Facteurs Influençant La Prévalence et Le Traitement De La

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Facteurs Influençant La Prévalence et Le Traitement De La
Research
Article
Jules C. N. Assob et al: Facteurs influençant la prévalence et le traitement de la tuberculose à Douala
– Cameron: AJIH 2013, 02:13-19
, 02:xx-xx
Facteurs Influençant La Prévalence et Le Traitement De La
Tuberculose A Douala – Cameron
Jules C. N. Assob1, Ngowe Ngowe Marcelin2, Nsagha Dickson Shey3, Mkamjio Sonia4, Abdel
Njouendou Jelil1 Henri Lucien Kamga4
1
Département des Science de Laboratoire Médical, Faculté des Sciences de la Santé, Université de Buea, Buea, Cameroun\
Département de Chirurgie, Gynécologie et d'Obstétrique, Faculté des Sciences de la Santé, Université de Buea, Buea,
Cameroun.
3
Departement des Sciences Appliquées de la Santé, Institut Universitaire de L'Estuaire, Douala, Cameroun
4
Department of Medical Laboratory Sciences, University of Bamenda Cameroon
2
*Corresponding author: Jules C. N. Assob. Tel. 99629452. Email: [email protected]
Mots clés: Prévalence, tuberculose, Mycobacterium
tuberculosis, Deido-Douala
Keywords: Prevalence, Tuberculosis, Mycobacterium
tuberculosis, Deido-Douala.
Abstract
Background: Despite multiple efforts by WHO and MOH
to fight tuberculosis, it prevalence remains high especially
in Cameroon (69%).
Method: A prospective study was carried out on 356
participants. They were screened for tuberculosis (TB) in
the Deido Health District (Douala), and 152 TB patients
answered a questionnaire related to therapeutic
monitoring.
Results: The prevalence of TB was 23.03%. Risk factors
that influence the development of the disease were coinfection TB – HIV (33.55%), contact with TB patients
(43.42%), alcohol (27.63%) and tobacco (21.71%).
Alcohol and tobacco consumption were also factors that
may influence proper adherence to TB treatment. Besides
these factors, it was also noticed that the knowledge of the
disease by patients was related to their education level (r =
0.357 and p <0.0001). In addition, the level of knowledge
on tuberculosis was positively associated with
participation
to
the
Information-EducationCommunication sessions (r = 0.259 and p = 0.0014).
Among patients under treatment, 5.92% had multi-drug
resistant TB.
Conclusion: This study revealed that despite the national
policy of fight against TB, this disease remains a major
public health threat.
13
Afr. J. of Integ Health Vol 2: No1;
2013
Résumé
Contexte: Malgré de multiples efforts déployés par l'OMS
et le ministère de la Santé pour lutter contre la tuberculose,
sa prévalence reste élevée, dans les pays d’Afrique
particulièrement au Cameroun (69 %).
Méthode: Une étude prospective a été menée sur 356
participants. Ils ont été testés pour la tuberculose (TB)
dans le district de santé de Deido (Douala), et 152 patients
atteints de tuberculose ont répondu à un questionnaire
relatif au suivi thérapeutique.
Résultats: La prévalence de la tuberculose a été 23,03%.
Les facteurs de risque qui influencent le développement de
la maladie ont été co -infection tuberculose - VIH (33,55
%), le contact avec les patients tuberculeux (43,42 %), de
l'alcool (27,63 %) et le tabac ( 21,71 % ) . L'alcool et la
consommation de tabac sont aussi des facteurs qui peuvent
influencer une bonne adhérence au traitement de la
tuberculose. Outre ces facteurs, il a été remarqué que la
connaissance de la maladie par les patients a été liée à leur
niveau d'éducation (r = 0,357 et p < 0,0001). En outre, le
niveau de connaissance sur la tuberculose a été
positivement associée à la participation à des séances
d'Information-Education - Communication (r = 0,259 et p
= 0,0014 ) . Parmi les patients sous traitement, 5,92% avait
la tuberculose multi-résistante.
