Le parti communiste et la culture - Fédération PCF du Puy-de-Dôme

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Le parti communiste et la culture - Fédération PCF du Puy-de-Dôme
Le parti communiste et la culture : histoire et enjeux
Alain Hayot, responsable à la culture du Pcf et Marie-Pierre Vieu, dirigeante nationale en
charge des intellectuels
Aujourd'hui les politiques culturelles publiques sont en rupture avec une histoire qui
remonte au CNR (conseil national de la résistance).
Même à gauche on peut constater que l'idée que la culture est un luxe, par temps de crise
est fortement présente. Il est urgent de redonner sens et vie à la pensée communiste sur la
culture. Tout cela dans le cadre d'une réflexion globale sur le type de société à construire.
Comment renouer le fil avec cette histoire riche?
Le Pcf a toujours été présent dans le champ culturel. Dans les année 30 la culture était
pensée comme une visée libératrice de la société de l'humain. Les artistes étaient
considérés comme des découvreurs, des anticipateurs.
Les écoles du parti possédaient une forte dimension culturelle. Mais nous avons aussi, la
Fête de l'humanité, le communisme municipal (école de musique par exemple).
L'accès à la culture ne doit pas seulement répondre à l'exigence de justice sociale. Elle doit
aussi permettre la diffusion, l'instruction. La culture doit tendre à permettre à chaque être
humain de s'approprier la connaissance.
Thorez disait en 1937 : « Le communisme c'est la lutte pour l'homme libre et heureux ».
Après la résistance de nombreux artistes (Picasso) se sont ralliés au Pcf.
Après les années 1950 ce ralliement est confronté à la rupture.
De 1945 à 1960 le compromis historique entre gaullistes et communistes, à partir du CNR,
permet la création d'un service public de la culture. On y est tellement habitué qu'on ne
sait pas toujours que c'est le seul en Europe. Le ministère de la culture est créé en 1959.
Le Pcf, était en lien étroit avec la création du festival d'Avignon, mais aussi du festival de
Cannes.
Dans les années 60 le Pcf réuni son instance dirigeante à Argenteuil et tient une session
avec des artistes (Aragon). C'est une vision globale de la culture qui en ressort.
On insiste sur le lien étroit entre la culture et l'émancipation humaine. On remet en cause
Marx et notamment sa vision de l'homme morcelé opposée à celle de l'homme global. Se
dégage aussi l'affirmation du rôle créateur de l'artiste (dont on peut critiquer par ailleurs
son lien avec l'apologie de l'individu), dans le processus civilisateur. La liberté
imprescriptible de la création et de la pensée est posée comme principe intangible. L'accès
de tous à la culture se perçoit à travers la démocratisation. La question se pose bien à
l'époque en terme d'accès.
Question d'alliance.
A l'époque il y avait le marxisme d'un côté et toutes les autres disciplines de l'autre. Dans
les autres domaines on prenait ce qui nous arrangeait quand cela nous arrangeait. Les
intellectuels se ralliaient alors aux positions de la classe ouvrière. L'évolution des classes
sociales posent à nouveaux des questions. La démocratisation a prit la forme d'une
diffusion du haut, qui sait, vers le bas, qui ne sait pas.
La démocratisation de la culture ne peut pas se penser en dehors des gens et des
territoires. Il faut se positionner dans une continuation historique de transformation et
d'émancipation humaine, mais dépasser un certains discours et promouvoir des
politiques culturelles nouvelles.
Plus que jamais, l'art et la connaissance sont au coeur des rapport sociaux et en même
temps on se trouve face à une logique qui s'oriente de plus en plus vers une économie
rentable de la culture.
Il faut aller plus loin.
2, 3 pistes et chantier de luttes.
Mao Darwich : « Le politique dénué d'approche culturelle ou d'imaginaire est condamné à
l'ordre conjoncturel ». La politique n'est pas que la simple gestion, elle doit porter une
visée.
