entrée à Bastille de la Médée de Rolf Liebermann Si la création s’est faite plus rare sur la scène lyrique française que l’an dernier, retenons néanmoins l’entrée à l’Opéra-Bastille de la Médée de Rolf Liebermann. Hugues Gall rendait ainsi à son maître ès direction de théâtre lyrique un hommage à la hauteur du renouveau que ce dernier impulsa à l’Opéra de Paris, entre 1973 et 1980. C’est à un autre fidèle du compositeur qu’a été confiée la mise en scène de l’ouvrage, l’Argentin Jorge Lavelli. C’est la dernière mouture de l’ultime ouvrage de Liebermann qu’a retenue l’Opéra de Paris. Jorge Lavelli a été également l’hôte du Teatro Real de Madrid pour la mise en scène de l’un des rares ouvrages scéniques de Xavier Montsalvage. Cette production de Babel 46 allait s’avérer être l’ultime hommage à l’un des grands compositeurs catalans du XXe siècle, qui devait disparaître le 7 mai. Création majeure du millésime 2002, Ballata, du jeune compositeur italien Luca Francesconi (1956), a été proposé par l’Opéra de Bruxelles. Des grandes salles lyriques d’Europe, le Théâtre de la Monnaie est incontestablement l’une des plus novatrices. Ballata est tiré d’un classique de la littérature anglosaxonne, le Dit du Vieux Marin (1798) de Coleridge. Contant les mésaventures d’un navire qui, après avoir fait voile vers l’équateur, fut poussé par les tempêtes vers les régions froides du pôle Sud à la suite de l’exaction d’un marin sur un albatros, le livret d’Umberto Fiori a suscité une partition polychrome de deux heures réparties en deux actes contrastés. L’efficacité de la mise en scène de l’Allemand Achim Freyer est singulièrement adaptée à l’ouvrage. La direction à la fois précise et nuancée du nouveau directeur musical de La Monnaie, le Japonais Kazushi Ono, a fait le reste. ● Hauts et bas à l’Opéra de Paris Un réjouissant Barbier de Séville mis en scène par Coline Serreau Pour sa seconde mise en scène lyrique, Coline Serreau, comédienne célébrée, cinéaste à succès, a signé un réjouissant Barbier de Séville. Pétillant de malice, mais aussi profond et vrai. Certes prévisible, l’actualisation du chef-d’oeuvre de Rossini était périlleuse, mais la vision de Coline Serreau ne trahit en rien le propos de cet opéra-bouffe inspiré de Beaumarchais. Elle restitue Séville l’Andalouse au temps de sa splendeur de capitale de province arabe. Dans ce contexte islamique, avec burkas, turbans et barbes afghans, la cité devient symbole de la claustration de la femme, qui se libère du joug masculin constitué d’êtres falots et calculateurs. Chaque personnage est riche en humanité et touche par son caractère polymorphe. Brûlant les planches, Joyce DiDonato impose une rayonnante silhouette de Rosine ; Jeannette Fischer, voix légère mais égale et sûre, est une Berta un rien allumée qui conclut son seul air sur un rap décoiffant. Roberto Saccà campe un Almaviva étincelant, Dalibor Jenis, un Figaro peu sûr de lui. Carlos Chausson, infatigable Bartolo, et Kristinn Sigmundsson, avec son air de la Calomnie trahissant un Basilio quelque peu désabusé, dominent l’escouade masculine. La direction de Bruno Campanella est sobre et nuancée. downloadModeText.vue.download 184 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 182 Un spectacle qui a fait une quasi-unanimité, Rusalka d’Antonín Dvorák. Cette ouvrage faisait son entrée en juin au répertoire de l’Opéra de Paris. Avec dix partitions lyriques à son catalogue, Dvorák compte parmi les compositeurs les plus prolifiques de l’histoire du genre. Cette part de sa création reste encore à découvrir en Europe occidentale. Le livret de Jaroslav Kvapil s’inspire à la fois de l’Undine de La Motte-Fouqué et de la Petite Sirène d’Andersen. Dvorák brosse dans Rusalka une évocation de la forêt bohémienne saisissante de poésie et de fraîcheur, gorgée de mystère, angoissante et lugubre, mais aussi bucolique, tendre, voluptueuse. Cette entrée s’est faite dans d’excellentes conditions, la production bénéficiant en Renée Fleming de la présence de la meilleure interprète actuelle du rôle-titre. Magnifique de sensualité et de force expressive, douée d’une voix aux aigus d’une limpidité absolue, elle transcende ce qu’a de contenu son interprétation dramatique du personnage. Autre entrée d’un ouvrage tchèque au répertoire de l’Opéra de Paris, Juliette ou la Clef des songes de Bohuslav Martinu. Écrit sur un livret en langue française adapté par le compositeur lui-même d’une comédie de Georges Neveux et traduit en tchèque, toujours par le compositeur, en vue de la création à l’Opéra national de Prague en 1938, l’opéra Juliette ou la Clef des songes a été monté à Garnier dans une version française adaptée du tchèque... Idée d’autant plus contestable que cette réalisation n’est pas idéalement ajustée à la musique de Martinu, dont il a manqué plus d’un quart d’heure de musique. C’est dans la version que Modest Moussorgski a lui- même réalisée en 1872, dans laquelle ont été en outre réintroduits des éléments de la version 1869, qu’a été présentée la nouvelle production de Boris Godounov de l’Opéra-Bastille. Ainsi, l’oeuvre atteint une dimension épique et humaine particulièrement bouleversante, soulignée par l’orchestration volontairement mal dégrossie qui donne à l’ouvrage sa parure à la fois sauvage et flamboyante. Ce que sait particulièrement mettre en évidence James Conlon. Le chef américain fait sonner avec éclat les singularités harmoniques et la verdeur cuivrée de cette seconde version, mais pourtant sa vision ne surprend ni n’émeut. Le scénographe Wolfgang Gussmann et le metteur en scène femme Francesca Zambello se contentent d’une mise en place grandiloquente et primitive, mettant comme il se doit l’accent sur le peuple et les mouvements de foule. Décors et costumes de Gussmann (rouge boyard, bleu peuple, tsar argenté, blanc orthodoxe) donnent à ce spectacle un caractère froid. Excellente dans son ensemble, la distribution, à majorité russe, avec un zest de bulgare, d’allemand et d’américain, ne peut rien y faire. ● Contes de fées au Châtelet Ultime partition de Carl Maria von Weber, fruit d’une commande du Covent Garden de Londres qui l’a créé en 1826, à mi-chemin du Singspiel et du drame wagnérien en devenir, Oberon n’est pas représentatif de l’évolution de la pensée de son auteur, qui, avec Euryanthe antérieur de trois ans, a montré sa volonté de se tourner vers le drame lyrique avec récitatif continu. Écrit sur un texte en anglais, Oberon était envisagé dès le début pour être remanié en vue de représentations ultérieures dans les théâtres allemands. John Eliot Gardiner a choisi de donner à Paris l’original d’Oberon dans une version semi-scénique avec « mise en espace » réalisée par le chef britannique. Avec le comédien Roger Allam, membre de la Royal Shakespeare Company, Gardiner a conçu une approche distanciée, parodique, Allam s’avérant remarquable récitant, tenant tous les rôles parlés à la fois avec humour et légèreté, mais tendant à occulter l’onirisme de l’oeuvre. Côté musique, c’est le bonheur quasi total. L’Orchestre Révolutionnaire et Romantique, avec ses cuivres naturels exceptionnels, et le somptueux Monteverdi Choir sont magnifiquement avivés par un Gardiner qui sait embraser cette partition parfois hétéroclite mais souvent remarquable. Autre fruit ultime, le dernier avatar engendré par l’extraordinaire collaboration de deux des plus grands créateurs du théâtre lyrique, le poète Hugo von Hofmannsthal et le compositeur Richard Strauss, Arabella est un ouvrage trop rare à la scène. Pendant du Chevalier à la rose créé en 1911, cet ouvrage achevé en 1933 a pour cadre la Vienne de François-Joseph en dégénérescence. Un escalier monumental donnant accès à des escalators est le cadre de l’action, qui se déroule ainsi dans le hall d’un hôtel de luxe où tous les protagonistes sont réunis. Peter Mussbach a ainsi opté pour l’unité de lieu, de temps et d’action. Ce cadre Art déco revu par quelque architecte contemporain est d’une totale élégance. Barbara Bonney est une magnifique Zdenka, et Thomas Hampson un Mandryka lyrique et émouvant en provincial énamouré. Anna-Katharina Behnke, somptueuse héroïne straussienne, a imposé sa présence et sa musicalité en interprétant une Arabella de très grande classe. Christoph von Dohnanyi dirige de façon trop distanciée, évitant tout débordement. Pour l’ouverture de sa saison 2002-2003, le Théâtre du Châtelet a reçu la majestueuse Jessye Norman. Dans les deux grands monologues Erwartung (1909) de Schönberg et la Voix humaine (1958) de Poulenc, elle campe de façon impressionnante la femme downloadModeText.vue.download 185 sur 380 DOSSIERS ART ET CULTURE 183 éperdue d’amour qui se retrouve seule et affronte la mort, mort de l’amant dans le premier, mort de la femme abandonnée dans le second. La voix de Norman est encore d’une rare plénitude et, même si l’intonation se fait parfois un rien trop basse, le velours est somptueux. Pour sa première production lyrique, André Heller signe une mise en scène sobre et efficace, exploitant intelligemment la silhouette altière de son interprète. ● Estivales Seize mille spectateurs pour Roméo et Juliette de Gounod Côté festivals, celui de Montpellier a proposé un ouvrage plus célèbre que véritablement connu, Hary Janos de Zoltán Kodály. Victime de paraphrénie galopante, Janos est un être touchant et éminemment sympathique. Le livret de Bela Paulini et Zsolt Harsanyi a inspiré à Kodály un ouvrage plein d’humour et de dérision puisant dans le folklore hongrois qui exalte le bon sens du peuple magyar. Plus sobre que de coutume, Gérard Depardieu ne maîtrisait hélas pas son texte, mais sa voix a la vérité bouleversante du mythomane populaire. La distribution est particulièrement cohérente, les chanteurs étant bien dans leurs personnages et vocalement excellents, tant et si bien que l’on regrette que Kodály leur ait donné si peu de place dans sa partition. Dans le rôle du héros fanfaron, un vaillant Vladimir Petrov, dans celui de sa promise Ilka, une Nora Gubisch particulièrement touchante, dans celui de Marci, un Vincent Le Texier signant un inénarrable numéro de comédien. L’Orchestre national de Montpellier a soutenu l’ouvrage sans faillir, rendant toute la saveur de cette partition aux élans exotiques où le cymbalum est roi. Seize mille spectateurs auront assisté aux deux représentations de Roméo et Juliette de Gounod données aux Chorégies d’Orange. Il est vrai que les fameux amants de Vérone étaient incarnés par le couple « people » emblématique de l’opéra, Roberto Alagna et Angela Gheorghiu, dans une production sans surprise pour qui fréquente assidûment le théâtre antique, puisque réunissant l’équipe de vieux routiers du Théâtre du Capitole de Toulouse. TROIS CRÉATEURS Peu de créations significatives cette année, du moins en France, à l’exception notable de deux pièces du compositeur britannique Jonathan Harvey. L’une à Musica de Strasbourg, Chu pour soprano, clarinette et violoncelle sur des poèmes tibétains, l’autre aux Manca de Nice, The Summer Cloud’s Awakening (l’Éveil d’un nuage d’été) pour choeur, flûte, violoncelle et électronique. Cette grande page de 32 minutes s’appuie sur le motif du désir de Tristan et Isolde de Wagner intégré à une vision bouddhiste de la réalité. Il faut aussi saluer l’énergique volonté de l’association ProQuartet dirigée par Georges Zeisel, qui cherche à élargir le répertoire du quatuor à cordes en commandant des oeuvres nouvelles à des compositeurs qu’il associe à de jeunes ensembles. C’est sur un quatuor à cordes d’une longueur inhabituelle depuis les envolées post-romantiques que s’est ouverte la 5e saison de ProQuartet au château de Fontainebleau. 40 minutes fort denses de musique de Brice Pauset, qui renouvelle son discours à chaque page d’une complexité extrême. Autre création majeure née de l’initiative de ProQuartet, le quintette pour guitare et quatuor à cordes Envoûtements V de Suzanne Giraud, qui a fait l’unanimité par sa suprême virtuosité, ses sonorités inouïes, sa prodigalité de timbres et de couleurs, alliage d’ombre et de lumière caractéristiques de l’écriture de la compositrice que l’on identifie dès les premières mesures. L’oeuvre, qui réussit d’extraordinaire façon la fusion des cordes pincées et des cordes frottées, a été immédiatement donnée dans quatre des principaux festivals européens de musique contemporaine, Bruxelles, Marseille, Paris et Alicante. downloadModeText.vue.download 186 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 184 Il est des anniversaires bizarres. Qu’on célèbre la mort ou la naissance d’un grand homme, et voilà que chacun se jette sur son oeuvre. On reprend ses « classiques ». On ressort ses fonds de tiroirs. Le meilleur côtoie le pire, la surprise est toujours possible. De Victor Hugo à Isabelle Huppert DIDIER MÉREUZE JOURNALISTE À la Croix Philippe Noiret, lecteur des Contemplations L’année 2002 étant celle du bicentenaire de la naissance de Victor Hugo, on pouvait supposer qu’elle se révélerait riche en manifestations. Pourtant, si l’on a pu assister à une avalanche de publications, de biographies, d’analyses, de rééditions de ses oeuvres, si se sont multipliées les expositions sur l’écrivain peintre et caricaturiste à la Bibliothèque nationale, homme politique à la Maison Balzac, dramaturge à la Maison Victor Hugo, au théâtre, l’esprit de commémoration s’en est tenu essentiellement à des lectures de ses poèmes. En février, Fabrice Lucchini participa à un hommage organisé sous la coupole par l’Académie française. Quelques mois plus tard, Philippe Noiret se fit lecteur des Contemplations à la Comédie des Champs-Élysées. Dans la foulée, Marie Carré et Romane Bohringer faisaient partager des extraits de la Légende des siècles au Théâtre de l’Atelier. La création des Tables tournantes à la Maison de la poésie, à Paris, et la mise en scène de Ruy Blas à la Comédie-Française font quasiment figure d’exceptions. Si les Tables tournantes ne sont évidemment pas une oeuvre de Victor Hugo, le texte est bien de sa main : il s’agit d’un montage réalisé par Jean-Marie Galey à partir d’extraits de procès verbaux dressés par l’écrivain lui-même, à la suite de ses séances de spiritisme qui le firent « dialoguer » en direct avec Eschyle, Shakespeare ou Molière, lors de son exil à Jersey. ● Hugo au Français Précédant l’hommage rendu le 20 octobre par toute la troupe avec la lecture de la Légende des siècles, Ruy Blas à la Comédie-Française relève d’un autre registre. Ce drame historique parmi les plus célèbres de Hugo est aussi, pour les metteurs en scène, l’un des plus risqués. La tentation est forte de verser dans le grand mélo ou le style « pompier ». Tout l’art de la mise en scène de Brigitte Jaques aura été de donner vie à la passion hugolienne, sans rien perdre de la virulence révolutionnaire d’une oeuvre que Balzac (sans l’avoir jamais vue !) avait dénoncée, au lendemain de sa création à la Porte Saint-Martin, comme « une énorme bêtise », « une infamie en vers ». Il est vrai que, inscrit dans la droite ligne de la préface de Cromwell, Ruy Blas, qui montrait une « reine » s’amourachant d’un « valet », renversait toutes les règles de la morale et de l’écriture, bousculant les lois de la versification, s’inspirant du modèle shakespearien pour mélanger tragique et grotesque, puisant, enfin, son sujet dans l’histoire passée pour parler du présent : à travers la peinture d’une Espagne moribonde de Charles II, c’était de la France de Louis-Philippe qu’il s’agissait, bourgeoise et affairiste, partagée en deux camps aux forces inégales : les « jeunes » ne rêvant que de rebâtir le monde, et les « vieux » prêts à les en empêcher toujours, détenteurs obstinés du pouvoir qu’ils ne veulent pas lâcher. C’est cette France – qui ne manque pas de faire écho à la nôtre – et cette opposition « jeunes-vieux » que Brigitte Jaques a mises en exergue dans des décors sombres d’Ezio Toffoluti, évoquant superbement des tableaux de maîtres sous l’effet des lumières d’André Diot. Dans le balancement permanent entre ardeur magnifique des amants et poids d’inertie de la Cour composée de momies, toute sa mise en scène ramenait au coeur du romantisme et à son essence : l’appel à la Révolution. Sous sa gouverne, les personnages échappaient à tous les stéréotypes. À commencer par le couple formé par Ruy Blas et la reine – lui, interprété par Éric Ruf, brûlant de fougue ; elle, jouée par Rachida Brakni, d’une fragilité d’oiseau pris au piège qui lui vaudra un Molière 2002 de la « révélation ». ● La nouvelle ère Bozonnet Par-delà la célébration de l’année Victor Hugo, ce spectacle est emblématique d’une ligne d’ouverture décidée pour la Maison de Molière par Marcel Bozonnet, son nouvel administrateur depuis le mois d’août 2001. Décidé à bousculer une image vécue comme trop académique, ce dernier a su faire le grand écart entre classiques et contemporains, tradition et expérimentation, voire laboratoire. On l’a vu avec l’Amphitryon de Molière, revu et corrigé par le Russe Anatoli Vassiliev, aux accords de trompes tibétaines ; on l’a vu avec un Leonce et Lena, revisité par Mathias Langhof, entrelaçant la comédie de Büchner d’extraits de son roman Lenz au fil d’un voyage fantastique dans l’univers du poète allemand. De même, à côté de la reprise d’un magnifique Dom Juan ou d’un joyeux Malade imaginaire, respectivement mis en scène par downloadModeText.vue.download 187 sur 380 DOSSIERS ART ET CULTURE 185 Jacques Lassalle et Claude Stratz, on a pu assister à l’entrée au répertoire d’auteurs réputés moins évidents sous les lambris du Français : Marguerite Duras, avec Savannay Bay, subtilement installée dans la salle Richelieu par Éric Vigner, le directeur du Centre dramatique national de Lorient ; Copi, avec la Visite inopportune, sous la gouverne de Lukas Hemleb, qui traite de la mort et du sida ; Werner Schwab avec Extermination du peuple, créée par Philippe Adrien au Vieux-Colombier – une charge féroce écrite dans une langue sans retenue par l’un des auteurs les plus sulfureux de l’Autriche de ces dernières années, décédé d’une crise d’éthylisme la nuit de la Saint-Sylvestre 1993, âgé de 35 ans ! ● Le dialogue entre anciens et modernes Cette ouverture dans le grand écart entre anciens et modernes, c’est celui que l’on aura retrouvé sur plusieurs scènes de grandes institutions. À commencer par le Théâtre des Amandiers de Nanterre. Succédant à Jean-Pierre Vincent depuis le 1er janvier 2002, JeanLouis Martinelli y a présenté deux oeuvres se répondant l’une à l’autre : Catégorie 3 : 1, du Suédois Lars Noren, explorant les bas-fonds modernes peuplés de SDF, drogués, alcooliques, séropositifs (le titre de la pièce correspond au nom donné par l’administration de Stockholm à ses marginaux), et Platonov, de Tchekhov, qui raconte la course à la mort d’un homme s’abandonnant aux femmes parce qu’il ne sait plus qui il est et n’a d’autre vérité qu’un besoin sans bornes d’aimer et d’être aimé. À un siècle de distance (Platonov date des années 1880 ; Catégorie 3 : 1 a été écrit dans les années 1990), les deux oeuvres ramènent à un même monde qui a perdu toutes valeurs auxquelles se raccrocher. Si l’on retient plus particulièrement la création de Catégorie 3 : 1, c’est qu’elle aura été pour beaucoup l’occasion de découvrir un auteur majeur, capable de parler comme peu des « rejetés », des « oubliés » dans une langue au verbe crû et à l’architecture savante, mêlant chants poétiques et mouvements syncopés. ● Le Théâtre de la Commune en révolution Au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, Didier Bezace, lui, après avoir démarré l’année en fanfare avec la reprise de l’École des femmes – créée l’été d’avant, lors du Festival d’Avignon (Pierre Arditi était en tête de la distribution) –, l’a achevée en réunissant dans un même cycle intitulé Songes et mensonges un diptyque Brecht (la Noce chez les petits-bourgeois et Grand’Peur et Misère du IIIe Reich) et une pièce écrite dans l’Union soviétique des années 1990 par Ludmilla Razoumovskaia, Chère Elena Sergueievna. Là encore, d’un spectacle à l’autre (présentés en alternance), on retrouvait un même fil conducteur : celui des illusions perdues et de la nécessité de résistance à un ordre imposé. Là encore, on s’arrêtera surtout sur la création : Chère Elena Sergueievna. La pièce raconte l’histoire d’une femme professeur visitée par ses élèves ; sous prétexte de lui fêter son anniversaire, ils tentent de lui extorquer la clé d’un coffre-fort pour y récupérer les copies d’un examen qu’ils ont raté ! Tournant le dos au réalisme attendu, Didier Bezace a imaginé une mise en scène d’une audace époustouflante. Supprimant tout décor, il a installé ses comédiens derrière une table, assis, comme pour une lecture de théâtre à la radio. Porté exclusivement par le jeu d’échanges des acteurs, le texte, débarrassé de tout effet, résonnait avec une acuité extraordinaire, lui donnant une portée émotionnelle universelle. Concernant tous les régimes qui ont fait de leurs enfants des orphelins, des révolutions, aujourd’hui comme hier, en France et ailleurs – notamment celle d’après 1968 –, telle se présente la Mort de Danton, mise en scène par Georges Lavaudant. Jouant l’épure d’une manière formidable avec les trois mots Liberté, Égalité, Fraternité écrits en lumières de néons tricolores, Lavaudant a su poser à travers ce drame de Büchner les questions toujours essentielles : qu’estce donc qu’une Révolution qui dévore ses enfants ? Peut-on l’arrêter – comme Danton – sans la trahir ? La poursuivre sans cesse – comme Robespierre – n’estce pas prendre le risque de la dévoyer ? ● L’Europe à l’Odéon Tchekhov à l’honneur avec quatre versions de la Mouette Dernier spectacle du directeur du Théâtre national de l’Odéon avant la fermeture provisoire du bâtiment pour cause de rénovation, la Mort de Danton succédait à une saison très riche où, à côté de spectacles « bijoux » proposés dans la salle du Petit-Odéon (Ah ! Monsieur Armand dit Garrincha de Serge Valetti, mis en scène par Patrick Pineau), on a pu retrouver quelques maîtres du théâtre européen, tel Christoph Marthaler présentant la Nuit des rois de Shakespeare dans un espace entre paquebot et théâtre, ou le Polonais Krystian Lupa proposant sa propre adaptation du dernier roman de Thomas Bernhard, Extinction. Transformant la matière littéraire en matière vivante, Lupa a réussi le tour de force de nous faire pénétrer de manière sensible dans l’univers de l’écrivain autrichien dans un bruissement permanent de vie. Interprété en polonais (mais avec sur-titrage !), Extinction durait huit heures. On avait le sentiment qu’il n’en durait que la moitié ! Autre invité downloadModeText.vue.download 188 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 186 « européen », Luc Bondy, avec sa mise en scène de la Mouette, de Tchekhov, en allemand. C’était la quatrième Mouette de la saison, avec celles proposées par le Suédois Lars Noren à Nanterre (auteur qui s’est fait ici metteur en scène) et les Français Stéphane Braunschweig au Théâtre national de Strasbourg et Philippe Calvario au Théâtre national de Bretagne. De quoi épuiser l’attention du spectateur ? Que non ! La vertu des grands classiques tient là : plus ils sont montés, plus ils se révèlent riches, donnant du grains à moudre en permanence. C’était vrai de la Mouette classique, mais d’un regard désespérant sur l’homme selon Bondy, de celle, toujours classique, mais plus rieuse, de Braunschweig, de son avatar « déjanté » chez Calvario, ou de celle transposée dans une salle de répétions d’un théâtre des années 2000, telle que l’a montée Lars Noren. ● Écritures contemporaines De quoi rendre caduques les reproches de ceux qui se plaignent que l’on joue trop de classiques aux dépens des contemporains. Tout dépend de ce qu’une oeuvre et sa transposition sur scène ont à raconter. D’ailleurs, les auteurs contemporains n’auront pas été en reste cette année. Les créations ont été nombreuses – pièces à découvrir ou adaptations de romans et récits. Les pièces à découvrir, c’est par exemple le mystérieux Ici ou ailleurs, de Robert Pinget, délicieusement exhumé par Anne-Marie Lazarini aux Artistics Athévains, à Paris ; Bobby Fisher vit à Pasadena, de Lars Noren, mis en scène sur le grand air du « famille, je vous hais » dans une petite salle alternative parisienne – le Théâtre de l’Opprimé. Les adaptations, c’est l’Ivrogne dans la brousse, du Nigérian Amos Totula, gaillardement transformé en conte naïf et raffiné par Philippe Adrien au Théâtre de la Tempête, à la Cartoucherie de Vincennes ; c’est, toujours à la Cartoucherie de Vincennes, mais au théâtre du Chaudron, la Femme gelée, coproduite par la Maison de la Culture de Bourges et par Jeanne Champagne, à partir de l’oeuvre d’Annie Ernaux. C’est, encore, Ishishanga, évoquant au Théâtre Paris-Villette le génocide du Rwanda à travers les pages de Jean Hatzfeld. On peut citer, au Théâtre de la Cité internationale, Interzone, de Laurent Fréchuret – un spectacle aux allures de parcours choc à travers l’univers de Williams Burroughs –, ou, plus poétique, au Centre dramatique national de Montreuil, le Gardeur de troupeau, d’après Pessoa, mise en scène par Hervé Pierre et interprété par Clotilde Mollet, lumineusement lunaire. ● Le nouveau Rond-Point est arrivé ! Ceci explique-t-il cela ? Après le départ de Marcel Maréchal, nommé à la tête des Tréteaux de France, le Théâtre du Rond-Point, à Paris, a été confié à Jean-Michel Ribes qui veut en faire un espace privilégié pour les auteurs contemporains. S’il est encore trop tôt pour en tirer des conclusions, on y aura vu, du moins, l’un des spectacles les plus réjouissants du début de saison : Les grenouilles qui vont sur l’eau ont-elles des ailes ? d’Eugène Durif. S’emparant de l’oeuvre de Brisset – lexicographe autodidacte et fou de la seconde moitié du XIXe siècle –, Durif entraîne sur les chemins les plus délirants de la logique. Pour le reste, l’essentiel de la création contemporaine aura été le fait des institutions, comme le Théâtre de la Bastille, recevant Un jour en été, du Norvégien Jon Fosse, dans une mise en scène de Jacques Lassalle, créée à Vidy-Lausanne. Au détour de la mise en scène de Jean-Michel Rabeux de la pièce de Copi l’Homosexuel ou la difficulté d’être, on aura pu y applaudir un jeune auteur à suivre : Fabrice Melquiot. Un monologue – l’Inattendu – et une pièce sur la guerre en Bosnie – le Diable en partage – y ont été présentés dans une mise en scène de Richard Demarcy-Motta, directeur du Centre dramatique de Reims. ● Le temple de la Colline Mais c’est, bien sûr, le Théâtre national de la Colline qui s’impose comme le temple de l’écriture contemporaine. Parmi les nombreux spectacles à son affiche, plusieurs sont à retenir, à commencer par les Voisins, de Michel Vinaver, re-mis en scène par Alain Françon (il l’a créé dans les années 1980). Vient ensuite Skinner, de Michel Deutsch. Sous des aspects de fait divers (un clandestin, en quête de passeurs pour gagner l’autre coté de la mer, se trouve pris au piège d’une organisation tentaculaire), la pièce se révèle une réflexion sur l’identité et le destin. À travers ces efforts pour gagner un pays qu’on imagine de cocagne, ne s’agit-il pas de se fuir soi-même, de vouloir croire à tout prix en un rêve affirmant que l’on peut abandonner ce que l’on fut pour renaître ? Mais peuton se forger un avenir en se délestant de son passé ? Comment y parvenir lorsque l’on vous a dépouillé de vous-mêmes en vous confisquant vos papiers et que vous n’existez plus pour le monde, puisque vous êtes sans identité ? L’écriture, riche et complexe, en fait un poème tragique immense servi par une distribution exceptionnelle (Jean-Paul Roussillon, Dominique Valadié) et une mise en scène – toujours signée FrandownloadModeText.vue.download 189 sur 380 DOSSIERS ART ET CULTURE 187 çon – jouant résolument la carte du spectaculaire pour emmener des lumières aux ténèbres, du ciel libre aux bas-fonds. Dans ce même théâtre, Stéphane Braunschweig aura présenté deux de ses spectacles créés au Théâtre national de Strasbourg – la Mouette, de Tchekhov, et l’Exaltation du labyrinthe, d’Olivier Py –, tandis que Frédéric Fisbach y a poursuivi ses recherches sur la forme et le sens avec les Paravents de Jean Genet, interprétés par des comédiens et des marionnettes – une recherche qu’il développe à présent au Studio Théâtre de Vitry, où il a repris sa mise en scène de l’Annonce faite à Marie, célébrant Claudel dans un hiératisme imposé aux acteurs, qui donne le sentiment que la parole n’est que mouvement. ● La leçon du « maître » Fomenko On ne s’étonnera pas dès lors que le Théâtre de la Colline ait été le lieu de l’un des temps les plus forts du Festival d’Automne avec « Auf dem Land », présenté par Luc Bondy, faisant découvrir avec le Berliner Ensemble l’Anglais Martin Crimp. Autre temps fort du Festival – et sans doute l’un des plus marquants de la saison : Guerre et Paix, adapté du roman de Tolstoï par le Russe Fomenko. À soixante-dix ans, le maître de la scène moscovite a donné une véritable leçon d’un théâtre tout en bruissements et en fluidité. Rarement on aura vu une telle intelligence dans la manière de mener le récit et dans la façon de diriger les acteurs (tous ses élèves de l’Atelier), d’une légèreté de jeu sidérante dans le grave comme dans le comique, le trivial et le tragique. Mots chuchotes, rires échappés, le souffle des émotions furtives. ● Les très riches heures d’Avignon Platonov aura été la première surprise du Festival d’Avignon. Bernard Faivre d’Arcier quitte la direction du Festival d’Avignon. Miroir de la saison théâtrale en France, le Festival d’Avignon, lui, avait offert une 56e édition particulièrement remarquable. Fortement contesté l’an dernier pour une programmation jugée trop axée sur le succès public et d’une inventivité réduite, Bernard Faivre d’Arcier a vigoureusement redressé la barre dès l’ouverture de la manifestation, confiée à un « jeune » metteur en scène : Éric Lacascade. Directeur du Centre dramatique national de Caen, ce dernier a présenté Platonov de Tchekhov, sans « vedettes », mais entouré des comédiens habituels de sa troupe. Un spectacle vibrant et charnel, en osmose parfaite avec la Cour d’honneur remise à neuf. Dans la magie d’une nuit joyeuse et tragique, libérée et oppressante, le Palais des papes se révélait l’âme de la représentation, un corps vivant absorbant les spectateurs. Première surprise du Festival, Platonov a été suivi d’autres spectacles étonnants. En vrac : la Trilogie de la Villégiature, de Goldoni, mise en scène par Jean-Louis Benoît, directeur du Théâtre national de Marseille, avec une allégresse virant imperceptiblement au désenchantement ; Enfants de nuit, parcours spectacle dans le noir sur la misère des enfants d’une Afrique aux guerres éternelles ; les Gûmes, invitation déambulatoire au pays de ceux qui parlent aux arbres, aux fleurs, aux fruits et aux plantes ; Visites, de Jon Fosse, mise en scène par Marie-Louise Bischofberger, avec Dominique Reymond et Hugues Quester, trouble et inquiétant ; la Vie de Galilée, de Brecht, orchestré avec une ardeur ludique par Jean-François Sivadier, avec le concours du Théâtre national de Bretagne. Les « étrangers », invités réguliers du Festival, étaient au rendez-vous : le Canadien Denis Marleau avec un étonnant spectacle pour comédiens « virtuels » (les Aveugles, de Maeterlinck) ; les Polonais Grzegorz Jarzyna, avec une adaptation du film Festen, et Kryztof Warlikowki, avec une version hard chic et choc des Purifiés de Sarah Kane ; l’Italien Romeo Castelluci, avec A#02, introspection toute en visions aussi éprouvantes que libératrices de l’inconscient et du cerveau. Mais, surtout, cette édition aura été l’occasion de découvrir un autre Italien hors norme : Pippo Delbono. Invité pour la première fois par le Festival, cet auteur, acteur, metteur en scène de quarantetrois ans, proposait trois de ses pièces avec une troupe de comédiens en partie professionnels, en parties amateurs. La première, Il Silenzio, était une évocation d’un village de Sicile recouvert par la lave de l’Etna ; le second, Guerra, traitait des marginaux et des « anormaux » ; le troisième, Rabbia, était un hommage à Pasolini. Renouant avec l’esprit d’un cinéma militant italien des années 1970, c’est un théâtre d’artisan, de vie, de générosité. Paradoxalement, c’est à l’issue de cette très riche édition – l’une des plus belles qu’il ait programmées – que Bernard Faivre d’Arcier qu’il démissionnait de son poste de directeur du Festival à la demande du ministre de la Culture, M. Aillagon. ● Les recettes du « privé » Le théâtre privé, lui, n’est pas confronté aux changements de majorité. De janvier à décembre, il a donc poursuivi son bonhomme de chemin en jouant, comme de coutume, la carte des grandes vedettes downloadModeText.vue.download 190 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 188 sur scène. Alors que Jean-Claude Brialy, en écrivain célèbre, et Line Renaud, son ancien amour de jeu- nesse, se retrouvaient en tête-à-tête au Théâtre du Palais-Royal dans Poste restante, de Noël Coward, Jacques Weber, en maître du roman policier anglais, était confronté à Patrick Bruel, l’amant de sa femme, au Théâtre de la Madeleine dans le Limier, d’Anthony Schaffer, pendant que Fanny Ardant devenait Sarah Bernhardt face à Robert Hirsch dans Sarah, de John Murrell au Théâtre Édouard-VII. À la Renaissance, Francis Huster a créé avec Michèle Bernier Nuit d’ivresse, de Josiane Balasko, et au Théâtre de l’OEuvre, Danièle Lebrun et Francine Berge se sont affrontées sous la gouverne de Marcel Blüwal dans Jeux de scène, de Victor Haïm, opposant « une » auteurmetteur en scène à la comédienne qu’elle a choisie pour créer son texte. Toujours présent, Laurent Terzieff s’attaquait à Muuray Schisgall dans le Regard au Rive Gauche. Aux Mathurins, Anouk Grinberg et Rufus étaient réunis dans la Preuve, de David Auburn. À la Gaîté, André Dussolier poursuivait son récital de textes Monstres sacrés, sacrés monstres. L’exception confirmant la règle, si Marie France Pisier interprétait Liaisons Atlantique de Fabrice Roezie sous la direction de Patrice Kerbrat dans l’une des salles du Théâtre Marigny, dans l’autre, John Malkovitch se faisait metteur en scène d’une pièce traitant de Freud – Hysteria, de Terry Johnson. Et, pendant ce temps, la Boutique au coin de la rue, créée l’année précédente et dûment « moliérisée », poursuivait sa carrière au Théâtre Montparnasse. Surprise ! On aura vu un académicien français joué sur les « boulevards » : Félicien Marceau. Directeur depuis peu du Théâtre de la Porte Saint-Martin, Michel Sardou y a repris l’Homme en question, de Félicien Marceau. La pièce, qui date des années 1970, a vieilli, mais le public est moins venu pour la pièce elle-même que pour Sardou, chanteur devenu acteur pour l’occasion. Sardou était l’homme « forcé par sa conscience » (Brigitte Fossey) à se pencher sur son passé pour relire les épisodes significatifs de sa vie. Tel qu’en lui-même, il joue « brut ». Les spectateurs ont apprécié, applaudissant chacune de ses tirades. ● Le grand retour d’Isabelle Huppert Cependant, les plus grandes vedettes, c’est, paradoxalement, sur les scènes subventionnées qu’on les aura retrouvées : à Lyon, Michel Bouquet, plus fabuleux que jamais, joue Minetti, la pièce écrite par Thomas Bernhard pour le grand comédien allemand Thomas Minetti. Mise en scène par Claudia Stavisky, cette divagation sur l’acteur, la représentation et le monde, a fait halte à travers toute la France, du Festival d’Avignon au Théâtre de la Ville à Paris, pendant que Fabrice Lucchini s’inscrivait dans les traces de Louis Jouvet avec la reprise de Knock au Théâtre de l’Athénée. Mais l’événement le plus marquant a été le retour d’Isabelle Huppert sur scène avec 4.48 Psychose, aux Bouffes du Nord. Dernier texte aux allures d’électrochoc écrit par l’Anglaise Sarah Kane, peu avant son suicide en 1999, l’année de ses 28 ans, 4.48 Psychose raconte par la voix d’une femme la solitude et l’angoisse de la dépression, l’incapacité à être, à penser, à manger, à dormir, à aimer, la honte et le refus de son corps, la fascination de la mort et le désir d’être soulagée. Dans l’espace vide, uniquement habité de lumières plus ou moins sombres, Claude Régy, metteur en scène, fait entendre cette oeuvre douloureuse comme un chant profond. Aux côtés de Gérard Watkins, le « soignant », Isabelle Huppert était la femme malade d’elle-même et de l’existence. Les poings crispés qui s’ouvrent et se ferment, les bras tombant le long du corps, elle restait debout, deux heures durant, sans bouger – ou presque –, mue uniquement par la violence de sa tension extrême. La parole trébuchante, le ton froid, clinique même, encore enfant et déjà vieille, elle hypnotisait, si fragile et cependant d’une époustouflante maîtrise de jeu. Le regard égaré sur des terres où personne, sur scène comme dans la salle, n’aurait su la rejoindre, elle était la bouche d’ombre, à l’exacte frontière des royaumes des morts et des vivants. XVIes MOLIÈRES 2002 – Molières d’honneur : Annie Girardot, Simone Valère et Jean Dessailly – Meilleur spectacle du répertoire : Bent – Meilleur spectacle de création : la Boutique au coin de la rue – Meilleure pièce comique : Théâtre sans animaux – Meilleur spectacle musical : Frou frou les bains – Meilleur one-man-show : Philippe Avron avec le Fantôme de Shakespeare – Meilleur auteur : Jean-Michel Ribes pour Théâtre sans animaux – Meilleur adaptateur d’une pièce étrangère : Évelyne Fallot et Jean-Marc Zilbermann avec la Boutique au coin de la rue – Meilleur metteur en scène : Jean-Marc Zilbermann avec la Boutique au coin de la rue – Meilleure comédienne : Anne Girardot dans Madame Marguerite – Meilleur comédien : Jean-Paul Roussillon dans le Jardin des apparences downloadModeText.vue.download 191 sur 380 DOSSIERS ART ET CULTURE 189 – Meilleure comédienne dans un second rôle : Annie Gregorio dans Théâtre sans animaux – Meilleur comédien dans un second rôle : Maurice Chevit dans Conversations avec mon père – Révélation théâtrale féminine : Rachida Brakni dans Ruy Blas – Révélation théâtrale masculine : Eris Elmosnino dans Leonce et Lena – Meilleur décorateur : Stéfanie Jane avec la Boutique au coin de la rue – Meilleur créateur de costumes : Pascale Bordet avec le Dindon – Meilleure lumière : Jacques Rouveyrollis avec la Boutique au coin de la rue downloadModeText.vue.download 192 sur 380 downloadModeText.vue.download 193 sur 380 191 Sports et Résultats downloadModeText.vue.download 194 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 192 LES « BLEUS » K.