Conclusion : Cette étude a révélé que, malgré la politique
nationale de lutte contre la tuberculose, cette maladie
demeure une menace majeure pour la santé publique.
Introduction
Les maladies infectieuses restent les principales causes de
mortalité chez les enfants et les jeunes adultes dans le
monde et tuent chaque année entre 14 et 17 millions de
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personnes, principalement dans les pays en développement
[1]. Six grandes pathologies sont à elles seules à l’origine
de 90 % des décès liés à des agents infectieux : les
pneumopathies aigües (pneumonies et grippes), les
diarrhées (choléra et dysenterie), les différentes formes de
paludisme, les infections infantiles (rougeole), le
Syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA) et la
tuberculose [1, 2]. Plus d’une décennie après sa
découverte par le médecin allemand Robert Koch,
Mycobaterium tuberculosis, agent bactérien responsable
de la tuberculose, continue malgré l’élaboration
d’antibiotiques efficaces et d’un vaccin, d’être l’un des
plus grands problèmes de santé publique à l’échelle
mondiale. On peut y voir deux causes majeures,
notamment
l’apparition de souches résistantes aux
traitements, et surtout la synergie dramatique avec toutes
les causes de déficit immunitaire, au premier rang
desquelles
figure
l’infection
par
le
Virus
d’Immunodéficience Humaine (VIH) [3].
En Afrique sub-saharienne, la tuberculose (TB) touche
principalement la population active, ce qui pourrait
constituer un obstacle majeur au développement
économique de la région. Ainsi, pour faire face à cette
maladie, à forte externalité négative, la plupart des Etats
ont mis en place des Programmes Nationaux de Lutte
contre la Tuberculose (PNLT) qui prennent en charge le
traitement. Pour évaluer les actions de ces Programmes
Nationaux, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en
partenariat avec les différents Ministères de Santé
Publique de ces Etats, publie chaque année un rapport qui
donne l’état des lieux de la TB dans le monde. Mais
malgré les efforts fournis, la prévalence de la tuberculose
reste élevée notamment au Cameroun (69%) [4]. Bien que
la stratégie DOT (Directly Observed Treatment) qui a pour
objectif de détecter 70% des nouveaux cas annuels et de
traiter avec succès au moins 85% de ceux-ci, ait été
implémentée, le Cameroun fait face à la recrudescence
d’une forme de tuberculose pharmaco-résistante connue
sous le nom de tuberculose multirésistante (TB-MR) dont
63 cas ont déjà été traités en 2011 [5].
Ainsi, au regard de l’ampleur du problème de la TB dans
notre société et du handicap économique dont il est à
l’origine, cette maladie pourrait être perçue comme un
frein à l’émergence à laquelle aspire notre nation. Pour
cette raison, il devient donc important d’évaluer l’ampleur
de la maladie ainsi que les éléments de prise en charge des
patients tuberculeux susceptibles d’améliorer leur suivi
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thérapeutique, afin d’orienter l’action des instances
étatiques chargées de contrecarrer l’avancée de cette
maladie. Ce travail vise à déterminer la prévalence, les
facteurs de risque et différents obstacles à la
chimiothérapie de la tuberculose (TB) dans le District de
Santé de Deido-Douala.
Matériel et Méthodes
Site de l’étude
Ce travail a été effectué dans un District de santé
considéré comme la base du Programme National de Lutte
Contre la Tuberculose (PNLT) [6].Le District de Deido
sélectionné pour cette étude, regroupe 13 aires de Santé.
