L`énergie fuse avenue Ampère - gay

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CHÂLONS-EN-CHAMPAGNE
SAMEDI 13 FÉVRIER 2016
ÉCONOMIE
L’énergie fuse avenue Ampère
Discrète, l’entreprise Gay est l’un des fleurons de l’industrie châlonnaise. Son patron
vient de réaliser « l’affaire de sa carrière » en alimentant en électricité la COP 21.
our vivre heureux, vivons cachés, c’est ma devise ! » Bernard Gaullier n’est pas
homme à se mettre sous le feu des
projecteurs. Il aura fallu l’entremise de Jérôme Mat, président de
la Société d’économie mixte de
Chalons
(Semcha),
pour
le
convaincre de révéler que la SAélectricité Gay a remporté un
énorme marché : fournir l’énergie
requise à la tenue de la COP 21 à Paris, fin décembre !
« C’est l’affaire de ma carrière et je
ne suis pas un perdreau de l’année ! »
Le patron de 64 ans résume l’enjeu : « À partir du réseau de distribution d’ErDF, fournir l’électricité jusqu’à l’entrée des différents locaux. »
P
À SAVOIR
L’espace industriel Ampère
▶ La Semcha a racheté à Demag
le foncier et les hangars (3,8 M€)
le 21 décembre 2006 avec deux
locataires : Demag et bientôt Gay.
▶ Demag devenue Terex (L’union
du 3 février), en phase de réindustrialisation, est locataire de
2 674 m2 de hangar et bureaux.
▶ Gay, locataire dès octobre
2007 a acheté son hangar de
4 964 m2 plus un terrain de
24 000 m2 en 2014 et loue encore
2 000 m2 à la Semcha.
▶ Berest (bureau d’études) loue
356 m2 dans un bâtiment rénové
(restent 186 m2 disponibles).
▶ Restent 1 200 m2 de hangar
disponibles attenant à 500 m2 de
bureaux.
Renvois d’ascenseur
Les chiffres alignés donnent le
tournis : 60 semi-remorques de
30 tonnes pour le matériel, 22 camions de groupes électrogènes,
900 heures d’études, 8 000 heures
de travaux, jusqu’à trente personnes sur le site. « J’en ai profité
pour renvoyer l’ascenseur à nos
clients de la région parisienne dont le
métier est la maintenance et la surveillance. »
Quel est le métier de Gay ? « Deux
marchés différents : les groupes électrogènes (location, vente de groupes
neufs ou d’occasion) et l’équipement
industriel électrique. » Avec deux
axes pour ce dernier : la cogénération pour fabriquer de l’électricité à
partir de gaz naturel, biogaz (dé-
L’intégration de postes (35 à 50 tonnes au final) justifie le déménagement du 58, faubourg Saint-Antoine à l’Espace Ampère :
« Ce qui m’a intéressé ? L’équipement de levage qui correspond parfaitement à nos besoins, plus un accès au site facilité. »
charges) ou biomasse (déchets
agricoles) et l’intégration des
postes pour connecter l’énergie
des éoliennes ou des panneaux
photovoltaïques au réseau électrique du pays. Dans tous les cas,
Gay assure aussi la maintenance.
Vietnam, Guyane, Nouvelle-Calédonie, Sénégal, Togo, la Réunion…
le nom de Gay y est plus connu qu’à
Châlons ! Gay arrive à la rescousse
avec ses groupes électrogènes pour
maintenir la production d’une fonderie ardennaise « dont le groupe
électrique venait de fondre » ou la
vie de patients d’hôpitaux. Sans
oublier l’événementiel, dont la
Foire-expo de Châlons, le Cabaret
vert, etc. « Pendant les vendanges,
notre parc de groupes électrogènes
fournit aussi le chaud et le froid. »
Après avoir réalisé un chiffre d’affaires de 23 millions d’euros en
2015, Bernard Gaullier a le projet
d’ouvrir une antenne en Afrique :
« Il faut savoir profiter de choses pour
rebondir sur d’autres. »
Tout cela avec un effectif de
39 personnes, bientôt invitées au
Fouquet’s pour le repas annuel !
Histoire de renvoyer, cette fois, l’ascenseur au personnel, pointu et fidèle : « L’ancienneté moyenne est de
treize ans, mais si l’on retire les huit
derniers embauchés, elle grimpe à
trente-deux ans. » D’évidence, une
fierté pour ce patron atypique qui
n’oublie pas de préparer la relève
pour pérenniser l’entreprise : l’un
de ses fils, Damien, en est le directeur général délégué depuis 2005.
NANCY GOUIN