-O. Près de quatre ans après la finale du Stade de France, après cette victoire historique en Coupe du monde qui avait « footballisé » la France, la défaite des Bleus face au Danemark à l’issue d’un match couperet à Incheon a refermé la parenthèse du succès. À l’inverse des Français, le Brésil est éternel. Adjectif galvaudé pour la meilleure équipe du monde ? Peut-être. Mais ce qu’ont montré les joueurs de Luiz Felipe Scolari tout au long d’une Coupe du monde dont ils n’étaient pas vraiment favoris est la marque des plus grands. Son football au creux de la vague, la France du sport s’est trouvé d’autres héros : ses skieurs, ses cyclistes, ses rugbymen, par exemple. En tennis, Grosjean et Cie ont même été à quelques points de conserver le saladier d’argent conquis en 2001. Mais l’ambitieuse Russie de Marat Safin était trop forte, trop gourmande de ce premier titre en Coupe Davis. Victorieux du Tournoi des Six Nations de rugby, le XV de France a confirmé son statut de valeur sûre, à un an de la Coupe du monde australienne, en montrant un agréable visage lors de la tournée européenne des nations du Sud, à l’automne. Sur les routes du Tour de France et de la Classica San Sebastian, Laurent Jalabert a, lui, offert un véritable festival à ses supporters avant de tirer sa révérence nanti d’un palmarès de grand. Préretraité également, l’exemplaire Stéphane Diagana a triomphé dans le 400 m haies des Championnats d’Europe, répondant ainsi à la victoire de sa jeune coéquipière Murielle Hurtis sur 200 m. Mais la meilleure surprise de l’année pour les supporters français est venue des pistes de Salt Lake City. Aux jeux Olympiques d’hiver, l’équipe de France de ski a connu un succès digne des fastes années 1960. C’est une première également qu’ont vécue, malgré les relents de scandale, les danseurs Marina Anissina et Gwendal Peizerat en offrant à la France son premier titre olympique de patinage. Mais les rois de ces Jeux resteront sans conteste la Croate Janica Kostelic et le Norvégien Ole Einar Bjoerndalen, vainqueurs respectivement de trois et quatre titres olympiques. Quatre titres, en quatre ans, c’est également le bilan sans faute de Lance Armstrong dans le Tour de France. Une domination comparable à celle de Michael Schumacher sur la formule 1 : champion du monde pour la troisième année consécutive sur Ferrari. Les années passent, les héros restent. Même Pete Sampras a à nouveau marqué l’année du tennis en remportant, lors de l’US Open, son quatorzième tournoi du Grand Chelem. Un bilan que ne devrait pas tarder à afficher Serena Williams qui semble taillée pour régner longtemps sur le tennis féminin. Étoile de l’athlétisme de la fin des années 1990, Maurice Greene a, à l’inverse, marqué le pas en 2002, abandonnant même le mythique record du monde du 100 m à un quasi-inconnu, Tim Montgomery. LES XIXes JEUX OLYMPIQUES D’HIVER (Salt Lake City, États-Unis, 9-24 février) Trafic d’influence chez les juges, dopage chez les athlètes, remake de la guerre froide chez les officiels..., les Jeux de Salt Lake City ont été placés sous le signe du scandale. Déjà pollués, avant leur déroulement, par les révélations sur les conditions douteuses de leur attribution par le CIO à la capitale de l’Utah, les XIXe jeux Olympiques d’hiver n’ont toutefois pas trop pâti de cette odeur de soufre. L’impeccable organisation américaine, la splendeur des sites et l’excellent niveau atteint par la majorité des compétitions sont parvenus à faire oublier les « affaires » olympiques. Björndalen et Kostelic au Panthéon Quatre médailles d’or pour l’un, trois en or et une d’argent pour l’autre, le biathlète norvégien OleEinar Björndalen et la skieuse croate Janica Kostelic demeureront les héros des épreuves de Salt Lake City, associés au Finlandais Samppa Lajunen, trois fois sacré en combiné nordique. Distancée en Coupe du monde, opérée d’un genou en début de saison, Kostelic, dix-neuf ans, a prouvé, en décrochant des médailles même dans des disciplines où on ne l’attendait pas, que l’on pouvait tout miser sur les Jeux et tout gagner. Tout miser sur les Jeux et tout perdre, c’est, à l’inverse, la trajectoire de l’Américaine Michelle Kwan, quadruple championne du monde, qui espérait décrocher chez elle le titre qui lui avait échappé de peu à Nagano. Paralysée par l’enjeu, la meilleure patineuse du monde a dû se contenter d’une médaille de bronze, laissant la médownloadModeText.vue.download 195 sur 380 SPORTS ET RÉSULTATS 193 daille d’or à sa compatriote Sarah Hugues, outsider pimpante et décomplexée. Le triomphe des outsiders Les Jeux de Salt Lake City ont d’ailleurs été marqués par la débâcle des favoris. En biathlon, la Suédoise Magdalena Forsberg, intouchable en Coupe du monde, n’a décroché que deux médailles de bronze. En saut à skis, le Suisse Simon Ammann a raflé les deux titres individuels au nez et à la barbe de l’Allemand Sven Hannawald et surtout du Polonais Adam Malysz. À l’image de l’Italienne Daniela Ceccarelli en super-G, Carole Montillet a quant à elle remporté la seule descente de sa carrière, devenant la première championne olympique française de cette discipline et reléguant l’Italienne Isolde Kostner et l’Autrichienne Renate Goetschl aux places d’honneur. Associée au succès de Jean-Pierre Vidal en slalom, 34 ans après Jean-Claude Killy, cette victoire a constitué un réconfort pour une équipe de France orpheline de la championne du monde de super-G Régine Cavagnoud. Certains sacres étaient plus attendus. Celui du Russe Alexei Yagudin, déjà quadruple champion du monde de patinage, qui a enfin été récompensé d’un titre olympique venant couronner son formidable talent. En danse sur glace, le titre tant convoité par le couple français Anissina-Peizerat aurait sans doute eu plus de saveur s’il n’avait été gâté par les soupçons de collusions entre les juges français et russes. En snowboard, on misait beaucoup sur les Françaises, avec raison. Confirmant sa belle saison en slalom géant, Isabelle Blanc a dominé Karine Ruby, médaillée d’or à Nagano. Et en hockey sur glace, le Canada a raflé les titres masculin et féminin, en toute logique. Que dire enfin de Stephan Eberharter ? Favori de la descente et du super-G après avoir dominé la Coupe du monde, l’Autrichien, battu dans ses deux courses de prédilection, a remporté... le slalom géant pour lequel il était outsider. Un parfum de scandale C’est l’affaire du patinage artistique qui a ouvert le bal des scandales. Le verdict très serré en faveur du couple russe, au détriment des Canadiens, suivi des déclarations de la juge française Marie-Reine Le Gougne évoquant des « pressions », a enflammé la presse nord-américaine. À coup d’éditoriaux vengeurs et d’émissions spéciales sur le skategate, cette dernière est parvenue à ses fins. Sur la recommandation expresse du CIO, la fédération internationale de patinage a finalement remis une seconde médaille d’or au couple canadien Salé-Pelletier considéré comme la victime d’un complot franco-russe. Si l’affaire a eu des effets positifs, à commencer par la réforme annoncée du mode de notation dans un sport vicié par la partialité, elle a également créé un précédent fâcheux qu’ont exploité nombre de contestataires désireux de se faire attribuer une médaille sur le tapis vert. Le faux pas de Marie-Reine Le Gougne et ses conséquences ont également provoqué une tension dans les relations américano-russes. Furieux de la décision d’attribuer une seconde médaille d’or, les Russes, soutenus par le président Vladimir Poutine, ont menacé de boycotter la cérémonie de clôture. Muehlegg au purgatoire L’ancien pilier de l’olympisme a été confronté à d’autres affaires, plus infamantes encore. Dans la galerie des dopés des JO 2002, les Russes arrivent en bonne place avec les fondeuses Larissa Lazutina et Olga Danilova. La première a été privée de sa médaille d’or du 30 kilomètres, conservant ses deux médailles d’argent, la seconde reste championne olympique de poursuite et médaillée d’argent du 10 kilomètres classique, mais leur carrière demeurera à jamais entachée par leur suspension pour deux ans. Mais le « grand dopé » des Jeux a été sans conteste Johann Muehlegg, trois fois victorieux en ski de fond. L’Allemand qui court pour l’Espagne a été convaincu de dopage à la darbepoetin, mais déchu d’un seul de ses titres au grand regret de Jacques Rogge. Le président du CIO aurait souhaité des sanctions plus lourdes. Ajoutés à celui, plus contestable, du skieur écossais Alain Baxter, privé de sa médaille de bronze du slalom, et à celui du hockeyeur belarus Vassili Pankov, ces cas de dopage ont apporté un nouveau record aux JO de Salt Lake City. Jamais dans l’histoire des Jeux d’hiver autant d’athlètes n’avaient été contrôlés positif. Les Jeux américains ont été ceux de la démesure dans d’autres domaines. Avec un budget record de 2 milliards de dollars, les organisateurs ont remporté leur pari, malgré les menaces consécutives aux attentats du 11 septembre : 90 % des billets ont été vendus et l’audience de la manifestation à travers le monde a été à la hauteur des espérances. Chez eux, les Américains ont réussi de grands Jeux grâce notamment à leurs succès en snowboard, en freestyle, en short track et en patinage de vitesse. Pour la première fois, ils terminent, avec un total de 34 médailles, dans le trio de tête au palmarès des nations, dépassés par l’Allemagne (35 médailles) et downloadModeText.vue.download 196 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 194 la Norvège (24 médailles, mais 11 en or contre 10 aux États-Unis). XVIIe COUPE DU MONDE DE FOOTBALL (Japon, Corée du Sud, 31 mai-30 juin) La XVIIe Coupe du monde, coorganisée par la Corée du Sud et le Japon, restera celle des premières : premier Mondial du XXIe siècle, premier à se dérouler sur le continent asiatique, premier à réserver autant de surprises... De Séoul à Yokohama, deux pays divisés par l’histoire ont vibré à l’unisson, à leur façon, pour leurs équipes respectives, qui ont fait mieux que de la figuration. Couronnée par la victoire d’un Brésil donné sur le déclin, la Coupe du monde extrêmeorientale n’a pourtant pas été celle du beau jeu. Disputée dans la foulée d’une saison européenne épuisante, elle a mis en lumière la démesure des calendriers imposés à des joueurs physiquement à bout, symbolisée par la faillite de l’équipe de France. Une Coupe du monde exotique Qui, au soir du match d’ouverture le 31 mai à Séoul, aurait misé un yen sur le dernier carré d’une Coupe du monde certes exotique mais promise une fois encore à la domination des nations de tradition ? Qui aurait parié sur la Corée du Sud ? Imaginé que les Sénégalais alignés ce jour-là contre les champions du monde français allaient voyager jusqu’aux quarts de finale après avoir infligé leur première correction aux coéquipiers de Zidane ? Défenseur des « petits », le président de la FIFA, Sepp Blatter, a été gâté. Jamais les nations émergentes du football n’ont autant brillé que durant ce mois de compétition : la Corée du Sud et le Japon ont comblé des supporters néophytes mais exigeants. Dirigés par des entraîneurs européens déifiés de leur vivant (Guus Hiddink pour la Corée et Philippe Troussier pour le Japon), les pays hôtes ont réussi leur opération commando, l’un en ne cédant qu’en demifinale face à l’Allemagne, l’autre en atteignant les huitièmes de finale. Troisième pays africain sur le papier, le Sénégal a fait mieux que le Nigeria et le Cameroun. Enfin la Turquie, plus connue pour ses équipes de club que pour sa sélection nationale, n’a cédé que face au Brésil en demi-finale et restera l’une des équipes les plus séduisantes de la compétition. Éternel Brésil, inoxydable Allemagne Emportés par la folie ambiante, certains se sont même pris à rêver d’une finale abracadabrante entre la Turquie et la Corée du Sud, mais c’est finalement une affiche beaucoup plus classique qu’a offerte le match de clôture, le 30 juin à Yokohama. À un détail près : respectivement quatre fois et trois fois champion du monde (avant la finale), le Brésil et l’Allemagne ne s’étaient jamais affrontés lors d’une Coupe du monde. L’erreur de programmation a été réparée par une jolie finale, équilibrée jusqu’en milieu de seconde mi-temps et finalement emballée par un Brésil plus talentueux. Auteurs d’un sans-faute avec sept victoires en sept matches, 18 buts marqués pour 4 encaissés, les « Auriverde » ont répondu aux critiques qui avaient éreinté l’entraîneur Luiz Felipe Scolari après des éliminatoires laborieuses. Fidèle à son habitude, le Brésil l’a emporté grâce à ses brillantes individualités – Ronaldo, Ronaldinho et Rivaldo notamment –, alors que l’Allemagne – qui n’avait pas non plus été épargnée par les sarcasmes et s’était présentée en Asie avec de modestes ambitions – montrait un formidable esprit collectif pour récupérer sa place parmi l’élite du football. Ronaldo au 7e ciel Présentée un peu sommairement comme un duel entre l’attaquant brésilien Ronaldo et l’Allemand Oliver Kahn, meilleur gardien du Mondial, la finale a tourné à l’avantage du Sud-Américain. En inscrivant les 2 buts de la finale à Kahn qui n’avait été battu qu’une fois en six matches, Ronaldo a stoppé le parcours inattendu des hommes de Rudi Völler pour devenir le meilleur buteur de la compétition (8). Quatre ans après le rendez-vous manqué au Stade de France, en finale de la Coupe du monde 1998 face aux Bleus, et après une longue traversée du désert consécutive à de multiples blessures au genou, le Brésilien est ainsi revenu à son meilleur niveau, montant en puissance à chacun des sept matches de la Seleçao, pour offrir un cinquième titre mondial à son pays (1958, 1962, 1970, 1994, 2002), également finaliste lors des trois dernières éditions. La France déçoit Le Brésil et l’Allemagne ont, en fin de compte, permis à la tradition de triompher sur la jeunesse et à downloadModeText.vue.download 197 sur 380 SPORTS ET RÉSULTATS 195 la fougue de nations comme la Corée du Sud ou la Turquie de s’exprimer. Beaucoup d’autres favoris, en revanche, ont fait pâle figure, à commencer par les tenants du titre. Champions du monde chez eux en 1998, les Français sont arrivés avec la prétention de défendre leur bien. Ils sont repartis de Corée sans avoir marqué le moindre but. Défaits d’entrée par le Sénégal, tenus en échec par l’Uruguay, ils ont sombré face au Danemark lors du match qu’il ne fallait pas perdre. Dès le début privés de Zinedine Zidane, leur chef d’orchestre blessé lors d’une rencontre de préparation très contestée face à la Corée, les Bleus de Roger Lemerre ont été inexistants. Péché d’orgueil, usure physique et mentale, mauvais choix tactiques de la part d’un entraîneur limogé à la suite de la compétition, sont autant de facteurs qui ont conduit à la débâcle. Outre la France, sortie sans gloire dès les matches de poule, d’autres pays ont vite trébuché. L’Argentine, l’un des favoris, n’est pas sortie vivante du fameux « groupe de la mort » qui comprenait également l’Angleterre, la Suède et le Nigeria. Le Portugal a buté contre deux révélations, les États-Unis et la Corée du Sud, cette dernière, portée par une vague d’hystérie patriotique inédite dans l’histoire de la compétition, s’offrant également le scalp de l’Italie puis celui de l’Espagne. L’arbitrage en question Outre ces fausses notes sportives qui ont découragé des millions de téléspectateurs déjà victimes du décalage horaire, la Coupe du monde a souffert d’autres bévues. Les matches se sont souvent déroulés dans des stades peu remplis, mais c’est surtout l’arbitrage qui a été le point noir de la compétition. Déjà montrés du doigt lors des matches de poule – Croatie-Italie, par exemple –, les arbitres ont continué à commettre de lourdes erreurs, grossies par le prisme de la télévision. C’est ainsi que la Corée du Sud a éliminé l’Italie puis l’Espagne grâce à un arbitrage favorable des hommes en noir. Au point que le président de la FIFA, Sepp Blatter, a promis des réformes et stigmatisé le manque d’expérience de certains arbitres, notamment ceux originaires des petits pays, privés de sélection à partir des demi-finales. downloadModeText.vue.download 198 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 196 ATHLÉTISME Montgomery détrône « Mo » Ce n’est que le fantôme de Maurice Greene qui s’est aligné dans les grands meetings de la saison 2002. Après six défaites humiliantes pour un sprinter habitué à tout rafler, le triple champion du monde a perdu en toute fin de saison l’un de ses titres les plus précieux : celui de recordman du monde du 100 m. Le 14 septembre, lors de la finale du Grand Prix au stade Charléty à Paris, l’Américain Tim Montgomery est devenu le nouvel homme le plus rapide du monde en 9″ 78, à un centième de l’ancien record établi par son compatriote en 1999 à Athènes. Avec un vent favorable de 2 m/s, soit la limite autorisée, le sprinter de 27 ans, ancien joueur de football américain, a surmonté le handicap d’un physique discret (1,78 m pour 69 kg) pour battre le record de la distance reine de l’athlétisme. Vicechampion du monde 2001, partenaire de Marion Jones à l’entraînement comme dans la vie, Montgomery s’annonce ainsi comme l’un des principaux rivaux de Greene, qui tentera en 2003 de défendre son titre lors des Championnats du monde à Paris. Autre prétendant au titre, le champion d’Europe britannique Dwain Chambers a battu régulièrement Greene et égalé, lors de la course de Charléty, le record d’Europe de son compatriote Linford Christie (9″ 87). Un Euro bien faible Tous ces exploits chronométriques de fin de saison ont fait oublier un début d’été un peu triste sur le plan des performances. Coincée entre deux championnats du monde, l’année 2002 n’a pas été riche en records. Les Championnats d’Europe disputés à Munich, certes sous une pluie ininterrompue, ont été à ce titre d’un piètre niveau. L’un des rares éclairs de la compétition est venu de la course de la Britannique Paula Radcliffe auteur sur le 10 000 m d’un nouveau record d’Europe en 30′ 01″ 09. Autre exploit : le Grec Konstandinos Kenteris est devenu le deuxième Européen sur 200 m, à 13/100 du record mythique de Pietro Mennea. Si les Championnats d’Europe ont manqué parfois de substance, ils ont réservé de belles émotions et donné lieu à de formidables retours. Stéphane Diagana s’est ainsi imposé sur 400 m haies après avoir un temps songé à mettre un terme à sa carrière. Une Turque inconnue, Sureyya Ayhan, a grillé la politesse à la « grande » Gabriela Szabo sur 1 500 m, Steve Backley s’est offert un quatrième titre au jave- lot, alors que sur 800 m le Danois Wilson Kipketer remportait enfin, un titre européen. Quatre ans après le piètre bilan des Championnats d’Europe de Budapest, les Tricolores ont fait meilleure figure en remportant, outre celle de Diagana, trois médailles d’or : sur 200 m, Muriel Hurtis s’est imposée en toute logique ; sur 1 500 m, Mehdi Baala a eu besoin d’une photo-finish pour battre Reyes Estevez, et le relais 4 × 100 m féminin a conservé son titre, permettant à Muriel Hurtis de revenir de Munich avec deux médailles d’or, un doublé réussi également par le sprinter Dwain Chambers. En tout, ce sont sept médailles que les Français ont ramenées d’Allemagne. Au classement par nations, la Russie a repris la main après l’avoir abandonnée à la Grande-Bretagne lors de la dernière édition de l’Euro. Avec 24 médailles, dont sept en or, les Russes devancent cette fois largement les Britanniques (14/7). Derrière, l’Espagne a séduit grâce à ses coureurs de fond, lauréats de 12 des 15 médailles ibériques. Jones et El Guerrouj toujours Alors que les Européens en décousaient modestement à Munich, Américains et Africains ont dû se contenter d’une simple saison de meetings. Pour quatre d’entre eux au moins, l’été a été faste. En remportant les sept meetings de la Golden League dans leur discipline respective, sans pour autant réaliser d’exploits chronométriques, l’Américaine Marion Jones (100 m), le Marocain Hicham El Guerrouj (1 500 m), la Cubaine Ana Guevara (400 m) et le Dominicain Felix Sanchez (400 m haies) ont ramené chacun plus de douze kilos d’or convertis en dollars. Défiée par l’Ukrainienne Zhanna Pintusevich qui lui avait subtilisé le titre mondial du 100 m en 2001, Jones a pris sa revanche en 2002. Elle a dominé trois fois sa rivale en trois rencontres et terminé la saison sur un formidable bilan de 59 victoires en 60 courses depuis 1997. Outre celui de Montgomery, l’unique record du monde battu en 2002 est sujet à caution. Le Marocain Brahim Boulami, auteur d’un nouveau record sur 3 000 m steeple mi-août à Zurich en 7′ 53″ 17, a en effet été contrôlé positif à l’EPO à la veille de sa course. L’autre grosse affaire de dopage révélée au cours de la saison concerne le Belge d’origine marocaine Mohamed Mourit, champion du monde de cross, également contrôlé positif à l’EPO. downloadModeText.vue.download 199 sur 380 SPORTS ET RÉSULTATS 197 AUTOMOBILE Schumi tue le suspense La troisième victoire consécutive de Michael Schumacher dans le Championnat du monde des pilotes de F1 était presque écrite. Impérial en 2000 et 2001, l’Allemand bénéficiait une fois encore de la meilleure des montures. Après avoir mis quelques saisons à apprivoiser la Ferrari, Schumi en a fait un bolide invincible au point d’empocher le titre mondial à mi-saison, tuant ainsi tout l’intérêt de la compétition. Dans les années 80 déjà, McLaren et Williams avaient déjà écrasé ainsi le Championnat du monde de formule 1, mais, à l’époque, à l’image des célèbres duels entre Alain Prost et Ayrton Senna, deux pilotes se disputaient la suprématie au sein de ces écuries vedettes. Onze fois victorieux en 2002, contre neuf la saison précédente, Michael Schumacher prend désormais le large au nombre des victoires en Grand Prix (64 dont 45 avec Ferrari), loin devant Alain Prost (51), et il rejoint le mythique Juan Manuel Fangio au nombre des titres mondiaux avec cinq couronnes. Avant de faire triompher trois fois la Scuderia, l’Allemand avait en effet été champion du monde à deux reprises avec Benetton en 1994 et 1995. Au passage, il a pulvérisé de nombreux records : le sacre le plus précoce (à six courses de la fin), dès juillet en France, le nombre de succès en une saison (11), le nombre de points marqués dans un championnat (144 sur 170 possibles), ainsi qu’une présence sans faille sur le podium lors des dix-sept Grand Prix avec cinq deuxièmes et une troisième places. Un grand chambardement ? Le Brésilien Rubens Barrichello, coéquipier modèle et discipliné de Schumacher chez Ferrari, s’étant adjugé cinq victoires, la concurrence a dû se disputer de bien maigres miettes : Williams et McLaren se sont imposés une fois chacun grâce à Ralf Schumacher et David Coulthard. Pis : la stratégie d’équipe de la Scuderia a souvent choqué les observateurs, comme en Autriche, lorsque Barrichello, en tête, avait laissé passer son « patron » lors du dernier tour, respectant ainsi les consignes au détriment de l’esprit sportif. En retour, Schumacher laissa au moins trois fois (en Hongrie, en Italie et aux États-Unis) la victoire au Brésilien pour lui garantir une place de deuxième au classement général. Privée de suspense, la F1 version 2002 a connu une véritable crise. Les audiences télévisées et les entrées payantes sur les circuits ont été en chute libre au point de provoquer une réflexion en profondeur chez les responsables de la F1 et la menace d’un grand chambardement dans les règlements afin de ménager l’intérêt de la compétition, au risque de pénaliser l’écurie le plus en pointe de ces dernières années. Chez Ferrari, on se refuse pour l’instant à associer une seconde tête d’affiche à Michael Schumacher afin de générer un spectacle né d’une lutte interne. Grönholm et Peugeot intouchables Dans le Championnat du monde des rallyes, le suspense a été légèrement plus soutenu qu’en formule 1. Sur l’invincible Peugeot 206, le Finlandais Marcus Grönholm, déjà sacré champion du monde en 2000, s’est adjugé un deuxième titre lors du Rallye de Nouvelle-Zélande, avant même les deux dernières épreuves. Avec huit victoires (5 pour Grönholm et 3 pour Gilles Panizzi) en quatorze manches, huit doublés, un triplé, le constructeur français a décroché un troisième titre mondial des constructeurs consécutif et une deuxième couronne pour Grönholm, marquant la saison 2002 de sa suprématie. Encore en piste sur les routes des rallyes en 2003, la 206 sera remplacée par la 307 en 2004. Impérial, Grönholm a surpassé son coéquipier, le tenant du titre Richard Burns, très décevant malgré la qualité de sa voiture et qui a privé les amateurs du duel annoncé entre les pilotes Peugeot. Burns absent, c’est le jeune Norvégien Petter Solberg, vainqueur à Cardiff du premier rallye de sa carrière sur Subaru, qui s’empare de la deuxième place du Championnat du monde et décroche le titre de révélation de la saison. BASKET Les Américains à terre Les États-Unis abordaient avec beaucoup d’ambition les Championnats du monde disputés dans leur fief d’Indianapolis. Mais ce n’est que l’ombre d’une Dream Team qui s’est alignée lors des dix jours de compétition. Finalement sixièmes – la plus mauvaise place de leur histoire –, les Américains, qui se présentaient avec un bilan de 58 succès consécutifs, ont été successivement battus par l’Argentine en match de poule, par la Yougoslavie en quarts de finale et par l’Espagne lors de la rencontre de classement. Basée sur le talent de ses individualités, l’équipe composée des stars de la NBA – certes privée de downloadModeText.vue.download 200 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 198 Shaquille O’Neal blessé – n’a pas su créer l’esprit de groupe nécessaire dans toute compétition internationale et a concédé sa première défaite internationale depuis la participation de joueurs du championnat professionnel. À l’inverse, la Yougoslavie de Divac, championne d’Europe, a su fédérer ses stars pour décrocher le cinquième titre mondial de son histoire. Privé de nombreux poids lourds en raison des modes de sélection et du nombre d’équipes restreint (16), le Championnat du monde 2002 a permis l’émergence de pays neufs tels que l’Argentine, premier bourreau des Américains et surprenant finaliste, et la Nouvelle-Zélande. Chez les dames, en revanche, la logique a été totalement respectée lors des Championnats du monde disputés en Chine. États-Unis, Russie, Australie... le podium est le même que celui des Mondiaux précédents disputés en 1998. Championnes olympiques et désormais septuples championnes du monde, les Américaines vengent ainsi leurs décevants homologues masculins. Les Lakers triplent Absent du Mondial, Shaquille O’Neal a en revanche permis le triomphe des Los Angeles Lakers dans le championnat NBA. Victorieux des New Jersey Nets par 4 victoires à 0 lors de la finale, les Californiens ont donc réussi un sans-faute pour remporter le neuvième titre de l’histoire du club et réussir le premier triplé de leur palmarès. Installés à Los Angeles en 1960, les Lakers s’étaient déjà illustrés en remportant cinq titres dans la ville de Minneapolis. Sacré meilleur joueur de la finale pour la troisième année consécutive, Shaquille O’Neal restera le grand bonhomme de la saison. Mais cette nouvelle victoire est également à mettre au crédit de l’entraîneur Phil Jackson, désormais neuf fois champion NBA, six avec les Chicago Bulls et trois avec les Lakers. Europe : le Panathinaïkos au sommet Dans l’Euroligue, compétition majeure entre clubs, les Grecs du Panathinaïkos ont créé la surprise en dominant une équipe de Bologne qui avait l’avantage du terrain. Chez les dames, un an après sa défaite en finale européenne face à Bourges, c’est un autre club français, Valenciennes, qui a remporté l’Euroligue pour la première fois de son histoire en battant les Polonaises de Gdynia. Championnes de France devant Bourges, les Nordistes réussissent ainsi une saison sans faute. Dans le Championnat de France masculin, Villeurbanne a également renversé la tendance. Le club de la banlieue lyonnaise, qui s’était incliné face à Pau-Orthez dans la finale 2001, s’est cette fois imposé sans conteste, 2 victoires à 0, sur les joueurs pyrénéens. BOXE Tyson au tapis Le Britannique Lennox Lewis a remporté le combat tant attendu et maintes fois reporté contre Mike Tyson, l’ancien champion du monde des lourds. Il n’a pas fallu plus de huit reprises au géant britannique pour démolir le mythe Tyson, qui rêvait de revenir au sommet après les cahots extra-sportifs de sa carrière. À trente-six ans, Lewis s’est donc offert à Memphis sa quarantième victoire pour deux défaites et un nul. Tyson, lui, a encaissé là sa quatrième défaite pour 49 succès. « Tyson a dominé le monde à dixneuf ans mais moi, comme le bon vin, je me suis bonifié en vieillissant. C’est moi le maître », jubilait Lennox Lewis après sa victoire. De retour après quinze mois d’absence, Oscar de la Hoya a lui aussi frappé un grand coup. Opposé à son compatriote Fernando Vargas, également d’origine mexicaine, l’Américain de vingt-neuf ans n’a pas fait de détail pour reconquérir le titre unifié WBA-WBC des super-welters au cours d’un combat qui a tenu toutes ses promesses. De la Hoya est désormais crédité de 35 victoires, dont 29 avant la limite, pour deux défaites, face à Felix Trinidad et Shane Mosley. Ce dernier a lui-même été battu lors d’un autre combat-événement dans la catégorie inférieure des welters par Vernon Forrest, qui affiche désormais, lui, un palmarès vierge de défaite. Dans la catégorie des mi-lourds, l’Américain Roy Jones a par ailleurs défendu victorieusement son titre unifié en dominant notamment le modeste Australien Glen Kelley. CYCLISME Armstrong, quatrième L’Américain Lance Armstrong, patron du Tour de France depuis 1999, n’a pas longtemps laissé planer le suspense sur la 99e édition de la Grande Boucle, la plus courte de l’histoire avec seulement 3 277 km downloadModeText.vue.download 201 sur 380 SPORTS ET RÉSULTATS 199 parcourus. À trente ans, le Texan s’est offert une quatrième victoire consécutive, acquise, une nouvelle fois, avec la manière et grâce à quatre victoires d’étape. Relégué à plus de 7 minutes, son dauphin, l’Espagnol Joseba Beloki, n’a rien pu faire. À l’inverse des autres années où il avait surtout construit ses succès dans les étapes contre-la-montre, Armstrong a cette fois gagné le Tour dans la montagne. Il a notamment écrasé ses rivaux dans le plateau de Beille, trois jours après avoir laissé le Colombien Severiano Botero créer la surprise dans le premier contre-la-montre. Assisté par des équipiers de choc au sein de la formation US Postal, Armstrong s’est emparé du maillot jaune le jour de sa victoire dans l’étape pyrénéenne de la Mongie, pour ne plus jamais l’abandonner malgré la froideur manifeste du public français. Victime d’un cancer en 1996, Armstrong le miraculé dépasse son compatriote Greg LeMond, triple vainqueur, et rêve désormais de rejoindre le prestigieux club des quintuples lauréats de l’épreuve : Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Bernard Hinault et Miguel Indurain. Mieux, de devenir le premier coureur à six victoires. Une perspective qui n’est pas surréaliste en l’absence de relève digne de ce nom. Son rival annoncé, l’Allemand Jan Ullrich, a en effet accumulé les malheurs en 2002. Après avoir dû renoncer à l’essentiel de la saison en raison d’un genou douloureux, le lauréat du Tour 1997 a été contrôlé positif aux amphétamines pendant sa rééducation. Rumsas jette une ombre Épargné par les scandales durant les trois semaines de course, le Tour a été rattrapé par les affaires de dopage après son arrivée sur les Champs-Élysées. Le jour de la dernière étape en effet, l’épouse du Lituanien Raimondas Rumsas, troisième de l’épreuve qu’il disputait pour la première fois, à trente ans, était arrêtée dans les Alpes en possession de nombreux produits pharmaceutiques, notamment des corticoïdes, de la testostérone, de l’EPO. À l’issue d’une garde à vue rocambolesque, durant laquelle elle n’a cessé de soutenir que les produits étaient destinés à sa mère, Edita Rumsas était emprisonnée durant plusieurs mois, et la crédibilité du podium du Tour de France, sérieusement entachée. Jalabert s’en va Mais, du Tour 2002, il restera d’autres images que celles d’un Armstrong intouchable ou d’un Rumsas suspecté. Pour de nombreux spectateurs français, et malgré la formidable victoire du revenant Richard Virenque en haut du mont Ventoux, le véritable héros de l’épreuve restera Laurent Jalabert. Auteur de deux longues échappées dans les Pyrénées, « Jaja » a véritablement animé une course jouée d’avance avant d’annoncer sa décision de mettre un terme à sa carrière à la fin de la saison. À trente-quatre ans, Jalabert s’en va après presque vingt ans de car- rière et 139 victoires, dont un titre de champion du monde du contre-la-montre et un Tour d’Espagne. Privé de victoire d’étape dans le Tour malgré ses audacieuses tentatives, le Français est finalement monté deux fois sur le podium à Paris, remportant les maillots de meilleur grimpeur et de coureur le plus combatif, comme en 2001. Autre coureur honoré, l’Australien Robbie McEwen, vainqueur du sprint sur les Champs-Élysées, a remporté le classement par points et détrôné ainsi l’Allemand Erik Zabel, six fois lauréat du maillot vert. L’Italie aux deux visages Au rayon des déceptions du Tour de France, il faut, une fois encore, ranger le peloton des Italiens. Victorieux d’un seul Tour en trente ans (Marco Pantani en 1998), les Transalpins ont une fois de plus brillé par leur absence dans la Grande Boucle. Seul Dario Frigo a sauvé l’honneur en décrochant une victoire d’étape. Inexistante sur le Tour, l’Italie s’est rachetée lors des Championnats du monde disputés à Zolder, en Belgique. Sur un circuit plat, taillé sur mesure pour les sprinters, Mario Cipollini, vétéran de trente-cinq ans, s’est offert le titre mondial lors d’une épreuve qu’il disputait pour la première fois de sa carrière et a pris la succession de Gianni Bugno, dernier champion du monde italien, sacré en 1992. Sur les routes des classiques, les Italiens ont également brillé en remportant six épreuves de Coupe du monde sur dix. Au classement général, c’est Paolo Bettini, vainqueur pour la deuxième fois de Liège-Bastogne-Liège, qui s’impose devant le Belge Johann Museeuw, victorieux de Paris-Roubaix, et un autre Italien, Michele Bartoli. Les Français déçoivent sur la piste Autrefois propriété presque exclusive des Français, les titres sur piste ont été redistribués lors des championnats du monde disputés à Copenhague, où les Australiens et les Britanniques ont brillé. Maître de la vitesse et du kilomètre, Arnaud Tournant a abandonné ses deux titres et la France, championne du monde en 2001, n’est même pas montée sur le podium de l’épreuve de vitesse par équipes. L’unique downloadModeText.vue.download 202 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 200 titre tricolore a été arraché in extremis par l’équipe de course à l’américaine. Un mauvais cru. ÉQUITATION L’Allemagne en retrait, la France en forme Les cinquièmes Jeux équestres mondiaux à Jerez de la Frontera ont été le théâtre de changements dans la hiérarchie mondiale de l’équitation. Certes les Allemands, quatre fois médaillés lors des JO de Sydney, restent les meilleurs cavaliers si l’on se fie au palmarès final, mais ils ont cédé beaucoup de terrain à leurs rivaux, notamment en saut d’obstacles et en concours complet. Il n’y a qu’en dressage que les cavaliers d’outre-Rhin ont conservé leur suprématie grâce à la victoire de Nadine Cappelmann en individuel et à leur victoire par équipes. La France a elle quitté l’Andalousie, riche de succès inespérés qui la placent devant la GrandeBretagne au classement des nations. En concours complet, Jean Teulère a décroché une médaille d’or en individuel et une d’argent par équipes. En saut d’obstacles, douze ans après son titre de champion du monde, Éric Navet a lui failli rééditer l’exploit, ne s’inclinant que pour quelques points devant l’Irlandais Dermott Lennon et remportant ainsi une médaille d’argent. Une déception vite oubliée grâce à l’or conquis par l’équipe de France de saut. ESCRIME La Russie en pointe Avec neuf médailles, dont six en or, la Russie a largement dominé les Championnats du monde d’escrime, profitant par ailleurs de la méforme d’autres nations de tradition comme l’Italie ou la France. Star d’une sélection russe souveraine, le sabreur Stanislav Pozdniakov l’a emporté en individuel et par équipes, comme en 2001. Plus inattendue, la victoire des fleurettistes féminines a sonné le glas de l’ère italienne. Svetlana Bojko et Ekaterina Youcheva, médaillées d’or et d’argent en individuel, n’ont laissé que des miettes à Valentina Vezzali, la double championne olympique de Sydney. Nation phare lors des Mondiaux de Nîmes en 2001, la France a été en demi-teinte, réalisant son plus mauvais score depuis cinq ans, sans doute paralysée par les séquelles de l’affaire Flessel. La double championne olympique d’épée, porte-drapeau de sa délégation, a en effet été contrôlée positive au coramine glucose quelques semaines avant la compétition. Victime d’une erreur de prescription selon ses dires, la Française a quitté très vite le tableau et les Tricolores ont dû attendre jusqu’au dernier jour une première médaille d’or remportée par l’équipe des épéistes messieurs. FOOTBALL Lyon par K.