Sur le plan administratif, il est situé dans le 1er
Arrondissement de la ville de Douala, chef-lieu la Région
du Littoral au Cameroun. La population qui y réside est
essentiellement urbaine. L’accroissement démographique
pose de multiples problèmes dans les domaines de
l’urbanisme et de l’habitat, de la santé, de l’éducation et de
l’assainissement. Toutes les structures sanitaires requises
pour la réalisation de cette étude présentent une
caractéristique commune, celle d’être des Centres de
Diagnostic et de Traitement (CDT) de la Tuberculose. Des
5 CDT de ce District, 4 sont opérationnels à savoir
l’Hôpital de District de Deido, l’Hôpital Militaire de
Bonanjo, l’Hôpital des sœurs de la cité-sic, le Centre de
pneumologie et de phtisiologie d’Akwa; et un est non
opérationnel. Le choix de l’Hôpital de District de Deido
comme site du dépistage, de remplissage du questionnaire
et des séances d’information – éducation et conseil (IEC)
sur la tuberculose, s’est fait par tirage aléatoire. Tous les
CDT opérationnels du District de Santé de Deido ont été
visité pour rencontrer les patients tuberculeux sous
traitement et le personnel sanitaire impliqué dans la prise
en charge de la tuberculose, ainsi que des séances d’IEC
sur la tuberculose.
Type d’étude, considérations éthiques et
échantillonnage
Cette étude est transversale et s’est déroulée durant une
période allant du 1er Septembre 2012 au 08 Février 2013.
Le respect de l’anonymat et la confidentialité des patients
ont été de rigueur. Les patients et personnels de santé ont
tous volontairement accepté de participer à cette étude et
de se soumettre aux questionnaires effectués. Pour se faire,
tous ont dû remplir la fiche du consentement éclairé.
L’échantillonnage était simple, les patients étaient
recrutés de tout venant. La taille de l’échantillon
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nécessaire pour que l’étude soit représentative a été
longueur 2 cm et de largeur 1cm) sur une
lame
calculée à partir de la formule de Lorentz ci-dessous en
préalablement étiquetée. Après avoir laissé sécher le frottis
considérant la prévalence (p) de tuberculose au Cameroun
à l’air ambiant, une fixation grâce à la flamme du Bec de
de 69% [4] pour une marge d’erreur (m) de 5%. Un
Bunsen était effectuée avant de passer à la coloration par
effectif minimum de 328 patients était donc requis pour la
la méthode de Ziehl-Neelsen [7].Pour le dépistage de la
représentativité. Un total de 356 personnes susceptibles
tuberculose, le test de crachat était effectué trois fois et le
d’être atteintes de tuberculose ont accepté de participer au
patient déclaré tuberculeux était mis sous traitement.
dépistage. Ensuite, 152 patients sous traitement de la
Collecte des données à partir des questionnaires dans
tuberculose, et 8 personnels de santé (4 infirmiers et 4
les CDT du District de Deido
Techniciens de laboratoire) en charge de la tuberculose
Dans chaque structure sanitaire, les rencontres avec les
dans les CDT où s’est déroulée notre étude, ont accepté de
patients tuberculeux sous traitement se faisaient de façon
répondre au questionnaire.
systématique lorsque ces derniers répondaient à leur
rendez-vous de visite médicale.
Analyses statistiques des données
Les différentes analyses statistiques, elles ont été
Conception de l’étude
effectuées par le logiciel STATVIEW 5.0 (SAS Institute,
L’étude s’est déroulée en deux étapes : la première
NC). La comparaison des variables qualitatives a été
consistait en un dépistage de la tuberculose chez des
effectuée par le test du Chi 2 où la probabilité exacte de
participants à l’Hôpital de District de Deido. Ensuite, la
Fisher a permis de définir le seuil de significativité. Le tdeuxième étape consistait en une enquête au sein des
test a été utilisé pour comparer deux variables
patients tuberculeux sous traitement et du personnel de
quantitatives non appariée et enfin, la corrélation de
santé des CDT (Centre de Diagnostic et de Traitement) du
Spearman a permis d’étudier les corrélations entre deux
District de Santé de Deido, sur les facteurs de risque et le
variables. Pour chaque test, le seuil de significativité a été
suivi thérapeutique.
défini pour p < 0,05.
