Cantares : poésies espagnoles avec une traduction francaise

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Cantares : poésies espagnoles avec une traduction francaise
MARIUS
ANDRÉ
Ci\I'JTl~RES
POÉSIES ESPAGNOLES
avec une traduction française par l'auteur
EDITORIAL «LE LIVRE LIBRE»
141, Boulevard
Péreire,
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PARIS
MCMXXX
CANTARES
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recueil est un jeu de poète. Disciple et
ami de Mistral, rien de ce qui était latin n' était
étranger à 1Harius André. L'Espagne,
notamment, était sa seconde Patrie. Il en avait tellement pénétré l'âme qu'il a fait des vers espagnols.
Et quels vers! Les plus sal'oureusement
populaires des vers espagnols, des vers de ces coplas
qu'il commente dans la belle préface de ce petit
livre.
Les coplas de lvlarius A ndré rendent un son
si pur, si castillan, que des espagnols, qui les
ont connues inédites, ont pu croire qu'illes
avait cueillies sur les lèvres des cantaores et q'll,8
la traduction seule était de lui.
« Il faudra, disait Marius .4ndré, que fe publie
un jour mes coplas en un recueil. » Deux ans
après sa mort, la piété de sa veuve a réalisé le
'VŒU du poète.
Grâces lui en soient rendues.
MARIUS ANDRÉ
CANT ARES
POÉSIES
ESPAGNOLES
avec une traduction française par l'auteur
EDITORIAL
l'II,
((LE LIVRE LIBRE»
Boulevard
Péreire,
PARIS
MCMXXX
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A
ma
femme bien~aimée.
La chanson que je vais chantant
A ta grâce, à ta splendeur,
A moi t' unit à jamais
Dans la gloire et dans l'amour.
A ml mujer querida.
La canCtOn que voy cantando
A. tu gracia, a tu esplendor,
A mí te une para siempre
En la gloria y en el amor.
PRÉFACE
Il y a quelques années, je reçus la visite d'un
ami quI' était Venu directement, par le sud-express,
de Paris à Madrid. Amoureux
d' art, de poésie,
de pittoresque et de couleur locale, il avait déjà
passé huit jours à visiter consciencieusement
le
musée du Prado, celui des armures, les divers monuments et curiosités signalés par son Guide et lcs
livres d' histoire.
« En fait d' art, me dit-il, et surtout de peinture, je suis servi à souhait; mais il me manque
quelque chose. ]' ai une grande déception: je n' ai
pas vu de pures danses espagnoles, je n' ai rien
entendu de ces chants espagnols si vantés, le peu
d' espagnolisme que j'ai vu dans les théâtres de
van'étés de lHadrid m' a paru revenir adultéré, perverti ou banalisé, de l'étranger. Pour tout le reste,
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PREFACIO
Hace algunos años recibí la visita de un amigo
que había venido directamente, por el sudexpreso,
de París a Madrid. Enamorado del arle, de la
poesía, de lo pintoresco y del color local, había ya
pasado ocho días visitandn detenidamente el Museo del Prado, el de la Armería y los di'Versos
monumentos y curiosidades señalados por su Guía
y los libros de historia.
(En cuanto a arte, y sobre todo a pintura-me
dijo-me
he despachado a mi gusto; pero me falta
algo. He tenido una gran decepción: no he visto a
esas castizas bailarinas españolas; no he oído nada
de esos cantos españoles tan elogiados, y el poco
españolismo que he visto en los teatros de variedades de Madrid me ha parecido que venía adulterado, pervertido a vulgarîzado del extranjero. Lo
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e' est l'art - si on peut appeler cela l'art de
n'importe quel établissement
siml'laire de chez
nous, dans nos plus petites préfectures. Il y a des
danseuses et des chanteuses à Montmartre plus
espagnoles que celles de la capitale de l'Espagne.
11 faudra, sans doute, visiter des bourgades et des
villages d' A ndalousie
ou d' Extrémadure
pour
troUVer ce que je cherche)).
Je lui répondis qu' il pouvait le trouver aussi
bien en plein Madrid et, le soir du m~me jour, je
le conduisis au café~chantant d' un quartier pauvre
dont le Guide ne parlait point et dont ia chronique
théatrale et musicale de la presse madrilène ne
s' occupe jamais. Lorsque nous entrames, la salle
était déjà remplie par un public d' ouvriers, d' employés, de petits boutIquiers, et de femmes en
cheveux ménagères, domestiques, couturières,
etc. Sur une estrade, une fille quelconque v~tue
d'une robe courte, aux couleurs criardes, pailletée
et décolletée, chantait, accompagnée par un piano,
une romance senllmentale,
niaise, incolOlre, qui
aurait pu ~tre de la pire importation française,
italienne ou autrichienne. Lorsqu' elle eut terminé,
elle se retira au milieu de l'indifférence générale
d' un public qu' elle n' avait m~me pas intéressé par
ses gestes provocateurs, - gestes automatfques de
music-hall qui sont les m~mes partout. La salle et
la scène n' auraient pu ~tre plus mornes.
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demás que he visto, es el arte-si a eso puede lla~
marse arte--de un establecimiento similar de nUes~
tro país, en cualesquiera de nuestras más modestas
provincias. En Montmartre hay bailarinas y cantantes más españolas que las de la capital de Es~
paña. Será menester visitar los pueblos y aldeas de
Andaluda o de Extremadura para encontrar lo que
busco.))
Le respondí que podía encontrarlo también en
pleno Madrid, y aquella misma noche le acompañé
a un café cantante de un barrio popular del que
no hablaba su Guía y del que nunca se ocupa la
crónica teatral y musical de la prensa madrileña.
Cuando entramos, la sala estaba ya llena de Un
público de obreros, de empleados, de tenderos y
de mujeres del pueblo: trabajadoras, criadas, modistillas, etc. En un tablado, una cancionista cualquiera, ataoiada con una falda corta de colores chillones, llena de lentejuelas y escota da, cantaba,
acompañada al piano, una romanza senttmental,
vulgar, incolora, que habría podido tomárseZa por
malfsima importación francesa, italiana o austriaca.
