Rentrée littéraire - News on literature

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Rentrée littéraire - News on literature
Rentrée littéraire
News on literature
D
urant les temps libres, certains chinent, d’autres fouinent dans
les librairies. C’est au cours de cette activité ludique que j’ai
découvert fortuitement La nostalgie du fossoyeur de Julien Burgonde,
écrit par l’un de nos collègues cancérologues.
Les rapports entre médecine et littérature ont toujours été étroits et
nombreux ont été les médecins-écrivains.
Certains ont privilégié l’écriture comme Rabelais, Anton Tchekhov,
Arthur Schnitzler, Georges Duhamel et plus récemment, Antonio
Lobo Antunes, Jean-Christophe Ruffin… Louis Aragon et André
Breton après avoir commencé des études médicales n’ont même
jamais exercé.
D’autres ont su mener magistralement les deux de front tels
Avicenne (Ibn Sina), Ibn Tufayl (le maître d’Averroès), LouisFerdinand Céline, Alfred Döblin, Mickaïl Boulgakov ou Leonid
Tsypkin...
La majorité de ces “doubles” contemporains a surfé le plus souvent
sur des thèmes médico-scientifiques, des biographies (on ne peut
que conseiller Le journal d’Harvey de Jean Hamburger, Monsieur
de Charcot de la Salpêtrière de Jean Thuillier, Le médecin de
Cordoue d’Herbert Le Porrier, etc.), ou des problèmes d’éthique
(Changer la mort de Léon Schwartzenberg et de Pierre VianssonPonté, La grande transgression : l’homme génétiquement modifié
de Bernard Debré ou Bioéthique et liberté d’Axel Kahn).
Les hématologues et cancérologues n’ont pas été en reste d’écriture
avec Jean Bernard, Lucien Israël, Léon Schwartzenberg, David
Khayat, et beaucoup d’autres.
Aussi, bienvenue dans ce club, limité ici à Julien Burgonde.
La nostalgie du fossoyeur a pour fil d’Ariane une “chronique de
mort annoncée” à partir de onze courts récits, bercés de musique.
Le premier, “L’enlèvement au sépulcre” a le côté iconoclaste de
L’Évangile selon Jésus-Christ de José Saramago.
Le deuxième nous plonge dans une ambiance envoûtante et
angoissante de forêt vierge, chère à Horacio Quiroga, Luis Sepulveda
ou Alejo Carpentier.
Que dire de l’acte manqué de cet anti-Raboliot à la sauce Vincenot
qui vise le chevreuil et le rate dans le troisième ? Et que dire encore
dans les récits suivants de cette fin de Triavata qui restera dans les
annales, de Galina et de l’horreur du siège de Léningrad, de Slava
Rostropovitch jouant la Sarabande de Jean-Sébastien Bach devant
le mur de Berlin ?
Une rencontre improbable avec Jorge Luis Borgès s’imposait dans
ce dédale de fictions et de réalité.
Les envolées d’âmes qui leurs succèdent, vers les “Demeures
taciturnes”, permission accordée à des incursions privilégiées dans
le monde intérieur de l’auteur, ne souffrent d’aucun commentaire
tant elles suivent des cheminements personnels. Ces pages sont
belles et touchantes et, certains lecteurs/voyeurs s’y reconnaîtront
sans doute dans les luttes de succession de service.
Dans tous les cas, on ne peut que souhaiter bonne chance pour une
deuxième vie, littéraire, à Julien Burgonde.
Mais, au fait ! qui se cache sous ce pseudonyme ?
Tr i b u n e
T ribune
P. Beuzeboc
(département d’oncologie médicale, Institut Curie, Paris)
P.-S. : Il est conseillé aussi, notamment si vous aimez Mozart, de lire du même auteur
Icare et La flûte enchantée.
La Lettre du Cancérologue - Vol. XV - n° 6 - novembre 2006
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