Durant le dépistage, les réponses au questionnaire et les
différentes données (âge, sexe, quartier d’habitation du
Résultats et Discussion
patient, résultats des tests des crachats, niveau d’étude,
Prévalence de la tuberculose
connaissance de la tuberculose) ont été recueillies. Les
Un total de 356 personnes dont 191 (53,65%) hommes et
questionnaires des patients sous traitement ont été réalisés,
165 (46,35%) femmes (sex-ratio = 1,16) ont pris part au
non seulement dans le but d’identifier les différents
dépistage de la tuberculose dans le cadre de cette étude.
facteurs de risque associés à la survenue de la tuberculose,
L’examen des crachats a révélé une prévalence de 23,03%.
mais aussi d’étudier les différents facteurs qui peuvent
Cette prévalence indique que près du quart des participants
influencer la non-conformité du traitement. Les
dépistés étaient atteints de la tuberculose. Bien que ce
questionnaires destinés aux personnels médicaux en
chiffre semble être le tiers de la prévalence de la
service pour la prise en charge de la tuberculose ont été
tuberculose au Cameroun ces dernières années (69% en
réalisé pour évaluer de leur part les risques pouvant
2010, 60% en 2011) [8], les études qui les ont révélés ne
influencer la non-conformité du traitement des malades
sont cependant pas superposables à celle-ci vu la
tuberculeux.
multicentricité des études nationales, et la différence
Collecte des données du laboratoire
d’échantillonnage. Toutefois, il n’en demeure que ce taux
Les patients reçus au service de Laboratoire de l’Hôpital
(23,03%), obtenu dans un seul district de santé est
de District de Deido pour les examens de crachats étaient
révélateur de l’ampleur du problème que constitue la
avec leur accord soumis au questionnaire d’évaluation et
tuberculose dans notre société.
éduqués sur la maladie avant la remise de la boite à
Tout comme l’étude réalisée par l’Institut de Veille
crachat avec laquelle ils ramèneront leurs expectorations
Sanitaire (InVS) en 2010 en France, les travaux de
matinales le lendemain. Les échantillons étaient prélevés à
Rakotondramarina et al[9]et ceux de Soumaré et al. [10],
l’aide d’une petite baguette stérile dans la partie purulente
cette étude a mis en évidence une prédominance masculine
des expectorations, puis étalés (en forme ovale de
(14,61%, p = 0,0446) dans la distribution de la
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tuberculose. Ce constat converge avec celui de
l’Organisation Mondiale de la Santé qui indique qu’au
niveau mondial, davantage d’hommes que de femmes sont
diagnostiqués avec la tuberculose [8].
Dans cette étude, il est établi que le jeune adulte est plus
concerné dans l’atteinte de la tuberculose (tableau I).
L’âge moyen des patients atteints de tuberculose lors du
Tranches
d’âge (ans)
Genre masculin
ce qui est responsable d'un accroissement de la pauvreté
[11].
Facteurs de risque de la tuberculose chez les
participants au dépistage
Une majorité absolue des participants (350 participants
soit 98,31%) étaient déjà vaccinés contre la TB. Par
ailleurs, 98 (27,53%) participants connaissaient bien la
Genre féminin
Prévalence
Nombre (%)
0 (0,00)
3 (21,43)
14 (23,73)
Nombre examiné
0-9
10-19
20-29
Nombre
examiné
3
14
59
30-39
40-49
48
39
50-59
60-69
≥ 70
Totaux
Totaux
5
6
66
Prévalence
Nombre (%)
0 (0,00)
1 (16,67)
21 (31,82)b
Nombre
examiné
8
20
125
Prévalence
Nombre (%)
0 (0,00)
4 (20,00)
35 (28,00)
15 (31,25)
17 (43,59)a
39
17
6 (15,38)
1 (5,88)
87
56
21 (24,14)
18 (32,14)c
15
10
3 (20,00)
0 (0,00)
22
7
1 (4,55)[11]
0 (0,00)
37
17
4 (10,81)
0 (0,00)
3
191
0 (0,00)
52 (27,23)
3
165
0 (0,00)
30 (18,18)
6
356
0 (0,00)