Cuando terminó, retiróse en medio de la indiferencia general de un público al que ni siquiera logró interesar con sus aaemanes provocadores, rasgos automáticos de music-hall que Son los mismos
en todas partes. La sala y la escena no pudieron
estar más apáticas.
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Mon ami aussi commençait de s' étonner que
je l'eusse conduit à un pareil spectacle, lotsqu' un
garçon de café prit deux chaises dans la salle et
les plaça sur le devant de l' estrade. Sur l' une
vint s' asseoir un guitariste; sur l'autre, une jeune
femme qui, jusqu'à ce moment, était restée parmi
le public attablé et n' avait pas attiré notre attention, bien qu' elle fût tout près de nous, car elle
ne portait pas un costume de théâtre et ne se distinguait en rien des ménagères du quartier venues
pour [' entendre.
A ssise à côté du guitariste qui Va l' accompagner, elle semble être chez elle, dans son arrièreboutique ou dans le patio de la maison, en compagnie de voisins avec lesquels elle passe la soirée
à se divertir honnêtement. Elle chante, sans autre
mouvement que celui de sa main droite levée en
cornet vers sa bouche lorsqu' elle a une note aiguë
aL prolongée à donner.
Les conversations ont
cessé, toutes les oreilles, tous les regards sont
tendus vers elle. A peine a-t-elle terminé la première strophe que tous les assistants battent des
mains et crient leur enthousiasme.
Mon Parisien
prend part à cette ivresse, avant même que je lui
aie traduit les couplets ; la musique lui suffit, cette
populaire musique langoureuse, ardente, plaintive,
impérieuse, passionnée dont Bizet s' est si heureusement inspiré en maintes pages de Carmen. Elle
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Mi amigo empezaba también a extrañarse de que
le hubiera llevado a un espectáculo
semejante,
cuando un camarero cogió dos sillas de la sala y
las colocó en la delantera del escenario. En una
vino a sentarse un guitarrista; en la otra, una
mujer joven que hasta aquel momento había permanecido entre la concurrencia,
sin que hubiera
llamado nuestra atención, aunque se hallaba cerca
de nosotros, porque no llevaba traje de teatro ni
se distinguía en nada de cuantas mujeres del barrio
habían venido a escucharla
Sentada al lado del guitarrista, que iba a acompañarla, aquella mujer parecía hallarse en su domicilio, en la trastienda o en el patio de su casa,
en compañía de los vecinos con quienes pasa la
velada divirtiéndose
honradamente.
Empieza
a
cantar,
otro movimiento que el de su mano derecha levantada como una corneta cuando tiene
que dar una nota aguda o prolongada. Han cesado
las conversaciones, y todos los oídos, todas las miradas, se dirigen hacia ella. Apenas ha terminado
'a primera estrofa, todos los asistentes aplauden
y gritan de entusiasmo. Mi parisiense toma parte
en esta embriaguez, antes de que le haya traducido
la canción. Le basta la música, esta música popular, lánguida, ardiente, lastimera, imperiosa y
opasionada, en la que tan felizmente supo inspiTorse Bizet en muchas páginas de Carmen. La can-
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avait commencé par ce superbe quatrain qui est
peut-être l'œuvre d' un berger et que beaucoup de
poètes subtils voudraient avoir trouvé.
Je jette des perles à la lune,
Au soleil doré, des jasmins,
Et à mon amant des chaînes
D'amour
pour qu'il ne m'oublie
pas.
et elle termina par celui-ci qui, comme le premier,
vaut tout un poème :
Je montai à un pin élevé
Pour voir si je l'apercevrais
Et je ne vis que la poussière
De la voiture qui l'emportait.
A près cela, il y eut quelques numéros de banal
café-concert, puis, de nouveau, des chants populaires et, enfin, une danseuse andalouse - une
vraie. Et nous remarquames
que, dans ce pro.gramme très mal composé du meilleur et du pire,
les applaudissements allaient síÎrement, Sans erreur
ni hésitation, à tout ce qui avait un caractère nettement espagnol, populaire, traditionnel. Ce soir-là,
mon compatriote eut une Impression de ce qu' est
l' ame d' un peuple amoureux et poète qui met de
l' harmonie dans l'expression de Ses sentiments.
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tante había comenzado por esta magnífica copla
que acaso sea la creación de un pastor, pero que
muchos poetas sutiles querrían haberla escrito:
Tiro flores a la luna
y perlas finas al sol,
y una cadena a mi amante
pa que no olvide mi amor.
y terminó con esta otra, que, como la primera,
vale por todo un poema:
Me subí a un pino muy alto
por ver si la divisaba,
pero no vi sino el polvo
del coche que le llevaba.
Después de eso, hubo algunos números de vul~
gar café concierto, seguidos nuevamente por cantos
populares, y, por último, una bailarina andaluza,
pero auténtica. Y notamos que, en ese programa,
muy mal compuesto de lo mejor y la peor, los
aplausos se dirigían seguramente, sin error ni va~
cilación, a todo la que tenía un carácter clara~
mente español, popular y tradicional. Aquella no~
che mi compatriota tuvo una impresión de la que
es el alma de un pueblo enamorado y poeta que
impregna de armonía la expresión de sus senti~
mientas.
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J' ai résumé ce souvenir --- auquel je pourrais
joindre d' autres - d' un long séjour en Espagne
pour montrer qu' au sud des Pyrénées la chanson
populaire est toujours vivante et qu' elle n' a pas
cessé de faire les délices du peuple. Il n' en est pas
de même dans la plupart des autres pays. En
France, par exemple, nous voyons, en beaucoup
de nos prov¡'nces, le trésor traditionnel des poésies
surgies du cœur de la race tomber dans l'oubli.