-O. C’est une finale, une vraie, qu’a connue le championnat de France édition 2002. Au terme d’un « match K.-O. » inédit opposant les deux premiers du classement lors de la dernière journée, le deuxième, Lyon, condamné à l’emporter pour s’adjuger le titre, a battu le premier, Lens (3 à 1), à qui un match nul suffisait. Dauphin de Lens depuis la quatorzième journée, Lyon comptait encore huit points de retard à dix journées de la fin. Mais une fin de saison mieux maîtrisée a permis aux joueurs de l’entraîneur Jacques Santini de grignoter leur retard sur les Nordistes pour remporter sur le fil le premier titre national de l’histoire du club. Équipe la plus régulière depuis plusieurs années, Lyon avait dû se contenter jusqu’alors de places d’honneur en championnat (2e en 2001, 3e en 2000 et 1999) et d’un seul succès, en finale de la Coupe de la ligue 2001. Ce titre est une consécration pour la politique du président Jean-Michel Aulas, en poste depuis 1987. Remonté en D1 en 1989 après six ans de deuxième division, Lyon avait retrouvé les Coupes d’Europe en 1991 et se signalait depuis par un recrutement ambitieux et un budget conséquent (91 millions d’euros) dans un seul but avoué : remporter, enfin, le titre national. Grâce à cette constance, Lyon se qualifie pour la septième fois en huit saisons pour une Coupe d’Europe – dont trois Ligues des champions. Derrière, le Paris-Saint-Germain a à nouveau échoué à revenir au premier plan. Quatrièmes derrière Auxerre, les joueurs de Luis Fernandez ne sont pas parvenus à se qualifier pour la plus prestigieuse des compétitions européennes. À partir de l’édition 2002-2003, l’élite du football français compte deux clubs de plus. Ce sont vingt équipes qui se disputent le titre national. Ajaccio, Strasbourg, Nice et Le Havre sont les nouveaux venus tandis que Metz et Lorient sont downloadModeText.vue.download 203 sur 380 SPORTS ET RÉSULTATS 201 relégués en deuxième division. Un paradoxe pour le club breton, incapable de défendre ses chances en championnat mais finaliste de la Coupe de la ligue et vainqueur de la Coupe de France. Zidane au 9e ciel Sur le front européen, l’année 2002, à défaut de sourire à de bien pâles clubs français, a encore été madrilène. Déjà champions d’Europe en 2000, les Espagnols ont fait respecter la logique en finale face aux surprenants Allemands du Bayer Leverkusen, pour remporter la neuvième Ligue des champions (autrefois Coupe des clubs champions) de l’histoire du club. Ce sacre était écrit au vu de la composition d’une équipe qui réunit la plupart des meilleurs joueurs du monde : notamment Raul, Luis Figo, Roberto Carlos et Zinedine Zidane. Le Français, champion du monde (1998) et d’Europe (2000) avec l’équipe de France, comble ainsi la dernière lacune de son immense palmarès en remportant la compétition de club continentale la plus prisée. Plus grand club du monde, le Real Madrid s’est en outre offert, au début de la saison 2002/2003, le meilleur joueur de la Coupe du monde, le Brésilien Ronaldo, acheté à l’Inter de Milan. Si la victoire de Madrid dans la C1 n’a pas vraiment étonné, en revanche celle de Rotterdam dans la Coupe de l’UEFA était plus inattendue. Les Néerlandais, qui bénéficiaient de l’avantage du terrain, ont créé la surprise en dominant Dortmund, champion d’Allemagne. Les Bleus en reconquête À peine remis du désastre de la Coupe du monde, les Tricolores sont repartis en campagne dans l’objectif de se qualifier pour l’Euro 2004 au Portugal, lors duquel ils défendront le titre continental conquis en 2000. Forcé au départ après le zéro pointé de ses joueurs en Corée et au Japon, Roger Lemerre a finalement été remplacé, au terme d’un long suspense, par l’entraîneur de Lyon, Jacques Santini. Ancien de la grande équipe de Saint-Étienne, Santini a osé un grand ménage dans le groupe bleu, déjà marqué par les retraites de Djorkaeff, Leboeuf et Dugarry. Le mélange des cadres champions du monde (Desailly, Vieira ou Zidane) et des nouvelles recrues a vite porté ses fruits : après un nul lors d’un match amical contre la Tunisie et une victoire poussive sur Chypre lors du premier éliminatoire de l’Euro, les Français ont retrouvé leurs réflexes et séduit lors des deux rencontres suivantes, face à la Slovénie puis à Malte. GOLF Woods, toujours Sept sur treize, c’est le bilan des victoires de Tiger Woods dans les derniers tournois du grand chelem. Sept sur treize, soit plus d’un sur deux : un exploit au golf. En remportant cette année le troisième Masters de sa carrière, l’Américain de vingt-six ans a ajouté une ligne à une légende déjà longue. En 2001, Woods avait réussi le grand chelem sur deux ans, remportant trois tournois consécutifs en 2000, agrémentés du Masters en 2001. En 2002, le Californien avait l’ambition de réussir la passe de quatre sur une seule année. Après avoir remporté les deux premières levées, le « Tigre » a calé, manquant notamment pour un point la première place de l’USPGA, mais a clairement réaffirmé son objectif pour 2003. Derrière, les rivaux de Woods se sont partagé les titres. Le Sud-Africain Ernie Els a ainsi remporté son troisième tournoi majeur dans le British Open, arrachant la victoire au surprenant Français Thomas Levet en barrage. Lors du quatrième et dernier grand tournoi, l’USPGA, c’est l’Américain Rich Beem qui a surpris le numéro un mondial. Malgré sa domination, Tiger Woods n’a rien pu faire pour empêcher l’Europe de récupérer la Ryder Cup perdue en 1999. Lors de la 34e édition de cette épreuve mythique disputée à Sutton Coldfield en Angleterre, les golfeurs du Vieux Continent se sont imposés par 15,5 points à 12,5. Invaincus, l’Écossais Colin Montgomerie et l’Allemand Bernhard Langer, notamment, ont contribué au cinquième succès de l’Europe dans cette compétition. Créée en 1927, la Ryder Cup a d’abord opposé les États-Unis à la Grande-Bretagne, puis à l’Europe à partir de 1979. GYMNASTIQUE Russie et Roumanie impériales Le scénario des Championnats du monde 2001 à Gand s’est répété à Patras, en Grèce, lors des Championnats d’Europe. La Russie, impériale grâce à ses gymnastes féminines, a été moins brillante chez les garçons. Seul Alexandre Nemov a réussi à emporter un titre lors de la finale du sol et les ex-rois de la discipline, encore favoris à Patras, ont dû se contendownloadModeText.vue.download 204 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 202 ter d’une deuxième place par équipes. Ce sont les Roumains qui ont emporté les deux principaux titres de l’épreuve. Ceux du concours par équipes et du concours général individuel grâce à Dan Potra. Les Grecs, portés par leur public, ont décroché deux titres par appareil. Chez les dames, en revanche, la Russie n’a laissé que des miettes aux autres nations en l’absence des Roumaines. Victorieuses par équipes, les Russes ont également glané trois des quatre titres des finales par appareils et triomphé dans le concours général grâce à Svetlana Khorkina. Âgée de vingt-trois ans, celle-ci remporte ainsi son troisième titre continental du concours général – agrémenté d’une médaille d’or aux barres asymétriques –, égalant le record détenu par la légendaire Nadia Comaneci. En remportant trois médailles d’or à Patras, la Russe est par ailleurs devenue la gymnaste la plus médaillée aux Championnats d’Europe avec 15 médailles – 10 d’or et 5 d’argent. Signe de l’internationalisation de la gymnastique, de nouvelles nations ont fait leur entrée au palmarès européen. Les Pays-Bas, deuxièmes chez les dames, s’offrent ainsi leur première médaille par équipes dans l’histoire de la compétition, de même que l’Italie, troisième. HANDBALL La Suède immuable En s’offrant son troisième titre européen consécutif, la Suède a confirmé sa domination. Si les Scandinaves semblent indéboulonnables au sommet, la hiérarchie européenne a bougé au regard de la compétition. Exit les champions olympiques russes (5e), les champions du monde français (6e), les Espagnols (7e), les Yougoslaves (10e)... En 2002, les places d’honneur ont été gagnées par des nations inattendues à ce niveau : finaliste malheureuse, l’Allemagne a ainsi failli créer la surprise en poussant les favoris suédois aux prolongations. Demi-finalistes, les Islandais et les Danois n’étaient pas plus attendus. La victoire de la Suède n’est pas pour autant un bon présage pour l’avenir du handball national : sur les 16 champions d’Europe, 9 ont en effet plus de trente ans, et les trois stars de l’équipe – Magnus Wislander, désigné meilleur joueur du siècle par ses « confrères », Staffan Olsson, Ola Lindgren – affichent même trente-huit ans. Un renouvellement s’impose donc avant la campagne olympique où la Suède, championne du monde en 1990 et 1999, tentera de décrocher en 2004 le seul titre qui manque à son palmarès. Champions du monde en 2001, les Français ont une nouvelle fois démontré leur inconstance en terminant à un rang indigne de leur talent, manquant d’une place la qualification directe pour l’Euro 2004. Dans le championnat national, Chambéry et Montpellier ont continué leur rotation en tête du palmarès. Cette saison, c’est le club languedocien qui a pris la première place devant les Savoyards. HOCKEY SUR GLACE Une première slovaque La Slovaquie a remporté le premier titre mondial de son histoire dans un sport collectif. Malgré leur courte victoire sur la Russie en finale des Championnats du monde disputés en Suède, les Slovaques sont toutefois loin d’avoir comblé le retard sur leurs anciens frères tchèques, médaillés d’or en 1996, 1999, 2000 et 2001, et éliminés cette fois en quarts de finale par les Russes. Exsangue après la partition du pays, le hockey slovaque s’est reconstruit grâce à l’expatriation de ses meilleurs éléments vers le championnat professionnel nord-américain (LNH). La Slovaquie du capitaine Miroslav Satan fait désormais partie du gotha du hockey mondial. JUDO Un judo de toutes les couleurs À Munich, lors des Championnats du monde 2001, le judo s’était internationalisé avec les victoires inédites d’un Iranien et d’un Tunisien. À Maribor, théâtre des Championnats d’Europe 2002, la tendance s’est confirmée. Sur les 39 équipes nationales présentes en Slovénie, 22 sont reparties avec une médaille. Un record. Dans ce contexte de plus en plus compétitif, la France a encore tiré son épingle du jeu en dominant le tableau des médailles devant les Pays-Bas et l’Allemagne. Lauréats de 9 médailles dont 5 en or, les Tricolores confirment leur mainmise sur le judo européen. Emmenées par Céline Lebrun, titrée en moins de 78 kg pour la quatrième fois, les Françaises ont même conquis le premier titre par équipes mis en jeu lors des Championnats d’Europe. Au total, les femmes remportent quatre des cinq titres français. Chez les hommes, les compétitions ont été marquées par les exploits des frères néerlandais Van downloadModeText.vue.download 205 sur 380 SPORTS ET RÉSULTATS 203 der Geest. En moins de 100 kg, Elcho s’est imposé en dominant le Hongrois Kovacs, champion olympique 1992, tandis que Dennis triomphait en toutes catégories devant la jeune star russe Alexandre Mikhaylin. Ce sont les pays de l’ex-bloc communiste qui ont réalisé la plus impressionnante progression lors de cet Euro. À l’image des Géorgiens, surprenants vainqueurs de l’épreuve masculine par équipes, les Biélorusses, les Ukrainiens, les Polonais ont enregistré d’excellents résultats. MOTO Rossi intouchable Déjà sacré en 2001, Valentino Rossi a conservé son titre avec la manière. Comme l’année précédente, l’Italien l’a emporté à 11 reprises sur 16 courses pour terminer la saison à 140 points de son dauphin Max Biaggi au classement final du championnat du monde des pilotes. Cette domination sans partage dans la catégorie reine rebaptisée MotoGP, Rossi la doit en partie à la qualité de sa Honda V5 de 990 cm 3, nettement supérieure à ses rivales. Contraints de s’adapter en cours de saison, les concurrents de la marque japonaise vedette, en premier lieu ses compatriotes de chez Yamaha, n’ont pas eu le temps de rattraper le retard, malgré la belle fin de parcours de la M1 de Biaggi. Ancien champion du monde 250 cm 3, le Français Olivier Jacques sur Yamaha a fini la saison à la 10e place. Dans les catégories inférieures, ce sont les Aprilia qui ont tiré leur épingle du jeu. En 250 cm 3, l’écurie a permis le triomphe de son pilote vedette Marco Melandri. En 125 cm 3, c’est un Français, Arnaud Vincent, qui s’est imposé lors de l’ultime grand prix devant le tenant du titre, le pilote de San Marin, Manuel Poggiali. NATATION Van Almsick reine d’Europe L’Allemagne, pays hôte, a largement dominé les championnats d’Europe de Berlin et sa nageuse vedette Franziska Van Almsick y est pour beaucoup. Après sept ans de passage à vide, la jeune fille de 24 ans a conquis cinq titres continentaux – un total qu’elle avait déjà réussi en 1995 – pour devenir la nageuse la plus titrée dans l’histoire de la compétition avec 18 médailles d’or récoltées depuis 1993. Pour couronner son retour dans la piscine de Berlin, l’Allemande, certes avantagée par le forfait de la spécialiste néerlandaise du sprint Inge de Bruijn, a amélioré son propre record du 200 m qui datait de 1994. En cinq courses et autant de victoires, FVA a réussi à remiser au second plan les performances de Pieter Van den Hoogenband. Le double champion olympique a nagé le deuxième 100 m le plus rapide de l’histoire en 47 s 86/100 à deux centièmes de son propre record du monde. Dans le 200 m ensuite, il a réussi à descendre sous les 1 min 45 sec pour la première fois de sa carrière, établissant un nouveau record d’Europe (1’ 44″ 89) et laissant entrevoir de fabuleux duels avec son rival australien Ian Thorpe, détenteur du record mondial. Au moment même où VdH brillait à Berlin, Thorpe, 19 ans, faisait, lui, des vagues dans la piscine des Jeux du Commonwealth à Manchester, améliorant son record du monde du 400 m libre, le 17e record de sa carrière. Roi des bassins dans les années 1990, le Russe Alexandre Popov a écrit les dernières lignes de sa légende lors des Championnats du monde. Pour la première fois depuis sa carrière, le « tsar » est revenu bredouille d’un championnat d’Europe. Autre ancien, le Français Franck Esposito a réussi un difficile pari dans un sport de plus en plus jeune. À trente-et-un ans, il a réussi l’une des meilleures saisons de sa carrière sur 200 m papillon, améliorant le record d’Europe avant de conquérir le titre continental. PATINAGE Slutskaya enfin en or Longtemps condamnée aux seconds rôles et battue sur le fil pour le titre olympique, la Russe Irina Slutskaya a enfin remporté un grand titre lors des Championnats du monde de Nagano, considérés par beaucoup de patineurs comme un lot de consolation pour les déçus des épreuves olympiques. Vice-championne du monde en 1998, en 2000 et en 2001, toujours derrière Michelle Kwan, Slutskaya a cette fois-ci battu sa grande rivale américaine en faisant preuve d’un sens artistique que les juges lui déniaient jusqu’alors. Vainqueur de l’épreuve masculine, son compatriote Alexei Yagudin est, à l’inverse, un habitué de la première marche des podiums. Il a décroché à Nagano son quatrième titre mondial, concluant ainsi une année 2002 faste et sans tâche au cours de laquelle downloadModeText.vue.download 206 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 204 il a vécu un quatrième sacre européen et remporté l’or olympique. Yagudin excepté, tous les champions de Salt Lake City avaient boudé le rendez-vous japonais. Cette désertion a permis aux Russes Irina Lobacheva et Ilia Averbukh de s’imposer en danse sur glace, en l’absence des couples français Anissina-Peizerat et italien Fusar Poli-Margaglio. En couples, les Chinois Xue Shen et Hongbo Zhao, vice-champions du monde en 1999 et en 2000, ont empêché un sans-faute russe en apportant à leur pays son premier titre dans une compétition internationale. RUGBY La France à la fête En réalisant le premier Grand Chelem de l’histoire du Tournoi des Six Nations, l’équipe de France de Bernard Laporte est entrée dans la légende. Quatre ans après leur dernier sans-faute dans le Tournoi des Cinq Nations, mais surtout au lendemain de leurs résultats catastrophiques dans la compétition européenne en 2000 et 2001, les Bleus ont prouvé leur valeur retrouvée en dominant l’Angleterre (2015) et en atomisant l’Irlande (44 à 5). Grâce à une équipe totalement renouvelée et soudée autour du capitaine Fabien Galthié et de ses talentueux bras droits – notamment Raphaël Ibanez, Olivier Brouzet, Olivier Magne, Jean-Jacques Crenca, Pieter De Villiers, Serge Betsen, Tony Marsh ou encore Fabien Pelous, ancien capitaine revenu en grâce –, les Français se sont offert le septième Grand Chelem de leur histoire, loin toutefois encore du record (11) de l’Angleterre. Deux mois plus tard pourtant, les Tricolores ont semblé retomber dans leurs vieux travers et souffrir de leur légendaire inconstance. Lors d’une épuisante tournée dans l’hémisphère Sud, grisés peutêtre par leurs huit victoires consécutives en matches internationaux entre novembre 2001 et avril 2002, ils se sont inclinés à trois reprises en test-matches, en Argentine d’abord (28 à 27), puis deux fois chez les champions du monde australiens. Faibles en touche, les Français ont subi la loi des Wallabies (29 à 17) puis (31 à 25), malgré un enthousiasme et une volonté indéniables. Le Sud malmené À l’automne, la tendance s’est inversée. En visite en Europe, les équipes du Sud ont été malmenées par leurs homologues nordistes. La France, d’abord, a puni une méconnaissable Afrique du Sud (30 à 10) avant de faire jeu égal avec les All Blacks (20 à 20) et de remporter un facile succès sur de faibles Canadiens (35 à 3), pour terminer invaincue la série de rencontres. L’Angleterre a fait mieux, humiliant les Springbox (53 à 3) après avoir dominé les Néo-Zélandais (31 à 28) et l’Australie (32 à 31) pour afficher ses grandes ambitions à un an de la Coupe du monde. Décevante lors de ses apparitions automnales, l’Afrique du Sud avait pourtant livré un jeu plein de promesses lors des Tri-Nations, la grande confrontation entre les trois équipes des antipodes. Lors de la dernière journée, les « Boks » avaient dominé les Australiens qui laissaient ainsi échapper le titre en faveur des Néo-Zélandais, sacrés pour la quatrième fois après 1996, 1997 et 1999. Le beau jeu offensif produit par son équipe rajeunie avait alors offert un peu de répit au nouvel entraîneur des Springboks, Rudolf Straeuli, remis sur la sellette après le zéro pointé de la tournée européenne. En tout, les trois équipes sudistes, considérées il y a peu comme les maîtresses du monde de l’ovale, ont remporté deux victoires pour six défaites et un nul en trois semaines de tournée européenne. Le fossé nord-sud, qui paraissait infranchissable quelques saisons en arrière, semble s’être définitivement comblé. À tel point que les poids lourds du Nord comme l’Angleterre ou la France se prennent à rêver à un premier sacre mondial lors de la Coupe du monde 2003, qui sera disputée en Australie, à l’automne. Biarritz revient au sommet En France, le club basque de Biarritz a signé son retour parmi l’élite en remportant le titre national pour la première fois depuis 1939. Désormais riches de trois victoires en Championnat de France, les Biarrots ont créé la surprise en dominant Agen à l’issue des prolongations d’une finale inédite. SKI Eberharter au sommet Après plus de dix ans d’une carrière entamée en fanfare par un double titre mondial en 1991, l’AutridownloadModeText.vue.download 207 sur 380 SPORTS ET RÉSULTATS 205 chien Stephan Eberharter a enfin réussi son retour au premier plan. Longtemps barré par son compatriote et rival Hermann Maier, victime d’un grave accident de moto pendant l’été 2001, Eberharter a dominé la saison. Triple médaillé olympique à Salt Lake City, le Tyrolien de 33 ans a également enlevé la première place au classement général de la Coupe du monde ainsi que les trophées annexes de la descente et du super-G. Chez les dames, quoique moins dominatrices, les Autrichiennes ont également été à l’honneur après des jeux Olympiques plutôt décevants. Championne du monde de descente en 2001, Michaela Dorfmeister a prouvé sa polyvalence en décrochant le grand globe de cristal de la Coupe du monde devant sa compatriote Renate Goetschl, blessée en fin de saison. Son succès final a cependant été éclipsé par le retour en force de la Croate Janica Kostelic, sacrée triple championne olympique quelques mois après une opération du genou. L’équipe de France a pour sa part surmonté le décès accidentel de sa championne du monde de superG, Régine Cavagnoud, en octobre 2001, en réussissant la meilleure saison d’ensemble depuis la fin des années 1960. Outre les deux titres olympiques ramenés des États-Unis, les Français Frédéric Covili et Laure Pequegnot ont remporté respectivement le slalom géant et le slalom féminin. TENNIS La France perd son saladier Trois fois victorieuse (1991, 1996, 2001) depuis l’ère glorieuse des Mousquetaires – vainqueurs sans interruption entre 1927 et 1932 –, l’équipe de France de tennis version moderne espérait bien réussir un doublé inédit en Coupe Davis. Devant le public conquis de Bercy, les hommes de Guy Forget n’ont pourtant pas résisté à l’ambition des Russes. Emmenée par Marat Safin, l’équipe, deux fois battue en finale par le passé, était venue chercher sur la terre battue de Paris la première victoire de son histoire dans l’épreuve. En difficulté après la perte du double, menés 2 points à 1, les Russes ont su rebondir lors de la dernière journée. Dans le match décisif entre les deux plus jeunes joueurs de chaque formation, Mikhail Youzhny a pris le meilleur sur Paul-Henri Matthieu pour offrir un premier saladier d’argent à une nation sans grande tradition tennistique. Hewitt reste en tête Victorieux sur le gazon de Wimbledon mais en demi-teinte dans les autres tournois du Grand Chelem, l’Australien Lleyton Hewitt est parvenu à conserver in extremis son titre de no 1 mondial grâce à sa victoire sur l’Espagnol Juan-Carlos Ferrera en finale du Masters disputé à Shangai. Âgé de vingt et un ans, le joueur d’Adélaïde avait déjà terminé l’année 2001 en tête du classement technique de l’ATP comme à celui de la Champion’s Race. Talonné par l’Américain Andre Agassi, Hewitt a fait preuve de plus de constance que le « Kid de Las Vegas », dont la plus grande performance de l’année 2002 reste une place de finaliste de l’US Open. L’exploit de Sampras Cette finale justement restera dans les mémoires. À trente et un ans, considéré par beaucoup comme un joueur fini, l’Américain Pete Sampras a surmonté ses problèmes physiques et démontré une nouvelle fois son immense talent en dominant son éternel rival dans un énième duel. Victorieux de son quatorzième tournoi du Grand Chelem, Sampras a désormais deux longueurs d’avance sur l’Australien Roy Emerson (12 titres). Derrière lui, fort de sept succès en Grand Chelem, Agassi est le deuxième joueur en activité au classement des quatre tournois majeurs. Outre Wimbledon et l’US Open, les deux autres grands tournois de la saison sont revenus à des outsiders. En Australie, le Suédois Thomas Johansson a dominé le Russe Marat Safin. À Roland-Garros, l’inattendu Albert Costa a remporté une finale 100 % espagnole, privant son compatriote Juan-Carlos Ferrera de son premier succès sur la terre battue parisienne alors qu’il était donné favori. Serena Williams, la passe de trois Chez les dames, les cartes ont été comme à l’habitude beaucoup moins bien partagées. Impériale, la cadette des soeurs Williams, Serena, a dominé par trois fois son aînée Venus lors d’une finale du Grand Chelem : à Roland-Garros, Wimbledon, puis à l’US Open. Incontestable no 1 mondiale, l’Américaine a affiché ses prétentions pour une saison 2003 où elle tentera de devenir la première joueuse depuis l’Allemande Steffi Graf à réussir la passe de quatre. Outre son élimination précoce en Australie où le titre est revenu à Jennifer Capriati, Serena Williams a comdownloadModeText.vue.download 208 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 206 mis un seul faux pas d’importance en 2002 : trop confiante peut-être, elle a cédé en finale du Masters féminin face à la Belge Kim Clijsters. TENNIS DE TABLE La razzia de Boll Le jeune Timo Boll, vingt et un ans, a offert deux titres européens à l’Allemagne, en simple et en double, lors des Championnats d’Europe disputés à Zagreb. La moisson des pongistes masculins d’outre-Rhin aurait pu être parfaite sans le faux pas de la finale de l’épreuve par équipes, où les Allemands ont chuté devant une Suède pourtant vieillissante à l’image du champion olympique 1992, Jan-Ove Waldner, trente-six ans. En Croatie, la finale du simple messieurs s’est disputée sans Suédois, pour la troisième fois seulement en dix Championnats d’Europe. Même en l’absence des Scandinaves, les succès de Boll sont de bon augure à un an des Championnats du monde de Paris, où les Européens auront des arguments de poids à opposer aux maîtres chinois. Chez les dames, le principal atout du Vieux Continent à Paris sera encore la Luxembourgeoise d’origine chinoise Ni Xia Lian qui, à trente-neuf ans, a remporté un nouveau titre en simple après celui décroché en 1998 à Eindhoven. VOILE MacArthur vole la vedette dans le « Rhum » Sur les dix-huit multicoques en lice au départ de la septième Route du rhum à Saint-Malo, trois seulement sont arrivés à Pointe-à-Pitre, mettant en lumière la vulnérabilité de ces bolides des mers, victimes de leur fragilité et d’une météo capricieuse. Dans ces conditions extrêmes, c’est la catégorie des robustes monocoques qui a volé la vedette aux « multi ». Sur le plus rapide d’entre eux, Kingfisher, l’Anglaise Ellen MacArthur a livré une bagarre sans merci à son compatriote Mike Golding. Victorieuse en 13 jours, 13 heures, 31 minutes et 47 secondes, la petite (1,58 m) navigatrice de vingt-six ans a sauvé l’intérêt de la Transat en solitaire et imposé son nom parmi le gotha de la voile, vingt mois après sa deuxième place dans le Vendée Globe. Première femme à l’emporter sur un monocoque, elle a largement amélioré le meilleur temps dans la catégorie, réalisé par Yves Parlier en 1994 (15 jours et 19 heures). Premier dans la catégorie reine des multicoques malgré deux escales techniques, Michel Desjoyeaux a, grâce à la sagesse de ses options, échappé à la malédiction qui a frappé ses concurrents et suscité un débat sur les innovations techniques et la sécurité en mer. Mais son succès devant Marc Guillemot et Lalou Roucayrol, les deux uniques rescapés de la flotte, n’a pas eu le retentissement de celui de son prédécesseur, Laurent Bourgnon, victorieux en 1998. Peyron détrône de Kersauzon Un an après avoir supervisé la première édition de The Race, la course sans limites, Bruno Peyron a repris la mer en mars 2002 pour un nouveau défi. À bord d’Orange, son catamaran géant, le Français a amélioré le record du Trophée Jules Verne en 64 jours, 8 heures, 37 minutes et 40 secondes. Le précédent record de ce tour du monde en équipage entre Ouessant et Ouessant avait été réussi par Olivier de Kersauzon en 1997, en plus de 71 jours. Au mois de septembre, 13 marins se sont embarqués à New York pour les sept mois d’odyssée de la course Around Alone, tour du monde en solitaire avec escales. Lors de la première étape, l’un des favoris, le Suisse Bernard Stamm, s’est imposé au terme d’un duel avec Thierry Dubois en établissant le record de la traversée de l’Atlantique nord en monocoque en 10 jours, 11 heures, 55 minutes et 19 secondes. Enfin le Défi français engagé dans la Coupe Louis-Vuitton, préliminaire à la Coupe de l’America prévue début 2003, n’a pas brillé, échouant à franchir le premier tour. VOLLEY La France s’invite parmi l’élite Un mois après leur affrontement en finale de la Ligue mondiale à Belo Horizonte, Brésil et Russie se sont retrouvés en finale des Championnats du monde, à Buenos Aires. Battus chez eux par les Russes en septembre, les Brésiliens se sont doublement vengés quelques semaines plus tard : vingt ans après avoir subi, sur le même terrain, la loi de l’ex-Union soviétique en finale des Mondiaux 1982, les Sud-Américains remportaient ainsi le premier titre mondial de leur histoire. Outre la Russie, vicechampionne olympique, le Brésil a fait des victimes downloadModeText.vue.download 209 sur 380 SPORTS ET RÉSULTATS 207 de marque, et notamment la décevante Italie, triple championne du monde, battue en quarts de finale. Le parcours inattendu de l’équipe de France a suscité dans le pays un véritable engouement pour une discipline méconnue. En arrachant la médaille de bronze aux inconstants champions olympiques yougoslaves, après avoir battu des pointures telles que la Russie ou l’Argentine, les Français ont réalisé la meilleure performance de l’histoire du volley national et comblé les ambitions de l’entraîneur Philippe Blain. Si les Italiens ont déçu, leurs compatriotes féminines ont en revanche créé une belle surprise lors de leurs Championnats du monde disputés en Allemagne. En battant en finale des Américaines, inattendues également à ce niveau de la compétition, les Italiennes ont décroché la première médaille mondiale de leur histoire. Dans le Championnat de France, le Paris Volley a été sacré pour la troisième fois consécutive. downloadModeText.vue.download 210 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 208 LES XIXes JEUX OLYMPIQUES D’HIVER (Salt Lake City, États-Unis, 9-24 février) BIATHLON MESSIEURS 10 km 1. O.-E. Björndalen (Norv.) 2. S. Fischer (All.) 3. W. Perner (Autr.) Poursuite 12,5 km 1. O.-E. Björndalen (Norv.) 2. R. Poirée (Fr.) 3. R. Gross (All.) 20 km 1. O.-E. Björndalen (Norv.) 2. F. Luck (All.) 3. V. Maigourov (Russie) Relais 4 × 7,5 km 1. Norvège 2. Allemagne 3. France DAMES 7,5 km 1. K. Wilhelm (All.) 2. U. Disl (All.) 3. M. Forsberg (Suède) Poursuite 10 km 1. O. Pyleva (Russie) 2. K. Wilhelm (All.) 3. I. Nikoultchina (Bulg.) 15 km 1. A. Henkel (All.) 2. L.-G. Poirée (Norv.) 3. M. Forsberg (Suède) Relais 4 × 7,5 km 1. Allemagne 2. Norvège 3. Russie BOBSLEIGH MESSIEURS Bob à 2 1. Allemagne 1 2. Suisse 1 3. Suisse 2 Bob à 4 1. Allemagne 2 2. États-Unis 1 3. États-Unis 2 DAMES Bob à 2 1. États-Unis 2 2. Allemagne 1 3. Allemagne 2 COMBINÉ NORDIQUE Épreuve individuelle 1. S. Lajunen (Finl.) 2. J. Tallus (Finl.) 3. F. Gottwald (Autr.) Sprint 1. S. Lajunen (Finl.) 2. R. Ackermann (All.) 3. F. Gottwald (Autr.) Épreuve par équipes 1. Finlande 2. Allemagne 3. Autriche CURLING MESSIEURS 1. Norvège 2. Canada 3. Suisse DAMES 1. Grande-Bretagne 2. Suisse 3. Canada HOCKEY SUR GLACE MESSIEURS 1. Canada 2. États-Unis 3. Russie DAMES 1. Canada 2. États-Unis 3. Suède LUGE MESSIEURS Monoplace 1. A. Zöggeler (Ital.) downloadModeText.vue.download 211 sur 380 SPORTS ET RÉSULTATS 209 2. G. Hackl (All.) 3. M. Prock (Autr.) Biplace 1. P. Leitner-A. Resch (All.) 2. M. Grimmette-B. Martin (É-U) 3. C. Thorpe-C. Ives (É-U) DAMES Monoplace 1. S. Otto (All.) 2. B. Niedernhuber (All.) 3. S. Kraushaar (All.) PATINAGE ARTISTIQUE MESSIEURS 1. A. Yagudin (Russie) 2. E. Plushenko (Russie) 3. T. Goebel (É-U) DAMES 1. S. Hughes (É-U) 2. I. Slutskaya (Russie) 3. M. Kwan (É-U) COUPLES 1. E. Berezhnaya-A. Sikharulidze (Russie) 1. J. Salé-D. Pelletier (Can.) 3. Shen Xue-Zhao Hongbo (Chine) DANSE SUR GLACE 1. M. Anissina-G. Peizerat (Fr.) 2. I. Lobacheva-I. Averbukh (Russie) 3. B. Fusar Poli-M. Margaglio (Ital.) PATINAGE DE VITESSE MESSIEURS 500 m 1. C. 2. H. 3. K. 1 000 1. G. 2. J. 3. J. 1 500 1. D. 2. J. 3. A. Fitzrandoplh (É-U) Shimizu (Jap.) Carpenter (É-U) m Van Velde (P-B) Bos (P-B) Cheek (É-U) m Parra (É-U) Uytdehaage (P-B) Soendral (Norv.) 5 000 m 1. J. Uytdehaage (P-B) 2. D. Parra (É-U) 3. J. Boden (All.) 10 000 m 1. J. Uytdehaage (P-B) 2. G. Romme (P-B) 3. L. Saetre (Norv.) DAMES 500 m 1. C. 2. M. 3. S. 1 000 1. C. 2. S. 3. J. 1 500 1. A. 2. S. 3. J. 3 000 1. C. 2. R. 3. C. 5 000 1. C. 2. G. 3. C. LeMay Doan (Can.) Garbrecht-Enfeldt (All.) Voelker (All.) m Witty (É-U) Voelker (All.) Rodriguez (É-U) m Friesinger (All.) Voelker (All.) Rodriguez (É-U) m Pechstein (All.) Groenewold (P-B) Klassen (Can.) m Pechstein (All.) Smit (P-B) Hughes (Can.) SAUT À SKI K90 1. S. Ammann (Suisse) 2. S. Hannawald (All.) 3. A. Malysz (Pol.) K120 1. S. Ammann (Suisse) 2. A. Malysz (Pol.) 3. M. Hautamaeki (Finl.) K120 par équipes 1. Allemagne 2. Finlande 3. Slovénie SHORT TRACK MESSIEURS 500 m 1. M. Gagnon (Can.) 2. J. Guilmette (Can.) 3. R. Smith (É-U) downloadModeText.vue.download 212 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 210 1 000 m 1. S. Bradbury (Austr.) 2. A. A. Ohno (É-U) 3. M. Turcotte (Can.) 1 500 m 1. A. A. Ohno (É-U) 2. Li Jiajun (Chine) 3. M. Gagnon (Can.) Relais 5 000 m 1. Canada 2. Italie 3. Chine DAMES 500 m 1. Yang Yang A. (Chine) 2. E. Radanova (Bulg.) 3. Wang Chunlu (Chine) 1 000 m 1. Yang Yang A. (Chine) 2. Ko Gi-hyun (CdS) 3. Yang Yang S. (Chine) 1 500 m 1. Ko Gi-hyun (CdS) 2. Choi Eun-kyung (CdS) 3. E. Radanova (Bulg.) Relais 3 000 m 1. Corée du Sud 2. Chine 3. Canada SKI ACROBATIQUE MESSIEURS Bosses 1. J. Lathela (Finl.) 2. T. Mayer (É-U) 3. R. Gay (Fr.) Sauts 1. A. Valenta (Tch.) 2. J. Pack (É-U) 3. A. Grichin (Biél.) DAMES Bosses 1. K. Traa (Norv.) 2. S. Bahrke (É-U) 3. T. Satoya (Jap.) Sauts 1. A. Camplin (Austr.) 2. V. Brenner (Can.) 3. D. Dionne (Can.) SKI ALPIN MESSIEURS Descente 1. F. Strobl (Autr.) 2. L. Kjus (Norv.) 3. S. Eberharter (Autr.) Super-G 1. K.-A. Aamodt (Norv.) 2. S. Eberharter (Autr.) 3. A. Schifferer (Autr.) Géant 1. S. Eberharter (Autr.) 2. B. Miller (É-U) 3. L. Kjus (Norv.) Slalom 1. J.-P. Vidal (Fr.) 2. S. Amiez (Fr.) 3. B. Raich (Autr.) Combiné 1. K.-A. Aamodt (Norv.) 2. B. Miller (É-U) 3. B. Raich (Autr.) DAMES Descente 1. C. Montillet (Fr.) 2. I. Kostner (Ital.) 3. R. Goetschl (Autr.) Super-G 1. D. Ceccarelli (Ital.) 2. J. Kostelic (Croatie) 3. K. Putzer (Ital.) Géant 1. J. Kostelic (Croatie) 2. A. Paerson (Suède) 3. S. Nef (Suisse) Slalom 1. J. Kostelic (Croatie) 2. L. Pequegnot (Fr.) 3. A. Paerson (Suède) Combiné 1. J. Kostelic (Croatie) 2. R. Goetschl (Autr.) 3. M. Ertl (All.) SKI DE FOND MESSIEURS 1,5 km sprint 1. T.-A. Hetland (Norv.) 2. P. Schlickenrieder (All.) 3. C. Zorzi (Ital.) downloadModeText.vue.download 213 sur 380 SPORTS ET RÉSULTATS 211 Poursuite 1. J. Muehlegg (Esp.) 2. T. Alsgaard (Norv.) 3. F. Estil (Norv.) 15 km classique 1. A. Veerpalu (Est.) 2. F. Estil (Norv.) 3. J. Mae (Est.) 30 km libre 1. J. Muehlegg (Esp.) 2. C. Hoffmann (Autr.) 3. M. Botvinov (Autr.) 50 km classique 1. M. Ivanov (Russie) 2. A. Veerpalu (Est.) 3. O.-B. Hjelmeset (Norv.) Relais 4 × 10 km 1. Norvège 2. Italie 3. Allemagne DAMES 1,5 km sprint 1. J. Tchepalova (Russie) 2. E. Sachenbacher (All.) 3. A. Moen (Norv.) 10 km classique 1. B. Skari (Norv.) 2. O. Danilova (Russie) 3. J. Tchepalova (Russie) 15 km libre 1. S. Belmondo (Ital.) 2. L. Lazutina (Russie) 3. K. Neumannova (Tch.) Poursuite 1. O. Danilova (Russie) 2. L. Lazutina (Russie) 3. B. Scott (Can.) 30 km classique 1. G. Paruzzi (Ital.) 2. S. Belmondo (Ital.) 3. B. Skari (Norv.) Relais 4 × 5 km 1. Allemagne 2. Norvège 3. Suisse SKELETON MESSIEURS 1. J. Shea (É-U) 2. M. Rettl (Autr.) 3. G. Staehli (Suisse) DAMES 1. T. Gale (É-U) 2. L.-A. Parsley (É-U) 3. A. Coomber (G-B) SNOWBOARD MESSIEURS Half-pipe 1. R. Powers (É-U) 2. D. Kass (É-U) 3. J. Thomas (É-U) Slalom géant parallèle 1. P. Schoch (Suisse) 2. R. Richardsson (Suède) 3. C. Klug (É-U) DAMES Half-pipe 1. K. Clark (É-U) 2. D. Vidal (Fr.) 3. F. Reuteler (Suisse) Slalom géant parallèle 1. I. Blanc (Fr.) 2. K. Ruby (Fr.) 3. L. Trettel (Ital.) LA COUPE DU MONDE DE FOOTBALL (Japon-Corée du Sud, 31 mai-30 juin) Classement des buteurs : Ronaldo (Brésil) 8 161 buts ont été inscrits lors des 64 matches de la Coupe du monde, soit une moyenne de 2,52 par match, contre 171 en 1998 (2,67 par match) Meilleure attaque, meilleure défense : Le Brésil, qui a inscrit 18 buts en sept matches dont 8 par Ronaldo, meilleur buteur, possède la meilleure attaque de la Coupe du monde devant l’Allemagne – 14 buts, dont 8 face à l’Arabie saoudite. L’Allemagne, grâce notamment à Oliver Kahn, meilleur gardien du Mondial, n’a encaissé que 3 buts en sept matches, dont 2 lors de la finale. downloadModeText.vue.download 214 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 212 Cartons jaunes et rouges : 289 cartons ont été distribués au total ; 17 joueurs ont été exclus (22 en 1998) et 272 cartons jaunes ont été distribués (248 en 1998). Les spectateurs : 2 705 167 spectateurs ont assisté aux 64 matches, soit une affluence moyenne de 42 268 personnes par match (contre 45 813 en 1998, avec des stades cependant moins grands) ; 69 029 spectateurs ont assisté à la finale. RÉSULTATS DES MATCHES DE POULE Groupe A France – Sénégal 0 à 1 Uruguay – Danemark 1 à 2 France – Uruguay 0 à 0 Danemark – Sénégal 1 à 1 Danemark – France 2 à 0 Sénégal – Uruguay 3 à 3 Qualifiés : Danemark, Sénégal. Groupe B Paraguay – Afrique du Sud 2 à 2 Espagne – Slovénie 3 à 1 Espagne – Paraguay 3 à 1 Afrique du Sud – Slovénie 1 à 0 Afrique du Sud – Espagne 2 à 3 Slovénie – Paraguay 1 à 3 Qualifiés : Espagne, Paraguay Groupe C Brésil – Turquie 2 à 1 Chine – Costa Rica 0 à 2 Brésil – Chine 4 à 0 Costa Rica – Turquie 1 à 1 Costa Rica – Brésil 2 à 5 Turquie – Chine 3 à 0 Qualifiés : Brésil, Turquie Groupe D Corée du Sud – Pologne 2 à 0 États-Unis – Portugal 3 à 2 Corée du Sud – États-Unis 1 à 1 Portugal – Pologne 4 à 0 Portugal – Corée du Sud 0 à 1 Pologne – États-Unis 3 à 1 Qualifiés : Corée du Sud, États-Unis Groupe E Irlande – Cameroun 1 à 1 Allemagne – Arabie saoudite 8 à 0 Allemagne – Irlande 1 à 1 Cameroun – Arabie saoudite 1 à 0 Cameroun – Allemagne 0 à 2 Arabie saoudite – Irlande 0 à 3 Qualifiés : Allemagne, Irlande Groupe F Angleterre – Suède 1 à 1 Argentine – Nigeria 1 à 0 Suède – Nigeria 2 à 1 Argentine – Angleterre 0 à 1 Suède – Argentine 1 à 1 Nigeria – Angleterre 0 à 0 Qualifiés : Suède, Angleterre Groupe G Croatie – Mexique 0 à 1 Italie – Équateur 2 à 0 Italie – Croatie 1 à 2 Mexique – Équateur 2 à 1 Mexique – Italie 1 à 1 Équateur – Croatie 1 à 0 Qualifiés : Mexique, Italie Groupe H Japon – Belgique 2 à 2 Russie – Tunisie 2 à 0 Japon – Russie 1 à 0 Tunisie – Belgique 1 à 1 Tunisie – Japon 0 à 2 Belgique – Russie 3 à 2 Qualifiés : Japon, Belgique Huitièmes de finale : Allemagne – Paraguay 1 à 0 Danemark – Angleterre 0 à 3 Suède – Sénégal 1 à 2 Espagne – Irlande 1 à 1 (3 t.a.b. à 2) Mexique – États-Unis 0 à 2 Brésil – Belgique 2 à 0 Japon – Turquie 0 à 1 Corée du Sud – Italie 2 à 1 (but en or) Quarts de finale : Angleterre – Brésil 1 à 2 Allemagne – États-Unis 1 à 0 Espagne – Corée du Sud 0 à 0 (3 t.a.b. à 5) Sénégal – Turquie 0 à 1 Demi-finale : Allemagne – Corée du Sud 1 à 0 Brésil – Turquie 1 à 0 Match pour la troisième place : Corée du Sud – Turquie 2 à 3 Finale : Allemagne – Brésil 0 a 2 downloadModeText.vue.download 215 sur 380 SPORTS ET RÉSULTATS 213 ATHLÉTISME CHAMPIONNATS D’EUROPE !MUNICH, 6!11 AOÛT! MESSIEURS 100 m 1. D. Chambers (G-B) 9″ 96 2. F. Obikwelu (Port.) 3. D. Campbell (G-B) 200 m 1. K. Kenteris (Grèce) 19″ 85 2. F. Obikwelu (Port.) 3. M. Devonish (G-B) 400 m 1. I. Schultz (All.) 45″ 14 2. D. Canal (Esp.) 3. D. Caines (G-B) 800 m 1. W. 2. A. 3. N. 1 500 1. M. 2. R. 3. R. 5 000 1. 