Jean-Claude Pierre ou « Les colères de Gaïa »
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Jean-Claude Pierre ou « Les colères de Gaïa »
uuest-hrance Vendredi 6 novembre 2015 Bretagne Jean-Claude Pierre ou « Les colères de Gaïa » II a écrit ce livre comme une contribution au sommet Cop 21 sur le climat. Un plaidoyer pour une société respectueuse de la nature et garantissant la paix par un partage équitable des richesses. Entretien Jean-Claude Pierre. Fondateur d'Eau et rivières de Bretagne. À la veille du 20e anniversaire du Sommet de Rio, vous aviez publié L'Appel de Gaïa. Cinq ans plus tard, cette Terre que vous nommez Gaïa est en colère ? Oui, et non sans raison. La question de la crise climatique est aujourd'hui plutôt bien traitée. Grâce aux efforts du Giec notamment, plus personne n'ose sérieusement la nier. Mais une autre menace, l'érosion de la biodiversité, ne conduit pas encore à une réelle prise de conscience de la gravité des enjeux. Avant la fin de ce siècle, jusqu'à 40 % des espèces animales et végétales présentes sur notre planète pourraient disparaître. Qui peut dire l'ampleur des conséquences d'une telle atteinte à l'intégrité du vivant, d'une telle mutation ? Car l'humanité partage bien un destin commun avec les abeilles et les vers de terre ! Vous vous refusez cependant à jouer le prophète de malheur... Je dis que ce n'est pas en exacerbant les peurs que nous avancerons. Mais vue la gravité de la situation, la politique de l'autruche n'est pas de mise. Nous avons un devoir de lucidité. Je salue ainsi la publication de l'encyclique du pape François, Laudato si', sur la protection de la nature. Elle est à l'écologie ce que l'encyclique Rerum Novarum fut au social. Et je la rapproche d'une autre lettre encyclique, de Jean XXIII, publiée en pleine Guerre Froide, Pacem in terris, Paix sur la Terre. Nous le savons, il n'y aura pas de paix sur terre sans paix à la terre. Le combat écologique est-il indissociable du combat social ? L'encyclique de François le rappelle clairement. En disant que nous devons écouter de la même manière « la clameur de la Terre et la clameur des pauvres ». Dans un monde où tout se voit et tout se sait, l'aggravation des inégalités, le cynisme des riches, ne peuvent être sans conséquences sur la paix. On ne peut pas laisser dans la main aveugle du marché le sort de l'humanité. Une vision simplement utilitariste et marchande ne peut servir l'intérêt général et donc le bien commun de notre planète. futures. Et solidarité avec les autres espèces dont le travail obscur nous est si indispensable. Notre système technicien instrumentalise l'humanité et nous coupe de la nature. L'économie doit être sociale, solidaire et écologique. La Bretagne, pionnière en matière de coopération et de mutualisation et dont les forces associatives sont vives, est bien placée pour s'engager sur ce chemin qui est aussi une formidable école de revivification de la démocratie. Recueilli par Jean-Laurent BRAS. Vous appelez à une « insurrection des consciences », à plus de solidarité... Oui. Une solidarité dans l'espace, entre tous les hommes et les femmes, frères et sœurs, puisqu'enfants d'une même « terre matrie ». Solidarité dans le temps, en ne faisant rien qui puisse nuire aux générations Les colères de Gaïa. Qui en appelle à la solidarité et à la convivialité. Préface de l'économiste et politologue belge Riccardo Petrella. Liv'Éditions. 110 pages. 13€.