On en fait rie belles et savantes éditions pour
l' amusement des curieux, la joie des musiciens et
des leUrés; mais, à part quelques exceptions, qui
sont presque toutes des rondes enfantines ou des
chants de soldats, elles ont cessé d' être vraiment
populaires, c'est-à-dire d' être chantées à la fois
dans les soirées familiales et sur les places publiques, au théatre, aux champs et dans les ateliers.
La poésie populaire espagnole étant, au con·
traire, très vivante, le peuple ne se borne pas à
chanter les strophes qu' il tient de ses ancêtres ; il
en accro1t sans cesse le nombre. Il n' y a pas de
printemps sans fleurs nouvelles, il n'yen
a point
sans nouvelles chansons . Tous les sujets y sont
traités: la morale, l'amitié, les sentiments filiaux,
les métiers, les travaux des champs, la nature, la
guerre, l'amour - ah! surtout l'amour;
les quatre
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He resumido este recuerdo-al
que podría agregar otros-de
una larga estancia en España para
demostrar cómo en el Sur de los Pirineos sigue viviente la canción popular, la cual conh'mía deleitando aún al pueblo. No ocurre lo mismo en la
mayoría de los demás países. En Francia, por
ejemplo, Vemos cómo en muchas de nuestras provincias Va cayendo en el olvido el tesoro tradicional de las poesías surgidas del corazón. Suelen hacerse bellas y elegantes ediciones para entretenimiento de los curiosos y regocijo de músicos y literatos; pero, aparte algunas excepciones, que son
casi todas rondas infantiles o cantos de soldados,
han dejado de ser verdaderamente populares, es
decir, de ser cantadas a la Vez en las veladas familiares y en las plazas públicas, en el teatro, en
los campos y en los talleres.
Por el contrario, como la poesía popular española tiene mucha vida, el pueblo no se limita a
cantar las estrofas que conSerVa de sus antepasados, sino que aumenta sin cesar su número. No
hay pdmavera sin nueVas flores, ni tampoco sin
canelones nuevas. En éstas se tratan todos lo~
temas: la moral, la amistad, los sentimientos filiales, los oficios, los trabajos agrícolas, la naturaleza, la guerra y el amor. i Ah, sobre todo el
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cinquièmes au moins disent les joies et les douleurs d' aimer.
Au point de vue de la forme, elle est caraeiérisée par sa brièveté; chaque chant est complet
en une strophe de trois à sept Vers. Ce genre de
poème minuscule existe aussi dans la poésie populaire italrenne et dans les littératures d' extrêmeorient. Les poésies d' amour en plusieurs strophes
sont très rares; ce sont, en général, des sérénades. Le chant populaire le plus répandu, celui en
lequel l'Espagnol s' est le mieux complu à mettre
son cœur et sa poésie est la strophe ou copla de
quatre Vers de sept syllabes. C'est bien court! Oui,
mais sa concision est un des éléments de sa
beauté; e'est grâce à cette brièveté qu' elle devient
vite populaire lorsqu' elle est bien rythmée et interprète avec bonheur un sentiment, un désir, une
boutade ou un caprice d' un grand nombre d' amoureux. Voici une copla que j'al entendue maintes
fois dans plusieurs provinces et dans les milieux
les plus divers:
Elle mourut, et sur son visage
Je jetai un mouchoir
Pour que la terre ne touchât
La bouche que j'ai baisée.
Peut-on
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rêver
un
poème
d' amour
point
et de mort
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amor I Las cuatro quintas partes expresan las alegrías y los dolores de amar.
Desde el punto de vista de la forma, la canción
española se caracteriza por su breoedad: cada
canto está completo en una estrofa de tres a siete
Versos. Este género de poema minúsculo existe
igualmente en la poesía popular italiana y en las
iiteraturas del Extremo Oriente. Las poesías de
amor en varias estrofas SO'1 muy raras, y generalmente son serenatas. El canto popular más di.
vulgado, aquel en que mejor se complace el español en poner su corazón y su poesía, es la estrofa
o copla de cuatro Versos de siete sílabas. j Muy
corta, sí, pero su concisión es uno de los elementos
de su belleza; y gracias a esta brevedad la copla
se hace en seguida popular cuando está bien rimada e interpreta felizmente un sentimiento, un
anhelo, una ocurrencia o un capricho de un gran
número de enamorados. Ved aquí una copla que
he oído muchas veces en varias provindas, y entre
la gente más diversa:
Al morir con un pañuelo
la carita la tapé,
pa que no toque la tierra
boquita que yo besé.
(Puede
soñarse un poema de amor y de muerte
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plus humain, plus intense que ces quatre Vers
jaillis du cœur d' un amoureux pensant à la terre
qui couvrira la bouche de l'aimée, et jaloux de
cette terre ~ Que l' on donne ce sujet à un mauvais
littérateur; il le développera en dix strophes ou
plus. 11 en fera peut-~tre une nouvelle Charogne
baudelairienne. Ce n' est pas lui qui aura écrit un
chef-d' œuvre, mais l'Espagnol
anonyme auquel
quatre Vers ont suffi.
Sans doute, les coplas n' atteignent pas toutes à
cette perfection, à cette intensité. Il en est d' aNleurs, qui ne sont que d' aimables plaisanteries,
des jeux d'esprit, des pointes. Elles amusent, elles
ont été faites pour cela; elles ne viennent donc
pas des profondeurs
d' un cœur passionné
et
meurtri, comme celle que je viens de citer. Mais
il est à remarquer que ce sont les plus parfaites,
les plus émouvantes et les plus universellement humaines dans l'expression de la félicité et du tourment d' aimer, qui sont les plus populaires. Et cela
prOUVe que le peuple espagnol a du goût.