2. 3. 10 Kipketer (Dan.) 1′ 47″ 25 Bucher (Suisse) Schumann (All.) m Baala (Fr.) 3′ 45″ 25 Estevez (Esp.) Silva (Port.) m A. Garcia (Esp.) 13′ 38″ 18 I. Sghyr (Fr.) S. Lebid (Ukr.) 000 m 1. J.M. Martinez (Esp.) 27′ 47″ 65 2. D. Baumann (All.) 3. J. Rios (Esp.) Marathon 1. J. Holmen (Finl.) 2 h 12′ 14″ 2. P. Lostukov (Russie) 3. J. Rey (Esp.) 110 m haies 1. C. Jackson (G-B) 13″ 11 2. S. Olijars (Lett.) 3. A. Kohutek (Pol.) 400 m haies 1. S. Diagana (Fr.) 47″ 58 2. J. Muzik (Rép. tchèq.) 3. P. Januszewski (Pol.) 3 000 m steeple 1. A. Jimenez (Esp.) 8′ 24″ 34 2. S. Vroemen (P-B) 3. L.M. Martin (Esp.) Hauteur 1. Y. Rybakov (Russie) 2,31 m 2. S. Holm (Suède) 3. S. Strand (Suède) Perche 1. A. Averbukh (Isr.) 5,85 m 2. L. Borgeling (All.) 3. T. Lobinger (All.) Longueur 1. O. Lukashevich (Ukr.) 8,08 m 2. S. Ergotic (Croatie) 3. Y. Lamela (Esp.) Triple saut 1. C. Olsson (Suède) 17,53 m 2. C. Friedek (All.) 3. J. Edwards (G-B) Poids 1. Y. Bilonog (Ukr.) 21,37 m 2. J. Olsen (Dan.) 3. R. Bartels (All.) Disque 1. R. Fazekas (Hongr.) 68,83 m 2. V. Alekna (Lit.) 3. M. Mollenbeck (All.) Marteau 1. A. Annus (Hongr.) 81,17 m 2. V. Piskunov (Ukr.) 3. A. Papadimitriou (Grèce) Javelot 1. S. Backley (G-B) 88,54 m 2. S. Makarov (Russie) 3. B. Henry (All.) Décathlon 1. R. Sebrle (Rép. tchèq.) 8 800 pts 2. E. Nool (Est.) 3. L. Lobodin (Russie) 20 km marche 1. F. Fernandez (Esp.) 1 h 18′ 37″ 2. V. Andreiev (Russie) 3. J.M. Molina (Esp.) 50 km marche 1. R. Korzeniowski (Pol.) 3 h 36′ 39″ (mpm) 2. A. Voyevodin (Russie) 3. J.A. Garcia (Esp.) 4 × 100 m 1. Grande-Bretagne 38″ 19 2. Ukraine 3. Pologne 4 × 400 m 1. Grande-Bretagne 3′ 01″ 25 2. Russie 3. France DAMES 100 m 1. E. Thanou (Grèce) 11″ 10 downloadModeText.vue.download 216 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 214 2. K. Gevaert (Belg.) 3. M. Levorato (Ital.) 200 m 1. M. Hurtis (Fr.) 22″ 43 2. K. Gevaert (Belg.) 3. M. Levorato (Ital.) 400 m 1. O. Zykina (Russie) 50″ 45 2. G. Breuer (All.) 3. Lee McConnell (G-B) 800 m 1. J. 2. M. 3. K. 1 500 Ceplak (Slov.) 1′ 57″ 65 Martinez (Esp.) Holmes (G-B) m 1. S. 2. G. 3. T. 5 000 Ayhan (Turq.) 3′ 58″ 79 Szabo (Roum.) Tomashova (Russie) m 1. 2. 3. 10 M. Dominguez (Esp.) 15′ 14″ 76 S. O’Sullivan (Irl.) Y. Zadorozhnaya (Russie) 000 m 1. P. Radcliffe (G-B) 30′ 01″ 09 (record d’Europe) 2. S. O’Sullivan (Irl.) 3. L. Biktasheva (Russie) Marathon 1. M. Guida (Ital.) 2 h 26′ 05″ 2. L. Zaituc (All.) 3. S. Oberem (All.) 100 m haies 1. G. Alozie (Esp.) 12″ 73 2. O. Krasovska (Ukr.) 3. Y. Kasova (Bulg.) 400 m haies 1. I. Tirlea (Roum.) 54″ 95 2. H. Meissner (All.) 3. A. Olichwierczuk (Pol.) Hauteur 1. K. Berqvis (Suède) 1,98 m 2. M. Kuptsova (Russie) 3. O. Kaliturina (Russie) Perche 1. S. Feotanova (Russie) 4,60 m 2. Y. Isinbayeva (Russie) 3. Y. Bushbaum (All.) Longueur 1. T. Kotova (Russie) 6,85 m 2. J. Johnson (G-B) 3. T. Vaszi (Hongr.) Triple saut 1. A. Hansen (G-B) 15 m 2. H. Koivula (Finl.) 3. Y. Oleynikova (Russie) Poids 1. I. Korzhanenko (Russie) 20,64 m 2. V. Pavlysh (Ukr.) 3. S. Krivelyova (Russie) Disque 1. E. Vogoli (Grèce) 64,31 m 2. N. Sadova (Russie) 3. A. Kelesidou (Grèce) Javelot 1. M. Manjani (Grèce) 67,47 m 2. S. Nerius (All.) 3. M. Ingberg (Finl.) Marteau 1. O. Kuzenkova (Russie) 72,94 m 2. K. Skolimowska (Pol.) 3. M. Montebrun (Fr.) Heptathlon 1. C. Kluft (Suède) 6 452 pts 2. S. Braun (All.) 3. N. Sazanovich (Biél.) 20 km marche 1. O. Ivanova (Russie) 1 h 26′ 42″ 2. Y. Nikolayeva (Russie) 3. E. Alfridi (Ital.) 4 × 100 m 1. France 42″ 46 2. Allemagne 3. Russie 4 × 400 m 1. Allemagne 3′ 25″ 10 2. Russie 3. Pologne CLASSEMENT FINAL DU GRAND PRIX : Messieurs T. Montgomery (É-U) Dames M. Jones (É-U) ATHLÈTES VAINQUEURS DES SEPT MEETINGS DE LA GOLDEN LEAGUE : M. Jones (É-U/100 m), H. El Guerrouj (Mar./1 500 m), A. Guevara (Cuba/400 m), F. Sanchez (Dom./400 m haies) downloadModeText.vue.download 217 sur 380 SPORTS ET RÉSULTATS 215 AUTOMOBILE GP AUSTRALIE !MELBOURNE, 3 MARS! 1. Michael Schumacher (All./Ferrari) 2. Juan Pablo Montoya (Col./Williams-BMW) 3. Kimi Raikkonen (Finl./McLaren-Mercedes) GP MALAISIE !SEPANG, 17 MARS! 1. Ralf Schumacher (All./Williams-BMW) 2. J.P. Montoya 3. M. Schumacher GP BRÉSIL !INTERLAGOS, 31 MARS! 1. M. Schumacher 2. R. Schumacher 3. David Coulthard (G-B/McLaren-Mercedes) GP SAINT MARIN !IMOLA, 14 AVRIL! 1. M. Schumacher 2. R. Barrichello (Brés./Ferrari) 3. R. Schumacher GP ESPAGNE !BARCELONE, 28 AVRIL! 1. M. Schumacher 2. J. P. Montoya 3. D. Coulthard GP AUTRICHE !SPIELBERG, 12 MAI! 1. M. Schumacher 2. R. Barrichello 3. J. P. Montoya GP MONACO !MONTE!CARLO, 26 MAI! 1. D. Coulthard 2. M. Schumacher 3. R. Schumacher GP CANADA !MONTRÉAL, 9 JUIN! 1. M. Schumacher 2. D. Coulthard 3. R. Barrichello GP EUROPE !NÜRBURGRING, 23 JUIN! 1. R. Barrichello 2. M. Schumacher 3. K. Raikkonen GP GRANDE!BRETAGNE !SILVERSTONE, 7 JUILLET! 1. M. Schumacher 2. R. Barrichello 3. J. P. Montoya GP FRANCE !MAGNY!COURS, 21 JUILLET! 1. M. Schumacher 2. K. Raikkonen 3. D. Coulthard GP ALLEMAGNE !HOCKENHEIM, 28 JUILLET! 1. M. Schumacher 2. J. P. Montoya 3. R. Schumacher GP HONGRIE !BUDAPEST, 18 AOÛT! 1. R. Barrichello 2. M. Schumacher 3. R. Schumacher GP BELGIQUE !SPA, 1er SEPTEMBRE! 1. M. Schumacher 2. R. Barrichello 3. J. P. Montoya downloadModeText.vue.download 218 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 216 GP D’ITALIE !MONZA, 15 SEPTEMBRE! 1. R. Barrichello 2. M. Schumacher 3. E. Irvine GP ÉTATS!UNIS !INDIANAPOLIS, 29 SEPTEMBRE! 1. R. Barrichello 2. M. Schumacher 3. D. Coulthard GP JAPON !SUZUKA, 13 OCTOBRE! 1. M. Schumacher 2. R. Barrichello 3. K. Raikkonen CHAMPIONNAT DU MONDE DE FORMULE 1 CLASSEMENT Pilotes 1. M. Schumacher (All.) 144 pts 2. R. Barrichello (Brésil) 77 pts 3. J.P. Montoya (Col.) 50 pts 4. R. Schumacher (All.) 42 pts 5. D. Coulthard (G-B) 41 pts Constructeurs 1. Ferrari 221 pts 2. 3. 4. 5. Williams-BMW 92 pts McLaren-Mercedes 65 pts Renault 23 pts Sauber 11 pts CHAMPIONNAT DU MONDE DES RALLYES CLASSEMENT Pilotes 1. M. Grönholm (Finl.) 77 pts 2. P. Solberg (Norv.) 37 pts 3. C. Sainz (Esp.) 36 pts 4. C. McRae (G-B) 35 pts 5. R. Burns (G-B) 34 pts Constructeurs 1. Peugeot 165 pts 2. Ford 104 pts 3. Subaru 67 pts BASKET CHAMPIONNAT DU MONDE MESSIEURS !INDIANAPOLIS, ÉTATS!UNIS, 29 AOÛT! 8 SEPTEMBRE! Demi-finales Argentine bat Allemagne 86 à 80 Yougoslavie bat Nouvelle-Zélande 89 à 78 Finale Yougoslavie bat Argentine 84 à 77 (a.p.) Match pour la 3e place Allemagne bat Nouvelle-Zélande 117 à 94 DAMES !NANKIN, CHINE, 14!25 SEPTEMBRE! Demi-finales Russie bat Corée du Sud 70 à 53 États-Unis battent Australie 71 à 56 Finale États-Unis battent Russie 79 à 74 Match pour la 3e place Australie bat Corée du Sud 91 à 63 CHAMPIONNAT DE FRANCE MESSIEURS Finale Villeurbanne bat Pau-Orthez 2 victoires à 0 (77 à 68, 65 à 64) DAMES Finale Valenciennes bat Bourges 2 victoires à 0 (72 à 62, 77 à 51) COUPE DE FRANCE MESSIEURS Finale Pau-Orthez bat Villeurbanne 80 à 73 DAMES Finale Valenciennes bat Bourges 73 à 70 EUROLIGUE MESSIEURS !BOLOGNE, ITALIE, 2!5 MAI! Demi-finales Panathinaïkos Athènes (Grèce) bat Maccabi Tel-Aviv (Isr.) 83 à 75 ; downloadModeText.vue.download 219 sur 380 SPORTS ET RÉSULTATS 217 Virtus Bologne (Ital.) bat Trévise (Ital.) 90 à 82 Finale Panathinaïkos Athènes bat Virtus Bologne 89 à 83 DAMES !LIÉVIN, FRANCE, 25!28 AVRIL! Demi-finales Gdynia (Pol.) bat Parme (Ital.) 74 à 58 ; Valenciennes (Fr.) bat Ruzomberok (Slov.) 108 à 60 Finale Valenciennes bat Gdynia 78 à 72 NBA Finale Los Angeles Lakers battent New Jersey Nets 4 victoires à 0 (99-94, 106-83, 106-103, 113-107) BOXE LES GRANDS COMBATS DE L’ANNÉE Welters, WBC (26 janvier, New York) Vernon Forrest (É-U) bat Shane Mosley (É-U) aux points. Mi-lourds, WBA, WBC, IBF (2 février, Miami) Roy Jones (É-U) bat Glen Kelley (Austr.) par K.-O. à la 7e reprise. Moyens, WBA, WBC, IBF (2 février, Reading) Bernard Hopkins (É-U) bat Carl Daniels (É-U) par arrêt de l’arbitre à la 10e reprise. Lourds (1er juin, Atlantic City) Evander Holyfield (É-U) bat Hasim Rahman (É-U), par arrêt de l’arbitre sur blessure. Lourds, WBC, IBF (9 juin, Memphis) Lennox Lewis (G-B) bat Mike Tyson (É-U) par K.O. à la 8e reprise. Welters, WBC (20 juillet, New York) Vernon Forrest (É-U) bat Shane Mosley aux points. Lourds, WBA (28 juillet, Las Vegas) John Ruiz (É-U) bat Kirk Johnson (Can.) par disqualification à la 10e reprise. Mi-lourds, WBC (7 septembre, Portland) Roy Jones (É-U) bat Clinton Woods (G-B) par arrêt de l’arbitre à la 6e reprise. Super-welters, WBA, WBC (14 septembre, Las Vegas) Oscar de la Hoya (É-U) bat Fernando Vargas (É-U) par arrêt de l’arbitre à la 11e reprise. LES COMBATS DES FRANÇAIS Lourds-légers, WBA (23 février, Marseille) Jean-Marc Mormeck bat Virgil Hill (É-U) par abandon. Mi-lourds WBA (22 mai, Levallois-Perret) Bruno Girard bat Thomas Hansvoll (Norv.) aux points. Mi-lourds, WBA (13 juillet, Palavas-les-Flots) Bruno Girard bat Lou Del Valle (É-U) aux points. Lourds-légers, WBA (10 août, Marseille) Jean-Marc Mormeck bat Dale Brown (Can.) par arrêt de l’arbitre à la 8e reprise. CYCLISME CHAMPIONNAT DU MONDE !ZOLDER, BELGIQUE, 8!13 OCTOBRE! MESSIEURS Sur route 1. M. Cipollini (Ital.), les 256 km en 5 h 30′ 03″ 2. R. McEwen (Austr.) m.t. 3. E. Zabel (All.) m.t. Contre-la-montre 1. S. Botero (Col.), les 40,4 km en 48′ 08″ 2. M. Rich (All.) à 08″ 3. I. Gonzalez de Galdeano (Esp.) à 17″ DAMES Sur route 1. S. Ljungskog (Suède), les 128 km en 2 h 59′ 15″ downloadModeText.vue.download 220 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 218 2. N. Braendli (Suisse) m.t. 3. J. Somarriba (Esp.) m.t. Contre-la-montre 1. Z. Zabirova (Russie), les 23,2 km en 30′ 02″ 2. N. Braendli (Suisse) à 14″ 3. K. Thurig (Suisse) à 15″ CHAMPIONS DE FRANCE Route messieurs N. Vogondy Route dames M. Le Floch Contre-la-montre messieurs E. Seigneur Contre-la-montre dames J. Longo LES PRINCIPALES COURSES À ÉTAPES Paris-Nice (11-17 mars) 1. A. Vinokourov (Kazakh.) 30 h 39′ 27″ 2. S. Casar (Fr.) à 55″ 3. L. Jalabert (Fr.) à 57″ Tirreno-Adriatico (14-20 mars) 1. E. Dekker (P-B) 28 h 45′ 24″ 2. D. Di Luca (Ital.) à 18″ 3. O. Freire (Esp.) m.t. Quatre Jours de Dunkerque (7-12 mai) 1. S. Chavanel (Fr.) 19 h 41′ 47″ 2. D. Rous (Fr.) à 25″ 3. L. Brochard (Fr.) à 26″ Midi Libre (22-26 mai) 1. L. Armstrong (É-U) 19 h 22′ 36″ 2. I. Gonzalez de Galdeano (Esp.) à 9″ 3. J. Azevedo (Port.) à 45″ Tour d’Italie (11 mai-2 juin) 1. P. Savoldelli (Ital.) 89 h 22′ 42″ 2. T. Hamilton (É-U) à 1′ 41″ 3. P. Caucchioli (Ital.) à 2′ 12″ Dauphiné Libéré (9-16 juin) 1. L. Armstrong (É-U) 28 h 38′ 50″ 2. F. Landis (É-U) à 2′ 03″ 3. C. Moreau (Fr.) à 2′ 24″ Tour de Suisse (19-27 juin) 1. A. Zülle (Suisse) 37 h 15′ 09″ 2. P. Wadecki (Pol.) à 1′ 27″ 3. N. Fritsch (Fr.) à 1′ 38″ Tour d’Espagne (7-29 septembre) 1. A. Gonzalez (Esp.) 75 h 13′ 52″ 2. R. Heras (Esp.) à 2′ 14″ 3. J. Beloki (Esp.) à 3′ 11″ LES GRANDES CLASSIQUES Milan-San Remo (23 mars)* 1. M. Cipollini (Ital.), les 287 km en 6 h 39′ 30″ 2. F. Rodriguez (É-U) m.t. 3. M. Zberg (Suisse) m.t. Tour des Flandres (7 avril)* 1. A. Tafi (Ital./Mapei), les 264 km en 6 h 53′ 00″ 2. J. Museeuw (Belg.) à 21″ 3. P. Van Petegem (Belg.) m.t. Gand-Wevelgem (10 avril) 1. M. Cipollini (Ital.), les 208 km en 4 h 39′ 00″ 2. F. Rodriguez (É-U) m.t. 3. G. Hincapie (É-U) m.t. Paris-Roubaix (14 avril)* 1. J. Museeuw (Belg.), les 261 km en 6 h 39′ 08″ 2. S. Wesemann (All.) à 3′ 04″ 3. T. Boonen (Belg.) à 3′ 08″ Flèche Wallonne (17 avril) 1. M. Aerts (Belg.), les 198 km en 4 h 42′ 04″ 2. U. Etxebarria (Venez.) à 03″ 3. M. Bartoli (Ital.) à 06″ Liège-Bastogne-Liège (21 avril)* 1. P. Bettini (Ital.), les 258 km en 6 h 39′ 44″ 2. S. Garzelli (Ital.) m.t. 3. I. Basso (Ital.) à 15″ Amstel Gold Race (28 avril)* 1. M. Bartoli (Ital.), les 254,4 km en 6 h 49′ 17″ 2. S. Ivanov (Russie) m.t. 3. M. Boogerd (P-B) m.t. HEW-Cyclassics (4 août)* 1. J. Museeuw (Belg.), les 253,2 km en 5 h 43′ 35″ 2. I. Astarloa (Esp.) m.t. 3. D. Rebellin (Ital.) m.t. Classica San Sebastian (10 août)* 1. L. Jalabert (Fr.), les 223,5 km en 5 h 47′ 30″ 2. I. Astarloa (Esp.) m.t. 3. G. Missaglia (Ital.) m.t. Championnat de Zurich (18 août)* 1. D. Frigo (Ital.), les 236,6 km en 5 h 56′ 54″ 2. P. Bettini (Ital.) à 1′ 06″ 3. L. Armstrong (É-U) m.t. Paris-Tours (6 octobre)* 1. J. Piil (Dan.), les 257 km en 5 h 39′ 11″ downloadModeText.vue.download 221 sur 380 SPORTS ET RÉSULTATS 219 2. J. Durand (Fr.) m.t. 3. E. Zabel (All.) à 20″ Tour de Lombardie (19 octobre)* 1. M. Bartoli (Ital.), les 251 km en 6 h 14′ 49″ 2. D. Rebellin (Ital.) m.t. 3. O. Camenzind (Suisse) m.t. Les courses suivies d’un * comptent pour la Coupe du monde. CLASSEMENT FINAL DE LA COUPE DU MONDE 1. P. Bettini (Ital.) 279 points 2. J. Museeuw (Belg.) 270 3. M. Bartoli (Ital.) 242 TOUR DE FRANCE (6-28 juillet) LES CLASSEMENTS Points R. McEwen (Austr.) Montagne L. Jalabert (Fr.) Équipes Once Jeunes I. Basso (Ital.) Combativité L. Jalabert (Fr.) Classement général 1. L. Armstrong (É-U) 82 h 05′ 12″ 2. J. Beloki (Esp.) à 7′ 17″ 3. R. Rumsas (Lit.) 8′ 17″ 4. S. Botero (Col.) 13′ 10″ 5. I. Gonzalez Galdeano (Esp.) 13′ 54″ 6. J. Azevedo (Port.) 15′ 44″ 7. F. Mancebo (Esp.) 16′ 05″ 8. L. Leipheimer (É-U) 17′ 11″ 9. R. Heras (Esp.) 17′ 12″ 10. C. Sastre (Esp.) 19′ 05″ Les vainqueurs d’étapes L. Armstrong (É-U/prologue, 11e, 12e, 19e) R. Bertogliati (Suisse/1e) O. Freire (Esp./2e) R. McEwen (Austr./3e, 20e) Once (5e, c-l-m par équipes) J. Kirsipuu (Est./5e) E. Zabel (All./6e) R. McGee (Austr./7e) K. Kroon (P-B/8e) S. Botero (Colomb./9e c-l-m, 15e) P. Halgand (Fr./10e) D. Millar (G-B/13e) R. Virenque (Fr./14e) M. Boogerd (P-B/16e) D. Frigo (Ital./17e) T. Hushovd (Norv./18e) Les porteurs du maillot jaune L. Armstrong (É-U/1re, 12e-20e) R. Bertogliati (Suisse/2e, 3e) E. Zabel (All./4e) I. Gonzales de Galdeano (Esp./5e-11e) LES FRANÇAIS AUX CHAMPIONNATS DU MONDE SUR PISTE Américaine 1. France Vitesse messieurs 3. Florian Rousseau Kilomètre messieurs 2. Arnaud Tournant Keirin dames 2. Clara Sanchez ÉQUITATION JEUX MONDIAUX (Jerez de la Frontera, Espagne, 10-22 septembre) SAUT D’OBSTACLES Individuel 1. D. Lennon (Irl.) 4 pts 2. E. Navet (Fr.) 8 pts 3. P. Wylde (É-U) 12 pts Par équipes 1. France 13,22 pts 2. Suède 21,12 pts 3. Belgique 22,68 pts DRESSAGE Individuel 1. N. Cappelmann (All.) 237,515 pts 2. B. Ferrer Salat (Esp.) 234,385 pts 3. U. Salzgeber (All.) 233,535 pts Par équipes 1. Allemagne 5 642 pts 2. États-Unis 5 527 pts 3. Espagne 5 403 pts CONCOURS COMPLET Individuel 1. J. Teulère (Fr.) 45,80 pts downloadModeText.vue.download 222 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 220 2. J. Brakewell (G-B) 52 pts 3. P. Pantsu (Finl.) 52,60 pts Par équipes 1. États-Unis 175,40 pts 2. France 192,40 pts 3. Grande-Bretagne 199 pts ESCRIME CHAMPIONNATS DU MONDE (Lisbonne, Portugal, 17-23 août.) MESSIEURS Fleuret 1. S. Vanni (Ital.) 2. A. Wessels (All.) 3. P. Kielpikowski (Pol.) et Wu Hanxiong (Chine) Épée 1. P. Kolobkov (Russie) 2. F. Jeannet (Fr.) 3. Ku Kyo-Dong (CdS) et Vitali Zakharov (Biél.) Sabre 1. S. Pozdniakov (Russie) 2. J. Pillet (Fr.) 3. M. Covaliu (Roum.) et Luigi Tarantino (Ital.) Fleuret par équipes 1. Allemagne 2. France 3. Espagne Épée par équipes 1. France 2. Russie 3. Corée du Sud Sabre par équipes 1. Russie 2. Italie 3. Allemagne DAMES Fleuret 1. S. Bojko (Russie) 2. E. Youcheva (Russie) 3. E. Knapek (Hongr.) et Aida Mohamed (Hongr.) Épée 1. Huyn Hee (CdS) 2. I. Duplitzer (All.) 3. Ana Branza (Roum.) et Britta Heidemann (All.) Sabre 1. Tan Xue (Chine) 2. Elena Jemaeva (Azerb.) 3. Cécile Argiolas (Fr.) et Elena Netchaeva (Russie) Fleuret par équipes 1. Russie 2. Hongrie 3. Roumanie Épée par équipes 1. Hongrie 2. Estonie 3. Chine Sabre par équipes 1. Russie 2. Hongrie 3. Azerbaïdjan FOOTBALL MATCHES AMICAUX DE L’ÉQUIPE DE FRANCE 13 février à Saint-Denis France bat Roumanie 2 à 1 27 mars à Saint-Denis France bat Écosse 5 à 0 17 avril à Saint-Denis France et Russie 0 à 0 18 mai à Saint-Denis Belgique bat France 2 à 1 26 mai à Séoul France bat Corée du Sud 3 à 2 21 août à Tunis Tunisie et France 1 à 1 ÉLIMINATIONS EURO 2004 8 septembre à Nicosie France bat Chypre 2 à 1 12 octobre à Paris France bat Slovénie 5 à 0 16 octobre à La Valette France bat Malte 4 à 0 PALMARÈS 2001!2002 Champion de France Olympique lyonnais Coupe de France Lorient bat Bastia 1 à 0 downloadModeText.vue.download 223 sur 380 SPORTS ET RÉSULTATS 221 Coupe de la Ligue Bordeaux bat Lorient 3 à 0 Qualifiés pour la Ligue des champions Olympique lyonnais et RC Lens Qualifiés pour la Coupe de l’UEFA Paris SG, Bordeaux, Lorient Qualifiés pour la Coupe Intertoto Lille, Troyes et Sochaux Relégués en D2 Metz et Lorient Promus en 1re division Ajaccio, Strasbourg, Nice et Le Havre Meilleurs buteurs du championnat D. Cissé (Auxerre), Pauleta (Bordeaux) : 22 buts CHAMPIONNAT DE FRANCE 2001!2002 FOOT EUROPÉEN LIGUE DES CHAMPIONS Finale (Glasgow, 15 mai) Real Madrid bat Bayer Leverkusen 2 à 1 COUPE DE L’UEFA Finale (Rotterdam, 8 mai) Rotterdam bat Dortmund 3 à 2 CHAMPIONS NATIONAUX Champion d’Italie Juventus de Turin Champion d’Angleterre Arsenal Champion d’Espagne FC Valence Champion d’Allemagne Borussia Dortmund GOLF MASTERS !AUGUSTA, ÉTATS!UNIS, 11!14 AVRIL! 1. T. Woods (É-U) 276 pts 2. R. Goosen (Afr. du S.) 279 pts 3. P. Mickelson (É-U) 280 pts US OPEN (Farmingdale, États-Unis, 13-16 juin) 1. T. Woods (É-U) 277 pts 2. P. Mickelson (É-U) 280 pts 3. J. Maggert (É-U) 282 BRITISH OPEN (Muirfield, Écosse, 18-21 juillet) 1. 2. S. S. E. Els (Afr. du S.) 278 pts (barrage) T. Levet (Fr.) 278 pts Appleby (Austr.) 278 pts Elkington (Austr.) 278 pts USPGA (Chaska, États-Unis, 15-18 août) 1. R. Beem (É-U) 278 pts 2. T. Woods (É-U) 279 pts 3. C. Riley (É-U) 283 pts downloadModeText.vue.download 224 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 222 RYDER CUP (Sutton Coldfield, Angleterre, 26-29 septembre) Europe bat États-Unis 15,5 pts à 12,5 GYMNASTIQUE CHAMPIONNATS D’EUROPE (Patras, Grèce, 19-28 avril) DAMES Concours général individuel 1. S. Khorkina (Russie) 37,592 points 2. V. Van de Leur (P-B) 37,542 3. A. Kvasha (Ukr.) 36,405 Concours par équipes 1. Russie 111,833 pts 2. Pays-Bas 107,635 3. Italie 105,948 FINALES PAR APPAREIL Saut de cheval 1. N. Ziganshina (Russie) 9,443 pts Barres asymétriques 1. S. Khorkina (Russie) 9,550 pts Poutre 1. L. Eshova (Russie) 9,562 pts Sol 1. A. Kvasha (Ukr.) 9,500 pts MESSIEURS Concours général individuel 1. D. Potra (Roum.) 55,710 pts 2. J. Jovtchev (Bulg.) 55,623 3. A. Bondarenko (Russie) 55,612 Concours par équipes 1. Roumanie 168,170 pts 2. Russie 167,098 3. Biélorussie 166,582 FINALES PAR APPAREIL Saut de cheval 1. D. Kasparovich (Biél.) 9,656 pts Barres parallèles 1. V. Tsolakidis (Grèce) 9,837 pts Anneaux 1. J. Jovtchev (Bulg.) 9,750 pts Sol 1. A. Nemov (Russie) 9,825 pts Cheval-d’arçons 1. M. Urzica (Roum.) 9,812 pts Barre fixe 1. V. Maras (Grèce) 9,812 pts HANDBALL CHAMPIONNATS D’EUROPE (Suède, 25 janvier-3 février) Demi-finales Suède bat Islande 33 à 22 Allemagne bat Danemark 28 à 23. Match pour la 3e place Danemark bat Islande 29 à 22 Finale Suède bat Allemagne 33 à 31 (a.p.) LIGUE DES CHAMPIONS Finale Magdebourg (All.) bat KC Fotex Veszprem (Hongr.) 21 à 23 (aller), 30 à 25 (retour) CHAMPIONNAT DE FRANCE 1. Montpellier 80 pts 2. Chambéry 73 pts 3. Dunkerque 70 pts HOCKEY CHAMPIONNATS DU MONDE (Suède, 26 avril-11 mai) Demi-finales Russie bat Finlande 3 à 2 (t.a.b) Slovaquie bat Suède 3 à 2 (t.a.b) Finale Slovaquie bat Russie 4 à 3 Match pour la 3e place Suède bat Finlande 5 à 3 downloadModeText.vue.download 225 sur 380 SPORTS ET RÉSULTATS 223 CHAMPIONNAT DE FRANCE 1. Reims 35 pts 2. Rouen 32 3. Grenoble 29 JUDO CHAMPIONNATS D’EUROPE (Maribor, Slovénie, 16-19 mai) MESSIEURS – 60 kg 1. Y. Douma (Fr.) 2. E. Ismaylov (Azerb.) 3. N. Khergiani (Géorg.), E. Stanev (Russie) – 66 kg 1. M. Ungvari (Hongr.) 2. J. Krnac (Slovaq.) 3. M. Nastuyev (Ukr.), I. Matsiev (Russie) – 73 kg 1. A. Laryukov (Biél.) 2. D. Kevkhisvili (Géorg.) 3. G. Maddaloni (Ital.), V. Zelonij (Lett.) – 81 kg 1. I. Uznadze (Turq.) 2. A. Budolin (Est.) 3. R. Krawczyk (Pol.), R. Meloni (Ital.) – 90 kg 1. V. Grekov (Ukr.) 2. S. Kukharenka (Biél.) 3. Z. Zviadauri (Géorg.), M. Huizinga (P-B) – 100 kg 1. E. Van der Geest (P-B) 2. M. Padar (Est.) 3. A. Kovacs (Hongr.), I. Makarou (Biél.) + 100 kg 1. T. Tmenov (Russie) 2. P. Soares (Port.) 3. J. Wojnarowicz (Pol.), D. Van der Geest (P-B) Toutes catégories 1. D. Van der Geest (P-B) 2. A. Mikhaylin (Russie) 3. R. Sharapau (Biél.), P. Soares (Port.) Par équipes 1. Géorgie 2. Biélorussie 3. Russie et France DAMES – 48 kg 1. F. Jossinet (Fr.) 2. T. Moskvina (Biél.) 3. L. Moricz-Moise (Roum.), G. Macri (Ital.) – 52 kg 1. G. Singleton (G-B) 2. A. Carrascosa (Esp.) 3. A. Dimitru (Roum.), P. Nareks (Slovén.) – 57 kg 1. C. Cavazzuti (Ital.) 2. Y. Boenisch (All.) 3. D. Gravenstijn (P-B), I. Fernandez (Esp.) – 63 kg 1. L. Decosse (Fr.) 2. K. Roberts (G-B) 3. G. Vandecaveye (Belg.), C. Heill (Autr.) – 70 kg 1. A. Dadci (Pol.) 2. E. Bosch (P-B) 3. A. Abdellatif (Fr.), R. Sraka (Slovén.) – 78 kg 1. C. Lebrun (Fr.) 2. L. Morico (Ital.) 3. A. Matrosova (Ukr.), C. Zwiers (P-B) + 78 kg 1. S. Koeppen (All.) 2. A.-S. Mondière (Fr.) 3. F. Harteveld (P-B), B. Andolina (Ital.) Toutes catégories 1. K. Gerber (All.) 2. T. Donguzashvili (Russie) 3. B. Andolina (Ital.), E. Bisseni (Fr.) Par équipes 1. France 2. Grande-Bretagne 3. Pays-Bas et Russie MOTO CHAMPIONNAT DU MONDE DE VITESSE CLASSEMENT FINAL MotoGP 1. V. Rossi (Ital.) 355 pts 2. M. Biaggi (Ital.) 215 pts 3. T. Ukawa (Jap.) 209 pts 250 cm 3 1. M. Melandri (Ital.) 298 pts 2. F. Nieto (Esp.) 241 pts 3. R. Rolfo (Ital.) 219 pts downloadModeText.vue.download 226 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 224 125 cm 3 1. A. Vincent (Fr.) 273 pts 2. M. Poggiali (San Marin) 254 pts 3. D. Pedrosa (Esp.) 243 pts NATATION CHAMPIONNATS D’EUROPE (Berlin 29 juillet-4 août) MESSIEURS 50 m libre 1. B. Kizierowski (Pol.) 22″ 18 2. L. Vismara (Ital.) 3. O. Volynets (Ukr.) 100 m libre 1. P. 2. A. 3. D. 200 m Van den Hoogenband (P-B) 47″ 86 Popov (Russie) Draganja (Croatie) libre 1. P. Van den Hoogenband (P-B) 1′ 44″ 89 2. E. Brembilla (Ital.) 3. M. Rosolino (Ital.) 400 m libre 1. E. Brembilla (Ital.) 3′ 46″ 60 2. M. Rosolino (Ital.) 3. D. Coman (Roum.) 1 500 m libre 1. Y. Priloukov (Russie) 15′ 03″ 88 2. C. Minotti (Ital.) 3. I. Chervinskyi (Ukr.) 50 m papillon 1. J. Hard (Finl.) 23″ 50 2. T. Rupprath (All.) 3. L. Frölander (Suède) 100 m papillon 1. T. Rupprath (All.) 51″ 94 2. A. Serdinov (Ukr.) 3. D. Silantiev (Ukr.) 200 m papillon 1. F. Esposito (Fr.) 1′ 55″ 18 2. D. Silantiev (Ukr.) 3. A. Poliakov (Russie) 50 m dos 1. T. Rupprath (All.) 25″ 05 2. S. Theloke (All.) 3. B. Kizierowski (Pol.) 100 m dos 1. S. Theloke (All.) 54″ 42 2. M. Rogan (Autr.) 3. P. Roger (Fr.) 200 m dos 1. G. Kozulj (Croatie) 1′ 58″ 70 2. M. Rogan (Autr.) 3. M. Strahija (Croatie) 50 m brasse 1. O. Lisogor (Ukr.) 27″ 18 (RM) 2. M. Flaskay (Hongr.) 3. K. Guttler (Hongr.) 100 m brasse 1. O. Lisogor (Ukr.) 1′ 00″ 29 2. R. Sloudnov (Russie) 3. H. Duboscq (Fr.) 200 m brasse 1. D. Rummolo (Ital.) 2′ 11″ 37 2. Y. Bernard (Fr.) 3. R. Sloudnov (Russie) 200 m 4 nages 1. J. Sievinen (Finl.) 1′ 59″ 30 2. A. Boggiatto (Ital.) 3. M. Rogan (Autr.) 400 m 4 nages 1. A. Boggiato (Ital.) 4′ 13″ 19 2. I. Bathazi (Hongr.) 3. N. Rostoucher (Fr.) 4 × 100 m libre 1. Allemagne 3′ 17″ 67 2. Suède 3. Italie 4 × 200 m libre 1. Italie 7′ 12″ 18 2. Allemagne 3. Grèce 4 × 100 m 4 nages 1. Russie 3′ 36″ 21 2. France 3. Allemagne DAMES 50 m libre 1. T. Alshammar (Suède) 24″ 84 2. M. Moravcova (Slovaq.) 3. A. Herasimenia (Biél.) 100 m libre 1. F. Van Almsick (All.) 54″ 39 2. M. Moravcova (Slovaq.) 3. A. Popchanka (Biél.) 200 m libre 1. F. Van Almsick (All.) 1′ 56″ 64 (RM) 2. C. Potec (Roum.) 3. A. Popchanka (Biél.) 400 m libre 1. Y. Klochkova (Ukr.) 4′ 07″ 10 2. E. Risztov (Hongr.) 3. C. Potec (Roum.) downloadModeText.vue.download 227 sur 380 SPORTS ET RÉSULTATS 225 800 m libre 1. J. Henke (All.) 8′ 23″ 83 2. E. Risztov (Hongr.) 3. H. Stockbauer (All.) 50 m papillon 1. A-K. Kammerling (Suède) 25″ 57 ( 2. D. Samulski (All.) 3. C. Groot (P-B) 100 m papillon 1. M. Moravcova (Slovaq.) 57″ 20 2. O. Jedrzejczak (Pol.) 3. A-K. Kammerling (Suède) 200 m papillon 1. O. Jedrejczak (Pol.) 2′ 05″ 78 (RM) 2. E. Ristzov (Hongr.) 3. A. Mehlhorn (All.) 50 m dos 1. N. Zhivanevskaia (Esp.) 28″ 58 2. S. Voelker (All.) 3. A. Herasimenia (Biél.) 100 m dos 1. S. Komarova (Russie) 1′ 01″ 40 2. S. Voelker (All.) 3. A. Buschschulte (All.) 200 m dos 1. S. Komarova (Russie) 2′ 09″ 49 2. N. Zhivanevskaia (Esp.) 3. I. Amshennikova (Ukr.) 50 m brasse 1. E. Igelstrom (Suède) 31″ 17 2. S. Bondarenko (Ukr.) 3. E. Bogomazova (Russie) 100 m brasse 1. E. Igelstrom (Suède) 1′ 07″ 87 2. S. Bondarenko (Ukr.) 3. E. Bogomazova (Russie) 200 m brasse 1. M. Jukic (Autr.) 2′ 25″ 83 2. A. Poleska (All.) 3. E. Igelstrom (Suède) 200 m 4 nages 1. Y. Klochkova (Ukr.) 2′ 11″ 59 2. H. Scherba (Biél.) 3. A. Kejzar (Slovén.) 400 m 4 nages 1. Y. Klochkova (Ukr.) 4′ 35″ 10 2. E. Risztov (Hongr.) 3. N. Hetzer (All.) 4 × 100 m libre 1. Allemagne 3′ 36″ 00 (RM) 2. Suède 3. Pays-Bas 4 × 200 m libre 1. Allemagne 7′ 59″ 07 2. Espagne 3. Suède 4 × 100 m 4 nages 1. Allemagne 4′ 01″ 54 2. Suède 3. Ukraine RECORDS DU MONDE AU 31 DÉCEMBRE 2002 MESSIEURS 50 m libre 2000 21″ 64 A. Popov (Russie) 100 m libre 2000 47″ 84 P. Van den Hoogenband (Pays-Bas) 200 m libre 2001 1′ 44″ 06 I. Thorpe (Australie) 400 m libre 2002 3′ 40″ 08 I. Thorpe (Australie) 800 m libre 2001 7′ 39″ 16 I. Thorpe (Australie) 1 500 m libre 2001 14′ 34″ 56 G. Hackett (Australie) 100 m dos 1999 53″ 60 L. Krayzelburg (États-Unis) 200 m dos 2002 1′ 55″ 15 A. Peirsol (États-Unis) 100 m brasse 2001 59″94 R. Sloudnov (Russie) 200 m brasse 2002 2′ 09″ 97 K. Kitajima (Japon) 100 m papillon 1999 51″81 M. Klim (Australie) 200 m papillon 2001 1′ 54″ 58 M. Phelps (États-Unis) 200 m 4 nages 1994 1′ 58″ 16 J. Sievinen (Finlande) downloadModeText.vue.download 228 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 226 400 m 4 nages 2002 4′ 11″ 09 M. Phelps (États-Unis) 4 x 100 m 2000 3′ 13″ 67 Australie 4 x 200 m 2001 7′ 04″ 66 Australie 4 x 100 m 4 nages 2002 3′ 33″ 48 États-Unis DAMES 50 m libre 2000 24″ 13 I. de Bruijn (Pays-Bas) 100 m libre 2000 53″ 77 I. de Bruijn (Pays-Bas) 200 m libre 2002 1′ 56″ 64 F. Van Almsick (Allemagne) 400 m libre 1988 4′ 03″ 85 J. Evans (États-Unis) 800 m libre 1989 8′ 16″ 22 J. Evans (États-Unis) 100 m dos 2002 59″ 58 N. Coughlin (États-Unis) 200 m dos 1991 2′ 06″ 62 K. Egerszegi (Hongrie) 100 m brasse 1999 1′ 06″ 52 P. Heyns (Afrique du Sud) 200 m brasse 1999 2′ 23″ 64 P. Heyns (Afrique du Sud) 100 m papillon 2000 56″ 61 I. de Bruijn (Pays-Bas) 200 m papillon 2002 2′ 05″ 78 O. Jedrejczak (Pologne) 200 m 4 nages 1997 2′ 09″ 72 W. Yanyan (Chine) 400 m 4 nages 2000 4′ 33″ 59 Y. Klochkova (Ukraine) 4 x 100 m 2002 3′ 36″ Allemagne 4 x 200 m 1987 7′ 55″ ex-RDA 4 x 100 m 4 2000 3′ 58″ États-Unis 00 47 nages 30 PATINAGE CHAMPIONNATS DU MONDE (Nagano, Japon, 18 - 24 mars) DAMES 1. I. Slutskaya (Russie) 2. M. Kwan (É-U) 3. F. Suguri (Jap.) MESSIEURS 1. A. Yagudin (Russie) 2. T. Goebel (É-U) 3. T. Honda (Jap.) COUPLES 1. Shen Xue-Zhao Hongbo (Chine) 2. T. Totmianina-M. Marinin (Russie) 3. K. Ina-J. Zimmerman (É-U) DANSE 1. I. Lobacheva-I. Averbukh (Russie) 2. S.L. Bourne-V. Kraatz (Can.) 3. G. Chait -S. Sakhnovski (Isr.) RUGBY TOURNOI DES SIX!NATIONS Les rencontres France-Italie 33 - 12 Écosse-Angleterre 3 - 29 Irlande-Pays de Galles 54 - 10 Pays de Galles-France 33 - 37 Angleterre-Irlande 45 - 11 Italie-Écosse 12 - 29 Pays de Galles-Italie 44 - 20 France-Angleterre 20 - 15 Irlande-Écosse 43 - 22 Irlande-Italie 32 - 17 downloadModeText.vue.download 229 sur 380 SPORTS ET RÉSULTATS 227 Angleterre-Pays de Galles 50 - 10 Écosse-France 10-22 France-Irlande 44 - 5 Pays de Galles-Écosse 22 - 27 Italie-Angleterre 9 - 45 COUPE D’EUROPE (Cardiff, 25 mai) Finale Leicester (Angl.) bat Munster (Irl.) 15 à 9 BOUCLIER EUROPÉEN (Oxford, 26 mai) Finale Sale (Angl.) bat Pontypridd (pays de Galles) 25 à 22 MATCHES DE L’ÉQUIPE DE FRANCE Tournée dans l’hémisphère Sud (juin) : Argentine bat France 28 à 27 Australie bat France 29 à 17 Australie bat France 31 à 25 Tournée des pays de l’hémisphère Sud (novembre) : À Marseille France bat Afrique du Sud 30 à 10 À Paris France et Nouvelle-Zélande 20 à 20 À Paris France bat Canada 35 à 3 CHAMPIONNAT DE FRANCE Demi-finale Biarritz 31 - Montferrand 12 Agen 21 - Toulouse 15 Finale Biarritz 25 - Agen 22 (a.p.) TRI NATIONS Nouvelle-Zélande-Australie 12 - 6 Nouvelle-Zélande-Afrique du Sud 41 - 20 Australie-Afrique du Sud 38 - 27 Australie-Nouvelle-Zélande 16 - 14 Afrique du Sud-Nouvelle-Zélande 23 - 30 Afrique du Sud-Australie 33 - 31 Classement Nouvelle-Zélande 15 pts Australie 11 Afrique du Sud 7 SKI COUPE DU MONDE MESSIEURS Classement général 1. S. Eberharter (Autr.) 1 702 pts 2. K.A. Aamodt (Norv.) 1 096 pts 3. D. Cuche (Suisse) 1 064 pts Descente S. Eberharter (Autr.) 810 pts Super-G S. Eberharter (Autr.) 470 pts Géant F. Covili (Fr.) 471 pts Slalom I. Kostelic (Croatie) 611 pts DAMES Classement général 1. M. Dorfmeister (Autr.) 1 271 pts 2. R. Goetschl (Autr.) 931 pts 3. S. Nef (Suisse) 904 pts Descente I. Kostner (Ital.) 568 pts Super-G H. Gerg (All.) 355 pts Géant S. Nef (Suisse) 574 pts Slalom L. Pequegnot (Fr.) 597 pts downloadModeText.vue.download 230 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 228 TENNIS INTERNATIONAUX D’AUSTRALIE (Melbourne, 14-27 janvier) MESSIEURS Demi-finales M. Safin (Russie) bat T. Haas (All.) 6-7 (5/7), 7-6 (7/4), 3-6, 6-0, 6-2 ; T. Johansson (Suède) bat J. Novak (Rép. tch.) 7-6 (7/5), 0-6, 4-6, 6-3, 6-4. Finale Johansson bat Safin 3-6, 6-4, 6-4, 7-6 (7/4) DAMES Demi-finales J. Capriati (É-U) bat K. Clijsters (Belg.) 7-5, 3-6, 6-1 M. Hingis (Suisse) bat M. Seles (É-U), 4-6, 6-1, 6-4 Finale Capriati bat Hingis 4-6, 7-6 (9/7), 6-2 DOUBLE MESSIEURS Finale M. Knowles-D. Nestor (Baham.-Canada) battent F. Santoro-M. Llodra (Fr.) 7-6 (7/4), 6-3 DOUBLE DAMES Finale M. Hingis-A. Kournikova (Suisse-Russie) battent A. Sanchez-Vicario-D. Hantuchova (Esp.-Slovaq.) 6-2, 6-7 (4/7), 6-1 DOUBLE MIXTE Finale K. Ullyett-D. Hantuchova (Zimb.-Slovaq.) battent G. Etlis-P. Suarez (Arg.) 6-3, 6-2 INTERNATIONAUX DE FRANCE !ROLAND!GARROS, 27 MAI!9 JUIN! SIMPLE MESSIEURS Demi-finales A. Costa (Esp.) bat A. Corretja (Esp.) 6-3, 6-4, 3-6, 6-3 J.-C. Ferrera (Esp.) bat M. Safin (Russie) 6-3, 6-2, 6-4 Finale Costa bat Ferrera 6-1, 6-0, 4-6, 6-3 SIMPLE DAMES Demi-finales S. Williams (É-U) bat J. Capriati (É-U) 3-6, 7-6 (7/2), 6-2 V. Williams (É-U) bat C. Fernandez (Arg.) 6-1, 6-4 Finale S. Williams bat V. Williams 7-5, 6-3 DOUBLE MESSIEURS Finale P. Haarhuis-Y. Kafelnikov (P-B/Russie) battent M. Knowles-D. Nestor (Baham./ Canada) 7-5, 6-4 DOUBLE DAMES Finale V. Ruano Pascual-P. Suarez (Esp./Arg.) battent L. Raymond-R. Stubbs (É-U/Austr.) 6-4, 6-2 DOUBLE MIXTE Finale C. Black-W. Black (Zimb.) battent E. BovinaM. Knowles (Russie/Baham.) 6-3, 6-3 WIMBLEDON (24 juin-7 juillet) SIMPLE MESSIEURS Demi-finales L. Hewitt (Austr.) bat T. Henman (G-B) 7-5, 6-1, 7-5 D. Nalbandian (Arg.) bat X. Malisse (Belg.) 7-6 (7/2), 6-4, 1-6, 2-6, 6-2 Finale Hewitt bat Nalbandian 6-1, 6-3, 6-2 SIMPLE DAMES Demi-finales S. Williams (É-U) bat A. Mauresmo (Fr.) 6-2, 6-1 V. Williams (É-U) bat J. Henin (Belg.) 6-3, 6-2 Finale S. Williams bat V. Williams 7-6, 6-3 DOUBLE MESSIEURS Finale J. Bjorkman-T. Woodbridge (Suède/Austr.) battent M. Knowles-D. Nestor (Baham./Canada) 6-1, 6-2, 6-7 (7/9), 7-5 downloadModeText.vue.download 231 sur 380 SPORTS ET RÉSULTATS 229 DOUBLE DAMES Finale S. et V. Williams (É-U) battent V. Ruano Pascual-P. Suarez (Par./Arg.) 6-2, 7-5 DOUBLE MIXTE Finale M. Bhupathi-E. Likhovtseva (Inde/Russie) battent D. Johnson-K. Po-Messerli (É-U) 6-4, 1-6, 6-3 US OPEN (New York, 26 août-9 septembre) SIMPLE MESSIEURS Demi-finales P. Sampras (É-U) bat S. Schalken (P-B) 7-6 (8/6), 7-6 (7/4), 6-2 A. Agassi (É-U) bat L. Hewitt (Austr.) 6-4, 7-6 (7/5), 6-7 (1/7), 6-2 Finale Sampras bat Agassi 6-3, 6-4, 5-7, 6-4 SIMPLE DAMES Demi-finales V. Williams (É-U) bat A. Mauresmo (Fr.) 6-3, 5-7, 6-4 S. Williams (É-U) bat L. Davenport (É-U) 6-3, 7-5 Finale S. Williams bat V. Williams 6-4, 6-3 DOUBLE MESSIEURS Finale M. Buphati-M. Mirnyi (Inde/Biél.) battent J. Novak-R. Stepanek (Rép. tch.) 6-3, 3-6, 6-4 DOUBLE DAMES Finale P. Suarez-V. Ruano Pascual (Esp./Arg.) battent E. Dementieva-J. Husarova (Russie/ Slovaq.) 6-2, 6-1 DOUBLE MIXTE Finale L. Raymond-M. Bryan (É-U) battent K. Srebotnik-B. Bryan (Slovén./É-U) 7-6 (11/9), 7-6 (7/1) MASTERS MESSIEURS !SHANGHAI, 12!17 NOVEMBRE! Demi-finales J.-C. Ferrero (Esp.) bat C. Moya (Esp.) 6-7 (6/8), 6-4, 6-4 L. Hewitt (Austr.) bat R. Federer (Suisse) 7-5, 5-7, 7-5 Finale Hewitt bat Ferrero 7-5, 7-5, 2-6, 2-6, 6-4 DAMES !LOS ANGELES, 6!11 NOVEMBRE! Demi-finales K. Clijsters (Belg.) bat V. Williams (É-U) 5-0, abandon S. Williams (É-U) bat J. Capriati (É-U) 2-6, 6-4, 6-4 Finale Clijsters bat Williams 7-5, 6-3 CLASSEMENT DE LA CHAMPION’S RACE ATP AU 31 DÉCEMBRE 2002 1. Lleyton Hewitt (Austr.) 897 pts 2. André Agassi (É-U) 679 3. Marat Safin (Russie) 569 4. Juan-Carlos Ferrero (Esp.) 548 5. Carlos Moya (Esp.) 526 6. Roger Federer (Suisse) 518 7. Jiri Novak (Rép. tch.) 467 8. Tim Henman (G-B) 443 9. Albert Costa (Esp.) 414 10. Andy Roddick (É-U) 409 CLASSEMENT WTA AU 31 DÉCEMBRE 2002 1. Serena Williams (É-U) 6 080 pts 2. Venus Williams (É-U) 5 140 pts 3. Jennifer Capriati (É-U) 3 796 pts 4. Kim Clijsters (Belg.) 3 557 pts 5. Justine Henin (Belg.) 3 218 pts 6. Amélie Mauresmo (Fr.) 3 068 pts 7. Monica Seles (É-U) 2 952 pts 8. Daniela Hantuchova (Slovaq.) 2 667 pts 9. Jelena Dokic (Youg.) 2 506 pts 10. Martina Hingis (Suisse) 2 348 pts downloadModeText.vue.download 232 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 230 COUPE DAVIS (Paris-Bercy, 29 nov.-1er déc.) Finale Russie bat France 3 victoires à 2 TENNIS DE TABLE CHAMPIONNATS D’EUROPE (Zagreb, 30 mars-8 avril) MESSIEURS Par équipes Suède bat Allemagne 3 à 2 Simple T. Boll (All.), bat K. Kreanga (Grèce) 4 à 2 DOUBLE Finale Boll-Fejer-Konnerth (All.) battent BlaszczykKrseszewski (Pol.) 4 à 0 DAMES Par équipes Roumanie bat Allemagne 3 à 2 Simple Ni Xian Lian (Lux.) bat K. Toth (Hongr.) 4 à 1 DOUBLE Finale Boros-Steff (Croatie/Roum.) battent Pavlovich-Kostromina (Biél.) 4 à 3 DOUBLE MIXTE L. Blaszczyk-Ni Xian Lian (Pol./Lux.) battent A. Karakasevic-R. Garkauskaite (Youg./ Lituanie) VOILE ROUTE DU RHUM (10-22 novembre) Multicoques 1. Michel Desjoyeaux (Fr./Géant) 13 j, 7 h, 53 min, 00 sec 2. Marc Guillemot (Fr./Biscuits La Trinitaine) à 11 h, 43 min, 18 sec 3. Lalou Roucayrol (Fr./Banque Populaire) à 23 h, 8 min, 00 sec Monocoques 1. Ellen MacArthur 13 j, 13 h, 31 min, 47 sec 2. Mike Golding (G-B/Ecover) à 9 h, 17 min, 48 sec 3. Joe Seeten (Fr./Arcelor-Dunkerque) à 2 j, 9 h, 20 min, 04 sec TROPHÉE JULES!VERNE !2 MARS!9 MAI! Bruno Peyron en 64 j 8 h 37 min 40 s SOLITAIRE DU FIGARO Classement final 1. C. de Pavant (Fr.) 13 j 20 h 15 min 56 s 2. G. Chiorri (Fr.) à 23 min 3. C. Caudrelier-Benac (Fr.) à 30 min 35 s VOLLEY CHAMPIONNATS DU MONDE MESSIEURS !ARGENTINE, 28 SEPTEMBRE!13 OCTOBRE! Demi-finales Russie bat France 3 à 2 Brésil bat Yougoslavie 3 à 1 Finale Brésil bat Russie 3 à 2 Match pour la 3e place France bat Yougoslavie 3 à 0 DAMES !ALLEMAGNE, 31 AOÛT!15 SEPTEMBRE! Finale Italie bat États-Unis 3 à 2 Match pour la 3e place Russie bat Chine 3 à 1 LIGUE MONDIALE MESSIEURS Finale Russie bat Brésil 3 à 1 downloadModeText.vue.download 233 sur 380 SPORTS ET RÉSULTATS 231 LIGUE DES CHAMPIONS MESSIEURS Finale Macerata (Ital.) bat Olympiakos Le Pirée (Grèce) 3 à 1. DAMES Finale Cannes (Fr.) bat Bergame (Ital.) 3 à 1 CHAMPIONNAT DE FRANCE Finale Paris Volley bat Tourcoing 2 victoires à 1 COUPE DE FRANCE Finale Poitiers bat Tourcoing 3 sets à 2 downloadModeText.vue.download 234 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 232 AFGHANISTAN Superficie : 650 000 km 2 Population (hormis la capitale) : 22 474 000 hab. Capitale : Kaboul 2 454 400 hab. Chef du gouvernement provisoire : Hamid Karzai Organisation administrative : 30 provinces Langues officielles : pachto, dari Religion : islam Monnaie : afghani ➡ HISTORIQUE 1879 : traité de Gandamak, instituant une tutelle anglo-russe sur le pays. 1921 : déclaration d’indépendance. 