82 (23,03)
dépistage (32 ans) est proche de 37 retrouvé dans les
études de Soumaré et al. [10]. La répartition des
tuberculeux selon l'âge est en conformité à des
observations d'autres auteurs qui avaient constaté que dans
les pays en développement, la tuberculose atteignait
surtout l'adulte jeune en pleine activité socio-économique,
Facteurs de risque de la tuberculose chez lespatients
participant à l’enquête
Des 152 tuberculeux sous traitement ayant pris part à
l’enquête effectuée grâce au questionnaire, 72 (47,37%)
étaient de sexe féminin tandis que 80 (52,63%) étaient de
sexe masculin (sexe ratio M/F de 1,11). La marque de la
vaccination au BCG a été observée chez tous les patients
sous traitement, preuve qu’ils ont été tous vaccinés contre la
tuberculose. Soixante et six (43,42%) patients enquêtés sont
certains d’avoir eu des contacts avec au moins un malade
tuberculeux avant le début de sa maladie et que parmi eux,
69,70% affirmaient avoir eu ces contacts avec un membre
tuberculose, alors que la grande majorité (216 soit
60,67%) connaissaient vaguement la tuberculose et
certains encore (42 soit 11,80%) n’avaient aucune idée sur
la tuberculose. L’effectif le plus élevé à tous les degrés de
connaissance appartenait à la tranche d’âge comprise entre
20 – 29 ans (p < 0,0001).
de la famille. Ceci cadre bien avec les études faites par
Menzies et al [12]; Singh et al (2005) [26] et Fennelly [13]
qui ont montré que les sujets à la tuberculose sont ceux qui
vivent ensemble avec une personne infectée. Ondounda et al
en 2011 [9] (29,5%) et Fener en 2012 (24%) [68] est
toutefois proche de 36% énoncé par Aubry [14]comme étant
la prévalence moyenne de cette co-infection en 2010 dans
les pays d'Afrique subsaharienne. Cette co-infection chez
nos patients a été majoritairement observée dans deux
tranches d’âge : celle de 20 – 29 ans (23,53%) où nous
avons observé une prédominance féminine et celle de 40 –
49 ans (39,22%) où nous avons observé une prédominance
masculine. La prédominance de la co-infection TB/VIH
Tableau II: Répartition des patients sous traitement suivant le niveau de connaissance de la maladie et le niveau d’étude.
Niveau de connaissance
de patients
Pas de connaissance
Faible connaissance
Nombre (%) qui n’ont
jamais fréquenté
0 (0,00)
4 (2,63)
Nombre (%)
Niveau primaire
2 (1,32)
11 (7,24)
Nombre (%) Niveau
secondaire
1 (0,66)
36 (23,68)
Nombre (%) Niveau
supérieur
1 (0,66)
6 (3,95)
4 (2,63)
57 (37,50)
Connaissance moyenne
0 (0,00)
10 (6,58)
38 (25,00)
9 (5,92)
57 (37,50)
Bonne connaissance
Très bonne connaissance
0 (0,00)
0 (0,00)
2 (1,32)
0 (0,00)
23 (15,13)
4 (2,63)
4 (2,63)
1 (0,66)
29 (19,08)
5 (3,29)
25 (16,45)
102 (67,11)
21 (13,82)
152 (100,0)
Totaux
4 (2,63)
Corrélation de Spearman : r = 0,357 et p <0,0001
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Totaux
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chez les femmes dans la tranche d’âge de 20 – 29 ans peut
s’expliquer par le fait qu’en Afrique Subsaharienne, les
jeunes femmes entre 15 et 24 ans ont un risque au moins
trois fois plus élevé d’être infectées par le VIH que les
jeunes hommes de leur âge [15].
Figure 1: Répartition des patients co-infectés de
tuberculose et de VIH suivant les tranches d’âge et le sexe.
Figure 2: Consommation d’alcool et de tabac avant le
développement de la tuberculose chez les patients sous
traitement
Outre le VIH/SIDA, il existe d’autres facteurs
susceptibles d’influencer l’expression de la tuberculose
tels que la précarité, les autres maladies infectieuses
(rougeole, coqueluche chez les enfants), l’alcoolisme et
les maladies chroniques[16] et le tabagisme [35].