*
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Comm'ent naissent et se propagent ces chansons ¡¡ Disons d' abord qu' un certain nombre est
r œUVre de lettrés. Si des gens du peuple dont
beaucoup ne savent m~me pas lire les adoptent,
e' est qu' elles ont toutes les qualités requises pour
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más humano, más intenso que esos cuatro versos
brotados del corazón de un enamorado que piensa
en la tierra que cubrirá la boca de su amada, y
celoso de esta tierra? Dése ese tema a un mal literato. Lo desarrollará en diez estrofas a más. Hará
tal Vez con él una nueVa Carroña baudeleriana.
Pero no llegará a escribir una obra maestra, sino el
español anónimo a quien han bastado esos cuatro
t'ersos.
Sin duda que todas las coplas no alcanzan esa
perfección ni esa intensidad. Además, hay otras
que sólo son bromas amables, alardes de ingenio
o de ironía; pero divierten, han sido hechas para
eso, y no han salido de las profundidades de un
corazón apasionado y triste, como la que acabo
de citar. Mas conviene hacer notar que son las más
perfectas, las más emocionantes y las más universalmente humanas en la expresión de la felicidad
y del tormento de amar, que son las más populares. Yeso prueba que el pueblo español tiene
gusto.
*
**
(Cómo nacen y se propagan estas canciones?
Digamos en primer lugar que un gran número son
la obra de letrados. Si 1" gente del pueblo-¡ y
cuánta no sabe ni leer I--las adopta, es porque
tienen todas las cualidades requeridas para hacerse
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devenir ít>apulaires, et elles le deviennent. Car
enfin un' paète qui n' est pas paurri de mauvaise
littérature parte en lui l' ~me de sa race; paurquai danc ne célébrerait-il pas, s'il le veut, les
sentiments et les fantaisies de cette ~me à l'entière
satisfactian des plus humbles de ses cancitayens ~
Mais, en grande majarité, les chants papulaires
sant campasés, ilmpravisés sauvent, par des gens
du peuple, aux champs, dans les ateliers, dans
les fêtes publiques au familiales, les lieux de pélerinage, les casernes - et même les prisans. Des
milliers de caplas naissent ainsi chaque année;
elles ne vivent, en général, qu' une sairée, un jaur,
au ne dépassent pas un cercle restreint. Quelques
unes, celles qui méritent la durée dans le temps et
espace, sant adaptées par les villages vaisins,
puis par la pravince entière si elles .ont un caractère régianal, et enfin par taute l'Espagne si ce
caractère est natianal au si san pravincialisme lui
danne un attrait paur taut le public espagnal.
Prenans un exemple bien différent du précédent.
Une des caplas les plus papulaires, une de celles
que nul Espagnal n'ignare est la suivante:
r
Si tu vas à Calatayud
Demande la Dalarès ;
C' est une fille très jalie
Qui accarde aisément ses faveurs.
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populares, y lo consiguen. Porque, en definitiva,
un poeta que no esté imb uído de mala Uteratura
lleva en sí el alma de su raza. ¿ Por qué no habría
de celebrar, si lo desea, los sentimientos y las fantasias de este alma, con la entera satisfacdón del
más humilde de sus conciudadanos?
Ahora b¡''en, en su gran mayoría, los cantos popu~
lares están compuestos, a menudo improvisados,
por gente del pueblo, en los campos, en los talleres,
en las fiestas públicas o familiares, en los lugares
de peregrinación, en los cuarteles y hasta en las
prisiones. Así nacen cada año millares de coplas,
aunque muchas no vivan, en general, sino una
noche, un día, a no traspasen un círculo restringido. Algunas, las que merecen durar en el tiempo
y el espacio, son adoptadas por los pueblos Vecinos, después por toda la provincia si tienen un
carácter regional, y, por último, por toda España.
si ese carácter es nacional o si su provincialismo
le da un atractivo para todo el público español.
Tomemos un. ejemplo muy distinto del anterior.
Una de las coplas más populares, una de esas que
ningún español ignora, es la siguiente:
Si vas a Calatayud,
pregunta por la Dolores,
que es una chica muy guapa
y amiga de hacer favores.
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Cette strophe est née évidemment du dépit d' un
amoureux éconduit, à moins qu' une épouse délaissée pour cette Dolorès ne l'ait soufflée, par Vengeance, à un mendiant guitariste qui la chanta sur
la place publique ou sous le balcon de la fille. La
trouvaille était bonne. Aussi, dès le lendemain;
tous les habitants connaissaient et répétaient ces
vers. Dolorès vivait dans la petite ville de Calatayud en A ragon et était connue dans les environs ; aussi, le couplet gagna les villages voisins.
A première vue, il semble qu' il ne devait pas aller
plus loin, car quoi de plus local que ce petit incident ~ Or, il a eu une fortune prodigieuse, et si
on faisait un plébiscite pour savoir quelles sont
les douze copIas les plus populaires, ceUe de la
Dolorès serait sûrement dans la douzaine: Et cela
se conçoit. Il n'y a pas de localité en Espagne et
ailleurs où on ne trouve une belle fille un peu volage ou aux mœurs faciles, des épouses négligées
pour elle, des amoureux trahis ou repoussés par
elle. La copIa est donc à la fois locale, nationale,
universelle mSme. Sur les ailes de l'al1r musical de
la Jota et de la danse, elle se répand en Aragon et
gagne ensuite toutes les autres provinces. Enfin.
un dramaturge, Feliú y Codina (auteur de María
del Carmen. jouée à Paris sous le titre de : Aux
jardins de Murcie) s' en empare et en faH un
drame ; sa Dolorès est un des plus grands succès
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Esta copla ha nacido, evidentemente,
del despecho de un novio despedido, a menos que una
esposa abandonada por p-sta Dolores no la haya
sugerido, por Venganza, a un mendigo gut'tarrista
que la cantó en la plaza pública a bajo el balcón
de la aludida. La idea no fué mala. Así, desde el
dfa siguiente,
todos
los habitantes
conocían
y re-
petían sus VerSos. Dolores vivía en la ciudad de
Calatayud, en Aragón, y era conocida en los alrededores. Por eso la copla llegó a los pueblos
vecinos. A primera vista, parece que no debía ir
más lejos, puesto que el incidente no podía ser
más local. Ahora bien, ha tent"do una fortuna prodigiosa, y si Se hiciera un plebiscito para saber
cuáles son las doce coplas más populares, seguramente que la de la Dolores estaría entre la docena. Ello se concibe. No hay localidad en España
a en cualquier parte en la que no se encuentre una
linda muchacha un poco veleidoso a de costumbres
ligeras, esposas abandonadas por su culpa, y
amantes engañados a rechazados por ella. La copla
es, pues, al mismo tiempo, local y nacional, y
hasta universal. En las alas del aire musical de la
Jota y dd baile, se extendió por Aragón y Se divulgó en seguida a todas las demás provincias.
