Par une escalade terrible, à cause des conflits, l`absence de l`Etat
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Par une escalade terrible, à cause des conflits, l`absence de l`Etat
Monsieur le Secrétaire Général Adjoint, Monsieur le Directeur Général, Excellences, Mesdames et Messieurs, Je vous suis très reconnaissant, Monsieur le Secrétaire Général, d’avoir été invité à participer à cette réunion sur l’évaluation du problème de la drogue en Afghanistan. Je vous félicite, ainsi que les autres membres du Conseil de l’Atlantique du Nord, de l’importance que vous nous avez accordée face au problème de la drogue produite en Afghanistan. Je voudrais féliciter plus particulièrement Monsieur Costa pour son rapport d’une valeur considérable. Surtout nous apprécions l’excellent commentaire et suggestions faites par Monsieur le Directeur Général à l’introduction du rapport. Comme toujours il a un regard compatissant sur l’Afghanistan. Nous apprécions et soutenons les recommandations contenues dans le rapport. Celles-ci seraient d’excellentes solutions pour le contrôle des drogues en Afghanistan. Je salue également la présence des représentants des pays voisins de l’Afghanistan. Ces derniers ont à la fois un intérêt prépondérant et jouent un rôle déterminant dans la stabilisation de notre pays. La clé d’un Afghanistan prospère et stable réside en effet dans sa réintégration au sein d’un environnement régional apaisé. 1 Monsieur le Secrétaire Général-Adjoint, L’escalade de la production d’opium provoquée par la conjonction de plusieurs facteurs, dont l’absence du contrôle de l’Etat, les conflits, les nécessités de survie ainsi q’une forte demande de l’extérieur, ont fait de l’Afghanistan le principal producteur d’opium en seulement quelques années. Les chiffres publiées par l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) montrent que l’Afghanistan reste malheureusement le principal producteur d’opium, bien que ce rapport fait état d’une diminution de la production par rapport à l’année précédente. On constate dans le rapport des progrès notables en comparaison de celui de l’année 2008. D’abord les surfaces cultivées ont été réduites de 157 000 hectares à 123 000 hectares, ce qui représente 22% de baisse. La production d’opium en Afghanistan a baissé pour la deuxième année consécutive, avec un recul de 10% en 2009, et la production revient à 6900 tonnes cette année, après un pic à 8200 tonnes en 2007, avant de retomber à 7700 tonnes en 2008. On note également que le nombre des provinces cultivant l’opium est en recul, et au contraire il y a une hausse des provinces sans cultures de pavot de 18 à 20, trois fois et demi plus par rapport à 2006. Cela signifie que l’opium n’est plus cultivé dans plus 3/5 des 34 provinces de l’Afghanistan. La majorité des agriculteurs de ces régions s’étaient reconvertis dans les cultures légales, essentiellement dans la culture du blé. On aperçoit également que dans 27 provinces d’Afghanistan la culture du pavot représente 2% de l’ensemble et à l’inverse 98% de l’opium est cultivé seulement dans sept provinces du sud-ouest, à savoir les 5 provinces du Sud (Helmand, Kandahar, Uruzgan, Zabul et Day Kundi) et deux provinces de l’ouest (Farah et Badghis) 2 Ce succès en 2008 est d’abord le résultat des efforts conjoints de UNODC, l’OTAN et le gouvernement, des autorités locales et particulièrement des gouverneurs qui ont pu convaincre les agriculteurs de ne pas planter l’opium. Egalement un excellent travail a été accompli par certains chefs religieux et les notables locaux qui ont persuadé les fermiers que la plantation du pavot est anti-islamique. Le succès est également dû grâce à une campagne de sensibilisation très efficace contre la plantation du pavot de la part du gouvernement afghan. Les gouvernements des pays amis, notamment les gouvernements des Etats-Unis, du Royaume-Uni, et également les organisations internationales, en particulier l’ONU et l’OTAN ont aidé l’Afghanistan pour faire face aux graves problèmes de contrôle des drogues. Les trois provinces où la sécurité est précaire arrivent en tête pour la production d’opium, à savoir les provinces de l’Helmand, Kandahar et Uruzgan. Mais le grand progrès consiste à ce que la culture du pavot dans la province de Helmand a baissé d’environ un tiers par rapport à 2008. Malgré cette importante réduction, Helmand reste la première province de la culture d’opium en Afghanistan avec 57% du total des cultures du pavot en Afghanistan. Il est évident qu’il existe des liens entre la sécurité et différentes formes de criminalité telles que la culture du pavot. En effet, en Afghanistan il existe une connexion entre la culture du pavot et le terrorisme. 