1973 : renversement de la monarchie. 1978 : prise du pouvoir par le PC. 1979-1989 : intervention soviétique. 1992 : chute des communistes et prise du pouvoir par les moudjahidin. 1994 : les talibans prennent Kaboul. 2001 : chute des talibans. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 40 hab./km 2 Part de la population urbaine : 21,5 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,5 %, 1565 ans 51,8 %, + 65 ans 4,7 % Taux de natalité : 46,72 ‰ Taux de mortalité : 20,55 ‰ Taux de mortalité : infantile 161,3 ‰ Espérance de vie : hommes 46 ans, femmes 47 ans Défense Total forces armées : 429 000 hommes ➡ TENDANCES Depuis le départ des talibans, la situation est revenue lentement à la normale en Afghanistan où la Loya Jirga, en juin, a jeté les fondations d’un État de droit. Mais la paix, assurée en partie par un contingent international, est fragilisée par les opérations militaires des Américains poursuivant, au prix de bavures, la traque des talibans et d’al-Qaida, et par les divisions persistantes entre Afghans. AFRIQUE DU SUD Superficie : 1 221 000 km 2 Population : 43 792 000 hab. Capitales : Pretoria (capitale administrative), Le Cap (siège du Parlement) 854 616 hab. (2 800 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État et du gouvernement : (président de la République) Thabo Mbeki Organisation administrative : 9 provinces Langues officielles : zoulou, xhosa, venda, tswana, tsonga, swazi, sotho, pedi, ndebele, anglais, afrikaans Religions : protestantisme, Églises indigènes, animisme Monnaie : rand ➡ HISTORIQUE 1814 : la pays passe sous administration britannique. 1899-1902 : guerre des Boers. 1910 : création de l’Union sud-africaine, sous mandat britannique. 1912 : création de l’ANC. downloadModeText.vue.download 235 sur 380 STATISTIQUES 233 1948 : instauration de l’apartheid. 1985 : instauration de l’état d’urgence. 1990 : F. De Klerk légalise l’ANC et libère Nelson Mandela. 1994 : victoire de l’ANC aux élections ; Nelson Mandela président du pays. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 34 hab./km 2 Part de la population urbaine : 50,2 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 34 %, 15-65 ans 60,3 %, + 65 ans 5,7 % Taux de natalité : 26,26 ‰ Taux de mortalité : 12,24 ‰ Taux de mortalité : infantile 59,2 ‰ Espérance de vie : hommes 47 ans, femmes 50 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 129 milliards de $ PNB/hab. : 3 020 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 3,1 % Taux annuel d’inflation (2000) : 5,34 % Structure du PIB : 4,5 % pour l’agriculture, 38,5 % pour l’industrie, 56,9 % pour les services Dette extérieure : 25 222 millions de $ Défense Total forces armées : 69 950 hommes Budget de la Défense 1,5 % du PIB Éléments du niveau de vie Analphabétisme 18,2 % Apport en calories 2 933 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 106/1 000 hab. Téléphones : 107/1 000 hab. Télévisions : 109/1 000 hab. ➡ TENDANCES Bien que le gouvernement n’ait pas ménagé ses efforts pour associer la population noire à la vie économique, les résultats se faisaient toujours attendre. Il est vrai que le climat de violence, la corruption et la pénurie de maind’oeuvre constituent autant de freins au développement. Une situation qui n’est pas pour attirer les investissements étrangers, qui ne cessent de se contracter. ALBANIE Superficie : 29 000 km 2 Population : 3 145 000 hab. Capitale : Tirana 279 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Alfred Moisiu Chef du gouvernement : Fatos Nano Organisation administrative : 36 districts Langue officielle : albanais Religions : islam, christianisme Monnaie : lek ➡ HISTORIQUE 1912 : l’indépendance du pays est arrachée à l’Empire ottoman. 1939-1944 : occupation du pays par les Italiens puis par les Allemands. 1946 : l’Albanie devient une république socialiste. Le président Enver Hoxha institue un régime collectiviste et se rapproche de la Chine maoïste. 1990 : chute du régime communiste. 1992 : le politicien de centre droit Sali Berisha est élu à la présidence. 1997 : l’ancien communiste Rexhep Medjani succède à Sali Berisha. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 123 hab./km 2 Part de la population urbaine : 41,0 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 30 %, 15-65 ans 61 %, + 65 ans 9 % Taux de natalité : 16,23 ‰ Taux de mortalité : 5,54 ‰ Taux de mortalité : infantile 25 ‰ Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 75 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 3,83 milliards de $ PNB/hab. : 1 120 $ Taux annuel d’inflation (2000) : 0,05 % Structure du PIB : 52,6 % pour l’agriculture, 26 % pour l’industrie, 21,4 % pour les services Dette extérieure : 706 millions de $ Défense Total forces armées : 54 000 hommes Budget de la Défense 2,3 % du PIB downloadModeText.vue.download 236 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 234 ➡ TENDANCES En proie à des crises chroniques, la classe politique albanaise s’est engagée sur la voie de la stabilité en portant à la présidence Alfred Moisiu. Cet ancien général a pour priorité de redresser la situation économique de l’Albanie. Une tâche qui s’annonce extrêmement difficile eu égard à la situation : l’appareil industriel a perdu trois quarts de ses capacités de production en dix ans. Si les investissements étrangers ont retrouvé le chemin de Tirana, le pays reste toujours pauvre. Le commerce extérieur est déficitaire, de même que le budget de l’État. ALGÉRIE Superficie : 2 380 000 km 2 Population : 30 841 000 hab. Capitale : Alger (1 885 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Abdelaziz Bouteflika Chef du gouvernement : Ali Benflis Organisation administrative : 48 wilayas Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : dinar algérien ➡ HISTORIQUE 1857 : domination de la France sur l’ensemble du pays. 1930 : création des mouvements nationalistes et islamistes. 1945 : émeute lourdement réprimée à Sétif. 1954 : début de la guerre d’indépendance. 1962 : indépendance de l’Algérie. 1965 : Houari Boumediene renverse Ahmed Ben Bella. 1988 : émeutes réprimées dans le sang. 1991 : le Front islamique du salut (FIS) remporte le premier tour des élections législatives. Le processus électoral est alors interrompu. 1992 : assassinat du président Boudiaf. 1999 : élection d’Abdelaziz Bouteflika. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 13 hab./km 2 Part de la population urbaine : 59,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 34,8 %, 1565 ans 59,2 %, + 65 ans 6 % Taux de natalité : 25,34 ‰ Taux de mortalité : 5,59 ‰ Taux de mortalité : infantile 42,8 ‰ Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 72 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 47,9 milliards de $ PNB/hab. : 1 580 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 2,4 % Taux annuel d’inflation (2000) : 2,65 % Structure du PIB : 11,4 % pour l’agriculture, 50,7 % pour l’industrie, 37,9 % pour les services Dette extérieure : 30 921 millions de $ Taux de chômage : 26,4 % Défense Total forces armées : 122 000 hommes Budget de la Défense 3,8 % du PIB ➡ TENDANCES Dix ans après l’annulation des élections législatives qui avaient failli amener les islamistes au pouvoir, l’Algérie veut oublier la guerre civile causée par cette rupture brutale du processus électoral. Les législatives du 30 mai ont ainsi ramené le FLN sur le devant de la scène politique, une victoire qui doit être relativisée du fait d’un fort taux d’abstention, observé surtout en Kabylie et à Alger. Plus que les islamistes armés, toujours actifs, ce sont les Kabyles qui mettent à mal la politique de réconciliation nationale du président Bouteflika. Et le retour du FLN, talonné par les islamistes modérés, n’augure pas vraiment bien d’une normalisation de la vie politique dans un pays traumatisé par dix années d’une guerre civile particulièrement meurtrière. downloadModeText.vue.download 237 sur 380 STATISTIQUES 235 ALLEMAGNE Superficie : 357 000 km 2 Population : 82 007 000 hab. Capitale : Berlin 3 324 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Johannes Rau Chef du gouvernement : Gerhard Schröder Organisation administrative : 16 Länder Langue officielle : allemand Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : euro ➡ HISTORIQUE 1871 : proclamation à Versailles de l’Empire allemand, sous domination prussienne. 1918 : défaite de l’Allemagne et abdication de l’empereur Guillaume II. Proclamation de la République de Weimar. 1933 : arrivée de Hitler au pouvoir. 1945 : défaite de l’Allemagne et occupation du pays par les troupes alliées. 1948 : blocus de Berlin par les Soviétiques. 1961 : érection d’un mur séparant les deux côtés de Berlin par les autorités d’Allemagne de l’Est. 1991 : réunification des deux Allemagnes. 1998 : le chancelier démocrate-chrétien Helmut Kohl, au pouvoir depuis 1982, est remplacé par le social-démocrate Gerhard Schröder. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 235 hab./km 2 Part de la population urbaine : 87,3 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 15,5 %, 15-65 ans 68,1 %, + 65 ans 16,3 % Taux de natalité : 9,4 ‰ Taux de mortalité : 10,77 ‰ Taux de mortalité : infantile 4,9 ‰ Espérance de vie : hommes 74 ans, femmes 80 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 2 064 milliards de $ PNB/hab. : 25 120 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 3 % Taux annuel d’inflation (2000) : 1,95 % Structure de la population active : agriculture 3,2 %, mines et industrie 36,5 %, services 60,2 % Structure du PIB : 1 % pour l’agriculture, 30,9 % pour l’industrie, 68 % pour les services Dette brute : 63,1 % du PIB Taux de chômage : 7,9 % Défense Total forces armées : 322 800 hommes Budget de la Défense 1,2 % du PIB Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin 294 Apport en calories 3 330 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 79/1 000 hab. Téléphones : 550/1 000 hab. Télévisions : 564/1 000 hab. ➡ TENDANCES Malgré un piètre bilan économique, illustré par la persistance du chômage et la baisse de la croissance, Gerhard Schröder a été reconduit à la chancellerie de Berlin à la faveur des élections législatives du 22 septembre 2002. Cette victoire à l’arraché face à son rival chrétien-démocrate Edmund Stoiber, le chancelier social-démocrate la doit à sa forte popularité, renforcée par son attitude lors des inondations catastrophiques d’août, et surtout au score des Verts, conduits par le non moins populaire Joschka Fischer. Il lui faudra maintenant redresser l’économie du pays en menant à bien sa réforme annoncée du marché du travail, tout en restaurant les liens avec les États-Unis, malmenés durant une campagne hostile aux projets de guerre contre l’Irak. downloadModeText.vue.download 238 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 236 ANDORRE Superficie : 465 km 2 Population : 90 000 hab. Capitale : Andorre-la-Vieille 25 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : régime parlementaire Chef de l’État : (Coprince) Joan Martí Alanis ; Jacques Chirac Chef du gouvernement : Marc Forné Molné Organisation administrative : 7 paroisses Langue officielle : catalan Religion : catholicisme Monnaies : peseta espagnole, peseta andorrane, franc français ➡ HISTORIQUE 1278 : la principauté se place sous la double suzeraineté de l’évêque d’Urgel et du comte de Foix. 1607 : les droits du comte de Foix sont transmis au souverain français. 1993 : la principauté se dote de sa première Constitution écrite et entre à l’ONU. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 147 hab./km 2 Part de la population urbaine : 93 % ANGOLA Superficie : 1 246 700 km 2 Population : 13 527 000 hab. Capitale : Luanda (2 200 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (président de la République) José Eduardo Dos Santos Organisation administrative : 18 provinces Langue officielle : portugais Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : kwanza ➡ HISTORIQUE 1482 : arrivée des premiers colons portugais. 1920 : le Portugal domine l’ensemble du pays. 1961 : première insurrection nationaliste. 1975 : indépendance de l’Angola. 1979 : mort du premier président Agostino Neto. Son successeur Eduardo Dos Santos, du MPLA, passe un accord provisoire avec le mouvement rebelle de l’UNITA. 1992 : premières élections libres. Succès pour Dos Santos et pour le MPLA. La guerre civile continue. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 10 hab./km 2 Part de la population urbaine : 33,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 48,2 %, 1565 ans 47,3 %, + 65 ans 4,5 % Taux de natalité : 47,80 ‰ Taux de mortalité : 18,75 ‰ Taux de mortalité : infantile 117,7 ‰ Espérance de vie : hommes 45 ans, femmes 48 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 3,85 milliards de $ PNB/hab. : 290 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 2,1 % Structure du PIB : 6,9 % pour l’agriculture, 77,1 % pour l’industrie, 16,1 % pour les services Dette extérieure : 10 160 millions de $ Défense Total forces armées : 110 500 hommes Budget de la Défense 5,6 % du PIB downloadModeText.vue.download 239 sur 380 STATISTIQUES 237 ➡ TENDANCES La disparition au combat de Jonas Savimbi, le chef historique de l’UNITA a largement dominé l’actualité angolaise. Sans doute la mort de Savimbi a-t-elle faci- lité la conclusion d’un accord de cessez-le-feu, mettant fin à une guerre civile de vingt-sept ans. Il reste maintenant au chef de l’État, José Eduardo Dos Santos, à relever un pays exsangue. En effet, malgré un PIB parmi les plus élevés d’Afrique australe, la situation sociale demeure catastrophique. ANTIGUA!ET! BARBUDA Superficie : 442 km 2 Population : 65 000 hab. Capitale : Saint John’s 25 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Élisabeth II représentée par James B. Carlisle Chef du gouvernement : Lester Bird Organisation administrative : 7 paroisses Langue officielle : anglais Religion : protestantisme Monnaie : dollar des Caraïbes orientales ➡ HISTORIQUE 1860 : les deux îles sont réunies sous la domination britannique. 1981 : indépendance du pays. 1994 : Lester Bird succède comme premier ministre à son père Vere, lui-même au pouvoir depuis 1946 (sauf entre 1971 et 1976). ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 153 hab./km 2 Part de la population urbaine : 36,6 % Taux Taux Taux 17,3 de natalité : 20,38 ‰ de mortalité : 5 ‰ de mortalité : infantile ‰ Espérance de vie : hommes 72 ans, femmes 78 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,64 milliard de $ PNB/hab. : 9 440 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 3,7 % Structure PIB : 3,9 % pour l’agriculture, 19,2 % l’industrie, 76,8 % les services Défense Total forces armées : 150 hommes Budget de la Défense 0,6 % du PIB ARABIE SAOUDITE Superficie : 2 150 000 km 2 Population : 21 028 000 hab. Capitale : Riyad 3 324 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : monarchie Chef de l’État et du gouvernement : (Roi) Fahd ibn Abd al-Aziz al-Saud Organisation administrative : 13 provinces Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : riyal saoudien ➡ HISTORIQUE 1819 : l’Empire ottoman domine le pays. 1902 : Ibn Séoud entreprend l’unification du pays. 1974 : accords préférentiels avec les États-Unis. 1975 : assassinat du souverain. 1989 : application de la loi islamique. 1995 : incidents de frontière avec le Yémen. downloadModeText.vue.download 240 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 238 1996 : le prince Abdallah devient régent du royaume. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 9 hab./km 2 Part de la population urbaine : 85,1 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 42,9 %, 1565 ans 52,3 %, + 65 ans 4,8 % Taux de natalité : 33,66 ‰ Taux de mortalité : 4,14 ‰ Taux de mortalité : infantile 20,6 ‰ Espérance de vie : hommes 71 ans, femmes 74 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 150 milliards de $ PNB/hab. : 7 230 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 4,5 % Taux annuel d’inflation (2000) : 0,85 % Structure du PIB : 6,2 % pour l’agriculture, 44,6 % pour l’industrie, 49 % pour les services Défense Total forces armées : 105 500 hommes Budget de la Défense 10,9 % du PIB ➡ TENDANCES L’ombre portée des attentats du 11 septembre 2001 a indéniablement plané sur l’Arabie saoudite, ce dont a témoigné la dégradation des relations avec les États-Unis. Le ralentissement de l’économie, autre conséquence des attentats contre New York et Washington, aura toutefois été moins important que ne pouvaient le craindre les autorités saoudiennes. Néanmoins, ces dernières ont manifesté leur volonté de diversifier l’économie afin de réduire le déficit budgétaire et de favoriser la création d’emplois. ARGENTINE Superficie : 2 780 000 km 2 Population : 37 488 000 hab. Capitale : Buenos Aires 11 900 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (président de la République) Eduardo Duhalde Organisation administrative : 23 provinces, 1 district fédéral Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : peso argentin ➡ HISTORIQUE 1816 : indépendance par rapport à l’Espagne. 1946 : Juan Domingo Perón président de la République. Il est déposé par une junte militaire en 1955. 1973 : réélection de Perón. 1976 : coup d’État militaire ; instauration de la dictature. 1982 : la guerre des Malouines contre la Grande-Bretagne précipite la chute de la junte. 1983 : élection de Raúl Alfonsin. 1989 : Carlos Menem lui succède. 1999 : après l’échec du Parti justicialiste (péroniste) de Menem en 1997, Fernando de la Rúa succède à celui-ci. 2001 : démission de de la Rúa. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 13 hab./km 2 Part de la population urbaine : 89,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 27,7 %, 1565 ans 59 %, + 65 ans 13,3 % Taux de natalité : 19,24 ‰ Taux de mortalité : 7,95 ‰ Taux de mortalité : infantile 20 ‰ Espérance de vie : hommes 70 ans, femmes 77 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 276 milliards de $ PNB/hab. : 7 460 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : – 0,5 % Taux annuel d’inflation (2000) : – 0,94 % Structure du PIB : 4,6 % pour l’agriculture, 28,2 % pour l’industrie, 67,1 % pour les services Dette extérieure : 123 221 millions de $ Défense Total forces armées : 70 500 hommes Budget de la Défense 1,0 % du PIB Éléments du niveau de vie Analphabétisme 3,8 % downloadModeText.vue.download 241 sur 380 STATISTIQUES 239 Apport en calories 3 136 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 127/1 000 hab. Téléphones : 191/1 000 hab. Télévisions : 219/1 000 hab. ➡ TENDANCES L’année écoulée n’a guère été moins dure aux Argentins que le millésime précédent. La récession qui dure depuis quatre ans n’a cessé de s’aggraver, entraînant un dramatique appauvrissement de la population. Les différentes potions prescrites par le Fonds monétaire international ont, par les politiques d’austérité qu’elles imposaient, affaibli le pays. Accablée par cette crise sans précédent, l’Argentine comptait sur son équipe de football pour retrouver le moral. Mais elle a été éliminée dès le premier tour du Mondial. ARMÉNIE Superficie : 29 800 km 2 Population : 3 788 000 hab. Capitale : Erevan (1 284 000 hab.) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Robert Kotcharian Chef du gouvernement : Adranik Markarian Organisation administrative : 37 districts ruraux Langue officielle : arménien Religion : Église arménienne Monnaie : dram arménien ➡ HISTORIQUE XVe siècle : les Turcs se rendent maîtres de l’Arménie. 1829 : la Russie annexe l’Arménie orientale. 1915 : génocide de près de 1,5 million d’Arméniens par les Turcs. 1918 : l’Arménie orientale proclame son indépendance. 1920 : la nouvelle république est soviétisée et la région du Karabakh est rattachée à l’Azerbaïdjan. 1991 : nouvelle proclamation de l’indépendance. 1992-1995 : conflit avec l’Azerbaïdjan. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 135 hab./km 2 Part de la population urbaine : 69,7 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 23,7 %, 15-65 ans 63,1 %, + 65 ans 13,2 % Taux Taux Taux 15,4 de natalité : 10,75 ‰ de mortalité : 7,64 ‰ de mortalité : infantile ‰ Espérance de vie : hommes 71 ans, femmes 78 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1,99 milliard de $ PNB/hab. : 520 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 6 % Taux annuel d’inflation (2000) : 0,81 % Structure du PIB : 28,7 % pour l’agriculture, 32,6 % pour l’industrie, 38,7 % pour les services Dette extérieure : 666 millions de $ Défense Total forces armées : 53 400 hommes Budget de la Défense 3,4 % du PIB ➡ TENDANCES L’Arménie s’est préparée sans grand enthousiasme aux élections générales qui devraient se dérouter au printemps 2003 dans un contexte économique toujours affecté par le double blocus exercé par l’Azerbaïdjan et la Turquie, et sans perspective de règlement diplomatique du conflit du Haut-Karabakh. Une situation peu propice à attirer les capitaux dont le pays a pourtant grand besoin. downloadModeText.vue.download 242 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 240 AUSTRALIE Superficie : 7 700 000 km 2 Population : 19 338 000 hab. Capitale : Canberra 368 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Élisabeth II représentée par Peter Hollingworth Chef du gouvernement : John Howard Organisation administrative : 2 territoires, 6 États Langue officielle : anglais Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : dollar australien ➡ HISTORIQUE 1901 : l’Australie accède au statut de Commonwealth of Australia. 1914-1918 : 60 000 soldats australiens sont tués lors de la Première Guerre mondiale (30 000 lors de la Seconde). Années 60 et 70 : forte expansion économique et gouvernements libéraux. 1983 : retour des travaillistes au pouvoir. 1988 : relâchement des liens avec la Grande-Bretagne. 1996 : le conservateur John Howard nouveau Premier ministre. 2000 : par référendum, les Australiens rejettent la transformation du pays en république. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 2 hab./km 2 Part de la population urbaine : 84,7 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 20,5 %, 15-65 ans 63,2 %, + 65 ans 16,3 % Taux de natalité : 13,13 ‰ Taux de mortalité : 7,59 ‰ Taux de mortalité : infantile 5,2 ‰ Espérance de vie : hommes 76 ans, femmes 82 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 388 milliards de $ PNB/hab. : 20 240 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 1,9 % Taux annuel d’inflation (2000) : 4,48 % Structure de la population active : agriculture 5,2 %, mines et industrie 22,1 %, services 72,7 % Structure du PIB : 28 % pour l’industrie Dette brute : 33,6 % du PIB Taux de chômage : 3,7 % Défense Total forces armées : 55 200 hommes Budget de la Défense 1,7 % du PIB Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin 400 Apport en calories 3 001 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 485/1 000 hab. Téléphones : 505/1 000 hab. Télévisions : 495/1 000 hab. ➡ TENDANCES Le gouvernement conservateur de John Howard, reconduit au pouvoir en novembre 2001 contre toute attente, a dû s’atteler aux questions fondamentales pour le pays : l’économie, bien sûr, qui semble s’enfoncer dans une période de récession, même si les performances de l’année écoulée placent l’Australie en tête des pays de l’OCDE, juste derrière l’Irlande ; mais aussi la place qu’il convient de réserver aux minorités indigènes, sans oublier la question des immigrants illégaux. Rude tâche donc pour le gouvernement. AUTRICHE Superficie : 84 000 km 2 Population : 8 075 000 hab. Capitale : Vienne (2 100 000 hab. dans l’agglomération) downloadModeText.vue.download 243 sur 380 STATISTIQUES 241 Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président fédéral) Thomas Klestil Chef du gouvernement : Wolfgang Schüssel Organisation administrative : 9 États fédérés Langue officielle : allemand Religion : catholicisme Monnaie : euro ➡ HISTORIQUE 1918-1920 : démantèlement de l’empire des Habsbourg. 1920 : proclamation de la République fédérale d’Autriche. 1938 : rattachement (Anschluss) de l’Autriche à l’Allemagne nazie. 1945 : proclamation de la IIe République fédérale d’Autriche. 1986 : élection à la présidence de Kurt Waldheim contesté pour son passé nazi. 1995 : adhésion de l’Autriche à l’Union européenne. 2000 : constitution d’un gouvernement de coalition avec l’extrême droite. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 98 hab./km 2 Part de la population urbaine : 64,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 16,6 %, 15-65 ans 62,7 %, + 65 ans 20,7 % Taux de natalité : 9,65 ‰ Taux de mortalité : 10 ‰ Taux de mortalité : infantile 4,7 ‰ Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 81 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 205 milliards de $ PNB/hab. : 25 220 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 3 % Taux annuel d’inflation (2000) : 2,35 % Structure de la population active : agriculture 2,2 %, mines et industrie 32,9 %, services 64,9 % Structure du PIB : 1,5 % pour l’agriculture, 30,5 % pour l’industrie Dette brute : 63,1 % du PIB Taux de chômage : 6,4 % Défense Total forces armées : 40 500 hommes Budget de la Défense 0,8 % du PIB Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin 357 Apport en calories 3 343 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 469/1 000 hab. Téléphones : 492/1 000 hab. Télévisions : 497/1 000 hab. ➡ TENDANCES Dans une Europe travaillée par la montée des populismes, l’Autriche a eu beau jeu de pousser en avant ses conceptions sur l’immigration et les droits des étrangers. À ce jeu, le leader du FPÖ Jörg Haider s’est montré incontestablement à son aise. Il est vrai que le sommet européen de Séville aura été largement consacré à la question des étrangers en situation irrégulière. Mais c’est incontestablement les élections anticipées de novembre 2002 et la déroute du FPÖ qui ont marqué l’année politique. Sur le front économique, l’Autriche a choisi d’adopter un budget d’austérité, envisageant également une augmentation de l’âge de la retraite et des coupes dans plusieurs secteurs de la sécurité sociale. AZERBAÏDJAN Superficie : 87 000 km 2 Population : 8 096 000 hab. Capitale : Bakou 1 720 000 hab. (1 936 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Gueïdar Aliev Chef du gouvernement : Artur Rasizade Organisation administrative : 65 régions, 1 république autonome, 11 villes Langue officielle : azéri Religion : islam chiite Monnaie : manat azerbaïdjanais ➡ HISTORIQUE 1828 : annexion du nord du pays par la Russie. downloadModeText.vue.download 244 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 242 1920 : soviétisation du pays. 1991 : proclamation de l’indépendance. 1992 : conflit avec l’Arménie pour la possession du Karabakh. 1993 : Gueidar Aliev, ancien secrétaire du Parti communiste accède à la présidence. Il déjoue deux tentatives de putsch en 1994 et 1995. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 92 hab./km 2 Part de la population urbaine : 57 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 29 %, 15-65 ans 60,5 %, + 65 ans 10,5 % Taux de natalité : 14,7 ‰ Taux de mortalité : 6,73 ‰ Taux de mortalité : infantile 29,3 ‰ Espérance de vie : hommes 68 ans, femmes 75 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 4,85 milliards de $ PNB/hab. : 600 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 11,1 % Taux annuel d’inflation (2000) : 1,77 % Structure de la population active : agriculture 30,3 %, mines et industrie 35,5 %, services 31,2 % Structure du PIB : 23,3 % pour l’agriculture, 35,4 % pour l’industrie, 31,2 % pour les services Dette extérieure : 504 millions de $ Défense Total forces armées : 69 900 hommes Budget de la Défense 2,8 % du PIB ➡ TENDANCES Rapprochement avec Washing- ton, visite du pape, développement d’une industrie pétrolière très prometteuse, c’est sur ce bilan que le président Aliev postulera un troisième mandat en 2003. À soixante-dix-huit ans, il a aussi ménagé ses arrières, par un référendum désignant son fils comme son dauphin. Ce dernier héritera d’une économie qui doit sa relative bonne santé au seul secteur pétrolier. BAHAMAS Superficie : 13 900 km 2 Population : 308 000 hab. Capitale : Nassau 214 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Élisabeth II représentée par Ivy Dumont Chef du gouvernement : Perry Christie Organisation administrative : 21 districts Langue officielle : anglais Religion : protestantisme Monnaie : dollar des Bahamas ➡ HISTORIQUE 1718 : l’archipel devient une colonie britannique. 1964 : constitution d’un gouvernement autonome. 1973 : indépendance de l’archipel. 1987 : malgré la découverte de l’implication de hauts dignitaires de son parti (le PLP) dans un important trafic de cocaïne, Lynden O. Pindling est réélu pour la cinquième fois au poste de Premier ministre. 1992 : le leader du MLN accède au pouvoir. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 30 hab./km 2 Part de la population urbaine : 88,1 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 29,6 %, 1565 ans 62,4 %, + 65 ans 8 % Taux de natalité : 19,12 ‰ Taux de mortalité : 4,94 ‰ Taux de mortalité : infantile 17,2 ‰ Espérance de vie : hommes 70 ans, femmes 76 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 4,53 milliards de $ PNB/hab. : 14 960 $ Taux annuel d’inflation (2000) : 1,61 % Défense Total forces armées : 860 hommes Budget de la Défense 0,6 % du PIB downloadModeText.vue.download 245 sur 380 STATISTIQUES 243 BAHREÏN Superficie : 660 km 2 Population : 652 000 hab. Capitale : Manama 162 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : monarchie Chef de l’État : (Émir) Hamad ibn Isa Al Khalifa Chef du gouvernement : Khalifa ibn Salman Al Khalifa Organisation administrative : 12 régions Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : dinar de Bahreïn ➡ HISTORIQUE XVIe siècle : occupation portugaise. XVIIe siècle : occupation perse. 1914 : protectorat britannique. 1971 : proclamation de l’indépendance. 1973 : élaboration d’une Constitution, suspendue sine die depuis 1975. 1981 : adhésion au Conseil de coopération du Golfe. 1996 : émeutes et attentats. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 966 hab./km 2 Part de la population urbaine : 91,8 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 28,2 %, 1565 ans 67,1 %, + 65 ans 4,7 % Taux de natalité : 19,8 ‰ Taux de mortalité : 3,58 ‰ Taux de mortalité : infantile 14,4 ‰ Espérance de vie : hommes 71 ans, femmes 76 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 5,16 milliards de $ PNB/hab. : 7 840 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1996) : 3,1 % Structure du PIB : 0,93 % pour l’agriculture, 43,31 % pour l’industrie, 55,75 % pour les services Défense Total forces armées : 11 000 hommes Budget de la Défense 4,8 % du PIB ➡ TENDANCES Bahreïn a poursuivi la libéralisation du régime engagée à la faveur de l’avènement d’un nouveau souverain en 1999. Ainsi, l’archipel a connu une avancée démocratique majeure, marquée par la libération de tous les prisonniers politiques et le retour des exilés. Mais de l’année écoulée on retiendra surtout la transformation de l’émirat en une monarchie constitutionnelle. BANGLADESH Superficie : 143 000 km 2 Population : 140 369 000 hab. Capitale : Dacca 9 000 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Lajuddin Ahmed Chef du gouvernement : Khaleda Zia Organisation administrative : 5 divisions Langue officielle : bengali Religion : islam Monnaie : taka ➡ HISTORIQUE 1757 : domination britannique. 1947 : partage du Bengale en deux : la partie orientale est dévolue au Pakistan, tandis que la partie occidentale va à l’Inde. 1971 : après une guerre contre le Pakistan, le Bengale oriental devient le Bangladesh. 1975 : assassinat du leader historique cheik Mujibur Rahman. downloadModeText.vue.download 246 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 244 1991 : rétablissement du système parlementaire. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 981 hab./km 2 Part de la population urbaine : 24 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 38,7 %, 1565 ans 56,4 %, + 65 ans 4,9 % Taux de natalité : 27,98 ‰ Taux de mortalité : 9,59 ‰ Taux de mortalité : infantile 67 ‰ Espérance de vie : hommes 60 ans, femmes 61 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 47,9 milliards de $ PNB/hab. : 370 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 5,9 % Taux annuel d’inflation (2000) : 2,38 % Structure de la population active : agriculture 63,2 %, mines et industrie 9,6 %, services 27,2 % Structure du PIB : 25,3 % pour l’agriculture, 24,3 % pour l’industrie, 50,5 % pour les services Dette extérieure : 15 125 millions de $ Défense Total forces armées : 137 000 hommes Budget de la Défense 1,8 % du PIB ➡ TENDANCES Un an après l’arrivée au pouvoir du Parti nationaliste du Bangladesh, la situation n’avait pas changé pour la majorité de la population. En effet, malgré une croissance soutenue, l’absence d’infrastructure et une corruption en augmentation régulière interdisent au pays de s’arracher au sous-développement. BARBADE Superficie : 431 km 2 Population : 268 000 hab. Capitale : Bridgetown 133 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Élisabeth II représentée par Clifford Husbands Chef du gouvernement : Owen Arthur Organisation administrative : 11 paroisses Langue officielle : anglais Religion : protestantisme Monnaie : dollar de la Barbade ➡ HISTORIQUE 1966 : ancienne colonie britannique, l’île proclame son indépendance. 1994 : Owen Arthur succède à L. Erksine Sandiford comme Premier ministre. 1998 : O. Arthur propose la constitution d’une fédération des îles de la région. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 620 hab./km 2 Part de la population urbaine : 49,5 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 20,7 %, 15-65 ans 65,9 %, + 65 ans 13,4 % Taux de natalité : 13,62 ‰ Taux de mortalité : 8,22 ‰ Taux de mortalité : infantile 10,9 ‰ Espérance de vie : hommes 73 ans, femmes 78 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 2,47 milliards de $ PNB/hab. : 9 250 $ Taux annuel d’inflation (2000) : 2,44 % Structure de la population active : agriculture 4,7 %, mines et industrie 19,6 %, services 75,7 % Dette extérieure : 644 millions de $ Défense Total forces armées : 610 hommes Budget de la Défense 0,4 % du PIB downloadModeText.vue.download 247 sur 380 STATISTIQUES 245 BELGIQUE Superficie : 30 500 km 2 Population : 10 264 000 hab. Capitale : Bruxelles 134 395 hab. (1 100 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Albert II Chef du gouvernement : Guy Verhofstadt Organisation administrative : 3 régions Langues officielles : néerlandais, français, allemand Religion : catholicisme Monnaie : euro ➡ HISTORIQUE 1831 : reconnaissance définitive de l’indépendance de la Belgique. 1945 : adhésion à l’ONU, au Benelux (1948) et à l’OTAN (1949). 1951 : Baudouin Ier succède à son père Léopold III. 1958 : le pacte scolaire met fin à l’opposition entre l’Église catholique et les partis libéral et socialiste. 1960 : indépendance du Congo. 1977 : le pacte d’Egmont découpe le pays en trois régions semi-autonomes : Flandre, Wallonie, Bruxelles. 1993 : la Belgique devient un État fédéral. Albert II succède sur le trône à son frère Baudouin Ier. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 312 hab./km 2 Part de la population urbaine : 97,2 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 17,3 %, 15-65 ans 60,6 %, + 65 ans 22,1 % Taux de natalité : 11,1 ‰ Taux de mortalité : 10,51 ‰ Taux de mortalité : infantile 4,2 ‰ Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 81 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 252 milliards de $ PNB/hab. : 24 450 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 4 % Taux annuel d’inflation (2000) : 1,58 % Structure de la population active : agriculture 2,3 %, mines et industrie 26 %, services 73 % Structure du PIB : 1,5 % pour l’agriculture, 27,8 % pour l’industrie, 70,8 % pour les services Dette brute : 115,9 % du PIB Taux de chômage : 7 % Défense Total forces armées : 41 750 hommes Budget de la Défense 1,1 % du PIB Éléments du niveau de vie Apport en calories 3 543 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 433/1 000 hab. Téléphones : 468/1 000 hab. Télévisions : 454/1 000 hab. ➡ TENDANCES L’année politique aura été troublée par les divergences qui se sont exprimées au sein de la coalition au pouvoir. Il est vrai que l’atonie de la croissance – dont un budget resserré a donné la mesure – a limité les marges de manoeuvre du gouvernement de Guy Verhohstadt. Contraint d’opérer des choix budgétaires, ce dernier n’a pas eu le loisir de satisfaire de façon égale tous ses partenaires. La réforme fiscale et celle des retraites, pourtant présentées comme aussi ambitieuses que nécessaires, sont restées globalement à l’état de projet. downloadModeText.vue.download 248 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 246 BELIZE Superficie : 23 000 km 2 Population : 231 000 hab. Capitale : Belmopan 6 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Reine) Élisabeth II représentée par Colville Young Chef du gouvernement : Said Musa Organisation administrative : 6 districts Langue officielle : anglais Religion : catholicisme Monnaie : dollar de Belize ➡ HISTORIQUE 1862 : la région passe sous contrôle britannique. 1981 : proclamation de l’indépendance. 1993 : signature d’un traité de non-agression avec le Guatemala, qui avait longtemps contesté l’indépendance de Belize. 1994 : les forces britanniques quittent définitivement le territoire. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 11 hab./km 2 Part de la population urbaine : 53,4 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 38,4 %, 1565 ans 55,6 %, + 65 ans 6 % Taux de natalité : 30,06 ‰ Taux de mortalité : 4,21 ‰ Taux de mortalité : infantile 30 ‰ Espérance de vie : hommes 70 ans, femmes 74 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,75 milliard de $ PNB/hab. : 3 110 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 10,2 % Taux annuel d’inflation (2000) : 0,61 % Structure du PIB : 18,6 % pour l’agriculture, 25 % pour l’industrie, 56,3 % pour les services Dette extérieure : 383 millions de $ Défense Total forces armées : 1 050 hommes Budget de la Défense 1,3 % du PIB ➡ TENDANCES Deux ans après le passage de l’ouragan Keith qui a fait pour quelque 250 millions de dollars de dégâts et laissé environ 3 000 personnes sans abri, les îles touristiques de Belize n’avaient pas fini de panser leurs plaies. On estime que 25 % des ménages sont pauvres, 10 % vivant dans une situation d’extrême pauvreté. BÉNIN Superficie : 113 000 km 2 Population : 6 446 000 hab. Capitale : Porto-Novo 213 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Mathieu Kérékou Organisation administrative : 6 départements Langue officielle : français Religions : catholicisme, animisme Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE 1883 : la France signe un accord de protectorat avec le roi Toffa. 1904 : le Dahomey devient une colonie française. 1960 : indépendance du Dahomey. 1975 : le Dahomey devient la République populaire downloadModeText.vue.download 249 sur 380 STATISTIQUES 247 du Bénin, d’obédience marxiste-léniniste. 1990 : proclamation de la République du Bénin, avec une nouvelle Constitution reconnaissant le multipartisme. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 55 hab./km 2 Part de la population urbaine : 41,5 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 46,4 %, 1565 ans 49,4 %, + 65 ans 4,2 % Taux de natalité : 40,08 ‰ Taux de mortalité : 13 ‰ Taux de mortalité : infantile 80,6 ‰ Espérance de vie : hommes 51 ans, femmes 55 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 2,34 milliards de $ PNB/hab. : 370 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 5,8 % Taux annuel d’inflation (2000) : 4,17 % Structure du PIB : 37,9 % pour l’agriculture, 13,8 % pour l’industrie, 48,3 % pour les services Dette extérieure : 1 624 millions de $ Défense Total forces armées : 4 800 hommes Budget de la Défense 1,3 % du PIB ➡ TENDANCES Longtemps considéré comme une exception démocratique dans un continent dont ce n’est pas la spécialité, le Bénin peine à se défaire de l’image d’extrême cafouillage qui avait entouré l’élection présidentielle de mars 2001. Il n’est pas sûr que le chef de l’État Mathieu Kérékou ait réussi à faire oublier ce faux-pas. BHOUTAN Superficie : 47 000 km 2 Population : 2 141 000 hab. Capitale : Thimbu 28 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : monarchie Chef de l’État : (Roi) Jigme Singye Wangchuck Chef du gouvernement : Lyonpo Kinzang Dorji Organisation administrative : 20 districts Langue officielle : tibétain Religion : bouddhisme Monnaies : roupie indienne, ngultrum ➡ HISTORIQUE 1910 : accord de semi-protectorat avec la Grande-Bretagne. 1959 : de nombreux réfugiés tibétains affluent au Bhoutan. 1971 : le Bhoutan entre à l’ONU. 1979 : les réfugiés tibétains sont sommés de prendre la nationalité bhoutanaise ou de rentrer au Tibet. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 17 hab./km 2 Part de la population urbaine : 6,9 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 42,7 %, 1565 ans 50,8 %, + 65 ans 6,5 % Taux de natalité : 38,4 ‰ Taux de mortalité : 9,78 ‰ Taux de mortalité : infantile 53,6 ‰ Espérance de vie : hommes 60 ans, femmes 63 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,48 milliard de $ PNB/hab. : 590 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 7 % Taux annuel d’inflation (1996) : 8,8 % Structure du PIB : 37,7 % pour l’agriculture, 36,7 % pour l’industrie, 25,6 % pour les services Dette extérieure : 89 millions de $ downloadModeText.vue.download 250 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 248 BIÉLORUSSIE Superficie : 208 000 km 2 Population : 10 147 000 hab. Capitale : Minsk 1 800 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Aleksandr Loukachenko Chef du gouvernement : Guennadi Novitski Organisation administrative : 6 provinces Langues officielles : russe, biélorusse Religion : orthodoxie Monnaie : rouble biélorusse ➡ HISTORIQUE 1793 : après le partage de la Pologne, la Biélorussie est annexée par la Russie. 1919 : soviétisation du pays. 1941-1944 : occupation allemande. La moitié de la population est anéantie. 1991 : indépendance de la Biélorussie, qui forme la CEI avec la Russie et l’Ukraine. 1994 : le nouveau président Aleksandr Loukachenko institue un régime autoritaire et se rapproche de la Russie. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 48 hab./km 2 Part de la population urbaine : 70,7 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 18,7 %, 15-65 ans 62,4 %, + 65 ans 18,9 % Taux Taux Taux 12,5 de natalité : 9,23 ‰ de mortalité : 13,2 ‰ de mortalité : infantile ‰ Espérance de vie : hommes 62 ans, femmes 74 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 28,7 milliards de $ PNB/hab. : 2 870 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 5,8 % Taux annuel d’inflation (2000) : 168,62 % Structure du PIB : 12,9 % pour l’agriculture, 42,1 % pour l’industrie, 45 % pour les services Dette extérieure : 1 162 millions de $ Défense Total forces armées : 80 900 hommes Budget de la Défense 0,9 % du PIB ➡ TENDANCES Malgré la réélection du très autoritaire président Loukachenko en septembre 2001, on constate certains progrès en Biélorussie dans les domaines politique et économique. Le président biélorusse persiste toutefois à défier l’OTAN. Sur le plan économique, la Biélorussie confirme sa position de producteur performant d’armements, de tracteurs et d’outils de haute précision, sans toutefois parvenir à endiguer la pauvreté, qui concerne 43 % de la population. BIRMANIE Superficie : 678 000 km 2 Population : 48 364 000 hab. Capitale : Rangoon 2 513 023 hab. (4 196 000 hab. dans l’agglomération) Chef de l’État et du gouvernement : général Than Shwe Organisation administrative : 7 provinces, 7 États Langue officielle : birman Religion : bouddhisme Monnaie : kyat ➡ HISTORIQUE 1886 : la Birmanie devient une province de l’Empire britannique des Indes. downloadModeText.vue.download 251 sur 380 STATISTIQUES 249 1937 : la Birmanie est séparée des Indes britanniques et s’achemine vers une semi-autonomie. 1942-1945 : occupation japonaise. 1948 : l’Union birmane accède à l’indépendance. Les minorités karen et kachin entrent en dissidence. 1962 : le président U Nu est déposé par l’armée. 1988 : l’armée reprend le pouvoir. 1990 : des élections ont lieu, mais les militaires refusent d’accepter la victoire de la Ligue nationale pour la démocratie dirigée par Aung San Suu Kyi. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 68 hab./km 2 Part de la population urbaine : 27,3 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 33,1 %, 15- 65 ans 67,2 %, + 65 ans 6,8 % Taux de natalité : 25,76 ‰ Taux de mortalité : 9,35 ‰ Taux de mortalité : infantile 87,2 ‰ Espérance de vie : hommes 58 ans, femmes 61 ans Indicateurs socio-économiques Taux de croissance annuelle du PIB (1997) : 4,63 % Taux annuel d’inflation (2000) : – 0,11 % Structure du PIB : 58,6 % pour l’agriculture, 10,4 % pour l’industrie, 30,9 % pour les services Dette extérieure : 5 074 millions de $ Défense Total forces armées : 429 000 hommes Budget de la Défense 2,1 % du PIB ➡ TENDANCES La dictature militaire qui tient les rênes de la Birmane a choisi de relâcher quelque peu la pression sur l’opposante Aung San Suu Kyi. Un geste interprété par la communauté internationale comme l’amorce d’une ouverture du régime. Il est vrai que Rangoon ne peut guère supporter davantage le maintien des sanctions économiques dont le pays fait l’objet. BOLIVIE Superficie : 1 100 000 km 2 Population : 8 516 000 hab. Capitales : Sucre 172 000 hab., La Paz 1 480 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Gonzalo Sanchez de Lozada Organisation administrative : 9 départements Langues officielles : quechua, espagnol, aymara Religion : catholicisme Monnaie : boliviano ➡ HISTORIQUE 1825 : indépendance de la Bolivie, Simon Bolivar premier président. 1884 : le Chili enlève toute façade maritime au pays. 1952 : arrivée au pouvoir de Paz Estenssoro. 1964 : Paz Estenssoro est renversé par les militaires. 1985 : retour au pouvoir de Paz Estenssoro. 1992 : un accord avec le Pérou redonne au pays un accès à la mer. 1997 : retour au pouvoir par les élections de l’ancien dictateur Hugo Bánzer, qui s’engage à éradiquer la culture de la coca. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 8 hab./km 2 Part de la population urbaine : 61,9 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 39,6 %, 1565 ans 54,2 %, + 65 ans 6,2 % Taux de natalité : 32,4 ‰ Taux de mortalité : 9,11 ‰ Taux de mortalité : infantile 55,6 ‰ Espérance de vie : hommes 60 ans, femmes 64 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 8,21 milliards de $ PNB/hab. : 990 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 2,4 % Taux annuel d’inflation (2000) : 4,6 % Structure du PIB : 18,4 % pour l’agriculture, 18,1 % pour l’industrie, 63,5 % pour les services Dette extérieure : 5 247 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 32 500 hommes downloadModeText.vue.download 252 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 250 Budget de la Défense 2,1 % du PIB ➡ TENDANCES L’élection présidentielle a vu la victoire du candidat libéral Gonzalo Sanchez de Lozada, qui s’est imposé contre Manfred Reyes Villa. N’hésitant pas à manier des arguments dignes d’un populiste de droite, ce dernier aura manqué de peu de créer la surprise. Mais ce scrutin serré, joint à la complexité du mode de consultation, et le jeu des alliances partisanes pourraient bien ouvrir, pour la première fois depuis le retour à la démocratie en 1982, une période d’incertitude politique. BOSNIE! HERZÉGOVINE Superficie : 51 100 km 2 Population : 4 067 000 hab. Capitale : Sarajevo 522 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la présidence collégiale) Ante Jelavić Chef du gouvernement : Haris Silajdzic Svetozar Mihajlović Organisation administrative : 2 entités Langue officielle : serbo-croate Religions : orthodoxie, islam, catholicisme Monnaie : mark convertible ➡ HISTORIQUE XVe siècle : conquête de la région par les Ottomans. 1878 : la Bosnie-Herzégovine sous contrôle de l’Empire austro-hongrois. 1914 : assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo. 1918 : intégration au nouveau royaume de Yougoslavie. 1946 : devient une des six républiques autonomes de la République de Yougoslavie. 1992 : guerre civile avec les Serbes. 1995 : accords de Dayton instituant la Fédération croatomusulmane et la République serbe de Bosnie. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 76 hab./km 2 Part de la population urbaine : 42,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 18,9 %, 5-65 ans 66,2 %, + 65 ans 14,9 % Taux Taux Taux 13,5 de natalité : 12,78 ‰ de mortalité : 7,41 ‰ de mortalité : infantile ‰ Espérance de vie : hommes 71 ans, femmes 75 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 4,9 milliards de $ PNB/hab. : 1 230 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 5,9 % Défense Total forces armées : 86 000 hommes Budget de la Défense 4,6 % du PIB ➡ TENDANCES Signe d’un apaisement des tensions entre les entités de la Bosnie-Herzégovine, l’OTAN a allégé son dispositif militaire. Mais les élections du 6 octobre ont montré l’influence persistante des partis nationalistes dans chacune des communautés, repoussant à un avenir incertain la réunification de fait du pays. Sur le plan économique, les dégâts consécutifs à la guerre sont encore bien visibles, et les aides internationales – 5,5 milliards de dollars entre 1996 et 2001 – ne suffisent toujours pas à relancer l’activité. downloadModeText.vue.download 253 sur 380 STATISTIQUES 251 BOTSWANA Superficie : 570 000 km 2 Population : 1 554 000 hab. Capitale : Gaborone 254 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Festus Mogae Organisation administrative : 10 districts Langue officielle : anglais Religions : protestantisme, animisme Monnaie : pula ➡ HISTORIQUE 1885 : protectorat britannique. 1960 : semi-autonomie. 1966 : proclamation de l’indépendance. 1977 : remplacement du rand sud-africain par une monnaie nationale. 1997 : le Botswana porte devant la Cour internationale de justice son différend avec la Namibie sur le contrôle des eaux de l’Okavango. 1998 : élection de Festus Mogae, qui entend poursuivre la politique démocratique de ses prédécesseurs. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 3 hab./km 2 Part de la population urbaine : 49,8 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 42,1 %, 1565 ans 53,4 %, + 65 ans 4,5 % Taux de natalité : 32,62 ‰ Taux de mortalité : 14,86 ‰ Taux de mortalité : infantile 67,2 ‰ Espérance de vie : hommes 40 ans, femmes 39 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 5,28 milliards de $ PNB/hab. : 3 300 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 3,34 % Taux annuel d’inflation (2000) : 8,6 % Structure du PIB : 3,6 % pour l’agriculture, 45,4 % pour l’industrie, 51 % pour les services Dette extérieure : 562 millions de $ Défense Total forces armées : 9 000 hommes Budget de la Défense 4,2 % du PIB ➡ TENDANCES Le Botswana continue de bénéficier d’une bonne image sur la scène internationale. N’est-il pas considéré par l’organisation Transparency International comme le pays d’Afrique le plus efficace en matière de lutte contre la corruption ? Un satisfecit qui n’a pas suffi à cacher les inquiétudes des autorités quant à l’avenir du développement de ce petit État d’Afrique australe. BRÉSIL Superficie : 8 512 000 km 2 Population : 172 159 000 hab. Capitale : Brasília 2 043 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Luiz Inacio Lula da Silva Organisation administrative : 1 district fédéral, 26 États Langue officielle : portugais Religion : catholicisme Monnaie : real ➡ HISTORIQUE 1500 : découverte du Brésil par Pedro Alvares Cabral. 1522 : colonie portugaise. 1822 : Pierre Ier proclame l’indépendance du Brésil. downloadModeText.vue.download 254 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 252 1891 : établissement d’une république fédéraliste et laïque. 1930 : coup d’État militaire ; Getúlio Vargas instaure un régime autoritaire. 1956-1964 : les présidents Kubitschek, Quadros et Goulart mènent des politiques réformatrices. 1964 : les militaires reprennent le pouvoir. 1985 : les civils reviennent aux affaires avec l’élection du président Tancredo Neves. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 20 hab./km 2 Part de la population urbaine : 80,7 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 28,8 %, 1565 ans 63,4 %, + 65 ans 7,8 % Taux de natalité : 20,04 ‰ Taux de mortalité : 7,23 ‰ Taux de mortalité : infantile 38,3 ‰ Espérance de vie : hommes 63 ans, femmes 71 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 610 milliards de $ PNB/hab. : 3 580 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 4,5 % Taux annuel d’inflation (2000) : 7,4 % Structure de la population active : agriculture 27,3 %, mines et industrie 18,3 %, services 54,3 % Structure du PIB : 8,6 % pour l’agriculture, 30,6 % pour l’industrie, 60,8 % pour les services Dette extérieure : 193 663 millions de $ Défense Total forces armées : 291 000 hommes Budget de la Défense 1,7 % du PIB Éléments du niveau de vie Analphabétisme 16,7 % Nombre d’habitants pour 1 médecin 714 Apport en calories 2 938 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles 84/1 000 hab. Téléphones 107/1 000 hab. Télévisions 220/1 000 hab. ➡ TENDANCES Dans un contexte économique et social difficile, les électeurs brésiliens ont choisi d’accorder leur confiance au mythique Lula, candidat du parti des Travailleurs, élu président le 27 octobre. Dans ce pays aux inégalités encore très marquées, l’accession historique de la gauche au pouvoir est porteuse d’espérances que devrait toutefois vite tempérer la dure réalité des marchés financiers, dictant au nouveau président une rigueur à laquelle le Fonds monétaire international (FMI) conditionne la poursuite de son aide. Il reste que les premiers contacts – au cours du mois de décembre – entre le nouveau chef de l’État et l’institution de Bretton Woods ont été salués par l’ensemble des observateurs de la scène politique brésilienne. BRUNEI Superficie : 5 765 km 2 Population : 335 000 hab. Capitale : Bandar Seri Begawan 85 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : monarchie Chef de l’État et du gouvernement : (Sultan) Hassanal Bolkiah Organisation administrative : 4 districts Langue officielle : malais Religion : islam Monnaie : dollar de Brunei ➡ HISTORIQUE 1888 : protectorat britannique. 1963 : le Brunei refuse de rejoindre l’Indonésie. 1984 : proclamation de l’indépendance. 1985 : création du Brunei National Democratic Party (BNDP). 1988 : dissolution du BNDP par le sultan. downloadModeText.vue.download 255 sur 380 STATISTIQUES 253 ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 61 hab./km 2 Part de la population urbaine : 71,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 31,9 %, 1565 ans 63 %, + 65 ans 5,1 % Taux de natalité : 20,86 ‰ Taux de mortalité : 3,05 ‰ Taux de mortalité : infantile 8,6 ‰ Espérance de vie : hommes 73 ans, femmes 78 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 7,55 milliards de $ Taux de croissance annuelle du PIB (1997) : 4 % Défense Total forces armées : 5 000 hommes Budget de la Défense 7,3 % du PIB ➡ TENDANCES Administré par la G.-B. jusqu’en 1983 avant de devenir une monarchie islamique, le sultanat a engrangé, cette année encore, les dividendes de sa manne pétrolière. Mais cette dépendance à l’endroit de l’or noir, alors que les réserves sont en voie d’épuisement, n’est pas sans poser en termes cruciaux l’avenir de Brunei. Les autorités aimeraient dynamiser le tourisme. BULGARIE Superficie : 111 000 km 2 Population : 7 867 000 hab. Capitale : Sofia 1 192 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Gueorgui Parvanov Chef du gouvernement : Siméon de Saxe-Cobourg-Gotha Organisation administrative : 9 districts Langue officielle : bulgare Religions : orthodoxie, islam Monnaie : lev ➡ HISTORIQUE XIVe siècle : conquête du pays par les Ottomans. 1878 : autonomie d’une grande partie du pays. 1908 : Ferdinand de SaxeCobourg proclame l’indépendance complète du pays et prend le titre de tsar. 1946 : proclamation de la République et instauration d’un régime socialiste. 1990 : rétablissement du pluralisme. 1991 : abolition de la Constitution communiste. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 74 hab./km 2 Part de la population urbaine : 69,3 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 15,7 %, 15-65 ans 62,6 %, + 65 ans 21,7 % Taux Taux Taux 15,2 de natalité : 8,05 ‰ de mortalité : 13,48 ‰ de mortalité : infantile ‰ Espérance de vie : hommes 68 ans, femmes 75 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 12,39 milliards de $ PNB/hab. : 1 520 $ Taux annuel d’inflation (2000) : 10,32 % Structure du PIB : 15,1 % pour l’agriculture, 23,4 % pour l’industrie, 61,5 % pour les services Dette extérieure : 9 858 millions de $ Défense Total forces armées : 80 760 hommes Budget de la Défense 2,2 % du PIB ➡ TENDANCES Depuis 2001, la Bulgarie a un ex-roi pour Premier ministre et un socialiste pour président. Elle n’en poursuit pas moins le processus d’intégration à l’Union européenne et à l’OTAN, non sans tenter de rétablir sur la scène internationale l’image du pays, downloadModeText.vue.download 256 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 254 quelque peu ternie par un fort tropisme à la corruption. BURKINA FASO Superficie : 275 000 km 2 Population : 11 856 000 hab. Capitale : Ouagadougou 1 130 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président) Blaise Compaoré Chef du gouvernement : Paramanga Ernest Yonli Organisation administrative : 45 provinces Langue officielle : français Religions : islam, animisme Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE 1899 : les Français occupent l’ensemble de la région. 1960 : indépendance de la Haute-Volta. 1966 : l’armée prend le pouvoir. 1983 : le capitaine Thomas Sankara dirige le Conseil national de la révolution et engage une politique progressiste. Le pays est rebaptisé Burkina Faso. 1987 : Thomas Sankara est tué lors d’un coup d’État mené par le capitaine Blaise Compaoré. 1991 : établissement d’une nouvelle Constitution et tenue d’une élection présidentielle que remporte le chef de l’État sortant, Blaise Compaoré. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 40 hab./km 2 Part de la population urbaine : 18 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 48,7 %, 1565 ans 46,5 %, + 65 ans 4,8 % Taux de natalité : 43,92 ‰ Taux de mortalité : 18,59 ‰ Taux de mortalité : infantile 86,6 ‰ Espérance de vie : hommes 44 ans, femmes 46 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 2,42 milliards de $ PNB/hab. : 210 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 2,2 % Taux annuel d’inflation (2000) : – 0,3 % Structure du PIB : 31,3 % pour l’agriculture, 28,3 % pour l’industrie, 40,4 % pour les services Dette extérieure : 1 297 millions de $ Défense Total forces armées : 10 000 hommes Budget de la Défense 2,3 % du PIB ➡ TENDANCES La sécheresse qui avait frappé durement le pays en 1999-2000 n’est plus qu’un mauvais souvenir, et le Burkina Faso a retrouvé cette année une croissance soutenue. Pour autant, le poids de la dette l’empêche de progresser sur la voie du développement. BURUNDI Superficie : 28 000 km 2 Population : 6 502 000 hab. Capitale : Bujumbura 321 000 hab. Chef de l’État : Pierre Buyoya Premier vice-président : Frédéric Bamvuginyumvira Organisation administrative : 15 provinces Langues officielles : kirundi, français Religions : catholicisme, animisme Monnaie : franc du Burundi ➡ HISTORIQUE XVIIe siècle : établissement d’un État. 1890 : colonisation allemande. 1916 : colonisation belge. 1962 : indépendance du Burundi. downloadModeText.vue.download 257 sur 380 STATISTIQUES 255 1966 : abolition de la royauté et établissement d’une république. 1972 : les violences entre Hutus et Tutsis font 300 000 victimes. 1987 : le major Pierre Buyoya prend le pouvoir. 1993 : le civil hutu Melchior N’Dadaye est élu à la présidence puis est assassiné. 1996 : après des années de violences, le major Buyoya reprend le pouvoir. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 260 hab./km 2 Part de la population urbaine : 8,7 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 47,6 %, 1565 ans 48,1 %, + 65 ans 4,3 % Taux de natalité : 41,08 ‰ Taux de mortalité : 19,89 ‰ Taux de mortalité : infantile 111,5 ‰ Espérance de vie : hommes 41 ans, femmes 43 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,73 milliard de $ PNB/hab. : 110 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 0,3 % Taux annuel d’inflation (2000) : 24,32 % Structure du PIB : 52,2 % pour l’agriculture, 17,3 % pour l’industrie, 30,5 % pour les services Dette extérieure : 1 066 millions de $ Défense Total forces armées : 45 500 hommes Budget de la Défense 5,6 % du PIB ➡ TENDANCES L’année écoulée a montré combien était fragile la situation au Burundi, même si le pouvoir et les rebelles ont poursuivi leurs discussions pour trouver enfin le chemin de la paix. Personne n’ignore que seul le silence des armes permettra d’envisager la reconstruction d’un pays ruiné par neuf ans d’une guerre civile qui a fait quelque 200 000 victimes. CAMBODGE Superficie : 181 000 km 2 Population : 13 441 000 hab. Capitale : Phnom Penh 984 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Norodom Sihanouk Chef du gouvernement : Hun Sen Organisation administrative : 20 provinces, 3 municipalités autonomes Langue officielle : khmer Religion : bouddhisme Monnaie : riel ➡ HISTORIQUE 1863 : protectorat français. 1945 : invasion japonaise. 1953 : indépendance du Cambodge. 1970 : renversement du roi Norodom Sihanouk par le général Lon Nol, soutenu par les Américains. 1975 : les Khmers rouges prennent le pouvoir. Près de deux millions de Cambodgiens périssent. 1978 : le Viêt Nam envahit le pays et établit un gouvernement qui lui est favorable. 1991 : un accord se fait entre les différentes familles politiques pour organiser à terme des élections libres. 1993 : les communistes remportent les élections ; Sihanouk redevient roi. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 67 hab./km 2 Part de la population urbaine : 15,6 % downloadModeText.vue.download 258 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 256 Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,9 %, 1565 ans 51,7 %, + 65 ans 4,4 % Taux de natalité : 32,38 ‰ Taux de mortalité : 12,68 ‰ Taux de mortalité : infantile 72,5 ‰ Espérance de vie : hommes 52 ans, femmes 55 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 3,15 milliards de $ PNB/hab. : 260 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 5 % Taux annuel d’inflation (2000) : – 0,79 % Structure du PIB : 51 % pour l’agriculture, 14,5 % pour l’industrie, 34,3 % pour les services Dette extérieure : 2 129 millions de $ Défense Total forces armées : 149 000 hommes Budget de la Défense 4,1 % du PIB ➡ TENDANCES Bénéficiant d’une croissance annuelle soutenue – autour de 5 % – depuis la disparition de la menace des Khmers rouges en 1998, le Cambodge peine malgré tout à sortir d’une extrême pauvreté, qui touche près du tiers de sa population. Le régime du Premier ministre Hun Sen a été conforté par les résultats des élections communales qui ont profité au parti du Peuple cambodgien (PPC, au pouvoir). Enfin, la question du procès des Khmers rouges a quelque peu brouillé les relations entre Phnom Penh et la communauté internationale. CAMEROUN Superficie : 475 000 km 2 Population : 15 203 000 hab. Capitale : Yaoundé 1 440 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Paul Biya Chef du gouvernement : Peter Mafany Musonge Organisation administrative : 10 régions Langues officielles : français, anglais Religions : protestantisme, catholicisme, animisme Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE 1868 : protectorat allemand. 1916 : tutelle franco-britannique. 1961 : indépendance du Cameroun français. Le Cameroun britannique se divise en une partie rattachée au Nigeria et une autre qui rejoint le Cameroun indépendant. 1972 : le président Ahidjo transforme le Cameroun fédéral en république unitaire, afin de souder les musulmans du Nord et les chrétiens du Sud. 1982 : Paul Biya succède à Ahmadou Ahidjo. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 32 hab./km 2 Part de la population urbaine : 48,1 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,1 %, 1565 ans 51,3 %, + 65 ans 5,6 % Taux de natalité : 37,52 ‰ Taux de mortalité : 12,43 ‰ Taux de mortalité : infantile 79,3 ‰ Espérance de vie : hommes 50 ans, femmes 52 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 8,64 milliards de $ PNB/hab. : 580 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 4,2 % Taux annuel d’inflation (2000) : 1,24 % Structure du PIB : 43,5 % pour l’agriculture, 18,6 % pour l’industrie, 37,8 % pour les services Dette extérieure : 9 293 millions de $ Défense Total forces armées : 22 100 hommes Budget de la Défense 1,6 % du PIB ➡ TENDANCES Avec 133 sièges sur 180 obtenus lors des élections législatives du 30 juin, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, parti du président Paul Biya) a conservé sans problème la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Une victoire qui a provoqué un véritable séisme downloadModeText.vue.download 259 sur 380 STATISTIQUES 257 dans une opposition pléthorique, multiforme, désunie et donc peu crédible. CANADA Superficie : 9 975 000 km 2 Population : 31 015 000 hab. Capitale : Ottawa 323 340 hab. (1 000 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Éli- sabeth II représentée par Adrienne Clarkson Chef du gouvernement : Jean Chrétien Organisation administrative : 10 provinces, 3 territoires Langues officielles : français, anglais Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : dollar canadien ➡ HISTORIQUE 1608 : Samuel de Champlain fonde Québec. 1763 : les Britanniques chassent les Français du Canada. 1840 : les Britanniques unifient le Canada. 1931 : autonomie complète du Canada au sein du Commonwealth. 1987 : l’accord « du lac Meech » octroie au Québec le statut de « société distincte ». 1992 : le Canada adhère à l’ALENA. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 3 hab./km 2 Part de la population urbaine : 77 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 19,1 %, 15-65 ans 64,2 %, + 65 ans 16,7 % Taux de natalité : 11,1 ‰ Taux de mortalité : 7,07 ‰ Taux de mortalité : infantile 5,4 ‰ Espérance de vie : hommes 76 ans, femmes 82 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 650 milliards de $ PNB/hab. : 21 130 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 4,5 % Taux annuel d’inflation (2000) : 2,75 % Structure de la population active : agriculture 3,9 %, mines et industrie 23,2 %, services 73 % Dette brute : 89,8 % du PIB Taux de chômage : 6,8 % Défense Total forces armées : 60 600 hommes Budget de la Défense 1,0 % du PIB Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin 476 Apport en calories 3 056 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 440/1 000 hab. Téléphones : 609/1 000 hab. Télévisions : 714/1 000 hab. ➡ TENDANCES La reconduction au pouvoir fédéral du Parti libéral du Premier ministre Jean Chrétien à la faveur des élections anticipées de novembre 2000, en confirmant le statu quo politique, s’était accompagnée, en 2001, d’une stabilité économique marquée par la croissance. Comme prévu, celle-ci a été affectée par le ralentissement de l’économie des États-Unis, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Les États-Unis absorbent en moyenne quelque 85 % des exportations canadiennes. Toutefois, le Canada a pu éviter la récession grâce à la bonne tenue de la consommation, dynamisée par une politique de baisse des taux d’intérêt. La baisse des impôts a également contribué à soutenir l’activité. downloadModeText.vue.download 260 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 258 CAP!VERT Superficie : 4 000 km 2 Population : 437 000 hab. Capitale : Praia 76 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Pedro Pires Chef du gouvernement : José Maria Neves Organisation administrative : 2 districts Langue officielle : portugais Religion : catholicisme Monnaie : escudo du Cap-Vert ➡ HISTORIQUE XVe siècle : établissement des Portugais dans l’île. Ceuxci y font venir des esclaves d’Afrique. 1956 : création d’un mouvement séparatiste sous l’impulsion d’Amilcar Cabral : le Parti africain de l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert. 1975 : indépendance de l’île. 1990 : instauration du multipartisme. 1992 : adoption d’une nouvelle Constitution. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 106 hab./km 2 Part de la population urbaine : 60,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 39,3 %, 1565 ans 54,2 %, + 65 ans 6,5 % Taux de natalité : 35,53 ‰ Taux de mortalité : 6,39 ‰ Taux de mortalité : infantile 49,6 ‰ Espérance de vie : hommes 66 ans, femmes 72 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,59 milliard de $ PNB/hab. : 1 330 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 6,8 % Taux annuel d’inflation (1996) : 6,5 % Structure du PIB : 12 % pour l’agriculture, 16,4 % pour l’industrie, 71,6 % pour les services Dette extérieure : 220 millions de $ Défense Total forces armées : 1 100 hommes Budget de la Défense 1,6 % du PIB ➡ TENDANCES À l’abri des guerres qui agitent l’Ouest africain, Cap-Vert n’entend se signaler au reste du monde que par la renommée internationale de Cesaria Evora. Pour le reste, la petite république a continué d’étonner la Banque mondiale, qui ne cesse de louer ses incroyables performances. Une fois encore, l’archipel a pu afficher le meilleur revenu par habitant de la région. CENTRAFRICAINE !RÉPUBLIQUE! Superficie : 620 000 km 2 Population : 3 782 000 hab. Capitale : Bangui 622 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État : (Président de la République) Ange-Félix Patassé Chef du gouvernement : Martin Ziguélé Organisation administrative : 16 préfectures, la capitale Langue officielle : français Religions : protestantisme, catholicisme, animisme Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE 1905 : la France instaure la colonie de l’Oubangui-Chari. 1960 : indépendance de la République centrafricaine. 1965 : coup d’État militaire mené par Jean Bédel Bokassa. downloadModeText.vue.download 261 sur 380 STATISTIQUES 259 1976 : Bokassa se proclame empereur. 1979 : l’ancien président David Dacko dépose Bokassa avec l’aide de la France. 1981 : coup d’État militaire d’André Kolingba. 1993 : élection à la présidence d’Ange-Félix Patassé. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 6 hab./km 2 Part de la population urbaine : 40,8 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 43 %, 15-65 ans 50,9 %, + 65 ans 6,1 % Taux de natalité : 36,06 ‰ Taux de mortalité : 18,68 ‰ Taux de mortalité : infantile 93,3 ‰ Espérance de vie : hommes 43 ans, femmes 45 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1,03 milliard de $ PNB/hab. : 280 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 2,5 % Taux annuel d’inflation (1997) : 1,15 % Structure du PIB : 55,1 % pour l’agriculture, 19,6 % pour l’industrie, 25,3 % pour les services Dette extérieure : 885 millions de $ Défense Total forces armées : 2 650 hommes Budget de la Défense 3,7 % du PIB ➡ TENDANCES L’actualité politique a battu au rythme des relations avec le Tchad, un pays avec lequel la République centrafricaine entretient traditionnellement un voisinage que l’on dira délicat. Et en dépit des déclarations apaisantes du président Ange-Félix Patassé et de son homologue tchadien, Idriss Déby, les combats sporadiques qui se sont déroulés sur la frontière ont témoigné que ni d’un côté ni de l’autre on avait soldé les arrière-pensées. Sur le plan économique, le pays est au bord de la faillite. CHILI Superficie : 757 000 km 2 Population : 15 402 000 hab. Capitale : Santiago 5 000 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Eduardo Ricardo Lagos Escobar Organisation administrative : 13 régions Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : peso chilien ➡ HISTORIQUE XVIe siècle : début de la conquête espagnole. Les guerres contre les Indiens vont durer jusqu’au XIXe siècle. 1818 : indépendance du Chili, obtenue avec l’appui des troupes argentines. 1891 : instauration du régime parlementaire. 1964 : élection du démocrate-chrétien Eduardo Frei qui amorce une politique de nationalisations et de réforme agraire. 1970 : victoire de la gauche, dirigée par Salvador Allende. 1973 : renversement du gouvernement de gauche par une junte militaire dirigée par le général Pinochet et soutenue par les Américains. 1989 : le démocrate-chrétien Patricio Alwyn est élu à la présidence. 1998 : arrestation à Londres du général Pinochet. 2002 : suspension des poursuites contre le général Pinochet. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 20 hab./km 2 Part de la population urbaine : 85,4 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 28,5 %, 15-65 ans 61,3 %, + 65 ans 10,2 % Taux Taux Taux 11,6 de natalité : 17,83 ‰ de mortalité : 5,59 ‰ de mortalité : infantile ‰ Espérance de vie : hommes 73 ans, femmes 79 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 70 milliards de $ PNB/hab. : 4 590 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 5,4 % downloadModeText.vue.download 262 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 260 Taux annuel d’inflation (2000) : 3,84 % Structure de la population active : agriculture 17,1 %, mines et industrie 24,8 %, services 58,1 % Structure du PIB : 8,4 % pour l’agriculture, 34,2 % pour l’industrie, 57,4 % pour les services Dette extérieure : 31 440 millions de $ Taux de chômage 5,3 % Défense Total forces armées : 93 000 hommes Budget de la Défense 2,6 % du PIB Éléments du niveau de vie Analphabétisme 4,8 % Apport en calories 2 810 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 71/1 000 hab. Téléphones : 180/1 000 hab. Télévisions : 215/1 000 hab. ➡ TENDANCES En l’absence de rendez-vous électoral, l’année 2002 a été dominée par la décision de la Cour suprême de suspendre les poursuites engagées contre l’ex-dictateur Augusto Pinochet pour cause de « démence d’ordre vasculaire ». En matière économique, le Chili n’a pas fait mentir sa réputation de grande stabilité, même si la croissance, retrouvée après la crise asiatique de 1998, reste depuis bien fragile. En effet, l’exploitation traditionnelle du cuivre ne suffit plus à assurer le développement économique, que le pays recherche dans de nouveaux secteurs déjà bien encombrés, comme l’aquaculture, le vin, les fruits. CHINE Superficie : 9 600 000 km 2 Population : 1 284 972 000 hab. Capitale : Pékin 11 400 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : république, régime socialiste Chef de l’État : (Président de la République) Jiang Zemin Chef du gouvernement : Zhu Rongji Organisation administrative : 3 municipalités, 1 région administrative, 22 provinces, 5 régions autonomes, 2 régions spéciales Langue officielle : chinois Religions : taoïsme, confucianisme, bouddhisme Monnaie : yuan ➡ HISTORIQUE 1911 : instauration de la République. 