Más tarde, el dramaturgo Feliú y Codina (autor de
María del Carmen. representada en París bajo el
tUulo de Aux jardins de Murcie), se apoderó de la
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de thé~tre en Espagne au XIX· siècle. Ce succès
n' est pas près de prendre fin. Pour avoir été insultée par un inconnu en quatre vers bien frappés,
une jeune fille arrogante et, Sans doute, vulgaire,
en tout cas semblable à des milliers d' autres, est
devenue plus illustre en sa patrie que Cléop~tre et
Isabelle la Catholique.
MARIUS
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copla e hizo con ella un drama: su Dolores, que
fué uno de los mayores éxitos teatrales en España
en el siglo XIX. Este éxito no lleva camino de dis~
minuir. Por haber sido insultada por un descono~
cido en cuatro Versos bien hechos, una joven arrogante y, sin duda, vulgar, a por lo menos parecida
a millares como ella, ha alcanzado en su patria
más popularidad que Cleopatra e Isabella Cat6lica.
MARIUS
(Versión espaliola
ANDRÉ
de José López.)
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:MARIUS
fi N DRÉ
Sous ta fenêtre
Il faut planter un lauriel
Pour que ses feuilles et ses fleurs
Couronnent notre amour.
La rose de ta chevelure
Jette-la sur un rocher,
Et tu verras de ses semences
Naître un jardin d'amour.
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CANTARES
Debajo de tu ventana
Tengo plantado un laurel
Pa que sus hojas y flores
Coronen nuestro querer.
La rosa de tu cabello
Tírala sobre un peñón
y verás de sus semillas
Nacer un jardín de amor.
29
t%CARIUS
fi N DRÉ
Quand je m'approche de la porte,
Mon cœur bat plus fort
Que les vagues sur le quai
Les nuits de tempête.
Chaque fois que je regarde,
Bllonde, l'azur de tes yeux
Et les arcs de tes sourcils,
Mon âme mon·te vers un trône.
Cette fièvre qui me tue
Et puis me redonne la vie,
S'empara de moi dès que
Tu me donnas un sourire .
.30
CANTARES
Cuando me acerco a tu puerta,
Mi corazón bate más
Que las olas sobre el muelle
Las noches de tempestad.
Cada vez que estoy mirando,
Rubia, el azul de tus ojos
y los arcos de tus cejas
Mi aIma se sube hacia un trono.
Esa fiebre que me mat:!
y vuelve a darme la vida
Se apoderó de mí luego
Que me diste una sonrisa.
31
:MARIUS
fiNDRÉ
Si en arrivant à l'autre monde,
Je ne te rencontre pas dans le sentier
Où j'ai baisé ta bouche,
Le ciel ne sera pas le cicl.
Lorsque tu monteras au ciel,
Mon amour, des milliers d'abeilles
Accompagneront ton visage
Jusqu'aux grilles divines.
Lorsque tu seras au ciel,
Si tu meurs avant moi,
Lance une guirlande d' étoities
Pour m'aider à monter.
CANTARES
Si llegando al otro mundo
No te encuentro en el sendero
Donde yo besé tu bocl,
El cielo no será el cielo.
Cuando te vayas al cielo,
Niña, millares de abejas
Acompañarán tu cara
Hasta las divinas rejas.
Cuando tÚ subas al ciclo,
Si vas delante de mí,
Echa una guirnalda de astros
Para ayudarme a subir.
33
'.
d
:MARIUS
fiNDRÉ
Le jour que ta marraine
Te porta aux fonts baptismaux,
Une étoile tomba du ciel
Et s' arrêta sur ton front.
Autour de la lune
Les étoiles s'agenouillent,
Et s'agenouillent Iles roses
Devant mon aimée.
Toutes les fleurs qui naissent
Au-dessus de ton sépulcre
Ont une odeur semblable
A celle de ta blonde che', elure.
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CA1VTARES
El día que tu madrina
A la pila te llevó
Cayó del cielo una estrella
y en la frente se quedó.
Alrededor de la luna
Las estrellas se arrodiUan
y se arrodillan las rosas
Delante de mi querida.
Todas las flores que nacen
Encima de tu sepulcro
Tienen olor parecido
Al de tu cabello rubio.
35
j"{{ARIUS
fi N DRÉ
De la tombe de mon aimée
Je vais à celle de ma mère,
Et, au milieu du chemin,
Mon âme en deux parts se brise.
Je restai dans
Toute une nuit
Et je vis jailllir
O mon amour,
le cimetière
sans lune
deux étoiles,
de ta tombe.
Dans le cimetière vieux
Il y a des sépultures sans fleurs
Où, les nuits de mai,
Les rossignols font des r •.;ulacles.
36
CANTARES
De la tumba de mi amada
Me voy a la de mi madre,
y en el medio del camino
Mi alma en dos trozos se parte,
Me quedé en el cementerio
Toda una noche sin IUila
y vi brotar dos luceros,
Amor mío, de tu tumba.
En el cementerio viejo
Hay sepulturas sin flores
Donde, las noches de mayo,
Gorjean los ruiseñores.