3 Il est évident que les Taliban et autres terroristes protègent les convois de drogue en échange d’une part du revenu de ceux-ci. Dans les endroits troublés, au sud-ouest, les Taliban poussent les paysans à cultiver l’opium pour créer l’instabilité. Il est primordial de signaler que cette situation d’insécurité est liée aux activités terroristes internationales qui ont pour objectif de déstabiliser toute la région afin de réaliser leurs buts extrémistes. Par conséquent, pour inverser la tendance, rétablir l’ordre et contrôler efficacement les questions relatives à la culture et au trafic de drogue, une coopération sincère et coordonnée entre l’Afghanistan et les pays voisin ainsi qu’entre l’Afghanistan et la communauté internationale est indispensable. En dépit des progrès réalisés cette année en Afghanistan il reste beaucoup à faire dans ce domaine Le Gouvernement afghan, avec l’aide de la communauté internationale, a entrepris de nombreuses mesures et actions en conformité avec l’article 7 de la Constitution, pour diminuer la production d’opium. La stratégie nationale de lutte contre la drogue a été adoptée en janvier 2006. Il s’agit là d’un ensemble complet visant la réduction de l’offre et de la demande, prévoyant des moyens de subsistance alternatifs et visant à consolider les institutions publiques. Le Ministère de la lutte contre les stupéfiants est chargé de la mise en œuvre de cette stratégie et du plan d’action qui a déjà été établi dans ce sens. La communauté internationale et en particulier les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’UNODC soutiennent le gouvernement afghan dans la réalisation des objectifs énoncés. 4 Le succès de la lutte contre les stupéfiants dépend principalement de l’amélioration de la gouvernance, garantir des moyens de subsistance alternatifs pour les agriculteurs et de la réalisation d’une politique de développement rural. Le développement d’activités économiques de remplacements pour les fermiers est un élément essentiel de la stratégie de lutte contre la drogue. Le gouvernement afghan a en outre créé un système d’incitatif appelé « Initiative de bonne performances » afin de récompenser les provinces qui renoncent à la culture de l’opium, ainsi que les provinces où le pavot n’est cultivé qu’en petite quantité. Dans le cadre de ce programme cette année, grâce à l’aide généreuse de l’Union Européenne et le Royaume-Uni (37 millions de dollars), 29 projets dans 18 provinces ont été financés. Le gouvernement a également constitué la Brigade des stupéfiants, comptant actuellement 3700 policiers, dont une des principales tâches consistent à éliminer les cultures illicites de pavot à opium. Cette brigade ainsi que les gouverneurs provinciaux ont détruit environ 5351 hectares, soit 4% de la surface cultivée. Au cours de cette année, seulement, les trafiquants de drogue et les bandits armés ont tué au moins 39 et ont blessé 40 agents de la lutte contre les stupéfiants, essentiellement affectés à l’élimination des champs de pavot. Le Gouvernement afghan a aussi continué de renforcer les structures légales et judiciaires. Il a institué le groupe d’action anti-stupéfiant de la justice pénale, composé d’enquêteurs, de procureurs et de juges spécialisés, afin de traiter rapidement les affaires liées au trafic et à la production de drogue. Des efforts ont également été déployés pour mettre en place des structures de renseignement ainsi que pour renforcer les 5 services de détection et de répression. Ces efforts commencent à porter leurs fruits, car le nombre de trafiquants de drogue condamnés et de laboratoires de fabrication de drogues illicites détruits a considérablement augmenté. Le gouvernement afghan a également pris des mesures pour faire face au problème croissant de l’abus de drogue. Il a mis en place 40 centres de traitement de la toxicomanie, ce qui n’est pas suffisant pour une population de plus d’un million des personnes souffrant de la toxicodépendance, des campagnes de prévention de l’abus de drogue sont donc menées dans tout le pays et dans les écoles. Durant les cinq dernières années, la quantité totale de drogues saisies et détruites a atteint 50 tonnes d’héroïne et opium, 260 tonnes de raisin de cannabis et 183 tonnes de précurseurs et d’autres produits chimiques. Un chiffre important et sans précédant. En outre, l’Afghanistan essaie de renforcer ses équipes de police frontalière afin de lutter plus efficacement contre les trafiquants de drogues. L’Afghanistan note avec satisfaction que depuis 2006, la communauté internationale et spécialement le gouvernement des Etats-Unis ont intensifié leurs efforts pour aider le Gouvernement afghan dans sa lutte pour l’élimination de la culture du pavot, l’instauration d’un Etat de droit et la reconstitution du pays. 6