1927 : rupture entre le Guomindang de Tchang Kaï-chek et le PC. 1931 : invasion de la Mandchourie par le Japon. 1949 : fondation de la République populaire de Chine. 1958 : le « Grand Bond en avant » accentue la collectivisation du pays. 1966 : lancement de la « Révolution culturelle prolétarienne ». 1969 : affrontements frontaliers avec l’URSS et rapprochement avec les États-Unis. 1976 : mort de Mao Zedong. 1977 : Deng Xiaoping devient le chef effectif de la Chine. 1989 : répression sanglante du mouvement démocratique. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 134 hab./km 2 Part de la population urbaine : 31,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 24,8 %, 15-65 ans 65,1 %, + 65 ans 10,1 % Taux Taux Taux 36,5 de natalité : 15,64 ‰ de mortalité : 6,95 ‰ de mortalité : infantile ‰ Espérance de vie : hommes 68 ans, femmes 72 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1 063 milliards de $ PNB/hab. : 840 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 7,9 % Taux annuel d’inflation (2000) : 0,26 % downloadModeText.vue.download 263 sur 380 STATISTIQUES 261 Structure de la population active : agriculture 49,1 %, mines et industrie 19,5 %, services 31,3 % Structure du PIB : 17,6 % pour l’agriculture, 49,3 % pour l’industrie, 33 % pour les services Dette extérieure : 146 697 millions de $ Taux de chômage : 3 % Défense Total forces armées : 2 480 000 hommes Budget de la Défense 1,1 % du PIB Éléments du niveau de vie Analphabétisme 18,5 % Nombre d’habitants pour 1 médecin 1 062 Apport en calories 2 844 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 3/1 000 hab. Téléphones : 56/1 000 hab. Télévisions : 205/1 000 hab. ➡ TENDANCES L’année 2002 a vu la Chine confirmer son intégration dans un monde globalisé, où elle entend conquérir son statut de puissance économique et militaire rivalisant avec les États-Unis. Après le retour de Hongkong et de Macao dans le giron de la Chine communiste, l’objectif déclaré est Taïwan, dont Pékin ne supporte pas les velléités d’indépendance. Sur le plan politique, c’est la redistribution des cartes au sein du Parti communiste qui a retenu l’attention : après la première génération (Mao), la deuxième (Deng Xiaoping), la troisième (Jiang Zemin), voilà l’arrivée de la classe d’âge de Hu Jintao, le nouveau secrétaire général du PC appelé à devenir chef de l’État au printemps 2003. CHYPRE Superficie : 9 251 km 2 Population : 790 000 hab. Capitale : Nicosie 193 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Glafcos Cléridès ou Ghláfkos Klirídhis Organisation administrative : 6 districts Langues officielles : turc, grec Religions : islam, christianisme Monnaie : livre chypriote ➡ HISTORIQUE 1878 : l’Empire ottoman cède l’île à la Grande-Bretagne. 1960 : indépendance de Chypre. 1975 : la minorité turque crée un État dissident au nord. Proclamé indépendant en 1983, cet État n’est reconnu que par la Turquie. 1987 : Chypre devient un État associé à l’Union européenne. 1996 : violents affrontements intercommunautaires. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 82 hab./km 2 Part de la population urbaine : 56,3 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 23,1 %, 15-65 ans 61,2 %, + 65 ans 15,7 % Taux de natalité : 13,38 ‰ Taux de mortalité : 7,32 ‰ Taux de mortalité : infantile 7,7 ‰ Espérance de vie : hommes 76 ans, femmes 80 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 9,36 milliards de $ Taux de croissance annuelle du PIB : (2000) 4,8 % Taux annuel d’inflation (2000) : 4,16 % Structure de la population active : agriculture 10,9 %, mines et industrie 25 %, services 64,1 % Dette extérieure : 3 213 millions de $ Défense Total forces armées : 10 000 hommes Budget de la Défense 5,6 % du PIB ➡ TENDANCES Cette île de la Méditerranée orientale, grande comme la Corse, qui ne connaît ni chômage ni inflation, a fait un nouveau pas sur le chemin de l’adhésion à l’Union européenne. La reprise des pourparlers entre Glafcos Cléridès, le président chypriote grec, et Rauf Denktash, le dirigeant chypriote turc, a paru de nature à apaiser les tensions. downloadModeText.vue.download 264 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 262 COLOMBIE Superficie : 1 140 000 km 2 Population : 42 803 000 hab. Capitale : Bogotá 6 200 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Andrés Alvaro Uribe Vélez Organisation administrative : 32 départements, 1 district Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : peso colombien ➡ HISTORIQUE 1819 : après les victoires de Bolivar contre les troupes espagnoles, l’indépendance du pays est proclamée. 1948 : sanglante guerre civile entre libéraux et conservateurs. Années 60 et 70 : apparition de guérillas marxisantes. Années 80 : le trafic de la cocaïne devient un enjeu national. 1982 : élection de Belisario Betancur ; loi d’amnistie. 1994-1998 : présidence d’Ernesto Samper. 1998 : élection du conservateur Andrés Pastrana. 2002 : élection d’Álvaro Uribe à la présidence de la République. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 40 hab./km 2 Part de la population urbaine : 73,5 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 32,8 %, 1565 ans 60,3 %, + 65 ans 6,9 % Taux de natalité : 23,18 ‰ Taux de mortalité : 5,79 ‰ Taux de mortalité : infantile 25,6 ‰ Espérance de vie : hommes 67 ans, femmes 74 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 85 milliards de $ PNB/hab. : 2 220 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 2,8 % Taux annuel d’inflation (1999) : 11,21 % Structure du PIB : 12,8 % pour l’agriculture, 26 % pour l’industrie, 61,2 % pour les services Dette extérieure : 31 777 millions de $ Taux de chômage : 12,1 % Défense Total forces armées : 144 000 hommes Budget de la Défense 2,8 % du PIB ➡ TENDANCES Élu en août 1998 sous le signe de l’espoir et de la pacification, le président Andrés Pastrana a cédé la place en mai 2002 à Álvaro Uribe sans être parvenu à démontrer que la négociation, telle qu’il l’a menée, pouvait apporter des solutions à la crise qui secoue le pays. La violence n’épargne aujourd’hui plus aucune province, touchant les campagnes comme les grandes villes, dont la capitale Bogotá, et paralysant l’économie. Le nouveau président a hérité d’une situation explosive, aggravée par un mécontentement généralisé. Il est vrai que personne n’entrevoit réellement ce à quoi pourrait bien ressembler une paix conclue avec la guérilla maoïste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). COMORES Superficie : 1 900 km 2 Population : 727 000 hab. Capitale : Moroni 44 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Azali Assoumani Organisation administrative : 3 gouvernorats downloadModeText.vue.download 265 sur 380 STATISTIQUES 263 Langues officielles : français, arabe Religion : islam Monnaie : franc des Comores ➡ HISTORIQUE 1886 : protectorat français. 1975 : indépendance des Comores, à l’exception de Mayotte. 1989 : assassinat du président Abdallah. 1992 et 1995 : tentatives de coup d’État. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 244 hab./km 2 Part de la population urbaine : 32,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 43 %, 15-65 ans 52,8 %, + 65 ans 24,2 % Taux de natalité : 33,74 ‰ Taux de mortalité : 9,35 ‰ Taux de mortalité : infantile 67 ‰ Espérance de vie : hommes 59 ans, femmes 62 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,21 milliard de $ PNB/hab. : 380 $ Structure du PIB : 39,4 % pour l’agriculture, 13,1 % pour l’industrie, 47,5 % pour les services Dette extérieure : 197 millions de $ ➡ TENDANCES Un an après l’accord scellé sous l’égide de l’Organisation de l’unité africaine, portant sur l’installation d’un Nouvel ensemble comorien (NEC), la situation politique paraissait apaisée. Le calme revenu a permis à la communauté internationale des bailleurs de fonds d’envisager la reprise de l’aide, après le déblocage par le FMI d’une première tranche de crédit. CONGO !RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE! Superficie : 2 345 000 km 2 Population : 47 069 000 hab. Capitale : Kinshasa 1 664 309 hab. (4 400 000 hab. dans l’agglomération) Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Joseph Kabila Organisation administrative : 1 municipalité, 10 régions Langue officielle : français Religions : protestantisme, Églises indigènes, catholicisme Monnaie : franc congolais ➡ HISTORIQUE 1885 : colonisation belge. 1960 : indépendance du Congo (République démocratique). 1963 : échec de la sécession du Katanga. 1965 : le président Kasavubu est déposé par le général Mobutu. 1971 : le pays est rebaptisé Zaïre. 1977 et 1978 : appel aux troupes françaises pour mater les opposants. 1997 : le leader de la rébellion soutenue par le Rwanda, Laurent-Désiré Kabila, prend le pouvoir. 2001 : assassinat du président Kabila auquel succède son fils. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 22 hab./km 2 Part de la population urbaine : 30 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 48,8 %, 1565 ans 46,7 %, + 65 ans 4,5 % Taux de natalité : 45,32 ‰ Taux de mortalité : 14,71 ‰ Taux de mortalité : infantile 77,2 ‰ Espérance de vie : hommes 45 ans, femmes 47 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1,73 milliard de $ PNB/hab. : 570 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 7,9 % Taux annuel d’inflation (2000) : 5,43 % Structure du PIB : 10,4 % pour l’agriculture, 49,1 % pour l’industrie, 40,5 % pour les services Dette extérieure : 12 330 millions de $ Défense Total forces armées : 55 900 hommes Budget de la Défense 4,5 % du PIB downloadModeText.vue.download 266 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 264 ➡ TENDANCES Le dialogue intercongolais, qui a clos ses travaux le 19 avril, n’est pas parvenu à aboutir à un accord général entre les principales délégations. La paix reste donc fragile comme en a témoigné la reprise de combats sporadiques dans l’est du pays. Par ailleurs, on a pu voir que, des deux côtés de la ligne de cessez-le-feu, les armées étrangères ont renforcé leur présence. CONGO Superficie : 342 000 km 2 Population : 3 111 000 hab. Capitale : Brazzaville 937 579 hab. (1 000 000 hab. dans l’agglomération) Chef de l’État et du gouvernement : Denis Sassou-Nguesso Organisation administrative : 10 régions, la capitale Langue officielle : français Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE 1886 : colonisation par la France. 1960 : indépendance de la République du Congo. 1969 : instauration d’un régime marxiste. 1992 : retour au régime républicain. 1997 : Denis Sassou-Nguesso reprend le pouvoir avec l’aide des troupes angolaises. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 8 hab./km 2 Part de la population urbaine : 61,7 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 46,3 %, 1565 ans 48,6 %, + 65 ans 5,1 % Taux de natalité : 43,6 ‰ Taux de mortalité : 15,8 ‰ Taux de mortalité : infantile 65,8 ‰ Espérance de vie : hommes 46 ans, femmes 50 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1,82 milliard de $ PNB/hab. : 670 $ Structure du PIB : 9,5 % pour l’agriculture, 57 % pour l’industrie, 33,3 % pour les services Dette extérieure : 5 071 millions de $ Défense Total forces armées : 10 000 hommes Budget de la Défense 3,0 % du PIB ➡ TENDANCES Sans surprise, le chef de l’État sortant Denis Sassou-Nguesso a remporté une élection présidentielle sans véritable enjeu. Il est vrai qu’en l’absence de ses principaux adversaires, Pascal Lissouba et Bernard Kolelas, le scénario du scrutin du 10 mars était écrit. Ce qui n’a pas échappé aux associations de défense des droits de l’homme qui n’ont pas manqué de dénoncer les conditions d’organisation du processus électoral. CORÉE DU NORD Superficie : 120 500 km 2 Population : 22 428 000 hab. Capitale : Pyongyang 3 187 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république, régime socialiste Chef de l’État : (Chef de la Commission de défense nationale) Kim Jong-il Chef du gouvernement : Hong Song-nam Organisation administrative : 13 municipalités, 9 provinces Langue officielle : coréen Religion : bouddhisme Monnaie : won nord-coréen ➡ HISTORIQUE 1910 : annexion de la Corée par le Japon. downloadModeText.vue.download 267 sur 380 STATISTIQUES 265 1945 : entrée des troupes russes jusqu’au 38e parallèle. 1948 : proclamation de la Corée du Nord. 1950 : la Corée du Nord envahit le Sud avec l’appui de l’URSS et de la Chine. 1953 : reconnaissance des deux États séparés. 1993 : la Corée du Nord rejette le traité de non-prolifération nucléaire. 1994 : mort du Kim Il-sung, remplacé au pouvoir par son fils Kim Jong-il. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 194 hab./km 2 Part de la population urbaine : 60 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 26,5 %, 1565 ans 63,5 %, + 65 ans 10 % Taux de natalité : 19,58 ‰ Taux de mortalité : 5,36 ‰ Taux de mortalité : infantile 39,1 ‰ Espérance de vie : hommes 59 ans, femmes 62 ans Défense Total forces armées : 1 082 000 hommes Budget de la Défense 9,2 % du PIB ➡ TENDANCES Désignée en janvier par G. W. Bush comme une composante de l’« axe du mal », la Corée du Nord n’en cherche pas moins à rompre son isolement, aggravé par des pénuries alimentaires qui affament sa population. Le dernier État stalinien de la planète s’est engagé sur la voie d’une économie de marché et d’une normalisation avec le Japon. CORÉE DU SUD Superficie : 99 000 km 2 Population : 47 201 900 hab. Capitale : Séoul 10 776 201 hab. (18 000 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Roh Moo-hyun Chef du gouvernement : Lee Han-dong Organisation administrative : 5 municipalités, 9 provinces, la municipalité de la capitale Langue officielle : coréen Religion : bouddhisme Monnaie : won ➡ HISTORIQUE 1948 : Syngman Rhee, premier président de la Corée du Sud. 1950 : appui des États-Unis contre l’invasion de la Corée du Nord. 1961 : le général Park Chunghee s’empare du pouvoir. 1987 : démocratisation du régime. 1998 : élection du civil démocrate Kim Dae-jung. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 475 hab./km 2 Part de la population urbaine : 81,2 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 20,8 %, 1565 ans 68,2 %, + 65 ans 6,7 % Taux de natalité : 14,06 ‰ Taux de mortalité : 6,23 ‰ Taux de mortalité : infantile 7,1 ‰ Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 77 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 421 milliards de $ PNB/hab. : 8 910 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 8,8 % Taux annuel d’inflation (2000) : 2,26 % Structure de la population active : agriculture 11 %, mines et industrie 31,3 %, services 57,7 % Structure du PIB : 5,7 % pour l’agriculture, 42,9 % pour l’industrie, 51,3 % pour les services Dette brute : 11 % du PIB Taux de chômage : 4,3 % Défense Total forces armées : 672 000 hommes Budget de la Défense : 3,1 % du PIB ➡ TENDANCES La Coupe du monde de football n’aura accordé qu’un bref répit au président Kim Dae-jung, dont la cote de popularité a continué de chuter. Déçue par l’évolution du dialogue avec la Corée du Nord, downloadModeText.vue.download 268 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 266 l’opinion a choisi de porter à la présidence Roh Moo-hyun, élu en 2002. COSTA RICA Superficie : 51 000 km 2 Population : 4 112 000 hab. Capitale : San José 988 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Abel Pacheco de la Espriella Organisation administrative : 7 provinces Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : colón costaricain ➡ HISTORIQUE 1821 : la colonie espagnole obtient son indépendance. 1913 : première élection d’un président au suffrage universel. 1953 : le président Ferrer pratique une politique réformiste et obtient des avantages des entreprises américaines implantées dans le pays. 1987 : accord de bon voisinage avec le Guatemala, le Nicaragua et le Honduras. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 70 hab./km 2 Part de la population urbaine : 47,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 32,4 %, 1565 ans 60,1 %, + 65 ans 7,5 % Taux de natalité : 21,02 ‰ Taux de mortalité : 3,83 ‰ Taux de mortalité : infantile 10,9 ‰ Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 79 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 14,51 milliards de $ PNB/hab. : 3 810 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 1,7 % Taux annuel d’inflation (2000) : 10,99 % Structure de la population active : agriculture 21,8 %, mines et industrie 23,1 %, services 60,1 % Structure du PIB : 10,6 % pour l’agriculture, 36,5 % pour l’industrie, 52,9 % pour les services Dette extérieure : 3 548 millions de $ Taux de chômage : 5,7 % Défense Total forces armées : 7 000 hommes Budget de la Défense : 0,6 % du PIB ➡ TENDANCES Pour la première fois de son histoire, le parti de Libération nationale (PLN, social-démocrate) a subi une seconde défaite consécutive à une élection présidentielle. Comme en 1998, il a perdu face au parti de l’Unité socialechrétienne (PUSC, droite). C’est au social-chrétien Abel Pacheco qu’est revenue la présidence de la République du Costa Rica. Il hérite d’une situation économique marquée par une croissance atone qui souligne les limites de la politique d’ouverture développée depuis une quinzaine d’années. L’existence d’une économie informelle n’est pas le moindre des problèmes qui se posent à lui. CÔTE D’IVOIRE Superficie : 322 000 km 2 Population : 16 349 000 hab. Capitale : Yamoussoukro 155 803 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel downloadModeText.vue.download 269 sur 380 STATISTIQUES 267 Chef de l’État : (Président de la République) Henri Laurent Gbagbo Chef du gouvernement : Daniel Kablan Duncan Organisation administrative : 16 régions Langue officielle : français Religions : islam, christianisme, animisme Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE 1893 : début de la colonisation française. 1960 : indépendance du pays. Félix Houphouët-Boigny premier président. 1990 : abolition du régime de parti unique. 1993 : mort d’Houphouët-Boigny, remplacé par Henri Konan Bédié. 1999 : le général Gueï s’empare du pouvoir. 2000 : le socialiste Laurent Gbagbo remporte l’élection présidentielle. Le général Gueï est chassé du pouvoir par la rue. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 49 hab./km 2 Part de la population urbaine : 45,8 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 42,1 %, 1565 ans 52,9 %, + 65 ans 5 % Taux de natalité : 36,6 ‰ Taux de mortalité : 16,15 ‰ Taux de mortalité : infantile 80,8 ‰ Espérance de vie : hommes 46 ans, femmes 47 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 9,59 milliards de $ PNB/hab. : 600 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : – 2,3 % Taux annuel d’inflation (2000) : 2,46 % Structure du PIB : 26 % pour l’agriculture, 26,4 % pour l’industrie, 47,6 % pour les services Dette extérieure : 15 609 millions de $ Défense Total forces armées : 13 900 hommes Budget de la Défense : 1,0 % du PIB ➡ TENDANCES L’apaisement des tensions observée en 2001 n’a pas survécu aux événements de 2002. C’est en effet un climat de guerre civile qui s’est installé avec l’apparition d’un mouvement rebelle qui a pris le contrôle de la région la plus riche du pays. L’extrême fragilité du pouvoir sur fond de tensions ethniques ne semblait pas devoir se résorber à la fin de l’année. CROATIE Superficie : 56 500 km 2 Population : 4 655 000 hab. Capitale : Zagreb 890 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Stipe Mesic Chef du gouvernement : Ivica Racan Organisation administrative : 20 comtés Langue officielle : croate Religion : catholicisme Monnaie : kuna ➡ HISTORIQUE 1918 : la Croatie est détachée de l’Empire austro-hongrois pour être intégrée au nouveau royaume yougoslave. 1941 : occupation allemande et constitution d’un régime de collaboration. 1945 : intégration de la Croatie dans le nouvel État yougoslave. 1991 : proclamation de l’indépendance et combats avec la Serbie. downloadModeText.vue.download 270 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 268 ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 80 hab./km 2 Part de la population urbaine : 57,3 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 18 %, 15-65 ans 61,8 %, + 65 ans 20,2 % Taux de natalité : 10,35 ‰ Taux de mortalité : 11,49 ‰ Taux de mortalité : infantile 8,1 ‰ Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 77 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 20,2 milliards de $ PNB/hab. : 4 620 $ Taux annuel d’inflation (2000) : 5,42 % Structure du PIB : 8,6 % pour l’agriculture, 32 % pour l’industrie, 59,4 % pour les services Dette extérieure : 6 842 millions de $ Défense Total forces armées : 61 000 hommes Budget de la Défense : 5,9 % du PIB ➡ TENDANCES Observant avec envie l’intégration de ses voisins d’Europe centrale à l’Union européenne, la Croatie entend combler son retard en parvenant à une stabilité politique et économique qui passe aussi par une normalisation avec Belgrade. Sur le plan économique, on a pu observer une reprise de la croissance dans un contexte de rigueur budgétaire, d’ouverture graduelle des frontières et de privatisation des grandes sociétés nationales. CUBA Superficie : 111 000 km 2 Population : 11 237 000 hab. Capitale : La Havane 2 256 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république, régime socialiste Chef de l’État et du gouvernement : (Président du Conseil d’État) Fidel Castro Organisation administrative : 1 municipalité, 14 provinces Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : peso cubain ➡ HISTORIQUE 1898 : indépendance de Cuba à la suite de la guerre entre l’Espagne et les États-Unis. Protectorat américain de fait sur l’île. 1952 : retour au pouvoir de Fulgencio Batista. 1958 : Fidel Castro s’empare du pouvoir. 1961 : invasion manquée de Cuba par des exilés soutenus par les Américains. 1962 : rapprochement avec l’URSS. 1994 : afflux de réfugiés cubains vers les États-Unis. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 102 hab./km 2 Part de la population urbaine : 75,2 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 21,2 %, 15-65 ans 65,1 %, + 65 ans 13,7 % Taux de natalité : 13,25 ‰ Taux de mortalité : 7,03 ‰ Taux de mortalité : infantile 7,3 ‰ Espérance de vie : hommes 74 ans, femmes 78 ans Défense Total forces armées : 65 000 hommes Budget de la Défense : 2,7 % du PIB ➡ TENDANCES Avec la campagne nationale référendaire en faveur d’un amendement constitutionnel qui affirme et rend « immuable » le caractère socialiste du gouvernement cubain, lancée le 15 juin, l’île des Caraïbes a vécu au rythme des grandes mobilisations populaires. De quoi faire oublier un temps les sacrifices auxquels Fidel Castro a invité ses compatriotes pour faire face aux conséquences de la crise internationale. Seule une levée partielle de l’embargo semble de nature à sauver le pays de la faillite. downloadModeText.vue.download 271 sur 380 STATISTIQUES 269 DANEMARK Superficie : 43 000 km 2 Population : 5 333 000 hab. Capitale : Copenhague (1 300 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Marguerite II Chef du gouvernement : Anders Fogh Rasmussen Organisation administrative : 2 municipalités, 14 comtés Langue officielle : danois Religion : protestantisme Monnaie : couronne danoise ➡ HISTORIQUE 1814 : perte de la Norvège. 1849 : promulgation d’une Constitution démocratique. 1864 : le Danemark perd le Slesvig-Holstein et Kiel. 1924 : les sociaux-démocrates s’installent durablement au pouvoir. 1940 : occupation allemande. 1973 : entrée dans l’UE. 1993 : adhésion par référendum au traité de Maastricht sans participation à l’euro. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 126 hab./km 2 Part de la population urbaine : 85,3 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 18,3 %, 1565 ans 61,7 %, + 65 ans 20 % Taux de natalité : 12,25 ‰ Taux de mortalité : 11,69 ‰ Taux de mortalité : infantile 5 ‰ Espérance de vie : hommes 73 ans, femmes 78 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 172 milliards de $ PNB/hab. : 32 280 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 2,9 % Taux annuel d’inflation (2000) : 2,92 % Structure de la population active : agriculture 3,7 %, mines et industrie 26,8 %, services 69,5 % Dette brute : 59,5 % du PIB Taux de chômage : 4,7 % Défense Total forces armées : 24 300 hommes Budget de la Défense 1,5 % du PIB Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin 344 Apport en calories 3 808 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 331/1 000 hab. Téléphones : 633/1 000 hab. Télévisions : 574/1 000 hab. ➡ TENDANCES Le Premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen, n’a pas caché sa satisfaction après avoir fait voter une loi visant à durcir radicalement la politique d’immigration du pays. Celui-ci n’a d’ailleurs pas hésité à déclarer, à moins d’un mois du début de la présidence danoise des Quinze, le 1er juillet, que « le Danemark pourra servir d’exemple à d’autres pays ». En votant en faveur de l’adhésion à la zone euro, les électeurs danois ont rassuré leurs partenaires européens. En matière économique, on rappellera simplement que la croissance des exportations n’a pas suffi à masquer la perte de parts de marché significatives dans un pays où le taux d’imposition reste parmi les plus lourds d’Europe. DJIBOUTI Superficie : 23 000 km 2 Population : 644 000 hab. Capitale : Djibouti (423 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime : république à régime présidentiel Chef de l’État : Ismaïl Omar Guelleh downloadModeText.vue.download 272 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 270 Chef du gouvernement : Dileita Mohamed Dileita Organisation administrative : 5 districts Langues officielles : français, arabe Religion : islam Monnaie : franc de Djibouti ➡ HISTORIQUE 1862 : protectorat français. 1888 : création de la ville de Djibouti. 1967 : maintien par référendum dans la République française. 1977 : indépendance de Djibouti. 1991 : rébellion des Afars et quasi-guerre civile. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 28 hab./km 2 Part de la population urbaine : 83,1 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,2 %, 15-65 ans 51,3 %, + 65 ans 5,5 %. Taux de natalité : 36,7 ‰ Taux de mortalité : 14,83 ‰ Taux de mortalité : infantile 117 ‰ Espérance de vie : hommes 46 ans, femmes 48 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,55 milliard de $ Taux de croissance annuelle du PIB (1997) : 0,7 % Structure du PIB : 3,6 % pour l’agriculture, 20,5 % pour l’industrie, 75,8 % pour les services Dette extérieure : 284 millions de $ Défense Total forces armées : 8 400 hommes Budget de la Défense 5,1 % du PIB ➡ TENDANCES Djibouti a connu, pour la cinquième année consécutive, une croissance atone dont les effets sur la situation sanitaire et sociale sont catastrophiques. Le chômage touche probablement la moitié de la population active. Quant au PIB, il serait constitué pour moitié de la présence militaire française. Le président Omar Guelleh a poursuivi une diplomatie active, cherchant sur la scène internationale le crédit qui lui fait défaut à l’intérieur. DOMINICAINE !RÉPUBLIQUE! Superficie : 48 400 km 2 Population : 8 507 000 hab. Capitale : Saint-Domingue (3 300 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Hipólito Mejía Organisation administrative : 29 provinces, 1 district Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : peso dominicain ➡ HISTORIQUE 1697 : partage de l’île entre la France (Haïti) et l’Espagne. 1861 : indépendance de la République dominicaine, confirmée en 1865. 1930 : Rafael Trujillo prend le pouvoir et institue une dictature qui devait durer 31 ans. 1961 : assassinat de Trujillo. 1963 : le président de gauche Juan Bosch est renversé. 1986 : retour au pouvoir du candidat conservateur Joaquin Balaguer. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 174 hab./km 2 Part de la population urbaine : 64,4 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 33,5 %, 1565 ans 59,6 %, + 65 ans 6,6 % Taux de natalité : 24,04 ‰ Taux de mortalité : 5,3 ‰ Taux de mortalité : infantile 36,3 ‰ Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 73 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 17,85 milliards de $ PNB/hab. : 2 130 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 7,8 % Taux annuel d’inflation (2000) : 7,72 % Structure de la population active : agriculture 14,8 %, mines et industrie 23,2 %, services 62 % Structure du PIB : 11,3 % pour l’agriculture, 34,3 % pour downloadModeText.vue.download 273 sur 380 STATISTIQUES 271 l’industrie, 54,3 % pour les services Dette extérieure : 4 239 millions de $ Taux de chômage : 15,9 % Défense Total forces armées : 24 500 hommes Budget de la Défense 0,4 % du PIB ➡ TENDANCES Deux ans après son élection, la popularité du président socialdémocrate Hipólito Mejía paraissait bien écornée. La crise économique et les protestations de nombreux secteurs de la société ont grandement contribué à ce retournement sur fond de ralentissement économique. DOMINIQUE Superficie : 751 km 2 Population : 71 000 hab. Capitale : Roseau 24 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Vernon Shaw Chef du gouvernement : Pierre Charles Organisation administrative : 10 paroisses Langue officielle : anglais Religion : catholicisme Monnaie : dollar des Caraïbes orientales ➡ HISTORIQUE 1763 : colonie britannique. 1978 : proclamation de l’indépendance. 1980-1995 : alternance au pouvoir du Parti travailliste et du Parti dominicain de la liberté. Réussite de la réforme agraire et de l’ouverture au tourisme. Liens étroits avec les ÉtatsUnis et la France. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 97 hab./km 2 Part de la population urbaine : 70,7 % Taux Taux Taux 15,8 de natalité : 20,18 ‰ de mortalité : 7 ‰ de mortalité : infantile ‰ Espérance de vie : hommes 74 ans, femmes 78 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,23 milliard de $ PNB/hab. : 3 260 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 0,5 % Taux annuel d’inflation (2000) : 0,85 % Structure du PIB : 18,5 % pour l’agriculture, 22,5 % pour l’industrie, 59 % pour les services Dette extérieure : 98 millions de $ ÉGYPTE Superficie : 1 000 000 km 2 Population : 69 080 000 hab. Capitale : Le Caire (9 900 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Hosni Moubarak Chef du gouvernement : Atef Ebeid Organisation administrative : 26 gouvernorats Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : livre égyptienne ➡ HISTORIQUE 1517 : province de l’Empire ottoman. 1914 : protectorat britannique. 1922 : indépendance de l’Égypte. 1952 : instauration de la République. 1954 : prise du pouvoir par Gamal Abdel Nasser. 1967 : défaite devant Israël et perte du Sinaï. downloadModeText.vue.download 274 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 272 1979 : traité de paix avec Israël. 1980 : assassinat d’Anouar el-Sadate. Hosni Moubarak lui succède. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 63 hab./km 2 Part de la population urbaine : 45 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 35,4 %, 1565 ans 58,3 %, + 65 ans 6,3 % Taux de natalité : 25,5 ‰ Taux de mortalité : 6,79 ‰ Taux de mortalité : infantile 40,5 ‰ Espérance de vie : hommes 65 ans, femmes 68 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 95 milliards de $ PNB/hab. : 1 490 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 5,1 % Taux annuel d’inflation (2000) : 2,68 % Structure de la population active : agriculture 34,2 %, mines et industrie 21,6 %, services 44,1 % Structure du PIB : 17,4 % pour l’agriculture, 31,5 % pour l’industrie, 51 % pour les services Dette extérieure : 29 849 millions de $ Défense Total forces armées : 450 000 hommes Budget de la Défense 2,4 % du PIB ➡ TENDANCES L’Égypte a subi sans trop de dommages les ondes de choc des attentats du 11 septembre 2001 et de la guerre contre le terrorisme déclenchée par les États-Unis, son principal donateur. Mais la stabilité du pays, en proie à une crise économique persistante, est mise à rude épreuve par le conflit israélo-palestinien et les pressions américaines sur l’Irak de Saddam Hussein. ÉMIRATS ARABES UNIS Superficie : 80 000 km 2 Population : 2 654 000 hab. Capitale : Abu Dhabi 242 975 hab. (927 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie Chef de l’État : (Président du Conseil suprême des souverains) Zayid ibn Sultan al-Nahyan Chef du gouvernement : Maktum ibn Rachid al-Maktum Organisation administrative : 7 Émirats Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : dirham ➡ HISTORIQUE 1892 : protectorat britannique. 1971 : indépendance des six émirats. Constitution d’un État fédéral avec Abu Dhabi comme capitale. 1979 : Abu Dhabi tente d’imposer un pouvoir unitaire. 1993 : appui à l’accord israélo-palestinien. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 34 hab./km 2 Part de la population urbaine : 85,5 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 26 %, 15-65 ans 68,9 %, + 65 ans 5,1 % Taux de natalité : 17,54 ‰ Taux de mortalité : 2,88 ‰ Taux de mortalité : infantile 10,9 ‰ Espérance de vie : hommes 74 ans, femmes 77 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 44,6 milliards de $ PNB/hab. : 17 390 $ Défense Total forces armées : 64 500 hommes Budget de la Défense 8,0 % du PIB ➡ TENDANCES En général, l’actualité Émirats arabes unis est indexée sur l’évolution des cours du pétrole. Si l’année écoulée n’a pas dérogé, il aura surtout été question du terrorisme international et des « effets » des attentats du 11 septembre 2001. Dubaï, notamment, a été accusé de laxisme financier, downloadModeText.vue.download 275 sur 380 STATISTIQUES 273 voire d’abriter le financement des réseaux terroristes. ÉQUATEUR Superficie : 270 670 km 2 Population : 12 880 000 hab. Capitale : Quito 1 754 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Lucio Gutierrez Organisation administrative : 21 provinces Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : sucre ➡ HISTORIQUE 1830 : indépendance de l’Équateur. 1934 : élection du président de gauche Velasco Ibarra. Renversé l’année suivante il revient plusieurs fois au pouvoir. 1972 : coup d’État militaire. 1995 : nouvelle guerre frontalière avec le Pérou, qui s’achève vite sur un retour au statu quo. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 45 hab./km 2 Part de la population urbaine : 64,3 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 33,8 %, 1565 ans 59,3 %, + 65 ans 6,9 % Taux de natalité : 24,4 ‰ Taux de mortalité : 5,97 ‰ Taux de mortalité : infantile 41,5 ‰ Espérance de vie : hommes 68 ans, femmes 71 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 15,26 milliards de $ PNB/hab. : 1 210 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 2,3 % Taux annuel d’inflation (2000) : 96,09 % Structure du PIB : 12,2 % pour l’agriculture, 37,5 % pour l’industrie, 50,4 % pour les services Dette extérieure : 14 918 millions de $ Taux de chômage : 9,2 % Défense Total forces armées : 57 100 hommes Budget de la Défense 2,0 % du PIB ➡ TENDANCES Pour la majorité des observateurs étrangers, l’Équateur constitue un véritable paradoxe. Voilà un pays doté d’une position géographique exceptionnelle, qui dispose de nombreuses ressources naturelles et de conditions climatiques excellentes, qui perçoit une rente pétrolière conséquente, et qui, pourtant, paraît aussi infortuné qu’Haïti, offrant l’exemple le plus achevé de la décomposition économique et politique sur le continent américain. ÉRYTHRÉE Superficie : 120 000 km 2 Population : 3 816 000 hab. Capitale : Asmara 514 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Issayas Afeworki Organisation administrative : 10 provinces Langues officielles : tigrigna, arabe Religions : islam, Église copte éthiopienne Monnaie : nakfa ➡ HISTORIQUE 1890 : colonisation italienne. 1952 : retour à l’Éthiopie. 1970 : création du Front populaire de libération de l’Érythrée downloadModeText.vue.download 276 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 274 (FPLE), qui participera à la chute de la dictature Mengistu. 1993 : proclamation de l’indépendance. 1998-2001 : guerre frontalière avec l’Éthiopie. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 40 hab./km 2 Part de la population urbaine : 18,4 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,9 %, 1565 ans 51,4 %, + 65 ans 4,7 % Taux de natalité : 39,1 ‰ Taux de mortalité : 14,39 ‰ Taux de mortalité : infantile 82,4 ‰ Espérance de vie : hommes 49 ans, femmes 52 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,7 milliard de $ PNB/hab. : 170 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : – 8,2 % Structure du PIB : 9,2 % pour l’agriculture, 29,5 % pour l’industrie, 61,1 % pour les services Dette extérieure : 76 millions de $ Défense Total forces armées : 180 000 hommes Budget de la Défense 23,9 % du PIB ➡ TENDANCES Sortant de deux ans de guerre avec l’Éthiopie voisine qui a fait des dizaines de milliers de victimes, l’Érythrée est apparue comme un pays réduit au silence, subissant une remise au pas orchestrée par le parti au pouvoir, le Front populaire pour la démocratie et la justice (FPDJ). ESPAGNE Superficie : 505 000 km 2 Population : 39 921 000 hab. Capitale : Madrid 2 882 860 hab. (4 100 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Juan Carlos Ier de Bourbon Chef du gouvernement : José María Aznar Organisation administrative : 17 communautés autonomes Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : euro ➡ HISTORIQUE 1923 : coup d’État du général Primo de Rivera. 1931 : proclamation de la république. 1936 : victoire aux élections du Front populaire. Le général Franco déclenche la guerre civile. 1939 : Franco se proclame Caudillo, chef de l’État, à vie. 1940 : l’Espagne reste en dehors du conflit mondial. 