37
t'MARIUS
fiNDRÉ
Si une armée de Mores
S'emparait de l'Espagne,
Elle ferait moins de pris.mniers
Que toi avec quelques regards.
Comme ra servante du curé,
Qui ne cuit pas et a du pain,
Tu récoltes la fleur de « mille amours»
Sans arroser ni semer.
Si parce que tu es la plus belle,
Dieu te fait asseoir à son côté,
Prends garde de ne pas rendre fou
Un ange enamouré.
3~
CANTARES
Si un ejército de moros
Se apoderara de España.
Menos cautivos haría
Que tú con unas miradas.
Como la moza del cura,
Que no cuece y tiene pdn,
Tú cosechas mil amores
Sin regar y sin sembrar.
Si por ser la más hermosa
Dios te da asiento a su lado,
Cuidao con no volver k.co
A un ángel enamorado.
39
:MARIUS
fiNDRÉ
Dans le jardin de mes rêves,
Qui couvre toute la terre,
Il y a sept anges qui dansent
Aux accords de ton luth.
Jusqu'à la cime escarpée
De la montagne je suis monté;
Dis-moi si mon amour t'offense
Et je me jette dans l'abîme.
Tu
La
Tu
La
40
peux, oiseau, émerve', !1er
forêt avec ta voix tendre,
ne me feras jamais oublier
voix d'une amante farouche.
CANTARES
En el jardín de mis su~ños,
Que cubre la tierra toda,
Hay siete ángeles que bailan
Ai compás de tu bandola.
Hasta la peña tajada
De la montaña he subido;
Dime si mi amor te ofende,
y en el abismo me tiro.
Puedes, pájaro, asombrar
El bosque con tu voz tierna;
No me harás nunca olvidar
La voz de una amante fiera.
41
/MARIUS
fiNDRÉ
V3-t-en dire à ton père
Que mon amour est si ietme
Que les feux de l'enfer
Ne pourraient le fondre.
Les nougats de Gijon
Me paraissent aigres
Depuis le jour que j'ai cueilli
La grenade de tes lièvres.
Ma brune me retient plm
Attaché par un cheveu
Que si j' étais dans la pnson
Avec des chaînes et des entraves.
42
CANTARES
Anda y dile a tu padre
Que mi querer es tan firme
Que los fuegos del infi~rno
No podrían derretirle.
Los turrones de Gijón
A mí me parecen agrios
Desde et día que cogí
La granada de tus labios.
Más me tiene mI morena
Atado con un pelito
Que si estuviera en la cárcel
Con cadenas y con grillos.
43
,J([ARIUS
fi N DRÉ
Soldat du roi qui vas
A Ja guerre de Mejilla
Que portes-tu pour te consoler?
- Un mouchoir de ma (nérie.
Par cette rue chemine
Un jonc qui sent la rose;
Bénie soit la mère
Qui t'enfanta si charmante!
En
La
Tu
De
44
passant sur tes lèvres
pointe de ta langue,
les enduis d'une couche
sucre et de cannellle.
CANTARES
Soldado del rey que vas
A la guerra de Melilla,
¿Qué llevas pa consolatte?
-Un pañuelo de mi niña.
Por esa came va andando
Un junco que huele a rosa.
i Bendita sea la madre
Que te parió tan preciosa!
Al pasar sobre tus labios
La puntita de tu lengua
Los untas con una capa
De azúcar y de canela.
45
r1«.ARIUS
fiNDRÉ
Dans le jardin de ton visage,
De ton cou et de ta poitrine,
Combien de baisers je pl \llterais
Si j'étais leur jardinier!
Je bâtirai un château dans l'air
Où je guérirai les plaies
De tous mes papillons
Blessés par tes regards.
Lorsque ta mère t'enfanta,
Moi, qui avais dix ans,
J'eus un mauvais pressentiment
Et je pleurai tout ce jour-là.
46
CANTARES
En el jardín de tu cara,
De tu cuello y de tu pecho,
j Cuántos besos plantaría
Si fuera su jardinero!
Haré un castiJ10 en el rire
Donde curaré las llagas
De todas mis mariposas
Heridas por tus miradas.
Cuando te parió tu madre,
Yo, que diez años tenía,
Tuve un maF presentimiento
y lloré todo aquel día.
47
¿J(lARIUS
fiNDRÉ
Tais-toi, montagnarde, si tu veux,
Je ne te demande plus rien,
Car au milieu du silence
Ton visage t'a trahie.
Dans tes mains tremblantes
Le matin que je bus,
L' eau froide de lia rivière
Se mit aussitôt à bouillir.
Si tu n'as pas un amour
Qui puisse vaincre les ¡agues,
Pour toi le ciel se fermeïa
Et tu ne sauras pas ce qu'est la gloire.
48
e
A N
TARES
Calla, serrana, si quier~s;
Yo no te pregunto nada,
Porque
en medio
Te ha traicionado
En tus manos
del silencio
tu <.:<'tra.
temblorosas,
La mañana que bebí
El agua fría del río
Pronto
se puso
Si no tienes
a hervir.
un querer
Que pueda vencer las úlas
Para ti se cierra el ciclo
y no sabrás lo que es gloria.
49
8ílARIUS
fiNDR.É
Avec ton amour ou sans lm
l\lon destin sera le même.
Maudit soit le sort
Qui t'a mise sur mon (.hemin!
Brune est la Sainte Vierge,
Brune ta Madeleine,
Et brune ma petite chérie
Née dans les Montagnes Brunes.
On dit que dans les Montagnes Brune·;
Se promènent deux voleurs:
Ce sont tes yeux, petite :nontagnarde,
Qui volent lies cœurs.
50
CANTARES
Con tu querer o sin él!
Será el mismo mi destino.
i Maldita sea la suerte
Que te puso en mi camino!
Morena es la Bigen Santa;
Morena, la Madalena,
y morena mi chiquilla,
Nasía en Sierra Morem.
Dicen qu'en Sierra Morena
Se pasean dos ladrone:s:
Son tus ojos, serranita,
Que roban los corazone8.