Sur : qu'est-ce que l'art?, voir l'article de Roland Gori, dans Cigale, n°7, disponible à la
fédération.
Il est important de mener la bataille idéologique sur le rôle de l'art et de la création. Quand
Sarko s'attaque à la culture, c'est à la dimension émancipatrice de la culture qu'il s'attaque.
Marie-José Mondzain nous dit que la culture c'est ce qui sert à l'art pour circuler. Mais l'art
dans un sens large : la science, la connaissance dans tous les domaines.
« Je veux dire que je fais de la culture, non pas un enjeu qui dépendrait des choix
politiques, mais une condition de possibilité de la vie politique elle-même ».
L'accès à la culture ne peut se faire que dans les Tnp. Par la musique la jeunesse nous
montre une volonté d'expression. Il faut savoir identifier ces expériences et les soutenir.
Il faut faire revivre les politiques culturelles des CE, réintroduire l'art dans les écoles. Le
pouvoir se targue de remettre un coup de collier en la matière, mais c'est faux. Il y a des
expériences intéressantes dans les quartiers populaires.
En ce qui concerne la diversité culturelle, il faut dépasser l'idéologie nauséabonde sur
l'identité nationale. Je n'ai pas la même identité nationale que Nicolas Sarkozy, cela
n'empêche pas que j'ai une identité révolutionnaire.
Si on se situe à l'intérieur on évacue la diversité des cultures, donc le dialogue.
Il y a un métissage culturel, mais aussi un métissage des pratiques culturelles. La culture
ne sert pas à uniformiser mais à enrichir : « pensée archipel ».
Il faut défendre l'exception culturelle contre la marchandisation, inventer une économie
sociale et solidaire de la culture. Nous devons reconstruire un véritable service public de la
culture et se battre pour un partage entre l'état et les collectivités territoriales.
Le budget consacré à la culture est de 10 milliards d'euros. 3 proviennent de l'état, 7 des
collectivités territoriales.
Débat :
Réaction de Yvon Quiniou.
Il ne faut pas hésiter à hiérarchiser, tout ne se vaut pas. La culture est le lieu de la
hiérarchie. La démocratisation « à la Lang » ne permet pas à la masse de s'élever. En
musique il existe une hiérarchie : la musique classique provoque des sentiments, le jazz
des émotions, le rock des pulsions, la techno des sensations. La culture permet-elle de
s'éclater ou de s'ouvrir? La droite affirme avoir gagner la bataille idéologique. Notre
travail d'intellectuels est d' entrer dans la bataille et instaurer une forme d'hégémonie de
la pensée communiste. Lénine : « Il n'y a pas de pratique révolutionnaire sans théorie
révolutionnaire ». Edgar Morin, sociologue, sur la question du réalisme, et de la gestion :
« Etre réaliste, c'est ne pas penser ».
La salle est quasi unanime pour désapprouver l'idée de hiérarchisation.
Le passage au numérique provoque la disparition des cinéma « art et essais », par la
mainmise sur le process.
En ce qui concerne les langues et les cultures régionales : quelle est la réflexion du parti sur
ces questions? Alain Hayot s'engage à s'emparer de la question.
On a perdu l'esprit de subversion. Le rap et le rock était des cultures subversives, mais les
politiques marchandes les ont perverties.
Qu'est-ce qu'une oeuvre d'art? Se dirige-t-on vers une culture permanente ou
événementielle (du pain et des jeux)?
Notions des neurones miroirs : des études scientifiques ont été réalisées. Un danseuse
produit un spectacle devant une danseuse professionnelle, une danseuse amateur et
quelqu'un qui ne danse pas. Chez la danseuse professionnelle, les « neurones miroirs » qui
témoignent de l'émotion et de l'intérêt s' « allument » fortement, chez la danseuse amateur,
moins, et quasiment pas chez celle qui ne danse pas. Cela doit nous amener à poser la
question de la pratique et non pas seulement de l'accès à la culture en tant que spectateur.

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