1975 : mort de Franco. Retour progressif à la démocratie. Juan Carlos roi d’Espagne. 1982 : l’Espagne adhère à l’OTAN. 1986 : membre de la Communauté économique européenne (CEE). ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 79 hab./km 2 Part de la population urbaine : 77,4 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 14,7 %, 15-65 ans 63,5 %, + 65 ans 21,8 % Taux de natalité : 9,27 ‰ Taux de mortalité : 9,34 ‰ Taux de mortalité : infantile 5,3 ‰ Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 82 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 595 milliards de $ PNB/hab. : 15 080 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 4,1 % Taux annuel d’inflation (2000) : 3,43 % Structure de la population active : agriculture 8,4 %, mines et industrie 30 %, services 61,7 % Structure du PIB : 2,9 % pour l’agriculture Dette brute : 73,3 % du PIB Taux de chômage : 14,1 % Défense Total forces armées : 186 500 hommes Budget de la Défense 1,0 % du PIB downloadModeText.vue.download 277 sur 380 STATISTIQUES 275 Éléments du niveau de vie Analphabétisme 2,9 % Nombre d’habitants pour 1 médecin 238 Apport en calories 3 295 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 389/1 000 hab. Téléphones : 403/1 000 hab. Télévisions : 404/1 000 hab. ➡ TENDANCES Assumant à partir du 1er janvier et pour six mois la présidence de l’Union européenne, l’Espagne a mis à profit cette fonction pour coordonner la lutte contre le terrorisme dont elle est elle-même victime depuis 30 ans. Alors que l’ETA poursuit sa campagne d’attentats, le gouvernement Aznar a fait adopter une loi en juin préparant la mise hors la loi de Batasuna, vitrine politique de l’organisation basque. Mais cette initiative, si elle est largement soutenue par l’opinion, n’a pas suffi à préserver la popularité de M. Aznar, entamée par des mesures sur le chômage qui suscitent un vent de contestation sociale. La gestion exécrable du naufrage du pétrolier Prestige sur les côtes de Galice n’a fait qu’aggraver la mauvaise posture du Premier ministre. ESTONIE Superficie : 45 000 km 2 Population : 1 377 000 hab. Capitale : Tallinn 404 000 hab. Principale ville (hormis la capitale) : Tartu 107 303 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Arnold Ruutel Chef du gouvernement : Siim Kallas Organisation administrative : 15 districts Langue officielle : estonien Religion : protestantisme Monnaie : couronne estonienne ➡ HISTORIQUE 1561 : l’Estonie est partagée entre la Suède et la Pologne. 1721 : le pays est intégré à l’Empire russe. 1920 : indépendance de l’Estonie. 1940 : intégration dans l’URSS. 1991 : proclamation de l’indépendance. 1995 : accord d’association avec l’Union européenne. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 34 hab./km 2 Part de la population urbaine : 78,9 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 17,7 %, 15-65 ans 62,1 %, + 65 ans 20,2 % Taux de natalité : 8,7 ‰ Taux de mortalité : 13,58 ‰ Taux de mortalité : infantile 9,7 ‰ Espérance de vie : hommes 65 ans, femmes 76 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 4,89 milliards de $ PNB/hab. : 3 580 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 6,4 % Taux annuel d’inflation (2000) : 4,3 % Structure du PIB : 7,2 % pour l’agriculture, 27,9 % pour l’industrie, 64,8 % pour les services Dette extérieure : 658 millions de $ Défense Total forces armées : 4 800 hommes Budget de la Défense 1,1 % du PIB ➡ TENDANCES Présidée depuis septembre 2001 par un ex-communiste, Arnold Ruutel, l’Estonie n’en attend pas moins avec impatience un double rendez-vous avec l’Occident : l’entrée dans l’OTAN puis dans l’Union européenne, dont les incertitudes économiques suscitent pourtant quelques appréhensions. De son côté, Bruxelles n’a pas manqué de regretter le fort taux de chômage (13 %) et la pénurie de main-d’oeuvre. downloadModeText.vue.download 278 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 276 ÉTATS!UNIS Superficie : 9 364 000 km 2 Population : 285 926 000 hab. Capitale : Washington 527 059 hab. (3 700 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) George W. Bush. Organisation administrative : 1 district, 50 États Langue officielle : anglais Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : dollar des États-Unis ➡ HISTORIQUE 1917 : les États-Unis entrent dans la guerre en Europe. 1929 : crise à Wall Street. 1933 : F. D. Roosevelt est élu président des États-Unis. 1941 : Les États-Unis entrent en guerre contre le Japon. 1960 : J. F. Kennedy élu à la présidence. 1963 : assassinat de Kennedy. 1975 : défaite des États-Unis au Viêt Nam. 1991 : intervention militaire contre l’Irak (guerre du Golfe). 2000 : le républicain George W. Bush succède au président démocrate Bill Clinton. 2001 : attentats contre New York et Washington. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 30 hab./km 2 Part de la population urbaine : 77 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 21,7 %, 15-65 ans 62,2 %, + 65 ans 16,1 % Taux de natalité : 14,7 ‰ Taux de mortalité : 8,48 ‰ Taux de mortalité : infantile 6,8 ‰ Espérance de vie : hommes 74 ans, femmes 80 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 9 601 milliards de $ PNB/hab. : 34 100 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 4,2 % Taux annuel d’inflation (2000) : 3,38 % Structure de la population active : agriculture 2,7 %, mines et industrie 23,9 %, services 73,4 % Dette brute : 56,7 % du PIB Taux de chômage : 4 % Défense Total forces armées : 1 371 500 hommes Budget de la Défense 3,2 % du PIB Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin 384 Apport en calories 3 642 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 521/1 000 hab. Téléphones : 644/1 000 hab. Télévisions : 805/1 000 hab. ➡ TENDANCES Les attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center à New York et le Pentagone à Washington ont largement conditionné l’année 2002. Les conséquences ont été visibles sur le front économique, dont la faillite de la compagnie aérienne United Airlines n’a pas été la moins spectaculaire. Mais c’est en matière de politique étrangère que le spectre des attentats du 11 septembre a été le plus déterminant. Tout entière placée sous le signe de la lutte contre l’« axe du mal », la diplomatie américaine a désigné ses ennemis. Au premier rang desquels figure l’Irak de Saddam Hussein, accusé de développer un programme d’armes dites de « destruction massive ». Manifestement résolus à mener une « guerre préventive » contre l’Irak – et d’abattre son dirigeant –, les stratèges du Pentagone et les faucons de la Maison-Blanche paraissaient bien déterminés à se passer de la bénédiction de l’ONU et des réticences de leurs alliés habituels. ÉTHIOPIE Superficie : 1 100 000 km 2 downloadModeText.vue.download 279 sur 380 STATISTIQUES 277 Population : 64 459 000 hab. Capitale : Addis-Abeba : (2 639 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État : (Président de la République) Wolde-Giyorgis Chef du gouvernement : Meles Zenawi Organisation administrative : 1 municipalité, 9 États Langue officielle : amharique Religions : islam, Église copte éthiopienne Monnaie : birr éthiopien ➡ HISTORIQUE 1889 : couronnement de Menelik II, fondateur d’Addis-Abeba. 1935 : occupation italienne. 1942 : libération de l’Éthiopie par les Britanniques. 1974 : renversement de Haïlé Sélassié Ier par une junte militaire. 1977 : le colonel Mengistu instaure un régime autoritaire se réclamant du marxisme-léninisme. 1983 : aide internationale pour lutter contre la famine. 1991 : chute de Mengistu et instauration d’un régime démocratique. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 63 hab./km 2 Part de la population urbaine : 17,2 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 45,2 %, 1565 ans 50,1 %, + 65 ans 4,7 % Taux de natalité : 44,44 ‰ Taux de mortalité : 19,8 ‰ Taux de mortalité : infantile 106,1 ‰ Espérance de vie : hommes 41 ans, femmes 43 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 6,74 milliards de $ PNB/hab. : 100 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 5,4 % Taux annuel d’inflation (1995) : – 0,04 % Structure de la population active : agriculture 88,5 %, mines et industrie 2 %, services 9,5 % Structure du PIB : 52,3 % pour l’agriculture, 11,1 % pour l’industrie, 36,5 % pour les services Dette extérieure : 10 078 millions de $ Défense Total forces armées : 325 000 hommes Budget de la Défense 2,2 % du PIB ➡ TENDANCES Deux ans après la fin de la guerre contre l’Érythrée, l’Éthiopie était loin d’en avoir soldé les comptes. Ainsi, le Premier ministre Meles Zenawi s’est retrouvé en difficulté face à la faction la plus radicale du Front de libération du peuple tigréen, le noyau dur de la coalition gouvernementale au pouvoir. FIDJI Superficie : 18 300 km 2 Population : 823 000 hab. Capitale : Suva 196 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Ratu Josefa Iloilo Chef du gouvernement : Laisenia Qarase Organisation administrative : 4 divisions, 1 dépendance Langue officielle : anglais Religion : protestantisme Monnaie : dollar fidjien ➡ HISTORIQUE 1648 : découverte du groupe d’îles par le navigateur hollandais Tasman. 1874 : annexion par les Britanniques. 1970 : accession à l’indépendance. 1987 : coup d’État militaire. 1990 : Constitution privilégiant les droits des Mélanésiens par rapport à ceux des Indiens. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 44 hab./km 2 downloadModeText.vue.download 280 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 278 Part de la population urbaine : 48,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 33,3 %, 1565 ans 61 %, + 65 ans 5,7 % Taux de natalité : 21,73 ‰ Taux de mortalité : 4,49 ‰ Taux de mortalité : infantile 17,5 ‰ Espérance de vie : hommes 71 ans, femmes 75 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1,48 milliard de $ PNB/hab. : 1 820 $ Taux annuel d’inflation (2000) : 1,09 % Structure du PIB : 17,9 % pour l’agriculture, 29 % pour l’industrie, 53,1 % pour les services Dette extérieure : 213 millions de $ Défense Total forces armées : 3 500 hommes Budget de la Défense 1,3 % du PIB FINLANDE Superficie : 338 000 km 2 Population : 5 178 000 hab. Capitale : Helsinki 555 174 hab. (1 100 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Tarja Halonen Chef du gouvernement : Paavo Lipponen Organisation administrative : 6 provinces Langues officielles : suédois, finnois Religion : protestantisme Monnaie : euro ➡ HISTORIQUE 1809 : intégration de la Finlande dans l’Empire russe. 1917 : proclamation de l’indépendance. 1941 : la Finlande se range du côté des Allemands contre l’URSS. 1947 : neutralisation de fait de la Finlande. 1956-1981 : présidence d’Urho Kaleva Kekkonen. 1995 : entrée de la Finlande dans l’Union européenne. 1999 : adhésion à la zone euro. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 17 hab./km 2 Part de la population urbaine : 66,7 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 18 %, 15-65 ans 62,1 Taux Taux Taux 4 ‰ %, de de de + 65 ans 19,9 % natalité : 11,1 ‰ mortalité : 9,73 ‰ mortalité : infantile Espérance de vie : hommes 74 ans, femmes 81 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 130 milliards de $ PNB/hab. : 25 130 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 5,7 % Taux annuel d’inflation (2000) : 3,37 % Structure de la population active : agriculture 7,1 %, mines et industrie 27,5 %, services 65,5 % Structure du PIB : 3,7 % pour l’agriculture, 33 % pour l’industrie, 63,3 % pour les services Dette brute : 49,8 % du PIB Taux de chômage : 9,8 % Défense Total forces armées : 31 700 hommes Budget de la Défense 1,5 % du PIB Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin 357 Apport en calories 2 916 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 379/1 000 hab. Téléphones : 556/1 000 hab. Télévisions : 519/1 000 hab. ➡ TENDANCES Bien que la Finlande soit l’un des derniers pays à avoir rejoint l’Union européenne en 1995, elle a satisfait très vite à tous les critères de convergence de Maastricht. Aussi, est-ce sans surprise que le pays a adhéré à la zone euro le 1er janvier 2002. Bon élève européen donc, dotée d’une économie extrêmement compétitive, la Finlande a toutefois dû revoir à la baisse ses prévisions de croissance, le mar- ché des technologies de pointe s’étant quelque peu contracté au cours de l’année précédente. Le gouvernement a opté pour la construction d’un cinquième réacteur nucléaire. downloadModeText.vue.download 281 sur 380 STATISTIQUES 279 FRANCE Superficie : 549 000 km 2 Population : 61 172 000 hab. Capitale : Paris 2 147 857 hab. (9 600 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Jacques Chirac Chef du gouvernement : (Premier ministre) Jean-Pierre Raffarin Organisation administrative : 21 régions, 1 collectivité territoriale Langue officielle : français Religion : catholicisme Monnaies : euro ➡ HISTORIQUE 1875 : fondation de la IIIe République. 1914-1918 : guerre contre l’Allemagne. 1936 : victoire du Front populaire. 1940 : occupation allemande. 1946 : fondation de la IVe République. 1954 : défaite en Indochine et début de la guerre d’Algérie. 1958 : retour au pouvoir du général de Gaulle et fondation de la Ve République. 1960-1962 : décolonisation de l’Afrique francophone. 1968 : manifestations massives de la jeunesse et des syndicats. 1981 : élection de François Mitterrand à la présidence de la République. 1995 : Jacques Chirac succède à F. Mitterrand. 1997 : Lionel Jospin, Premier ministre. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 107 hab./km 2 Part de la population urbaine : 75,4 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 18,7 %, 15-65 ans 60,8 %, + 65 ans 20,5 % Taux de natalité : 12,7 ‰ Taux de mortalité : 9,27 ‰ Taux de mortalité : infantile 5 ‰ Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 82 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1 438 milliards de $ PNB/hab. : 24 090 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 3,1 % Taux annuel d’inflation (2000) : 1,7 % Structure de la population active : agriculture 4,5 %, mines et industrie 25,6 %, services 69,9 % Structure du PIB : 3 % pour l’agriculture, 25 % pour l’industrie, 72 % pour les services Dette brute : 66,5 % du PIB Taux de chômage : 9,5 % Défense Total forces armées : 317 300 hommes Budget de la Défense 2,1 % du PIB Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin 344 Apport en calories 3 551 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 442/1 000 hab. Téléphones : 575/1 000 hab. Télévisions : 589/1 000 hab. ➡ TENDANCES L’année écoulée aura été tout entière dominée par la tenue, d’une part, de l’élection présidentielle, d’autre part, par les élections législatives qui ont suivi. La surprise est venue du premier tour de la présidentielle qui a vu l’élimination du candidat socialiste, Lionel Jospin, devancé par le candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen. C’est toutefois sans surprise que le candidat de la droite parlementaire, Jacques Chirac, s’est imposé au second tour, porté, il est vrai, par un très large front républicain. Le deuxième motif d’étonnement de l’année politique aura incontestablement été la nomination à Matignon d’un libéralo-centriste peu connu du grand public, Jean-Pierre Raffarin. Portée par son très grand succès lors du renouvellement du Parlement, la droite a choisi d’agréger dans une grande formation, l’UMP, ses diverses composantes. Le gouvernement bénéficiait à la fin de l’année d’un crédit positif. downloadModeText.vue.download 282 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 280 GABON Superficie : 268 000 km 2 Population : 1 262 000 hab. Capitale : Libreville 523 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Omar Bongo Chef du gouvernement : JeanFrançois Ntoutoume-Emane Organisation administrative : 9 provinces Langue officielle : français Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE 1843 : colonisation française. 1849 : fondation de Libreville. 1960 : indépendance du Gabon. 1967 : accession au pouvoir d’Omar Bongo. 1990 : démocratisation du régime et instauration timide du multipartisme. 1998 : nouvelle réélection d’Omar Bongo contestée par l’opposition. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 5 hab./km 2 Part de la population urbaine : 80,3 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 40,2 %, 1565 ans 51,1 %, + 65 ans 8,7 % Taux de natalité : 35,86 ‰ Taux de mortalité : 15,95 ‰ Taux de mortalité : infantile 80 ‰ Espérance de vie : hommes 51 ans, femmes 54 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 3,93 milliards de $ PNB/hab. : 3 190 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 2 % Taux annuel d’inflation (1997) : 3,97 % Structure du PIB : 7,8 % pour l’agriculture, 41,2 % pour l’industrie, 51,1 % pour les services Dette extérieure : 4 284 millions de $ Défense Total forces armées : 4 700 hommes Budget de la Défense 2,0 % du PIB ➡ TENDANCES Conforté par les scrutins locaux de septembre 2002, le régime du président Omar Bongo s’est employé à contenir une situation sociale bien instable, minée par une corruption endémique, la montée de l’insécurité, la multiplication des revendications catégorielles et les grèves. Sur le front économique, alors que la rente pétrolière est en passe de se tarir, il aura été question de privatisations et de la lutte contre la pauvreté. GAMBIE Superficie : 11 300 km 2 Population : 1 337 000 hab. Capitale : Banjul 229 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Yahya Jammeh Organisation administrative : 1 municipalité, 5 divisions Langue officielle : anglais Religion : islam Monnaie : dalasi ➡ HISTORIQUE 1857 : colonisation britannique. 1965 : accession à l’indépendance. 1967 : accord d’association avec le Sénégal. 1970 : proclamation de la République. 1980 : troubles sociaux dans le pays. 1982-1989 : confédération avec le Sénégal. downloadModeText.vue.download 283 sur 380 STATISTIQUES 281 1994 : coup d’État militaire dirigé par le lieutenant Jammeh. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 125 hab./km 2 Part de la population urbaine : 31,8 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 40,3 %, 1565 ans 54,5 %, + 65 ans 5,2 % Taux de natalité : 40,6 ‰ Taux de mortalité : 17,43 ‰ Taux de mortalité : infantile 115 ‰ Espérance de vie : hommes 52 ans, femmes 55 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,44 milliard de $ PNB/hab. : 340 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 5,6 % Taux annuel d’inflation (2000) : 0,84 % Structure du PIB : 31,4 % pour l’agriculture, 13 % pour l’industrie, 55,7 % pour les services Dette extérieure : 430 millions de $ Défense Total forces armées : 800 hommes Budget de la Défense 3,5 % du PIB ➡ TENDANCES Loin d’être un modèle de démocratie, la Gambie commence à se donner un peu d’oxygène en matière de pratiques politiques – pluripartisme, élections libres. Sur le front politique extérieur, la Gambie a dû se défendre d’être à l’origine de deux tentatives de coup d’État en Guinée-Bissau. GÉORGIE Superficie : 70 000 km 2 Population : 5 239 000 hab. Capitale : Tbilissi (1 400 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république a régime présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Edouard Chevardnadze Organisation administrative : 13 municipalités, 2 républiques autonomes, 63 cercles Langue officielle : géorgien Religion : orthodoxie Monnaie : lari ➡ HISTORIQUE 1801 : début de l’intégration de l’espace géorgien dans l’Empire russe. 1918 : proclamation d’une république indépendante. 1921 : invasion de la Géorgie par l’Armée rouge. 1991 : proclamation de l’indépendance. 1992 : Edouard Chevardnadze reprend le pouvoir ; guerre contre les dissidents d’Abkhazie. 1999 : attentat contre le président Chevardnadze. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 78 hab./km 2 Part de la population urbaine : 60,2 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 20,5 %, 15-65 ans 60,8 %, + 65 ans 18,7 % Taux de natalité : 9 ‰ Taux de mortalité : 9,34 ‰ Taux de mortalité : infantile 17,6 ‰ Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 77 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 3,18 milliards de $ PNB/hab. : 630 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 1,9 % Taux annuel d’inflation (2000) : 4,06 % Structure du PIB : 36 % pour l’agriculture, 12,9 % pour l’industrie. 51,1 % pour les services Dette extérieure : 1 446 millions de $ Défense Total forces armées : 26 300 hommes Budget de la Défense 1,2 % du PIB ➡ TENDANCES Mettant à profit la conjoncture international née des attentats du 11 septembre 2001, la Géorgie a accéléré le processus de rapprochement avec les ÉtatsUnis, La Russie s’y est résignée à contre coeur, mais en multipliant ses pressions sur les Géorgiens pour qu’ils sécurisent leur frontière avec la Tchétchénie. downloadModeText.vue.download 284 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 282 GHANA Superficie : 240 000 km 2 Population : 19 734 000 hab. Capitale : Accra 949 100 hab. (1 700 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) John Kufuor Organisation administrative : 10 régions Langue officielle : anglais Religions : islam, christianisme, animisme Monnaie : cedi ➡ HISTORIQUE 1874 : colonisation britannique. 1957 : accession à l’indépendance. 1960 : Kwame Nkrumah premier président de la République. 1981 : prise du pouvoir par une junte militaire dirigée par le capitaine Jerry Rawlings. 2001 : Jerry Rawlings quitte pacifiquement le pouvoir. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 83 hab./km 2 Part de la population urbaine : 37,9 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 40,6 %, 1565 ans 54 %, + 65 ans 5,1 % Taux de natalité : 30,04 ‰ Taux de mortalité : 9,43 ‰ Taux de mortalité : infantile 62,1 ‰ Espérance de vie : hommes 57 ans, femmes 59 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 6,59 milliards de $ PNB/hab. : 340 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 3,7 % Taux annuel d’inflation (2000) : 25,19 % Structure du PIB : 35,6 % pour l’agriculture, 25,3 % pour l’industrie, 39,1 % pour les services Dette extérieure : 5 982 millions de $ Défense Total forces armées : 7 000 hommes Budget de la Défense 0,9 % du PIB ➡ TENDANCES Après avoir inauguré en dé- cembre 2000, pour la première fois dans l’histoire du Ghana, une alternance démocratique et pacifique, John Kufuor, ne semblait pas encore avoir trouvé la clé d’une cohabitation avec son prédécesseur, le capitaine Jerry Rawlings. GRANDE!BRETAGNE Superficie : 253 500 km 2 Population : 59 542 000 hab. Capitale : Londres (7 600 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Élisabeth II Chef du gouvernement : Anthony Blair, dit Tony Blair Organisation administrative : 4 divisions historiques Langue officielle : anglais Religions : protestantisme, anglicanisme Monnaie : livre sterling ➡ HISTORIQUE 1940 : Winston Churchill organise la résistance du pays contre l’Allemagne. 1945 : les travaillistes gagnent les élections et instaurent l’État providence. 1979 : Margaret Thatcher impose une politique libérale au pays et limite le pouvoir des syndicats. downloadModeText.vue.download 285 sur 380 STATISTIQUES 283 1997 : le travailliste Tony Blair devient Premier ministre et met en oeuvre une politique assez peu différente de celle de Mme Thatcher, mais plus favorable à l’Europe. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 246 hab./km 2 Part de la population urbaine : 89,4 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 19 %, 15-65 ans 60,4 %, + 65 ans 20,6 % Taux de natalité : 11,78 ‰ Taux de mortalité : 10,79 ‰ Taux de mortalité : infantile 5,4 ‰ Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 80 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1 460 milliards de $ PNB/hab. : 24 430 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 3,1 % Taux annuel d’inflation (2000) : 2,93 % Structure de la population active : agriculture 1,9 %, mines et industrie 26,9 %, services 71,3 % Dette brute : 56,6 % du PIB Taux de chômage : 5,5 % Défense Total forces armées : 212 400 hommes Budget de la Défense 2,7 % du PIB Éléments du niveau de vie Apport en calories 3 237 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 371/1 000 hab. Téléphones : 540/1 000 hab. Télévisions : 448/1 000 hab. ➡ TENDANCES Toujours porté par une popularité qui lui a valu sa réélection triomphale en juin 2001, Tony Blair a de nouveau pu compter sur la croissance économique pour relever les défis d’un deuxième mandat placé sous le signe d’un ancrage dans l’Union européenne : préparer le référendum de 2003 sur l’adhésion à l’euro et tenir ses engagements en vue de la réhabilitation des services de santé. Il a pour cela appelé l’opinion à consentir un effort fiscal que la bonne santé économique du pays rend moins douloureux, dans un climat institutionnel apaisé du fait de la réconciliation des Britanniques avec la monarchie. Sur le dossier des services public – éducation, transports, santé, etc. –, comme sur celui de l’Ulster, ou encore des relations avec Washington, Tony Blair devra incontestablement faire preuve d’une grande habilité politique s’il entend que son successeur au 10 Downing Street appartienne bien au New Labour. GRÈCE Superficie : 132 000 km 2 Population : 10 623 000 hab. Capitale : Athènes (3 100 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : Président de la République) Konstandínos Stefanópoulos, dit Kostís Stefanópoulos Chef du gouvernement : Konstandínos Simitis, dit Kóstas Simitis Organisation administrative : 13 régions, 1 république Langue officielle : grec Religion : orthodoxie Monnaie : euro ➡ HISTORIQUE 1832 : aidée par la France, la Grande-Bretagne et la Russie, la Grèce arrache son indépendance à l’Empire ottoman. 1936 : dictature du général Metaxás. 1941 : occupation allemande. 1949 : fin de la guerre civile. downloadModeText.vue.download 286 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 284 1967 : putsch militaire des colonels. 1974 : retour de la démocratie et fin de la monarchie. 1981 : adhésion à l’Union européenne. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 82 hab./km 2 Part de la population urbaine : 59,9 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 15,1 %, 15-65 ans 61,5 %, + 65 ans 23,4 % Taux de natalité : 9,38 ‰ Taux de mortalité : 9,63 ‰ Taux de mortalité : infantile 6,3 ‰ Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 81 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 126 milliards de $ PNB/hab. : 11 960 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 4,3 % Taux annuel d’inflation (2000) : 3,15 % Structure de la population active : agriculture 20,3 %, mines et industrie 22,9 %, services 56,9 % Dette brute : 106,3 % du PIB Taux de chômage : 10,1 % Défense Total forces armées : 165 670 hommes Budget de la Défense 3,2 % du PIB Éléments du niveau de vie Analphabétisme 3,3 % Apport en calories 3 575 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 223/1 000 hab. Téléphones : 516/1 000 hab. Télévisions : 220/1 000 hab. ➡ TENDANCES Depuis que ses critères économiques lui ont permis d’adhérer en juin 2000 au club de l’euro, la Grèce poursuit son intégration européenne à marches forcées. Dès le 1er janvier 2002, elle troquait la drachme contre la monnaie unique, et se voyait confier, à partir du deuxième semestre, le dossier de la défense européenne, qui lui donne un avant-goût de la présidence européenne qu’elle doit assumer à partir du 1er janvier 2003. Si elle bénéficie, jusqu’à un certain point, du soutien de l’opinion, la politique européenne du gouvernement grec est toutefois contrariée par le lancinant différend avec la Turquie. GRENADE Superficie : 344 km 2 Population : 94 000 hab. Capitale : Saint George’s 35 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Élisabeth II représentée par Daniel Williams Chef du gouvernement : Keith Mitchell Organisation administrative : 6 paroisses Langue officielle : anglais Religion : catholicisme Monnaie : dollar des Caraïbes orientales ➡ HISTORIQUE XVIIIe siècle : colonisation française. 1762 : colonie britannique. 1974 : indépendance de la Grenade. 1979 : un coup d’État amène Maurice Bishop au pouvoir. 1983 : à la suite du rapprochement de la Grenade de Cuba, les États-Unis interviennent militairement dans l’île. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 285 hab./km 2 Part de la population urbaine : 37,5 % Taux de natalité : 25,26 ‰ Taux de mortalité : 6 ‰ Taux de mortalité : infantile 24 ‰ Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 76 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,37 milliard de $ PNB/hab. : 3 770 $ Taux annuel d’inflation (2000) : 0,24 % Structure du PIB : 8,1 % pour l’agriculture, 22,2 % pour l’industrie, 79,7 % pour les services Dette extérieure : 105 millions de $ downloadModeText.vue.download 287 sur 380 STATISTIQUES 285 GUATEMALA Superficie : 109 000 km 2 Population : 11 687 000 hab. Capitale : Guatemala 3 242 400 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Alfonso Cabrera Organisation administrative : 22 départements Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : quetzal ➡ HISTORIQUE 1822 : intégration dans l’Empire mexicain. 1839 : indépendance du pays. 1944 : révolution et arrivée au pouvoir d’un gouvernement de gauche. 1954 : renversement du président Jacobo Arbenz Guzmán, qui avait tenté de promouvoir une réforme agraire. 1963 : guerre civile larvée et pouvoir assumé par les militaires. 1985 : retour des civils au pouvoir. 1989 : négociations entre les autorités et la guérilla. 1996 : arrêt de la guerre civile. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 102 hab./km 2 Part de la population urbaine : 39,5 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,6 %, 1565 ans 51,1 %, + 65 ans 5,3 % Taux de natalité : 33,82 ‰ Taux de mortalité : 7,38 ‰ Taux de mortalité : infantile 41,2 ‰ Espérance de vie : hommes 62 ans, femmes 68 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 19,16 milliards de $ PNB/hab. : 1 680 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 3,3 % Taux annuel d’inflation (2000) : 5,98 % Structure du PIB : 23,1 % pour l’agriculture, 20,2 % pour l’industrie, 56,7 % pour les services Dette extérieure : 4 086 millions de $ Défense Total forces armées : 31 400 hommes Budget de la Défense 0,7 % du PIB ➡ TENDANCES Les difficultés que rencontre la démocratie pour s’imposer font écho à la dégradation des conditions de vie de la majorité de la population. En effet, la pauvreté reste le principal problème du pays : 80 % des Guatémaltèques se répartissent 20 % du PIB. Les deux tiers de la population active sont employés dans le secteur informel ou au chômage. Quant à l’insécurité, elle est devenue le cauchemar des autorités, qui s’étaient pourtant engagées à la faire disparaître. GUINÉE Superficie : 250 000 km 2 Population : 8 274 000 hab. Capitale : Conakry 1 824 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État et du gouvernement : (Prés. de la République) Lansana Conté Premier ministre : Lamine Sidime Organisation administrative : 8 gouvernorats Langue officielle : français Religions : islam, animisme Monnaie : franc guinéen ➡ HISTORIQUE 1866 : colonisation française. 1958 : indépendance de la Guinée. Sékou Touré, premier président du pays, institue un régime autoritaire. 1984 : mort de Sékou Touré. Le colonel Lansana Conté lui succède. 1998 : réélection contestée par l’opposition de Lansana Conté. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 30 hab./km 2 downloadModeText.vue.download 288 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 286 Part de la population urbaine : 32,1 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 44,1 %, 1565 ans 51,5 %, + 65 ans 4,4 % Taux de natalité : 39,62 ‰ Taux de mortalité : 17,47 ‰ Taux de mortalité : infantile 114,4 ‰ Espérance de vie : hommes 46 ans, femmes 47 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 3,3 milliards de $ PNB/hab. : 450 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 2 % Structure du PIB : 23,9 % pour l’agriculture, 37,4 % pour l’industrie, 38,7 % pour les services Dette extérieure : 3 520 millions de $ Défense Total forces armées : 9 700 hommes Budget de la Défense 1,5 % du PIB ➡ TENDANCES Au pouvoir depuis 1984, le président Lansana Conté, qui, depuis le référendum de 2001, a les mains libres pour briguer en 2003 un troisième mandat, s’est félicité de la victoire des candidats de la mouvance gouvernementale lors des élections législatives de juin 2002. GUINÉE!BISSAU Superficie : 36 125 km 2 Population : 1 227 000 hab. Capitale : Bissau 274 000 hab. Principales villes (hormis la capitale) : Gabu 7 803 hab., Bafata 13 429 hab. Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État : (Président de la République) Kumba Yalá Chef du gouvernement : Mario Pires Organisation administrative : 3 provinces, 1 secteur autonome Langue officielle : portugais Religions : islam, animisme Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE 1879 : colonisation portugaise. 1962 : guérilla antiportugaise dirigée par Amilcar Cabral. 1973 : indépendance de la Guinée-Bissau. 1980 : coup d’État et libéralisation limitée du régime. 1998 : tentative de putsch. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 42 hab./km 2 Part de la population urbaine : 23,3 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,5 %, 1565 ans 50,9 %, + 65 ans 5,6 % Taux de natalité : 40,92 ‰ Taux de mortalité : 19,91 ‰ Taux de mortalité : infantile 121,2 ‰ Espérance de vie : hommes 43 ans, femmes 45 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,22 milliard de $ PNB/hab. : 180 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 7,5 % Taux annuel d’inflation (2000) : 8,64 % Structure du PIB : 62,3 % pour l’agriculture, 11,8 % pour l’industrie, 26 % pour les services Dette extérieure : 921 millions de $ Défense Total forces armées : 9 250 hommes Budget de la Défense 2,8 % du PIB ➡ TENDANCES Sous la houlette du très autoritaire président Kumba Yalá, la Guinée-Bissau, minée par la corruption et un budget de la défense disproportionné par rapport à ses capacités budgétaires, n’a pas encore trouvé le chemin du développement. Quant à la normalisation de l’économie, souhaitée par les bailleurs de fonds, elle restait lettre morte. downloadModeText.vue.download 289 sur 380 STATISTIQUES 287 GUINÉE ÉQUATORIALE Superficie : 28 100 km 2 Population : 470 000 hab. Capitale : Malabo 31 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État : (Président de la République) Teodoro Obiang Nguema Mbasogo Chef du gouvernement : Cándido Mutatema Rivas Organisation administrative : 2 régions Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE 1778 : colonie espagnole. 1968 : indépendance du pays. Macías Nguema institue un régime dictatorial. 1978 : coup d’État et renversement du président Nguema. 1985 : entrée du pays dans la zone franc. 1991 : le pays se dote d’une nouvelle Constitution ; institution du multipartisme, mais de graves violations des droits de l’homme continuent. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 16 hab./km 2 Part de la population urbaine : 47 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,7 %, 1565 ans 52,8 %, + 65 ans 6 % Taux Taux Taux 98,8 de natalité : 40,04 ‰ de mortalité : 16,27 ‰ de mortalité : infantile ‰ Espérance de vie : hommes 49 ans, femmes 52 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,36 milliard de $ PNB/hab. : 800 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2000) : 16,9 % Structure du PIB : 23,1 % pour l’agriculture, 67,1 % pour l’industrie, 9,6 % pour les services Dette extérieure : 283 millions de $ Défense Total forces armées : 1 320 hommes Budget de la Défense 1,1 % du PIB ➡ TENDANCES Le miracle pétrolier que vit le pays depuis le milieu des années 1990 explique son extraordinaire mutation. En revanche, les progrès économiques ne se sont guère traduits sur le plan politique, le régime de l’inamovible président Teodoro Obiang Nguema demeurant extrêmement autoritaire. GUYANA Superficie : 215 000 km 2 Population : 763 000 hab. Capitale : Georgetown 275 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Bharrat Jagdeo Chef du gouvernement : Samuel Hinds Organisation administrative : 10 régions Langue officielle : anglais Religions : protestantisme, hindouisme, anglicanisme Monnaie : dollar de la Guyana ➡ HISTORIQUE 1814 : colonie britannique. 1966 : indépendance de la Guyana. Forbes Burnham institue un régime autoritaire et procubain. 1991 : état d’urgence. 1992 : les élections amènent au pouvoir Cheddi Jagan, qui libéralise l’économie. downloadModeText.vue.download 290 sur 380 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2003 288 1997 : la veuve de Jagan lui succède au pouvoir. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 4 hab./km 2 Part de la population urbaine : 37,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 30,6 %, 1565 ans 62,5 %, + 65 ans 6,9 % Taux de natalité : 21,18 ‰ Taux de mortalité : 7,39 ‰ Taux de mortalité : infantile 52,5 ‰ Espérance de vie : hommes 61 ans, femmes 67 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,65 milliard de $ PNB/hab. : 860 $ Dette extérieure : 1 611 millions de $ Défense Total forces armées : 1 600 hommes Budget de la Défense 0,7 % du PIB ➡ TENDANCES Un temps éclipsées par le règlement de la crise politique, les difficultés de tous ordres ont de nouveau dominé l’actualité économique. Il est vrai que le volontarisme économique dont fait preuve le gouvernement du président Bharrat Jagdeo se heurte toujours à de fortes résistances sociales. HAÏTI Superficie : 27 750 km 2 Population : 8 270 000 hab. Capitale : Port-au-Prince (1 500 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président