51
~ARIUS
fiNDRE
Ta maisonnette, petite montagnarde.
Est un magasin de grâc~
Plus resplendissant que le château
De l'impératrice de France ..
Petite montagnarde brune
Si tu descends de tes rocllers,
En te voyant se faneront
Les fleurs blanches de la plaine.
Le
Du
Dit
La
52
ruisseau qui court
rocher à la prairie
qu'il n'y a point de fleur qui vaille
bouche de ma brune.
e A
NTARES
Tu casita, serranita,
Es un armasén de grasia
Más brillante que'r castíyo.
De la empeïatr¡z de Fransia.
Serranita
moreniya,
Si bajas e tus peñascos
Se marchitarán
ar berte
Las flores
blancas
der yano.
El arroyuelo que corre
Del peñón a la pradera
Dice que no hay flor que valga
La boca de mi morena.
53
:MARIUS
./lNDRÉ
Je ne regarde plus les étoites
Depuis la nuit Que je vis
Apparaître à cette fenêtre
Les yeux de mon aimée.
Colombe étrangère,
Je deviens fou parce Que
Comme toi une petite ~ltane
Passa par ici et s' en fut.
Tant de peines me cause
L'amour de cette brune
Que je mérite d'aller avec elle
Au paradis du dieu gitane.
54
CANTARES
Yo no miro las
Desde la noche
Asomarse a esa
J .os ojos de mi
estrellas
que vi
ventancl
gachí.
Palomita forastera,
Me güerho loco porque,
Como tú, una gitanilla
Pasó por aquí y se fué.
Tantas faitigas me da
De esa morena er queré
Que merezco irme con eya
Ar paraíso de Undehé.
55
¿J({ARIUS
.Je montai
Lorsque
fiNDRÉ
à mon oranger
je te vis tout près:
AJors je secouai
J'arbre
Pour jeter de l'or devant
toi.
Au milieu de la mer
Il y a un immense lys bldnc
Et, sans fin, tout autour
Va, dansant, une sirène.
Au milieu de la mer
Il y a un pic si haut
Que mes soupirs d'amour
Peuvent
56
seul~ J'atteindre.
CANTARES
Yo subí a mi naranjo
Cuando cerquita te vi:
Entonces sacudí er árbol
Pa echar om elante e ti.
En el medio de J'a mar
Hay una inmensa azucena
Y, sin fin, alrededor,
Va bailando una sirena.
En el medio de la mar
Hay una peña tan alta
Que mis suspiros de amor
Sólo pueden alcanzarla.
57
:MARIUS
.Il N DRÉ
Au milieu de la mer
Si j'étais le roi de Turquie,
J'élèverais un palais
Pour te garder, ô mon trésor.
Lorsque ma barque navigue
Avec sa pêche vers Ee rivage
Un vent de gloire nous pousse
Où mon aimée m'attend.
Ni la reine des Indes
Ni les sirènes de la mer
Ne me feront oublier, fillette,
Ton baiser, si tu me le donnes.
58
CANTARES
En er medio de la má,
Si juera er rey de Turquía,
Levantaría un palasio
Pa guardarte, prenda mía.
Cuando navega mi barca
Con su pesca hacia la C'rilla
Nos lleva un viento de gloria
Donde aguarda mi querida.
Ni la reina de las Indias
Ni las sirenas del mar
Me harán olvidar, chiquita,
Tu beso, si me lo das.
59
:J«.ARIUS
fiNDRÉ
Les peines et les plaisirs
Viennent et s'en vont toùs
Et tous perdent
Dans les grottes
leur nO~J1
de la mer.
Dans le plus profond
de la mer
Je crus noyer mon amour,
Et, à mon retour, sur le quai
Je le rencontrai ressuscité
Sur le sable de la plage
Il y a un château
Autant
Autant
60
d'amoL:r;
de fois il s'est écr'-'ulé
de fois il s'est rel~vé
e
A N TARES
Las penas y los placeres
Todos vienen y se van
y todos pierden su nombre
En las cuevas de la mar.
En la más jondo der má
Creí ajogar mi queré,
y a mi regreso en er mueye
Revivía l'encontré.
En la arena de la playa
Hay un castillo de amor:
Cuantas veces se ha hundido,
Tantas veces resurgió.
61
:J«.ARIUS
fiNDRÉ
Sur la mer une tourmenLe
Ne put renverser ma barqlle,
Et le souffle d'un éventa:!
Suffit pour me briser I'ânll:.
Une nuit de tourmente
Je vis sur la vague I~ plo; haute
Naître et s'épanouir
une rose
Et la mer redevint
calm~.
Dans la mer il y a un ve!ger
Qu'une tempête protège
Contre les hommes affan:és
Qui voudraient
le saccager.
62
CANTARES
En el mar una tormenta
No pudo volcar mi barca,
y el soplo de un abanico
Basta pa quebrar mi alma.
Una noche de tormenta
Vi sobre la ola más alta
Nacer y abrirse una rosa,
y al mar volvió la bonanza.
En el mar hay una huerta
Que una tempestad ampara
Contra Jos hombres hambrientos
Que quisieran asolarla.
63
85CARIUS
fiNDRÉ
La nuit où la mer englúutira
La barque et les matelo[,~,
Vers l'étoile du matin
Mon amour prendra son vol
De bon matin s'éveille
Notre Dame de l'Aurore,
Un sourire aux lèvres
Et dans les cheveux une rose.
La Vierge des Angoisses
Qui est au-dessus de l'au~el
Pleure Sur les amours mortes
Quand la mer se met en tureur.
64
CANTARES
La noche que el mar 'Se trague
La barca y los marineros,
Hacia el lucero del âlba
Mi querer tomará el vuelo.
Tempranito se despierta
La Señora de la Aurora,
U na sonrisa en los labios
y en su cabello una rosa.