D’après l’OMS [8],plus de 20% des cas de tuberculose
dans le monde peuvent être liés au tabagisme. Dans le
cadre de cette étude, la proportion de consommateurs de
tabac était de 21,71%. Ce chiffre est similaire à la
proportion retrouvée par Olajide et al (2013) [72] suite
aux enquêtes menées dans 14 pays africains qui va de 8
% au Nigeria à 27 % à Madagascar. Toutefois, il y
ressort que les tuberculeux qui consommaient
excessivement des boissons alcoolisées avant le
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développement de leur maladie (27,63%) étaient plus
nombreux que ceux qui consommaient du tabac
(21,71%). Figure 2: Consommation d’alcool et de tabac
avant le développement de la tuberculose chez les
patients sous traitement.
Facteurs pouvant influencer le traitement de la
tuberculose
Dans 99,34% des cas (151 cas sur 152), les médicaments
étaient disponibles chez les patients enquêtés ayant
initiés le traitement. Il en est de même pour la
disponibilité du personnel médical qui donne les
antituberculeux aux patients. Une corrélation positive et
significative (r = 0,357 et p <0,0001) entre le niveau
d’études des tuberculeux sous traitement et une
meilleure connaissance de la maladie a été établie
(tableau II), ce qui montre que le degré de connaissance
de la maladie des patients est liée à leur niveau d’étude.
Cependant, l’absence de différence significative entre le
niveau d’étude des patients réguliers et irréguliers au
traitement montre que le niveau de scolarisation n’influe
pas forcément sur la régularité au traitement. En plus,
une corrélation positive et significative (r = 0,259 et p =
0,0014) entre la participation des patients sous traitement
aux séances d’Information –Education – Communication
(IEC) et une meilleure connaissance de la maladie a été
retrouvée. C’est la participation aux séances d’IEC qui
permettrait aux patients, en dépit de leur niveau scolaire,
d’avoir une bonne connaissance de la maladie et une
meilleure régularité au traitement. Il en est de même en
ce qui concerne le degré de connaissance de la maladie
entre les patients en retraitement et ceux nouvellement
admis au traitement où nous n’avons pas obtenu de
différence significative. Ceci corroborerait le fait que
dans notre échantillon, 37,14% des patients en
retraitement étaient irréguliers contre 19,66% des
patients nouvellement admis au traitement.
Une différence non significative pour la connaissance de
la maladie entre les patients sous traitement ayant déjà
été traité et ceux nouvellement admis au traitement (p =
0,9587) a été dégagée. Dans l’échantillon des patients
sous traitement, 35 (soit 23,02%) n’étaient pas à leur
premier traitement et parmi eux, seulement 19 (54,29%)
tuberculeux avaient fini le traitement précédent p =
0,328.
Un sondage d’opinion a permis de recueillir les avis des
patients sous traitement au sujet des risques pouvant
survenir en cas de traitement mal suivi. Parmi les 152
patients, 131 (soit 86,18%) avaient des connaissances
exactes sur les risques pouvant survenir en cas de
traitement mal suivi (figure 3). Par ailleurs, bien que la
consommation de tabac soit proscrit pendant et après le
traitement, 1,32% des patients sous traitement continuait
à fumer, probablement à cause de la difficulté d’arrêter
brusquement puisque la consommation du tabac crée une
dépendance. Or il est connu que tabagisme augmente le
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taux de progression et de rechute de la tuberculose
maladie après un traitement réussi [72]. De même 9,87%
des patients sous traitement consommaient de l’alcool.
Selon Olsen et Morland [17] et Kopanoff et al.[18],
l’isoniazide, utilisé comme antituberculeux, est plus
rapidement acétylé en cas de consommation excessive
d’alcool, et donc moins efficace. Ceci pouvant entrainer
un échec thérapeutique.