La Virgen de las Angustias,
Que está encima del altar,
Llora los quereres mu.ertos
Cuando se enfurece el mar.
6S
5
XARIUS
.J1NDRÉ
A la Vierge du Rosaire
Un rosaire tu dois offrir,
Fait du collier de perles
Que j'ai baisé sur ton cou.
Ce que souffre ma mère
A cause de ton maudit amour
La Vierge des Douleurs
Seule peut le savoir.
Avec les larmes de mesveux
J'arrosai des rosiers
En priant pour que me protège
La Vierge de la Merci.
66
CANTARES
A la Virgen del Rosa~io
Un rosario has de ofrecer,
Hecho del collar de perlas
Que en tu cueiio yo besé.
Lo que padece mi madre
Por tu maldito querer,
La Virgen de los Dolores
Sola lo puede saber.
Con el Hanto de mis ojos
Unos rosales regué
Rezando pa que m'ampare
La Virgen de la Merced.
67
stCARIUS
fi N DRÉ
La Vierge des Péril~
Implore le pardon de Dieu
Pour ceux qui sont plonl{és
Dans les périls d'amour.
La justice m'a pris.
Adieu, Vierge du Reliquaire!
A Ceuta j'aurai pour Vierge
Celle des Forçats.
Vierge des Forçats
Fais que ma gosse ne m'oublie point,
Sinon, d'un coup de poignard.
Je la tue quand je serai libéré.
68
CANTARES
La Virgen de los Peligros
Pide de Dios el perdón
Para los que están metidos,
En los peligros de amor.
La justicia me cogió;
j Adiós, Virgen del Sagrario!
En Ceuta tendré por Virgen
A la de los presidiarios.
Virgen de los Presidiarios,
Haz que mi niña no me olvide;
Si no, de una puñalada
La mato cuando me libren.
69
:MARIUS
fiNDRÉ
Vierge de la So~itude,
Dans ma solitude je pleure
Depuis qu'à tes pieds j''11 vu
La fille à la chevelure d' or.
Tout près du Manzanarès
Est la Vierge du Port.
Quel port sera-ce, mon Dieu !
Et quelles barques y a-t-il?
La Vierge de la Colombe
Est la reine de toutes ~s autres
Parce Que de la Ville et Cour
Elle est la Vierge la pltl¡; populaire.
70
CANTARES
Virgen de la So~edad,
En mi soledad yo lloro
Desde que a tus plantas vi
La gachí del pelo de oro.
Cerquita del Manzanarf:s
La Virgen del Puerto está:
j Qué puerto será, Dios mío 1
y en él, ¿qué barcos habrá?
La Virgen de la Paloma
Es reina de ,las demás,
Por ser de la Villa y Corte
La Virgen más popular.
71
t1í(.ARIUS
.JlNDRÉ
Sainte Vierge des Joies,
Pour moi j'en veux une seule:
C' est, devant ton image
De me marier avec ma chérie.
La Vierge la plus espagnolle
Est ceIle du Pilar parce que
Elle souleva son peuple
Contre l'empereur français
Capitaine aragonaise,
Lorsque tu te mires dans I'Ebre,
Le fleuve arrête ses eaux
Et dit: « Ave, Pilarienne ~
J)
72
CANTARES
Santa Virgen de los Gozos,
Quiero uno solo para mí:
Es, delante de tu imagen,
Casarme con mi gachí.
La Virgen más española
Es la del Pilar, porque
Levantó su pueblo contra
El emperador francés.
Capitana aragonesa,
Cuando en el Ebro te miras
El río para sus aguas
y dice: ((j Ave, Pilarica!»
73
86CARIUS
fiNDRÉ
La Vierge de Montserrat
Est la p~us riche d'Espagne
En robes et bijoux, car elle est
Grande dame catalane.
La Vierge du Pilar dit
A la Vierge de Montserrat:
« Tu es riche, je suis vaillante;
Laquelle des deux vaut le pl/us » ?
La Vierge de Montserrat
Répond à la Pilarienne :
« Je suis vaillante comme toi
Et, en outre, jo~ie et riche ».
74
CANTARES
La Virgen de Montserrat
Es la más rica de España
En ropa y joyas, por ser
Gran señora catalana,
La Virgen del Pilar dke
A la Virgen de Montserrat:
<cTúeres rica, soy valiente,
¿Cuál de las dos vale más?»
La Virgen de Montserrat
Contesta a la Pilarica:
«Soy valiente como tú
Y. además, bonita y rica.»
75
:M.ARIUS
.JlNDRÉ
La Vierge des Etoiles est
Jalouse de ma gosse,
Qui est un soleil resplendissant
Parce que Dieu l'a voulu ainsi.
Sous un lys
Saint Joseph est endormi,
Et la Vierge dit à Jésus:
« Reste tranquille, mon petit!
»
Dans le jardin des anges
La Vierge cueille trois roses
Et trois œillets qu'ellle offre
En souriant aux trois Personnes.
76
CANTARES
La Virgen de las Estrellas
Celosa está de mi gachí,
Que es un sol resplandeciente
Porque Dios la quiso así.
Debajo de una azucena
San José está adormecldo,
y a Jesús dice la Virg~n:
«j Está quieto, hijito mío!»
En è~ jardín de los ángeles
La Virgen coge tres rosas
y tres claveles, que ofrece,
Risueña, a las tres personas.
77
:J4lARIUS
fiNDRÉ
A la cime de la montagne
Un oiseau vola,
Et de la cime jusqu'au ciel,
En chantant Notre Seigneur.
Au portail de Bethléem
Une gitane délurée
Lance à Jésus un œillet
Avec un tendre regard.
78
CANTARES
A la cumbre de la sierra
Un pajarito voló.
y de la cumbre hasta el cielo,
Cantanào a Nuestro Señor.
En el portal de Belén
Una gitana avispada
Echa a Jesús un clavel
Con una tierna mirada.
Imprenta aLe Livre Libre», 141, boulevard Péreire, Paris.