Prévalence de la tuberculose multi-résistante
Les cas de tuberculose multi-résistante ont été observés
lors de cette étude. Dans l’échantillon de patients
enquêtés, 9 d’entre eux dont 4 hommes et 5 femmes (soit
5,92%) ont présenté une tuberculose multi-résistante.
Chez ces 9 patients, seuls 4 (soient
44,44%) avaient suivi le traitement précédant jusqu’au
terme. Aucune association entre la tuberculose multirésistante et la séropositivité au VIH n’a été observée (p
= 0,2735), indiquant que l’infection par le VIH n’influe
pas sur le développement de la multi-résistance. Par
ailleurs, le traitement précédant celui de la multirésistance n’avait pas été suivi jusqu’au terme chez
55,56% de ces tuberculeux multi-résistants. Ceci pourrait
être l’une des causes du développement de leur multirésistance [8].
Enquête réalisée auprès des personnels de santé
Le système d’approvisionnement des antituberculeux
chez la moitié des infirmières a présenté des failles
(ruptures de stocks) ce qui pourrait entrainer chez le
malade un échec de traitement ou un abandon. Il en est
de même chez les techniciens de laboratoire où nous
avons observé des ruptures de réactifs et de
consommables, pouvant être un frein au dépistage
précoce de la tuberculose tant recommandé.
L’on a aussi constaté que la moitié des infirmières ne
font pas systématiquement les séances d’IEC aux
patients, lié à un manque de dialogue entre le personnel
et le patient et par consequent a un traitment mal suivi.
Références
[1]. Mathers CD, Loncar D. Projections of global mortality
and burden of disease from 2002 to 2030. PLoS
medicine. 2006;3(11):e442.
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Programme. Global tuberculosis control : WHO report.
Geneva: Global Tuberculosis Programme; 2009.
[3]. Getahun H, Gunneberg C, Granich R, Nunn P. HIV
infection-associated tuberculosis: the epidemiology and
the response. Clinical infectious diseases : an official
publication of the Infectious Diseases Society of
America. 2010;50 Suppl 3:S201-7.
[4]. World Health Organization., Global Tuberculosis
Programme. Global tuberculosis control : WHO report.
Geneva: Global Tuberculosis Programme; 2012.
18
Par ailleurs, la moitié des techniciens de laboratoire
présente un degré de connaissance égal ou inférieur à la
moyenne et dans l’ensemble (en associant les techniciens
et les infirmiers), on constate que c’est seulement une
personne qui présente une connaissance parfaite (a
atteint 1).
Conclusion
Malgré les politiques mis en place, la tuberculose
demeure un véritable problème de Santé publique. La
lutte efficace contre ce fléau devrait passer par une
meilleure sensibilisation des populations sur les
différents facteurs de risque et une conscientisation des
patients sur la bonne observation thérapeutique. De
même, un accent particulier doit être mis sur les
stratégies d’IEC au sein de la population et aussi sur
l’organisation des séances de formation – recyclage pour
le personnel de santé en charge de la tuberculose. Tout
ceci associé à une amélioration de la stratégie de
distribution des médicaments devraient permettre de
renforcer la réduction de la tuberculose dans notre
société.
Intérêts Divergents
Les auteurs déclarent qu'ils n'ont aucuns intérêts
concurrents.
Contribution Des Auteurs
JCNA, NNM, NDS, HLK ont conçus l'étude, supervisés
la collecte des données et participés aux analyses
statistiques. MS a conduite l’étude. ANJ a participe aux
analyses statiques et a relu la version finale.
Remerciements
Les auteurs remercient tous les participants de cette
étude.
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Rechute, 34.2%
Persistance de la
maladie, 7.9%
Pas de guérison, 2.0%
Pas d'avis, 12.5%
Mort, 29.6%
Fatigue, 0.7%
voir une résistance, 0.7%
Augmentation du
cout, 0.7%
Aggravation, 9.2%
Figure 3: Pourcentage des différentes réponses données par les patients au sujet des risques pouvant survenir en cas de traitement
mal suivi.
Afr. J. of Integ Health Vol 2: No1; 2013
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